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Le réseau collégial vit une grande transformation Page 2 EDUCATION ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR La musique avant tout dans les conservatoires Page 5 Un emploi est assuré au futur ingénieur en aérospatiale Page 7 CAHIER THÉMATIQUE G › L E D E VO I R , L E S SA M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 F É V R I E R 2 01 4 ÉTIENNE PLAMONDON ÉMOND U n mois. C’est tout le temps laissé par Ottawa pour réflé- chir à des recom- mandations au su- jet de la nouvelle stratégie fé- dérale en matière de sciences, de technologie et d’innovation. Le 8 janvier dernier, le milieu de la recherche a été pris de court lorsque Greg Rickford, ministre d’État des Sciences et de la Technologie, a annoncé le lancement d’une consulta- tion publique qui prendra fin le 7 février prochain. La Fédération québécoise des professeures et des profes- seurs d’université (FQPPU) a été la première à dénoncer pu- bliquement la consultation dans sa forme actuelle et à la qualifier de «coquille vide» dans un communiqué. «Pour nous, ça signifie qu’il est impos- sible de faire un travail d’exa- men et de recommandation sé- rieux, explique au Devoir Max Roy, président de la FQPPU, au sujet du temps accordé. De- vant cette situation, on ne peut que penser que c’est volontaire, que le gouvernement a voulu nous limiter dans nos possibili- tés de critiquer et de suggérer des changements à sa politique, parce qu’on n’aura pas le temps d’examiner en profondeur ce qui est proposé. On est piégé dans le processus. C’est comme si les dé- cisions étaient déjà prises. » Robert Johnson, agent pro- fessionnel qui s’occupe des re- lations avec le gouvernement pour l’Association canadienne des professeures et profes- seurs d’université (ACPPU), s’interroge aussi sur la dé- marche. « C’est un peu bizarre et ce n’est pas tout à fait clair, exprime-t-il à l’autre bout du fil. Il n’y a pas d’information sur ce que le gouvernement va faire par la suite. Est-ce que toutes ces réponses vont être mises en ligne ? Est-ce que, en- suite, Industrie Canada va or- ganiser des assemblées pu- bliques pour faire un suivi ? Est-ce qu’il y aura des témoi- gnages devant un comité ? La seule chose qu’on sait ici, c’est qu’on peut envoyer des réponses par courriel. » L’Acfas: exclue! L’Association des universi- tés et collèges du Canada (AUCC) a confirmé au Devoir qu’elle a reçu d’Industrie Ca- nada une invitation claire à se prononcer dans la consulta- tion. Ce n’est pas le cas du côté de l’Association franco- phone pour le savoir (Acfas), qui n’avait toujours pas reçu une telle invitation au moment d’écrire ces lignes. Pourtant, l’Acfas constitue une référence dans le domaine. Sa prési- dente, Louise Dandurand, juge que la consultation manque de transparence. « Je trouve que c’est un processus pour le moins étrange », dit-elle. Elle en sait quelque chose : l’Acfas avait été mandatée par le gouvernement du Québec, avec l’Association pour le déve- loppement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ), pour mener les consultations sur la Politique nationale de la recherche et de l’innovation (PNRI). Celles-ci s’étaient étalées sur plusieurs mois. Tant l’Acfas que l’ADRIQ avaient organisé des rencontres avec des associations ou des groupes concernés. Des ques- tions avaient été fournies par le gouvernement, mais les deux associations indépendantes avaient le loisir d’en ajouter, tout en jouant un rôle de mé- diateur. Dans ce cadre, toutes les démarches avaient été ren- dues publiques. La consulta- tion actuelle du gouverne- ment fédéral « est un processus diamétralement opposé, af- firme M me Dandurand. Bien que ce soit un processus officiel- lement très ouvert, qui invite tous les Canadiens à se pronon- cer, il est tout de même très opaque. Et, surtout, c’est un processus conduit par le gouver- nement avec des questions très fermées, qui sont le reflet d’une vision étroite de ce que doit être une stratégie des sciences et technologies .» Étrange document Le document de consultation (http://bit.ly/1f79uis) n’a que sept pages, si on compte la cou- verture. « Quand on consulte, habituellement, c’est à partir de propositions et de documents qui détaillent assez bien les choses, signale Max Roy. Parfois, il y a des ballons d’essai, mais au moins on a suffisamment de matière. Là, on n’arrive pas à voir ce qui est en dessous. » Les textes d’introduction van- tent le Canada comme un «chef de file mondial» dans le domaine de la recherche. La conclusion, quant à elle, prend le 150 e anni- versaire de la Confédération comme prétexte pour renouve- ler sa politique en sciences et technologies. C’est ce qui pousse Robert Johnson à conclure qu’il ne s’agit pas d’une vraie consultation, mais d’un «si- mulacre». «C’est presque un do- cument de célébration, observe-t- il. Il y a eu des manifestations du public et des scientifiques dans les dernières années. Il y a eu des cri- tiques dans des revues presti- gieuses sur la scène internatio- nale. Et qu’est-ce que le gouver- nement fait ? Il dit qu’on est sur le bon chemin. Finalement, soit il va nous ignorer, soit il va continuer dans la même voie, parce que le contexte dans le- quel sont insérées les questions indique clairement que tout est orienté vers le secteur privé. Il n’y a rien sur l’indépendance ou l’intégrité scientifiques. Il n’y a rien non plus qui indique qu’il va peut-être effectuer une réorientation par rapport à ce qu’il a déjà fait. » Le document accorde une grande importance aux inno- vations au sein des entre- prises. La recherche fonda- mentale, elle, y est totalement occultée. « Ça devient affolant, parce qu’on se dit qu’il n’y aura plus d’argent pour le secteur des sciences humaines, des sciences de la culture et même pour les sciences de la nature dans une approche fondamentale ou théo- rique », s’inquiète Max Roy. Louise Dandurand illustre le fait que, pourtant, « l’alimenta- tion de l’oléoduc de la recherche et de l’innovation se fait par la recherche fondamentale », com- plètement omise lorsque le do- cument parle de découvertes. À la question « Comment le Canada peut-il continuer à for- mer, attirer et maintenir en poste les chercheurs les plus talentueux au monde dans nos entreprises, nos établisse- ments de recherche, nos col- lèges, nos écoles polytech- niques et nos universités ? », M me Dandurand répond que la « première façon d’attirer et de garder l’expertise, c’est d’avoir des universités qui sont très per- formantes avec des infrastruc- tures de pointe ». Elle dénonce au passage les récentes poli- tiques du gouvernement dans le domaine de la science et souligne que ce n’est pas en fermant des bibliothèques scientifiques, en mettant fin à des projets de recherche inter- nationalement réputés ou en empêchant des chercheurs embauchés par le gouverne- ment de communiquer libre- ment leurs résultats « qu’on va attirer et retenir l’expertise. Au contraire, on la fait fuir.» Malgré la désillusion, les personnes interrogées ont as- suré qu’elles allaient tout de même jouer le jeu et soumet- tre plusieurs recommanda- tions. « Nous allons certaine- ment aborder des sujets qui nous tiennent particulièrement à cœur, même si les questions ne sont pas dirigées en ce sens », déclare Louise Dandurand. Elle évoque l’importance de l’équilibre entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée, l’équilibre entre les différentes grandes disci- plines, la bonification du finan- cement consacré aux coûts in- directs de la recherche, ainsi que l’importance de la re- cherche fondamentale pour appuyer des recherches éclai- rées au sein des agences gou- vernementales et des minis- tères. L’ACPPU, de son côté, suggérera la création d’un poste de secrétaire scienti- fique parlementaire indépen- dant. Aussi, elle réclamera le recours à des mécanismes pour assurer l’indépendance des conseils subventionnaires. Collaborateur Le Devoir Le fédéral mène en un temps record sa consultation sur la recherche universitaire Le document de consultation n’a que sept pages, couverture incluse ! INRS L’Institut national de la recherche scientifique La première façon d’attirer et de garder l’expertise, c’est d’avoir des universités qui sont très performantes avec des infrastructures de pointe Louise Dandurand « »

EDUCATION - Le Devoir · 2014. 1. 31. · à cœur, même si les questions ... Il compte aussi sur le recrutement à l’étranger. ... trois change de programme en cours de route

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Le réseaucollégial vit une grandetransformationPage 2

EDUCATIONENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

La musique avanttout dans lesconservatoiresPage 5

Un emploi estassuré au futuringénieur en aérospatiale Page 7

C A H I E R T H É M A T I Q U E G › L E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 F É V R I E R 2 0 1 4

É T I E N N E P L A M O N D O NÉ M O N D

U n mois. C’est toutle temps laissé parOttawa pour réflé-chir à des recom-mandations au su-

jet de la nouvelle stratégie fé-dérale en matière de sciences,de technologie et d’innovation.Le 8 janvier dernier, le milieude la recherche a été pris decourt lorsque Greg Rickford,ministre d’État des Sciences etde la Technologie, a annoncéle lancement d’une consulta-tion publique qui prendra fin le7 février prochain.

La Fédération québécoisedes professeures et des profes-seurs d’université (FQPPU) aété la première à dénoncer pu-bliquement la consultationdans sa forme actuelle et à laqualifier de « coquille vide »dans un communiqué. « Pournous, ça signifie qu’il est impos-sible de faire un travail d’exa-men et de recommandation sé-rieux, explique au Devoir MaxRoy, président de la FQPPU,au sujet du temps accordé. De-vant cette situation, on ne peutque penser que c’est volontaire,que le gouvernement a voulunous limiter dans nos possibili-tés de critiquer et de suggérer deschangements à sa politique,parce qu’on n’aura pas le tempsd’examiner en profondeur ce quiest proposé. On est piégé dans leprocessus. C’est comme si les dé-cisions étaient déjà prises.»

Robert Johnson, agent pro-fessionnel qui s’occupe des re-lations avec le gouvernementpour l’Association canadienne

des professeures et profes-seurs d’université (ACPPU),s’inter roge aussi sur la dé-marche. « C’est un peu bizarreet ce n’est pas tout à fait clair,exprime-t-il à l’autre bout dufil. Il n’y a pas d’informationsur ce que le gouvernement vafaire par la suite. Est-ce quetoutes ces réponses vont êtremises en ligne ? Est-ce que, en-suite, Industrie Canada va or-ganiser des assemblées pu-bliques pour faire un suivi ?Est-ce qu’il y aura des témoi-gnages devant un comité ? Laseule chose qu’on sait ici, c’estqu’on peut envoyer des réponsespar courriel. »

L’Acfas : exclue!L’Association des universi-

tés et collèges du Canada(AUCC) a confirmé au Devoirqu’elle a reçu d’Industrie Ca-nada une invitation claire à seprononcer dans la consulta-tion. Ce n’est pas le cas ducôté de l’Association franco-phone pour le savoir (Acfas),qui n’avait toujours pas reçuune telle invitation au momentd’écrire ces lignes. Pourtant,l’Acfas constitue une référencedans le domaine. Sa prési-dente, Louise Dandurand, jugeque la consultation manque detransparence. « Je trouve quec’est un processus pour le moinsétrange», dit-elle.

Elle en sait quelque chose :l’Acfas avait été mandatée par legouvernement du Québec,avec l’Association pour le déve-loppement de la recherche etde l’innovation du Québec(ADRIQ), pour mener lesconsultations sur la Politique

nationale de la recherche et del’innovation (PNRI). Celles-cis’étaient étalées sur plusieursmois. Tant l’Acfas que l’ADRIQavaient organisé des rencontresavec des associations ou desgroupes concernés. Des ques-tions avaient été fournies par legouvernement, mais les deuxassociations indépendantesavaient le loisir d’en ajouter,tout en jouant un rôle de mé-diateur. Dans ce cadre, toutesles démarches avaient été ren-dues publiques. La consulta-tion actuelle du gouver ne-ment fédéral « est un processusdiamétralement opposé, af-firme Mme Dandurand. Bienque ce soit un processus officiel-lement très ouver t, qui invitetous les Canadiens à se pronon-cer, il est tout de même trèsopaque. Et, sur tout, c’est unprocessus conduit par le gouver-nement avec des questions trèsfermées, qui sont le reflet d’unevision étroite de ce que doit êtreune stratégie des sciences ettechnologies .»

Étrange documentLe document de consultation

(http://bit.ly/1f79uis) n’a quesept pages, si on compte la cou-verture. « Quand on consulte,habituellement, c’est à partir depropositions et de documents quidétaillent assez bien les choses,signale Max Roy. Parfois, il y ades ballons d’essai, mais aumoins on a suf fisamment dematière. Là, on n’arrive pas àvoir ce qui est en dessous.»

Les textes d’introduction van-tent le Canada comme un «chefde file mondial» dans le domainede la recherche. La conclusion,

quant à elle, prend le 150e anni-versaire de la Confédérationcomme prétexte pour renouve-ler sa politique en sciences ettechnologies. C’est ce quipousse Robert Johnson àconclure qu’il ne s’agit pas d’unevraie consultation, mais d’un «si-mulacre». «C’est presque un do-cument de célébration, observe-t-il. Il y a eu des manifestations dupublic et des scientifiques dans lesdernières années. Il y a eu des cri-tiques dans des revues presti-gieuses sur la scène internatio-nale. Et qu’est-ce que le gouver-nement fait ? Il dit qu’on estsur le bon chemin. Finalement,soit il va nous ignorer, soit il vacontinuer dans la même voie,parce que le contexte dans le-quel sont insérées les questionsindique clairement que tout estorienté vers le secteur privé. Iln’y a rien sur l’indépendanceou l’intégrité scientifiques. Iln’y a rien non plus qui indiquequ’il va peut-être ef fectuer uneréorientation par rapport à cequ’il a déjà fait. »

Le document accorde unegrande importance aux inno-vations au sein des entre-

prises. La recherche fonda-mentale, elle, y est totalementoccultée. «Ça devient affolant,parce qu’on se dit qu’il n’y auraplus d’argent pour le secteur dessciences humaines, des sciencesde la culture et même pour lessciences de la nature dans uneapproche fondamentale ou théo-rique», s’inquiète Max Roy.

Louise Dandurand illustre lefait que, pourtant, « l’alimenta-tion de l’oléoduc de la rechercheet de l’innovation se fait par larecherche fondamentale », com-plètement omise lorsque le do-cument parle de découvertes.À la question « Comment leCanada peut-il continuer à for-mer, attirer et maintenir enposte les chercheurs les plustalentueux au monde dans nosentreprises, nos établisse-ments de recherche, nos col-lèges, nos écoles polytech-niques et nos universités ? »,Mme Dandurand répond que la« première façon d’attirer et degarder l’expertise, c’est d’avoirdes universités qui sont très per-formantes avec des infrastruc-tures de pointe ». Elle dénonceau passage les récentes poli-

tiques du gouvernement dansle domaine de la science etsouligne que ce n’est pas enfermant des bibliothèquesscientifiques, en mettant fin àdes projets de recherche inter-nationalement réputés ou enempêchant des chercheursembauchés par le gouverne-ment de communiquer libre-ment leurs résultats «qu’on vaattirer et retenir l’expertise. Aucontraire, on la fait fuir. »

Malgré la désillusion, lespersonnes interrogées ont as-suré qu’elles allaient tout demême jouer le jeu et soumet-tre plusieurs recommanda-tions. « Nous allons cer taine-ment aborder des sujets quinous tiennent particulièrementà cœur, même si les questionsne sont pas dirigées en ce sens»,déclare Louise Dandurand.Elle évoque l’importance del’équilibre entre la recherchefondamentale et la rechercheappliquée, l’équilibre entre lesdif férentes grandes disci-plines, la bonification du finan-cement consacré aux coûts in-directs de la recherche, ainsique l’impor tance de la re-cherche fondamentale pourappuyer des recherches éclai-rées au sein des agences gou-vernementales et des minis-tères. L’ACPPU, de son côté,suggérera la création d’unposte de secrétaire scienti-fique parlementaire indépen-dant. Aussi, elle réclamera lerecours à des mécanismespour assurer l’indépendancedes conseils subventionnaires.

CollaborateurLe Devoir

Le fédéral mèneen un tempsrecord saconsultation sur la rechercheuniversitaireLe document de consultationn’a que sept pages, couvertureincluse !

INRS

L’Institut national de la recherche scientifique

La première façon d’attirer et de garder l’expertise, c’est d’avoirdes universités qui sont trèsperformantes avec desinfrastructures de pointeLouise Dandurand

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E N S E I G N E M E N T S U P É R I E U RL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 F É V R I E R 2 0 1 4G 2

M A R T I N E L E T A R T E

C ourbe démographique descendante, trans-formation importante de l’étudiant typique,

arrivée massive de clientèles ayant des besoinsparticuliers, rigidité de l’encadrement de l’en-seignement collégial et besoin de développerdavantage la formation continue : les cégepsont du pain sur la planche. Heureusement, ilsont retrouvé leur fonctionnement normal de-puis l’automne, après un an et demi de pertur-bations liées à la grève étudiante.

« C’est vrai que le calendrier est revenu à lanormale, indique Jean Beauchesne, président-directeur général de la Fédération des cégeps.Mais n’oublions pas que 6000 étudiants ont vécuun ef fet direct de la grève, comme le retard prisdans leur parcours scolaire. Le pire, ce sont les600 étudiants de plus, après une session nor-male, à s’être retrouvés en situation généraled’échec. Chaque cégep essaye de les raccrocher unà un, mais c’est difficile de les ramener au cégeplorsqu’ils sont passés à autre chose. »

Ces prochaines années, d’ailleurs, les cégepsdevront faire des pieds et des mains pour fairele plein d’inscriptions, avec la courbe démogra-phique descendante.

« Nous atteindrons le creux de la vague danssix ou sept ans, dit Jean Beauchesne. Commepire scénario, nous nous attendons à avoir de20000 à 25000 étudiants de moins par rapportà 175000 actuellement. C’est majeur. »

Soutenir les cégeps en régionPour limiter les dommages, la Fédération des

cégeps souhaite soutenir particulièrement lescégeps situés dans les régions où la baisse dé-mographique sera plus importante.

« Je pense par exemple au Saguenay, à la Gas-pésie, indique le p.-d.g. Nous accréditons la thèsevalidée par plusieurs universitaires selon la-quelle plus les établissements d’enseignement sontproches des étudiants, plus la persévérance sco-laire et la diplomation sont favorisées. Les cégepssont bien ancrés dans les régions, mais il faut les

soutenir pour qu’ils puissent maintenir une offrede formation de qualité. »

Il suggère de mettre en place des mesuresincitatives, comme des bourses, pour que desgens des centres urbains étudient en région.

Il compte aussi sur le recrutement à l’étranger.«Nous avons 3000 étudiants étrangers dans le ré-seau et nous souhaitons doubler leur nombre d’icitrois ou quatre ans, indique le p.-d.g. Le ministres’est engagé à soutenir les cégeps dans leurs mis-sions à l’étranger, mais nous souhaitons qu’il donnepriorité aux cégeps des régions qui sont particulière-ment affectés par la baisse démographique.»

S’adapter aux besoins de la clientèleLa Fédération des cégeps remarque aussi

que le profil de l’étudiant typique s’est complè-tement transformé depuis 25 ans. « Aupara-vant, un étudiant qui n’obtenait pas son diplômed’études collégiales [DEC] préuniversitaire endeux ans était très rare, affirme le p.-d.g. Main-tenant, c’est l’inverse ! De plus, un étudiant surtrois change de programme en cours de route.Plus de 40% de nos étudiants travaillent plus de10 heures par semaine. Il faut en tenir comptedans l’organisation scolaire. »

Les élèves en situation de handicap arriventaussi massivement dans les cégeps. À la ses-sion d’automne 2012, ils étaient 7500, alorsqu’ils étaient seulement 1300 en 2007.

«Handicap physique, dyslexie, trouble envahis-sant du développement : les étudiants arriventavec une variété de profils et c’est une bonne nou-velle, puisque cela signifie que les mesures d’inté-gration ont por té fruit, af firme Jean Beau-chesne. Toutefois, il faut leur of frir des servicesadaptés à leurs besoins. »

En décembre dernier, Pierre Duchesne, mi-nistre de l’Enseignement supérieur, de la Re-cherche, de la Science et de la Technologie(MESRST), a annoncé un investissement decinq millions pour soutenir ces étudiants.

« Le gouvernement a pratiquement doublé lesressources financières disponibles, préciseM. Beauchesne. Les contributions par cégep per-

mettent d’embaucher des ressources d’aide à l’in-tégration, comme des psychoéducateurs, des tra-vailleurs sociaux, etc. De plus, le cégep de Sainte-Foy et le cégep du Vieux-Montréal ont chacun uncentre spécialisé pour of frir des services-conseilsà tout le réseau.»

Flexibilité et formation continueLa Fédération des cégeps travaille également

avec le MESRST pour actualiser l’encadrementde l’enseignement collégial. « La dernière ré-forme dans le domaine date de 1993, préciseJean Beauchesne. On gagnerait à avoir uneplus grande flexibilité. »

En ce moment, tous les DEC techniques du-rent trois ans. «En raison des avancées technolo-giques, on pourrait raccourcir ou allonger certainsDEC selon les besoins», indique M. Beauchesne.

De plus, 100 % des compétences de ces pro-grammes relèvent de l’autorité du ministre. « Ilserait intéressant que les cégeps puissent adaptercertaines compétences à la réalité de leur région,tout en gardant la base du programme pour per-mettre une mobilité des diplômés. Par exemple, àSept-Îles, il y a de grandes alumineries, alorsqu’en Beauce il y a beaucoup de PME. Le DECen maintenance industrielle pourrait être adapté

en conséquence. »Le secteur collégial technique diplôme entre

10 000 et 12000 étudiants par année. «On auraitbesoin du triple pour répondre aux besoins du mar-ché du travail, précise M. Beauchesne. La forma-tion des travailleurs en emploi est donc incontour-nable et il faut davantage développer les services of-ferts aux entreprises. Il y a de belles initiatives dansle réseau, comme IBM Bromont, où chaque contre-maître doit compléter un programme de formationnon crédité et sur mesure au cégep de Granby.»

La Fédération des cégeps espère maintenantavoir les moyens de ses ambitions. «Les cégepsont connu des compressions majeures dans lesquatre dernières années et nous souhaitons quele prochain budget du Québec s’engage à accor-der un financement stable au réseau pour lescinq prochaines années, af firme M. Beau-chesne. Cela inclut l’indexation minimale liée àl’augmentation des coûts des services et à l’appli-cation des conventions collectives. De plus, nousdemandons au ministre de financer les engage-ments qu’il a pris lors du Sommet sur l’enseigne-ment supérieur. »

CollaboratriceLe Devoir

ENTREVUE AVEC LE P.-D.G. DE LA FÉDÉRATION DES CÉGEPS

Le réseau collégial vit une grande transformation

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR

Les cégeps ont retrouvé leur fonctionnement normal l’automne dernier, après un an et demi de perturbations liées à la grève étudiante de 2012. Ainsi, ce sont 6000 étudiants des cégeps qui ont vécu uneffet direct de la grève sur le déroulement de leur parcours scolaire.

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

«Nous souhaitons que le prochain budget du Québec s’engage à accorder un financement stable au réseaupour les cinq prochaines années», réclame Jean Beauchesne, président de la Fédération des cégeps.

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E N S E I G N E M E N T S U P É R I E U RL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 F É V R I E R 2 0 1 4 G 3

B E N O I T R O S E

Àl’occasion de la sortie deson ouvrage intitulé Les

dérives de l’évaluation de la recherche. Du bon usage de la bi-bliométrie (Éditions Raisonsd’agir, Paris), Yves Gingras ex-plique que le monde de la re-cherche et de l’enseignementsupérieur est agité depuis plu-sieurs années par une véritable«fièvre de l’évaluation». Si le ju-gement de type subjectif et qua-litatif rendu par les pairs et lesexperts est toujours d’usage,une tendance au simple résultatchiffré s’est installée, facilitantainsi la création de palmarès detoutes sortes. C’est le cas no-tamment des revues savantes,qui se font attribuer un «facteurd’impact», mais aussi des uni-versités elles-mêmes.

Partisan de méthodes d’éva-luation rigoureuses, le titulairede la Chaire de recherche duCanada en histoire et sociologiedes sciences à l’UQÀM nemâche pas ses mots et qualifiede «farces» bon nombre des in-dicateurs utilisés dans des clas-sements pourtant bien en vue.«Le classement de Shanghaï etcelui du Times Higher Educa-tion, donne-t-il pour exemples,qui décrètent quelles sont les“meilleures” universités dumonde, sont très populaires au-près des administrateurs univer-sitaires depuis quelques années.Bien que, en de nombreux pays,des spécialistes de l’évaluationaient démontré à plusieurs re-prises que ces classements n’ontaucune valeur scientifique,beaucoup d’universités les utili-sent pour vendre leur “qualité”.»

Au printemps 2006, le prési-dent de l’Université de Toronto,David Naylor, a déclaré ouverte-

ment que le fameux classementannuel du magazine canadienMaclean’s, bien que fort utilepour le marketing de son éta-blissement, était très réducteuret n’avait sans doute aucune ri-gueur intellectuelle, avant d’an-noncer que son établissementcesserait d’y participer. Une in-tervention que salue le profes-seur Gingras. « Maclean’s estune firme privée qui fait des pro-fits sur le dos des universités, cequi est d’ailleurs une excellenteraison de publier un classementtous les ans, note-t-il. Les univer-sités changent évidemment trèspeu d’une année à l’autre, maisle numéro de Maclean’s sur lesclassements se vend mieux queles numéros réguliers.»

Choisir de bonsindicateurs

S’inscrivant dans la logiqued’un marché mondial de l’édu-cation supérieure, telle quepromue par l’OCDE depuisquelques décennies, rappelle leprofesseur, ces classements enviennent finalement à compterdavantage pour les établisse-ments d’enseignement que laréalité qui se cache derrièreeux . Le soc io logue dessciences insiste sur l’impor-tance d’utiliser de bons indica-teurs en matière d’évaluationdes établissements. «Il faut re-venir au bon sens, dit-il, com-prendre les indicateurs qu’ondoit utiliser, avant de sauter surceux qu’on nous donne pour en-suite appliquer des politiquesdont les effets vont être beaucoupplus négatifs que positifs.»

Pour juger de la qualitéd’une université, on ne peutcer tainement pas utiliser lepourcentage de professeursétrangers qui y font de la re-

cherche, ou encore le montantd’argent qu’on y investit parétudiant, souligne le physiciende formation, qui en a vu detoutes les couleurs au cours dela préparation de son ouvrage.Tout comme on n’utilise pas unthermomètre pour mesurer letaux d’humidité dans l’air, ilfaut savoir utiliser les bons ou-tils et, bien sûr, déterminer pré-cisément au préalable ce qu’oncherche vraiment à savoir.Alors, quels sont les critèresessentiels d’un bon indicateur?

Pour combattre les dérives etles effets pervers, celui qui estaussi directeur scientifique àl’Observatoire des sciences etdes technologies (OST) àl’UQAM en propose trois.

D’abord, l’indicateur doit êtreadéquat pour l’objet, c’est-à-direqu’on doit s’assurer que l’outilchoisi mesure bien ce qu’oncherche à mesurer. «Ça sembleévident, dit-il, mais j’ai constatéque, dans plusieurs cas, on ne lefait pas. » Ensuite, il doit êtrehomogène dans sa mesure (nepas mélanger les pommes et lesoranges) et, enfin, il doit varieren conformité avec l’inertie pro-pre de l’objet, comme c’est lecas d’un thermomètre.

Le « délirant » palmarès deShanghaï, souligne-t-il, ne pos-sède aucune de ces propriétés.De là l’importance d’être capa-ble «d’évaluer les évaluations»qu’on nous propose, pour dé-masquer la manipulation et

l’impertinence. « Le nouveaumanagement public considèretrois grands principes : la reddi-tion de comptes, l’efficience et latransparence. Il faudrait les ap-pliquer à l’évaluation ! », lancele professeur avec une pointed’humour… et d’exaspération.

Revenir à la missionfondamentale

Yves Gingras croit que, dansle contexte actuel, il est impor-tant de veiller à ce que l’infor-mation ne soit pas contrôléepar l’idéologie des communica-tions. Selon lui, les chercheurs,aux prises eux aussi individuel-lement avec des évaluationsnumériques basées sur unusage controversé de certains

indices (comme l’indice h et lefacteur d’impact des revuesdans lesquelles ils sont pu-bliés), doivent «se réapproprierle contrôle universitaire de leurmessage public ». La mécanisa-tion, si l’on peut dire, de l’exer-cice de l’évaluation de la re-cherche a contribué à retirerdes mains des universitaires — des pairs — la responsabi-lité de mettre de l’avant la perti-nence de certains travaux.

Selon le professeur, les uni-versitaires doivent donc au-jourd’hui «s’assurer que les indi-cateurs de performance choisissoient multiples et bien définis etqu’ils correspondent à leur mis-sion fondamentale, qui est, pourles professeurs, de former des ci-toyens responsables et dotés deshabiletés conceptuelles et pra-tiques nécessaires pour faireavancer la société, et, pour leschercheurs, de produire et diffu-ser des savoirs nouveaux pourfaire avancer notre connaissancede tous les aspects de l’univers, etde former des chercheurs qui au-ront aussi à cœur de poursuivrecet idéal».

«On entend souvent dire queces classements sont inévi tables etqu’il faut “vivre avec eux”, écritle sociologue des sciences. Celaest tout à fait faux. La résistancedes chercheurs est tout à fait capable de bloquer de tels projetsmalavisés. En Australie, notam-ment, la vive réaction des cher-cheurs au classement des revuesa réussi à faire plier le gouverne-ment, qui a abandonné l’usagede ces classements pour l’évalua-tion de la recherche.» L’ouvragesera disponible au Québec dèsle 17 février prochain.

CollaborateurLe Devoir

RECHERCHE

L’évaluation des universités, une « farce»?«Le classement de Shanghaï et celui du Times Higher Education sont très populaires auprès des administrateurs universitaires»

Il y a 50 ans, l’Université McGill lançait son Programme d’études sur le Québec. Elle annonce

maintenant la création du Centre de recherche interdisciplinaire en études montréalaises

(CRIEM), le premier institut québécois de recherche multidisciplinaire consacré exclusivement à

la compréhension des enjeux et des possibilités que présente la vie à Montréal. Des experts

provenant des lettres, du droit, des humanités, des sciences et des sciences sociales jetteront

un nouveau regard sur l’histoire, la culture, la langue, la gouvernance, l’architecture et les

dynamiques urbaines.

La naissance d’un carrefour de la recherche interdisciplinaire en études montréalaises

www.mcgill.ca/centre-montreal/fr/

SOURCE ACFAS

Selon Yves Gingras, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire et en sociologie dessciences à l’UQAM, les classements des universités n’ont aucune valeur scientifique.

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E N S E I G N E M E N T S U P É R I E U RL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 F É V R I E R 2 0 1 4G 4

M A R T I N E L E T A R T E

P lus grande un ivers i té bilingue anglaise-française

dans le monde, l’Universitéd’Ottawa compte aller chercherdavantage d’étudiants franco-phones et francophiles ailleursdans le monde. L’établissementvoisin du Québec continue éga-lement son virage vers lescours en mode hybride et le dé-veloppement de la recherche.

« Nous ouvrirons en avril leComplexe de recherche avan-cée, où nous regrouperons tousnos chercheurs en photonique,qu’ils soient en sciences ou engénie », indique Christian De-tellier, vice-recteur aux étudesde l’Université d’Ottawa.

Le nouvel établissementsera à la fine pointe de la tech-nologie et on y retrouvera leseul spectromètre de massepar accélérateur au pays. Aveccet appareil, on réalise des re-cherches dans les domainesde l’environnement, du climat,des ressources naturelles etde la santé. «Cela aidera le dé-veloppement de la recherche etla formation d’étudiants gra-dués dans ces domaines », af-firme M. Detellier.

Avec plus de 42 000 étu-diants aujourd’hui, l’Universitéd’Ottawa souhaite continuersur sa lancée. Depuis 2005, lapopulation étudiante a connuune croissance impor tante,principalement aux cycles su-périeurs, où celle-ci a atteint40%. Plus de 250 postes de pro-fesseur ont été créés, ainsi que50 programmes d’études, prin-cipalement à la maîtrise et audoctorat. De plus, 50 chairesde recherche ont vu le jour.

«Nous nous classons toujoursdans les 10 plus grandes uni-versités de recherche au pays,précise Christian Detellier.Nous sommes très forts dans ledomaine de la santé cardiovas-culaire, en administration pu-blique, en gouvernance, en ma-tériaux et en psychologie notam-ment. Nous sommes en recrute-ment pour plusieurs de noschaires de recherche. »

Internationalisation etbilinguisme

On retrouve 14000 étudiants

francophones à l’Universitéd’Ottawa, soit près du doubledu nombre d’étudiants de l’Uni-versité du Québec à Rimouski(6700) et plus que la populationétudiante de l’Université duQuébec à Trois-Rivières, quidépasse légèrement le cap des12 000 étudiants. La majoritédes cours s’offrent en parallèleen français et en anglais, ce quifait que la plupar t des pro-grammes peuvent être suivisentièrement dans une langueou l’autre. «Les francophones re-présentent une masse critiqueimportante et nous souhaitons

qu’ils soient encore plus présentsdans les prochaines années», af-firme Christian Detellier.

Pour atteindre cet objectif,l ’Université d’Ottawa a an-noncé que, dès septembre,elle amoindrissait par tielle-ment les droits de scolaritédes étudiants étrangers fran-cophones et francophiles. « Ilspayeront les mêmes droits descolarité que ceux des étudiantscanadiens, précise le vice-rec-teur aux études. Nous seronssélectifs, mais ce sera une façond’augmenter la diversité cultu-relle sur le campus. »

L’Université d’Ottawa orga-nise des missions de recrute-ment dans dif férents paysfrancophones pour attirer denouvelles inscriptions. « Nousrencontrerons aussi les ambas-sadeurs de dif férents pays fran-cophones, ici à Ottawa, pourleur expliquer notre mesure in-citative», précise M. Detellier.

L’Université d’Ot-tawa se démarqueaussi par son pro-gramme d’immersionet souhaite augmen-ter significativementle nombre des partici-pants. « Plusieurs an-glophones veulent sui-vre des cours en fran-çais pour devenir bi-lingues, alors nousleur offrons un accom-pagnement, expliqueM. Detellier. Notreprogramme d’immer-sion accueille en ce moment1700 étudiants, dont près de80 % sont des étudiantes, et lenombre est en constante aug-mentation. Notre objectif estd’atteindre 3500 étudiants dansles prochaines années.»

Mode hybride etbénévolat

Pour atteindre ses objectifsde croissance, l’Universitéd’Ottawa travaille à améliorerson expérience étudiante.

L’établissement a décidé l’andernier de prendre le viragede l’enseignement en modehybride, en ligne et en présen-tiel, autant au premier cyclequ’aux études supérieures.

«En 2020, la très grande ma-jorité de nos cours seront donnésen mode hybride, parce que nosdonnées les plus récentes démon-

trent que c’est la façonla plus efficace d’ensei-gner à la nouvelle gé-nération d’étudiants,indique M. Detellier.Ils ont envie de regar-der la matière ducours au moment deleur choix, puis de ve-nir en classe à l’occa-sion pour approfondirleurs connaissancesavec les autres étu-diants et le professeur.»

En ce moment ,une cinquantaine de

cours de l’Université d’Ottawase donnent en mode hybrideet le nombre ira en augmen-tant. « Les professeurs travail-lent avec des technopédagoguespour mettre en place les nou-veaux cours, explique-t-il. Cevirage nécessite un importanttravail de préparation. »

Pour se distinguer des au-tres établissements, l’Univer-sité d’Ottawa mise aussi surl’apprentissage expérientielvia les programmes d’ensei-

gnement coopératif et le béné-volat. Le Centre d’engagementmondial et communautaire anotamment été créé pour ai-der les étudiants à connaîtreles possibilités de bénévolat àOttawa et dans le monde. «Ence moment, 82 % de nos étu-diants prennent par t à uneforme d’apprentissage expérien-tiel et, d’ici à 2020, nous sou-haitons que ce soit la totalité »,indique le vice-recteur.

Plusieurs étudiants sontaussi invités à s’engager au-près de plus jeunes universi-taires par le programme dementorat régional de l’Univer-sité d’Ottawa. « Dès qu’un étu-diant d’une autre région est ac-cepté à l’université, nous le met-tons en contact avec un mentororiginaire de la même régionque lui, comme le sud de l’On-tario, la Gaspésie, le Nouveau-Brunswick, e tc . , expl iqueM. Detellier. Le nouvel étu-diant a ainsi de l’aide pour seretrouver dans sa nouvelleville. Ce projet fonctionne trèsbien et nous pensons développerun volet pour nos étudiants internationaux. »

L’Université d’Ottawa sou-haite accueillir 500 étudiantssupplémentaires à chacunedes cinq prochaines années.

CollaboratriceLe Devoir

AVEC PLUS DE 42000 ÉTUDIANTS AUJOURD’HUI

L’Université d’Ottawa souhaite poursuivre sa croissanceTout francophone étranger admis paiera les mêmes droits de scolarité que ceux des étudiants canadiens

FORMATION APPLIQUÉE EN GÉNIE PARCE QUE LA PROFESSION ÉVOLUE

4ans

L’ÉTS est une constituante du réseau de l’Université du Québec

DOCTORAT : DEUX PROFILS (90 crédits) Recherche appliquée Innovation industrielle

MAÎTRISES AVEC MÉMOIRE (45 crédits) Un volet scolarité allégé Un volet recherche renforcé

MAÎTRISES SANS MÉMOIRE (45 crédits) Cours techniques et cours de gestion + un projet

DIPLÔMES D’ÉTUDES SUPÉRIEURES SPÉCIALISÉES (30 crédits)

De 5 à 8 cours + un projet PROGRAMMES COURTS (15 crédits)

5 cours sur un thème donné

L’ÉTS propose une structure souple convenant aux professionnels en exercice. Les crédits obtenus d’un programme court peuvent être emboîtés dans un DESS, et les crédits de celui-ci peuvent à leur tour être inclus dans un programme de maîtrise.

Au Québec, l’enseignement

collégial est supérieur

Avec 9 programmes préuniversitaires, 130 programmes techniques, des services pour les

adultes et les entreprises, et des activités de recherche et de transfert technologique,

les 48 cégeps donnent partout accès à l’enseignement supérieur.

www.fedecegeps.qc.caSuivez-nous sur Twitter : @fedecegeps

SOURCE UNIVERSITÉ D’OTTAWA

On retrouve 14000 étudiants francophones à l’Université d’Ottawa, un nombre appelé à augmenter dans les prochaines années.

L’établissementa décidé l’an dernier de prendre le virage del’enseignementen modehybride

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E N S E I G N E M E N T S U P É R I E U RL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 F É V R I E R 2 0 1 4 G 5

A N D R É L A V O I E

E ntre les murs de ces septétablissements d’ensei-

gnement musical répartis auxquatre coins de la province(Montréal, Québec, Gatineau,Rimouski, Saguenay, Val-d’Oret Trois-Rivières), il règnebien sûr une atmosphère detravail appliqué, insufflée pardes professeurs qui poursui-vent les objectifs du fondateur,le chef d’orchestre Wilfrid Pel-letier. Grâce à lui, un tout pre-mier conser vatoire avait ou-ver t ses por tes le 1er mars1943, logeant à l’époque dansles locaux de la BibliothèqueSaint-Sulpice à Montréal ; lesautres ont suivi au fil des décennies, le dernier de cettegrande chaîne musicale ayanté t é c e l u i d e R i m o u s k i , en 1973.

Ce ne sont pas tous les apprentis musiciens et compo-siteurs qui peuvent franchir lesportes de cette grande école àsept branches, mais les heu-reux élus y trouvent une forma-tion rigoureuse, personnalisée,soucieuse du rythme d’appren-tissage de chacun. Tous sou-haitent bien sûr obtenir leurpasseport pour une carrièreprestigieuse, mais, en filigrane,on espère surtout par ticiper«au développement de la person-nalité et de l’esprit citoyen».

Exigeante formationC’est le vœu le plus cher de

Régis Rousseau, organisteformé au Conser vatoire de Saguenay dans les années 1980(alors que la ville portait encorele nom de Chicoutimi !), de retour après plus de 20 ans decarrière à Montréal, où il fut à

la fois directeur de son almamater et directeur intérimairedes études et du développe-ment pour l’ensemble desconservatoires.

Pour celui qui fut longtempstitulaire de l’orgue Casavant àl’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, dans le quartier Hoche-laga-Maisonneuve, les conser-vatoires of frent « une forma-tion très poussée, autant sur lesplans théorique que pratique ».Il est tout à fait possible de fré-quenter ces établissements

p e n d a n t d e n o m b r e u s e s années, dans les programmespréparatoires aux niveaux pri-maire et secondaire ou dansune immersion quasi totale aucollégial et à l’université. Pourles adolescents désireux de vivre une expérience aussi enrichissante qu’exigeante,semblable à ce que vivent plu-sieurs sportifs, le programmearts-études apparaît taillé surmesure pour satisfaire leurpassion musicale.

Il en faut d’ailleurs beaucoup

pour ceux et celles qui, âgés de5 ou de 20 ans, auditionnentafin de joindre les rangs de cesétablissements accueillant unnombre d’élèves limité. Et cen’est pas le lieu pour le b.a.-ba.«Peu importe l’âge, on ne prendpas quelqu’un qui n’a jamaisjoué, précise Régis Rousseau.Le jeune doit avoir déjà fait de lamusique avec un professeurprivé ou à l’école. Pour chaqueinstrument, nous avons deslignes directrices et suggérons desœuvres à présenter selon l’âge

des candidats. Pour le violon,par exemple, si le candidat nejoue qu’un rigodon, ça ne nousdonne pas tellement une bonneidée de son potentiel… même s’ill’a répété pendant un an!»

Le directeur reconnaît quel’audition cause à plusieurs ungrand stress. Il tient toutefois àrassurer les futurs candidats.« Même si un jeune fait desfausses notes, nous sommes par-faitement capables de voir s’il adu talent ou non. Certains pro-fesseurs sont même prêts à faire

du coaching pour les préparer.»

Enseignementpersonnalisé

Lorsque les heureux élus ontfranchi cette étape détermi-nante, il en reste bien d’autresmais, tout au long de leur chemi-nement scolaire, entre le solfègeet la dictée musicale, ils peuventbénéficier d’un enseignementpersonnalisé, un rapport maître-élève où plusieurs font parfoisdes pas de géant. «S’il progressevite, un violoncelliste de 13 ansqui joue depuis l’âge de 5 anspeut être en 3e secondaire dansson parcours scolaire et suivre descours de musique de niveau collé-gial. Une fois au cégep, ça luilaisse plus de temps pour travail-ler son instrument.»

Entre les cours privés, leDEC en musique et le bacca-lauréat offert par certaines uni-versités, en quoi se distinguentles conservatoires de musiquedu Québec ? Pour Régis Rous-seau, « ce sont de petites écolesen nombre d’élèves, maispleines de grands passionnés,dont chez les professeurs, eux-mêmes des musiciens très actifs.Nous poursuivons une longuetradition d’excellence, livréedans la rigueur et le plaisir».

À en juger par la carrière decertains diplômés, dont Yan-nick Nézet-Séguin, Marie-Nicole Lemieux, FrançoisDompierre, Angèle Dubeau,Jacques Lacombe et Jean-Fran-çois Rivest, la formule ne sem-ble pas du tout cacophonique.

Pour toute in for mat ionconcernant le Conservatoire :www.conservatoire.gouv.qc.ca.

CollaborateurLe Devoir

CONSERVATOIRES

De la musique avant tout, et peu importe l’âgeNe deviendra pas qui veut un Nézet-Séguin ou une Dubeau

hec.ca

L’UQAM VUE PAR 7 ARTISTES 7 PORTRAITS À DÉCOUVRIR

INSPIRÉ PAR

uqam.caPORTES OUVERTESMARDI 11 FÉVRIER - 15 H À 20 H

JACQUES GRENIER LE DEVOIR

Les heureux élus qui accèdent aux conservatoires de musique du Québec (comme celui de Montréal sur notre photo) y trouvent uneformation rigoureuse, personnalisée, soucieuse du rythme d’apprentissage de chacun.

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E N S E I G N E M E N T S U P É R I E U RL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 F É V R I E R 2 0 1 4G 6

R É G I N A L D H A R V E Y

I l existe quatre centres de re-cherche qui forment l’ossa-

ture de l’Institut dans quatrechamps d’activité spécifiques etqui sont axés sur l’essor québé-cois : l’INRS-Eau-Terre-Envi-ronnement, l’INRS-Énergie-Matériaux-Télécommunica-tions, l’INRS-Institut Armand-Frappier et l’INRS-Urbanisa-tion-Culture-Société.

Recteur de l’Institutdepuis 2009, DanielCoderre en cerne lese n j e u x m a j e u r s actuels et pose deprime abord quel’INRS se présentecomme une univer-sité typique au pays,parce qu’elle est prio-ritairement à for tedensité de recherche.Il situe les centres :« Ils ne sont pas, àl’image des autres uni-versités, des lieux dis-ciplinaires ; ils abor-dent des priorités maisdu point de vue multi-disciplinaire, ce qu’ilsfont depuis 43 ans etce qui nous place ac-tuellement de façonavantageuse, parceque la recherche et lesdemandes de la sociétésont présentement de cet ordre.L’interdisciplinarité, c’est notreADN et c’est vraiment une va-leur ajoutée dans le contexted’aujourd’hui.»

Priorités en enseignementDans cette optique, il aborde

les défis en enseignement :« On est un des établissementsqui ont le plus de programmesconjoints avec nos collègues desuniversités québécoises et on vapoursuivre cette dynamique-là.On mise aussi énormément surnos collaborations internatio-

nales, parce que la recherche sedéroule de plus en plus à cetteéchelle : donc, nos programmesvont tendre davantage, ce quiest un de nos objectifs en 2014,vers la bidiplômation avec desuniversités partenaires à traversle monde.» Il fournit ces expli-cations: «C’est une idée très im-portante pour nous, mais il im-porte qu’elle se réalise avec despartenaires de confiance avec

lesquels on poursuitaussi des activités derecherche, parce quenous, on fait essentiel-lement de la formationà par tir de celle-ci. »Quelque 42 % de laclientèle étudiante del’INRS provient del’étranger

Il existe un planstratégique qui vientd’être adopté pour lesprochaines années etqui gravite autour desformations de haut ni-veau et très spéciali-sées qui sont trans-mises dans les maî-trises et les thèsesproduites ; mais il y aplus : « Je tenais à cequ’on puisse se doter, àl’INRS, de formationsqui soient complémen-taires pour que nos di-plômés deviennent

également des acteurs de la so-ciété plus efficaces. Dans ce but,on est en train de mettre enplace des programmes pluscourts qui relèvent, par exem-ple, de l’entrepreneuriat pourque nos étudiants puissent com-prendre la réalité de la re-cherche industrielle et les at-tentes du secteur privé.»

Des formations sont aussiprévues dans les domaines del’éthique et des langues. L’INRSentend de plus développer à unrythme prononcé l’implantationd’universités d’été de très haut

niveau, sur des thématiquespar ticulières qui sont seschamps de force: «On veut sou-vent les associer à nos grandesinfrastructures de recherche quisont de calibre international »,laisse savoir le recteur.

Enjeux de la rechercheEn raison même de la voca-

tion première de l’Institut, Da-niel Coderre assure que lesdéfis dans le domaine de la re-cherche se présentent commela priorité : «Le monde de la re-cherche et le financement decelle-ci évoluent. On le voit dufait qu’on est passé, y comprisdu côté des organismes subven-tionnaires fédéraux, à un plusgrand partenariat avec l’indus-trie ; on doit donc s’ajuster àcette réalité, tout en diversifiantnos sources de financement. »

Il se montre fier des acquismais soucieux de l’avenir :«On est une université très per-formante du point de vue du fi-nancement externe, car on fi-gure généralement comme pre-mier au Canada en intensité dela recherche, ou du finance-ment moyen par professeur,mais les apports financiers gou-vernementaux ne sont pas ap-pelés à évoluer de manière trèspositive dans les prochaines an-nées. » Dans cette perspective,l’INRS, qui a déjà tissé des par-tenariats intéressants avec lesecteur privé, entend se tour-ner davantage vers ce secteurtout en ayant recours à unenouvelle façon de récolter desdividendes : « On veut dévelop-per une philanthropie beaucoupplus active qui pourrait soute-nir des projets de recherche qui

sont des priorités. »Tout en soutenant que l’INRS

continuera d’aborder dans sescentres les thématiques de re-cherche majeures qui sont pro-pres aux avancées culturelles,économiques et sociales duQuébec, le recteur montre dudoigt un défi de premier plan etenglobant que doit relever sonétablissement : « Il touche à lafois l’enseignement et la re-cherche et il consiste à augmen-ter le nombre de nos professeurs;ils sont les moteurs sur les plansde l’enseignement et de l’encadre-ment d’étudiants gradués. La cléde première importance pour ledéveloppement passe par l’aug-mentation du nombre de profs,en tenant compte du fait qu’onrecrute nos étudiants en fonctionde la capacité d’accueil de noslaboratoires ; sur le plan phy-

sique, nous sommes limités.»

Unité dans la diversitéIl existe quatre centres de

recherche qui, depuis long-temps, fonctionnent en modeinterdisciplinaire : « Ils utilisentdes compétences diverses pourêtre en mesure de régler desprob lèmes . » Pour autant ,existe-t-il une sorte de complé-mentarité dans les inter ven-tions de chacun ? Daniel Co-derre apporte cet éclairage :«Le pas suivant à franchir pourdépasser ce caractère interdisci-plinaire des quatre centres estde savoir comment il est possi-ble d’accentuer celui-ci pourqu’il n’y ait pas quatre silossans inter face entre eux àl’INRS : comment arriver à cequ’ils ne fonctionnent pas envase clos?»

Il s’agit là d’une autre clé pouraccéder au développement del’Institut qui figure dans sonplan stratégique : « Il imported’identifier les secteurs qui repré-sentent les interfaces d’au moinsdeux centres à la fois.» Il fournitdes exemples avant d’ajouter :«Notre volonté est vraiment decréer des ponts entre les centres,de trouver les moyens de recruterdes professeurs qui servent à bâ-tir ces ponts entre eux.»

Fraîchement de retour del’Italie, le recteur souligne enoutre de quelle façon l’INRSs’immisce et s’impose sur lascène internationale de la re-cherche grâce à ses travauxeux-mêmes. Il commente positi-vement l’adoption récente de laPolitique nationale de la re-cherche et de l’innovation ensoulignant par ticulièrementqu’il y a un net avantage à en re-tirer, du fait qu’elle s’échelonnedésormais sur une période decinq ans plutôt que de trois ans.

CollaborateurLe Devoir

INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

L’interdisciplinarité : l’ADN de l’INRS et de ses centres de recherche«Notre volonté est vraiment de créer des ponts entre les centres »

A S S I A K E T T A N I

V ient de paraître aux Presses de l’UniversitéLaval un guide destiné à tous les interve-

nants confrontés à la problématique de l’intimi-dation : L’intimidation en milieu scolaire. Guided’animation et d’intervention. À en croire Chris-tel Leblanc, l’auteure de l’ouvrage, ce guide re-joint une réalité bien trop présente dans lesécoles du Québec.

D ans son expérience d’éducatrice spéciali-sée qui intervient depuis huit ans dans dif fé-rentes écoles de la commission scolaire des Pa-triotes, il s’agit d’une constante : l’intimidationest un problème majeur, par tout et tout letemps. « On ne peut pas faire deux ou trois pasdans le corridor d’une école sans entendre unjeune en traiter un autre de fif, de tapette, deconne ou de grosse. Ce genre de commentaire estconstant. Et il ne se passe pas une journée sansqu’un intervenant soit confronté à une situationd’intimidation. Il y a un manque de respect entreles jeunes», explique Christel Leblanc.

Il peut s’agir d’insultes, mais ce peut aussi êtredes coups, des gestes, des humiliations. Sans ou-blier qu’aujourd’hui la cyberintimidation peut sefaire plus discrète, plus rapide et moins facile à dé-tecter. «Ils le font à notre insu», avance l’auteure del’ouvrage. Du côté des filles, poursuit-elle, l’intimidation prend la forme de ru-meurs qui circulent constamment.«Nombre d’entre elles viennent nous voircar elles n’ont pas dormi de la nuit àcause de quelque chose qui a été écrit surFacebook et qui était faux. Elles veulentqu’on règle le problème.» Et, pour aggra-ver le tout, aux gestes d’intimidations’ajoute la répétition. Ces agressionspeuvent être dirigées vers un ami ou unautre élève. «Mais, même quand c’est di-rigé vers un ami, il est important d’inter-venir, parce que ça peut se transformer enintimidation ou ensuite se diriger versquelqu’un d’autre.»

Guide pour tousLoin de s’adresser uniquement aux

éducateurs spécialisés, le guide peutservir auprès de tous les intervenantsen milieu scolaire, qu’il s’agisse duprimaire ou du secondaire, des pro-fesseurs ou des éducateurs non spécialisés. « Ilpeut aussi s’adapter à des centres jeunesse, parexemple, ou être consulté par des parents voulantaider leur jeune qui est victime d’intimidation.Peu importe le milieu, ils peuvent mettre en ap-plication les idées qui figurent dans le guide. »

Dans ce recueil glané au fil des ans et des ex-périences, Christel Leblanc a développé un pro-

gramme à appliquer, des animations et des ou-tils d’inter vention pour faire face à toutessortes de situations. Et l’idée de le publier estnée du besoin ressenti sur le terrain de pouvoir

bénéficier de ce type de balises. « Audépar t, j’avais mis en place ce pro-gramme et je l’appliquais dans lesécoles où je travaillais. Puis, des col-lègues, des enseignants et des jeunesl’ont apprécié et m’ont demandé de leleur prêter. Les intervenants manquentde temps pour bâtir ce genre d’outil. »

Le programme proposé s’étale sur10 mois. À chaque mois correspond unoutil donné ou une animation, commeun film sur l’intimidation, des débats,des improvisations ou encore des fabri-cations de bande dessinée. On y trouveaussi des conseils précis concernantdes processus d’inter vention. Quefaire lorsqu’un élève commet un acted’intimidation pour la première fois,mais aussi la deuxième et la troisièmefois ? « Il faut agir dif féremment et nepas passer tout de suite à la punition»,précise Christel Leblanc. Et, malheu-reusement, déplore-t-elle, la plus

grosse erreur de nombreux intervenants vientdu manque de temps. «Lorsqu’un jeune vit unesituation d’intimidation, les intervenants ont ten-dance à réagir sur-le-champ, par réflexe. La plu-part d’entre eux commettent cette erreur pour ré-gler la situation le plus rapidement possible. Ilsvont voir l’intimidateur, accompagné de la vic-time, ce qui ne fait qu’empirer la situation. La

victime se retrouve en face de son agresseur et nevoudra probablement plus jamais en parler, caron n’a pas respecté son besoin de sécurité. Et on adonné plus de pouvoir à l’agresseur.» L’interven-tion dure de 10 à 15 minutes, alors qu’il faudraitbeaucoup plus de temps. «Il faudrait les prendreséparément, faire un suivi avec la victime et avecl’intimidateur. Idéalement, il faudrait aussi com-muniquer avec les parents et interroger les té-moins. Mais tout cela prend du temps.»

Participation des élèvesÀ travers les intervenants, ce sont bien les

jeunes qui sont appelés à la barre, indiqueChristel Leblanc. « En appliquant le pro-gramme, les intervenants pourront sensibiliserles jeunes pour qu’eux nous aident. Ils ont plus depouvoir que nous. S’ils sont sensibilisés, ils peu-vent parler, intervenir, dénoncer, défendre. Au fildu temps, le jeune devient capable de détecterquand il y a intimidation et qu’il ne s’agit passeulement d’une chicane entre amis. Il acquiertplus de vocabulaire et sait mieux dif férencier les

choses. Quand il est témoin d’un acte, il disposed’un éventail de solutions : parmi les cinq ou sixsolutions qu’il connaît, il en choisit une pour in-tervenir. Et un jeune qui a plus de leadershipdans une classe, qui prend plus de place, peut in-tervenir auprès d’autres jeunes. La plupart dutemps, les jeunes arrivent à changer quelquechose. Ce sont eux qui font la différence. »

En effet, alors que le ratio intervenant-élèvesest loin d’être suffisant, il est impossible, selonChristel Leblanc, d’exercer une surveillanceconstante. «Nous ne pouvons pas surveiller toutle monde dans les moments de pause, comme lesdîners. Il y a beaucoup d’endroits cachés dans lesécoles. Dans les vestiaires, par exemple, où il y apeu de surveillance, c’est épouvantable. » Et, de-vant l’ampleur du phénomène, Christel Leblancmise donc sur la conscience collective. Car, selon elle, « si 3000 élèves se lèvent, ça peutchanger quelque chose».

CollaboratriceLe Devoir

PUL

On peut contrer l’intimidation en milieu scolaireUn guide propose d’inclure les élèves dans la démarche

MARIE-HÉLÈNE TREMBLAY LE DEVOIR

L’INRS compte quatre centres de recherche qui, depuis longtemps, fonctionnent en mode interdisciplinaire.

MARKUS SCHREIBER / POOL / AGENCE FRANCE-PRESSE

L’intimidation est très présente dans les écoles et représente un problème majeur.

SOURCE CHRISTEL LEBLANC

L’éducatrice spécialisée Christel Leblanc

«On est un desétablissementsqui ont le plus deprogrammesconjoints avecnos collèguesdes universitésquébécoises et on vapoursuivrecettedynamique-là»

«En appliquantle programme,lesintervenantspourrontsensibiliser les jeunes pourqu’eux nousaident. Ils ont plus depouvoir que nous.»

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E N S E I G N E M E N T S U P É R I E U RL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 F É V R I E R 2 0 1 4 G 7

C L A U D E L A F L E U R

L’ originalité d’AÉROÉTSvient de ce qu’il s’agit d’un

regroupement de programmesqui englobe sous un mêmechapeau les volets aérospa-tiaux enseignés en génie méca-nique, en génie électrique, engénie du logiciel et en génie dela conception et de la fabrica-tion. «AÉROÉTS, c’est la ported’entrée à l’ÉTS pour tout cequi touche à l’aérospatiale», ré-sume Hany Moustapha.

C’est aussi, pour M. Mousta-pha, son « bébé » : « J’ai passéma carrière à Pratt & Whitney,raconte-t-il, où j’ai été directeurexécutif responsable des pro-grammes de technologie de col-laboration. Lorsque j’ai an-noncé ma retraite de Pratt, enjanvier 2010, après 32 ans deservice, l’ÉTS a voulu m’enga-ger. Toutefois, j’avais un projeten tête, quelque chose que je dé-sirais créer. À 61 ans, voyez-vous, je ne venais pas à l’ÉTSpour gonfler mon C.V., maisbien pour réaliser un projet :AÉROÉTS.»

Désormais, chaque semaine,M. Moustapha consacre qua-tre jours de son temps à l’ÉTS— où il enseigne et, surtout,dirige AÉROÉTS — et unejournée à Pratt & Whitney.

Une grande écoleIl s’empresse d’ajouter que

l’École de technologie supé-rieure, si jeune soit-elle, fait déjàpartie des grandes écoles cana-diennes de génie. «Au Canada,nous avons ce qu’on appelle leG7 universitaire en aérospa-tiale », explique-t-il. Ce G7 comprend les quatregrandes universitésmontréa la i ses —l’École polytechnique,les écoles de génie del’Université McGill et de l’UniversitéConcordia ainsi quel’ÉTS — alors que Toronto compte l’Uni-versité de Toronto etRyerson, et Ottawa,l’Université Carleton.«Ce sont les sept uni-versités canadiennesqui of frent d’impor-tants programmes degénie aérospatial, etnous, nous figuronsparmi ce G7!»

Il est tout aussi fierde rappor ter quel’ÉTS produit aussi leplus grand nombred’ingénieurs (toutescatégories) au Qué-bec. «Nous diplômonsenviron 800 ingénieurspar année, dit-il, soit lequart de tous les ingé-nieurs qui sortent desécoles québécoises. Etnous nous classons aut ro i s i ème rang au Canada à ce chapitre!» Quelque7000 étudiants, au baccalauréat,à la maîtrise et au doctorat, fréquentent cette école.

Des ingénieurs «pratico-pratiques»

Le génie aérospatial est d’ail-leurs la discipline qui occupe le

premier rang à l’ÉTS, rapporteHany Moustapha, puisque prèsdu tiers des 160 professeurs de

l’établissement s’yconsacrent. «On a iciune masse critique ex-traordinaire, dit-il. Etces professeurs cumu-lent plus de 400 an-née s d ’ e xpér i ence industrielle, ce qui estunique.»

Il souligne au pas-sage que, à l’ÉTS, onn’embauche pas unprofesseur qui ne pos-sède pas une solide ex-périence industrielle.« Voilà ce qui nous distingue des autresécoles de génie: l’expé-rience en entreprise.»

« Nous sommes enoutre la seule univer-sité canadienne où lesétudiants du baccalau-réat doivent réalisertrois stages obligatoiresen entreprise, poursuit-il. Nous plaçons ainsiplus de 500 stagiairesen aérospatiale par an-née, un nombre iné-galé par toute autreuniversité!»

De surcroît, cess t a g i a i r e s o n t l a

chance d’acquérir de l’expé-rience au sein de géants del’aéronautique mondiale, telsque Bombardier, Pratt & Whit-ney, CAE, Bell Helicopter, etc.En fait, Montréal étant la seuleville au monde où toutes lescomposantes d’un aéronefsont fabriquées — des mo-

teurs aux trains d’atterrissage,en passant par les carlingueset l’électronique de bord, demême que les simulateurs devol — les étudiants de l’ÉTSont donc la chance de s’initierà l’un ou l’autre des volets dela conception et de la fabrica-tion aéronautiques.

Une telle expérience en en-treprise a pour avantage, es-time M. Moustapha, que « tousnos diplômés, sans exception,ont au moins deux ou trois of-fres d’emploi au sortir de cheznous ! Cela s’explique par le faitqu’ils ont une formation trèsconcrète et pratique. »

Il insiste d’ailleurs énormé-ment sur ce point. D’une part,dit-il, il faut savoir que l’unedes particularités de l’École detechnologie supérieure est derecruter des étudiants ayantun diplôme technique d’étudescollégiales (plutôt qu’un DECgénéral), «donc une formationqui est pratique dès le départ »,souligne le directeur d’AÉ-ROÉTS. Ceux-ci acquièrentensuite une formation d’ingé-nieur orientée vers la pratiqueen entreprise. «Certes, insiste-t-il, tout ingénieur sor tant del’ÉTS possède une for te capa-cité d’analyse, mais égalementde grandes aptitudes techniquesdues à l’expérience acquise enentreprise. »

Embauche garantie à 100%!

Sous l e chapeau d ’AÉ -ROÉTS, tous les cours donnés,que ce soit en génie méca-nique, électrique, du logiciel ou

de production automatisée, re-posent sur des travaux pra-tiques axés sur les pratiques in-dustrielles, précise M. Mousta-pha. «Nos étudiants développentdonc ce qu’on appelle une expé-rience très concrète, pratico-pra-tique, si vous voulez. Puis, en

réalisant trois stages en entre-prise, ils apprennent à connaîtreà fond le monde industriel.»

Comme directeur d’AÉ-ROÉTS depuis quatre ans,Hany Moustapha a f f i r memême que « tous nos finissantsse placent en entreprise. Je n’ai

jamais eu un problème avec unétudiant — qu’il possède unbaccalauréat, une maîtrise ouun doctorat de l’ÉTS — pour setrouver un emploi ! »

CollaborateurLe Devoir

AÉROÉTS

Un emploi est assuré au futur ingénieur en aérospatiale

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Tous les étudiants de l’École de technologie supérieure qui se spécialisent dans le domaine de l’aérospatiale ont l’occasion de s’initier en entreprise à l’une des étapesde conception et de fabrication d’appareils aéronautiques.

Hany Moustapha

«Nousdiplômonsenviron 800ingénieurs parannée, soit lequart de tousles ingénieursqui sortentdes écolesquébécoises»

Page 8: EDUCATION - Le Devoir · 2014. 1. 31. · à cœur, même si les questions ... Il compte aussi sur le recrutement à l’étranger. ... trois change de programme en cours de route

E N S E I G N E M E N T S U P É R I E U RL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 F É V R I E R 2 0 1 4G 8

P I E R R E V A L L É E

«N os débuts furent plutôtmodestes, rappelle De-

nis-Robert Elias, directeur géné-ral du Service des stages et duplacement de l’Université deSherbrooke, l’unité administra-tive responsable du fonctionne-ment du régime coopératif, quicompte aujourd’hui une cin-quantaine d’employés. Il ad’abord fallu se renseigner sur lespratiques qui se faisaient ailleurs,afin de les adapter à notre façonde fonctionner. Le second défi futde convaincre les employeurs dubien-fondé de la démarche. Au dé-but, le régime coopératif était seu-lement offert en génie ou dans lecadre d’une MBA.»

Aujourd’hui, ce sont, bon anmal an, environ 4000 stages of-ferts dans 41 programmes deformation que le Service desstages et du placement organisechaque année. Ce service peutcompter sur une banque de plusde 1000 employeurs québécois,canadiens et même internatio-naux qui acceptent de recevoirdes stagiaires de l’Université deSherbrooke. «Certaines grandesentreprises, comme IBM ou

Bombardier, ont même un em-ployé à temps plein qui coor-donne avec nous les stages dansleurs entreprises. C’est dire l’inté-rêt qu’elles por tent à cesstages. Pour plusieurs entre-prises, ces stages sont une partieintégrante de leurs activités.»

Les stages, d’une durée de15 semaines, se déroulent enautomne, en hiver ou en été,ce qui implique que le sta-giaire a un parcours continu,sans vacances d’été. Selon letype de formation, on compteentre trois et cinq stages, dontle niveau de dif ficulté va enaugmentant. Dans cer tainscas, le parcours scolaire peutêtre allongé d’une session oudeux. Les stages sont rémuné-rés et le salaire oscille entre450 et 800dollars par semaine.

Organisation des stagesLa première étape consiste

dans le maillage entre les sta-giaires et les entreprises.« Nous faisons parvenir de fa-çon régulière à nos entreprisesla liste des stages disponibles etcelles-ci nous indiquent lesquelsles intéressent. Une entreprisepeut aussi prendre l’initiative et

nous indiquer quels stages ellea à offrir. »

Une fois l’of fre cernée, laliste des stages disponibles estcommuniquée aux futurs sta-giaires afin que ces derniersindiquent leurs préférences.Ensuite, les C.V. desétudiants sont en-v o y é s a u x e m -ployeurs afin que cesderniers choisissentceux qu’ils veulentrencontrer. Les entre-vues se font sur lecampus de l’Univer-sité de Sherbrooke.E n s u i t e , l e s e m -ployeurs et les étu-diants font, chacunde son côté, une éva-luation de la rencon-tre. Si l’appréciationest mutuelle, le stageest réglé. Sinon, l’em-ployeur comme l’étu-diant devront se tour-ner vers le secondchoix, et ainsi desuite. «Nous essayons de mettreen place un matchmaking na-turel qui permet de marier lesbesoins des uns avec ceux desautres. Avec un taux de place-

ment de 98%, on peut dire quenotre méthode fonctionne. »

Déroulement des stagesL’étudiant n’est évidemment

pas laissé à lui-même. « Avantmême le premier stage, l’étu-

diant rencontre nosconseillers. Et, pen-dant tout le processusde sélection du stage,il sera accompagné.On l’aidera à prépa-rer son C.V., commeon lui donnera desconseils pour bien me-ner une entrevue avecun employeur. »

Idem lors du dé-roulement du stage.« Comme le stage estrémunéré et que c’estl’employeur qui ac-quitte la note, ce der-nier a avantage à ceque le stage soit un vé-ritable travail dontson entreprise pourraprofiter. Ainsi, nos

stages ne sont pas des stagesd’observation. »

Le stagiaire dispose aussid’une plateforme informatique,adaptée au niveau de son

stage, avec laquelle il peut sefixer des objectifs et procéderà son autoévaluation. Le super-viseur du stage a accès à cetteplateforme et peut commenterles observations du stagiaire.L’employeur peut aussi partici-per à ce processus. «Cela per-met, par exemple, au supervi-seur d’indiquer que le stagiairese sous-évalue, ou le contraire.Cela permet à l’employeur d’in-diquer au stagiaire que l’objectifqu’il s’est fixé est plus ou moinsimportant selon les besoins deson entreprise. Bref, on met enplace un encadrement qui favo-rise la réussite du stage.»

Avantages pour tousUn des avantages pour l’em-

ployeur, c’est qu’il peut comp-ter sur ce stagiaire pour com-bler un besoin en main-d’œu-vre. « Mais, le plus importantavantage pour l’employeur, c’estcelui de découvrir les meilleurscerveaux en amont, avant quel’étudiant n’ait terminé sa for-mation. Cela lui permet de ren-contrer un futur employé quiviendra combler ses besoins enmain-d’œuvre et, de surcroît,un futur employé qui s’est déjà

familiarisé avec la culture del’entreprise. D’ailleurs, 55% desstagiaires trouvent leur premieremploi dans une entreprise oùils ont fait un stage. »

Pour l’étudiant, il y a l’avan-tage de la rémunération qui,contrairement à celle d’un tra-vail d’été, est en lien directavec sa formation. De plus, lesstages lui donnent une expé-rience pratique du marché dutravail et lui permettent de va-lider en entreprise son choixde carrière. « Lorsqu’un étu-diant en régime coopératif re-çoit son diplôme, il a déjà der-rière lui une expérience d’un anà un an et demi sur le marchédu travail. C’est un atout consi-dérable pour un jeune quicherche un emploi. Et, mêmes’il ne déniche pas un emploidans une entreprise où il a ef-fectué un stage, sa connais-sance des rouages de l’em-bauche, mise en pratique lorsdes entrevues ayant mené auxstages, lui permet de bien seprésenter auprès d’un éventuelemployeur. »

CollaborateurLe Devoir

UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

Un programme d’études en régime coopératif depuis 1996« Le stage est rémunéré et c’est l’employeur qui acquitte la note »

H É L È N E R O U L O T -G A N Z M A N N

L a Faculté des sciences del’éducation de l’UQAM

œuvre pour que chaque élèveau Québec bénéficie de lameilleure éducation possible,dans un souci d’accessibilité etd’équité. Pour ce faire, deschercheurs par tent des be-soins exprimés par le milieu ettravaillent avec ce dernierdans le cadre de projets de re-cherche qui viennent ensuitebonifier la formation.

« D epui s sa f onda t i on ,l’UQAM est très préoccupée parl’engagement social, rappelleMonique Brodeur, doyenne dela Faculté des sciences del’éducation. D’où une grandecollaboration avec les milieuxde pratique et une grande sensi-bilité aux besoins des enfants,notamment ceux qui ont des dif-ficultés particulières dues à unhandicap ou des dif ficultésd ’ a d a p t a t i o n o u d’apprentissage. »

Exemple à l’appui,avec la mise en place,depuis la rentrée, dela mater ne l le dèsquatre ans à tempsplein en milieu défa-vorisé. « Dans le ca-dre de travaux de re-cherche menés en pré-vention, explique ladoyenne, des cher-cheurs ont rencontréla directrice de l’écoleSaint-Zotique, dans lequartier Saint-Henri,une école d’indice dedéfavorisation 10,donc le plus élevé.Cette directrice, enl’occurrence YolandeBrunelle, est l’une denos diplômées. Dansson établissement, elleobservait que les en-fants qui arrivaient àl’école n’avaient pasfréquenté les centresde la petite enfance(CPE) créés en 1997, parceque, d’une par t, les mères netravaillant pas, elles ne sen-taient pas qu’il était légitime deles y envoyer et que, d’autrepart, les familles n’avaient pasles moyens de payer le montantdemandé. Or ces enfants arri-vaient souvent mal préparéspour le milieu scolaire. »

«En 2009, Yolande Brunelleet son équipe ont décidé d’offrirla maternelle à temps plein etnon plus à mi-temps, commec’était le cas depuis la création deces maternelles, en 1973-1974.Des chercheurs de l’UQAM ont

travaillé sur ce dossier avec elleet son équipe d’école, dans le ca-dre d’un projet-pilote. Par ail-leurs, au printemps 2013, la mi-nistre Malavoy et l’ensemble dugouvernement ont fait adopter leprojet de loi 23, modifiant la Loisur l’instruction publique, pourque des maternelles à tempsplein soient of fertes dans toutesles écoles les plus défavorisées duQuébec, celles d’indices 9 ou 10.»

« Les chercheurs ont ajustéleurs travaux de recherche pourrépondre à une demande dumilieu. Ce qui est intéressantmaintenant, c’est que cette col-laboration vient nourrir et enri-chir la formation que nous of-frons aux futurs enseignants enmaternelle. Yolande Brunelleest d’ailleurs devenue supervi-seure de stage au préscolaire. »

Formation des maîtresLe baccalauréat en enseigne-

ment préscolaire et primaire etcelui en enseignement en

adaptation scolaire etsociale proposés parl’UQAM sont compo-sés de cours of fer tspar des professeursrattachés aux quatredépar tements de laFaculté. Le Québecayant fait le choix del’intégration scolaire,sauf dans des cas ex-ceptionnels, les en-fants qui ont des be-soins par ticulierssont maintenus aumaximum dans desclasses ordinaires, etles enseignants desti-nés à travailler dansles classes de mater-nelle reçoivent donctous une formationgénérale, incluant descours relatifs auxélèves ayant des be-soins particuliers.

«Nous avons égale-ment des programmesde formation continue,qui est essentielle, car

les connaissances en matièred’éducation, dont en petite en-fance, sont en constante évolu-tion, rappelle Monique Brodeur.En tant que professionnels, il estprimordial que les enseignants setiennent à jour. Nous offrons deplus une maîtrise en orthopéda-gogie qui forme des professionnelsintervenant de façon complémen-taire avec les enseignants, et ce,dès la maternelle.»

Après plusieurs années pas-sées à mettre l’accent unique-ment sur le jeu libre commemoteur du développement du-rant la petite enfance, les der-

nières recherches fournissentdes informations pouvant gui-der la communauté éducativeafin qu’elle réponde mieux auxbesoins des enfants. Ellesconfirment l’importance de laqualité des interactions entrel’enseignant et l’élève dansleur réussite scolaire et leuradaptation sociale. De plus,des méta-analyses démontrentque l’enseignement direct, soitdes activités intentionnelles,soigneusement planifiées etamorcées par l’enseignant etrelatives à des habiletés spéci-fiques, est associé à de plusgrands gains en matière delangage oral, de littératie, denumératie, d’attention et d’ha-biletés socio-émotionnelles,lorsqu’il y a un équilibre entredes activités amorcées par lesenseignants et par les enfants,y compris les jeux de rôle.

«Si, dans le domaine de l’im-mobilier, on dit que trois aspectssont importants: l’emplacement,l’emplacement et l’emplacement,en éducation, notamment en cequi concerne les enfants en diffi-culté ou qui ont des besoins parti-culiers, il y en a également trois:la prévention, la prévention et laprévention, particulièrement celledes difficultés d’apprentissage et decomportement, souligne Mme Bro-deur. La prévention est essentielledans les efforts déployés au Québecpour la réussite scolaire. Grâceaux travaux de recherche qui ontété menés ici et à l’échelle interna-tionale, on est en mesure d’êtrebeaucoup plus efficace dans nosstratégies de prévention. En cela,la maternelle dès quatre ans àtemps plein en milieu défavoriséest primordiale. Elle permet d’of-frir aux enfants de ces milieux desactivités propices à leur développe-ment et à leur réussite scolaire.Les progrès observés chez les élèvesde l’école Saint-Zotique suggèrentque les interventions mises en œu-vre dans cette école peuvent êtreaidantes pour les autres écoles.»

Actions cibléesOr, si la défavorisation est

particulièrement présente dansl’île de Montréal, elle l’est éga-lement en banlieue et en ré-gion. « On voit que, dans cer-tains quartiers de Montréal, letaux de diplomation est moindrequ’ailleurs. Le taux de décro-chage scolaire avant 20 ans peutmonter en certains endroits au-delà de 40%, ce qui est vraimenttrès élevé», observe la doyenne.

Les futurs enseignants doi-vent être conscients de cetteréalité, ainsi que motivés etpréparés pour travailler avecles enfants de ces quartiers.

Les cours et les stages, demême que les travaux de re-cherche des professeurs aux-quels des étudiants des troiscycles universitaires sont invi-tés à participer comme assis-tants de recherche, enrichis-sent la formation offerte.

« La Faculté des sciences del’éducation de l’UQAM veut exer-cer son rôle d’une façon sociale-ment responsable, conclut Mo-nique Brodeur. C’est pourquoielle travaille en étroite collabora-tion avec de nombreux par te-naires. Nos actions se complè-tent, se conjuguent, et c’est tantmieux, parce que l’éducation estdéterminante pour l’avenir despersonnes et de notre société.»

CollaboratriceLe Devoir

À L’UQAM

La formation des maîtres vise à répondre aux besoins des milieuxLa combinaison des jeux amorcés par les enfants et de l’enseignement direct prévient le décrochage

Les stagesdonnent àl’étudiant uneexpériencepratique dumarché dutravail et luipermettent devalider enentreprise sonchoix decarrière

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JACQUES GRENIER LE DEVOIR

Après plusieurs années passées à mettre l’accent uniquement surle jeu libre comme moteur du développement durant la petiteenfance, les dernières recherches fournissent des informationspouvant guider la communauté éducative.

« On voit que,dans certainsquartiers deMontréal, letaux dediplomationest moindrequ’ailleurs. Letaux dedécrochagescolaire avant20 ans peutmonter encertainsendroits au-delà de 40 %. »