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RÉPUBLIQUE D’HAÏTI
DÉPARTEMENT DU NORD EST
COMMUNE DE CARACOL
Diagnostic participatif de la Section Communale (DPSC)
Champing
Préparé par l’Opérateur Prestataire de Service (OPS) Composé de:
Yves Archange GOSSIN, Ing.Agr, Economiste, Coordonnateur Frandy SEJOUR, Ingénieur Osée OLIBRI, Ph.D, Sociologue Léo Wagner FRANCOIS, Médecin Jean Raoul DOMINIQUE, Ing.Agr, MS, Ressources Naturelles Jack Nord AUGUSTIN, Ing.Agr. Jude LORISTON, Ing.Agr. Spécialiste en Agroforesterie
Juillet 2007
Résumé exécutif L’étude de diagnostic participatif de la section communale de Champing, réalisée du 25
juin au 21 juillet est le fruit d’un travail concerté entre la communauté, les autorités
locales et une équipe de professionnels pluridisciplinaires engagée par le Fonds
D’Assistance Economique et Sociale (FAES) pour accompagner les leaders et les
organisations locales de la communauté de Champing dans l’identification des problèmes
qui rongent la communauté, les richesses qui, avec une bonne gestion, peuvent donner à
Champing un autre visage que celui de la misère et de la pauvreté.
Présentation de la zone
Champing est la première section de la commune de Caracol qui en compte deux. Ses
coordonnées géographiques sont : 72°.30’’de longitude Ouest et 19°30’’ de latitude
Nord. Elle comprend vingt une habitations pour une population de 6236 habitants.
Le relief est plat avec une altitude de 40m au-dessus du niveau de la mer. Sa superficie
est 37,32 km2 (source CNIGS). Le climat est d’aridité moyenne. La pluviométrie
annuelle varie entre 750-800 ml (MARNDR, Damien) avec deux saisons pluvieuses__
Avril -Mai et Septembre –janvier __. Champing est traversée par deux rivières : Moreau
et Trou du Nord.
Situation socio-économique.
Elle est très précaire. Les services sociaux de base sont faibles (carte de la pauvreté,
2004). Au niveau de l’éducation, la section compte 5 écoles dont 4 écoles primaires et un
(1) préscolaire. Au niveau de la santé, il existe un (1) dispensaire privé dirigé par une
auxiliaire, qui ouvre ses portes à la population deux fois par semaine. Pour les soins de
santé, la population est obligée de recourir aux médecins Charlatan, hougans, matrones et
ses rituels. Quant à l’eau de boisson, elle n’est pas de bonne qualité, la communauté est
obligée d’utiliser des eaux de puits qui parfois donne une odeur fétide.
La pêche, l’agriculture et l’élevage, le sel marin sont les principales sources de revenu de
la population auxquelles s’ajoutent les services : taxi moto, enseignement, commerce etc.
En agriculture, les principales cultures sont : Maïs, pois, arachide, manioc, haricot, patate
douce et les arbres fruitiers. Mais de l’avis des participants, le secteur agricole est
confronté à de sérieux problèmes entre autre, le faible rendement de la production
agricole, le faible niveau technologique, le faible rendement de l’élevage, l’absence d’un
système d’irrigation malgré une disponibilité en eau élevée et le manque d’opportunité de
valorisation des produits agricoles (transformation, stockage, accès au marché).
Cependant, les atouts ne manquent pas :
- Plaine fertile avec des ressources hydriques importantes – deux rivières et une
nappe phréatique en surface
- Moyens de communication : Téléphone cellulaire : Digicel, Comcel, et Haitel,
transport publique : moto et vélo
- Importante production de céréales : maïs et pois et des fruits, en particulier, les
mangues
- Des marais salants et une baie poissonneuse
- Sites historiques qu’on pourrait exploiter avec le tourisme
- Une population jeune avec une faible densité de population 51 habitants au km2
- Présence de différents niveaux de compétences dans la communauté_ Educateurs,
matrones recyclées, hougans, col vol, pasteurs, artisans –
LISTE DES TABLEAUX Tableau #1. Nomenclature des habitations Tableau #2 : Matrice du transect Tableau #3. Indicateurs de population Tableau #4 : Panorama d’un siècle de migration à Champing Tableau #5. Répartition des confessions religieuses à Champing Tableau #6. Type de loisirs accessibles à la population Tableau #7. Liste des organisations locales à Champing Tableau #8. Niveau de renforcement des organisations locales Tableau #9. Organisations Privées externes d’aide à Champing. Tableau #10. Comparaison des Frais scolaires entre les écoles de Champing et celles Bourg de Caracol Tableau #11. Répartition des écoles de Champing selon la localisation et le niveau d’études Tableau #12. Répartition des établissements scolaires de Champing selon le niveau d’études et le statut Tableau #13. Résumé des indicateurs de classification des écoles Tableau #14. Ressources humaines, impliquées dans le système sanitaire. Tableau #15. Comparaison entre les deux infrastructures sanitaires desservant les habitants de Champing Tableau #16. Priorisation des points de service sanitaire à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté par ordre d’importance et par regroupements d’habitations Tableau #17. Relations entre les différents points de services de santé/système de référence Tableau #18. Calendrier des maladies et de traitements empiriques Tableau #19. Objectif vaccinal par année pour les enfants de moins d’un an. Tableau #20. Surveillance nutritionnelle Tableau #21. Personnes vulnérables Tableau #22. Brève évaluation des éléments d’hygiène publique Tableau #23. Atouts, contraintes et opportunités du secteur Santé et de l’hygiène publique à Champing Tableau #24. Répartition des revenus dans la filière Tableau #25a. Calendrier des revenus Tableau #25b. Calendrier des dépenses Tableau #26. Nature des dépenses Tableau #27. Emploi quotidien du temps par sexe dans la première section Champing Tableau #28. Division des tâches dans le foyer selon le sexe et l’âge Tableau #29. Répartition de la population par rapport aux critères de bien être défini plus haut Tableau #30. Principaux outils et matériels agricoles utilisés à Champing Tableau #31 Origines des semences des principales espèces cultivées. Tableau #32. Main d’oeuvre externe : forme et coût. Tableau #33. Calendrier agricole Tableau #34. Rendement des cultures
Tableau #35a. Coût de production association I Tableau #35b. Revenu association I Tableau #36a. Coût de production association II Tableau #36b. Revenu association II Tableau #37. Calendrier des prix des produits agricoles. Tableau #38. Composition et importance économique du bétail dans l’exploitation. Tableau #39. Calendrier de vente des animaux Tableau #40. Calendrier de maladies de animaux vu par la population Champinq Tableau #41. Coût de vaccination et de traitement de maladies des animaux. Tableau #42. Atouts, contraintes et opportunités du sous secteur élevage Tableau #43. Teneur en cyanure des différentes variétés Tableau # 44. Structure des coûts d’opération Tableau # 45. Distribution des revenus du manioc Tableau #46. Atouts, contraintes et opportunités Tableau #47. Coût des opérations de production Tableau #48. Coût des opérations de production ajusté Tableau #49. Revenu Tableau #50. Calendrier sommaire de disponibilité des fruits de mer Tableau #51. Unités de mesures et leur équivalence Tableau #52 des prix comparatifs sur les marchés Tableau #53. Coût de montage d’un filet de 200 mailles Tableau #54. Coût de montage d’une senne 90 brasses Tableau #55. Synthèse des contraintes, atouts et opportunités Tableau #56. Analyse des tendances environnementales Tableau #57. Mode d’utilisation des Ressources naturelles Tableau #58. Utilisation des principales plantes rencontrées Tableau #59. Atouts, contraintes et opportunités à l’environnement
LISTE DES SIGLES & ABBREVIATIONS AJCN: Association des Jeunes de Cahesse pour le Nettoyage AM : Assemblée Municipale APM : Association des Paysans de Madras APDK : Asosyasyon Peizan pou Devlopman Karacol AS : Agent de Santé ASEC : Assemblée se la Section Communale BCG : Bacille de Calmette et Guérin CAC : Conseil d’Administration de la Commune CAC1 : Coopérative Agricole de Cahesse CASEC : Conseil d’administration de la Section communale CAL : Centre de Santé avec Lit CDS : Centre de santé CEP : Certificat d’Etudes Primaires CIAT : Centre International d’Agriculture Tropicale
CNIGS : Centre Nationale de l’information Géo Spatiale CRS: Catholic Relieve Service CRESFED: Centre de Recherche et de Formation Economique et Sociale pour le Développement CRUDEM : Comité Rural pour le Développement de Milot CSL : Centre de Santé sans Lit DP : Diagnostic Participatif DPSC : Diagnostic Participatif de la Section Communale FAES : Fonds d’Assistance Economique et Sociale FAO : Food and Agriculture Organization GE : Gastro Entérite GPC : Groupement des Planteurs de Cahesse HACO : Haitian Agricultural Cooporation HTA : Hypertension Artérielle IEC : Information- Education- Communication IHSI : Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique IST : Infections Sexuellement Transmissible IRA : Infections Respiratoires Aigues MARNDR : Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural MARP : Méthode Accélérée de Recherche Participative MENFP : Ministère l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle M.O : Main d’Oeuvre MSPP : Ministère de la Santé Publique et de la Population MST : Maladies Sexuellement Transmissibles OCB : Organisation Communautaire de Base ODN : Organisme de Développement du Nord OFMPD : Oganizasyon Fanm Moransi pou Devlopman ONG : Organisme Non Gouvernemental OPS : Opérateur Prestataire de Service
NHM : North Haiti Mission PAM : Programme Alimentaire Mondiale PDSC : Plan de Développement de la Section Communale PIPO : Planification des Interventions par Objectif VSN : Volontaire de la Sécurité Nationale USAID: United State Agency International Development
LISTE DES TABLEAUX 1- Photo validation du DP 2- Photo préparation du manioc 3- Production de cassave 4- Commercialisation de la cassave 5- Bassin de production de sel 6- Unité de mesure de vente de fruit de mer 7- carte d’érosion 8- Carte de pente 9- Carte climatique 10- Carte d’occupation des sols 11- Carte de potentialité des sols 12 Carte hydrologique 13- Pollution du bord de mer
TABLES DES MATIERES Résumé exécutif Liste des sigles Liste des tableaux Liste des cartes 1. Introduction 1-1. Contexte d’étude 1-2. Méthodologie 1-3. Objectifs
1-3 1. Objectif général
1-3-2. Objectifs spécifiques
2- PRESENTATION DE LA ZONE 2-1 Localisation géographique de Champing 2-2 Cadre biophysique 2-2-1 Infrastructures 2-3 Historique de la communauté 2-4 Structure sociale 2-4-1 Profil démographique 2-4-2 La question migratoire à Champing 2-4-3 Culture et loisirs 2-4-3-1 Croyances religieuses 2-4-3-2 Education comme élément d’appréciation du niveau de culture 2-4-4 Loisirs 2-4-5 Comprendre l’organisation sociale globale de Champing 2-4-6 Obstacles au changement de Champing 2-4-7 Importance des organisations locales. 2-4-8 Importance des organisations privées externes. 2-4-8-2 Relation entre les organisations privées et celles locales. 3- SECTEUR EDUCATION 3-1. Situation actuelle et Contraintes 3-2 La fréquentation scolaire 3-3 Les différentes écoles de la zone 3-3-1 Ecole Nationale de Cahesse, 3-3-2 Ecole Evangélique de la North Haïti Mission, 3-3-3 Ecole Evangélique de Madras 3-3-4 Ecole Evangélique Jérusalem 3-4 Alphabétisation 3-5 Ressources Humaines de Champing et qualité de l’enseignement 3-6 Infrastructures physiques et Matériels 3-7 Recommandations 3-8 Opportunités 4- SECTEUR SANTE ET DE L’HYGIENE PUBLIQUE 4-1 Description de la situation sanitaire de la zone 4-2 Ressources humaines, impliquées dans le système de santé
4-3 Infrastructure sanitaire.
4-4 Perception de la communauté sur les services
4-4 Relation entre les différents points de service/Système de référence
4-5 Calendrier des maladies et traitements empiriques
4-6 Situation de vulnérabilité à Champing
4-7 Hygiène Publique
4-8 Problèmes de santé affectant les enfants et les adultes de Champing
4-9 Attentes des habitants de Champing du secteur sanitaire
5- ECONOMIE FAMILIALE
5-1 Sources Primaires de revenus pour les ménages Structure des coûts Circuit du charbon Acteurs du circuit 5-2 Sources de revenus tertiaires 5-3 Calendrier des revenus et des dépenses 5-4. Emploi quotidien du temps par sexe 5-5. Niveaux de Pauvreté dans la communauté 5-6. Division des tâches dans le foyer selon le sexe et l’âge 5-7 Niveau de bien-être 6- AGRICULTURE .6-1. Production agricole 6-1-1 Facteurs de la production agricole. 6-1-2 Calendrier agricole. 6-1-2-1. Disponibilités en travail. 6-1-3 Espèces végétales cultivées. 6-1-3-1 Les plantes annuelles 6-1-3-2 Les arbres fruitiers. 6-1-4 Méthodes culturales 6-1-4-1 Association de cultures. 6-1-4-2 Système spécial d’agroforesterie. 6-1-4-3 Rotation et jachère 6-1-4-4. Fertilisants 6-1-4-5. Luttes phytosanitaires 6-1-5. Récolte 6-1-5-1. Opérations post-récoltes 6-1-5-2 Conditionnement et stockage 6-1-5-3. Rendement des cultures 6-1-6. Analyse économique des systèmes de production 6-1-7. Commercialisation des produits agricoles 6-2. Production animale 6-2-1 Importance économique 6-2-2 Conduite de troupeau. 6-2-3 Systèmes sylvopastoraux
6-2-4. Stratégies de gestion des animaux 6-2-5. Règlement des conflits occasionnés par les animaux. 6-2-6 Maladies et soin 6-2-7. Atouts, contraintes et opportunités du sous secteur élevage 6-3 Autres activités productives 6-3-1 Crédit 6-3-2 Artisanat 6-4 ETUDES DE FILIERES 6-4-1 Filière manioc 6-4-1-1 Situation générale 6-4-1-2 Valeur nutritive 6-4-1-3 Toxicité 6-4-1-4 Ecologie 6-4-1-5 Production 6-4-1-6 Transformation 6-4-1-7 Organisation de la filière 6-4-1-8 Dynamique de la filière 6-4-1-9 Commercialisation 6-4-1-10 Retombées économiques 6-4-1-11 Atouts, contraintes et Opportunités 6-4-2 Filière du sel de cuisine ou sel marin 6-4-2-1 Condition générale 6-4-2-2 Production 6-4-2-3 Rendement 6-4-2-4 Procédés de récolte 6-4-2-5 Entretien 6-4-2-6. Analyse du compte d’exploitation du sel 6-4-2-7 Commercialisation 6-4-2-8. Retombées économiques 6-4-2-9. Contraintes 6-4-2-10. Perspectives 6-5 Filière pêche 6-5-1 Condition générale 6-5-2 Production et Technologie 6-5-3 Matériels et équipement 6-5-4 Calendrier de pêche 6-5-5 Rendement 6-5-6 Unités de mesure en cours dans la zone 6-5-7 Intervenants 6-5-8 Canaux de distribution 6-5-9 Commercialisation 6-5-10 Système de partage des revenus de la pêche 6-5-11 Opportunités 6-5-12 Contraintes 6-5-13 Coût des matériels 6-5.-14 Atouts, contraintes et opportunités de l’agriculture à Champing
7- ENVIRONNEMENT 7-1 Situation Générale 7-2 Relief et sol 7-3 Climat 7-4 Utilisation des sols 7-5 Potentialité des sols 7-6 Ressources en eau 7-6-1. Gestion de l’eau 7-6-2. Inondations 7-7 Biodiversité 7-8 Potentiel touristique 7-9 Pollution de la mer 7-10 Analyses des Tendances environnementales 7-11 Utilisation des Ressources Naturelles 7-12 Classification des plantes 7-13 Atouts, contraintes, et opportunités clés liés á l’environnement 8- Quel sera le futur de Champing ? 9. Perspectives et conclusions
1. Introduction
1-1. Contexte d’étude
L’éveil des organisations locales du monde rural a marqué aujourd’hui un nouveau
tournant dans la vie des communautés. En réclamant leur participation effective dans
toutes les activités concernant leur avenir, les communautés sont devenues les principaux
acteurs de leur développement. Ainsi, l’intégration des communautés dans le processus
de leur développement doit constituer la toile de fond des actions de tout organisme
d’aide au développement ou institution philanthropique qui se soucie de promouvoir un
changement durable dans les conditions de vies des populations défavorisées.
Motivé par cette démarche, l’Etat Haïtien a promulgué la loi du 4 avril 1996 faisant
obligation aux autorités des collectivités territoriales (CAC, AM, CASEC, ASEC) de
préparer le plan de développement de leurs juridictions. De concert avec ces collectivités,
le FAES a décidé de venir en appui aux communautés dans la réalisation de ce plan.
Pour les aider à réaliser ce travail, le FAES a dû faire appel à des compétences externes
pour accompagner le savoir-faire local en vue de maximiser la rentabilité des actions qui
seront entreprises au bénéfice des populations cibles. Au fait, cet encadrement a pour but
d’aider la communauté à bien identifier ses problèmes et les ressources disponibles qui
pourront éventuellement servir de fondation à la création des projets de développement et
pour mieux s’approprier des actions qui y seront exécutées par la suite. De plus, cet
accompagnement donnerait aux leaders locaux des outils leur permettant de prioriser les
besoins et de faire des décisions opportunes pour répondre aux intérêts vitaux de leurs
populations. D’où la nécessité d’une représentation significative et structurée des
membres de la communauté au plus haut niveau des organes de décision à mettre en
place pour la gestion de la zone. Les leaders de la communauté de Champing ayant bien
compris l’importance de ce travail pour le futur de la population, se sont adonnés à fonds
dans toutes les étapes du processus de réalisation du diagnostic participatif.
Cette démarche vise aussi à créer un espace de dialogue et d’interactions dans la
communauté entre les différentes couches sociales, en vue de mobiliser la participation
du plus grand nombre aux initiatives de développement. Ainsi sera né une synergie
positive entre les acteurs impliqués dans la mouvance du développement de la section.
Cependant, ce travail a été rendu possible, grâce à la diligence et au savoir-faire d’une
équipe pluridisciplinaire composée de professionnels expérimentés, ayant une longue
expérience de travail en milieu rural haïtien. Leur soutien aux délégués de la communauté
chargés de réaliser le travail de diagnostic participatif a été sans réserve.
1-2. Méthodologie
Le diagnostic de Champing, première section de la commune de Caracole qui en compte
deux (2), a été réalisé du 25 juin 2007 au 21 juillet 2007 à l’aide d’un outil participatif qui
est la Méthode Accélérée de Recherche Participative (MARP). Cette méthode est une
démarche raisonnée de partenariat avec les populations, à partir d’actions décidées par
elles, pour l’exploitation de leurs ressources et l’aménagement de leur milieu de vie
(FAO, 1999). La démarche observée a respecté les principes de base de cette méthode :
Monter une équipe pluridisciplinaire dont les membres s’interagissent de façon
continue durant toutes les étapes du travail.
Composition de l’équipe :
Un (1) spécialiste en gestion des Ressources Naturelles, Ingénieur Agronome Jean
Raoul Dominique,
Un (1) spécialiste en sociologie, Osée Olibri, PhD
Un (1) spécialiste en Médecine communautaire, Dr W. Léo François
Un (1) spécialiste en génie Civil, Ingénieur Frandy Séjour
Un (1) spécialiste en grandes cultures, Agr Augustin Jacques Nord
Un (1) spécialiste en agroforesterie, Agr Jude Loriston
Un (1) spécialiste en économie, Ingénieur Agronome Yves-A Gossin, coordonnateur.
Etablir une interaction permanente aussi entre les membres de l’équipe et les
communautés locales en vue d’avoir un échange dynamique des points de vue et
une participation active dans l’analyse de la situation.
Avoir une équipe flexible capable de s’adapter à toutes les situations rencontrées
sur le terrain
Aborder la réalité sous plusieurs angles, car plus les angles sur lesquels on
analyse un problème sont diversifiés, plus complètes et fiables seront les
informations collectées. D’où l’importance de la diversification des sources
d’information utilisées dans ce travail.
Le diagnostic a connu deux étapes :
La première est centrée sur l’analyse – diagnostic de Champing. Il s’agit d’établir un
bilan – diagnostic sociologique, économique, écologique et environnemental de la
section. Au terme de cette phase, la population a identifié des points qui constituent dans
le cadre d’un programme de développement, les atouts et opportunités, forces et les
faiblesses de Champing dans différents domaines.
La deuxième phase concerne l’identification des problèmes et des solutions susceptibles
de résoudre ces problèmes. Au cours de cette phase on a eu une séance de validation au
cours de laquelle, la population a déterminé les problèmes prioritaires et les solutions
appropriées. Il a été formé au terme de la séance de validation, un comité de pilotage
chargé de promouvoir le plan d’action, de faire le suivi et l’évaluation des actions
réalisées dans le cadre de ce plan.
Le diagnostic participatif a été réalisé de la manière suivante :
i. Organisation du travail sur le terrain.
La section était divisée en trois blocs et à chaque bloc se tenait un atelier de travail
réunissant les représentants des différents blocs :
a. Bloc I : Cahesse, Morency, Chavannes
b. Bloc II : Mapou, Garde Mombin, Lombart, Fléri
c. Bloc III : Bas saline, Madras, lòt bò mangnon
ii. Composition des groupes de travail
Chaque atelier de travail comptait deux catégories de participants.
Les facilitateurs, composés de deux représentants de l’OPS
Les participants locaux, composés de représentants des habitations, des autorités
locales, de l’église et des autres organisations locales.
iii. Outils utilisés
Les outils utilisés au cours des sessions sont ceux présentés par FAES dans le document
intitulé : Approche Participative .Ce sont :
- Les sources de données secondaires. Cet outil dont l’objectif est de synthétiser des
données disponibles sur les communautés, nous permet de faire la connaissance de
Champing. On s’en sert avant d’aller et de retour du terrain. En vue de consulter la
documentation existante, nous avons visité la bibliothèque nationale, l’Institut des
Statistiques et d’Informatiques, des sites d’Internet, des ONG travaillant déjà dans le
milieu à la recherche de rapports sur Champing.
Nous avons aussi commandé des cartes thématiques sur Caracole / Champing au
Centre National de l’Information Géo Spatiale (CNIGS). Il s’agit de la carte du
découpage territoriale, de potentialité de sols, d’occupation de sols, de risques
d’érosion, du climat, du réseau hydrologique, des pentes et de la densité de l’habitat.
- Le transect. Cet outil permet de découvrir la diversité de la section, d’identifier
l’utilisation, les tendances et les problèmes de chaque zone et les possibles solutions à
apporter.
- Diagramme de Venn. Cet outil permet de déterminer le niveau d’intégration et
l’importance des institutions de service dans la localité où elles prêtent leur service.
- Les cartes. Un ensemble de cartes dessinées par la population portant sur la localité,
la structure sociale, les ressources naturelles, la population, la tenure foncière,
l’hygiène publique, le futur idéal rêvé. Ces cartes favorisent la compréhension sur la
répartition et l’utilisation des biens et services dans la communauté ainsi que la prise
de conscience chez la population de sa capacité d’agir.
- Les calendriers. Un ensemble de calendriers élaborés par la population permettant de
repérer les activités qu’elle réalise pendant les différentes périodes du jour et de
l’année y compris les activités migratoires dans le temps. Les calendriers établis sont :
calendriers des travaux, de l’emploi quotidien du temps, des revenus et des dépenses,
de loisirs, des maladies, calendrier agricole, calendrier migratoire.
- Observation directe sur le terrain
- Entrevue semi structurée. Elle se fait de manière individuelle et á focus groupe
dépendant du sujet en question pour recueillir des informations supplémentaires sur
un sujet.
- Analyse des tendances. Cet outil capte l’impression de la population sur les
changements survenus avec le temps.
- Profil historique. Cette technique permet de connaître les événements historiques
importants qui ont un impact sur la vie de la communauté.
- Diagramme de flux de l’économie familiale. Il a été utilisé pour illustrer la
participation des membres de la famille dans l’économie familiale.
- Fluxogramme. Cette technique a été utilisée pour établir les relations entre les
différents éléments qui composent la vie du système familiale.
- Classement et analyse de bien-être. Cet outil permet d’établir les niveaux de bien-être
des ménages á partir des critères définis par la population.
- Matrice de classification. Cet outil permet de déterminer laquelle de plusieurs options
est prioritaire.
iv. Matériels utilisés
Au cours de la réalisation de ce travail, les matériels suivants sont également utilisés :
- Ruban métrique
- Caméra de photo
- Marqueurs, plumes et cahiers
- Papiers d’emballage
- Craie et tableau
- collant adhésif et puces
v. Validation du DP
Environ 300 membres de la communauté de Champing s’étaient réunis le mercredi 11
Juillet à dix heures du matin à l’Eglise Baptiste de Garde Mombin pour valider le
travail réalisé par leurs représentants aux travaux de préparation du Diagnostic
Participatif de leur section communale. Une synthèse des données recueillies au cours
des ateliers de travail dans les trois blocs a été soumise à l’approbation de la
communauté. Il y eut un débat très animé, la population a fait des remarques assez
judicieuses pour compléter le rapport de ces mandataires. En fin de séance, elle s’est
déclarée très satisfaite de cette étude et espère que des suites favorables seront
données à ce travail avec célérité par les décideurs politiques et les bailleurs de fonds
internationaux.
Ces données allaient servir pour produire le rapport de diagnostic de la section
communale de Champing (DPSC) et compléter le plan de développement de la dite
section (PDSC).
Photo #1.Validation du DP
1-3. Objectifs
1-3 1. Objectif général
Identifier les éléments de blocage qui empêchent à la communauté de Champing
d’avancer sur la route du développement et les atouts dont la population dispose pour
matérialiser ses rêves à travers un processus d’organisation et de prise en charge du
devenir de la communauté.
1-3-2. Objectifs spécifiques
A la fin des ateliers, les participants seront en mesure de :
Identifier les ressources de Champing susceptibles de contribuer à un réel
développement de la communauté.
Identifier les problèmes qui sont à la base des conditions de vie précaires de la
population.
Maîtriser les outils du MARP afin de pouvoir les utiliser dans des situations
similaires
Formuler et prioriser les problèmes de la communauté.
Valider à bon escient les données recueillies au cours du Diagnostic Participatif
(DP)
Créer de nouvelles compétences locales devant servir à renforcer la capacité des
organisations de base
Créer un comité de pilotage, chargé de faire le suivi des résolutions émanées de la
séance de validation
2- PRESENTATION DE LA ZONE
Elevé au rang de commune en 1889, Caracol est l’une des 4 Communes de
l’Arrondissement du Trou du Nord se trouvant dans le Département du Nord Est. Son
nom d’antan fut Caya-Espagne. S’étendant sur une superficie de 75.74 km², il comprend
deux (2) sections communales. Champing (37.32 km² et Claudine 38.42 km² (CNIGS).
Ses coordonnées géographiques sont : 72º30C de longitude ouest et 19º.30C de latitude
Nord (CNIGS). Elle est limitée au Nord par l’océan Atlantique au Sud par la commune
Trou du Nord, à l’Est par la commune de Terrier Rouge et à l’ouest par la commune de
Limonade. Cependant, dans le cadre de cette étude, c’est Champing qui sera au centre
des débats.
2-1 Localisation géographique de Champing
Champing est la première section communale de Caracol. Elle est à mi chemin entre le
bourg de Caracol et le bourg du Trou du Nord. Elle est bornée au Nord par la mer de
Caracol, au Sud par la première Section Gassin (Trou du Nord), à l’Est par la deuxième
Section Claudine (Caracol), à l’Ouest par la section Du bourg (Limonade).
Elle est partagée en 21 habitations dont 8 sont considérées comme les plus peuplées ; par
ordre d’importance, ce sont : Bas Saline, Lòt bò Manyon, Lombart, Gad mombin, Cahess,
Morency, Madras, Chabert.
Voici la liste des 21 habitations qui composent Champing :
Tableau #1 : Nomenclature des habitations
Morency Maret Madras Kapet Cahesse Lot bò mangnon Fleuri Parado Chavannes Lombart Chanson Ti Koulin Chabert Garde Mombin Moreau Grand fond Rota Bas Saline Mapou Rach Kobye Source : Ateliers DP, juillet 2007
2-2 Cadre biophysique
Le cadre biophysique de Champing est étudié à travers le transect communautaire qui a
permis de recueillir les informations suivantes :
Tableau #2 : Matrice du transect Critères Morency Cahesse Garde Mombin Lombart Manyon Bas-Saline
Sol : Type Couleur
Topographie
Limono sableux Gris noir Plaine
Limono sableux Gris noir Plaine
Limono sableux Gris noir Plaine
Limono sableux Gris noir Plaine
Sablo limoneux Gris Plaine
Sableux Blanc Plaine
Utilisation du sol : Forêt Pâturage
Jardin
Arboriculture
Espèces dominantes : Bayahonde Associations d’herbes et d’arbres Maïs, Banane Fruitier : Manguier, noix d’acajou
Espèces dominantes : Bayahonde, campêche Associations d’herbes et d’arbres Fruitier, manguier, cacaoyer
---- Zèb sur, corde à graine Maïs Fruitier : Manguier, Aki, avocatier, chadèquier, ricin Forestier : chêne, neem , campêche
Bayahonde, Zèb sur, corde à graine Maïs, pois nègre, gombo, pois Congo Fruitier : Manguier, chadèquier, citronnier, corossol
Bayahonde, Maïs, banane, pois, pistache Fruitier : Manguier, citronnier, oranger, Forestier : mombin, calebassier, mapou
Bayahonde, Mangroves, Associations d’herbes et d’arbres
Animaux Cabris, bœufs Cabris, bœufs, Porcs Cabris, bœufs, porcs Porcs, bœufs, Chiens Cabris, bœufs, Porcs Porcs, cabris Volailles Poule, dinde Poule Poule Poule, dinde Poule, dinde, canard Infrastructures Maisons, ponts,
routes communales Route, terrain de basket, bureau CASEC, Dispensaire
Ecole Nationale, Terrain football, Cassaverie
Eglise, maison, pont, route
Vestiges coloniaux, maison
Maisons, bassins de sel, Ponts
Ressources en eau Puits domestiques, Lagon, Rivière trou du nord
Puits, pompe Rivière Moreau
Puits, pompes, puits domestiques
Puits, pompes Puits, pompes
Ravines ____ Ravine Cahesse Ravine vieux chemin Ravine vieux chemin Ravine vieux chemin Djongòl, Moreau Contraintes Elevage libre,
inondation, sécheresse
Elevage libre, inondation, sécheresse
Sécheresse, inondation, marché pour les produits agricoles
Sécheresse, inondations
Sol médiocre, inondation Sol salé
Atouts Terres de plaine fertiles, pâturages
Terres de plaine fertiles, pâturages
Terres de plaine fertiles, pâturages
Terres de plaine fertiles, pâturages
Terres de plaine fertiles, pâturages
La mer, marais salant, Baie de Caracol, Plages, sites touristiques
Visite de terrain au DPSC de Champing, juillet 2007
Les détails concernant le cadre biophysique seront traités dans le Chapitre environnement
2-2-1 Infrastructures
Le transect n’a pas relevé de grandes infrastructures dans la section en dehors du
complexe de la Mission Baptiste North of Haiti qui contient une église, une école, un
dispensaire, un terrain de basket et quatre maisons d’accueil.
Route En matière de communication, Champing est traversée par une route en terre
battue reliant Trou du Nord à Caracole. Cette route a été construite au milieu des années
80 par la firme française de construction Fougerolles. Elle se trouve actuellement dans un
piteux état causant des difficultés énormes au déplacement de la population qui se tourne
vers l’utilisation des taxis -motos. Les vestiges de routes secondaires utilisées jadis pour
l’acheminement des cultures existent encore mais se trouvent dans un mauvais état.
Piste d’atterrissage clandestin Il y a dans la zone de Madras une piste d’atterrissage où
de petits avions viennent souvent débarquer des cargaisons de drogue. Selon les riverains,
ce trafic a créé un climat d’insécurité et de panique dans la zone. Après chaque
atterrissage, des patrouilles de police font irruption dans la communauté, fouillant des
maisons, bastonnant et arrêtant de paisibles citoyens chez eux sous prétexte qu’ils sont de
connivences avec les trafiquants.
Habitat. Les maisons d’habitation de Champing sont, pour la grande majorité,
construites en bois. Quelques maisons avec des parois en bloc sont également
remarquées. Elles sont toutes recouvertes de tôles métalliques. Les maisons de résidence
rencontrées sont généralement éloignées les unes des autres sauf dans les lakou, système
traditionnel de regroupement des membres d’une même famille dans une seule habitation.
Edifice public L’école nationale de Cahesse est le seul édifice public appartenant à
l’Etat qui existe dans la section. Même le bureau du Conseil d’Administration de la
Section Communale (CASEC) est logé dans un appartement privé.
Eau de boisson. La section contient une dizaine de points d’eau desservant les
habitations. Cette eau provient des puits forés par des ONG et des organismes de l’Etat
dans le passé. L’eau qui jaillit du robinet est impropre à la consommation humaine, car
elle présente des traces de houille et une odeur nauséabonde selon les utilisateurs.
Terrain de jeu. Il existe à Cahesse un terrain de football et un terrain de basket. Les
jeunes y jouent durant les week end et les grandes vacances. Ils organisent aussi des
tournois interscolaires et entre les habitations.
Téléphone cellulaire. Les trois compagnies de téléphone cellulaire : Digicel, Comcel et
Haitel fonctionnent dans la zone. Nombreux sont les jeunes qui utilisent ces appareils.
Les autres infrastructures d’importance sont : les églises protestantes qui servent
d’établissements scolaires pendant la semaine et de lieu de culte le dimanche.
2-3 Historique de la communauté
Pour situer historiquement la Section Communale de Champing, il faudrait remonter à la
découverte de l’île. En effet, en décembre 1492, l’une des trois caravelles de Christophe
Colomb, la Santa Maria, fit naufrage dans la baie de Caracole qui, en partie, est annexée à
Champing aujourd’hui. Les débris y sont toujours.
Mais, c’est surtout la période contemporaine qui sera prise en compte dans le cadre de cet
historique. La période de 1900 a été riche en événements au niveau de la section. En
1917, Charlemagne Péralte organisa la première rébellion guérilla surnommée « Caco »
contre l’occupation américaine de 1915. Ce mouvement avait vu le jour à Chabert, une
habitation de la section communale de Champing. Cette guerre avait notamment entraîné
beaucoup de pertes en vies humaines, de bétails pour les habitants et de viol de femmes
de la région par les troupes de l’armée américaine.
En 1919, Charlemagne Péralte est mort à Chabert dans un guet-apens fomenté par les
troupes américaines avec la complicité d’un de ses frères d’armes. Son corps a été
inhumé sur la même habitation.
En 1926, une fraction de la population locale avait émigré à Cuba à la recherche d’une
vie meilleure. Ces émigrés ont constitués une importante force de main d’œuvre dans
l’économie de l’industrie sucrière de Cuba. A la fin de la saison sucrière, ces travailleurs
retournaient au pays avec leur économie qu’ils investissaient le plus souvent dans l’achat
de biens comme la terre, la construction ou l’achat de maison et d’animaux.
C’est en 1930 que s’établissait la première base militaire des Américains à Chabert, avec
à sa tête le Général Queto Raphaël.
Toujours en 1930, un autre fait important dans l’histoire de la Section, va se faire
produire, celui de son appellation. En effet, le nom Champing a des origines diverses et
très controversées. Le plus vraisemblable est celui d’un américain qui s’appelait
Champing, un grand propriétaire terrien (un latifundiste), exportant du bois de campêche
vers les Etats-Unis au cours des années trente (30). Au début des années 40, Champing a
cédé, ses propriétés à Kooks, un autre Américain qui était venu à la tête de la compagnie
« HACOR » pour la production et l’exportation de sisal. Dès lors, a commencé le
processus de remplacement de campêche par le sisal [le processus a duré deux (2) ans
environ]. Cependant, le nom Champing, serait alors resté à communauté.
C’est en 1946 que la mère de Charlemagne Péralte transporta les dépouilles de son fils
au Cap-Haïtien.
En 1946, les premières lignes chemins de fer furent crées pour le transport interne du
sisal de trou du Nord vers la baie de Caracol.
En 1963, la fermeture de la compagnie « HACOR » entraînant la perte des emplois dans
la région, avait des effets négatifs sur l’économie de la zone.
En 1975, l’implantation de l’usine sucrière « Welch » à Limonade, (Cap-Haïtien), allait
entraîner la multiplication de grandes plantations de canne à sucre dans la section de
Champing. Le développement de l’industrie sucrière venait d’insuffler un nouvel élan à
l’économie de la région ; beaucoup d’emplois ont été crées, des centaines de personnes
de plusieurs régions du pays ont migré dans la Section.
En 1986, Après le départ de Duvalier, l’usine Welch a été déchouquée et les grandes
plantations de canne à sucre de la région ont été brûlées par la population, expression du
mécontentement des habitants par rapport à la façon dont ils étaient dépossédés de leurs
terres. Ces plantations sucrières ont été vite remplacées par des parcelles en cultures
vivrières.
En 1986, l’Organisme de développement du Nord (ODN) fora le premier puits pour eau
potable dans la zone. Avant la population buvait l’eau de la rivière Ti-Couline.
En 1987, construction du tronçon de route reliant Trou du Nord – Caracole en passant par
Champing.
1992, implantation de la North Haïti Mission qui fonda la première école primaire dans la
section. Avant les parents étaient obligés d’envoyer leurs enfants à Trou du Nord pour
recevoir le pain de l’instruction.
13juillet 1997, 6 personnes de la communauté furent mortes calcinées par la foudre.
L’émotion était grande dans la population.
De 1997-1998, une longue sécheresse avait provoqué la mort de beaucoup d’animaux,
depuis l’élevage libre est devenu une pratique dans la zone.
De 1998 à nos jours, de nombreuses inondations ont frappé la section tuant des animaux,
dévastant les plantations et endommageant les maisons.
2-4 Structure sociale
A Champing, comme dans toutes les communautés, le mode de vie de la population
repose sur un ensemble de tabous et de valeurs : sociale, culturelle, spirituelle et
religieuse, qui sont l’expression même du fonctionnement de la communauté. Les
paragraphes qui vont suivre mettront en exergue certains traits de la structure sociale de
Champing.
2-4-1 Profil démographique
La commune de Caracol compte 6232 Habitants dont 2140 vivent dans le bourg, 2177 à
Claudine et 1915 à Champing d’après le dernier recensement de l’IHSI fait en 2003
(source IHSI, 2004). Cette population est repartie dans 1534 ménages avec une moyenne
de 4 personnes par ménages. La section communale de Champing accuse une densité de
51 habitants / Km2.
Une étude réalisée par CRESFED en 2005 nous permet d’apprécier les informations
suivantes.
Tableau #3. Indicateurs de population
Population totale
# Garçons # Filles Agés 18 ans +
# Ménages Superficie en km²
Densité
1915 974 941 1.029 510 37.32 51.3 CRESFED, 2005
D’autres paramètres de population ont été considérés dans le cadre de cette étude :
Fécondité :
Il y a lieu de signaler d’après les entretiens que nous avons eu avec certains leaders de la
communauté de Champing, les filles commencent à procréer trop tôt. La moyenne d’âge
se situe entre 14 et 15 ans. Beaucoup d’entre elles ont dû abandonner leurs études. Cette
situation tend à accroître le niveau de pauvreté dans la zone se sont exclamés ces mêmes
leaders.
Natalité à Champing :
Le taux de natalité à champing se situe au voisinage du taux de natalité pour le
département du Nord’est : 2.0% (MSPP). Par contre, le taux de la mortalité infantile,
juvénile, infanto juvénile et même la mortalité maternelle, est très élevé, dû au fait que les
soins prénatals ne sont pas assurés, les accouchements domiciliaires non assistés.
Nuptialité à Champing :
Le mariage et l’union libre communément appelés « plasaj » ou « Viv-avek » sont les
deux formes de cohabitation des ménages reconnues dans la communauté.
Indifféremment, les mariages sont célébrés entre personnes de mêmes églises ou entre
des individus de dénominations religieuses différentes : catholiques et protestants,
catholiques et vodouisants, vodouisants et protestants. Quant au plasaj, il est plus
fréquent chez les personnes de confessions catholiques et vodouisants
2-4-2 La question migratoire à Champing
La migration, déplacement de population d’un milieu départ à un milieu d’arrivée, est un
phénomène démographique ancien qui remonte à l’origine de la civilisation. N’est-il pas
prouvé, plus une zone est pauvre, plus la migration est massive. Champing n’est pas
exempt de par son niveau de pauvreté (carte de pauvreté, 2004). La section a commencé à
vivre ce phénomène depuis 1926 avec le départ pour Cuba de milliers de locaux partant à
la recherche d’un mieux être. Aujourd’hui, la vague de déplacement se fait en direction
de Blue-hills, St-Domingue, Etats-Unis et Canada qui représentent un havre de bonheur
économique. Notons aussi que la migration est facteur de mobilité sociale très important.
D’après ce qu’ont rapporté les participants aux ateliers, la plus forte migration se fait en
direction de Saint-Domingue par voie terrestre. Si en 1926, la migration vers Cuba avait
donné un élan à l’économie de la zone, de nos jours, c’est le départ vers Saint-Domingue
qui offre le modèle de prospérité recherché. Cependant, c’est au cours de la période
1990-2000 que le plus grand nombre de familles a émigré fuyant la misère qui sévit dans
la section. Un nombre tout aussi important de ménages ont migré vers Cap-Haïtien, Port-
au-Prince et les autres grandes villes du pays à la recherche de meilleures conditions de
vie. Le tableau suivant montre comment et dans quelles circonstances sont pratiquées les
migrations dans la zone.
Tableau #4. Panorama d’un siècle de migration à Champing
Périodes Raisons Lieux Conséquences 1900 – 1910 Politique Va et vient Nord - Sud Guerre entre kako / zandolit, 30 à
40.000.00 morts 1910-1920 // Va et vient Nord / Sud, St-
Domingue Débarquement des blancs, désarmement de la population
1920 – 1930 Politique & économique
St-Domingue, Cuba
Amélioration de la situation socio-économique des diasporas de l’époque
1930 – 1940 Politique (Rafael Troujillio)
St-Domingue vers Haïti Reprise des habitations, difficultés d’intégration
1940 -1950 Economique (pite/ sisal
Sud, St Raphaël, Grande Rivière, Limonade, Quartier Morin, Cuba, USA
Les habitants sont obligés d’abandonner leurs terres, de nouveaux emplois sont créés, le prix de la main-d’œuvre a augmenté, reconnaissance des droits des travailleurs.
1950 – 1960 Economique (due à la banane)
Haïti / étranger //
1960 – 1970 Politique Dispersion, interdiction le pouvoir en place d’aller à St-Domingue
Chômage, pauvreté.
1970 – 1980 Economique (canne) Partout vers champing pour la coupe de canne. Champing vers l’étranger St Domingue Providencial (Provo), Nassau, Miami via Canter, Port-au-Prince, Gonaives, Cap, Fort Liberté
Amélioration économique. Certains meurent au cours de la traversée. Ceux qui ont la chance d’arriver ont vu leur situation économique et sociale améliorée
2000 – 2007 Economique / culturel
St-Domingue, Cap, Port-au-Prince
Amélioration économique de bon nombre de familles de la zone
Sources : Atelier DP réalisés avec les habitants de la zone
2-4-3 Culture et loisirs
S’il est démontré que la culture et le sport sont des centres moteurs de l’identité, des
points de repère du progrès d’une communauté, nous ne pouvons pas négliger cet aspect
dans le cadre de ce diagnostic. Puisque nous savons que la communauté en question ne
peut progresser sans mettre en valeur des atouts sportifs et d’autres éléments de culture.
Ici, nous voulons parler non seulement des croyances religieuses ; mais aussi, de
l’éducation, d’autres lieux de rencontre.
2-4-3-1 Croyances religieuses
Dans la communauté de Champing, on retrouve plusieurs confessions religieuses, telles
baptiste, Vaudou, Adventiste, Pentecôtiste, Catholique ; mais, ce sont les fidèles de
l’Eglise Baptiste, les vodouisants et les pentecôtistes qui possèdent leurs propres lieux de
culte.
La Mission Baptiste North Haiti a construit 3 temples dont un à Cahesse, un autre à
Madras et le dernier à Garde Mombin. Au total, ces trois temples accueillent entre 350 à
400 adeptes. Les activités communautaires auxquelles s’adonne la mission sont : Cantine
populaire, prise en charge des indigents, écoles communautaires (uniformes, livres),
terrain de basket, équipements de football.
En 1992, c’est sous une petite tonnelle que commencèrent les activités de cette église liée
à la Convention Baptiste d’Haiti. A l’époque, Monsieur Amodius JOSEPH, avait pris à la
fois la direction de l’église et de l’école. C’est en 1993 qu’avait été réalisée la première
construction –une petite maison jaune et verte - quoique petite, mais très significative,
dans la mesure où elle marqua un début de changement. Entre 1994 – 1995, une nouvelle
construction était bâtie abritant à la fois église et école. Aujourd’hui, elle est en train
d’être transformée en une bibliothèque puisque, depuis 2001, une église indépendante est
érigée et en 2003, un établissement scolaire avec 8 salles de classe et un auditorium a été
construit. La mission participe aussi a des activités économiques à caractère
communautaire telles : la création d’une coopérative agricole et de jardins scolaires.
Il est à signaler que neuf péristyles sont dénombrés dans la section, mais il était difficile
de situer approximativement le nombre de pratiquants du vaudou du fait de l’importance
du syncrétisme religieux dans la culture haïtienne. Les entrevues conduites en tête avec
certains leaders de la Section Communale (Catholiques et protestants confondus), ont
confirmé qu’une majorité d’habitants dans les moments difficiles, n’ont eu d’autre réflexe
que des consulter des hon gans. Ces derniers font leurs rituels tous les week-end et
certains jours de la semaine dépendant de la période.
Les catholiques qui n’ont pas de chapelle, se réunissent chaque deuxième dimanche du
mois, à l’école nationale, pour adorer. Ils sont relativement importants en nombre absolu
par rapport aux autres confessions de la zone. D’après ce que les participants aux
différents ateliers nous ont confié, ils sont plus de trois cents (300). Les autres occasions
qui les réunissent ce sont les jours de baptême et communion. Quant aux noces, elles
sont célébrées ou bien à l’église catholique de Caracole ou bien à celle du Trou du Nord.
Ils fournissent aussi de nombreux services à la communauté en offrant leur participation
sous plusieurs formes dans toutes démarches visant le développement de la section. Par
exemple, à l’approche de la fête patronale de la zone, les croyants à Chavannes, Morency,
garde Mombin, s’adonnent au nettoyage de la route, à la fouille des canaux, à la
décoration de l’Eglise de Caracole.
Les Adventistes qui sont en minorité dans la zone (15 adeptes environ) par rapport aux
trois premières, comme les catholiques, n’ont pas de local. En 1958, un pratiquant,
Louidovic HAIGAN, avait tenté de construire une chapelle dans la zone mais cette
tentative avait soldé par un échec à cause de certaines dissensions internes, leur adoration
se fait à Caracol ou au trou du Nord. Mis à part des réunions de zone avec objectif
d’évangélisation, ils ont une cantine communautaire chaque samedi d’après ce qu’ont
confié deux des principaux adeptes.
Les Pentecôtistes sont eux aussi présents dans la zone ; à telle enseigne qu’on a fait croire
que la première tentative de doter la zone d’une école primaire venait d’eux. Cependant,
nous n’avions pas pu vérifier cette information, ni recueillir plus de données sur leur
situation. Seulement, nous pouvons dire que leur jour de culte est dimanche.
Tableau #5. Répartition des confessions religieuses à Champing
Religions # lieux de culte
Jour de Culte Membres Activités sociales
Baptiste 3 Dimanche 350-400 Orphelinat, Ecole, Sport, Centre de santé, centre de couture
Catholique - 2e Dimanche 300 Participation aux activités communautaires
Adventiste - Samedi 15 Evangélisation, cantine communautaire
Pentecôtiste 1 Dimanche ___ Ecoles Vaudou 9 En week-end Indéterminé Guérison
Sources : Atelier DP réalisés avec les habitants de la zone
2-4-3-2 Education comme élément d’appréciation du niveau de culture
L’une des caractéristiques du comportement des haïtiens depuis plus de 50 ans, c’est
l’intérêt manifesté vis-à-vis de l’éducation. De jour en jour, les parents sont conscients
du rôle de l’école dans la transformation de la vie de leurs enfants. Pour eux, éduquer est
source potentielle de richesse. De ce fait, les familles s’en tiennent beaucoup et font tous
les efforts pour donner à leurs enfants le pain de l’éducation. Cependant, toute la
population scolarisable n’a pas toujours accès à l’instruction du fait de la situation
économique précaire des familles. A Champing, ce n’est qu’en 1992 que la North Haïti
Mission, sous l’initiative du Pasteur Verdieu LAROCHE, fonda la première école
primaire. Cette mission baptiste, une fois établie, a permis aux enfants de trouver un
repas, de l’uniforme et des livres.
2-4-4 Loisirs
Les lieux ou objets de loisirs identifiés par les faisant partie des ateliers sont multiples.
Le tableau ci-dessous en donne une idée.
Tableau #6. Type de loisirs accessibles à la population
Loisirs Périodes Endroits Gaguère / dezafi Dimanche, lundi, vendredi Lombart, cahess, madras Football Juin – Septembre Cahess Basket-ball Juin - Septembre Cahess Championnat domino Dernier dimanche d’Août Cahess Championnat Carte 3 / 7 Dernier dimanche d’Août Cahess Théâtre Fête des mères, Août, fin de l’année Cahess Bal / Mobil Samedi / dimanche Cahess / bas Saline Sources : Atelier DP réalisés avec les habitants de la zone
En ce qui a trait aux gaguères, c’est une tradition de longues dates. En ce qui concerne
les personnes qui les fréquentent, on peut les ranger en trois catégories. Ceux qui
viennent avec leurs coqs pour jouer (carrière d’or) ; ceux qui viennent pour parier sur les
coqs en lutte et ceux qui viennent pour autres jeux de hasard, tels : Zo, domino, wapi,
komès [3 zèl kat / 9 moun ou mwens, avèk yon atou (las ou 10)].
Avec le temps, des changements sont opérés au niveau de la lutte de coqs. Autrefois,
deux lignes parallèles opposaient les carrières d’or, aujourd’hui un réveil permet de
départager. Les gaguères sont au nombre de quatre. Elles représentent non seulement
un lieu de rencontre ; mais aussi, un espace où les personnes peuvent effectuer des
transactions économiques (les mises par exemple peuvent dépasser les 10.000 dollars
haïtiens les jours de « dezafi » et 100 à 1000 haïtiens dollars lors des paris simples), cela
permet aussi à des petits marchands d’écouler des produits tels que : clairin, pain,
surette, bonbon, maïs, pois vert, patate….A noter, celui qui a un bon coq traîne derrière
lui beaucoup d’amis. Un vrai amateur peut avoir de 25 coqs jusqu’à 300. A ce stade, il
recrute des employés pour prendre soin des coqs.
Pour 100 coqs par exemple, on peut avoir 4 ou 5 employés. Ceux qui les baignent (citron
/ orange sont recommandés) les matins, ne sont pas ceux qui leur donnent à manger
(d’habitude : maϊs, kè maϊs, farine France, beurre, œufs, V8) les soirs.
Il n’y a pas seulement les églises et les gaguères, il y a aussi le football et le basket-ball
qui rassemblent les gens de Champing. Chaque année, on organise des championnats de
football et de basket sur le terrain de Cahesse, la population a toujours participé en masse.
Les inscriptions sont payantes pour les équipes et des primes sont offertes aux gagnants.
2-4-5 Comprendre l’organisation sociale globale de Champing
Nos efforts visaient à comprendre aussi l’organisation sociale de façon globale. Aussi
avions-nous questionné les sources de pouvoir, la base des conflits les plus fréquents et
les méthodes de résolution de ces conflits, les stratégies utilisées par les habitants de la
zone pour faire face aux difficultés quotidiennes, les changements repérés au niveau de la
communauté et la façon dont ils ont été vécus par la population.
Pour ce qui concerne la question de pouvoir, au début des années 60, quelques familles
détenaient le monopole du pouvoir dans la zone, Etienne, Jean Gilles, Laroche, Pierre,
à cause de leurs avoirs. Grande Rivière en tant que District ne pouvait pas nommer un
chef de Section sans les contacter. Si cela s’est produit, le nouveau chef de section devait
se faire obligation de les rejoindre pour ne pas compromettre son mandat. Après 86, tout
un déplacement en ce sens va se produire. Le pouvoir allait changer de main, des adultes,
personnages, notables de 50 ans et plus, on est passé à des groupes de jeunes voulant
avoir le contrôle du pouvoir, ont pris le contre pied à des pratiques qui voulaient que ce
soit Caracol qui nomme les cartels. Des cartels de maires qui ont été élus à partir de 1995
comprenaient uniquement des hommes de Claudine et de champing. C’était le moment
d’éveil de la démocratie participative. Près de 70% des groupements ont leur
représentant au pouvoir.
S’agit-il des conflits, certainement, il en existe et leurs principales sources sont : Vol,
bagarre entre gamins, jardins dévastés par un animal, les relations amoureuses parallèles.
Or, la présence de l’Etat dans la section se fait sentir par un représentant du ministère de
la Santé Publique et de la Population (Agent de santé) et les membres du Conseil
d’Administration de la Section Communale (CASEC) qui ne sont pas dotés de moyens
pour remplir leur mission. L’absence de structure de justice fait que les modes de
résolution de conflits dans cette zone le plus souvent passe par la violence. Selon la
gravité des cas, on privilégie la voie de la négociation, de la médiation à travers ce que
l’on appelle groupements. L’un des aspects à prendre en compte aussi, selon ce que des
gens de la zone nous ont confié, c’est le côté mystique.
En effet, bon nombre de personnes s’abstiennent d’attaquer d’autres gens par crainte de
consultation d’un hon gan par les autres membres de la famille en face. Près de 50% de
la population se réfèrent à la voie de la négociation pour trancher des conflits qui les
opposent à leurs voisins ou un autre membre de la communauté contre 50% qui
développent le réflexe de résoudre leur problème par l’utilisation des armes tranchantes et
du maléfice. C’est sans doute pourquoi les habitants de la zone ne cessent de faire
l’éloge des bienfaits de la présence des adjoints et des Volontaires de la Sécurité
Nationale (VSN) des années 80-86. A ce moment là, disent-ils, il y avait respect de la
personne et des biens d’autrui.
La fragilité de l’écosystème et les conditions difficiles dans lesquelles les habitants de
Champing (1e Section communale de caracol) exercent les principales activités
économiques (l’agriculture, pêche et l’élevage) auxquelles s’ajoute une certaine rigidité
des structures sociales et des relations de pouvoir, rendent leurs conditions de vie très
précaires avec très peu de revenus stables. N’empêche pour autant que des changements
se produisent dans leur quotidienneté. Les premiers changements à signaler au niveau
des familles et de la communauté toute entière, se sont manifestés à travers la
transformation des maisons d’habitation. Avant 1980, la majorité des familles vivaient
dans des ajoupas. Non seulement il leur manquait de moyens financiers ; mais aussi, à
cause d’une certaine croyance qui voulait que l’on n’exhibe pas ses avoirs pour ne pas se
faire déposséder de ces biens par les sbires duvaliéristes. Après le départ de Duvalier, les
activités de CRUDEM ont pris fin et les paysans ont repris leurs terres. Ainsi, à partir de
1990, les familles commencent la transformation des ajoupas en bois crépi. En 1992,
Villehardouin PIERRE lève le défi en construisant la première maison en blocs durs.
Depuis, les familles continuent de construire leur maison en blocs.
Autre fait, en 2003, il n’y avait qu’une seule maison à avoir un téléphone fixe.
Aujourd’hui, près de 70% de la population disposent d’un téléphone portable et cela va
en s’augmentant.
Cependant, la pénétration du téléphone dans cette zone a eu conséquences positives mais
aussi fâcheuses. En terme de réduction, d’élimination de distances c’est formidable. Des
questions sont réglées en un rien de temps. Socialement, c’est à la fois une nécessité et
occasion de show bizz. C’est aussi source de délinquances et de corruption (vol, drogue,
prostitution).
2-4-6 Obstacles au changement de Champing
A côté des ressources humaines et matérielles indispensables au développement durable
d’un pays, d’une communauté, il faut indubitablement compter sur le capital social que
représentent les différentes organisations de la société. En effet, si momentanément, nous
pourrions laisser de côté les ressources matérielles tout en émettant l’hypothèse qu’elles
peuvent être trouvées ici ou ailleurs, nous pouvons dire que la question des ressources
humaines et du capital social sont à explorer, scruter avec le plus grand intérêt.
En ce qui a trait à l’éducation, il y a lieu de souligner que c’est seulement en 1992 que
s’édifia dans la zone la première école primaire, catégorie atteignant en 2007, le nombre
de quatre (4). Cette allégation ne voudrait pas dire qu’avant 1992, les jeunes n’avaient
pas l’habitude de fréquenter des établissements scolaires ; mais, c’était pas quelque chose
de masse comme aujourd’hui et les niveaux atteints par la majorité était le CEP et un
faible pourcentage arrivait en premières années du secondaire ; rares étaient des élèves
qui terminaient le cycle secondaire et fréquentaient l’université.
Aucun pays ne peut atteindre un niveau de développement appréciable si les gens
n’acceptent pas de se grouper en association. Les associations constituent un pilier de
développement. Elles permettent aux acteurs s’impliquant dans la lutte pour le
changement à travers des échanges d’idées d’identifier les racines des problèmes de leur
communauté et la démarche à emprunter pour y apporter une réponse. Elles permettent
aussi à tous ceux qui vont bénéficier des bienfaits de ces démarches de participer en
agissant ensemble, partager des idées, apporter des moyens pour la réalisation des
objectifs. Donc, là où il n’y a pas d’organisations, d’associations, il ne peut y avoir de
développement, pas de changements significatifs.
2-4-7 Importance des organisations locales.
Le tableau # 8 présente les organisations locales dénombrées par la population qui
s’impliquent dans le développement de Champing. A la lumière des services fournis dans
la section, elle a classé au premier rang la North Haïti Mission, une organisation créée par
un pasteur de l’église baptiste, originaire de la section mais qui vit aux Etats Unis. Puis
vient GPC également citée comme une organisation importante, car elle gérait dans le
temps un projet de labourage à traction animale. D’autre comme APM était plutôt active
dans le passé. A l’exception de North Haiti Mission, aucune de ses organisations ne mène
ses activités sur toute la section.
Tableau #7. Liste des organisations locales à Champing Nom complet Sigle Année
fondation Siège social Domaine intervenu
Association des jeunes de Cahesse pour le nettoyage
AJCN 2004 Garde Mombin
Nettoyage des routes
Groupement des planteurs de Cahess GPC 2001 Cahesse Agriculture Asosyasyon peyizan Madras APM 1997 Madras Agriculture, Panneau
solaire Asosyasyon peyizan pou devlopman Karakol
APDK 1987 Caracol Agriculture,
Coopérative agricole de Cahess CAC 2002 Cahesse agriculture Oganizasyon fanm moransi pou devlopman
OFMPD 2007 Cahesse Rassemblement
North Haïti Mission NHM 1993 Cahesse Education, santé, évangélisation
Sources : Atelier DP réalisés avec les représentants des habitations de Champing
La structure des organisations locales est faible. Le tableau #8 montre qu’il n’y a que
trois (3) des sept (7) organisations identifiées par la population à avoir leur statut ; parmi
lesquelles, une (GPC) est reconnue par la mairie. GPC a aussi un compte d’épargne à
travers une institution financière, la caisse populaire de Trou du Nord. La NHM est
reconnue par le Ministère des Affaires sociales et le Ministère du plan, elle est le
partenaire local de la majorité des ONG intervenant à Champing. En dehors de la NHM
qui a une structure de gestion en place avec un personnel, ce que nous n’avons pas pu
vérifier, les autres organisations locales selon les informations communiquées par les
participants montrent des signes évidents de grandes faiblesses dans leur capacité de
gestion, elles n’ont presque pas d’archives. De plus, elles n’ont pas à date bénéficié
d’aucune forme d’assistance technique en gestion.
Tableau #8. Niveau de renforcement des organisations locales Organisation Membre Statut Niveau
reconnaissance Outil de comptabilité
et gestion G F AJCN 72 28 non non Liste membre GPC 18 13 oui Mairie Liste membre
Cahier comptable APM 32 8 oui Mairie Liste membre APDK 51 36 non non Liste CAC 30 10 non non Dossier Membre OFMPD* 50 non non North Haïti Mission
320 80 Oui Affaires Sociales et Ministère du Plan
-
Source : Ateliers de travail avec les représentants des habitations
*OFMPD vient a peine d’être créée.
Cependant, trois de ces organisations ont eu à exécuter des projets pour la communauté.
C’est le cas de NHM qui gère plusieurs projets avec des ONG internationaux, le GPC
qui assure la gestion d’un projet de labourage à traction animale avec le NHM et un
projet de culture maraîchère avec Plan Haïti. APM a eu à gérer dans le temps un projet de
cultures maraîchères et de petites irrigations avec Acadie Haïti.
- Domaine d’intervention
Le domaine d’intervention de prédilection des organisations est l’agriculture. Il faut
cependant souligner l’intervention combien importante de North Haïti Mission dans
l’éducation, la santé et l’évangélisation avec la création de deux (2) écoles primaires, de
trois (3) églises et de l’unique dispensaire de santé de la section. Elle est aussi la seule
organisation locale à avoir une couverture au niveau de toute la section.
2-4-8 Importance des organisations privées externes.
La population a identifié huit (8) organisations privées d’aide, nationales et
internationales qui interviennent dans la section ; parmi elles, Living Water International,
FAES, Plan Haiti et PAM, sont perçues comme les plus importantes par rapport à leurs
réalisations dans la section. Le tableau #9 montre le domaine d’intervention de chacune
d’elles.
Tableau #9. Organisations Privées externes d’aide à Champing. Organisation Siège Domaine
d’intervention Activité Organisation
partenaire Lieu d’intervention
Ayiti Konsèvèt Cap Haïtien
Education Agriculture
Alphabétisation, distribution de semence, formation
North Haiti Mission, école nationale
Cahess, Claudine
Living Water international
Quartier Morin
Evangélisation Eau
Etude évangélique, Réhabilitation puits
North Haïti Mission, espoir pour Haiti
La section
Espoir pour Haiti
Trou du Nord
Agriculture Intrant agricole, culture légumière, puit pour irrigation
North Haiti Mission, Espoir pour Haiti, Ayiti Konsèvèt, CAC
Cahess, Lombard
Esperanza international
Trou du Nord
Micro crédit Prêt pour commerce
Etablissement scolaire
Cahess
Fonds d’Assistance Economique et Sociale (FAES)
Fort Liberté
Education Construction école
Etablissement scolaire
Cahess
FONKOZE Trou du Nord
Micro crédit Prêt individuel, don de bétail
North Haiti Mission
Cahess
Plan Haiti Trou du Nord
Education santé agriculture
Parrainage d’enfant, construction latrine, culture maraîchère, infrastructure, formation
Etablissement scolaire, GPC
La section
Programme Alimentaire Mondial (PAM)
Cap Haïtien
Education Cantine scolaire Etablissement scolaire
La section
Source : Ateliers des participants au DPSC de Champing, Juillet 2007 Le tableau #9 montre que les principaux axes d’intervention des ONG sont :
évangélisation, agriculture, éducation et crédit aux petits marchands, majoritairement des
femmes (90%). Ce tableau permet aussi de découvrir que la quasi-totalité des
organisations externes d’aides à la population travaillent en partenariat avec le NHM et
les établissements scolaires. Le GPC bénéficie aussi d’une collaboration de Plan Haïti
dans le domaine de la formation et de la modernisation de l’exploitation des marais
salants.
2-4-8-2 Relation entre les organisations privées et celles locales.
On note, d’après le tableau #9 et le diagramme de venn en annexe #4, des relations de
partenariat entre les organisations locales, religieuses, ONG et bailleurs fonds. On trouve
des partenariats réunissant deux, trois et même quatre institutions. Par exemple, Espoir
pour Haïti, North Haïti Mission (NHM), Ayti Kosevet et CAC, travaillent en partenariat
dans l’Agriculture ; FONKOZE et North Haïti Mission dans la micro crédit ; Plan - Haïti,
des établissements scolaires et une organisation locale GPC dans l’agriculture et
l’éducation.
Parmi les organisations locales, en dehors de NHM qui a un rayonnement au-delà de la
section, les autres se confinent au niveau de l’habitation où elle a pris naissance. Ces
organisations, généralement sans une bonne structure organisationnelle et de gestion,
mènent des actions isolées.
La participation des femmes est très importante au sein des organisations locales. Elles
sont présentes dans les différents comités et sont très actives dans tous les domaines
d’action des organisations.
3- SECTEUR EDUCATION 3-1. Situation actuelle et Contraintes
La section de Champing dispose de 4 écoles primaires et un jardin d’enfants. Ce sont :
l’Ecole Nationale sise à Cahesse, l’Ecole de la North Haïti Mission (NHM) localisée à
Chavannes, l’Ecole Jérusalem de Mangnon, l’Ecole Evangélique de Madras également
gérée par la NHM et le kindergarten ‘’Jardin Fleuri’’ situé sur l’habitation Fleury.
Tous ces établissements fonctionnent avec un nombre incalculable de difficultés
et d’obstacles qui rendent non opérationnel tout enseignement basé sur la qualité et
l’efficience. Citons entre autres le manque de ressources humaines locales, l’inexistence
de vraies salles de classe, la cohabitation de 2 voire 3 classes dans une seule et même
enceinte, la quasi-inexistence de matériels didactiques, la trop grande distance entre la
résidence des enfants et certaines écoles, la méconnaissance du Programme officiel
soumis annuellement par le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation
Professionnelle (MENFP) etc.
Le taux de réussite au Certificat d’Etudes Primaires 72% (CEP) est assez
appréciable à en croire les résultats obtenus pour les deux dernières années académiques.
Champing est dépourvu d’école secondaire. Après le CEP, les élèves de
Champing se rendent à Trou du Nord, Caracole ou Cap-Haïtien pour poursuivre leurs
études.
Aucun centre professionnel n’est non plus disponible à Champing. Bon nombre
de jeunes auraient aimé apprendre un métier. Cependant, une poignée de jeunes se
rendent régulièrement à Trou du Nord ou Cap-Haïtien pour s’inscrire à une école
professionnelle.
3-2 La fréquentation scolaire
Suivant des enquêtes menées auprès de divers notables de la zone et selon les
informations recueillies dans les ateliers, le taux de scolarisation est relativement élevé.
En effet, à en croire ces informations, environ 70% des enfants en âge d’aller à l’école
fréquentent un établissement scolaire. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce fait. Parmi
les plus pertinents, citons entre autres :
a) La motivation des parents à envoyer les enfants à l’école. Les tenants des Eglises
Protestantes, responsables des écoles privées de la zone, encouragent souvent les
parents à ne pas retenir les enfants à la maison.
b) Les frais de scolarité réclamés par certains établissements sont faibles.
c) A l’exception de l’Ecole Jérusalem, tous les établissements offrent un service de
cantine scolaire.
Cependant, le taux de déperdition est généralement élevé. Selon des entrevues
réalisées avec des enseignants et directeurs d’établissements scolaires de la zone, plus de
10 enfants sur 100 laissent la vie scolaire au cours de l’année académique ou ne
reviennent pas à la prochaine rentrée.
Suivant ces mêmes sources, les facteurs sur lesquels on doit s’appuyer pour expliquer
ce fait sont :
a) Pour une grande majorité, le faible niveau des revenus des familles ne leur permet
pas de payer les frais de scolarisation relativement faibles de certains établissements.
b) Pour certains, les longues distances à parcourir pour aller à l’école et revenir à la
maison découragent les enfants qui, le plus souvent, doivent sortir très tôt de chez eux
sans rien manger.
c) Pour d’autres, la participation précoce des enfants aux activités économiques est
assez considérable.
3-3 Les différentes écoles de la zone
3-3-1 Ecole Nationale de Cahesse, construite en 1998 par le Fonds d’Assistance
Economique & Sociale (FAES), est la plus fréquentée. Elle dispose de 6 salles de
classes, pour un effectif de 280 élèves pour l’année académique 2006 – 2007, soit un
ratio de 46 élèves par salle.
Six enseignants et le directeur composent le staff académique de cet établissement,
soit 1 enseignant pour environ 46 élèves. Cependant, pour les deux dernières années,
les classes Moyen I et II ne comptaient que 26 élèves chacune. L’une des causes en
est le taux de déperdition élevé dont l’Ecole Nationale n’est épargnée.
Le taux de réussite aux examens de CEP est assez bon. En effet, pour les 2 dernières
années, environ 80% des élèves ont passé les examens officiels avec succès.
De l’avis des participants aux ateliers, c’est la meilleure école de Champing. Ils
fondent leurs jugements sur les affirmations suivantes :
a. Tous les enseignants sont des Normaliens formés aux Ecoles Normales de
Fort Liberté et Milot. Ce sont donc des personnes qualifiées pour le travail.
Leur salaire moyen mensuel (environ 5.000.00 Gourdes) est plus motivant,
en comparaison aux 1000 gourdes qui sont proposées dans le privé.
b. Le local et les matériels didactiques qui s’y trouvent favorisent un meilleur
apprentissage.
c. Les bons résultats obtenus ces dernières années au CEP ont fait croître la
confiance chez les parents.
d. La discipline est de rigueur. Ponctualité et Assiduité sont des notions
enseignées aux élèves.
e. L’Ecole Nationale est encadrée par le Ministère de l’Education. Un
Inspecteur à l’enseignement primaire assure régulièrement le suivi du
Programme officiel.
f. Avec l’aide du Programme Alimentaire Mondial (PAM), un repas chaud est
servi aux enfants tous les jours de classe.
3-3-2 Ecole Evangélique de la North Haïti Mission,
Située à Chavannes, l’Ecole Evangélique a été fondée par le révérend Pasteur Verdieu
LAROCHE en 1992 mais le bâtiment a été reconstruit en 2003. Elle dispose
actuellement de 6 salles de classe pour un effectif de 106 élèves, soit en moyenne 17
~ 18 élèves par salle. Cinq (5) enseignants dont le directeur, assurent la gestion des
classes ; soit 1 enseignant pour environ 22 élèves. A signaler que le directeur
enseigne simultanément en 6e et 5e Année Fondamentale. Ces professeurs reçoivent
un salaire mensuel de mille (10000) qui n’est pas toujours payé à l’heure.
La réussite aux examens de CEP pour les années académiques 2004~2005 et
2005~2006 a été jugée assez appréciable. En effet suivant les résultats cumulés de
cette période, le taux de réussite était d’environ 60%. Cinq sur Dix (5/10) ont réussi à
la première année et Sept sur Dix (7/10) à la dernière année académique considérée.
On ne perçoit pas de frais de scolarité mensuelle dans cet établissement. Une
contribution annuelle de 50 gourdes est réclamée des parents. Cependant, beaucoup
d’entre eux n’arrivent pas à s’acquitter de cette redevance.
3-3-3 Ecole Evangélique de Madras
Elle est logée dans l’enceinte de l’église évangélique de Madras dirigée par la North
Haïti Mission (NHM).
L’église est quelque peu aménagée pour recevoir une quinzaine d’enfants constituant
3 salles de classe où travaillent 2 enseignants.
Cette école est subventionnée par la NHM. Aucun frais de scolarité n’est réclamé des
parents. Un plat chaud est servi aux enfants tous les jours de classe.
3-3-4 Ecole Evangélique Jérusalem
Elle est située sur l’habitation Mangnon dans l’enceinte de l’église La Pentecôte.
L’aménagement de l’église conduit à la constitution de 6 classes pour un effectif de
102 élèves, soit environ 17 élèves par salle. Six enseignants et un directeur sont
chargés de la formation des élèves.
Les frais de scolarisation (les plus élevés des écoles de la section) ne permettent pas à
la direction de faire face à toutes ses obligations, notamment le recrutement d’un
personnel compétent. Ceci explique, peut-être, le faible niveau des résultats obtenus
ces 2 dernières années aux examens de CEP. De plus, selon les participants aux
ateliers, l’école est réputée pour l’irrégularité des enseignants et l’indiscipline
généralisée qui s’y règne. C’est le seul établissement scolaire de la section à ne pas
pouvoir offrir le service de cantine scolaire.
Le tableau suivant tient lieu de comparaison des frais de scolarisation entre les écoles
de Champing et celles se trouvant au bourg de Caracol.
Tableau #10. Comparaison des Frais scolaires entre les écoles de Champing et celles
Bourg de Caracol
Ecole Localisation Frais scolaires (gourdes)
Ecole Jérusalem Champing 650.00
Ecole Nationale de Cahesse Champing 300.00
Ecole de la North Haïti Mission Champing 50.00
Ecole Evangélique de Madras Champing 0.00
‘’Jardin Fleuri’’ Kindergarten Champing 200.00
Ecole Baptiste de Caracol Caracol 850.00
Ecole EFRATA Caracol 675.00
Ecole Presbytérale Caracol 600.00
‘’A la Ronde’’ Kindergarten Caracol 1 750.00
Source : Ateliers DP de Champing, juillet 2007
Toutes les écoles primaires de Champing n’arrivent pas jusqu’à la sixième année
fondamentale. Le tableau ci-dessous représente la répartition de ces écoles selon la
localisation et le niveau d’études.
Tableau #11 Répartition des écoles de Champing selon la localisation et le niveau
d’études
Ecole Habitation Niveau
Ecole Nationale Cahesse Moyen II
Ecole Jérusalem Mangnon Moyen II
Ecole Evangélique Chavannes Chavannes Moyen II
Ecole Evangélique de Madras Madras 3e Année Fondamentale
Source : Ateliers DP de Champing, juillet 2007
3-4 Alphabétisation
Selon des informations recueillies dans les ateliers, l’analphabétisme touche une grande
majorité des habitants de Champing. On rapporte que les femmes sont plus touchées par
ce fléau que les hommes.
Deux (2) centres d’alphabétisation ont été implantés en 2004 dans la zone avec l’aide de
Ayiti Konsè Vèt (AKV), une ONG partenaire de la North Haïti Mission. Au début, un
engouement a emparé des habitants de la section pour ce mouvement. C’est ainsi qu’à
cette période, les centres comptaient plus de 80 inscrits. Au fur et à mesure, ce nombre
s’effritait pour des raisons aussi diverses que variées : manque de motivation des
professeurs due à l’absence de financement pour les payer, fin du cycle du projet,
irrégularité des cours, durée du cycle (3 ans). Tout ceci entraîne l’effritement de la
motivation des élèves.
Aujourd’hui, un seul centre fonctionne avec 3 participants. En terme de bilan,
l’implantation du mouvement a permis à environ une dizaine de personnes à savoir lire et
écrire correctement après les 3 premières années d’existence.
3-5 Ressources Humaines de Champing et qualité de l’enseignement
Très peu de ressources humaines qualifiées résident encore à Champing.
La majorité des enseignants travaillant à Champing viennent d’ailleurs : Trou du Nord,
Limonade et Caracol. Ils ne résident pas dans la zone. Ils viennent chaque matin au jour
de classe accomplir leur boulot, puis retournent chez eux.
L’enseignement y est assuré dans une large proportion par des personnes incompétentes
et sans vocation. Les participants aux ateliers ont même rapporté un cas aussi insolite que
vrai, celui d’un enseignant d’une école locale n’ayant même pas franchi le seuil du CEP
et qui enseigne la classe de 5e Année Fondamentale.
A part l’école Nationale de Cahesse où il n’y a que des Normaliens, presque tous les
enseignants des autres centres d’enseignement sont des recrutés.
Les participants sont unanimes à condamner la passivité de l’organisme régulateur du
secteur qu’est le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle
(MENFP). Ils réclament des actions concrètes et énergiques dudit Ministère afin de
contribuer au rehaussement du niveau de l’éducation dans la section.
3-6 Infrastructures physiques et Matériels
Deux écoles :’Ecole Nationale de Cahesse et celle de la North Haïti Mission possèdent un
local approprié à l’enseignement des élèves. Les deux autres écoles sont logées dans des
églises dont la conversion en salles de classe ne garantit pas une atmosphère propice au
travail.
De plus, mise à part l’Ecole Nationale de Cahesse qui est équipée d’une bibliothèque et
d’un bloc sanitaire, les autres établissements ne disposent que de latrines souvent mal
entretenues. On observe aussi un manque de matériels didactiques et de matériels
scolaires.
Sur les 4 établissements scolaires recensés dans la section, le secteur public ne contrôle
qu’un seul, mais en terme de fréquentation scolaire, l’école nationale contient plus de la
moitié des élèves 280/503 soit 56 pour cent de la population scolarisée. Le tableau
suivant décrit la répartition des établissements scolaires de Champing selon le niveau
d’étude et le statut.
Tableau #12. Répartition des établissements scolaires de Champing selon le niveau
d’études et le statut
Secteur / Niveau Privé Public Total
Préscolaire 1 0 1
Fondamental 3 1 4
Source : Ateliers DP de Champing, juillet 2007
3-7 Recommandations
Pour rendre plus efficient le secteur ”Education’’ à Champing, il faudrait, selon les
recommandations sorties des ateliers :
a) Augmenter la capacité d’accueil de l’Ecole Nationale de Cahesse.
b) Réaménager la bibliothèque de l’Ecole Nationale, la pourvoir de livres plus
diversifiés et la rendre accessible à tous les élèves de la communauté.
c) Régulariser le fonctionnement de toutes les écoles.
d) Construire un centre professionnel pour les jeunes désireux d’apprendre un
métier.
Comme pour tout le pays d’abord, le taux de déperdition scolaire au niveau fondamental
est considérable 43% selon le district scolaire du MENFP à Trou du Nord. La majorité
de jeunes laissent l’école après le CEP, la 9e année fondamentale et même avant. Un
pourcentage très faible arrive en classe de rhéto, une raison de comprendre que c’est un
champ ouvert à la délinquance juvénile.
3-8 Opportunités
Beaucoup d’ ONGs interviennent dans l’éducation comme PAM, Plan Haïti et des
organisations locales comme Mission North Haïti.
La majorité des professeurs sont des jeunes de moins de trente ans. S’ils sont
recyclés et leur condition de travail améliorée, ils peuvent contribuer au
relèvement du niveau éducatif dans la section.
Certains établissements scolaires fonctionnent avec un effectif réduit, leurs salles
de classe peuvent recevoir un plus grand nombre d’élèves si des dispositions sont
prises pour encourager les enfants non scolarisés des deux sexes à prendre le
chemin de l’école
L’Etat est le plus grand propriétaire terrien dans la zone, la construction d’une
école secondaire et ou professionnelle ne pose aucun problème en matière
d’espace.
Tableau #13. Résumé des indicateurs de classification des écoles Variables Ecole
nationale Ecole Evangélique Chavannes
Ecole Evangélique Madras
Ecole Jérusalem
Total
# Elèves 280 106 29 102 517 Garçons 152 58 14 55 279 Filles 128 48 15 47 238 # professeurs 6 6 2 6 20 Garçons 4 4 2 5 15 Filles 2 2 _ 1 5 # salles de classe 6 6 3 1 16 Ratio Professeur/ élèves
1 :46 1 : 21 1 :7 1 :17 1 :26
Ratio salle de classe / élèves
1 :46 1 :18 1 :5 1 :102 1 :32
Ratio professeur/ salles de classe
1 :1 0.83 : 1 0.67 :1 6 :1 1.25 :1
Niveau d’études 6ieme AF 6ieme AF 3ieme AF 6ieme AF Statut Public Privé Privé Privé Infrastructure de services
Bibliothèque + _ _ _ Bloc sanitaire + _ _ _ Cantine + + + _ Bâtiment propre à l’enseignement
+ + + _
Clôture + Terrain de jeu + + _ _ Comité des parents + __ __ __- Taux de déperdition Frais de scolarité (gourdes)
300 50 0 650
4- SECTEUR SANTE ET DE L’HYGIENE PUBLIQUE
4-1 Description de la situation sanitaire de la zone
L’image réelle de la situation sanitaire de la zone est émanée d’abord de l’évaluation des
ressources humaines, impliquées dans le système de santé, de celle des infrastructures
sanitaires existantes, ensuite de la perception de la communauté sur la distribution et la
qualité des soins de santé dispensés dans la section, enfin la relation existant entre les
différents points de services sanitaires sans oublier le calendrier de maladies et la
situation de l’hygiène publique.
4-2 Ressources humaines, impliquées dans le système de santé
Dans le milieu rural, les agents sanitaires, relégués au bas échelon de la pyramide des
soins jouent un rôle capital. D’ailleurs, dans la classification des services de santé, un
groupe d’habitants de Champing a priorisé une matrone à un dispensaire au cours de l’un
des ateliers. Pourtant, dans les grandes communautés développées, cette dernière pourrait
être reléguée à l’arrière plan si elles existent. Aussi, avons-nous pris la peine de recenser
ces catégories de gens dans la communauté : Agents de santé, matrones, guérisseurs
traditionnels, charlatans, auxiliaires, col vols etc.
Agents de santé : c’est un maillon de la chaîne d’une importance capitale .Il joue
le rôle de relais entre la communauté et l’institution à travers son poste de
rassemblement. Il est impliqué dans la vaccination, la planification familiale,
voire le suivi prénatal et l’éducation sanitaire.
En effet, à champing, il nous est mentionné 6 postes de rassemblement desservis
par 3 agents de santé dont un seul habite la zone et la santé d’un autre est
chancelante. Qui pis est, ces trois ont 29 ans de service et attendent leur retraite.
Donc, ces postes de rassemblement fonctionnent au ralenti. D’ailleurs certains
Agents de Santé (AS) se dédouanent de leur mission, nous rapporte l’auxiliaire
principale du dispensaire de Caracol qui constitue leur principal centre de
référence. De l’autre coté, les agents rencontrés, se plaignent de manque
d’encadrement du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP).
Matrone : Mise à part l’accouchement, elle intervient dans le suivi prénatal.
Ainsi, elle réfère les cas de grossesse à risque à l’hôpital le plus proche ou son
hôpital de référence. Elle peut même participer à la sensibilisation sur la
planification familiale et promouvoir la vaccination des nouveaux-nés. Pourtant,
les habitants de champing ne reçoivent les services que de 3 matrones dont l’une
est aveugle et secondée par deux autres n’habitant pas la section. Elles ont comme
centre de référence le dispensaire de Caracol et le centre de santé du Trou du
Nord. Quoique pourvues d’un savoir –faire sans précédent, elles ne sont pas tout
à fait encadrées.
.Guérisseur traditionnel : Enclin à la superstition, les paysans haïtiens ont
recours généralement à la médecine traditionnelle, voire au vaudouisme pour se
faire soigner. Donc, les<< medecin-feuille>>, les hougans, les <<Kole Zo>>
occupent une place prépondérante dans le secteur. En dehors de l’aspect culturel,
cette préférence pourrait s’expliquer aussi par la faiblesse des structures de santé
au niveau national et la précarité du pouvoir d’achat des ménages.
Cette tendance n’est pas différente à Champing bien qu’on n’y ait pas recensé de
grand péristyle, proprement dit. Cela pourrait être dû à l’influence de la religion
protestante dans la zone. Bref, sept <<Manye>> et une dizaine de hougans y ont
été inventoriés.
Charlatan : Médecin sans formation universitaire mais se faisant passer comme
tel dans les communautés, ils sont au nombre de deux dont un s’établit dans la
zone depuis quelques années.
Deux auxiliaires ont été retrouvées au dispensaire de Cahesse .Il est à noter la
présence d’une auxiliaire en formation, originaire de champing.
Col vol : Auxiliaire des agents de santé, les cols vols participent surtout à la
vaccination. Il est à noter qu’un ancien col vol, en formation est sur le point de
devenir agent de santé pour le dispensaire de Caracol. Ce dernier aura à suppléer
au moins un de ces AS lors de leur retraite.
Tableau #14 Ressources humaines, impliquées dans le système sanitaire. Catégories Quantité Provenance
Interne Externe
Agent de santé 3 1 2
Matrone 3 1 2
Guérisseur traditionnel 10 10 0
Manyè 7 7 0
Charlatan 2 1 1
Auxiliaire 3 1 2
Col vol 1 0 1
Source : Ateliers de DP de Champing
4-3 Infrastructure sanitaire
Pour se faire une idée de la situation sanitaire de la zone, il s’avère nécessaire d’évaluer
les infrastructures sanitaires existantes. Les paramètres qui feront l’objet de cette
évaluation sont mentionnés dans ce tableau ci-dessous. C’est un tableau comparatif de
deux institutions sanitaires desservant les habitants de Champing. Il s’agit du Dispensaire
de Caracol et celui de Cahesse situé à l’intérieur de la communauté.
Tableau #15. Comparaison entre les deux infrastructures sanitaires desservant les
habitants de Champing
Paramètres Dispensaire Caracol Dispensaire Cahesse
Type Public Privé non lucratif
Horaire de fonctionnement Du lundi au vendredi
De 8h à 4h
2 fois par semaine
Lundi et Vendredi : 8h-2h
Prix consultation 20 gourdes, y compris les médicaments
Personnel 2 auxiliaires 1 auxiliaire-1 ménagère-3 agents de santé
Services offerts Santé Materno-Infantile-Prise en charge des adultes
Consultations Générales-
Fréquentation En moyenne : 40 personnes par mois
En moyenne : 60 personnes par mois
Provenance des bénéficiaires
Lomba-Bas-saline -mapou-Caracol et les habitations limitrophes
Cahesse- Trou du Nord et les habitations limitrophes.
Cas rencontrés 1-Malaria, 2-Gastro -Entérite, 3-Infections Respiratoire Aigues, 4-Malnutrition, 5-sarcoptose 6-Infections Sexuelles Transmissibles, 7-Tuberculose pulmonaire
1-Malaria, 2-Gastro Entérite, 3-Infections Respiratoires Aigues
Matériels et équipements Matériels de labo -Balance à culotte, Balance adulte défectueuse- Pas de Pèse Bébé Tensiomètre –Thermomètre -Ruban métrique-1 lit d’observation etc.
Dispensaire non équipé
1 balance adulte- Pas de pèse- bébés- Pas de balance à culotte Pas de lit d’observation –tensiomètre -thermo-imprimante métrique
Suite du tableau #15. Paramètres Dispensaire Caracol Dispensaire Cahesse
Etat des infrastructures Plus ou moins propre -Mur et toit en béton- Espace très exigu -deux salles réservées respectivement pour consultation et enregistrement- présence d’un entrepôt et un petit espace aménagé pour archives
Très propre -Mur en béton et toit en tôles –Infrastructure appropriée à un Centre de Santé sans Lit avec plusieurs salles disponibles pour consultations, pharmacie, archives, enregistrement, attente, petite chirurgie, observation, entrepôt.
Structure Institution publique se fonctionnant sans un comité de gestion et d’administrateur. Une auxiliaire de 28 ans de carrière sans aucune aide joue tous les rôles .Elle achemine son rapport mensuel au DSNE ou à l’UCS du Trou du Nord où elle reçoit les Intrants
Privé non lucratif, ce dispensaire est créé par les missionnaires du Nord d’Haiti (North Haïti Mission). Son gérant principal est le dirigeant de l ‘Eglise de la mission à qui les auxiliaires doivent rendre compte. Un staff médical, issu des E.U, associé à la Mission, à un rythme régulier, vient bénévolement assurer la prise en charge des malades à Champing.
Bloc sanitaire Latrines en bon état –Pas de lavabo -Disponibilité en eau, mais non potable
Latrines en mauvais etat-1Lavabo-Disponibilite en eau, mais non potable
Contraintes Manque de personnels dont un technicien de Labo, Manque de matériels et équipements -rupture de stock de certains Intrants
Manque de matériels et équipements -Manque de personnels- absence de coordination avec le MSPP
Opportunités ONG : PAM ONG : NHM
Tenant compte de l’envergure de son infrastructure et l’apport des missionnaires, le
dispensaire de Cahesse constitue un majeur atout pour les locataires de Champing.
Malgré son fonctionnement au ralenti, son taux de fréquentation est meilleure par rapport
à celui du dispensaire de Caracol, très ancien avec un horaire de fonctionnement normal.
La supervision et la coordination du MSPP aidant, celui-la pourrait être compté parmi
l’un des centres de référence dans la métropole du Nord.
4-4 Perception de la communauté sur les services
Les bénéficiaires suivant leur degré de satisfaction se tiennent à classer les institutions ou
les prestataires prodiguant des services dans un même domaine à travers leur
communauté. Aussi, les habitants de Champing, regroupés par bloc, ont-ils été invités à
faire un classement dans le domaine de la santé. Et il y a lieu de considérer les points de
service d’abord à l’intérieur de la communauté, ensuite à l’extérieur de la communauté.
Tableau #16. Priorisation des points de service sanitaire à l’intérieur et à
l’extérieur de la communauté par ordre d’importance et par regroupements
d’habitations
Catégorie Bloc I Bloc II Bloc III
1-A l’intérieur de la communauté
Agent de santé 4e 2e 2e
Matrone 3e 1e 1e
Guérisseur traditionnel 2e 4e 3e
Charlatan 5e 5e 5e
Dispensaire de Cahesse 1e 3e 4e
2-A l’extérieur de la communauté
CDS Trou du Nord 1e 3e 1e
CDS Jacquesil 2e 2e 2e
Hôpital Milot 4e 5e 5e
Clinique Galman de Quartier Morin 3e 4e 4e
Dispensaire Caracol 5e 1e 3e
Source : Ateliers de DP de Champing, juillet 2007
Deux facteurs semblent guidés le choix des habitations. Ce sont la proximité et la qualité
des services offerts.
Classement des services dans l’ordre décroissant à l’intérieur de la communauté par
rapport à la tendance générale : 1-Matrone 2-Agent de santé 3-Dispensaire de Cahesse 4-
Guerisseur traditionnel 5-Charlatan
Classement des services dans l’ordre décroissant à l’extérieur de la communauté : 1 -CDS
Trou du Nord 2 -CDS Jacquesil 3-Dispensaire Caracole 4-Clinique Galman du Quartier
Morin 5-Hopital Milot.
Selon ces habitants, les matrones et les agents de santé leur sont très utiles. .Ils sont
toujours prêts à leur servir. C’est pourquoi, ils les priorisent au dispensaire, non équipé et
ne fonctionnant que deux fois par semaine.
Par ailleurs, quand un patient ne peut pas trouver de soins nécessaires à Champing, il a le
choix entre le CDS du Trou du Nord, celui de Jacquesil et le Dispensaire de Caracol.
4-4-1 Relation entre les différents points de service/Système de référence
Au niveau national, la pyramide des soins de santé est composée, par ordre décroissant,
de l’hôpital universitaire, hôpital départemental, centre de santé à lits, centre de santé
sans lits, dispensaire, agent de santé, matrone, col vol. Et la référence, suivie d’une contre
référence se fait de bas en haut. Dans le département du Nord, on retrouve un hôpital
universitaire, hôpital Justinien. Et l’hôpital départemental de référence dans le Nord-Est
est l’hôpital de Fort- Liberté qui reçoit des cas des différents CAL et CSL .Le tableau
suivant va en donner une idée des relations existantes entre les différents points de
services de santé desservant Champing.
Tableau #17. Relations entre les différents points de services de santé/système de
référence
Catégories Référence/Relation
Col Vol Agent de Santé
Agent de Santé 1-Dispensaire Caracol 2-CDS Trou du Nord
Dispensaire Cahesse CDS Trou du Nord
Dispensaire Caracol 1-CDS Trou du Nord 2-Hopital Fort Liberté 3-Hopital Justinien
CDS Trou du Nord 1-Hopital Fort –Liberté 2- Hôpital Justinien
CDS Jacquesil 1-Hopital Fort- Liberté 2-Hopital Justinien 3-CDS Trou du Nord
Matrone 1-Dispensaire Caracol 2-CDS Trou du Nord 3-CDS Cahesse
Le Col vol travaille en étroite collaboration avec l’AS qui réfère les cas le plus
souvent au dispensaire de Caracol et parfois au CDS du Trou du Nord. Le dispensaire de
Cahesse a comme principal centre de référence le CDS du Trou du Nord. D’ailleurs, un
des auxiliaires, affectée à ce dispensaire travaille aussi au CDS du Trou du Nord.
4-5 Calendrier des maladies et traitements empiriques
Si certaines maladies sont liées au genre, à la race, d’autres le sont aussi à des conditions
climatiques, à une région, voire à une saison donnée. Donc, omettre le calendrier de
maladies de ce rapport serait mal vu par les éventuels visiteurs de Champing. Et d’une
pierre deux coups, il sera exposé aussi les premières tentatives de solutions des paysans
face à leurs différents problèmes de santé. Il est à noter qu’ils attaquent surtout les
symptômes des maladies ; d’où la limitation de leurs formules.
Tableau #18 calendrier des maladies et traitement empirique
Maladies Prin temps
Eté Automne Hiver Symptômes Traitement
Malaria + + Céphalées fièvre, myalgie Glace+ calebasse douce râpée + sel + lait de coco
Typhoide + + + Fièvre, douleur abdominale
diarrhée, vomissement
Compresse avec aloès
Grippe + + + Rhino Ree toux- fièvre asthénie
Feuille de citron + feuille d’orange sur chadron -kase sek
Asthme + + Dyspnée expiratoire Lait bouilli + anolis
IST + + + + Ecoulement prurit -brûlure mictionnelle
Feuille de trompette + feuille +Crête à coq
Conjonctivite + + Hyperhémie conjonctivale sécrétion oculaire
Rougeole + Vésicule -fièvre Feuille de corossol –amidon –clairin
Sarampion + Lésions bulleuses excoriatrices
Feuille de corossol –amidon –clairin
Sarcoptose + Prurit lésions de grattage Feuille assorossis + eau de mer
Parasitose intestinale + + + ++ Diarrhée douleur abdominale vomissement
Citron+sucre +sel de cuisine + jus de goyave
Malnutrition + + + + Poids faible pour l’age -oedème
Purée de haricot noir + lait de cabri ou bœuf + légume+ viande
HTA + + + + Céphalées dyspnée d’effort Feuille d’amande
Ictère (Jaunisse) + Jaunissement des téguments
indigo + kola
Tuberculose + + + +
Ateliers DP, juillet 2007
L’Eté est la saison correspondant à plus de maladies. Tandis qu’on retrouve moins de cas
en Automne. Les cas de malnutrition, HTA, Tuberculose, Parasitose intestinale, peuvent
apparaître pendant toute l’année. L’apparition des cas de Typhoïde et de GE (Gastro-
entérite) peut s’expliquer par la mauvaise qualité de l’eau, utilisée par la population. Et la
malaria, autrement appelée, paludisme trouve son explication dans les flaques d’eau et
gîte de moustique, retrouvées dans la zone.
En outre, si l’on pouvait avoir foi à ces données, il existerait des cas de rougeole dans la
communauté. Mais, cette pathologie à déclaration obligatoire s’échappe à la vigilance des
AS. D’ailleurs, les responsables du dispensaire de Caracol et du CDS du Trou du Nord ne
nous ont signalé aucun cas de Maladies immuno-controlables dans la région. Sauf en
2003, ils avaient un cas de diphtérie à Caracol. Cela sous-entendrait qu’on a une forte
couverture vaccinale dans la zone mais le rapport vaccinal prouve le contraire.
Ce tableau montre le rapport de l’objectif fixé et le résultat atteint concernant la
vaccination des enfants.
Tableau #19 objectif vaccinal par année pour les enfants de moins d’un an.
Vaccins Objectifs fixés Résultats atteints %
Polio 135 64 47
Rougeole “135 38 28
Diphtérie “135 64 47
BCG “ 135 47 34
Sources:Dispensaire de Caracol. Résultat de Janvier - Mai.
Le résultat des activités réalisées n’est pas trop décevant : 47% des enfants à vacciner ont
eu la chance de bénéficier du vaccin contre la poliomyélite. Mais, Seulement 28% des
enfants de l’échantillonnage reçoivent le vaccin contre la rougeole. Il faudra une
mobilisation de toutes les ressources pour un rattrapage.
Par ailleurs, autre point saillant du tableau du calendrier des maladies à souligner c’est
qu’il est rapporté des cas de Tuberculose dans la zone .Effectivement, deux tuberculeux
sont suivis au dispensaire de Caracol. Pourtant, six cas y sont attendus par année, soit un
pourcentage de 33%.
Ce ne serait pas payant de fermer cette parenthèse sans attirer l’attention sur les enfants
malnutris de la région, ont exclamé les participants aux ateliers. Même le rapport
nutritionnel du mois de Mai au dispensaire de Caracol ne prouve pas le contraire.
Tableau #20. Surveillance nutritionnelle
Groupe d’âge
Total vus Pesés Poids normal Poids très faible pour l’âge
Prise en charge
<1 an 32 21 5 7 7
1-4 ans 210 197 15 88 88
Total 242 218 20 95 95
% 90 9 43 100%
Source : Dispensaire de Caracol. Rapport du mois de Mai.
90% des enfants vus au dispensaire sont pesés. Seulement 20% de ces enfants pesés ont
un poids normal. Tandis que, 43% accusent une baisse pondérale très considérable
100% des enfants de très faible poids sont pris en charge par le dispensaire grâce à PAM.
Leur programme de récupération nutritionnelle contient à peu près 250 enfants jusqu'à la
fin du mois de Juin.
4-6 Situation de vulnérabilité à Champing
Le thème vulnérabilité a plusieurs acceptations mais dans le cas de cette étude, deux
aspects semblent nous intéresser.
Santé
Physiquement, chaque individu a des réactions différentes aux forces extérieures. Et
tout individu n’a pas le même pouvoir de défense contre les agents pathogènes. Ainsi,
les gens Immunodéprimés se voient impuissants devant les infections opportunistes.
Comparativement aux autres individus en bon état de santé, ainsi ces derniers sont
plus facilement assujettis à la mort. D’ou le terme de vulnérabilité traduisant la
faiblesse des individus face à une attaque.
Pauvreté
Par ailleurs, les groupes vulnérables sont aussi des gens marginalisés par la
société se retrouvant en situation socio-économique difficile et fragile. Ces personnes
peuvent être plus facilement victimes d’une pathologie que celles qui ont une situation
économique stable .Certaines d’entre elles se voient sans défense, sans secours et sont
laissées pour compte. Donc, la réponse à leurs besoins socio – économiques s’avère
difficile.
Dans le cadre de ce diagnostic réalisé à Champing, Section communale de Caracol, les
faits qui ont été pris en compte sont des phénomènes très préoccupants auxquels bon
nombre de familles de la zone sont confrontées. Des familles monoparentales (femmes
enceintes qui n’ont pas de maris et parfois qui ont déjà des enfants) 15 cas sont signalés.
D’autres situations sont très contrastées : des orphelins qui seraient au nombre de 100 des
personnes âgées abandonnées cent cinquante (150) ; des drogués et des jeunes non
scolarisés avec des scores respectivement deux cents (200) et deux cent cinquante (250)
approximativement. Mais on constate aussi que des handicapés se cumulent dans la zone
environ cinq (5). Des parents sans qualification vivant dans une situation économique
difficile et sans emploi sont parfois contraints de placer leurs enfants chez d’autres
familles pour contrer la misère qui les guette. Quelques témoignages en ce sens fixent le
nombre à cinquante (50).
Le tableau suivant illustre ces cas.
Tableau #21 Personnes vulnérables
Catégories Quantité Catégories Quantité
Personnes frappées de folie 6 4 10 Personnes âgées abandonnées 68 82 150 Handicapés 2 3 5 Non scolarisés 100 150 250 Orphelins 46 54 100 Enfants en domesticité 18 32 50 Drogués 187 13 200 Femmes enceintes sans maris - 15 15 Total 427 353 780 Ateliers de DP, juillet 2007
4-7 Hygiène Publique
Opposée à l’hygiène personnelle qui est confondue à l’hygiène corporelle (se brosser les
dents, se baigner etc..), l’hygiène publique se réfère à un ensemble de besoins concernant
l’ensemble de la population (Disponibilité en eau, latrines abattoirs, marchés publics
etc..).Et une société caractérisée par une mauvaise situation de l’hygiène publique est
sujette à de nombreuses maladies dont la gastro-entérite, la malaria, la grippe etc.
Le tableau suivant donne une idée de la situation de l’hygiène publique à Champing.
Tableau #22. Brève évaluation des éléments d’hygiène publique
Paramètres Disponibilité Remarque
Eau Puits coloniaux –rivières -puits avec pompe à bras
L’eau est de mauvaise qualité, source de maladies hydriques
Latrines Moins de 20% de la population en dispose
Les latrines existantes sont en mauvais état. Les gens défèquent dans la nature, source des maladies à transmission feco-orale
Programme d’assainissement
Non disponible Pas de canalisation des routes, absence de drainage -Présence des mares d’eau, présence des gîtes de moustiques -Absence d’éducation sanitaire. Risque de malaria
Abattoir Non
Cimetière Publique Non
Marché public Non
Services de voirie Un service de voirie très peu équipé n’existe que dans la ville de Caracol
Malgré l’absence des services de voirie à Champing, on n’y a pas remarqué l’accumulation des immondices.
Officier sanitaire Pas d’officier sanitaire à Caracol
Manque d’éducation sanitaire –manque de contrôle des vecteurs (Moustique -Mouche) d’où la prévalence de Malaria, de parasitose intestinale etc.…
Ateliers de DP, juillet 2007
Tableau #23. Atouts, contraintes et opportunités du secteur Santé et de l’hygiène publique à Champing Atouts Contraintes Opportunités
.Dispensaire de Cahesse
.3 agents de santé
.3 matrones
.10 guérisseurs traditionnels
2 Charlatans
.Disponibilité en eau
Plantes médicinales
Accessibilité de la zone
Quelques latrines
.Mauvaise qualité de l’eau
.Route en mauvais état, non canalisée
.Manque d’encadrement des matrones, des agents de santé et des guérisseurs
.Sous exploitation des plantes médicinales
.Manque de matériels, équipements et de personnels aux dispensaires
.Mauvais entretien et manque de latrines
.Absence d’abattoir, marché et de cimetières publics.
Absence d’officier sanitaire dans la région
Faiblesse des services de voirie
North Haiti Mission
.PAM
.UNICEF
.USAID
.CDS
.FAES
.FONKOZE
Ateliers de DP, juillet 2007
4-8 Problèmes de santé affectant les enfants et les adultes de Champing
Les taux d’incidence et de prévalence de la malaria sont élevés dans la zone
Les cas de gastro-entérite causant de la diarrhée surtout chez les enfants sont en
nette progression dans la zone
La qualité des services de soins de santé est faible dans la zone
4-9 Attentes des habitants de Champing du secteur sanitaire
A travers la carte de rêve, Les habitants de Champing ont exprimé leur attente d’une
nouvelle communauté. Ils espèrent un Champing , muni d’un Centre de santé équipé,
d’un système d’adduction d’eau potable, des latrines individuelles et communautaires
bien entretenues, un cimetière et un marché publics. Ainsi, ils pourront vivre dans un
environnement sanitaire sécurisant et bénéficier d’une meilleure qualité de vie.
5- ECONOMIE FAMILIALE
En fonction de la réalité du milieu, chaque communauté pour sa survie établit son
système d’organisation, ainsi la réalité économique des ménages de la première section
Champing, commune de Caracol, est basée sur les paramètres de production suivants : la
pêche, l’élevage, l’agriculture, le bois, le sel marin, le petit négoce, le commerce
transfrontalier et les métiers. Il faut citer en plus les transferts qui sont un autre facteur
tout aussi important dans l’économie des ménages de la zone
5-1 Sources Primaires de revenus pour les ménages
Pêche
L’une des principales sources de revenu des ménages dans la première section Champing,
commune de Caracol, est la pêche. Les participants aux ateliers ont affirmé que cette
activité se déroulait sur les douze mois de l’année, de jour comme de nuit. La majorité
des produits obtenus de la pêche sont vendus immédiatement à des marchandes venues de
Caracol, Trou du Nord, Limonade qui font le guet à proximité des côtes. Cependant,
certaines pêches sont revendues en République Dominicaine, il s’agit de celles des
crustacés et de lambis.
Les pêcheurs ont estimé leur rendement entre 8-12 livres de produits de fruits de mer par
pêche. Chaque pêche dure 2 jours. La livre de poisson est vendue sur place autour de 10
gourdes a confié des pêcheurs.
Selon les représentants des habitations de Bas Saline et Madras, les pêcheurs de la baie
de Caracol, peuvent capter trois types de produits de fruits de mer : des poissons, des
crustacés et des lambis, dépendant des équipements et matériels de pêche dont ils
possèdent.
a. Les poissons se divisent en deux catégories :
Les poissons de premier choix, composés des poissons colorés lutjanidés et
serranidés et certaines espèces pélagiques comme les carangues et barracudas, de
taille moyenne à élevée, sont vendus sur le marché du Cap-Haïtien (hôtels et
restaurants).
Les poissons de deuxième choix, constitués de poissons de petite taille ou petits
pélagiques, sont vendus frais, salés ou séchés sur les marchés de Caracol, Trou du
Nord, Cap-Haïtien et Limbé.
b. Les crustacées composées de crevettes, langoustes et crabes sont vendus sur le marché
transfrontalier et dans les hôtels et restaurants du Cap-Haïtien.
c. Quant aux lambis, ils sont destinés aux mêmes marchés que les crustacées
En Haïti, toute la production de fruits de mer est destinée à la consommation humaine. En
général, la consommation nationale est estimée par la FAO à environ 2.6 kg/an/habitant,
mais dans les zones côtières comme Caracol cette consommation dépasse de loin la
moyenne nationale. Certains participants avouent qu’ils mangent du poisson presque tous
les jours et à chaque pêche au moins 40% de la production sont consacrés à
l’autoconsommation.
La production de fruits de mer de la baie de Caracol suit deux grands circuits de
commercialisation par rapport à leur qualité et leur marché de destination.
Circuit I
Marché de Caracol------Trou du Nord----- Cap-Haïtien----- Limbé
Marché Caracol-- Cap-Haïtien (hôtels, restaurants)
Circuit II
Marché Caracol--- Marché transfrontalier
Au cours de l’entrevue semi- structurée, les participants ont avoué que le marché
transfrontalier est de loin le plus intéressant mais les revenus générés n’ont servi qu’à
alimenter la famille quotidiennement et à répondre parfois à certaines obligations
familiales inattendues. Ils disent aussi que le revenu de la pêche même s’il est faible
correspond à la situation économique précaire des ménages étant donné que c’est un
revenu qu’ils gagnent au jour le jour.
Elevage
En second lieu, l’élevage occupe la deuxième place dans l’échelle des revenus Cette
activité est dominée par trois espèces d’animaux:
a) cabri que les gens de la zone considèrent comme le recours le plus sûr pour
satisfaire leur besoin d’argent en cas d’urgence. Un cabri dépendant de sa taille se
vend dans la zone entre 1000 et 2000 gourdes.
b) Bœuf élevé à la fois pour la production de chair et surtout du lait, constitue aussi
une source de revenu fiable pour les habitants de Champing. Les distributeurs de
lait à gogo de Veterimed sont les principaux acheteurs. Il existe aussi d’autres
acheteurs venant du Trou du nord, Limonade et Terrier- Rouge, qui sillonnent
chaque jour aux premières heures de la martinée toute la section à la recherche du
lait frais. Le gallon est vendu entre 60 et 75 gourdes.
c) Porc, élevé pour la production de la viande, est encore une source de revenu fiable
pour les ménages, sa reproduction se fait rapidement, en un an une truie bien
entretenue peut donner trois portées de 6-15 petits par portée. Dans certains cas
les petits sont vendus avant la mise bas entre 400 et 500 gourdes par unité.
Il est à noter qu’il n’existe pas un point fixe de vente pour les animaux au niveau de la
section, les personnes qui font le commerce des bestiaux, communément appelées
Artisans par la communauté, viennent trois fois par semaine, Mardi, Jeudi, Samedi dans
la zone et s’identifient à la population par une corde en main.
Sel marin
Le sel marin est classé troisième source de revenu des ménages au même rang que
l’agriculture. Il est produit par évaporation de l’eau de mer sous l´action combinée du
soleil et du vent, de juillet à septembre. Cette activité crée des centaines d’emplois pour
les femmes et les enfants au moment du ramassage. Le sac de sel de 100 livres se vend
dans la zone entre 100 et 125 gourdes.
Agriculture
Une autre activité économique d’importance est l’agriculture. Cependant, c’est une
source de revenu qui est liée aux aléas climatiques. Sécheresse et inondations très souvent
font perdre la récolte. La majorité des produits agricoles récoltés sont autoconsommés
dans l’exploitation à l’exception du haricot et de la pistache dont la plus grande part
environ 70% sont vendus sur les marchés. Les autres denrées comme la banane, le maïs,
le manioc, le pois inconnu et la patate douce contribuent aussi à la constitution du revenu
monétaire des agriculteurs mais à un degré moindre. Ces produits, en général, sont gardés
pour la consommation familiale.
Bois
a. Charbon. Exploité pour le charbon de bois et bois de chauffage, l’industrie du bois
travaille à plein rendement dans la zone. Les espèces forestières dominantes ; bayahonde
et palétuviers, fournissent un charbon de qualité très appréciée par le consommateur.
Environ 2000 sacs de charbon de bois 35 kilos/sac sont transportés chaque semaine vers
Cap-Haïtien et Port-au-Prince. Les acheteurs viennent de Caracol, Cap-Haïtien, Trou du
Nord, Terrier Rouge, Ils achètent le sac de 35 kilos entre 200 et 250 gourdes. Le coût du
transport varie de 25-50 gourdes par sac dépendant du lieu de destination sur le tronçon
Caracol - Cap-Haïtien. Les autres dépenses sont : la manutention 10 gourdes, les frais de
dépôts et de sécurité allant jusqu’à 500 gourdes par camion au marché du Cap-Haïtien.
Le sac de 35 kilos dont le prix de revient se situe autour de 320 gourdes est revendu au
Cap-Haïtien entre 400-et 500.
Structure des coûts
Achat du sac de 35 Kilos 200-250 gourdes
Manutention 10 gourdes
Transport 25-50 gourdes
Frais de dépôt et de sécurité 250 gourdes/ camion
Prix de revente 400-500 gourdes
Circuit du charbon
Le Charbon produit à Champing passe par des marchés de relais avant d’atteindre les
grands marchés urbains du Cap-Haïtien et de Port-au-Prince. Une partie de
Caracol---Marché Trou du Nord --- Marché Cap-Haïtien-- Marché Port-au-Prince
Une partie de la production est consommée à chaque niveau de la chaîne. Selon les
estimations des participants dans les ateliers, la consommation finale à chaque point de
relais serait de :
Caracol 5%
Trou du Nord 10%
Cap-Haïtien 50%
Port-au-Prince 25%
Exportation vers Providenciales, Bluehill 10%
Total 100%
Acteurs du circuit
La filière du charbon comporte diverses ramifications :
Propriétaire du bois ----- Charbonnier (meulier) ----collecteur (madame sara) ---
Transporteur---Grossiste---- Dépôt---- Détaillants---- consommateur final.
La distribution des revenus du charbon aux intervenants se présente comme suit pour le
sac de 35 kilos :
Tableau #24. Répartition des revenus dans la filière
Intervenants Niveau de Revenu (gourdes) % Propriétaire du bois 120 5 Charbonnier 200 9 Collecteur (Madame sara ) 250 11 Transporteur 300 14 Grossiste 350 16 Dépôt 400 18 Détaillant 600 27 Total 2220 100
b. Bois de chauffage. Quant au bois de chauffage, il est surtout consommé par les
blanchisseries et les boulangeries, en particulier celles du Cap-Haïtien. Le bois coupé
dans les mangroves est transporté sur des canots au Cap-Haïtien. Entre 3 et 5 canots de
palétuviers sont expédiés par semaine vers la métropole du Nord. Le prix du canot varie
entre 10000 et 12500 gourdes.
5-2 Sources de revenus tertiaires
Commerce transfrontalier de crustacés
Ce marché concerne surtout les produits de pêche nobles, en particulier, le homard, la
langouste, les crevettes, le chat rouge et le lambi. Des Pêcheurs marchands, transportent
par camion, chaque semaine, de juillet à Mars, plus de 2000 livres de fruits de mer vers la
frontière. Les pêcheurs nous ont même confié que la demande des produits de pêche de la
part des Dominicains est beaucoup plus élevée que l’offre et les prix sont bons. A titre
d’exemple, un livre de homard qui coûte à Madras 125 gourdes se vend 400 pesos en
République Dominicaine soit l’équivalent de 665 gourdes. Il arrive que des acheteurs
dominicains parfois avancent de l’argent aux pécheurs haïtiens pour avoir le monopole
des achats.
Petit négoce
C’est un marché de faible investissement dominé par la vente des produits de premières
nécessités : pain, sucreries, produits alimentaires en détails, produits de lessive, boissons
gazeuses…en petite quantité. Ces marchands ont un chiffre d’affaires variant entre 1000-
15000 gourdes.
Métiers
Ils regroupent dans la section des tailleurs et couturières, ébénistes, maçons, professeurs
d’écoles, artisans, matrones, taxis moto, chauffeurs, bouchers, charbonniers, hougans. En
dehors des professeurs qui ont un salaire régulier, les autres sont payés à la tache pour le
service fourni.
Transferts
Ils arrivent surtout de la République Dominicaine où s’émigrent les travailleurs agricoles
pendant la Safra. Des transferts arrivent aussi de Bluehill, des Etats-Unis et du Canada.
La majorité des familles ont un des leurs dans l’un ou l’autre de ces pays d’accueil
précités.
5-3 Calendrier des revenus et des dépenses
Comme dans tout système économique, les ménages de Champing participent à un
ensemble d’activités économiques dans le but de générer des revenus répondre à leurs
besoins de dépenses actuelles et futures. Ces activités, en grande partie, d’origine du
secteur primaire, ayant une faible valeur ajoutée n’ont pu créer la quantité de richesses
nécessaires et suffisantes pour améliorer leurs conditions de vie des ménages. Pour faire
face à ces dépenses, beaucoup d’entre eux ont émigré soit vers d’autres régions du pays,
soit dans d’autres pays du continent à la recherche d’un mieux être.
Le tableau qui suit est un sommaire des principales sources de revenus des ménages. Il
renseigne sur les périodes de l’année où les disponibilités d’argent sont plus importantes
dans les familles.
Tabeau #25a. Calendrier des revenus
Mois Sources
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Pêche xx x x x x x xx xxx xxx xx xx xx Commerce x x x x x xx xx x xx x x xx Sel x xx xxx xx x x x Agriculture x x xxx xxx xx x xx x x x x x Elevage x x x x x xx x xx xxx x x xx Charbon xx xx x x xx x x x xx x xx xx Vente de M.O. x x xx xx x x x x x xx xx xx Métiers x x x x x x x x x x x xx Taxis x x xx x x xx xx x xx xx x xx Transferts x x x x x x xx x x x x xx
Tableau #25b. Calendrier des dépenses
Mois Sources
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Education x x x x x x xx xx x x Nourriture xx xx xx xx xx xx xx xx xx xx xx xxx Maladies x x x x x xx xx x x x x x Hougan x x x x x x x x x x x xxx Habillement xx xx xxx Loisir x xx xx Jardin xx xxx xx xx xx xx x Entretien de la maison
x xx xx
Epargne xx xx Transport x x x x x xx xx x x xx x xx Jeux de hasard x x xx x x x xx x x x x xx
En analysant le calendrier des revenus pour une période d’une année, on découvre que les
sources sont très diversifiées et ne sont pas reparties de façon uniforme sur la période
considérée. Les entrées sont plus florissantes de juillet à septembre et de décembre à
janvier, par contre, elles sont maigres en février, mars, avril et mai. Ces revenus
proviennent de la pêche, du sel, de l’élevage, de l’agriculture, du commerce, de
l’exploitation du bois sous forme de charbon et bois de chauffage, des services comme la
vente de main d’œuvre, les transports et des transferts.
Parallèlement, les dépenses suivent le même chronogramme. Elles sont plus importantes
en juillet avec la fête patronale et le retour des jeunes qui étudient au Cap-Haïtien ou
ailleurs, en septembre et octobre avec la rentrée des classes, en décembre avec les fêtes
de fin d’année. Les dépenses peuvent être rangées en trois catégories : a) dépenses
occasionnelles ou imprévues, b) les dépenses régulières, c) les dépenses saisonnières.
Le tableau qui suit est une tentative de regroupement des dépenses de part leur nature.
Tableau #26. Nature des dépenses
Dépenses Régulières Saisonnières Occasionnelles/ imprévues
Hôpital X Ecole X Communion X Jardin X Funérailles X Matériels de pêche X Main-d’œuvre J. X Construction Transport X Alimentation X Vêtements X Loisirs X ameublement X Voyages à l’étranger X Mariage X Entretien de la maison Produit de beauté et hygiène X Hougans X Total 4 7 5 Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
Le tableau reflète aussi le niveau de planification que l’agriculteur a su faire montre dans
la gestion de son exploitation pour s’adapter à son environnement social. .
5-4. Emploi quotidien du temps par sexe
L’emploi du temps quotidien dans les familles de la première section Champing est défini
selon les activités socioéconomiques, culturelles et religieuses réalisées par les familles
tout en constatant de petites variations au niveau de certaines habitations liées par des
pratiques classées dans la catégorie des loisirs qu’on ne peut pas généraliser à l’ensemble
des gens de toute la communauté. En guise d’exemple, le tableau suivant nous donnera
une idée générale sur l’emploi quotidien du temps par sexe. Cependant, dans les familles
monoparentales, les deux sexes font les mêmes activités.
Tableau #27. Emploi quotidien du temps par sexe dans la première section Champing
Horaire Activités Garçon Femme Garçonnet Fillette 4 :00– 12 :00 AM Aller à la pêche X Entretien du bétail X x Chercher du bois X x Chercher de l’eau X x x Aller au jardin X X x Faire la vaisselle X x Préparer le petit déjeuner X x Se Préparer pour aller
l’école x x
Aller au marché X x 12 :00 –6 :00 PM Préparer le repas X x Raccommoder les filets X Faire la sieste X X x x Surveiller les études des
enfants X X
Etudier x x Prendre soin du bétail X x Aller à l’église X X x x Se distraire X X x x 6 :00PM-8 :00pm Faire hygiène des enfants X Faire les lits X x Prier X X x x Aller se coucher X X x x
Source : Atelier DPSC de Champing
A la lumière de ce tableau, on se rencontre que la réalisation quotidienne des tâches dans
l’exploitation est partagée entre tous les membres de la famille, chacun apporte sa
contribution, mais que certaines d’entre elles sont réservées au sexe masculin et d’autres
au sexe féminin.
5-5. Niveaux de Pauvreté dans la communauté
Le niveau de pauvreté de la première section Champing commune de Caracol est
relativement élevé. En témoigne, la carte de pauvreté qui classe la commune de Caracol
selon le niveau d’accès de la population aux services sociaux de base dans la catégorie
des communes qui reçoivent une faible assistance de l’Etat. Cependant, cette situation est
encore pire pour Champing qu’on serait plus à l’aise de le classer dans la catégorie des
extrêmement faibles. Selon l’interview semi structurée réalisée avec plus de cinquante
personnes dans les différentes habitations de la section communale, 10% des gens
témoignent qu’ils peuvent avoir accès à manger une à deux fois par jour, 60% une fois
par jour et 30% au hasard, ce qui revient à dire qu’une grande partie de la population
souffre de malnutrition.
Sur le plan éducatif, malgré que l’éducation primaire est quasiment gratuite dans
la zone .environ 15 à 20% des enfants ne vont pas à l’école pour des raisons diverses :
manque de moyens économiques des parents, la distance des écoles par rapport au lieu
d’habitation exigeant bien souvent des moyens de transport. En outre, on apprend d’après
cette même entrevue qu’environ 40% des enfants ne vont pas à l’école après la classe de
Certificat en raison des difficultés économiques que connaissent leurs parents. La seule
alternative qu’ont ces jeunes est d’aller au lycée de Caracol qui arrive en neuvième année
fondamentale.
Sur le plan sanitaire, la population n’a pas accès à un bon service de santé de base.
Les raisons évoquées par la communauté sont l’absence d’un service médical public et
l’incapacité des familles à pouvoir payer des soins privés dans des cliniques médicales à
Milot, Cap-Haïtien, Jacquesil etc.
5-6. Division des tâches dans le foyer selon le sexe et l’âge
Dans les zones rurales, compte tenu du faible revenu des ménages, les foyers
s’organisent pour accomplir les tâches dans l’exploitation de par eux-mêmes en prenant
en considération les activités appropriées à l’homme, la femme et les enfants des deux
sexes. Le tableau suivant donnera une idée de la division des tâches dans le foyer selon le
sexe et l’âge.
Tableau #28. Division des tâches dans le foyer selon le sexe et l’âge
Tâches Père Mère garçonnet Fillette Travaux de ménages à la maison ↑ ↑ Préparation de repas ↑ ↑ Entretien du bétail ↑ ↑ Education des enfants ↑ ↑ Faire des jardins ↑ ↑ ↑ ↑ Couper du bois ↑ ↑ Lavage / repassage des vêtements ↑ ↑ Transport de l’eau ↑ ↑ ↑ ↑ Aller au marché ↑ ↑ Etudes surveillées des enfants ↑ ↑ Faire la pêche ↑ ↑ Raccommoder les filets ↑ ↑ Vendre des animaux ↑ Acheter les semences ↑ ↑ Nettoyer les bassins de sel ↑ ↑ Ramasser du sel ↑ ↑ Vendre les récoltes ↑ ↑ Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
5-7 Niveau de bien-être
Le niveau de bien-être des résidents de la première section Champing commune de
Caracole est défini en prenant en considération les paramètres suivants.
a)Type d’habitat : l’analyse du transect réalisé au niveau de la section montre que
quatre vingt pour cent (80%) des maisons construites au sein de la communauté sont en
terre battue avec des toitures en tôles, quinze pour cent en terre battue avec des toitures
en paille et cinq pour cent en blocs avec des toitures en tôles plafonnées ou en béton.
Dans l’entrevue que nous avons eu avec la communauté au cours de la réalisation du
transect, les gens expliquent que les personnes qui tombent dans la catégorie des cinq
pour cent se considèrent comme des grands dons tenant compte du niveau économique de
la zone.
b) Accès à la terre : selon la réalité de la tenure foncière existante dans la zone
Champing, on révèle que plus de quatre vingt pour cent des terres sont des propriétés de
l’état, ce qui explique que n’importe qui peut avoir l’accès à la terre dans la communauté.
Cependant, une personne qui travaille sur sa propriété privée et l’état en même temps est
considérée comme grand don dans la mesure où elle exploite une superficie égale ou
supérieure à cinq carreaux.
c) Quantité de têtes de bétail : La réalité économique existant dans le secteur
élevage au niveau de la zone explique qu’une personne qui possède 15 à 25 bœufs, vingt
cinq à trente cinq cabris et plusieurs douzaines de volailles est considéré comme une
personne riche, trois à quatre bœufs, cinq à dix cabris et une douzaine de volaille est
considéré comme niveau moyen et pauvre ceux qui possèdent un bœuf en gardiennage,
un à deux cabris et quelques volailles.
d) Education : Selon l’étude réalisée au moyen de l’interview semi structurée sur
plus d’une vingtaine de personnes, le niveau d’éducation des gens habitant dans la section
n’atteint pas plus que la classe de Certificat. Certains parents pour obvier à ce problème
envoient leurs enfants qui arrivent en secondaire à Caracol, Trou du Nord, Fort- liberté,
Cap-Haïtien et même à Port-au-Prince. Par ailleurs, à côté du manque de moyen
économique des parents, il faut signaler un autre problème assez grave qui conditionne le
niveau d’éducation atteint par la majorité des jeunes de la zone, s’agit –il de la grossesse
prématurée qui affecte les deux sexes à la fois.
d) Moyen de transport: Le moyen de Transport le plus commun dans la zone Champing
est la bicyclette et la motocyclette. On trouve chez quelques agriculteurs l’utilisation des
animaux domestiques dans le transport des produits agricoles depuis les champs vers la
maison. Cependant, selon la réalité économique de la section Champing, les ménages qui
possèdent à la fois une motocyclette, une bicyclette et un véhicule à moteur privé ou
public sont placés dans la première classe, en comparaison avec les gens qui possèdent
uniquement un moto dans le niveau moyen et ceux qui possèdent uniquement une
bicyclette ou non dans la dernière catégorie.
e) Matériels de pêche. La possession de senne avec canot à moteur ou de filet avec canot
à moteur est un indicateur de richesse d’après les participants à l’atelier sur le niveau de
bien-être. Selon eux, un faible pourcentage de pécheurs, soit environ 4-5% sont en
mesure d’investir dans l’achat de ces matériels. il existe une deuxième catégorie de
pécheurs qui travaillent avec du matériel artisanal comme un corallin, des filets à
maillants et des nasses. Ce groupe représente à peu près 25% des pécheurs. Les
participants ont fait mention d’un groupe de pêcheurs qui ont en sa possession une ligne
et travaillent avec ceux-la qui font la pêche sur des canots avec senne ou filet. C’est dans
cette classe que se trouve la majorité des pêcheurs soit environ 60%. La dernière
catégorie comporte les pêcheurs qui travaillent uniquement à bord des canots de pêche
Bassin sel c’est un autre facteur déterminant dans l’évaluation du niveau de bien-être des
habitants de Champing. Les personnes qui ont des moyens économiques stables peuvent
posséder jusqu'à 6 bassins de sel. Cette catégorie se chiffre à environ 2%. La deuxième
catégorie possède entre 1-2 bassin de sel. La troisième et quatrième catégorie sont
constituées de personnes travaillant dans le sel.
Tableau#29. Répartition de la population par rapport aux critères de bien être
défini plus haut
Critères Grands dons 4% Niveau intermédiaire
25%
Pauvres 60% Les plus pauvres
11%
Habitat Parois en blocs sur
100-150m² de surface
Toiture en tôles
métalliques
Parois en bois sur 60-
70m² de surface
Toiture en tôles
métalliques
Parois en bois sur 30-
40m² de surface.
Toiture en tôles
métalliques
Ajoupa
Matériels pêche Senne, filet, canot à
moteur, grosses
nasses
Filet, corallin, petites
nasses
Travailleurs de pêche Travailleurs
de pêche
Bassin sel 3-5 bassins 1-2 bassins Travailleurs Travailleurs
Accès à la terre 5 carreaux et plus 3-5 carreaux 1-3 carreaux Moins d’un carreau
Bétail 15-25 bœufs, 25-35
cabris
5-15 bœufs, 10-25
cabris
1-5 bœuf
3-10 cabris
1 bœuf et 2-3 cabris
Education Enfants étudient au
Cap-Haïtien ou à
Port-au-Prince
Enfants étudient à Trou
du Nord, Caracole,à
Fort- Liberté, Cap-
Haïtien
Enfants étudient ou
pas à Champing,
Caracole ou Trou du
Nord
Enfants ne vont pas à
l’école
Transports Moto et Bicyclette
Cheval
Bicyclette, cheval Taxis, à cheval, à pied, Taxis, à pied
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
6- AGRICULTURE .6-1. Production agricole 6-1-1 Facteurs de la production agricole. I. La terre. La production agricole d’une région dépend aussi bien de la surface des terres
disponibles et exploitées que de la qualité de ses terres.
i. Mode de tenure et superficie cultivée.
La carte de tenure foncière préparée par la population montre que l’état est le principal
propriétaire terrien dans la section communale de Champing. Il possède de plus grand
domaine dans 15 des 21 habitations de la section.
Le mode de tenure le plus dominant sur les terres cultivées est celui de « terre de
l’état » avec 62% des surfaces exploitées, suivi de la propriété privée 32% et de
l’affermage 4%.
Par ailleurs, le résultat d’un sondage mené auprès des cultivateurs de Champing
montre que la tendance par rapport la superficie des terres dont les agriculteurs
disposent pour pratiquer l’agriculture et l’élevage est de deux (2) carreaux, morcelés
en deux ou trois parcelles (la moyenne étant de 2,47) ;.
ii. Qualité du sol.
Le sol de Champing est de texture sablo limoneux, de couleur gris noir, très profond.
La végétation qui s’y trouve indique sans nul doute que le sol a un PH basique. Cette
zone de basse plaine est souvent inondée. Les dépôts de sédiments fins transportés par
les inondations contribuent certainement à maintenir la fertilité du sol. Référence carte
de potentialité des sols
II. Eau.
Malgré la présence de la rivière Moreau qui jadis, était utilisée pour irriguer une bonne
partie de la plaine, on ne pratique aujourd’hui que de l’agriculture pluviale ; exception
faite pour de rares particuliers qui utilisent l’eau de la nappe phréatique à l’aide de
pompe à énergie électrique pour irriguer de petites parcelles de production de cultures
maraîchères, comme c’est la cas d’un groupe de planteurs de Cahesse qui bénéficient
de l’appui technique d’un ONG.
.
III. Outils et équipements.
Pour effectuer leur travail, les agriculteurs utilisent des outils de différents niveaux de
perfectionnement qui sont achetés dans le commerce ou loués à des particuliers. Le
tableau #28 présente les principaux outils utilisés à Champing ainsi que les principaux
lieux d’approvisionnement.
Tableau # 30. Principaux outils et matériels agricoles utilisés à Champing Outil Durée de vie
(année) Prix (gourde) Principaux lieux
d’achat Principale utilité
Houe 2 75, 150 ou 250 Trou du Nord Sarclage, semis Machette (couline) 2 250 Trou du Nord Désherbage,
bouture Charrue à traction animale
5-6 10000 Fournie par un ONG (GRADES)
Labourage
Tracteur 10 500000 Labourage Pioche (Derapine) 3 à 5 300, 500 T. du Nord,
Jacquesil, Cap Plantation, canalisation
Machette 2-3 300 Trou du Nord, Jacquesil, Cap
Plantation, récolte, coupe d’arbre
Hache 5 700 ou 1000 Trou du nord Coupe des arbres Râteau 2-5 150 Trou. du Nord Plate bande,
Ramassage Pelle 3-5 250 Trou. du Nord Plate bande,
Charbon de bois Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
IV. Semences
Le tableau #28 présente les informations rapportées par les planteurs de Champing sur
l’origine des semences des principales espèces cultivées dans la section. On constate
que les semences sont surtout achetées dans les marchés des régions avoisinantes et
parfois dans les marchés de la République dominicaine pour les cultures maraîchères.
On n’a point besoin de signaler que dans ces conditions, les agriculteurs de Champing
ne peuvent pas disposer de semences de qualité.
Tableau #31 Origines des semences des principales espèces cultivées. Semence Origine
Planteur Marché
Haricot --- X Au Pêche Maïs x Xx Trou du Nord Pois nègre --- X Trou du Nord, Terrier Rouge, Mont
Organisé Arachides x Xx T. du Nord, Terrier Rouge, Pêche Manioc x --- Pois Congo x Xx T. du nord. Banane x --- Limonade, Trou du Nord Calalou gombo x Xx Terrier Rouge Tomate --- X R. dominicaine, St. Raphaël Calebasse douce x --- Terrier Rouge Epinard xx X Terrier Rouge Giraumont xx X Terrier Rouge
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
--- : pas de semence, x : origine xx : origine principale
Ces deux derniers paragraphes (Semences, outils et équipements) expliquent l’intérêt des
agriculteurs de la section pour établir une banque de semences ou une boutique d’intrants
agricoles à Champing.
V. Travail
Plusieurs stratégies sont utilisées par les agriculteurs de Champing pour travailler leur
terre. Ils ont recours à la force de travail de l’homme, la traction animale et à
l’utilisation de tracteur.
a) Main d’oeuvre.
La main d’oeuvre est utilisée dans toutes les étapes de la production agricole. Elle est
fournie aussi bien par la famille que par des travailleurs étrangers à la famille. La main
d’oeuvre externe constitue la principale force de travail agricole. Elle est présentée sur
quatre (4) formes comme le montre le tableau #29
Tableau #32. Main d’oeuvre externe : forme et coût. Forme Coût unitaire
Gourde Autre Homme - journalier 100 Associé 250/¼Cx Nourriture * Coumbite --- Nourriture * Associé (Ramponeau) --- Nourriture (facultatif) Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
* Le coût de la nourriture est estimé à 50 et 60 gourdes par personne pour journalier et coumbite respectivement. L’homme journalier est la forme de main d’oeuvre la plus courante et la plus onéreuse.
Elle est constituée surtout de personnes venant des zones de montagne avoisinant Sainte
Suzanne. La plupart d’entre elles vont se retourner dans leur endroit respectif au
printemps ; période de démarrage du cycle cultural dans ces régions.
L’associé est un travailleur qui reçoit d’un agriculteur un contrat pour exécuter une tâche
agricole, en particulier les travaux de préparation de sol. Il peut à son tour embauché
d’autres travailleurs pour exécuter la tâche qu’on lui a confié.
Coumbite: c’est une forme de main d’œuvre non payée née de la solidarité existant entre
les membres d’une communauté. Par exemple, quand un membre de la communauté a un
gros travail à réaliser, il demande à ses amis de venir l’aider pendant une journée et leur
donne à manger pendant le travail.
Ramponeau : Le système est composé d’agriculteurs, regroupés en association pour
travailler dans leur propre jardin. En général, le groupe est composé de 5-6 personnes, ils
sont aussi appelés des associés par la communauté. Chaque membre du groupe bénéficie
d’une journée de travail au cours de la semaine.
b) Traction animale
A Champing on trouve 7 charrues à traction animale appartenant aux cultivateurs
c) Tracteur
Les agriculteurs utilisent parfois le service de deux tracteurs appartenant à un résident de
Trou du Nord. Cependant, ces tracteurs ne sont pas toujours disponibles.
6-1-2 Calendrier agricole.
Le calendrier agricole de Champing s’accommode à la pluviométrie de la région. En
effet, le climat de la section permet de réaliser annuellement deux saisons de culture. La
plus importante saison commence en automne et la petite débute au printemps.
Les travaux agricoles de la première saison commencent surtout au mois de novembre
(ou fin d’octobre) peu avant ou dès le début de la première pluie. D’octobre à décembre
se déroulent les travaux de préparation de sol. Lorsque le labour se fait par des tracteurs
ou par la traction animale (surtout si les mauvaises herbes ne sont pas trop développées)
on ne réalise pas le désherbage qui précède généralement le labour à la pioche.
Cependant, les mois de novembre et décembre seraient la période idéale pour les
plantations.
En janvier se réalisent principalement les opérations de sarclage et d’entretien. Ces
opérations peuvent commencer dès décembre dans les premières plantations de
novembre. La récolte peut commencer à la fin de février avec le haricot et le pois congo
mais les grandes récoltes viennent surtout en mars – avril avec les principales cultures
comme le maïs, le haricot, le pois inconnu, l’arachide ou des cultures de peu
d’importance comme la patate douce et l’épinard.
Au cours des mois de mars à mai se déroulent également pour la petite saison, les travaux
de mise en culture et d’entretien du maïs, d’arachides et d’autres espèces de cycle cultural
plus long comme la banane et le pois congo. Au cours des mois de juin à août on récolte
surtout le maïs et l’arachide semés au printemps.
Tableau #33. Calendrier agricole Cultures Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre Haricot S, Sc R R p P, S, S, Sc P. inconnu S, Sc R R p P, S S, Sc Maïs Sc R R, P, S R, Sc Sc R R p P, S S, SC Manioc Sc, SC Sc Sc p P, S, R P,S, R Arachide Sc, S Sc P, S R Sc R SC, R R R p P,S P,S Banane SC R R R R, P, Sc R R, Sc Sc p P,S P,S, Sc P.cogo Sc, R Sc S Sc R R p P,S P,S, Sc,R C Gombo Sc R R R p P, S P, S, Sc Patate S,Sc Sc R R R p P P,S Epinard Sc R R R R p P, S P, S, Sc Tomate R R R p P, S SC Giraumont R R P, S Sc Calebasse douce R R P, S, SC, R Piment Sc Sc, R R R S,P S,P Aubergine Sc R R R S,P S,P, SC
Légende : P : Préparation de sol, S : Semis/Plantation Sc : Sarclage R : Récolte
6-1-2-1. Disponibilités en travail.
D’après la description faite aux paragraphes précédentes et selon les informations
rapportés en annexe 3, on peut voir que les agriculteurs sont très occupés au cours des
mois d’octobre, de novembre et de décembre, un peu moins aux mois de janvier et de
février. Les activités redeviennent intenses en mars et avril pour diminuer en mai. Les
mois de juin à septembre correspondent à une période de très faible activité pour les
agriculteurs.
Parallèlement, le besoin élevé en main d’oeuvre au cours des premiers mois de la
principale saison de culture correspond à l’arrivée de la main d’oeuvre externe provenant
hors de la section de Champing. Cette main d’œuvre externe devient rare à partir du mois
de mars qui correspond au début de la saison de cultures dans les hauteurs de Sainte
Suzanne, d’où viennent les travailleurs agricoles. Ce qui explique la rareté de main
d’œuvre qui parait plus importante aux mois de mars et d’avril par rapport à novembre et
décembre.
Pour y faire face, les agriculteurs développent de nouvelles stratégies comme par
exemple l’utilisation plus opportune de la main d’oeuvre familiale, le paiement au
préalable des ouvriers agricoles d’une partie du coût de la main d’oeuvre.
6-1-3 Espèces végétales cultivées.
6-1-3-1 Les plantes annuelles
Les plantes annuelles constituent les principales espèces cultivées dans la section de
Champing. On a dénombré plus de vingt cinq (25) espèces que l’on se propose de classer
en cinq (5) groupes.
- Le groupe des légumineuses dominé par le haricot, le pois nègre et l’arachide et le
pois congo. Les trois premières espèces constituent les principales cultures de rente
de la région.
- Le groupe des graminées représenté surtout par le maïs et la canne à sucre.
- Le groupe des tubercules dominé largement par le manioc qui joue à côté des
légumineuses le rôle de principale culture de rente. On y trouve aussi de la patate
douce.
- Le groupe de la banane représenté par le plantain qui est de loin la variété la plus
cultivée dans la section.
- Le groupe des plantes légumières représenté par un ensemble d’espèces dont les plus
importantes sont : le giraumon, le calalou combo, la calebasse douce, l’épinard.
On doit enfin rappeler que le haricot, le maïs, l’arachide, le pois nègre et le manioc, sont,
selon les cultivateurs, les espèces les plus parmi les plantes annuelles.
6-1-3-2 Les arbres fruitiers.
A Champing, la culture des arbres fruitiers n’est pas bien contrôlée, aucun soin spécial ne
leur est apporté. On retrouve les fruitiers généralement disséminés au hasard dans la
section. De nombreuses espèces y interfèrent avec les cultures annuelles parmi lesquelles
le manguier occupe le premier rang. Mais, les variétés de mangues rencontrés à
l’exception de la mangue trò dous, ne sont pas de grande valeur économique sur le
marché local et ne peuvent pas être exportées comme la variété ‘’Francisque’’ sur le
marché international.
6-1-4 Méthodes culturales
6-1-4-1 Association de cultures.
On peut sans risque de se tromper, affirmer qu’on pratique à Champing de l’agriculture
de subsistance avec la production de certaines espèces comme le haricot, le manioc,
l’arachide, plutôt destinées à la vente. Dans ces conditions, les agriculteurs associent des
espèces ayant des calendriers végétatifs différents et des besoins en eau également
différents. Ils cherchent à diminuer les risques, d’autant plus élevés que la pluie n’est pas
abondante et que la sécheresse peut intervenir à des moments différents du cycle végétatif
des plantes.
Deux (2) types d’associations sont particulièrement répandus dans la section avec les
espèces dominantes. Dans la première on associe le haricot, le pois inconnu, le maïs, le
manioc et la deuxième, le haricot, l’arachide, le pois inconnu, le manioc. Outre ces
principales espèces, on peut avoir d’autres cultures disséminées en de très faible densité
dans la plantation.
6-1-4-2 Système spécial d’agroforesterie.
Il s’agit d’un système particulier de production où l’on associe les plantes vivrières (maïs,
pois inconnu, …) aux bayahondes. L’objectif poursuivi est d’avoir les arbres pour le
charbon et le bois d’oeuvre après avoir fait pousser les plantes annuelles sur la parcelle.
6-1-4-3 Rotation et jachère
La rotation de culture n’est pas une pratique répandue dans la section. On fait pousser
généralement les mêmes espèces au même endroit dans les unités de production. On
dédie donc une portion de terre à une culture spéciale. Dans cette stratégie de production,
la période de jachère ne dépasse pas quatre (4) mois.
6-1-4-4. Fertilisants L’utilisation de fertilisants chimiques n’est pas une pratique agricole en vigueur dans
l’aire de l’étude d’après les déclarations des participants aux ateliers. En dehors de la
jachère courte, le compost demeure l’unique forme d’intrants organiques utilisés par une
minorité de producteurs pratiquant les cultures maraîchères.
6-1-4-5. Luttes phytosanitaires
Les principaux ennemis des cultures dans la zone sont la chenille des feuilles qui attaque
les jeunes feuilles de maïs diminuant ainsi les activités photosynthétiques de la plante, les
punaises qui sucent la sève contenue dans les feuilles de haricot et de pois inconnu . Ces
parasites occasionnent des baisses sensibles de rendement quand ils ne sont éradiqués
pendant la période de croissance de la plante.
Pour lutter contre ces insectes à la plantation, les agriculteurs s’approvisionnent en
insecticides sur le marché dominicain. Les composés chimiques les plus utilisés sont les
organochlorés vendus sur les noms commerciaux : sevin, malathion, karaté et diazinon.
6-1-5. Récolte
Le système de récolte diffère en fonction du type de cultures et de l’objectif de
l’agriculteur. Les cultures destinées à l’autoconsommation ne sont pas récoltées de la
même manière que celles produites pour le marché. Par exemple, les parcelles de haricot
et d’arachide sont récoltées en une seule étape, par contre celles du pois inconnu, de la
patate douce, du manioc doux, du pois congo et de la banane se font en plusieurs étapes
et sur plusieurs semaines voire des mois.
6-1-5-1. Opérations post-récoltes
Elles dépendent des cultures. Les céréales comme le haricot, le pois inconnu et le pois
congo sont sujettes à une succession d’opérations : séchage, battage, vannage, triage et
nettoyage avant de passer au conditionnement et stockage. Le maïs connaît a peu près le
même sort, il est séché, égrené, trié, vanné. Le séchage dure trois à quatre jours
dépendant des conditions atmosphériques, par exemple le haricot est bien séché selon les
cultivateurs quand les gousses éclatent sous l’effet du soleil. Les tubercules comme le
manioc amer, subissent aussi un ensemble de traitement avant d’arriver à la phase de
consommation qui se fait sous forme de farine fraîche ou séchée. Ces opérations
consistent en: grattage, lavage, broyage, pressage, tamisage et séchage.
Quant aux autres plantes cultivées dans la section, il n’y a pas vraiment d’opération post-
récolte, elles sont consommées fraîches.
6-1-5-2 Conditionnement et stockage
Les moyens de conditionnement et de stockage n’existent pas dans la zone. Les raisons
évoquées par les agriculteurs sont le manque d’encadrement technique du MARNDR, la
faiblesse de la production, les difficultés économiques des ménages qui sont obligés de
vendre leur maigre rendement au moment de la récolte et l’absence d’organisation de
producteur. Toutefois, une minorité d’agriculteurs font le stockage du maïs et de
l’arachide qu’ils vendent à meilleur prix au moment de la plantation et à l’ouverture des
classes en septembre –octobre. Ces deux denrées, après séchage et un traitement aux
cendres du feu sont conditionnées dans des sacs et engrangées dans une pièce de la
maison.
D’après ce qu’ont rapporté les participants dans les ateliers, dans le temps le maïs était
conservé en spathe dans des colombiers ou engrangés sous un palmier mais cette pratique
a disparu à cause des pertes considérables de l’ordre de 30-40% enregistrées parfois avec
cette technique de conservation.
6-1-5-3. Rendement des cultures
Le rendement des cultures varie d’une saison à l’autre dans la section. Elle est
particulièrement fonction de la pluie tombée durant le cycle cultural des plantes et de la
qualité des semences. Voici quelques estimations pour les principales cultures.
Tableau #34. Rendement des cultures
Cultures Rendement /ha
Haricot 300-500kg
Maïs 500-600kg
Arachide 400-700kg
Manioc amer 8000-12000kg
Pois inconnu 200-300kg
6-1-6. Analyse économique des systèmes de production
Les investissements du producteur de Champing consistent en l’achat de semences et de
la main d’œuvre, quelques rares planteurs investissent aussi dans l’achat de pesticides. La
faiblesse des investissements du producteur et l’absence de technologies modernes
appropriées conduisent à un rendement agricole dérisoire et insignifiant. Cette situation
freine tout effort d’amélioration de la production de l’agriculture et tend à décapitaliser
les producteurs agricoles. L’analyse économique de deux systèmes de productions telles
qu’ils sont pratiqués dans la section avec les espèces les plus importantes et conduites
sous un bon régime pluvial .montre que le revenu généré de la production n’est pas assez
encourageant pour inciter les agriculteurs à accroître leur investissement dans ce
domaine. Les comptes d’exploitation sont calculés sous la base d’une superficie 0,25
carreau.
a. Analyse de bénéfice coût d’un système de production associant sur 0.25 carreau de
terre le maïs, l’haricot, le pois inconnu et le manioc comme cultures dominantes.
Tableau # 35a. Coût de production association I Activités Coût de main d’oeuvre Coût de semence
H/j Gourde Marmite Prix/marmite Gourde Préparation sol 1250 Semis haricot 7 1050 5 175 875 Semis maïs 2 300 1 35 35 Semis pois inconnu 8 1200 0.5 170 85 Semis manioc 4 600 Sarclage 1 8 1200 Récolte haricot 6 900 Récolte Pois inconnu 8 1200 Sarclage 2 5 750 Récolte maïs 2 300 sarclage 4 600 Total 54 9,350 995
Coûts de production : 9350+995=10345 gourdes Tableau #35b. Revenu association I
Cultures Récolte Marmite Prix unitaire Gourde
Haricot 45 150 6750 Pois inconnu 15 100 1500 Maïs 40 20 800 Manioc 5000 Recette totale 14050
La marge brute dégagée de cette activité de production est égale à la différence entre les
recettes et les coûts de production.
Marge brute : 14050 gourdes - 10345 gourdes= 3705
b. Analyse de bénéfice -coût d’un système de production associant sur 0.25 carreau de
terre le maïs, l’haricot, le pois inconnu et le manioc comme cultures dominantes.
Tableau #36a. Coût de production association II Activités Coût de main d’oeuvre Coût de semence
H/j Gourde Marmite
Prix /marmite Gourde
Préparation sol 1250 Semis haricot 8 1200 7 150 1050 Sarclage 1 7 1050 Récolte haricot 6 900 Sarclage 2 5 750 Semis d’arachide 7 1050 4 50 200 Plantation Manioc 2 300 Semis pois nègre 2 300 .5 170 85 Sarclage 3 7 1050 Sarclage 4 7 1050 Récolte pois nègre 2 300 Sarclage 5 5 750 Récolte Arachide 42 4,500 Total 100 14450 1335 Coût de production : 14450 gourdes + 1335 gourdes= 15785 gourdes Tableau #36b. Revenu association II Cultures Récolte
Marmite Prix unitaire Gourde Haricot 80 125 10000 Pois inconnu 15 60 900 Arachide 225 30 6750 Manioc 2000 Recettes totales 19650 Marge brute : Recette - Coût de production
Marge brute : 19650 gourdes – 15785 gourdes= 3865 gourdes
Dans les deux cas les bénéfices se ressemblent et tournent autour de trois mille huit cent
gourdes (3,800.00 gourdes).
6-1-7. Commercialisation des produits agricoles
En général, les produits agricoles récoltés dans la section communale de Champing et
destinés à la consommation humaine sont vendus par les maîtresses de ménage à la fois
sur le marché local et sur le marché régional de Trou du Nord. Cependant, le volume de
produit offert sur les marchés est fonction du niveau de production, de la taille du marché
et des prix. Selon les déclarations des participants, le marché local étant constitué de
marchands ambulants et de points de vente sporadiques situés au domicile des
agriculteurs, a une capacité assez limitée. A dire vrai, il n’existe toujours pas de marché
public ni à Champing, ni à Caracol, ce sont les dames saras qui viennent collecter divers
produits dans la communauté. Elles constituent un marché d’une demande assez
importante au niveau local mais les prix ne sont pas intéressants à en croire les
producteurs. C’est pourquoi, ces derniers préfèrent vendre leurs récoltes sur les marchés
publics. Par compte, le gros de la production est vendu au jour de marché de Trou du
Nord, le mardi, jeudi et samedi, où les prix semblent plus intéressants à cause de
l’importance de la demande, car les acheteurs arrivent du Cap-Haïtien, de Limonade, du
Limbé, de la grande Rivière du Nord et de l’Artibonite. Le revenu de la vente est utilisé
par les ménages pour les différentes dépenses du foyer.
La théorie des 4 P (Présentation, Prix, Place, Promotion) n’est pas une stratégie de
marketing à laquelle s’accrochent tous les vendeurs. Les céréales produites localement ne
sont pas toujours l’objet d’une bonne présentation, le taux d’impureté atteint parfois plus
de 10% selon certains acheteurs. Cette pratique est due non seulement au faible niveau
technologique post-récolte mais aussi à une volonté du producteur d’augmenter
frauduleusement le volume de sa marchandise dans l’optique de gagner plus d’argent. De
plus, dans la majorité des cas, les produits sont étalés dans les marchés publics comme
dans les points de vente à domicile à même le sol. Les unités de mesure varient du plus
gros au plus petit volume afin de permettre à tous les ménages d’avoir accès au produit
désiré en fonction de leur revenu.
Les prix constituent un facteur important dans le développement d’une stratégie de
marketing ont opiné les participants aux ateliers, les producteurs s’y connaissent bien en
la matière a renchéri quelques-uns. C’est pourquoi disent-ils, les prix peuvent varier à la
baisse ou à la hausse d’un vendeur à l’autre et à différentes périodes de la journée dans un
même marché. Aussi trouve-t-on pour un même produit dépendant de sa nature dans un
même marché, un prix à l’ouverture du marché, un deuxième à la mi-journée et un
troisième à la fermeture. Un autre aspect tout aussi important dans la formulation des prix
est la capacité de négociation des acteurs. Ceci nous amène à parler de prix
psychologique qui est la capacité de convaincre des acteurs en présence.
Le tableau suivant renseigne sur l’évolution des prix de quelques produits agricoles sur
les marchés de la zone à différentes époques de l’année.
Tableau #37. Calendrier des prix des produits agricoles.
Mois
Produits
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Haricot (marmite) 125 125 150 150 150 125 125 150 150 175 175 175
Maïs (marmite) 35 35 35 35 30 20 20 20 20 25 35 35
Pois inconnu (marmite) 170 100 60 60 60 60 100 100 100 170 170 170
Arachide (marmite) 50 50 50 50 30 30 30 30 40 50 50 50
Cassave (unité) 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100
Pois congo marmite) 100 75 75 75 100 150 150 150 150 150 100 100
A l’évidence, les prix ont tendance à augmenter pendant la période de plantation au
moment où la demande est élevée mais la disponibilité sur le marché est faible.
6-2. Production animale
6-2-1 Importance économique
Généralement à Champing, l’exploitation agricole comporte aussi bien de la production
végétale que de la production animale. Comme l’indique le tableau no 34, le cheptel est
composé de différentes espèces animales.
Le rôle des animaux dans les exploitations est multiple et varie en fonction des espèces
(tableau #.38). Ils constituent en outre, une réserve monétaire importante qui est utilisée
dans des circonstances diverses. D’un autre côté, les bovins provenant de croisement
entre la race indigène et les zébus sont utilisés dans la traction animale. Ils se développent
davantage et produisent plus de lait que la race indigne. La production de lait dépend
entre autre, de l’alimentation et de la race de la vache. On estime que la production de lait
varie de 2,5litres à 4.5litres pour la race indigène et de 3 à 5,25litres pour l’autre.
Généralement, la traite débute 22 jours après la mise–bas et dure entre sept (7) et huit (8)
mois. Le lait se vend sur place à des acheteurs venant notamment de Trou du Nord, de
limonade, du Cap Haïtien à raison de 50 gourdes le gallon. Beaucoup de ces acheteurs
collectent le lait pour le projet VETERIMED.
Tableau #38. Composition et importance économique du bétail dans l’exploitation.
Animal Production Autre fonction
Type élevage dominant
Reproduction Prix de vente (gourde) Mise bas /
an Individu/ Mise bas
Bovins Viande, Lait Labour Libre, parc 1 1 10,000 (1) 15000 à 20000
Caprins Viande Libre 2 1 à 3 1500 à 2000 Porc Viande Libre, parc 2 5 à 10 2500 à 5000 Poule Viande, Oeuf Libre --- 60 à 100 *
Œufs 100 à 200
Dinde Viande, Oeuf Libre 300 (2) 800 à 1000 (3)
Cheval Transport Libre 1 1 3500 à 4000 Ane Transport Libre 1 1 2500 à 3000 Mouton Viande Libre, parc 2 1 à 2 2500
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007 (1) : Prix bovin indigène, (2) : Prix dindon, (3) : Prix dinde, * : Oeufs pondus Le prix de vente des animaux est fonction du niveau de l’offre et de la demande.
D’août à octobre, période de préparation pour la rentrée des classes et des travaux de
préparation de sol et de semis, les prix baissent à cause de l’augmentation de l’offre.
Durant les fêtes de fin d’année, la période de première communion ou de fêtes
champêtres, les prix ont tendance à la hausse.
Tableau #39. Calendrier de vente des animaux
Mois Espèces
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Bœuf x x x X x x x Xx Xx Xx x xxx Cabri Xx x x X Xx Xx xxx Xx Xx Xx x xxx Chèvre x x x X x x x Xx Xx Xx x x Porc x x x X Xx Xx xxx Xx Xx Xx Xx xxx Mulet x x x X x x x Xx Xx Xx x x Cheval x x x X x x xxx x x x x xxx Ane x x x X x x x x x x x x Volailles xxx x x X xxx x xxx Xx Xx Xx x xxx
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
Légende :
X : offre et demande se stabilisent
Xx : offre supérieure à la demande
Xxx : la demande est supérieure à l’offre
6-2-2 Conduite de troupeau.
A Champing, on pratique surtout l’élevage libre (tableau #38). Pour empêcher aux
ovinés et aux porcs de passer à travers les ouvertures des haies pour détruire les jardins
ou de s’éloigner de l’exploitation agricole, les éleveurs attachent au cou de ces animaux
un collier de bois. Quant aux bovins, ils sont généralement gardés dans des savanes qui
sont souvent clôturées avec du cactus élevé en haies vives
On ne nous a pas signalé de cas spécifique de plantations de fourrage pour nourrir les
animaux. Ceux-ci se nourrissent des herbes fourragères qu’ils trouvent partout et
notamment dans les savanes. L’espèce dominante est l’herbe communément appelée zèb
avion.
En période très sèche, les animaux peuvent parcourir de longues distances à la recherche
d’aliments. La divagation occasionne parfois la perte de bétail. Pour y remédier, les
éleveurs gardent à la corde les animaux, les nourrissent surtout à l’aide de branches
d’arbres ou de fourrages récoltés.
6-2-3 Systèmes sylvo pastoraux
On veut ici mettre l’accent sur deux stratégies différentes. La première consiste à laisser
pousser de manière incontrôlée quelques arbres (prosopis) dans les pâturages. Ces arbres
disséminés au hasard dans les pâturages assurent, grâce à leur capacité de fixer de
l ‘azote, un niveau de fertilité dans le sol, contribuer á l’alimentation des animaux et
surtout procurent de l’ombre qui réduit les risques de stress provoqués par le soleil.
La deuxième consiste à placer les animaux, particulièrement les caprins sous la
végétation largement dominée par les prosopis qui prennent l’allure d’un bosquet. La
pénétration de la lumière a travers des ouvertures créées par l’absence d’arbres ou la
frondaison mince des prosopis facilite la pousse des herbes au niveau du sous bois. Les
animaux se nourrissent de l’herbe, de feuilles et de fruits des arbres.
6-2-4. Stratégies de gestion des animaux
L’élevage est la principale source de revenu du paysan de Champing en agriculture.
Plusieurs stratégies sont mises au point par les éleveurs pour assurer une certaine
rentabilité dans la gestion de leur cheptel. Citons en exemple, l’élevage libre pratiqué en
saisons sèches pour tous les types d’animaux, les enclos et la subdivision des pâturages
en parcelles, système utilisé par certains grands éleveurs de bovins, l’apport de fourrage
au lieu de stabulation des animaux comme les bovins et les ânes dans les moments de
pénurie ou d’assèchement de l’herbe dans les pâturages.
Quant à l’abreuvement des animaux, il concerne surtout les bovidés et les équidés. Les
animaux sont amenés à la rivière pour s’abreuver, parfois les éleveurs utilisent aussi l’eau
des puits, surtout lorsque les pâturages sont éloignés de la rivière.
Cependant, tous les types d’animaux domestiques qui ont une valeur économique sont
représentés dans l’exploitation avec des objectifs différents. Le gros bétail –les bœufs--
est gardé pour les grands événements, ils sont vendus à l’occasion d’un mariage, des
funérailles, d’un départ pour l’étranger et de l’acquisition d’un bien. Le menu bétail –
cabris, porc, chèvre—qui est plus facile à vendre est élevé pour répondre aux besoins
d’argent dans le cadre de dépenses régulières comme l’éducation, l’alimentation,
l’habillement, l’achat des intrants agricoles et certaines activités sociales : baptême,
communion, fêtes champêtres et fêtes de fin d’année.
6-2-5. Règlement des conflits occasionnés par les animaux.
Le système mixte d’agriculture sarclée et d’élevage libre de par leur nature antagonique
demeure une source de conflits permanents. Cette assertion une fois de plus est confirmée
à travers les doléances et les déclarations des participants aux ateliers.
En général, le règlement de ces conflits tombe dans le champ de compétence du CASEC.
Quand le litige ne peut être résolu par la voix des autorités locales, le cas est alors déféré
par devant la justice en l’occurrence le Tribunal de Paix. Les cas de conflits les plus
courants sont la dévastation de jardins par des animaux, les cas d’estampes illisibles et de
vols.
Les dommages causés par les animaux estampés constituent une infraction dont la
sanction prévue est la capture. Le code pénal distingue deux type de capture : la capture
simple et le constat. La capture simple qui est le fait par l’animal de pénétrer dans le
jardin d’un voisin est réprimé par une amende de 100 gourdes dont 75 gourdes vont pour
le dédommagement du propriétaire du jardin et 25 gourdes pour l’aide CASEC. En
matière de constat, le dédommagement se fait en fonction de l’évaluation des dégâts. Le
contrevenant peut débourser plus de cinq cent gourdes selon les participants. A noter que
dans chaque habitation, est placée une aide CASEC qui assiste le CASEC dans ses
fonctions.
6-2-6 Maladies et soin
Le tableau no35 présente les principales maladies des animaux. Il nous indique que les
zones marécageuses constituent des réserves d’élection et de multiplication de
nombreuses pathogènes ou parasites tandis que d’autres se développent pendant la saison
sèche. Contre les maladies, les éleveurs utilisent leur propre recette ou le service d’un
agent vétérinaire. En effet, Champing bénéficie les services de quatre (4) agents dont
deux (2) d’entre eux résident dans la section. Ils ont été formés par VETERIMED, sur
demande du ministère de l’agriculture.
Tableau #40. Calendrier de maladies de animaux vu par la population Champinq Maladie/ parasite
Animaux attaqués
Symptômes décrits Période d’attaque
Soin Eleveur Vétérinaire
Douve de foie Bovidés, ovidés, porcs, équidés
maigreur, diarrhée, tousse, mortalité
Toute l’année : parasite vit dans lagon
Vermifuge (albandazol) : 2 cc/25 kg animal
Vers intestinal Bovidés, ovidés, porcs, équidés, volailles
Manque d’appétit, maigreur, boule œdème, mortalité
Sécheresse Vermifuge (albandazol) : 1 cc/25 kg animal
Charbon Bovidés, ovidés, équidés
Mort rapide, émission dans tous les orifices de sang noir non coagulé surtout après mort
Fin période sèche, après inondation
Prévention : vaccination
Mammite Bovidés, ovidés Inflammation mamelle, pas de lait pour nourrisson
Après mise bas
Contre inflammation : masser mamelle avec feuille de goyave ou l’ail. Pour lait : feuille papaye
Contre inflammation : pommade de vaca, dolex Pour lait, antibiotique : pénicilline, streptomycine
Peste porcine classique
Porcs Fièvre, diarrhée, déplacement difficile, jusqu’à ce mort s’ensuit
Prévention : vaccination
New castle Poule Fin sécheresse, début saison pluvieuse
Prévention : vaccination
Piétine Ovidés Plaie au sabot Période humide
Quarantaine pour traitement, pommade iodée, bandage sabot
Parasite : galle, tic
Maigreur, fièvre Période sèche
Bain : tabac + gazoil, feuille neem, calebasse marron , kaya marron + tabac
Aspersion insecticide : diazinon, malathion
Mise bas difficile
Bovidés, ovidés, équidés
Mise bas Intervention vétérinaire
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
Cependant, les cas de maladie les plus courants sont la douve du foie, le ver intestinal et
les parasites dont les moyens de traitement sont indiqués au tableau #36. Avec l’aide des
agents vétérinaires, beaucoup de cas de maladies ont pu être traités si l’éleveur a les
moyens financiers pour acheter les médicaments et payer les honoraires, racontent les
éleveurs. Les agents viennent toujours au chevet de l’animal malade quand un éleveur fait
appel à eux. Leur champ de compétence semble être très diversifié. Ils interviennent dans
la vaccination, la gestation et la mise bas, le traitement des maladies et tous les autres cas
qui nécessitent la présence d’un agent vétérinaire.
Comme l’indique le tableau ci-dessous, le coût de vaccination ou de traitement
(médicaments + honoraires) est fonction du bétail et de la gravité de la maladie.
Généralement les éleveurs trouvent les vaccins et les médicaments chez les agents
vétérinaires qui les ont achetés sur le marché local (Trou du Nord, Du Bourg, Fort
Liberté) ou le marché de la République Dominicaine.
Tableau #41. Coût de vaccination et de traitement de maladies des animaux.
Intervention Coût (gourde) Vaccination : Gros bétail Petit bétail
10 5
Mise bas 750 Traitement 300 – 500
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
6-2-7. Atouts, contraintes et opportunités du sous secteur élevage
L’élevage demeure le facteur le plus important dans l’exploitation agricole de la section.
Il est présent dans toutes les fermes petites ou grandes avec tous les types d’animaux
domestiques : bœufs, cabris, porcs, chèvres et les volailles. Le tableau ci-dessous vous
fera vivre les atouts, contraintes et opportunités de l’élevage dans la zone.
Tableau #42. Atouts, contraintes et opportunités du sous secteur élevage
Atouts Contraintes Opportunités 1. Présence de plusieurs centaines de têtes de bétail (bœufs, cabris, porcs, chèvres et les volailles)
Manque d’encadrement de l’Etat – absence de réglementation
Proximité du marché régional du Trou du Nord et du Cap. Marché transfrontalier
2. Conditions favorables à l’élevage et faible topographie
Elevage libre Projet VETERIMED pour le lait et la formation des agents vétérinaires
3. Des centaines hectares de savanes et de systèmes sylvo-pastoraux
Pâturages non améliorés Des bailleurs de fonds comme FAES et des ONG s’intéressant à l’élevage.
4. Bonne disponibilité en eau Eau de qualité douteuse 5. Plusieurs variétés d’herbes : herbe sûr, herbe à corse, herbe de guinée, herbe madame Michel,
Alimentation pauvre en protéines et vitamines
6. 4 agents vétérinaires desservent dans la section
Manque de médicaments, vaccins et vitamines
7. Race améliorée de bovin (zébu) Absence d’une politique d’amélioration génétique des espèces indigènes
Disponibilité de moyens de transport pour aller vendre ou venir acheter des animaux et les produits dérivés.
Mauvaise état des routes de pénétration
Des acheteurs font le va-et-vient dans la zone
Absence de marché public à bestiaux.
6-3 Autres activités productives 6-3-1 Crédit Trois institutions financières opèrent dans la section. Il s’agit de deux institutions de
micro crédit : Espéranza International et FONCOZE ; la troisième est une caisse
populaire. Les trois offrent à la population les mêmes produits : épargne et crédit, à
l’exception de FONCOZE qui a aussi un service de transfert Pour les institutions de
micro crédit, le gros de leur clientèle est composé de petites marchandes 90%, comme
autres caractéristiques qu’elles ont en commun : les prêts s’étendent sur une courte
période- trois à six mois-, leur taux d’intérêt tourne autour de 4% par mois, leur
portefeuille de prêt est orienté vers des groupes. Ces groupes ont pour la plupart cinq
membres et sont modelés sur l’approche de crédit solidaire.
Cependant, FONCOZE donne aussi des prêts individuels dont le montant n’est pas
déterminé. Quand aux prêts consentis à des groupes, les montants sont de 3000 gourdes
par membre pour FONCOZE et 5000 gourdes par membre pour Esperanza. Ce dernier
finance 7 groupes de cinq membres dans la section, soit un total de 35 clients pour un
portefeuille de 175000 gourdes, FONCOZE encadre par contre dans cette catégorie 6
groupes de cinq pour un portefeuille de 90000 gourdes. Quant aux prêts individuels, les
données ne sont pas disponibles.
FONCOZE a aussi un volet social. Elle assiste les plus pauvres avec des dons de cabris
(une paire), de poules pondeuses et d’argent pour le commerce. Ces dons sont gérés par
la mission Baptiste North Haïti. Une personne ne peut bénéficier que d’un seul don. Elle
participe aussi au projet d’alphabétisation en payant les professeurs.
La caisse populaire de Trou du Nord dessert seulement ses membres au prorata de leur
épargne. Le nombre de personnes membres et le montant des prêts effectués au niveau de
la section ne sont pas disponibles au moment de l’étude.
6-3-2 Artisanat
Le marché de l’artisanat est peu développé. Il existe quelques artisans qui confectionnent
des objets en bambou refendu tressé comme des nasses pour la pêche, des paniers,
chapeaux et des corbeilles. D’autres articles, comme les cordes pour attacher les
animaux, des sous plats sont fabriqués avec du sisal. Le jonc intervient aussi dans la
fabrication de la natte.
Cependant, dans le sous-secteur pêche, l’artisanat est au premier plan dans la construction
des corallins, des filets, des sennes, des cordes et des nasses citées plus haut.
ETUDES DE FILIERES
6-4-1 Filière manioc
6-4-1-1 Situation générale
Plantes à racines, le manioc Manihot esculenta est cultivé dans la plupart des habitations
de Champing. C’est une culture très populaire qui répond à l’écologie de la zone. Elle
occupe la deuxième place après le pois dans la classification des cultures selon les
agriculteurs de Champing participant aux ateliers sur la production agricole. Les
cultivateurs cultivent à la fois le manioc amer et le manioc doux, parfois sur la même
parcelle. Les cultivars les plus connus dans la zone sont pour le manioc amer : Madan
François, petite et grande feuille, CMC40, Elia, Daran pour la variété douce : Mantiettas,
panyol blan, Contien, twèl fin, vagabon dous et gwo ose. Le rendement à l’hectare varie
entre 7-10 tonnes (Source : bureau agricole MARNDR de Terrier Rouge) pour la variété
amère. Cette donnée n’est pas disponible pour la variété douce étant donné qu’elle est
plantée sur de petites superficies et est récoltée au fur à mesure pour l’autoconsommation.
Le manioc est utilisé dans la consommation humaine sous forme de cassave, de
paindoux, de bouillie et de galettes et dans diverses autres recettes culinaires. La variété
douce est consommée surtout bouillie et sous forme de jus de manioc, une recette très
prisée et très populaire aujourd’hui.
6-4-1-2 Valeur nutritive
Le manioc est riche en hydrate de carbone donc une source importante d’énergie et
occupe la deuxième place après la canne à sucre, mais il est déficient en protéine, certains
minéraux et vitamines. Cependant, actuellement le CIAT est train de vulgariser en Haïti
des variétés riches en provitamines A avec une teneur plus élevée en protéines
Les jeunes feuilles sont utilisées aussi dans la consommation humaine et animale. Elles
contiennent plus de protéines que les tubercules et sont riches en vitamines A et C, en fer
et en calcium.
6-4-1-3 Toxicité
La toxicité du manioc provient des hétérosides cyanogénétiques dont la concentration en
cyanure varie en fonction des cultivars et des conditions de croissance. Le tableau ci-
dessous donne une estimation de la teneur en cyanure des différentes variétés utilisées
dans la consommation humaine et animale :
Tableau #43. Teneur en cyanure des différentes variétés
Variétés Teneur en cyanure/kg Manioc doux 40-130 mg Manioc non amer 30-180 mg Manioc amer 80-412 mg Manioc très amer 260-490 mg Source : revue de littérature
Les produits à base de manioc contenant moins de 50ppm sont considérés comme
inoffensifs.
6-4-1-4 Ecologie
Le manioc est une plante rustique qui s’accommode de divers types de sols du moment
qu’ils ne sont pas marécageux. Il préfère cependant les sols légers, meubles, profonds, à
pente faible, riche en humus et en matières minérales. Sa végétation exige une
température de 25º-30ºC. L’environnement de Champing réunit toutes ces conditions,
donc c’est une culture prometteuse pour la section.
6-4-1-5 Production
Le manioc se reproduit par bouture. Il est cultivé sous deux saisons coïncidant avec la
période pluvieuse : Mars- Mai, octobre – janvier. Il est planté en association avec la
pistache ou la patate douce et le gombo. Il est récolté sur 12-18 mois en fonction des
besoins du producteur. Son rendement à l’hectare varie entre 72-100 charges (Source :
estimation de la cassaverie de Garde Mombin), une charge équivaut à 100kg.
6-4-1-6 Transformation
Il existe une seule unité de transformation dans la section. Son potentiel de production est
de 250 platines par jour. En période de récolte à Champing, l’usine fonctionne tous les
jours mais en période de rareté quand il faut se déplacer sur de longues distances pour se
procurer la matière première, elle arrive à travailler deux fois par semaine et non pas à sa
pleine capacité.
Cependant, l’utilisation du manioc dans la consommation humaine, en particulier, les
variétés amères nécessitent un ensemble d’opérations qui découragent parfois le
producteur surtout quand la technologie de transformation est peu développée.
Photo #2. Préparation du manioc
Photo 3. Production de cassave
6-4-1-7 Organisation de la filière
Le manioc frais est transité sur plusieurs sections, parfois sur de longues distances en
réponse aux déficits de la production de Champing. Le manioc transformé à l’usine en ce
moment vient de Sainte Suzanne, Ferrier, Trou du Nord et Limonade. Nous allons
chercher à décrire ici comment l’ensemble du système de production et de distribution
s’articule, en identifiant les fonctions principales de la filière, ses intervenants et ses
canaux de distribution.
a) Différentes fonctions
Les fonctions décrivent les étapes nécessaires pour passer de la production à la
consommation finale. Dans la situation de Champing, trois fonctions sont
retenues : production, transformation et commercialisation.
b) Intervenants
Dans la chaîne, nous retrouvons : producteurs -collecteurs de manioc ---
unité de transformation-- fabricant de cassave-- marchandes
grossistes-- détaillants.
Canaux de distribution
Le manioc produit à deux destinations : autoconsommation et
commercialisation. Dans les deux cas, il est consommé soit sur sa forme
fraîche (manioc bouilli, jus de manioc), soit sous forme de cassave, paindoux,
ou encore sous forme de farine séchée. On rencontre aussi sur le marché de
Champing des produits dérivés comme l’amidon, le crocoti utilisé dans
l’alimentation du bétail. La pelure séchée peut être introduite dans
l’alimentation du porc.
6-4-1-8 Dynamique de la filière
Cependant, à Champing, l’offre de matière première et la demande de cassaves sont en
déphasage. Le producteur de manioc amer tend à réduire sa production à cause du
monopole que détiennent les collecteurs de l’usine sur la transformation de la matière
première
La rareté de manioc observée aujourd’hui sur le marché dans la zone d’implantation de la
cassave rie est due à un certain clientélisme affiché par le manager de l’usine, accusation
faite par les participants, une situation qui décourage et révolte les producteurs de
manioc. Car il s’arrange à ce que ce sont surtout les collecteurs qui transforment leur
manioc à l’usine. Agissant ainsi, il force les producteurs à vendre sous la forme brute leur
production de manioc aux collecteurs. Ces derniers ont alors le contrôle du marché, ils
imposent leur prix et paient comme ils veulent quand ils le veulent.
6-4-1-9 Commercialisation
Les marchandes de cassaves et des produits dérivés du manioc viennent du Cap-Haïtien,
du Trou du Nord, de Limonade et de Caracol. Elles passent parfois plusieurs jours à
l’usine à faire la collecte de la cassave. Quand elles atteignent un nombre suffisant de
cassaves 200-300 unités, elles les transportent au Cap-Haïtien pour les revendre aux
détaillants. Le prix d’une cassave à l’usine varie entre 60 et 100 gourdes. La cassave
simple est achetée à 60 gourdes, la cassave sucrée à 100 gourdes mais la marchande doit
apporter la noix de coco, le sucre et les autres ingrédients.
Photo#4 Commercialisation de la cassave
6-4-1-10 Retombées économiques
La superficie emblavée étant de 200ha, considérant une production moyenne de 8 TM/ha,
la production de la zone atteindra 1600TM. Le prix d’achat d’un (1) ha de manioc sur
pied est de 12500gourdes, la production serait alors évaluée à 2.500.000 gourdes. C’est
ce qui revient aux producteurs. Quelle serait alors la part du revenu pour les autres
intervenants dans la chaîne ?
La production de cassave pour un ha de manioc mobilise 80 travailleurs rémunérés à la
tâche. Le montant alloué à l’ensemble des opérations : Récolte, grattage, râpage, presse,
tamisage, fabricant de cassave s’élève à 8040 gourdes, soit un revenu moyen de 100
gourdes/ personne. Les autres dépenses sont les frais de moulin : 3200 gourdes ; les
ingrédients pour faire la cassave sucrée (noix de coco, sucre, cannelle, sel) qui sont
fournis par l’acheteur totalisent: 25600 gourdes, énergie (charbon): 7500 gourdes, les
frais de transport et manutention 10000 gourdes. Le montant global des dépenses du
collecteur se chiffre à 41240 gourdes.
La structure des coûts d’opération se présente ainsi :
Tableau # 44. Structure des coûts d’opération
Variables Coûts (gourde) % Collecteur Demandeur Matière première 12500 19 Main d’œuvre 8040 12 Frais moulin 3200 5 Energie (charbon) 7500 11 Transport & manutention 10000 15 Apport des ingrédients 25600 38 Total 41240 25600 100
Au total la transformation en cassave de 8000kg de manioc frais, équivalent de la
production d’un (1) ha de terre en manioc coûte 66840 gourdes dont 62% des charges
sont supportées par le collecteur et 38% par le demandeur.
Selon les données recueillies au moulin, un ha de manioc amer produit 640 cassaves
sucrées ou 1100 cassaves simples c'est-à-dire non sucrées
En soustrayant le coût des ingrédients 25600 gourdes qui est une dépense absorbée par le
l’acquéreur (madame sara) de cassave douce du coût total de production 66840 gourdes,
le prix de revient d’une cassave douce au collecteur est alors de 65 gourdes et celui d’une
cassave simple 37.5 gourdes.
Si tout le manioc est transformé en cassaves douces, un ha de manioc rapporterait au
collecteur 64.000 gourdes, et si toute la production se transformait en cassave simple, le
collecteur gagnerait un revenu de 66000 gourdes. La marge brute du collecteur est de
22760 gourdes dans le premier cas et 24760 gourdes dans le second cas.
Si on essaie d’approfondir l’analyse Coût - Bénéfice de la cassave douce dont la
demande est de loin plus importante dans le Nord, aux autres intervenants dans la chaîne,
le profil des bénéfices se présente ainsi :
a) Cas du grossiste
Achat : 100 gourdes,
Coûts de transport & manutention : 10 gourdes
Vente en gros 150 gourdes,
Marge 40 gourdes
Cas du détaillant
Achat 150 gourdes
Vente au détail 200 gourdes
Marge 50 gourdes
Si on reprend l’analyse comme un tout on verra qu’un ha de terre en manioc qui
produirait 640 cassaves après transformation rapporterait à la dernière maille de la
chaîne, le détaillant : 128000 gourdes
La distribution du revenu se présente alors ainsi :
Tableau # 45. Distribution des revenus du manioc
Intervenants Production Coût unitaire (gourde)
Valeur ajoutée (gourde)
%
Producteurs 8000 kg 1.5625 12500 4 Collecteurs 640 cassaves 100 64000 21 Grossiste 640 cassaves 150 96000 32 Détaillant 640cassaves 200 128000 43 Total 300500 100
Ce tableau montre que le producteur de la matière première, le cultivateur, ne reçoit que
4% de la valeur ajoutée du manioc et le détaillant deviendrait le plus grand bénéficiaire
par unité de cassave. Par contre, si l’analyse prend en compte le profit en fonction du
volume de produit vendu, la première place reviendra de préférence au grossiste avec
32%.
Quelque soit le circuit de commercialisation (cassave, farine de manioc, amidon,
cocoties), la production de 200ha de terre en manioc créera 16000 emplois à temps
partiels et injectera dans l’économie 12.800.000 gourdes à Champing. Si le moulin travail
à plein régime (250 cassaves/jour), il mettra 512 jours pour transformer la production de
manioc qu’il y avait dans la section. A mon avis c’est la principale et la première cause
de l’abandon de la culture du manioc par les producteurs. Ensuite viendra le bas prix
donné au producteur 1.56 gourdes par kilogramme de manioc frais.
6-4-1-11 Atouts, contraintes et Opportunités
Le tableau ci-après présente un inventaire des atouts, contraintes et opportunités de la
filière
Tableau #46. Atouts, contraintes et opportunités
Atouts Contraintes Opportunités Ecologie favorable à cette culture
Rendement relativement faible Marché du Cap-Haïtien
Zone de plaine, risque d’érosion faible
Insuffisance d’unité de transformation
Cantine scolaire
Disponibilité de boutures Prix bas Nouvelles variétés plus performantes de CIAT
Moulin manioc sur place Clientélisme Routes agricoles Manque d’encadrement Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
6-4-2 Filière du sel de cuisine ou sel marin
6-4-2-1 Condition générale
L’exploitation des marais salants est décrite par la population comme une activité
économique de grande envergure. Elle est en importance la deuxième source de richesse
de la section après la pêche. Les marais salants ou salines sont localisés sur l’habitation
Bas saline et Madras. Ils créent des milliers d’emplois pour les femmes et les enfants
dans la section en période de récolte du sel.
6-4-2-2 Production
Le sel est produit à partir de l’eau de mer par évaporation sous l’action combinée du
soleil et du vent. On creuse un réservoir de dimension variables et on fait rentrer l’eau de
mer au moment la marée montante. Cependant, il faut un sol argileux dont
l’imperméabilité permet de conserver l’eau de mer dans le réservoir. Les données
recueillies sur le terrain à Bas Saline montrent que les plus petits bassins mesurent 30m X
40m X 0,45 soit un volume de 540m3. et les plus grands : 50m X 50m X 0,45, soit
1125m3 et les bassins intermédiaires 40m X 45m X 0,45, soit 810m3. La hauteur reste
toujours constante 1 pied et demi qui équivaut à 0,45m.
La température joue un rôle important dans la formation des cristaux de sel. Il y a 3
étapes dans la préparation du sel. La phase d’immersion, l’eau rentre par gravitation dans
le réservoir à la température ambiante, généralement 25ºc. La 2e phase est celle de
condensation où la Tº tombe à 10ºc. La 3e phase est celle de la cristallisation,
l’évaporation est quasiment nulle et la Tº remonte à 29ºc. Les cristaux se forment, on dit
que le sel est mûr et prêt pour la récolte.
Le sel est produit en période de chaleur et de sécheresse, au cours du mois de juillet à
septembre, période ou la salinité de l’eau de mer augmente. Les eaux de pluie
représentent le pire ennemi de la production. Elles empêchent la condensation et la
cristallisation de l’eau de mer.
Le sel produit à deux couleurs, un sel gris qui est de mauvaise qualité et un sel blanc qui
est de meilleure qualité. Cependant la majorité des sels produits dans la zone tombe dans
la 1ère catégorie selon les propriétaires de bassins de sel (paludiers). La majorité des
paludiers possèdent 1-2 bassins, rares sont ceux qui exploitent 5-6 bassins ont fait
remarquer les participants.
Photo #5 Bassin de production de sel de cuisine
6-4-2-3 Rendement
D’après les paludiers, on peut avoir jusqu'à 3 récoltes de sel au cours d’une année :
parfois ils ne réalisent qu’une seule récolte, si les pluies sont abondantes durant la période
de production de juillet - août. Un bassin de 540m3 produit en moyenne 7-10 Tonnes de
sel par récolte. La deuxième récolte est la plus importante. Le sel est conservé dans des
sacs de 100kg entreposés dans des cahutes. Construit dans l’aire du bassin, ces dépôts
sont des maisonnettes avec des murs en bois (clisse) et la toiture en paille.
6-4-2-4 Procédés de récolte
Le sel une fois mûr, les producteurs passent à la phase de récolte. Cette opération est
réalisée surtout par les femmes et les jeunes enfants. Ce travail est payé à la tâche et en
nature. La formule utilisée est un ratio 1 :4, sur chaque 100kg ramassés, le travailleur
reçoit un récipient de 20kg et le paludier en prend 4.
6-4-2-5 Entretien
Après la phase d’immersion qui dure en général 22 jours si les pluies ne tombent pas dans
l’intervalle, on procède au nettoyage du bassin en enlevant les boues déposées au fond du
réservoir, avec un « rabatteur » Dépendant de la dimension du bassin, on peut engager 4-
10 ouvriers pendant 3-4 jours. Un deuxième nettoyage est fait après la récolte.
6-4-2-6. Analyse du compte d’exploitation du sel
Prenons en exemple un 1 bassin 30m X 40m X 0,45.qui est le plus petit et le plus courant
des modèles de bassins visités à Bas Saline. Le tableau qui suit décrira les différentes
opérations de production et leur coût.
Tableau #47. Coût des opérations de production
Opérations H/j Prix unitaire
(gourde)
Valeur
(gourde)
Travaux d’installation 100 200 20000
1er Nettoyage du bassin 16 150 2400
1er Récolte de sel 20 100 2000
2ème Nettoyage du bassin 12 150 1800
2ème Récolte de sel 30 100 3000
3ème Nettoyage du bassin 12 150 1800
3ème Récolte de sel 16 100 1600
Total 206 32600
Selon des propriétaires de bassins de sel, un bassin peut durer 4-5 ans. Dans cette étude,
nous avons choisi d’amortir le coût des travaux d’installation sur une période de quatre
(4) années en utilisant la méthode d’amortissement linéaire.
Amortissement linéaire 20,000/4 = 5,000gdes
Le coût des opérations de production en l’année 1 est alors 18000 gourdes Tableau #48. Coût des opérations de production du sel ajusté Opérations H/j Prix unitaire
(gourde)
Valeur (gourde)
Travaux d’installation amortis sur 4années 5000 Nettoyage du bassin 40 150 6400 Récolte de sel 66 100 6600 Total 18000 Tableau #49. Revenu du sel Variables Production
en kg Prix unitaire (gourde)
Valeur (gourde)
Récolte 1 10000 1.25 12.500 Récolte 2 15000 1.25 18.750 Récolte 3 5000 1.25 6.250 Total 30000 37.500 Marge brute 37.500 – 18.000 =19.500gdes
A l’analyse, on se rend compte que les 37500 gourdes de revenu sont partagées ainsi :
Producteur : 19500 gourdes soit 52%,
Main d’œuvre : 18000 gourdes soit 48%
6-4-2-7 Commercialisation
Le sel est vendu sur place à des collecteurs de Caracol et ou des acheteurs venant de
Hinche, St Raphaël, Pignon, Trou du Nord, Cap-Haïtien. En période de grande
production, le sac de 100kg est vendu entre 100 -125 gourdes. Les collecteurs
s’empressent de le stocker pour le revendre au prix fort quand le sac atteint des pics de
200 - 250gourdes en période de rareté, surtout en hiver quand les usines à glace revoient
à la hausse leur production. Une usine peut acheter 3-4 camions de 10 tonnes par
semaine.
Le circuit comporte trois variantes
a) Paludiers--collecteurs----transporteurs-- marché du Cap-Haïtien
b) Paludiers--collecteurs---transporteurs--marché de Hinche et ou St Raphaël
c) Paludiers--Marché de Hinche et ou St - Raphaël
6-4-2-8. Retombées économiques
Il existe entre 300-400 bassins de sel dans la zone. Considérant un rendement moyen de
10 tonnes métriques par récolte, la production atteindra 3000-4000 tonnes métriques de
sel par récolte. Partant de cette hypothèse, la production atteindra 9000-12000 tonnes
métriques pour la période de production. Si le sel est vendu au prix de 125gourdes par sac
de 100kg, il injectera, chaque année, dans l’économie de Champing entre 11.250.000-
15.000.000gdes. En plus, le sel crée des milliers d’emplois à temps partiels en rapport
aux activités de nettoyage et de récolte, soit en moyenne quelques 2.500 emplois
saisonniers.
6-4-2-9. Contraintes
Le sel produit n’est pas de bonne qualité. Les cristaux sont en général gris et sales. L’aire
de production est aussi polluée avec les détritus qui jonchent le sol et la population qui
defecte aux abords des bassins de sel. Ce qui maintient dans l’environnement de la
production une odeur fétide. Cette situation a comme corollaire la baisse du prix du sel
sur les marchés et l’altération de l’état de santé de la population.
6-4-2-10. Perspectives
Les producteurs de sel s’attendent à produire un sel de meilleure qualité d’ici la prochaine
saison. Ils reçoivent actuellement un encadrement de PAM et du ministère de
l’Agriculture. Le PAM finance un projet qui les aide à préparer le sel sur la base d’une
nouvelle technologie et de façon plus hygiénique. En lieu et place du bassin traditionnel
ils vont produire le sel dans 3 bassins superposés de tailles différentes. Ainsi le sel peut-
être produit durant toute la saison de juillet -septembre de façon continue.
Le MARNDR intervient dans la formation. Un groupe de 25 paludiers ont reçu déjà une
formation d’un spécialiste Indien. Ce groupe doit aussi aller à Cuba pour poursuive leur
formation.
6-5 Filière pêche
6-5-1 Condition générale
La pêche est considérée par la population comme la première source de revenu de la
zone. Elle se pratique dans la baie de Caracol, un lieu historique qui nous rappelle le
naufrage de la Santa Maria l’une des 3 caravelles de Christophe Colomb en 1492. Dans le
passé, c’était une zone où abondent les poissons de toutes les espèces. A l’époque, les
pécheurs n’avaient pas besoin d’aller au large pour réussir une bonne pêche. Aujourd’hui
la contamination de la côte et la destruction des mangroves ont poussé les poissons á se
fuir la côte. La pêche artisanale est devenue très difficile. Les pécheurs doivent consentir
des investissements plus lourds en matériels appropriés á la pêche au large ou en haute
mer, ce que les petits pécheurs, majoritaires dans la section, ne peuvent se payer le luxe.
D’après les données fournies par les pécheurs participant aux ateliers, la section compte
environ 800 pécheurs repartis comme suite :
Bas Saline 400 Madras 200
Lot bò Chemin 125 Grand Chemin 50
Cachesse 25 Total ____ 800
Cependant, la pêche dans la baie de Caracol attire des pécheurs de tout acabit et
d’horizons divers. Ils viennent de l’Acul, de Cap-Haïtien, de Piatt, de Limonade et même
de la côte Sud. Ces pécheurs sortant de l’extérieur se servant souvent de filets á maille de
1½ pouce qui capture des poissons de toute dimension (petits et gros) empêchant ainsi la
faune marine de régénérer rapportent les pêcheurs de Bas Saline et de Madras. En période
d’hiver où les petits poissons abondent sur la côte, les pécheurs de Bas Saline et Madras
entreprennent le découchage des pécheurs qui disent-ils ne respectent pas la décision des
pécheurs de la zone interdisant la pêche dans la baie avec des filets dont les mailles ont
moins de deux pouces. Les pécheurs dont le matériel n’est pas adéquat pour pêcher
durant cette période ont la possibilité d’aller travailler sur les canots ou bateaux des
pêcheurs qui ne sont pas frappés d’interdiction pas cette mesure.
6-5-2 Production et Technologie
La majorité des pécheurs de la zone pratique la pêche artisanale qui est caractérisée par
l’utilisation de matériels moins performants, et dont le terrain de pêche est limité à la
côte. Cependant aujourd’hui, la pêche demande un équipement plus sophistiqué.
Les types de pêche pratiqués dans la baie sont :
Pêche á la ligne
Pêche aux filets à maillants fixes.
Cet engin est callé le soir et relevé chaque matin. La durée d’immersion varie de 18-
24hres.
Pêche aux filets en mono filaments.
Les filets sont callés soit á l’aveuglette, soit au passage des poissons saisonniers. Ils
peuvent être aussi posés en barrage ou en épis le long de la côte en cercle.
Pêche aux filets maillants battants.
Ces filets sont utilisés sur des canots de 6-8m de long où 7-8 pécheurs travaillent
ensemble. Le filet est placé en demi-cercle et les pécheurs en plongeant guident les bancs
de poissons dans le filet.
Pêche Bouées Zorphies
Un avançon de 50cm supporte un hameçon (zinc) soutenu par un petit flotteur, un
pécheur peut larguer une trentaine.
Sennes de plage
Elles ont généralement une longueur de 90m á 150m, certains peuvent atteindre jusqu'à
600m. Le maillage est dégressif, il passe de 50mm au niveau des ailes á 9mm au niveau
de la poche. Il faut 6-8 hommes environ pour la manœuvrer.
Palangre de fond.
C’est une sorte de panier, elle est constituée par une ligne mère en nylon contenant des
avançons de 30-50cm séparé de 1,80m environ. Une palangre peut contenir jusqu'à 800
hameçons (zincs).
Pêche á l’épervier
Cet engin est utilisé pour la capture des petits poissons comme sardines et anchois.
Pêche á la nasse
Les nasses ont la forme d’un Z avec deux entrées opposées. Elles sont fabriquées en
bambous refendus tressés. Elles peuvent être flottantes pour la capture des carangues ou
immergées pour la capture de la langouste et d’autres espèces de plus grande valeur
marchande.
Pêche en plongée
Elle s’effectue en apnée avec ou sans fusil sous-marin. Le plongeur peut descendre
jusqu'à 25m. Cette pêche vise les gros poissons, les langoustes, les lambis.
6-5-3 Matériels et équipement
Ces différentes formes de pêche se font sur des bateaux. Ces derniers sont des canots à
quille de 10-18 pieds de long.
-Des barques à fond plat de 10-15 pieds communément appelés bois fouillés. Les
pécheurs d’un certain niveau économique utilisent des canots munis d’un moteur.
Les autres matériels et accessoires sont :
Lampe, glace, igloo, aliment, ustensiles de cuisine, tapis, sacs de couche.
6-5-4 Calendrier de pêche
Selon les pécheurs, toutes les espèces de poissons ne se présentent pas sur le plateau
continental pendant la même période. Cependant, il existe des espèces qu’on rencontre à
toute époque de l’année.
Tableau #50. Calendrier sommaire de disponibilité des fruits de mer.
Espèces Couleur Période Boutou Blanche Toute l’année Blanche Blanche Toute l’année Colas Rose Toute l’année Colas Blanche Toute l’année Baré Blanche Toute l’année
Croco Rose Toute l’année Balbarin Rose Toute l’année Millet Blanche Toute l’année Sarde Blanche Toute l’année
Sardine Rose Mars- octobre. Bonite Blanche Juin - Nov.
Carangue Blanche Juin - Sept. Maule Noir Oct. - Déc. Hareng Noir Oct. - sept.
Langouste Noir Juillet - Mars Chatouille Noir Juillet - Mars
Crabes Noir Juillet - Mars Requin Noir Juillet - Mars
Crevettes Noir Juillet - Mars Priam Rose Juillet - Mars
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
En dehors de l’époque il y a aussi l’effet de la lune certaines pêches sont plus abondante
en pleine lune, d’autres en basse lune.
6-5-5 Rendement
Le rendement varie d’une pêche à l’autre et d’une saison á l’autre. Selon les pécheurs de
la zone une bonne pêche au filet de 2 pouces leur rapporte environ 2500gourdes
équivalent à 500.livres et á la senne environ 18,000gdes équivalent à 3600 livres.
Cependant quand le rendement est maigre le filet peut tomber au bas de 500gdes pour
quatre personnes et la senne au bas de 2500gdes pour 8-10 personnes.
6-5-6 Unités de mesure en cours dans la zone
Elles sont diverses et dépendent du type de pêche, par exemple pour une pêche au filet ou
á la senne, le poisson est vendu ordinairement par boîte. Le terme boite désigne les gros
igloo. Une pêche á la ligne se vend par cuvette ou par corde et une pêche á la nasse se
vend par panier bambou du coté de Madras.
Tableau #51. Unités de mesures et leur équivalence
Unités
Equivalence (livre) (Estimation des pécheurs
Prix/Unité (gourdes)
Cuvette 20 100-250 Panier bambou 100 1000-1500
Boite 200 2000-5000 Corde 2-6 20-60 Livre 1 10
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
Les ventes en livre se font au Cap-Haïtien et à Saint-Domingue. Les prix varient aussi en
fonction de la grosseur, de la qualité et de l’époque (offre).
Photo #6 Unité de vente de fruits de mer
6-5-7 Intervenants
Marché transfrontalier
Dans la chaîne on retrouve d’un coté : pécheurs--propriétaires de senne et de filet ---
Collecteurs---entrepreneurs dominicains-consommateurs.
Marché local
Pécheurs- propriétaire de senne ou de filets--marchandes grossistes-détaillants--
consommateurs.
6-5-8 Canaux de distribution
Ils sont au nombre de trois: Poisson frais, poisson séché et exportation. Le poisson frais
est vendu dans les marchés régionaux, dans les supermarchés, dans les hôtels et
restaurants. Le poisson séché est consommé dans les familles surtout pendant la semaine
Sainte (pendant le Carême) et moins prisé dans les lieux publics comme les hôtels et
restaurants. Le marché d’exportation concerne les crustacés et les lambis.
6-5-9 Commercialisation
Le poisson est commercialisé sous deux formes : fraîche et salée. Les marchandes
arrivent de Caracol, du Trou du Nord, de Limonade et du Cap-Haïtien pour acheter les
poissons frais sur place au bord de la mer. Certaines marchandes sont affiliées á des
pécheurs (clientélisme).
Le poisson de Caracol est revendu sur les marchés du Trou du Nord, du Cap-Haïtien, de
Limonade, de Limbé de la Grande Rivière du Nord et sur les marchés transfrontaliers.
De l’avis des personnes concernées, pécheurs et marchandes, la vente est surtout
florissante du début d’automne á la fin de l’hivers.
Le circuit de commercialisation se compose de deux axes:
. Marché de Caracol - Marché de Trou du Nord--limonade-Cap-Haïtien--
Limbé.
Marché de Caracol --Marché transfrontalier.
6-5-10 Système de partage des revenus de la pêche
La majorité des pécheurs ne sont pas propriétaires des matériels de pêche comme filet,
senne et canot. Le butin de péché est reparti de la façon suivante :
a) Canot + filet : Le revenu est partagé à part égale entre le propriétaire et les
pécheurs après avoir enlevé les dépenses.
b) Canot + senne : le propriétaire reçoit 35% et les pécheurs 65% après avoir enlevé
les dépenses.
6-5-11 Opportunités
Certaines opportunités existent pour le poisson et la pêche, clament les pécheurs de
Caracol.
Les marchés de la République Dominicaine et du Cap-Haïtien sont nettement plus
intéressants que les marchés régionaux. Les acheteurs Dominicains avancent
même de l’argent aux vendeurs de crustacés : Homard, crevettes, lambi, chat
rouge pour qu’ils deviennent l’acquéreur principal de la marchandise.
Tableau #52. Prix comparatifs des produits de fruits de mer sur les marchés
Espèces Marché Marché Marché (1Lv) Local
(gourdes) Cap-Haïtien (gourdes) Saint Dominique
(pesos) Homard 100 250 400 Lambi 40 60 80
Chat rouge 15 60 50 Crevettes 35 60 90
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
1 dollar haïtien = 3.5 pesos
Les pécheurs de Caracol ont aujourd’hui, l’opportunité d’aller á Provo
(Providenciales) pêcher pour des entrepreneurs de l’île qui leur donnent un salaire
mensuel dont le montant n’est pas connu. Ils sont actuellement plus d’une
trentaine (30) de pécheurs de la localité á émigrer de manière légale à Provo. Leur
changement de statut social est visible dans la communauté : Tous ont les plus
belles maisons de la localité et de l’électricité chez eux rapportent les riverains.
Le gouvernement haïtien par l’intermédiaire du MARNDR organise parfois des
sessions de formation et des voyages de formation á Cuba à l’intention des
pécheurs de Caracol.
6-5-12 Contraintes
Elles sont nombreuses
Absence de moyens de conservation et de stockage
Absence de moyens coercitifs pour faire appliquer les règlementations sur la
pêche.
Absence de crédit. Les marchandes sont obligées de consentir des emprunts au
près des usuriers à des taux exorbitants 15% par semaine et par vente.
Manque d’encadrement
Des matériels/équipements inappropriés pour la pêche en haute mer Pollution
de la zone côtière avec des détritus matières plastiques, excréments humains,
matière en verre, qui jonchent la plage ou le bord de mer.
Destruction des mangroves et des coraux.
6-5-13 Coût des matériels
A titre indicatif nous donnons ici quelques éléments d’appréciation sur le coût des
matériels de pêche, informations recueillies auprès des pécheurs. La plupart de ces
matériels: Filet, senne, bateau de pêche, sont achetés en République Dominicaine.
En ce qui concerne les filets, il existe sur le marché trois types :
Filet à grande maille (4’’- 6’’) pour pêcher gros poisson.
Filet à maille moyenne (2.5’’-3’’)
Filet à petite maille (1.5’’)
Tableau # 53. Coût de montage d’un filet de 200 mailles Description Quantité Unité Prix unitaire
(gourde) Montant (gourde)
Filet 1 200 mailles 12.500 12.500 Corde 500 Sac 20 10.000 Plomb 500 Unité 6 3.000 Liège 1 Sac 250 250 Fil 3 Rouleau 125 375 Main d’œuvre 1 2.000 28125 Un filet peut durer 5 ans avec un coût d’entretien variant autour de 5000 gourdes/an
d’après les pêcheurs.
Tableau #54. Coût de montage d’une senne 90 brasses Description Quantité Unité Prix unitaire
(gourde) Montant (gourde)
Fil 12’’ 125 Rouleau 150 18750 Fil 8’’ 4 Rouleau 125 500 Main d’œuvre 6 600 mailles 1000 6.000 ‘’ ‘’ 8 550 ‘’ 750 6.000 ‘’ ‘’ 6 450 ‘’ 400 2.400 ‘’ ‘’ 4 400 ‘’ 350 1.400 ‘’ ‘’ 4 350 ‘’ 300 1.200 ‘’ ‘’ 4 300 ‘’ 250 1.000 ‘’ ‘’ 4 250 ‘’ 250 1.000 ‘’ ‘’ 4 200 ‘’ 200 800 ‘’ ‘’ 4 150 ‘’ 150 600 Grosse corde 10 unité 500 5.000 Main d’œuvre 250 brasses 15 3.750 Liège 3 sac 250 750 Ouvriers spécialisés 4 H/j 250 1.000 Cordes 20 unité 500 10.000 Main d’œuvre 500 brasses 15 7.500 Nourriture 4 H/j 150 600 Total 68.250
Autres équipements et matériels
Corallin (Bateau a fond plat) = 12.500 gourdes
Canot : 15.000 gourdes
Igloo : 5000 gourdes
Flash : 250 - 500 gourdes
Sac de couche : 4000-5000 gourdes
6-5.-14 Atouts, contraintes et opportunités de l’agriculture à Champing
Le tableau ci-après dresse un inventaire des atouts, contraintes et opportunités qui se
présentent à un agriculteur de Champing
Tableau #55. Synthèse des contraintes, atouts et opportunités liés à l’agriculture
Atouts Contraintes Opportunités Bonne terre agricole avec une topographie plate
Manque de matériels de labour (tracteurs), Manque d’encadrement technique. Absence d’une institution de crédit agricole Absence d’une boutique d’intrants agricoles
Deux tracteurs privés de Trou du Nord 7 Charrues à traction animale de la coopérative de Cahesse
Des volumes importants en période de récolte de pois, maïs, manioc et arachide
Absence d’un marché local Absence de silos de stockage des grains Manque d’unités de transformation : Moulin maïs, cassave rie, moulin pistache Mauvaise gestion de la cassave rie de Mapou
Marché de Trou du Nord, Limonade, Cap-Haïtien, Limbé Unité de cassave rie d’un particulier de Trou du Nord établi à Mapou. Moulin maïs à Caracol et à Trou du Nord
Des aires de pâturages et des savanes
Pâturages non améliorés Elevage libre.
Construction d’enclos avec des haies de cactus pour garder les bœufs
Elevage bovin, caprin, caprin et ovin, race bœuf amélioré (race zébu)
Alimentation pauvre en protéines et en minéraux. Faible productivité des races indigènes. Manque de soins vétérinaires
FAES et les ONG Comité de pilotage
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
Tableau #55. Synthèse des atouts, contraintes et opportunités (suite)
Atouts Contraintes Opportunités Peuplement d’arbres fruitiers avec une dominance des manguiers
Faible valeur marchande Pas de travaux d’amélioration des variétés (greffage et sur greffage) Pas de politique de reboisement
FAES et les ONG Comité de pilotage
Sept (7) charrues à traction animale
Charrues en panne, pas de service de réparation, Bœufs mal nourris
FAES et les ONG Comité de pilotage
Deux rivières pouvant servir à l’irrigation des terres agricoles
Absence de système d’irrigation FAES et les ONG Comité de pilotage
Deux puits forés pour irrigation de 36 carreaux de terres non encore mis en service.
Pas de système de pompage. Mauvaise gestion des puits
Comité de pilotage s’évertuera à trouver des ressources auprès des institutions financières et l’Etat haïtien pour achever ces puits
Zone de pêche Faible rendement de la pêche artisanale Manque de matériels pour la pêche au large Pêche non contrôlée, et législations non respectées Manque de formation des pêcheurs Manque de moyens de conservation des poissons Absence de crédit
Marché transfrontalier, marché du Cap-Haïtien, Assistance en formation du MARNDR
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
7- ENVIRONNEMENT 7-1 Situation Générale Champing est une zone de plaine située en aval du bassin versant Trou du Nord, l’un des
plus dégradés du pays suivant une étude réalisée par Joel TYMIAN pour le compte de
l’USAID en 2005. Cette zone est très souvent victime d’inondations à cause de sa
topographie. Les relevés topographiques du Centre National d’Information Géo Spatiale
(CNIGS) la classe dans la catégorie de pente 2%-5%. La situation agro- écologique est
identique à celle des zones de plaines côtières d’aridité moyenne (CNIGS, 2007). La
végétation arborée est dominée par de petits bosquets de bayahonde et de Campêche et
quelques arbres fruitiers en particulier des manguiers. Au dessous des bosquets poussent
des herbes dominées par une variété communément appelée zeb avion ou zèb sûr que le
bétail broute pour son alimentation. Cependant ces bosquets sont très exploités par les
paysans de la zone pour la production du charbon de bois, du bois de chauffage et pour
faire des jardins.
En plus des bosquets, la zone du littorale est peuplée de palétuviers exploités aussi pour
la production de bois de chauffage et de poteaux destinés respectivement aux
établissements de blanchisseries et boulangeries et à la construction dans la ville du cap-
Haitien. Cette exploitation anarchique est en train de détruire l’écosystème marin, très
bénéfique pour la reproduction des poissons et la pêche artisanale.
En plus, certaines personnes dans la zone pour construire des bassins de sel abattent
également les mangliers de la forêt. Cette situation a soulevé le mécontentement des
pécheurs de poisson qui, selon eux, les mangroves constituent des zones de vie et de
reproduction de bien des espèces de poisson. Certaines espèces ont dû migrer au large.
7-2 Relief et sol
Champing est une zone à relief plat. Cependant, elle est traversée par trois (3) ravines
d’activités plus ou moins intenses : Ravine Dongole, Madras et Vieux chemin. D’après le
Centre National de l’Information Géo Spatiale (CNIGS), la pente varie de 0-2%.
Référence carte de pente de la commune préparée par CNIGS. Le niveau d’érosion est
faible. Voir la carte d’érosion des sols de Caracol.
Les sols sont généralement limono sableux et très profonds. La section est lit des dépôts
de sédiments provenant de la rivière de Trou du Nord et de la rivière Moreau en période
d’inondations. Ces sols, généralement fertiles, produisent des vivres et des céréales
comme Haricot, manioc, patate, banane, maïs et pistache.
Photo #7 .Carte d’érosion des sols
.
Photo #8. Carte de pente de la section Champing
7-3 Climat
On trouve à Champing un climat tropical sec à deux (2) saisons de pluie. La plus petite
débute en avril et prend fin début juin ; la plus grande de fin octobre à janvier. Dans ce
climat, la pluviométrie annuelle est de 750-800 mm de pluie (CNIGS). Les mois les plus
chauds sont juin, juillet, août et les plus frais sont décembre, janvier et février. La
température varie entre 25ºC et 30ºC (CNIGS). Notons que les habitants ont rapporté
avoir noté depuis quelques années des changements dans le calendrier des pluies à
Champing. La carte climatique de Caracol ci-dessous va permettre de visualiser le climat
de Champing
Photo #9. Carte climatique de Caracol
7-4 Utilisation des sols
Le sol de Champing est du type limono sableux dans la majorité des habitations, mais il
devient sablo limoneux et même sablonneux plus on s’approche de la mer, pour les
habitations situées au bord de la mer, tel que Bas Saline, Madras et lòt bò Manyon.
Le transect a permis d’observer toute une gamme d’utilisation des sols. On retrouve les
zones de cultures denses, de pâturages dominants avec l’herbe sur et corde à graine, des
systèmes agro forestiers dont l’espèce forestière dominante est bayahonde et l’espèce
fruitière : le manguier. Il existe aussi d’autres formes d’utilisation des sols dans la
section comme les zones de marais salants exploités pour la production de sel de cuisine,
des zones de mangroves, de plage, de résidences et de savanes à occupations multiples :
élevage libre, cultures extensives. Référence carte d’occupation des sols.
Photo #10. Carte d’occupation des sols
7-5 Potentialité des sols
Les sols de Champing accusent une forte potentialité agricole. Selon la charte de
classification des sols et la réalisation cartographique du CNIGS, les sols de qualité
excellente représentent 66% de la superficie, les bonnes terres environ 18%, les
médiocres 5% et les sols très limités 11%.
Photo #11. Carte de potentialité de sols
7-6 Ressources en eau
La section communale Champing a des ressources en eau assez importantes ; parmi
lesquelles on dénombre les anciens puits de la compagnie HACOR dont l’eau servait à la
préparation du sisal. Aujourd’hui la majorité est tombée en panne, mais sept (7) d’entre
eux fonctionnent encore et les eaux sont utilisées pour abreuver les animaux,
principalement les bœufs. Deux autres forages ont été réalisés par l’Organisme de
Développement du Nord (ODN) pour faire de l’irrigation, dont l’un se trouve á Grand
Fond ayant une capacité d’irriguer de seize (16) hectares et l’autre á Chabert ayant une
capacité d’irriguer de vingt (20) hectares. Cependant, ces puits n’ont pas servi à
l’irrigation étant donné que la compagnie Welch avait fermé ses portes avant même
l’entrée en service de ces puits. Aujourd’hui celui de Chabert fournit l’eau de boisson à la
communauté et celui de grand fond est toujours inutilisé. Il existe encore dix (10) autres
puits á pompe qui alimentent la population en eau de boisson dans les zones habitées.
Aux dires de la population cette eau n’est pas de bonne qualité, elle a, parfois une odeur
de houille.
La zone est alimentée également en eau par les eaux de deux rivières :
La rivière Moreau qui a été captée pour faire de l’irrigation au début des années
80 par la compagnie CRUDEM. L’eau servait à arroser les grandes plantations de
canne á sucre, á présent le barrage est totalement détériorė et ne fonctionne plus.
Ainsi, lors d’une visite terrain on a calculé un débit de 23 l/s.
La rivière Trou du Nord baptisée dans la zone rivière Tikouline s’assèche au
cours des mois de juillet - août si la sécheresse est sévère.
La section est aussi traversée par des ravines : Madras, Diongal, Vieux chemin et qui en
période de crue déversent des eaux sur toute la section et le bourg de Caracol.
Photo #12. Carte Hydrologique de Champing/ Caracol
7-6-1. Gestion de l’eau
Avec une nappe phréatique proche de la surface du sol, deux rivières qui traversent la
zone et une pluviométrie annuelle de 750-800mm, Champing dispose suffisamment de
ressources en eau pour satisfaire les besoins des êtres vivants. Malgré tout, la section fait
face à une pénurie en eau pendant certaines périodes de l’année. Cette situation résulte
d’une mauvaise gestion de la ressource : les eaux de rivières ne sont pas exploitées à des
fins de production, les puits forés pour l’alimentation de la population en eau de boisson
fournissent une eau de qualité douteuse, les deux saisons pluvieuses s’étalent sur une
période de 5-6 mois.
Par ailleurs, il n’existe au niveau des institutions locales aucune politique de conservation
de l’eau : pas de projet d’aménagement et de protection de sol et d’eau, pas de structure
de gestion des pompes, pas de réglementation sur l’utilisation de la ressource. En un mot,
aucune forme de participation ou d’appropriation de la ressource par la communauté.
Tout est laissé au caprice de chaque membre dans la population.
Quand une pompe est tombée en panne dans une habitation, l’un des leaders de bonne
volonté de la communauté rapporte le fait aux autorités locales, en particulier, le CASEC
qui contacte une institution compétente en la matière pour faire la réparation. Donc, il
n’existe aucune forme d’organisation sociale ou administrative chargée de la gestion de la
ressource eau dans la section.
7-6-2. Inondations
Les risques d’inondations dans la zone sont élevés et la population est souvent victime, à
cause du fait que la section est située dans le lit de la rivière Moreau et Ti-Kouline.
En matière d’environnement c’est le problème numéro de la communauté. Les eaux de la
rivière déborde assez souvent, envahissent les maisons, détruisent les cultures, polluent la
mer et les côtes marines, emportent les animaux, parfois même des vies humaines, en
témoigne l’inondation de mai 2004 qui a causé la mort à deux personnes dans la section.
7-7 Biodiversité
En raison de la destruction de la couverture forestière et d’une exploitation irrationnelle
de la faune et de la flore, de nombreuses espèces tant végétales qu’animales ont disparu
dans la première section communale Champing.
Au niveau de la faune on peut citer : tourterelle, papillon, serpantier, colibri, bous tabac,
ortolan et le rossignol.
Au niveau de la flore les espèces suivantes sont en voix de disparition : palmiste,
campêche, et le cocotier.
7-8 Potentiel touristique
L’environnement de Champing est à vocation touristique avec la baie de Caracol où sont
toujours logés les débris de la Santa Maria qui était la caravelle personnelle de Christophe
Colomb, les canaux souterrains de Chabert où se retranchait Charlemagne PERALTE et
ses troupes dans les combats avec l’armée d’occupation, la tombe de Charlemagne
PERALTE, les vestiges de la compagnie ACCOR). L’ensemble de ses sites fait de la
zone une destination privilégiée à la fois pour le tourisme local et étranger.
7-9 Pollution de la mer
La pollution de la mer est due aux inondations fréquentes, à un ensemble de contenants
en plastique non- biodégradables qui jonchent le littoral et des matières fécales. Ces
déchets sont éparpillés partout dans les canaux de drainage, dans l’embouchure des
rivières et dans l’air du littoral.
Photo #13 Pollution du bord de mer
7-10 Analyses des Tendances environnementales De l’avis de la communauté de Champing plusieurs changements sont observés au cours
des vingt dernières années dans le mode de vie de la population et dans l’environnement.
Ces changements touchent la production agricole, l’habitat, les conditions
environnementales, la démographie, l’éducation et la communication.
Tableau#56. Analyse des tendances environnementales
Année Avant Aujourd’hui 1987 Biodiversité
Présence de nombreuses espèces d’oiseaux comme: tourterelle, papillon de la saint Jean, serpentiez, colibri, bous tabac, ortolan et le rossignol.
Réduction et disparition de ces espèces
1987
Education Pas d’école primaire dans la zone, les parents étaient obligés d’envoyer leurs enfants à Trou du Nord ou à Caracol
4 écoles primaires 1 établissement préscolaire
1987 Communication La section vivait dans un quasi isolement avec les communes et sections avoisinantes. Il n’y avait pas de route carrossable. Les déplacements se faisaient á dos d’animaux ou à pied.
En 1987, la route reliant Caracol á la route nationale #4 fut construite. Les premiers véhicules commencent á fréquenter la zone. Aujourd’hui, en plus de la route qui facilite les échanges entre les communautés avoisinantes, la population bénéficie des services de téléphones cellulaires de trois compagnies : DIGICEL, VOILA et HAITEL, qui lui permettent de communiquer avec le monde.
1987 Production Agricole Avant 1987, l’agriculture dans la zone était dominée par des grandes plantations sucrières appartenant aux barons du régime des Duvalier. Mais ces cannes á sucre qui étaient produites pour le compte de la compagnie Welch á Limonade avaient crées beaucoup d’emplois dans la région mais avait aussi fait autant d’ennemis.
Avec le « déchoucage » en 1987 de l‘usine Welch, les plantations de canne á sucre furent détruites et remplacées par des cultures vivrières. Le régime des grandes propriétés a fait place à la petite propriété. Aujourd’hui, la production agricole a perdu du terrain au profit de l’élevage. Les animaux étant lâchés librement dans la nature, les agriculteurs sont contraints de laisser les terres en pâturages.
1987 Couverture végétale Avant 1987, la couverture végétale était dense et composée des espèces dominantes : bahayonde et de campêche à coté des plantations de la canne á sucre.
Avec la destruction des plantations de canne á sucre qui avaient crée beaucoup d’emplois dans le secteur, la coupe des arbres s’intensifie, la couverture végétale arborée se trouvait sérieusement menacée par l’industrie du charbon et du bois de chauffage dont la production est en hausse continue.
1987 Il n’y avait que 15 producteurs de charbon dans toute la section ont rapporté les participants
Aujourd’hui, plus de 200 familles tirent des revenus de l’industrie du charbon. Les participants disent avoir dénombré au moins 5-6 camions de 250-300 sacs de charbon de 35kg et 8-10 voiliers de cabotage chargés de bois de mangrove quittés la zone chaque semaine.
1987 Conditions climatiques Les pluies étaient plus abondantes et régulières.
La quantité de pluie tombée au cours d’une année a sensiblement diminué et les chutes de pluies sont rares et irrégulières.
1987 La pêche Les mangroves étaient denses et servaient d’abri pour les poissons qui vivaient près du littoral. La pêche avec du matériel artisanal était plus facile et plus rentable. Aussi il y avait moins de pécheurs.
Les mangroves commencent à disparaître, les poissons se sont retirés du littoral, rendant la pêche artisanale non rentable. De plus, la pêche est devenue une activité de masse, la zone compte plus d’un milieu de pécheurs aux dires des participants mais les poissons sont moins nombreux.
1987 Eau de boisson La population utilisait l’eau de la rivière ti Koulin
Environ vingt (20) puits á pompe existent dans la zone
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
7-11 Utilisation des Ressources Naturelles
Les ressources naturelles, bien gérées servent à créer la richesse en vue d’améliorer les
conditions de vie de la population qui en est l’usufruitier, mais une mauvaise gestion peut
engendrer la pauvreté et même l’extinction de la communauté. A titre indicatif voici une
évaluation sommaire et partielle de quelques usages des Ressources Naturelles par la
communauté à Champing.
Tableau #57. Mode d’utilisation des Ressources naturelles Ressources Utilité Autre possibilité Niveau d’exploitation La mer Pêche, Sel, Bain, Roches
pour la construction de la chaux
Tourisme, Plage, Porte ouverte
Très peu
Foret//bosquet Charbon, élevage, construction, préservation du climat
Touriste écologique, Artisanat, Mahogani, biodiversité
Très mal exploité
Terre Production, conservation Urbanisation Très peu Rivière Lessive, bain, sable,
gravier roche, l’eau pour les animaux, irrigation
Système hydraulique, Irrigation
Très peu
L’eau souterraine Forage puit, L’eau potable
Irrigation Peu exploitée
Marin salant Production sel Aucune Mauvaise exploitation Mangrove Charbon de bois,
construction Reproduction poisson Mauvaise exploitation
Plantes médicinales et ornementales
Médicaments pour les soins de santé et de beauté
Développement du marché
Peu exploité
Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
7- 12 Classification des plantes Les plantes sont connues pour leurs multiples fonctions. Protection, conservation,
production. Voici quelques utilisations des plantes par la population à Champing.
Tableau#58. Utilisation des principales plantes rencontrées
Types de plantes
Médicinales Fruitier construction Charbon Foret clôture Haies vives
Mango X Xx x x Chêne X Xx x x x
Avocatier X Xx x x Chadèque X Xx x
Orange X Xx x Bambou X Xx x
Campêche X Xx Xx x x Neem X Xx x
Sablier X x Acajou X Xx x x x
Cocotier x Xx Amande x Xx x x x
Calebasse x x Xx x Citron Xx Xx x x
Bayahonde x Xx x x x Cactus Xx Flamboyant x x Xx Eucalyptus x Xx x x Cirouelle x x x Xx Leucaena x Xx x x Xx Faux Bazin Xx Ricin Xx Rachay Xx Guerimaux Xx Chorché Xx Anis Xx Roté Xx La loi Xx x Cacao x Xx Menthe Xx Citronnelle Xx Mélisse Xx Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
Légende : X : Rempli aussi cette fonction Xx : Principale fonction
7-13 Atouts, contraintes, et opportunités clés liés á l’environnement
L’ensemble des contraintes, atouts et opportunités que les participants aux ateliers ont
identifié dans le domaine de l’environnement est présenté au tableau ci-dessous.
Tableau #59. Atouts, contraintes et opportunités liés à l’environnement
Atouts Contraintes Opportunités Beaucoup de mini bosquet Acacia scleroxylla (bayahonde)
Coupe abusive des arbres pour la production du charbon et bois de chauffage
Développement de fourneau amélioré pour faire passer le rendement de 15% par m³ de bois vert à 40%. Réchauds miracles
Sol plat à faible risque d’érosion
Production de forets énergétiques
Ressources en eau importantes : Deux (2) rivières quatre (4) ravines Une vingtaine de puits forés
Inondations fréquentes Ravines non traitées Rivières non endiguées Pollution de l’eau
Irrigation Hydroélectrique
Nappe phréatique importante et proche de la surface
Puits artésiens et Irrigation par pompage
Biodiversité Espèces végétales et animales en voie de disparition
Médecin feuille et hougan
Marais Salants
Pollution du littoral
Marché du sel (usine à glace et le plateau central)
Forêt de mangrove
Destruction des mangroves
Multiplication des crevettes
Baie de Caracol, une destination pour la pêche
Pêche sans contrôle
Marché transfrontalier et du Cap-Haïtien
Potentiels touristiques Sites non protégées Tourisme alternatif Plusieurs variétés plantes médicinales Marché du thé.
Des médicaments Source : Atelier DPSC de Champing, juillet 2007
8- Quel sera le futur de Champing ?
La population de Champing, à travers la carte de rêve a bien défini le futur de sa
communauté. Elle rêve une Champing organisée avec des structures suivantes :
Au niveau de la justice un tribunal de paix, un sous commissariat.
Au niveau de la santé et de l’hygiène publique : Un centre de santé équipé avec un
personnel médical qualifié et consciencieux, des matrones recyclées, la promotion de
l’hygiène publique.
Au niveau éducation : une école secondaire, un école professionnelle avec un personnel
enseignant qualifié et bien traité.
Au niveau agriculture : un système d’irrigation exploitant l’eau de la rivière Moreau, une
banque de crédit agricole, une cassave rie moderne, des moulin de maïs, une banque
d’intrants agricoles, une pêche organisée et encadrée, des forêts communales, un palan
public, un marché communal, un système d’élevage amélioré, un encadrement technique
pour accompagner les agriculteurs et les éleveurs, des routes agricoles sillonnant la
section.
Au niveau social : de l’électricité provenant d’un système hydroélectrique installée sur la
rivière Trou du Nord, un système d’adduction d’eau potable, un centre de loisirs, des
terrain de jeux, un projet de village communautaire,
La population souhaite aussi, la création d’un parc industriel et d’un aéroport
international dans la zone de Madras et le développement du tourisme en de
l’exploitation des sites historiques
9. Perspectives et conclusions
Le diagnostic participatif de la section communale de Champing ouvre la voie à de
nombreuses attentes et il apporte aussi des acquis pour la population dans le cadre de son
développement. Il a permis aux leaders de cette communauté de mieux cerner les atouts,
les contraintes et les opportunités dont dispose Champing, il a le mérite de faciliter la
création du comité de pilotage qui devient automatiquement une structure de gestion des
intérêts de la section et un espace de dialogue inter habitations ou se discutent tous les
projets concernant le bien-être de la communauté. Il est la clé de voûte pour un véritable
plan de développement au profit de la région. C’est aussi un pas vers la démocratie et la
bonne gouvernance.
La section compte de nombreuses richesses en matière de ressources naturelles, qui
peuvent servir de moteur à un programme de développement des communautés. La
démarche serait d’accompagner la population dans des actions (projets) concrètes
orientées vers la croissance économique et l’amélioration des conditions sociales.
Annexe 1 Nomenclature des plantes Nom vernaculaire Nom scientifique Acajou Switenia mahogani Amande Prunus occidentalis Anis Foeniculum vulgare Arachide Arachis hypogea Avocatier Persea americana Aubergine Solanum melogena Bambou Bambusa vulgaris Banane plantain Musa paradisiaca Bayahon Prosopis juliflora Cacao Theobroma cacao Calebasse Cresentia cujete Calebasse douce Lagenaria sp. Campêche Haematoxylon campechianum Candelabre Euphorbia lactea Canne à sucre Saccharum officinarum Chadèque Citrus maxima Chêne Catalpa longissima Cirouelle Spondias purpurea Citron Citrus aurantifolia Citronnelle Cymbopogan citratus Cocotier Cocos nucifera Epinard Spinacia sp Eucalyptus Eucaliptus camadulensis Faux Bazin maron Rosmarinus officinalis Flamboyant Delonis regia Giraumont Cucurbita moschata Gombo Hibiscus esculentus Guerimaux Clidemia hirta Haricot :Paseolus vulgaris La loi Aloe vulgaris Leucaena Leucaena leucocephala Maïs Zea mays Manioc Manihot esculenta Mango Mangifera indica Mélisse Melissa officinalis Menthe Mentha nemorosa Neem Azadiracta indica Orange amer Citrus aurentium Quenepier Melicocaca bijug Patate douce Ipomea batatas Piment Capsicum sp Pois congo Cajanus cajan Pois Inconnu Vigna sinensis Ricin Ricinus communis Riz Oriza sativa Tomate Solanum lycoperdicum Sablier Hura crepitans Zeb avyon Sporobolus indicus
Annexe 2 Questionnaires Environnement
1- Quels sont les types d’arbre existants dans la zone ?
2- Comment était la couverture forestière dans la zone ?
3- Existe-il beaucoup de bosquet de bayahonde dans la zone ?
4- Existe – il des espèces forestières en voie de disparition dans la zone ? Si oui qui
sont elles ?
5- La coupe de bois est elle une activité très fréquentes dans la zone ?
6- Pourquoi qu’on coupe beaucoup d’arbre dans la zone ?
7- Faites- vous beaucoup du charbon dans la zone ?
8- Existe-il beaucoup de boulangerie et de dry cleaning dans la zone ?
9- Quelles sont les différentes ressources en eau existante dans la zone ?
10- Quelles sont les espèces d’oiseau en voie de disparition dans la zone ?
11- Comment gérez vous les déchets dans la zone ?
12- Comment est la situation de l’environnement durant les vingt années
avant et après ?
Organisation de base et coopérative , ONG, Inst. Financiers
Quelles sont les organisations de base existant des la section.
Date de fondation #membres
Principales activités #Montant des cotisations
Aire d’influence #droit d’entrée
Réalisations Autres sources de financement
# Membres #G : _______ #F : _________
Statut reconnaissance date et type élection
Ki oganizasyon ki pi fo nan kominote a
1e 3e 5e 7e 9e
2e 4e 6e 8e 10e
Oganizasyon de leta
Ki institityon ak oganizasyon ki gen nan kominote a, ki sevis yo bay
Enstitisyon dat yo te la sevis yo bay
Ki rapo ki egzite ant entitisyon leta y o ak ak ONG yo
Elément Culturel
Religion/
localisation/
nom/ section /
religieux
Nom
Jour de culte
# membres
Activités
sociales
Plezi
Ki kote ak kile moun nan kominote a pran plezi yo ?
Plezi ki kote ki lè deskrispsyon plezi .
Popilatyon ak migrasyon
1. Eske gen moun nan zòn nan ki konn pati ?
2. Ki rezon ki fè yo kite zòn nan?
3. Kil è yo plis pati ?
4. Lè yo ale ki kote? Peyi etranje ? lòt vil peyi a?
5. Eske nou ka di depi sa koumanse fèt ?
6. Ki sa nou konstate moun ki pati yo fè pou fanmi yo ?
7. Ki sa nou konstate moun ki pati yo fè zòn nan ?
8. Konbyen tan moun ki pati yo ka fè dyò ?
9. Eske zòn nan konn resevwa etranje ki vini rete ladann ?
10. Ki lè yo plis vini ?
11. Ki rezon ki fè yo vini rete nan zòn nan ?
12. Moun ki vini yo, ki kote yo plis soti ?
13. Depi kilè zòn nan ap resevwa etranje ?
14. Moun sa yo ki vini an ki sa yo fè pou zòn nan ki sa yo fè pou zòn nan ?
15. Nap di ni sa ki byen ni sa ki mal…….
16. Kouman yo vini ?
17. Grenn pa grenn ?
18. oswa pa bann ?
19. Lè moun nan debake kouman yo fè pou yo rete nan zòn nan?
20. Lè moun nan vini, konbyen tan li ka pase?
Edikasyon
Konbyen lekol ki gen nan seksyon #G #F.
Nan ki klas yo rive? Konbyen elev ki gen nan chak lekol
le jen yo fini lekol prime nan zon nan ki kote yo ale pwousuiv etid yo.
Konbyen jen ale lekol lo kote? Pouki sa :
Nan ki eta lekol yo ye ?
Eske gen lekol leta nan seksyon.
Konbyen profese ki gen nan chak lekol?
Ki nivo profese ( ki klass yo rive)
Konbyen nan yo ale chak ane nan resiklay
Konbyen kob pa ane yo peye nan rantre lekol
Konbyen kob pa ane yo peye oubyen pa mwa pou ekolay
Konbyen profese yo touche
Ki treteman yo bay profese yo
Konbyen profese ki ap viv nan kominote a
Ki sa jen yo fe lè yo fini lekol
Ki sa paran yo fe pou jwen lajan pou voye ti moun lekol
Ki probem nan edikasyon ki pa soti nan atelye a
Ki problem nan edikasyon ki ka resoud ak konkou popilasyon…..
Ak leta nan zon nan……..
Ki enpotans lekol gen pou jen yon nan seksyon an
Eske lekol gen dlo □
Twalet □ Teren pou jwe □ Bibliotek □
Cantine □
Santé
Ki bo moun nan seksyon ale cheche swen sante
Eske nou satisfè ak kalite swen nou jwen
Konbyen nou peye
Ki maladi ki frape popilasyion an
Ki moman nan ane moun yo plis malad
Ki remèd fey nou kon fè lè nou gen tel maladi
Koman hougan yo ede nou nan zafè jwen swen sante.
Agriculture
Ki jan ou fè pou jwen moun pou travay nan jaden
Ki period gen plis bezwen M.O
Konbyen tan ou pase nan jaden
Konbyen nou peye pa operasyon
Sakle __________________gdes_
laboure ________________
plante ___________________
Reckolte __________________
konbyen ou depanse pou manje __________________
Ki kote ou jwen semens _____________________________________
Konbyen yo peye pou semens la ?________________________
Nan ki mache ? _______________________________________
Ki angrè nou itilize nan zon nan ?
Kote nou achete yo ?
Elevaj
Ki sa nou bay zannimo yo manje ?____________________________
Cochon__________________________________________________________
Poul ________________________________________________________
Bef _________________________________________________________
Kabri ________________________________________________________
Konbyen pote yo fe pa ane
espès________________espès
espès_________________espès _________________
Ki kote nou van ak achete zannimo ______________________________
Ki moman nan ane nou van ak achete zannimo __________________________________
Annexe 3
Bibliographie
FAO, 1999. Manuel de formation en approche participative. Module I. 52 p.