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Enjeux et stratégies liés à la baladodiffusion et aux usages
nomades pour la compréhension de l’oral
Pratique de l’oral en Langues Vivantes : le rôle des TICE 24 - 25 novembre 2009
André Tricot et Stéphanie RousselUniversité Toulouse 2 - Université Bordeaux 4
Introduction
Les avantages supposés de la baladodiffusion : augmentation du temps d’exposition à la langue cible, possibilité d’enregistrer des productions orales individuelles, pédagogie différenciée
On s’aperçoit, comme avec tous les outils TICE, que la baladodiffusion maintient le fossé entre les élèves selon leur niveau initial
Pour utiliser efficacement la baladodiffusion à des fins d’apprentissage, le concept incontournable est celui de « stratégies »
L’intérêt est d’abord méthodologique : analyse des stratégies, de la compréhension et les liens entre les deux
Problématique
Stratégies/ Autorégulation très étudiée en lecture. Oral ?
Observation et analyse du comportement des apprenants pendant la tâche d’écoute.
Quels sont les facteurs qui influencent la réécoute et la compréhension? (niveau initial, type de document sonore, stratégies, difficultés linguistiques) Quels sont les liens entre ces facteurs ?
L’autorégulation améliore-t-elle la compréhension pour tous les apprenants ?
Quelles sont les implications pédagogiques de cette étude ?
Cadre Théorique
- Stratégies d’écoute Comportement délibéré adopté dans un but précis (Rost, 1990) pour
surmonter une difficulté linguistique ou mémorielle
Nous nous situons en premier lieu dans l’observation de comportements effectifs et non dans une analyse de l’activité déclarée
Contexte Les meilleurs auditeurs seraient aussi les meilleurs régulateurs de l'écoute,
parce qu’ils utiliseraient « plus de stratégies métacognitives » (Vandergrift, 2003)
Contrairement à la situation en L1, en L2, l’automatisation des processus de bas niveau est insuffisante => saturation de la mémoire de travail => déficit de la compréhension en L2 (Gaonac’h, 2003 ; Paradis, 2004)
Les processus de compréhension
Bas niveau par exemple : reconnaissance des mots, analyse
syntaxique Haut niveau
par exemple : les inférences
Lorsque ces processus de bas niveau sont automatiques, le sujet dispose de davantage de ressources pour des processus de haut niveau
Et réciproquement !
Les difficultés de compréhension(Goh, 2000) Phase de perception (segmenter et reconnaître les phonèmes)
les apprenants disent ne pas reconnaître les mots, négliger ce qui suit à cause de la rapidité du débit, ne pas arriver à découper le flux continu de la parole, manquer le début du discours et avoir des problèmes de concentration.
Phase d'analyse syntaxique (segmentation des mots et construction du sens) les apprenants disent oublier rapidement ce qu'ils viennent d'entendre,
être incapables de former une représentation mentale des mots entendus et ne pas comprendre d'importantes parties du discours à cause de ce qu'ils ont manqué juste avant.
Phase d’utilisation (interpréter le sens) les apprenants affirment comprendre le mot mais pas le message et faire
des confusions à cause des incohérences qui leur semblent présentes dans le discours.
Les stratégies d’écoute
L'auditeur utiliserait des stratégies pour atteindre le but qu'il poursuit en écoutant un discours particulier (Rost, 1990)
pour établir la cohérence locale ou globale d'un texte qu'il souhaite comprendre, pour expliquer des actions, des événements ou des
phénomènes du discours entendu. établir des liens de cause à effet, élucider les anaphores, éclaircir le thème éclaircir les rôles des différents acteurs dont il est
question
Deux niveaux de stratégies
Les stratégies cognitives manipulation directe ou une transformation du support
d'apprentissage ; pour stocker et rappeler les nouvelles informations (ex.
inférer le sens de mots difficiles à partir du contexte) des activités mentales de manipulation du langage pour
accomplir une tâche (Vandergrift, 2003)
Les stratégies métacognitives prise de conscience et contrôle par l’apprenant de son
propre processus d'apprentissage
Stratégies cognitives
L'inférence & l'élaborationLa prédictionLa contextualisationLa traductionFixation VisualisationReconstruction
Stratégies métacognitives
La préparation avant l'écouteL'attention sélectiveL'attention dirigéeL’autocontrôle de la compréhensionL'évaluation en temps réelL'évaluation de la compréhension a
posteriori
Stratégies et apprentissages
Il est généralement admis que : Les stratégies s’apprennent Elles s’enseignent Elles sont efficaces Elles interagissent très fortement avec les
autres connaissances
Hypothèse générale
Connaissances antérieures en L2
Stratégies d’écoute efficaces
Bonne compréhension
auditive
Conditions d’écoute (Exp. 1, 2, 3)& Caractéristiques linguistiques (Exp. 4, 5 )
facilitent
facilitent
permettent ou non
facilitent
Événement 1 : l’individu écoute un texte de 251’ du début jusqu’à la fin E1 = {0 ; 251 ; 251}
Événement 2 : l’individu revient au début et écoute 6’ du texte E2 = {0 ; 6 ; 6}
Événement 3 : l’individu fait une pause de 17’ E3 = {6 ; 6 ; 17}
Événement 4 : l’individu revient au début et fait une pause de 1’ E4 = {6 ; 0 ; 1}
Traitement des données vidéo
Expérimentations 1, 2, 3: méthode 30 apprenants A2-B2 (CECR). Rappel en français du contenu du document sonore
« dites tout ce que vous avez compris de ce texte » / analyse propositionnelle / analyse des vidéos par repérage des time codes
Document 1 / 121 propositions / 681 mots
Document 2 / 91 propositions / 481 mots
Document 363 propositions / 445
mots
Groupe A Imposée 1 fois Autorégulée Imposée 2 fois
Groupe B Imposée 2 fois Imposée 1 fois Autorégulée
Groupe C Autorégulée Imposée 2 fois Imposée 1 fois
Groupe 1 Écoute deux fois
Groupe 2 Écoute en écoute autorégulée
Tous les participants écoutent le même texte en écoute autorégulée
Le niveau initial est contrôlé :
A Bon niveau
B Niveau intermédiaire
C Niveau faible
Résultats Expérimentations 1, 2, 3
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1
Groupe AGroupe BGroupe C
1 fois 2 fois autorégulée0
5
10
15
20
25
2 fois autorégulée
0
10
20
30
40
50
60
Groupe A Groupe B Groupe C
Type 2: (m=27% ; E=16)
0
50
100
150
200
250
300
0 200 400 600 800 1000
Typologies des stratégies d’écoute pour les trois expérimentations :
0
50
100
150
200
250
300
0 200 400 600 800 1000 1200
Type 3: (m=25% ; E=16)
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
200
0 50 100 150 200 250 300 350 400
Type 4: (m=18% ; E=22)
0
20
40
60
80
100
120
140
0 100 200 300 400 500 600
Type 1: (m=33% ; E=22)
Expérimentation 4 : Hypothèse
Connaissances antérieures en L2
Stratégies d’écoute
Compréhension auditive
Difficultés linguistiquesStatut des mots composés
Méthode
- Analyse des données : fichiers vidéo de l’écoute des apprenants / analyse par repérages des time codes
- Participants :: 40 40 apprenants A2-B2
- Matériel :o 1er discours : les mots composés ont un statut non saillantHypothèse : les apprenants mettront en œuvre des stratégies de type 1
o 2ième discours : les mots composés ont un statut saillantHypothèse : les apprenants mettront en œuvre des stratégies de type 2
o Carnet Évaluation de la compréhension et la mémorisation (littérale) Rappel en français du contenu du document sonore questions ciblées sur les mots cibles, analyse du modèle de situation, reconnaissance.
- Protocole expérimental : écoute les deux discours en écoute autorégulée
Résultats
0
5
10
15
20
25
30
mots non-saillants
mots saillants
Rappel Modèle de situation
Mots cibles Questions Reconnaissance
Analyse a posteriori
Hypothèses précédentes non-vérifiées MAIS
Stratégies ont bien une influence sur la compréhension (sous-type de stratégies à déterminer grâce aux nombres d’événements)
D1 : Plus il y a d’événements : moins le rappel est bon (r = -0,36), moins le modèle de situation est bon (r = -0,21)
D2 : plus il y a d’événements, plus le rappel est bon (r = 0,28), pas de corrélation avec le modèle de situation (r = 0,06)
Prise en compte de la durée des documents sonores
Exemples de parcours d’écoute
D1: Jean stratégie minutieuse, s’arrête sur les mots cibles, Marion stratégie adaptée ne s’arrête pas, très bon score en compréhension
D2: Justine stratégie adaptée, s’arrête sur les mots cibles, Aurélien inadaptée ne s’arrête pas, score faible en compréhension
Conclusion partielle
Autorégulation permet d’améliorer la compréhension, mais le niveau initial garde un rôle fort (Expérimentation 1, 2, 3)
4 grands types de stratégies:
o Type 1 : planification efficace de la tâche d’écoute (niveau initial élevé)
o Type 2 : réécoute dans la globalité après une écoute analytique
o Type 3 : très bons ou très faibles, pas de mouvement d’autorégulation
o Type 4 : très analytique mais correspond manifestement à une absence de planification, signe de saturation de la mémoire de travail
Statut de difficultés lexicales en L2 Saturation de la mémoire de travail/ nécessité d’une stratégie adaptée (Expérimentation 4)
Structure, nature et longueur du discours jouent un rôle dans l’utilisation des stratégies (pauses ou retour en arrière peuvent témoigner d’une reconnaissance de la structure) (d’où une 5ième manipulation)
Expérimentation 5 : Hypothèse
Connaissances antérieures en L2
Stratégies d’écoute
Compréhension auditive
Position finale du verbe dansles subordonnées
Méthode et résultat
Matériel: - 2 documents sonores sens et lexique identique/ T1: aucune subordonnée structure
parataxique/ T2: subordonnées: structures hypotaxique T1: Das Bundesverfassungsgericht schützt die Verfassung. Es steht über allen Gerichten. Es
entscheidet in manchen Fragen. Diese betreffen das Grundgesetz oder die Kompatibilität von Gesetzen mit den Grundrechten.
T2: Das Bundesverfassungsgericht, das über allen Gerichten steht, schützt die Verfassung. Es entscheidet in manchen Fragen, die das Grundgesetz oder die Kompatibilität von Gesetzen mit den Grundrechten betreffen.
Participants: 68 participants A2-B2 Protocole expérimental : écoute les deux discours en écoute autorégulée Analyse des données : fichiers vidéo de l’écoute des apprenants / analyse par
repérages des time codes 1iers Résultats: aucun effet de la position finale du groupe sur la compréhension
mais les apprenants repèrent la structure du texte nombreuses pause en fin d’unité de sens.
Ici, selon le modèle de Goh, l’autorégulation porterait plus sur la phase perceptive (phono et prosodie) que sur les phases d’analyse syntaxique et d’utilisation (sémantique et pragmatique)
Portée et limites de ce travail
Une méthodologie d’analyse de l’activité d’écoute et de ses effets sur la compréhension
MAIS
Même groupe d’apprenants et même enseignant / Stratégie de type 1 identique à la pratique d’enseignement
Evaluation discutable de la compréhension (analyse propositionnelle)
Choix des documents sonores, contrôle des difficultés linguistiques, structures et longueurs des documents
Protocole expérimental ne permet pas véritablement de déterminer la cause de chaque mouvement d’autorégulation
Ouverture scientifiquel Etude de l’impact d’autres faits de langue sur l’activité d’écoute :
l Intonation, Mots composés (adj, verbes…), Syntaxe
l Étude de l’influence de l’autorégulation et du guidage sur la progression en compréhension de l’oral complétée par le questionnaire métacognitif (Vandergrif, 2006)
l Étude de l’influence de l’élaboration préalable d’hypothèses sur la compréhension de l’oral
l Parvenir à distinguer ce qui relève de la stratégie dans l’activité d’écoute d’une régulation non délibérée ou automatisée
l Ouverture didactiquel Nécessité d’enseigner l’écoute et d’aider les apprenants à réduire le coût
cognitif lié à l’autorégulation
l Enseignement de la méthodologie d’écoute permet d’acquérir des compétences transversales
Merci pour votre attention !
[email protected]@toulouse.iufm.fr