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139 Abstract: Résumé: Correspondance à l’auteur: Patrick Fougeyrollas, Ph.D., Institut de réadaptation en déficience physique de Québec, 525 boulevard Wilfred-Hamel, Québec, QC G1M 2S8; <[email protected]> The Canadian Journal of Program Evaluation Vol. 18 No. 2 Pages 139–164 ISSN 0834-1516 Copyright © 2003 Canadian Evaluation Society DÉVELOPPEMENT D’UN CADRE DE CLASSEMENT DES RÉSULTATS DE LA RÉADAPTATION POUR DOCUMENTER LA PROGRESSION DES CLIENTÈLES Patrick Fougeyrollas Jean-Pierre Robin Institut de réadaptation en déficience physique de Québec Québec, Québec Hélène Bergeron Centre de réadaptation Lucie Bruneau Montréal, Québec Dans le domaine de la réadaptation, la préoccupation de docu- menter les résultats des interventions ainsi que la progression des clientèles dans le temps est présente à tous les niveaux: clinique, administratif et scientifique. Grâce aux nouvelles tech- nologies de l’information, il apparaît maintenant possible de relever ce défi en développant un système d’information clien- tèle apte à prendre en compte la complexité des variables en jeu. Pour déterminer ces variables, 27 programmes représenta- tifs du continuum de réadaptation québécois ont participé à une étude visant à déterminer des indicateurs de progression au plan des aptitudes, habitudes de vie et facteurs environnementaux. Un cadre harmonisé de classement des variables et de mesure de leur progression a été validé par les équipes cliniques auprès de leur clientèle. Ce cadre constitue un outil novateur et s’avé- rera utile comme soutien au suivi individualisé de la clientèle mais aussi comme support à l’évaluation des programmes et politiques. In the field of rehabilitation, documenting intervention results and the progress of clients is a major concern at all levels, be it clinical, administrative, or scientific. Using new information technologies, it is now possible to meet this challenge by devel- oping an information system capable of taking into account the complexity of the variables involved. To identify those variables, 27 programs representative of the Quebec rehabilitation con- tinuum took part in a study to identify progress indicators in abilities, life habits, and environmental factors. A harmonized

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139LA REVUE CANADIENNE D'ÉVALUATION DE PROGRAMME

Abstract:

Résumé:

Correspondance à l’auteur: Patrick Fougeyrollas, Ph.D., Institut de réadaptationen déficience physique de Québec, 525 boulevard Wilfred-Hamel, Québec, QCG1M 2S8; <[email protected]>

The Canadian Journal of Program Evaluation Vol. 18 No. 2 Pages 139–164ISSN 0834-1516 Copyright © 2003 Canadian Evaluation Society

DÉVELOPPEMENT D’UN CADRE DECLASSEMENT DES RÉSULTATS DE LARÉADAPTATION POUR DOCUMENTER LAPROGRESSION DES CLIENTÈLES

Patrick FougeyrollasJean-Pierre RobinInstitut de réadaptation en déficience physique de QuébecQuébec, Québec

Hélène BergeronCentre de réadaptation Lucie BruneauMontréal, Québec

Dans le domaine de la réadaptation, la préoccupation de docu-menter les résultats des interventions ainsi que la progressiondes clientèles dans le temps est présente à tous les niveaux:clinique, administratif et scientifique. Grâce aux nouvelles tech-nologies de l’information, il apparaît maintenant possible derelever ce défi en développant un système d’information clien-tèle apte à prendre en compte la complexité des variables enjeu. Pour déterminer ces variables, 27 programmes représenta-tifs du continuum de réadaptation québécois ont participé à uneétude visant à déterminer des indicateurs de progression au plandes aptitudes, habitudes de vie et facteurs environnementaux.Un cadre harmonisé de classement des variables et de mesurede leur progression a été validé par les équipes cliniques auprèsde leur clientèle. Ce cadre constitue un outil novateur et s’avé-rera utile comme soutien au suivi individualisé de la clientèlemais aussi comme support à l’évaluation des programmes etpolitiques.

In the field of rehabilitation, documenting intervention resultsand the progress of clients is a major concern at all levels, be itclinical, administrative, or scientific. Using new informationtechnologies, it is now possible to meet this challenge by devel-oping an information system capable of taking into account thecomplexity of the variables involved. To identify those variables,27 programs representative of the Quebec rehabilitation con-tinuum took part in a study to identify progress indicators inabilities, life habits, and environmental factors. A harmonized

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framework for the classification of variables and progress indi-cators was validated with clients by the clinical teams. Thisframework is a groundbreaking tool and will be useful not onlyas a resource in individual client follow-up but also in programand policy evaluation support.

Au Québec, la réadaptation est sous la responsabilité duministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) dont certainsdes pouvoirs sont délégués à des Régies régionales (RRSSS). La Loisur les services de santé et les services sociaux encadre notammentles établissements, publics ou privés, qui offrent des services de réa-daptation à des personnes présentant une déficience physique. Ilssont une vingtaine à former ainsi l’Association des établissementsde réadaptation en déficience physique du Québec (AERDPQ). Leursservices s’adressent à des clientèles présentant des incapacités si-gnificatives et persistantes découlant d’une déficience auditive, dulangage et de la parole, motrice ou visuelle. Leurs interventions vi-sent à améliorer la participation sociale des clientèles, en réduisantles situations de handicap liées à la réalisation des habitudes devie, par la récupération ou la compensation des incapacités et laréduction des obstacles environnementaux (AERDPQ, 2000).

Le projet sur les mesures de progression est né des réflexions de laTable des directions cliniques de cette association d’établissementset vise à définir des modalités d’évaluation des résultats des inter-ventions cliniques auprès de leurs clientèles. Les gestionnaires deces établissements avaient identifié le besoin de systématiser leurprocessus de cueillette de données et de suivi opérationnel des pro-fils des usagers afin de documenter les taux de progression des clien-tèles dans une approche de résultat axée sur la finalité de leursprogrammes d’adaptation, de réadaptation et de soutien à l’intégra-tion sociale, soit la qualité de la participation sociale des personnesayant des incapacités.

Ce projet s’inscrit également dans une démarche administrative plusglobale de développement d’un système d’information clientèle con-sidéré comme une priorité par l’ensemble des partenaires du réseaude la déficience physique. Le comité sur le Système d’informationclientèle en déficience physique (SICDP), mandaté par le comitéMSSS-Régies sur le développement des systèmes d’information clien-tèle et piloté par la Régie régionale de Montréal-Centre, avait étéchargé de développer un tel système.

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Selon la littérature, les systèmes visant l’évaluation de l’efficacitédes programmes de réadaptation dans le champ de la déficiencephysique s’intéressent généralement à une clientèle spécifiquecomme les personnes ayant subi un traumatisme cranio-cérébral(TCC), un accident cérébro-vasculaire ou une lésion médullaire, maisil n’existait pas à notre connaissance d’outils ou systèmes d’évalua-tion interclientèles pouvant s’appliquer à l’ensemble des clientèlesayant des incapacités motrices, visuelles, auditives, ou du langage(Brooks, Gabella, Hoffman, Sosin, & Whiteneck, 1997; Gordon,Mann, & Willer, 1999; Hall, 1997; Noreau & Fougeyrollas, 2000;Whiteneck, 1997; Wilkerson, 1997).

Le comité SICDP a opté pour un développement en étapes. Un grouped’établissements a fait valoir son intérêt à l’égard de la Mesure del’indépendance fonctionnelle (MIF), un outil d’évaluation développéaux États-Unis pour des clientèles en traumatologie ou ayant subiune déficience subite sévère comme un accident cérébro vasculaireen milieu hospitalier de réadaptation fonctionnelle intensive(Ottenbacher, Hsu, Granger, & Fiedler, 1996). Un premier projets’est intéressé à la valeur clinique et administrative de cet outil in-tégré au système UDS© (Uniform Data System) et à l’impact de cettecueillette de données sur la prestation des services et la pratiqueclinique. Toutefois, le comité SICDP reconnaissait d’emblée que l’uti-lisation de la MIF ne saurait être considérée comme l’unique ré-ponse aux besoins de l’ensemble des établissements. Des limites dela MIF avaient été identifiées quant à son applicabilité aux diffé-rentes clientèles en déficience physique et aux dimensions socialesvisées par les programmes d’adaptation, de réadaptation et de sou-tien à l’intégration sociale.

Un second groupe de travail, le comité sur les mesures de progres-sion, a donc été constitué dans une perspective plus globale d’éva-luation de l’efficacité des interventions de réadaptation pourl’ensemble des clientèles. Son mandat était d’identifier les indica-teurs à documenter pour apprécier les résultats des interventionsen déficience physique, soit les changements observés dans certai-nes caractéristiques des clientèles. Afin d’y parvenir, une étudeévaluative a été réalisée auprès de cliniciens des programmes deréadaptation. Le présent article vise donc à présenter le déroule-ment de cette étude, le cadre de classement des indicateurs de pro-gression qui en a découlé ainsi que des applications possibles de cecadre innovateur dans le champ de l’évaluation en réadaptation.

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OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

Les objectifs visés par ce projet étaient les suivants:

1. Élaborer un cadre de classement des informations permet-tant de suivre l’évolution fonctionnelle de l’usager dans lecadre d’un système d’information clientèle permettant l’éva-luation harmonisée des programmes de réadaptation qué-bécois.

2. Avoir des données qui mettent l’emphase sur les finalitésde la réadaptation, c’est-à-dire l’atteinte des résultats con-cernant la réalisation des habitudes de vie.

3. Avoir des données qui mettent en lien les variables person-nelles et les variables environnementales dans l’analyse dela performance dans les habitudes de vie.

4. Recueillir des données de divers établissements sur la basede leurs clientèles cibles et d’objectifs comparables.

CADRE CONCEPTUEL

Considérant d’une part, les objectifs du projet et, d’autre part, l’uti-lisation répandue du modèle conceptuel du Processus de productiondu handicap (PPH) (Fougeyrollas, Bergeron, Cloutier, Côté, & St-Michel, 1998) dans la grande majorité des milieux cliniques de réa-daptation québécois, celui-ci a été retenu pour bâtir le cadre declassement des informations. Ce modèle conceptuel est issu de laClassification québécoise du PPH (CQPPH) qui contient égalementdes définitions et des nomenclatures pour chacune de ses dimen-sions conceptuelles. Cette classification, développée à partir de 1989dans le cadre des travaux de Fougeyrollas et son équipe, visait àcontribuer à la révision de la Classification internationale des défi-ciences, des incapacités et des handicaps (CIDIH) de l’Organisationmondiale de la Santé (Fougeyrollas, 1995, 2001; ICIS, 2002; WHO,1980) et a fait l’objet de vastes processus de consultation, de valida-tion et de diffusion au Québec et sur le plan international. Ce mo-dèle tient compte de l’évolution contemporaine des connaissancessur les conséquences organiques, fonctionnelles et sociales des ma-ladies et traumatismes, et particulièrement lorsqu’elles présententdes risques de persistance et de sévérité dans le temps comme c’estle cas pour les clientèles de réadaptation. C’est un modèle anthro-pologique universel s’appliquant à tout être humain. Il est systémi-que et écologique. Il tient compte des critiques des modèles àdominante biomédicale établissant une relation causale linéaire

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entre les atteintes organiques ou déficiences et leurs conséquences.Il est reconnu internationalement pour sa prise en compte d’uneperspective sociale de construction du handicap et tout particulière-ment pour son articulation des facteurs du contexte de vie (social etphysique) comme déterminants de la qualité de la participation so-ciale des personnes ayant des incapacités (Ravaud, 2001). Il illustrede façon opérationnelle l’interaction des facteurs personnels et desfacteurs environnementaux ainsi que le résultat de cette interac-tion, la réalisation des habitudes de vie (activités courantes et rôlessociaux) dont la qualité peut être mesurée sur une échelle allant dela participation sociale optimale jusqu’à la situation de handicapcomplète. Cette conceptualisation est donc en accord avec l’évolu-tion contemporaine des droits de la personne et de l’autonomisationdes personnes ayant des incapacités. Elle correspond à l’approcheholistique contemporaine en adaptation/réadaptation prenant enconsidération l’identité et le projet de vie de chaque client afin deconstruire son intervention interdisciplinaire autant sur les aptitu-des fonctionnelles de la personne que sur son contexte de vie réel. Ilest particulièrement pertinent dans une approche évaluative cen-trée sur les résultats et leurs déterminants fonctionnels ouenvironnementaux susceptibles de changer grâce aux interventionsde réadaptation. Le modèle conceptuel du PPH a été adopté par leMinistère de la santé et des services sociaux (MSSS, 1995, p. 70) etpar l’AERDPQ (2000) dans leurs documents d’orientation respec-tifs.

Selon la CQPPH, les facteurs personnels correspondent à des carac-téristiques intrinsèques appartenant à la personne, tels que l’âge,le genre, l’identité socio-culturelle, les systèmes organiques et lesaptitudes. Dans le cadre de ce projet sur les mesures de progres-sion, on se concentrera sur les aptitudes qui se définissent commeétant la possibilité pour une personne d’accomplir une activité phy-sique ou mentale. Les termes «facteurs personnels» et «aptitudes»seront utilisés comme des synonymes dans cet article. Les facteursenvironnementaux sont définis comme les dimensions sociales ouphysiques qui déterminent l’organisation et le contexte d’une société.Finalement, une habitude de vie est définie comme une activité cou-rante ou un rôle social valorisé par la personne ou son contexte so-cioculturel selon ses caractéristiques (âge, genre, identitésocioculturelle). Les habitudes de vie ou la performance de réalisa-tion en situation de vie sociale assurent la survie et l’épanouisse-ment d’une personne tout au long de son existence (Fougeyrollas etal., 1998)

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MÉTHODOLOGIE

Identifiée comme une priorité par les directions cliniques des éta-blissements, cette étude évaluative a été intégrée aux démarchesd’implantation du processus d’évaluation de programme des établis-sements et, de ce fait, n’a pas nécessité d’autorisation formelle descomités d’éthique de la recherche. Aucune donnée nominative n’aété utilisée dans l’étude et les données de progression ont entière-ment été extraites des dossiers ou des évaluations cliniques réali-sées par les équipes cliniques. L’étude s’est effectuée en trois phases,soit: 1) l’identification des informations jugées pertinentes par lescliniciens pour documenter la progression de leur clientèle et lesoutils d’évaluation utilisés à cette fin; 2) le développement d’un ca-dre d’analyse et de classement visant à agréger les données re-cueillies en se basant sur le PPH; et 3) la validation du cadre declassement des données en l’expérimentant de façon rétrospectiveou en temps réel par les mêmes équipes cliniques ayant participé àla première phase.

Figure 1Processus de production du handicap

Source: RIPPH/SCCIDIH, 1998

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Il est important de mentionner que cette étude ne s’adressait qu’àl’aspect «contenu» d’un module (mesures de progression ou d’effica-cité) du projet ministériel plus large de développement du SICDP età des recommandations sur les aspects opérationnels d’informatisa-tion, d’implantation et d’exploitation des données.

Population à l’étude

La population visée par l’enquête était celle des programmes desétablissements québécois de réadaptation en déficience physique duréseau public, membres de l’AERDPQ. L’échantillon a été constituépar des membres de la Table des directions cliniques de l’Associa-tion, selon une méthode dite de choix raisonné. Ceci a permis desélectionner un certain nombre de programmes jugés représenta-tifs selon un ensemble de critères (voir Figure 2). Ces mêmes pro-grammes ont été à nouveau sollicités pour les deuxième et troisièmeconsultations.

Figure 2Critères de représentativité utilisés pour la constitution de l’échantillon

Caractéristiques des programmes selon …

… le type de déficience … les groupes d’âge … les champs d’intervention

Motrice Enfants (0–11 ans) Autonomie personnelle

Visuelle Adolescents (12–17 ans) Autonomie sociorésidentielle

Auditive Adultes (18–64 ans)

Langage/Parole Soutien à l’intégration

Autonomie socialeet professionnelle

Personnes âgées(65 ans et plus)

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Collecte des informations

Trois consultations ont été réalisées successivement. La premièreavait pour but d’identifier, par le biais d’un questionnaire à rempliren équipe, toutes les variables jugées importantes par les cliniciens.La seconde consultation consistait en une expérimentation, par leséquipes, d’une première version du cadre de classement, sur la based’évaluations cliniques d’usagers représentatifs de leurs clientèles.La troisième consultation a réuni en groupe de discussion des clini-ciens ayant participé aux consultations précédentes dans le but declarifier certaines ambiguïtés identifiées lors de l’analyse des don-nées et de valider la sélection finale des variables.

INFORMATIONS JUGÉES IMPORTANTES PAR LES CLINICIENS

Première consultation

L’objectif visé était d’identifier un certain nombre de variables pro-pres aux aptitudes, aux habitudes de vie et à l’environnement despersonnes suivies en réadaptation. En plus de devoir apparaître auxcliniciens consultés comme étant importantes à évaluer et à rééva-luer pour mesurer la progression, ces variables se devaient d’êtresuffisamment générales pour évaluer les clientèles, toutes catégo-ries confondues, tout en conservant un niveau de sensibilité satis-faisant pour suivre l’évolution d’un client au cours de sa réadaptation.Les variables ainsi identifiées constituaient les éléments fondamen-taux au développement d’un cadre de classement applicable auprèsde la clientèle suivie dans les établissements québécois de réadap-tation en déficience physique.

Un questionnaire a été élaboré à l’intention des cliniciens. Il com-portait d’abord un préambule documentant par des questions fer-mées les caractéristiques du programme, soit l’identification del’établissement, l’identification du programme, les clientèles desser-vies et les champs d’intervention. Trois sections documentaient suc-cessivement par le biais de questions ouvertes les aptitudes,habitudes de vie et facteurs environnementaux évalués par l’équipeet jugés nécessaires d’être réévalués pour mesurer la progression deleurs clients. Par exemple, on demandait: «En tant qu’équipe pro-gramme, quelles sont les habitudes de vie que vous évaluez et quevous croyez nécessaires de réévaluer pour mesurer la progressionou l’évolution chez vos clients?» Les répondants étaient ensuite in-vités à dresser la liste des outils (standardisés ou non) qu’ils utili-

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saient à cette fin. Une quatrième section portait sur les outils addi-tionnels souhaités par l’équipe pour évaluer la progression ou l’évo-lution de leurs clients quant aux aptitudes, habitudes de vie etfacteurs environnementaux. Cette section permettait également aurépondant de formuler tout commentaire sur le questionnaire ainsique sur l’élaboration du cadre d’analyse et de classement des mesu-res de progression en déficience physique.

Traitement des données

Les données recueillies ont été traitées en plusieurs étapes. Toutd’abord un inventaire de tous les documents soumis a été réalisé.Les réponses portant sur les variables jugées importantes à évalueront été codifiées en recourant à une méthode dite d’analyse de con-tenu (Landry dans Gauthier, 1992) et une base de données a étéconstituée. Cette codification consistait à apparier de façon systé-matique les variables identifiées par les cliniciens dans leur termi-nologie courante issue des savoirs professionnels et des spécificitésdes clientèles cible (pédiatrique, adulte, aînée, types de déficiences)avec les catégories structurées des nomenclatures de la CQPPH(Fougeyrollas et al., 1998), et ce, chaque fois qu’une correspondanceapparaissait pertinente. Ce travail d’harmonisation terminologiques’avérait essentiel à l’émergence d’indicateurs pertinents dans uneperspective d’interdisciplinarité.

Les commentaires généraux exprimés par les équipes quant auxcaractéristiques du cadre d’analyse et de classement souhaité ainsique sur le questionnaire d’enquête ont fait l’objet d’une analyse thé-matique de contenu. Ils ont contribué à orienter les travaux de l’étapesuivante, à savoir la production d’une version expérimentale du ca-dre de classement des variables.

Variables jugées importantes par les cliniciens consultés

Au total, 1 741 énoncés ont été formulés. Selon les programmes, leurnombre variait entre 15 et 201, avec une moyenne de 64 énoncéspar programme. La codification de ces énoncés a permis d’y associer360 variables de la nomenclature de la CQPPH. Cent soixante-septénoncés n’ont pu être codifiés directement. Considérés problémati-ques, ceux-ci ont été soumis à une analyse plus approfondie par uncomité d’experts dans le but de dissiper les ambiguïtés et les classi-fier lors de ce «second tour». Ainsi, 90 énoncés ont pu être appariés

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à leur tour, portant à 365 le nombre des variables de la CQPPH as-sociées aux contenus formulés par les équipes. Les énoncés restantsont été soit rejetés parce qu’ils ne répondaient pas aux critères at-tendus, soit conservés pour un examen ultérieur.

En ce qui a trait aux énoncés retenus, ceux-ci furent considéréscomme étant des contenus manifestes (Gauthier, 1992), c’est-à-direreflétant explicitement les variables jugées importantes. Cela a per-mis de démontrer leur étroite relation et leur congruence avec lescatégories des nomenclatures de la CQPPH. Plus de 95% de ces énon-cés, plus précisément 1 664, ont trouvé leur correspondance dans lesnomenclatures. Il devenait donc possible d’inférer que la Classifica-tion québécoise est un système ayant une très forte validité de con-tenu dans le champ de la terminologie clinique de la réadaptation.Bien qu’ayant été invités à utiliser leurs termes cliniques habituelsles cliniciens des programmes consultés étaient familiers avec le PPHet l’utilisation de ses nomenclatures semblait être bien intégrée auniveau clinique, à tout le moins pour ce qui concerne la dénomina-tion des variables reliées à une personne ou à son environnement etdevant faire l’objet d’une évaluation en réadaptation.

Par ailleurs, les programmes consultés, toutes caractéristiques declientèles et de champs d’intervention confondus, étaient davantageen accord pour des variables liées aux habitudes de vie que pour desvariables environnementales ou documentant des aptitudes. En ef-fet, pour les 100 variables les plus fréquemment citées par les pro-grammes et correspondant à un niveau de consensus égal ousupérieur à 20%, 43 de celles-ci concernaient les habitudes de viecontre 36 pour les aptitudes. Les facteurs environnementaux consti-tuaient la catégorie la moins représentée, avec 21 variables parmi les100 qui étaient le plus souvent mentionnées. En examinant le Ta-bleau 1, on observe que, sur les 19 variables ayant été identifiées par

Tableau 1Distribution des 100 variables les plus fréquemment citées selon les catégorieset les niveaux de consensus

Consensus inter-programmesCatégories du PPH 50% et + 40–50% 30–40% 20–30% Total

Aptitudes 1 2 8 25 36Facteurs environnementaux 3 2 6 10 21Habitudes de vie 15 11 3 14 43Total: 19 15 17 49 100

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au moins 50% des programmes, 15 concernaient les habitudes de vie,trois les facteurs environnementaux et une seule, les aptitudes.

Commentaires des cliniciens quant au développement du cadre de classement

La plupart des intervenants des programmes ont soulevé des ques-tionnements à l’égard du cadre de classement et formulé des com-mentaires ou suggestions quant à son développement. On peut lesregrouper sous les thèmes suivants:

• Disposer d’un outil global et agrégé supportant la réflexiond’un point de vue d’équipe interdisciplinaire et permettantle maintien et l’utilisation des résultats des outils d’évalua-tion disciplinaires;

• Favoriser l’utilisation d’un langage commun, simple, évi-tant les terminologies techniques complexes et facilitant leprocessus de codification;

• Prévoir des variables permettant de caractériser les clien-tèles, tant au plan des déficiences spécifiques que des va-leurs individuelles, des niveaux d’âge, du rythmed’apprentissage, des besoins particuliers, et ainsi de suite;

• Caractériser les composantes humaines et physiques desenvironnements où évolue la personne;

• Documenter les habitudes de vie de la personne en établis-sant des liens avec ses caractéristiques personnelles et lescaractéristiques de son environnement;

• Caractériser les interventions;• Favoriser la création d’outils interdisciplinaires en lien avec

le cadre de classement;• Inclure des variables de satisfaction du client et des pro-

ches significatifs.

DÉVELOPPEMENT ET VALIDATION D’UNE VERSIONEXPÉRIMENTALE DU CADRE DE CLASSEMENT

L’élément fondamental ayant orienté le développement d’une pre-mière version du cadre de classement a été de chercher une appro-che d’évaluation opérationnelle et dynamique permettant la miseen relation, conformément au cadre conceptuel du PPH, des déter-minants personnels (aptitudes) et environnementaux avec leurs ré-sultats sur le plan des habitudes de vie. De plus, la conception ducadre de classement devait permettre d’aborder l’évaluation à par-

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tir des habitudes de vie plutôt que selon les approches tradition-nelles plus influencées par le modèle biomédical, par les facteurspersonnels de déficiences et d’incapacités.

Les variables retenues étaient, dans l’ensemble, les plus représen-tatives d’un consensus québécois considérant à la fois les types dedéficience, les groupes d’âge et les champs d’intervention. Elles nedocumentaient pas tous les aspects de la personne et se limitaientvolontairement à des mesures globales ou agrégées de progression,compte tenu des objectifs d’évaluation de programmes du futurSICDP et des attentes exprimées par les milieux cliniques.

Seconde consultation

Le processus de développement du cadre de classement comportaitune étape de validation de la version préliminaire. Cet exercice devalidation reposait sur l’expérimentation de l’outil par les équipescliniques ayant participé à la première phase. La période d’expéri-mentation a été établie à trois mois. Les objectifs visés étaient lessuivants:

• Valider la pertinence des variables pour documenter la pro-gression;

• Apprécier la pertinence et la sensibilité des échelles;• Vérifier dans quelle mesure le cadre de classement permet

d’effectuer la mise en relation entre les catégories de varia-bles;

• Estimer la facilité d’intégration du cadre de classement aufonctionnement d’équipe.

Il a été demandé aux équipes d’identifier, parmi leur clientèle, cinqusagers de leurs services possédant des profils représentatifs de ladiversité rencontrée dans leur programme avec lesquels le cadre declassement serait mis à l’essai. Deux moments distincts (T1 et T2)devaient être déterminés pour la collecte des informations à l’aidedu cadre de classement et à partir des évaluations cliniques réali-sées habituellement par l’équipe. Ces moments pouvaient être dif-férents selon la situation particulière des usagers et la mission desprogrammes. Cela pouvait correspondre à l’étape de l’admission, aumoment de l’élaboration du plan d’intervention, à sa révision, aucongé ou à une relance. D’autres moments étaient également possi-bles. Le cas échéant, ceux-ci devaient être spécifiés.

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Lors de la première collecte d’informations (T1), l’équipe identifiaitd’abord toutes les habitudes de vie où une évolution de la personneétait attendue et en cotait le degré de réalisation sur une échellenominale. Cette évolution pouvait aller dans le sens d’une progres-sion positive, d’une stabilité ou d’une détérioration. Pour chacunedes habitudes de vie retenues, l’équipe devait préciser quels étaientles aptitudes et les facteurs environnementaux susceptibles d’exer-cer une influence significative sur cette évolution (voir Figure 3).Sur la base des résultats des outils d’évaluation cliniques habituelsou du jugement de l’équipe, ceux-ci étaient ensuite évalués à partird’échelles de cotation spécifiques à chacune des catégories (aptitu-des et facteurs environnementaux). Puis, au temps T2 fixé parl’équipe, celle-ci devait apprécier en quoi les habitudes de vie avaientévolué depuis l’évaluation initiale. De la même manière qu’au tempsT1, on questionnait les aptitudes et les facteurs environnementauxayant joué un rôle significatif.

Dans les limites imposées par la période de consultation, l’écart en-tre T1 et T2 demeurait à la discrétion des équipes. Il importait tou-tefois qu’il soit suffisamment grand pour qu’une progression soitpotentiellement observable, au regard des habitudes de vie de lapersonne, des facteurs personnels ou des facteurs environnementaux.Exceptionnellement pour certains cas, il pouvait s’avérer que la pé-riode de trois mois soit insuffisante pour témoigner de la progres-sion d’un client. Par exemple, pour des personnes desservies dansdes programmes de soutien à l’intégration et dont la progressions’apprécie habituellement sur de longues périodes, l’évaluation autemps T1 pouvait alors être réalisée rétroactivement, c’est-à-dire endocumentant un moment antérieur. Cette mesure de cotation de-vait toutefois demeurer exceptionnelle et ne pas s’appliquer à plus

Figure 3Processus de sélection des variables à évaluer

Facteurs personnels en cause?

Facteurs environnementaux en cause?

Habitude de vieX

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de deux sujets. De plus, bien que cette cotation au T1 soit effectuéeà partir du dossier du sujet, elle devait quand même être réalisée enéquipe pour être conforme aux règles méthodologiques de l’étude.

Au total, le cadre de classement a été complété pour 93 sujets, soit27 enfants, 6 adolescents, 45 clients de 18 à 64 ans et 15 aînés.Compte-tenu que certains sujets présentaient une multi-déficience,la répartition était représentative des populations des établissementset incluait une proportion adéquate de déficiences sensorielles. Surun total de 114 déficiences représentées dans l’échantillon, on dé-nombrait 45 déficiences motrices, 27 déficiences visuelles, 27 défi-ciences auditives et 18 déficiences du langage et de la parole.

Au cours de cette consultation, il est apparu que les équipes avaientinterprété différemment la finalité du cadre de classement. Ainsi,certaines équipes ont conservé une compréhension globale tandisque d’autres ont associé son contenu à un outil d’évaluation détaillé.L’équipe qui menait l’étude s’est donc trouvée devant une grandequantité de suggestions, d’ajouts de sous-variables ou de modifica-tions du cadre et ce, à des niveaux très différents. De plus, la con-sultation ayant été effectuée par le biais de documents papier, ildemeurait certaines affirmations difficiles à comprendre. Il s’est doncavéré nécessaire, malgré la richesse de l’information obtenue et lesconsensus se dessinant sur la pertinence de l’outil et les commen-taires permettant l’amélioration de son contenu, de retourner auxéquipes pour approfondir certains points.

Les principaux éléments à vérifier étaient les suivants:

• Les habitudes de vie, facteurs personnels et facteursenvironnementaux retenus couvrent-ils tous les aspects àdocumenter pour la mesure de progression dans un contextede système d’information multi-clientèles, multi-âges etmulti-programmes?

• Comment libeller la définition des variables de façon à êtresuffisamment clair et spécifique pour s’appliquer à toutesles clientèles?

• Comment rendre plus sensible l’échelle des situations dehandicap (habitudes de vie) et l’échelle des incapacités (ap-titudes)?

• La mise en relation des variables et l’application du cadrede classement sont-elles utiles et réalisables dans le con-texte d’un échange interdisciplinaire?

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L’équipe de recherche est donc retournée auprès des équipes clini-ques pour une dernière consultation avant l’élaboration de la ver-sion finale du cadre de classement.

Troisième consultation

Cette consultation visait à valider certains constats et modificationssuggérées par les équipes lors de l’expérimentation. L’approche re-tenue a été le groupe de discussion.

Un schéma d’entrevue a été élaboré. Un premier bloc de questionsportait sur la pertinence des variables pour documenter la progres-sion, un deuxième abordait les questions en lien avec les échelles etfinalement, le dernier bloc permettait de discuter la mise en rela-tion des variables et l’utilisation du cadre de classement dans uncontexte d’équipe.

L’exercice de consultation en groupe a permis de consolider les con-sensus autour de certains aspects. Des définitions ont été révisées,des variables ont été ajoutées, d’autres ont été éclatées en sous-va-riables, et des échelles ont été modifiées. Le besoin d’élaborer desconsignes plus formelles a également été mis en évidence. L’ensem-ble du matériel recueilli au cours des groupes de discussion a per-mis d’en arriver à une proposition de cadre de classement présentéeà la prochaine section de cet article. De plus, la consultation a per-mis de valider certaines orientations proposées dans la version ex-périmentale, notamment en regard du processus de mise en relationdes variables d’habitudes de vie avec les variables personnelles etles variables environnementales. Finalement, l’intérêt des cliniciensquant à un système d’information clientèle a quand même été souli-gné à nouveau, malgré les embûches liées à l’expérimentation pa-pier.

PRÉSENTATION DES VARIABLES DU CADRE DE CLASSEMENT

Considérations générales

Le choix des variables du cadre de classement est fondé sur les ré-sultats des trois consultations successives menées auprès d’équipescliniques de réadaptation. L’ensemble des considérations énoncéespour l’élaboration de la version expérimentale s’appliquent ici aussi,à savoir que:

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• Les variables choisies sont représentatives d’un consensusquébécois;

• Les variables se limitent volontairement à des mesures glo-bales de progression;

• Les variables réfèrent au cadre conceptuel de la CQPPH età ses nomenclatures sans nécessairement respecter lesmêmes niveaux de spécificité des catégories;

• L’utilisation du cadre de classement permet de mettre enrelation les facteurs personnels et environnementaux avecchaque habitude de vie, ce qui favorise, du même coup, l’in-terdisciplinarité et la concentration sur le résultat attenduen réadaptation, soit la réalisation optimale de l’habitudede vie.

L’ensemble de ces variables pourra être intégré au futur systèmed’information clientèle en déficience physique québécois. Elles cons-tituent une partie des variables de résultats à documenter. D’autresvariables explicatives de la progression telles que l’âge, la région deprovenance, la prestation de services, l’expérience de vie antérieure,n’ont pas été retenues pour les fins du cadre de classement, bienqu’elles devront également faire partie du système d’information.Enfin, le cadre de classement devra obligatoirement être accompa-gné de consignes claires et faire l’objet d’un programme de forma-tion et de suivi de la qualité de façon à garantir la validité et lafiabilité des données.

Les variables sont présentées par dimension conceptuelle, i.e., leshabitudes de vie, les facteurs personnels (aptitudes) et les facteursenvironnementaux, aux figures 4, 5, et 6, et sont accompagnées deséchelles de cotation spécifiques.

Bien que présentée ici de façon linéaire, en trois listes distinctes devariables, il faut rappeler que chaque habitude de vie doit être miseen relation dynamique avec les facteurs personnels et les facteursenvironnementaux pertinents, tel que dans l’exemple suivant (Fi-gure 7). Malheureusement, il demeure difficile d’illustrer sur pa-pier ce que l’informatique permettra de réaliser aisément.

Définitions des variables

Les définitions des variables sont, pour la plupart, tirées de laCQPPH (Fougeyrollas et al., 1998). À l’occasion, certaines défini-tions de la CQPPH ont été modifiées en référant à d’autres outils

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Figure 4Habitudes de vie retenues

• Régime alimentaire• Préparation des repas• Prise des repas• Soins corporels• Soins de santé• Condition mentale• Condition physique• Habillement• Déplacements restreints

Figure 5Facteurs personnels (aptitudes) retenus

• Activités intellectuelles–Attention et concentration–Mnésies–Pensée

• Langage–Parole–Compréhension du langage oral–Compréhension du langage signé–Compréhension du langage écrit–Lecture labiale–Expression du langage oral–Expression du langage signé–Expression du langage écrit–Pragmatique

• Transports• Communication orale et

corporelle• Communication écrite• Télécommunication• Signalisation• Choix et aménagement

du domicile• Entretien du domicile

• Relations affectives• Relations sociales• Responsabilités familiales• Responsabilités financières• Vie communautaire• Loisir et jeu• Éducation• Travail

Échelles de cotation des habitudes de vieDegré de reéalisation Degré de difficulté4. Complète 4. Aucune difficulté3. Partielle 3. Difficultés légères2. Par substitution 2. Difficultés modérées1. Non réalisée 1. Difficultés sévères

Type d’aide requis(possibilité de cocher plus d’une case)

❑ Sans aide❑ Aide technique❑ Aménagement❑ Aide humaine ponctuelle❑ Aide humaine intense

• Comportement–Volition–Affectivité–Conduite

• Audition–Perception auditive–Discrimination auditive–Identification auditive–Localisation auditive–Sensations associées à

l’audition et aux fonctionsvestibulaires

• Vision–Vision des détails–Vision de l’espace et du

mouvement

–Contrôle oculomoteur–Perception visuelle

• Toucher• Fonctions intéroceptives

Activités motrices–Mouvement volontaire–Développement et contrôle

postural–Équilibre–Coordination–Déglutition–Activités manuelles–Marche

• Tolérance et résistance

Échelle de cotation des facteurs personnelsSévérité de l’incapacité Type d’aide requis4. Capable sans limite 4. Sans aide3. Capable avec limites mineures 3. Aide technique2. Capable avec limites majeures 2. Aide humaine1. Incapable 1. Aide humaine et technique

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d’évaluation de manière à bien s’arrimer aux pratiques cliniques età l’ensemble des clientèles, mais également à des outils d’évalua-tion qui sont dérivés du PPH, à savoir: la mesure des habitudes devie (MHAVIE), versions adulte et enfant (Fougeyrollas & Noreau,1998) et la mesure de la qualité de l’environnement (MQE)(Fougeyrollas, Noreau, & St-Michel, 1997). Les dictionnaires de laréadaptation, Tome I et II, développés par l’équipe du laboratoirede terminologie de l’Institut de réadaptation physique de Québecont également servi de référence pour la formulation des définitions(Blouin & Bergeron, 1997; Blouin, Ghada, Bergeron, Bessette, &Simms, 1995). En ce qui concerne les variables d’habitudes de vie, il

Figure 6Facteurs environnementaux retenus

• Famille • Services daide physique,• Réseau social domestique, psychosociale• Résidence • Services de transport• Sécurité financière • Technologie• Milieu de garde ou scolaire • Édifices et lieux publics• Milieu de travail • Climat

Échelle de cotation des faceurs environnementaux

Impact sur la réalisation Appréciation des obstacles et des facilitateursde l’habitude de vie (lorsque + ou –, qualifiez lobstacle ou le facilitateur)

3. Facilitateur (+) 3. Mineur2. Sans effet 2. Moyen1. Obstacle (–) 1. Majeur

Figure 7Exemple de mise en relation des facteurs personnels et environnementauxavec l’habitude de vie Habillement

Libellé de l’habitude de vie HabillementLes habitudes reliées au choix des vêtements et àl’habillage, incluant les décorations et les parures,l’achat de ses vêtements

Facteurs personnels en cause? Facteurs environnementaux en cause?

❑ L’attention et la concentration? ❑ Le milieu familial?❑ La vision? ❑ Le réseau social?❑ La coordination? ❑ Les services de transport?❑ La tolérance à l’effort? ❑ Les aménagements urbains?

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convient de noter que lorsque les équipes cotent pour un client donné,la définition doit être interprétée en fonction des caractéristiquess’appliquant à cette personne. Ainsi, pour un enfant, la préparationdes repas pourra se limiter à dresser la table et à réchauffer au fourmicro-ondes des plats déjà préparés. De même pour les facteurs per-sonnels, la performance attendue est généralement fonction de l’âge.

PERSPECTIVES D’UTILISATION DU CADRE DE CLASSEMENT

D’ores et déjà, il est possible d’entrevoir le potentiel d’utilisation ducadre de classement tant à des fins cliniques ou administratives quepour la recherche ou la planification de politiques et programmes.

Applications individualisées

Soutien à l’élaboration et à la révision du plan d’interventionindividualisé

Le fait de documenter la réalisation des habitudes de vie une pre-mière fois lors de l’évaluation initiale pour l’entrée des données dansle système d’information pourra faciliter la détermination des ob-jectifs du plan d’intervention individualisé (PII). En procédantd’abord par l’évaluation des habitudes de vie, on permettra à l’équiped’identifier de façon précoce les situations de handicap à corriger.En reliant une situation de handicap avec les facteurs personnelsou environnementaux qui y contribuent, l’équipe sera alors en me-sure d’identifier les facteurs sur lesquels elle croit pouvoir agir. Fi-nalement, elle pourra énoncer les changements ou résultats attendusen termes d’habitudes de vie, lesquels pourront être précisés en re-courant aux échelles de cotation.

Support à la mise en priorité des interventions

Le cadre de classement pourra être utilisé pour une habitude de vieafin de documenter chez une personne les forces et les faiblesses auplan des facteurs personnels, les facilitateurs et les obstacles au plandes facteurs environnementaux, de manière à mieux cibler etprioriser les interventions. De plus, l’analyse simultanée de plusieurshabitudes de vie permettra d’identifier des variables cibles parmiles facteurs personnels ou environnementaux dont l’évolution re-présenterait un potentiel de gain significatif. Par exemple, si la va-riable «comportement» interfère avec la réalisation de plusieurshabitudes de vie, l’équipe pourrait décider alors d’agir en priorité

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sur cette variable, dans la perspective d’obtenir des gains pour plu-sieurs habitudes de vie.

Mesure de progression globale

Une application majeure du cadre de classement est de documenterla progression globale de la qualité de la participation sociale d’unepersonne ayant des déficiences et incapacités dans le temps. Effec-tivement, la mesure répétée d’un ensemble de variables permettrad’observer d’éventuels changements. Toutefois, la mesure de pro-gression ne peut pas seulement être liée au changement sur le plandes habitudes de vie. L’analyse des trois dimensions conceptuelleset leur mise en relation sont nécessaires pour réaliser une véritableévaluation de l’atteinte des objectifs d’intervention. Par exemple,une personne présente une détérioration progressive de sa vision:avec la participation de l’usager, l’équipe pourrait établir un pland’intervention dans lequel on pose comme objectif de maintenir l’ha-bitude de vie «Déplacements restreints» en compensant la perte decapacité visuelle par l’utilisation optimale d’aptitudes personnellestelles que la mémoire et le toucher ainsi qu’en aménageant le mi-lieu de vie de la personne.

Applications au sein d’un système d’information clientèle en déficiencephysique

Le fait de disposer d’un cadre de classement permettant de recueillirsystématiquement des informations de nature clinique dans un lan-gage standardisé ouvre des voies très prometteuses pour le dévelop-pement d’un système d’information en déficience physique. Pour unepremière fois, l’ensemble des établissements concernés ont à leurdisposition un outil de mesure conçu de manière à s’adapter à tousles types de clientèle en déficience physique, ainsi qu’aux divers grou-pes d’âge et champs d’intervention. La sélection des variables a étéjugée significative et pertinente sur le plan du contenu pour mesu-rer la progression dans le cadre de cette étude. Les échelles de cota-tion semblent possèder une sensibilité suffisante pour détecter deschangements dans le temps. Des ajustements ont été apportés auxéchelles de cotation et aux consignes et une recherche en cours en2003–04 en vérifiera les qualités psychométriques de fiabilité. Lefait d’intégrer un tel module de mesure de progression dans le SICDP,suite au développement et à l’expérimentation encore à venir d’uneversion informatisée, supportera efficacement les activités liées àl’évaluation de programme et spécifiquement pour la production d’in-

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dicateurs d’efficacité des interventions en réadaptation, tel que pré-conisé par l’Association des établissements de réadaptation du Qué-bec (AERDPQ).

Informatisation du cadre de classement

Le cadre de classement a été conçu pour être informatisé et les avan-tages inhérents sont importants. D’une part, la collecte des informa-tions sera facilitée en mettant à la disposition des cliniciens un outilconvivial, adapté à leurs besoins. Celui-ci comportera toutes les infor-mations utiles tout en permettant de n’extraire, au besoin, que cellesjugées pertinentes à l’étude de la situation d’une personne. L’on ré-duira d’autant les frustrations liées à la manipulation fastidieuse devolumineux documents. L’organisation des informations, la créationd’écrans de saisie simples à utiliser et l’accès à des sous-menus com-portant, par exemple, des définitions ou des instructions, contribue-ront à améliorer la production de données valides et fiables.

D’autre part, l’originalité et la force du cadre de classement repo-sent sur le développement d’une approche permettant d’aborder lanotion de progression sur la base de l’examen des habitudes de vieréalisées par une personne et sur leur mise en relation dynamiqueavec les facteurs personnels et les facteurs environnementaux. Untraitement informatique des données facilitera grandement cettemise en relation des variables entre elles et permettra, par exem-ple, de connaître rapidement si des facteurs personnels ou environ-nementaux exercent une influence prépondérante sur un ensembled’habitudes de vie. Cette mise en œuvre opérationnelle de l’interac-tion systémique personne environnement comme déterminante desrésultats concrets des interventions sur la qualité de la participa-tion sociale (habitudes de vie) est à notre connaissance une premièreinternationale et permettra, grâce au traitement informatique, laproduction d’indicateurs d’un intérêt majeur. Le cumul de donnéessur un ensemble de clients, voire de clientèles, et pour une longuepériode de temps, permettra de produire des analyses et des rap-ports reflétant fidèlement leur progression. Ces données pourrontêtre conjuguées à d’autres types de variables au sein d’un systèmed’information clientèle complet.

Soutien à l’évaluation de programmes

Fondamentalement, l’évaluation de programmes repose sur la dis-ponibilité d’indicateurs qui sont examinés de façon régulière et qui

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peuvent être mis en lien avec d’autres informations, par exemple,de nature administrative. Dans le contexte où une équipe disposerad’une masse critique d’informations sur la progression de sa clien-tèle, elle sera en mesure de porter un jugement sur son efficacitédans le temps, sur son efficacité en comparaison avec un programmede même nature et même de comparer l’évolution de sa clientèle parrapport à celle d’une autre clientèle. La mise en relation des résul-tats obtenus avec les informations sur les interventions prodiguéeset les informations de nature administratives ou financières per-mettra l’appréciation de l’efficience des programmes.

Réalisation d’études longitudinales

La mise en place d’une base permanente de données cliniques four-nira aux chercheurs une grande quantité d’informations utiles ausuivi de cohortes considérables et ce, sur de longues périodes detemps. Elle favorisera non seulement le développement des connais-sances mais, également, l’amélioration des interventions et l’identi-fication des stratégies les plus efficaces en termes de participationsociale des clientèles.

En plus de représenter une grande économie pour la recherche, lesdonnées du système d’information clientèle permettront aux déci-deurs de mieux planifier et réviser les politiques et l’attribution deressources. En effet, elles faciliteront le monitoring des politiquesainsi que des programmes nationaux et régionaux d’adaptation/réa-daptation et de soutien à l’intégration sociale des personnes ayantdes incapacités en fournissant des informations significatives sur laprogression réelle de la clientèle. Si des données sur les duréesmoyennes de séjour ou sur les heures/soins sont utiles et nécessai-res, elles ne suffisent pas à témoigner de la progression de la clien-tèle et donc du résultat distal des programmes. Les informationsobtenues à l’aide du cadre de classement de la mesure de progres-sion enrichiront les analyses et les rapports produits.

CONCLUSION

Essentiellement, ce projet visait à développer une méthodologie etun outil permettant de documenter la progression de l’usager enréadaptation aux plans de ses aptitudes, de ses habitudes de vieainsi que des caractéristiques environnementales où celles-ci s’exer-cent. L’emphase devait porter sur les finalités de la réadaptation,en termes d’amélioration de la participation sociale de l’usager et il

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devait être possible d’y associer les variables personnelles etenvironnementales comme déterminants de cette progression. En-fin, l’outil devait permettre une collecte de données à travers l’en-semble des établissements de réadaptation en déficience physique,sur la base de leur clientèle cible et d’objectifs comparables.

Le résultat obtenu est un cadre de classement comportant les varia-bles jugées significatives par un large éventail d’équipes cliniquesreprésentant l’ensemble des programmes québécois œuvrant en dé-ficience physique. En fonction du déploiement du SICDP actuelle-ment en développement, il sera possible de suivre l’usager àl’intérieur du continuum de services, de son entrée jusqu’à la sortie.De même, le cadre de classement constituera un moyen supplémen-taire, novateur et conforme à l’évolution conceptuelle contemporaine,d’obtenir des informations valides et fiables pour apprécier l’effica-cité et l’efficience des programmes mis en place à cet effet.

En conclusion, et sur la base des résultats obtenus sur le plan de lavalidation du contenu et de la réception très favorable des équipescliniques et des gestionnaires, ce projet a permis de démontrer lapertinence de ce cadre de classement comme «module de mesure deprogression» à intégrer dans le SICDP. Son informatisation ad’ailleurs été amorcée en 2002, avec les autres modules du systèmepar la SOGIQUE mandatée par le Ministère de la Santé et des Ser-vices sociaux pour développer le SICDP. Toutefois, une étude com-plémentaire financée par le MSSS à été acceptée afin de valider lesmodifications apportées aux échelles de cotation, suite à la dernièreconsultation des équipes cliniques et à en établir les qualités psy-chométriques grâce au suivi en temps réel d’usagers dans cinq pro-grammes québécois identifiés par la Table des directions cliniquesde l ‘AERDPQ.

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Patrick Fougeyrollas est titulaire d’un doctorat en anthropologieet s’est spécialisé dans l’étude du processus interactif personne/environnement déterminant la participation sociale des personnesayant des incapacités. Il est directeur de l’enseignement et dusoutien scientifique à l’Institut de réadaptation en déficience phy-sique de Québec (IRDPQ) et chercheur au Centre interdisciplinairede recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS). Il estaussi professeur-associé aux Départements de réadaptation etd’anthropologie de l’Université Laval.

Jean-Pierre Robin est psychoéducateur et partage son temps en-tre l’intervention clinique et la recherche. Résolument orienté versune pratique écologique et systémique de la réadaptation, il a fondéet dirige Les Consultants en Réadaptation du Québec <www.readaptation.ca>. Son bureau offre à des personnes présentant desincapacités physiques ou psychologiques un ensemble de servicesintégrés, dispensés prioritairement dans leur milieu de vie.

Hélène Bergeron est chef du Centre de réadaptation Lucie-Bruneau. Elle est titulaire d’une maîtrise en mesure et évaluationet membre clinicienne au Centre de recherche interdisciplinaire enréadaptation. Elle a servi durant plusieurs années à titre deconseillère à l’évaluation des programmes.