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JOURNALISTE Imprévus, horaires irréguliers, nécessité d’être à la pointe de l’in- formation, stress des échéances de rédaction: journaliste, un mé- tier de rêve, vraiment? Trouver sa place dans ce milieu se mérite et nécessite de nombreuses qualités: disponibilité, curiosité, esprit de synthèse, sens de la communica- tion et facilité de contact, pour n’en citer que quelques-unes. La pratique du métier et les condi- tions de travail varient selon l’employeur ou le média: agence, presse écrite (quotidien, revue, hebdomadaire), télévision et radio (émissions, journaux d’informa- tion, etc.) ou encore information en ligne sur Internet. Le sujet (politique, culturel, économique, de société, régional, international, etc.) et le genre choisi (reportage sur le terrain, enquête de fond, information en direct) déterminent également le quotidien et les acti- vités des professionnels. Les privi- lèges des journalistes sont cepen- dant toujours les mêmes: se trouver au cœur de l’information, rencontrer les personnes qui font ou feront l’actualité et multiplier les découvertes passionnantes.

En images Points de vue Formation, perfectionnement · polars ou des articles liés à l’industrie du ci-néma. Les journées du journaliste commencent gé-néralement par une revue

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nécessite de nombreuses qualités :

disponibilité, curiosité, esprit de

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n’en citer que quelques-unes.

La pratique du métier et les condi-

tions de travail varient selon

l’employeur ou le média : agence,

presse écrite (quotidien, revue,

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en ligne sur Internet. Le sujet

(politique, culturel, économique,

de société, régional, international,

etc.) et le genre choisi (reportage

sur le terrain, enquête de fond,

information en direct) déterminent

également le quotidien et les acti-

vités des professionnels. Les privi-

lèges des journalistes sont cepen-

dant toujours les mêmes : se

trouver au cœur de l’information,

rencontrer les personnes qui font

ou feront l’actualité et multiplier

les découvertes passionnantes.

Formation de baseLe titre de journaliste n’est pas protégé et il existe plusieurs voies permettant d’accéder à la pratique du métier. La formation peut notamment s’acquérir par des études dans une haute école universitaire ou spécialisée (bachelor ou master) ou en cours d’emploi dans une école privée. En Suisse romande, environ 75 % des jeunes journalistes débutent leur parcours professionnel en emploi et suivent la formation du Centre de formation au journalisme et aux médias (CFJM). Plus de six journalistes sur dix qui commencent cette formation ont un titre universitaire.

Formation en cours d’emploi

En Suisse romande :• Centre de formation au journalisme et aux médias

(CFJM), certificat de fin de stage et possibilité de s’inscrire au Registre professionnel suisse des journalistes (la formation consiste en deux ans de stage pratique et 9 semaines de cours au CFJM).

En Suisse alémanique et au Tessin : • Plusieurs formations de durée variable à Zurich,

Lucerne, Zofingue, Coire et Lugano.

Formation en haute école universitaire ou spécialisée• Université de Neuchâtel, Master of Arts

en journalisme et communication, orientation journalisme (2 ans). Complété par une année de pratique journalistique (à 50 % minimum), ce master professionnalisant permet l’inscription au registre professionnel (RP).

• Université de Genève, Master of Arts en journalisme et communication, orientation information, communication et médias (2 ans) (comprend un tronc commun avec le Master of Arts de Neuchâtel).

• Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), Winterthour, bachelor en journalisme/communication organisationnelle (3 ans).

Formation continue• Ateliers et séminaires organisés par le CFJM

sur des sujets variés.

• Divers cours organisés par les hautes écoles.

En savoir pluswww.cfjm.ch, Centre de formation au journalisme et aux médias

www.impressum.ch, Association professionnelle des journalistes de Suisse et du Liechtenstein

www.mediassuisses.ch, Association des médias privés romands

www.ssm-site.ch/fr/nouvelles, Syndicat suisse des mass media

www.orientation.ch, portail suisse de l’orientation professionnelle, universitaire et de carrière. Adresses des offices, descriptifs de professions et de formations, offres de perfectionnement, bourse des places d’apprentissage.

Des échanges fructueuxLes séances de rédaction permettent d’organiser la journée : propositions et choix des sujets, échanges d’information, répartition des tâches, etc.

Toujours en contactQue ce soit pour obtenir des renseignements, fixer des rendez-vous ou interviewer une personnalité, le temps passé au téléphone ne se compte pas…

Maîtriser les « TIC »Polyvalents, les journalistes sont amenés à travailler avec les différentes technologies de l’information et de la communication.

Organiser les informationsLe «chemin de fer » offre une vue d’ensemble du journal et indique l’état d’avancement de chaque article.

Se tenir au courantMalgré un agenda chargé et de fréquents imprévus, la lecture de la presse du jour est un rituel incontournable.

Finaliser l’articlePour illustrer leur sujet, les journalistes discutent du choix des images avec le service iconographique ou directement avec un photographe.

A l’antenneDonner un maximum d’information avec le moins de mots possible. Une préparation minutieuse aide à gérer le stress du direct.

En interaction avec le publicL’information en ligne permet un retour direct et immédiat des lecteurs, via les commentaires publiés ou le partage d’articles sur les réseaux sociaux.

SWiSSDoC 0.811.1.0

A l’issue d’une formation passionnante en biologie, Pascaline Minet ne se retrouve cependant pas dans les débouchés qui s’y rapportent. Attirée par le journalisme, elle se forme à Paris et décroche un poste de journaliste scientifique pour une émission radiophonique quotidienne à Lausanne. Après trois années consacrées à la radio, Pascaline Minet souhaite se tourner vers la presse écrite. Sans poste en vue, elle se lance alors en indépendante et obtient des mandats auprès d’anciens employeurs. « Heureusement, j’avais un bon carnet d’adresses, car cela peut prendre un temps considérable. » La journaliste compose avec un mandat de 40 % pour la presse écrite quotidienne, des sollicitations régulières pour des chroniques à la radio ainsi qu’une collaboration à un magazine scientifique. « Les délais ne sont pas les mêmes pour ces différents médias, je ne planifie mon emploi du temps que deux semaines à l’avance. Une organisation sans faille est indispensable ! »

Journaliste indépendante

Pascaline Minet s’imagine parfois travailler à nouveau en tant que salariée : «Une occasion s’est présentée dernièrement, mais le taux de travail ne me convenait pas. Pour l’instant, j’apprécie trop la grande liberté que j’ai… » Le travail en indépendant a cependant ses limites : «Si je refuse trop souvent des mandats, je risque de ne plus recevoir de proposition. Autre inconvénient : on ne se sent parfois pas suffisamment impliqué dans le développement du média en question. »

Après des études en sciences poli-tiques, Cédric Jordan est arrivé presque par hasard dans la profession. Une postulation réussie pour une place de stage RP à Rhône FM lui fait découvrir le métier de journaliste radio, pour lequel il se passionne très vite. Avec une dizaine de collègues journalistes, il alterne les semaines à l’antenne et sur le terrain. Sur le terrain, la difficulté consiste à cerner le sujet avec une extrême concision et sans support visuel : «Le format radio ne permet pas d’aller dans le détail. Je dois donner un maximum d’information avec le moins de mots possible. »

Du reportage sur le terrain au direct à l’antenne

Cédric Jordan traite exclusivement de l’actualité locale, à travers de nombreuses interviews : des informations brutes, destinées à être utilisées dans l’immédiat. Au bureau, il découpe ses interviews en plusieurs segments. Ceux-ci, répartis dans les différents flashs de la journée, permettent d’aborder le sujet sous des angles variés. A l’antenne, le journaliste travaille de 6h à 11h ou de 11h à 19h. Afin d’être prêt pour le premier flash d’information à 6h, il débute vers 4h. Ensuite, tout au long de la journée, il présente et diffuse les interviews réalisés par ses collègues sur le terrain. S’il n’aime pas spécialement entendre sa propre voix, Cédric Jordan s’est rapidement fait à l’exercice de l’oral : «Avant de me lancer dans le journalisme, j’ai pratiqué le théâtre amateur et intégré quelques notions de pose de la voix, qui me sont très utiles pour la radio. »

Un cursus en Lettres (en informatique, français et sciences sociales), deux années comme pigiste, et Fanny Giroud obtient finalement une place de stage RP à l’édition online de 24 heures. Sa mission ? Traquer et traiter l’information efficacement afin de la mettre en ligne le plus rapidement possible, sur le site de 24 heures mais aussi sur des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. La mise à jour du site se fait de 6h à minuit, 7 jours sur 7, d’où des horaires irréguliers et un tournus avec ses collègues pour les week-ends. « Pour gérer l’information online, il faut être très réactif, passionné par l’informatique et par Internet. Je suis un peu une < geek >, toujours connectée et à l’affût des dernières actualités ! Je consulte régulièrement les agences de presse, les sites des transports publics, de la concurrence, etc. »

Au cœur de l’actu : réactivité et vivacité d’esprit

En informant « à la minute », Fanny Giroud a la responsabilité d’évaluer la pertinence d’une information et l’intérêt qu’elle peut avoir pour les lecteurs. Elle n’a pas droit à l’erreur. « Pour le web, il y a en général une seule relecture. Il faut donc une excellente culture générale de base et une bonne connaissance de la région. Parfois, je n’ai que quelques minutes pour rédiger un titre, un chapeau et diffuser l’information. » La journaliste pourra ensuite étoffer l’article, que ce soit par du texte, des images, des vidéos ou encore des liens vers d’autres articles traitant de sujets similaires.

Cédric Jordan, 36 ans, rédacteur en chef adjoint pour une radio locale

Fanny Giroud, 30 ans, journaliste web

Pascaline Minet, 32 ans, journaliste scientifique libre

© 1re édition 2013, CSFO, Berne

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Qualité

s re

quis

esSes études en Lettres terminées

et un master de journalisme en poche, Valère Gogniat obtient une place de stage à la rubrique Economie et finance du quotidien Le Temps. A la fin de son stage, le jeune journaliste est engagé et, depuis, il jongle avec les chiffres comme avec les lettres.

Après un cursus littéraire, Valère Gogniat ne s’imaginait pas dans le domaine économique. Il s’y est cependant immergé petit à petit et ne regrette pas la direction prise. « Ce qui est in-téressant, c’est que tout sujet peut être abordé sous l’angle économique, de la faillite d’une compagnie aérienne à la programmation d’un festival de films en passant par le prototype d’une nouvelle voiture. Le journalisme offre une diversité incroyable : c’est un métier trépi-dant où l’on apprend tous les jours… »

Des contacts riches et variésUne semaine sur deux, Valère Gogniat s’oc-cupe également de la page Economie et fi-nance du site Internet du Temps. Il garde en outre un pied dans la culture en rédigeant ré-gulièrement des chroniques consacrées aux polars ou des articles liés à l’industrie du ci-néma.Les journées du journaliste commencent gé-néralement par une revue de presse et notam-ment par la lecture des journaux anglo-saxons. A 9h30, une première séance de rédaction fait le point sur le journal du lende-main, dont la structure générale doit déjà être définie vers midi. Sauf imprévus liés à l’actua-lité, l’après-midi est consacré à la recherche des interlocuteurs, aux rendez-vous et à la construction de l’article, étape par étape. Quotidiennement, Valère Gogniat se plonge dans de nouvelles problématiques, rencon-trant un jour un multimilliardaire patron d’en-treprise et le lendemain un employé de l’in-dustrie microtechnique : « Je passe parfois mes journées à appeler ou rencontrer des

gens que je ne connais pas… Il ne faut pas avoir peur de se confronter à l’inconnu. »

Un travail consciencieuxQu’il s’agisse d’une étude sur la crise immobi-lière en Suisse ou d’un procès pour blanchi-ment d’argent, le journaliste cherche à mettre en évidence les causes et les conséquences des événements, à les inscrire dans une perspec-tive. « Je suis attentif à conserver une vision d’ensemble de l’actualité. Un autre aspect es-sentiel du métier est de séparer rigoureuse-ment le fait du commentaire, en particulier pour la rubrique économique. » La vérification des informations est primordiale : « Je dois re-monter aux sources primaires et m’assurer d’en avoir au moins deux différentes. Je veille égale-ment à donner systématiquement la parole à toutes les parties, dans un souci d’objectivité. »

Le dernier délai pour l’édition du lendemain est fixé à 22 heures, mais, si tout se passe bien, vers 19 heures l’article est terminé. Il aura été relu par le chef de rubrique, le secré-taire de rédaction et le service correction. « Les sujets sensibles sont parfois aussi revus par la rédaction en chef. Nous avons une cer-taine pression : énormément de gens jugent le travail journalistique, nous le constatons par les nombreuses réactions des lecteurs. »Baigné dans le journalisme et l’information depuis l’enfance, Valère Gogniat adore écrire. Malgré la rigueur propre à la rubrique écono-mique, il arrive à jouer avec les mots, à racon-ter des histoires, présentant par exemple comme une partie de poker une nuit de négo-ciation autour de la fusion de deux entre-prises internationales. « Pour faire ce métier, il faut aimer les mots, aimer la langue… »

Une diversité qui reflète l’actualité

Valère Gogniat, 27 ans

Journaliste pour la presse écrite

Journaliste-reporter d’images à la RTS, Elsa Anghinolfi effectue quotidiennement des reportages sur le terrain, caméra au poing, pour réaliser de brefs sujets sur l’actualité régionale.

« Les découvertes que j’ai faites grâce à l’écoute d’émissions radiophoniques m’ont donné envie de faire du journalisme. » Sa for-mation en relations internationales terminée et enrichie par des collaborations régulières avec divers journaux, Elsa Anghinolfi cherche une place de stagiaire RP tout en effectuant de nombreux stages dans le domaine : « Accomplir des expériences dès que possible, c’est essentiel pour se créer un réseau et faire ses preuves. » Elle s’inscrit également à l’Aca-démie du journalisme et des médias à Neuchâtel et, au cours de la première année, décroche un stage RP à la RTS. La formation qu’elle y suit, complétée par dix semaines de cours au CFJM, la prépare au métier de jour-naliste-reporter d’images et lui permet de dé-couvrir différents domaines du journalisme : information régionale, nationale et interna-tionale, culture, magazine, etc. Un mois et demi est consacré à l’utilisation de la caméra et à la prise de vue. Son certificat en poche, Elsa Anghinolfi est engagée au bureau régional de Fribourg, qui comprend six journalistes, deux cameramen et deux monteurs. « En région, mis à part l’in-ternational, on touche à des domaines très variés : sport, politique, actualités locales, etc. »

Un rythme soutenu« Pleines d’imprévus, mes journées ne se res-semblent pas : un jour je vais suivre une pièce de théâtre, le lendemain j’effectue un vol en montgolfière et je pars ensuite rencontrer un politicien. » La journaliste commence invaria-blement sa journée par la lecture de la presse quotidienne, suivie d’un briefing par télé-phone avec Genève pour prévoir et répartir

les tâches. Elsa Anghinolfi prépare ensuite son tournage : « Je détermine ce que je vais fil-mer, qui je vais interviewer, quelles questions je vais poser, de combien de temps je dispose avec chaque personne, etc. Je dois être extrê-mement ponctuelle : il y a deux échéances par jour, midi et soir, et mon reportage doit être terminé à temps. »

Maîtriser la technique Une fois sur le lieu du tournage, la journaliste détermine le cadrage, prépare et met à l’aise la personne à interviewer, installe le micro pour le son et, si nécessaire, la lumière. « Je mets en pratique les techniques apprises pen-dant le stage : construire l’image, couper les plans au bon moment, etc. » C’est aussi avec l’expérience du terrain qu’Elsa Anghinolfi s’est formée, en rencontrant des difficultés spécifiques à une situation ou un lieu particu-lier : « Chaque tournage est différent, il y a ré-gulièrement des solutions à trouver : comment gérer l’exposition à la lumière, la profondeur de champ, etc. Je suis souvent en train de me baisser, de me déplacer, c’est vite fatiguant car le matériel est lourd et peu ergonomique. Je fais attention à ménager mon dos… » De retour au bureau, la journaliste sélec-tionne les extraits qu’elle souhaite conserver, rédige le commentaire et enregistre la voix. Sur cette base, le monteur choisit les images, nettoie le son et ajoute éventuellement de la musique ou des effets de cadrage. Lorsque le montage est terminé, Elsa Anghinolfi le vi-sionne et le fait valider par un collègue avant de l’envoyer à Genève pour la diffusion.

Des journées organisées à la minute près

Elsa Anghinolfi, 28 ans Journaliste-reporter d’images à la RTS

Impressum, l’association professionnelle des journalistes de Suisse et du Liechtenstein, compte actuellement plus de 5500 membres. Une enquête réalisée par l’Université de Genève en 2010 révèle quant à elle que le nombre de journalistes en Suisse oscille entre 7500 (nombre de journalistes détenteurs d’une carte de presse) et 10 600 (nombre de journalistes rédacteurs ayant souscrit à la Déclaration des droits et devoirs du/de la journaliste). Ces chiffres sont cependant en baisse depuis quelques années, notamment en raison de la crise qui touche la presse écrite.

Des débouchés variésLes journalistes RP sont actifs principalement dans la presse écrite et/ou online, pour des quotidiens, des magazines ou des hebdoma-daires. Ils ont un profil de généraliste couv-rant l’information locale et régionale, ou de spécialiste dans un domaine particulier (culture, politique, économie, société, sport, international, etc.). Environ un tiers des jour-nalistes ayant terminé leur stage RP sont em-ployés à la radio ou à la télévision, comme journalistes ou recherchistes. Une minorité est engagée par des agences de presse.Au sein d’un média, en fonction de leurs com-pétences et de leur expérience profession-nelle, les journalistes peuvent accéder à diffé-rentes fonctions : correspondant-e (dans une région ou à l’étranger), chef-fe de rubrique (encadre une équipe de spécialistes), secré-taire de rédaction (assure la mise en page des articles, les relis et les corrige) ou encore ré-dacteur-trice en chef (responsable de la ligne du média).

Le développement de l’information en ligne et ses conséquencesLa presse écrite fait face à beaucoup d’incerti-tude, actuellement. Mise à l’épreuve par la concurrence (souvent gratuite) des blogs, des forums, des réseaux sociaux et des différentes formes d’information en ligne, elle subit une

réduction du nombre de postes de travail. De nombreux journalistes qui peinent à trouver un emploi sont contraints de travailler en tant que journalistes libres. Les professionnels sont également amenés à redéfinir leur rôle et à se distinguer de ces multiples sources d’information. Cela passe par la sélection, la vérification et la hiérarchisation des faits, par des investigations approfondies débouchant sur des reportages très complets ou encore par le développement de l’information online. La plupart des médias créent ainsi une « marque » déclinée sur divers supports (pa-pier, ordinateur, tablette, smartphone, etc.) avec un contenu et une mise en forme adap-tés. L’information est mise en scène, incluant la dimension multimédia (cartes, vidéos, pho-tographies, diaporamas, liens, infographies, etc.).

L’avènement d’Internet a amené des change-ments au niveau de la pratique du métier : d’une part, les journalistes enquêtent de plus en plus depuis leur place de travail, avec un accès facilité aux sources via Internet ; d’autre part, on assiste au développement d’une nou-velle forme de journalisme de terrain : des cor-respondants informent à la seconde près sur les sites online des journaux (« live ticker ») ou sur les réseaux sociaux, par exemple pour les événements sportifs, les débats parlemen-taires ou les faits divers. Grégoire Nappey, ré-dacteur en chef du Newsnet chez Tamedia, re-lève ainsi : « A l’avenir, des postes de journalistes pourraient être consacrés uniquement à l’in-vestigation et à la recherche ou au contraire à l’information en temps réel, minute par minute. Le journalisme de terrain n’est pas en perte de vitesse, bien au contraire ! »

Un marché du travail en pleine mutation Le métier de journaliste vous intéresse ?

Quelques repères pour faire le point.

Curiosité et ouverture d’esprit vous caractérisent-elles ?Un intérêt marqué pour l’actualité, régionale ou internationale, ainsi qu’une très bonne culture générale sont indispensables.

Avez-vous d’excellentes capacités rédactionnelles et un bon esprit de synthèse ?Que ce soit dans la presse écrite, à la radio, à la télévision ou online, les interventions et les textes rédigés doivent être clairs, précis et concis.

Savez-vous faire preuve de rigueur et d’esprit critique ?Les journalistes hiérarchisent une quantité d’informations, évaluent leur valeur et leur pertinence et vérifient systématiquement leurs sources.

Avez-vous le sens des relations humaines ?Rencontrer des personnes de tous âges et de tous horizons, parfois réticentes à l’idée de s’exprimer devant les médias, nécessite une certaine facilité de contact, même à distance par le biais du téléphone.

Capacité d’adaptation et flexibilité font partie de vos qualités ?L’actualité ne s’arrête jamais et n’attend pas, et les imprévus sont fréquents. Les journalistes ne comptent pas leurs heures et sont soumis à des horaires irréguliers.

Etes-vous à l’aise avec les outils informatiques et les langues étrangères ?Selon le média (online, radio, etc.), la rubrique (économique, nationale, etc.) ou la fonction, différents prérequis et connaissances sont demandés.

IMPRESSUM1re édition 2013© CSFO 2013, Berne. Tous droits réservés.

Edition : Centre suisse de services Formation professionnelle I orientation professionnelle, universitaire et de carrièreCSFO Editionswww.csfo.ch, [email protected]

Direction du projet : Véronique Antille, CSFO Enquête et rédaction : Zoé Schneider, OCOSP Lausanne Relecture : Marc-Henri Jobin, CFJM ; Marianne Gattiker, Saint-Aubin-Sauges Photographies : Thierry Parel, Genève Graphisme : Viviane Wälchli, Zurich Mise en page : La Ligne, Vevey Impression : Haller + Jenzer AG, Berthoud

Diffusion et commande : CSFO Distribution, Industriestrasse 1, 3052 ZollikofenTél. 0848 999 002, Fax +41 31 320 29 38, [email protected], www.shop.csfo.ch

No d’article : FE2-3142 (1 exemplaire), FB2-3142 (paquet de 50 exemplaires)

Remerciements :Nous remercions toutes les personnes et les entreprises qui ont participé à l’élaboration de ce document. Produit avec le soutien de la Confédération (SEFRI).

Ethique et déontologie

Tous les journalistes se conforment à des principes légaux (libertés d’opinion et d’information, protection de la sphère privée, etc.) liés aux médias qui les emploient. Les journalistes inscrits au registre professionnel (RP) s’engagent également à respecter la Déclaration des devoirs et droits du/de la journa-liste. Cette dernière énonce une série de règles essentielles à observer, que ce soit par respect des sources, des personnes dont parle le ou la journa-liste, ou du public. Les devoirs des

journalistes sont principalement de rechercher la vérité, de ne publier que les informations, les documents, les images et les sons dont l’origine est connue, de ne pas supprimer des informations ou des éléments essentiels, ou encore de protéger ses sources anonymes. Les journalistes sont également tenus de respecter la vie privée des personnes et la dignité humaine, et de conserver leur indépendance par rapport aux sujets qu’ils abordent.

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esSes études en Lettres terminées

et un master de journalisme en poche, Valère Gogniat obtient une place de stage à la rubrique Economie et finance du quotidien Le Temps. A la fin de son stage, le jeune journaliste est engagé et, depuis, il jongle avec les chiffres comme avec les lettres.

Après un cursus littéraire, Valère Gogniat ne s’imaginait pas dans le domaine économique. Il s’y est cependant immergé petit à petit et ne regrette pas la direction prise. « Ce qui est in-téressant, c’est que tout sujet peut être abordé sous l’angle économique, de la faillite d’une compagnie aérienne à la programmation d’un festival de films en passant par le prototype d’une nouvelle voiture. Le journalisme offre une diversité incroyable : c’est un métier trépi-dant où l’on apprend tous les jours… »

Des contacts riches et variésUne semaine sur deux, Valère Gogniat s’oc-cupe également de la page Economie et fi-nance du site Internet du Temps. Il garde en outre un pied dans la culture en rédigeant ré-gulièrement des chroniques consacrées aux polars ou des articles liés à l’industrie du ci-néma.Les journées du journaliste commencent gé-néralement par une revue de presse et notam-ment par la lecture des journaux anglo-saxons. A 9h30, une première séance de rédaction fait le point sur le journal du lende-main, dont la structure générale doit déjà être définie vers midi. Sauf imprévus liés à l’actua-lité, l’après-midi est consacré à la recherche des interlocuteurs, aux rendez-vous et à la construction de l’article, étape par étape. Quotidiennement, Valère Gogniat se plonge dans de nouvelles problématiques, rencon-trant un jour un multimilliardaire patron d’en-treprise et le lendemain un employé de l’in-dustrie microtechnique : « Je passe parfois mes journées à appeler ou rencontrer des

gens que je ne connais pas… Il ne faut pas avoir peur de se confronter à l’inconnu. »

Un travail consciencieuxQu’il s’agisse d’une étude sur la crise immobi-lière en Suisse ou d’un procès pour blanchi-ment d’argent, le journaliste cherche à mettre en évidence les causes et les conséquences des événements, à les inscrire dans une perspec-tive. « Je suis attentif à conserver une vision d’ensemble de l’actualité. Un autre aspect es-sentiel du métier est de séparer rigoureuse-ment le fait du commentaire, en particulier pour la rubrique économique. » La vérification des informations est primordiale : « Je dois re-monter aux sources primaires et m’assurer d’en avoir au moins deux différentes. Je veille égale-ment à donner systématiquement la parole à toutes les parties, dans un souci d’objectivité. »

Le dernier délai pour l’édition du lendemain est fixé à 22 heures, mais, si tout se passe bien, vers 19 heures l’article est terminé. Il aura été relu par le chef de rubrique, le secré-taire de rédaction et le service correction. « Les sujets sensibles sont parfois aussi revus par la rédaction en chef. Nous avons une cer-taine pression : énormément de gens jugent le travail journalistique, nous le constatons par les nombreuses réactions des lecteurs. »Baigné dans le journalisme et l’information depuis l’enfance, Valère Gogniat adore écrire. Malgré la rigueur propre à la rubrique écono-mique, il arrive à jouer avec les mots, à racon-ter des histoires, présentant par exemple comme une partie de poker une nuit de négo-ciation autour de la fusion de deux entre-prises internationales. « Pour faire ce métier, il faut aimer les mots, aimer la langue… »

Une diversité qui reflète l’actualité

Valère Gogniat, 27 ans

Journaliste pour la presse écrite

Journaliste-reporter d’images à la RTS, Elsa Anghinolfi effectue quotidiennement des reportages sur le terrain, caméra au poing, pour réaliser de brefs sujets sur l’actualité régionale.

« Les découvertes que j’ai faites grâce à l’écoute d’émissions radiophoniques m’ont donné envie de faire du journalisme. » Sa for-mation en relations internationales terminée et enrichie par des collaborations régulières avec divers journaux, Elsa Anghinolfi cherche une place de stagiaire RP tout en effectuant de nombreux stages dans le domaine : « Accomplir des expériences dès que possible, c’est essentiel pour se créer un réseau et faire ses preuves. » Elle s’inscrit également à l’Aca-démie du journalisme et des médias à Neuchâtel et, au cours de la première année, décroche un stage RP à la RTS. La formation qu’elle y suit, complétée par dix semaines de cours au CFJM, la prépare au métier de jour-naliste-reporter d’images et lui permet de dé-couvrir différents domaines du journalisme : information régionale, nationale et interna-tionale, culture, magazine, etc. Un mois et demi est consacré à l’utilisation de la caméra et à la prise de vue. Son certificat en poche, Elsa Anghinolfi est engagée au bureau régional de Fribourg, qui comprend six journalistes, deux cameramen et deux monteurs. « En région, mis à part l’in-ternational, on touche à des domaines très variés : sport, politique, actualités locales, etc. »

Un rythme soutenu« Pleines d’imprévus, mes journées ne se res-semblent pas : un jour je vais suivre une pièce de théâtre, le lendemain j’effectue un vol en montgolfière et je pars ensuite rencontrer un politicien. » La journaliste commence invaria-blement sa journée par la lecture de la presse quotidienne, suivie d’un briefing par télé-phone avec Genève pour prévoir et répartir

les tâches. Elsa Anghinolfi prépare ensuite son tournage : « Je détermine ce que je vais fil-mer, qui je vais interviewer, quelles questions je vais poser, de combien de temps je dispose avec chaque personne, etc. Je dois être extrê-mement ponctuelle : il y a deux échéances par jour, midi et soir, et mon reportage doit être terminé à temps. »

Maîtriser la technique Une fois sur le lieu du tournage, la journaliste détermine le cadrage, prépare et met à l’aise la personne à interviewer, installe le micro pour le son et, si nécessaire, la lumière. « Je mets en pratique les techniques apprises pen-dant le stage : construire l’image, couper les plans au bon moment, etc. » C’est aussi avec l’expérience du terrain qu’Elsa Anghinolfi s’est formée, en rencontrant des difficultés spécifiques à une situation ou un lieu particu-lier : « Chaque tournage est différent, il y a ré-gulièrement des solutions à trouver : comment gérer l’exposition à la lumière, la profondeur de champ, etc. Je suis souvent en train de me baisser, de me déplacer, c’est vite fatiguant car le matériel est lourd et peu ergonomique. Je fais attention à ménager mon dos… » De retour au bureau, la journaliste sélec-tionne les extraits qu’elle souhaite conserver, rédige le commentaire et enregistre la voix. Sur cette base, le monteur choisit les images, nettoie le son et ajoute éventuellement de la musique ou des effets de cadrage. Lorsque le montage est terminé, Elsa Anghinolfi le vi-sionne et le fait valider par un collègue avant de l’envoyer à Genève pour la diffusion.

Des journées organisées à la minute près

Elsa Anghinolfi, 28 ans Journaliste-reporter d’images à la RTS

Impressum, l’association professionnelle des journalistes de Suisse et du Liechtenstein, compte actuellement plus de 5500 membres. Une enquête réalisée par l’Université de Genève en 2010 révèle quant à elle que le nombre de journalistes en Suisse oscille entre 7500 (nombre de journalistes détenteurs d’une carte de presse) et 10 600 (nombre de journalistes rédacteurs ayant souscrit à la Déclaration des droits et devoirs du/de la journaliste). Ces chiffres sont cependant en baisse depuis quelques années, notamment en raison de la crise qui touche la presse écrite.

Des débouchés variésLes journalistes RP sont actifs principalement dans la presse écrite et/ou online, pour des quotidiens, des magazines ou des hebdoma-daires. Ils ont un profil de généraliste couv-rant l’information locale et régionale, ou de spécialiste dans un domaine particulier (culture, politique, économie, société, sport, international, etc.). Environ un tiers des jour-nalistes ayant terminé leur stage RP sont em-ployés à la radio ou à la télévision, comme journalistes ou recherchistes. Une minorité est engagée par des agences de presse.Au sein d’un média, en fonction de leurs com-pétences et de leur expérience profession-nelle, les journalistes peuvent accéder à diffé-rentes fonctions : correspondant-e (dans une région ou à l’étranger), chef-fe de rubrique (encadre une équipe de spécialistes), secré-taire de rédaction (assure la mise en page des articles, les relis et les corrige) ou encore ré-dacteur-trice en chef (responsable de la ligne du média).

Le développement de l’information en ligne et ses conséquencesLa presse écrite fait face à beaucoup d’incerti-tude, actuellement. Mise à l’épreuve par la concurrence (souvent gratuite) des blogs, des forums, des réseaux sociaux et des différentes formes d’information en ligne, elle subit une

réduction du nombre de postes de travail. De nombreux journalistes qui peinent à trouver un emploi sont contraints de travailler en tant que journalistes libres. Les professionnels sont également amenés à redéfinir leur rôle et à se distinguer de ces multiples sources d’information. Cela passe par la sélection, la vérification et la hiérarchisation des faits, par des investigations approfondies débouchant sur des reportages très complets ou encore par le développement de l’information online. La plupart des médias créent ainsi une « marque » déclinée sur divers supports (pa-pier, ordinateur, tablette, smartphone, etc.) avec un contenu et une mise en forme adap-tés. L’information est mise en scène, incluant la dimension multimédia (cartes, vidéos, pho-tographies, diaporamas, liens, infographies, etc.).

L’avènement d’Internet a amené des change-ments au niveau de la pratique du métier : d’une part, les journalistes enquêtent de plus en plus depuis leur place de travail, avec un accès facilité aux sources via Internet ; d’autre part, on assiste au développement d’une nou-velle forme de journalisme de terrain : des cor-respondants informent à la seconde près sur les sites online des journaux (« live ticker ») ou sur les réseaux sociaux, par exemple pour les événements sportifs, les débats parlemen-taires ou les faits divers. Grégoire Nappey, ré-dacteur en chef du Newsnet chez Tamedia, re-lève ainsi : « A l’avenir, des postes de journalistes pourraient être consacrés uniquement à l’in-vestigation et à la recherche ou au contraire à l’information en temps réel, minute par minute. Le journalisme de terrain n’est pas en perte de vitesse, bien au contraire ! »

Un marché du travail en pleine mutation Le métier de journaliste vous intéresse ?

Quelques repères pour faire le point.

Curiosité et ouverture d’esprit vous caractérisent-elles ?Un intérêt marqué pour l’actualité, régionale ou internationale, ainsi qu’une très bonne culture générale sont indispensables.

Avez-vous d’excellentes capacités rédactionnelles et un bon esprit de synthèse ?Que ce soit dans la presse écrite, à la radio, à la télévision ou online, les interventions et les textes rédigés doivent être clairs, précis et concis.

Savez-vous faire preuve de rigueur et d’esprit critique ?Les journalistes hiérarchisent une quantité d’informations, évaluent leur valeur et leur pertinence et vérifient systématiquement leurs sources.

Avez-vous le sens des relations humaines ?Rencontrer des personnes de tous âges et de tous horizons, parfois réticentes à l’idée de s’exprimer devant les médias, nécessite une certaine facilité de contact, même à distance par le biais du téléphone.

Capacité d’adaptation et flexibilité font partie de vos qualités ?L’actualité ne s’arrête jamais et n’attend pas, et les imprévus sont fréquents. Les journalistes ne comptent pas leurs heures et sont soumis à des horaires irréguliers.

Etes-vous à l’aise avec les outils informatiques et les langues étrangères ?Selon le média (online, radio, etc.), la rubrique (économique, nationale, etc.) ou la fonction, différents prérequis et connaissances sont demandés.

IMPRESSUM1re édition 2013© CSFO 2013, Berne. Tous droits réservés.

Edition : Centre suisse de services Formation professionnelle I orientation professionnelle, universitaire et de carrièreCSFO Editionswww.csfo.ch, [email protected]

Direction du projet : Véronique Antille, CSFO Enquête et rédaction : Zoé Schneider, OCOSP Lausanne Relecture : Marc-Henri Jobin, CFJM ; Marianne Gattiker, Saint-Aubin-Sauges Photographies : Thierry Parel, Genève Graphisme : Viviane Wälchli, Zurich Mise en page : La Ligne, Vevey Impression : Haller + Jenzer AG, Berthoud

Diffusion et commande : CSFO Distribution, Industriestrasse 1, 3052 ZollikofenTél. 0848 999 002, Fax +41 31 320 29 38, [email protected], www.shop.csfo.ch

No d’article : FE2-3142 (1 exemplaire), FB2-3142 (paquet de 50 exemplaires)

Remerciements :Nous remercions toutes les personnes et les entreprises qui ont participé à l’élaboration de ce document. Produit avec le soutien de la Confédération (SEFRI).

Ethique et déontologie

Tous les journalistes se conforment à des principes légaux (libertés d’opinion et d’information, protection de la sphère privée, etc.) liés aux médias qui les emploient. Les journalistes inscrits au registre professionnel (RP) s’engagent également à respecter la Déclaration des devoirs et droits du/de la journa-liste. Cette dernière énonce une série de règles essentielles à observer, que ce soit par respect des sources, des personnes dont parle le ou la journa-liste, ou du public. Les devoirs des

journalistes sont principalement de rechercher la vérité, de ne publier que les informations, les documents, les images et les sons dont l’origine est connue, de ne pas supprimer des informations ou des éléments essentiels, ou encore de protéger ses sources anonymes. Les journalistes sont également tenus de respecter la vie privée des personnes et la dignité humaine, et de conserver leur indépendance par rapport aux sujets qu’ils abordent.

Journaliste_730_fr.indd 2 28.11.13 11:07

Page 4: En images Points de vue Formation, perfectionnement · polars ou des articles liés à l’industrie du ci-néma. Les journées du journaliste commencent gé-néralement par une revue

Port

rait

Port

rait

Pers

pect

ives

Qualité

s re

quis

esSes études en Lettres terminées

et un master de journalisme en poche, Valère Gogniat obtient une place de stage à la rubrique Economie et finance du quotidien Le Temps. A la fin de son stage, le jeune journaliste est engagé et, depuis, il jongle avec les chiffres comme avec les lettres.

Après un cursus littéraire, Valère Gogniat ne s’imaginait pas dans le domaine économique. Il s’y est cependant immergé petit à petit et ne regrette pas la direction prise. « Ce qui est in-téressant, c’est que tout sujet peut être abordé sous l’angle économique, de la faillite d’une compagnie aérienne à la programmation d’un festival de films en passant par le prototype d’une nouvelle voiture. Le journalisme offre une diversité incroyable : c’est un métier trépi-dant où l’on apprend tous les jours… »

Des contacts riches et variésUne semaine sur deux, Valère Gogniat s’oc-cupe également de la page Economie et fi-nance du site Internet du Temps. Il garde en outre un pied dans la culture en rédigeant ré-gulièrement des chroniques consacrées aux polars ou des articles liés à l’industrie du ci-néma.Les journées du journaliste commencent gé-néralement par une revue de presse et notam-ment par la lecture des journaux anglo-saxons. A 9h30, une première séance de rédaction fait le point sur le journal du lende-main, dont la structure générale doit déjà être définie vers midi. Sauf imprévus liés à l’actua-lité, l’après-midi est consacré à la recherche des interlocuteurs, aux rendez-vous et à la construction de l’article, étape par étape. Quotidiennement, Valère Gogniat se plonge dans de nouvelles problématiques, rencon-trant un jour un multimilliardaire patron d’en-treprise et le lendemain un employé de l’in-dustrie microtechnique : « Je passe parfois mes journées à appeler ou rencontrer des

gens que je ne connais pas… Il ne faut pas avoir peur de se confronter à l’inconnu. »

Un travail consciencieuxQu’il s’agisse d’une étude sur la crise immobi-lière en Suisse ou d’un procès pour blanchi-ment d’argent, le journaliste cherche à mettre en évidence les causes et les conséquences des événements, à les inscrire dans une perspec-tive. « Je suis attentif à conserver une vision d’ensemble de l’actualité. Un autre aspect es-sentiel du métier est de séparer rigoureuse-ment le fait du commentaire, en particulier pour la rubrique économique. » La vérification des informations est primordiale : « Je dois re-monter aux sources primaires et m’assurer d’en avoir au moins deux différentes. Je veille égale-ment à donner systématiquement la parole à toutes les parties, dans un souci d’objectivité. »

Le dernier délai pour l’édition du lendemain est fixé à 22 heures, mais, si tout se passe bien, vers 19 heures l’article est terminé. Il aura été relu par le chef de rubrique, le secré-taire de rédaction et le service correction. « Les sujets sensibles sont parfois aussi revus par la rédaction en chef. Nous avons une cer-taine pression : énormément de gens jugent le travail journalistique, nous le constatons par les nombreuses réactions des lecteurs. »Baigné dans le journalisme et l’information depuis l’enfance, Valère Gogniat adore écrire. Malgré la rigueur propre à la rubrique écono-mique, il arrive à jouer avec les mots, à racon-ter des histoires, présentant par exemple comme une partie de poker une nuit de négo-ciation autour de la fusion de deux entre-prises internationales. « Pour faire ce métier, il faut aimer les mots, aimer la langue… »

Une diversité qui reflète l’actualité

Valère Gogniat, 27 ans

Journaliste pour la presse écrite

Journaliste-reporter d’images à la RTS, Elsa Anghinolfi effectue quotidiennement des reportages sur le terrain, caméra au poing, pour réaliser de brefs sujets sur l’actualité régionale.

« Les découvertes que j’ai faites grâce à l’écoute d’émissions radiophoniques m’ont donné envie de faire du journalisme. » Sa for-mation en relations internationales terminée et enrichie par des collaborations régulières avec divers journaux, Elsa Anghinolfi cherche une place de stagiaire RP tout en effectuant de nombreux stages dans le domaine : « Accomplir des expériences dès que possible, c’est essentiel pour se créer un réseau et faire ses preuves. » Elle s’inscrit également à l’Aca-démie du journalisme et des médias à Neuchâtel et, au cours de la première année, décroche un stage RP à la RTS. La formation qu’elle y suit, complétée par dix semaines de cours au CFJM, la prépare au métier de jour-naliste-reporter d’images et lui permet de dé-couvrir différents domaines du journalisme : information régionale, nationale et interna-tionale, culture, magazine, etc. Un mois et demi est consacré à l’utilisation de la caméra et à la prise de vue. Son certificat en poche, Elsa Anghinolfi est engagée au bureau régional de Fribourg, qui comprend six journalistes, deux cameramen et deux monteurs. « En région, mis à part l’in-ternational, on touche à des domaines très variés : sport, politique, actualités locales, etc. »

Un rythme soutenu« Pleines d’imprévus, mes journées ne se res-semblent pas : un jour je vais suivre une pièce de théâtre, le lendemain j’effectue un vol en montgolfière et je pars ensuite rencontrer un politicien. » La journaliste commence invaria-blement sa journée par la lecture de la presse quotidienne, suivie d’un briefing par télé-phone avec Genève pour prévoir et répartir

les tâches. Elsa Anghinolfi prépare ensuite son tournage : « Je détermine ce que je vais fil-mer, qui je vais interviewer, quelles questions je vais poser, de combien de temps je dispose avec chaque personne, etc. Je dois être extrê-mement ponctuelle : il y a deux échéances par jour, midi et soir, et mon reportage doit être terminé à temps. »

Maîtriser la technique Une fois sur le lieu du tournage, la journaliste détermine le cadrage, prépare et met à l’aise la personne à interviewer, installe le micro pour le son et, si nécessaire, la lumière. « Je mets en pratique les techniques apprises pen-dant le stage : construire l’image, couper les plans au bon moment, etc. » C’est aussi avec l’expérience du terrain qu’Elsa Anghinolfi s’est formée, en rencontrant des difficultés spécifiques à une situation ou un lieu particu-lier : « Chaque tournage est différent, il y a ré-gulièrement des solutions à trouver : comment gérer l’exposition à la lumière, la profondeur de champ, etc. Je suis souvent en train de me baisser, de me déplacer, c’est vite fatiguant car le matériel est lourd et peu ergonomique. Je fais attention à ménager mon dos… » De retour au bureau, la journaliste sélec-tionne les extraits qu’elle souhaite conserver, rédige le commentaire et enregistre la voix. Sur cette base, le monteur choisit les images, nettoie le son et ajoute éventuellement de la musique ou des effets de cadrage. Lorsque le montage est terminé, Elsa Anghinolfi le vi-sionne et le fait valider par un collègue avant de l’envoyer à Genève pour la diffusion.

Des journées organisées à la minute près

Elsa Anghinolfi, 28 ans Journaliste-reporter d’images à la RTS

Impressum, l’association professionnelle des journalistes de Suisse et du Liechtenstein, compte actuellement plus de 5500 membres. Une enquête réalisée par l’Université de Genève en 2010 révèle quant à elle que le nombre de journalistes en Suisse oscille entre 7500 (nombre de journalistes détenteurs d’une carte de presse) et 10 600 (nombre de journalistes rédacteurs ayant souscrit à la Déclaration des droits et devoirs du/de la journaliste). Ces chiffres sont cependant en baisse depuis quelques années, notamment en raison de la crise qui touche la presse écrite.

Des débouchés variésLes journalistes RP sont actifs principalement dans la presse écrite et/ou online, pour des quotidiens, des magazines ou des hebdoma-daires. Ils ont un profil de généraliste couv-rant l’information locale et régionale, ou de spécialiste dans un domaine particulier (culture, politique, économie, société, sport, international, etc.). Environ un tiers des jour-nalistes ayant terminé leur stage RP sont em-ployés à la radio ou à la télévision, comme journalistes ou recherchistes. Une minorité est engagée par des agences de presse.Au sein d’un média, en fonction de leurs com-pétences et de leur expérience profession-nelle, les journalistes peuvent accéder à diffé-rentes fonctions : correspondant-e (dans une région ou à l’étranger), chef-fe de rubrique (encadre une équipe de spécialistes), secré-taire de rédaction (assure la mise en page des articles, les relis et les corrige) ou encore ré-dacteur-trice en chef (responsable de la ligne du média).

Le développement de l’information en ligne et ses conséquencesLa presse écrite fait face à beaucoup d’incerti-tude, actuellement. Mise à l’épreuve par la concurrence (souvent gratuite) des blogs, des forums, des réseaux sociaux et des différentes formes d’information en ligne, elle subit une

réduction du nombre de postes de travail. De nombreux journalistes qui peinent à trouver un emploi sont contraints de travailler en tant que journalistes libres. Les professionnels sont également amenés à redéfinir leur rôle et à se distinguer de ces multiples sources d’information. Cela passe par la sélection, la vérification et la hiérarchisation des faits, par des investigations approfondies débouchant sur des reportages très complets ou encore par le développement de l’information online. La plupart des médias créent ainsi une « marque » déclinée sur divers supports (pa-pier, ordinateur, tablette, smartphone, etc.) avec un contenu et une mise en forme adap-tés. L’information est mise en scène, incluant la dimension multimédia (cartes, vidéos, pho-tographies, diaporamas, liens, infographies, etc.).

L’avènement d’Internet a amené des change-ments au niveau de la pratique du métier : d’une part, les journalistes enquêtent de plus en plus depuis leur place de travail, avec un accès facilité aux sources via Internet ; d’autre part, on assiste au développement d’une nou-velle forme de journalisme de terrain : des cor-respondants informent à la seconde près sur les sites online des journaux (« live ticker ») ou sur les réseaux sociaux, par exemple pour les événements sportifs, les débats parlemen-taires ou les faits divers. Grégoire Nappey, ré-dacteur en chef du Newsnet chez Tamedia, re-lève ainsi : « A l’avenir, des postes de journalistes pourraient être consacrés uniquement à l’in-vestigation et à la recherche ou au contraire à l’information en temps réel, minute par minute. Le journalisme de terrain n’est pas en perte de vitesse, bien au contraire ! »

Un marché du travail en pleine mutation Le métier de journaliste vous intéresse ?

Quelques repères pour faire le point.

Curiosité et ouverture d’esprit vous caractérisent-elles ?Un intérêt marqué pour l’actualité, régionale ou internationale, ainsi qu’une très bonne culture générale sont indispensables.

Avez-vous d’excellentes capacités rédactionnelles et un bon esprit de synthèse ?Que ce soit dans la presse écrite, à la radio, à la télévision ou online, les interventions et les textes rédigés doivent être clairs, précis et concis.

Savez-vous faire preuve de rigueur et d’esprit critique ?Les journalistes hiérarchisent une quantité d’informations, évaluent leur valeur et leur pertinence et vérifient systématiquement leurs sources.

Avez-vous le sens des relations humaines ?Rencontrer des personnes de tous âges et de tous horizons, parfois réticentes à l’idée de s’exprimer devant les médias, nécessite une certaine facilité de contact, même à distance par le biais du téléphone.

Capacité d’adaptation et flexibilité font partie de vos qualités ?L’actualité ne s’arrête jamais et n’attend pas, et les imprévus sont fréquents. Les journalistes ne comptent pas leurs heures et sont soumis à des horaires irréguliers.

Etes-vous à l’aise avec les outils informatiques et les langues étrangères ?Selon le média (online, radio, etc.), la rubrique (économique, nationale, etc.) ou la fonction, différents prérequis et connaissances sont demandés.

IMPRESSUM1re édition 2013© CSFO 2013, Berne. Tous droits réservés.

Edition : Centre suisse de services Formation professionnelle I orientation professionnelle, universitaire et de carrièreCSFO Editionswww.csfo.ch, [email protected]

Direction du projet : Véronique Antille, CSFO Enquête et rédaction : Zoé Schneider, OCOSP Lausanne Relecture : Marc-Henri Jobin, CFJM ; Marianne Gattiker, Saint-Aubin-Sauges Photographies : Thierry Parel, Genève Graphisme : Viviane Wälchli, Zurich Mise en page : La Ligne, Vevey Impression : Haller + Jenzer AG, Berthoud

Diffusion et commande : CSFO Distribution, Industriestrasse 1, 3052 ZollikofenTél. 0848 999 002, Fax +41 31 320 29 38, [email protected], www.shop.csfo.ch

No d’article : FE2-3142 (1 exemplaire), FB2-3142 (paquet de 50 exemplaires)

Remerciements :Nous remercions toutes les personnes et les entreprises qui ont participé à l’élaboration de ce document. Produit avec le soutien de la Confédération (SEFRI).

Ethique et déontologie

Tous les journalistes se conforment à des principes légaux (libertés d’opinion et d’information, protection de la sphère privée, etc.) liés aux médias qui les emploient. Les journalistes inscrits au registre professionnel (RP) s’engagent également à respecter la Déclaration des devoirs et droits du/de la journa-liste. Cette dernière énonce une série de règles essentielles à observer, que ce soit par respect des sources, des personnes dont parle le ou la journa-liste, ou du public. Les devoirs des

journalistes sont principalement de rechercher la vérité, de ne publier que les informations, les documents, les images et les sons dont l’origine est connue, de ne pas supprimer des informations ou des éléments essentiels, ou encore de protéger ses sources anonymes. Les journalistes sont également tenus de respecter la vie privée des personnes et la dignité humaine, et de conserver leur indépendance par rapport aux sujets qu’ils abordent.

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Page 5: En images Points de vue Formation, perfectionnement · polars ou des articles liés à l’industrie du ci-néma. Les journées du journaliste commencent gé-néralement par une revue

En images

Poin

ts d

e v

ue

JournalistE

Imprévus, horaires irréguliers,

nécessité d’être à la pointe de l’in-

formation, stress des échéances

de rédaction : journaliste, un mé-

tier de rêve, vraiment ? Trouver sa

place dans ce milieu se mérite et

nécessite de nombreuses qualités :

disponibilité, curiosité, esprit de

synthèse, sens de la communica-

tion et facilité de contact, pour

n’en citer que quelques-unes.

La pratique du métier et les condi-

tions de travail varient selon

l’employeur ou le média : agence,

presse écrite (quotidien, revue,

hebdomadaire), télévision et radio

(émissions, journaux d’informa-

tion, etc.) ou encore information

en ligne sur Internet. Le sujet

(politique, culturel, économique,

de société, régional, international,

etc.) et le genre choisi (reportage

sur le terrain, enquête de fond,

information en direct) déterminent

également le quotidien et les acti-

vités des professionnels. Les privi-

lèges des journalistes sont cepen-

dant toujours les mêmes : se

trouver au cœur de l’information,

rencontrer les personnes qui font

ou feront l’actualité et multiplier

les découvertes passionnantes.

Formation de baseLe titre de journaliste n’est pas protégé et il existe plusieurs voies permettant d’accéder à la pratique du métier. La formation peut notamment s’acquérir par des études dans une haute école universitaire ou spécialisée (bachelor ou master) ou en cours d’emploi dans une école privée. En Suisse romande, environ 75 % des jeunes journalistes débutent leur parcours professionnel en emploi et suivent la formation du Centre de formation au journalisme et aux médias (CFJM). Plus de six journalistes sur dix qui commencent cette formation ont un titre universitaire.

Formation en cours d’emploi

En Suisse romande :• Centre de formation au journalisme et aux médias

(CFJM), certificat de fin de stage et possibilité de s’inscrire au Registre professionnel suisse des journalistes (la formation consiste en deux ans de stage pratique et 9 semaines de cours au CFJM).

En Suisse alémanique et au Tessin : • Plusieurs formations de durée variable à Zurich,

Lucerne, Zofingue, Coire et Lugano.

Formation en haute école universitaire ou spécialisée• Université de Neuchâtel, Master of Arts

en journalisme et communication, orientation journalisme (2 ans). Complété par une année de pratique journalistique (à 50 % minimum), ce master professionnalisant permet l’inscription au registre professionnel (RP).

• Université de Genève, Master of Arts en journalisme et communication, orientation information, communication et médias (2 ans) (comprend un tronc commun avec le Master of Arts de Neuchâtel).

• Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), Winterthour, bachelor en journalisme/communication organisationnelle (3 ans).

Formation continue• Ateliers et séminaires organisés par le CFJM

sur des sujets variés.

• Divers cours organisés par les hautes écoles.

En savoir pluswww.cfjm.ch, Centre de formation au journalisme et aux médias

www.impressum.ch, Association professionnelle des journalistes de Suisse et du Liechtenstein

www.mediassuisses.ch, Association des médias privés romands

www.ssm-site.ch/fr/nouvelles, Syndicat suisse des mass media

www.orientation.ch, portail suisse de l’orientation professionnelle, universitaire et de carrière. Adresses des offices, descriptifs de professions et de formations, offres de perfectionnement, bourse des places d’apprentissage.

Des échanges fructueuxLes séances de rédaction permettent d’organiser la journée : propositions et choix des sujets, échanges d’information, répartition des tâches, etc.

Toujours en contactQue ce soit pour obtenir des renseignements, fixer des rendez-vous ou interviewer une personnalité, le temps passé au téléphone ne se compte pas…

Maîtriser les « TIC »Polyvalents, les journalistes sont amenés à travailler avec les différentes technologies de l’information et de la communication.

Organiser les informationsLe « chemin de fer » offre une vue d’ensemble du journal et indique l’état d’avancement de chaque article.

Se tenir au courantMalgré un agenda chargé et de fréquents imprévus, la lecture de la presse du jour est un rituel incontournable.

Finaliser l’articlePour illustrer leur sujet, les journalistes discutent du choix des images avec le service iconographique ou directement avec un photographe.

A l’antenneDonner un maximum d’information avec le moins de mots possible. Une préparation minutieuse aide à gérer le stress du direct.

En interaction avec le publicL’information en ligne permet un retour direct et immédiat des lecteurs, via les commentaires publiés ou le partage d’articles sur les réseaux sociaux.

SWiSSDoC 0.811.1.0

A l’issue d’une formation passionnante en biologie, Pascaline Minet ne se retrouve cependant pas dans les débouchés qui s’y rapportent. Attirée par le journalisme, elle se forme à Paris et décroche un poste de journaliste scientifique pour une émission radiophonique quotidienne à Lausanne. Après trois années consacrées à la radio, Pascaline Minet souhaite se tourner vers la presse écrite. Sans poste en vue, elle se lance alors en indépendante et obtient des mandats auprès d’anciens employeurs. « Heureusement, j’avais un bon carnet d’adresses, car cela peut prendre un temps considérable. » La journaliste compose avec un mandat de 40 % pour la presse écrite quotidienne, des sollicitations régulières pour des chroniques à la radio ainsi qu’une collaboration à un magazine scientifique. « Les délais ne sont pas les mêmes pour ces différents médias, je ne planifie mon emploi du temps que deux semaines à l’avance. Une organisation sans faille est indispensable ! »

Journaliste indépendante

Pascaline Minet s’imagine parfois travailler à nouveau en tant que salariée : « Une occasion s’est présentée dernièrement, mais le taux de travail ne me convenait pas. Pour l’instant, j’apprécie trop la grande liberté que j’ai… » Le travail en indépendant a cependant ses limites : « Si je refuse trop souvent des mandats, je risque de ne plus recevoir de proposition. Autre inconvénient : on ne se sent parfois pas suffisamment impliqué dans le développement du média en question. »

Après des études en sciences poli-tiques, Cédric Jordan est arrivé presque par hasard dans la profession. Une postulation réussie pour une place de stage RP à Rhône FM lui fait découvrir le métier de journaliste radio, pour lequel il se passionne très vite. Avec une dizaine de collègues journalistes, il alterne les semaines à l’antenne et sur le terrain. Sur le terrain, la difficulté consiste à cerner le sujet avec une extrême concision et sans support visuel : « Le format radio ne permet pas d’aller dans le détail. Je dois donner un maximum d’information avec le moins de mots possible. »

Du reportage sur le terrain au direct à l’antenne

Cédric Jordan traite exclusivement de l’actualité locale, à travers de nombreuses interviews : des informations brutes, destinées à être utilisées dans l’immédiat. Au bureau, il découpe ses interviews en plusieurs segments. Ceux-ci, répartis dans les différents flashs de la journée, permettent d’aborder le sujet sous des angles variés. A l’antenne, le journaliste travaille de 6h à 11h ou de 11h à 19h. Afin d’être prêt pour le premier flash d’information à 6h, il débute vers 4h. Ensuite, tout au long de la journée, il présente et diffuse les interviews réalisés par ses collègues sur le terrain. S’il n’aime pas spécialement entendre sa propre voix, Cédric Jordan s’est rapidement fait à l’exercice de l’oral : « Avant de me lancer dans le journalisme, j’ai pratiqué le théâtre amateur et intégré quelques notions de pose de la voix, qui me sont très utiles pour la radio. »

Un cursus en Lettres (en informatique, français et sciences sociales), deux années comme pigiste, et Fanny Giroud obtient finalement une place de stage RP à l’édition online de 24 heures. Sa mission ? Traquer et traiter l’information efficacement afin de la mettre en ligne le plus rapidement possible, sur le site de 24 heures mais aussi sur des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. La mise à jour du site se fait de 6h à minuit, 7 jours sur 7, d’où des horaires irréguliers et un tournus avec ses collègues pour les week-ends. « Pour gérer l’information online, il faut être très réactif, passionné par l’informatique et par Internet. Je suis un peu une < geek >, toujours connectée et à l’affût des dernières actualités ! Je consulte régulièrement les agences de presse, les sites des transports publics, de la concurrence, etc. »

Au cœur de l’actu : réactivité et vivacité d’esprit

En informant « à la minute », Fanny Giroud a la responsabilité d’évaluer la pertinence d’une information et l’intérêt qu’elle peut avoir pour les lecteurs. Elle n’a pas droit à l’erreur. « Pour le web, il y a en général une seule relecture. Il faut donc une excellente culture générale de base et une bonne connaissance de la région. Parfois, je n’ai que quelques minutes pour rédiger un titre, un chapeau et diffuser l’information. » La journaliste pourra ensuite étoffer l’article, que ce soit par du texte, des images, des vidéos ou encore des liens vers d’autres articles traitant de sujets similaires.

Cédric Jordan, 36 ans, rédacteur en chef adjoint pour une radio locale

Fanny Giroud, 30 ans, journaliste web

Pascaline Minet, 32 ans, journaliste scientifique libre

© 1re édition 2013, CSFO, Berne

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esSes études en Lettres terminées

et un master de journalisme en poche, Valère Gogniat obtient une place de stage à la rubrique Economie et finance du quotidien Le Temps. A la fin de son stage, le jeune journaliste est engagé et, depuis, il jongle avec les chiffres comme avec les lettres.

Après un cursus littéraire, Valère Gogniat ne s’imaginait pas dans le domaine économique. Il s’y est cependant immergé petit à petit et ne regrette pas la direction prise. « Ce qui est in-téressant, c’est que tout sujet peut être abordé sous l’angle économique, de la faillite d’une compagnie aérienne à la programmation d’un festival de films en passant par le prototype d’une nouvelle voiture. Le journalisme offre une diversité incroyable : c’est un métier trépi-dant où l’on apprend tous les jours… »

Des contacts riches et variésUne semaine sur deux, Valère Gogniat s’oc-cupe également de la page Economie et fi-nance du site Internet du Temps. Il garde en outre un pied dans la culture en rédigeant ré-gulièrement des chroniques consacrées aux polars ou des articles liés à l’industrie du ci-néma.Les journées du journaliste commencent gé-néralement par une revue de presse et notam-ment par la lecture des journaux anglo-saxons. A 9h30, une première séance de rédaction fait le point sur le journal du lende-main, dont la structure générale doit déjà être définie vers midi. Sauf imprévus liés à l’actua-lité, l’après-midi est consacré à la recherche des interlocuteurs, aux rendez-vous et à la construction de l’article, étape par étape. Quotidiennement, Valère Gogniat se plonge dans de nouvelles problématiques, rencon-trant un jour un multimilliardaire patron d’en-treprise et le lendemain un employé de l’in-dustrie microtechnique : « Je passe parfois mes journées à appeler ou rencontrer des

gens que je ne connais pas… Il ne faut pas avoir peur de se confronter à l’inconnu. »

Un travail consciencieuxQu’il s’agisse d’une étude sur la crise immobi-lière en Suisse ou d’un procès pour blanchi-ment d’argent, le journaliste cherche à mettre en évidence les causes et les conséquences des événements, à les inscrire dans une perspec-tive. « Je suis attentif à conserver une vision d’ensemble de l’actualité. Un autre aspect es-sentiel du métier est de séparer rigoureuse-ment le fait du commentaire, en particulier pour la rubrique économique. » La vérification des informations est primordiale : « Je dois re-monter aux sources primaires et m’assurer d’en avoir au moins deux différentes. Je veille égale-ment à donner systématiquement la parole à toutes les parties, dans un souci d’objectivité. »

Le dernier délai pour l’édition du lendemain est fixé à 22 heures, mais, si tout se passe bien, vers 19 heures l’article est terminé. Il aura été relu par le chef de rubrique, le secré-taire de rédaction et le service correction. « Les sujets sensibles sont parfois aussi revus par la rédaction en chef. Nous avons une cer-taine pression : énormément de gens jugent le travail journalistique, nous le constatons par les nombreuses réactions des lecteurs. »Baigné dans le journalisme et l’information depuis l’enfance, Valère Gogniat adore écrire. Malgré la rigueur propre à la rubrique écono-mique, il arrive à jouer avec les mots, à racon-ter des histoires, présentant par exemple comme une partie de poker une nuit de négo-ciation autour de la fusion de deux entre-prises internationales. « Pour faire ce métier, il faut aimer les mots, aimer la langue… »

Une diversité qui reflète l’actualité

Valère Gogniat, 27 ans

Journaliste pour la presse écrite

Journaliste-reporter d’images à la RTS, Elsa Anghinolfi effectue quotidiennement des reportages sur le terrain, caméra au poing, pour réaliser de brefs sujets sur l’actualité régionale.

« Les découvertes que j’ai faites grâce à l’écoute d’émissions radiophoniques m’ont donné envie de faire du journalisme. » Sa for-mation en relations internationales terminée et enrichie par des collaborations régulières avec divers journaux, Elsa Anghinolfi cherche une place de stagiaire RP tout en effectuant de nombreux stages dans le domaine : « Accomplir des expériences dès que possible, c’est essentiel pour se créer un réseau et faire ses preuves. » Elle s’inscrit également à l’Aca-démie du journalisme et des médias à Neuchâtel et, au cours de la première année, décroche un stage RP à la RTS. La formation qu’elle y suit, complétée par dix semaines de cours au CFJM, la prépare au métier de jour-naliste-reporter d’images et lui permet de dé-couvrir différents domaines du journalisme : information régionale, nationale et interna-tionale, culture, magazine, etc. Un mois et demi est consacré à l’utilisation de la caméra et à la prise de vue. Son certificat en poche, Elsa Anghinolfi est engagée au bureau régional de Fribourg, qui comprend six journalistes, deux cameramen et deux monteurs. « En région, mis à part l’in-ternational, on touche à des domaines très variés : sport, politique, actualités locales, etc. »

Un rythme soutenu« Pleines d’imprévus, mes journées ne se res-semblent pas : un jour je vais suivre une pièce de théâtre, le lendemain j’effectue un vol en montgolfière et je pars ensuite rencontrer un politicien. » La journaliste commence invaria-blement sa journée par la lecture de la presse quotidienne, suivie d’un briefing par télé-phone avec Genève pour prévoir et répartir

les tâches. Elsa Anghinolfi prépare ensuite son tournage : « Je détermine ce que je vais fil-mer, qui je vais interviewer, quelles questions je vais poser, de combien de temps je dispose avec chaque personne, etc. Je dois être extrê-mement ponctuelle : il y a deux échéances par jour, midi et soir, et mon reportage doit être terminé à temps. »

Maîtriser la technique Une fois sur le lieu du tournage, la journaliste détermine le cadrage, prépare et met à l’aise la personne à interviewer, installe le micro pour le son et, si nécessaire, la lumière. « Je mets en pratique les techniques apprises pen-dant le stage : construire l’image, couper les plans au bon moment, etc. » C’est aussi avec l’expérience du terrain qu’Elsa Anghinolfi s’est formée, en rencontrant des difficultés spécifiques à une situation ou un lieu particu-lier : « Chaque tournage est différent, il y a ré-gulièrement des solutions à trouver : comment gérer l’exposition à la lumière, la profondeur de champ, etc. Je suis souvent en train de me baisser, de me déplacer, c’est vite fatiguant car le matériel est lourd et peu ergonomique. Je fais attention à ménager mon dos… » De retour au bureau, la journaliste sélec-tionne les extraits qu’elle souhaite conserver, rédige le commentaire et enregistre la voix. Sur cette base, le monteur choisit les images, nettoie le son et ajoute éventuellement de la musique ou des effets de cadrage. Lorsque le montage est terminé, Elsa Anghinolfi le vi-sionne et le fait valider par un collègue avant de l’envoyer à Genève pour la diffusion.

Des journées organisées à la minute près

Elsa Anghinolfi, 28 ans Journaliste-reporter d’images à la RTS

Impressum, l’association professionnelle des journalistes de Suisse et du Liechtenstein, compte actuellement plus de 5500 membres. Une enquête réalisée par l’Université de Genève en 2010 révèle quant à elle que le nombre de journalistes en Suisse oscille entre 7500 (nombre de journalistes détenteurs d’une carte de presse) et 10 600 (nombre de journalistes rédacteurs ayant souscrit à la Déclaration des droits et devoirs du/de la journaliste). Ces chiffres sont cependant en baisse depuis quelques années, notamment en raison de la crise qui touche la presse écrite.

Des débouchés variésLes journalistes RP sont actifs principalement dans la presse écrite et/ou online, pour des quotidiens, des magazines ou des hebdoma-daires. Ils ont un profil de généraliste couv-rant l’information locale et régionale, ou de spécialiste dans un domaine particulier (culture, politique, économie, société, sport, international, etc.). Environ un tiers des jour-nalistes ayant terminé leur stage RP sont em-ployés à la radio ou à la télévision, comme journalistes ou recherchistes. Une minorité est engagée par des agences de presse.Au sein d’un média, en fonction de leurs com-pétences et de leur expérience profession-nelle, les journalistes peuvent accéder à diffé-rentes fonctions : correspondant-e (dans une région ou à l’étranger), chef-fe de rubrique (encadre une équipe de spécialistes), secré-taire de rédaction (assure la mise en page des articles, les relis et les corrige) ou encore ré-dacteur-trice en chef (responsable de la ligne du média).

Le développement de l’information en ligne et ses conséquencesLa presse écrite fait face à beaucoup d’incerti-tude, actuellement. Mise à l’épreuve par la concurrence (souvent gratuite) des blogs, des forums, des réseaux sociaux et des différentes formes d’information en ligne, elle subit une

réduction du nombre de postes de travail. De nombreux journalistes qui peinent à trouver un emploi sont contraints de travailler en tant que journalistes libres. Les professionnels sont également amenés à redéfinir leur rôle et à se distinguer de ces multiples sources d’information. Cela passe par la sélection, la vérification et la hiérarchisation des faits, par des investigations approfondies débouchant sur des reportages très complets ou encore par le développement de l’information online. La plupart des médias créent ainsi une « marque » déclinée sur divers supports (pa-pier, ordinateur, tablette, smartphone, etc.) avec un contenu et une mise en forme adap-tés. L’information est mise en scène, incluant la dimension multimédia (cartes, vidéos, pho-tographies, diaporamas, liens, infographies, etc.).

L’avènement d’Internet a amené des change-ments au niveau de la pratique du métier : d’une part, les journalistes enquêtent de plus en plus depuis leur place de travail, avec un accès facilité aux sources via Internet ; d’autre part, on assiste au développement d’une nou-velle forme de journalisme de terrain : des cor-respondants informent à la seconde près sur les sites online des journaux (« live ticker ») ou sur les réseaux sociaux, par exemple pour les événements sportifs, les débats parlemen-taires ou les faits divers. Grégoire Nappey, ré-dacteur en chef du Newsnet chez Tamedia, re-lève ainsi : « A l’avenir, des postes de journalistes pourraient être consacrés uniquement à l’in-vestigation et à la recherche ou au contraire à l’information en temps réel, minute par minute. Le journalisme de terrain n’est pas en perte de vitesse, bien au contraire ! »

Un marché du travail en pleine mutation Le métier de journaliste vous intéresse ?

Quelques repères pour faire le point.

Curiosité et ouverture d’esprit vous caractérisent-elles ?Un intérêt marqué pour l’actualité, régionale ou internationale, ainsi qu’une très bonne culture générale sont indispensables.

Avez-vous d’excellentes capacités rédactionnelles et un bon esprit de synthèse ?Que ce soit dans la presse écrite, à la radio, à la télévision ou online, les interventions et les textes rédigés doivent être clairs, précis et concis.

Savez-vous faire preuve de rigueur et d’esprit critique ?Les journalistes hiérarchisent une quantité d’informations, évaluent leur valeur et leur pertinence et vérifient systématiquement leurs sources.

Avez-vous le sens des relations humaines ?Rencontrer des personnes de tous âges et de tous horizons, parfois réticentes à l’idée de s’exprimer devant les médias, nécessite une certaine facilité de contact, même à distance par le biais du téléphone.

Capacité d’adaptation et flexibilité font partie de vos qualités ?L’actualité ne s’arrête jamais et n’attend pas, et les imprévus sont fréquents. Les journalistes ne comptent pas leurs heures et sont soumis à des horaires irréguliers.

Etes-vous à l’aise avec les outils informatiques et les langues étrangères ?Selon le média (online, radio, etc.), la rubrique (économique, nationale, etc.) ou la fonction, différents prérequis et connaissances sont demandés.

IMPRESSUM1re édition 2013© CSFO 2013, Berne. Tous droits réservés.

Edition : Centre suisse de services Formation professionnelle I orientation professionnelle, universitaire et de carrièreCSFO Editionswww.csfo.ch, [email protected]

Direction du projet : Véronique Antille, CSFO Enquête et rédaction : Zoé Schneider, OCOSP Lausanne Relecture : Marc-Henri Jobin, CFJM ; Marianne Gattiker, Saint-Aubin-Sauges Photographies : Thierry Parel, Genève Graphisme : Viviane Wälchli, Zurich Mise en page : La Ligne, Vevey Impression : Haller + Jenzer AG, Berthoud

Diffusion et commande : CSFO Distribution, Industriestrasse 1, 3052 ZollikofenTél. 0848 999 002, Fax +41 31 320 29 38, [email protected], www.shop.csfo.ch

No d’article : FE2-3142 (1 exemplaire), FB2-3142 (paquet de 50 exemplaires)

Remerciements :Nous remercions toutes les personnes et les entreprises qui ont participé à l’élaboration de ce document. Produit avec le soutien de la Confédération (SEFRI).

Ethique et déontologie

Tous les journalistes se conforment à des principes légaux (libertés d’opinion et d’information, protection de la sphère privée, etc.) liés aux médias qui les emploient. Les journalistes inscrits au registre professionnel (RP) s’engagent également à respecter la Déclaration des devoirs et droits du/de la journa-liste. Cette dernière énonce une série de règles essentielles à observer, que ce soit par respect des sources, des personnes dont parle le ou la journa-liste, ou du public. Les devoirs des

journalistes sont principalement de rechercher la vérité, de ne publier que les informations, les documents, les images et les sons dont l’origine est connue, de ne pas supprimer des informations ou des éléments essentiels, ou encore de protéger ses sources anonymes. Les journalistes sont également tenus de respecter la vie privée des personnes et la dignité humaine, et de conserver leur indépendance par rapport aux sujets qu’ils abordent.

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Page 7: En images Points de vue Formation, perfectionnement · polars ou des articles liés à l’industrie du ci-néma. Les journées du journaliste commencent gé-néralement par une revue

En images

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Imprévus, horaires irréguliers,

nécessité d’être à la pointe de l’in-

formation, stress des échéances

de rédaction : journaliste, un mé-

tier de rêve, vraiment ? Trouver sa

place dans ce milieu se mérite et

nécessite de nombreuses qualités :

disponibilité, curiosité, esprit de

synthèse, sens de la communica-

tion et facilité de contact, pour

n’en citer que quelques-unes.

La pratique du métier et les condi-

tions de travail varient selon

l’employeur ou le média : agence,

presse écrite (quotidien, revue,

hebdomadaire), télévision et radio

(émissions, journaux d’informa-

tion, etc.) ou encore information

en ligne sur Internet. Le sujet

(politique, culturel, économique,

de société, régional, international,

etc.) et le genre choisi (reportage

sur le terrain, enquête de fond,

information en direct) déterminent

également le quotidien et les acti-

vités des professionnels. Les privi-

lèges des journalistes sont cepen-

dant toujours les mêmes : se

trouver au cœur de l’information,

rencontrer les personnes qui font

ou feront l’actualité et multiplier

les découvertes passionnantes.

Formation de baseLe titre de journaliste n’est pas protégé et il existe plusieurs voies permettant d’accéder à la pratique du métier. La formation peut notamment s’acquérir par des études dans une haute école universitaire ou spécialisée (bachelor ou master) ou en cours d’emploi dans une école privée. En Suisse romande, environ 75 % des jeunes journalistes débutent leur parcours professionnel en emploi et suivent la formation du Centre de formation au journalisme et aux médias (CFJM). Plus de six journalistes sur dix qui commencent cette formation ont un titre universitaire.

Formation en cours d’emploi

En Suisse romande :• Centre de formation au journalisme et aux médias

(CFJM), certificat de fin de stage et possibilité de s’inscrire au Registre professionnel suisse des journalistes (la formation consiste en deux ans de stage pratique et 9 semaines de cours au CFJM).

En Suisse alémanique et au Tessin : • Plusieurs formations de durée variable à Zurich,

Lucerne, Zofingue, Coire et Lugano.

Formation en haute école universitaire ou spécialisée• Université de Neuchâtel, Master of Arts

en journalisme et communication, orientation journalisme (2 ans). Complété par une année de pratique journalistique (à 50 % minimum), ce master professionnalisant permet l’inscription au registre professionnel (RP).

• Université de Genève, Master of Arts en journalisme et communication, orientation information, communication et médias (2 ans) (comprend un tronc commun avec le Master of Arts de Neuchâtel).

• Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), Winterthour, bachelor en journalisme/communication organisationnelle (3 ans).

Formation continue• Ateliers et séminaires organisés par le CFJM

sur des sujets variés.

• Divers cours organisés par les hautes écoles.

En savoir pluswww.cfjm.ch, Centre de formation au journalisme et aux médias

www.impressum.ch, Association professionnelle des journalistes de Suisse et du Liechtenstein

www.mediassuisses.ch, Association des médias privés romands

www.ssm-site.ch/fr/nouvelles, Syndicat suisse des mass media

www.orientation.ch, portail suisse de l’orientation professionnelle, universitaire et de carrière. Adresses des offices, descriptifs de professions et de formations, offres de perfectionnement, bourse des places d’apprentissage.

Des échanges fructueuxLes séances de rédaction permettent d’organiser la journée : propositions et choix des sujets, échanges d’information, répartition des tâches, etc.

Toujours en contactQue ce soit pour obtenir des renseignements, fixer des rendez-vous ou interviewer une personnalité, le temps passé au téléphone ne se compte pas…

Maîtriser les « TIC »Polyvalents, les journalistes sont amenés à travailler avec les différentes technologies de l’information et de la communication.

Organiser les informationsLe « chemin de fer » offre une vue d’ensemble du journal et indique l’état d’avancement de chaque article.

Se tenir au courantMalgré un agenda chargé et de fréquents imprévus, la lecture de la presse du jour est un rituel incontournable.

Finaliser l’articlePour illustrer leur sujet, les journalistes discutent du choix des images avec le service iconographique ou directement avec un photographe.

A l’antenneDonner un maximum d’information avec le moins de mots possible. Une préparation minutieuse aide à gérer le stress du direct.

En interaction avec le publicL’information en ligne permet un retour direct et immédiat des lecteurs, via les commentaires publiés ou le partage d’articles sur les réseaux sociaux.

SWiSSDoC 0.811.1.0

A l’issue d’une formation passionnante en biologie, Pascaline Minet ne se retrouve cependant pas dans les débouchés qui s’y rapportent. Attirée par le journalisme, elle se forme à Paris et décroche un poste de journaliste scientifique pour une émission radiophonique quotidienne à Lausanne. Après trois années consacrées à la radio, Pascaline Minet souhaite se tourner vers la presse écrite. Sans poste en vue, elle se lance alors en indépendante et obtient des mandats auprès d’anciens employeurs. « Heureusement, j’avais un bon carnet d’adresses, car cela peut prendre un temps considérable. » La journaliste compose avec un mandat de 40 % pour la presse écrite quotidienne, des sollicitations régulières pour des chroniques à la radio ainsi qu’une collaboration à un magazine scientifique. « Les délais ne sont pas les mêmes pour ces différents médias, je ne planifie mon emploi du temps que deux semaines à l’avance. Une organisation sans faille est indispensable ! »

Journaliste indépendante

Pascaline Minet s’imagine parfois travailler à nouveau en tant que salariée : « Une occasion s’est présentée dernièrement, mais le taux de travail ne me convenait pas. Pour l’instant, j’apprécie trop la grande liberté que j’ai… » Le travail en indépendant a cependant ses limites : « Si je refuse trop souvent des mandats, je risque de ne plus recevoir de proposition. Autre inconvénient : on ne se sent parfois pas suffisamment impliqué dans le développement du média en question. »

Après des études en sciences poli-tiques, Cédric Jordan est arrivé presque par hasard dans la profession. Une postulation réussie pour une place de stage RP à Rhône FM lui fait découvrir le métier de journaliste radio, pour lequel il se passionne très vite. Avec une dizaine de collègues journalistes, il alterne les semaines à l’antenne et sur le terrain. Sur le terrain, la difficulté consiste à cerner le sujet avec une extrême concision et sans support visuel : « Le format radio ne permet pas d’aller dans le détail. Je dois donner un maximum d’information avec le moins de mots possible. »

Du reportage sur le terrain au direct à l’antenne

Cédric Jordan traite exclusivement de l’actualité locale, à travers de nombreuses interviews : des informations brutes, destinées à être utilisées dans l’immédiat. Au bureau, il découpe ses interviews en plusieurs segments. Ceux-ci, répartis dans les différents flashs de la journée, permettent d’aborder le sujet sous des angles variés. A l’antenne, le journaliste travaille de 6h à 11h ou de 11h à 19h. Afin d’être prêt pour le premier flash d’information à 6h, il débute vers 4h. Ensuite, tout au long de la journée, il présente et diffuse les interviews réalisés par ses collègues sur le terrain. S’il n’aime pas spécialement entendre sa propre voix, Cédric Jordan s’est rapidement fait à l’exercice de l’oral : « Avant de me lancer dans le journalisme, j’ai pratiqué le théâtre amateur et intégré quelques notions de pose de la voix, qui me sont très utiles pour la radio. »

Un cursus en Lettres (en informatique, français et sciences sociales), deux années comme pigiste, et Fanny Giroud obtient finalement une place de stage RP à l’édition online de 24 heures. Sa mission ? Traquer et traiter l’information efficacement afin de la mettre en ligne le plus rapidement possible, sur le site de 24 heures mais aussi sur des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. La mise à jour du site se fait de 6h à minuit, 7 jours sur 7, d’où des horaires irréguliers et un tournus avec ses collègues pour les week-ends. « Pour gérer l’information online, il faut être très réactif, passionné par l’informatique et par Internet. Je suis un peu une < geek >, toujours connectée et à l’affût des dernières actualités ! Je consulte régulièrement les agences de presse, les sites des transports publics, de la concurrence, etc. »

Au cœur de l’actu : réactivité et vivacité d’esprit

En informant « à la minute », Fanny Giroud a la responsabilité d’évaluer la pertinence d’une information et l’intérêt qu’elle peut avoir pour les lecteurs. Elle n’a pas droit à l’erreur. « Pour le web, il y a en général une seule relecture. Il faut donc une excellente culture générale de base et une bonne connaissance de la région. Parfois, je n’ai que quelques minutes pour rédiger un titre, un chapeau et diffuser l’information. » La journaliste pourra ensuite étoffer l’article, que ce soit par du texte, des images, des vidéos ou encore des liens vers d’autres articles traitant de sujets similaires.

Cédric Jordan, 36 ans, rédacteur en chef adjoint pour une radio locale

Fanny Giroud, 30 ans, journaliste web

Pascaline Minet, 32 ans, journaliste scientifique libre

© 1re édition 2013, CSFO, Berne

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Page 8: En images Points de vue Formation, perfectionnement · polars ou des articles liés à l’industrie du ci-néma. Les journées du journaliste commencent gé-néralement par une revue

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disponibilité, curiosité, esprit de

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n’en citer que quelques-unes.

La pratique du métier et les condi-

tions de travail varient selon

l’employeur ou le média : agence,

presse écrite (quotidien, revue,

hebdomadaire), télévision et radio

(émissions, journaux d’informa-

tion, etc.) ou encore information

en ligne sur Internet. Le sujet

(politique, culturel, économique,

de société, régional, international,

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sur le terrain, enquête de fond,

information en direct) déterminent

également le quotidien et les acti-

vités des professionnels. Les privi-

lèges des journalistes sont cepen-

dant toujours les mêmes : se

trouver au cœur de l’information,

rencontrer les personnes qui font

ou feront l’actualité et multiplier

les découvertes passionnantes.

Formation de baseLe titre de journaliste n’est pas protégé et il existe plusieurs voies permettant d’accéder à la pratique du métier. La formation peut notamment s’acquérir par des études dans une haute école universitaire ou spécialisée (bachelor ou master) ou en cours d’emploi dans une école privée. En Suisse romande, environ 75 % des jeunes journalistes débutent leur parcours professionnel en emploi et suivent la formation du Centre de formation au journalisme et aux médias (CFJM). Plus de six journalistes sur dix qui commencent cette formation ont un titre universitaire.

Formation en cours d’emploi

En Suisse romande :• Centre de formation au journalisme et aux médias

(CFJM), certificat de fin de stage et possibilité de s’inscrire au Registre professionnel suisse des journalistes (la formation consiste en deux ans de stage pratique et 9 semaines de cours au CFJM).

En Suisse alémanique et au Tessin : • Plusieurs formations de durée variable à Zurich,

Lucerne, Zofingue, Coire et Lugano.

Formation en haute école universitaire ou spécialisée• Université de Neuchâtel, Master of Arts

en journalisme et communication, orientation journalisme (2 ans). Complété par une année de pratique journalistique (à 50 % minimum), ce master professionnalisant permet l’inscription au registre professionnel (RP).

• Université de Genève, Master of Arts en journalisme et communication, orientation information, communication et médias (2 ans) (comprend un tronc commun avec le Master of Arts de Neuchâtel).

• Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), Winterthour, bachelor en journalisme/communication organisationnelle (3 ans).

Formation continue• Ateliers et séminaires organisés par le CFJM

sur des sujets variés.

• Divers cours organisés par les hautes écoles.

En savoir pluswww.cfjm.ch, Centre de formation au journalisme et aux médias

www.impressum.ch, Association professionnelle des journalistes de Suisse et du Liechtenstein

www.mediassuisses.ch, Association des médias privés romands

www.ssm-site.ch/fr/nouvelles, Syndicat suisse des mass media

www.orientation.ch, portail suisse de l’orientation professionnelle, universitaire et de carrière. Adresses des offices, descriptifs de professions et de formations, offres de perfectionnement, bourse des places d’apprentissage.

Des échanges fructueuxLes séances de rédaction permettent d’organiser la journée : propositions et choix des sujets, échanges d’information, répartition des tâches, etc.

Toujours en contactQue ce soit pour obtenir des renseignements, fixer des rendez-vous ou interviewer une personnalité, le temps passé au téléphone ne se compte pas…

Maîtriser les « TIC »Polyvalents, les journalistes sont amenés à travailler avec les différentes technologies de l’information et de la communication.

Organiser les informationsLe « chemin de fer » offre une vue d’ensemble du journal et indique l’état d’avancement de chaque article.

Se tenir au courantMalgré un agenda chargé et de fréquents imprévus, la lecture de la presse du jour est un rituel incontournable.

Finaliser l’articlePour illustrer leur sujet, les journalistes discutent du choix des images avec le service iconographique ou directement avec un photographe.

A l’antenneDonner un maximum d’information avec le moins de mots possible. Une préparation minutieuse aide à gérer le stress du direct.

En interaction avec le publicL’information en ligne permet un retour direct et immédiat des lecteurs, via les commentaires publiés ou le partage d’articles sur les réseaux sociaux.

SWiSSDoC 0.811.1.0

A l’issue d’une formation passionnante en biologie, Pascaline Minet ne se retrouve cependant pas dans les débouchés qui s’y rapportent. Attirée par le journalisme, elle se forme à Paris et décroche un poste de journaliste scientifique pour une émission radiophonique quotidienne à Lausanne. Après trois années consacrées à la radio, Pascaline Minet souhaite se tourner vers la presse écrite. Sans poste en vue, elle se lance alors en indépendante et obtient des mandats auprès d’anciens employeurs. « Heureusement, j’avais un bon carnet d’adresses, car cela peut prendre un temps considérable. » La journaliste compose avec un mandat de 40 % pour la presse écrite quotidienne, des sollicitations régulières pour des chroniques à la radio ainsi qu’une collaboration à un magazine scientifique. « Les délais ne sont pas les mêmes pour ces différents médias, je ne planifie mon emploi du temps que deux semaines à l’avance. Une organisation sans faille est indispensable ! »

Journaliste indépendante

Pascaline Minet s’imagine parfois travailler à nouveau en tant que salariée : « Une occasion s’est présentée dernièrement, mais le taux de travail ne me convenait pas. Pour l’instant, j’apprécie trop la grande liberté que j’ai… » Le travail en indépendant a cependant ses limites : « Si je refuse trop souvent des mandats, je risque de ne plus recevoir de proposition. Autre inconvénient : on ne se sent parfois pas suffisamment impliqué dans le développement du média en question. »

Après des études en sciences poli-tiques, Cédric Jordan est arrivé presque par hasard dans la profession. Une postulation réussie pour une place de stage RP à Rhône FM lui fait découvrir le métier de journaliste radio, pour lequel il se passionne très vite. Avec une dizaine de collègues journalistes, il alterne les semaines à l’antenne et sur le terrain. Sur le terrain, la difficulté consiste à cerner le sujet avec une extrême concision et sans support visuel : « Le format radio ne permet pas d’aller dans le détail. Je dois donner un maximum d’information avec le moins de mots possible. »

Du reportage sur le terrain au direct à l’antenne

Cédric Jordan traite exclusivement de l’actualité locale, à travers de nombreuses interviews : des informations brutes, destinées à être utilisées dans l’immédiat. Au bureau, il découpe ses interviews en plusieurs segments. Ceux-ci, répartis dans les différents flashs de la journée, permettent d’aborder le sujet sous des angles variés. A l’antenne, le journaliste travaille de 6h à 11h ou de 11h à 19h. Afin d’être prêt pour le premier flash d’information à 6h, il débute vers 4h. Ensuite, tout au long de la journée, il présente et diffuse les interviews réalisés par ses collègues sur le terrain. S’il n’aime pas spécialement entendre sa propre voix, Cédric Jordan s’est rapidement fait à l’exercice de l’oral : « Avant de me lancer dans le journalisme, j’ai pratiqué le théâtre amateur et intégré quelques notions de pose de la voix, qui me sont très utiles pour la radio. »

Un cursus en Lettres (en informatique, français et sciences sociales), deux années comme pigiste, et Fanny Giroud obtient finalement une place de stage RP à l’édition online de 24 heures. Sa mission ? Traquer et traiter l’information efficacement afin de la mettre en ligne le plus rapidement possible, sur le site de 24 heures mais aussi sur des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. La mise à jour du site se fait de 6h à minuit, 7 jours sur 7, d’où des horaires irréguliers et un tournus avec ses collègues pour les week-ends. « Pour gérer l’information online, il faut être très réactif, passionné par l’informatique et par Internet. Je suis un peu une < geek >, toujours connectée et à l’affût des dernières actualités ! Je consulte régulièrement les agences de presse, les sites des transports publics, de la concurrence, etc. »

Au cœur de l’actu : réactivité et vivacité d’esprit

En informant « à la minute », Fanny Giroud a la responsabilité d’évaluer la pertinence d’une information et l’intérêt qu’elle peut avoir pour les lecteurs. Elle n’a pas droit à l’erreur. « Pour le web, il y a en général une seule relecture. Il faut donc une excellente culture générale de base et une bonne connaissance de la région. Parfois, je n’ai que quelques minutes pour rédiger un titre, un chapeau et diffuser l’information. » La journaliste pourra ensuite étoffer l’article, que ce soit par du texte, des images, des vidéos ou encore des liens vers d’autres articles traitant de sujets similaires.

Cédric Jordan, 36 ans, rédacteur en chef adjoint pour une radio locale

Fanny Giroud, 30 ans, journaliste web

Pascaline Minet, 32 ans, journaliste scientifique libre

© 1re édition 2013, CSFO, Berne

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