Upload
others
View
3
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Master II Professionnel Management des Organisations Sportives
Année Universitaire 2011/2012
EVENEMENTIEL SPORTIF ET DEVELOPPEMENT
DURABLE
L’exemple du BEACH DAY, un évènement de SURFRIDER
FOUNDATION EUROPE
Hélène BEAUVALLET
Structure d’accueil : Pôle Méditerranée Surfrider Foundation Europe
Responsable : Nathalie VAN DEN BROECK
Responsable Universitaire : Pierre DANTIN
2
3
REMERCIEMENTS
Je remercie sincèrement M. Pierre DANTIN, responsable du Master 2
professionnel Management des Organisations Sportives de l’Université d’Aix Marseille,
mon tuteur universitaire dans le cadre du présent mémoire, ainsi que toute l’équipe
pédagogique du Master.
Après six mois formidables passés à Surfrider, je tiens à remercier vivement Mme
Nathalie VAN DEN BROECK, ma responsable de stage, Manager du Pôle
Méditerranée, pour son professionnalisme, sa bonne humeur, et la mission
d’organisation du Beach Day qui été la mienne tout au long de mon stage.
Merci à Benjamin VAN HOOREBEKE pour la confiance qu’il m’a accordée
jusqu’à l’évènement, et un grand merci à tous ceux qui ont participé, de près ou de loin,
à l’organisation du Beach Day.
Une attention particulière à Maud, Florent, Quentin, Cyrielle et Marco : toute
l’équipe du bureau Méditerranée de Surfrider, avec qui ça a toujours été un plaisir de
travailler.
A mes amis, à ma famille, à tous ceux qui croient au changement et défendent leur
passion !
4
Sommaire
I. SPORT ET DEVELOPPEMENT DURABLE : UTOPIE D’AUJOURD’HUI OU
REALITE DE DEMAIN ? ..................................................................................................... 10
A. DEFINITION ET ENJEUX DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LE
MONDE SPORTIF .............................................................................................................. 11
1 / Fondements et définition du concept de développement durable .......................... 12
2 / Le secteur sportif au prisme du développement durable........................................ 16
B. ROLE DES INSTITUTIONS SPORTIVES ET DES POLITIQUES PUBLIQUES 20
1 / Adoption du développement durable par les institutions du mouvement sportif. . 20
2 / Rôle central des collectivités territoriales dans la détermination des politiques
publiques sportives ........................................................................................................... 23
II. PARAXODE ENTRE EVENEMENTIEL SPORTIF ET DEVELOPPEMENT
DURABLE .............................................................................................................................. 27
A. EVENEMENTIEL ET DEVELOPPEMENT DURABLE : DEUX NOTIONS
ANTINOMIQUES ? ............................................................................................................ 28
1 / Impact des évènements sportifs sur l’environnement ............................................ 29
2 / Les sports de nature au cœur de l’antinomie.......................................................... 33
B. DEVELOPPEMENT DES OUTILS POUR L’ORGANISATION
D’EVENEMENTS SPORTIFS « ECO-RESPONSABLES » ............................................. 37
1 / Multiplication des outils et encouragement des collectivités ................................ 37
2 / Le développement durable comme outil marketing du secteur de
l’évènementiel ?............................................................................................................... 39
5
III. LE BEACH DAY, OU SENSIBILISER AU DEVELOPPEMENT DURABLE
GRACE A UN EVENEMENT SPORTIF. ........................................................................... 42
A. CONCEPT DU BEACH DAY .................................................................................. 43
1 / Un concept original ................................................................................................ 44
2 / Objectifs et caractéristiques de l’évènement .......................................................... 45
B. MISE EN ŒUVRE .................................................................................................... 48
1 / 5 plateaux sportifs et de sensibilisation au développement durable ...................... 49
2 / La communication évènementielle : un paramètre déterminant ............................ 54
C. TABLEAU DES ACTEURS ET ANALYSE DES RISQUES ................................. 56
1 / Multiplicité et diversité des acteurs de l’évènement .............................................. 56
2 / Analyse des risques ................................................................................................ 58
IV. L’EVENEMENT COMME OUTIL DE DEVELOPPEMENT DE LA
STRATEGIE ‘SPORT ET DEVELOPPEMENT DURABLE’ AU SEIN DE
SURFRIDER. .......................................................................................................................... 61
A. DE L’INTERET DE DEVELOPPER ET OPTIMISER LA STRATEGIE « SPORT
ET DEVELOPPEMENT DURABLE » DE SURFRIDER FOUNDATION EUROPE ...... 62
1 / L’ « ADN » sportif de Surfrider............................................................................ 63
2 / Besoin de structuration des actions « Sport et développement durable » .............. 66
B. LE BEACH DAY COMME OUTIL DE DEVELOPPEMENT DE LA STRATEGIE
« SPORT ET DEVELOPPEMENT DURABLE » DE SURFRIDER. ................................ 68
1 / Résultats de l’évènement et préconisations ........................................................... 68
2 / Scénarios d’évolution possibles ............................................................................. 70
6
INTRODUCTION
« La connaissance du sport est la clef de la connaissance de la société », affirmait
Norbert Elias dans son ouvrage intitulé Sport et Civilisation1. Le sport, miroir de la
société dans laquelle nous vivons, est en pleine mutation. Professionnalisation,
développement du « sport spectacle », multiplication des évènements sportifs, à
l’échelle internationale comme locale, développement du sport pout tous, engouement
pour des sports de pleine nature de plus en plus prisés… les paramètres sportifs ayant
considérablement évolué ces dernières années sont nombreux. Une évolution parfois
positive, mais qui est également parfois à l’image d’une société qui perd le contrôle de
son développement. Crise économique mondiale, épuisement des ressources naturelles,
accroissement des inégalités entre les deux hémisphères, mais aussi à l’échelle des
Etats, des régions et des villes, avec 20% des personnes sur Terre qui consomment 80%
de ces ressources naturelles, réchauffement et dérèglements climatiques… le modèle de
croissance qui fonde notre modèle économique actuel semble montrer aujourd’hui
certaines limites.
Face à ces dérives, le rapport Brundtland préconisait déjà en 1987 un
développement qui « réponde aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs ». Dans ce rapport apparaissait alors le
concept de Développement Durable fondé sur trois piliers principaux à prendre en
compte de manière équitable : l’économie, l’écologie et le social. Plusieurs décennies
plus tard, la notion de développement durable, transversale, se retrouve dans tous les
champs sociétaux. Mais au-delà du concept, qu’en est-il vraiment de l’impact du
développement durable dans notre société actuelle ? Le cadre théorique que constitue la
notion de développement durable suffit-il à faire évoluer notre mode de
développement ? Si oui par quels moyens ?
1 Cité en ouverture du livre blanc du sport « La Raison du plus Sport » CNOSF, 2006.
7
Le monde sportif semble avoir à ce jour adopté le concept, en témoignent par
exemple la « Stratégie Nationale de développement durable du Sport » lancée par le
Ministère des Sports français en 2011, l’ « Agenda 21 du Sport français en faveur du
développement durable » édité par le CNOSF2, ou encore les Assises Nationales du
Sport et du développement durable organisées en 2010. De plus en plus de liens sont
établis entre sport et développement durable, au niveau institutionnel mais également
dans le secteur associatif, souvent plus réactif. Sous quelles formes et par quels moyens
une association peut-elle associer sport et développement durable ?
Les évènements sportifs cristallisent les enjeux à la fois économiques, sociaux,
mais aussi environnementaux du secteur sportif. Entre grands évènements sportifs
internationaux (Jeux Olympiques, Coupes du Monde…) et évènements de moindre
ampleur à l’échelle locale (championnats régionaux, évènements de « sport pour
tous »…) la comparaison est difficile, mais tous ont une influence à la fois sur
l’économie, l’environnement et la cohésion sociale en fonction de leur zone d’influence.
En termes de cohésion sociale et de sensibilisation à l’environnement, des évènements
sportifs de moindre ampleur peuvent d’ailleurs occuper une place de premier plan.
L’évènementiel peut se définir comme l’ « art de créer, d’innover pour que
s’expriment la force et la beauté du mouvement »3 En ce sens les évènements sont un
catalyseur d’émotions sans égal, de passions, et en fonction de leurs objectifs peuvent
être un outil de transmissions de valeurs et d’évolution des mentalités, des
comportements. Aujourd’hui une prise de conscience des enjeux du développement
durable s’impose, et il est nécessaire de se donner les moyens de cette prise de
conscience.
2 Comité National Olympique et Sportif
3 Comité d’organisation des Jeux Olympiques d’Atlanta, 1996, cité dans DESBORGES M. & FALGOUX
J. « Organiser un évènement sportif » Eyrolles, 259p.
8
Un évènement sportif peut-il être un vecteur pertinent de sensibilisation au
développement durable ?
C’est ce questionnement et les problèmes qu’il soulève qui vont construire notre
réflexion tout au long de ce travail. Est-il utopique de penser que le sport peut
contribuer à une prise de conscience des enjeux du développement durable ? Comment
peut se matérialiser une sensibilisation au développement durable dans un cadre
sportif ? L’évènementiel, éphémère par essence, peut-il être légitime comme vecteur de
sensibilisation à une gestion « durable » des ressources ?
Autant de questions auxquelles j’ai été directement confrontée dans le cadre de
ma mission de stage à Surfrider Foundation Europe (SFE), association à but non-lucratif
qui a pour but la défense, la sauvegarde, la mise en valeur et la gestion durable de
l'océan, du littoral, des vagues et de la population qui en jouit. Avec toute l’équipe de
Surfrider, j’ai été chargée de l’organisation du BEACH DAY évènement phare de l’axe
stratégique ‘Sport et Développement Durable’ de l’association. Un évènement associant
initiations sportives et activités de sensibilisation au développement durable. Cet
évènement constituera ici un cas d’étude concret, nous permettant de mettre en
application directe les liens entre sport et développement durable. L’objectif du présent
mémoire est enfin de tenter de prendre du recul sur cette expérience, afin de pouvoir en
améliorer la forme et l’intégrer au mieux dans la stratégie globale de Surfrider
Foundation Europe.
Nous nous attacherons dans un premier temps à définir plus précisément le
concept de développement durable, sa traduction et ses enjeux dans le monde sportif, un
préalable indispensable pour éclairer le sujet. Les équipements sportifs et les
évènements constituent les deux paramètres du secteur sportif ayant un impact notoire
face aux enjeux du développement durable : nous nous intéresserons ici aux évènements
sportifs comme vecteurs possibles de sensibilisation au développement durable. Mais
entre évènementiel et durabilité un paradoxe flagrant apparait. Peut-on dépasser ce
paradoxe ? C’est ce à quoi nous tenterons d’apporter des réponses dans une deuxième
partie de ce mémoire. Le BEACH DAY constituera dans une troisième partie une
illustration concrète de la discussion. La dernière partie de ce mémoire sera enfin
consacrée à une analyse de cette première édition du BEACH DAY, afin d’en souligner
9
les enjeux, d’y apporter des préconisations pour l’avenir et d’envisager l’évènement
comme un outil de développement de la stratégie ‘Sport et Développement Durable’ de
SURFRIDER FOUNDATION EUROPE.
10
I. SPORT ET DEVELOPPEMENT
DURABLE : UTOPIE D’AUJOURD’HUI
OU REALITE DE DEMAIN ?
11
Le développement durable est entré dans le langage courant dans le sport comme
dans tous les champs sociétaux. Mais existe-t-il des liens qui unissent véritablement
sport et développement durable ? Si oui quels sont-ils ? L’association entre le monde
sportif et le développement durable peut apparaître aujourd’hui comme relativement
conceptuelle, voir utopique, et la pertinence d’un évènement sportif comme vecteur de
sensibilisation au développement durable ne s’impose pas comme évidente. Mais, au vu
des enjeux planétaires actuels, la prise en compte du développement durable dans le
secteur sportif ne risque-t-elle pas de devenir une contrainte, une obligation, avec des
liens qui se resserrent toujours plus entre sport et développement durable dans un avenir
proche? C’est ce qui va nous intéresser dans cette première partie, où nous
commencerons par définir le développement durable et ses implications dans le monde
sportif. Nous constaterons ensuite le rôle central des politiques publiques dans la
détermination de stratégies associant sport et développement durable, avant de nous
intéresser à la position avant-gardiste des sports de nature dans la prise en compte du
développement durable pour illustrer notre propos.
A. DEFINITION ET ENJEUX DU DEVELOPPEMENT
DURABLE DANS LE MONDE SPORTIF
Afin de comprendre les enjeux actuels du développement durable dans le sport, un
rapide retour historique sur le concept de développement durable en général et une
définition plus précise de l’expression s’imposent ici. Ces éléments permettront de nous
intéresser ensuite à la traduction du concept de développement durable dans le sport en
particulier.
12
1 / Fondements et définition du concept de développement durable
Le développement durable est un concept récent (années 70), qui fait aujourd’hui
partie du langage courant. Mais, comme le souligne Laurent Grélot, professeur à
l’université d’Aix-Marseille, « si le développement durable est entré au panthéon des
expressions courantes, encore peu de nous en maîtrisent la globalité, la
transversalité. »4 D’où l’intérêt ici de préciser la définition du concept et ses différentes
acceptions.
Fondements et histoire d’un concept
Au tournant des années 70, à la demande du Club de Rome une étude alarmante
sur l’état des ressources naturelles de la planète intitulée : « Halte à la croissance »5 est
produite (1972). Comme l’explique Anne Jégou, géographe, le rapport met en lumière
un « cercle vicieux : une population croissante d’individus qui consomment et polluent
de plus en plus dans un monde fini. » Il préconise par conséquent une stagnation de la
croissance, sans pour autant empêcher le développement de se poursuivre.6
Cette même année 1972 a lieu la Conférence des Nations Unies sur
l’environnement et le développement à Stockholm, qui contribue à mettre sur le devant
de la scène médiatique des prévisions catastrophiques concernant l’état de la planète et
de ses ressources. Cette conférence soulève par conséquent l’importance de protéger
l’environnement et de gérer efficacement des ressources naturelles qui ne sont pas
inépuisables. Elle voit naître le Programme des Nations Unies pour l’Environnement.
(PNUE)
En 1987 le rapport Brundtland7, intitulé « Notre avenir à tous », est publié par la
Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement (CMED). C’est ce
4 GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle. 5 Rapport Meadows, Massachusetts Institute of Technology. Titre original: The limits of growth.
6 JEGOU A. « Les origines du développement durable » L’information géographique, Vol. 71, pages 10 à
28. 2007 7 Du nom du Premier Ministre Norvégienne Mme Gro Harlem Brundtland, alors Présidente de la
Commission Mondiale pour l’environnement et le développement créée l’Assemblée des Nations Unies.
13
rapport qui va véritablement populariser la notion de développement durable à l’échelle
internationale, une notion traduite de l’expression anglaise sustainable development.8
La Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement
(CNUED), en 1992, lors du Sommet de la Terre de Rio, signe le « Sacre » du concept
de développement durable.9
Ces quelques repères historiques conduisent à s’intéresser à la définition précise
du développement durable, et au consensus qu’elle regroupe aujourd’hui tout comme à
ses limites.
Définition
« On peut résister à l’invasion d’une armée, pas à celle d’une idée dont le temps
est venu », affirmait Victor Hugo.10
Au vu de la démultiplication de l’utilisation du
concept de développement durable dans toutes les sphères de la société, il semble que le
temps de l’idée soit venu. Mais qu’est-ce que le développement durable ?
Le rapport Brundtland, qui offre la définition la plus claire et synthétique du
développement durable, définit celui-ci comme un mode de développement qui permet
de « répondre aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les
générations futures de satisfaire les leurs. »
Une confusion se trouve trop souvent faite entre environnement et développement
durable. Il est fondamental de rappeler ici que l’environnement constitue un des 3 piliers
fondateurs du concept de développement durable. En effet, le développement durable,
c’est « la conjugaison croisée et cohérente de trois piliers : le social, l’économique et
l’environnemental. »11
Le concept se résume de façon très synthétique au travers de ce
schéma, aujourd’hui largement répandu :
8 Qui se traduit littéralement par « développement soutenable ».
9 JEGOU A. « Les origines du développement durable » L’information géographique, Vol. 71, pages 10 à
28. 2007 10
Victor Hugo, cité dans GRELOT L. La nécessaire prise en compte du développement durable dans le
sport. 11
PASTOR J-M. in LEHENAFF D. (Coord.) « Sport Environnement Développement Durable » Les
Cahiers de l’INSEP, n°37, 2006, 374p.
14
Schéma de l’approche transversale du développement durable. 12
Controverses
Le concept de développement durable a fait l’objet d’une appropriation par les
institutions plutôt consensuelle, et il est devenu omniprésent jusque dans notre
quotidien. Mais du fait qu’il soit fédérateur et très général (dans beaucoup de situations
il devient évident que prendre en compte à la fois, l’économie, l’environnement et le
social est indispensable) le concept de développement durable en devient également
élastique, et peut être utilisé selon des idéologies et à des fins diverses, nécessitant plus
ou moins d’investissement, de volonté et de moyens. Selon Dominique Pestre,
« L’expression [développement durable], car il s’agit bien d’une expression circulant
largement dans l’espace public, est aussi devenue, dans les dernières années, un
« slogan » au sens très vague mais constamment repris, un lieu commun fonctionnant
comme une norme nouvelle et englobante, un leitmotiv au sens élastique dont chacun se
revendique mais qu’il peut interpréter assez librement».13
En ce sens, Laurent Grélot
12 Source : Observatoire départemental de l’environnement du Morbihan. http://www.odem.fr
13 PESTRE D. « Développement durable : Anatomie d’une notion » Natures Sciences Sociétés, Vol.19,
pages 31 à 39, 2011.
15
affirme quant à lui que « L’expression développement durable a été critiquée comme se
prêtant à des interprétations parfois antinomiques »14
Malgré tout l’intérêt du débat, l’objet du présent travail n’étant pas de disserter sur
le concept de développement durable, nous nous contenterons ici de souligner que le
concept, aussi idéaliste qu’il soit, peut présenter certaines limites en fonction de
l’approche qui en est faite, de sa compréhension et de son adaptation réelle. Car si les
différentes acceptions du concept du développement durable contribuent à sa vitalité et
à des débats intéressants, elles montrent également la nécessité de l’application concrète
du concept dans chaque domaine, pour chaque champ d’action.
Il nous appartient aujourd’hui de démontrer que la notion de développement
durable peut être une base conceptuelle appropriée à des actions concrètes, positives et
allant dans le sens d’un avenir souhaitable à partir du moment où le concept est utilisé à
bon escient, et non comme une justification marketing permettant de faire perdurer des
pratiques destructrices sur le long terme. C’est ce à quoi s’attèle Surfrider Foundation
Europe en organisant le Beach Day, un évènement qui vise par le biais du sport, à
sensibiliser le grand public aux enjeux du développement durable, et respecte autant que
possible dans son organisation à la fois la protection de l’environnement et les facteurs
sociaux, tout en privilégiant des dynamiques économiques locales et durables. Mais
nous analyserons l’organisation de cet évènement ultérieurement, car il constitue le cas
d’étude du présent mémoire.
Le développement durable est donc un concept globalisant et élastique, qui trouve
une place légitime dans tous les champs d’action. C’est sa traduction et son application
dans le champ sportif qui nous intéresse ici. Et comme le souligne Laurent Grélot,
« Loin d’être construit comme un dispositif règlementaire contraignant, le
développement durable est un moyen plutôt qu’une fin. Il engage à l’évolution des
politiques, toutes les politiques, y compris les politiques sportives ! »15
14 GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle. 15
GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle.
16
2 / Le secteur sportif au prisme du développement durable
Le sport, dans son organisation et dans sa pratique, a comme tout champ sociétal
sa part de responsabilité face aux enjeux du développement durable. Et en ce qui
concerne l’équilibre de l’investissement et de l’exemplarité du sport face aux trois
piliers du développement durable, il reste des fossés à combler. En matière d’insertion
sociale et de santé publique par exemple, le sport contribue déjà à plusieurs défis du
développement durable. Mais pour d’autres aspects « il doit se rénover en profondeur,
voire se refonder, pour s’ancrer dans une démarche plus soutenable. »
Le sport, miroir de notre société
L’analyse d’Olivier Bessy16
concernant la place du sport dans notre société et son
évolution est particulièrement pertinente. Il affirme en effet que « le sport est sorti du
sport pour devenir un fait social total qui reflète en son sein le sens du système social
tout entier. Il est devenu une norme sociale, un vecteur de développement économique
et un atout de valorisation des territoires. Mais il est en même temps porteur d’un
certain nombre de dérives – financières (mercantilisme, exploitation, déséquilibres…),
morales (eugénisme, tricherie, dopage) et environnementales (défiguration de sites,
pollution, gaspillage d’énergie) – qui écornent son image et remettent en question ses
vertus originelles d’épanouissement de la personne et d’amélioration des conditions de
vie.»17
Dans ce contexte, ou l’exemplarité du sport dans la société se trouve mise à mal,
le sport se trouve face à un besoin de légitimation, et de réhabilitation de son image et
de l’éthique sportive qui fait sa force. L’association aujourd’hui de plus en plus
fréquente du sport et du concept de développement durable va dans ce sens. Cette
association résulte-t-elle d’une véritable volonté de la part des institutions sportives de
réfléchir sur le long terme, ou n’est-elle qu’une façade utilisée pour maquiller une image
sportive dégradée ? Doit-on y voir, au contraire « une réelle opportunité, un nouveau
16 Professeur en géographie et aménagement à l’Université de Pau et des Pats de l’Adour et expert en
matière de sports, loisirs et tourisme associés au développement durable. 17
BESSY O. « Le développement durable, un nouveau défi pour le sport », in LEHENAFF D. (Coord.)
« Sport Environnement Développement Durable » Les Cahiers de l’INSEP, n°37, 2006, 374p.
17
défi pour le sport, à la recherche d’un second souffle en ce début de troisième
millénaire ? » C’est une des questions que soulève ici encore Olivier Bessy, laissant
transparaître l’espoir certain d’une dynamique positive en ce sens.
Il est intéressant ici d’analyser les principaux liens entre sport et développement
durable en les découpant au regard des 3 piliers du développement durable.
Le sport face aux 3 piliers du développement durable
Rôle social du sport :
Il est intéressant de considérer le sport comme vecteur de cohésion sociale, de part
les rencontres et les échanges qu’il provoque. Moyen de socialisation des jeunes et des
moins jeunes, le sport sous toutes ses formes est un facteur de lien social. De nombreux
travaux ont été réalisés concernant l’intégration par le sport, notamment dans les
quartiers et les zones sensibles. En tant que vecteur de cohésion sociale, le sport agit
directement sur le volet social du développement durable. Malgré tout, il est raisonnable
de rester vigilent face au rôle social du sport et à son pouvoir d’intégration et de « ne
pas tomber dans l’idéalisation », car le sport reste dans ce domaine un vecteur
d’intégration qui dépend du contexte dans lequel il est pratiqué.
Le rôle éducatif du sport est également à prendre en compte, dans la mesure où il
est pratiqué par une majorité de la population, et ce dès le plus jeune âge. Pour Laurent
Grélot, « les éducateurs et dirigeants [sportifs] doivent devenir des opérateurs du
développement durable.[…] Le sport est aussi un formidable outil de diffusion des idées
humanistes du développement durable et d’éducation aux comportements plus
économes, plus vertueux. Son atout majeur est de rassembler le plus grand nombre de
citoyens venus de leur propre initiative dans des structures encadrées. Il peut donc être
utilisé comme un vecteur disponible et utile pour éduquer aux changements. »18
Cette
18 GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle.
18
vision du sport comme outil de sensibilisation aux principes du développement durable,
et notamment à des comportements plus économes et vertueux, nous conduit à
développer dans une dernier point les relations entre sport et environnement.
Sport et environnement :
Dans les années 90, ce sont des liens plutôt conflictuels qui caractérisent la
relation entre sport et environnement. Avec d’un côté la montée d’une sensibilité
écologique liée à une prise de conscience progressive, et de l’autre un développement
accru des loisirs sportifs de nature, on assiste a une multiplication des conflits d’intérêt
entre les représentants et acteurs du secteur sportif et les environnementalistes.19
Mais la
relation entre sport et environnement est en pleine évolution. La prise en compte de
l’environnement dans le secteur spécifique des sports de nature en est une illustration
particulière, que nous auront l’occasion de développer par la suite dans ce mémoire.
L’environnement se voit donc considéré de plus en plus dans le secteur sportif
comme un paramètre déterminant de l’on ne peut plus négliger, même si le chemin à
parcourir pour respecter l’environnement dans toutes les pratiques sportives reste long.
Jean-Luc Santoni, directeur du Service des Sports du Conseil Général des Bouches du
Rhône, revient de manière très brève et lucide sur l’histoire des relations entre le sport et
la nature : « Au départ le sport était comme la civilisation, c’est-à-dire qu’il voulait
dompter la nature. Maintenant on est arrivé à un point où il faut faire avec la nature.»20
Economie du sport :
Force est de constater que le sport joue aujourd’hui un rôle économique non
négligeable. Professionnalisation du sport, impact économiques des grands évènements
sportifs internationaux… les exemples démontrant le pourvoir économique du sport ne
19 BESSY O. « Le développement durable, un nouveau défi pour le sport », in LEHENAFF D. (Coord.)
« Sport Environnement Développement Durable » Les Cahiers de l’INSEP, n°37, 2006, 374p. 20
SANTONI J-L. lors de la Table Ronde Sport et développement durable organisée dans le cadre du
BEACH DAY à Marseille le 15 septembre 2012. Cf. annexe n° 1
19
manquent pas. Mais le volet économique du développement durable ne s’apparente
justement pas aux excès que peut connaître le sport aujourd’hui, face au manque de
régulation qui caractérise une transition et une évolution extrêmement rapide du modèle
sportif au cours des deux dernières décennies.
A l’échelle locale, le sport peut constituer un outil stratégique de développement
territorial, s’il est pris en compte à sa juste valeur dans l’élaboration des politiques
publiques.
D’un point de vue économique, il est possible de distinguer dans le secteur sportif
deux grandes familles ayant un impact économique conséquent : les équipements, et les
évènements.
De nombreuses études ont été réalisées afin de déterminer et d’analyser l’impact
des évènements sportifs. Maintenant si certaines ont vu le jour, les études sur l’impact
des évènements sportifs privilégiant l’analyse des retombées sociales et/ou
environnementales restent au jour d’aujourd’hui moins nombreuses. Cette dernière
remarque nous permet d’introduire le rôle particulier des évènements sportifs dans la
prise en compte du développement durable dans le monde sportif comme une réalité de
demain.
Les évènements sportifs : un rôle important dans la relation entre sport et
développement durable.
Les évènements sportifs regroupent les trois volets du développement durable :
des impacts économiques, sociaux mais aussi environnementaux. Et malgré la disparité
des études sur ces trois points, avec un avantage donné aux études sur les impacts
économiques des évènements sportifs, le développement durable semble devenir de plus
en plus un cadre de référence pour l’analyse des évènements.
Pour finir, « le levier financier pour les subventions aux associations, la
construction et la rénovation des équipements sportifs, l’organisation des évènements
sportifs, restent le plus sûr moyen de voir les critères de durabilité prendre leur place
20
rapidement dans le sport. »21
Autant de critères qui sont déterminés par les institutions
sportives et les politiques publiques à tous les niveaux, des structures qui bénéficient
d’un rôle déterminant à jouer dans la prise en compte du développement durable par le
sport.
B. ROLE DES INSTITUTIONS SPORTIVES ET DES
POLITIQUES PUBLIQUES
En matière décisionnaire, les politiques publiques, en particulier les collectivités
territoriales, ainsi que les institutions du mouvement sportif, jouent un rôle central,
notamment dans l’élaboration de stratégies prenant en compte les principes du
développement durable et d’ « Agendas 2122
». En ce sens pour le professeur
Christophe Clivaz, « le développement durable tend de plus en plus à s’imposer comme
le cadre de référence incontournable pour le mouvement sportif en général et pour les
politiques publiques du sport en particulier. »23
1- Adoption du développement durable par les institutions du
mouvement sportif.
21 GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle. 22
Agenda 21 : Programme local d’actions en faveur du développement durable. agengas21france.org
Processus simplifié de réflexion « Agenda 21 local » étape 1 : diagnostic du territoire // étape 2 :
Concertation auprès des acteurs // étape 3 : Rédaction du plan d’action. (Source : GILLET J-M. &
SORZANA B. « Les Politiques Sportives au défi du développement durable », Presses Universitaires du
Sport. 2008, 87p. 23
CLIVAZ C. « Durabilité de l’évènementiel sportif. Quelles implications pour les collectivités
territoriales ? », Conférence Internationale sur les politiques d’accueil et d’organisation d’évènements
sportifs, Lausanne, 2005.
21
La responsabilité du monde sportif face aux enjeux actuels du développement
durable apparait donc comme évidente, et ce à toutes les échelles, du Comité
Olympique et sportif jusqu’aux clubs et associations sportives de proximité. Et il faut
reconnaitre que le concept de développement durable semble avoir été plutôt bien
accueilli au sein du mouvement sportif, en attestent les nombreuses Chartes, Stratégies
et Agendas 21 du mouvement sportif qui en préconisent le respect des principes, qui
sont toujours de « réconcilier l’efficacité économique, l’équité sociale et la qualité
environnementale et de préserver la santé de tous. »24
A la suite du « Sommet de la Terre » de Rio de Janeiro en 1992, auquel a participé
le Comité International Olympique (CIO), celui-ci a affirmé sa responsabilité envers la
promotion du développement durable par les institutions olympiques.25
En ce sens en
1996, la Charte Olympique se voit modifiée afin d’y intégrer la notion de
développement durable. Ainsi, « le volet environnemental du développement durable
devient alors la troisième dimension de l’Olympisme, aux côté du sport et de la
culture »26
L’année 1999 voit naître l’agenda 21 du CIO, réalisé en collaboration avec le
programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Un agenda 21 intitulé
« le sport pour le développement durable », qui est selon Laurent Grélot un « document
de doctrine27
» davantage qu’un garantie d’action, comme malheureusement beaucoup
de documents prônant le respect des principes du développement durable…
« Par l’attribution des JO, le CIO cherche à avoir un impact significatif sur la
ville hôte et sa population. »28
Des efforts sont donc faits pour faire intégrer la notion
de développement durable dans les dossiers des villes candidates à l’organisation des
Jeux. Un outil complexe d’analyse de l’impact des Jeux Olympiques en fonction de
critères de développement durable a également été développé, nommé « Olympic Game
24 BONNENFANT R, « Pratiques sportives, lieux de pratique et développement durable des territoires »
in LEHENAFF D. (Coord.) « Sport Environnement Développement Durable » Les Cahiers de l’INSEP,
n°37, 2006, 374p. 25
GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle. 26
Idem. 27
Idem. 28
Idem.
22
Global Impact » (OGGI.) Cependant si des efforts sont faits, ou du moins affichés, les
exigences de la performance sportive et les enjeux de la compétition conduisent malgré
tout encore bien souvent à des aberrations écologiques, comme l’illustre un épisode des
JO de Vancouver : « Les JO de Vancouver, annoncés comme écologiques, ont vu leur
image verte pâlir lorsque le site de compétition de snowboard et de ski cross situé à 900
mètres d’altitude à Cypress Mountain a dû être alimenté d’une neige (5000 m3) amenée
par 300 camions et hélicoptères à partir des sommets voisins. »29
Force est de constater que, malgré une omniprésence du concept de
développement durable dans les textes de référence du mouvement sportif, il reste un
fossé gigantesque à combler des discours aux actes. L’acception du développement
durable par le CIO peut présenter un exemple de ce qu’est l’élasticité du concept de
développement durable dont nous avons parlé au début de ce chapitre, avec une
interprétation parfois à minima et très malléable en fonction des besoins des structures
concernées des principes du développement durable.
De l’échelle Internationale à l’échelle Nationale, passons désormais aux stratégies
mises en place en France concernant le sport et le développement durable : En 2003 est
crée le Conseil National du Développement Durable, ainsi que le Conseil
Interministériel du Développement Durable, qui publie la Stratégie Nationale du
Développement Durable (SNDD). Cette stratégie globale se traduira dans le secteur
sportif par une Stratégie Nationale de développement durable du sport.30
La même année, le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF)
publie son « Agenda 21 du sport français en faveur du développement durable ». Cet
agenda 21 est constitué de 21 objectifs, répartis en 4 domaines d’action qui sont les
suivants :
Le développement durable, une nouvelle approche des politiques sportives
La solidarité sportive au service du développement durable
Une gestion et une organisation du sport respectueuses de l’environnement
29 GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle. 30
Source : site du Ministère des Sports - www.sports.gouv.fr
23
Une économie sportive au service du développement durable.31
Pour ce qui nous intéresse dans le cadre de ce travail, il est à noter que l’objectif
17 de l’Agenda 21 du Sport français en faveur du développement durable32
souligne
l’importance de la gestion des manifestations sportives dans le respect des
préconisations du développement durable.
Comme l’affirme Laurent Grélot, « Pleinement conscient que le sport engendre de
nombreux impacts sur l’environnement (déplacement des équipes sportives et
supporters, production de déchets, équipements en fin de vie ou consommable lors de
grands évènements, communication merchandising, éclairage et/ou chauffage des
installations…), le mouvement sportif s’est doté de guides (outils d’analyse et force de
proposition d’actions) pour entrer dans un cercle vert(ueux). »33
Enfin pour terminer34
, en 2010, les Assises Nationales du Sport et du
développement durable offrent la possibilité d’un débat entre l’Etat et le CNOSF. Car
pour parvenir à des solutions une concertation entre les différentes structures du
mouvement sportif et les collectivités publiques est indispensable.
2 / Rôle central des collectivités territoriales dans la détermination des
politiques publiques sportives
Le sport reste à l’heure actuelle particulièrement lié aux pouvoirs publics, dans la
mesure où son financement dépend en grande partie de l’Etat et des collectivités.
Laurent Grélot affirme ainsi que « le sport nécessita, nécessite et nécessitera
31 CLIVAZ C. « Durabilité de l’évènementiel sportif. Quelles implications pour les collectivités
territoriales ? », Conférence Internationale sur les politiques d’accueil et d’organisation d’évènements
sportifs, Lausanne, 2005 32
Objectif 17 : « Gérer les manifestations sportives de manière responsable dans le respect des
préconisations du développement durable. » 33
GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle. 34
Cet inventaire des stratégies et documents du mouvement sportif autour du thème du sport et du
développement durable n’a pas vocation à être exhaustif, mais simplement à présenter rapidement
quelques uns des principaux textes et cadres de référence qui nous intéressent ici.
24
l’intervention des pouvoirs publics. (Pour organiser le sport de haut niveau, définir
l’environnement juridique et la règlementation du sport, assurer le rayonnement
international de la France en accueillant les grandes compétitions internationales,
assurer une part importante de son financement etc.)35
» L’Etat en France contribue
particulièrement au financement du sport de haut niveau et à la représentation de la
nation par le sport, dans le développement du sport pour tous se voit pris en charge par
les collectivités territoriales. C’est l’action importante de ces collectivités qui va nous
intéresser spécifiquement ici, notamment en ce qui concerne leur impact sur
l’autorisation et le financement d’évènements sportifs sur les territoires.
« L’agenda 21 adopté au sommet de la Terre à Rio de Janeiro est clair : le
développement durable devrait être porté par les collectivités locales, acteurs
incontournables des politiques de leurs territoires. »36
En effet la France compte à
l’heure actuelle plus de 550 agendas 21 locaux, qui constituent les outils de l’application
des principes du développement durable à l’échelle des collectivités locales.
Décentralisation et compétence sportive des collectivités territoriales
Malgré des lois de décentralisation qui semblent reléguer le sport37
à un rôle de
second plan, en ne conférant aucune compétence obligatoire aux collectivités
territoriales dans ces domaines les collectivités restent cependant les propriétaires de
80% des installations sportives du territoire français. Elles assurent les dépenses
publiques en faveur du sport à hauteur de 70%, et l’essentiel des dépenses en matière
sportive est supporté par les communes.38
Le rôle que jouent les collectivités territoriales dans le développement durable du
sport est par conséquent fondamental. Face à ces perspectives de développement
35 GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle. 36
Idem. 37
Tout comme la Culture, qui ne fait plus l’objet de compétences obligatoires pour les collectivités. 38
Donnée issues de : GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le
sport », Chapitre 14 in Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle.
25
durable du sport, il est intéressant ici de considérer les pouvoirs des collectivités
publiques locales quant à l’organisation d’évènements sportifs sur leurs territoires.
Collectivités territoriales et évènements.
« Pour qu’une collectivité profite au maximum des avantages économiques,
écologiques et sociaux que peut procurer l’organisation de manifestations sportives, il
faut en premier lieu qu’elle ait défini une politique publique cohérente en la matière »39
,
souligne à juste titre Christophe Clivaz dans son article dédié à la durabilité de
l’évènementiel sportif. Les organisateurs d’évènements sportifs sont à la fois
dépendants des collectivités territoriales (en terme d’autorisation d’occupation de
l’espace, de soutien financier…) en même temps que les collectivités peuvent, et ont
tout intérêt à intégrer le rôle des évènements sportifs dans la mise en œuvre de leur
politique publique et de leur stratégie de développement.
Dans un souci de cohérence dans la stratégie de développement des territoires,
l’accueil d’évènements sportifs à quelque échelle de que soit (des évènements
internationaux aux évènements sportifs de moindre ampleur) ne doit pas faire l’objet
d’une politique du coup par coup, mais plutôt faire en sorte de s’intégrer dans une
stratégie globale de développement territorial. « La dépense publique en matière
d’évènements sportifs […] a été jusqu’ici souvent justifiée par des arguments à
l’emporte-pièce, principalement de nature économique », fait remarquer justement
Jean-Loup Chappelet.40
Une prise en compte approfondie des principes du
développement durable dans les stratégies de développement des territoires est
aujourd’hui déterminante, et l’organisation d’évènements sportifs durables peut y
contribuer.
39 CLIVAZ C. « Durabilité de l’évènementiel sportif. Quelles implications pour les collectivités
territoriales ? », Conférence Internationale sur les politiques d’accueil et d’organisation d’évènements
sportifs, Lausanne, 2005. 40
Chappelet, cité dans CLIVAZ C. « Durabilité de l’évènementiel sportif. Quelles implications pour les
collectivités territoriales ? », Conférence Internationale sur les politiques d’accueil et d’organisation
d’évènements sportifs, Lausanne, 2005.
26
De l’utopie à la réalité, une prise de conscience est aujourd’hui obligatoire dans le
secteur sportif, afin tout simplement de pouvoir continuer à pratiquer tous les sports que
l’on souhaite dans les années à venir, et organiser des évènements capables de déchaîner
les passions et développer la pratique sportive. Car parmi les liens établis aujourd’hui
entre sport et développement durable, les évènements occupent une position clé. En
effet les deux principales sources d’impact en termes de développement durable dans le
sport sont d’un côté les équipements, et de l’autre les évènements. Les évènements sont
et resterons une composante intrinsèque du monde sportif, vecteur d’émotions et de
transmission de la passion du sport. Ils peuvent par conséquent, de par leur pouvoir
d’attraction et de sensibilisation, contribuer à une prise de conscience des enjeux du
développement durable et d’un avenir soutenable pour notre planète. Mais pour ce faire,
les évènements doivent eux-mêmes prendre en compte dans leur organisation le respect
des principes du développement durable afin d’être légitimes en tant que vecteur de
sensibilisation à celui-ci. Or, entre caractère éphémère des évènements et durabilité un
paradoxe flagrant apparait. Dans quelle mesure est-il possible de dépasser ce paradoxe ?
Des outils nouveaux peuvent-ils conduire à l’organisation d’évènements davantage
« éco-responsables », afin que les évènements sportifs puissent être légitimes en tant
que vecteurs de sensibilisation au développement durable ?
27
II. PARAXODE ENTRE EVENEMENTIEL
SPORTIF ET DEVELOPPEMENT
DURABLE
28
Ce qui nous intéresse dans le présent mémoire, c’est de savoir si l’évènementiel
sportif peut avoir un rôle à jouer face au besoin actuel de sensibilisation au
développement durable. Mais pour savoir si un évènement peut être un vecteur pertinent
de sensibilisation au développement durable, il est primordial avant tout de savoir si
l’évènement en lui-même, dans sa conception, son organisation, sa logistique, respecte
les principes du développement durable.
En effet les évènements, organisations éphémères par essence, ne semblent pas à
première vue directement compatibles avec un développement durable, opposés par
définition à l’idée même de durabilité. Cependant le sport, tout comme de nombreux
autres domaines, comme la culture par exemple, dépend de l’organisation
d’évènements. En ce sens, une prise de conscience, le développement d’outils et de
solutions concrètes pour réduire l’impact des évènements sur l’environnement peuvent-
ils permettre de dépasser ce paradoxe entre évènementiel sportif et développement
durable ? C’est ce qui nous intéressera dans cette deuxième partie.
A. EVENEMENTIEL ET DEVELOPPEMENT
DURABLE : DEUX NOTIONS ANTINOMIQUES ?
L’impact des évènements sportifs sur l’environnement, un des trois piliers du
développement durable, est certain. Dans quelle mesure les évènements sportifs
impactent-ils l’environnement ? Quels sont les paramètres, les particularités des
évènements qui ont le plus d’impact et sont les plus nocives pour l’environnement ?
Pour illustrer l’impact des évènements sportifs sur le milieu naturel, il est intéressant
d’analyser le cas particulier des évènements sportifs de pleine nature qui se trouvent au
cœur de la problématique, ayant à la fois un impact supérieur sur les milieux naturels,
tout en étant plus sensibles aux questions de protection de l’environnement, car ils
dépendent directement de leur lieux de pratique, et les pratiquants d’activités sportives
29
de pleine nature sont également les témoins privilégiés de la dégradation de
l’environnement.
1 / Impact des évènements sportifs sur l’environnement
« Le sport se pratique dans tous les environnements. Il peut donc perturber, voire
dégrader, toutes les formes d’écosystème41
. »42
De nombreuses études ont été réalisées
sur l’impact économique des grands évènements sportifs, mais moins de travaux
cherchent à démonter les impacts générés par les évènements sportifs du point de vue du
développement durable.43
Dans l’organisation des championnats et autres rencontres
sportives, qui sont directement vectrices de cohésion sociale, les enjeux
environnementaux liés à l’organisation d’évènements entrent en contradiction. Le pilier
« écologique » du développement durable s’oppose souvent au pilier « social » du
développement durable. Seuls des discutions, échanges et compromis entre les
différentes parties peuvent permettre un terrain d’entente, et une progression du secteur
sportif vers le respect de principes du concept de développement durable.
Pour ce faire, il est essentiel pour commencer de connaître les origines principales
de la nocivité des évènements sportifs sur l’environnement, afin de pouvoir réfléchir à
des solutions. Face à cette question, il est surprenant de voir à quel point le paramètre
des transports occupe une place importante dans les bilans carbone44
et autres outils
d’évaluation de l’impact environnemental des évènements sportifs.
Enjeu des déplacements et des transports
41 Un écosystème est un ensemble dynamique d'organismes vivants (plantes, animaux et micro-
organismes) qui interagissent entre eux et avec le milieu (sol, climat, eau, lumière) dans lequel ils vivent.
Les dimensions des écosystèmes peuvent varier considérablement; ils peuvent être très petits, comme une
mare ou un arbre mort, ou être gigantesques, comme la Terre (Source : http://www.planete-sciences.org ) 42
GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle. 43
CLIVAZ C. « Durabilité de l’évènementiel sportif. Quelles implications pour les collectivités
territoriales ? », Conférence Internationale sur les politiques d’accueil et d’organisation d’évènements
sportifs, Lausanne, 2005. 44
Bilan carbone = total du CO2 émis dans le cadre de l’évènement
30
La question des déplacements dans l’évènementiel sportif est donc fondamentale,
comme l’illustre un exemple chiffré du coût environnemental des transports lors de la
coupe du monde rugby qui a eu lieu en France en 2007 : « Le bilan carbone prospectif
de la coupe du monde de Rugby en 2007 en France, mené par le cabinet ESPERE, JDH
Consulting net l’ADEME est édifiant ! Au cours de cet évènement planétaire, 46 000
tonnes équivalent CO2 de gaz à effet de serre devaient être générées uniquement par
l’organisation du tournoi, soit 8% des 570 000 tonnes équivalent CO2 émises au total.
(I.E. déplacements et consommation des spectateurs). Ces valeurs correspondent aux
émissions annuelles des Iles Samoa, pays participant à la compétition. […] La
conclusion commune est que le principal poste de d’émission de gaz à effet de serre,
représentant plus de 75% du total émis, est dû aux spectateurs, leur déplacement et leur
séjour sur place. C’est donc bel et bien l’envergure de l’évènement, plus que la
discipline elle-même, sa popularité et le public international qu’elle draine qui
marquent son empreinte environnementale. »45
Un constat qui nous amène à faire une
distinction importante entre les « grands évènements sportifs internationaux » et les
évènements sportifs locaux en terme d’impact sur l’environnement. Car, même avec une
démultiplication des évènements sportifs de proximité, l’impact de ces évènements reste
moindre comparativement aux évènements mondiaux. Mais il faut cependant prendre en
compte la régularité des rencontres sportives de proximité, engendrant des déplacements
moindres mais beaucoup plus fréquents.
Quoi qu’il en soit, malgré des chiffres alarmants concernant les déplacements
dans le secteur de l’évènementiel sportif, il est fondamental de ne pas considérer ces
chiffres et ces impacts monstrueux sur l’environnement comme des fatalités, et ce
même concernant les grandes rencontres internationales. A chaque problème sa
solution. Par exemple, pour l’Euro 2016 qui arrive prochainement, il est envisagé de ne
plus tirer au sort les lieux des matchs, mais de choisir les lieux de rencontre en fonction
de critères géographiques logiques et moins contraignants en termes de déplacements,
afin de réduire considérablement ces derniers. Par exemple, un match Angleterre –
45 GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle.
31
Allemagne gagnera à être joué à Lille plutôt qu’à Montpellier46
. Et cette démarche, si
elle était appliquée à grande échelle lors de tous les grands évènements mondiaux,
permettrait, à partir de simple décisions de bon sens, de réduire considérablement les
coûts des déplacements, à la fois des équipes mais aussi des supporters.
Pour Arnaud Jean, chargé de mission développement durable au Ministère des
sports, « [les transports] sont effectivement une priorité importante de la SNDDS
[Stratégie Nationale du développement durable du Sport]. Les activités sportives,
notamment compétitives, générent des millions de kilomètres pour se rendre sur des
rencontres, à des entrainements, à des stages etc47
. » la stratégie préconise en ce sens
une « optimisation des déplacements en repensant les pôles géographiques de
championnat et en situant mieux les évènements nationaux au regard des
pratiquants. »48
D’où l’importance également d’intégrer la question des transports dans
les cahiers des charges des manifestations sportives. Arnaud Jean propose également la
possibilité d’une modulation des remboursements des frais de déplacement en fonction
du mode de transport utilisé.
Enjeu de réduction des impacts des évènements sportifs sur les
milieux naturels
Beaucoup d’habitats naturels peuvent tolérer certaines manifestations sportives. Il
est cependant nécessaire de respecter des limites règlementaires, géographiques et de
fréquentation, qui doivent être discutées avec des experts environnementalistes.
Pour Françoise Rozé, chercheur en écologie de la restauration, « c’est souvent le
cumul des perturbations qui constitue une menace pour l’environnement […] et le
manque de connaissance en écologie mène parfois à des interdictions d’organisation
d’évènements qui pourraient être évitées. » Une réelle discussion avant les évènements
entre les gestionnaires des espaces naturels et les organisateurs d’évènements
aboutiraient à minimiser les incidences des évènements sur le milieu naturel, ou à se
46 GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle. 47
JEAN A. Chargé de mission développement Durable au Ministère des sports lors d’une interview. 48
Idem.
32
donner les moyens d’une restauration écologique immédiate, réfléchie en amont de
l’évènement.49
D’ailleurs, comme le souligne dans ce sens Jean-Pierre Mounet,
« l’utopie du développement durable, si elle a le mérite de poser l’équilibre entre les
acteurs comme un prérequis fondamental et de ne pas se contenter de traiter le seul
aspect environnemental, [social ou économique] ne peut très certainement être
entretenue que par l’existence d’une médiation ininterrompue, gage d’une réelle
concertation. »50
L’idée de « gouvernance partagée » qui constitue un des traits du
développement durable ne doit pas être qu’une déclaration de principe, mais une
méthode appliquée dans la gestion de projets communs.
Sensibilisation au développement durable par le sport et les sportifs ?
Là encore le sport, en essayant d’apporter des solutions aux dégâts
environnementaux qu’il cause à la planète, à quelque niveau que ce soit peut être un
vecteur intéressant de sensibilisation à l’environnement, tant par des messages qui
peuvent être transmis par les institutions sportives, mais aussi par les sportifs de haut
niveau eux-mêmes, qui si ils en ont la volonté peuvent mettre leur notoriété peuvent
mettre leur notoriété à profit pour tenter de faire évoluer les mentalités51
. Nous
développerons cet aspect brièvement dans la dernière partie de ce travail, où nous nous
intéresserons plus spécifiquement aux ambassadeurs sportifs de Surfrider Foundation
Europe.
Les sportifs de haut niveau, connus en partie grâce à l’organisation d’évènements,
peuvent donc profiter de leur aura pour agir en faveur du développement durable. Le
sport étant devenu un fait social à part entière52
, les sportifs deviennent des acteurs de la
vie sociale qui peuvent agir en faveur du développement durable. Bernard Susini,
adjoint au maire de la ville de Marseille Délégué au Développement Durable, souligne
en ce sens que pour faire évoluer les comportements, sensibiliser les gens aux
49 Propos recueillis lors d’un entretien avec ROZE F., chercheur en écologie de la restauration à
l’Université de Rennes 1, le 6 août 2012 50
MOUNET J-P. « Sports de nature, développement durable et controverse environnementale », Natures
Sciences Société, Vol. 15 p. 2007 51
Car si les sportifs sont avant tout des athlètes, ils ont aussi la possibilité de s’exprimer, et peuvent avoir
un rôle social et bénéficier d’atouts médiatiques considérables pour transmettre des messages si ils en ont
la volonté. 52
On doit au sociologue Marcel Mauss le concept de « Fait social total »
33
problématiques du développement durable, « il faut des évènements, il faut arriver, avec
les sportifs de haut niveau, […] à intéresser les gens pour leur faire comprendre ce qui
se passe. Il faut s’appuyer sur des évènements ludiques et culturels pour intéresser le
grand public. »53
Les évènements sportifs ont donc un impact non négligeable sur l’environnement,
mais au-delà du paradoxe entre évènementiel sportif et développement durable, mieux
vaut chercher des solutions. Face à ces problématiques de conciliation entre
évènementiel et durabilité, les sports de nature ont été précurseurs, en toute logique
étant donnée la proximité entre les pratiques sportives de pleine nature et le milieu
naturel où elles se développent. Il est par conséquent intéressant ici d’approfondir
davantage d’exemple particulier des évènements sportifs de pleine nature.
2 / Les sports de nature au cœur de l’antinomie
Comment se définissent et se caractérisent les sports de nature ? « Classiquement,
on distingue les sports traditionnels des sports de (pleine) nature sur la base de la
localisation des pratiques. […] Les sports traditionnels utilisent des équipements aux
cadres spatiaux prédéfinis, délimités et normés, (gymnases, terrains, piscines, tennis…)
ce sont des espaces sportifs par destination. » A l’inverse, « Les pratiques sportives de
nature s’inscrivent dans des lieux aux formes spatiales diverses, aux contours flous en
perpétuelle évolution : ce sont des espaces sportifs par appropriation.»54
Les sports de nature se distinguent donc de part leur caractère sauvage, libertaire
et moins règlementé que les pratiques sportives dites « classiques ». Cependant, en
pleine expansion, les pratiques sportives de natures ne peuvent se développer de
manière illimité sans un certain cadrage concernant la protection et la préservation du
milieu naturel dans lequel elles évoluent, notamment lorsqu’il s’agit de manifestations
sportives de nature qui drainent des foules conséquentes.
53 SUSINI B., lors de la Table Ronde Sport et développement durable organisée dans le cadre du BEACH
DAY à Marseille le 15 septembre 2012. Cf. annexe n° 1 54
GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport », Chapitre 14 in
Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le 21ème siècle.
34
Conflits d’usage et législation
Arnaud Jean, Chargé de mission développement durable au Ministère des Sports,
expliquait lors d’une interview à propos de l’évolution des liens entre sport et
développement durable que « l’engagement précurseur des sports de nature
(randonnée, VTT, voile…) a aussi beaucoup influencé l’ensemble du secteur. Ils sont
confrontés depuis longtemps à des acteurs comme l’ONF55
, Natura 200056
, qui exigent
des garanties lors de l’organisation de manifestations. »
Car en effet les sports de nature, au moment de leur développement accru il y a
quelques dizaines d’années seulement, ont été à l’origine de conflits d’usage entre
défenseurs de l’environnement et sportifs d’un nouveau type gourmands de nouveaux
espaces de jeu.
La législation, en perpétuelle évolution en fonction de l’évolution de la société
dans laquelle nous vivons, règlemente aujourd’hui certaine pratiques, et encadre
l’organisation d’évènements sportifs de pleine nature. Le respect de la nature et des
zones protégées se voit donc dans ce cadre imposé par la réglementation. Par exemple,
il est obligatoire depuis 2011 d’évaluer les incidences des évènements sportifs sur les
espaces naturels situés en zone Natura 200057
.
La règlementation évolue donc, et les collectivités quant à elles s’impliquent de
plus en plus face à ces enjeux. Comme le démontre Olivier Bessy, « les sports de nature
s’intègrent aujourd’hui dans une problématique plus large que celle de la simple
pratique d’une discipline sportive. En recherche de conciliation d’intérêts entre les
politiques de développement touristique, de cohésion sociale et de protection de
l’environnement, les sports de natures se retrouvent au cœur du débat sur le
développement durable des territoires. »58
55 Office National des Forêts
56 Application française de la Directive Européenne « habitats »
57 Zones naturelles protégées au titre de la Directive Européenne « habitats »
58 BESSY O. in LEHENAFF D. (Coord.) « Sport Environnement Développement Durable » Les Cahiers
de l’INSEP, n°37, 2006, 374p.
35
Avec la nouvelle configuration des collectivités territoriales liée aux lois de
décentralisation, la compétence sport n’est plus obligatoire pour les départements59
.
Cependant, un rôle et une compétence spécifique est dédiée aux sports de nature. En
effet, selon la clause de compétence générale des collectivités territoriales, le
département doit assurer la gestion maîtrisée des sports de natures60
. Cela se traduit par
des mises en œuvre concrètes sur le terrain comme par exemple le PDESI (Planification
départementale des espaces, sites et itinéraires de Sports de Nature) établie par le
Conseil Général des Côtes d’Armor.
Avant-gardisme des sports de nature dans la prise en compte du
développement durable
Les sports de nature ont donc été avant-gardistes dans la prise en compte du
développement durable, d’une part certes par obligation du respect de la législation et
des nouvelles politiques publiques mises en place en la matière, mais également car les
pratiquants d’activités sportives de plein air ont également une sensibilité particulière au
respect du milieu naturel qui leur permet de pratiquer pleinement leur activité de
prédilection61
. Olivier Bessy souligne une plus grande adaptabilité des sports de nature à
leur environnement par rapport au sport fédéral en général. Il affirme qu’ « à la
différence du sport fédéral qui « maille » l’hexagone d’équipements sportifs le plus
souvent décontextualisés, les loisirs et le tourisme sportif de nature se développent
davantage dans une logique de structuration différenciée des territoires, prenant en
compte les particularismes locaux. »62
On parle ici d’équipements sportifs : il en va de
même pour les évènements sportifs. Les organisateurs d’évènements de sports de nature
ont vocation par essence à s’adapter à l’environnement de la pratique sportive
concernée.
59 Toutefois nombreux sont les Conseils Généraux, comme par exemple celui des Côtes d’Armor (22) ou
des Bouches-du-Rhône (13) qui gardent volontairement cette compétence et investissent dans le sport. 60
Informations recueillies lors d’un entretien auprès de Jacques Burlot, chargé de mission sport nature au
Conseil Général des Côtes d’Armor. 61
Il ne s’agit en aucun cas ici de généraliser (il est évident que certains pratiquants de sports de nature ne
respectent pas l’environnement), mais plutôt de dégager une tendance. 62
BESSY O. in LEHENAFF D. (Coord.) « Sport Environnement Développement Durable » Les Cahiers
de l’INSEP, n°37, 2006, 374p.
36
Les évènements sportifs, « classiques » ou de pleine nature, auront toujours un
impact sur l’environnement.
Stéphane Latxague, directeur exécutif de Surfrider Foundation Europe, affirmait
lors de l’ouverture du Beach Day : « Le meilleur évènement, c’est celui qui n’existe
pas »63
. C’est l’évènement qui aura le moins d’impact sur l’environnement, qui
n’engendrera aucune externalité négative par rapport au respect du développement
durable qui puisse lui être reprochée. « Mais on doit aussi apprendre à vire avec la
nécessité de l’homme d’être passionné, gérer cette passion des êtres humains, et pour
cela il faut absolument trouver des voies d’issue, des solutions. Ce sont des enjeux de
développement durable. »64
Aujourd’hui, les outils disponibles pour tendre à l’organisation d’évènements
sportifs « éco-conçus » se multiplient et deviennent chaque jour plus faciles d’accès.
(Aides de la part des collectivités, prestataires ayant une démarche d’éco-conception…)
Ainsi, bien que l’ « empreinte zéro65
» soit impossible dans le cadre de l’organisation
d’un évènement, il est plus constructif de chercher à minimiser l’impact global de
l’évènement, en cherchant de nouvelles solutions et/ou en utilisant les nombreux outils
déjà existants, que de « jeter l’éponge » en considérant en considérant que l’on ne doit
plus organiser d’évènements.
Comme l’explique Nathalie Van Den Broeck, Manager du Pôle Méditerranée de
Surfrider, « C’est un cercle vicieux : même s’il est le plus éco-pensé possible, l’impact
zéro pour un évènement n’existe pas. De toute façon personne ne peut avoir aucun
impact sur l’environnement. […] On est obligé de faire des évènements. Avec le moins
d’impact possible, mais il est essentiel d’aller à la rencontre des gens. Et pour aller à la
rencontre des gens on est obligé de se déplacer, de crée des outils pédagogiques… Le
63 LATXAGUE S., Directeur exécutif de Surfrider Foundation Europe, lors de la Table Ronde Sport et
développement durable organisée dans le cadre du BEACH DAY à Marseille le 15 septembre 2012. Cf.
annexe n° 1 64
Idem. 65
Expression utilisée par VAN DEN BROECK N. lors d’un entretien réalisé le 03 octobre 2012
37
but est surtout de minimiser l’impact, mais il est impossible de l’annuler.»66
Ne rien
faire, c’est laisser faire, et il est fondamental de réfléchir à l’ « éco-conception » des
évènements afin d’impulser une dynamique positive, même dans le secteur de
l’évènementiel.
B. DEVELOPPEMENT DES OUTILS POUR
L’ORGANISATION D’EVENEMENTS SPORTIFS
« ECO-RESPONSABLES »
Selon Arnaud Jean, Chargé de mission développement durable au Ministère des
Sports, « le premier pas en faveur du développement durable est l’éco-conception d’un
évènement sportif. »67
En se sens, de nombreuses « boites à outils » sont à la disposition
des organisateurs d’évènements sportifs. Une dynamique qui est également de plus en
plus encouragée par les collectivités territoriales. Cependant face à une effervescence de
l’utilisation de l’image du développement durable par les organisateurs d’évènement, on
peut s’interroger sur les risques d’une dérive de l’utilisation du concept de
développement durable comme un outil marketing du secteur de l’évènementiel.
1 / Multiplication des outils et encouragement des collectivités
Qu’ils soient issus du secteur associatif, des collectivités publiques ou d’ailleurs,
les ouvrages du type « guide de l’organisation d’un évènement sportif durable » et
« boites à outils » sont en plein essor, en attestent les 65 références d’ouvrages
répertoriées dans un document du Ministère des Sports datant de 2011 intitulé Sélection
de ressources Sport et Développement Durable.68
66 Propos recueillis lors d’un entretien le 03 octobre 2012.
67 Propos recueilli lors d’une interview
68 Un des documents ressources de la stratégie sport et développement durable du ministère des Sport. –
site web
38
Multiplication des outils
L’UFOLEP69
, en 2007, a par exemple publié un guide intitulé « Manifestations
sportives et développement durable », qui est un recueil de bons conseils pour pouvoir,
si l’organisateur en a la volonté, organiser un évènement sportif en respectant du mieux
possible les principes du développement durable.
Malgré tout l’intérêt que présentent ces ouvrages, Le but dans le cadre de ce
mémoire n’est pas de présenter une liste exhaustive de toutes les bonnes pratiques, mais
bien de comprendre que de nombreuses solutions peuvent êtres adoptées par les
organisateurs d’évènements sportifs s’ils en ont la volonté.
Face à une recrudescence des analyses de l’impact des évènements, (mais qui ne
sont malheureusement pas encore systématiques) Christian Clivaz soulève également le
problème du déficit d’études et d’analyses des impacts des évènements sportifs sur le
long terme. Selon lui, « comme l’analyse peut aboutir à une conclusion négative, les
organisateurs d’un évènement sportif préfèrent mettre en évidence les bénéfices à court
terme uniquement. » « Ce sont les impacts sur le moyen et sur le long terme qui sont
actuellement les moins bien documentés. »70
Un gros travail est donc encore à faire sur
ce point, afin d’envisager les projets d’évènements sportifs sur le long terme pour
davantage de cohérence.
Enjeux de politiques volontaristes
Le Conseil général des Côtes d’Armor, dans la même perspective de réponse aux
objectifs du développement durable sur son territoire, a également publié un guide pour
les organisateurs de manifestations durables71
. Ce guide a vocation à offrir une « boite à
outils » pour les organisateurs ayant la volonté d’organiser des évènements durables.
Mais il est également fondamental pour toute collectivité qui accueille un évènement
sportif de considérer l’importance des études d’impact de l’évènement. Cela correspond
69 Union Française des œuvres laïques d’Education populaire
70 CLIVAZ C. « Durabilité de l’évènementiel sportif. Quelles implications pour les collectivités
territoriales ? », Conférence Internationale sur les politiques d’accueil et d’organisation d’évènements
sportifs, Lausanne, 2005. 71
Manifestations grand public en Côtes d’Armor, Mieux intégrer les principes du Développement
Durable. (cotesdarmor.fr)
39
aussi à un investissement sur l’avenir, et les résultats de ces études d’impact doivent être
déterminantes pour les décisions des collectivités d’autoriser ou non, et de soutenir ou
non tel ou tel évènement sportif. Intervient ici un concept intéressant, celui de la « DD-
conditionnalité72
» des aides publiques : le principe est de déterminer l’attribution ou
non des aides publiques aux organisateurs d’évènements sportifs au regard de leur
respect ou non des principes du développement durable dans le cahier des charge de leur
évènement. Une idée intéressante qui confirme le rôle déterminant que peuvent avoir les
collectivités territoriales dans la mise en œuvre concrète des principes du
développement durable, à savoir l’écologie, l’économie et le social.
Mais pour obtenir du crédit auprès des institutions ou pour valoriser l’image et
l’éthique de leur évènement, jusqu’où les organisateurs d’évènements peuvent-ils aller
dans l’abus du concept de développement durable ? L’omniprésence du développement
durable dans le discours des organisateurs d’évènements est-elle la traduction d’une
véritable prise de conscience, ou une façade communicationnelle et marketing en
vogue ?
2 / Le développement durable comme outil marketing du secteur de
l’évènementiel ?
Christophe Clivaz affirme qu’aujourd’hui, « la notion de développement durable
s’est imposée dans tous les domaines d’activité, sportifs ou autres, sans qu’il soit
souvent possible de distinguer ce qui relève de la rhétorique pure ou du simple effet
d’annonce de ce qui relève d’un véritable volonté de prendre en compte les différentes
dimensions du développement durable. Il est à espérer qu’à l’avenir ce concept de
développement durable ne soir pas utilisé uniquement comme slogan pour justifier
l’accueil d’évènements sportifs, mais que l’organisation de tels évènements serve bien à
dynamiser un territoire dans le respect des exigences du développement durable. Dans
72 Idée présentée par Jacques Burlot, Chargé de mission sport nature au CG 22 lors d’un entretien le 27
août 2012 à Saint Brieuc.
40
ce sens, l’évènementiel sportif peut et doit apporter sa pièce à la promotion et à la mise
en œuvre du développement durable. »73
Que ce soit utilisé au niveau des candidatures à des grands évènements sportifs ou
dans la communication d’évènements sportifs de moindre ampleur, de festivals, de
concerts… le développement durable s’immisce dans la communication de tellement
d’évènements qu’il en devient presque suspect. Le succès et l’image éthique qu’il
confère à un évènement conduisent à s’interroger sur les véritables motivations de
l’organisateur, et les mises en application concrètes, ou non, de l’idée de développement
durable qui est mise en avant. « Il est impératif que [le développement durable] ne soit
pas un simple phénomène de mode ou un moyen de communication détourné pour se
donner une image citoyenne et responsable. »74
Car une utilisation détournée de ce
concept à des fins marketing contribue pleinement à sa décrédibilisation, et met en
périls les valeurs profondes qu’il défend initialement en lui conférant le caractère
superficiel d’un concept malléable.
Olivier Bessy s’intéresse également à l’ambivalence du concept de développement
durable entre « son usage superficiel, détourné ou pernicieux et les enjeux économiques,
socio-culturels et environnementaux qui lui sont rattachés »75
Par opposition à la considération du développement durable comme un volet
supplémentaire dans l’organisation évènementielle, le Beach Day fonde lui évènement
fondé sur la sensibilisation au développement durable.
Un évènement est par définition une organisation éphémère et une source de
consommation d’énergie importante, qui peut sembler antinomique avec le concept de
développement durable. Mais l’objectif du Beach Day est de dépasser ce paradoxe en
73 CLIVAZ C. « Durabilité de l’évènementiel sportif. Quelles implications pour les collectivités
territoriales ? », Conférence Internationale sur les politiques d’accueil et d’organisation d’évènements
sportifs, Lausanne, 2005. 74
GILLET J-M. & SORZANA B. « Les Politiques Sportives au défi du développement durable », Presses
Universitaires du Sport. 2008, 87p. 75
BESSY O. (Dir.) « Sport, Loisir, Tourisme et développement durable des territoires » Presses
Universitaires du Sport, 2008, 175p.
41
concevant un évènement « éco-pensé », qui grâce à la dynamique évènementielle vise à
transmettre un message environnemental au plus grand nombre.
Car il est impossible de se passer de la rencontre avec le public pour sensibiliser
un maximum de personnes aux questions environnementales, Surfrider Foundation
Europe s’engage à travers ce cahier des charges à organiser un évènement qui respecte
du mieux possible l’environnement et cherche des solutions pour chacune de ses
actions.
Le terme d’évènement « éco-responsable » constitue une qualification
relativement prétentieuse au vu de l’impact incompressible d’un évènement sportif sur
l’environnement. Face à cet abus de langage, nous préférerons dans le cadre de l’étude
Beach Day qui suit, le terme d’évènement « éco-pensé ». Mais nous discuterons cet
aspect plus concrètement dans le chapitre qui suit.
42
III. LE BEACH DAY, OU SENSIBILISER
AU DEVELOPPEMENT DURABLE
GRACE A UN EVENEMENT SPORTIF.
43
Pour apporter des éléments de réponse à la question de savoir si un évènement
peut être ou non un vecteur pertinent de sensibilisation au développement durable, rien
ne vaut l’étude d’un cas pratique. Nous nous intéresserons ici précisément au Beach
Day, un évènement « sport et développement durable » de Surfrider Foundation
Europe76
, dont l’organisation à été ma mission de stage de fin d’étude, pendant six
mois, en tant que chargée du projet.
Il est essentiel ici d’expliquer en premier lieu le concept novateur de
l’évènement.77
Nous développerons ensuite sa mise en œuvre pratique, les réussites
quant à la concrétisation de l’idée initiale, mais également les aléas et les difficultés
rencontrées. Enfin, grâce à un tableau synthétisant les besoins, attentes et risques
encourus par les différents acteurs de l’évènement, nous procéderons à une analyse des
risques qui permettra de mettre en lumière différents points de tension à prendre en
compte lors d’éventuelles prochaines éditions, toujours dans le but de pouvoir améliorer
l’organisation de l’évènement et de limiter autant que possible les risques liés à celui-ci.
A. CONCEPT DU BEACH DAY
Pour Michel Desbordes et Julien Falgoux, « la conception d’un évènement sportif
doit faire preuve d’originalité et doit fixer un fil conducteur à suivre. »78
Deux
prérogatives que remplit le Beach Day.
76 Association loi de 1901 qui a pour but la défense, la sauvegarde, la mise en valeur et la gestion durable
de l'océan, du littoral, des vagues et de la population qui en jouit. 77
Pour une présentation illustrée de l’évènement, se référer au dossier de presse de l’évènement en
annexe. (Annexe n°2) 78
DESBORDES M. & FALGOUX J. « Organiser un évènement sportif »
44
1 / Un concept original
« Le BEACH DAY concrétise la rencontre entre passion du sport et passion du
littoral. La pratique par tous de sports de plein air et d’eau nous permet de redécouvrir
l’environnement comme un terrain de jeu menacé que nous devons apprendre à
respecter.
Lieu de vie et d’échanges, la plage et aussi le point de rencontre de toutes les
pollutions, et donc le site le plus pertinent pour cet évènement.
Issue de la volonté de sportifs, l’association Surfrider agit pour la protection et la
mise en valeur durable du littoral. Sport et développement durable sont pour nous
indissociables, pour un corps sain dans un environnement sain ! »79
Organisé pour la première fois cette année 2012 à Marseille, le « Beach Day » est
l’évènement phare de l’axe stratégique Sport et Développement Durable de Surfrider
Foundation Europe. Comment redécouvrir la plage comme un terrain de jeux
sensationnel, tout en étant conscient qu’il s’agit d’un milieu sensible et menacé ? C’est
donc l’objectif que se fixe Surfrider en organisant cet évènement unique, destiné au
grand public.
Association à but non lucratif (loi de 1901), Surfrider a pour but la défense, la
sauvegarde, la mise en valeur et la gestion durable de l'océan, du littoral, des vagues et
de la population qui en jouit. C’est une passion commune de la mer et le souci de
protéger le littoral qui sont à l’origine de la naissance de Surfrider, crée par des surfeurs
en 1990 (dont Tom Curren, triple champion du monde.)
Egalement parrainée par de nombreux sportifs et forte de son image dynamique et
sportive, Surfrider a créé le Beach Day pour sensibiliser un maximum de personnes à la
protection du littoral. Cette sensibilisation se transmet grâce au sport, à travers un
évènement participatif et festif, conçu dans un objectif de respect de l’environnement.
79 Pitch de l’évènement, réalisé lors d’un brainstorming de toute l’équipe organisatrice et utilisé sur la
majorité des supports de communication du Beach Day. (Notamment Communiqué et Dossier de Presse,
cf. Annexe n°2)
45
Le Beach Day, ce sont 5 activités sportives (Escalade, Beach Volley, Beach
Soccer, Stand up Paddle et Randonnée Aquatique) associées à 5 activités de
sensibilisation au développement durable. Ces activités seront décrites plus loin. Les
différents sports proposés suivent la logique du bassin versant, c’est-à-dire le chemin
des pollutions de la terre jusqu’à la mer, fil conducteur de l’évènement et des activités
sportives.
Le sport au Beach Day, ce sont également des sportifs « VIP » présents sur
l’évènement. Sous le parrainage de Zinedine Zidane, le Beach Day a également accueilli
Joël Cantona, Sophie Routaboul (championne de France de stand up paddle), Raphaël
Filippi et Gregory Penne (windsurfers ambassadeurs de Surfrider) et l’équipe masculine
du Marseille Volley 13 (N2), garantie d’un impact médiatique fort de l’évènement. Au
travers de démonstrations sur les différentes zones d’activités sportives, d’interviews et
d’échanges avec les participants, les VIP sportifs ont été les voix du message de
l’évènement : « Sois sport avec ta plage ».
Enfin et surtout, la caractéristique principale du Beach Day est d’être un
évènement « éco-pensé ». De sa conception à sa mise en œuvre, l’organisation du Beach
Day vise à respecter au maximum l’environnement qui nous entoure, en favorisant une
prise de conscience des dangers qui menacent le littoral. Le développement durable est
ici le fondement de l’évènement.
Conscients qu’un évènement ne peut être entièrement « éco-responsable », dans la
mesure où il nécessite forcément un surplus de consommation d’énergie, de nombreux
déplacements etc., nous avons donc utilisé le terme voulu moins prétentieux et plus
réaliste d’évènement « éco-pensé ».
2 / Objectifs et caractéristiques de l’évènement
« L’objectif du Beach Day, c’est avant tout la rencontre avec le grand public. »80
C’est de faire découvrir et apprécier à travers des initiations sportives et des activités de
sensibilisation à la fois la passion du sport et celle de l’environnement. L’idée initiale
80 LATXAGUE S. Directeur exécutif de Surfrider Foundation Europe, lors de la Conférence de Presse
d’ouverture du BEACH DAY.
46
est ici, comme nous l’avons expliqué en présentant le concept, de favoriser la prise de
conscience des dangers qui menacent le littoral, en redécouvrant la plage comme un
terrain de jeu qui mérite d’être protégé.
Bien que surfant sur la demande d’un marché de l’évènementiel toujours à la
recherche de nouveauté et de qualité, le Beach Day constitue avant tout un outil de
communication et d’échange au service des valeurs que transmet Surfrider Foundation
Europe depuis sa création. L’évènement associe positionnement stratégique sur le
marché de l’évènementiel sportif (pas vraiment de menaces concurrentielles et
importance de l’unicité de l’évènement, qui ont permis la réussite de la première
édition), et la transmission d’une passion et des valeurs de l’association.
Nature de l’évènement
Le Beach Day est en premier lieu un évènement participatif, ou le public n’est pas
seulement spectateur mais acteur, grâce aux initiations sportives et activités de
sensibilisations proposées gratuitement à tout public. La première édition de
l’évènement s’est déroulée sur 2 jours, les 14 et 15 septembre 2012, sur la plage de
Bonneveine à Marseille, plage plus communément appelée plage Borély. Dans la
décision à prendre concernant le lieu de l’évènement, les paramètres privilégiés ont été
la visibilité de l’évènement, l’espace, l’accessibilité, et bien évidemment le terrain et la
disposition de la plage, afin que l’évènement n’impacte pas et ne doive pas modifier les
lieux, qu’il respecte l’environnement qui l’accueille. Cependant différentes contraintes
externes ont dû également être prises en compte, à savoir les nombreux évènements
organisés à la même date sur le littoral marseillais. En effet le choix initial de la date de
l’évènement avait été en grande partie influencé par l’emploi du temps de Zinedine
Zidane, parrain de l’évènement peu disponible. Ce paramètre a donc déterminé la date,
en prévalant sur la coordination avec les autres évènements locaux, qui a été décidée et
organisée plus tard.
Publics visés
Le Beach Day est un évènement destiné au grand public, l’objectif étant de
sensibiliser et d’initier un maximum de personnes au développement durable et à des
47
pratiques sportives locales. L’enjeu ici est de parvenir à toucher un public très
hétérogène (scolaires, sportifs issus de diverses disciplines, non-sportifs, habitants des
différents quartiers de la ville…) et de toucher des personnes n’ayant pas déjà été
sensibilisées à ces thématiques auparavant. Afin de pouvoir optimiser la fréquentation
des activités, le Beach Day était divisé en 2 journées : l’une, en semaine, destiné aux
scolaires81
, et l’autre, le weekend, destinée au grand public82
.
Fréquentation
200 scolaires ont bénéficié de l’évènement lors de la journée du 14 septembre.
Ouvert à tous le samedi, le Beach Day dans sa globalité a touché environ 1500
personnes, sans compter tous les relais médiatiques du message de l’évènement.83
(Presse, TV, radios, web) la portée médiatique totale de l’évènement a été estimée à
plus de 5000 personnes.84
La difficulté ici, au vu de la diversité des publics visés, était
de parvenir à mettre en place une communication efficace, un paramètre que nous
aborderons plus amplement par la suite.
Un évènement interactif et festif
Tout au long de l’évènement, la plage représente un lieu d’échange et de partage.
Elle est le point central du chemin de toutes les pollutions, mais elle peut également être
un lieu de rencontre et de discussion pour lutter contre ces pollutions, et prendre
conscience de l’urgence de protéger le littoral.
Le Beach Day est un évènement qui vise à être interactif (encore une fois le public
n’est pas spectateur mais acteur, tout comme nous devons cesser d’être spectateurs de la
dégradation du littoral et réagir ensemble), et l’identité de l’évènement se traduit aussi
par une ambiance conviviale et festive, pour faire passer un message environnemental
fort dans une dynamique positive. Michel Desbordes et Julien Falgoux distinguent 3
composantes fondamentales d’un évènement sportif : la convivialité, le sentiment de
81 Vendredi 14 septembre 2012 (1
ère édition)
82 Samedi 15 septembre 2012 (1
ère édition)
83 Cf. page 5 du bilan de l’évènement en annexe 3.
84 Au vu des diffusions radio, de la fréquentation du site web et des réseaux sociaux notamment.
48
sécurité, l’implication et la participation85
. Ils caractérisent l’évènement sportif comme
« un lieu, une ambiance, un espace de vie. »86
Dans son organisation, l’équipe du Beach
Day a veillé à mettre en place des espaces de repos, de détente à proximité des activités
sportives et de sensibilisation, afin de favoriser les échanges et contribuer à faire du
Beach Day un espace de vie où l’on a envie de rester et de passer du temps.
Toujours dans l’optique d’un évènement interactif et festif, le Beach Day s’est
déroulé en musique et a été animé tout du long par des professionnels de l’animation et
de la communication. Enfin, l’évènement s’est terminé par un concert en fin de journée
sur la plage87
, pour clôturer l’évènement en musique et offrir un dernier moment
d’échange entre partenaires, participants et organisateurs.
B. MISE EN ŒUVRE
Le concept du Beach Day étant désormais explicité, nous nous intéresserons
maintenant dans cette partie à la concrétisation de l’idée et à sa mise en œuvre pratique,
sur le terrain. Nous développerons en détail les 5 plateaux sportifs et de sensibilisation
au développement durable, qui sont le cœur de l’évènement, avant de nous intéresser à
un paramètre déterminant dans la réussite de l’évènement : la mise en œuvre de la
communication évènementielle.
85 DESBORDES M. & FALGOUX J. « Organiser un évènement sportif » Eyrolles, éditions
d’organisation. 2011, 259p. 86
Idem 87
Concert de Koulirou, groupe de Reggae Marseillais. Comme l’a présenté avec humour Stéphane
Latxague, directeur exécutif de Surfrider, lors de la Conférence de Presse d’ouverture du Beach Day :
« les Rolling Stones tenaient absolument à venir, mais pour des questions de bilan carbone nous avons
décidé de prendre un groupe local. »
49
1 / 5 plateaux sportifs et de sensibilisation au développement durable
L’évènement se divise en 5 plateaux sportifs et de sensibilisation au
développement durable, de l’entrée de la plage jusque sous l’eau.
Figure : Les 5 plateaux sportifs et de sensibilisation au développement durable du Beach Day
50
Le Beach Day propose donc au public de l’évènement des initiations à 5 sports de
nature qui se pratiquent à Marseille, l’objectif étant de promouvoir des pratiques
sportives locales, cohérentes avec l’environnement de la ville et de ses alentours. Ces
différentes activités sportives suivent le bassin versant, la logique de l’évènement étant
de sensibiliser le public au travers du chemin des pollutions, des montagnes jusque sous
l’eau.
Les sports du Beach Day
L’escalade :
Avec les sites exceptionnels des calanques en bordure de la ville, l’escalade
représente une des activités de pleine nature privilégiée de la région. L’objectif est donc
de favoriser la découverte de cette activité, cohérente avec l’environnement local et
ayant un impact environnemental relativement faible. Ce sont des hauteurs de la ville et
des alentours que les pollutions diverses prennent le chemin vers la mer. Ainsi, le
plateau « escalade » symbolise la première activité du Beach Day.
Les initiations à l’escalade sur le Beach Day ont été assurées par l’UCPA Sud
loisir, qui est intervenue en tant que prestataire88
de l’évènement. Un mur d’escalade
artificiel était dressé en bordure de la plage, et les initiateurs utilisaient également les
blocs d’escalade installés de manière permanente au bord de la plage où a eu lieu le
Beach Day, afin d’optimiser les possibilités d’accueil du public sur l’activité.
Le Beach Volley :
Caractéristique des sports de plage, le Beach Volley est une des activités sportives
qui se pratique le plus facilement sur la plage. Facile d’accès, ce sport rappelle
l’interaction directe entre l’homme et la plage, et la nécessité de préserver une plage
propre et sans déchets pour la pratique de ce sport.
88 Les prestataires de l’évènement encadrent les activités contre rémunération, à la différence des
partenaires de l’évènement.
51
Dans le cadre du Beach Day, initiations, tournois et démonstrations de matchs de
Beach Volley ont été prises en charge bénévolement par le club de volley Marseille
Volley 13, dont l’équipe masculine vient tout récemment de monter en N2.
Le Beach Soccer :
Sport emblématique de Marseille, le football se pratique également sur la plage.
En ce sens le football de plage (Beach Soccer est une marque déposée par la Joël
Cantona Organisation) trouve logiquement sa place sur le Beach Day en tant que
pratique sportive locale, idéale pour appréhender la plage comme un terrain de jeu à
protéger.
Ce sont des étudiants de la faculté des Sciences du Sport de Marseille qui ont
encadré à titre bénévole et tout au long des deux jours les initiations et matchs de beach
soccer sur le Beach Day, y compris un match le vendredi matin où Zinedine Zidane et
Joël Cantona se trouvaient eux-mêmes sur le terrain !
Le Stand Up Paddle :
Discipline sportive nouvelle, le Stand up Paddle est aujourd’hui en plein
développement. Une grande planche et une pagaie suffisent à offrir une sensation de
glisse sur l’eau dont chacun peut profiter, sans nécessiter une condition physique
extrême et en toute sérénité. Cette pratique sportive nautique s’intègre à la logique des
activités sportives du Beach Day grâce à une évolution sur l’eau, après l’escalade à
l’entrée de la ville, le Beach Soccer et Volley sur la plage, et avant d’arriver à un sport
subaquatique pour suivre le chemin des pollutions jusque sous l’eau.
Lors du Beach Day, les initiations au Stand up paddle ont fait fureur ! Attitude
Sport, partenaire du Beach Day, était présent durant tout l’évènement pour le matériel et
l’encadrement. Parmi les « VIP » sportifs, Gregory Penne, Sophie Routaboul et Raphaël
Flippi étaient eux-mêmes présents pour encadrer les initiations.
52
La Randonnée Aquatique89
:
Elle achève la logique des sports du Beach Day, offrant la possibilité de découvrir
l’environnement jusque sous l’eau, grâce à une activité de pleine nature rendue ici
encore accessible à tous. Ce sport trouve toute sa cohérence à Marseille, ville tournée
vers la mer, mais souvent trop peu consciente des dangers qui menacent ses fonds sous-
marins si proches.
Septentrion Environnement, association de plongeurs scientifiques dédiée à la
connaissance et à la préservation du milieu marin, était le prestataire de l’évènement
chargé d’encadrer cette activité.
Chaque plateau du Beach Day regroupe donc une activité sportive et une activité
de sensibilisation au développement durable en lien l’une avec l’autre.
Les activités de sensibilisation au développement durable
Ces ateliers de sensibilisations, en cohérence avec les initiations sportives
proposées, sont déjà utilisés par Surfrider régulièrement et bénéficient de nombreux
ajustements au fur et à mesure des utilisations. Plusieurs rénovations et innovations sur
certaines d’entre ont fait l’objet d’une part du budget du Beach Day, afin de les rendre
plus efficaces et pertinentes.)
« Eaux Secours » :
Ce jeu reprend le concept du jeu de l’oie, mais en grandeur nature. Il utilise des
cartes et des dés, que tirent les participants pour avancer de drapeau en drapeau. Au fur
et à mesure de leur avancée, des questions portant sur différentes thématiques en lien
avec l’environnement (eau, terre, vie, sports, etc.) sont posées. Relativement facile à
animer et dynamique, cette animation est visuelle et adaptable à différents publics,
plutôt jeunes cependant.
89 Le terme exact au niveau de la fédération (FFESSM) est Randonnée sub-aquatique. Nous l’avons ici
simplifié.
53
« Course aux déchets » :
Avec cette animation, les participants apprennent à trier leurs déchets en évitant
les pièges, et comprennent l’intérêt de recycler grâce aux explications qui en découlent.
Ce jeu se joue par équipe. Un challenge peut aussi être proposé pour l’équipe ayant fait
le meilleur score. Lors du Beach Day, cette animations a été complétée par plusieurs
visuels destinés à sensibiliser sur le éco-gestes au quotidien, rendant le stand
d’animation diversifié et adaptable en fonction des publics.
« Surprises de la mer » :
Le but de cette animation est de reconnaitre à l’aveugle, uniquement par le
toucher, des objets de la plage. Feuilles de posidonie, coquillages, sable, et bien d’autres
composants essentiels de l’environnement littoral sont alors à identifier. Des sacs
plastiques, bâtons de coton-tige et autres déchets sont également à reconnaitre car ils
composent malheureusement eux aussi la laisse de mer. Cette animation permet aux
jeunes participants de tester leurs connaissances et d’en apprendre d’avantage sur le
milieu marin et sur ses pollutions. Elle a été accompagnée lors du Beach Day d’un
« chamboule-tout » sur le thème de l’artificialisation du littoral. Si cette animation se
destine à priori à un jeune public, des adultes ont également joué !
Transport maritime :
Le thème « Transports et infrastructures maritimes » de Surfrider est abordé par
cette animation relatant les grandes catastrophes en mer de bateaux et de plateformes
pétrolières. L’Erika, l’Amoco Cadiz, Deepwater Horizon…, tous ces noms qui nous
parlent tant grâce aux média, mais dont nous ne connaissons finalement que peu, seront
étudiés, rappelant aux participants qu’une grande majorité des hydrocarbures en mer y
sont de manière volontaire et que le principe de pollueur payeur s’applique rarement.
Moins dynamique mais très complète, cette animation trouve sa cohérence et s’est bien
équilibrée avec l’activité stand up paddle lors du Beach Day.
54
« O’ Bleue » :
Cette dernière animation porte sur le thème « Qualité de l’Eau et Santé ».
L’analyse de la qualité bactériologique de l’eau y est présentée, de son utilité à ses
répercussions, en passant par les phases techniques d’analyses en laboratoire. Les
résultats alors obtenus seront commentés et interprétés. A la fin de l’activité, des pistes
de gestion sont envisagées afin de voir comment prévenir, administrer et combattre les
différentes pollutions littorales. Chaque participant manipule le véritable matériel de
labo, un succès lors du Beach Day !
2 / La communication évènementielle : un paramètre déterminant
Au-delà de l’aspect logistique et organisationnel pur du Beach Day, il est essentiel
de s’interroger sur le message que Surfrider Foundation Europe veut faire passer au
travers de cet évènement. L’évènement peut être ici perçu comme un média, un outil de
communication au service de la cause de Surfrider.90
Quel message l’évènement
véhicule-t-il ? Comment communiquer de manière simple et concise sur le Beach Day ?
Quelle est l’identité de l’évènement ? Autant de questions déterminantes afin de mettre
en place une communication évènementielle du Beach Day efficace.
Il est donc fondamental de réfléchir au préalable à l’identité de l’évènement, et de
la définir précisément en concertation au sein de l'équipe organisatrice.91
Puis une idée
fondamentale se trouve à la base de la stratégie de communication de l’évènement : un
message simple doit passer à la fin du Beach Day.92
Le Claim93
de l’évènement, « Sois
sport avec ta plage ! »94
, joue ici un rôle fédérateur et de premier plan.
L’organisation du Beach Day vise donc à transmettre un message, et ce message
doit être relayé de façon efficace et sans être détourné ou transformé par les différents
90 LATXAGUE S. Directeur exécutif de Surfrider Fondation Europe, lors d’une réunion interne sur l’état
d’avancement de l’organisation du Beach Day à Marseille, le 30 mai 2012 91
Des brainstorming organisés à l’initiative du responsable d’équipe sont ici d’une aide précieuse, et le
projet avancera toujours, mieux, plus vite et avec une meilleure cohésion de l’équipe si les choses sont
réfléchies en concertation et posées dès le départ. 92
Idem. 93
Terme utilisé dans le jargon de la communication pour nommer le message publicitaire. 94
Cf. dossier de presse en annexe n°2, ou encore site web de l’évènement : www.beachday.eu
55
médias et supports de communication. Le claim, ou signature, est le premier des
différents supports, plus ou moins détaillés, qui caractérisent l’évènement. Cette
signature est associée au logo. Elle doit être présente sur tous les supports de
communication, jusqu’au support sur lesquels le message sera le plus épuré. (T-shirts,
stickers, éco-goodies, bracelets offerts aux participants…) Par exemple, sur les T-shirts
de l’évènement n’étaient imprimés que trois typographies : « Beach Day », « Sois sport
avec ta plage ! » et « Surfrider Foundation Europe. L’épuration d’un message tend à le
rendre plus visible et plus compréhensible.
Dans la communication vient ensuite le pitch95
, réfléchi et écrit pour pouvoir
résumer le concept de l’évènement en quelques lignes96
.
Enfin le communiqué (plus concis) et le dossier de presse (plus détaillé) de
l’évènement a vocation à être mis en ligne, et diffusé au maximum aux différents
médias. Un plan média spécifique au Beach Day a été mis en place pour déterminer les
périodes les plus propices à la diffusion de ces supports de communication en fonction
des différents médias.
Pour chaque support de communication, la priorité dans le cadre du Beach Day est
de parvenir à une conception la plus respectueuse de l’environnement possible, voir à
une conception qui puisse attirer l’attention des participants sur des modes de
consommation durable. (Ex : explication du mode de fabrication d’un T-shirt en coton
bio lorsqu’il est donné ou vendu au participant.)
L’aspect communicationnel est donc particulièrement important dans le cadre de
l’organisation d’un évènement, ici le Beach Day, car de lui dépend l’image de
l’évènement. En terme de communication, les différentes parties prenantes de
l’évènement ont chacune leurs besoins et leurs attentes. Par exemple Generali97
,
principal partenaire financier, attend en retour suffisamment d’espaces de
communication (oriflamme, banderoles, logo…) quand Surfrider de son côté tente de
donner le moins possible l’impression d’un évènement publicitaire, il n’y a d’ailleurs de
95 Terme anglais signifiant la présentation d’une idée ou d’un objet
96 Cf. deuxième page du dossier de presse en annexe 2
97 Société d’Assurances & d’épargne
56
place pour aucune vente ou promotion de l’activité des partenaires financiers, et
l’association reste toujours très stricte quant à l’association de l’image de Surfrider avec
celle de partenaires financiers.98
Cet exemple de conflits d’intérêts illustre la diversité et
la complexité des besoins et des attentes des différents acteurs d’un évènement, et les
risques qu’ils encourent respectivement en investissant dans un projet, ici la première
édition du Beach Day. C’est ce qui va nous intéresser dans la partie qui suit, qui vise à
analyser les risques dans le cadre du Beach Day à partir d’un tableau des acteurs comme
outil méthodologique.
C. TABLEAU DES ACTEURS ET ANALYSE DES
RISQUES
Les acteurs prenant part à l’organisation du Beach Day sont multiples (Surfrider,
partenaires financiers privés, publics, sportifs, VIP sportifs…), et les attentes, besoins et
risques des uns par rapport aux autres diffèrent. En ce sens, il a été intéressant ici de les
regrouper de manière synthétiques dans un tableau des acteurs. Cet outil
méthodologique a pour but de dégager des tendances, qui ont permis de mieux
appréhender l’organisation de l’évènement et la gestion des risques pour cette première
édition, et permettront à l’avenir d’améliorer l’évènement et les relations entre les
acteurs en fonction des risques qui ont été palliés ou non lors de ce premier Beach Day.
1 / Multiplicité et diversité des acteurs de l’évènement
Figure : Tableau des Acteurs du Beach Day – Besoins, attentes et risques. –
98 Par exemple même en étant le partenaire financier largement majoritaire, il y avait seulement 7
oriflammes de la société d’assurances installés sur le Beach Day.
57
AC
TE
UR
S
Su
rfri
de
r
Fo
un
da
tio
n
Eu
rop
e
(Org
an
isa
teu
r)
Fin
an
ceu
rs p
riv
és
(Pri
nci
pa
l:
Ge
ne
rali
)
Fin
an
ceu
rs
pu
bli
cs
Pa
rte
na
ire
s
ass
oci
ati
fsP
ub
lic
Sco
lair
eG
ran
d P
ub
lic
Bé
né
vo
les
VIP
Sp
ort
ifs
Pre
sta
tair
es
Mé
dia
s
Su
rfri
de
r F
ou
nd
ati
on
Eu
rop
e (
Org
an
isa
teu
r)
Be
so
in d
e f
ina
nc
em
en
t
Inve
sti
ss
em
en
t
co
ns
éq
ue
nt
Uti
lis
ati
on
de
l'i
ma
ge
et
de
l'é
thiq
ue
de
SF
E
Be
so
in d
e f
ina
nc
em
en
t
So
uti
en
te
ch
niq
ue
et
log
isti
qu
e
Mis
e e
n r
és
ea
u
Co
mm
un
ica
tio
n
So
uti
en
te
ch
niq
ue
et
log
isti
qu
e
Ec
ha
ng
e d
'ex
pe
rtis
e
Tra
va
il e
n p
art
en
ari
at
en
fo
nc
tio
n d
u
do
ma
ine
d'a
cti
on
de
s
as
so
cia
tio
ns
Be
so
in d
e p
art
icip
an
ts
as
su
rés
Dé
ve
lop
pe
me
nt
de
pro
jets
pé
da
go
giq
ue
s
su
r le
lo
ng
te
rme
An
nu
lati
on
Be
so
in d
e p
art
icip
an
ts
// p
ub
lic
su
r
l'é
vè
ne
me
nt
Inc
ert
itu
de
qu
an
t à
la
fré
qu
en
tati
on
(Ac
cu
en
tué
e c
ar
1è
re
éd
itio
n)
Re
ss
ou
rce
s h
um
ain
es
,
tra
ns
mis
sio
n d
u
me
ss
ag
e d
e
l'a
ss
oc
iati
on
et
aid
e
tec
hn
iqu
e
Imp
lic
ati
on
vo
lon
tair
e
Pré
se
nc
e i
nc
ert
ain
e
No
tori
été
& r
ela
is d
u
me
ss
ag
e d
e S
FE
Imp
lic
ati
on
vo
lon
tair
e
Ob
jec
tifs
du
Be
ac
h D
ay
éc
lip
sé
s p
ar
l'e
nv
erg
ure
et
la
no
tori
été
de
s V
IP
So
us
-tra
ita
nc
e
Pre
sta
tio
n r
es
pe
cta
nt
un
e d
ém
arc
he
éc
o-
res
po
ns
ab
le
Ga
ran
tie
s s
ur
l'"é
co
-
co
nc
ep
tio
n"
Info
rme
r
Re
lais
et
dif
fus
ion
de
l'in
form
ati
on
à t
itre
gra
tuit
Dé
form
ati
on
de
l'in
form
ati
on
Fin
an
ceu
rs p
riv
és
(Pri
nci
pa
l: G
en
era
li)
Be
so
in d
e p
art
en
ari
ats
éth
iqu
es
po
ur
reva
lori
se
r l'
ima
ge
et
la d
ém
arc
he
de
la
so
cié
té
Vis
ibil
ité
&
co
mm
un
ica
tio
n
Evè
ne
me
nt
fin
an
cé
ég
ale
me
nt
pa
r le
s
co
lle
cti
vit
és
pu
bli
qu
es
(Cré
dib
ilit
é d
u B
ea
ch
Da
y)
Re
pré
se
nta
tivit
é d
es
fin
an
ce
urs
As
so
cie
r l'
ima
ge
de
Ge
ne
rali
à d
ive
rse
s
as
so
cia
tio
ns
à b
ut
no
n-
luc
rati
f
Co
mm
un
ica
tio
n
Le
Be
ac
h D
ay
ne
do
it
pa
s c
on
sit
ue
r u
n l
ieu
de
ve
nte
de
pro
du
its
pri
vé
s
Co
mm
un
ica
tio
n
Co
nfu
sio
n d
u g
ran
d
pu
bli
c e
ntr
e S
FE
et
Ge
ne
rali
si
tro
p d
e
co
mm
un
ica
tio
n d
e l
a
pa
rt d
e G
en
era
li
--
No
tori
été
et
pre
sti
ge
de
l'é
vè
ne
me
nt
Pre
sta
tio
ns
de
qu
ali
té
Un
évè
ne
me
nt
qu
i
do
nn
e u
ne
im
pre
ss
ion
tro
p "
Ch
ea
p"
Mis
e e
n a
va
nt
et
va
lori
sa
tio
n d
e l
'im
ag
e
de
Ge
ne
rali
Co
mm
un
ica
tio
n
co
ns
éq
ue
nte
Ac
cu
sa
tio
n d
e
"Gre
en
wa
sh
ing
"
Fin
an
ceu
rs p
ub
lics
Ré
pa
rtit
ion
op
tim
ale
de
s f
on
ds
pu
bli
cs
Pro
jet
no
va
teu
r, e
n
ac
co
rd a
ve
c l
es
"Ag
en
da
s 2
1"
de
s
co
lle
cti
vit
és
Ap
po
rt f
ina
nc
ier
au
tre
qu
e l
e s
eu
l a
pp
ort
de
s
co
lle
cti
vit
és
Re
pré
se
nta
tivit
é d
es
fin
an
ce
urs
Go
uve
rna
nc
e p
art
ag
ée
Tra
va
il e
n c
oo
pé
rati
on
en
tre
de
s a
ss
oc
iati
on
s
loc
ale
s
Inve
sti
ss
em
en
t d
es
co
lle
cti
vit
és
da
ns
l'é
du
ca
tio
n e
t la
se
ns
ibil
iati
on
po
ur
tou
s
Mis
e e
n a
va
nt
de
s
ac
tio
ns
et
de
l'in
ve
sti
ss
em
en
t d
es
co
lle
cti
vit
és
pu
bli
qu
es
Inve
rsti
ss
em
en
ts
vo
lon
tair
es
et
bé
né
vo
les
da
ns
le
pro
jet
No
tori
été
et
pre
sti
ge
de
l'é
vè
ne
me
nt
--
Co
mm
un
ica
tio
n
Ins
titu
tio
nn
ell
e
Va
lori
sa
tio
n d
e
l'in
ve
sti
ss
em
en
t d
es
co
lle
cti
vit
és
lo
ca
les
Pa
rte
na
ire
s
ass
oci
ati
fs
Mis
e e
n a
va
nt
de
le
ur
ac
tio
n d
an
s l
e c
ad
re
d'u
n é
vè
ne
me
nt
Tra
va
il e
n c
oo
pé
rati
on
Ma
nq
ue
de
vis
ibil
ité
As
so
cia
tio
n d
'im
ag
e
dé
favo
rab
le
Mis
e e
n r
és
ea
u
Am
orc
e p
ou
r le
fin
an
ce
me
nt
de
pro
ch
ain
es
ac
tio
ns
/
évè
ne
me
nts
Co
mm
un
ica
tio
n
au
prè
s d
u p
ub
lic
sc
ola
ire
su
r le
s a
cti
on
s
de
l'a
ss
oc
iati
on
Co
mm
un
ica
tio
n
au
prè
s d
u g
ran
d p
ub
lic
su
r le
s a
cti
on
s d
e
l'a
ss
oc
iati
on
Be
so
ins
RH
So
uti
en
bé
né
vo
le e
t
rep
rés
en
tati
vit
é d
e
l'a
ss
oc
iati
on
Pré
se
nc
e i
nc
ert
ain
e
Re
no
mm
ée
de
l'é
vè
ne
me
nt
Ec
ha
ng
es
et
mis
e e
n
rés
ea
u
--
Co
mm
un
ica
tio
n s
ur
leu
rs a
cti
on
s
Pu
bli
c S
cola
ire
So
rtie
s p
éd
ag
og
iqu
es
Org
an
isa
tio
n d
'un
évè
ne
me
nt
qu
i la
nc
e
en
dé
bu
t d
'an
né
e d
es
pro
jets
pé
da
go
giq
ue
s
"Sp
ort
et
DD
"
--
So
uti
en
te
ch
niq
ue
et
log
isti
qu
e
Evè
ne
me
nt
dy
na
miq
ue
et
dé
co
uv
ert
es
--
So
uti
en
org
an
isa
tio
nn
el
Re
nc
on
tre
s e
t
ém
oti
on
s
Dé
ce
pti
on
Org
an
isa
tio
n c
ad
rée
de
l'é
vè
ne
me
nt
Vis
ibil
ité
mé
dia
tiq
ue
(TV
, p
ho
tos
…)
de
l'é
vè
ne
me
nt
au
qu
el
ils
on
t p
art
icip
é
Gra
nd
Pu
bli
c
Be
so
in d
e d
istr
ac
tio
n
et
d'i
nfo
rma
tio
ns
Org
an
isa
tio
n d
'un
évè
ne
me
nt
gra
tuit
et
ou
ve
rt à
to
us
Ima
ge
né
ga
tive
de
l'é
vè
ne
me
nt
éve
ntu
ell
em
en
t li
ée
au
x p
art
en
air
es
pri
vé
s
Un
in
ve
sti
ss
em
en
t d
es
co
lle
cti
vit
és
da
ns
le
s
évè
ne
me
nts
po
ur
tou
s
/ S
po
rt p
ou
r to
us
Dé
co
uve
rte
de
no
uve
lle
s a
ss
oc
iati
on
s
loc
ale
s (
No
tam
en
t e
n
pé
rio
de
de
re
ntr
ée
)
--
So
uti
en
org
an
isa
tio
nn
el
Re
nc
on
tre
s d
e s
po
rtif
s
de
ha
ut
niv
ea
u,
pa
rta
ge
et
ém
oti
on
s
Inté
rêt
dé
me
su
ré p
ou
r
les
VIP
pa
r ra
pp
ort
au
x
ac
tivit
és
du
Be
ah
Da
y
Pre
sta
tio
ns
de
qu
ali
té -
-
Bé
né
vo
les
Ca
dre
d'a
cti
on
/
Su
pp
ort
org
an
isa
tio
nn
el
Dy
na
miq
ue
de
gro
up
e
Re
co
nn
ais
sa
nc
e
so
cia
le
--
--
Re
nc
on
tre
s e
t
éc
ha
ng
es
Tra
va
il e
n c
oo
pé
rati
on
Se
ns
ibil
isa
tio
n p
ub
lic
jeu
ne
et
div
ers
ifié
Gro
up
es
de
ns
es
et
pré
vu
s
Dif
fic
ult
és
de
ca
na
lis
ati
on
de
s
sc
ola
ire
s
Se
ns
ibil
isa
tio
n e
t
dis
cu
ss
ion
av
ec
un
ma
xim
um
de
pe
rso
nn
es
Ec
ha
ng
e d
e c
on
vic
tio
ns
Mo
me
nt
de
re
nc
on
tre
et
d'é
ch
an
ge
s
pri
vil
ég
ié a
ve
c d
es
VIP
sp
ort
ifs
--
Info
rma
tio
n s
ur
l'a
ss
oc
iati
on
po
ur
laq
ue
lle
ils
s'i
mp
liq
ue
nt,
et
su
r la
ca
us
e p
ou
r la
qu
ell
e i
ls
se
ba
tte
nt
VIP
Sp
ort
ifs
Ca
dre
po
ur
ex
pri
me
r
leu
rs c
on
vic
tio
ns
Re
co
nn
ais
sa
nc
e
so
cia
le
Ré
mu
né
rati
on
(d
an
s l
e
ca
s d
e Z
ine
din
e
Zid
an
e)
Mis
e e
n r
és
ea
u -
-R
en
om
ée
Pe
rtu
rba
tio
ns
et
pe
rte
d'a
tte
nti
on
(N
ota
me
nt
lors
du
pa
ss
ag
e d
e
Zid
an
e)
Re
no
mé
e
Co
hu
e e
t m
ou
ve
me
nts
de
fo
ule
au
tou
r d
es
VIP
--
Att
en
tio
ns
pa
rtic
uli
ère
s d
ûe
s à
leu
r s
tatu
t
Vis
ibil
ité
sp
on
so
rs /
ma
rqu
es
Uti
lis
ati
on
ab
us
ive
de
leu
r im
ag
e
Pre
sta
tair
es
Be
so
in d
e c
on
tra
ts
Re
no
uve
lle
me
nt
de
s
pre
sta
tio
ns
su
r le
lo
ng
term
e
Eve
ntu
ell
em
en
t
évo
luti
on
en
pa
rte
na
ria
t
--
--
Mis
e e
n r
és
ea
u e
t
éc
ha
ng
es
éve
ntu
els
po
ur
de
s f
utu
res
pre
sta
tio
ns
--
Pre
sta
tio
n
(re
sta
ura
tio
n):
ve
nte
pro
du
its
Co
nc
ert
: d
yn
am
ism
e
Aff
lue
nc
e d
u g
ran
d
pu
bli
c i
ns
uff
isa
nte
(co
nc
ert
)
--
Att
ire
r le
gra
nd
pu
bli
c
Re
nc
on
tre
s,
éc
ha
ng
es
,
pre
sti
ge
--
Mé
dia
s
Su
jet
d'a
ctu
ali
té
Evè
ne
me
nt
no
va
teu
r
et
ori
gin
al
--
--
--
Inte
rvie
ws
d'e
nfa
nts
pa
rtic
ipa
nts
TV
: V
idé
os
en
ac
tio
n
Ge
sti
on
du
dro
it à
l'im
ag
e
Inte
rvie
ws
de
pa
rtic
ipa
nts
TV
: V
idé
os
en
ac
tio
n
Inte
rvie
ws
éve
ntu
ell
em
en
t
Inte
rvie
ws
Ph
oto
s
Ind
isp
on
ibil
ité
de
s V
IP
sp
ort
ifs
en
ve
rs l
es
mé
dia
s.
(Zid
an
e e
n
pa
rtic
uli
er)
--
58
2 / Analyse des risques
L’objectif de ce tableau récapitulatif des besoins, attentes et risques des différents
acteurs du Beach Day les uns par rapport aux autres est de permettre de mettre en
lumière plusieurs grandes tendances. Des tendances qu’il est important de connaître et
d’avoir à l’esprit au vu d’organisations futures d’évènements.
Risques pris par Surfrider Foundation Europe
Grâce à l’observation de la première ligne du tableau, il est aisé de constater que
Surfrider, en tant qu’organisateur, prend beaucoup de risques par rapport aux différents
acteurs de l’évènement. Risques d’utilisation de l’image et de l’éthique de l’association
par les partenaires financiers privés, annulation des groupes prévus sur les activités,
grande incertitude quand à la fréquentation du grand public, présence incertaine des
bénévoles, déformation de l’information par les médias, absence de garanties quant à
l’éco-conception des produits utilisés, faits fabriqués à l’effigie du Beach Day, quant à
une démarche respectueuse de l’environnement de la part des prestataires… autant de
risques que prend Surfrider en organisant un évènement tel que le Beach Day. Le risque
météorologique pourrait s’y ajouter également, car dans le cadre d’un évènement en
plein air tel que le Beach Day, à Marseille, un coup de mistral ou un passage pluvieux
suffit à démobiliser en grande majorité le grand public.
La prise de risques par les organisateurs d’évènements en général est une
évidence. Mais face à des risques qui pour certains sont incompressibles, une prise de
conscience de ces risques permet déjà de s’y préparer de tenter d’y apporter des
solutions.
Risques pris par le principal partenaire financier
La deuxième ligne du tableau révèle une prise de risques conséquente également
de la part des partenaires financiers privés, spécialement ici Generali, à qui l’on doit la
participation financière la plus conséquente au budget de l’évènement. Le risque de
59
manque de retour sur investissement, par rapport à la somme engagée99
, est ici
considérable, d’autant plus qu’il s’agit de la première édition d’un évènement original et
inédit sans aucune garantie de succès. Seule la confiance de Generali envers les projets
de Surfrider et la stratégie de la société explique ici son investissement financier. Dans
cette perspective, le risque pour Generali d’être la cible d’attaques lui reprochant de
faire du « greenwashing100
» semble évidente et tout à fait d’actualité. Mais c’est là un
autre débat qui pourrait faire l’objet d’un mémoire à lui seul.
Rôle déterminant du public comme facteur de risques
Tous les acteurs du Beach Day ont des besoins, des attentes et prennent souvent
des risques par rapport au public de l’évènement. Le public est tout d’abord
indispensable à la réussite du Beach Day comme de tout évènement. L’incertitude quant
à l’affluence du public, aux attentes et aux comportements de ce public est considérable,
et cette incertitude doit placer le public au centre des préoccupations des organisateurs,
afin d’en satisfaire les besoins et de le convaincre du message de l’évènement. Dans le
cas du Beach Day, une des nombreuses difficultés réside dans la volonté de toucher un
public hétérogène. De fait il devient plus difficile d’établir une stratégie de
communication, sachant qu’elle doit pouvoir toucher la plus large tranche possible de
population. Le public et les groupes de scolaires, prévus en amont, garantissent la
fréquentation sur l’espace du Beach Day lors de la journée destinée aux scolaires. C’est
l’affluence du grand public qui est la plus incertaine, et pour laquelle Surfrider prend le
plus de risques.
Absence de risques provoqués par Surfrider Foundation Europe
La première colonne du tableau, par la quasi absence de « rouge101
» qui la
caractérise, met en lumière le peu de risques que Surfrider Foundation Europe provoque
pour les acteurs du Beach Day. En effet personne, hormis les associations de moindre
99 25 000 euros, sur un budget total de l’évènement s’élevant à 50 000 euros.
100 « Greenwashing » ou « blanchiment écologique » : mot utilisé communément lorsqu’un message de
communication abuse ou utilise à mauvais escient l’argument écologique. (Source : www2.ademe.fr) 101
Les risques sont matérialisés dans le tableau par la couleur rouge.
60
ampleur dont l’image aurait pu risquer d’être effacée derrière celle de Surfrider,
n’encourt de risque majeur en étant présent sur le Beach Day.
C’est le déséquilibre entre les risques pris par Surfrider par rapport aux autres
acteurs, et le peu de risques provoqués par l’association pour les acteurs du Beach Day
qu’il est intéressant de souligner ici. Si une fois encore de nombreux risques encourus
par l’organisateur de l’évènement sont incompressibles, en en ayant connaissance il
devient plus facile de valoriser cette prise de risques. Il est possible de mettre en avant
par exemple la volonté de Surfrider lors de la négociation de financements futurs, une
volonté prouvée par les risques que l’association est prête à prendre pour mettre en
place un évènement regroupant passion du sport, protection de l’environnement et
sensibilisation au développement durable tel que le Beach Day. Et le Beach Day est un
évènement qui constitue bien un vecteur de sensibilisation au développement durable.
En associant passion du sport et passion d’un littoral qu’il faut apprendre à protéger, le
Beach Day, de sa conception jusqu’à sa matérialisation sur le terrain, est parvenu à
sensibiliser au développement durable grâce au sport et à la dynamique de
l’évènementiel.
Cette analyse des risques conduit à s’interroger sur les solutions qui pourraient
être apportées lors d’un prochain Beach Day. Une fois l’évènement passé, le travail
n’est pas fini. Le bilan du Beach Day et les préconisations qui en découlent sont ici
particulièrement importants. Comment l’évènement pourrait-il être amélioré ?
L’organisation d’un tel évènement est-elle viable sur le long terme pour une association
comme Surfrider Foundation Europe ? Quelle place peut occuper le Beach Day au sein
de la stratégie « sport et développement durable de Surfrider », et en quoi l’évènement
peut-il constituer un outil pertinent de développement de cette stratégie ? Autant de
questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans une quatrième et dernière
partie de ce mémoire.
61
IV. L’EVENEMENT COMME OUTIL DE
DEVELOPPEMENT DE LA STRATEGIE
‘SPORT ET DEVELOPPEMENT
DURABLE’ AU SEIN DE SURFRIDER.
62
Le Beach Day est l’évènement phare de la stratégie « Sport et Développement
Durable » de Surfrider Foundation Europe, une stratégie écrite noir sur blanc l’année
dernière, en 2011. L’évènement, au concept novateur, vise à cristalliser les liens en
sport et développement durable. Des liens étroits à Surfrider entre sport et
développement durable, qui sont à l’origine même de la création de l’association. En
effet Surfrider est née de la passion de surfeurs révoltés de voir leurs spots toujours plus
pollués et menacés, qui ont crée l’association dans le but d’agir pour protéger le littoral.
C’est donc en toute logique que Surfrider allie aujourd’hui sport et développement
durable dans le cadre du Beach Day, un évènement réussi pour cette première édition,
mais qui doit être analysé et réfléchi dans une perspective d’évolution, pour s’adapter et
refléter au mieux la stratégie « sport et développement durable de Surfrider Foundation
Europe.
A. DE L’INTERET DE DEVELOPPER ET
OPTIMISER LA STRATEGIE « SPORT ET
DEVELOPPEMENT DURABLE » DE SURFRIDER
FOUNDATION EUROPE
Née de la passion du sport, Surfrider a un « ADN » sportif qui se retrouve dans
toutes ces actions. Mais comme toujours pour faciliter le travail d’une équipe, il est
essentiel dans toute organisation de structurer les objectifs de travail et les actions
menées. D’où l’intérêt ici de répertorier et hiérarchiser les actions de Surfrider
Foundation Europe associant sport et développement durable dans une stratégie écrite et
définie en concertation.
63
1 / L’ « ADN » sportif de Surfrider
Dès la création de l’association, le monde du sport et celui de la protection de
l’environnement se sont rencontrés. Surfrider est une ONG de défense de
l’environnement créée par des surfeurs, souhaitant protéger leurs spots des pollutions
locales. Créée en 1990 en Europe de la volonté de Tom Curren, triple champion du
monde de surf, Surfrider Foundation Europe a d’abord choisi la zone littorale de loisir
comme zone de référence pour ses actions. Cependant, l’association a su peu à peu
étendre son réseau et sa stratégie environnementale vise à présent toutes les zones de
loisirs nautiques : les plages mais aussi les lacs et rivières. Surfrider représente une
communauté d’usagers de ces zones, ayant en commun la passion de la nature, et pour
la plupart pratiquant un sport.
Elle utilise le pouvoir fascinant des vagues pour faire passer un message
environnemental. Surf, glisse et alternative, le tout véhiculé par une image « fun »,
comme l’a si bien décrit Alain Loret dans son ouvrage « Génération glisse. » « La glisse
est l’essence du fun. Elle ne se conçoit qu’aux marges de la société et se présente
comme une quête d’absolu. »102
On pourrait faire ici de parallèle entre le surf, une
pratique sportive en totale harmonie avec le milieu naturel, et la recherche d’une nature
et d’un océan pur et préservé.
Si la notoriété de Surfrider sur la côte basque n’est plus à prouver, il n’est est pas
de même partout en Europe. En effet la renommée de l’association reste
majoritairement liée à la communauté « surf », et si l’objectif aujourd’hui de
l’association est de développer son action auprès de toute une « communauté océan ».
Des évènements comme le Beach Day, permettent de mettre en avant différents sports
pratiqués sur le littoral. Dans le cas précis de la Méditerranée, il est évident que le surf
ne représente pas l’activité sportive majoritaire pratiquée sur le littoral. Surfrider : le
nom de l’association évoque à premier abord davantage le sport, et en particulier le surf,
que la protection de l’environnement. Bon nombre de personnes ne connaissant pas
l’association tombent d’ailleurs dans l’écueil. Mais le nom de « Surfrider » présente
102 LORET A. « Génération glisse. Dans l’eau, l’air, la neige… La révolution du sport des « années
fun », Editions Autrement, Série Mutations. 2003
64
d’autres avantages en terme d’image et de notoriété, et quoi qu’il en soit là n’est pas le
débat dans le cadre de ce travail de discuter du nom de l’association. Ce qu’il est
intéressant de souligner ici, c’est plutôt qu’au vu du nom de l’association, dès lors que
l’on connait un minimum les objectifs de protection du littoral de Surfrider,
l’association (c’est le cas de le dire) et les liens entre sport et développement durable se
fait de manière logique, presque instinctive. Mais que fait véritablement Surfrider dans
son action quotidienne pour relier sport et développement durable ?
Sport et développement durables s’intègrent à l’activité de Surfrider par 3 axes
majeurs de travail :
L’environnement (Qualité de l’eau et santé, vagues déchets)
L’éducation et la formation (Utilisation de l’image du sport dans les outils
pédagogiques de SFE, lors des formations professionnelles…)
Les évènements (autant les évènements grand public - Initiatives Océanes, Du
Flocon à la Vague, évènements saisonniers lors des compétitions
internationales de surf- que les conférences (Qualité de l’eau, Vagues –
Global Wave Conférence- Think tank, réunions de partages d’expériences
entre experts- et enfin les évènements spécifiques « sport et développement
durable » : en particulier le Beach Day, organisé pour la première fois à
Marseille en 2012, et donc le concept vise à être développé dans les années qui
viennent.
Comme l’explique Nathalie Van Den Broeck, Manager du Pôle Méditerranée et à
l’origine du projet, « Le BEACH DAY permet de mettre un coup de projecteur sur cet
amour de la mer, de la plage et du littoral que nous avons tous. […] Un évènement
comme le Beach Day nous permet de montrer que lorsqu’on est un sportif passionné, on
a envie de pratiquer son sport dans un environnement sain, et le plus longtemps
possible. » Et ce Beach Day, c’était vraiment pour montrer que le sport et la passion
65
des sportifs, est un vecteur important pour finalement avoir envie de protéger le
littoral. » 103
Le sport à Surfrider, c’est aussi le soutien d’ambassadeurs sportifs de tous
horizons (Bixente Lizarazu, Laird Hamilton, Samantha Davies, Guy Forget, Jeremy
Eloy, Mathieu Crépel, Luc Alphand, Tony Estanguet, Roland Jourdain, Stéphanie
Gilmore…) qui sont des relias médiatiques précieux, contribuent à la notoriété de
l’association et sont les voix du combat de Surfrider, à savoir la protection du littoral.
Ces sportifs ambassadeurs jouent un rôle important au sein de l’association et
contribuent à la sensibilisation au développement durable. Comme le soulignait Bernard
SUSINI lors de la table ronde organisée pendant le Beach Day sur le thème de
l’évènement sportif comme vecteur de sensibilisation au développement durable : « A
votre niveau, [Surfrider, en tant qu’association] en utilisant des sportifs de haut niveau,
[…] vous avez une force de persuasion qui vaut à peu près tous les budgets qu’il est
possible de mettre en publicité ou ailleurs, parce que vous touchez directement les gens,
et vous leur faites comprendre directement ce qu’il convient de faire ou ne pas
faire. »104
Raphaël Filippi, windsurfeur de haut niveau, explique quand à lui que « quand on
est sportif, on est témoin privilégié de l’évolution des choses […] mon rôle de sportif,
c’est surtout de communiquer avec les plus jeunes, de faire passer le message. »105
C’est donc dans cette optique que Surfrider interagit avec des ambassadeurs sportifs.
103 VAN DEN BROECK N. Manager du Pôle Méditerranée de Surfrider, à l’origine de l’idée du Beau
Day, lors de la Table Ronde Sport et développement durable organisée dans le cadre du BEACH DAY à
Marseille le 15 septembre 2012. Cf. annexe n° 1 104
SUSINI B. Adjoint au Maire de la ville de Marseille lors de la Table Ronde Sport et développement
durable organisée dans le cadre du BEACH DAY à Marseille le 15 septembre 2012. Cf. annexe n° 1 105
Filippi R. lors de la conférence Sport et développement durable organisée dans le cadre du BEACH
DAY à Marseille le 15 septembre 2012. Cf. annexe n° 1
66
2 / Besoin de structuration des actions « Sport et développement
durable »
« On considère à Surfrider qu’on a un ADN sportif. Surfrider est une des rares
associations environnementales née de la passion de sportifs, qui voulaient pratiquer
leur sport dans un environnement, mais qui étaient toujours en contact avec un milieu
pollué, et ces sportifs se sont dit : on va monter une association environnementale pour
protéger nos spots. »106
Le sport et l’environnement sont deux thèmes qui ont toujours
été mélangé de manière implicite à Surfrider, et une volonté est née récemment de la
part de l’association de formaliser cette stratégie.
Comme l’explique ici encore Nathalie Van Den Broeck, « beaucoup de choses à
Surfrider étaient faites sur la thématique du sport et du développement durable, et on a
eu envie de mettre un peu noir sur blanc cette stratégie, et explique, formaliser ce qu’on
avait toujours fait. C’est de là que le Beach Day est né, un évènement réalisé pour
cristalliser cette stratégie, et pour montrer que c’était des choses qu’on savait faire,
qu’on avait mis en place depuis 20 ans, et qu’on mettait en exergue. » La stratégie
« sport et développement durable de Surfrider est une stratégie transversale dans
l’association, qui fait partie intégrante de Surfrider. Tout le monde y contribue de près
ou de loin de part son activité dans l’association.
Mais si la transversalité apporte une grande richesse, elle est aussi compliquée à
mettre en œuvre et à coordonner.
Pour optimiser l’efficacité de la stratégie sport et développement durable, il est
essentiel de bien définir le rôle de chacun. C’est un des paramètres qui illustre le besoin
de structuration de la stratégie sport et développement durable de Surfrider
Son combat, Surfrider le mène au quotidien, grâce aux bénévoles qui font vivre
l’association, et grâce à l’équipe exécutive de Surfrider. Des salariés diplômés et
compétents qui travaillent dans le secteur associatif pour défendre une passion
commune, celle de la protection de l’océan, des vagues et du littoral. A la force de
travail des salariés s’ajoute celle des stagiaires et des jeunes en contrat de « Service
106 Nathalie Van Den Broeck, Manager du pôle Méditerranée de Surfrider.
67
Civique » (SCV), qui ont la chance de découvrir et de s’investir à temps plein dans
l’association, apportant leur modeste pierre à l’édifice. Beaucoup de stagiaires et de
SCV. Plus de la moitié, voir plus, de l’effectif de l’équipe exécutive de Surfrider. A cela
s’ajoute un turn-over considérable au sein même des salariés. Face au rythme de travail
et au poids des tâches qui pèsent sur les salariés, qui sont la plupart « multifonction » il
me semble qu’une création, réfléchie et stratégique, de plusieurs postes au siège de
l’association (Biarritz) et au sein des Coordinations régionales les plus dynamiques
pourrait être, bien qu’extrêmement coûteuse, bénéfique pour l’association. Il en
découlerait notamment la possibilité d’un suivi sur le long terme des projets, permettant
de pérenniser les actions de l’association avec du recul, de l’expérience, et d’asseoir un
professionnalisme de l’association déjà très réfléchi, dans la mesure où les salariés de
Surfrider sont déjà ultra-compétents dans leur principales tâches. (Scientifiques, juristes,
chargé de communication, responsables des partenariats, informaticien…)
L’investissement dans de nouvelles ressources humaines pourrait permettre pour
ce qui nous intéresse dans le cadre de ce travail, de faire évoluer le Beach Day et de
développer un concept qui a fait le succès de sa première édition. Et ce toujours dans la
perspective d’optimiser la stratégie sport et développement de Surfrider, le Beach Day
en étant la principale cristallisation aujourd’hui. L’évènement a aussi pour vocation de
faire connaître l’action de Surfrider par d’autres moyens que les Incitatives Océanes
(IO), déjà très médiatiques, en diversifiant les points de rencontre avec le grand public.
Nathalie Van Den Broeck explique en ce sens que « Surfrider est souvent connu grâce
aux Initiatives Océanes. Pour beaucoup, à cause du relai médiatique qui en est fait,
nous sommes des éboueurs des plages, les nettoyeurs des plages… l’idée avec le Beach
Day, c’était aussi de créer un temps fort dans la vie de l’association après les IO. Les
IO sont en mars, et volonté est de faire un temps fort situé autour du sport en
septembre. Le concept est à garder, à modifier, à faire évoluer. » C’est pour finir cette
évolution possible du contexte qui va nous intéresser dans cette dernière partie de
mémoire.
68
B. LE BEACH DAY COMME OUTIL DE
DEVELOPPEMENT DE LA STRATEGIE « SPORT
ET DEVELOPPEMENT DURABLE » DE
SURFRIDER.
1 / Résultats de l’évènement et préconisations
Le tableau qui suit tableau récapitule de manière synthétique les résultats de cette
première édition du Beach Day, les enjeux de ces résultats et les préconisations pour
l’avenir qui en découlent, car maintenant pour que le Beach Day soit véritablement un
évènement « Durable », il faut réfléchir à son évolution dans la durée et à son évolution.
69
RESULTATS ENJEUX PRECONISATIONS
Impressions
générales
Succès de l'évènement
Satisfaction des participants et
des partenaires
Une réussite qui témoigne de
l'efficacité et de la capacité de
travail de Surfrider
"Bonne image" de l'association
Une capacité de travail qu'il faut
maintenant démontrer sur la
durée grâce aux prochains Beach
Days
Ressources
humaines
Equipe salariée de Surfrider. Assez
peu de bénévoles (très investis
cependant). Besoin RH très
important
Création d'un lien fort entre les
différents personnes de l'équipe.
Gestion harmonieuse entre travail
des salariés et investissement des
bénévoles
Management participatif à
développer. Mieux définir les
équipes des travail et les tâches de
chacun. Besoin d'un véritable
Leadership pour la cohésion du
groupe
Evènement
"éco-pensé"
Evènement "éco-pensé" dans la
mesure du possible. Des
paramètres encore à améliorer
(transports et déplacements
notamment.)
Prise de conscience grâce au
terrain des enjeux et des
difficultés liées à la volonté d'
"éco-penser" un évènement
Adaptation des partenaires et
prestaires. (expertise 1ère edition)
Développer les possibilités de
"transport propre", pour l'équipe
organisatrice comme pour les
participants.
Communication
5 activités qui suivent un "fil
rouge". Une dynamique et un
message clair :"sois sport avec ta
plage!"
Compréhension de la cohérence
des initations sportives et des
sensibilisations au développement
durable (But de l'évènement)
Expliciter davantage le fil rouge
de l'évènement. (Modélisation par
une chaine humaine des hauteurs
de la plage jusque sous l'eau par
exemple.)
Organisation
Difficultés au montage et au
démontage
Dynamisme et motivation de
l'équipe organisatrice. (Risque de
fatigue)
Anticiper le démontage. Prévoir
une soirée pour remercier toute
l'équipe organisatrice. (Très
important pour le ressenti final et
le besoin de reconnaissance des
bénévoles investis)
VIP Sportifs
Un parrain roi: Zinedine Zidane
qui a circulé sur toutes les activités
du Beach Day. Autres
ambassadeurs sportifs plus
accessibles, et trop peu mis en
avant.
Faire partager une passion du
sport, émotion de la rencontre de
champions. Voix du message de
l'évènement.
Mettre davantage en avant et
valoriser les VIP sportifs, avec plus
de démonstrations, mieux
organisées, et une participation
aux activités pour tous les
ambassadeurs.
Evaluation de
l'évènement
Pas de mesure concrète de l’impact
d’un tel évènement sur le territoire,
pour Surfrider, ni d'évaluation de la
réussite des sensibilisations au
développement durable.
Manque d'indicateurs
Evaluation et amélioration de
l'évènement.
La mise en place d'outils
d'évaluation permet l'amélioration
future de l'évènement.
Mettre en place et faire répondre
les participants pendant
l'évènement à des études /
questionnaires d'impact.
Public /
Affluence
Affluence du public, mais qui
pourrait toutefois être accrue.
Eviter les "niches'' et
attroupements et faciliter les flux
de visiteurs.
Anticiper la gestion des flux sur
l'évènement, pour une circulation
plus fluide et cohérente avec le fil
rouge du Beach Day.
Développer la signalétique
70
Ce tableau met en évidence une satisfaction partagée, des enjeux qui ont été
précisés au fur et à mesure du projet, et de multiples pistes opérationnelles pour le futur.
2 / Scénarios d’évolution possibles
Le Beach Day a vocation à continuer107
, mais la forme de son évolution reste
encore à déterminer. (Réédition de l’évènement à Marseille, européanisation de
l’évènement ? tournée du Beach Day ? Intégration du concept dans des projets
pédagogiques de moindre ampleur ?)
L’analyse de plusieurs scénarios envisageables m’a semblé ici la méthode la plus
propice pour pouvoir, en fonction des ressources humaines et des moyens financiers de
l’association en particulier, décider de l’évolution de l’évènement en ayant quelques
éléments structurels.
107 Propos de Nathalie Van Den Broeck recueillis lors d’un entretien le 03 octobre 2012
Points positifs Points négatifs
L'évènement était réussi, on reste sur cette
belle image pour ne pas risquer de faire
moins bien lors d'une 2ème édition
Décrédibilise SFE sur sa capacité à travailler à
des projets sur le long terme.
Scénario 1: l'évènement "One shot"
Solution de facilité
Points positifs Points négatifs
Economies de temps et d'énergie lors d'une
2ème édition, qui peut s'appuyer sur la
réussite de la 1ère
Besoins RH trop importants au niveau du Pôle
Méditerranée de SFE
Pas d'évolution spatiale de l'évènement
Scénario 2: Réedition du Beach Day à Marseille
Stagnation
71
Un évènement « One shot » ne constitue pas a priori le critère idéal d’un
évènement durable… mais constitue une alternative qu’il est obligatoire d’envisager, en
cas par exemple d’une réduction drastique des budgets et des ressources humaines de
Surfrider, qui mettraient en péril l’évolution du Beach Day faute de moyens humains et
financiers.
Le deuxième scénario envisage une réedition du Beach Day à Marseille. A la suite
d’une première fois, où tout est à créer, les économies d’échelle seraient évidentes.
Cependant les moyens humains à mettre en œuvre, même en connaissant désormais le
processus d’organisation, restent considérables, et cette option risque d’être
difficilement atteignable par le pôle Méditerranée de Surfrider. Un organisation plus
« légère » pourrait toutefois être envisagée, mais risquerait de décevoir après une
première édition explosive et riche en émotions.
L’ambition caractérise le troisième scénario, qui serait d’organiser le Beach Day
dans plusieurs endroits stratégiques pour Surfrider en Europe. Il pourrait par exemple se
Points positifs Points négatifs
Développement de l'évènement, en surfant
sur une dynamique positive de la 1ère édition
mise à profit.
Investissement conséquent
Besoins RH + une ressource humaine fixe en
charge de la coordination
Partenaire financier à trouver
Scénario 3: Européanisation du Beach Day
Développement
Points positifs Points négatifs
Va dans le sens de la stratégie de SFE, avec
une appropriation du Beach Day par tous.
Possibilité de "Kits Beach Day" sur le modèle
des Initiatives Océanes de SFE
Une démarche compliquée à mettre en
œuvre dès maintenant, car idée et démarche
du Beach Day encore trop peu connue par les
béénvoles de SFE. (Scénario précoce, mais qui
pourrait être tout à fait pertinent à terme.)
Scénario 4: Déclinaison du Beach Day auprès des antennes bénévoles de SFE
Appropriation
&Optimisation
72
démultiplier à Marseille, Brest et San Sebastian. Cela permettrait de développer les
actions de Surfrider à la fois en Méditerranée, sur la côte Atlantique, en conférant
également une dimension européenne à l’évènement. Etant donné que des salariés de
Surfrider travaillent dans ces trois grandes villes, cela faciliterait la coordination, mais
offrirait également la possibilité de travailler en coopération avec les antennes
bénévoles en local.
Enfin le dernier scénario envisage une transformation du Beach Day vers le
modèle des Initiatives Océanes, c’est-à-dire en offrant la possibilité à chaque antenne
bénévole de s’approprier l’évènement et d’organiser son propre « mini-Beach Day » sur
son territoire. Ce scénario répond aux valeurs et aux prérogatives de Surfrider, qui sont,
de la part de l’équipe exécutive (salariée) de favoriser et de coordonner l’action de tous,
par tous.
Cependant la mise en œuvre de ce dernier scénario peut apparaître comme
compliquée certes, mais surtout un peu précoce dans la mesure où le Beach Day n’est
pas encore assez « connu » au sein des bénévoles de Surfrider. C’est une idée qui
pourrait par contre être tout à fait pertinente sur le long terme.
Pour conclure, une fusion entre le 3ème
scénario et le 4ème
pourrait être une
solution. En effet, le développement et la duplication du Beach Day sur plusieurs
endroits stratégiques pour Surfrider, l’année prochaine au moins, permettrait de
continuer de faire connaître l’évènement sur plusieurs fronts littoraux, tout en
privilégiant les liens et l’action des bénévoles. Ce afin de pouvoir à terme, grâce à une
image et un concept déjà développé et reconnu, faire évoluer le Beach Day vers le
format du scénario n°4.
Quoi qu’il en soit rien ne pourra se faire sans un investissement humain pour
continuer à faire vivre l’idée originale et porteuse du Beach Day, qui mérite sur bien des
points d’être promue par Surfrider Foundation Europe.
73
CONCLUSION
Nous nous trouvons aujourd’hui face à un défi planétaire : parvenir à satisfaire nos
besoins partout dans le monde tout en préservant la biodiversité et les ressources de la
planète, afin que les générations futures puissent elles aussi satisfaire leurs besoins. J’ai
à l’esprit une illustration simple : passionnée de ski, j’aimerais que mes enfants puissent
se faire plaisir plus tard en pratiquant cette activité de pleine nature sensationnelle, dans
une montagne qui resterait un minimum sauvage et préservée. Tout comme la pratique
du surf sur les vagues d’un océan où l’on peut encore se baigner au quotidien, la
pratique de la voile sans que les hydrocarbures ne repeignent la coque du voilier, ou
encore la pratique de la randonnée le long d’un littoral sauvage où l’on peut encore
circuler sans enjamber les clôtures des piscines de villas de luxe. Or force est de
constater qu’au vu des évolutions actuelles, le sacrifice perpétuel de notre
environnement pour satisfaire l’objectif d’une croissance économique exponentielle
inhérente au système économique capitaliste ne tend pas à garantir un environnement
préservé pour les générations qui viennent.
Le développement durable est un concept de développement qui tente d’apporter
des solutions face au constat des excès produits sur une planète qui ne dispose pas de
ressources inépuisables. Il prône un mode de développement, et non de croissance
infinie, basé sur 3 piliers à considérer de manière équitable : l’écologie, l’économie et le
social. Mais un concept de développement n’est rien sans des applications concrètes qui
mettent en œuvre ses principes. En ce sens, contre les accusations d’un concept flou,
outil au service d’un système capitaliste destructeur et propice à une utilisation
commerciale et marketing, il nous appartient de démontrer au travers de nos actions
respectives que le respect simultané des 3 piliers du développement durable a un sens.
Les liens entre sport et développement durable sont inéluctables. Dans son
fonctionnement originel, le sport a besoin d’évènements. Il a besoin de rencontres, de
compétitions, de challenges, et de toujours plus de spectacle. Les évènements sont et
resteront une composante intrinsèque du monde sportif, vecteurs de passion et
d’émotions.
74
Une association vouée à la protection de l’environnement, comme ici Surfrider
Foundation Europe, ne peut se passer de la rencontre avec le public, d’échanges et
d’interactions pour répondre à son objectif fondamental de sensibilisation à
l’environnement.
Alors certes les évènements constituent une source considérable de consommation
d’énergie, d’émissions de gaz à effet de serre, antinomiques avec le pilier
« écologique » du concept de développement durable. Le travail de réflexion autour des
progrès qui peuvent être faits dans le secteur de l’évènementiel pour réduire ces
émissions, et atténuer l’impact des évènements sur l’environnement a de beaux jours
devant lui, et la mise en œuvre d’évènements « éco-pensés » est aujourd’hui une
urgence. Mais les évènements sportifs constituent toutefois un vecteur pertinent et
intéressant de sensibilisation au développement durable, de part toutes les interactions
qu’ils provoquent, en permettant de développer des débats, de sensibiliser toujours plus
de monde, de projeter sur l’avant de la scène médiatique les questions
environnementales, et de communiquer sur ces questions déterminantes pour l’avenir de
la planète, donc notre avenir à tous.
L’organisation du Beach Day avec Surfrider Foundation Europe, ma mission de
stage de fin d’études, a été pour moi une expérience particulièrement enrichissante, en
accord total avec mes projets d’avenir. Cette expérience d’évènement, réussie,
gagnerait à être rééditée, en tenant compte des écueils de cette première édition et des
nouvelles préconisations qui en sont issues. Sa forme d’organisation peut aussi évoluer,
pour s’adapter au mieux à la stratégie de Surfrider. Il reste cependant un évènement
parmi d’autres capable de constituer un vecteur de sensibilisation à l’environnement.
Après 6 mois de stage plongée dans l’organisation logistique du Beach Day, en tant que
chef de projet, l’objectif de ce mémoire était à la fois de prendre du recul par rapport à
l’évènement et de le contextualiser par rapport à son environnement.
Un travail passionnant est à faire aujourd’hui pour développer les relations et les
liens entre sport et développement durable, aussi bien au niveau des associations
environnementales, (comme Surfrider en particulier qui est née de la passion de sportifs
75
et peut jouer un rôle novateur en développant cet axe stratégique si elle s’en donne les
moyens) qu’au niveau des associations, clubs et fédérations sportives, et également des
collectivités territoriales qui gardent un rôle de premier plan autant dans le financement
du sport que dans la mise en œuvre des principes de développement durable par les
Agendas 21, subventions et politiques locales. L’enjeu à l’heure actuelle est de favoriser
la contribution du sport au développement durable, afin de permettre le développement
durable du sport et laisser aux générations qui viennent le plaisir de pratiques sportives
dans un environnement encore sauvage, contribuant à une cohésion sociale positive et à
un développement économique local.
« Ne rien faire, c’est laisser faire ! »
76
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages :
- BESSY O. (Dir.) « Sport, Loisir, Tourisme et développement durable des territoires »
Presses Universitaires du Sport, 2008, 175p.
- BOURG J-F. & GOUGUET J-J. « Economie du sport » La Découverte, 2012, 126p.
- CHAZEAUD P. « Management du tourisme et des loisirs sportifs de pleine nature »
Presses Universitaires du Sport
- DELECOURT N. & HAPPE-DURIEUX L. « Comment organiser un évènement »
Editions du Puits Fleuri, 4ème
édition, 2009, 329p.
- DESBORDES M. & FALGOUX J. « Organiser un évènement sportif » Eyrolles,
éditions d’organisation. 2011, 259p.
- DURAND N. & BRASSEUR G. « Les pratiques sportives de montagne, levier du
développement durable » Presses Universitaires du Sport, 2010, 143p.
- GILLET J-M. & SORZANA B. « Les Politiques Sportives au défi du développement
durable », Presses Universitaires du Sport. 2008, 87p.
- LEHENAFF D. (Coord.) « Sport Environnement Développement Durable » Les
Cahiers de l’INSEP, n°37, 2006, 374p.
- LORET A. « Génération glisse. Dans l’eau, l’air, la neige… La révolution du sport
des « années fun », Editions Autrement, Série Mutations. 2003, 325p.
77
Articles :
- GRELOT L. « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le
sport », Chapitre 14 in Sport et développement durable : les enjeux partagés pour le
21ème
siècle.
- CLIVAZ C. « Durabilité de l’évènementiel sportif. Quelles implications pour les
collectivités territoriales ? », Conférence Internationale sur les politiques d’accueil et
d’organisation d’évènements sportifs, Lausanne, 2005.
- JEGOU A. « Les origines du développement durable » L’information géographique,
Vol. 71, pages 10 à 28. 2007
- PESTRE D. « Développement durable : Anatomie d’une notion » Natures Sciences
Sociétés, Vol.19, pages 31 à 39, 2011
- MOUNET J-P. « Sports de nature, développement durable et controverse
environnementale », Natures Sciences Société, Vol. 15 p. 2007
Rapports/ Stratégies :
- CNOSF « La Raison du plus Sport » Livre blanc du sport français, 2006.
WEBOGRAPHIE :
- Surfrider Foundation Europe : www.surfrider.eu
- Site officiel de BEACH DAY: www.beachday.eu
- Site du Ministère des Sports : www.sports.gouv.fr
- Documentation française : www.ladocumentationfrancaise.fr
- Source du schéma sur le développement durable : http://www.odem.fr
- Définition de l’écosystème : http://www.planete-sciences.org
78
ENTRETIENS REALISES :
- Jacques BURLOT. Chargé de Mission Sports Nature au Conseil Général des Côtes
d’Armor. 27 août 2012, 1h10.
- Nathalie VAN DEN BROCK. Manager du Pôle Méditerranée de Surfrider
Foundation Europe. 01 octobre 2012, 50 min.
- Françoise ROZE. Chercheur en écologie à l’Université de Rennes 1. 06 août 2012,
1h20
- Organisation d’une TABLE RONDE dans le cadre du Beach Day autour de la
Question : Le sport peut-il être un vecteur pertinent de sensibilisation au
développement durable ?
- Jean PERROT : Professeur d’EPS à l’Université d’Aix-Marseille, surfeur &
windsurfer.
- Bernard SUSINI : Adjoint au Maire de Marseille au Développement Urbain Durable.
- Gregory PENNE : Windsurfer professionnel ambassadeur de Surfrider.
- Sophie ROUTABOUL : Championne de France de SUP et organisatrice
d’évènements.
- Yohann OURION : Chargé de mission Développement Durable à la FFESSM.
- Jean-Luc SANTONI : Directeur du Service des Sports du Conseil Général 13
- Raphaël FILIPPI : Windsurfer professionnel, SUP et ambassadeur de Surfrider
- Nathalie VAN DEN BROECK : Manager du Pôle Méditerranée de Surfrider et
Responsable de la stratégie ‘Sport et Développement Durable’ de l’association.
79
ANNEXES
Annexe 1 : Table Ronde « Sport et Développement Durable »
Annexe 2 : Dossier de Presse du Beach Day
Annexe 3 : Bilan du Beach Day
Annexe 4 : Affiche de l’évènement