DIAGNOSTIC DE LA SITUATION DE L’ÉLEVAGE N’DAMA DANS … · En plus de ces qualités, la race N’Dama, rustique et reconnue pour sa trypanotolérance, mérite une attention particulière,

DIAGNOSTIC DE LA SITUATION DE L’ÉLEVAGE N’DAMA DANS SON BERCEAU DE RACE (CERCLES DE BOUGOUNI ET DE YANFOLILA) TIÉFOLO COULIBALY, CAG / DNPIA LASSINA DIALLO, CAG / DNPIA ABDERRAHMANE OUTMANI, ATI / CTB

MINISTÈRE DU DÉVELOPPEMENT RURAL

DIRECTION NATIONALE DES PRODUCTIONS ET DES INDUSTRIES ANIMALES

DIAGNOSTIC DE LA SITUATION DE L’ÉLEVAGE N’DAMA DANS SON BERCEAU DE RACE (CERCLES DE BOUGOUNI ET DE YANFOLILA) TIÉFOLO COULIBALY, CAG / DNPIA LASSINA DIALLO, CAG / DNPIA ABDERRAHMANE OUTMANI, ATI / CTB

MINISTÈRE DU DÉVELOPPEMENT RURAL

DIRECTION NATIONALE DES PRODUCTIONS ET DES INDUSTRIES ANIMALES

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DIAGNOSTIC DE LA SITUATION DE L’ÉLEVAGE N’DAMA DANS SON BERCEAU DE RACE

(CERCLES DE BOUGOUNI ET DE YANFOLILA)

Auteurs :

TIÉFOLO COULIBALY , CAG / DNPIA

LASSINA DIALLO , CAG / DNPIA

Appuyés et accompagnés par ABDERRAHMANE OUTMANI , ATI / CTB

La présente publication a été élaborée avec l’aide de la coopération belge. Le contenu de la publication relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut aucunement être considéré comme reflétant le point de vue de la CTB.

Septembre 2014

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SOMMAIRE

Liste des abréviations .............................................................................................................5

Résumé ..................................................................................................................................6

Introduction ............................................................................................................................9

Démarche méthodologique .................................................................................................. 10

1. L’élevage bovin N’Dama dans la région de Sikasso ...................................................... 11

1.1 L’élevage dans la région de Sikasso ..................................................................11

1.2 Le systeme et la conduite d’élevage dans les cercles de Bougouni et de Yanfolila ...............................................................................................................11

1.3 Les cultures fourragères .....................................................................................14

2. Le diagnostic de la situation de la race N’Dama ............................................................ 15

2.1 Les races exploitées ...........................................................................................15

2.2 Structure des troupeaux visités ..........................................................................16

2.3 Conduite du troupeau et couverture sanitaire ....................................................17

2.3.1 Conduite du troupeau ................................................................................17

2.3.2 Conduite sanitaire .....................................................................................18

2.4 Conduite de la reproduction ...............................................................................18

2.5 Marché à bétail et commercialisation .................................................................18

2.6 Organisation des acteurs de la filière bétail viande ...........................................19

2.7 Centre de Conservation, de Multiplication et de Diffusion du Bétail Ruminant Endémique (CCMD/BRE) de Madina-Diassa ....................................20

2.7.1 Situation générale et analyse des données collectées ..............................20

2.7.2 Remarques et propositions d’amélioration de la conduite du troupeau au CCMD/BRE de Madina-Diassa ............................................................23

3. Les contraintes au développement de l’élevage ........................................................... 25

3.1 Contrainte environnementale .............................................................................25

3.2 Habitat .................................................................................................................25

3.3 Accès au pâturage & contraintes alimentaires ..................................................25

3.4 Contraintes sanitaires .........................................................................................26

4. L’amélioration de la productivité des troupeaux ............................................................. 27

4.1 Amélioration des conditions d’élevage et de la conduite des troupeaux ..........27

4.2 La sélection de la race N’Dama .........................................................................28

5. La nécessité d’appui organisationnel, économique, technique et pédagogique aux éleveurs engagés de la race .......................................................................................... 30

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5.1 Action organisationnelle......................................................................................31

5.2 Action technique..................................................................................................31

5.3 Action économique..............................................................................................32

5.4 Action pédagogique ............................................................................................32

5.5 Action d’incitation ................................................................................................33

6. Conclusion .................................................................................................................... 34

7. Recommandations ......................................................................................................... 36

7.1 L’élevage en milieu traditionnel ..........................................................................36

7.2 Le centre de Madina-Diassa ...............................................................................38

8. Annexes ........................................................................................................................ 40

8.1 Tableau n° 4 : liste des 15 vaches classées en fonction des GMQ 0-3 mois de leurs veaux .....................................................................................................40

8.2 Photos de terrain .................................................................................................41

Fiche technique de presentation de la race N’Dama ............................................................ 42

Bibliographie ........................................................................................................................ 45

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LISTE DES ABRÉVIATIONS

ATI Assistant Technique International

ASBL Association sans but lucratif

CAG Cellule d’Amélioration Génétique

CCMD/BRE Centre de conservation, de multiplication et de diffusion/ Bétail Ruminant Endémique

CIPEA Centre international pour l'élevage en Afrique

CTB Coopération technique belge – Agence belge de développement

DNPIA Direction Nationale des Productions et des Industries Animales

DRPIA Direction Régionale des Productions et des Industries Animales

FCFA Franc des Communautés Financières d'Afrique (€ 1 = 655,957 FCFA)

FNAA Fonds National d'Appui à l'Agriculture

GMQ Gain Moyen Quotidien

ONDY Opération N’Dama de Yanfolila

OPA Organisation professionnelle agricole

PNDEM Politique nationale du développement de l'élevage du Mali

PPCB Péripneumonie contagieuse bovine

PRODEZEM Projet d’appui au Développement de l’Elevage du Zébu Maure dans le cercle de Nara

PROGEBE Projet de Gestion durable du Bétail Endémique

SLPIA Service Local des Productions et des Industries Animales

UAPIA Unités d’Appui aux Productions et Industries Animales

UF Unité Fourragère

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RÉSUMÉ

La région de Sikasso a un grand potentiel d’élevage bovin ; elle compte plus de 20 % du cheptel national (DRPIA/Sikasso, 2012). Les parcours sont vastes avec un disponible fourrager considérable.

Le développement actuel de l’agriculture et de l’élevage dans la région de Sikasso, rencontre de sérieux problèmes et particulièrement en ce qui concerne la gestion des terres agricoles et des parcours. Des agriculteurs qui s’intéressent de plus en plus à l’élevage, des anciens pasteurs sédentarisés depuis des décennies, qui sont devenus des agro-éleveurs en cultivant de plus en plus des terres, des transhumants nombreux, qui doivent exploiter les parcours encore suffisamment vastes dans la région et/ou traverser pour atteindre les zones de pâturage en Côte d’Ivoire, de plus en plus rares !

Les responsables et les techniciens rencontrés ont soulevé la question sur la problématique de la gestion des parcours, des terres agricoles et des conflits entre agriculteurs, agropasteurs et transhumants. Selon l’avis de tous, les conflits perdurant, on ne peut pas imaginer des solutions à ces problèmes sans une action d’aménagement du terroir et sans l’implication de tous les acteurs : l’Etat, les collectivités territoriales, les responsables coutumiers, les agropasteurs, les transhumants et les autres usagers des ressources naturelles. La question foncière et de l’aménagement du terroir devient de plus en plus urgente, avec l’augmentation des différents types d’exploitations agricoles et le mouvement démographique croissant.

De la visite des élevages, il ressort que la conduite actuelle des troupeaux est encore fort traditionnelle. Cependant, beaucoup d’éleveurs tentent d’améliorer la production et la productivité de leurs troupeaux, par le croisement de leur race locale adaptée (N’Dama trypanotolérante et rustique) au milieu fort infesté par la glossine avec les races zébus, de plus grand format (venant du nord et du centre du pays). Le métis, appelé « MERE » est plus représenté et fort apprécié pour son format supérieur à celui de la N’Dama. Les éleveurs n’ont pas conscience qu’il leur est plus profitable d’améliorer la conduite alimentaire et surtout celle des jeunes de leurs élevages plutôt que de faire des croisements en tous sens. Il y a un impact négatif sur la conservation de la race N’Dama.

Les produits issus des croisements sont plus sensibles aux facteurs hostiles du milieu: la forte humidité, la trypanosomiase, les hémoparasitoses, les ectoparasitoses, les endoparasites, etc. Leur entretien est plus couteux en matière de soins vétérinaires.

En plus de ces qualités, la race N’Dama, rustique et reconnue pour sa trypanotolérance, mérite une attention particulière, en tant que race allaitante. Pour les éleveurs, la vache N’Dama peut donner un veau par an, ce qui n’est pas le cas de la vache Zébu dans cette zone d’endémie trypanosomienne. Elle a un potentiel énorme de production de viande. Moyennant l’amélioration de sa conduite d’élevage (alimentation, santé,…) et celle des jeunes, son potentiel de production d’une viande de qualité, en produisant des jeunes (broutards) et taurillons (2-3 ans), est considérable. Cette viande de qualité (tendreté, moins

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gras,…) peut, moyennant l’organisation du marché, répondre à la nouvelle demande en viande de qualité dans la sous-région (une niche).

La demande des bœufs engraissés, est encore grande. Les commerçants du bétail sollicitent beaucoup cette catégorie d’animaux qu’ils exportent vers la Côte d’Ivoire. L’embouche « hivernale » est aussi très utilisée pour ces animaux. Mais la question de la rentabilité de ce type d’élevage est posée, les animaux étant fort âgés (6 à 8 ans), dont la qualité de leur viande est médiocre et leur embouche durant la saison sèche est fort coûteuse. C’est une approche sélective (des commerçants de bétail) qui a peu d’impact sur le développement de l’élevage au niveau amont en terme d’amélioration de la productivité de la viande et de sa qualité.

La mission s’est aussi intéressée à la question organisationnelle des acteurs (agriculteurs, éleveurs, commerçants et bouchers, etc.). Il a été remarqué que la filière bétail viande, qui semble fonctionner relativement bien, est faiblement organisée en tant que chaine de valeurs, dans la mesure où les éleveurs sont encore peu organisés (en amont) et les OPA ne sont pas insérées dans la chaine. Par contre, les commerçants de bétail, sont relativement bien organisés et surtout autour des marchés à bétail, que leurs organisations (sociétés coopératives) gèrent de façon exclusive et indépendante. On est en présence d’une situation de « monopole » .

L’organisation des éleveurs en amont est indispensable, non seulement pour améliorer leur encadrement et l’offre des services techniques et économiques, mais aussi pour augmenter leur pouvoir de négociation vis à vis des autres acteurs de la chaine de valeurs, nécessaire pour l’organisation et le développement de la filière.

La rencontre des techniciens du centre de Madina-Diassa et la visite de son troupeau N’Dama ont permis d’apprécier de prêt l’activité de sélection du troupeau constitué depuis plus de deux ans avec l’appui du PROGEBE.

Un troupeau de 188 têtes est géré par le centre dans l’objectif de sélectionner des reproducteurs améliorateurs de la race N’Dama. Le troupeau est dans un état général bon. Cependant, la conduite actuelle de ce troupeau de sélection a attiré notre attention et plusieurs questions sont posées. Tout le troupeau (taureaux, vaches, génisses et taurillons), à part les veaux, se trouve dans un seul parc. Il n’y a pas de séparation de mâles et de femelles pour, entre autres, maîtriser la reproduction. Absence de box de saillie et de box réservé aux vaches allaitantes ayant nouvellement mis bas. Les vaches sont séparées de leurs veaux toute la nuit, afin de les traire le matin, alors que la race N’Dama, n’est pas élevée pour la production laitière et ne devrait pas être sélectionnée pour cet objectif. Les traitements annuels du troupeau aux trypanocides montrent aussi que la trypanotolérance n’est pas un critère de sélection, alors que cela devait l’être, comme c’est le cas en Gambie par exemple. Le parc n’est pas aménagé de façon à assurer une complémentation alimentaire en fonction des besoins réels des catégories d’animaux et de leur stade physiologique. Le groupage de naissance n’est pas effectué de façon à faire correspondre les naissances avec la période d’abondance alimentaire, ce qui améliorerait le poids à la naissance et le taux de survie des veaux.

Les informations collectées dont nous disposons sont insuffisantes pour avoir une idée bien claire sur la méthodologie et les objectifs de sélection. Néanmoins, l’identification des

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animaux et la collecte des données, sur quelques paramètres zootechniques tels que le poids à la naissance et les poids à âges types, que le centre réalise depuis la constitution du troupeau sont des activités intéressantes. Malgré quelques constats atypiques, les données collectées peuvent être valorisées à travers le calcul de GMQ1 0-3 mois, GMQ 3-6 mois et GMQ 6-12 mois, et permettre d’apprécier les performances des vaches et les performances propres des veaux et de classer ainsi les vaches existantes et leurs produits actuels (génisses et taurillons) en vue de leur présélection comme futurs reproducteurs.

Etant donné ce potentiel d’élevage, la race N’Dama, peut être non seulement conservée mais aussi sélectionnée pour des objectifs économiques. La sélection de la race N’Dama, doit être réalisée dans le milieu réel, chez les éleveurs de cette race autour d’un objectif économique. L’action proprement dite de sélection doit être précédée par une action d’amélioration de la conduite d’élevage (alimentation, reproduction, santé, …), permettant d’extérioriser déjà son potentiel actuel et d’améliorer le revenu des éleveurs. Ainsi une partie de ces éleveurs motivés et suffisamment sensibilisés pourrait être mobilisée pour entamer la sélection de leur race dans le cadre d’un programme national de la sélection. Il est fort conseillé que les OP des éleveurs soient institutionnellement fonctionnelles et aussi opérationnelles en termes d’offres de services à leurs adhérents pour participer et contribuer, en tant que partenaires de l’Etat dans le développement de l’élevage, de la conservation et la sélection des races maliennes. La sélection est une action collective et publique, à réaliser par l’Etat et par les acteurs, en premier lieu les éleveurs bénéficiaires du progrès génétique et les sélectionneurs, producteurs des géniteurs améliorateurs.

1 | GMQ = Gain Moyen Quotidien

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INTRODUCTION

Cette étude a été menée par la Cellule d’Amélioration Génétique de la Direction Nationale des Productions et des Industries Animales (DNPIA) dans la région de Sikasso, notamment dans les cercles de Sikasso, Bougouni et Yanfolila.

Des séances de travail ont été effectuées avec le personnel de la direction régionale des Productions et Industries Animales et les agents de terrain des différentes localités de la région de Sikasso.

Des visites d’exploitations d’élevages ont été réalisées dans certains villages de la commune urbaine de Bougouni (Flaboula et Sogola) et dans la commune rurale de Gouana (Yorobougoula et Madina-Diassa).

Il a été apprécié, la conduite de l’élevage en général et celui des troupeaux bovins N’Dama en particulier en se basant sur certains paramètres zootechniques, mais aussi à identifier les contraintes et les opportunités liées à ce système de production et à la valorisation des produits de cet élevage.

Les résultats issus de ce diagnostic ont permis d’orienter et de proposer des activités utiles à mettre en œuvre dans le cadre du développement des ressources génétiques animales. Ce qui permettrait de jeter les bases de la mise en place d’un programme national de sélection et de conservation de la race N’Dama.

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DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

Des rencontres ont été réalisées avec les structures techniques régionales et locales d’encadrement des agro-éleveurs en matière de productions animales pour prendre les dispositions utiles. Ces rencontres se sont focalisées sur la problématique liée à la production et à la productivité de l’élevage et surtout celle liée à l’élevage de la race N’Dama dans son « berceau d’origine ».

Une visite a concerné dix-sept (17) élevages sur lesquels il y a eu un entretien avec dix (10) agro-éleveurs pour renseigner des fiches d’enquêtes.

Aussi le Centre de conservation, de multiplication et de diffusion (CCMD/BRE) de Madina-Diassa a été visité et a fait l’objet d’un traitement spécial dans ce document.

Les résultats issus de ce diagnostic constituent l’essentiel de ce document qui comprend deux parties :

� l’appréciation des élevages bovins N’Dama dans les zones visitées : description de l’élevage en général et en particulier, la conduite de l’élevage N’Dama dans les cercles de Yanfolila et Bougouni ;

� la conduite des troupeaux N’Dama dans le centre de Madina-Diassa.

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1. L’ÉLEVAGE BOVIN N’DAMA DANS LA RÉGION DE SIKASSO

1.1 L’ÉLEVAGE DANS LA RÉGION DE SIKASSO

La région de Sikasso est la 3ème région administrative et se situe au sud du Mali. Elle dispose d’une superficie de 70.280 km² (5,8% du territoire national) et une population de plus de 2 millions d’habitants. La région de Sikasso comprend les cercles de Sikasso, Koutiala, Kadiolo, Konlondiéba, Bougouni, Yorosso et Yanfolila. Son économie repose essentiellement sur les activités agricoles, d’élevage et de la pêche. Par rapport à l’élevage, la région de Sikasso dispose d’un grand cheptel de ruminants, de vastes parcours et d’un grand potentiel de productions fourragères.

Les effectifs du cheptel régional sont estimés par la DNPIA en 2012, à 1.549.580 têtes bovines, 970.644 têtes ovines et 1.162.180 têtes caprines. Sur le plan de la répartition géographique, le cheptel bovin de la région de Sikasso représente 20% du cheptel national, soit la deuxième place derrière celle de Mopti. La majorité des populations sont des agro-éleveurs, chaque ménage disposant d’au moins une paire de bœufs pour le labour.

Le système agro-pastoral associant l’élevage aux cultures pluviales est le système de production animale en pratique dans la 3ème région du Mali. Dans ce système, le cheptel dispose des pâturages naturels bien fournis pendant l’hivernage. Mais, durant la saison sèche, les parcours sont très pauvres et les animaux reçoivent comme complément les résidus de récoltes agricoles (surtout des tiges de céréales,…) et de la paille de brousse. Ces aliments complémentaires - fort lignocellulosiques et pauvres en protéines - sont d’une valeur nutritive médiocre ne favorisant pas une bonne croissance des animaux. Dans ces conditions, bon nombre d’éleveurs doivent attendre longtemps (7 à 8 ans, voire 9 ans) pour pouvoir commercialiser leurs animaux de boucherie (ex. des bœufs exportables). La commercialisation porte généralement sur les animaux de réformes (vieilles vaches, animaux de trait et taureaux géniteurs) ; ils représentent près de 80% des ventes . Les vieilles vaches sont les plus nombreuses sur le marché, elles sont moins chères et prisées par les bouchers locaux. Les bœufs et vieux taureaux sont engraissés pour être exportés. Les jeunes taureaux sont moins nombreux sur le marché (20%) car les éleveurs n’ont pas coutume de vendre les jeunes animaux (sauf en cas de force majeure liée aux problèmes financiers).

1.2 LE SYSTEME ET LA CONDUITE D’ÉLEVAGE DANS LES CERCLES DE BOUGOUNI ET DE YANFOLILA

Le système d’élevage pratiqué est le même dans les deux cercles. Les effectifs bovins sont estimés à 439.960 têtes et 117.205 têtes, respectivement pour les cercles de Bougouni et Yanfolila, soit un total de 557.165 têtes. Ce qui représente 36% du cheptel bovin régional et un disponible exploitable annuel d’environ 27.855 têtes, composé uniquement d’animaux de

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réforme. Ce disponible est faible et s’explique surtout par la très faible productivité de l’élevage bovin dû à la mauvaise conduite alimentaire. Le système de production est basé sur uniquement l’utilisation des parcours naturels dont la valeur nutritive est très faible durant la saison sèche, sans complémentation en concentré de grain et/ou des sous-produits agroindustriels.

La population est estimée à 444.133 habitants dans le cercle de Bougouni et à 218.017 dans celui de Yanfolila. Les exploitations visitées mettent en pratique le système agro-pastoral intégrant l’élevage à la production céréalière. Dans ce système, l’élevage est pourvoyeur de fumier pour fertiliser les sols agricoles.

La production agricole de 2012 du cercle de Yanfolila s’élève à 194.971 tonnes (toutes spéculations confondues) sur une superficie agricole de 96.943 ha, soit une production de 2tonnes/ha ou près de 900 kg/habitant/an.

Les productions céréalières sont très faibles par rapport aux superficies emblavées (voir tableau ci-dessous). Cela serait dû essentiellement à la faible technicité, la non maitrise des travaux du sol, la faible fertilité des sols, etc.

YANFOLILA BOUGOUNI

RÉGION DE SIKASSO

SITUATION GÉOGRAPHIQUE DES CERCLES DE YANFOLILA

ET BOUGOUNI (ZONE BERCEAU N’DAMA)

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Tableau n° 1 : La production céréalière du cercle de Yanfolila selon les différentes cultures céréalières :

Céréales Superficies

emblavées (ha) Production

(tonnes) Production/Ha

(Kg)

Mil 2.271,25 2.072,68 912

Sorgho 14.028,50 13.116,35 935

Maïs 58.967,00 139.529,15 2.000

Riz 20.882,10 39.831,75 1.907

Fonio 794,25 421,46 530

Source : SLPIA, 2012.

Les populations cherchent toujours à augmenter la production par le défrichement de nouvelles terres, d’où l’accroissement des champs de culture aux détriments des pâturages. Ce qui provoque le plus souvent des conflits entre les différents utilisateurs (usagers) de cet espace, d’habitude pastoral.

Durant la saison pluvieuse, les bovins sont rassemblés dans un enclos, souvent non entretenu, et sont à la garde d’un berger (le plus souvent des enfants de 10-14 ans). Pour éviter que les animaux n’occasionnent des dégâts sur les cultures, un aménagement du terroir avec une délimitation de pistes pastorales est fort nécessaire dans toute la région.

Quand l’herbe et l’eau sont abondantes (saison hivernale), les animaux sont envoyés au pâturage à l’aube pour un premier broutage, ils reviennent vers 10 heures pour la traite et ressortent après pour le reste de la journée. Ce système est pratiqué par les éleveurs qui ont le souci d’avoir un peu de lait. Quant aux autres, ils font la traite le matin avant de conduire les animaux au pâturage. Les éleveurs ont le souci d’avoir du lait malgré que la N‘Dama ne soit pas une race laitière mais une race allaitante.

Durant la saison sèche, les animaux vagabondent dans les champs de cultures et valorisent les résidus de récolte.

La quasi-totalité des éleveurs interviewés utilisent de la complémentation alimentaire en saison sèche (soit 60% des éleveurs interrogés), quelques-uns (soit 30%) le font en toute saison, même si leur apport en saison pluvieuse se résume pour la plupart à du sel avec ou sans la farine de néré et/ou des pierres à lécher (il s’agit d’une complémentation minérale et non alimentaire (énergie + protéine). Un taux de 10% des éleveurs interrogés n’utilisent pas de complémentation alimentaire quel que soit la saison.

Dans les deux cercles, la majorité des troupeaux visités sont hétérogènes à cause du métissage entre la race N’Dama et d’autres races ; cependant dans l’ensemble il y a une grande tendance N’Dama.

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1.3 LES CULTURES FOURRAGÈRES

Les exploitations visitées ne pratiquent pas de cultures fourragères. Les résidus de récoltes constituent l’essentiel de la complémentation en fourrage grossier en saison sèche ; ils se composent de tiges de maïs, de paille de riz, de fanes d’arachides et de fanes de Niébé. Une fois que les récoltes sont faites, les animaux pâturent dans les champs. La valeur nutritive de ces résidus céréaliers est faible (tige de maïs: 0.02UF ; paille de riz: 0,24UF) ; par contre, elle est relativement bonne pour les légumineuses (fanes d’arachides: 0,4UF; fanes de niébé2 : 0,6UF) comparées aux aliments concentrés3 (grains de maïs: 1,23UF).

Des tentatives d’introduction du niébé fourrager par l’UAPIA de Bougouni sont en cours dans les villages visités de Flaboula et Sogola.

2 | Les fanes sont plus riches en protéines que les céréales.

3 | Il est à noter que quand les besoins alimentaires d’entretien sont assurés, un complément de 0,4 UF (si la ration apporte suffisamment de protéines) permet en principe la production d’un litre de lait.

Troupeau d’élevage N’Dama à Yorobougoula (Yanfolila), 2013.

Géniteur Zébu à Flaboula (Bougouni), 2013

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2. LE DIAGNOSTIC DE LA SITUATION DE LA RACE N’DAMA

2.1 LES RACES EXPLOITÉES

Les races bovines exploitées sont en majorité issues du brassage entre la race N’Dama et le zébu Peulh venu à la faveur de la transhumance, mais aussi par la volonté manifeste de certains éleveurs d’introduire ce zébu pour changer le format de leurs animaux pour espérer une meilleure offre de prix sur le marché à bétail. Cependant, les charges liées aux soins vétérinaires des animaux métis sont énormes et il faut attendre jusqu’à 6-8 ans d’âge pour vendre les animaux. Ce qui constitue une grande perte en temps et en revenus financiers.

Les éleveurs appellent couramment ces animaux « Méré Kourouni » ou « Méré » pour le N’Dama pur-sang et tout simplement « Méré Ouolosso » ou« Ouolosso » pour les croisés.

Mâle croisé Zébu-N’Dama Troupeau d’élevage N’Dama

Certains éleveurs interrogés, affirment avoir subi ce brassage des animaux de façon involontaire car les croisements se réalisent de façon anarchique sur les parcours. Ce qui est une conséquence de la transhumance et de la divagation saisonnière des troupeaux. Seuls deux (2) élevages visités (soit 13% des exploitations visitées) possèdent des troupeaux presque homogènes. Ces troupeaux N’Dama sont bien entretenus et les propriétaires sont reconnus comme « éleveurs de la race ».

Des éleveurs interrogés, déclarent certains avantages se rapportant à la race N’Dama : au-delà de son caractère trypanotolérant et sa résistance à la forte humidité, cette race supporte mieux la faim et la soif. Le bœuf N’Dama supporte bien les efforts de la culture attelée ; il est moins exigeant que le zébu Peulh en matière de soins sanitaires.

La N’Dama est une race très rustique et bien adaptée à son milieu physique, la zone sud humide du pays constitue son berceau de race.

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2.2 STRUCTURE DES TROUPEAUX VISITÉS

La catégorisation des animaux visités donne le tableau ci-après.

Tableau n° 2 : Structure des troupeaux visités :

Géniteurs

Vaches

Bœufs

Taureaux

Taurillons

Génisses

Veaux

Velles

Effectifs

28 298 105 32 127 125 54 82 851

3% 35% 12% 4% 15% 15% 6% 10% 100%

La structure des troupeaux visités

La majorité des élevages visités sont de petite taille (inférieur à 50 têtes) et disposent d’autres mâles entiers en plus du géniteur du troupeau. Il a été constaté un stockage d’animaux âgés dans beaucoup de troupeaux notamment des vieilles vaches et des bœufs4 de labour. Généralement ce sont ces deux catégories qui sont réformées et engraissées pour être vendues sur le marché. Ce qui n’est pas sans conséquence pratique sur ces élevages. Plus un animal devient âgé, plus élevé sera son indice de consommation. Lorsque l’animal prend de l’âge, il dépose essentiellement du tissu gras qui nécessite beaucoup plus

4 | Des taureaux sont utilisés dans la traction pendant que d’autres sont exclusivement préparés pour la vente et non impliqués dans la traction.

Géniteurs 3%

Vaches 35%

Bœufs 12%

Taureaux 4%

Taurillons 15%

Génisses 15%

Veaux 6%

Velles 10%

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d’énergie pour être formé (9,1 Kcal/g de graisse) que le tissu musculaire déposé par le jeune (4,2 Kcal/g de protéine). L’entretien de jeunes taurillons est donc moins coûteux que celui des animaux de réforme. Certains troupeaux visités sont fortement hétérogènes par rapport à d’autres. On y retrouve à la foi des géniteurs N’Dama, Zébu Peulh et Métis.

Parmi les élevages visités, certains éleveurs ne sont pas propriétaires de la totalité des animaux des troupeaux (environ 30%). Une bonne partie des vaches est élevée en association car les propriétaires sont des frères ou encore le troupeau appartient à une tierce personne qui vit d’autres activités économiques (fonctionnaires, commerçants). La prise de décision en faveur d’une innovation ou d’un changement est souvent difficile dans ce type de troupeau.

2.3 CONDUITE DU TROUPEAU ET COUVERTURE SANITAIRE

2.3.1 CONDUITE DU TROUPEAU

Les vaches sont conduites sur les parcours, très tôt le matin avant la disparition de la rosée (augmentation des risques de parasitisme) et reviennent pour la traite avant midi. Cette pratique augmente les risques du parasitisme. Les veaux non sevrés sont maintenus au piquet toute la journée. Ce qui fait qu’on est en présence d’un problème de conduite d’élevage des jeunes (voir ci-dessous conduite de jeunes).

L’avenir d’un troupeau bovin repose essentiellement sur la bonne conduite des veaux, des taurillons et des génisses. Dans les troupeaux visités, les jeunes sont peu nombreux par rapport aux adultes (vaches et bœufs). Si le taurillon n’est pas sélectionné pour remplacer le géniteur, il sera castré pour la culture attelée. La vitesse de croissance des veaux est généralement très faible dans ces élevages parce que ceux-ci ne bénéficient pas suffisamment du lait maternel. La proportion de lait prélevé représente plus de 70% du lait trait, destiné à l’autoconsommation. En saison sèche, les vaches dépensent beaucoup d’énergie dans le déplacement à la recherche de ressources pastorales rares et qui sont de faible valeur nutritive. Les besoins des veaux en lait ne sont pas entièrement couverts.

Veaux d’un troupeau d’élevage à Sogola (Bougouni), 2013

Veaux au piquet d’un élevage à Flaboula (Bougouni), 2013

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La nuit, les vaches en lactation sont séparées de leurs veaux pour favoriser la traite du matin. Excepté en saison sèche, elles ne reçoivent pas de complémentation alimentaire. La vache N’Dama est traite malgré qu’elle soit une race allaitante. La quantité de lait prélevé se fait au détriment du veau. Il en résulte un retard de croissance du jeune et la fragilité du veau, augmentant le taux de mortalité et une faiblesse du développement corporel. Dans beaucoup de cas, les jeunes à l’âge de 180 jours présentent une misère physiologique à une période où l’herbe existe encore partout. Il n’existe pas d’élevage de production et de vente de jeunes broutards.

2.3.2 CONDUITE SANITAIRE

Mise à part la prophylaxie de masse (réglementaire), contre la PPCB, les pasteurelloses et le charbon bactéridien, réalisée soit par les services de l’Etat ou le mandataire sanitaire, rares sont les éleveurs qui font appel au technicien de santé pour traiter leurs animaux ou même les déparasiter; au pire des cas, l’éleveur s’aventure à traiter lui-même leurs animaux (automédication). La bonne couverture sanitaire est un préalable à la réussite de l’élevage et au processus d’amélioration génétique par la sélection.

2.4 CONDUITE DE LA REPRODUCTION

Il y a souvent 2 à 3 géniteurs de races différentes dans un même troupeau. Nous avons observé la présence d’un certain nombre de mâles N’Dama mono-orchites dans les troupeaux. Ces anomalies peuvent à la longue entraver la dynamique du troupeau. La saillie des vaches est libre et la période favorable au vêlage est le début de l’hivernage : juste après les premières pluies, le pâturage est de très bonne qualité et les animaux récupèrent de bonnes conditions pour une reproduction normale. L’âge au premier vêlage varie de 3 à 4 ans, le poids à la naissance oscille entre 10-12 kg dans les élevages villageois et 12-20 kg à Madina-Diassa. Le poids au sevrage est de 30-50 kg et le taux de mortalité varie entre 0 et 5%.

Nous avons observé une proportion faible de vaches (30%) vêlant annuellement, ainsi l’intervalle entre vêlage est généralement de 13-15 mois.

2.5 MARCHÉ À BÉTAIL ET COMMERCIALISATION

La mission a également fait une visite des marchés à bétail et a discuté avec les commerçants de bétail de Sikasso, de Niéna et de Bougouni. Elle s’est renseignée sur l’aspect organisationnel des acteurs (commerçants et éleveurs).

Sur le marché à bétail, toutes les catégories d’animaux sont présentées à des proportions très différentes: les vieux bœufs & taureaux et les vieilles vaches de réforme sont les plus nombreux. Les premiers sont le plus souvent mis en condition pour être exportés en Côte d’Ivoire, et les seconds sont plus achetés par les bouchers locaux et ceux de la capitale pour des raisons de prix. Les jeunes taurillons sont minoritaires sur le marché. Les commerçants de bétail vont chercher les animaux (zébus) sur les marchés des régions de Ségou et Mopti: raison pour laquelle les zébus sont plus nombreux au niveau des marchés visités. Notons que le Méré se vend bien sur les marchés de Niéna et Bougouni.

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Le marché de la viande est en voie de changement dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest où la demande de la viande de qualité est de plus en plus grande, c'est-à-dire des animaux jeunes (environ 3 ans) bien engraissés (bien finis).

Il ressort des entretiens menés avec ces acteurs, que la gestion des marchés à bétail est monopolisée par les coopératives de marchands de bétail, mieux organisées, qui bénéficient facilement des appuis financiers en direction du secteur de l’élevage. Ce sont des opérateurs économiques à la fois commerçants et éleveurs qui tirent profit en aval de la chaine de valeur au détriment des autres éleveurs (non commerçants) à qui auraient dû revenir une partie de la valeur ajoutée.

2.6 ORGANISATION DES ACTEURS DE LA FILIÈRE BÉTAIL VIANDE

La mission s’est aussi intéressée à la question organisationnelle des acteurs (agriculteurs, éleveurs, commerçants et bouchers, etc.). Il n’existe pratiquement pas d’organisations professionnelles d’éleveurs dans les zones visitées ; seule la coopérative multifonctionnelle pour la conservation de la race N’Dama et la protection de la nature « Sinignèsigui » de Madina-Diassa et seule la coopérative des éleveurs de Yorobougoula semblent un peu fonctionnelles.

Il a été remarqué que la filière bétail viande, qui semble fonctionner relativement bien, est très faiblement organisée comme chaine de valeurs dans la mesure où les éleveurs sont pratiquement très peu organisés en amont et peu impliqués dans l’amélioration de la chaine de valeur. Par contre, les commerçants du bétail, sont bien organisés et surtout autour des marchés à bétail, que leurs organisations (société coopératives) gèrent de façon exclusive et indépendante!

On est en présence d’une situation de « monopole » où l’éleveur et l’Etat (la collectivité territoriale) ne sont curieusement pas impliqués.

Une analyse approfondie de la chaine de valeurs de la filière bétail viande s’impose pour organiser la commercialisation du bétail selon les règles de la concurrence et sur des bases légales garantissant des transactions gagnant-gagnant, entre les éleveurs et les commerçants de bétail. Il est à noter que l’élevage peut contribuer considérablement à l’amélioration des recettes des collectivités territoriales qui en ont besoin pour améliorer l’environnement économique (gestion des ressources naturelles, infrastructures/pistes rurales/marchés, etc.).

L’organisation des éleveurs en amont est indispensable, non seulement pour améliorer leur encadrement et l’offre de services techniques et économiques, mais aussi pour augmenter leur pouvoir de négociation vis à vis des autres acteurs de la chaine de valeurs, nécessaire pour l’organisation et le développement de la chaine.

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2.7 CENTRE DE CONSERVATION, DE MULTIPLICATION ET DE DIFFUSION DU BÉTAIL RUMINANT ENDÉMIQUE (CCMD/BRE) DE MADINA-DIASSA

2.7.1 SITUATION GÉNÉRALE ET ANALYSE DES DONNÉES COLLECTÉES

Le ranch, appelé « Opération N’Dama de Yanfolila », (ONDY) a été créé en 1975. De nombreuses recherches ont été effectuées depuis sa création jusqu’à nos jours. C’est en juin 2013 que l’ONDY a été érigé en Centre de Conservation, de Multiplication et de Diffusion du Bétail Ruminant Endémique (CCMD/BRE) de Madina-Diassa.

Troupeau d’élevage dans le parc mobile/centre de Madina-Diassa

Suite à un problème de fonctionnement, le troupeau du Ranch de Madina-Diassa avait été transposé en 1992 au niveau des éleveurs. Grâce à l’appui du PROGEBE5, les activités ont été reprises au niveau du centre qui compte actuellement 188 têtes dont seulement 14 têtes ont été récupérés chez les éleveurs ayant bénéficié de la transposition de 1992, le reste est constitué par les naissances et les acquis du PROGEBE.

5 | Projet de Gestion durable du Bétail Endémique.

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Tableau n° 3 : La composition du troupeau du centre à la date du 04/10/2013 :

Géniteurs Vaches Bœufs Taurillons Génisses Veaux Velles Total

04 87 01 27 29 18 22 188

2% 46% 0.50% 14% 15.50% 10% 12% 100%

La structure du troupeau du centre de Madina-Diassa

L’enregistrement des dates de saillie, des naissances et des performances de croissance des animaux aux différents âges types (3; 6 ; 12 et 18 mois) est effectué depuis 2010. Le poids à la naissance varie de 12 – 206 kg avec une moyenne de 15 kg. Cette valeur est supérieure à celle observée dans les élevages traditionnels visités (10 -12 kg).

Durant la période d’allaitement, 0-3 mois, le gain moyen quotidien maximum a été de 400 g/j pour l’animal n° 29143 et le plus faible de 44 g/j pour les animaux n° 29169 et 29170.

En considérant le GMQ de 200-400g / jour des veaux de 0 à 3 mois, comme seuil convenable (pour fixer les idées !) et en faisant un classement des vaches (mères) selon ce GMQ, nous avons retenu une quinzaine de mères considérées ayant les meilleures qualités maternelles (laitières). Car ce gain journalier jugé acceptable pour la race N’Dama, peut-être expliqué par l’effet mère ou maternel car les veaux sont exclusivement nourris par leurs mères pendant cette phase. Après trois mois d’âge, outre le lait maternel, les jeunes sont

6 | Ce poids semble fort élevé pour la N’Dama.

Géniteurs 2%

Vaches 46%

Bœufs 0.50%

Taurillons 14%

Génisses 15.50%

Veaux 10%

Velles 12%

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alimentés avec des aliments secs, c'est-à-dire les fourrages grossiers et autres compléments.

Jusqu’à l’âge de 6 mois le GMQ maximum a été de 410 g/j pour l’animal n° 29181 et le minimum est nul pour l’animal 29159 qui pourtant avait eu le plus grand poids à la naissance (soit 20 kg). Cet animal a une vitesse de croissance atypique: 32; 32; 58 et 1117g/j respectivement pour les périodes 0-3 mois, 3-6 mois, 6-12 mois et à 12-18 mois. Une mission ultérieure permettra d’apprécier ces cas atypiques.

Durant la période 6-12 mois, le GMQ a varié de 39 g/j pour l’animal 29210 à 322 g/j pour l’animal 29166. Entre 12 et 18 mois le GMQ a varié entre 0 g/j pour l’animal 29171 et 378 g/j pour l’animal 29141.

Les GMQ entre les âges types de 6, 12 et 18 mois sont faibles par rapport à ceux de la phase lactée de 0 à 3 mois. On note une chute drastique du GMQ entre la phase 0-3 mois et la phase 3-6 mois, un plateau sur la phase 3-12 mois, puis une augmentation importante entre 6-12 mois et 12-18 mois.

Figure : Comparaison des gains moyens quotidiens entre les différents âges types.

La chute brutale des GMQ entre la première et la deuxième phase dénote une crise de sevrage des jeunes. Cela démontre à suffisance qu’il y a bien un problème d’élevage des jeunes (alimentation, santé, habitat, ambiance, etc.). Il importe de mener une étude approfondie au niveau du centre pour cerner les insuffisances afin de parfaire la conduite du troupeau.

7 | C’est un animal à haut potentiel génétique, qui a été mal conduit (et mal allaité).

0

50

100

150

200

250

300

GMQ 0-3mois

GMQ 3-6mois

GMQ 6-12mois

GMQ 12-18mois

GMQ 0-3 mois

GMQ 3-6 mois

GMQ 6-12 mois

GMQ 12-18 mois

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2.7.2 REMARQUES ET PROPOSITIONS D’AMÉLIORATION DE LA CONDUITE DU TROUPEAU AU CCMD/BRE DE MADINA-DIASSA

De la rencontre des agents appuyée par la visite du troupeau du ranch nous faisons les constats et propositions d’amélioration suivants :

a. Parcage du troupeau dans un seul box : les veaux sont attachés hors du parc et tous le reste du troupeau est parqué dans le même b ox. Ce qui augmente la fréquence des blessures accidentelles par des coups de cornes et des saillies nocturnes non enregistrées.

Il serait souhaitable d’avoir plusieurs box et un couloir de contention :

• Le box des jeunes ( veaux sevrés et génisses) ;

• Le box des vaches en lactation avec leurs veaux ;

• Le box des autres vaches en préparation et des géniteurs ;

• Le box des géniteurs et taurillons8 (retrait des géniteurs au besoin pour le contrôle des saillies) ;

• Un couloir de contention et/ou de pesée; Il est néssecaire d’avoir un box de contention, pour les opérations de traitements sanitaires individuels sur les animaux et aussi les pesées mensuelles.

b. Programme de pesées : chaque matin le régistre e st consulté et les pesées éffectuées en tenant compte des âges types de tous les veaux jusqu’à l’âge de 18 mois.

Il se pose un vrai problème d’organisation du travail et de gestion du temps; il serait mieux que les pesées mensuelles de tous les jeunes soient effectuées à la même date (le même jour), et procèder à l’enregistrement des données dans un registre.

c. La réproduction n’est pas organisée, les saillie s ne sont pas contrôlées, leur pointage se fait par les bergers au pâturage.

Le regroupement des naissances est souhaitable pour favoriser la conduite du troupeau; ce qui passe par des saillies contrôlées.

Nous conseillons un retrait temporaire (isolement) du géniteur pendant 2 à 3 mois (avant la période déterminée pour la reproduction ), lequel temps serait mis à profit pour faire le flushing et une synchronisation naturelle des chaleurs. Le géniteur sera aussi mis en conditions sous une alimentation appropriée.

Après les 2 à 3 mois de retrait, on lache le taureau avec les vaches pendant deux mois; sous l’influence de l’effet mâle beaucoup de vaches vont revénir en chaleurs; elles seront toutes

8 | Les taurillons sont à séparer des femelles pour éviter les saillies non maitrisées.

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saillies dans l’intervalle de deux mois et nous aurons au bout de neuf mois des naissances groupées à des intervalles courts.

On peut aussi procéder à la rotation des géniteurs après une période de saillie contrôlée, ce qui permettrait d’enregistrer les filiations de tous les veaux suivant l’utilisation du taureau. Ce qui permettrait à l’avenir d’évaluer les reproducteurs en se basant sur les performances de leurs descendants.

Dans ces conditions, on peut prevoir les naissances et prendre les dispositions nécessaires à cet effet.

d. Absence d’une pharmacie de produits essentiels : le centre ne dispose pas de pharmacie de produits essentiels pour faire face au x cas urgents.

Madina-Diassa est une zone presque enclavée du point de vue axe principal ; il est situé à plus de 100 km de la voie routière principale goudronnée. Les dépôts pharmaceutiques les plus proches se trouvent à Bougouni à plus de 150 km, d’où la nécessité d’avoir un dépôt à Madina-Diassa avec tous les produits vétérinaires essentiels. Ce qui permettrait de prendre en charge tous les cas de maladie au niveau du centre et chez les éleveurs du centre et des particuliers.

e. La trypanotolérance n’est pas un critère de séle ction car les animaux sont systèmatiquement traités aux trypanocides (dans les conditions sanitaires dans le centre de Gambie, la trypanotolérance est le premiè r critère de sélection) quand même cette performance demeure celle qui fait la di fférence et l’avantage de la race N’Dama.

Il convient donc de faire de la trypanotolérence un critère de sélection de la N’Dama, il y va de la survie de cette race. Arrêté le traitement exclusif aux trypanocides au niveau du centre permettrait aux animaux de développer leur aptitude de trypanotolérance.

f. On note le manque d’équipement de laboratoire et l’insuffisance de materiel de pesée.

L’équipement du laboratoire est nécessaire ; ce qui permettrait de conserver les prélèvements dans de bonnes conditions et d’éffectuer à l’avenir les analyses élémentaires.

Il est aussi souhaitable de doter le centre en bascule électronique pour favoriser la rapidité et la fiabilité des pesées des animaux. L’utilisation des boucles de meilleures qualités est aussi nécessaire pour favoriser le suivi des animaux.

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3. LES CONTRAINTES AU DÉVELOPPEMENT DE L’ÉLEVAGE

Le système d’élevage dans les cercles de Bougouni et de Yanfolila, dans la région de Sikasso est de type extensif. Il s’agit d’exploiter les parcours autour des villages. Durant la saison d’hivernage, les troupeaux sont conduits sur le pâturage naturel par un berger (souvent jeune) et durant la saison sèche, les animaux sont livrés à eux mêmes sur le parcours, sans berger.

3.1 CONTRAINTE ENVIRONNEMENTALE

La majorité des éleveurs enquêtés pensent que certaines contraintes environnementales entravent le développement de l’élevage, notamment :

� la prolifération des champs de culture,

� l’absence de parcours aménagés,

� les feux de brousse ravageant d’importantes quantités de biomasse,

� le problème d’eau en saison sèche,

� les tiques et les glossines vectrices de la trypanosomiase, etc.

La matérialisation des pistes pastorales, l’aménagement de puits et d’espaces pastoraux sont essentiels pour l’alimentation du bétail. Il importe de canaliser les feux de brousse pour préserver les pâturages.

3.2 HABITAT

Les animaux sont parqués dans des enclos en bois. Seul le ranch de Madina-Diassa dispose d’un parc mobile financé par le PROGEBE et d’une maisonnette en dur pour les bergers. Ces enclos sont inappropriés et non drainés parce que la boue s’installe durant la période hivernale. Les animaux sont stressés (passant pratiquement toute la nuit debout dans de la boue). Dans des conditions pareilles, certains animaux sont naturellement affectés par le piétin.

La vulgarisation des aménagements des parcs (pas nécessairement mobile !) avec une rotation entre plusieurs parcs est nécessaire en saison hivernale. Un parc aménagé est utile en toute saison.

3.3 ACCÈS AU PÂTURAGE & CONTRAINTES ALIMENTAIRES

Le niveau d’accès au pâturage est en principe total pour tous les éleveurs, toutefois la non délimitation des zones agricoles et pastorales et l’absence de l’aménagement des parcours, limitent partiellement le niveau d’accès des animaux aux pâturages.

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Juste après les récoltes, les agro-éleveurs envoient le plus souvent leurs animaux sur les parcelles fraichement récoltées. De façon générale, les éleveurs n’utilisent pas de foin, ni d’ensilage et ni de paille enrichie. Ils n’apportent pas non plus un complément en concentré (grain, sous-produits agro-industriel/tourteau/son…).

En saison sèche, les animaux pâturent un parcours dont la qualité nutritive est faible (fourrages secs) et bénéficient de résidus de récoltes (sous-produits agricoles : souvent tiges des céréales et des fanes). Ces derniers aliments d’une qualité nutritive déjà médiocre, perdent d’avantage leurs valeurs nutritives à cause de la mauvaise conservation. Parfois les pluies tardives entrainent le pourrissement de ces résidus.

3.4 CONTRAINTES SANITAIRES

L’un des constats du diagnostic des élevages est qu’en dehors des campagnes de vaccinations obligatoires organisées par les services de l’Etat contre la pasteurellose bovine ou la PPCB, les élevages ne bénéficient d’aucun autre suivi sanitaire organisé via un programme prophylactique approprié.

Par ailleurs les éleveurs ne font vraiment appel, non plus, aux autres prestataires que les Services Techniques Décentralisés, tels que vétérinaires mandataires privés pour traiter leurs animaux. Quelques éleveurs s’aventurent même à traiter, eux même, leurs troupeaux (en pensant avoir appris ce qu’il faut).

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4. L’AMÉLIORATION DE LA PRODUCTIVITÉ DES TROUPEAUX

L’amélioration de la productivité des troupeaux passe forcément par l’amélioration des conditions d’élevage, de la conduite des troupeaux et du potentiel des animaux.

4.1 AMÉLIORATION DES CONDITIONS D’ÉLEVAGE ET DE LA CONDUITE DES TROUPEAUX

L’amélioration des conditions d’élevage dépend fort de la gestion des ressources naturelles qui constituent la source principale de l’alimentation des troupeaux. L’action d’aménagement des zones de parcours et leur délimitation s’impose. Cela contribuerait aussi à réduire les conflits entre agriculteurs et éleveurs.

En plus de l’amélioration de la gestion des parcours, l’amélioration de la conduite des troupeaux nécessite :

L’amélioration de l’alimentation en :

• Développant les cultures fourragères et leur conservation, indispensable pour la complémentation des parcours durant la saison sèche. Il s’agit du sorgho fourrager, du niébé fourrager, du maïs fourragers, etc.

• Assurant une alimentation rationnelle en fonction des besoins réels et du stade physiologique des animaux (gestation, croissance, allaitement, engraissement, travail, etc.).

• Complémentant les fourrages grossiers (parcours + fourrage cultivés) par des concentrés (sous-produits agro-alimentaire, grains, …) pour équilibrer les rations alimentaires des animaux.

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L’amélioration de la couverture sanitaire

En plus des campagnes de vaccination obligatoires et étant donné les déficiences qui existent au niveau de la santé animale dans les zones visitées, il est impératif d’élaborer et de mettre en exécution un programme prophylactique adapté aux pathologies dominantes dans la zone (mieux vaut prévenir que guérir !).

L’amélioration de l’habitat

L’habitat est très important pour améliorer les conditions d’élevage. Il s’agit des aménagements des abris, de box, de mangeoires, d’abreuvoirs, de couloirs de contention (et traitements), etc. Un enclos non aménagé n’est pas suffisant pour améliorer la conduite des troupeaux. Un minimum d’aménagement améliore l’environnement de l’animale et facilite non seulement la manutention (traitement, identification, …) des animaux mais aussi leur tri, leur alimentation rationnelle, la maitrise de la reproduction ou la conduite des vaches allaitantes ou jeunes, etc. Il ne s’agit pas d’encourager l’utilisation du béton, mais même avec des perches en bois et/ou des briques en adobe (argile et paille), on réalise des aménagements convenables et confortables (technologie appropriée).

D’autres actions peuvent être envisagées. En ce qui concerne les conseils et l’appui, technique, pédagogique ou organisationnel aux éleveurs intéressés et suffisamment sensibilisés, quelques pistes sont rapportées ci-dessous dans le chapitre VIII.

4.2 LA SÉLECTION DE LA RACE N’DAMA

Pour sélectionner la race N’Dama, il faut d’abord tenir compte des objectifs économiques des éleveurs et leur assurer un encadrement technique (couverture sanitaire, cultures fourragères, encouragements à l’investissement, organisation de l’approvisionnement en intrants ou commercialisation des produits, …) et pédagogique (amélioration des compétences techniques/technicité), d’un réseau suffisamment grand des éleveurs sensibilisés et organisés autour de ces besoins professionnels. C’est une étape qui précède par exemple celle de l’action de sélection.

Génisse N’Dama de bonne qualité à Yorobougoula, 04/10/2013

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En assurant l’amélioration des conditions d’élevage et de la conduite des troupeaux (santé, alimentation, …), la sélection des animaux peut d’abord être initiée par quelques activités préliminaires tels que :

• le tri des animaux qui consiste à apprécier l’état des animaux constituant le troupeau en vue de réformer les animaux âgés, mal développés (petit format), stériles ou ceux qui ont des défauts graves de conformation (mauvais aplombs ou onglons défectueux, etc.) ;

• le choix et l’identification des reproducteurs mâles (géniteurs) et femelles sur la base du développement corporel et la conformation des animaux, etc. ;

• le choix des génisses de renouvellement pour le remplacement des vaches réformées etc. ;

• la collecte de données zootechniques, etc.

Cette étape précède celle de la sélection proprement dite, qui consiste à identifier les animaux reproducteurs mâles (géniteurs) et femelles (vaches et génisses) sur la base des critères de bonne conformation et du standard de la race (ici, c’est le cas de la race N’Dama). La première identification (n° d’ordre et âge approximatif) par tatouage ou bouclage, permet d’inscrire « à titre initial » les animaux comme reproducteurs « tendance de la race » et de bonne conformation, dans un livre généalogique ouvert à l’occasion. Il s’agit d’un premier registre rapportant la liste des animaux par élevage. La descendance de ces noyaux sera soumise à un système de contrôle de performances (GMQ et poids à âges types) pour apprécier la qualité génétique et ce sera le début du processus de la sélection massale des animaux sur la base du standard de la race et des performances zootechniques, comme première étape avant d’installer un système d’indexation plus sophistiqué basé sur des calculs des valeurs génétiques.

Il faut remarquer que pour la réalisation de ces actions d’encadrement, il est nécessaire de créer un cadre qui le permettrait. Comme il n’est pas possible de toucher tous les éleveurs dans une zone d’action donnée, il est recommandé d’organiser un nombre limité d’éleveurs de la race concernée dans une zone du berceau de race, mais suffisamment grand (un réseau d’éleveurs) pour qu’un technicien d’élevage polyvalent (ou plusieurs) soit occupé à temps plein. Après une phase de sensibilisation, l’identification est faite sur la base de l’existant, la motivation et l’engagement des éleveurs concernés. A cet effet, une méthodologie est à préparer pour l’organisation des éleveurs de la dite race.

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5. LA NÉCESSITÉ D’APPUI ORGANISATIONNEL, ÉCONOMIQUE, TECHNIQUE ET PÉDAGOGIQUE AUX ÉLEVEURS ENGAGÉS DE LA RACE

La meilleure approche (et stratégie) à adopter, est de promouvoir des méthodes d’appui conseil et technique aux éleveurs pour d’abord améliorer la conduite d’élevage (en particulier l’alimentation). Cette action doit concerner un nombre suffisamment grand d’éleveurs de la race N’Dama, motivés et intéressés pour qu’ils puissent jouer le rôle de pionnier (démonstration). L’obtention des résultats d’amélioration générale du troupeau (réduction de la mortalité et du manque à gagner, des croissances intéressantes, etc.) permettrait aux éleveurs concernés d’apprécier les résultats positifs et cela les motiverait à s’engager, entre autres, dans la sélection de leur race.

Différentes actions, d'ordre organisationnel, technique, économique et pédagogique doivent être planifiées et réalisées auprès d’un réseau des éleveurs (motivés et engagés). Le premier réseau des éleveurs sera en fait constitué des éleveurs pilotes et pionniers. Il n’est pas nécessaire dans un premier temps que les éleveurs soient organisés dans un cadre institutionnel formel. Ce sera, après une année ou deux, et bien sûr après avoir obtenu les premiers résultats positifs techniques et économiques (démonstratifs) qu’on procédera à créer un cadre organisationnel, souvent une association sans but lucratif pour les éleveurs d’une race organisés autour d’actions concrètes (couverture sanitaire, sélection, formation, cultures fourragères, etc.). Une société coopérative sera plutôt créée autour des activités commerciales, tels que l’approvisionnement en facteurs de productions ou la commercialisation d’un produit.

La réalisation d’une action pareille nécessite un appui sérieux et durable, dans un cadre organisé, par la création d’un dispositif technique, constitué de techniciens d’élevage polyvalents (santé, élevage, sélection, …) pour assurer un encadrement audit réseau d’éleveurs de race (privilégiés), dans une zone donnée, et ce en termes de conduite d’élevage (couverture sanitaire, appui conseil, …) et d’initiation de la sélection par la suite.

Dans le cadre d’un projet de développement, comme PRODEZEM, un dispositif d’encadrement pareil peut être constitué et chargé de réaliser plusieurs actions organisationnelles, techniques, économiques et pédagogiques et ce de façon intégrée (avec des objectifs technico-économiques et pédagogiques bien précis) durant une période de plusieurs années, avant de responsabiliser l’organisation des éleveurs pour assurer la durabilité à ces actions. Il s’agit des actions ci-dessous à réaliser de façon intégrée.

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5.1 ACTION ORGANISATIONNELLE

Cette action vise l’organisation des éleveurs sur des bases légales et professionnelles autour du développement de leur race selon une stratégie d’appui institutionnel approprié.

En général, le cadre approprié est une ASBL (Association Sans But Lucratif) que la législation malienne a bien prévu. Il est même prévu qu’une association pareille, avec un développement organisationnel suffisamment élevé et des résultats crédibles, peut être reconnue d’utilité publique, ce qui est souhaitable pour mener à bien une action d’amélioration génétique, qui est collective, et nécessite un partenariat entre l’Etat et la Profession.

En ce qui concerne les bases professionnelles, il est question de fixer pour cette association selon une vision professionnelle, une mission et des objectifs bien précis visant le développement technique et économique de l’élevage et la sélection de races.

5.2 ACTION TECHNIQUE

Dans cette action, il s’agit d’un appui technique rapproché par le moyen de plusieurs activités techniques à planifier et à réaliser, par un technicien9 d’élevage polyvalent, en collaboration avec les éleveurs concernés. Il s’agit d’assurer :

� Une couverture sanitaire des troupeaux des éleveurs engagés,

• Selon un programme annuel de prophylaxie adapté en fonction des pathologies dominantes de la zone d’action à identifier par un médecin vétérinaire pratiquant.

• Le programme prophylactique, doit être élaboré de façon à compléter les interventions obligatoires des services de l’Etat (vaccinations obligatoires).

• Des dispositifs techniques (organisation des services prophylactiques à offrir aux adhérents,…) et financiers adaptés (contributions financières des éleveurs sous forme de redevance de fonctionnement de ce service) doivent être élaborés et négociés avec les éleveurs engagés.

� Un appui conseil en matière de :

• Conduite alimentaire : la complémentation rationnelle en fonction des stades physiologiques (entretien, gestation, production laitière, croissance des jeunes, engraissement...) et utilisation efficiente des aliments complémentaires (prix/qualité) tels que sous-produits agricoles et agroalimentaires (tourteaux, son, …).

• Conduite de la reproduction : réforme, choix des reproducteurs, saillie contrôlée, prévision de période de vêlage favorable et regroupement des naissances, etc. Cette

9 | Par technicien polyvalent, nous entendons, un technicien formé sur les questions de santé animale, de conduite d’élevage, des cultures fourragères, etc. Le profil de ce technicien est aussi social dans la mesure où il a des capacités de communication et de mobilisation.

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activité sera nécessaire et constituera un préalable pour mettre en œuvre un processus de sélection à long terme. Cette activité constitue le début de celle de la sélection bovine qui s’imposera dès que l’amélioration de la santé, de l’alimentation …, est bien avancée. Il s’agira d’organiser des activités de tri, d’identification des reproducteurs, inscription des animaux (tendance de la race avec une bonne conformation) à titre initial, etc.

• L’aménagement des parcs (habitat) pour faciliter la maitrise de la reproduction, l’allaitement des veaux, la séparation des taurillons du troupeau, l’alimentation des animaux selon leurs besoins réels, etc.

� L’introduction de la culture fourragère : Etant donné les potentialités climatiques du Mali, dans les zones agropastorales (régions du sud), nous pensons au développement des cultures fourragères cultivées (à l’instar des cultures céréalières, réussis) : sorgho fourragers, maïs fourragers, niébés mixtes, etc. Ce fourrage est à conserver en bottes et serait utilisé durant la saison sèche, pour les activités d’engraissement et pour la production laitière.

� La collecte de données zootechniques : se limiter au départ à quelques paramètres zootechniques sur un nombre limité (échantillon) de troupeaux : poids à âges types, contrôle de croissances (GMQ), conformation, etc.

5.3 ACTION ÉCONOMIQUE

L’action économique vise surtout à organiser l’approvisionnement des éleveurs en facteurs de production. Il s’agit en premier lieu d’accompagner les éleveurs dans l’organisation des achats groupés en intrants (aliments du bétail, petits matériels, achats de géniteurs, …), pour faire des économies d’échelle et assurer la qualité. Cette action permet aussi de s’organiser pour négocier l’achat groupé des produits vétérinaires et un programme prophylactique avec un cabinet vétérinaire à réaliser dans de bonnes conditions et à moindre coût.

Il s’agit aussi d’aider les éleveurs à produire (engraissement des jeunes et des animaux de réforme) pour répondre à la demande du marché (qualité et quantité), à mieux vendre leurs produits (accès aux marchés), et à mieux négocier les prix avec leurs partenaires (commerçants de bétails).

5.4 ACTION PÉDAGOGIQUE

Une des contraintes du développement de l’élevage en général et de la sélection en particulier est la faiblesse des éleveurs au niveau technicité et capacité de gestion. Les activités pédagogiques visent la sensibilisation des éleveurs par rapport à leurs problèmes réels d’amélioration des productions et de la productivité de leurs troupeaux. L’action vise aussi l’amélioration de leurs compétences techniques pratiques en matière de conduite d’élevage et de gestion de leurs élevages.

Pour qu’une formation soit vraiment bénéfique pour les participants, il faut donc adopter une approche qui prend en compte la situation spécifique des éleveurs et cela nécessite une philosophie respectant l’autonomie et la personnalité des participants (groupes cibles) et par conséquent on doit utiliser des méthodes correspondantes. Les méthodes d’intervention

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dans la sensibilisation/formation doivent s’inscrire dans l’approche « formation des adultes orientée vers les problèmes et les participants » .

Voici quelques exemples d’activités :

• Organisation des sessions de sensibilisation avec analyse de leurs problèmes (en relation avec l’élevage, leur métier) et des solutions techniques, économiques ou organisationnelles possibles,

• Organisation de sessions de formations techniques (santé, conduite d’alimentation et de reproduction, productions fourragères, etc.),

• Organisations des stages de formations pratiques et des échanges d’expériences entre les éleveurs,

• Etc.

5.5 ACTION D’INCITATION

Le rôle de l’Etat est déterminant, il peut influencer positivement ou négativement le développement de l’élevage. La politique gouvernementale peut encourager les investissements nécessaires pour moderniser l’élevage et peut jouer sur les facteurs de production à travers la subvention ou les politiques financières ou fiscales.

Si on prend l’exemple de la sélection d’une race, action qui n’est pas rentable à court et à moyen terme, sans encouragement de l’Etat par la subvention des activités de sélection (de reproducteurs mâles/géniteurs et femelles/génisses), les éleveurs s’engagent rarement seuls. Cette œuvre, qui doit être réalisée de façon plutôt collective, dans le cadre d’un partenariat entre l’Etat et la Profession. A cet égard, le FNAA doit être mobilisé pour encourager les investissements dans l’élevage en général et dans la sélection en particulier. Pour atteindre ces objectifs, des programmes et des mécanismes d’intervention de l’Etat à travers le FNAA doivent être élaborés et négociés avec la profession.

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6. CONCLUSION

Les rencontres avec les différents acteurs de l’élevage (personnel de la DRPIA et des SLPIA de Sikasso, Bougouni et Yanfolila, commerçants de bétails et éleveurs) nous ont permis de mener à bien notre mission de diagnostic de la situation de l’élevage bovin N’Dama dans la région de Sikasso.

De l’étude de la situation de l’élevage N’Dama dans la région de Sikasso, nous pouvons conclure que le potentiel de la région est très grand en matière de ressources animales et fourragères (parcours naturels, résidus de récoltes, disponibilité des terres agricoles, …). Les systèmes d’élevage et agricoles sont en pleine mutation et nous sommes en présence d’une intégration de l’agriculture et de l’élevage de plus en plus dynamique. Cependant, il est à noter que la technicité des agro-éleveurs est encore très faible et qu’une action d’appui conseil et d’appui institutionnel s’impose pour améliorer les compétences techniques des éleveurs et pour améliorer la capacité des OPA dans l’offre de services à leurs adhérents.

Les menaces de disparition de la race N’Dama dans son berceau au Mali est une réalité et particulièrement dans les cercles visités (Bougouni et Yanfolila). Pour des raisons commerciales, le bétail de grand format est apprécié par les commerçants, pour les besoins de la traction animale, les agro-éleveurs désirent agrandir le format (génotype) de leurs animaux car celui de la N’Dama est petit. Mais ne maitrisant pas la conduite de la reproduction et la transhumance des troupeaux zébu du nord dans la zone, le risque de la disparition de la N’Dama est sérieux !

La structure des troupeaux est dominée par la présence d’autant de mâles que de vaches. A cause de la faible productivité, les mâles durent longtemps dans les troupeaux devenant commercialisables à des âges de 6 à 9 ans. La conduite des troupeaux (alimentation, santé, reproduction) n’est pas maitrisée, elle demeure fort traditionnelle. La conduite des jeunes est aussi médiocre dans l’ensemble des exploitations. Les agro-éleveurs prélèvent toute une bonne partie du lait au détriment des veaux alors que la race est allaitante.

Les éleveurs ne sont pas bien organisés en OPA avec des objectifs précis. Par contre, les commerçants de bétail sont relativement mieux organisés et ils ont même le monopole des marchés. Le bétail sur pied, souvent constitué des animaux mâles engraissés mais fort âgés, est exporté vers la Côte d’Ivoire.

Les parcours et les ressources naturelles en général sont mal gérés. Il n’y a pas encore dans la zone des actions d’aménagement du terroir et de gestion des Ressources Naturelles (zones pastorales) et des terres agricoles.

Par rapport au centre de Madina-Diassa, l’état général du troupeau est acceptable. Tous les animaux sont parqués dans un box unique. L’enregistrement des saillies est effectué par le berger à qui peut échapper les saillies nocturnes. Les pesées sont effectuées aux différents âges types, mais il n y a pas de programme de pesée préétabli. Néanmoins, les données collectées existantes nous ont permis de faire quelques analyses de performance. Tout le

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troupeau est exclusivement traité aux trypanocides d’où la question sur les critères et objectifs de la sélection de la race N’Dama dans le centre ?

Malgré le potentiel du centre (plus de 1000 Ha) et la tendance d’intégration agriculture et élevage de la région, Il n’y a pas de culture et de conservation fourragère au niveau du centre pour faire face à l’alimentation du troupeau durant la saison sèche et pour réduire la dépendance aux aliments composés achetés dans le commerce (aliments composés, etc.) et le coût de la production.

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7. RECOMMANDATIONS

Dans le cadre de cette mission, le diagnostic (visites des élevages et entretiens avec les agro-éleveurs et les agents techniques) nous a permis d’apprécier le grand potentiel de la race N’Dama dans son berceau et d’identifier plusieurs contraintes auxquelles il est nécessaire de trouver des solutions pratiques dans le cadre d’une action de développement. Des recommandations ont été suggérées.

7.1 L’ÉLEVAGE EN MILIEU TRADITIONNEL

Avant d’envisager la sélection d’une race animale, il est nécessaire d’améliorer d’abord ses conditions d’élevage (dans son environnement naturel) en exploitant les ressources fourragères disponibles pour permettre d’extérioriser son potentiel génétique réel.

Dans cet esprit, une action de développement de l’élevage de la race N’Dama est indispensable dans sa zone berceau de race. Il s’agit de planifier et de réaliser, dans le cadre d’un projet , des activités ayant pour objectif d’améliorer en général les conditions d’élevage et d’améliorer en particulier la conduite des troupeaux au niveau de l’alimentation, la reproduction, la santé animale, etc.

Il est aussi nécessaire, de prendre en considération que la vache N’Dama est allaitante et non pas laitière, ne produisant naturellement du lait que pour son veau. Dans sa conduite, il n’est pas conseillé de la traire pour permettre un développement normal au veau. Ce dernier étant le produit principal de l’élevage, il est aussi indispensable d’améliorer sa conduite et lui assurer une croissance normale sans interruption (souvent pendant la saison sèche !) pour qu’il soit commercialisable10 le plus jeune possible. Cela nécessite, en plus du fourrage naturel, le développement des cultures fourragères et assurer une complémentation avec des aliments concentrés pour faire face à la crise de sevrage et aux besoins des animaux durant la saison sèche.

Quand les activités d’amélioration des conditions d’élevage sont bien avancées, le processus de la sélection animale peut alors être initié. Mais, Il s’agit au début des activités (d’appui11 conseil) de tri et de réforme des animaux (dans les troupeaux), sur la base de leur état de développement, de leur conformation, âge (vieux) et par rapport au standard de la race. On peut aussi commencer à identifier les reproducteurs (mâles et femelles de

10 | Si on considère que la croissance moyenne d’un veau local (N’Dama) est de 400 g/jour, si la conduite d’élevage est correcte et la croissance est soutenue durant toute la période, le taurillon de 2 ans (720 jours) pèserait 300 Kg.

11 | Chez surtout les éleveurs fort bien sensibilisés et motivés et qui ainsi qui acceptent de collaborer. Une partie seulement qui s’’engagent les autres attendent de voir les résultats !).

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tendance N’Dama) à garder12 dans l’élevage (conseiller) et initier un système léger de collecte et de traitement de données zootechniques13.

Un programme proprement dit de sélection de la race N’Dama sera bien sûr élaboré pour une deuxième étape (quelques années plus tard), après avoir obtenu des résultats zootechniques et technico-économiques encourageant chez les éleveurs concernés (au moins une bonne partie) à s’engager dans l’action de sélection.

Pour assurer la réalisation de ces deux actions, du développement de l’élevage et de la sélection de la race N’Dama, il est conseillé de penser à un dispositif technique (équipe technique) constitué de techniciens d’élevage polyvalents (santé, élevage, communication, etc.), sous la responsabilité d’un coordinateur, pour assurer un encadrement technique, pédagogique, économique et organisationnel. C’est dans le cadre d’un projet qu’on peut naturellement imaginer la disponibilité d’un dispositif pareil, en attendant le développement organisationnel des éleveurs de la race dont les activités seront programmées et réalisées dans le cadre dudit projet.

Il est également recommandé d’organiser les éleveurs bénéficiaires (premier réseau des éleveurs de la race N’Dama) autour des activités citées ci-dessus, sur des bases légales (les dispositions légales maliennes sont prévues) et sur des bases professionnelles (services techniques et économiques), selon une méthodologie14 appropriée avec plusieurs étapes et plusieurs outils. Il s’agira d’élaborer une nouvelle stratégie d’appui institutionnel (par le Ministère/ DNPIA) à mettre en œuvre pour permettre l’émergence des organisations réellement professionnelles, avec des capacités suffisamment grandes pour assurer leur mission d’offre de services techniques et économiques aux adhérents et être un réel partenaire de l’Etat.

C’est ce cadre organisationnel qui va faciliter toutes les autres actions techniques y compris celle de la sélection. Ce cadre, facilitera aussi les activités d’appui économique, tels que l’organisation de l’approvisionnement en facteurs de production.

En ce qui concerne la sélection animale, il est à noter qu’elle est très coûteuse et ne peut pas être réalisée par l’éleveur sans appui de l’Etat. D’où notre recommandation d’envisager des politiques fiscales et de la subvention, à travers le FNAA, des investissements dans la sélection afin d’atteindre les objectifs de conservation et d’amélioration de la race N’Dama.

12 | Il s’agit de conseiller simplement (avec argumentation solide) à l’élevage ; il reste le seul décideur par rapport à ce qu’il aimerait garder ou réformer comme animaux de son troupeau.

13 | La collecte de données, y compris le contrôle de performance est nécessaire et doit faire partie intégrante de l’amélioration de l’environnement d’élevage, quand cela est possible. Les résultats permettront de savoir si l’alimentation est améliorée.

14 | Cette méthodologie sera élaborée plus tard, si l’axe d’appui institutionnel aux OPA est retenu dans la nouvelle stratégie de la conservation et la sélection des races locales du Mali.

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7.2 LE CENTRE DE MADINA-DIASSA

Le Centre de Madina-Diassa est une opportunité pour contribuer au développement de la race N’Dama. A notre avis, le centre, en plus de ses activités actuelles telles que la sélection de la race N’Dama, peut organiser des activités de promotion de la N’Dama comme race allaitante (productrice de viande), en développant des techniques d’élevage, de production fourragère et d’engraissement des taurillons pour produire une viande de qualité (dont le marché sous régional semble être en plein développement). Dans ce cadre, le centre pourrait organiser des journées portes ouvertes et d’information et des sessions de formation pratique à l’attention des éleveurs de cette race.

Pour atteindre ses objectifs, le centre a besoin d’améliorer les conditions d’élevage du troupeau et ce au niveau de :

• La conduite de l’alimentation et en particulier durant la période de la saison sèche en produisant et en conservant du fourrage, en apportant une complémentation en concentré (surtout azotée) et en rationalisant l’alimentation en fonction des catégories d’animaux et du stade physiologique (fin de gestation, allaitement, croissance, etc.).

• La reproduction (une maîtrise de la reproduction est nécessaire : connaissance du taureau et de la date de saillie, etc.).

• La santé animale : amélioration du programme prophylactique et en particulier en étudiant la minimisation de la lutte contre la trypanosomiase (fréquence et moment) sachant que la race est en principe trypanotolérante (c’est un des critères de sélection !).

• L’habitat (c’est l’organisation des parcs - en boxes, couloirs - qui faciliterait les autres actions de maîtrises de l’alimentation, la reproduction, etc.).

En ce qui concerne l’activité de sélection, il est conseillé d’améliorer le système de collecte, de traitement et d’exploitation des données zootechniques et en particulier pour améliorer l’efficacité de la présélection des jeunes et la sélection des génisses de renouvellement et des taurillons/géniteurs. Cette amélioration concernerait la méthode des pesées des animaux en instaurant une pesée régulière (par exemple mensuellement) de tous les jeunes jusqu’à l’âge de 6 mois et en suivant avec précision les mise-bas pour l’enregistrement des dates et du poids à la naissance et l’identification des animaux. Ce travail permettrait de calculer les gains moyens quotidiens (GMQ), durant la période d’allaitement, de la naissance à 3 mois (pour apprécier les performances des mères) et pour apprécier les performances propres des jeunes après la phase de l’allaitement. Après l’âge de 6 mois, ce sont les âges types (12, 18 et 24 mois) qui sont à suivre. Une méthode pourrait être élaborée en collaboration avec la Direction du centre et avec la recherche.

En attendant d’instaurer une sélection sur la base des calculs de valeurs génétiques (indexation), une activité de présélection des jeunes âgés de moins d’un an est à instaurer sur la base des GMQ (EX. 0-90 j et 90-180j), de la conformation et le standard de la race. Cela permettrait d’identifier les jeunes destinés à la sélection (futurs reproducteurs : taurillons et génisses sélectionnés) et ceux à réformer, qui seront destinés à la production de la viande. Et ces deux catégories d’animaux seront conduites, chacune selon sa destination finale. A titre d’exemple, les animaux à réformer seront soumis à un programme

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d’engraissement. Il est possible de penser à la production du broutard (viande de qualité) pour promouvoir un produit spécial pour un marché spécial (une niche de production).

Il est également recommandé de réfléchir à développer une relation de collaboration des activités de promotion de l’élevage N’Dama entre le Centre et les organisations des éleveurs de cette race dans sa zone d’action.

Pour mener à bien ces activités, une bonne gestion des ressources humaines (motivation, condition du travail, etc.) s’imposera, car c’est un centre qui est relativement isolé.

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8. ANNEXES

8.1 TABLEAU N° 4 : LISTE DES 15 VACHES CLASSÉES EN FONCTION DES GMQ 0-3 MOIS DE LEURS VEAUX

N° Identif

Mère Sexe Période Naiss

Pds Naiss

GMQ0- 3 mois

GMQ3- 6 mois

GMQ6- 12 mois

GMQ12-18 mois

29143 29139 F févr-11 15 400 33 61 178

29141 29068 F nov-10 16 344 56 56 378

29152 29151 F avr-11 17 333 89 178 361

29148 29110 M mars-11 12 300 100 139 278

29210 29151 M août-12 15 289 78 39 83

29156 29052 F mai-11 16 244 33 106 233

29160 26055 F mai-11 14 244 100 89 217

29209 29039 M juil-12 16 244 100 50 67

29150 29076 M avr-11 14 233 178 206 94

29208 29049 M mai-12 14 233 11 83 89

29145 29131 M mars-11 12 222 144 139 250

29154 29051 M mai-11 17 222 33 222 144

29155 29104 M mai-11 19 222 33 106 78

29149 29026 F avr-11 17 200 178 244 89

29161 29109 F mai-11 15 178 100 200 89

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8.2 PHOTOS DE TERRAIN

Agents de la cellule d’amélioration génétique devant un parc de Flaboula, 02/10/13.

L’équipe avec des éleveurs et famille, Flaboula (Bougouni), 02/10/13.

Agents de la cellule d’amélioration génétique avec les agents, DRPIA de Sikasso, 31/09/13.

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FICHE TECHNIQUE DE PRESENTATION DE LA RACE N’DAMA

I. AIRE GEOGRAPHIQUE

La race N’Dama est le type le plus représentatif de l’espèce taurine en Afrique Occidentale. Son berceau régional est le Fouta Djallon en Guinée. Au Mali on la trouve dans les cercles de Bougouni et Yanfolila (considéré comme son berceau national) mais aussi dans ceux de Keniéba et de Kita ‘‘sud’’.

C’est une race très rustique reconnue pour sa grande résistance aux trypanosomoses et aux piroplasmoses (Kouriba, et al, 2002).

Il convient de signaler une variété identifiée N’Dama de Kaarta ou métis de Kaarta (Méré) qui a un format plutôt grand et le cornage plutôt fort et long avec une robe froment clair uniforme.

II. DESCRIPTION PHENOTYPIQUE

La conformation normale de la N’Dama est massive et trapue chez le taureau (d’allure assez lourde); harmonieuse et d’une grande finesse chez la vache (d’allure assez légère). Le dimorphisme sexuel est très accentué. La taille adulte est de 108-117cm pour les animaux âgés de 4-8 ans. Le poids du mâle adulte varie de 250-350 kg voir plus.

Le profil est droit, le chignon saillant et le museau rose ou fauve. Le cornage est assez variable. Les cornes sont ambrées avec leurs extrémités noires; elles sont portées en croissant chez le taureau; longues, en forme de lyre et effilées aux extrémités chez la vache. Il existe aussi des cornes flottantes. Les animaux sans cornes sont rares. L’encolure est courte, assez forte chez le taureau et grêle chez la vache. La poitrine est étroite mais la côte est ronde. L’animal est rectiligne, le garrot est peu saillant et le train postérieur est plus élevé que l’antérieur.

La croupe est courte, bien musclée et horizontale; mais les cuisses sont mal descendues. Les membres sont minces à canon court et grêle chez la vache, terminés par des petits onglons durs, la mamelle est modeste, les trayons fins. La queue est attachée haut en forme de cross. La robe présente toutes les nuances du fauve mais la plus fréquente est le froment ordinaire . La peau est fine et souple avec un poil fin. Le fanon peu marqué, est surtout apparent chez le taureau. Les muqueuses sont de

couleur variable; elles sont rose-noire mais le plus souvent claires chez le type classique.

TAUREAU N’DAMA A YOROBOUGOULA (BOUGOUNI)

VACHE N’DAMA ET SA GENISSE A YOROBOUGOULA

(BOUGOUNI)

GENISSE N’DAMA A YOROBOUGOULA (CERCLE DE

BOUGOUNI)

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III. LE SYSTEME D’ELEVAGE

La N’Dama est conduite essentiellement dans un système de production agropastoral associé aux cultures pluviales où l’élevage assure de 10 à 50% du revenu des ménages. En milieu traditionnel, l’élevage de la race N’Dama est de plus en plus sédentarisé. En revanche, il existe deux zones de pâturage dont l’une de saison sèche et l’autre de saison des pluies. En saison sèche, les animaux sont le plus souvent complémentés avec des résidus de récoltes et de l’aliment bétail. Ils exploitent également les bas-fonds, les rizières et diverses zones auxquelles ils n’ont accès en saison des pluies. Pendant la saison des pluies, les animaux pâturent sur les jachères et dans les zones non-cultivées. Le gardiennage est systématique en cette saison, beaucoup plus rare en saison sèche (divagation). Les troupeaux sont rassemblés tous les soirs et sont parqués. Les veaux non sevrés sont isolés de leurs mères tant au parc qu’au pâturage. Dans ce mode d’élevage, la traite est systématique et a lieu matin et soir si la saison est bonne. La traite n’est effective qu’en présence du veau. Ce qui ne favorise pas la fécondité des vaches. Généralement, la période de vêlage est d’octobre à janvier où il fait froid et les saillies ont lieu dans la seconde partie de la saison sèche. A côté du système d’élevage traditionnel, il y a l’élevage de ranch de troupeau N’Dama à Madina-Diassa dans le cercle de Yanfolila.

IV. LES PERFORMANCES DE LA RACE N’DAMA

1. PERFORMANCE DE PRODUCTION :

La productivité du bétail trypanotolérant par rapport aux autres races autochtones pourrait être supérieure à celle qui lui a été souvent attribuée. La race N’Dama est très rustique mais peu précoce.

1.1 Production laitière :

La race N’Dama est allaitante et non laitière. La vache produit en moyenne journalière 1,5 litres de lait en 190 jours de lactation, soit une production totale de 285 kg/lactation avec 4,7% de matières grasses (CIPEA, 1979).

La durée de lactation varie de 180 à 210 jours. En mode d’élevage intensif, la N’Dama produirait jusqu’à 700 kg de lait en 9 mois avec une durée moyenne de tarissement de 7,5 mois. En station, à Sotuba, les vaches recevant un complément de graines de coton et de son de mil ont donné 566 à 600kg de lait par vache pour une lactation de 200jours (CNRZ, 1974, 1975, 1976 cité par CIPEA, 1979).

1.2 Production de viande:

La N’Dama possède une aptitude pour la production de viande assez appréciable. Le poids moyen des carcasses enregistré en 1977 à l’abattoir de Bafoulabé (région de Kayes), donnait 162kg pour les taureaux, 146 kg pour les bœufs, et 133 kg pour les vaches. Celui enregistré à

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l’abattoir de Sikasso en 1976 faisait 123kg pour les taureaux, 115 kg pour les bœufs, et 82 kg pour les vaches (CIPEA, 1979).

Le poids vif moyen est de 250 kg pour la femelle adulte, il varie de 250 à 300 kg pour le mâle adulte. Le rendement carcasse est de 45% pour des animaux tout venant. Ce rendement peut être porté à 50-55% après embouche. La viande est de bonne qualité avec moins de gras.

1.3 Aptitudes au travail :

Le bœuf N’Dama est utilisé pour la traction (culture attelée) mais il est handicapé par son gabarit. C’est pour cette raison que des croisements avec les zébus peulhs sont effectués pour avoir des animaux de grand format capable de supporter de plus grands efforts de traction.

2. PERFORMANCE DE REPRODUCTION :

2.1 Age au premier vêlage :

En milieu traditionnel, l’âge au premier vêlage est de 42 à 48 mois cité par l’IEMVT(1971). A la station de Sotuba, il était de plus ou moins 42,5 mois (Pagot et Delaine, 1959 cité par CIPEA, 1979).

2.2 Intervalle entre vêlage :

L’intervalle entre vêlage est de 12-15 mois.

2.3 Taux de vêlage :

Le taux de vêlage variait de 60 à 65% SEDES (1971), dans le secteur de Yanfolila contre 75% à la station de Sotuba (CNRZ, 1975 cité par CIPEA, 1979). La viabilité des veaux N’Dama jusqu’à 1an et celle des femelles adultes sont estimées respectivement à 62,5 et 95% dans les conditions villageoises contre 70 et 98% en ranching. L’index de productivité par 100kg de vache élevée/an était de 22,7kg en milieu villageois contre 25,5kg pour le ranching (SEDES et IEMVT, 1971).

2.4 Taux de mortalité :

Très élevé chez les veaux en milieu villageois, le taux de mortalité de 35-40% a été relevé dans le secteur de Yanfolila (SEDES, 1971).

3. PERFORMANCE DE CROISSANCE :

Le poids des veaux d’un an enregistré dans les conditions du village, était de 81 kg contre 120kg dans le ranch. En milieu traditionnel, les femelles adultes ont pesé 230 kg contre 250kg dans le ranching.

V. ESSAIS D’AMELIORATION GENETIQUE DE LA RACE

La race N’Dama a fait l’objet de nombreux essais d’amélioration par la sélection (dans le ranch de Madina-Diassa) ou par le croisement avec des races étrangères ; afin d’améliorer le format et la production zootechnique. Les essais de sélection ont permis une amélioration sensible du poids moyen: 420 kg pour les taureaux, 350 kg pour les vaches.

Les croisements réalisés à Sotuba avec les jersiaises et Montbéliardes, ont donné des résultats appréciables en matière de production laitière. Les ½ sangs Jersiaise X N’Dama ont donné 1300 kg de lait en 240 jours de lactation. Les ½ sangs Montbéliard X N’Dama ont donné 1485 kg de lait en 240 jours de lactation. Tous les métis N’Dama ont donné de bons rendements carcasses.

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BIBLIOGRAPHIE

• CIPEA/Monographie , 1979 : Le bétail trypanotolérant d’Afrique occidentale et centrale. Tome I : Situation générale.

• Dembélé., et al , 2009 : Rapport préliminaire à la stratégie nationale de conservation, de préservation et de diffusion des races bovines autochtones au Mali.

• Hoste, C.H., et al , 1991 : Le bétail trypanotolérant d’Afrique occidentale et centrale. Tome 3. Bilan d’une décennie.

• N’Diaye, M. , 2011 : Amélioration génétique des animaux au Mali.

• Nialibouly, O. , juin 2007 : Amélioration du potentiel génétique laitier du Zébu Peulh au Mali ; Détermination des paramètres génétiques et critères de choix des reproducteurs dans un programme de sélection à noyau ouvert. Thèse de doctorat en productions animales.

• Nialibouly, O. , 1999 : Performances de production et de reproduction des Zébus Maure et Peulh (1986-1995) en amélioration à la station de recherches Agronomiques de Niono au Mali.

• PNDEM, 2003 : Diagnostic et analyse critique de la situation actuelle du sous-secteur élevage au Mali, Volume I, 115 p.

• Wagenaar, K.T., Diallo, A., Savers, A.R. , Mai 1988 : Productivité des bovins Peulhs transhumants dans le Delta intérieur du Niger au Mali.

• Wilson, R.T. , Mai 1988 : La production animale au Mali central étude à long terme sur les bovins et les petits ruminants dans le système agro-pastoral. Rapport de recherche N° 14 CIPEA.

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