22
Extrait de la publication

Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

Extrait de la publication

Page 2: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

Extrait de la publication

Page 3: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

Collection « MIROIRS »dirigée par Ivan Steenhout

Extrait de la publication

Page 4: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

DU MÊME AUTEURchez la même éditrice

La Vie aventureuse d’un drôle de moineau, roman, 1996,traduit de l’anglais par Jacques Fontaine et Marie-Madeleine Raoult

Onyx John, roman, 1997,traduit de l’anglais par Ivan Steenhout

Train d’enfer, roman, 1998, 2009,traduit de l’anglais par Ivan Steenhout

La Ligne de feu, roman, 1998traduit de l’anglais par Jacques Fontaine et Ivan Steenhout

Le Kinkajou, roman, 2000,traduit de l’anglais par Ivan Steenhout

Page 5: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

LA LIGNE DE FEU

Page 6: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

Les éditions de la Pleine Lune223, 34e AvenueMontréal (Québec)H8T 1Z4

www.pleinelune.qc.ca

Photo de l’auteurJosée Lambert

InfographieJean Yves Collette

Diffusion au Québec et au CanadaDiffusion DimediaTéléphone : 514- 336-3941Courriel : [email protected]

Distribution en FranceDistribution du Nouveau MondeTéléphone : (01) 43-54-49-02Courriel : [email protected]

Page 7: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

Trevor Ferguson

LA LIGNE DE FEU

traduit de l’anglais par Jacques Fontaine

et Ivan Steenhout

roman

Pleine lune

Extrait de la publication

Page 8: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

La Pleine Lune remercie le Conseil des Arts du Canada pour l’aide financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le ministère du Patrimoine canadien pour leur soutien.

Ce livre est une œuvre de fiction. Tous les personnages et événements sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées est pure coincidence.

Titre original : The Fire Line, © Trevor Ferguson 1977HarperCollins Publishers Ltd, Toronto, 1995© Trevor Ferguson, 1995

ISBN 978-2-89024-126-8 (papier)ISBN 978-2-89024-311-8 (pdf)

© Les éditions de la Pleine Lune 1998, pour la traduction française

Dépôt légal – troisième trimestre 1998 Bibliothèque et archives nationales du QuébecBibliothèque nationale du Canada

Extrait de la publication

Page 9: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

aux constructeurs de ponts aujourd’hui dispersés&

à Lynnecomme toujours

Extrait de la publication

Page 10: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

La terre dans sa dévotionporte toutes choses, le bien et le mal,

tout sans exception.

TAO-TÊ CHING

Page 11: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

PROLOGUE

Les collines brûlées

Extrait de la publication

Page 12: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le
Page 13: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

13

SON CORPS NE PROJETAIT PAS D’OMBRE. Il se balançait dans la lumière du soleil qui se levait sur les collines brûlées. Une lune à croupetons derrière lui se couchait. Il ne projetait pas d’ombre. Ni sur le champ de cendres fumantes et de poussière ni sur l’écorce calcinée de l’arbre auquel il était pendu.

Il agrippa le nœud qui lui serrait le cou et à deux mains se hissa pour prolonger encore un peu sa vie. Il voulait dire quelque chose. Mourir était mourir mais ne pas projeter d’ombre à l’heure de sa mort lui paraissait injuste et déshonorant. Il voulait parler et discuter. On l’avait abandonné. Il voulait que ce soit noté. Il ne projetait pas d’ombre. Il voulait que le monde entier le sache. Il voulait qu’on lui explique ce que cela signifiait. Pourquoi il devait en être ainsi.

L’homme était disposé à mourir mais certaines choses devaient être dites d’abord. Il voulait en parler mais il n’y avait personne pour l’entendre. Juste la forêt brûlée. Les arbres calcinés. La fumée. La cendre. Le soleil impatient. Une lune désespérée. Et son âme qui se balançait entre les deux doucement vers l’avant discrètement vers l’arrière.

Il pensait qu’il dirait : J’attends ma rédemption. Ce seraient ses premières paroles s’il pouvait parler et si quelqu’un l’écoutait. Je l’attends maintenant. Voilà comment il expliquerait qu’il se balançait au bout d’une longue lance d’incendie pendu au dernier arbre de la forêt encore debout les branches intactes au-dessus de ce désert de cendres.

Extrait de la publication

Page 14: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

trevor ferguson

Je suis venu en cet endroit au cœur de ce temps et me voici qui attends.

Quelque chose.Il pensait qu’il dirait : Ceci devrait perdurer. Il le dirait.Ceci devrait perdurer. Je vous en prie. N’importe qui. Écoutez.La lune plongeait derrière l’auvent de cet horizon désolé.Le soleil flottait au-dessus des collines brûlées et des rais de

lumière à travers les chicots des bouleaux le frappaient au visage et il pensait qu’il serait aveuglé. Il pensait qu’il s’élèverait dans le ciel et la lumière et l’homme au bout de sa lance d’incendie se tortilla et gigota si fort qu’il en perdit une botte. Il rua hurla et vociféra hagard des paroles de rage de tristesse de fureur et de plainte et de sordides récriminations.

Il parla.Ses mots pleuvaient sur la terre assoiffée. Ses mots tombaient

sur la cendre et il en tira plaisir. Il faillit rire – chose dangereuse. Il risquait de perdre sa concentration – drainer ses forces – ses mains couvertes de suie et de sang risquaient de glisser. Il voulait parler de cela. Il voulait reculer dans le temps et dire à ses amis s’il en avait qui vivaient encore qu’il avait vu l’avenir et que dans cet avenir il était mort de rire. Ils aimeraient ce genre d’histoire.

Que ses amis l’entendent ou non et qu’ils l’écoutent ou non l’homme raconta l’histoire.

Pendu dans un champ de cendres au bout d’une lance d’incendie il s’adressa au soleil levant comme à un vieil ami comme si c’était le début d’un autre jour splendide et nouveau et qu’il se devait vraiment de savourer ce moment.

Extrait de la publication

Page 15: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

I

L’étrange imbrogliode situations fâcheuses

sus-mentionné

Extrait de la publication

Page 16: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le
Page 17: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

17

1

AU CŒUR GÉOGRAPHIQUE de la Colombie britannique dans la gare ferroviaire de Prince George un homme maigre aux traits anguleux vêtu de bleus de travail et d’une casquette verte et trimballant un vieux sac de jute vert et graisseux examinait l’énorme carte de la province collée sur un grand mur. La salle était vaste et vide avec des bancs blancs et un plancher brun usé par les pas et le flux incessant des migrations humaines. L’homme s’appelait Reed Kitchen. Il suivait les traits pointillés des lignes de chemin de fer qui comme un dessin d’artères humaines entraient et sortaient de la ville à l’est et à l’ouest au nord et au sud. Il repéra les hameaux vers la côte du Pacifique près de Prince Rupert mais n’y trouva pas le nom de l’endroit où il allait – Kwinitsa.

Il traversa la salle.Un autre voyage vers une destination inconnue, dit-il au chef

de gare en déposant son bon de transport à l’étroit guichet à barreaux noirs.

Le petit homme aux cheveux gris et au front parsemé de taches de vieillesse acquiesça sans dire un mot.

Je ne trouve pas l’endroit sur votre carte.Il y est.Où ça ?Sur la carte.

Extrait de la publication

Page 18: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

18

trevor ferguson

Une atmosphère de calme et de silence flottait dans la grande salle aux boiseries sombres et vernies et au plafond haut. Une atmosphère à aspirer et expirer doucement comme si la gare à cette heure s’était donné la retenue d’une bibliothèque. Aucun bruit ne devait couvrir le doux ronronnement de la chaufferette électrique aux pieds du chef de gare. Le bruit appartenait à la fureur des quais. Le calme qui régnait ici était un calme taciturne – un antidote à la barbarie étrangère qui sévissait de l’autre côté des portes.

Le chef de gare lui échangea des billets contre son bon de transport et le tamponna méthodiquement et arracha les feuilles de trop. Reed Kitchen garda le silence. Le besoin de parler bouillonnait en lui. Il n’avait presque pas parlé pendant toute l’interminable nuit sur le train poussif et lent qui l’avait amené. La fatigue lui avait gonflé la langue. Il n’avait pas eu l’énergie de bavarder mais n’avait pas pu dormir non plus. Des pensées comme un reste de café froid n’avaient cessé de s’agiter au fond de son esprit. Il avait débarqué à l’aube alors qu’il n’y avait pas grand-chose à dire et personne dans les parages avec qui faire la conversation. Ni tout à fait endormi ni tout à fait éveillé il avait passé le temps sur le quai de la gare couché sur une charrette à bras laissée entre deux piles de ballots de magazines à écouter les diesels tourner au ralenti. Il avait porté attention à leurs ruminations et en avait frissonné. Le sac de toile avait dormi à côté de Reed Kitchen comme une épouse chaude et satisfaite et il s’était senti dériver – sur l’eau – sur l’air – comme de la fumée. Je me sens comme de la fumée, avait-il dit à voix haute tant il avait envie d’entendre une voix. Je dirais même que je dois sentir aussi mauvais.

Reed Kitchen reçut ses billets et avant que le chef de gare ne puisse rabaisser le store il lui demanda presque dans un murmure : Auriez-vous l’obligeance d’être juste un peu plus précis concernant les imprévus auxquels un être humain doit s’attendre

Extrait de la publication

Page 19: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

19

la ligne de feu

dans cette destination inconnue où je vais ? Je suis prudent. Je suis un homme prudent de nature. J’ai comme ferme politique d’avoir toujours un plan en tête de manière à parer à toute éventualité.

Pardon ? répondit le chef de gare.Kitchen dut repenser à ses mots. Il devait reformuler sa pensée

et n’en garder que l’élan. Cette mouture de café froid lui percolait encore au fond du cerveau et suscitait ce matin du désordre dans sa tête. Il demanda : Qu’y a-t-il là-bas ?

Vous êtes déjà allé nulle part, monsieur ?Bien des fois.Ces voyages vous ont plu ?Le plus souvent.Alors je vous souhaite bonne chance cette fois encore.Le chef de gare tira le store opaque.Puis il le remonta aussitôt.Vous prenez le train de midi direction ouest. Je présume que

vous le savez.Je le sais. Et je le prendrai.Pas à midi. À midi vous ne le prendrez pas. Le train de midi

ne sera pas là avant trois heures de l’après-midi au plus tôt. Il ne partira pas d’ici avant quatre heures. Si vous êtes optimiste.

Reed Kitchen continuait de regarder l’homme comme s’il attendait qu’il finisse et le chef de gare en profita pour lui offrir un autre choix.

Vu que vous êtes un gars du chemin de fer je pourrais vous mettre sur le train de marchandises. Il part dans – il regarda sa montre – onze minutes.

La locomotive ou le fourgon de queue ? demanda Reed Kitchen dont le moral venait de remonter aussi vite qu’il avait dégringolé un instant plus tôt.

Que pensez-vous ?Que vous ne voulez pas me voir traîner dans votre gare six ou

sept heures de plus.

Extrait de la publication

Page 20: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

20

trevor ferguson

Cela ne me fait pas un pli. Alors ce sera quoi ? Le train de marchandises ou l’attente ?

Certaines personnes sont étrangères à l’étranger. Je suis étranger dans mon propre pays. C’est peut-être la même chose. C’est peut-être différent. J’ai travaillé avec des réprouvés et j’ai été réprouvé et je me suis réprouvé moi-même. Voilà qui je suis. Voilà ce que je fais. Où je suis n’est jamais où j’ai été et n’est pas non plus où je vais.

Le chef de gare le dévisageait sans ciller. Il dit finalement : C’est supposé vouloir dire quoi ?

Cela veut dire : Dirigez-moi dans la bonne direction, répondit Kitchen en hissant son sac sur son épaule. S’il faut que j’aille nulle part j’aime autant ne pas me perdre.

Il avait assez d’expérience pour ne pas se laisser impressionner par les quatre locomotives – quatre déités géantes émettant dans leur sommeil un gémissement aigu et nasillard – et il longea le train sur toute sa longueur pour grimper dans le fourgon de queue. Un vieux fourgon aux parois de bois chaulées et aux moulures vernies. Le réchauffeur de mazout était allumé. Le chef de train et les serre-freins étaient occupés à l’extérieur. Reed Kitchen fit comme chez lui. Il choisit une pomme et une tranche de fromage sur la table et un soda gingembre dans la glacière. Il allait manger se reposer réchauffer ses pensées caféinées et les assimiler.

Ça tombe bien, croyait-il. On lui avait donné un billet pour nulle part et voilà qu’il s’y rendait sans avoir à utiliser son billet.

DEUX SERRE-FREINS MONTÈRENT À BORD par l’arrière du fourgon et entrèrent sans dire un mot tandis que le train s’ébranlait en grinçant en direction de la Côte Ouest. Le chef de train agrippa la main courante et sauta sur le marchepied pendant que le convoi prenait de la vitesse. Il atterrit dans le

Extrait de la publication

Page 21: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

L’édition électronique deLa Ligne de feu

composée en New Baskerville corps 11

a été complété en novembre 2011.

Extrait de la publication

Page 22: Extrait de la publication… · financière accordée à son programme de publication et de sa contribution à la traduction de cet ouvrage ; nous remercions aussi la Sodec et le

Extrait de la publication