87
1 Evaluation des récifs coralliens et des mangroves Pour un investissement sans regret contre les éventuels risques de catastrophes climatiques sur les sites dégradés du Parc Marin de Mohéli, de la zone de Bimbini et de la zone touristique nord de Grande Comore (Fassi-Mitsamiouli-Banguoi)

Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

1

Evaluation des récifs coralliens et des mangroves

Pour un investissement sans regret contre les éventuels risques de catastrophes

climatiques sur les sites dégradés du Parc Marin de Mohéli, de la zone de Bimbini et de la

zone touristique nord de Grande Comore (Fassi-Mitsamiouli-Banguoi)

Page 2: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

2

UNION DES COMORES

Unité – solidarité – développement

Direction du cabinet du président de l’Union chargé de la défense et de la sureté du territoire

Centre des Opérations de Secours Et de la Protection civile (COSEP)

Projet N° 00069668 : Développement des capacités de gestion des risques de catastrophes

naturelles et Climatiques en Union des Comores

Evaluation des récifs coralliens et des mangroves dans la zone du Parc marin de

Mohéli, la zone de Bimbini et la zone touristique nord de Grande comore

Année 2010

Auteur : Fouad ABDOU RABI, expert national

Credit photo: Fouad ABDOU RABI/COSEP/PNUD

Page 3: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

3

Sommaire 1. Contexte/Justification de l’étude ......................................................................................................... 4

2. Présentation des zones pilotes d’études .............................................................................................. 7

2.1 Le Parc Marin de Mohéli ................................................................................................................... 7

2.2 La zone nord de Grande Comore .................................................................................................. 14

2.3 La zone de Bimbini .......................................................................................................................... 16

3. Evaluation de l’état de santé des récifs sur les trois sites pilotes ................................................... 20

3.1 Ecologie générale des récifs coralliens ....................................................................................... 20

3.2 Différentes espèces de coraux les plus fréquentées des Comores ......................................... 23

3.3 Importance écologique et économique des récifs coralliens des Comores ............................ 38

3.4 Evaluation de l’état de santé des récifs au Parc Marin de Mohéli........................................... 40

3.5 Evaluation de l’état de santé des récifs dans la zone nord de Grande Comore ................... 54

3.6 Evaluation de l’état de santé des récifs de la zone de Bimbini ................................................. 66

4. Recommandations ................................................................................................................................. 71

5. Evaluation de l’état de santé des mangroves .................................................................................... 73

5.1 Ecologie générale des mangroves ................................................................................................ 73

5.2 Différentes espèces de mangroves existantes aux Comores .................................................. 77

5.3 Evaluation des mangroves du Parc Marin de Mohéli ................................................................. 79

5.4 Evaluation des mangroves de la zone de Bimbini ...................................................................... 84

6. Recommandations .................................................................................................................................. 86

Page 4: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

4

1. Contexte/Justification de l’étude

Les petits états insulaires en développement sont confrontés à des problèmes graves

tels que les effets de changements climatiques et les catastrophes naturelles qui

compromettent leur capacité de mise en œuvre de façon efficace les Objectifs du

Millénaire pour le Développement. Les Comores sont conscientes de cette

problématique et ont orienté leur vision de développement durable autour de quatre

piliers que sont La conservation de la biodiversité, l’adaptation aux changements

climatiques, la gestion des risques de catastrophes naturelles et climatiques et

l’intervention directe aux actions humanitaires.

Le Gouvernement Comorien mesure l’urgence d’intervention en matière de prévention

des catastrophes et a obtenu un fonds géré par le PNUD – Comores et le Gouvernement

Comorien (Projet N° 00069668 : Développement des capacités de gestion des risques

de catastrophes naturelles et climatiques en Union des Comores) visant à l’appuyer dans

la prévention et la gestion des risques de catastrophes liées aux aléas naturels en

renforçant les capacités en la matière, préparant ainsi la population à mieux préparer et

en cas de besoin, faire face aux différents risques et catastrophes auxquels elle pourrait

être exposée.

Les Comores sont vulnérables aux aléas Naturels et climatiques. Des risques de

catastrophes persistent tels que l’éruption du volcan Karthala en activité, des séismes

fréquents, des risques de Tsunami, des cyclones, des montées des eaux et des

blanchissements de coraux. Ces catastrophes provoquent des pertes humaines

considérables, des dégâts matériels et environnementaux inestimables lorsqu’ils se

produisent et accentuent la pauvreté encore croissante.

Les résultats attendus du projet sont les suivants :

1. Un projet de loi régissant le domaine de la PGRC élaboré

2. Les capacités d’analyse des facteurs de vulnérabilité liés aux catastrophes

naturelles sont renforcées

3. Des structures renforcées de prévention et gestion des risques de catastrophes

sont mise en place sur chaque île

4. Des investissements sans regret au niveau des récifs coralliens et des forêts de

mangroves sont mise en place sur trois sites pilotes

5. Des spécialistes nationaux sont formés en prévention et l’intégration du genre

dans la gestion des risques de catastrophes

6. Une stratégie de communication et sensibilisation mettant l’accent sur l’intégration

des femmes dans la prévention des risques est mis en place

7. La plate forme nationale de PGRC est opérationnelle

8. Un système d’Information cartographié des zones à risque des Comores est

disponible

9. Les recommandations du colloque sur le Karthala sont mise en œuvre.

Page 5: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

5

Il a été clairement démontré au niveau international que la présence des récifs coralliens

et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%.

Or les Comores sont entourées des récifs coralliens et disposent de 101Ha de forêts de

mangroves, et qui sont des véritables boucliers contre d’éventuelle forte marée, tsunami

et montée des eaux liée aux effets des changements climatiques. L’ile de Mohéli est

entourée à 100% de récifs frangeant et dispose de 90 Ha de forêt de mangrove, Anjouan

est entourée de 80% de récifs frangeant et dispose de 8Ha de forêt de mangrove, et

Grande Comore est entouré de récifs coralliens à 60% et dispose des poches de

mangroves entrecoupée et discontinue ne dépassant pas 3Ha.

Pour faire face aux risques de catastrophes liées à la montée des eaux, et par la suite

diminuer les éventuelles pertes de vies humaines, les dommages causés par la

destruction des habitations, des ouvrages et des espaces cultivables, Une politique de

gestion de catastrophe couplée à une politique d’emploi et de gestion de la diversité

biologique par la mise en place d’investissement sans regret au niveau des récifs

coralliens et des mangroves est programmée au niveau des trois sites pilotes que sont le

Parc Marin de Mohéli, la zone de Bimbini et la zone Nord de Grande Comore. Le terme

« investissement sans regret » signifie que des moyens énormes vont être mise en

œuvre au niveau des récifs pour leurs permettre d’être en bonne santé et jouer

pleinement leurs rôles protecteurs de zone côtière. Ces investissements sont sans regret

car même si des catastrophes n’interviennent pas, ils sont bénéfiques pour la biodiversité

marine et côtière.

C’est dans cette perspective, que l’appui du projet au gouvernement comorien s’inscrit

dans l’atteinte de l’objectif spécifique suivant : mettre en œuvre une politique

« d’investissement sans regret » par la restauration des récifs et des mangroves

dégradées dans des sites pilotes sélectionnés sur les trois iles en tant qu'outils

importants du développement durable : C’est une politique à effet transversal. Elle

contribue à l’adaptation aux éventuels risques de catastrophes d’origines climatiques,

contribue à la réduction de la pauvreté en favorisant la création des activités génératrices

de revenu, et contribue à la conservation des écosystèmes marins et côtiers des

Comores.

Cette d’adaptation face aux changements climatiques persistants et à la vulnérabilité de

la zone côtière des Comores est programmée à être appliquée de façon participative

impliquant pleinement les groupements de femmes utilisatrices des ressources récifales.

Une politique de gestion de catastrophe couplée à une politique d’emploi et de gestion

de la diversité biologique par la mise en place d’investissement sans regret au niveau

des récifs coralliens a eu l’adhésion des groupements de femmes villageoises et des

associations de protection de l’environnement. Ils se sont approprié cette politique lors

des ateliers de sensibilisation au niveau des trois iles et prient l’engagement de restaurer

les récifs coralliens et les mangroves là où la nécessité l’impose en adoptant des

mesures de gestion durable et locale participative et/ou des mesures d’intervention

poussée par la mise en place des récifs artificiels, et de restauration des forêts de

mangroves par reboisement. Ces investissements vont protéger la zone côtière, mais

également augmenter leur capacité écologique et vont procurer également aux

Page 6: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

6

groupements des femmes des activités génératrices par la valorisation des zones

coralliennes restaurées et bien gérées, mais également par la mise en place des

activités génératrices de revenu identifiée lors des ateliers de sensibilisation telles que la

vente de crabes de cocotiers.

« Le rapport mondial du PNUE en 2006 a démontré la valeur économique des récifs et

mangroves. Selon les régions, cet apport annuel est estimé de 200 000 à 900 000 dollars

(163 000 à 732 000 euros environ) par kilomètre carré pour les mangroves et de 100 000

à 600 000 dollars (81 000 à 488 000 euros environ) par kilomètre carré de récif corallien.

Or, précisent les auteurs de cette étude, les investissements annuels destinés à protéger

ces zones côtières sont inférieurs à 1 000 dollars (810 euros environ) par kilomètre carré.

Fragiles et rares (les récifs coralliens ne représentent que 284 300 km2 et les mangroves

167 000 km2), ces deux écosystèmes côtiers sont d'abord d'importantes "pépinières à

poissons" destinés à la consommation ou à l'aquariophilie. C'est là leur première

contribution économique. Ainsi, "les poissons de récifs représentent généralement un

quart de la pêche mondiale, soit une source d'alimentation pour 1 milliard de personnes",

estime le PNUE.

En outre, ces zones côtières protègent les littoraux de l'érosion en absorbant, selon les

cas, "70 % à 90 % de l'énergie des vagues". Les spécialistes estiment que l'impact du

tsunami de décembre 2004 aurait été limité si les mangroves n'avaient pas été détruites

par l'homme.

Aujourd'hui, ces deux écosystèmes disparaissent à un rythme soutenu. Au cours des

dernières décennies, environ 30 % des récifs coralliens ont été lourdement

endommagés. D'ici 2030, ce sont 60 % qui sont menacés par les pollutions. Et, à terme,

par l'acidification des océans, due à l'absorption d'une part du dioxyde de carbone (CO2)

produit par les activités humaines. »

Pour cela, une évaluation de l’état de santé des récifs coralliens et des mangroves des

trois sites pilotes (PMM, zone de Bimbini et zone nord de Grande Comore) est

indispensable afin de disposer des données nécessaires permettant d’identifier les sites

et zones qui sont en bonne santé et qui nécessite une surveillance continue afin de

garder cette tendance, et les sites et zones qui sont dégradés et qui nécessite une

urgence d’intervention afin de restaurer les récifs coralliens et les mangroves pour qu’ils

jouent pleinement à l’avenir leur rôle protecteur des côtes.

Page 7: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

7

2. Présentation des zones pilotes d’études

2.1 Le Parc Marin de Mohéli

A. Les valeurs du Parc Marin de Mohéli

Créé en avril 2001, le Parc Marin de Mohéli est la première aire protégée de l’Union des

Comores. Son importance pour la conservation et la gestion durable des ressources

naturelles marines est incontestable au niveau national et prioritaire pour la région de

l’Océan Indien occidental.

Le parc abrite une gamme d’habitats marins typiques de la région dont les herbiers

marins, les mangroves, plusieurs types de récif corallien et des îlots volcaniques

inhabités. Les pressions humaines sur ces habitats n’ayant pas été trop sévères, leur

viabilité et leurs fonctions écologiques restent bonnes.

On y retrouve des populations importantes d’espèces menacées au niveau mondial et

régional. Deuxième site de ponte après l’île d’Europa pour la tortue verte (Chelonia

mydas) dans la région, on y observe aussi la tortue imbriquée occasionnellement à la

ponte. Historiquement dans la zone du parc, une population d’au moins une centaine de

dugongs a été fortement réduits mais, en contraste aux autres îles océaniques dans la

région, quelques individus ont persisté et continuent à s’y reproduire. Le peuplement

piscicole semble être très important y compris des espèces menacées par une

exploitation non durable sur les autres îles de la région, tels que les requins, les

coquillages et les holothuries. Le parc est également renommé pour sa population de

cétacés, notamment les baleines à bosses.

Sans doute, un des facteurs les plus importants pour le bon état de la biodiversité et la

faible pression humaine est la forte prise de conscience de l’importance du parc par les

communautés riveraines et les décideurs politiques. Les dix villages autours du parc ont

accepté volontairement la création de l’aire protégée. Se sont alors établi les

associations locales pour la cogestion du site. Depuis la création du parc marin, on peut

constater une certaine fierté d’être parmi les dix villages cogestionnaires de cette unique

aire protégée comorienne.

Le Parc Marin de Mohéli en bref…

Superficie : 404 km2 y compris la côte, les îlots et la

mer jusqu’à l’isobathe de 100m

Habitats principaux : Herbiers marins, plusieurs faciès

coralliens, mangroves, îlots, plages et mer profonde

en bon état. Forêt naturelle de Mohéli riche en

espèces localement endémiques.

Espèces phares : Dugong (Dugong dugon), Tortue

verte (Chelonia mydas), Tortue imbriquée

(Eretmochelys imbricata), Baleine à bosse (Megaptera

novaeangliae), Puffin de Mohéli (Puffinus temptator)

et Roussette de Livingstone (Pteropus livingstonii).

Gestion : partagée volontairement par les villageois.

Page 8: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

8

Enfin, il est évident que le Parc Marin ne doit pas être considéré isolé par rapport aux

milieux terrestres avoisinants. Le présent plan d’aménagement et de gestion propose

donc certaines actions en faveur de la protection de l’environnement terrestre de Mohéli,

notamment les vestiges de la forêt naturelle qui restent sur la crête de l’île. Ces reliquats

de forêt originelle sont d’une importance capitale pour la conservation de nombreuses

espèces et sous espèces endémiques à l’archipel des Comores ou à l’île même de

Mohéli. On peut noter en particulier le Puffin de Mohéli (Puffinus temptator) et la

Roussette de Livingstone (Pteropus livingstonii), une des plus rares et plus grandes

chauves-souris au monde.

B. Géographie du PMM

1. Situation géographique Le Parc Marin de Mohéli est situé dans la partie sud de l’île de Mohéli (12°23’S, 43°47’E)

dans l’archipel des Comores. Il couvre une surface de 404 km² englobant le littoral, de

Miringoni à Itsamia, les îlots de Nioumachoi et d’Itsamia ainsi qu’une surface importante

de mer ouverte, jusqu’à l’isobathe 100m. Le linéaire côtier concerné est d’environ 55 km

et la surface de platier d’environ 4000 ha.

Carte1 : Délimitation du Parc Marin de Mohéli et des réserves marines au 19 avril

2001

2. Climat Le climat est de type tropical humide sous influence océanique. Il est caractérisé par :

une saison chaude et humide (été austral) de décembre à mars avec une pluviométrie importante, des températures moyennes variant entre 24 et 27,8° C et des vents de mousson (Kashkazi, vents du nord nord ouest et Mnyombéni, vents du nord nord est).

une saison sèche et fraîche (hiver austral) de mars-avril à novembre avec des températures moyennes entre 23.2° et 27°C et des vents d’alizés (Koussi, vents du sud pluvieux et Matoulaï, vents sec du sud sud est).

La pluviométrie moyenne est comprise entre 1500 et 5000 mm en fonction de l’altitude

avec de fortes variations interannuelles.

Page 9: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

9

L’évaporation, de l’ordre de 600 à 800 mm/an, laisse aux sols de très importantes

ressources hydriques, vu les précipitations annuelles. L’humidité voisine de 85% est

caractéristique du climat tropical humide avec de faibles amplitudes annuelles (environ

5%).

Des microclimats jouent un rôle important dans la répartition de la végétation, dans la

pédogenèse et dans les phénomènes d’érosion des sols.

Mohéli est à la limite de la route préférentielle des cyclones. Toutefois plus de trente

perturbations de type cyclonique ont affecté l’archipel depuis 1900, le plus important en

1950, puis plus récemment Kamisy en 1984 et Keliska en 1985.

3. Géologie

Mohéli est une île d’origine volcanique formée au Tertiaire, à la fin du Miocène (entre 3,4

et 1.4 millions d’années). La formation s’est effectuée en deux étapes, auxquelles

correspondent les deux provinces de l’île :

La partie occidentale de l’île (la chaîne centrale et son prolongement par les îlots de Nioumachoi) est la plus récente. La ligne de crête culmine à plus de 790 m. Elle est caractérisée par un relief accidenté de crêtes aiguës qui s’atténue vers l’est et vers les plaines littorales.

A l’est, le plateau de Djando, fortement érodé, est plus ancien et ne dépasse guère 200m d’altitude. La côte est très découpée, diversifiée, avec alternance de pointes rocheuses, de côtes basses, de falaises et d’anses.

Les sols de l’île sont jeunes et peu évolués, sensibles à l’érosion naturelle et

anthropique. On observe principalement les sols ferralitiques, profonds et peu fertiles, les

sols bruns, plus riches mais moins épais et les andosols, limités en profondeur, pierreux

et très perméables.

Le découpage littoral laisse place à des plages de galets, de sables noirs volcaniques

ou de sables blancs coralliens ainsi qu’à des zones à sédimentation fine occupées par

des mangroves. Des grès induré (beach rock) s’observent sur certaines plages.

4. Hydrologie Une quinzaine de cours d’eau permanents ou semi-permanents drainent les bassins

versants de la zone adjacente au parc, sauf dans la partie est et le plateau de Djando, où

le réseau est temporaire. Un potentiel hydroélectrique existe (ex : Miringoni), dont la

préservation passe par celle des bassins versants. La diminution des étiages et le

tarissement des nappes seraient en effet liés à la déforestation. Le lac Boudouni, classé

site RAMSAR depuis mars 1995, est un système lacustre particulier mal connu, peut-être

un lac de cratère aux eaux sulfureuses. Il serait peut-être en communication avec la mer.

5. Océanographie Le parc marin s’étend jusqu’à l’isobathe 100m. Les platiers coralliens sont sous faible

hauteur d’eau alors que le plateau s’étend à des profondeurs variables entre 10 et 50m.

Il est principalement influencé par le courant Sud-équatorial (CSE) et le courant du

Mozambique. Les marées, de type semi-diurne, ont une amplitude de 1 à 3 m (4 m pour

les marées de vives eaux).

Page 10: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

10

Figure2 : Carte bathymétrique de Mohéli (SHOM N°6238)

C. L’histoire, la population, la politique, l’économie et usages du Parc Marin de Mohéli

1. Histoire du peuplement et vestiges archéologiques Plusieurs vestiges archéologiques on marqué l’histoire du peuplement comorien au Parc

Marin de Mohéli qui méritent d’approfondir leurs origines en vue de leur conservation et

valorisation. On distingue l’ancien village de « Choini » surplombant Nioumachoi,

l’ancienne léproserie de l’îlot Ouénefou témoignant de l’implantation humaine aux îlots de

Nioumachoi, mais aussi des constructions plus récentes aux matériaux coralliens.

2. La Population L’île est divisée en trois régions dont deux couvrent le parc marin: la région du Djando à

l’est (de Wanani à Itsamia) et la région de Mlédjélé (de Nioumachoi à Miringoni) à l’ouest.

La composition actuelle des villages est un héritage des migrations passées. A

l’exception des villages mohéliens de souche, la population de Ndrondroni et

Hamavouna est originaire d’Anjouan, celle de Ouallah Mirénéni d’origine malgache et

celle de Miringoni d’origine grand-comorienne. La langue usuelle est le « shimwali »,

dialecte insulaire du comorien.

La population totale de Mohéli était estimée à 35751 habitants en 2003. Au sein du parc

marin, la population y était estimée à 14.000 habitants. Le taux de croissance

démographique annuel à Mohéli est le plus fort de l’archipel (3,6 %) et plus de 65% de la

population est âgée de moins de 20 ans.

Tableau I : Effectif et répartition de la population en 2003(Source : doc dsrp Comores,

2003)

Mohéli Effectif

Population 35751

% sur la population comorienne 6,2

Superficie (Km²) 290

Superficie agricole (Km²) 276

Page 11: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

11

Densité totale 123

Population urbaine 19581

Population Rurale 16170

Une estimation d’environ 38000 habitant est donnée pour Mohéli en 2008 avec près de

17000 habitants au parc marin, illustrant une forte croissance démographique qui

engendre une augmentation des pressions sur les ressources de pêche ou de foncier et

demande une forte considération des jeunes dans les problématiques sociales,

économiques et culturelles pour la conservation des ressources.

3. Economie et usages dans la zone du parc marin de Mohéli Le PIB par habitant atteint 207562 KMF ce qui place les Comores parmi les pays

pauvres. L’indice de développement humain (IDH) place l’Union des Comores au 136è

rang sur 177.

Les secteurs de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche sont prédominants dans

l'économie des Comores. Ils occupent 80% de la population active, contribuent à 40% du

PIB et à la totalité des exportations.

L’économie du parc marin repose essentiellement sur l’agriculture et l’élevage. Ces deux

catégories occupent une majorité de la population active. Exportation de produits de

rente (coco, banane, manioc…) vers les marchés comoriens et exportations vers

l’international (essentiellement vanille, girofle, ylang-ylang) complète certains revenus. La

pêche est une activité secondaire et se restreint quasiment à l’autosuffisance locale. Le

petit commerce et le fonctionnariat sont plus faiblement représentés et les activités

autour du tourisme sont en développement. L’agriculture demeure le secteur

prépondérant de l’économie. Les techniques culturales sont dans l’ensemble

rudimentaires. Elle se caractérise, suivant l’altitude par:

une agriculture vivrière d’autoconsommation familiale avec troc des surplus pour compléter l’alimentation en besoins non autoproduits (pétrole, riz, …).

un tissu maraîcher en pleine expansion, qui fait appel à des techniques nouvelles et à l’épargne,

une agriculture d’exportation des cultures: vanille, ylang-ylang, girofle.

Il y avait environ 21.000 têtes à Mohéli en 1996, caprins, bovins et ovins. L’élevage est

pratiqué soit avec un piquet mobile, soit en divagation, soit dans les zones non arborées,

soit sous cocoteraie ou sur les forêts d’altitude défrichées et partiellement cultivées.

Dans le parc, l’élevage est principalement localisé du côté de Nioumachoi et du côté

d’Itsamia, autour du lac Boundouni, où l’activité provoque des problèmes d’érosion. Il

était autrefois pratiqué sur Ouénéfou.

Les deux activités, el lien avec la croissance démographique, engendrent des pressions

conséquentes qu’il faut prendre en compte pour assurer les objectifs de gestion. Ces

pressions sur la biodiversité comprennent notamment l’érosion du bassin versant liée

aux techniques agricoles ou pastorales non propices, la dégradation de la forêt pour la

Page 12: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

12

recherche de bois ou de foncier ou encore. Il est donc nécessaire de contribuer à

sauvegarder la qualité des sols et de la productivité ainsi que de mettre des limites au

potentiel foncier pour la préservation des ressources naturelles et hydriques du bassin

versant du PMM.

4. La pêche artisanale

La pêche dans la zone du Parc marin est une activité incontournable de subsistance

mais qui apporte à l’ensemble de la population de la zone la quantité de protéines

nécessaire à l’alimentation journalière. Il ne semble pas exister de véritable pression de

pêche dans le parc où seul 2% de la population pratique cette activité. Tous les pêcheurs

Mohéliens sont des pluriactifs et seuls les migrants nouvellement arrivés, essentiellement

Anjouanais, ne disposant pas de terre, se concentrent exclusivement sur la pêche.

En 2002, des statistiques de pêche dans la zone du parc donnaient :

285 pêcheurs recensés pour 123 pirogues, 15 pirogues motorisées et 29 embarcations motorisées en fibres de verre.

Une évaluation de 430754 kg par an pour les seuls pêcheurs des villages du parc dont 120000 kg pour les pirogues, 30000 kg pour les pirogues motorisées et 280000 kg pour les embarcations motorisées

En général, les prises sont commercialisées sur la plage. Elles peuvent aussi être

transférées vers le marché de Fomboni ou exportées sur la Grande Comores où le prix

est supérieur.

5. Le Tourisme Actuellement le tourisme ne représente qu’à peine 2,2% du Produit National Brut (PNB).

L'essor du tourisme aux Comores est tributaire de l'assurance d'une relative stabilité

politique et sociale, des perspectives de desserte aérienne internationale et régionale

ainsi que de l'augmentation de l'offre hôtelière.

Il n’existe pas encore de suivi du nombre de touriste fréquentant le Parc Marin. Le

nombre de visiteurs ayant séjourné dans le parc en 2001 s’élève à 379 (65 à Ouallah 1,

133 à Itsamia et 181 à Nioumachoi). Les recettes correspondantes se sont élevées à

6.552 US$. On estime entre 1500 et 2000 le nombre de visiteurs ayant fréquenté la zone

du parc en 2008, ce qui montre une augmentation progressive. Les touristes sont encore

à l’heure actuelle majoritairement en provenance de Mayotte. La diaspora Mohélienne en

France est faible et le tourisme international est encore embryonnaire même si quelques

familles ou backpackers fréquentent parfois l’AP. Les relations aériennes internationales

ne relient pas Mohéli mais la Grande Comores et sont encore rares et chères. Mohéli est

reliée uniquement par des voles inter îles entre Les trois autres îles de l’archipel.

Quelques bateaux de lignes desservent Mohéli en provenance de la Grande Comores ou

d’Anjouan.

La capacité d’accueil à Mohéli atteindra rapidement une soixantaine de chambres, dont

26 au sein même du parc. On y retrouve des prestations privées (le Laka Lodge avec 12

chambres). Depuis la création du parc le développement du tourisme est essentiellement

le fait des associations villageoises, avec des aides financières par projet. L’offre est

alors gérée par les communautés comme les bungalows d’Itsamia, de Nioumachoi,

Page 13: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

13

d’Ouallah-Miréréni, d’Ouallah II ou encore de Miringoni. Environ 16 chambres sont

gérées par les associations du parc, même si certaines sont actuellement en rénovation.

Les produits touristiques (hébergement, restauration, circuits et animations touristiques)

sont proposés par la Maison de l’Ecotourisme se situant à l’aéroport. Ce relais permet de

promouvoir notamment les activités communautaires et de sensibiliser les touristes au

code de conduite du voyageur pour le respect de la culture et de la nature Mohélienne.

On parle donc bien d’écotourisme au sein du Parc Marin. En effet, l’observation des

tortues marines, du lac Boundouni et de l’ilot de Mchaco dans la zone d’Itsamia sont des

activités générant des revenus au village d’Itsamia. La visite des îlots de Nioumachoi et

la présence de guides locaux permettent la maîtrise des activités touristiques et

d’apporter un revenu supplémentaire à la présence des bungalows. Les ballades

forestières à la rencontre de la forêt primaire (Chalet Saint-Antoine) de crête et des

espèces comme les Roussettes de Livingstone (Ouallah-Miréréni), proposées par les

villages riverains de la forêt apportent un dépaysement certain, accompagnant les

associations villageoises dans leurs activités de développement local. Parmi les activités

autorisées par les communautés villageoises on retrouve le camping même si les sites

dédiés spécifiquement au bivouac sont encore peu nombreux. C’est un secteur

relativement nouveau et porteur d’emploi ou d’activités liés aux prestations hôtelières,

guides et artisans locaux.

Page 14: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

14

2.2 La zone nord de Grande Comore

La zone nord touristique de Grande Comore est composée des villages suivant : Fassi,

Mitsamiouli, Meboinboini et Banguoi kouni

Carte : AIDE, cartographie des zones marines peu profondes de grande Comores, 2003

La zone de Mitsamiouli est située au Nord-Ouest de la Grande Comore. Le linéaire côtier de Mitsamiouli mesure environ 6 Km. Le littoral est constitué de plusieurs plages de sable blanc fin, des côtes rocheuses et des récifs coralliens. La zone nord de Grande Comore est caractérisée par la présence de plusieurs zones et sites à potentialités touristiques énormes.

- le Trou de Prophète : c’est une zone urbanisée (rejets des déchets et d’eaux usées à la mer) et de collecte des coraux et des coquillages à marée basse. La fréquentation touristique est importante,

- la grande plage de Mitsamiouli : des signes d’eutrophisation (présence d’algues

sur la plage) due aux rejets importants des déchets sur la plage et à la mer sont visible le long de la plage,

- la planète plage : elle présente des signes évidents d’érosion

- les plages de l’ancien hôtel Galawa et celle de l’hôtel Maloudja sont en bon

état de préservation. Les différentes activités socioéconomiques pratiquées dans la région sont les suivantes :

I. Activité extractive

Page 15: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

15

Il fut un temps où l’extraction de sable des plages et les prélèvements des coraux constituaient des activités très pratiquées sur le site pilote : extraction de sable pour la construction et l’exploitation des coraux dans un but commercial. Ces phénomènes sont en très nette diminution à cause de la loi d’interdiction mais surtout grâce à la surveillance assurée par les associations de protection de l’environnement des villages.

II. Urbanisation Les habitations sont essentiellement concentrées au bord de la mer. Dans un passé récent, les ordures ménagères, générées par la population, étaient déversées à la mer, sur la plage ou dans des bacs dépotoirs le long du littoral. Des déchets hospitaliers tels que des seringues traînent le long de la plage. Aucune forme de traitement n’est faite au préalable. La route principale et le marché de la ville sont implantés le long de la plage, et le marché ne possède pas un système d’évacuation des eaux usées de telle sorte que ces dernières sont drainées vers la mer.

III. Tourisme La zone héberge les sites touristiques les plus convoités des Comores incluant l’ancien site de l’hôtel Galawa beach, Maloudja et le trou de prophète.

IV. Pêche La zone nord de grande comore est l’un des principales zones de pêche de la Grande Comore. En plus de la pêche traditionnelle aux poissons, les pêcheurs pratiquent intensivement la pêche au filet et le braconnage des tortues marines.

Page 16: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

16

2.3 La zone de Bimbini

A l’ouest de l’île de Ndzouani, la presqu’île de Bimbini est composée de six

villages (Sima, Boungueni, Kavani, Milembeni, Mirongani et Bimbini). Le village de

Bimbini comprend au niveau côtier un ensemble remarquable, constitué par différents

types de mangroves, bordant un grand lagon limité dans l’océan par un récif coralliaire.

La diversité des mangroves et des espèces marines vivant dans le lagon en font un

élément majeur de la conservation de la biodiversité côtière des Comores, différent et

complémentaire de celui de Mohéli. L’ensemble côtier comprend également des plages,

des herbiers et le marais de Pomoni. Les herbiers sous marins sont développés et

servent d’habitats et de site d’alimentation pour de nombreuses espèces dont les tortues

marines et les dugongs. L’ensemble de la zone est proposée

pour être classé patrimoine mondiale de l’humanité par

l’UNESCO et aire protégée.

Répartition de la population de la presqu’île de Bimbini

Village Populat Ména H F Jeunes ≤

30 ans

Pêcheurs Agriculteurs

Hommes Femmes

Bimbini 1 500 375 675 825 600 135 165

Boungueni 2 000 500 900 1 100 800 20 396 385

Kavani 2 000 500 900 1 100 800 30 540 506

Milembeni 800 200 360 440 320 8 144 110

Mirongani 500 125 225 275 200 125 112,5 110

Sima 8 000 2 000 3 600 4 400 3 200 160 1 800 1980

Total 14 800 3 700 6 660 8 140 5 920 343 3 127,5 3 256

La presqu’île de Bimbini est une des régions les plus marginalisé en matière

d’infrastructure publique et plus particulièrement en énergie électrique.

Actuellement seul le village de Bimbini possède un mini-central électrique financé par la

communauté sur fonds propre. La faible population et le manque d’activités économiques

ne permettent pas à la centrale d’être opérationnelle toute la journée. Cette centrale

d’une capacité de 220 KVA ne fonctionne que le soir uniquement.

Page 17: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

17

Route et Transport

Les villages qui composent la presqu’île sont tous désenclavés même si la route menant

à Kavani-Milembeni soit en mauvaise état.

Il n’existe pas une route permettant un accès facile à l’île de la scelle où les potentialités

touristiques sont très importantes. Actuellement l’accès vers l’île de la scelle n’est

possible que par la mer ou par les sentiers pédestres.

Le désenclavement de cette zone aura un impact très positif sur le développement

économique de la presqu’île car elle permettrait de transporter les produits agricoles vers

les centres urbains.

Construction et habitat

La pression sur les ressources locales augmente et notamment sur le sable de plage et

le corail, ce dernier étant utilisé comme liant pour la préparation de la chaux car le ciment

est cher et souvent rares.

Les populations ont été sensibilisées pour lutter contre l’extraction du sable de plage et

des coraux. Ces actions nocives ont sensiblement diminué mais toujours certaines

personnes continuent d’exploiter ces ressources par manque de proposition de produit

de substitution.

1. Gestion des déchets

L’inexistante d’une gestion des déchets provenant des différentes activités de la

population constitue un danger pour la santé de cette population, car les mauvaises

odeurs désagréables polluent l’atmosphère et provoque des allergies et des maladies

pulmonaires.

Page 18: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

18

Les plages sont souillées par des ordures de toutes qualités (boites de conserves,

lambeau de tissus, déchets ménagers, déchets hospitaliers).

Les sources en eaux potables sont souvent contaminées par les eaux usées provenant

des décharges situées à proximité des villages.

Le patrimoine culturel et historique La civilisation islamique des Comores est une des plus anciennes d’Afrique. Elle résulte

de la synthèse et de l’évolution locale de traditions culturelles issues de différentes

régions de l’Océan Indien (Afrique, Arabie, Perse, Madagascar), au cours d’une période

d’au moins 11 siècles.

Des monuments historiques et des sites archéologiques existent dans toutes les îles et

également dans la presqu’île de Bimbini.

Le tourisme

Le développement du tourisme est quasi inexistant dans la presqu’île de Bimbini, malgré les potentialités touristiques existantes. L’écotourisme à mettre en œuvre sera parfaitement intégré aux actions de conservation de la protection engagées par la politique Nationale de l’environnement. La population attend avec impatience la mise en place de l’aire protégée dans la zone pour pouvoir disposer des retombées écotouristique.

L’organisation et dynamisme des communautés de la région.

Tous les villages de la zone possèdent des associations de développement dynamique.

Ces associations ont déjà contribué et participé à des multiples actions avec des projets

de développement. En effet les communautés sont très réceptives aux innovations.

L’association féminine (OPAS) de Bimbini est une référence dans la zone en matière de

participation au développement du village en mettant l’accent sur les mangroves

La pêche. La pêche constitue la deuxième activité de la région de Bimbini. C’est une activité qui

touche non seulement les hommes mais également les femmes.

Les femmes, surtout de Sima, de Mirongani, de Kavani et de Boungueni pratiquent la

pêche à marais basse comme activités complémentaires après leurs travaux de champs.

Cette pêche se déroule sur le platier et le récif corallien.

Les techniques traditionnelles utilisées surtout par les femmes sont les suivantes :

- Collecte à la main ou dans des carrés de tissus - La recherche de bénitiers avec barre à mine - Utilisation de D6 (insecticide) ou poison végétal (thephrosia ) « uruva » - Collecte de crustacée ou coquillage à marais basse - Pêche à la nasse « dema » - Pêche par piège en bassin de rétention ou « nyalyo »

Les techniques traditionnelles utilisées spécialement par les hommes sont les suivantes :

Page 19: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

19

- Dispositifs de concentration de poissons traditionnelles « Shampa » constitués de troncs liés entre eux afin de pêcher le requin

- Pêche à la dynamite - Pêche pendant la nuit aux lampes à pétrole pour attraper les poissons échoués

dans des bassins à marais basse. - Chasse à la pieuvre et aux poissons plats des récifs, au harpon, à la machette ou

au trident - Plongée en apnée avec harpon. - Pêche au filet côtier (senne de plage) - Pêche à la ligne traînante - Pêche à palangre ou à grande ligne dormante - Pêche aux filets maillants de fonds et dérivant - Pêche au filet à rabattage

Comme on peut le constater la plupart de ces techniques contribuent à la destruction de

l’environnement marin et ont comme conséquences une diminution des ressources et de

la biodiversité marine.

La zone littorale de la presqu’île de Bimbini (récif frangeant) est donc très menacée par

la surpêche et une destruction des habitats par les pollutions multiples et une exploitation

de coraux et du sable marin.

Page 20: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

20

3. Evaluation de l’état de santé des récifs sur les trois sites pilotes

3.1 Ecologie générale des récifs coralliens

L'écosystème corallien est considéré comme le plus diversifié, le plus complexe et le plus productif des écosystèmes marins. C'est l'équivalent à la forêt tropicale en milieu terrestre.

Les récifs coralliens ne couvrent que 0.2% du fond des océans mais cet écosystème rassemble à peu près 25% des espèces marines. Près de 5,000 espèces de poissons y ont été identifiées, avec plus de 2,500 espèces de coraux. De ceux-ci plus de 1.000 espèces participent à la construction des récifs.

Le corail n'est pas ce qu'il semble être inanimé. C'est une construction vivante formée à partir d'un animal "le Madrépore" formé de polypes et d'une algue unicellulaire (zooxanthelle). Tous les deux fonctionnent en symbiose.

Le madrépore (coraux constructeur de récifs) est un animal primitif invertébré. Formé d'une colonie de polypes, il est issu d'un seul œuf qui a donné une larve (planula). Les polypes sont obtenus par bourgeonnement.

Cet animal possède un seul orifice : la bouche entourée de tentacules disposés en couronne régulière. Le polype est fixé au substrat par l'autre extrémité qui est aplatie : le disque pédieux.

Nutrition : Le madrépore se nourrit (principalement) grâce à la photosynthèse des zooxanthelles d'où une grande richesse et un développement possible au milieu des océans extrêmement pauvres. Un autre mode de nutrition est possible grâce à une glaire qu'ils laissent traîner et qui se charge de particules. Cette glaire est alors ré-avalée. Ce mode de nutrition est important pour les coraux du lagon.

Reproduction : Elle peut se faire soit par reproduction sexuée : les testicules et les ovaires sont rudimentaires et sont situés sur des polypes différents. Cependant, il peut arriver que les deux sexes coexistent sur un même polype. Les gamètes sont libérés dans la cavité gastro-vasculaire où a lieu la fécondation mais, dans certains cas, ils peuvent être libérés dans la mer. Le développement embryonnaire aboutit à la formation d'une larve ciliée : la Planula

Page 21: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

21

Cette larve est pélagique et se déplace grâce à ses cils. La phase larvaire est plus ou moins longue. Lorsque les conditions sont favorables, la larve tombe sur le fond, perd ses cils et s'étale. La métamorphose en polype a lieu. Cette transformation ne peut se faire que si l'individu est fixé au substrat. Soit par bourgeonnement (reproduction asexuée), formation de colonies. Le mécanisme de reproduction par la voie sexuée n'est pas systématique. En effet, de façon générale, quand le milieu leur est favorable les coraux préfèrent dépenser leur énergie au bourgeonnement. La voie sexuée est utilisée, entre autres, en cas de stress afin de coloniser d'autres milieux plus favorables.

Les zooxanthelles (algues unicellulaires) vivent dans le cytoplasme des cellules de l'endoderme c'est à dire dans la cavité gastrique du polype. La couleur de ces algues est responsable de la coloration des coraux.

Les algues grâce à la photosynthèse apportent au polype : oxygène, sucres, acides aminés, et les molécules nécessaires à la construction du squelette calcaire. Le polype fournit à l'algue : dioxyde de carbone, phosphate, substances azotées mais aussi et surtout un refuge. En cas d'expulsion des zooxanthelles, le corail perd ses pigments et donc devient blanc. C'est ce que l'on appelle le « blanchissement » qui, s'il se prolonge peut être fatal à la colonie. Les polypes ont la faculté de sécréter du carbonate de calcium. Autour des coraux, l'eau de mer est très riche en carbonate de calcium dissous qui est conservé sous forme de cristaux microscopiques semblables à des aiguilles, sous et autour du polype. Petit à petit le squelette externe se forme. C'est le calcaire qui donne cette blancheur aux coraux lorsqu'ils sont dépourvus de zooxanthelle. Le squelette a une forme particulière selon l'espèce. En revanche, la forme de la colonie va dépendre des conditions environnantes : vagues, courants, lumière et lutte pour l'espace vital.

Facteurs conditionnant le développement des récifs coralliens

La température de l'eau doit être supérieure à 18-20°C et inférieure à 30 °C. C'est pourquoi la distribution est limitée à la zone intertropicale. De plus, dans cette zone, les récifs coralliens ne sont pas présents sur les façades occidentales des continents car ces dernières sont généralement longées par des courants froids.

En cas de réchauffement trop long de l'eau, le corail va expulser les zooxanthelles et va donc perdre sa pigmentation. C'est ce que l'on appelle : le blanchissement.

L'éclairement doit être suffisant pour la photosynthèse des algues symbiotiques. C'est pourquoi les coraux seront présents à une profondeur maximale de 50 m avec une diminution importante de la densité et de la diversité des formes et des espèces à partir de 25-30m.

La salinité peut varier de 30 à 38 ‰ mais elle est optimale à 35 ‰. Par contre, les coraux ne supportent pas l'eau douce c'est pourquoi les constructions coralliennes s'interrompent au niveau des estuaires et des passes lorsque celles ci correspondent aux anciennes embouchures de fleuves.

La turbidité : les coraux sont étouffés par l'excès des dépôts sur leurs polypes, de vase, de sable fin et tous les autres apports terrigènes. On comprend l'importance, en Nouvelle-Calédonie, de l'impact de l'exploitation minière qui accentue le phénomène d'érosion et entraîne une grande quantité de terre rouge dans le lagon.

Page 22: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

22

L'Immersion : une émersion supérieure à 3 heures est généralement fatale (sauf aux Acroporas digités qui supportent jusqu'à 10 h en plein soleil). Ainsi la limite supérieure de la croissance des coraux se situe au milieu des niveaux de marées basses et hautes.

L'oxygène : Les eaux marines sont toujours saturées en oxygène sauf dans les zones polluées. Cette saturation dépend de la température de l'eau : plus elle est fraîche et plus elle est saturée. Le fait que les coraux se développent dans les mers chaudes montre qu'ils sont plutôt moins exigeants en oxygène que les espèces des mers plus fraîches.

Formation d’un récif

La formation des récifs coralliens de type "à point chaud", c'est-à-dire de type polynésiens a été décrite par Darwin au cours de son voyage autour du monde (1831-1836).

Au niveau d'un "point chaud" océanique, une éruption volcanique permet l'édification d'un cône volcanique qui finit par émerger. Quand il cesse d'être actif et si les conditions du milieu le permettent, apparaît un récif accolé au rivage. C'est le stade du récif frangeant.

Le volcan dérive ensuite sur la plaque océanique vers la fosse océanique où il y aura subduction (plongement d'une plaque océanique sous une autre). Ainsi le volcan s'affaisse petit à petit dans l'océan et le niveau de la mer monte par rapport à l'île. Grâce à la croissance verticale du corail le récif peut suivre cette élévation relative du niveau de la mer. Les différentes parties d'un récif corallien type récif barrière

La subsidence (enfoncement de l'île qui, ainsi, plonge et provoque en réaction la croissance du récif vers la surface) se poursuivant, le lagon tend à s'élargir et l'île tend à se réduire. Lorsque l'île disparaît sous la surface, seul subsiste l'anneau de récif corallien : l'ensemble forme alors un atoll.

Page 23: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

23

Les récifs frangeants : Ce sont les plus simples. Ils bordent une terre émergée. Le plus souvent, ils ne sont pas directement accolés à la côte, ils en sont séparés par un « chenal d'embarcation », selon leur stade d'évolution. C'est une dépression parallèle au rivage, profonde de plusieurs dizaines de centimètres et larges de quelques dizaines de mètres. Ceci est dû à la turbidité et à la dessalure de l'eau proche du littoral.

Le récif des Comores est de type frangeant.

Photo fouad : Récif frangeant de la presqu’ile de Bimbini

Les récifs-barrières : Ce sont des récifs coralliens qui ceinturent des terres non récifales dont ils sont séparés par des lagons, profonds de quelques dizaines de mètres et de largeur variable.

Les atolls : Ce sont des couronnes récifales qui entourent un lagon sans île centrale mais parfois parsemées d'îlots coralliens bas.

3.2 Différentes espèces de coraux les plus fréquentées des Comores

Les différentes familles de coraux existantes aux Comores sont représentatives de l’écorégion. On y rencontre les Astrocoeniidae, les Pocilloporidae, les Acroporidae, les Psammocoridae, les Siderastreidae, les Agariciidae, les Fungidae, les Poritidae, les Faviidae, les Oculinidae, les Mussiidae, les Pectiniidae, les Caryophylliidae, les Dendrophylliidae.

Le nombre des espèces existantes n’est pas totalement répertorié. Plus de 250 espèces ont pu être recensées au parc marin de Mohéli (source EUCARE, 2002).

Ces coraux se différencient sur plusieurs formes fixées :

Fixée encroûtante : colonie adhérant au substrat par toute sa surface

Fixée massive : colonies de grande épaisseur ayant tendance à donner des formations régulières, sphérique

Fixée branchue : la colonie se présente soit sous la forme de bouquet, soit sous la forme de branches courtes ou élancées.

Fixée en colonnes : colonie en forme de colonnes plus ou moins épaisses et allongées.

Fixée tabulaire : colonie étalée horizontalement en forme de table constituée de branches soudée entre elles

Page 24: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

24

Fixée foliacée : les formes foliacées se déclinent soit en feuilles étroites et verticales soit en forme de lames horizontales

Fixée en coupe : colonie en forme de coupe fixée sur pied

Il existe plusieurs types de coraux

• Corail branchu : présent en milieux calmes car cette structure est relativement fragile

• Corail massif : plus solide, mais ne supporte pas le déferlement violent. Ce type de corail se retrouve surtout dans des zones à courant ou faiblement agitées.

• Corail colonnaire (comme massif) : on le retrouve dans les zones à courant et sans vagues.

• Corail foliacé : fragiles, ce corail s'étend à la lumière. Présent dans les fonds de lagon et les baies abritées.

• Corail digité : dans les zones battues (typique notamment des crêtes récifales)

• Corail encroûtant

• Corail tabulaire : en profondeur, forment des tables pour capter la lumière et les particules.

Page 25: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

25

Acropora sp

Acropora sp

Acropora sp

Acropora sp

Acropora sp

Page 26: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

26

Madracis sp

Acropora sp

Pocillopora sp

Acropora sp

Acropora sp

Page 27: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

27

Seriatopora dendritica

Poccilopora eydouxi

Acropora sp

Acropora sp

Acropora sp

Page 28: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

28

Acropora sp

Poccilopora verrucosa

Seriatopora caliendrum

Acropora sp

Acropora sp

Page 29: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

29

Genre Plesiastrea : espèce : plesiatrea

versipora :

Goniastrea retiformis : famille des

faviidae

Platygyra daedalea : genre platygyra :

famille Faviidae

Platygyra pini

Montastrea serageldini

Page 30: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

30

Favites vasta

Lobophyllia hemprichi

Goniastrea favulus

Platygyra lamellina

Porites lobata

Symphyllia sp

Page 31: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

31

Lobophyllia hemprichii : falimme

Mussidae

Symphyllia radians

Lobophyllia flabelliformis

Symphyllia agaricia

Lobophyllia robusta

Page 32: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

32

Colpophyllia natans

Symphyllia radians

Mycetophyllia danaana

Lobophyllia corymbosa

Page 33: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

33

Favia fragum

Favia matthaii

Goniastrea retiformis

Page 34: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

34

Favia veroni

Turbinaria mesenterina

Page 35: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

35

Goniopora pendulus

Goniopora columna

Page 36: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

36

Genre Cyphastrea : espèce cyphastrea

chalcidium :

Galaxea fascicularis : appartenant au

genre Oculinidae galaxea, c’est la seule

espèce qui se rencontre dans la région.

Elle se trouve fixée massive ou fixée

encroûtant. Ces calices sont phacéloïde.

Page 37: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

37

Gorgones

Fungia danai : très commun dans les

eaux marines des Comores. les polypes

sont circulaires et sa couleur est en

générale brune

Fungiidae Herpolitha : une seule espèce

libre de forme allongée qui peut dépasser

les 50 cm de longueur. Ce genre préfère le

mode calme du lagon et de la pente

externe profonde.

Page 38: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

38

3.3 Importance écologique et économique des récifs coralliens des Comores

De nombreux êtres vivants dépendent de la bonne santé et de la pérennité des récifs coralliens des Comores. Ils représentent avant tout un extraordinaire foyer de biodiversité. En effet, ils abritent des milliers d'espèces dont majoritairement : les coraux, les mollusques, les poissons. Mais l'on y trouve également des échinodermes (oursins, holothuries, étoiles de mer…), des crustacés (crevettes, langoustes, crabes…), des vertébrés (reptiles mammifères et oiseaux de mer), des éponges, des vers marins, des ascidies et bien d'autres habitants. On y rencontre également des espèces rares comme certains coquillages et poissons, des raies manta et tortues.

C'est aussi une source d'emploi aux Comores car plus de 20 000 d'individus ont une activité en étroite relation avec les récifs coralliens (pêche artisanale, tourisme, artisanat…).

« Au niveau mondiale, le potentiel halieutique des récifs coralliens est estimé à 15 tonnes par km² et par an (entre 4 pour des systèmes de type Atoll et 40 pour des systèmes de type indonésien). La superficie totale des récifs atteignant quelques 600 000 km², la production mondiale serait de 9 millions de tonnes par an. Bien que cela ne représente que 12% des ressources halieutiques mondiales, la dépendance des populations insulaires aux espèces associées à leurs récifs est vitale. »

Une estimation de la valeur sociale et économique des récifs coralliens des Comores est nécessaire afin de disposer des arguments frappant pour démontrer l’importance des récifs aux Comores.

Le tourisme, première industrie mondiale, repose sur la luxuriance et la bonne santé des récifs coralliens.

Aux Comores, avant 1989, la fréquentation touristique était surtout composée du tourisme d’affaires, de missions économiques et de séjours des Comoriens qui vivent en France. En 1989, à l’ouverture du Galawa Beach Hotel, le tourisme d’agrément est devenu majoritaire et la fréquentation hôtelière a progressé rapidement passant de 1989 à 1998 de 7600 à 27474 visiteurs. Cela était est due à :

La fiabilité de la compagnie Emirates qui desservait les Comores et l’Afrique du Sud ainsi que les Comores et l’Europe

Les efforts de commercialisation et de promotion déployés par le complexe Galawa

Le programme régional de la Commission de l’Océan Indien (COI) (volet tourisme), financé par l’Union Européenne, permettant aux Comores de participer aux différentes manifestations touristiques internationales de promotion.

A partir de 1998, l’arrêt brusque de la compagnie Emirates, la fermeture du Galawa Beach Hotel, l’instabilité politique et l’arrêt brutal du programme de la Commission de l’Océan Indien (COI) ont provoqué une baisse sur l’ensemble des arrivées. Une baisse continue des arrivées touristiques est constatée malgré la nouvelle stabilité politique depuis 2000.

Plus de la moitié des touristes se rendaient aux Comores grâce à ces stations balnéaires en l’occurrence les services qu’offrait le Galawa Beach.

Page 39: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

39

Les récifs coralliens jouent aussi le rôle de protecteurs des côtes de l'action des vagues ou d'événements cycloniques. Ils sont aussi à l'origine du développement d'herbiers à Phanérogames et de mangroves (écosystèmes étroitement associés aux récifs coralliens) dans les lagons qui favorisent la fixation des sédiments, l'oxygénation et la lutte contre l'érosion côtière. Récifs frangeants, herbiers et mangroves ont un rôle important pour les premiers stades de vie et la croissance de très nombreuses espèces, dont certaines à valeur commerciale.

Par ailleurs, ils représentent un intérêt dans le domaine médical (prothèses) et pharmaceutique au monde. Les coraux sont déjà utilisés pour des greffes osseuses et dentaires, ainsi que pour la chirurgie de la sphère ORL (oto-rhino-laryngologique). De plus, des études sur les substances chimiques produites par les organismes récifaux pour se protéger ont révélé que certaines espèces coralliennes seraient prometteuses dans la lutte contre les infections bactériologiques, la leucémie et certains cancers comme celui de la peau. Il est intéressant de relever ici que le domaine scientifique permet de mettre en valeur certains aspects qui ne sont pas indissociables de l'intérêt économique.

Enfin, ils font partie de la culture et des traditions de la population Comorienne.

Page 40: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

40

3.4 Evaluation de l’état de santé des récifs au Parc Marin de Mohéli

Le récif corallien du Parc Marin de Mohéli est le plus développé des Comores, jouissant

de manière générale d’une bonne santé et de perspectives visant l’écotourisme. Un récif

frangeant borde la totalité de la zone littorale. Des plateformes récifales plus jeunes

entourent les divers îlots et rochers de la zone. Des esquisses de récifs barrières

s’observent sur des hauts fonds. L’île a été concernée par les événements El Niño,

notamment en 1997-98, qui se sont traduits par divers bouleversements

hydroclimatiques, en particulier le réchauffement des eaux de surface. Le phénomène de

blanchissement des coraux de 1998, le dernier enregistré, a été particulièrement sévère,

avec des températures de l’eau atteignant 31°C en avril et début mai 1998 et une

mortalité atteignant plus de 80%.

L’ONG AIDE et le PMM disposent des données de suivi réguliers sur des stations

particulières et représentatives de la sensibilité et la vulnérabilité des milieux au parc

marin de Mohéli de 1989 à 2008 que sont Itsamia, Méa, Ouénefou, Sambia, Kandzoni et

Wallah.

La campagne d’évaluation de l’état de santé actuel a pour but comparer l’évolution de

l’état des stations de suivi afin de tirer des conclusions quand à l’état du milieu, mais

également de procéder à une évaluation générale de l’état de santé du milieu à partir des

observations élargies sur toute la zone par des plongées sous marines, mais également

par des photos sous marines qui illustrent de manière visuel l’état du milieu.

La méthodologie employée pour évaluer l’état de santé générale des récifs du parc marin

de Mohéli est la suivante :

Découpage de la zone du parc marin de Mohéli en zonage de suivi intégrant les

stations de suivi antérieure d’AIDE

Transect sur les stations de suivi pour constater l’évolution de l’état de santé des

stations

Evaluation générale de toutes les zones accompagnée des données

photographique pour illustrer l’état des zones.

Quatre grande zone de suivi de l’état de santé représentatifs du milieu et intégrant les

stations de suivi antérieur a été découpée. Sur chaque zone d’intervention, 4 plongées

sous marine de visualisation de toute l’étendue récifale ont été effectuée suivi d’une

Page 41: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

41

centaine de photos sous marine. Puis des suivis sous forme de transects ont été faits sur

les stations de suivi régulier du parc marin.

Les données recueillies cette année sont comparées avec celles dont disposent l’ONG

AIDE et le Parc Marin.

Itsamia devant le village : 1998 - 2005

Le récif d'Itsamia souffre des apports terrigènes importants asphyxiant les coraux ce qui

fait que le taux de recouvrement corallien observé est de 28% en 1998 et 33% en 2005.

On constate une évolution de l’état du milieu grâce aux efforts de conservation du milieu

faite par le Parc marin de Mohéli à partir de ces écogardes, mais également par

l’engagement de la communauté d’Itsamia qui lutte activement pour la préservation du

milieu marin et côtier.

Itsamia devant le village : 2010

Un suivi par transect est effectué sur le meme

site de suivi afin de comparer l’évolution de

l’état de santé de la zone d’étude. On constate

une constante de 38% de coraux vivants et de

53% de coraux morts. Les apports terrigenes

sont les seuls responsables de cette

deégradation. On y constate une

recrudescence des coraux durs tels que les

porites, les pocciloporidae et les coraux tabulaires qui sont résistants aux houles tres

fréquents dans la zone et les apports terrigenes

38%

53%

4%

0%

5%Itsamia 2010

corail abiotique enalgué

algues autres

Page 42: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

42

L’ADSEI (Association pour

le développement social et

économique d’Itsamia) est

très dynamique au village.

Elle lutte activement pour la

protection des tortues

marines et de son habitat.

Ce qui fait que bien que la zone contient un pourcentage moyen de coraux vivants, c’est

la zone la plus poissonneuse du parc marin grâce au développement des herbiers

marins qui sont la principale nourriture des tortues marines et Dugong.

Des observations sur toute la zone confirment les données recueillies sur le site de suivi.

Les potites lobata y prolifèrent, ainsi que les porites rus et les coraux de la famille des

faviidae

Mchaco entre 1998 - 2005: Mchaco est un îlot au large d’Itsamia à Mohéli. C’est un nichoir d’oiseaux aquatiques Important. Il joue également le rôle de dispositifs de concentration naturel au large d’Itsamia Le site étant isolé des pressions humaines l’état de santé du récif est de très bonne qualité avec un taux de recouvrement de 63,30 % constaté en 2005.

Mchaco en 2010 :

Les transects et Les observations autour du rocher, accompagnés des photographies

sous marines pour illustrer d’avantage l’état de santé du milieu, ont donné les résultats

suivants :

Page 43: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

43

On constate une nette amélioration de la

vitalité corallienne autour du rocher

Mchaco. Les coraux vivants sont à 71%.

On y constate également une nette

augmentation du blanchissement des

coraux surtout les Acroporidae, très sensibles à l’augmentation de la température. C’est

un spot intéressant pour installer un sentier sous marin. On y trouve presque toutes les

espèces des coraux existants aux Comores.

La très bonne santé du récif corallien est due à la volonté de l’ADSEI et du Parc Marin de

Mohéli de protéger le site qui est également une réserve marine du Parc.

Wallah : 1998 – 2005

Sur le site de wallah bien que le

platier est envasé par les

apports terrigènes conduit par le

déversement d’une rivière, la

station de pente externe est très

riche en diversité spécifique et

en terme d’état de santé

caractérisé par un taux de

recouvrement en progression

arrivé jusqu’à 64% en 2005

contre 40% en 2002.

Wallah - Damou : 2010

Des transects sont faits sur le site de suivi afin de comparer l’évolution dans le temps de

la couverture corallienne de la zone, mais également des observations en plongée sur la

pente externe et le platier de la zone couvrant à peu près 400 mètres. Les transects de

suivi et les observations ont donné les résultats suivants :

Sur le platier de wallah - Damou

Le platier est totalement recouvert à marée basse et les espèces des coraux se trouvent

à découvert, ce qui fait qu’ils sont totalement exposés à des piétinements par les jeunes

qui recherchent des poulpes et des petits poissons pris au piège des marées. Le

Page 44: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

44

pourcentage des coraux vivant est très faible, et avoisine seulement les 10%. On y

rencontre seulement quelques porites et des éponges. Le platier est également victime

d’un envasement de boue provenant de deux sources d’eau de rivière qui déversent des

apports terrigènes en permanence.

Pente externe Wallah – Damou

Le suivi sur le même site de suivi donne les résultats suivants : le taux de recouvrement

des coraux vivants est très élevé malgré que la zone se trouve exposée à des très fortes

houles. Les coraux vivant progressent et ont atteint les 60%. Les coraux les plus

rencontrés sont les porites, les Pocilloporidae, les Goniastrea et les Goniopora. Ces

espèces sont très résistantes aux fortes houles.

Le site de Wallah – Damou est considéré par le parc marin de Mohéli comme étant un

sentier sous marin du parc et une réserve marine.

Kandzoni pente externe : 1998 - 2005

La station de NKandzoni est très isolée et l’accès par les populations locales est très difficile. La régénération des coraux ne cesse d’accroître avec un taux de 65% en 2005 contre 40% en 2002. Ceci représente le taux le plus élevé après Mchaco.

Page 45: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

45

Kandzoni pente externe : 2010

De 2005 à 2010, le taux de

recouvrement des coraux vivants par

rapport aux coraux morts s’est

totalement renversé. Toute la zone est

complètement détruite. Les coraux

morts sont passés à 65% et la tendance ne cessera d’accroitre si des mesures urgentes

ne sont pas prises très rapidement. Les causes de cette dégradation sont les suivantes :

- L’absence de surveillance par les écogardes : Les écogardes du parc marin de Mohéli ne

pouvant plus faire régulièrement leur patrouille de surveillance dans la zone, les

pêcheurs et les braconniers profitent pour pratiquer des méthodes de pêche

destructives qui endommage complètement les coraux.

- La pêche à la dynamite : les braconniers profitent de l’absence de surveillance et de

l’éloignement du site et utilisent actuellement de la dynamite à kandzoni comme moyen

de pêche.

- La pêche au filet par des braconniers qui profitent également de l’absence de

surveillance par les écogardes

Kandzoni : platier 1998 - 2005

La station de platier est très

exposée aux rayons solaires à

marée basse ce qui fait que le taux

de corail vivant reste toujours faible

avoisinant les 30% en 2005. On y

rencontre une recrudescence

Acroporidae et Pocciloporidae.

Page 46: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

46

Kandzoni : platier en 2010

Le platier de Kandzoni est complètement détruit par les piétinements des pêcheurs à la

recherche des poulpes et les braconniers de tortues marines. Le taux de recouvrement

de coraux vivant est seulement de 15%. La zone est recouverte d’algues. Les rares

coraux de types Acropora qui essaient de régénérer sont aussitôt blanchis.

Des actions urgentes doivent être entreprises à Kandzoni :

- Reprise de la surveillance quotidienne par les écogardes du parc marin de Mohéli

- Collaboration entre le groupement des pêcheurs de Nioumachoi et le staff du parc

marin de Mohéli pour un accord de gestion de la zone de Kandzoni

- Reprise des spots de sensibilisation et communication auprès des pêcheurs sur

l’importance socioéconomique de la bonne santé des récifs coralliens

Haut fonds du large entre kandzoni et Ouénefou : 2010

Entre les îlots de Kandzoni et Ouénefou, et à 300 mètres au large se trouve un haut fond

de plusieurs kilomètres de larges.

Un nouveau transect est mis en place dans la zone afin de pouvoir suivre l’évolution

dans le temps de l’état de santé des récifs coralliens, puis des observations visuelles

suivies des photographies illustrant l’état de la

zone sont faites.

Page 47: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

47

Ce haut fond se trouve à une profondeur de 18 à 25 mètres maximum. Les coraux sont

en très bonne santé sur toute l’étendue du haut fond. Les observations visuelles et les

transects ont données une estimation de l’ordre de 85% de coraux vivants. Par contre,

on constate de plus en plus de blanchissement de coraux de type acropores. La diversité

associée aux récifs est abondante.

Devant l’entrée de la passe de Nkandzoni : 2010

Un transect est fait sur cette zone large de 300 mètres, puis des observations sur l’état

global du milieu sont faites. Les résultats sont les suivants :

Platier à 5 mètres

L’entrée de la passe de Nkandzoni est bordée par un récif très cours qui tombe

directement sur une pente externe à seulement 25 mètres du rivage. Cette zone subit

des dégradations de la part des pêcheurs locaux qui recherchent des poulpes et des

coquillages (turbo marmoratus) destinées à la revente à Zanzibar.

La vitalité corallienne est très faible. Les coraux vivant ne représentent que 20%. Les

débris de coraux sont envahis par des algues et des Millepora (corail de feu).

Pente externe : 2010

La pente externe est très raide. Les investigations sont faites entre 8 à 25 mètres de

profondeurs. La vitalité corallienne sur toute l’espace de cette zone est moyenne. La

zone subit des fortes houles lors des périodes de kashkazi et koussi. Ce qui fait que les

Acroporidae sont très rares.

Page 48: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

48

Le pourcentage de coraux vivants par

rapport aux coraux morts est de 43%. La

diversité corallienne est faible à cause des

fortes houles dans la zone. Seuls les coraux

durs y résistent.

Méa pente externe : 1998 - 2005

Ce site est caractérisé par

l’abondance des acropores

qui sont très sensibles à

l’ancrage des bateaux et

au piétinement par les

plongeurs non confirmé.

L’accès facile de seul rend

l’état du récif de cet ilot

vulnérable bien que le taux

de recouvrement corallien

reste stable autour de 50%

de 1998 à 2005.

Méa pente externe : 2010

Les observations pour l’évaluation de l’état de

santé, suivis des transects sur le site d’étude ont

montré l’état de dégradation flagrante du milieu par rapport à 2005. La zone subit des

dégradations anthropiques croissantes par des méthodes de pêche déstructives telles

que les dynamites. Bien que le site se trouve à proximité du village de Nioumachoi, les

braconniers profitent du relâchement de la surveillance par les écogardes pour poser des

dynamites. Bien que la pente externe se trouve à une profondeur de 5 à 20 mètres, donc

pas accessible facilement, le pourcentage des coraux vivants est très faible et avoisine

uniquement les 35%.

Page 49: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

49

Méa platier : 1998 - 2005

Sur cette station le pourcentage des débris de coraux engendré par le piétinement et l’ancrage sauvage des bateaux ne cesse d’augmenté au détriment du taux de corail vivant. Le taux d’abiotique est passé de 30% en 1998 à 76% cette année. Méa platier : 2010

En 2005 le taux de recouvrement corallien était de 76%. C’était le site le plus conservé

du parc marin de Mohéli. Il est classé réserve marine et est considéré comme sentier

sous marine du parc marin de Mohéli.

Mais en 2010, les investigations faites pour évaluer l’état de santé du milieu récifale a

constaté une nette dégradation du milieu. Tous les coraux sont détruits par des

dynamites et des piétinements lors des fortes marées basses. L’absence de surveillance

du site a provoqué les braconniers à intensifier les méthodes destructives à la recherche

de poissons. Les coraux vivants ne représentent actuellement que 15% de vitalité. On y

rencontre des poches de présence de diversité corallienne en bonne santé qui sont

directement associées par des poissons à la recherche de refuge.

Le projet « des catastrophes naturelles et climatiques » doit investir beaucoup sur cette

zone pour restaurer la vitalité corallienne qui existait auparavant, et permettre au site de

jouer pleinement son rôle protecteur des cotes.

Page 50: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

50

Ouénefou – devant la plage de Habawoussi : 2010

La plage de Habawoussi se trouve derrière l’ilot Ouénefou. Le récif corallien est très

cours et chute brutalement en pente externe de 20 mètres, puis au delà, des fonds

sableux blancs.

Les investigations dans la zone sont faites sur le platier entre 1 – 4 mètres de

profondeur, et sur la pente externe entre 5 – 20 mètres de profondeur. La zone couvre

une espace de 200 mètres de large.

Au niveau du platier

Le platier récifale de la zone est très bien conservé à hauteur de 65% de coraux vivants.

Par contre on constate une évolution du blanchissement des coraux qui a attaqué tous

les coraux de type Acropores. Le blanchissement de coraux couvre 10% des coraux

existant dans la zone. Ce blanchissement est dû par le réchauffement de l’eau de mer

cette année causé en partie par l’absence de pluie en cette période et le prolongement

de la saison de chaleur.

Pente externe : 2010

La pente externe du site Habawoussi est très raide mais pas profond. Elle se limite à une

profondeur de 20 mètres seulement. La zone est très bien conservée et la vitalité

corallienne est intacte. Un transect fait sur ce site suivi des observations visuelles

donnent les résultats suivants :

Le pourcentage de coraux

Vivant est de l’ordre de 70%.

La zone est très bien conservée.

Mais vu l’état de santé des autres

Page 51: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

51

Zones d’études du parc marin de Mohéli, il est plus raisonnable de poursuivre la gestion

de cette zone par le biais d’un renforcement de la surveillance. Les types de coraux les

plus rencontrés dans la zone sont les suivants : Acropora tabulaire, Acropora foliacé, les

favidae, les poritidae et les turbinaria.

Autour de l’ilot Bwé la Nkaouré : 2010

L’ilot Bwé la nkaouré se trouve entre Ouénefou et Nkandzoni. Cet ilot est entouré d’un

récif frangeant pas très large mais qui est relié avec le récif de Habawoussi et celui de

Ouénefou. Le récif est tombant directement sur la pente externe. Les observations et le

suivi par transect donnent les résultats suivants :

Les coraux sont en très bonne santé avec une

vitalité de l’ordre de 75%. Mais on y constate

également une absence de diversité en poisson dû à l’emploi des filets autour de ce site.

La diversité en corail est abondante même si on constate une abondance des Acropores

surtout ceux de type tabulaires. Ceci démontre le calme de la zone qui permet à des

Acroporidae de croitre en bonne santé.

Autour de l’ilot Bwé la Ngnandzi : 2010

L’ilot Bwé la ngandzi se trouve en face du village de Nioumachoi et devant l’hôtel Laka

lodge, et entre l’ilot Nkandzini et la mangrove Nioumachoi Sud. Les observations faites

sur cette zone montrent un état de santé des récifs en dégradation énorme. Toute

l’étendue récifale est détruite par des dynamites.

Les plongées sous marines sont faites à une profondeur de 10 mètres. Les coraux sont

écrasés et renversés partout. Il n’existe plus aucun signe de vie. Les rares coraux durs

Page 52: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

52

qui ont résistés aux dynamites sont couverts d’algues signe d’une pollution accrue. Le

taux de recouvrement corallien est très bas avoisinant uniquement les 5%. La zone

nécessite une surveillance accrue pour permettre à l’écosystème entourant le rocher de

se régénérer.

Sambia : 2010

Sambia est un haut fond corallien de deux kilomètres et de 400 mètres de diamètres.

Cette zone est réputée être un sanctuaire de la biodiversité du parc marin. Elle est

également un sentier sous marin. Les investigations faites sur toute l’étendue de cette

zone montrent un état de santé très satisfaisant du récif corallien. Plusieurs transects

sont faits sur la pente externe et le platier récifal.

Platier

le récif corallien se trouvant sur tout le platier récifal de

Sambia est en très bonne santé. Les observations et

les transects donnent une vitalité corallienne de l’ordre

de 75%. On y constate une regénérence des coraux

de types Acroporidae qui sont éparpillés partout. Cette

recrudescence des coraux a eu lieu après le

réchauffement climatique de 1998. La vague de

réchauffement de cette année échappe à la zone pour

le moment, mais il faut s’attendre à une attaque de

blanchissement mais qui sera maitrisée grâce à la

bonne santé des récifs coralliens.

Pente externe : 2010

La vitalité corallienne de la pente externe est

moyenne et avoisine 50%. Cette diminution par

rapport au platier est due à une surpeche des

Page 53: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

53

poissons carnivores qui sont en générale sur les pentes externes et qui sont toujours

visés par les pêcheurs. Les ancrages des pêcheurs accentuent les dégradations.

Page 54: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

54

3.5 Evaluation de l’état de santé des récifs dans la zone nord de Grande Comore

L’évaluation de l’état de santé des récifs de la zone nord de Grande Comore est faite

entre la zone de Fassi - Mitsamiouli et Banguoi kouni.

En 2003, une évaluation de la vulnérabilité et de la sensibilité des zones peu profonde

(récifs coralliens) de cette zone a été faite par l’association AIDE en collaboration avec

des spécialistes régionaux. La démarche suivie pour la réalisation de la carte de

vulnérabilité de la zone a consisté à l’élaboration de la pré-cartographie à partir d’un

assemblage et d’une interprétation des photographies aériennes prise en 1998. Ensuite

à partir de la réalisation de la vérité terrain, la typologie des fonds marins des zones

d’études a été décrite et la carte de sensibilité écologique du milieu marin récifal a été

élaborée.

L’analyse intégrée de la sensibilité écologique et des facteurs de risques a également

permis de ressortir la vulnérabilité du littoral de la zone nord de grande comore.

Les résultats suivants sont sortis de cette étude.

La géomorphologie récifale a permis de décrire les différentes parties du récif de la zone

nord de grande comore, et la typologie des fonds marins a permis de décrire la

composition de cette géomorphologie. Deux grandes zones sont à dégager :

Les pentes externes de la zone nord sont formées par des structures en éperons sillons

qui s’avancent vers le large en pente plus ou moins forte avec une déclivité variable.

Elles s’étendent en général de 12 à 18 mètres de profondeur en fonction du niveau de

développement et se prolongent par des contreforts au niveau desquels apparait une

succession d’affleurements basaltiques et sableux. Ce type de pente externe récifale que

forme au niveau des endroits où l’on rencontre une activité hydrodynamique

conséquente.

Les zones d’herbiers de phanérogames marines qui colonisent tout le littoral de

Mitsamiouli ville dans les substrats sableux ou sablo-vaseux. Ces herbiers ont une

fonction écologique fondamentale dans les écosystèmes coralliens. En plus du rôle de

Page 55: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

55

reproduction des juvéniles et d’alimentation, elles ont également un rôle fondamental

dans l’oxygénation des milieux littoraux, la consommation de nutrients et la stabilisation

des sédiments récifaux vis-à-vis des phénomènes d’érosion. En face de Mitsamiouli, ce

sont des herbiers mixtes constitués des thallasia hemprichi et des cymodea rotondata.

Localement on peut observer des syringodium isoetifolium.

Les études menées en 2003 montrent les facteurs de risques que connait la zone

d’étude que sont : les dépôts d’ordures, la pêche à pied, la pêche à la dynamité, la pêche

au tephrosia, les eaux de ruissellement, l’extraction de sable et le braconnage des

tortues marines.

Les résultats de cette

campagne d’étude ont montré

combien la zone de Mitsamiouli

est extrêmement vulnérable par

rapport à Fassi et Banguoi kouni

qui dispose également des

seuils élevés de vulnérabilité.

Page 56: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

56

La campagne d’évaluation de l’état de santé de la zone nord de Mitsamiouli actuellement

a pour but de donner un aperçu de l’état des coraux sur toute l’étendue récifale de

Mitsamiouli, Fassi, Meboimboini et Banguoi kouni afin de pouvoir tirer des conclusions

quand à sa capacité de prévention face aux risques de catastrophes climatiques liées

aux montées des eaux, et dans un même temps de proposer des mesures de gestion

adéquate pour restaurer les zones dégradées.

Devant ville de Mitsamiouli au niveau du platier : 2010

Le platier récifale qui se trouve devant la ville de Mitsamiouli est très large, et est

dépourvu de toute colonisation récifale. Il commence par une colonisation des herbiers à

phanérogames, puis une zone mixte qui est complètement détruite. Dans cette zone

mixte, on y rencontre colonisation des oursins qui sont signe d’une eutrophisation

massive de la zone et quelque patate de coraux de type porites rus qui survivent car très

dur à détruire.

Le platier détritique de Mitsamiouli est composée uniquement des herbiers à

phanérogames très importants au niveau écologique, mais surtout au niveau de la

stabilisation des sédiments pour lutter contre l’érosion côtière.

Le platier mixte

Le platier mixte devant la ville de Mitsamiouli est

complètement détruite depuis des années par les

piétinements des pêcheurs à pieds et les

ruissellements des eaux qui polluent d’avantage la zone. Le taux de recouvrement

corallien ne dépasse pas les 5%. Il ne subsiste que les coraux durs de type porites rus et

une prolifération des oursins signe d’une eutrophisation.

Corau…

corau…

coraux blanc…

algues

10%

herbiers

90%

platier détritique de Mitsamiouli:

2010

Page 57: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

57

Devant ville de Mitsamiouli : pente externe 2010

La pente externe de la zone devant la ville de Mitsamiouli se trouve à une distance de

500 mètres par rapport au rivage et se situe sur les coordonnées suivants : S 11°17'876

et E 043°17’ 238.

Les données recueillies lors de la campagne d’observation de l’état de santé de toute la

zone de la pente externe devant la ville de Mitsamiouli, prouvent une très nette

amélioration de l’état de santé des récifs coralliens par rapport aux données de 2003.

Toutes les coraux ont repris, et surtout les acropores tabulaires qui dominent les autres

récifs en éparpillant leur coraux pour capter toute la lumière solaire. Les zones marine

sont formées à éperons sillons.

Les coraux rencontrés sur cette zone sont mono

spécifique en général, et constitués des Acropores

tabulaires pour leur majorité et quelques coraux

branchus. Le pourcentage de coraux vivant est très

élevé par rapport à 2003 et atteint les 85%. Depuis

2003, les pêcheurs de la zone de Mitsamiouli se sont

interdit l’emploi d’explosifs directement devant le

village. Parc contre la vitalité en poissons est

complètement bas bien que les coraux sont en très

bonne santé. Ceci est dû à l’emploi massive des filets maillants à petit trou par les

pêcheurs de la ville de Mitsamiouli qui ratissent toutes les juvéniles de poissons.

A l’extrême nord de la ville de Mitsamiouli : 2010

L’extrême nord de la ville de Mitsamiouli, les prospections sont faites sur la zone se

trouvant sur les coordonnées suivantes : S 11°23'001 et E 043°17'078.

Les observations sur tout le long du récif de la partie extrême nord de Mitsamiouli à coté

de l’hôtel Maloudja, et des transects de suivi ont donné les résultats suivants :

Entre 3 – 7 mètres de profondeur

Page 58: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

58

Le platier récifale est complètement

détruite, et le recouvrement corallien ne

dépasse pas les 5%. C’est un véritable

champ défriché qui se trouve sous l’eau.

Les causes de cette dégradation accrue

sont les suivantes : emploi massive des

dynamites à l’extrême nord par les

pêcheurs qui profitent de l’éloignement de

la ville pour placer leurs explosifs, l’emploi

massive des filets maillants par les

pêcheurs et les femmes à pied lors des

fortes marées basses qui piétinent

complètement la frange récifale et ont détruit tout forme de vie.

Entre 7 – 10 mètres

Dans cette partie du récif, commencent les zones à éperons sillons qui sont également

des véritables pièges pour les pêcheurs qui s’y aventurent. Les observations faites sur

toute l’étendue de cette zone entre 7 à 10 mètres donnent les résultats suivants.

Le recouvrement corallien sur cette zone

est très faible et avoisine uniquement les

25%. La zone est victime d’une surpêche

par l’emploi des filets par les femmes et

les pêcheurs locaux, et des piétinements

à la recherche des poissons pris au piège

des marées et lors de la pose des filets.

Les coraux sont complètement renversés

et broyés, signe de la présence d’emploi

massive des dynamites. Les rares coraux

qui se survivent se trouvent entre les

éperons sillons, très difficile à atteindre.

On y rencontre les Acropora tabulaires renversés et d’autres qui sont intacts, des porites

rus et des Galaxea sp.

Page 59: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

59

Entre 10 – 20 mètres

La zone entre 10 à 20 mètres est hors d’atteinte des capacités des pêcheurs. Les

plongées d’explorations sur cette zone donnent les résultats suivants :

Les données recueillies sur la partie pente

externe donnent des résultats très

satisfaisants. La vitalité corallienne est

élevée de l’ordre de 80%. Ceci est dû à

l’éloignement du site en profondeur qui

est hors d’accès facilement par les

pêcheurs sans matériels de plongée sous

marine. Les coraux de type acropora

tabulaire ont pris le dessus sur les autres

formes de coraux car ces derniers

poussent très vite que les autres quand ils

se trouvent dans une zone calme et

protégée. L’association corail/poisson est très faible, il ne subsiste que les juvéniles de

poissons nouvellement nées. L’emploie massive des filets à Mitsamiouli perturbe

l’équilibre écologique de la zone. Normalement là où les coraux sont en très bonne

santé, les poissons carnivores et herbivores prolifèrent.

A l’extrême gauche de la ville de Mitsamiouli, devant le stade de Foot

La zone d’étude se trouve au niveau des coordonnées suivantes : S 11° 23’ 274 et E

043° 17’ 135. Les observations en plongées sous marines sont constituées de plusieurs

radiales sur chaque partie explorée et les résultats suivants sont ressortis.

Entre 1 – 3 mètres

Page 60: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

60

La vitalité corallienne sur cette partie du récif

est extrêmement basse de l’ordre de 8%

seulement. On y rencontre surtout quelques

patates de coraux de types porites rus et

poccilopora qui subsistent au piétinement

par les jeunes et pêcheurs lors de fortes

marées basses. Les algues envahissent les

autres coraux morts et les étouffent pour ne

laisser aucune chance de reprise ulterieure.

Entre 5 – 15 mètres :

Le récif est discontinu, avec des couloirs de fonds sableux. Les observations et les

transects de suivi ont donné les résultats suivants.

la vitalité corallienne sur cette partie du

récif devant le stade de Mitsamiouli est

moyenne et avoisine les 35%. La zone

subit une très forte pêche au filet pour

attraper les juvéniles de poissons, mais

également les poissons sardinelles qui

trouvent refuge sur cette zone calme en

période de Avril et juillet. Les coraux

rencontrés sont surtout de type acropora

et favites. Lors des plongées sous

marines on a rencontré plusieurs filets pris

au piège des coraux et que les pêcheurs

n’ont pas pu retirer à cause de la profondeur.

Page 61: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

61

Devant la station balnéaire « trou de prophète »

La zone de la station balnéaire « trou de prophète » est large de 200 mètres et est

composée d’un platier récifal large de 150 mètres de long. Ce platier subit des

dégradations massives dû au piétinement des jeunes qui viennent en masse chaque

week end pour se baigner et piqueniquer.

S 11°22'444 ; E 043°17’976

Entre 1- 3 mètres

Le pourcentage de coraux vivants est

faible et avoisine les 30% malgré que la

zone subisse des piétinements énormes

par les touristes locaux. Les types de coraux tels qu’acropora et favites sont éparpillés

partout et essaient de survivre individuellement.

Entre 5 à 15 mètres

Le taux de recouvrement corallien sur cette zone

de pente externe est très élevé par rapport aux

données de 2003 recueillies par l’ONG AIDE. On

a constaté une régénerence des coraux pendant

plus de 5 ans, et qui a permis aux Acropores de

type tabulaires de proliférer librement et prendre

le dessus sur les autres formes de coraux. La

vitalité corallienne est de l’ordre de 85%. On

constate également une poursuite du

Page 62: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

62

blanchissement des coraux qui se développe rapidement. Les tortues marines viennent

se refugier sur cette petite zone calme espérant de fuir aux braconniers. Par contre,

comme sur toutes les zones marines de Mitsamiouli, les poissons sont rares et plus en

plus petits à cause de l’emploi massive des filets comme moyen de pêche à Mitsamiouli.

Devant la plage de l’ancien Hôtel Galawa Beach

1 – 3 mètres

La vitalité corallienne sur ce site long de

400 mètres est satisfaisante de l’ordre de

40%. Depuis que les activités touristiques

sont finis sur ce site pour cause de

fermeture de l’hôtel, les coraux ont repris par rapport aux données de 2003 et on

constate de plus en plus une regenerénce des coraux de types poccilopora et acropora

tabulaires. Les pêcheurs de Mitsamiouli ont encore à l’esprit cette interdiction de venir

pêcher en toute liberté devant la zone, ce qui fait que les coraux et les poissons se

trouvent entres bon état de conservation. Il faudra entrer en contact avec le syndicat des

pêcheurs de Mitsamiouli pour prendre des mesures de gestion de la zone touristique de

galawa afin de conserver cet état de santé du milieu marin

5 – 20 mètres de profondeur

Coraux vivants

55%

coraux morts40%

coraux blanchis

2% algues1%

Autres 2%

pente externe site Galawa: 2010

Page 63: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

63

La vitalité corallienne est élevée sur ce site et avoisine les 55%. Presque toutes les

espèces de coraux se trouvent sur ce site, mais les acropores de type tabulaires sont

nombreuses comme dans toutes les autres sites du

nord de Mitsamiouli. Malgrès cette bonne santé, la

pêche au filet sur loa zone de la pente externe est

très fréquente, ce qui provoque quelques

piétinements des coraux et une surpêche des

juvéniles de poissons.

Devant le village de Fassi : 2010

Fassi est le deuxième site de la zone nord de Grande comore. C’est un village de

pêcheurs. La zone de Fassi est très large de plus de 500 mètres de littoral. Plusieurs

radiales sont faites sur ce site, ainsi que des observations général pour évaluer l’état de

santé du milieu récifale. La zone d’étude se trouve sur les coordonnées S 11°24'127 et E

043°16'355. Les données recueillies sur ce site ont donné les résultats suivants :

entre 1 – 5 mètres

La vitalité corallienne est moyenne sur

cette zone d’étude de l’ordre de 30%. Les

coraux commencent à se dégrader à

cause d’une pêche non respectueuse de l’environnement telle que l’emploi des filets et le

piétinement. On constate également une prolifération d’algues qui commencent à

étouffer la zone récifale. Le pourcentage de coraux vivants a chuté par rapport aux

données antérieures recueillies par l’ONG AIDE.

Page 64: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

64

Pente externe entre 7 – 15 mètres

Zone de pêche au filet intense bien que le récif est très bien conservé et une présence

des filets pris au piège des récifs et délaissés.

Bien que la zone subit une surpêche au

filet, elle est très bien conservée car les

pêcheurs n’arrivent pas à atteindre les

fonds marins faute de moyens sous

marins. La vitalité corallienne est de

l’ordre de 75%. Mais on note une

également que les espèces sont mono

spécifiques et ne sont presque

représentées que par des Acropores

tabulaires signe d’une zone très calme et

en très bonne santé.

Devant village de Banguoi : 2010

La zone de Banguoi Kouni se trouve à l’extrême nord de Mitsamiouli. Lors de la

campagne de cartographie des zones peu profonde faites par l’ONBG AIDE, cette zone

était classée en vulnérabilité moyenne, car l’accès à la pêche est très difficile dans la

zone. Les prospections pour un état de santé génerale de la zone ont permi d’avoir une

idée sur la vitalité du milieu.

Platier

Le platier de Banguoi présente des signes

Page 65: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

65

profonds de destruction par piétinement. Les coraux sont également victimes des eaux

de ruissellement qui envasent les coraux et les étouffent. La vitalité corallienne est de

l’ordre de 35%.

Pente externe

La pente externe de la zone de Banguoi présente les mêmes signes d’eutrophisation,

mais c’est la zone la plus poissonneuse de la zone pilote nord. Ceci est dû par

l’interdiction de l’association villageoise de protection de l’environnement de pratiquer la

pêche au filet sur leur terroir marin. La vitalité corallienne est de l’ordre de 40% et est

constante par rapport aux données recueillies ultérieurement par l’ONG AIDE.

Page 66: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

66

3.6 Evaluation de l’état de santé des récifs de la zone de Bimbini

La zone marine de Bimbini est large, et est située entre Hasimpao et l’ilot de la selle. Elle comporte un très large platier récifale de 500 mètres par rapport au rivage qui est à découvert tout le temps lors de forte marée basse. Le récif entourant la zone de Bimbini est de type frangeant et très développé, ce qui place la zone de Bimbini parmi les meilleurs sites à potentialité écotouristique balnéaire de l’ile. La zone est également prévue pour être classé aire protégée marine par le Gouvernement Comorien, et est proposée pour être

classée également comme patrimoine de l’UNESCO. Le dossier de classement est fait par le responsable UNESCO des Comores et est transmis pour évaluation à l’UNESCO. Les investigations pour l’évaluation de l’état de santé se sont faites sur trois grande découpages de la zone que sont le récif autour de la presqu’ile de Bimbini, le récif sur toute l’étendue récifale en face de Bimbini et le récif de Hasimpao – Pomoni. Pour évaluer l’état de santé des récifs de la zone, plus de 20 radiales d’exploration sont faites sur chaque découpage, puis des centaines de photographies sous marines pour illustrer l’état du milieu sont prises et accompagnées de transects sur des zones préalablement choisi et représentatives du milieu. Les données recueillies donnent les résultats suivants : Hasimpao

Platier entre 0 – 3 mètres

Le platier récifale de Hasimpao – pomoni est très large. Lors de fortes marées basses il

est complètement à découvert ce qui le rend extrêmement vulnérable. Les observations

et les transects faites sur le platier donnent les résultats suivants :

Le platier récifal de Hasimpao _ pomoni

est complètement détruit et couvert

uniquement d’oursins. La vitalité

corallienne ne dépasse pas les 5%. On

y trouve uniquement des petits coraux

durs (porites rus et lobata) qui subsistent à ce désastre. Les raisons de cette destruction

sont les suivantes :

Coraux vivants

5%

coraux morts90%

coraux blanchis

0%

algues4%

Autres 1%

platier récifal hasimpao - pomoni: 2010

Page 67: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

67

Utilisation abusive et sans contrôle des explosifs : en effet la zone de Hasimpao _

pomoni est victime de ce fléau qui a complètement détruit toute la biodiversité récifale de

la zone. Les pêcheurs pratiquent cette pêche en toute impunité et sans être inquiété par

les associations Ulanga des villages.

Pêche à pied par les femmes : la pêche à pied par les femmes est une activité

importante dans la zone. Les femmes attendent les marées basses pour se lancer sur le

platier récifale à la recherche de poulpes et petits poissons pris au piège des marées.

Utilisation des filets : la pêche au filet est très rependue dans la zone depuis longtemps.

Cette pêche est pratiquée par des pêcheurs à embarcation motorisée qui s’adonnent à

cette activité lorsqu’il y a pénurie de thon et bonites.

Entre profondeur de 3 – 5 mètres

Entre 3 à 5 mètres de profondeurs, le

récif est également détruit, mais des

porites lobata et porites rus colonisent

les espaces vivants. Ces coraux sont de

nature extrêmement durs et résistent aux pressions telles que les dynamites et

piétinements. La vitalité corallienne est de l’ordre de 15% seulement. Les mêmes

activités anthropiques sont présentes dans la zone à 5 mètres : piétinements, dynamites

et emploi de thephrosia.

Pente externe entre 10 à 20 mètres

Coraux vivants

15%

coraux morts75%

coraux blanchis

1%

algues8%

Autres 1%

platier récifal hasimpao - pomoni 3 à 5 m : 2010

Coraux vivants

35%coraux morts60%

coraux blanchis

1%

algues3%

Autres 1%

pente externe récifal hasimpao - pomoni 10 à 20 m : 2010

Page 68: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

68

Le récif corallien de la pente externe de la zone de Hasimpao – pomoni présente une

vitalité corallienne moyenne de l’ordre de 35%. Les pentes externes sont très raides et

sont composées pour la plus part des porites rus et des turbinaria. Ces pentes externes

sont par nature épargnées par les pêcheurs car non accessibles.

Zone de Bimbini village : 1998 - 2005

Sur cette station la

compétition entre les algues

Sargassum et les coraux ne

cesse d’augmenter au

détriment des coraux. Le taux

de recouvrement corallien est

le plus faible de l’archipel et

reste toujours inférieur à

20%. Cette situation peut

s’expliquer par l’envasement

engendré par l’érosion

côtière et l’usage de

technique de pêche nuisible

telle que la pêche aux filets à petites mailles. Ceci dit la commune récemment mis en

place a commencé à règlementer les techniques de pêches sur la base d’un arrêté

ministériel réglementant cette activité publié cette année par le ministre de l’intérieur

d’Anjouan.

Platier 2010

Le platier récifal devant le village de Bimbini est très large de 500 mètres par rapport au

rivage. Les eaux de ruissellement apports des apports terrigènes qui envasent cette

franche littorale. Les algues et herbiers envahissent le platier et étouffent toute forme de

vie corallienne. Les observations faites sur cette zone donnent les résultats suivants :

Les algues de type sargassium

prolifèrent dans cette franche récifale au

détriment des coraux. La zone est

Coraux vivants

5%

coraux morts65%

coraux blanchis

1%

algues25%

Autres 4%

platier bimbini : 2010

Page 69: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

69

complètement détruite par eutrophisation et piétinement. La vitalité corallienne ne

dépasse pas les 5%.

Pente externe : 2010

La pente externe de la zone de Bimbini est composée en éperons sillons pour la plupart.

Les observations et transects faites donnent les résultats suivants.

La vitalité corallienne autour de cette

zone d’étude est de l’ordre de 20%

seulement. Les coraux sont détruits par

l’emploi massif d’explosifs et des filets

maillants que sont les principales

activités de pêche des pêcheurs de Bimbini.

Autour de l’ilot de la selle : 2010

L’ilot de la selle est éloigné du village de Bimbini et est entourée complètement de récifs

frangeant. La zone connait des très fortes houles. Le platier récifal est long de 200

mètres et la pente externe est très raide. Les observations et les transects faite sur tout

le contour de l’ilot donnent les résultats suivants :

Le platier de l’ilot de la selle est

complètement détruit par les dynamites

et le piétinement à marée basse. La

vitalité corallienne est très presque nulle et avoisine seulement les 3%. Ce sont des

véritables champs détruits et broyés qu’on l’on y rencontre lors des plongées sous

marine.

Coraux vivants

20%

coraux morts65%

coraux blanchis

1%

algues10%

Autres 4%

pente externe bimbini : 2010

Coraux vivants

3%

coraux morts90%

coraux blanchis

1%

algues5%

Autres 1%

platier ilot de la selle : 2010

Page 70: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

70

Pente externe : 2010

La pente externe autour de l’ilot de la

selle est très pauvre en corail. La vitalité corallienne est de 25% seulement. Les coraux

sont parfois envahis par des algues. La zone subit les conséquences de l’emploi massif

des explosifs. Les rares coraux qui subsistent sont des porites lobata et des éponges.

Coraux vivants

25%

coraux morts65%

coraux blanchis

3%

algues5%

Autres 2%

pente externe ilot de la selle : 2010

Page 71: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

71

4. Recommandations

L’état de santé des récifs coralliens des trois sites pilotes sont pour la plupart dans un

état environnemental menaçant. Or les récifs coralliens sont des écosystèmes d’une

importance capitale pour le tourisme, la pêche et surtout pour leur capacité à lutter contre

les montées des eaux de mer.

La restauration de l’état de santé des récifs coralliens est très importante et nécessite la

participation des communautés riveraines, et surtout les pêcheurs et femmes qui

s’adonnent à l’activité pêche à pied. Divers modes de restauration sont proposés en

fonction des endroits et de l’état des zones d’étude.

La cogestion des zones récifales par les associations des pêcheurs et les

femmes utilisatrices des récifs

La cogestion est importante dans la restauration des récifs coralliens car elle implique la

participation active de toutes les couches sociales utilisatrices des récifs. Des réunions

avec les pêcheurs et les femmes doivent être fréquentes, et doivent aboutir à un accord

de gestion de chaque zone récifale détruite afin de pouvoir permettre au récif de pouvoir

se régénérer en toute tranquillité, et les pêcheurs de pouvoir adopter des modes de

pêche plus responsable. Dans ces accords de cogestion, les responsabilités des uns et

autres parties doivent être clairement définis lors des réunions et cosignés.

Les zones qui nécessitent des accords de cogestion pour restaurer un état satisfaisant

des récifs sont les suivants :

La zone marine de fassi

Tout le platier récifale de Mitsamiouli

La zone de Galawa

La zone marine de sambia

La mise en réserve intégrale

La mise en réserve intégrale s’applique à des zones marines où les récifs sont soient en

très bonne santé et l’on veut protéger cet état environnemental, soit leurs états antérieurs

a été très satisfaisants puis détruit, et l’on veut le restaurer naturellement. Cette mode de

gestion doit absolument se faire en collaboration avec les communautés riveraines de

chaque zone et le Ministère de l’environnement. Plusieures réunions de concertations

sont d’abord consacrées afin de fixer les contours de la réserve et les objectifs de

gestion. Ce type de restauration est proposé dans les zones suivants :

La presqu’ile de Bimbini

La zone marine de Nkandzoni

Page 72: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

72

La restauration par bouturage et/ou mise en place des récifs artificiels

Le bouturage des coraux consiste à transplanter des morceaux de coraux sur des zones

où l’activité corallienne était très forte. Les boutures qui sont plantés sont surtout ceux de

type Acropores branchus car ils sont faciles à casser sur des endroits en très bonne

santé, puis à planter. On utilise une colle adhésive spéciale pour ce genre d’opération.

Les coraux transplantés se regenerer rapidement au bout de 3 à 4 ans et la zone

retrouve sa vitalité. Ce sont des opérations très couteuse et qui prennent du temps de

travail énorme avec plusieurs plongeurs. Mais si les conditions techniques et financières

sont réunies, on peut constituer des véritables jardins coralliens sous l’eau et suivre dans

le temps l’évolution des récifs en temps réelle. Ces opérations peuvent également être

mise en place en collaboration avec des chercheurs et étudiants de l’université car elles

offrent un terrain de recherche sur divers sujet.

Les zones proposées pour cette opération sont les suivantes :

Méa à Nioumachoi

Platier de Sambia

Platier de la zone de bimbini

Page 73: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

73

5. Evaluation de l’état de santé des mangroves

5.1 Ecologie générale des mangroves

Les mangroves, les marais d’eau douce, les marais tourbeux, les récifs coralliens, les herbiers, les lagunes côtières, les plages libres et les îles sont les huit principaux types d’habitats des terrains marécageux qui constituent la “zone côtière” où les mangroves jouent un rôle de premier plan. Les mangroves sont des plantes côtières typiques, groupées en écosystèmes uniques en leur genre, qui poussent le long des littoraux protégés de la zone intertidale des régions tropicales et subtropicales. Les écosystèmes de mangrove contiennent environ 60 espèces d’arbres et d’arbustes et près de 20 espèces associées qui n’appartiennent pas exclusivement au système.

Les palétuviers sont exceptionnellement bien adaptés à l’eau de mer dessalée par ultrafiltration. Leurs racines se développent dans des sédiments anaérobes et sont alimentées en oxygène par leurs tissus d’aération qui communiquent avec l’air par de petits pores (lenticelles) qui se trouvent sur leurs troncs et leurs racines aériennes. On trouve des mangroves sous forme de franges accolées aux rives et aux littoraux plus escarpés, ou sous forme de forêts importantes dans les deltas. Les mangroves abritent des zones ou des mosaïques de différentes communautés biologiques en fonction de facteurs comme la hauteur des sédiments par rapport aux marées, la salinité et l’apport en nutriments (qui, à leur tour, sont influencés par l’eau douce). Lorsqu’elle se trouve dans de très bonnes conditions, le mangrove est un écosystème des plus producteurs avec une productivité nette de 23,3 tonnes par hectare par an et une productivité de détritus de 10 tonnes par hectare par an pour un bosquet de Rhizophores de 15 ans d’âge. 4 Comme les mangroves subissent l’influence de l’eau douce et des nutriments provenant de leur bassin hydrographique, elles ont une influence sur les eaux côtières avoisinantes et les écosystèmes associés comme les récifs coralliens, les herbiers et les marais soumis à l’action des marées. Elles retiennent et stabilisent les sédiments qui, autrement, auraient limité la croissance des coraux.

Page 74: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

74

Intérêt actuel des mangroves des Comores

Les forêts de mangrove, considérées autrefois comme “terres incultes”, sont désormais reconnues comme étant un important écosystème en raison surtout de leurs caractéristiques exceptionnelles. Dans notre pays où la pression démographique et économique sur les zones côtières est élevée, les mangroves sont une ressource naturelle vivante d’une importance primordiale. Les forêts de mangrove sont utilisées traditionnellement par les populations locales pour un grand nombre d’utilisations. En outre il est reconnu qu’elles fournissent des avantages aussi bien “tangibles” qu’intangibles.

1. Bois d’œuvre ou autre bois de construction 2. Poteaux, bois de feu 3. charbon de bois 4. poisson

Les écosystèmes de mangrove fournissent en outre les avantages intangibles ou indirects suivants:

1. Frayères naturelles pour les poissons et les crustacées (crevettes principalement). 2. Protection et conservation d’habitats particuliers de faune sauvage. 3. Contribution à la sédimentation et à l’atterrissement. 4. Atténuation partielle de la force des vagues. 5. Lutte contre l’érosion quand la force d’érosion est inférieure au poids mort des

racines et de la motte d’un peuplement ou d’un palétuvier donnés. 6. Maîtrise de la salinisation des terres intérieures 7. Amélioration des chaînes alimentaires estuariennes dont sont tributaires différents

groupes d’êtres vivants, y compris les récifs coralliens, les herbiers et la faune benthique

8. Accumulation des détritus et, partant, capacité d’accroître le développement des poissons et la productivité des pêche côtières et, dans une certaine mesure, hauturières.

9. Conservation de la diversité biologique et du matériel génétique, fonction d’une énorme importance pour les générations futures.

10. Atténuation de l’impact des cyclones et des raz de marée. 11. Fonction de rideau-abri pendant les orages, les cyclones, les typhons et d’autres

calamités naturelles similaires.

Page 75: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

75

Intérêt écologique

L'écosystème de mangrove des Comores est caractérisé par des conditions écologiques

très particulières :

- une salinité très variable en fonction des apports en eau douce

- une eau pauvre en oxygène (anoxie due à une très importante activité bactérienne),

- un substrat meuble

- une alternance exondation/inondation due au flux et reflux des marées, entraînant

des périodes prolongées de dessiccation et d’immersion.

Une faune abondante et variée

Les eaux des mangroves du Parc Marin de Mohéli abritent des planctons, algues,

mollusques, crustacés et poissons. Des nombreuses espèces d’oiseaux sont liés aux

mangroves car ils se nourrissent dans les vasières.

Une formidable activité de décomposition de la matière organique

Les mangroves des Comores sont des milieux riches en nutriments minéraux et

organiques issus d’une matière organique en décomposition particulièrement abondante.

Celle-ci, constituée essentiellement de feuilles de palétuviers, alimente une flore

bactérienne et fongique considérable à la base d’un vaste réseau trophique (chaîne

alimentaire).

Les feuilles de palétuviers et autres éléments végétaux tombés dans l’eau sont

décomposés par des bactéries et des champignons soit directement à la surface de l’eau

(ils forment alors un film), soit sur le fond vaseux de la mangrove. Les bactéries et les

champignons fournissent des éléments nutritifs essentiels (acides aminés, stérols) aux

animaux microscopiques et invertébrés qui consomment les débris végétaux ou les

fragments du film de surface. L’activité de décomposition des bactéries et champignons

libère des éléments minéraux qui seront utilisés par le phytoplancton (algues

microscopiques libres dans l’eau) via la photosynthèse. Ces algues seront ensuite

consommées par des animaux microscopiques et invertébrés. Les petits animaux

consommateurs de débris seront ensuite consommés à leur tour par d’autres animaux

plus gros, notamment des poissons juvéniles, des crabes, qui trouvent dans la mangrove

une ressource alimentaire très abondante.

Des zones de refuge et de nurseries pour de nombreuses espèces

Les mangroves des Comores sont de véritables nurseries! Les larves de nombreuses

espèces de poissons et crustacés profitent de l’abondante de nourriture disponible dans

cet écosystème. La turbidité de l’eau leur procure aussi un écran de protection vis-à-vis

des prédateurs (qui ont plus de difficultés à localiser leurs proies dans ces eaux

troubles). Les racines des palétuviers servent de support à des invertébrés tels que des

huîtres, des vers tubicoles (sabellidés…), des éponges qui s’y accrochent. Ce milieu fait

également office de refuge, non seulement pour les juvéniles mais aussi pour les

Page 76: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

76

espèces de petite taille, protégées des prédateurs par l’enchevêtrement des racines de

palétuviers et la turbidité de l’eau.

Les mangroves des Comores contribuent également au développement des récifs

coralliens situés au large : en retenant les éléments en suspension, la mangrove

favorise la clarification de l’eau, essentielle aux coraux.

Intérêt socio-économique

Un véritable rempart contre l’érosion des cotes

La présence de mangroves prévient l'érosion des côtes : l’enchevêtrement et la

souplesse des racines des palétuviers atténuent les remous et facilitent ainsi la

sédimentation. Des zones telles que la route allant à Wallah miréréni est épargnée par

l’érosion côtière très développée dans l’ensemble des cotes du Parc grâce à la présence

de la mangrove.

Un formidable endroit pour la pêche artisanale

Les larves des nombreuses espèces de poissons et crustacés profitent de l’abondante

en nourriture disponible dans l’écosystème des mangroves pour y rechercher refuge et

agrandir. La turbidité de l’eau leur procure un écran de protection vis à vis des

prédateurs (qui ont plus de difficultés à localiser leurs proies dans ces eaux troubles).

Ce milieu fait également office de refuge, non seulement pour les juvéniles mais aussi

pour les espèces de petites tailles, protégées des prédateurs par l’enchevêtrement des

racines de palétuviers et la turbidité de l’eau. La forme de pêche la plus pratiquée dans

cet écosystème est la pêche au banc de selar à l’aide d’un « chamia ». Cette forme de

pêche se fait à pied dans le rivage ou dans les mangroves à marée basse. Les pêcheurs

profitent également des poissons comme les carangues qui viennent pourchasser les

selar pour les attraper à l’aide de la ligne de fond.

Une source de bois

Une grande partie de la population qui vit aux alentours des mangroves font du

prelevement du bois de mangrove pour la cuisson, mais aussi comme bois pour la

construction des maisons.

Ce prélèvement se fait au niveau extrême du coté sol ; donc seule les espèces qui vivent

en contact du sable sont condamnées telles que les Sonneratiacées et les

Rhizophoracées.

Page 77: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

77

5.2 Différentes espèces de mangroves existantes aux Comores

Aux Comores, la mangrove est représentative de la région intertropicale de l’océan

indien. Sept espèces la compose : Rhizophora maculata, Bruguiera gymnorhiza,

Sonneratia alba, Avicennia marina, Lumnitzera racemosa, Heritiera littoralis et Ceriops

taga. Elles sont toujours associées à bon nombre d’espèces littorales en arrière

mangrove (Phoenix reclinata, Hernandia nymphaefolia, Hibiscus tiliaceus, Caesalpinia

bouduc). Euclea mayottensi, espèce associée endémique de l’archipel n’est pas citée.

Elle abrite une ornithofaune riche et variée comme l’aigrette dimorphe Egretta dimorpha,

le héron cendré Ardea cinerea, la grande aigrette Casmerodius albus, le héron garde-

bœufs Bubulcus ibis, ou le héron vert Butoides striatus (Louette et al., 2008).

Rhizophora micronata

Espèce dominante au Parc Marin de Mohéli. Les

palétuviers du genre Rhizophora poussent à l’interface

entre le milieu terrestre et le milieu marin, les pieds dans

l’eau à marée haute. Ils possèdent des racines échasses

(appelées « rhizophores ») : celles-ci permettent non

seulement un bon ancrage dans des substrats souvent

meubles comme les fonds vaseux, mais donnent aussi au

végétal une certaine souplesse qui lui permet de résister au

mouvement de flux et reflux des marées. En outre, les

Rhizophoracées ont un mode de germination particulier :

la graine germe et l’embryon se développe sur l’arbre

même. Ce n’est donc pas une graine qui tombe de l’arbre

mais une petite plantule suffisamment développée pour

qu’en tombant au sol elle s’y enracine aussitôt

Avicennia

marina

Les palétuviers du genre Avicennia se développent plutôt

dans les zones marécageuses, derrière les Rhizophoracées,

à l’intérieur de la mangrove. C’est un réseau très dense de

racines superficielles horizontales qui leur permet de trouver

un ancrage stable dans ce substrat très meuble. Ces

palétuviers comportent par ailleurs des racines aériennes

(appelées « pneumatophores ») qui leur permettent de «

respirer malgré une immersion prolongée

Sonneratia alba

Page 78: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

78

Ceriops tagal

Bruguiera gymnorhiza

Heritiera littoralis

Lumnitzera racemosa

Page 79: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

79

5.3 Evaluation des mangroves du Parc Marin de Mohéli

La mangrove est souvent définie comme étant l'ensemble de la végétation (les

palétuviers) qui se développe dans la zone de balancement des marées des régions

littorales intertropicales. La mangrove colonise des zones alimentées en eau douce et à

l'abri des courants marins, comme les estuaires, les systèmes lagunaires, c’est-à-dire

des zones calmes et peu profondes.

Les écosystèmes de mangrove jouent un rôle important dans le cycle de vie de nombreuses espèces d’oiseaux, de crustacés, de poissons, de mammifères marins, etc.). Ils offrent habitat et nourriture à ces différentes espèces dont le maintien et la survie dépendent étroitement de la présence de la mangrove. Les forêts de mangrove font partie des plus grands puits de CO2 du monde. Leur capacité de séquestration du dioxyde de carbone est très importante. D’où tout leur intérêt dans la lutte contre le réchauffement climatique. De plus les mangroves, quand ils sont en très bon état de conservation, participent activement à la lutte contre la montée des eaux liées aux effets des changements climatique. Une évaluation de l’état de santé des mangroves du parc permettra d’avoir une idée sur sa capacité à lutter contre les catastrophes d’origines climatiques, et, de disposer des données concernant les zones dégradées nécessitant une régénération.

Méthodologie d’évaluation de l’état des mangroves du parc marin

La méthodologie employée pour l’évaluation de l’état de santé des mangroves est la

suivante :

1. Découpage de la mangrove en unité de suivi

2. Observation visuelle de l’état des unités

3. Photographie des zones dégradées et positionnement géographique

4. Identification des sources de dégradation

Découpage de la mangrove du parc en unité de suivi

Les mangroves présentes au Parc Marin de Mohéli sont des mangroves de récifs

coralliens.

Les mangroves du Parc Marin de Mohéli se situent dans la partie sud de l’île de Mohéli,

le long des 12°23’S et 43°47’E. Au Parc Marin de Mohéli, les mangroves occupent les

fonds de baie dans le sud de l’île, où elles couvrent environ 91ha. Trois mangroves sont

bien développées, la plus importante est celle de Nioumachoua (à l’Est), puis celle de

Nioumachoua Ouest et enfin celle de Ouallah-Mirémani. D’autres tâches de palétuviers,

d’extension plus modeste, s’étendent sur la pointe de Miremani, du côté de Hachéhi,

Ouallah2, Sambia, Ha abasse et Miringoni.

Page 80: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

80

Le découpage en unité de suivi des mangroves du parc s’est fait à partir de ces sites

des mangroves uniquement. Chaque zone de mangrove est déjà considérée comme une

unité de suivi puisque nos mangroves ne sont pas étendues.

La mangrove du Parc Marin de Mohéli est représentative de la région intertropicale de

l’Océan Indien. Ces mangroves sont caractérisées par 7 espèces différentes :

Rhizophora micronata Bruguera gymnorhiza, Sonneratia alba, Avicennia marina,

Lumnitzera racemoza, Heritiera littoralis, Ceriops tagal.

Ces espèces sont disposées selon une zonation allant des sonneraticées du coté marin

aux rhizophoracées jusqu’à une zone mixte du coté terrestre où l’on trouve presque

toutes les espèces.

A cela s’ajoute des espèces poursuivantes et d’arrières plages qui sont :

Ypomea pesprea, Pandanus sp., Phoenix reclinata, hibiscus tiliaceus, Xylocarpus

granata, Cycas thouasii

Nioumachoua Est constitue la plus grande mangrove de Moheli, du fait quantitative

mais aussi qualitative.

Page 81: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

81

Elle comporte les 7 espèces de mangroves existantes au Parc. La mangrove débute

toujours du coté marin par Sonneratia alba, puis la plus grande partie par les rhizophora

jusqu’à la zone mixte.

Nioumachoua Ouest est une mangrove qui est représentée par 5 especes. Il s’agit de :

Sonneratia alba, Rhizophora mucronata, Bruguera gymnorhiza, Ceriops tagal et Avicenia

marina.

Ces espèces sont poursuivies par quelques espèces d’arrière plage qui sont :

Phoenix Reclinata, Hernandia nymphaefolia, Hibiscus tiliaceus , Caesalpinia bouduc

La mangrove de Wallah-mirereni est constituée de trois espèces que sont : Rhizophora

micronata, Sonneratia alba, Avicennia marina.

Cette mangrove se trouve au bord de la route et est dépourvue de zone mixte.

Etat des mangroves du parc marin

Les mangroves du Parc Marin de Mohéli sont en général en bon état de conservation.

Mais des sources de destruction apparaissent sur la mangrove Est de Nioumachoi

provoquées par la pauvreté et la nécessité de survie des populations riveraines amputant

la capacité de nutrition des populations (faunistiques et floristiques) et l’équilibre

écologique des écosystèmes naturels.

L’absence d’un mode de gestion et d’utilisation non durable de l’espace adjacente des

mangroves du Parc Marin (divers champs qui les entourent), et l’exploitation continue

des palétuviers pourrait fortement mener à une disparition de la mangrove si des

mesures ne sont pas prises très rapidement.

Page 82: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

82

Les menaces qui pèsent sur les mangroves sont les suivantes :

Le déboisement :

Le déboisement constitue l’un des problèmes majeurs de la flore Mohélienne, et

n’épargne pas les palétuviers de la partie

Est de Nioumachoi

Il est appliqué par les populations locales

pour diverses raisons et causes :

La nécessité d’obtenir du bois de

cuisson : La population de la zone du

parc marin est très pauvre et utilise

presque à 90% du bois pour la cuisson.

Normalement chacun récolte son bois

dans son champ ou celui de la famille, ce

qui entraine le plus souvent une pénurie de bois de chauffe. Mais les mangroves

n’appartiennent à personne et en plus la facilité d’accès et la proximité des sites

aux sites entraîne la population locale à cibler les mangroves comme étant un site

éventuel de prélèvement facile et intensive de bois de chauffe

une insuffisance des forêts amenant la population à couper le bois des palétuviers

pour bois de cuisson des aliments (à défaut du pétrole et des gaz naturels),

balançoire pour les pirogues et pour la construction des cases des habitants

locaux.

Le dessèchement des cours des rivières où logent les mangroves

L’absence de politique d’aménagement de la couverture forestière du parc marin de

Mohéli et le manque de l’application de la réglementation existante poussent les

agriculteurs à exploiter la forêt entrainant le tarissement des cours d’eau qui la plus part

des cas viennent finir leur traversée sur les mangroves du parc.

Le dessèchement des rivières, surtout celle de Nioumachoi Est entraine la mortalité des

Rhizophora et poussent les femmes à couper le bois séchés.

Absence de politique de gestion des déchets ménagers

Les déchets ménagers de la population riveraine du parc marin de Mohéli sont

directement reversées sur les plages et finissent en grande partie sur les mangroves.

Ces derniers étouffent les propagules et les empêchent de pousser dans des bonnes

conditions

PROBLEMES

CAUSES

CONSEQUENCES

Page 83: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

83

Déboisement sur

la mangrove Est

de Nioumachoi

Insuffisance des forêts

Pauvreté

Construction des cases

Bois de chauffage

Balançoire de pirogues

Disparition des

palétuviers

Décharges

publiques

Manque de sites de rejets d’ordures

Vagues qui emportent des déchets

plastiques

Pollution des eaux

autour de la

mangrove Est et

étouffement des

propagules

Pollution Vidange des vedettes

Disparition de la

flore et faune

Page 84: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

84

5.4 Evaluation des mangroves de la zone de Bimbini

Le site de la zone de Bimbini contient les habitats naturels les plus représentatifs et les

plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique marine et littorale, y

compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle

exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation, comme les

palétuviers, les habitats des dugongs (Dugong dugon), de nombreux coraux dont

Anthipastes sp., le corail noir, et les sites de reproduction de nombreux cétacés

(Megaptera, Eubalaena, Balaenoptera, etc.).

La mangrove la plus importante de l’île de Ndzouani est celle de Bimbini qui s’étend sur 7 Km de la cote sud-ouest de l’île et couvre 8 ha de littoral. Elle est constituée de groupement Sonneratia alba, Avicennia marian et Rhizophora mucronata.

Il existe 5 unités de mangroves dans la zone : Une ce trouvant à coté de Hasimpao, deux autres qui cerclent le village de Bimbini, une qui se trouve à l’extrême gauche de l’ilot de la selle, et une dernière toute petite qui se trouve directement sur l’ile de la selle. Devant le village de bimbini sur l’ilot de la selle au dessous de sima

Ces mangroves forment des petits massifs isolés composés principalement de Rhizophora mucronata, Bruguiera, Gymnorhiza, Avicennia sp, Ceriops tagal, Lumnitzera racemosa et sonneratia alba. A cela s’ajoute des espèces associées telles que hibiscus tiliaceus, Eucléa mayotennsis, Gutterda speciosa, Pandanus sp, des convolvulacées Ipoméa pescaprae. Ces espèces se disposent selon une zonation allant des sonnératiacées du coté marin aux Avicenniacées, des Rhiezophoracées du cotés terrestre.

Page 85: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

85

Les mangroves de la zone de Bimbini ne subissent pas de pressions anthropiques

directes pouvant affecter leur état de conservation.

Seule la mangrove qui se trouve directement au village de

Bimbini subit des dégradations qui nécessitent une

intervention urgente en matière de gestion.

Les menaces qui pèsent sur la mangrove de Bimbini sont les suivantes :

le rejet des déchets ménagers directement sur la plage à cause d’une manque de

politique d’aménagement villageois affecte la foret de mangrove et provoque petit

à petit la mortalité de la mangrove.

L’assèchement de la rivière du village prive les mangroves d’une source d’eau

nécessaire pour sa survie

Page 86: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

86

6. Recommandations

La protection et la réhabilitation des écosystèmes de mangrove constituent une préoccupation majeure et permanente à travers le monde. La gestion des ressources naturelles dans les pays à démographie galopante est confrontée au facteur anthropique défavorable en plus des conditions du milieu. L’ignorance et les faibles revenus des populations riveraines, associés à l’implication de plusieurs structures dans l’utilisation des ressources, accélèrent la dégradation de l’écosystème. La complexité des mangroves nécessite une gestion participative. Un accent particulier doit être mis sur les activités anthropiques et leur évolution en relation avec la croissance démographique. La formation, l’éducation des populations et la vulgarisation des connaissances sur le rôle de cet écosystème dans la production des pêcheries côtières sont des priorités pour impliquer les communautés voisines dans la conservation des mangroves.

La plupart des études portant sur les mangroves se sont limitées essentiellement à leurs aspects physiques et techniques. Les besoins sociaux des communautés directement ou indirectement tributaires des forêts de mangrove proches de leurs villages devraient être dûment pris en considération dans la planification de la zone côtière. Vu l’état actuel de maintien en général de la bonne santé des mangroves à part quelques parties qui nécessitent une réhabilitation, et les projections futures de l’état de santé des mangroves si des mesures adéquates et urgentes ne sont pas faites rapidement, les actions suivants doivent être pris en compte dans la politique de gestion et d’adaptation face aux éventuels risques liés aux changements climatiques :

I. Mise en place d’un plan de gestion et renforcement des capacités de gestion durable des ressources

- Elaboration d’un plan simple de gestion de la mangrove approuvé par les

différentes parties - Mise en place et/ou renforcement des comités féminins inter villageoises de

gestion des mangroves - Formation et validation des techniques de régénération artificielles de la mangrove

à Rhizophora spp. - Réalisation d’un plan de restauration de la mangrove dans les zones les plus

touchées de Nioumachoi Est et devant le village de Bimbini - Adoption des rôles et responsabilité des partenaires dans la gestion des

mangroves

II. Régénération des zones de mangroves dégradées

- Plantation de 20 000 propagules de Rhizophora dans la zone Est de Nioumachoi et de 30 000 propagules devant le village de Bimbini en parfaite collaboration avec les comités féminines villageois

- Encadrement des pépiniéristes locaux dans chaque zone pour aider les femmes dans leur politique de régénération des mangroves

- Conception d’un guide technique de production et de plantation des mangroves

III. Sensibilisation, éducation et information des populations locales aux règles d’accès et de prélèvement des mangroves

Page 87: Evaluation des récifs coralliens et des mangroves...et des forêts de mangroves ralentit la montée des eaux et la force des vagues de 75%. Or les Comores sont entourées des récifs

87

- Mettre en place au niveau de chaque association des femmes une base documentaire sur les mangroves

- Elaborer et mettre en œuvre un programme d’éducation relative à l’environnement au niveau des écoles du parc marin de Mohéli et de la zone de Bimbini

- Mise en place de pépinières scolaires en partenariat avec les directions scolaires des zones du PMM et de Bimbini

- Confection d’une série d’outils pédagogiques spécifiques à la mangrove inspirée sur le style des révus « Mwana Wa Nyamba » du Parc marin de Mohéli.