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Films - Images documentairesJean Paul Sartre...) et de nombreux témoignages. Des do cuments d'archives (films et photos) et extraits d'émis sions de télévision commentés, ponctuent

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Aimé Césaire une voix pour l'histoire

Auteurs : Euzhan Palcy, Annick Thébia-Melsan. Réalisation : Euzhan Palcy. Production : France 3, Saligna andSo On, Ina, RFO, Radio 'télévision sénégalaise, avec la participation du ministère de la Culture et de la Francophonie (Direction du livre et de la lecture), igg4- Distribution : Saligna andSo On. 16mm, noir et blanc et couleur, 164 min.

Série de trois films documentaires qui forment un por­trait d'Aimé Césaire à travers un entretien que le poète a accordé à Euzhan Palcy, au cours duquel il évoque ses nombreuses rencontres (André Breton, Léopold Sedar Senhor, Jorge Amado, Roger Garaudy, Frantz Fanon, Jean Paul Sartre...) et de nombreux témoignages. Des do­cuments d'archives (films et photos) et extraits d'émis­sions de télévision commentés, ponctuent ces propos. La première partie, L'île veilleuse, est centrée sur la Martinique.

La deuxième partie, Au rendez-vous de la conquête, est cen­trée sur le deuxième pôle de la vie d'Aimé Césaire : Paris, des années 20 aux années 5o. Dans le troisième épisode, La force de regarder demain, sont évoqués les problèmes du monde contemporain. «Peu de documents audio-visuels ont été réalisés sur cette œuvre majeure et sur cet homme d'exception. Derrière le grand poète, se cache une personnalité inattendue que seuls ses familiers connaissent, un conteur plein de fan­taisie, un humoriste percutant, engagé pour l'identité nègre, et au delà...» (A. Thébia-Melsan) CM.

Diffusion dans les bibliothèques publiques: Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt).

Alber t Cossery

Réalisation : Jean Labib, MichelMitrani. Production : Ina, CNC, avec la participation de la Direction du livre et de la lecture, igg4- Distribution : Ina. 16 mm, couleur, 5o min. (Les Hommes-livres)

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Né au Caire en igi3, et établi eu France après la guerre, l'écrivain égyptien franco­phone Albert Cossery n'a sans doute pas la notoriété de ses compatriotes Andrée Chédid ou Joyce Mansour. S'il a l'ait l'objet d'un cer­tain nombre d'articles de

critique littéraire, il n'existait jusqu'à ce jour aucune mo­nographie à son sujet. L'entretien filmé de la série des Hommes-livres de l'Ina dirigée par Jérôme Prieur, consti­tue donc une introduction particulièrement bienvenue à la connaissance de cet auteur.

Les réalisateurs ont adopté un dispositif très simple : une fois passée l'entrée en matière, un rien artificielle, le film adopte la forme d'une longue conversation, dans un dé­cor unique, entre Albert Cossery et Michel Mitrani. Pour rompre la monotonie du champ-contrechamp découvrant un interlocuteur après l'autre, les respirations sont assu­rées par un lent panoramique, avec de rares plans de coupe qui présentent les livres dont il est question. L'oeuvre romanesque, peu abondante (sept livres en soixante ans) est abordée dans sa chronologie, ce qui res­pecte le fil de l'évolution personnelle et artistique de l'écri­vain. La discussion sur chaque ouvrage est introduite par la lecture d'un extrait remarquablement mis en valeur par Michel Mitrani. Ainsi sont évoqués les thèmes les plus marquants de l'œuvre, déjà sous-jaeents dans les titres des romans (Les Hommes oubliés de Dieu, Mendiants et or­gueilleux, Les Fainéants de la vallée fertile...), : la ville du Caire et son petit peuple observé avec une profonde hu­manité teintée de dérision. Vers la fin de l'entretien, le romancier laisse entrevoir le moraliste, à l'attitude noble et sans complaisance pour ce monde de consommation et d'ambitions : «Je peux marcher les mains dans les poches, je me sens un prince.»

Parallèlement, paraît aux éditions Joëlle Losfeld, en col­laboration avec l'Ina, un ouvrage qui publie le texte du film (avec quelques additions). C'est l'occasion de re­marquer que l'écrit et l'audiovisuel ne font pas double emploi car, si les lecteurs déjà familiers de l'œuvre aime­ront parcourir le livre et analyser les interventions des deux interlocuteurs, les autres auront tout intérêt à

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prendre leur temps devant la vidéo et à s'installer dans son rythme, luxe fécond qui fait pénétrer peu à peu dans un univers, apprivoiser une vision du monde et écouter une langue d'une « belle exubérance sonore chargée de sensualité orientale » (Michel Mitrani) qui gagne encore à être lue à haute voix. M.L.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt)

Bonne à tout faire

Auteurs : ArielNathan etPaule Zadjermann. Réalisation : Paule Zadjermann. Production : France 2, GMT Productions, igg4- Distribution : GMT Productions. Vidéo, couleur, 52 min.

Avec ce film, Ariel Nathan et Paule Zadjermann, propo­sent un état des lieux de ce que l'on appelait encore la domesticité au début du siècle et qui en quelques dizaines d'années a connu des transformations radicales. Transformation d'abord du côté des employeurs ; aristo­crates et grands bourgeois n'ont plus aujourd'hui le mo­nopole du recours aux gens de maison. Le développe­ment du travail féminin salarié, l'extension des couches moyennes -cadres et employés- ont contribué à la géné­ralisation de l'emploi de ces salariés singuliers en même temps qu'à la diversification de leurs fonctions, de leur condition d'emploi et de leur recrutement. Environ 5oo 000 salariés sont aujourd'hui classés dans cette catégorie des gens de maison. Il y en a peut être au­tant qui ne sont pas déclarés. Le film construit autour de témoignages montre cette diversité mais s'épuise devant elle. Qu'y-a-t'il de commun entre un majordome ou un maître d'hôtel fier de ses quarante ans de métier et une femme de ménage aux multiples petits employeurs ou encore une jeune fille au pair ? Cette difficulté de fond que les auteurs se sont imposée, ils ne la résolvent pas et elle pèse sur la forme du film qui ne parvient pas à dé­passer la simple succession de témoignages/reportages. L'idée d'utiliser quelques extraits de films anciens aux dialogues savoureux (Sacha Guitry ou Jean Gabin entre

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autres) était excellente et permet de rappeler avec force et élégance un monde en partie disparu mais l'insertion de ces séquences ne va, hélas, guère au-delà de la simple ci­tation et ne s'intègre pas véritablement à l'écriture même du film, comme chez Marcel Ophuls. G.C.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt)

La Brèche

Réalisation : Alain Moreau. Production : Atria Film, Fenêtre sur cour, La Parole Errante, Les Musiques de la Boulangère, igg.3. Distribution : Fenêtre sur cour. Vidéo, couleur, 52 min.

P e n d a n t p lus ieurs mois , Alain Moreau a suivi une ex­périence artistique originale : la création (aux deux sens du mot, genèse et première représentation publique) de Passion Profane, œuvre mu­sicale de Nicolas Fr ize , montée par des détenus de

la Centrale de Saint-Maur. Tout un travail de trois mois sur l'univers sonore, - à partir, entre autres, des bruits quotidiens de l'univers carcéral. Parallèlement a été as­surée, en faveur des détenus, une formation technique au métier d'ingénieur du son par une équipe de l'Ina. Eludant les étapes (on sait que les autorités compétentes ont soutenu le projet, mais on ne verra jamais aucun re­présentant de l'institution), évitant les détails, le film n'est ni une chronique, ni un compte-rendu. Il se concentre, dans un style visuel épuré, sur le cheminement intérieur des personnages qui, compositeur comme interprètes, ont beaucoup évolué au cours de l'expérience. La parole des détenus prend toute sa force dans des plans rappro­chés où les visages se détachent sur des fonds aux tona­lités froides qui manifestent les contraintes physiques de l'enfermement, tandis qu'un long travelling suit le musi­cien franchissant porte après porte pour pénétrer dans

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la prison, comme happé par cet univers. Mouvement vers les profondeurs indispensable à un épanouissement ul­térieur, car le processus de création s'opère à travers une série de retournements : le concret — chaînes, serrures, portes, que l'on peut lire comme autant d'instruments matérialisant la souffrance morale des détenus (voir le titre de l'œuvre) — se transmute en art, les épreuves en fierté, l'enfermement en libération intérieure. C'est le mot «ouverture» qui donne la clé du film et de son titre : avoir ouvert les oreilles des détenus, ouvert une possibilité d'activité professionnelle pour plus tard, c'est avoir ouvert une «brèche dans le mur de la prison». Ce que traduit l'image finale, un plan large, quasi unique dans le film, des interprètes le jour du concert, tandis que l'un d'eux commente en voix off l'ultime retournement : «La dernière fois que j 'ai eu un public, c'était le jour de mon procès en assise [...]. Au concert, l'assise était de notre côté, mais au lieu de condamner, on offrait la li­berté aux gens libres, nous qui n'avons que raideur dans nos vies.» M.L.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt)

Bruxel les requ iem

Réalisation : AndréDartevelle. Production : RTBF, igg.3. Distribution : RTBF. i6mm, couleur, 6g min.

Construit au îgème siècle par la bourgeoisie belge comme une oeuvre d'art urbaine, le quartier Léopold à Bruxelles se transforme en zone de bureaux. Il est actuellement me­nacé par les gigantesques constructions des institutions européennes. Quelques artistes et artisans qui y vivent encore évoquent la disparition du quartier. Un horloger, un chorégraphe, un sculpteur, un garagiste expriment chacun à leur manière leur attachement affectif, esthé­tique, économique à ce quartier. Certains envisagent les moyens de résister au pouvoir des promoteurs. En contre­point, les propos «éclairés» d'un fonctionnaire européen étranger et du responsable de l'opération immobilière ré­sonnent avec cynisme. Bruxelles requiem décrit de loin en

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loin les fastueuses demeures aristocratiques que les hé­ritiers des bâtisseurs ont laissé détruire par intérêt ou in­différence. En illustrant les atteintes au patrimoine et à l'habitat, le film propose une approche synthétique et ap­profondie d 'un problème d 'urbanisme répandu au­jourd'hui. CM.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt).

Cambodge entre guerre et paix

Réalisation : RithyPanh. Production : Ina, FR3, en collaboration avec l'Atelier 8g, igg2. Distribution : Ina. Vidéo, couleur, 5z min.

Le retour du Prince Norodom Sihanouk dans son pays en novembre iggi est le prétexte de ce film. A ce moment, le Cambodge est à un possible carrefour de son histoire. L'espoir des Cambodgiens est que la paix s'installe enfin définitivement mettant un ternie aux guerres et au mas­sacre perpétré par les Khmers Rouges. Pour le réalisateur il ne s'agit pas de faire un film sur le Cambodge mais un film avec les Cambodgiens, en leur donnant la parole.. Le film n'est pas une analyse de la situation politique complexe du moment mais un témoignage sur un pays qui aspire à vivre en paix, à se reconstruire. La question essentielle qu'il pose est celle de la mémoire. Une véritable réconciliation peut-elle se bâtir sur l'oubli ? Les précisions historiques et politiques qui peuvent sem­bler manquer non seulement n'empêchent pas le film de toucher ses spectateurs mais bien au contraire concour­ront à lui donner une portée universelle. Si modèles il y a, de ce point de vue, il faudrait sans doute les chercher du côté tVAllemagne année zéro de Rossellini ou de Nuit et Rrouillard d'Alain Resnais et Jean Cayrol. Critiqué pour n'avoir pas présenté ses personnages, le réalisateur répondait : « s'il n'y a pas de sous-titres qui indiquent les noms, les situations sociales, les grades, les relations... de mes personnages, c'est parce que je veux qu'on écoute leur histoire et leur point de vue sans pré-

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jugé, sans esprit partisan (...). Le contenu et le message du film ne se trouvent pas dans ces indications là ; ils sont dans la sincérité des propos de chaque personnage ». G.C.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation)

C h a h i n e and Co.

Réalisation : Jean-Louis Comolli. Production : Amip, Ina, La Sept, CNC, igg2. Distribution : Ina. Vidéo, couleur, 55 min. (Cinéma, de notre temps)

Pour réaliser ce portrait de Youssef Chah ine , Jean-Louis Comolli est allé à sa rencontre dans les bureaux de la société de production qu ' i l d i r ige au Cai re . Producteur, Chahine l'est avant tout pour sauvegarder son indépendance, garder

la maîtrise de ses projets. Le cinéaste s'explique longuement sur son travail de pré­paration, le soin qu'il apporte au découpage, aux indica­tions précises de mise en scène de façon telle qu'à la limite un de ses assistants soit en mesure de faire le film à sa place. Les rencontres provoquées par Jean-Louis Comolli entre Chahine et un de ses scénaristes, sa monteuse et surtout un ami écrivain permettent de saisir à la fois le métier du réalisateur égyptien, le rapport parfois violent mais tou­jours marqué par un profond amour qu'il entretient avec son pays et son peuple, enfin le travail progressif de mise en question de lui-même qu'il poursuit de façon de plus en plus ouverte de film en film. Mohamed Sid Ahmed, l'écrivain ami, voit dans ce par­cours le drame d'un intellectuel du Tiers-Monde déchiré entre son désir profond d'être partie prenante du cou­rant qui porte son peuple (le nationalisme, la fierté re­trouvée du milieu des années 5o) et sa lucidité qui en fait

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celui qui le premier pose les questions et donc rompt le charme. Regard sur sa propre vie privée, son histoire familiale et regard sur l'histoire de son pays se croisent pour poser la même question celle de la mémoire et de la responsa­bilité : jusqu'à quel point faut-il tout dire ? Youssef Chahine vient de tourner/ , 'Emigré dont on peut lire avec profit l'histoire de ses démêlés avec la censure dans le numéro spécial des Cahiers du Cinéma « Cent jour­nées qui ont fait le cinéma » : 36 septembre 199/j. G.C.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt), Adav Location : CNC-Images de la Culture

Charles Morazé la logique dans l'histoire

Auteur : Marc Ferro. Réalisation : Pierre G auge. Production : AREUKSS, Bibliothèque nationale de France ,igg4- Distribution : AliKHKSS. Vidéo, couleur, 120 min. (Savoir et mémoire)

De La France bourgeoise aux Origines sacrées des sciences modernes, les entretiens s'efforcent de retracer le parcours intellectuel de Charles Morazé et de saisir les différents modes de raisonnement qui le conduisirent à élaborer un code universel capable de décrypter l'histoire des sciences, des croyances et des événements. C'est tout le travail syn­thétique de Charles Morazé qui se trouve ici embrassé au travers des regards portés, tour à tour, par Nathalie Rassaler, Marc Fe r ro , D o m i n i q u e F lament , Serge Moscovici et Peter Stoekinger. Un fascicule qui reproduit le contenu de l'entretien peut être commandé auprès de AREHESS.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation) Edition : Association pour la Recherche à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 54 bd Raspail, 75006 Paris. Cassette + fascicule : 170 F. Fascicule seul : 3o F.

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Les Chevaux de Marly la victoire sur l'instant

Réalisation : Martin Fraudreau. Production : Beta System, Musée du Louvre, Réunion des musées nationaux, Gédéon, igg4- Distribution : Gédéon. Vidéo, couleur, 26 min. (Sculptures)

La collection Sculptures du Musée du Louvre est l'équi­valent de la série Palettes pour la peinture. En observant une œuvre au plus près , en la rep laçant dans son contexte historique, chaque film est un irremplaçable «cours» d'histoire de l'art, au meilleur sens du terme, utilisant au mieux les techniques de l'audiovisuel. On ne saurait trop recommander ces films aux enseignants d'histoire. Les Chevaux de Marly doivent leur célébrité autant à leur valeur artistique qu'au fait qu'ils ont été successi­vement exposés en trois lieux prestigieux: la résidence royale de Marly, la place de la Concorde et le musée du Louvre. A quarante ans d'intervalle, deux sculpteurs d'une même famille reçoivent pour le même château de Marly, une commande royale similaire. Oncle et neveu, Antoine Coysevox et Guillaume Coustou, réalisent dans des blocs de marbre monolytes des œuvres profondément diffé­rentes. Coysevox imagine des chevaux ailes, allégorie à la gloire du Roi-Soleil. Coustou saisit un instant de com­bat de l'homme avec la nature et remporte le pari de la postérité. C.B.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation), Adav Edition : La Sepl/Vidéo/Réuni.on des musées nationaux.

Chronique de la Piccola Russia

Réalisation : Hughes Le Paige. Production et distribution : RTBF, igg3. Vidéo, couleur, 56 min. sous-titré en français.

La «Petite Russie», c'est Mercatale, village de Toscane, ainsi surnommé en raison de sa longue histoire com-

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muniste. Depuis 1982, Hugues Le Paige y a fait de fré­quents reportages, et sa caméra en restitue avec bon­heur l'ambiance chaleureuse : les travaux des champs dans le merveilleux cadre de la campagne florentine, la promenade du soir, mais aussi la tradition ouvrière, les discussions de cellule, la maison du peuple où les an­ciens se réunissent pour jouer aux cartes. Sur cet ar­rière-plan, il s'attache plus particulièrement à Carlo, Claudio, Vincenzo et Fabiana, anciens militants du PCI, longtemps solidaires dans un même combat, et qu'il fait se retrouver pour le film. Car depuis les immenses bou­leversements des quinze dernières années et l'implo­sion du PCI après le congrès de 1990, qui devait être le dernier, leurs chemins ont divergé : deux d'entre eux ont adhéré avec plus ou moins de conviction au PDS réformiste, un autre à Rifondazione comunista, la der­nière s'est mise en congé de politique, le temps de ré­fléchir.

A travers leurs interrogations personnelles, politiques et affectives, se dessine l'histoire récente du commu­nisme à l'italienne, que le réalisateur retrace à partir d'un matériel accumulé sur une dizaine d'années, dans une construction subtile qui suit davantage l'évolution des esprits que la stricte chronologie : un communisme qui s'était progressivement détaché de la pure idéolo­gie et de la bureaucratie jusqu 'au «compromis histo­rique», porté sutout par une certaine ferveur conviviale, sensible dans les fêtes locales ou nationales qui consti­tuaient les temps forts de l'identification politique, et dont le film décèle a posteriori l'«ultime rendez-vous» le jour des obsèques d'Enrico Berlinguer en 1984. De leurs années militantes, Carlo et ses camarades ont gardé bien des réflexes, et le désir profond de changer le monde. Mais celui-ci se teinte désormais de scepti­cisme, et, à l 'heure des bilans, une ombre est passée, même sur leur amitié. La longue familiarité du réalisateur avec ses personnages rend très attachante la peinture de leur microcosme, et la sensibilité avec laquelle il les écoute donne une va­leur universelle à ce regard sur un coin d'Italie. M.L.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt)

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Claude Chabrol, l'entomologiste

Réalisation : André S. Labarthe. Production : La Sept, Ina, CNC, ministère des Affaires étrangères, iggi. Distribution : Ami. 35 mm, couleur, 52 min. (Cinéma, de notre temps)

Dans une demeure paisible des b o r d s de L o i r e , Chabrol fabrique ses per­sonnages préférés : des monstres. On le voit ici travailler à l 'adaptation du roman de Simenon Betty et répondre aux q u e s t i o n s de J e a n

Douchet sur son oeuvre. Des extraits au Boucher, de Violette Nozières, des Fantômes du chapelier, de Masques ponctuent cette conversation intelligente. Chabrol écrit régulièrement et sans rature, sur un ca­hier dont les 96 pages correspondent à un film d'i heure 5o. Il s'intéresse à la façon dont les gens vivent en pro­vince, loin des modes parisiennes, d'où son goût pour Balzac. Il considère qu'il faut une vingtaine de films pour par­venir au contrôle de la forme cinématographique. Il fait le moins de plans possible, le plus lisibles possible. Plus il avance dans son oeuvre, moins l'intrigue l'inté­resse et plus il approfondit l 'épaisseur et finalement l'opacité de ses personnages. D'où l'importance de bien choisir les acteurs qui les in­carnent. 11 aime les métaphores, particulièrement celle de l'aqua­rium : les humains sont des êtres plongés dans l'eau. Il s'acharne contre la sentimentalité et préfère l'éthique individuelle à la morale d'une société. D.V Extrait du catalogue Cinéma, Images de la culture, à paraître en août 1995.

Diffusion dans les b i b l i o t h è q u e s p u b l i q u e s : Direction du livre et de la lecture (consultation), Adav Location : CNC-lmages de la Culture

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David Lynch

Réalisation : Guy Girard. Production : Art productions, La Sept, CNC, rg8g. Distribution : Ami. 35 mm, couleur, 60 min. (Cinéma, de notre temps)

Avec humour, David Lynch évite de répondre au pour­quoi du journaliste qui tente, en décembre 1988, d'en apprendre plus sur ce cinéaste. Les extraits de Blue Velvet, Eraserhead, Eléphant mon, diffusés dans la pièce où il travaille, sont intégrés au climat du film. Occupé à l'adaptation d'un roman ou à la fabrication d'une sculp­ture, il cultive savamment son mystère. Lynch est filmé à Los Angeles, chez un glacier, dans sa maison-bunker aseptisée, dans un studio où Julie Cruise enregistre Floating into the night, au volant de sa voiture. On le voit de longs moments silencieux en train de tra­vailler.

Toujours calme, il parle avec douceur de l'importance de soigner les détails, les textures. Il aime l 'humour noir de Kafka dont il souhaite adapter La Métamorphose. 11 pense qu'il faut passer par des trous - obsession de l'oreille - pour accéder à d'autres dimensions. Enfin, il revient, avec l 'acteur d' Eraserhead, sur les lieux ma­giques du tournage de ce film, occasion pour nous d'ad­mirer son sens des décors naturels. Attentif à l'étrange et à la beauté, tel nous apparaît David Lynch : «Il y a des choses dont on ne peut parler». D.V Extrait du catalogue Cinéma, Images de la culture, à paraître en août iggS.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation), Adav Location : CNC-lmages de la Culture.

D u Creusot e t d'ail leurs

Réalisation : Patricia Valeix. Production : Agat Films, igg4-Distribution : Agat Films. Vidéo, couleur, 55 min.

Le film s'ouvre sur des images des ateliers du Creusot en

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1925. A cet te é p o q u e , «tout étai t us ine , tou t étai t Schneider» : les ateliers, les écoles. La ville était façon­née par la famille Schneider. Le film de Patricia Valeix couvre un siècle de vie ou­vrière dans cette ville de Saône-et-Loire, depuis son es­sor industriel au XIXème siècle jusqu'à la mise en rè­glement judiciaire, en 1984, de la Société Creusot-Loire, filiale de la société Schneider et Cie... • «On n'y croyait pas, parce que Creusot-Loire, c'était in­ébranlable.» La réalisatrice recueille les propos teintés d'amertume d'anciens ouvriers, déjeunes étudiants, de sans emploi et de divers partenaires régionaux. Des photos et des images d'archives (1925, 194% 19-̂ 9, 1968) témoignent de ce passé. CM.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et, prêt).

Les Esclaves de Michel-Ange l'âme enchaînée

Réalisation : Martin Fraudre.au. Production : Beta System, Musée du Louvre, Réunion des musées nationaux, Gédéon, igq/j. Distribution : Gédéon. Vidéo, couleur, 26 min. (Sculptures)

Voir Les Chevaux de Marly en ce qui concerne la collec­tion Sculptures. Les Esclaves de Michel-Ange est un remarquable docu­ment sur la Renaissance à travers la genèse et l'histoire de ces deux figures qui devaient orner le gigantesque mausolée du pape Jules II, dans la basilique Saint-Pierre de Rome. Commencées en I5 I3 , elles ne furent jamais achevées et portent les traces des outils du sculpteur. Le film nous montre ces figures en train d'émerger du marbre.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de. la lecture (consultation), Adav Edition : La Sept/Vidéo, Réunion des musées nationaux.

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François Fure t histoire de la Révolution et la Révolution dans l'Histoire

Auteur : Marc Ferro. Réalisation : Pierre Gauge. Production : Arehess, Bibliothèque nationale de France, igg4- Distribution : AHEHESS. Vidéo, couleur, 100 min. (Savoir et mémoire)

L'entretien avec Mona Ozouf, Jacques Revel et Pierre Rosanvallon permet de retracer le parcours intellectuel de François Furet. Cet historien explique avec lucidité et droiture comment son engagement politique et sa formation théorique ont pu se conjuguer, puis diverger, jusqu'à ce que sa propre réflexion autonome secrète une vision renouvelée de la Révolution française et de sa place dans l'histoire. Un fascicule qui reproduit le contenu de l'entretien peut être commandé auprès de AREHESS.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation) Edition : Association pour la Recherche à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 54 bd Raspail, 75006 Paris. Cassette + fascicule : 170 F. Fascicule seul : 3o F.

Françoise D o l t o

Réalisation : Elisabeth Coronel, Arnaud de Mezamat. Production : Abacaris Films, Production du Sablier (Belgique), Centre Georges Pompidou, RTBF, France 3, avec la participation de la Direction du livre et de la lecture, igg4- Distribution : Abacaris Films. Vidéo, couleur, i56 min.

A-t-on mesuré toute la place qui revient à Françoise Dolto, cette grande pionnière de la psychanalyse d'en­fants ? Ce documentaire en trois parties (Tu as choisi de naître, Parler vrai, N'ayez pas peur), qui peuvent éventuellement se voir séparément, tente d'évaluer l'importance de sa contribution à cette discipline. Il replace le cheminement de la personnal i té et de

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l'œuvre de Françoise Dolto dans le contexte des années fécondes du développement de la psychanalyse, et en évoque les é tapes essen t ie l l es , pho tos et extrai ts d'oeuvres autobiographiques à l'appui. Des thérapeutes d'enfants (Claude Halmos, Caroline Eliacheff...), qui ont eu le privilège de travailler avec elle , tracent le portrait de ce «médecin d'éducation» dont la rigueur scientifique égalait la capacité d'écoute. De passionnants documents d'archives, dont des extraits d'un séminaire organisé pour des soignants au Québec, permettent d'ailleurs d'apprécier la parole de Françoise Dolto dans son jaillissement juste et précis. Au-delà de ces éléments biographiques, le film montre à quel point l'approche contemporaine de la petite en­fance dans les crèches, écoles et diverses institutions est le résultat des transformations apportées par Françoise Dolto.

Citons, entre autres exemples, des séquences enregis­trées à la Maison verte, ce lieu d'accueil des parents et de socialisation des enfants, dont elle avait suscité la création, et, moment de cinéma direct particulièrement fort, la bouleversante première rencontre d'un bébé avec ses parents adoptifs. Une excellente vulgarisation, ce qui n'est pas un mince compliment. Catherine Dolto-Tolitch n'avoue-t-elle pas dans ce film à quel point sa mère avait hésité elle-même avant d'accepter la proposition de participer sur Francc-Inter à l'émission de radio qui devait lui assurer son im­mense succès médiatique ? Il est souhaitable que les bibliothèques permettent une diffusion aussi large que possible de ce document, au­près des parents et des enseignants, entre autres, et qu'elles en fassent éventuellement le point de départ de débats. La ferveur de rengagement de Françoise Dolto pour «la cause des enfants» reste d'actualité et l'écoute attentive de son message pourrait prévenir bien des difficultés. Voilà un film qui mériterait d'être remboursé par la Sécurité Sociale... M.L.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt), Adav Edition : Abacaris Films/Editions Montparnasse.

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G e o r g e s Th . Cu i lbaud mathématiques sociales

Auteur : Marc Ferro. Réalisation : Pierre Gauge. Production : AHEIIESS, Bibliothèque nationale de France, igg4- Distribution : AREHESS. Vidéo, couleur, ioo min. (Savoir et mémoire)

Georges Th. Guilbaud ouvre le débat audacieux d'une «mathématique sociale» selon Condorcet. 11 est interpellé par Ernest Coumet sur ses travaux de filiation des idées mathématiques, et par Pierre Rosenstiehl sur ses mo­dèles algébriques et probabilistes. Un jeune thésard Patrice Ossona de Mendez marque l'évolution du lan­gage sur un demi-siècle de mathématiques. La mathé­matique sociale tantôt jette un éclair structurant sur les manifestations du social, démographiques, linguistiques ou praxéologiques, tantôt y puise pour elle des problé­matiques nouvelles. Une mathématique vivante est so­ciale.

Un fascicule qui reproduit le contenu de l'entretien peut être commandé auprès de ARKHESS.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation) Edition : Association pour la Recherche à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 54 bd Raspail,75oo6 Paris. Cassette + fascicule : 170 F. Fascicule seul : 3o F.

La G r â c e perdue d'Alain Van der Biest

Réalisation : Thierry Michel, José Dessart. Production : Films de la Passerelle, RTBF, igg3. Distribution : Films de la Passerelle. Vidéo, couleur, 52 min.

En 1991, André Cools une des grandes figures de la vie politique et du Parti Socialiste belge est assassiné. Il vient de se retirer de la scène nationale. C'est un homme qui ne peut laisser indifférent et qui s'est attiré autant de fidèles que de solides inimitiés au sein de son propre parti. La presse accuse bientôt Alain Van Der Biest d'avoir commandité le meurtre. Jeune responsable socialiste,

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ex-ministre, l'homme a profité du soutien de Cools pour s'imposer dans le parti. Pendant quatre mois les deux auteurs vont le suivre. Leur travail n 'est pas une contre-enquête parallèle à celle de la justice visant à démêler l'intrigue, à recher­cher la vérité. Le film est fait avec l'accord (et sans doute la compli­cité) de Van Der Biest. Il n'est pas pour autant un plai­doyer pour son innocence. Ce qui est au cœur du film ce sont les effets produits par une formidable machine médiatico-judiciaire sur l'homme, mais également sur son entourage (son épouse, sa mère, ses proches amis). Peu à peu Van Der Biest apparaît comme l 'homme à abattre, les accusations les plus diverses se multiplient contre lui. Au terme de ce film - la diffusion à la télévision belge était suivie d'un débat - il apparaît que l'acharnement d'une certaine presse et les différentes étapes des pro­cédures judiciaires engagées n'ébranlent pas les convic­tions des proches ou des partisans. Elles contribuent plutôt à souder autour de Van Der Biest ses fidèles mais elles atteignent profondément l 'homme soudain placé au centre d'un feuilleton politico-médiatique. La question que se posent les parties en présence (et les spectateurs) glisse insensiblement de l'éventuelle cul­pabilité du personnage vers sa capacité à faire front. Alors qu'il risque l'inculpation qui pourrait entraîner son incarcération, Alain Van Der Biest confie à la ca­méra qu'il pourrait bien « craquer » : « on apprend tel­lement de choses en 20 ans de vie publique ». C'est à ce moment qu'il s'explique sur le violent différent qui l'op­posa à André Cools à propos des méthodes de finance­ment du parti auprès des entreprises. Accueillie avec suspicion sur le marché de la commune dont Van Der Biest est bourgmestre, l'équipe de tour­nage s'attire cette forte réplique : « Arrêtez de venir po­ser des questions à des gens qui ne savent rien ! ». La remarque touche au plus juste une des pratiques mé­diatiques les plus répandues qui consiste effectivement à demander à chaud à n'importe qui un avis sur n'im­porte quoi.

Insensiblement se fabrique ainsi une pseudo opinion. Tout le mérite du film est justement -non pas de dé-

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noncer- mais de donner à voir l'efficacité d 'une telle machine. G.C.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt)

Jacques Rivette, le veilleur

Réalisation : Claire Denis. Production : Art productions, La Sept, CNC, ministère des Affaires étrangères, Intermédia, iggo. Distribution : Ami. 35 mm, couleur, 125 min. (Cinéma, de notre temps)

En compagnie de Serge Daney, Jacques Rivette joue avec franchise le jeu du portrait dans un film en deux parties : i-Le Jour, 2-La Nuit. Ils abordent les débuts de la bande des /j (Truffaut, Godard, Rohmer, Rivette) et les rendez-vous quotidiens aux Cahiers du cinéma avec André Razin. Puis ils parlent de ses films dont des extraits sont présentés : Paris nous appartient, L Amour fou, Oui i. Rivette reconnaît sa dette à l'égard de Truffaut, qui Fa soutenu lors de son premier film, et compare l'importance de la Nouvel le vague p o u r le c inéma à celle de l'Impressionnisme en peinture. 11 s'explique aussi sur son refus de morceler les corps dans ses cadrages. 11 esquisse une théorie du plot, intraduisible, qui se rapprocherait du complot ou de la pelote dont on dénoue les fils. Faire un film serait, selon lui, comme apercevoir un objet dont on a déterré un petit bout et qu'il faut sortir de terre sans trop l'abîmer. Cette idée paradoxale l'aide à avancer dans la réalisation de ses films dont il n'écrit jamais vraiment le scénario à l'avance. Dans une séquence émouvante, Rulle Ogier, qui a fait avec lui six films en vingt ans, parle de sa relation exceptionnelle avec ce metteur en scène secret. D.V

Extrait du catalogue Cinéma, Images de la culture, à paraître en août io,o,5.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation), Adav Location : CNC-Images de la Culture

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Le Jeu d e s figures Denis Marion

Auteurs : Gilles Brenta et Claude François. Réalisation : Claude François. Production : Saga Film (Belgique), ADL, RTL-TVI, France 3, CNC, avec la participation de la Direction du livre et de la lecture, igg4-Distribution : Saga Films. Vidéo, couleur, 52 min.

Portrait de Denis Marion, critique cinématographique et littéraire, né en 1906, à Bruxelles. Collaborateur d'André Malraux dans L'Espoir, tourné en Espagne, il publie de juillet 36 à avril 3o des articles dans Combat, hebdoma­daire de la gauche belge mobilisée contre le fascisme. Puis, correspondant du Soir à Paris après la Libération, il r encon t r e Cocteau, René Clair, Bunuel , F laher ty , Hitchcock, Paulhan...Dans l'entretien qui est au cœur de ce film, Denis Marion évoque ces rencontres mais égale­ment son amitié avec Roger Goossens, Paul Nougé, Louis Scutenaire. A côté d'une activité de critique cinémato­graphique importante, il a été également scénariste, tra­ducteur et biographe de Daniel Defoe, et . . . bon joueur d'échecs.

Le film présente, autour de l'entretien avec Denis Marion, des témoignages de Robert Arribaut, Sylvain Goudemare, Tom Gutt, Irène Hamoir, ainsi que des extraits de films et une iconographie abondante. C.B.

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Joseph von S ternberg d'un silence l'autre

Réalisation : André S. Labarthe. Production : Amip, La Sept, Ina, CNC, ig66-igg3. Distribution : Amip.

35 mm, noir et blanc, 5o min. (Cinéma, de notre temps)

Ce «vieux» numéro de Cinéastes de notre temps figure parmi les réussites de la série historique dirigée par André Labarthe et Janine Bazin. Sternberg est filmé en gros

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plans en noir et blanc, dans une unité de temps et de lieu, entre­coupés d'extraits de films. La réussite vient de ce que la forme du portrait reflète le style, l'ap­proche du cinéaste filmé. Le truc de Labarlhe, c'est de trouver un dispositif qui (quand ça marche) provoque le cinéaste à entrer dans le jeu, à s'y mettre en scène lui-même. Le pari de Cinéastes de notre temps, c'est de ne pas faire des do­

cumentaires télé sur des cinéastes (comme certaine série sur des écrivains par exemple), mais de tenter de produire chaque fois un essai filmé dont l'acteur principal est le cinéaste, et le Macgujfin (le prétexte du suspens selon Hitchcock) c'est sa raison et sa manière de faire du ci­néma.

Von Sternberg est filmé en gros-plans, ses volutes de fu­mée ajoutent à l'aura de star que lui donne l'éclairage hollywoodien qu'il a rectifié lui-même en arrivant sur le tournage (il est crédité comme co-directeur de la photo au générique). Ses interlocuteurs (hors-champ) se tiennent non pas en face de lui mais latéralement, ce qui fait que ses regards ne sont jamais face caméra mais de côté. Cette latéralité des axes regard permet de raccorder dans le mouvement sur des plans extraits de ses films, comme si Sternberg voyait lui-même entrer et sortir ses person­nages. Alors que son visage, par ces gros-plans énigma-tiques, tourné vers le hors-champ, tend à devenir celui d'un personnage de ses films. Ce troublant chassé-eroisé est accentué par l'irruption dans l'interview d'éclats so­nores provenant de la bande-son de ses fictions. Par ce rusé montage, Labarthe réussit à inverser la vapeur : les gros plans de Sternberg se chargent d'une forte tonalité de fiction, alors que les extraits de son dernier film, Saga ofAnathan (des naufragés japonais s'entre-déchirent sur une île), prennent étrangement figure de témoignage do­cumentaire. F.N.

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Nanni Moretti

Réalisation : André S. Labarthe. Production : Amip, La Sept, Ina, CNC, ig8g. Distribution : Amip. 35 mm, couleur, 5g min. (Cinéma, de notre temps)

Cinéma, tout comme Cinéastes de notre temps ne cherche pas du tout à faire œuvre encyclopédique, à informer sur, mais à faire œuvre de cinéma et de cinéphile : chaque fois mettre en scène un personnage (le cinéaste) en quê te d 'auteur , un auteur (de cinéma) en quê te d'images. Moretti est filmé en plans plutôt larges et en couleurs, avec changements de décors : autour de la piscine de Palombella rossa, au cours d'une partie de tennis, sur sa terrasse, en scooter. Pour Moretti, comme pour Sternberg, le piège cinéphi-lique tendu par Labarthe traduit l'intelligence du per­sonnage et de son style, l 'adéquation à la situation : Moretti attend, autour de la piscine, que le soleil re­v ienne p o u r t o u r n e r les scènes de wa te r -po lo de Palombella rossa, et Labarthe se contente de filmer cette attente, avec ses impatiences et ses abandons. «Le problème avec André, c'est qu'il ne pose pas de question, ça finit par être embarrassant», dit l'autarcique Moretti. Progressivement, un tournage se fond dans l 'autre, comme se fondent devant la caméra de Labarthe, Moretti le cinéaste et Moretti l'acteur. L'interview d'un grand critique italien sur Moretti, de­vant le court même où celui-ci joue au tennis, finira par provoquer l'ire amicale du colérique chronique. Enfin la promenade en scooter, préfigurant celle de Journal Intime, jusqu'à son appartement et sa petite ter­rasse, c'est du Moretti : le film de Labarthe sur Moretti est devenu le morceau d'un film à venir de Moretti. F.N.

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Nikos Kawadias une croisière sur la vie

Réalisation : Olivier Guiton. Production : La Sept/A rte, Au large de l'Eden, Technospfiéra, Télévision grecque, Ina, avec la participation de la Direction du livre et de la lecture, içg5. Distribution : Au large de l'Eden. Vidéo, noir et blanc et couleur, 52 min.

Alors qu'un équipage de marins grecs s'apprête à embarquer sur le Madeleine, v ie i l le ca rcasse rouillée destinée à être vendue que lque part dans le Nord de I Europe, la voix oft'du comédien Philippe Clévenot présente rapi­dement le poète grec et marin Nikos Kawadias. Célèbre à a3 ans après la publication en ig33 d'un recueil de poèmes (Marabout), il passe comme officier radio la plus

grande partie de sa vie hors de Grèce, sur les océans, échappant aux cercles littéraires. Il laisse peu d'oeuvres éditées : trois livres de poèmes, trois nouvelles et un ro­man Le Quart, publié en u)5/\.

Les hommes de l'équipage, ainsi que le capitaine du ba­teau ont accepté de participer au film d'Olivier Guiton qui a embarqué avec eux pour une traversée de 3 mois. Filmés à leurs postes de travail, sur le pont, dans la salle des machines, à la cuisine, ou pendant leurs moments de repos, ils ont accepté de «jouer» des dialogues extraits du Quart. Ces échanges, bribes de conversation surprises par la caméra, sont progressivement couverts par la voix off qui reprend le fil de ces dialogues et en donne une lecture originale. On découvre alors avec surprise que le jeu de ces marins-acteurs est crédible, que la distance entre l'œuvre de Kawadias et leur vie quotidienne est pratiquement inexistante. «Kawadias est une figure pour les marins» dit l'un d'eux, après en avoir cité plusieurs vers. Pour illustrer quelques-unes de ces histoires de marins, histoires de voyages, d'amours impossibles, infidèles, histoires d'escales, de bagarres, que Kawadias rapporte en abondance, le réalisateur a fait également appel à des

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comédiens. Leurs prestations sont moins convaincantes, moins séduisantes que celle de ces marins devenus co­médiens pour la circonstance. Le bateau passe au large de Céphalonie, fait escale au Pirée, reprend la mer pour Marseille, avant de partir pour sa dernière destination en mer du Nord. Tous ces passages et ces escales sont l'occasion de rencontrer ceux qui ont travaillé avec Kavvadias, l'ont connu ou croisé. Divers documents (archives sonores, photos, quelques images d'archives) complètent le portrait de cet écrivain méconnu. CM.

Diffusion dans les bibliothèques publiques: Direction du /ivre et de la lecture (consultation et prêt).

Oliveira, l'architecte

Réalisation : Paulo ftoc/ia. Production : Amip, La Sept, RTP, Ina, CNC, igg3. Distribution : Amip. 16 non, couleur, 60 min. (Cinéma de notre temps)

Ce portrait de Manoel de Oliveira nous introduit dans son univers par des extraits de ses films choisis pour leur étrangeté et nous présente l 'homme chronologi­quement : jeune premier du temps du muet, coureur automobile à une époque où les voitures ressemblaient à des personnes, toutes différentes, puis cinéaste, de­puis soixante ans. Intéressé par la présence immatérielle du cinéma -Nosferatu plane sur sa demeure et sur ce film , Oliveira explique qu'il a photographié une morte comme si son âme sortait de son corps. Inhibé devant les femmes de­puis le jour où, enfant, il s'était montré nu devant deux cousines et obsédé par elles, il rend hommage à leur se­cret et fait l'éloge de Marie-Christine Barrault dans son Soulier de satin. Le cinéma l'a toujours lit téralement transporté et il s'est approché inconsciemment de la réa­lisation. Il se souvient des débuts du cinéma au Portugal où le public, curieux, avait envie de tout voir et où l'on improvisait les premiers laboratoires. Il s'explique peu

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sur ses films mais justifie la longueur de ses plans qu'on lui reproche souvent par le désir de faire sentir aux spec­tateurs une intention. D.V Extrait du catalogue Cinéma, Images de la culture, à paraître en août igg5.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt), Adav Location : CNC-Images de la culture

Pasolini, l'enragé

Réalisation : Jean- André Fieschi. Production : Arnip, La Sept, Lna, CNC, ig66-iggi. Distribution : Amip. 35 mm, noir et blanc, 65 min. (Cinéma, de notre temps)

Avec des ext ra i t s de Accatone, Ucellacie Ucellini, L'Evangile selon Saint Mathieu et La Ricotte. En 1966, J e a n - A n d r é F ie sch i se r end à Rome p o u r y r e n c o n t r e r P ie r Paolo Pasolini. Le cinéaste italien a 44 a n s - H vient de

terminer son huitième film Ucellacie Ucellini (Les Oiseaux grands et petits), cinq ans après ses débuts comme réali­sateur avec Accatone. Pasolini, comme il le dit lui-même, parle avec Jean-André Fieschi « comme si la caméra n'était pas là ». Il définit le cinéma comme la langue écrite de la réalité, affirmant sa préférence pour la simplicité, le gros plan frontal plutôt que le plan séquence. Son propre travail de cinéaste il le voit à la fois comme continuité et rupture avec le néo-réalisme. Profondément marqué par l 'héri tage culturel de la Résistance et de la Libération, Pasolini s'exprime pathé­tiquement sur son amour malheureux pour le monde. Si Rossellini et De Sica pouvaient faire surgir de l'émotion et naître de l'espoir en filmant des hommes ordinaires, Pasolini -vingt ans plus tard- se tourne vers ce qu'il ap-

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pelle des hommes exceptionnels pour témoigner de son amour et de sa révolte. Cette compréhension, cet amour que la société petite-bourgeoise italienne refuse à ce brillant intellectuel, com­muniste et homosexuel, il va les chercher du côté de ceux qui composent le sous-prolétariat, « les gens qui travaillent là où il n'y a pas d'usines ». Les témoignages de deux de ses acteurs préférés, Franco Citti et Ninetto Davoli, le dialogue que noue avec eux Pasolini constituent un des grands moments de ce film. La séquence durant laquelle Ninetto Davoli parle de son travail d'acteur aux côtés de Toto dans Vce/laci e Uce/lini est à cet égard un pur morceau d'anthologie. Filmé en train de marcher dans une rue, Ninetto retrouve les gestes et les expressions de son personnage. Pasolini voit dans le passage (TAccatone et de Marna Borna à Uœllaci e Ucellini, la nécessité dans laquelle il s'est trouvé de rendre explicite ce qui jusque là était implicite. Son sujet reste le même mais il substitue désormais, au moyen de la fable, le tableau de la société dans son ensemble, dans ses relations, à l'observation du détail. Il place dé­sormais à côté de ceux qui vivent sans se poser d'autres questions que celles du jour ceux qui pensent mais que la vie a abandonnés. Le cinéma de Pasolini s'ouvre sur toutes les classes de la société, sur les relations qui existent entre elles, le désir du pouvoir et le pouvoir du désir. L'année suivante il tournera Théorème. G.C.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation el prêt), Aafof Location : CNC- Images de la Culture

The Scorsese machine

Réalisation : André S. Labarthe. Production : Art productions, La Sept, CNC,iggo. Distribution : Amip. 35 mm, couleur, y4 m'n-(Cinéma, de notre temps)

La machine-Scorsesc en action : au cœur de New York, de « sa » ville, un building-bureaux où secrétaires et assis­tants œuvrent pour le cinéaste ; au cœur du building, une

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salle de montage. C'est là que Martin Scorsese tra­vaille avec sa m o n t e u s e , mange, visionne des films à la télévision... et reçoit des amis pour son 46e an­niversaire. Scorsese vit dans sa salle de m o n t a g e ; il a ime le

montage - plus que le tournage : trop de monde, moins de contrôle. Mais plus que tout, il aime regarder de belles images. La télévision tient une grande place dans sa vie - il vit la télé allumée depuis qu'il est tout jeune -au point qu'il se sent seul sans elle. Les films sont sa culture. Aujourd'hui, un jeune homme programme, visionne et compare les copies, met en fiches les films qui passent sur toutes les chaînes et prépare la semaine « magnéto­scopique » de Scorsese. Un autre est ebargé de classer les archives : 5o volumes, dont i5 pour RagingBull. Ce do­cumentaire a capté la folie toute particulière d'une exis­tence vouée au cinéma et se termine par un repas avec les parents de «Marty» qui racontent leurs souvenirs des premiers films de leur fils. D.V. Extrait du catalogue Cinéma, Images de la culture, à paraître en août 1995.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt), Adav Location : CNC-Images de la Culture

Souleymane Cissé

Réalisation : Rithy Panh. Production : Ami, La Sept, Ina, ministère de la Coopération, ACCT, Charme/4, tqgi. Distribution .Ami. 35 mm, couleur, 55 min. (Cinéma, de notre temps)

Le film commence par la voix off de Soulejmane Cissé, cinéaste malien, une voix qui dit «je» dans une très belle langue, poétique et convaincante. Pendant près d'une heure, un homme prend la parole au nom d'un conti-

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nent. Les questions qu'il soulève sont politiques, méta­physiques mais aussi esthétiques. Des extraits de Baara, Finye et Yeelen sont intercalés dans le montage. Marqué par les images de l'arrestation de Lumumba et après des études à Moscou, Souleyniane Cissé décide de faire des films. Son cinéma est né de la violence, corporelle, écono­mique, qui lui pèse de plus en plus. Malheureusement, la violence montrée dans son film Finye n'était que trop prophétique des événements contemporains de ce do­cumentaire. Mais Cissé fait siens les mots de Tarkovski : «Tout ce qui vit est beau si l 'on sait en capturer la beauté» ; il professe son espérance que les hommes s'ac­ceptent et communiquent mieux. Il souhaite que les films existent longtemps dans les mé­moires car il croit à l'image, au regard. Cissé est filmé dans une nature dont il souligne lui-même l'importance : l'eau, la lumière, la brousse où il se retire pour retrou­ver le calme. D.V. Extrait du catalogue Cinéma, Images de la culture, à paraître en août igg5.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation), Adav Location : CNC-Images de la Culture

Talk 16

Réalisation : Janis Lundman, Aérienne Mitchell. Production : Back Allay Film Production, ONFC, Ontario Center, CHCH TV, iggi. Distribution : Films Transit International. 16 mm, couleur, 120 min.

Les réalisatrices ont suivi pendant un an cinq jeunes filles de 16 ans. De milieu et d'origine culturelle divers, elles ne se connaissent pas entre elles et représentent, autant que faire se peut, le Canada multi-culturel des années go. 16 ans est l'âge légal du permis de conduire et des relations sexuelles. Elles ne sont plus des enfants mais pas encore des adultes. Portrait de chacune par elle-même : une noire, une Wasp (white, anglo-saxon, protestant), une fille d'émigré

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russe, juif non pratiquant, une Coréenne pentecôtiste, et une jeune fille qui se proclame «graine du diable». Le contexte familial forme des destins distincts, mais les problèmes sont similaires.(...) Tout en suivant la vie, mouvementée pour certaines, de ces adolescentes, les réalisatrices les questionnent sur la politique, les pro­blèmes raciaux, les garçons, le féminisme, la religion. Extrait du catalogue Sciences humaines et faits de so­ciété, Arcanal, 1993.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation) Location : CNC-Images de la Culture

U n e histoire qui n'a pas de fin

Réalisation : Paule Muxel, Bertrand de Solliers. Production : M de S Films, Planète cable, i()g4- Distribution : Celluloid dreams. 35mm, couleur, g5 min.

«Après avoir donné la parole à des personnes infectées par le virus du sida (dans Sida, paroles de l'un à l'autre analysé dans Images documentaires n° 18/19), Paule Muxel et Bertrand de Solliers ont interrogé des membres du personnel médical et paramédical, infirmiers, médecins, assistantes sociales et auxiliaires de vie, quotidienne­ment confrontés à la maladie.... Sur la banquette arrière d 'une voiture en mouvement, les visages se succèdent... Chacun raconte ce que les patients ont changé dans sa vie, son regard sur autrui. Les uns évoquent leur im­puissance ou leurs espoirs, les autres dissertent sur leur vocation, sur la conscience d'être mortel». [Le Monde-Radio télévision, septembre 1994)-Aucune des personnes interrogées n'est filmée sur son lieu de travail : les réalisateurs ont mis en place un dis­positif d'interrogation, le même pour tous, qui favorise la sobriété des propos et contribue surtout à banaliser la parole professionnelle (les auteurs ont d'ailleurs volon­tairement passé sous silence les titres et la hiérarchie des intervenants). Beaucoup avouent leurs préjugés ou leur colère. Mais ce sont surtout des paroles plaidant pour plus de

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solidarité, remettant en cause les comportements cul­turels : «on a banni les rites de deuil, on n'a plus le droit de s'épancher», propos parfois réconfortants, jamais conventionnels, qui reviennent sur toutes les lèvres. CM.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt), Adav

Une poste à la Courneuve ,

Auteur : Suzanne Rosenberg. Réalisation : Dominique Cabrera. Production : Iskra, Planète Câble, Périphérie, igt)4- Distribution : Iskra. Vidéo, couleur, 54 min.

La poste ne traite pas que le courrier. C'est aussi le lieu où les habitants du quartier viennent toucher leurs al­locations. Ce qu'a filmé Dominique Cabrera c'est le quo­tidien de ces échanges entre postiers et usagers. La ca­méra braquée d 'abord sur les employés de la poste confrontés à des demandes qu'ils ne peuvent souvent satisfaire passe bientôt de l'autre côté du guichet. La force de ce film, au delà du témoignage qu'il porte sur la grande pauvreté d'un monde qui est le nôtre, est jus­tement dans ces moments où le spectateur perçoit la fra­gilité de ces barrières entre employés et usagers, sala­riés modestes et chômeurs, pauvres et exclus. Dans une séquence qui devient métaphorique du film, une employée de la poste qui fait le ménage avant l'ou­verture des portes au public commence par exprimer son agacement face à la pression d'usagers plus dému­nis qu'elle, avant de confier qu'elle a bien failli se re­trouver dans leur situation. Il y a dans ce film quelques moments de ce type où il faut savoir écouter les personnages au delà même de ce qu'ils disent prenant alors leurs distances avec le rôle qu'ils tiennent. G.C.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation et prêt)

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La Vénus de Milo ou l'invention d'un mythe

Réalisation : Martin Fraudreau. Production : Reta System, Musée du Louvre, Réunion des musées nationaux, Gédéon, igg4- Distribution : Gédéon. Vidéo, couleur, 26 min. (Sculptures)

Voir «Les Chevaux de Marly» en ce qui concerne la col­lection Sculptures. Enquête archéologique, historique et esthétique sur l'une des plus célèbres sculptures de l'Antiquité découverte en 1820 sur l'île de Melos dans les Cyclades. Au terme de cette enquête la Vénus de Milo est loin d'avoir perdu tout son mystère.

Diffusion dans les bibliothèques publiques : Direction du livre et de la lecture (consultation), Adav Edition : La Sept/Vidéo/Réunion des musées nationaux.

Adresses des diffuseurs

Adav 41, rue des Envierges 75020 Paris

Direction du livre et de la lecture 27, avenue de l'Opéra 75ooi Paris

Images de la culture CNC 3, rue Boissière 75n6 Paris

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Edition

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Notes de lecture (décembre i<)g4-févr'cr 1995)

100 journées qui ont fait le cinéma, Cahiers du cinéma, numéro spécial, janvier igg5, 5oF. Pour cette année du centenaire du cinéma, la revue a choisi d'en raconter l'histoire à travers cent événements qui de 1881 à 1994 ont contribué à faire du cinéma ce qu'il est aujourd'hui. Il ne faut pas s'attendre à une histoire li­néaire qui permettrait de dégager l'évolution du yème art depuis sa naissance. En parcourant ce recueil de cent textes, chacun consacré à une journée, l'on pense à la re­marque de Godard dans son récit Histoire(s) du cinéma : « Le cinéma à un moment est passé par là... ». Une telle approche se révèle féconde et parfaitement adap­tée à l'esprit même du cinéma qui reste un esprit d'aven­ture même lorsqu'il semble masqué par un esprit ges­tionnaire. Le lecteur, au fil des pages, mesurera combien ce qui fut important dans le cinéma doit, sinon au hasard, du moins à l'événement contingent, ou non prémédité. Dans ce calendrier singulier les rencontres tiennent une large place. Elles nous rappellent que le cinéma se fait à plusieurs (en bande), qu'il se fait avec mais aussi contre, qu'il y a des rencontres entre réalisateurs mais aussi avec des producteurs, avec le public, avec des films oubliés ou inconnus. Dans ce florilège chacun gardera le souvenir de telle ou telle journée, du récit qui nous en est ici donné. Dans l'ensemble ce recueil a l'immense mérite d'éviter la nos­talgie cinéphilique et d'ouvrir cent portes -souvent ou­bliées- qui sont autant d'occasions de porter un regard

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renouvelé sur les auteurs, les œuvres, et les conditions dans lesquelles elles ont pu voir le jour. S'il faut ouvrir l'une de ces portes -au hasard- j 'aurai en­vie de renvoyer au texte « a septembre ig63 - Corman sème la terreur ». Au terme d'un récit qu'il tient de Monte Hellman, Bill Krohn étourdit le lecteur en le plongeant dans l'histoire (labyrinthique) de la fabrication d'un film de Roger Corman où il sérail absolument vain de chercher une quelconque logique qu'elle soit artistique ou même économique. Une leçon à ne pas oublier mais qu'il ne servira à rien d'apprendre : essayez donc de la répéter ! G.C.

Le Cinéma et la science, sous la direction d'Alexis Martinet, CNRS-Editions, igg4> 3oop., 260 F. A l'occasion du centenaire de l'invention d'Etienne-Jules Marey, Georges Demeny et des frères Lumière, ce livre fait œuvre utile en redonnant à la cinématographie scientifique sa juste place dans l'histoire du ^ème art : non pas genre marginal ou application secondaire, mais fondateur. Car les recherches scientifiques, notamment en physiologie et médecine (voir les chapitres sur Marey, Londe, Doyen, Coinmandon, Thévenard) et en zoolo­gie (Jean Painlevé), sont non seulement aux origines de la technique cinématographique mais sources d'images nouvelles (Lucien Bull) et de mises en scène expéri­mentales dramatiques, dont la fiction a souvent su s'ins­pirer. Ainsi trouve-t-on dans Le Cinéma et la science, après une p r e m i è r e pa r t i e c o n s a c r é e aux p r é c u r s e u r s , u n e deuxième partie consacrée aux genres : les films de vol­cans, le cinéma astronomique, subaquatique, animalier, ethnographique, à la découverte du corps humain par Claude Edelmann (réalisateur de Naissance du cerveau), le cinéma d'animation par le père des immortels Shadoks, Jacques Rouxel. L'article de Jean Rouch, «Du cinéma ethnographique à la caméra de contact» mérite une men­tion particulière pour sa clarté historique et son ques­tionnement du «cinéma-vérité». La troisième partie du livre, «Cinéma scientifique et cinéma de fiction», mal­gré un début prometteur sous la plume de Jean-Michel Arnold, noie davantage le poisson et laisse un peu le lecteur sur sa faim cinéphilique. F.N.

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La Parole en spectacle, Dossiers de l'audiovisuel, n°5g, sous la direction de Guy Lochard, Ina, La Documentation fran­çaise, igy5, 5ip., 62 F. Ce dossier sur les émissions de télévision «où l'on cause» illustre cette sociologie descriptive, classifïcatoire et comme désengagée que je me permets de critiquer dans mon article « Aux limites du cinéma direct » (cf.supra). Il s'agit d'un panorama d'extraits d'articles sur les talk-shows et autres débats télévisés. A quelques rares excep­tions près (notamment l'article de François Jost, « A Larmes égales » ), on s'en tient au constat des lieux, faute d'en démonter non seulement la mise en scène mais la raison sociale. La télé, il ne suffit pas de décrire ses (mau­vaises) manières. Constater «comment ça se présente» est insuffisant si l'on ne se demande pas «pourquoi donc ça représente comme ça ?». Si l'on ne ressaisit pas chaque fois la télévision comme appareil du management indus­triel, grille de gestion du temps libre marchand et pro­pagande de la t ransparence démocratique, l'analyse (même augmentée de concepts sémiologiques) se trouve vite réduite à la même platitude que le plateau. La télévision fonctionne au positif. Elle craint, autant que le doute, le silence, spectre de la gratuité. Le télévi­seur comme remplissage débats d'officiels, de real people ou de mieux-disants culturels — est en dessous de toute critique, comme l'a si bien montré Fellini dans Cinger et Fred. Son rôle est de conforter clichés et re­présentants établis, pas d'interroger les images ni les faits, mais de leur manifester son évidente sympathie : ce sur quoi Godard ne manque pas d'interpeller le grand média chaque fois que celui-ci lui en offre l'occasion sur un plateau (que ce soit lors d'un JT avec Labro ou chez Pivot). Noam Chomsky le dit aussi clairement dans La Fabrication du consensus (Manujacturingconsent): si, dans un talk-show, on avance une idée qui n'est pas une idée reçue («par exemple que les plus vastes opérations ter­roristes viennent de Washington»), il faut l'etayer car elle est déroutante mais on n'a pas le temps, tout est fait pour garder le sourire et éviter ce genre de questions pré-ju-gées embarrassantes, ennuyeuses, aberrantes. L'imper­tinence de ces deux trouble-fêtes médiatiques, c'est de rendre brutalement manifeste la télévision non comme lieu de débat mais comme dispositif d'exclusion. Faute d'un tel fil rouge, ce dossier épars finit par res-

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sembler à son sujet : il donne une impression de zapping. F.N.

Althabe, Gérard et Cornolli Jean-Louis, Regards sur la ville, Editions du Centre Georges-Pompidou (collection Supplémentaires), ig§5, g6p., iooF L'ouvrage rassemble deux textes inédits écrits dans le cadre de la manifestation « Réalités urbaines » organisée par la B.P.I. Le texte de Gérard Althabe, « La Ville rom­pue », est celui d'un ethnologue qui confronte son expé­rience de chercheur à quelques grands films marquants où la ville moderne tient une place centrale : Berlin, sym­phonie d'une grande ville (W. Ruttman) 1927, Douro faina fluvial (M. De Oliveira) 1980, Nice Time (A. Tanner et C. Goretta) 1957, O Dreamland (L. Anderson et J. Fletcher)

Pour l'auteur, « décomposée dans Berlin, la ville attend la mort dans Douro. Dans Nice Time et O Dreamland se des­sine ce qui surgit des décombres de la ville : le décor ur­bain, c'est à dire un lieu qui relève du spectacle et dans le­quel on passe sans se fixer ». Appuyant son étude sur la lecture de nombreux films plus récents dont Chronique d'une banlieue ordinaire et la série de films de J.-L. Gomolli consacrée à Marseille, il conclut en rappelant l'image qui s'impose aujourd'hui : celle d'une ville rompue avec à ses confins des territoires présentés comme entrés en dissidence. Occasion de remarquer com­bien les discours (et les actions) visant à mettre un terme à la dérive de ces territoires ne font qu'alimenter la re­présentation de leur dissidence. L'enjeu pour les cinéastes documentaristes est de rompre clairement avec cette dé­marche qui enferme l'autre dans son altérité, le renvoyant ainsi au spectateur comme un étranger. Le cinéaste ne saurait donc répondre à la question du point de vue en se contentant de proposer une sympathique « intelligibilité du dedans » des territoires qu'il a explorés. Cette question du point de vue est au cœur du texte de J.-L. Cornolli qui poursuit ici une réflexion déjà entamée (notamment dans la revue Trafic) et qui se poursuivra pro­chainement (autour de L'Homme à la caméra de Vertov, en particulier). Point de vue du réalisateur mais aussi point de vue du spectateur, cet autre « fabricant » du film lors de chaque projection, plus généralement point de vue du cinéma sur le monde, un monde qu'il ne copie

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pas (ou ne reproduit pas) mais qu'il recrée comme une nouvelle réalité d'un ordre différent. J.-L. Comolli croit au cinéma, à la nécessité de ce regard singulier qui seul permet de rendre visible, sensible, ce qui est abstrait. C'est la violence du travail cinématogra­phique, lors de la prise de vue, du montage, de la pro­jection, qui force le sens de la réalité (la ville) telle qu'elle s'offre à la caméra. S'appuyant dans sa démonstration sur les mêmes films que Gérard Althabe il revient sur sa propre expérience de cinéaste confronté à Marseille : « Je vois bien que cette ville se donne à voir, je vois bien que ce n'est qu'une feinte d'elle ». L'enjeu de la mise en scène est donc bien un enjeu de pouvoir : si le cinéaste ne maî­trise pas son regard, le monde qu'il filme lui imposera son point de vue. Le cinéma peut être outil critique pour appréhender le monde et comprendre la place que l'on y tient.

Dans son texte de postface, Jean-Paul Colleyn constatent que « la culture de l'image, fortement tributaire d'enjeux commerciaux, illustre moins le monde qu'elle ne le masque » en appelle à un salutaire exercice de la critique sans lequel les meilleurs films ne sauraient être vraiment goûtés. A noter en fin d'ouvrage une liste des films cités et une fil­mographie de J.-L. Comolli, J.-P. Colleyn, ainsi que l'in­dex des publications de G. Althabe. G.C.

Collard Claude, Giannattasio Isabelle, Melot Michel, Les Images dans les bibliothèques, Editions du Cercle de, la Librairie (collection Bibliothèques), igg5, 3gop., 25o F. Ce livre sera particulièrement précieux pour tous les bi­bliothécaires qui créent ou gèrent des collections d'images fixes et animées dans leur établissement. Il s'agit en ef­fet du premier «manuel» paru en France entièrement consacré au traitement des images . La première partie de cet ouvrage est consacrée par Claude Collard à la constitution, la conservation, la res­tauration, la reproduction, le traitement et la communi­cation des collections d'images fixes (estampes, photo­graphies, cartes postales, affiches). La deuxième partie, par Isabelle Giannatasio, est consacrée aux collections d'images animées (films sur vidéocassettes). L'originalité de ce livre, et ce par quoi il s'adresse à un

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public plus large que celui des bibliothèques, tient à son introduction dont l'auteur est Michel Melot, président du Conseil supérieur des bibliothèques, après avoir dirigé la Bibliothèque publique d'information au Centre Georges-Pompidou et le Dépar tement des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale. En cinq «leçons», il nous donne une synthèse des études sur l'image: «Qu'est-ce qu'une image?», «Image et signe», «Image et langage», «Image et écriture», «Les spécificités de l'image». Quelques passages soulignés à la première lecture. Sur la polysémie de l'image : «La description ou l'analyse de l'image n'ont de sens que dans la mesure où elles répon­dent à une recherche déterminée...il n'y a pas d'indexa­tion universelle de l'image»; sur l'image comme illustra­tion : «L'illustration systématique du texte n'a pas plus de sens que le commentaire systématique d'une image»; enfin sur l'image et le langage : «Une image ne peut être segmentée comme un texte : tout segment d'image consti­tue une nouvelle image complète». Une dimension toutefois est absente de ce remarquable travail : les réseaux de diffusion des images au sein des­quels les bibliothèques doivent trouver leur place. Les bibliothèques ne sont pas seules à assurer la diffusion et la conservation des films et heureusement car la tâche est immense. Elles doivent définir leur spécificité culturelle dans un ensemble de structures et de réseaux de diffu­sion culturels ou non.

Cet ouvrage répond néanmoins aux questions de ceux pour qui la légitimité des images dans les bibliothèques n'est pas encore établie : «Au bibliothécaire de savoir où il faut des images et où il n'en faut pas. Le bibliothécaire doit traiter images et imprimés avec les mêmes principes. Il doit sélectionner les images comme les livres. (...) Si l'on veut sortir du discours passionnel, tantôt peureux, tantôt béat, sur les images, il faut pratiquer sur elles le lent et salutaire travail d'exégèse qu'ont subi les textes.» Si en effet ce travail a été largement entamé par les his­toriens d'art sur les images fixes (peinture, photographie), il reste largement à faire pour les films. Cet ouvrage vient à point enfin au moment où se déve­loppent les nouveaux supports numériques à lecture op­tique, où l'on croit voir un peu vite une solution aux pro­blèmes techniques de communication des images, fl

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souligne en effet la richesse et la diversité de ces collec­tions d'images fixes et animées : le coût de l'mnimedia», selon la formule de Michel Mclot, interdit encore sans doute pour quelques années à l'édition de refléter cette ri­chesse. C.B.

Popper Karl, Condry John, La Télévision : un danger pour la démocratie, Anaiolia, igg5, g6p., 6g F. On peut être le plus célèbre des épistémologues et écrire sur un sujet aussi banal que la télévision, des banalités. Une des petites faiblesses de la télé est de demander, à tort et à travers, l'opinion de tel savant ou vedette sur tout et n'importe quoi, comme si la célébrité conférait une plus-value à tout avis sur tout. Ce livre prouve bien que non. Condamnant l'appareil à décerveler marchant au sexe et à la violence, débordant de bonnes intentions pé­dagogiques et démocratiques sur ce que devrait être la télévision, aucun des deux auteurs ne s'interroge sur ce qu'est vraiment la télévision : c'est à dire non seulement sur la nature (maléfique) de ses émissions mais sur les rai­sons industrielles de son fonctionnement marchand et politique. Et si la télévision commerciale, loin d'être une perversion de la démocratie, en incarnait l'idéal actuel ? Le problème de ces moralistes démocrates incondition­nels, c'est qu'ils mettent en cause la télévision au nom de la démocratie, sans même se demander si l'état (triste il est vrai) de la télévision ne met pas en question l'état (et l'Etat) de nos démocraties. F.N.

Ruiz, Raoul, Poétique du cinéma, Editions Dis voir,iqq5, 128 p., 120 F. Avec ce premier volume qui doit être suivi de deux autres — Raoul Ruiz reprend des idées mûries au cours d'une année d'enseignement à Harvard. De l'aveu de l'auteur : ces réflexions « ne seront pas d'une grande utilité aux cinéphiles ou aux professionnels du ci­néma. Je les ai écrits en pensant plutôt à ceux qui utilisent le cinéma comme miroir, c'est-à-dire comme instrument de spéculation et de réflexion, ou comme machine à voya­ger dans l'espace et le temps ». Le regard que porte Raoul Ruiz sur le cinéma mérite pourtant toute l'attention de celui qui s'intéresse aux

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images, à la façon dont elles sont produites et regardées. Partant d'une critique du « paradigme narratif industriel » dont la théorie du conflit central (quelqu'un veut quelque chose, un autre ne veut pas qu'il l'obtienne) est la forme actuelle la plus en vogue, l'auteur plaide pour un autre cinéma, un cinéma qui requiert des spectateurs complices qui auraient accomplis une totale révolution du regard. Soulignant combien tout film, même ordinaire, est com­plexe il se demande si l'on saura encore lire demain les films d'aujourd'hui. Que se passera-t-il si les codes chan­gent ? Si nous ne léguons pas aux spectateurs à venir les clefs qui nous permettent de pénétrer ces œuvres ? Cette remarque qui souvent sert de soubassement à la ci-néphilie et dans sa version pessimiste à la nostalgie d'un bref âge d'or sert paradoxalement à Raoul Ruiz d'argu­ment irréfutable pour penser la mort du cinéma comme la condition de sa résurrection, la possibilité enfin gagnée de la libérer des codes de la narration et de la représen­tation qui soutiennent le septième art comme une corde le pendu.

Si les codes ne sont plus respectés, le contrôle à tous les stades est mis en échec : « quand bien même l'in­dustrie se perfectionnerait (dans sa tendance au contrôle), elle ne parviendra jamais à occuper l'espace d'incertitude et la polysémie propres aux images ; à la possibilité de transmettre un monde privé en temps présent où siègent plusieurs passés et avenirs (...). C'est dans ces mondes privés qu'apparaîtront des films que le devoir de mystère et la pratique de la clandestinité rendront inclassables, protéiformes (...) Avec un peu de chance, nous serons tous témoins de la renaissance de ce cinéma, égal à lui-même et donc plus intraitable que jamais ». Jeune spectateur, Raoul Ruiz, regardait toujours où il ne fallait pas, se laissant fasciner par un objet inutile (à la narration) au premier plan, un personnage à l'arrière plan, une perche oubliée dans le cadre. Plus intéressé par les images qui « manquaient » entre deux plans que par l'in­trigue du film, le spectateur qu'il était alors rêvait un autre film que celui qu'il regardait.

Raoul Ruiz n'a pas oublié ses lectures d'étudiant en théo­logie et les controverses autour de la représentation la­quelle a toujours tendu à « montrer l'invisible grâce à la capacité qu'ont les images de révéler ou de rendre évi­dentes des réalités qui ne peuvent être montrées, soit en

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raison de leur trop grande abstraction, soit parce qu'elles sont de nature divine ». Ce « désir de voir au-delà, de voir ce qui ne peut pas être montré » est au cœur du cinéma. A sa façon le cinéaste chilien a commencé d'ouvrir la voie à ce cinéma différent, un « cinéma chamanique » qui vi­serait à la création « d'objets poétiques ». Le lecteur de ce volume pourra se faire une idée de ce que pourrait être un tel cinéma en lisant les nombreux exemples d'histoires auxquelles l'auteur a recours pour rendre plus explicite sa démonstration. Il est plaisant de penser que ces histoires sont autant de scénarii potentiels pour des films à venir (ou déjà tour­nés !) d'un auteur qui a pourtant toujours pensé que ce sont les images qui déterminent la narration et non le contraire. G.C.

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documentaires

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REDACTRICE EN CHEF : Catherine Blangonnet COMITE DE RÉDACTION : Gérald Collas, Jean-Louis Cornolli, Christine Miehoiel, François Niney, Annick Peigné-Giuly SECRÉTAIRE DE REDACTION : Christine Mieholet CONCEPTION GRAPHIQI E : Jérôme Oudin/Design dept. GESTION ET \l)MIMSTIl\TION : Dominique Margot

Ont participé à ce numéro pour les analyses de filins: Catherine Blangonnet, Gérald Collas, Monique Larozc, Christine Mieholet, François INiney, Annick Peigné-Giuly, Dominique Vîllain.

Images en hihliolhèques : Siège social : IÏPI, 10, nie Beaubourg, ySoo/J Paris. Administration et ahonnenients : 27, avenue de l'Opéra, 75ooi Paris. IMPRIMEUR : Imprimerie nouvelle. Dépôt légal : s»ème trimestre 1995. Numéro ISSN : 1146-1756 © Association Images «*n l)ibliot.htM|titas-Dirf*etîoii du livre cl de la leelure. Tons droits

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