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HAL Id: halshs-01979609 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01979609 Submitted on 13 Jan 2019 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Eléments sur la continuité entre plans d’urbanisme colonial (Bône milieu XIXe-Début XXe siècles) Nadia Bensaâd Redjel, Belkacem Labii To cite this version: Nadia Bensaâd Redjel, Belkacem Labii. Eléments sur la continuité entre plans d’urbanisme colonial (Bône milieu XIXe-Début XXe siècles). Synthèse: Revue des Sciences et de la Technologie, Université Badji Mokhtar - Annaba, 2015, 31, pp.52-70. halshs-01979609

Eléments sur la continuité entre plans d’urbanisme

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HAL Id: halshs-01979609https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01979609

Submitted on 13 Jan 2019

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

Eléments sur la continuité entre plans d’urbanismecolonial (Bône milieu XIXe-Début XXe siècles)

Nadia Bensaâd Redjel, Belkacem Labii

To cite this version:Nadia Bensaâd Redjel, Belkacem Labii. Eléments sur la continuité entre plans d’urbanisme colonial(Bône milieu XIXe-Début XXe siècles). Synthèse: Revue des Sciences et de la Technologie, UniversitéBadji Mokhtar - Annaba, 2015, 31, pp.52-70. �halshs-01979609�

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Eléments sur la continuité entre plans d’urbanisme colonial (Bône milieuXIXe – Début XXe siècles)

Elements on continuity between colonial urban planning (Bônemid XIXth - early XXth centuries)

Nadia Bensaad1* & Belkacem Labii2

1Laboratoire Architecture & Urbanisme, Université Badji Mokhtar, BP 12, 23000, Annaba, Algérie.2 Laboratoire Villes & Santé, Université Constantine 3, 25000, Constantine, Algérie.

Soumis le :01/07/2015 Révisé le : 08/09/2015 Accepté le : 20/09/2015

ملخصاھنة وفتھا ھدا راعتمادا على القضایا ال. طرق تخطیط العمران الإستعماريفي ھدا البحث نحاول طرح عناصر تساھم في تعریف

لسابق كانت أیضا في المخطط التصفیف ا1932المواضیع و الأحكام الواردة في المخطط . المفھوم یكشف استمراریة بین مخططینبعد استعراض ھده المواضیع یمكن تمھید الطریق لمزید من الاستجوابات حول مدى مخططات الاستعمار . لھ بسبعون سنة

).عنابة(بون- العمران الإستعماري-المخططات–المواضیع و الأحكامكلمات مفتاحیھ

Résumé

Dans cet article, il est question d’éclairer des modes opératoires en urbanisme colonial. Tributaires des enjeuxdu moment, ces modes opératoires dévoilent certaines continuités entre deux plans parmi la large gamme desdocuments . Les thèmes et les dispositions qui sont contenus dans les PAEE (le second plan de 1932) l’ont étéaussi dans le plan d’alignement qui lui est antérieur de sept décennies. Une fois examinés, ces thèmes et cesdispositions peuvent ouvrir la voie à d’autres questionnements quand à la postérité ou à la longévité des plans dela colonisation.

Mots clés : thèmes et dispositions –plans – urbanisme colonial -– Bône.

AbstractThis paper discussed to provide operating modes in colonial urbanism.. Dependent on current issues, this

approach reveals some continuities between two plans: throught a large corpus of documents .The topicsand the arrangements contained in the PAEE (1932) have also been in the alignment plan which is seven decadesbefore him. Once reviewed, these topics and these arrangements can open the way forother questions about posterity and longevity of the colonization schemes.

Keywords topics and arrangments - plans – colonial urbanism - Bône.

Auteur correspondant : [email protected]

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1. INTRODUCTIONL’article a pour but de contribuer à laconnaissance du legs colonial dans sesspatialités, ses composants pratiques, et sonesprit pragmatique, entendu que la mise enforme des espaces urbains a été suscité par unsavoir faire qu’il serait utile de connaitre et faireconnaitre. En effet, à trop considérer lesdimensions idéologiques de l’interventionurbanistique de la colonisation, nous en venonsà négliger ce qu’elle peut comporter commedémarches et comme savoir faire, surtout dansleurs contacts avec les réalités spécifiques ducontexte Algérien.Le long de ce travail seront mis en regard nosquestionnements et nos hypothèses avec lesdébats qui émergent depuis peu sur les outilsd’intervention urbaine coloniale ; les plans(d’alignement et d’extension) seront examinéspar la suite à la lumière de cette confrontation etde nos hypothèses sur la continuité entre lesplans.

2.HYPOTHESES ETQUESTIONNEMENTS

Outre l’idée que l’espace urbain est uneexpression des idéologies du moment, ce qui aété longtemps au centre des discours deshistoriens de la ville, il est aussi une expressionde savoir et de savoir-faire qu’il est question decerner et de transmettre. Jugées partielles etpartiales, les études coloniales dont la vision n’acertes rien d’erroné, gagneraient à élargir leurfocale en renouvelant leurs questionnements.

Inscrite dans les réflexions sur les circulationsdes idées en urbanisme, notre investigation veutinterroger ce système de connaissance,l’urbanisme colonial, de l’intérieur et non enconfrontation avec celui autochtone. Noussuggérons une sorte de mise en débat interne àl’apport et aux modes d’exercice de l’urbanismecolonial.A l’étude des formes urbaines et de leursmutations, longtemps appropriée par leshistoriens de l’urbain, nous voulons ajoutercelle des plans qui les ont générées. De façonplus précise, deux questions seront abordées :par celle de la mise en œuvre des plans, nousinsisterons sur celle des convergences quicaractérisent leur conception.

Autour des principes et des applications del'urbanisme colonial, illustré ici par les plans,naissent des enjeux qu’il convient de mettre enlumière. Mais dans l’immédiat, l’enjeu est pournous de mettre en lumière les instruments demise en plans pour comprendre ultérieurementcomment mise en plans et mise en place de laville peuvent être en concordance ou non. Qu’ilsoit concrétisé ou non, le plan est un desmoments de la mémoire d’une ville, et de sesmultiples représentations. Il restitue tout lemoins, la représentation des professionnels dumoment, ingénieurs, architectes ou urbanistes.Le plan d’un édifice en est bien une deslégitimes « clés » de reconnaissance. Au mêmechef, et au service d’une culture urbanistique àconnaitre, le plan de la ville n’en autoriserait-ilpas une entrée privilégiée?Par le schéma 1, nous tentons un résumé desétapes qui structurent l’article et qui ensoulignent la hiérarchie.

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Schéma 1 : étapes et hiérarchie de la démarche adoptée ; Source : auteur

La construction de la méthode (schéma 1)est indissociablement liée au corpus des sourcesdocumentaires mobilisées. Lors de nosinvestigations, plusieurs documents nemanquent pas de révéler des continuités dansl’esprit et dans la forme, des projets restituéspar ces documents. Ceci pourrait en effet,représenter un appui pour expliquer le caractèretransitoire de configurations ou de pratiques deconception. Nous avons cependant privilégiéune entrée par « le plan ». Tous les documentsconsultés et recueillis ne sont pas nés dans descontextes institutionnels comparables. Exceptéles « plans urbains » ou ce que nous désignonsainsi du fait que ces documents couvrentl’ensemble du territoire de la ville, existante et àprévoir, les autres documents répondent certes àdes impératifs de fonctionnement de la villemais sont produits au « coup par coup ». Seulsles plans d’alignements et les plans d’extensionnous semblent répondre à des cadres deprocédures connues par l’historiographie del’urbain : dans le tableau 1, nous en dressons laprésentation. Cette dernière est une étapeessentielle à la compréhension des documents à

analyser et à critiquer : la lecture critique est icienvisagée comme principe général, et commedémarche d’exploitation des documentsd’archives, qu’ils soient iconographiques ouécrits. Adopter la méthode critique revient àanalyser le document selon sa provenance,l’exactitude des données qu’il livre, saconfrontation avec d’autres documents auxquels on aurait attesté la précision etl’exactitude ; la lecture interprétative peutensuite se faire de manière plus réflexive quespontanée [1].

3. PRESENTATION DES SOURCESMOBILISEES

La présentation de notre corpus obéit auxdémarches consacrées en histoire « générale ».Elle nous permet surtout de souligner laparticularité de la sélection que nous avonsopérée au sein des masses de documentsconsultés. En effet, sur Bône, comme il peutêtre le cas de beaucoup d’autres villes Ex-coloniales, la masse des documents d’archivesest incommensurable. Elle renvoie à desdynamiques de projets de diverses natures.

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Notre immersion dans cet univers de« l’archive » nous a valu de bien longuesannées d’investigations, de reproductions, decollecte et de classification. Nous ne pouvonsprétendre faire un travail de spécialiste, surtoutpour ce qui est de la classification tant la notre aobéi à une problématisation des spatialitéscoloniales.Au fil des visites des centres d’archives, unesorte d’expérience est gagnée. Tous les centresoffrent des services quasi comparables : prisede contact et de rendez vous, réservation deplace et de documents, autorisation ou non à lareproduction … toute une série d’attitudes qu’ilnous a fallu adopter et qui ont été récompenséespar une familiarité avec ce travail nouveau pournous et surtout avec les univers divers. Seul le

centre de l’Ifa offre la possibilité denumérisation des plans dont la portée estdifficile à couvrir par la focale des appareilsphotos. Cette précision s’impose en effet carnous avons du recourir à nos propres prises devue, ce qui est considéré comme une largesse.Essentiellement fondée sur une histoire desplans, notre écriture de l’histoire de Bôneentend comprendre certains mécanismes qui ontprésidé à la formation de la ville. Connaitre lespratiques de référence dont des générationsd’architectes et d’urbanistes étaient porteuses,constitue notre premier objectif. Il s’agissaitdonc pour nous d’aller à la rencontre des« œuvres » de ces fabricants de villes occultéespendant longtemps.

Tableau 1 : plans, sources, contextes

Identification AnnéeAuteur

Informationcontenues ;Thèmes

Etat Lieu deconservation

Procédure etcontexte

Pland’alignement desprincipales ruesde Bône

1833Urtin(génie) etLambertP&C

Nouveaux tracéset indications desparties àreconstruire

Bon ; surpapierblanc

Shat aucentrehistorique dela défenseVincennes

Loi du 16 septembre1807Premières annéesoccupation de Bône

Pland’alignement, denivellement etde distribution

1855Gonssolinarchitectede la ville

Nouveaux tracésde la nouvelleville etdécoupages enîlots à bâtir ; lavieille villeressort en bloc(rouge)

Moyen ;sur papierblanc

Anomarchivesnationalesd’outre merAix enProvence

Arrêté ministérielrelatif au projetd’agrandissement dela place de Bônedatant du 19 octobre1949 suivi de celuide 1859(approbation)

Pland’alignement, denivellement et dedistribution

1855Gonssolinarchitectede la ville

Nouveaux tracésde la nouvelleville etdécoupages enîlots à bâtir ; lavieille ville estredessinée endétails

Moyen ;surCalque

Anomarchivesnationalesd’outre merAix enProvence

Arrêté ministérielrelatif au projetd’agrandissement dela place de Bônedatant du 19 octobre1949 ; suivi de celuide 1859(approbation)

Plan région 1932-33Dangerfrères etfils

Reprend leslimites du PAEEdans celles de lacommune

Bon ; surpapierblanc

Ifa : Institutfrançaisd’architecture

Loi Cornudet 14Mars 1919 et sontransfert en Algérie1924

PAEE : pland’aménagement,d’extension etd’embellissement

1932-33Dangerfrères etfils

Nouveaux tracésde l’extension àprévoir

Bon ; surpapierblanc

Ifa : Institutfrançaisd’architecture

Loi Cornudet 14Mars 1919 et sontransfert en Algérie1924

Schéma vieilleville

1932-33Dangerfrères etfils

Nouveaux tracésde percées envieille ville

Mauvais ;surcalque

Ifa : Institutfrançaisd’architecture

Loi Cornudet 14Mars 1919 et sontransfert en Algérie1924

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Ce tableau qui est une partie des découpagesque nous avons opéré sur le corpus général denos investigations, permet surtout laconfrontation entre les données documentaireset facilite de ce fait leur lecture critique. Enfin,le travail qui s’appuie sur ces axesd’investigations a été aiguillé par la spécificitéde la question traitée. En plus des plans cités autableau 1, nous avons du mobiliser des textesanciens, ou ceux contemporains aux plans :ceux écrits par les membres de la sociétéDanger et dans une moindre mesure, ceux écritspar Urtin capitaine du génie et auteur du plan de1833, ainsi que ceux écrits par Gonssolin,architecte de la ville et auteur du plan de 1855.Il serait illusoire de croire que ces écrits offrentréponse à tout. Du manque qu’ils marquent enrevanche, un éventail de suggestions est ouvert.En exemple, la surreprésentation de la vieilleville dans le texte du génie, et la sous-représentation du projet d’alignement, peutsupposer, à notre sens, une latence del’imaginaire aménagiste sinon, un imaginairearrêté au plan des projections sur feuille.

4. HISTOIRE DE L’URBANISMECOLONIAL OU HISTOIRE DES PLANS :QUEL CADRE DE REFERENCE?

Les bouleversements engendrés par lacolonisation sur l’espace des villes a été aucentre de nombreux travaux. En effet, uneabondante littérature consacre à la« colonisation urbaine » des travaux de diversesnatures. Nous pouvons aujourd’hui, caractériserces écrits en ce qu’ils n’abordent pas ces faitsurbains de la même manière. Qu’il s’agissed’une histoire de l’aménagement, ou despolitiques urbaines, de recensions des travauxentrepris ou des multiples refontes des villesanciennes, la lecture est une. Sous la loupe denotions issues de celle de la « dominationcoloniale », ces types de lecture sont binairescar confrontant ville traditionnelle et villecoloniale. Deux systèmes sont ainsi souvent vusen opposition : colons / autochtones, espacetraditionnel / espace colonial, architecture arabe/ architecture coloniale : une dualisationschématisée et projetée à l’extrême.

Le positionnement de notre travail dans lechamp de l’historiographie urbaine coloniale aété délibérément guidé par notre choix de netraiter que des « plans urbains ». De cettemanière, ont été déterminés tout à la fois, notreobjet de recherche : « les plans », notre corpuset la littérature urbaine qui y correspond. Aucentre de nos préoccupations se trouvent certesles modalités par lesquelles les architectes et les

urbanistes de la colonisation ont du procéderpour fabriquer des villes selon leur propreimaginaire.Le plan d’alignement et le plan d’extension sontdes modes opératoires anciens, arrivés enAlgérie avec l’avènement de la colonisation.Nous suggérons de les approcher ici dans leurdimension interventionniste. Cette dernièren’est pas la seule à questionner : la portéeplanificatrice des plans est égalementintéressante à cerner. Tout projet est porteurd’idées pour le dessein de la ville à laquelle ilest adressé. Ces idées sont intéressantes à saisirsurtout lorsqu’elles montrent une certainemobilité entre les divers contextes. Les plansd’alignement et d’extension (PAEE) en sontune illustration car nés en métropole à partir detextes de loi, (loi du 16 Septembre 1807 et loiCornudet, 14 mars 1919), ils voient leurapplication élargie à l’Algérie et aux colonies[2-3-4].Document archivistique complet, plan inéditmais non concrétisé, le PAEE n’est pas moinsintéressant à connaitre que le plan d’alignementqui lui est antérieur. Deux raisons nous incitentà nous y pencher : la batterie de données que lePAEE englobe et qui concerne l’état des villesau moment de son établissement ainsi que lareprise de ses idées dans la période d’aprèsguerre, par d’autres projets.Les plans d’alignement et les PAEE sontoccultés de la culture urbanistique en Algérie.Pourtant, chacun de ces plans a opéré autant enmétropole qu’en terrains ex-colonisés. Ils sontde ce fait, constitutifs d’une certaine cultureurbanistique probablement véhiculée dans lespratiques d’aménagement en cours. De plus, lestemps forts de l’aménagement de Bône peuventcontribuer à éclairer une histoire urbaine qui estencore largement à explorer.En Algérie, le contexte est marqué par la raretédes travaux, surtout pour ce qui concerne leversant procédural des plans d’urbanismecolonial [5]. En d’autres contextes, ce versantest connu même s’il reste insuffisammentrenseigné [6-7].Nous pensons que la portée actuelle de cesplans ainsi que leur postérité ne peuvent êtreabordées que lorsque leurs itinéraires sontsuffisamment connus : « Thème vaste, […]confrontant les pensées, la raison raisonnanteou idées récurrentes de l’aménagement urbain,à leurs formes de mise en œuvre et leurs degrésde réalisation, à leurs impacts dans l’espacephysique de la ville et enfin, à leur postérité »[8].Ces travaux qui mobilisent tout à la fois lecontexte et le contenu des plans consultés

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mettent en exergue l’opposition qu’opèrent cesplans avec le paysage ancien des villes. Sansêtre parfaitement centrés sur les principesfondateurs de l’urbanisme colonial, ces travauxsont d’accord pour en dire la rationalité. Qu’ilsoit loué ou critiqué, ce trait de caractère desplans coloniaux, était en présence depuis lespremières interventions sauf qu’il est révélé pardes vocables au sens proches : régularité chezMalverti, alignement chez Pagand, rationalitéchez Vacher [9-10-11].Et comme il s’agit pour nous de questionner laformalisation des idées urbanistiques sur« plans », celle de la rationalité nous semblerépondre comme référent inhérent tout à la foisau concept opératoire du plan et àl’« imaginaire aménagiste »1 qui lui correspondet qui est reconnu aux pratiques coloniales.Généralement, l’idée de rationalité renvoie àtoute sorte de résistance aux archaïsmes, qu’ilsse rapportent aux modes de gestions desespaces urbains ou à leur création et mises enforme. Ainsi, le rationalisme se présente commetoute doctrine qui en matière de connaissance,n’accepte que la seule « raison » : n’estrationnel que ce qui peut être expliqué par la« raison ».Dans son acception aménagiste, la rationalitérésulte moins d’une théorie que d’un mode depensée partagé par plusieurs architectes dudébut XXe siècle, en réaction aussi, à touthistoricisme [12].Du point de vue de l’histoire de l’urbanisme, larationalité d’un plan résulte desordonnancements géométriques « abstraits » quilui sont donnés. Ils sont abstraits car surimposéssur des réalités géographiques ettopographiques dont il ne tient pas compte. Laréférence aux principes de l’art urbain passantpar le culte des tracés est acceptée commegarante de valeurs esthétiques favorablementadmise par les architectes de la fin XIXe et dudébut XXe siècles. Entre l’œuvrehaussmannienne et les nouveaux principes desCIAM, il y eut ce moment, lui aussidéterminant de changements sans doutediscrets, et donnant lieu à des créations jugéesrationalistes. Entendues comme conceptopératoire, ces créations tentent de réunirlogique de tracé de plan, esthétique urbaine etrationalité des compositions d’ensemble :surgira ainsi la question de la liaison del’architecture avec l’urbanisme [13].Il est donc remarquable que ce qui s’oppose auxdédales des villes médiévales est à considérercomme étant un tracé rationnel : « Le secondsystème est celui des alignements parallèles,des formes géométriques simples et régulières

surimposées artificiellement aux paysages etaux villes, souvent contre les conditionsgéographiques et topographiques […] Ainsi, leslignes droites, les formes géométriques simplesont pendant longtemps été considérées commeune expression de la rationalité, de l’efficacité,du progrès, de l’esthétiques, en un mot de lacivilisation » [13].Concrètement, ces « créations » se produisentlorsque se réunissent « la nécessité oul’opportunité de construire rapidement un grandnombre de bâtiments, et une autorité qui peut enassurer la charge ». Dans ses suites de travaux,Philippe Panerai, adepte des études de la formeurbaine, en dresse un état tellement documentéqu’il nous est difficile d’en faire la synthèse[12].

5. PLANS D’ALIGNEMENT POUR BÔNE :ALIGNEMENT POUR LARECTIFICATION ET ALIGNEMENTPOUR L’EXTENSION

A partir des toutes premières dispositionsinstituées en Algérie, des plans ont été dresséspar les ingénieurs du génie2. Excepté lestravaux de Z. Hakimi et ceux de S. Benkada,très peu d’auteurs font cas de la transpositiondes dispositions réglementaires de la métropolevers l’Algérie [4-14]. Le règlement français surla voirie possède pourtant une longue histoire,bien plus ancienne que ses liens avec lesterrains ex-colonisés. Signalons que pour mieuxcerner les sources d’inspiration de cesdispositions, la littérature urbaine livred’énormes possibilités. Ces dernières éclairentl’histoire des plans par un regard inédit sur leurancienneté. Il existait pour Paris par exemple,des plans directeurs bien plus anciens que lesplans d’alignements : au XVIIIe siècle, Patte,Jaillot, Poncet de la Grave et bien d’autres ontavant les plans d’alignement pensé à des vuesde Paris dans son ensemble et où les rues sontl’instrument de réaménagement de la capitale[15]. Du moins pour ce qui est de la conception,le système de voirie et les plans de villesentretiennent depuis ces moments d’étroitsliens. L’histoire des villes françaises est richede plans et de projets où les rues représententles pièces maitresses de conception urbaine[16].

En 1833, Bône s’est dotée de son premier« plan d’alignement des principales rues », planque signe Urtin, capitaine chef du génie etLambert, ingénieur des ponts et chaussées. Cedocument fut le premier de la série des plansd’alignement et le premier également de lalongue lignée des projets pour Bône (Fig. 1). Il

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offre le double avantage de représenter la villedans sa totalité et de relever les limites des îlotsavec précision ; ce qui lui a valu d’être le plande base de tous les travaux qui suivirent, y

compris le plan cadastral. Ce dernier estsouvent utilisé comme fonds de plusieursdémarches et travaux, même ceux plus récents[17].

Figure 1 : Projet d’alignement des principales rues de la ville de Bône, Génie, 1833.Source : 1H 851 ; 1832-1875 ; archives historiques de la défense ; SHD ; Vincennes.

L’ensemble du tissu urbain deviendra par cefait, invariablement plus aligné et plus aéréqu’auparavant. Les traits jaunes illustrent lesretraits opérés sur le bâti existant. La mise enœuvre du renouvellement rapide des façades demaisons anciennes, point de départ de ceprincipe d’alignement, a été appliquée à lalettre. Et quelle qu’en soit la profondeur, lesretraits ont marqué le paysage des façades quibordent les alignements à tel point qu’ils font deBône une ville d’apparence architecturale defaçades néoclassiques.Ce plan global et complet, réussit à êtreappliqué alors qu’en métropole, la politique desalignements débouche sur des échecs, surtoutdans le cas de l’urbanisme parisien qui seheurtait à la difficulté de se défaire desanciennes inerties : « Or, si les projetsd’embellissements se multiplient, alignementdes rues étroites et tortueuses, percéesmonumentales, dégagement des quais, ilsdemeurent inachevés, partiels et sanscohérence. […] La monarchie qui les soutient,se heurte à la force des habitudes constructives[…] à une incapacité à faire face aux dépensesénormes qu’entrainerait la réalisation de cesgrands projets » [18]. Il est vrai que cette idéesur l’échec de la politique des alignements est ànuancer selon les cas de villes et selon lesmoments de mise en alignements.A Bône, il est important de souligner que tousles projets des premières années de la

colonisation devaient être portés et documentéspar le même plan d’alignement3 : places et îlotsà régulariser, rues à ouvrir ou à redresser,façades à embellir et tissu à desserrer.Par le strict respect et la mise en place de ceplan, l’essentiel de la configuration de Bônesemble s’être fait déjà dès le milieu du XIXesiècle. Aussi, les axes forts de sa croissancesemblent s’être dessinés depuis ces premiersplans et comme s’ils étaient enracinés dans lesol, ils commandaient une expansionpéniblement négociée avec le génie. Cetteexpansion a été présidée par des principes queles plans successifs n’ont nullement remis encause. Le dessin des plans de villes selon latradition française de conception (dedélimitations, de partitions et d’axes pourorienter l’expansion), présente en effet, une partnon négligeable de l’intérêt à tirer de cesexpériences. Nous trouvons utile d’interrogercette tradition dans ses liens avec laplanification urbaine du début du XXe siècle[19-20-21]. C’est en raison de sa longévité quele plan peut faire pièce de source.Après ce coup d’envoi des projets pourl’édification de la ville, la croissance de Bône aété guidée par deux types de projets : d’un côtéles projets d’agrandissement de son enceinte,dressés par le génie et de l’autre, des projetsd’alignements sous diverses responsabilités.Les reformulations de plans qui ont

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du avoir lieu, l’ont été pour négocierl’expansion de Bône entre les services du génieet ceux de la ville.La commission spéciale des alignements dresseen 1848 un plan en conformité avecl’agrandissement suggéré par les fortificationsdu génie. En ce moment, la nécessité d’agrandirBône n’était plus discutée : « Le conseilsupérieur d’administration est d’avis pouradopter pour l’agrandissement de la ville deBône, le tracé proposé, […] la ligne oùcommencent les terrains bas et récemmentdesséchés. […] Cette partie nouvelle del’enceinte se dirigerait du nord au sud tel unannelon ; à l’ouest des santons et vers le sud, seterminerait à la mer »4. L’argumentaire duLieutenant Gréban, porteur du projet, s’appuisur les directives du conseil de gouvernement et

y trouve même une valorisation aux avantagesde son plan d’agrandissement d’enceinte.Cependant, par ses limitations, ce dernierreprésente de sérieuses contraintes aux plansd’alignement successifs.Repris un à un par le conseil, ces avantages sontconsidérés face aux « dangers » quereprésenterait l’utilisation des terrainsmarécageux, insalubres et nécessitantd’énormes dépenses pour leur assainissement.Depuis, le discours hygiéniste prend le pas surle reste des considérations liées aux besoins deBône5.Au plan dressé par la commission desalignements succède celui de H. Gonssolin(Edmond), architecte de la ville de Bône (Fig.2).

Figure 2 : Plan de distribution, d’alignements et de nivellements de la ville de Bône, 18556.Source : GGA ; 7N1 ; Archives des : Archives Nationales d’Outre Mer (ANOM) Aix en Provence.

Dans ce cas précis, l’objet du plan d’alignementse trouve transformé par le rajout du volet« extension » qu’il suggère et qui lui a mêmefourni sa raison d’être. Il préfigure ainsi auPAEE, plan et procédure nés plusieursdécennies après, pour répondre à la thématiquede l’extension des villes de façon rationnelle carcorrespondant aux principes de planification encours. Est-ce à dire que seule la procédure desalignements était en mesure d’être opératoire ence milieu du XIXe siècle ? La pratiqueurbanistique, envisagée comme étant une

démarche d’aménagement de plein pouvoir, estimpensable sans le volet procédural par lequelelle s’illustre.Cependant, Gonssolin qui a davantage misé surune esthétique au plan, ne semble pas en avoirnégligé l’insertion dans la topographie généralede Bône et de ses « environs ». L’art de lacomposition et de la mise en cohérence du toutavec les parties rappelle que la tâche a étéconfiée à un architecte soucieux de l’équilibredes masses et des volumes bâtis : tout lenécessaire d’une composition monumentale qui

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tient compte aussi bien des alignements destracés bordés de façades que de l’harmonie duparcellaire et des îlots.Ce plan une fois concrétisé vaut à son auteur deremarquables éloges de la part du maire deBône : « M. Gonssolin, père de l’esthétiquebônoise, notre Haussmann d’Algérie, futurtransformateur de notre ville et gardien de sabeauté. M. Gonssolin qui médite de prolongerle cours Bertagna jusqu’à la voie lactée, enpassant par la cannebière, M. Gonssolin dieu dela ligne droite, et de la courbe et de laperspective […] le magicien qui des fanges duchamp de manœuvres bâtira la cité future ! »7.Dans les alignements neufs, trois dispositionssont instruites au plan8. Elles concernent lavoirie et les places publiques, les marchés et lesédifices publics, ensuite les terrains dans leurassainissement et leurs servitudes, cesservitudes sont en grande partie de naturemilitaire. La réglementation de la voirie

s’attache surtout à définir les limites desrapports entre les largeurs des rues et leshauteurs du bâti qui les bordent. Les mêmesrues sont ensuite classées en ordre de grandeuret selon leur rôle dans la structure de la ville« neuve ».En 1857 déjà, et par un principe de séparationqui fonde la construction toute nouvelle d’uneville à l’européenne, deux entités de ville sejuxtaposent sur le plan (Fig.3) : la ville modernetracée au cordeau et la ville arabe consacréemême par le vocabulaire en tant que vieille etrésistante à la modernité.S’il est admis que la transition de Bône vers lamodernité s’est réalisée par les multiplestravaux de son agrandissement, de sonassainissement et de l’édification de son port etdes infrastructures nécessaires à la vie, que luiauront donc apportée ses plans ?

Figure 3 : Détail du Plan Gonssolin (1855) : nouveau parcellaire, Cours, et vieille ville.Source : Archives Nationales d’Outre Mer, ex. Cnaom, Aix en Provence, GGA, F80 2026.

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6. ALIGNEMENT ET PAEE : QUELLESCONVERGENCES ?

6. 1. Démarche au plan

A l'étroitesse de la vision du pland’alignement qui envisageait Bône selon unepartition entre espace civil et espace militaires’est opposé le champ d'une actionvraisemblablement plus globale fondée sur lasolidarité, même théorique, entre chaquedomaine d’action : circulation, quartiersd’habitat, zones d’activités etc. L’idée de« moderniser Bône » s’illustre justement par cesthèmes qui sont retrouvés dans d’autressituations. Il est intéressant de souligner quecette idée a aussi été une question centrale dansle plan d’alignement et semble de ce fait,traverser les deux plans par des séquences deleur mise en œuvre.L’idée qui prime est celle d’une sorte deconsensus qu’illustrent plusieurs coïncidencesdans les deux plans (Alignement et PAEE). Etmême s’il est admis que le PAEE est posé entermes nouveaux, ces derniers ont des liensavec les thématiques déjà explorées par lesplans antérieurs : les questions de l’hygiène, dela circulation et de l’esthétique sont contenuesaussi dans les règlements des alignements9. Letracé de ce plan n’est-il pas une réponse à lanécessité de bonne circulation, par l’impositionde prospect ? Sur les dispositions d’hygiène, àla fois les textes français transposés versl’Algérie mais surtout leur application aucontexte Bônois qui nous intéresse, font étatd’une vigueur sans conteste. L’argumentairehygiéniste fonde à la fois le discours du génietout le long de la deuxième moitié du XIXesiècle et ensuite celui de la municipalité avecses plans au début du XXe siècle. Cesthématiques ont fourni une matière première àla planification urbaine qui a suivi. Le PAEE aainsi tout simplement fait de ces thématiquesdisparates, une association d’idées engagées auservice d’une planification plus rationnelle.De plus, le PAEE a l’ambition de réaliser lasynthèse entre ces thématiques : « Mais leurthèse a une portée autrement plus vaste, car, nes'arrêtant pas a une question particulière - fut-cecelle, aux implications fort étendues, de la sante- elle fait dépendre de l'organisation urbainedans son ensemble, l'état de la société sous tousses aspects » [22].Le PAEE se distingue des documents qui leprécèdent, par son dossier colossal et par uneattention particulièrement donnée à l’analysequi intègre des données de toutes sortes, cadréespar des déclinaisons disciplinaires (histoire,

géographie, socio démographie) allantjusqu’aux comportements de la population. Ladistribution des composantes de cettepopulation sur la structure de l’espace urbaindoit fournir ce que ce plan désigne de règles-guide. Ainsi, de l’enquête urbaine au plan-programme, la démarche au plan est claire. Ellecristallise un consensus général, reflet dumoment réformiste et que la littérature reprendde façon également consensuelle [3-23].Le tableau que dressent les urbanistes, René etRaymon Danger sur Bône est bien affligeant,surtout pour ce qui est de ses conditionsd’hygiène10. Cela explique leurs discours auxrésonances thérapeutiques et qui vont jusqu’ànier à la ville toute considération historique aumême moment où ils analysent la situationhistorique de Damas en Syrie, sur des dizainesde pages11.Il est probablement important de souligner quec’est à partir de la notion de « physionomielocale », qu’est issue la partition de Bône ensites et établissements salubres, sites etétablissements insalubres : notions que reprendThérèse Danger comme pour soutenir lespropos de son père René Danger, avec un soinparticulièrement accordé à l’émulation que seull’urbaniste détient et qui lui permet de voir« autant les défectuosités des recoins de la villeque ses belles frondaisons»12. Synonyme decroissance maitrisée, le PAEE en devient aussila réponse thérapeutique la plus pertinente dumoment. « En même temps, le type d'habitat etl’environnement urbain sont définis : desquartiers nouveaux à basse densité dont lemodule est la cité-jardin ; […] une planificationde l'extension urbaine fondée sur les données dela science urbaniste moderne » [22].Hormis, la cité indigène dite « musulmane » etqui a été partiellement construite en respect duplan Danger, le PAEE a été suivi de peud’applications en réalité, en raison de lacomplexité de sa démarche et des étapesnécessaires à sa mise en œuvre. « Cependant, laprocédure était fort complexe. […] le projetdevait obtenir l’avis favorable d’une pyramidede commissions : départementale, nationale,[…] c’était alors seulement que le Plan étaitdéclaré d’utilité publique par décret en conseild’état […] » [24]. La déclaration d’utilitépublique du PAEE de Bône a tellement étéconditionnée par des réserves successives qu’àun moment donné, la réalisation de lotissementss’en est passée et a instauré une sorte de régimeexceptionnel à répétition. Les lotissementsurbains se faisaient approuver

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sous la pression des propriétaires fonciers,spéculateurs de poids car ils faisaient en mêmetemps partie des conseils de la ville ou étaient àla tête d’institutions influentes [25].

6. 2. Eléments constitutifs des deux plans

Les concordances entre les deux plans nesont pas que d’ordre formel mais concernentleurs desseins pour Bône. Ils s'accordent ainsisur la nécessité de transformer le cadre de vieurbain, de le moderniser en y apportant lesinfrastructures et les services nécessaires à lavie quotidienne de toutes les populations, lesautochtones y compris. Pour illustrer les actionsde la société des frères et fils Danger vis-à-visde la catégorie des autochtones, un autre travailest en cours. Pour l’immédiat, nous nouslimiterons au renvoi des plans de la cité« indigène », dressés par la société, tout autantque les discours qui en sont explicatifs13.6. 2. 1. Limites aux plans

La limitation de l’espace urbanisable se metavec les deux plans, au service de l’extensionde Bône. L’agrandissement était devenu un fait,une réalité inéluctable mais qui nécessitait poursa rationalisation une limite bien claire qu’elleprenne la forme de ceinture verte ou de murd’enceinte.Jetant nettement les bases de l’extensionrationnelle de la ville, le changement d’échellereste le fait le plus frappant du PAEE parrapport au plan d’alignement. C’est en cela quel’ambition du franchissement des limites futportée à sa fin. A chaque plan, un seuil étaitdépassé et cela correspondait dans les deux cas

aux canaux d’assainissement des plainesbônoises. Cependant, les deux plans nedérogeait guère à la préoccupation de délimiterle périmètre d’urbanisation future, dans la puretradition des plans de villes françaises. La limitequi sépare la commune de Bône de cellesvoisines, Bugeaud et Hérbillon et que le PAEEreprend expressément, semble s’inscrire dans lestrict respect de la topographie du siteenvironnant. Ainsi, la limite de Bône et la limitede plaine se superposent nettement pour que leterritoire communal s’empare de l’ensemble decette plaine gagnée par bandes successives etpour que la commune de Bugeaud qui est unezone montagneuse, soit vouée au tourisme. Lavolonté d’excentrer le tourisme hors de Bôneest une question certes moins aisée que celle quil’assoit au croisement des communications (Fig.4). Il est intéressant aussi de pointer le regardsur le jeu de mise en frontière de la zonemaritime, ainsi Le cap de garde, inséré dans lalimite communale est hors des limites des planssuccessifs. Le plan d’alignement avait lui aussi,avant le PAEE, prévu une succession decouronnes autour du noyau de Bône sans jamaisincorporer la totalité de sa bande littorale. « Laplanification régionale détermine le meilleurusage de ce sol. Facteur de gains continus deproductivité et de l'élévation du niveau de vie,la ville rationalisée promet décidément unprogrès indéfini » [22]. Excepté pour ce que leport pouvait amener à la ville, le progrès deBône n’était alors pas encore perçu en rapportavec son littoral.

Figure 4 : Périmètres de la commune de Bône, de son PAEE et des voies touristiques 1932.Source : Archives de l’IFA / 116 IFA, SIAF / Cité de l’architecture et du patrimoine.

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Le document est conservé dans le fondd’archives Danger frères et fils.6. 2. 2. Croissance physique de Bône et orientationde son urbanisation

L’un des traits majeurs des PAEE est desuivre l’orientation de la croissance de la villequ’aura dévoilée l’analyse urbaine. Lesrecommandations des urbanistes de ce momentle soulignaient de toutes les façons en respect àla conception de la ville comme organismeayant sa propre logique et que la planificationne peut qu’accompagner14.A la fois en matière de surface prévue àl’aménagement neuf et en matière de densité

des tracés, l’urbanisation des plaines ouest deBône s’affirme de plan en plan. L’organisations’est adossée à celle du plan d’alignement qui aconsacré la direction ouest dès les années 1850et les premiers élans de croissance de Bône, lacroissance est contigüe et ne présente aucunecoupure physique entre ses séquences [26]. Enprolongement direct des parties ouest déjàbâties et denses, et par l’addition d’une surfaceconséquente, structurée par un maillage serré detracés « à la française » Bône s’étendra jusqu’aupied des monts de l’Edough, horizon ouvertdepuis l’urbanisme des services du génie [27](Fig. 5 et Fig. 6).

Figure 5: Le plan d’aménagement, et d’extension de Bône, 1932-1933

Source : Fonds d’archives Danger frères et fils, Société des plans régulateurs de villes,Archives de l’IFA / 116 IFA, SIAF/Cité de l'architecture et du patrimoine.

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Figure 6: le principe du tracé de voies en croisée S-N / E-OSource : revue Architecture d’aujourd’hui, N° 3 ; 1936, tracés S-N / E-O repris par l’auteur

La même figure 5 illustre le contraste frappantentre ce maillage régulier et celui des pentesraides des santons régis par la logique des« courbes de niveaux » et par l’implantation dechemins adaptés à l’opposé des larges avenuesouest de Bône. En consacrant la direction, lesplans auraient également souligné la répartitionde l’espace urbain bônois en deux espèces aumoins : une plaine vouée à l’urbanisation denseet mixte et des hauteurs où la villégiature prime.Cette dernière s’appuie sur le typed’implantation en cités jardins, chère àl’époque. Cette organisation dénote enfin del’importance de la plaine pour Bône [28]. Dupoint de vue de la direction que les deux plansont donné à l’extension de Bône, la similituden’ira pas plus loin. Celle du plan d’alignement aété polarisée par une porte principale située surl’enceinte, porte des Karezas, alors que rien depareil ne commande l’arrêt d’extension prévuepar le PAEE. La convergence de voiesimportantes et qui existaient avant le plan, ajoué dans le premier cas alors quel’organisation des voies du PAEE ne prendaucune référence aux trames anciennes. Letracé neuf du PAEE ne fait de compromisqu’avec les contraintes du site.6. 2. 3. Réseaux et interconnexions

Ce sont surtout les réseaux et leursinterconnexions qui constituent des prémices àl’expansion régionale de Bône. L’intelligibilitéde la structure viaire s’appuie sur deux faits :leur forme et leur échelle. Les deux plansaffirment cet art du tracé où le réseau radial se

met facilement en connexion avec celuipériphérique. Dans l’ensemble, ces réseaux seconnectent à celui intra urbain pour constituerau final les trames régissant le plan :Boulevards et avenues, Places et carrefours,jardins et terrains de jeux, etc. Nous pouvonsainsi multiplier les figures d’espaces libres aurisque de perdre de vue comment du tracé de cesystème résulte celui du bâti. Et pour situerBône dans son contexte, plusieurs seuils dedifférenciation s’articulent. La liaison avecHérbillon, village voisin a été privilégiée bienplus que celle plus ancienne avec Bugeaud.Mais tous les deux possèdent tout l’essentieldes attributs de villages touristiques. C’est ainsique s’articule le seuil local avec celui régional.Plus remarquable est la circonspection faisantdu littoral de Bône un secteur hors la ville, àpartir des plages Saint Cloud. Bien plus au sud,un emplacement prévu pour l’aérogare anécessité l’aménagement des liaisonsadéquates.

Deux figures anciennes du tracé urbain quirécupérées font l’originalité du PAEE. D’abord,la percée a constitué un recours pour soulignerune option de desserrement hygiéniste de lavieille ville en ce qu’elle incarnait de « foyersmeurtriers »15 (Fig.7). Les nécessités deventilation favorable se joignent à cellesesthétiques pour instaurer la croisée, nord-sud,est-ouest, comme mode de structurationfavorisé davantage par le PAEE que par le pland’alignement.(Fig8).

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L’extension que suggère le PAEE est d’ailleurscharpentée par une croisée qui prolonge enamplifiant les dimensions, celle principale etcréée par le plan d’alignement. Il s’agit ducroisement de la rue Thiers avec le coursBertagna. Ceci représente la deuxième figureadoptée par les deux plans (Fig.9). Dansl’ensemble l’adoption de cette structure quirépartit de façon rationnelle les espaces libresentre tous points de Bône conforte notrehypothèse de convergence des idées émises parles plans.La culture des parkways et de l’arbred’alignement assortis aux tracés majeurs desdeux plans souligne la préoccupation du rapportà la nature et au site. L’élément vert, si visiblesur les plans, est aussi une sorte de valorisationd’une iconographie déjà très riche. Il est parcontre regrettable que ce rapport au site selimite, pendant plusieurs décennies, au vuesdégagées vers les monts de l’Edough enécartant la corniche littorale.Ainsi, l’esprit expansionniste et la volonté dedélimitation ont pu être alliés dans ces plans par

une logique de rationalisation des tracés dontl’essentiel est condensé dès les premièresesquisses : à la fois le respect du principe derésumer le tracé de plans en tracés de voies,celui du culte de la croisée que valorisent lesrues en diagonale, le découpage en îlots à bâtir,le tout inséré dans des limites prédéterminées,par le site et par le plan. La rationalité s’illustreici par cette sorte de recherche d’équilibrepoussée à l’extrême.L’essentiel semble aussi se prononcer àl’endroit de l’articulation des anciens quartiersavec les nouveaux, c’est ce qui illustre letournant hygiéniste au fil des plans. Cesderniers ont adopté une disposition particulièreet médiane entre des types d’implantation. Parle lotissement dit de l’étoile, à cheval entre lesquartiers de la « haute ville » (Fig.10) et ceuxdes faubourgs Saint Anne et la Colonne, lesplans opèrent une connexion même au niveaudes infrastructures. Il convient de souligner quel’expression « haute ville » découle despartitions données à Bône par le génie : vieilleville, nouvelle ville, haute ville.

Figure 7: La percée comme outil de desserrement du vieux tissu ; largeur des rues à l’appui

Source : « Etudes du quartier de la vieille ville de Bône »Fonds d’archives Danger frères et fils, Société des plans régulateurs de villes,Archives de l’IFA / 116 IFA, SIAF/Cité de l'architecture et du patrimoine.

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Figure 8 : Croisée des axes majeurs et localisation du centre social.

Source : Extrait du Plan d’extension de Bône 1932Fonds d’archives Danger frères et fils, Société des plans régulateurs de villesArchives de l’IFA / 116 IFA, SIAF/Cité de l'architecture et du patrimoine.

Figure 9 : Croquis de la connexion du cours Bertagna avec la rue ThiersSource : Photo collection personnelle

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Figure 10 : Photo de lotissements de la « haute ville » en cours d’urbanisationSource : Photos collection personnelle

6. 2. 4. Zonings

La question du zoning s’est essentiellementbasée sur l’implantation du port et des activitésqui en dépendent. L’ensemble a été déjà prévuavant le plan du terre-plein du port, Souleyre,déterminés depuis les années 1860. L’interfacede Bône avec son littoral a ainsi été marquée,elle est plus utilitaire que pittoresque. Face àcette réalité forte, les plans ne changent rien.Sur ce point et probablement beaucoupd’autres, intervient la question de rapports deforce à l’intérieur de la société coloniale elle-même [29-25].

Les idées des plans sur cet équilibre de Bône etsur son maintien sont au service d’uneorganisation qui n’exclut en rien les disparitésd’occupation dans les divers quartiers. A cepropos, il est intéressant de s’interroger surl’établissement de plans d’équipement et deservitudes sanitaires, partie du PAEE, préalableà toute division en quartiers. Et même si leszonings sont l’apanage de l’urbanisme duPAEE, ils sont eux aussi subordonnés audéveloppement quasi naturel de la ville Le sudde Bône s’affirme comme zone industrialo-

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portuaire. Les plans convergent sur cetteorientation essentielle du projet. Alors que lenord est voué à la villégiature, aux lotissementset aux cités jardins : « Les quartiers derésidence et de plaisance sont situés sur leshauteurs nord de la ville qui dominent la plagede St-Cloud ; les points culminants de ceshauteurs sont réservés comme belvédères quiseront reliés entre eux par la promenade descrêtes »16.Un noyau mixte s’installe entre les deux ets’étend vers l’ouest selon la même logique.C’est ainsi que se cristallisent les rapports desélites locales à l’espaces bônois. Ces premiersfaits de spécialisation de l'usage du solcontinuent d’agir sur les séquences de la vie deBône jusqu’aux décolonisations.

7. CONCLUSIONA partir d’une investigation en archives

coloniales de Bône (actuellement Annaba),nous avons opéré une lecture sélective dedocuments se rapportant aux seuls plansd’urbanisme : plan d’alignement et pland’extension. Dressés par deux concepteursdifférents, l’architecte Gonssolin pour lepremier (1855) et l’urbaniste Danger pour lesecond (1932), ces deux plans montrent deremarquables convergences en différents pointsde vue et confortent ainsi, notre hypothèse surla continuité entre les pratiques de conceptionurbaine coloniale en dépit de la différence decontextes.En voulant incarner une certaine volonté demodernisation, les deux plans ont du tour à tour,composer avec les réalités locales, celles du siteet surtout celles des institutions en charge desplans, et imprimer au sol la marque d’un arturbain « à la française ». Cela pourrait êtreexplicatif de leur portée opératoire. Ils ont nonseulement agi au moment de leur concrétisationmais ils continuent encore d’agir sur la structurephysique de la ville.Ainsi, les dispositions instituées au pland’alignement de Gonssolin en 1855 (voirie etplaces publiques, marchés et édifices publics,servitudes militaires) sont reprises maisparadoxalement dépassées par le PAEE septdécennies après. Ce nouveau mode opératoirequi a été institué pour surpasser ce qui l’aprécédé, embrasse amplement l’ancien plan etle submerge, du moins géographiquement. A neconsidérer que ces faits de dépassement, lesconnexions ancien-nouveau plan apparaissentdiscrètement. Selon cet ordre de composition,les trames viaires répondent tout aussi bien ausystème radial qu’à celui périphérique. AutantGonssolin par son plan d’alignement que

Danger par son PAEE, ont tous deux été les« passeurs » des idées conciliantes entre lesnécessités d’hygiène, d’expansion et celles decompositions à l’esthétique mise en visibilité.De plan en plan, l’ouest ne finit pas d’aiguillerl’expansion de Bône, agissant comme unedirection quasi naturelle. Partant de ce casconcret, il serait sans doute utile d’interrogerd’autres cas de villes, sur l’imposition théoriqueet décontextualisée des tracés abstraits sur site.En revanche, les tracés des plans ne sont pas lesseuls points de leur convergence. En plusd’obéir à des règles communes, la conceptionde Bône selon ces deux temps, promeut surtoutl’idée d’une ville plus saine, ce qui en soulignele trait de caractère de « ville marécageuse ».Que ce soit en 1855, ou en 1932, les deux plansnous semblent avoir agi sur le fonds de cettegrande question urbaine, celle de l’hygiène, etqui n’est pas que bônoise : à Bône, laproblématique se cristallise dans les conditionsdu site marécageux. Toute l’esthétique destracés de plans en devient-elle dérisoire ? Mêmela logique du zoning, apanage des PAEE,semble y répondre : il n’y qu’à observer lesprévisions de localisations des cités dites« indigènes », des zones industrialo-portuaires,complètement au sud, sur d’anciens lits d’ouedset sur les terrains assainis au fil de l’eau. Face àcette disposition, les quartiers pavillonnaires etdont ne sera destinataire qu’une populationd’européens aisés, ont irréversiblement pris leshauteurs pour habitat.Sur cette dernière question, et sur celle du liendes tracés avec le site, bien des travaux peuventse réaliser.

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[29] Saidouni M., 1995. Rapports de force dansl’urbanisme colonial algérois, 1855-1935, thèse dedoctorat sous la direction de S. Yerasimos, Université deParis 8, Paris, France, 1662 p.

SOURCES D’ARCHIVES ET TEXTES ANCIENS

-Archives nationales d’outre mer (ANOM) , Ex Cnaom, Gouvernement général d’Algérie, Boites : L 63, 7N1,F80 2026-Archives du service historique de l’armée de terre (SHAT), centre historique de la défense, Vincennes, Paris,1H 851, 1VH 387, 1VJ-Archives de l’Institut français d’architecture (IFA) Fonds d’archives Danger frères et fils, Société des plansrégulateurs de villes, 116 IFA, SIAF/Cité de l'architecture et du patrimoine/Archives d'architecture du XXesiècle, 116 IFA 1 à 7/boîtes de documents.-Danger Raymon, 1929. Levé de plans de villes, in Compte-rendu de la 53e session de l’Association françaisepour l'avancement des sciences, Le Havre.-Danger Raymon, 1932. Le plan d’aménagement et d’extension de la ville de Bône et les cités indigènes enAlgérie, Revue Le Musée social, Janvier 1933, travaux des sections d’hygiène urbaine et rurale et de prévoyancesociale, séance du 29 avril 1932, pp 19-20.-Danger Raymon, 1935. Etat de l’assainissement de Bône, revue urbanisme N° 38, pp 330-333.-Danger René, 1933. Cours d’urbanisme, Ed. Eyrolles, Paris, France, 358p.-Danger René, 1937. L’urbanisme en Syrie, revue Urbanisme, N° 55, éd. Eyrolles, Paris, France, 63p.-Danger Thérèse, 1935. Les enquêtes, l’hygiène et les œuvres sociales dans l’urbanisme colonial, revueurbanisme N° 33, 79-81.

Page 20: Eléments sur la continuité entre plans d’urbanisme

Rev. Sci. Technol., Synthèse 31 : 52-70 (2015) N. Bensaad et B. Labii

©UBMA - 201570

-Franque A., 1844. Lois de l'Algérie, du 5 juillet 1830 (occupation d'Alger) au 1er janvier 1841, éd. J. Corréard(Paris), France, monographie imprimée, Vol. 32, 520 p.-Lespes R., 1930. Alger, étude de géographie et d'histoire urbaines, Thèse de doctorat, Université de ParisSorbonne, Paris, France, F. Alcan, 860 p.-Monsarrat G., 1935. L’organisation administrative française et la législation urbaine aux colonies, revueurbanisme N° 38, pp 312-317.-Narbonne Henri, 1909. Réponse du Maire Narbonne à Mr Marchis, Action Bônoise, journal républicain radical,18 Juillet 1909, première année, N° 22.

Notes de fin de texte

1 Expression empruntée à Eric Verdeil : Verdeil E., 2010. Beyrouth et ses urbanistes, Une ville en plans (1946-1975), Presses de l’Ifpo.2 Il s’agit des arrêtés du 8 octobre 1832, portant règlement général de voirie et celui du 8 mai 1833 instituant desconseils de voiries pour Alger, Oran et Bône.3 Procès verbal de conférence relatif au projet d’alignement des principales rues de la ville de Bône (6 pages) ;Génie et Ponts et Chaussées ; armée d’Afrique ; en date du 1er novembre 1833 ; dans le dossier : 1H 851,archives du Shat au SHD à Vincennes, Paris, France.4 Extrait du Procès verbal de conférence au sujet de l’agrandissement de la ville de Bône, en date d’octobre1849 ; sous série 1VH 386, archives du Shat, SHD, Vincennes, Paris, France.5 Extrait du registre des délibérations du conseil de gouvernement en séance du 8 août 1850.6 Ce plan a été « Vu et approuvé pour être annexé à l’arrêté ministériel du 8 juillet 1959 ; Le ministre secrétaired’état de l’Algérie et des colonies » ; archives du Cnaom, Aix en Provence, France, GGA ; 7N1.7 Narbonne H., 1909, Réponse du Maire Henri Narbonne à Mr Marchis, Action Bônoise, journal républicainradical, 18 Juillet 1909, première année, N° 22.8 Dossier d’alignement, archives du Cnaom, GGA, 7N1, Aix en Provence, France.9 Dossier d’alignement, Archives nationales d’outre mer, Ex Cnaom, Aix en Provence, France, GGA, 7N1 ; etrèglement de voirie, Archives nationales d’outre mer, Ex Cnaom, Aix en Provence, GGA.10 Raymon Danger, 1935. Etat de l’assainissement de Bône, revue Urbanisme N° 38, éd. Eyrolles, citation enpage 330, 330-333.11 René Danger, 1937. L’urbanisme en Syrie, revue Urbanisme, N° 55, éd. Eyrolles, citation en page 125,Rapport de 63p.12 Thérèse Danger, 1935. Les enquêtes, l’hygiène et les œuvres sociales dans l’urbanisme colonial, revueUrbanisme, éd. Eyrolles, N° 33, citation en page 74, 74-79.13 Nous nous sommes appuyés sur les discours des frères et fils Danger que reprennent deux sources : la revueurbanisme et la revue du musée social.14 Marcel Poëte cité par Gaston Bardet, 1934. Naissance de l'urbanisme, la revue Urbanisme, n° 28, Juillet -Septembre 1934, 232-233.15 Raymon Danger, 1935. Etat de l’assainissement de Bône, revue Urbanisme, N° 38, citation en page 330, 330-333.16 Raymon Danger, 1932. Le plan d’aménagement et d’extension de la ville de Bône et les cités indigènes enAlgérie, Revue Le Musée social, Janvier 1933, travaux des sections d’hygiène urbaine et rurale et de prévoyancesociale, séance du 29 avril 1932, 19-20.