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Atelier d’écriture
Atelier d’écriture
Atelier d’écriture
Atelier d’écriture
lundi 10 h 00 à 12 h 00
lundi 10 h 00 à 12 h 00
lundi 10 h 00 à 12 h 00
lundi 10 h 00 à 12 h 00
Emmanuelle Lewartowski
Emmanuelle Lewartowski
Emmanuelle Lewartowski
Emmanuelle Lewartowski
" """
mercredi 10 h 00 à 12 h 00
mercredi 10 h 00 à 12 h 00
mercredi 10 h 00 à 12 h 00
mercredi 10 h 00 à 12 h 00
et Jeanne Lafon
et Jeanne Lafon
et Jeanne Lafon
et Jeanne Lafon- ---Galili
Galili
Galili
Galili
Bridge tournois
Bridge tournois
Bridge tournois
Bridge tournois
mercredi de 14 h à 18 h
mercredi de 14 h à 18 h
mercredi de 14 h à 18 h
mercredi de 14 h à 18 h
Jacques Amiel
Jacques Amiel
Jacques Amiel
Jacques Amiel
Bridge cours
Bridge cours
Bridge cours
Bridge cours
vendredi de 14 à 17 h
vendredi de 14 à 17 h
vendredi de 14 à 17 h
vendredi de 14 à 17 h
"
"
"
"
Bridge débutants
Bridge débutants
Bridge débutants
Bridge débutants
jeudi 14 h à 17 h
jeudi 14 h à 17 h
jeudi 14 h à 17 h
jeudi 14 h à 17 h
Jules Estier
Jules Estier
Jules Estier
Jules Estier
Chorale
Chorale
Chorale
Chorale
lundi 20 h à 22 h
lundi 20 h à 22 h
lundi 20 h à 22 h
lundi 20 h à 22 h
Carine Gutlerner
Carine Gutlerner
Carine Gutlerner
Carine Gutlerner
Encadrement
Encadrement
Encadrement
Encadrement
se renseigner
se renseigner
se renseigner
se renseigner
Ghislaine Kien
Ghislaine Kien
Ghislaine Kien
Ghislaine Kien
Mém
oire et archives
Mém
oire et archives
Mém
oire et archives
Mém
oire et archives
se renseigner
se renseigner
se renseigner
se renseigner
Henri Zytnicki
Henri Zytnicki
Henri Zytnicki
Henri Zytnicki
Peinture
Peinture
Peinture
Peinture
mardi de 10 à 12h
mardi de 10 à 12h
mardi de 10 à 12h
mardi de 10 à 12h - ---14 à 16h
14 à 16h
14 à 16h
14 à 16h François Szulman
François Szulman
François Szulman
François Szulman
Visites de Paris
Visites de Paris
Visites de Paris
Visites de Paris
suivant programme,
suivant programme,
suivant programme,
suivant programme,
Nadia Grobman
Nadia Grobman
Nadia Grobman
Nadia Grobman
Vitrail
Vitrail
Vitrail
Vitrail
lundi 10 h à 17 h
lundi 10 h à 17 h
lundi 10 h à 17 h
lundi 10 h à 17 h
André Panczer
André Panczer
André Panczer
André Panczer
Voyages
Voyages
Voyages
Voyages - --- Spectacles
Spectacles
Spectacles
Spectacles
suivant programme
suivant programme
suivant programme
suivant programme
Suzanne Grinblatas
Suzanne Grinblatas
Suzanne Grinblatas
Suzanne Grinblatas
Yiddish
Yiddish
Yiddish
Yiddish
jeudi 10 h 30 à 12 h 30
jeudi 10 h 30 à 12 h 30
jeudi 10 h 30 à 12 h 30
jeudi 10 h 30 à 12 h 30
Batia Baum
Batia Baum
Batia Baum
Batia Baum
Nos activités
Les textes publiés le sont sous la seule responsabilité de leur auteur.
Les textes publiés le sont sous la seule responsabilité de leur auteur.
Les textes publiés le sont sous la seule responsabilité de leur auteur.
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Vous rencontrez des problèmes avec votre ordinateur ?
Vous rencontrez des problèmes avec votre ordinateur ?
Vous rencontrez des problèmes avec votre ordinateur ?
Vous rencontrez des problèmes avec votre ordinateur ?
Problème de connexion Internet ? La souris n'obéit plus ?
Problème de connexion Internet ? La souris n'obéit plus ?
Problème de connexion Internet ? La souris n'obéit plus ?
Problème de connexion Internet ? La souris n'obéit plus ?
Besoin de formation ? Etc.….etc.….
Besoin de formation ? Etc.….etc.….
Besoin de formation ? Etc.….etc.….
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Pas de panique Sauveur Sellam est là pour vous dépanner.
Pas de panique Sauveur Sellam est là pour vous dépanner.
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06 09 18 13 94
06 09 18 13 94
06 09 18 13 94
06 09 18 13 94
9 9 9 9 - ---10 place Saint Louis
10 place Saint Louis
10 place Saint Louis
10 place Saint Louis
92380 Garches
92380 Garches
92380 Garches
92380 Garches
Tél. : 01 47 01 31 71 Fax
Tél. : 01 47 01 31 71 Fax
Tél. : 01 47 01 31 71 Fax
Tél. : 01 47 01 31 71 Fax : 01 47 41 79 91
: 01 47 41 79 91
: 01 47 41 79 91
: 01 47 41 79 91
Laurence Levy-Stainber, directrice de l'agence
Coup de pouce à nos enfants et am
isCoup de pouce à nos enfants et am
isCoup de pouce à nos enfants et am
isCoup de pouce à nos enfants et am
is
Ghislaine Kien anim
atrice
de l'atelier d'encadremen
t
Inauguration d' un service de rénovation
Inauguration d' un service de rénovation
Inauguration d' un service de rénovation
Inauguration d' un service de rénovation
et préservation de documents anciens
et préservation de documents anciens
et préservation de documents anciens
et préservation de documents anciens
2°SEMESTRE 2008 N°35
UEVACJEA
UEVACJEA
UEVACJEA
UEVACJEA Volonté
n nnno ooot tttr rrre eee
Bonne et heureuse
année 5769
à tous
5769 ray unvzig a ]va uvg a
ray unvzig a ]va uvg a
ray unvzig a ]va uvg a
ray unvzig a ]va uvg a
"Bataille de la Som
me" Fresque murale exécutée par les élèves de l'Atelier d'art d'après une maquette de Louis Klahr.
"Bataille de la Som
me" Fresque murale exécutée par les élèves de l'Atelier d'art d'après une maquette de Louis Klahr.
"Bataille de la Som
me" Fresque murale exécutée par les élèves de l'Atelier d'art d'après une maquette de Louis Klahr.
"Bataille de la Som
me" Fresque murale exécutée par les élèves de l'Atelier d'art d'après une maquette de Louis Klahr.
2
Pour toute dem
ande d'informations concernant
Pour toute dem
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Pour toute dem
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un parent Ancien Com
battant,
un parent Ancien Com
battant,
un parent Ancien Com
battant,
un parent Ancien Com
battant,
veuillez écrire au
veuillez écrire au
veuillez écrire au
veuillez écrire au
Général Com
mandant la Légion Étrangère
Général Com
mandant la Légion Étrangère
Général Com
mandant la Légion Étrangère
Général Com
mandant la Légion Étrangère
Bureau des Anciens
Bureau des Anciens
Bureau des Anciens
Bureau des Anciens
B.P. 38
B.P. 38
B.P. 38
B.P. 38
13998 Marseille
13998 Marseille
13998 Marseille
13998 Marseille – ––– Armée
Armée
Armée
Armée
Et lui dem
ander un
Et lui dem
ander un
Et lui dem
ander un
Et lui dem
ander un
ETAT SIGNALETIQUE ET DES SERVICES
ETAT SIGNALETIQUE ET DES SERVICES
ETAT SIGNALETIQUE ET DES SERVICES
ETAT SIGNALETIQUE ET DES SERVICES
Com
ité de rédaction
Com
ité de rédaction
Com
ité de rédaction
Com
ité de rédaction : : : :
Ida Apeloig, Simone Fenal,
Ida Apeloig, Simone Fenal,
Ida Apeloig, Simone Fenal,
Ida Apeloig, Simone Fenal,
Nadia Grobman, Simon Grobman,
Nadia Grobman, Simon Grobman,
Nadia Grobman, Simon Grobman,
Nadia Grobman, Simon Grobman,
Rose et Emile Jaraud,
Rose et Emile Jaraud,
Rose et Emile Jaraud,
Rose et Emile Jaraud,
Henri Stainber, François Szulman.
Henri Stainber, François Szulman.
Henri Stainber, François Szulman.
Henri Stainber, François Szulman.
Photos :
Photos :
Photos :
Photos :
Henri Zytnicki,
Henri Zytnicki,
Henri Zytnicki,
Henri Zytnicki,
Simone Fenal,
Simone Fenal,
Simone Fenal,
Simone Fenal,
Suzanne Grinblatas et archives.
Suzanne Grinblatas et archives.
Suzanne Grinblatas et archives.
Suzanne Grinblatas et archives.
Bulletin réalisé et im
primé au sein
Bulletin réalisé et im
primé au sein
Bulletin réalisé et im
primé au sein
Bulletin réalisé et im
primé au sein
de l'association
de l'association
de l'association
de l'association
L es derniers survivants qui ont participé à l’exaltante épopée
des Engagés Volontaires Juifs de France ont quasiment
tous disparus. Il ne reste plus parm
i nous qu’une petite
dizaine d’anciens âgés de 90 à 101 ans. Nous-mêm
es, leurs
enfants et amis, flirtons pour les plus jeunes avec les 70 ans
et nous prenons l’engagement solennel de jeter nos dernières forces
dans la bataille pour la perpétuation de la m
émoire de cette page
d’histoire occultée et oubliée.
Après
avoir déposé les
archives
de l’U
nion au Centre de
Documentation Juif Contemporain (CDJC
), M
émorial de la Shoah, un
énorm
e travail se présente devant nous et, nous aurons besoin de
l’aide de tous pour le m
ener à bien.
- Traitement et exploitation des archives.
- Collecte d'objets et documents sur l'engagement des juifs de
France pendant la guerre 39-45
Les principaux objectifs de ces actions seront :
- Une grande exposition au CDJC
, Mémorial de la Shoah, ainsi
qu’à la C
ité N
ationale de l’Histoire de l’Im
migration au Palais
de la Porte Dorée
L’engagement massif en septembre 1939 des juifs d’origine étrangère
dans
l’arm
ée française était
motivé par la défense de la Patrie
d’adoption et des valeurs émancipatrices de la R
épublique en faveur
des juifs. Pendant toute leur existence, ils ont lutté contre le racism
e,
l’antisémitism
e et la xénophobie. Ils ont milité pour une laïcité active où
l’instituteur prend le pas sur le prêtre pour transm
ettre ses valeurs. Ils
auraient été bouleversés
par les
récentes
initiatives
en matière
d’im
migration avec la chasse aux sans papiers dont ils ont également
souffert en leur temps en arrivant en France (avis d’expulsions). Ils
étaient viscéralement attachés à l’existence de l’Etat d’Israël et dans
cette année du 60 è
me anniversaire de sa renaissance, ils auraient
applaudi aux récentes initiatives de paix qui se développent au M
oyen-
Orient.
- Négociations
Israélo-Palestiniennes
(deux
états pour
deux
peuples).
- Trêve des combats à Gaza.
- Négociations avec la Syrie par l’interm
édiaire de la Turquie.
Nous leurs enfants et amis continuerons à apporter au peuple d’Israël
notre soutien m
oral et matériel pour la contribution au succès de la
paix. Nous comptons sur vous pour réaliser ensemble les projets que
nous nous sommes assignés.
François Szulman
Editorial
Sommaire
♦ Visite de la cité national de l'histoire
de l'immigration p.3
♦ Transm
ission et conservation de
nos archives p.3
♦ La 13e D.B.L.E. p. 4 - 5
♦ Tém
oignage de J. Grinblatas p.6 -7
♦ Yaël P
erl-Ruiz, arrière petite fille du
capitaine A.Dreyfus. p. 8-9-10
♦ Camarade Voisin p. 10
♦ P. Apeloig et S. Sivann p. 11
♦ A. G. 2008 p.12-13
♦ 60e ann
i.de l'Etat d
'Israël p.14 - 15 -16
♦ M. Yaèche - poème p. 17
♦ Expo objets souvenirs p. 17
♦ Paris yiddish p. 18
♦ Nos activités p. 19
♦ Réunion de bureau en Yiddish p.20
♦ Cours de Yiddish p. 20
♦ Ann
iversaire J. M
inc p. 21
♦ De Tallinn à W
ilno p. 22-23
♦ Nos peines p. 24
♦ Nos joies p. 25
♦ Inform
ations p. 26
♦ Notre site p . 27
♦ Notre soutien à Israël p. 27
27
www.com
battantvolontairejuif.org
www.com
battantvolontairejuif.org
www.com
battantvolontairejuif.org
www.com
battantvolontairejuif.org
à fin août 2008
plus de 32 000 internau
tes, à travers le monde,
ont visité nos 2 sites Internet, (français et an
glais)
E n consultant le site de
"Mémorial G
enW
eb" je me
suis aperçu que dans la
rubrique de recherche des
"Morts pour la France" ne figuraient
que trois nom
s de combattants juifs.
Aussi, je demanderais à tous ceux
de nos amis qui pendant la guerre
ont perdu un parent, déclaré "Mort
pour Ia France ", quelles que soient
les circonstances, de bien vouloir
m'envoyer la photocopie du document
attestant ce titre.
Vous pouvez envoyer vos photoco-
pies soit :
sur notre adresse électronique :
soit par courrier à l'U
EVACJ-EA
au nom
de Henri Zytnicki.
N os sites, français et anglais, sont maintenant un élément incontournable pour faire connaître l'histoire de nos anciens à
travers le monde. A la lecture des statistiques, nous sommes nous-même surpris par la diversité des pays où des
internautes qui visitent notre site.
N'hésitez pas à nous contacter si vous voulez y faire insérer un docum
ent qui vous semble susceptible d'y avoir sa place.
Après approbation du comité de lecture, votre document y sera intégré.
Notre so
utien
au peu
ple d'Israël
D ans notre circuit à travers le pays,
nous
avons
pu consta
ter
l'importance
et
le nombre des
actions « eaux et forêts » accom
plies
par le KEREN KAYEMETH LEISRAËL.Dans le
Parc NESS HARIM, représentant la délégation
française, les
27 participants du
groupe de
l'UNION, chaleureusem
ent accueillis, ont eu le
plaisir de rencontrer les délégations du KKL
venues de tous les continents célébrer le 60è`
anniversaire de l'état d'IS
RAËL. Source de vie,
l'eau, « l'or bleu », étant devenu un élément
essentiel en ISRAEL, nous
nous sommes
investis dans l'un des projets du K K L :
- le recyclage des eaux usées destinées à
l'agriculture-
Le 16 Juin dernier, nous
avons
reçu Mrs
Frédéric NORDMANN,
Michaël
BAR ZWI,
David S
HAPIRA, équipe dirigeante du K
KL à
PARIS et leur assistante Nadine GERIBI.
A cours de cette
rencontre, au
nom
de
l'UEVACJE
A et
de la FONDATION DES
ENFANTS ET AMIS, nous leur avons remis un
don de 5000€, participation pour laquelle ils
nous
ont
adressé
leurs
sincères
remerciements.
Page
Page
Page
Page
d'accueil
d'accueil
d'accueil
d'accueil
de notre
de notre
de notre
de notre
site
site
site
site
26
Adresse em
ail
Adresse em
ail
Adresse em
ail
Adresse em
ail
Veuillez nous informer de tout changement dans vos adresses emails
Veuillez nous informer de tout changement dans vos adresses emails
Veuillez nous informer de tout changement dans vos adresses emails
Veuillez nous informer de tout changement dans vos adresses emails
ou de nous les envoyer si vous venez d'en acquérir une.
ou de nous les envoyer si vous venez d'en acquérir une.
ou de nous les envoyer si vous venez d'en acquérir une.
ou de nous les envoyer si vous venez d'en acquérir une.
Nous vous rappelons que le montant de la cotisation à l'Union pour 2008 est de 40 euros
Nous vous rappelons que le montant de la cotisation à l'Union pour 2008 est de 40 euros
Nous vous rappelons que le montant de la cotisation à l'Union pour 2008 est de 40 euros
Nous vous rappelons que le montant de la cotisation à l'Union pour 2008 est de 40 euros
et que les dons donnent lieu à la délivrance d'un CERFA :
et que les dons donnent lieu à la délivrance d'un CERFA :
et que les dons donnent lieu à la délivrance d'un CERFA :
et que les dons donnent lieu à la délivrance d'un CERFA :
Merci d'avance et n'hésitez pas à faire adhérer
Merci d'avance et n'hésitez pas à faire adhérer
Merci d'avance et n'hésitez pas à faire adhérer
Merci d'avance et n'hésitez pas à faire adhérer
vos enfants, amis et connaissances. Ils seront les bienvenus et assureront ainsi la transmission
vos enfants, amis et connaissances. Ils seront les bienvenus et assureront ainsi la transmission
vos enfants, amis et connaissances. Ils seront les bienvenus et assureront ainsi la transmission
vos enfants, amis et connaissances. Ils seront les bienvenus et assureront ainsi la transmission
de l'histoire des Engagés Volontaires
de l'histoire des Engagés Volontaires
de l'histoire des Engagés Volontaires
de l'histoire des Engagés Volontaires
Pour adhérer, rien de plus simple, adressez
Pour adhérer, rien de plus simple, adressez
Pour adhérer, rien de plus simple, adressez
Pour adhérer, rien de plus simple, adressez- ---nous sur papier libre,
nous sur papier libre,
nous sur papier libre,
nous sur papier libre,
accompagné de votre chèque, vos :
accompagné de votre chèque, vos :
accompagné de votre chèque, vos :
accompagné de votre chèque, vos :
Nom
…………………………Prénom
……………………….Profession……….…………
Nom
…………………………Prénom
……………………….Profession……….…………
Nom
…………………………Prénom
……………………….Profession……….…………
Nom
…………………………Prénom
……………………….Profession……….…………
Adresse……………………………………………………………………………………………
Adresse……………………………………………………………………………………………
Adresse……………………………………………………………………………………………
Adresse……………………………………………………………………………………………
Téléphone……………………..…………….email……………………………………………
Téléphone……………………..…………….email……………………………………………
Téléphone……………………..…………….email……………………………………………
Téléphone……………………..…………….email……………………………………………
M axi LIBRATI est l’aîné d’une famille sépharade de la banlieue de Lyon.
Arrêté lors d’un contrôle, il se retrouve seul à 18 ans au Fort Montluc, puis Drancy et
Auschwitz..
"Sélectionné " pour nettoyer le ghetto de Varsovie, il échappera à la mort et c’est
après une dernière marche de Varsovie à Dachau qu’il sera libéré par les Am
éricains.
Il entamera une résurrection et une réussite hors pair, sans jamais oublier ceux qui n’ont pas eu
sa chance et dont il défend maintenant la mém
oire à Paris et à Jérusalem.
Nous avo
ns lu
145922 par M
ax Librati
Edité par Yad Vashem – Jérusalem, en français et en hébreu.
Dans la perspective d’éditer un ouvrage sur les camps du Loiret, nous rechercho
ns toutes personnes concernées par
les convois de déportés N° 2, N° 4, N°5 et N
°6, ces convois sont partis de Pithiviers et de Beaune la Rolande .N
ous
recherchons égalem
ent toutes les personnes dont la fam
ille serait concernée par le billet vert du 13 m
ai 1941.
Prière de contacter :
Association M.D.L
(Mém
oire des Dép
ortés du Loiret)
91. Rue du Cherche Midi
91. Rue du Cherche Midi
91. Rue du Cherche Midi
91. Rue du Cherche Midi
75006 Paris
75006 Paris
75006 Paris
75006 Paris
L 'attribution des cartes "Améthyste" et "Rubis" est étendue aux orphelins de guerre et aux pupilles de la
Nation dès l'âge de 60 ans sans conditions de ressources. L'assem
blée départem
entale a voté cette
mesure applicable depuis le 1 er avril 2008. Pour en bénéficier, vous devez : imprimer et com
pléter le
form
ulaire disponible sur le site internet du Conseil généra(cg94.frlamethyste), y joindre : une photo récente,
un chèque de 16 €, une copie de la carte pupille de la Nation ou orphelin de guerre, la carte délivrée par l'Office national
des anciens combattants (ONAC), (12, rue du Porte dîner à Créteil, 0143 39 71 23), ainsi qu'un justificatif d'un an de
résidence en Val-de-Marne (quittance Edf, G
df, téléphone, loyer) mais d'avril 2007
Renvoyer le tout au pôle de la Prévention et de l'Action sociale, direction de l'Action sociale départem
entale,
service des Actions sociales générales (cartes Améthyste et R
ubis).13115, rue Gustave-Eiffel, 94 011 Créteil cedex.
pour les habitants du Val de Marne
pour les habitants du Val de Marne
pour les habitants du Val de Marne
pour les habitants du Val de Marne
transports parisiens
transports parisiens
transports parisiens
transports parisiens
La possession de la carte d'Anciens Com
battants donne droit, et sur simple présentation de celle-ci à la carte
"Emeraude" donnant droit aux transports gratuits dans les bus et le métro RATP.
Informations
Informations
Informations
Informations
3
Visite de la cité nationale de l'histoire de l'immigration
Visite de la cité nationale de l'histoire de l'immigration
Visite de la cité nationale de l'histoire de l'immigration
Visite de la cité nationale de l'histoire de l'immigration
U ne délégation de
notre Union
composée de Simone
Fenal, Henri Stainber et
François Szulman a été reçu
par Fabrice Grognet chargé
de mission. A
près une visite
détaillée et commentée des
collections du Musée, nous
avons émis le vœu de
développer dans le cadre du
traitement de nos archives,
une participation à la
présentation perm
anente
de l'épopée des engagés
volontaires et anciens
combattants juifs.
Il est im
pératif que cette
histoire soit évoquée dans ce
lieu culturel à la fois
scientifique et participatif.
Ce travail de mém
oire sera
mené avec le concours du
CDJC
Mémorial de la Shoah
dépositaire de
toutes nos archives.
Une visite collective sera
organisée prochainement.
Pour l'Histoire
Pour l'Histoire
Pour l'Histoire
Pour l'Histoire
"Transmission et conservation de nos archives"
"Transmission et conservation de nos archives"
"Transmission et conservation de nos archives"
"Transmission et conservation de nos archives"
Il y a quarante ans les anciens avaient déjà conscience de l'im
portance de constituer des archives de témoignages
sur l'épopée qu'ils avaient vécu et nous trouvo
ns dans un numéro de "Notre Volonté" daté de m
ars-avril 1969, le
texte ci-dessous, ce qui nous renforce dans notre déterm
ination de continuer cette tâche m
émorielle :
P arm
i les tâches que nous nous sommes assignées, en liaison avec le 25° anniversaire de l'existence de
notre organisation, se trouve celle de la constitution d'une documentation relative aux engagements
volontaires des Juifs immigrés dans l'arm
ée française et dans la résistance au cours de la dernière
guerre. Mettre en relief leur comportem
ent courageux sur les fronts, la discrimination dont ils ont été
victimes dans les stalags, etc. La tâche est très importante,car les engagements volontaires des Juifs im
migrés
en 1939 constituent une belle page de notre histoire, qui ne doit pas rester une page blanche pour les futurs
historiens de la deuxième guerre m
ondiale. Allons-nous laisser oublier les faits d'arm
es de ceux qui se sont
battus sur tous les secteurs du front ? Allons-nous laisser oublier les souffrances et les discriminations
particulières que subirent nos camarades dans les stalags uniquement parce qu'il étaient juifs ? Laisserons
nous tomber dans l'oubli les faits de résistance en captivité et en France, les noms des décorés, etc. Notre
organisation qui durant les 25 années de son existence, avait traduit par ses réalisations l'aspiration profonde
des anciens combattants juifs ne saurait manquer à ce devoir. La tâche est évidemment rude : 30 ans se sont
écoulés depuis les engagements, beaucoup de souvenirs se sont estompés, nombreux sont les camarades qui
nous ont quittés pour toujours. mais il n'est pas trop tard. Aussi faisons-nous appel à tous nos camarades pour
qu'ils nous adressent leurs souvenirs de guerre peut importe la form
e, le style. l'essentiel, ce sont les faits.
Écrivez-nous aussi sur ceux de vos camarades qui luttaient à vos côtés et sont tombés dans le combat où sont
morts en captivité. Envoyez-nous les noms de tous ceux que votre m
émoire a retenus. P
our ceux qui ne
sauraient le faire par écrit, nous avons une perm
anence à nos bureaux 58 rue du Château d'Eau pour recueillir
les témoignages. N
ous organiserons également des réunions de camarades des mêm
es unités ou des mêm
es
stalags pour obtenir des témoignages collectifs. Nous vous demandons de nous envoyer des documents
originaux intéressants que nous vous rendrons après avoir produit des photocopies. Nous faisons appel à tous
nos camarades et amis pour nous aider dans la réalisation de cette tâche urgente et difficile.
Vous avez reçu
dernièremen
t une lettre du "Mém
orial de la Shoah
" co
ncernant
le recueil d
e photos, d
ocu
men
ts pouvant illustrer la vie de votre famille avant et
pen
dan
t la Seco
nde Guerre m
ondiale et su
rtout les papiers concernan
t l'engag
emen
t militaire de vo
s parents, que vo
us pourrez rem
ettre pen
dan
t les
journée
s portes ouvertes organ
isées au "Mém
orial" tous les m
ardis après-midi.
4
D ès
le début de m
ars 1940, les
généraux
français et anglais
décident de frapper au nord
de la Norvège.
Les
chefs
alliés
ont
bien vu que
le
manque de m
atières prem
ières constitue
le talon d’Achille de l’économie de guerre
allemande : le minerai de fer suédois
transite par les
ports
norvégiens. Mais
pendant
que
français et britanniques
discutent encore du lieu du débarquem
ent,
Hitler les
devance
en envoyant ses
propres troupes en Norvège, dès le 9 avril
1940. Etant donné le lieu et le climat, les
troupes alpines sont toutes désignées pour
cette mission.
Mais
par
une
logique
bureaucratique implacable , on associe
une unité de la Légion étrangère à la 27è
me
demi-brigade de chasseurs alpins.
Le 1
er mars, 55 officiers, 210 sous officiers
et un certain nombre de légionnaires des
régiments d’AFN ont été affectés d’office à
cette unité qui prend le nom de 13 ème
D.B.L.E. le 17 mars 1940. Ces effectifs
sont renforcés
par
des
EVDG :
¼
d’espagnols, ¼
de juifs d’origine étrangère,
soit
2 000
hommes répartis en deux
bataillons. L’âge m
oyen oscille entre 26 et
28 ans. Sous
le commandement
du
Lieutenant
Colonel
RAOUL
MAGRIN
VERNEREY, héros de la grande guerre où
il a été blessé dix sept fois. La 13è
me demi-
brigade de la L..E. était surnom
mée « la
troupe des intellectuels » tant il y avait des
juifs d’Europe de l’est bardés de diplômes,
ce qui dans les milieux légionnaires n’était
pas
un compliment.
Ils
étaient
très bons dans
l’étude,
l’application, les
calculs,
ils
étaient
détestables
dans
le
maniement d’armes, le pas
cadencé, les corvées et la
discipline,
erg
ota
nt
toujours. Les engagés juifs
sont peu sportifs, certains
mêm
e sont déjà un peu
empâtés
par
une
vie
sédentaire,
ils
auront
beaucoup de mérite et
mêm
e de courage à suivre
le
rythme
de
leurs
camarades espagnols, secs, rustiques et
aguerris par
trois
années de rudes
combats contre les Franquistes. Com
me
les
espagnols, les
juifs sont suspectés
d’avoir des sympathies pour la gauche, et
les officiers se montrèrent très rétiçents à
l’idée d’incorporer ces nouveaux venus,
qu’ils
appelaient
en
bloc
«
des
communistes ». Le Général BROTHIER,
ancien de la légion, pense que les soldats
juifs ont des qualités qui ne s’accordent
pas avec les normes de l’arm
ée française.
« En observant le com
portem
ent de nos
volontaires
juifs,
plus tard, je compris
mieux pourquoi dans l’arm
ée israélienne,
la familiarité et le débraillé vont si bien
avec
le
courage
et
une
efficacité
redoutable ». Début avril 1940, l’état major
allié décide de débarquer à N
arwick, port
au nord de la Norvège, une force de trois
bataillons britanniques de la 24
ème Brigade
des
Gardes
royaux,
deux
brigades
norvégiennes,
les
deux demi brigades
françaises (25
ème DB de Chasseurs Alpins
– 13
ème D.B.L.E.) et un détachem
ent
polonais. La ville est tenue
par
5000
allemands
des
troupes
alpines
commandées par
un spécialiste de la
guerre de montagne, le Général DIETL.
Au
matin du 13 mai, sept bâtim
ents de
guerre britanniques
bombardent pendant
vingt minutes le petit port de B
jernik, un
village de pécheurs situé
sur le rivage
enneigé
à 15 Kms de Narwick, dans le
Fjord Herjangs. «
Hurry up frenchies
! Quickly boys ! »
( Dépêchez
vous les
français ! Vite les gars ! ) Crient les marins
du «
MONARCH OF BERMUDA »
aux
légionnaires, qui descendent chargés de
leur équipem
ent, armés du nouveau fusil
tant admiré le "m
as 36", dans les
baleinières
accostées
sur les
flancs
du
navire, bientôt une file de patrouilleurs se
dirige vers le rivage, traînant derrière eux
des baleinières chargées de soldats, flotte
de
débarquement
assez
primitive
comparée à celles que l’on connaîtra par la
suite. A terre, les compagnies se déploient
pour s’emparer des hauteurs au nord et au
sud de Bjerkvik, appuyées par trois chars
légers. Leur progression
est difficile à
cause de la neige où l’on s’enfonce par
endroit jusqu’au genou. Le 2ème Bataillon
s’em
pare du camp
d’Elvegaarden, juste
derrière le village, capturant la plus grande
partie de l’antenne m
édicale allemande qui
est restée avec ses blessés. P
endant ce
temps,
deux compagnies
poussent à
travers
les
ruines de Bjerkvik
où les
allemands mènent un combat d’arrière
garde
appuyés
sur
des
nids
de
mitrailleuses efficacem
ent réglées. Les
légionnaires
découvrent
que
les
bombardem
ents
de
la
nuit
ont
tué
beaucoup plus de civils que
de soldats
ennemis. Les allemands résistent pendant
près de cinq heures avant d’abandonner le
village.
Narwick
se révèle un objectif
nettem
ent plus difficile, à la différence du
pittoresque Bjerkvik, la ville offre un morne
paysage
industriel. Des maisons d’allure
austère
sont dispersées sur les
pentes
d’une péninsule qui s’avance entre deux
profonds fjords. Une voie ferrée suit la rive
nord passant sous plusieurs
tunnels
et
s’incurvant à l’extrémité du cap avant de
se diviser dans le port en plusieurs voies
sur la rive
sud. Dans cet espace réduit
hérissé de casemates et de murs, le
commandement
allemand
a rassem
blé
4 500
hommes. Le plan allié est assez
risqué, car
il n’a
prévu
que
1 500
légionnaires et un bataillon norvégien pour
traverser l’entrée de l’étroit Fjord Rom
baks
depuis O
ijord, sur la rive Nord et parvenir
au m
ilieu des positions ennemies L’attaque
retardée plusieurs
fois a
lieu
finalem
ent
dans les
prem
ières
heures du 28 mai.
Deu
x compagnies de la Légion débarquent
et s’em
parent rapidement
de leurs
objectifs, m
ais les allemands reviennent
de leur surprise, les élém
ents alliés qui
suivent doivent subir le feu des canons de
70 m
/m et des m
itrailleuses qui tirent depuis
les tunnels ainsi que le harcèlement des
avions qui oblige les navires britanniques
porteurs de l’essentiel de l’appui d’artillerie
à se retirer. Les légionnaires sont com
me
un hom
me au bord d’un précipice, les deux
mains agrippées au parapet et
tentant de passer une
jambe
par-dessus
celui-ci.
Ils
y parviennent
cependant
en
dépit de l’extrême
difficulté
qu’ils
éprouvent
à déloger
sans appui d’artillerie les nids
de résistance placés à l’entrée
des tunnels et dans les replis
du
terrain.
Le
lieutenant
colonel
Magrin-Vernerey
se
porte
en avant,
s’approchant
souvent
à moins de trente
mètres des positions ennem
ies
et dirigeant avec panache
la
réduction
des
poches
de
La 13
e dem
i-brigad
e de la Lég
ion Étran
gère
dep
uis la bataille de Narvik jusq
u'à la victoire sur le nazisme.
par François Szu
lman
25
Nos joies
Nos joies
Nos joies
Nos joies
Sylviane, Sim
on et Nadia
ont eu le bonheur d'unir
leur fille et petite fille
Magalie à Julien Tuil
Joie partagée avec toute la famille Grobman
.
Laura, Adam et Léa
ont la jo
ie de vous annoncer
la naissance de leur petit frère
AARON
le 1er février 2008.
Nathalie et Michaël BENDAVID
les parents
Paulette et Albert STAINBER
les grands-parents
et leur fils Gilles
sont très heureux.
MAZEL TOV
Madeleine et Lew
i STERDINIAK
ont la jo
ie de vous annoncer
la naissance de leurs petits enfants
SASHA et NATHAN
nés le 14 août 2008
ils font le bonheur de leurs parents et de leurs deux grandes soeurs.
Faites nous part de vos heureux évènem
ents que nous nous ferons un plaisir d'annoncer dans nos parutions.
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Nous présentons aux heureuses familles nos vœux les plus chaleureux. Mazel Tov !
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La rénovation de nos locaux per-
met désorm
ais
de répondre avec
bonheu
r au
x multiples
dem
andes
de
nos
Adhéren
ts et Amis. : la
mise à disposition d
e notre salle
pour
des ap
rès-midi et so
irées,
pour des évènem
ents divers, anni-
versaires, rem
ises de décorations,
réunions
familiales am
icales ou
asso
ciatives, co
ntacter nos secré-
taires au 01 42 77 73 32 (de 14h à
18h, du lundi au
ven
dredi)
Mis
e à
dis
positio
n d
e n
otre local
24
Nous nous associons à la douleur
des familles attristées par les décès de :
Adam Rayski
grand résistant m
ilitant de la mém
oire
Lucien Steinberg
Président de l'U
.J.R.E.
Blanche Prager
Secrétaire générale de la C.C.E.
Ruth Goldman
épouse de notre ami A
ncien Combattant Volontaire et grand résistant Albert Goldman,
mère d'Évelyne, Jean-Jacques et Robert.
Michel Auscaler,
Hen
ri Dab
rowski
Emman
uel Mink
Emile Portnoe
Joël Sym
chowicz
Nous leurs présentons nos condoléances les plus sincères
et notre soutien le plus fraternel
Nos peines
J ules Dassin (de son vrai prénom
Julius) est
décédé à Athènes, le lundi 31 mars dernier, à l'âge
de 96 ans, des suites d'une grippe.
La dépêche a été divulguée par les médias dans
une indifférence à peine polie. U
n présentateur de
télé s'est perm
is de laisser entendre qu'il le croyait mort
depuis longtemps, un autre s'étonna naïvement du genre, qui
c'est ce « type » là ! Pour se souvenir de ce grand
réalisateur. Jules Dassin était né le 18 décembre 1911 à
Middletowm dans le Connecticut, il était l'un des huit enfants
d'un coiffeur qui avait immigré de Russie, Sam
uel D
assin et
de Berthe Vogel. La famille vivait dans Harlem
. Il étudia l'art
dramatique en Europe au milieu des années 1930. De retour
à New York, il s'engagea dans le Yiddish Théâtre.
Il adhéra au parti com
muniste dans les années 1930, qu'il
quitta après le Pacte germ
ano-soviétique à l'été 1939.
Il épousa en 1933 la violoniste hongroise Béatrice Launer
avec qui il eut deux enfants. Son fils Joe Dassin, chanteur
français célèbre et populaire, m
ort en 1980. Il eut aussi une
fille. l'actrice Julie Dassin. Dans ses extraordinaires
réalisations, on peut noter La Cité sans voiles, film noir qui
se déroule la nuit, dans les rues de New York, mais aussi
Les forbans de la nuit, Les bas-fonds de Frisco ou encore
Les démons de la liberté et N
azi agent en 1941. V
ers la fin
des années 1940, poursuivi pour des activités antiamé-
ricaines par le triste sénateur Mc Carthy, il fut dénoncé par
Edward Dmytryk, un confrère talentueux, "Donnez nous ce
jour", m
ais apeuré par les soupçons qui pesaient sur lui, il
sauva sa carrière en chargeant Jules Dassin qui fut obligé de
quitter les USA et à se réfugier à Londres, puis à Paris. Il fut
alors annoncé aux producteurs européens, que les films de
Jules Dassin ne pourraient être distribués aux USA. Sa
carrière s'arrêta. Pour autant, son engagement politique à
gauche, ne le quitta pas.
Ici, ce fut la deuxième partie de sa carrière. On ne peut
oublier le célèbre "Du rififi chez les hommes".
En m
ai 1954, il rencontra Mélina Mercouri, qu'il épousa en
1966. Troisième partie de sa carrière, en Grèce. On se
souvient du fameux "Jamais le dimanche" et la chanson "Les
enfants du Pirée", "Phœdra", "La loi", et "Topkapi "avec
l'amusant Peter Ustinov. En 1970, le couple a été accusé
d'avoir financé une tentative de renversement de la dictature
et dut quitter la Grèce suite au coup d'Etat des colonels. Les
charges furent rapidem
ent abandonnées. Après la chute des
colonels, ils rentrèrent en Grèce. et Mélina Mercouri devint
Ministre de la Culture. E
lle dem
anda le retour des marbres
du Parthénon. Jules Dassin, participa à ce combat. Il devint
après la mort de son épouse président de la Fondation
Mélina Mercouri qui travaille au rapatriement de ces marbres
en Grèce.
Français par ses enfants, grec par Mélina, il ne cessa jamais
de proclam
er qu'il se sentait profondément am
éricain, ainsi
que l'écrit, Guy Konopnicki dans Marianne.
Ida Apeloig
Jules Das
sin
5
résistance, indiquant de sa canne
les
manœuvres à exécuter. De son côté le 1e
r bataillon pousse le long de la rive
nord
tandis que
le 2è
me s’avance
pour faire la
jonction
avec les troupes polonaises qui
progressent le long de la rive
sud
du
Beisfjord. Narvick tombe dans la soirée
mais les allemands se sont repliés pas à
pas en profitant des difficultés du terrain
qui favorisent la défense. Dans les jours
qui suivent, les alliés poussent le long de la
voie ferrée et s’avancent jusqu’à
dix
kilomètres de la frontière suédoise. M
ais
les
évènem
ents survenus en France
contraignent à suspendre l’opération. Le 7
juin, la 13
ème D.B.L.E. rembarquée
se
glisse hors des Fjords vers la haute m
er et
l’Angleterre. Sept
officiers,
cinq sous-
officiers et cinquante-cinq légionnaires ont
été tués (dont 1/3 de juifs), la plupart lors
de l’attaque de N
arvik, le 28 m
ai. Com
me
pour les régiments qui ont combattu
en
France
mêm
e (21è
me,
22,ème
23ème
R.M.V.E.,
et
11ème
et
12ème R..E.I.)
l’appréciation sur le com
portem
ent de la
13ème D
.B.L.E. en N
orvège est largement
positive. Les
légionnaires
ont fourni un
effort permanent en dépit de la fatigue due
à la lum
ière du jour, quasi perm
anente. Ils
ont dû essayer sans grand
succès, de
dorm
ir sur
des
couches
faites
de
branchages et de feuillage, étalées sur les
pentes enneigés. S’en
prendre
à 4
500
allemands retranchés dans Narvik, avec
1500
légionnaires
secondés
par
un
bataillon N
orvégien n’a pas été une petite
affaire. Dans certains secteurs les combats
ont été
acharnés et les allemands n’ont
pas manqué de courage. Les légionnaires
ont eu à surmonter un certain nom
bre de
handicaps,
comme
le
mauvais
fonctionnem
ent des
postes radio
et les
retards du soutien logistique causé par les
difficultés du déchargem
ent des navires. A
la mi-juin
1940, TRENTHAM PARK en
Angleterre hébergeait un cam
p de 4 500
soldats français réfugiés de N
arvik et de
l’évacuation
de Dunkerque, parm
i eux,
1619 survivants de la 13ème D.B.L.E.
Le 1
er juillet 1940, la 13 è
me dem
i-brigade
se scinde -28 officiers et 900 légionnaires
rejoignent les F.F.L. du G
énéral de Gaulle
- 36
officiers
et
655
légionnaires
embarquent à
Bristol pour l’Afrique du
Nord
et se mettent à
la disposition du
Pouvoir
de Vichy.
Le 25 août,
après
l’inspection
par le roi George
VI,
il est
décidé que la 13ème D.B.L.E., composée de
936
officiers et légionnaires, rejoints par
des
officiers qui atteindront plus tard le
grade de G
énéral, les capitaines KOENIG
et DE LA
BOLLARDIERE, le lieutenant
SAINT-HILLIER
et
le
sous-lieutenant
MESSMER,
futur
premier
ministre,
embarquent à LIVERPOOL pour faire le
tour de l’Afrique et participer aux premiers
épisodes de l’épopée de la France libre : la
tentative
manquée de rallier DAKAR au
camp Gaulliste, la prise de LIBREVILLE
et
la campagne
d’ÉRYTHRÉE contre les
italiens de février
à avril 1941.
Le
lieutenant–colonel MAGRIN VERNEREY
qui a pris le nom de guerre de MONCLA
R
afin de protéger sa famille
restée en
France, s’empare de MASSAOUAH le 8
avril 1941, à la tête de la 13ème D.B.L.E. et
fait
prisonnier
l’Amiral
BONETTI
commandant italien de la place.
Ce
tour d’Afrique a
perm
is à
la 13
ème
D.B.L.E. de retrouver son équilibre. Mais
elle devra
faire face dans les
années
suivantes à deux sévères épreuves, l’une
morale, l’autre m
ilitaire. La crise morale se
produit au cours de la confrontation entre
légionnaires en Syrie durant l’été 1941, qui
rouvre les
blessures
de la scission de
TRENTHAM PARK.
Par
bien
des
aspects,
la
seconde
épreuve ? la lutte contre l’AFRICA KORPS
de R
ommel dans le désert de LYBIE est
infiniment plus claire. Des heurts violents
opposèrent les légionnaires qui ont rejoint
la France
libre à
ceux restés sous les
ordres de Vichy. Le 8 juin 1941, au cours
de l’offensive alliée qui se déploie depuis
Haïfa en direction de B
eyrouth, la 13
ème
D.B.L.E. et la 1è
re D
ivision française libre
marche sur DAMAS (Syrie). Le soir mêm
e des élém
ents de la « 13èm
e » se heurtent à
une unité du 6è
me R
.E.I. restée fidèle au
pouvoir de Vichy. Ainsi des légionnaires
ont tiré sur d’autres légionnaires. Selon les
term
es de l’arm
istice
signé
à St Jean
d’Acre le 14 juillet 1941, les survivants du
6ème R.E.I. qui a
perdu
le quart de ses
effectifs
au cours
de
la
campagne
Palestine, Liban, Syrie se voient offrir la
possibilité soit
d’être rapatriés
vers la
France
soit
d’être affectés à
la 13
ème
D.B.L.E.. Ils choisissent à la quasi-totalité
de rejoindre la France. Le rapatriement du
6ème É
tranger constitue donc une défaite
politique pour les gaullistes en général et
pour la 13
ème D.B.L.E. en particulier. Le
clivage
est
consom
mé, le 6èm
e R.E.I.,
retourne à la collaboration passive tandis
que
la 13
ème D.B.L.E.,
reçoit
la mission
nettement
plus
sérieuse
d’affronter
ROMMEL. La période qui s’étend
de
l’occupation de la Syrie durant l’été 1941, à
la fin de la campagne
en AFN en mai
1943,
peut
rétrosp
ectivement
être
considérée com
me l’age d’or de la 13 è
me
D.B.L.E.. E
lle combat dans le désert de
Libye, elle va gagner pour toujours une
place dans l’histoire et dans le cœ
ur des
Français à BIR H
AKEIM. Puis, jusqu’à la
victoire finale contre le nazism
e, le 8 mai
1945,
la 13
ème D.B.L.E.
participe
à la
campagne
en Sicile, et en Italie. A la
libération de la France en 1944 après le
débarquement en Provence. En
janvier
1945,
elle participe
à la bataille
de
COLM
AR, puis, elle pénètre en Allemagne.
Rapidement,
retirée
des
forces
d’occupation en mai 1945, elle est envoyée
dans le CONSTANTINOIS, à cause de la
révolte des
Algériens contre le pouvoir
colonial.
Depuis sa constitution en 1940 jusqu'à la
Victoire de 1945, la 13èm
e D.B.L.E. a perdu
la quasi-totalité de ses effectifs et a été
reconstituée
plusieurs
fois,
avec
de
nouveaux E.V.D.G.
Le com
mandant de SAIRIGNE de la 13ème
D.B.L.E., a écrit « jam
ais les français ne
comprendront
ce
qu’ils
doivent
aux
étrangers, dont de nom
breux juifs, qui se
sont battus
pour eux, avec un entrain
extraordinaire,
dans
des
conditions
incroyables ! ».
Abré
viatio
ns :
D.B.
L.E.
: De
mi B
rigad
e de
la L
égio
n Ét
rang
ère
E.V.
D.G.
:Eng
agé
Volo
ntai
re p
our l
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rée
de la
Gue
rre
L..E
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égio
n Ét
rang
ère
R.E.
I. : R
égim
ent É
trang
er d
'Infa
nter
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R.M
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e M
arch
e de
Vol
onta
ires
Étra
nger
s So
urce
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Serv
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istor
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de
l'Arm
ée d
e Te
rre
Arch
ives
de la
Lég
ion
Étra
ngèr
e Do
ugla
s Po
rch
" La
Légi
on É
trang
ère
" Ro
bert
O. P
axto
n " L
a Fr
ance
sou
s Vi
chy
" Zo
sa S
zajck
owsk
i " L
es Ju
ifs d
ans
la L
égio
n Ét
rang
ère
"
Union des Engagés Volontaires, Anciens Combattants Juifs leurs Enfants et Amis
26. rue du Renard 75004 Paris
(association loi 1901)
Téléphone : 01 42 77 73 32
fax : 01 42 77 52 59
www.combattantvolontairejuif.org
La 13e demi-brigade de la Légion Étrangère
depuis la bataille de Narvik jusqu'à la
victoire sur le nazisme.
6
N ous prenons le train pour Sidi-bel-Abbes. Nous
roulons dans la nuit glaciale, debout !…
Rien
pour s’asseoir
et pas
de
couvertures. Nous
sommes transis. Au petit m
atin, nous arrivons
totalement exténués. Notre groupe est le « 1
er Régiment
de M
arche » et nous serons hébergés et form
és par la
Légion Etrangère dont nous porterons l ‘uniform
e. Nous
sommes dirigés à pied vers le lieu de notre casernem
ent
dit « le petit quartier de la Légion » . Chaque chambrée
reçoit 27
hom
mes, soit
25 incorporés volontaires, un
caporal et un 1
ère classe légionnaires.
Après les deux premiers jours, pendant lesquels nous
nous
installons
sommairem
ent, la vraie vie
militaire
commence : Le m
atin, lever à 5h00, instruction pratique :
apprentissage du maniement des
arm
es
(dém
ontage,
nettoyage, remontage), tir, exercices de m
arche, de m
ise
en rang.
L’après-midi,
sieste obligatoire
et
cours
théoriques. La nourriture est suffisante et bonne, sauf le
matin : un bol de café et …
du boudin !
Comme chacun, je reçois m
on matricule (n° 90395), m
on
affectation est le 1R27CI3 (compagnie d’instruction 3èm
e compagnie d’infanterie ). Un numéro de secteur postal
nous est fourni, que je m
’empresse de communiquer à
ma femme. On m
e donne également deux bons. A
vec
celui destiné
au fourrier, je reçois mon
paquetage.
Comme pour mes camarades de chambrée, rien n’a été
distribué en fonction de la grandeur, de la corpulence ou
de la pointure des chaussures. T
out est usagé. Nous
faisons
des
échanges
et finissons
par être
vêtus
et
chaussés convenablement . A cela s’ajoutent matelas,
couverture, gamelle, etc..
Le deuxième bon sert pour le passage obligatoire chez le
coiffeur . La coupe n’étant pas à m
on goût, je préfère le
rasage complet afin d’éviter les
poux. Nous
avons
également droit à un viatique de 50 centim
es par jour et
2 paquets de cigarettes tous les 15 jours. N’étant pas
fumeur, je fais le bonheur de quelques camarades.
En ce qui concerne les
arm
es, ce ne
sont que des
matériel réform
és
: mitrailleuses
Hotchkiss
de 1918
rafistolées qui pèsent 50 kilos ( moi j’en fais 52 !! ), fusils
de la mêm
e année et le mêm
e rafistolage.
Le
mousqueton enfilé dans le canon, le fusil fait le double de
ma grandeur !
Le courrier de France arrive ; j’ai des nouvelles de m
a
femme et de mes enfants. Nous nous écrivons souvent.
Je m
’habitue petit à petit. Tous les jours, nous faisons
des exercices, du sport, du tir (cela n’est pas m
on fort) ,
de la m
arche à pied. Lors de nos sorties nocturnes, pour
une marche de 4 kilomètres, nous
devons
porter la
mitrailleuse qui pèse 50 kilos durant tout le parcours.
Pour les marches de 15/20 kilomètres, ce sont les mulets
qui
supportent
les
charges. Pour
les
mitrailleuses
lourdes, il y a 5 serviteurs, chacun avec un poste bien
défini. Nos fusils Lebel sont très encom
brants, nous ne
pouvons pas les manipuler. Nos supérieurs ont décidé de
nous
fournir des mousquetons
. A chaque retour de
manœuvre, nous
avons
l’obligation de
remettre nos
arm
es à l’arsenal.
La guerre
continue… Après
deux
mois,
me
voilà
sélectionné pour partir à Saïda. Cette fois, c’est un train
voyageurs. A l’arrivée, nous sommes de nouveau logés
dans des cham
brées de 27 mais, amélioration, nous
avons droit à un lit en fer ainsi qu’une table et des bancs
pour les repas. Dès la première nuit nous retrouvons des
ennem
is que
nous avons
connu
à Sidi-bel-Abbes,
impossibles
à combattre… les
punaises, et, dernière
form
alité inévitable, les 3 piqûres d’usage (fièvre jaune,
tétanos, malaria ) contrairement à certains
de mes
camarades, je les supporte très bien .
Les nuits sont glaciales, les journées torrides. C
’est à
Saïda que la vraie vie de soldat commence.
On
m’attribue des vêtements militaires
d’été légers et
toujours usagés. La discipline continue : lever à 5 heures,
ablutions, 20 m
inutes pour le petit déjeuner fait de café
noir et hélas encore l’horreur !!! ..le boudin. Ensuite 40
minutes d’exercices physiques, tir ; tous les après-midi,
sieste obligatoire ( j’en profite pour écrire à m
a fem
me
jusqu’à ce que l’infirmier me
surprenne et m’oblige à
reprendre la sieste !) et enseignem
ent théorique. Tous
les soirs revue au garde-à-vous devant son lit, coucher et
extinction des feux à 21 heures précises.
J’apprends que les Espagnols dont nous avions fait la
connaissance à Sathonay nous
cherchent.
Ils sont à
Saïda en attente de partance pour Casablanca. Ils sont
très heureux de nous revoir et nous de mêm
e.
A environ 2 kilomètres de la caserne, des autochtones
montés sur leurs ânes, nous vendent des fruits, des
petits pains, du chocolat et des boissons. Je prends du
poids, j’ai des copains avec qui je vais en ville lors de
perm
issions.(j’en ai revu certains lors de m
on retour à
Paris ; malheureusem
ent,
une partie a péri
dans les
camps de concentration ).
Nous
faisons des marches de nuit. D’abord 15
kilomètres, et puis 20, 30, et enfin 60. Tous les 15 jours
manœuvres. D
urant ces exercices, il y a 3 poses. U
ne
première de 5 m
inutes. La seconde de 10 m
inutes. La
troisième enfin, de 20 m
inutes pour nous perm
ettre de
nous
désaltérer.
Durant
ces
arrêts,
une
seule
recommandation « ne pas s’asseoir, vous ne pourrez
pas
repartir ».
Je suis mauvais tireur, mais bon
marcheur. D
urant ces sorties nocturnes, je m
e retrouve
souvent en tête de colonne à conduire les mulets qui
portent le m
atériel lourd. La vie en caserne continue. J’ai
des nouvelles de m
a fam
ille. C’est à S
aïda que nous
apprenons l’avance des arm
ées allemandes, la défaite
des troupes françaises l’entrée en guerre de Mussolini au
côté de Hitler. Nous les juifs sommes catastrophés, nous
avons très peur pour nos familles. J’apprends que je suis
désigné pour retourner à S
idi-bel-Abbes dans le G
rand
Quartier, pour recevoir des cours de perfectionnements ,
la C.I.S. « Compagnie d’Instruction Spéciale » ( au cas
où notre
régiment partirait
pour la Tunisie se battre
contre les Italiens), pour être capable de remplacer notre
chef de groupe au cas où celui-ci serait em
pêché.
Je ne suis pas tranquille. Les Allemands obligent l’arm
ée
française à
dém
obiliser tous les engagés volontaires.
C’est avec difficulté que la Légion dém
obilise.. Déjà 60%
des hom
mes composant son corps sont allemands, une
commission d’arm
istice est venue.
Les Allemands chantent des chants nazis, une partie de
ces hom
mes quittent la Légion pour rejoindre les arm
ées
hitlériennes.
S SSSuite du tém
oignag
e,
de l'engag
é vo
lontaire Jacq
ues Grinblatas
au 1
er R.M.L.E. (Sidi-Bel-Abbès)
23
d'éloges. Polyglotte il connaissait bien son affaire, et nous fit
visiter toutes les églises de Kaunas, mais aussi la m
aison
Zam
enhof le créateur juif de l'Esperanto. Suzan
ne en profite
pour chercher la rue où habitait son papa avant qu'il ne quitte
Kovno. Au dé
jeun
er, Rachel offrit gentiment son verre de vin
à Denise, et nous fîm
es la connaissance de Simon
Davidovitch, notre
guide
pour les
sites
juifs de Lituanie.
L'après midi Simon nous fit visiter le terrible Fort n°9 dans
lequel régnait un froid de Sibérie et nous nous recueillîmes
dans ce lieu où
furent massacrés des m
illiers de juifs dont la
prem
ière moitié des
hommes du convoi 73
au printemps
1944. D
anielle L. qui venait de
découvrir une photo de son
oncle
sur un pannea
u inform
atif eu du mal à
retenir une
émotion bien compréhensible et d'ailleurs partagée. Dans ce
lieu de terreur com
me dans la prison de Patarei nous eûm
es
une pensée po
ur ces hom
mes, jeun
es pour la plupart, et nous
essayâmes d'im
aginer leurs pe
nsées quand les bourreaux les
entassèrent sans ménagem
ent dans ce dédale sombre
et
glacé qui allait devenir leur tom
be com
mune.
Dans les couloirs et les cellules voûtées du fort, la jolie voix
de Danielle H., qui avait quelqu
e chose d'important à raconter
résonnait tout particulièrement, couvrant les
explications
érudites de Simon. En sortant dans un silence recueilli du fort,
nous contemplâm
es le mon
ument soviétique à la mém
oire «
des victimes du nazism
e ». S
ur le chem
in du retour nous
découvrîmes la maison
du consul du Japon
Sugihara
qui
distribua
de nombreu
x visas aux juifs pour qu'ils puissent
quitter la Lituanie alors soviétique a
vant que les nazis ne
l'envahissent. Plus
tard à
la synago
gue
de Kau
nas
nous
rencontrâm
es quelques mem
bres de la petite com
munauté,
dont un
person
nage
plein
de verve
et d'hum
our, Chaïm
Bargm
an qui parle un yiddish comme on n'en a pas entend
u depuis longtemps. Il en profita pour no
us raconter un " W
itz " :
« Savez-vous pourquoi le grand rabbin ne
parlait pas
yiddish ? Parce que le cardinal de Paris le parlait déjà ».
Le lend
emain
lundi,
le groupe
a quitté
Kau
nas
pour le
château de Trakai, château médiéval dans lequ
el ont résidé
les prem
iers rois et ducs de Lituanie. Ce châtea
u fut restauré
au 20éme siècle et se trouve sur une île. Je n'ai pas enten
du
toutes les explications du guide car mêm
e la jolie voix de
Danielle H. était couverte par le chahut des enfants
qui
passaient en vag
ues successives et bruyantes pour visiter le
château. N
ous avons m
ême découvert qu'à Trakai résident
les
derniers mem
bres de la communauté Caraïte (ou
Karaïme). Le karaïsm
e est un courant du judaïsme rejetant la
loi orale du Talmud et n'observant que les prescriptions de la
Torah, adoptant un principe de libre interprétation du texte
sacré
sans recourir à
l'autorité des
écrits rabbiniques
interprétant la Torah. Ethniquement les Caraïtes sont une
branche de K
hazars. Nous avons vu leur maison de prière
qu'ils appellent " K
enessa ". Après le dé
jeuner nous avons
continué notre route vers Vilnius, la Jérusalem du Nord et
après un tour pan
oram
ique de
la ville nous avons rejoint le
bel hôtel Conti situé à deux pas de la synago
gue et des
anciens ghettos. C
'était quartier libre et chacun a visité les
alentours à sa guise, Régine en
a m
ême profité pour racheter
des
sprats... Jojo a
pu encore admirer l'architecture, les
Lituaniennes sont si belles
! Hélène
L. cherchait
sa
cham
bre ... et du chocolat.
Mardi matin nous avons retrouvé Simon Davido
vitch
qui
connaît si bien l'histoire de Juifs baltes. Il nous a guidés au
cimetière juif qui a été créé sous le règne soviétique, puis
nous avons visité le musée juif du " G
aon " de W
ilno (Elijha
ben Salom
on). Je ne sais pas si Danielle H
. était fatiguée,
mais j'ai entendu tous les com
mentaires de Simon. Ensuite
nous avons visité les rues du
petit et du gran
d gh
etto de
Vilnius où l'on peut encore voir des vieilles devantures avec
leurs enseignes en yiddish. Ce sont les insurgés du ghetto de
Wilno qui ont composé le chant « zog nit kain m
ol... » qui est
devenu le chant de résistance de tous les combattants du
Yiddishland. L'après midi fut consacrée à la visite de la forêt
de Pon
eria qui contient de très nombreu
x monum
ents
commém
oratifs à l'emplacem
ent des fosses com
munes dans
lesquels furent massacrés les habitants du ghetto. Puis ce fut
le retour à l'hôtel avant le dîner dans la vieille ville.
Toute chose ayant une fin le jour du retour est arrivé, et tout
le m
onde s'est retrouvé à l'aéroport de Vilnius. E
t c'est là
qu'un ban
al incident de la veille s'est révélé être un m
iracle.
Peut-être est-ce le nom
bre important d'églises catholiques,
orthodoxes,
uniates,
temples
protestants,
synagogues
rescapées et m
ême « kenessa » karaïtes qui a perm
is ce
miracle. Com
me
Danielle L. lui demand
ait s'il était assez
couvert, G
eorges L. « qui ne perd jamais rien » s'est rendu
compte qu'il avait oublié une casquette et une parka à l'hôtel
Avalon à Riga, eh bien! ces objets ont été retrouvés quatre
jours
plus tard dans le car à
l'aéroport de Vilnius. Mais
comme disait le rabbin de Lublin : « ce n'est pas la tartine qui
est tombée du bon coté, c'est le shmaltz quia été tartinée du
mauvais coté », dans le cas de G
eorges, je crois que ce ne
sont pas les objets qui ont été m
iraculeusement transporté de
l'hôtel au car, m
ais Georges qui les a simplem
ent oubliés
dans le car et non à l'hôtel de Riga...
Ce voyage n'était pas un circuit touristique ordinaire. Dès le
début nous savions qu'il y aurait certes des mom
ents de
divertissement, de plaisir, de rire, m
ais nous savions aussi
qu'il y aurait des mom
ents de mém
oire plus sérieux, plus
durs, des mom
ents de recueillement et de présence dans des
lieux
d'horreur
et de
mort. Nous
le savions
et nous
l'assum
ions en connaissance de cause. Parmi
nous
beaucoup n'ont pas de lieu po
ur se recueillir sur une tom
be;
les restes de nos proches disparus sont dispersés sur un
immense territoire
qu'on
appelle le Yiddishland et notre
présence sur ces lieux répo
nd à un appel à un souh
ait des
disparus m
artyrs eux-m
êmes pour lesquels cette présence
est une revanche, ce souhait ils l'ont exprimé justem
ent dans
la dernière strophe du chant du ghetto de Wilno, et c'est le
devoir des
survivants, des
vivants
d'être près d'eux, de
reprendre
en choeur cette
stroph
e et de témoigner avec
force : « MIR ZENEN D
O ! » (en yiddish : M
ir zenen do! =
Nous sommes là! ou Nous voilà!)
Albert SZYFMAN
De Tallinn à W
ilno avec l'U
nion, mai 2008.
Vilno, forêt de Paneriu, 70 000 morts
22
Q ui connaît Tallinn, Riga, Kaunas ou Vilnius ? Qui
saurait situer ces villes sur une
carte
? Pour
avoir entendu parler des pays baltes il faut ou
bien aimer les « sprats » fumés à l'huile ou être
juif (plutôt ashkénaze) car ces pays étaient au
cœ
ur du Yiddishland. Pourtant ces pays qui en Europe sont
ceux du poisson fum
é de la Baltique et de l'am
bre bé
néfique,
et qui ont donné le jour à beaucoup de Juifs célèbres (S.M.
Eisenstein, M
. Chagall, L.L. Zamenhof, Y.Leibowitz, Rom
ain
Gary, J. Heifetz ...), ces pays m
éritent d'être mieux conn
us.
En tout cas sous l'impulsion de Suzann
e, l'Union a réalisé un
voyage dans les Capitales baltes, avec comme thèm
e : « sur
les traces de la vie et du m
artyre des juifs »
Malgré
un nombre
réduit
des
participants,
quatorze
personnes, ce voyage
fut
une
réussite sur
les
plans
technique, culturel et confort. Les déplacem
ents tant en avion
qu'en car se déroulèrent sans problème... B
on il y eut bien
deux chan
gements de car dus à un
e panne mécanique, mais
sans conséquences.
Suzann
e avait
mêm
e poussé le
professionnalisme jusqu'à réserver un taxi collectif pour l'aller-
retour R
oissy. Les hôtels furent tous de grande qualité et
situés en centre ville sur les sites à visiter, ce qui évita des
déplacem
ents inutiles et fatigants et l'intendance fut parfaite,
une autre façon de dire que l'on a bien mangé, il suffisait pour
s'en persuader
d'écouter
Régine
tenter de réprimer la
gourmandise d'Albert!
De plus tout était compris, mêm
e les boissons, eaux et bière
ou vin (blanc ou rouge) d'ailleurs Denise ne refusa jamais le
verre de vin blanc que lui donnait Rachel qu
and elle n'en
voulait pas. Ah si ! Il a manqué quelque chose, un soir vers
21 heures Hélèn
e L. a eu une grosse envie de chocolat et il
n'y en avait pas à l'hôtel...
Quant au coté touristique nous avons com
mencé par Tallinn
en Estonie où nous logions dans un hôtel de charme. N
otre
accompagn
atrice locale Tatiana nous fit découvrir la vieille
ville partagée en ville ha
ute officielle et ville basse populaire,
et qui est très jolie. Dès le premier jour nous pûm
es constater
que Jojo s'intéressait beaucoup à l'architecture... E
lles sont
vraiment belles ces Estoniennes...
La petite et récente synagogu
e de Tallinn nous a ravis par
son
architecture
de bois et de verre, ouverte
sur
l'environnement extérieur. Je n'ai pas
entendu
toutes les
explications du guide car Danielle H
. avait comme toujours
quelque chose à dire à sa voisine, et sa jolie voix, qui emplit
tout l'espace, avait couvert celle de notre hôte. Le soir nous
avons m
ême eu droit à un restaurant typiqu
e près de la place
de l'hôtel de ville... avec une danse du ventre. Plus tard à
l'hôtel Hélène L. cherchait sa chambre.
L'ém
otion nous l'avons naturellement ressentie dans la prison
humide et décrépie de Patarei qui fut l'étape finale et tragique
du voyage po
ur la moitié de ceux du convoi 73 parti de
Drancy. Devant
la plaque
rappelant leur mort
inutile
l'importance de ce voyage s'est révélée à nous avec acuité,
assurer par notre présence une continuité de témoign
ages de
notre attachem
ent à la m
émoire de nos aînés m
artyrisés par
les nazis.
Le lend
emain le car étant en panne no
us avons fait le voyag
e à
Riga
avec un car
de remplacem
ent et un nouveau
chauffeur. N
ous fûmes accueillis au magnifique hôtel Avalon
de Riga
par un défilé
de top
mod
els
présentant des
cosm
étiques, et Jojo a beaucoup adm
iré les architectures, il
n'était pas
le seul car
elles
sont vraiment belles
ces
Lettonnes... Hélène
L. a
cherché
sa cham
bre, Danielle et
Georges en ont changé. Nous avons eu le tem
ps de faire une
rapide visite de la Synago
gue qui est en pleine rénovation. La
journée suivante com
mença pa
r une visite du plus important
marché des pa
ys baltes installé dans les anciens hangars de
fabrication des dirigeables Zeppelin. Nous n'avions jam
ais vu
autant de poissons fum
és de toutes espèces réunis en un
mêm
e lieu. A
la surprise générale R
égine n'a rien acheté...
Pendant la visite de la ville je n'ai pas entendu toutes les
explications car D
anielle H
. avait comme toujours qu
elqu
e chose à dire de sa jolie voix, qui emplit tout l'espace, et a
couvert celle de notre guide. C
omme le tem
ps était couvert
Danielle L. s'assura que
Geo
rges n'avait pas
oublié son
vêtement chaud. Au cours de la visite de la ville, où nous
avons pu admirer les splendides façades « art nouveau »
dont Riga
est généreuse, en
particulier celles
de Michel
Eisenstein
le père du gran
d cinéaste Sergueï Eisenstein,
Régine a kidnap
pé une partie du groupe pour aller acheter
des sprats dans une gran
de surface.
Le lendem
ain no
us avons visité les pierres tom
bales de la
forêt de B
ikernieki et le colossal m
émorial soviétique à la
mém
oire « des victim
es du nazism
e ». Ce fut aussi l'occasion
de confronter nos mém
oires à celles des Baltes pour qui les
occupations soviétiques et nazies se confondent da
ns leurs
griefs et leur perception des pe
rsécutions, les prem
iers pour
les « déportations » forcées et brutales d'Estoniens et Lettons
(dont des
juifs)
en Sibérie, et les
seconds
pour leurs
massacres sauvages. Le soir au restaurant Lido qui sem
ble
avoir été
conçu
pour un parc Disney les hurlem
ents des
convives d'une salle voisine qui regardaient sur grand écran
un m
atch de hockey sur glace opposant Russes et Finnois,
ont mêm
e réussi à couvrir la jolie voix de D
anielle H
. qui
semble-t-il avait quelque chose à raconter à son voisin (les
russes ont gagné... ). R
égine ne finit pas sa viande m
ais
refusa de la donner à
Albert, arguant
qu'il était
trop
gourmand. Ayant récupéré notre prem
ier chauffeur avec un
nouveau car, nous partîm
es avec un peu de regret car nous
avions le sentiment de ne pas en avoir vu assez de cette
belle ville de R
iga. La visite du très beau palais de Rundalé
par un tem
ps radieux no
us consola un peu. Arrivés à Kaunas,
ex Kow
no, jumelée à la ville de G
renoble et qui fut un temps
la capitale de la Lituanie qua
nd Vilnius était en P
ologn
e et
s'appelait Wilno, nous no
us installâmes à
l'hôtel. Pendant
qu'Hélèn
e cherchait sa chambre d'autres vinrent adm
irer les
dimensions de celle de Régine et Albert. Avant le dîner nous
nous retrouvâm
es pour une promenade dans le centre de la
vieille ville. Danielle L. s'assura que
Georges s'était bien
couvert et Régine regretta que les com
merces soient fermés
pour le week-end.
Dimanche matin nous fîmes la connaissance du guide local,
un jeune Lituanien du nom
de Gediminas et qui sem
bla plaire
beaucoup
aux
dames, d'ailleurs
Danielle L. ne tarit pas
De Tallinn à W
ilno avec l'U
nion, mai 2008.
Entrée de la prison de Patarei à Talin
où une part du Convoi 73 a été anéanti
7
S SSSuite et fin du tém
oignag
e,
de l'engag
é vo
lontaire Jacq
ues Grinblatas
au 1
er R.M.L.E. (Sidi-Bel-Abbès)
L a
Coordination d
es E
nfants Juifs de France Survivan
ts d
e la S
hoah
reg
roupan
t un certain
nombre d'associations dont l'U
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arges in
dividuelles (le ch
auffag
e, les co
nso
mmations d'eau
et d'électricité).
Ces appartemen
ts peu
vent être m
is à disposition dès Jan
vier 2009.
Ma femme, mes
enfants, ma sœ
ur et son
fils
sont
évacués à Savigny sur braye ( vers Blois ). En tant que
soutien indispensable de famille, une allocation m
ilitaire
est attribuée à ma fem
me à partir du 6 mars 1940.
Je veux rester en Algérie. La Légion, elle, offre 10.000
francs de l’époque, un certificat d’hébergement ou un
certificat
de travail
si l’on
reste dans ses
rangs.
J’envisage de me déplacer à O
ran au rabbinat.. Je veux
faire venir ma fam
ille. Je sais qu’il y a du travail dans m
a
profession. Je pense qu’ici m
a famille sera plus a l’abri.
C’est alors que les lois anti-juives commencent à faire
des ravages dans les grandes villes algériennes suite à
la loi C
rémieux. J’opte pour un retour en France. Il me
faut un certificat d’hébergement et un contrat de travail,
une sœ
ur de ma femme
et son mari
se trouvant à
Montluçon en zone libre m
e procurent les documents. Je
pars pour Oran et embarque pour la France. Je loue une
chaise et fait la traversée assis. ( la m
er est calme, je ne
suis pas m
alade ) A m
on arrivée à M
arseille, il fait un
soleil radieux. Il faut que je rejoigne Clerm
ont-Ferrand
lieu de ma démobilisation. J’arrive à prendre un train
jusqu'à N
îmes. En attendant ma correspondance sur le
quai de gare, j’entends parler yiddish à côté de m
oi. Je
m’approche, ils m
e prennent pour un goy…
Je parle avec
eux, et j’apprends que Paris est occupé .J’arrive enfin à
Clerm
ont-Ferrand le 12/10/1940 Je rends m
es vêtements
militaires. O
n m
e donne un complet kaki, je récupère
tous les vêtements civils que j’avais laissé à S
idi-Bel-
Abbès. Mes
papiers de démobilisation,
mon livret
militaire et une prim
e de dém
obilisation de 200 francs
(j’ai perçu le solde de cette prim
e, 300 francs le 12
octobre 1949 )
D’après le récit de Jacques G
rinblatas dans sa 101 ème
année.
Suzanne, Michèle, et Georges Grinblatas
septembre 2008
information "Foyer logement"
information "Foyer logement"
information "Foyer logement"
information "Foyer logement"
8
Y aël Perl Ruiz a
accepté
de
répondre
à mes questions, c’est
avec son accord que
je retranscris
ses
réponses.
S.F Quels sont vos
S.F Quels sont vos
S.F Quels sont vos
S.F Quels sont vos
premiers souvenirs
premiers souvenirs
premiers souvenirs
premiers souvenirs
d’enfance
sur
d’enfance
sur
d’enfance
sur
d’enfance
sur
l’histoire
de
votre
l’histoire
de
votre
l’histoire
de
votre
l’histoire
de
votre
arrière grand père
arrière grand père
arrière grand père
arrière grand père ? ???
Yaël :
Je n’ai pas
connu mon arrière
grand-père mais ma
mère qui était l’aînée
de ses petits enfants l’a très bien connu. Elle avait 18
ans lorsqu’il est décédé en 1935.
Ma mère m’en a parlé je crois pour la première fois
lorsque je devais avoir 11/12 ans. Elle m’a donné le
livre “Cinq années de ma vie », qui venait d’être
réédité, et m’a dem
andé de le lire en m’expliquant le
calvaire qu’avait subi son grand-père.
S.F. Cela devait être à la fois très ém
ouvant et terrible
S.F. Cela devait être à la fois très ém
ouvant et terrible
S.F. Cela devait être à la fois très ém
ouvant et terrible
S.F. Cela devait être à la fois très ém
ouvant et terrible
de découvrir cette histoire
de découvrir cette histoire
de découvrir cette histoire
de découvrir cette histoire ? ???
Yaël : Oui. J’ai lu ce livre avec beaucoup d’attention et
j’ai
été
bouleversée par la
souffrance
endurée
par
cet
hom
me, et les lettres magnifiques
qu’il a échangées avec sa fem
me
Lucie durant les cinq années de
supplice passées à l’Ile du Diable.
S.FS.FS.FS.F : Savez
: Savez
: Savez
: Savez- ---vous pourquoi elle a
vous pourquoi elle a
vous pourquoi elle a
vous pourquoi elle a
attendu pour vous en parler
attendu pour vous en parler
attendu pour vous en parler
attendu pour vous en parler ? ???
Yaël : Oui, je pense qu’elle nous
trouvait trop jeunes, elle voulait
attendre que nous soyons assez
murs pour comprendre. Elle-mêm
e n’avait appris ce qui était arrivé à
son grand-père que vers l’âge de
10/11 ans, sa grand-mère Lucie le
lui avait expliqué en lui montrant
des im
ages d’Epinal.
S.F. Etait
S.F. Etait
S.F. Etait
S.F. Etait- ---ce un sujet tabou ou au
ce un sujet tabou ou au
ce un sujet tabou ou au
ce un sujet tabou ou au
contraire vous en parlait
contraire vous en parlait
contraire vous en parlait
contraire vous en parlait- ---on souvent
on souvent
on souvent
on souvent ? ???
Yaël : Cela a été durant des années un sujet tabou.
Mes parents ne parlaient pas de l’Affaire Dreyfus
devant les enfants. Nous sommes 6 frères et sœurs.
Parfois, lorsque ma mère et ses frères se réunissaient,
ils en parlaient ensemble, mais si nous arrivions, ils
changeaient de conversation.
Paradoxalem
ent, les choses ont complètem
ent changé
depuis 1994, et les célébrations du Centenaire de la
dégradation. Il y a eu beaucoup de manifestations
d’hom
mages publics où la fam
ille a été invitée, et cela
a changé les choses.
SFSFSFSF : A part le livre, “Cinq années de ma vie”, avez
: A part le livre, “Cinq années de ma vie”, avez
: A part le livre, “Cinq années de ma vie”, avez
: A part le livre, “Cinq années de ma vie”, avez- ---vous
vous
vous
vous
eu accès à d’autres documents, à des photos
eu accès à d’autres documents, à des photos
eu accès à d’autres documents, à des photos
eu accès à d’autres documents, à des photos ? ???
Y : Pas vraiment, sauf dans les musées bien sûr. J’ai vu
des photos de mon arrière grand père Alfred et de
Lucie dans les albums familiaux, mais il y en avait peu,
car toutes les archives ont été données. La famille n’a
quasiment rien gardé, ma grand-mère (Jeanne, la fille
d’Alfred Dreyfus) a donné beaucoup de documents au
Musée de Rennes dans les années 1980 (Ces archives
sont en ligne et peuvent être consultées par les
historiens). Un Musée Dreyfus devait y être crée. Puis
d’autres documents (les Carnets) ont été remis à la
Bibliothèque Nationale, et les derniers documents ont
été remis au musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme.
Ma mère a toujours pensé que l’affaire Dreyfus
appartenait définitivem
ent à l’histoire et qu’il était de
son devoir de donner tous les documents aux archives
afin qu’ils puissent être consultés.
SFSFSFSF : Vous reste t’il personnellement des documents
: Vous reste t’il personnellement des documents
: Vous reste t’il personnellement des documents
: Vous reste t’il personnellement des documents : : : :
photos et articles de presse
photos et articles de presse
photos et articles de presse
photos et articles de presse ? ???
Yaël : Très peu, juste quelques photos dont une
dédicacée par Gerschel. J’avais une très jolie bible en
ivoire héritée de ma mère dont le titre était : « Prière
d’un cœur israélite ». Sur cette bible qui appartenait à
Lucie et rem
ontait à quatre générations sont inscrits
tous ses ascendants. J’ai voulu donner cette bible au
MAHJ. Lucie et Alfred, tout en étant parfaitement
intégrés étaient très attachés au
judaïsme. Ils ont d’ailleurs été
mariés par le grand rabbin Zadoc
Kahn à la Synagogue de la rue de la
Victoire.
SFSFSFSF : Cela a dû être très difficile de
: Cela a dû être très difficile de
: Cela a dû être très difficile de
: Cela a dû être très difficile de
vous
séparer de
cette
bible à
vous
séparer de
cette
bible à
vous
séparer de
cette
bible à
vous
séparer de
cette
bible à
laquelle vous teniez tant
laquelle vous teniez tant
laquelle vous teniez tant
laquelle vous teniez tant ? ???
Yaël : Oui, bien sûr, mais j’ai voulu
par ce geste continuer dans la
lignée de ma mère et lui rendre
hom
mage, tout en faisant savoir
que Lucie était très attachée au
judaïsme.
Je tenais à ce que cela se sache car
souvent, les gens me disent que
Dreyfus
n’était pas
du tout
concerné par le judaïsme. Cela est
faux. Ils étaient bien sûr des « israélites français » mais
à cette époque ce n’était pas un terme péjoratif.
Alfred Dreyfus a aidé des œuvres juives, ses enfants
ont été élevés dans les valeurs du judaïsme, et je suis
persuadée que s’il a pu résister au calvaire qui lui a été
infligé com
me il l’a fait avec autant de dignité, c’est
grâce à son humanisme et à ses racines juives qui l’ont
sûrement aidé.
SFSFSFSF : Alfred et Lucie venaient tous les deux d’une famille
: Alfred et Lucie venaient tous les deux d’une famille
: Alfred et Lucie venaient tous les deux d’une famille
: Alfred et Lucie venaient tous les deux d’une famille
juive d’Alsace
juive d’Alsace
juive d’Alsace
juive d’Alsace ? ???
Yaël : En fait, Alfred était originaire de Mulhouse, les
Hadam
ard, la fam
ille de Lucie, étaient originaires de
Metz.
Entretien avec Yaël Perl-Ruiz,
l’arrière petite fille du cap
itaine Alfred Dreyfus.
21
Bon anniversaire M
. Jo
seph M
inc !
E ntouré de toute votre Fam
ille et de
tous vos amis, vous avez fêté vos
CENT ANS.
Nous avons partagé cette fête à vos côtés
avec émotion et fierté, car vous avez
traversé ce siècle de guerres et de
révolutions, non pas en spectateur, m
ais en
combattant. V
ous êtes resté modeste et
silencieux sur votre parcours. Dans un livre
intitulé :« l'extraordinaire histoire de ma vie
ordinaire ». Vous avez décrit les étapes
importantes de votre vie. O
r, votre vie reste
pour nous tous un exem
ple pour les
combats que vous avez m
enés. V
otre
prem
ier combat pour accéder à l'instruction
mérite notre adm
iration.
A l'âge de 10 ans vous perdez votre mère,
et vous connaissez la vie difficile des
enfants et de la population juive , sous
l'empire tsariste, dans les bourgades et
villes. Très tôt, il vous faut gagner votre vie.
Vous apprenez le m
étier de m
écanicien
dentiste. A
vec votre salaire, vous aidez
votre père à nourrir sa fam
ille.
Vous découvrez seul le plaisir de la lecture,
et vous commencez à vouloir répondre aux
questions existentielles. En 1924, vous
adhérez au parti communiste Polonais,
alors illégal ! Et vous risquiez la prison à
tout mom
ent pour vos activités politiques.
Un camarade vous encourage à préparer
un « bachot » en cours du soir.
Pendant trois ans, après votre travail à
l'atelier, vous avez étudié jusque tard dans
la nuit pour la réussite à cet examen.
Avec l'obtention de ce diplôm
e, vous
décidez de devenir dentiste. Dans votre ville
devenue polonaise, les études pour les
jeunes juifs étaient presque im
possibles
(num
érus clausus, prix des études ).
Avec quelques économies, vous décidez de
venir étudier en France, à Bordeaux.
Votre vie d'étudiant à bordeaux ne
sera pas
des plus aisées : vous continuez le m
étier
de m
écanicien dentiste en parallèle à vos
études .V
otre Com
pagne em
prisonnée en
Pologne pour son appartenance au parti
communiste, réussira à vous rejoindre à
Bordeaux. Sans papiers, elle vivra à vos
côtés les tourments réservés aux étrangers
dans l'illégalité, m
enacés d'expulsion.
1939 : à la déclaration de la guerre, avec
des milliers de juifs étrangers, vous vous
portez volontaire dans l'arm
ée Française.
On vous affecte à un bataillon Polonais
envoyé sur le front à l'est de la France.
Vous êtes fait prisonnier, puis libéré avec
les médecins polonais , et vous regagnez
Paris occupé.
1941 : premières arrestations et prem
ières
rafles. Aussitôt avec votre femme, vous
mettez en place des com
ités pour venir en
aide aux fem
mes et enfants des juifs
arrêtés.
1942 : vous reprenez vos activités
clandestines au sein du M.N.CC.R
(mouvement national contre le racisme.
A PARTIR DE 1943: création de l'U.J.R.E
(union des juifs pour la résistance et
l'entraide). A
u sein de cette organisation,
vous aviez pour tâche de sauver les enfants
juifs. V
ous deviez trouver des lieux
d'accueil, des nourrices, de veiller au bon
déroulem
ent de chaque placement et du
paiement des foyers d'accueil.
A la Libération : vous êtes chargé des
questions de l'enfance, auprès de l'U.J.R.E.
Vous avez m
is toute votre énergie pour
ramasser les fonds nécessaires pour la
création des maisons d'enfants orphelins et
l'ouverture des colonies de vacances.
Pour négocier directem
ent et plus
facilement une aide auprès du JO
INT aux
ÉTATS UNIS, c'est vous qui avez créé le
nom de C.C.E ( com
mission centrale de
l'enfance).
1948 : vous reprenez votre m
étier de
dentiste, m
ais vous continuez encore votre
action de militant .
Vous participez à la création du M.R.A.P
avec son premier Président : ANDRÉ
BLU
MEL . ( m
ouvement contre le racisme
et l'antisém
itism
e et pour la Paix, devenu
mouvement contre le racisme et pour
l'amitié entre les peuples.)
1950 : Vous devenez Président de
l'U.G.E.V.R.E (Union des engagés
volontaires et résistants d'origine
étrangère).
1952 : en pleine guerre froide avec l'U
RSS
et les pays de l'est, vous apprenez que 13
écrivains juifs sont exécutés à MOSCOU .
Vous êtes m
arqué par ces exécutions et
vous posez des questions aux instances du
P.C .F
1953 : le scandale des blouses blanches où
des médecins juifs russes sont accusés de
complot , vous refusez énergiquement
d'accepter leur culpabilité. Vous prenez leur
défense à l'intérieur m
ême du P.C.F .
En Hom
me droit et sincère vous quittez le
P.C.F .
Vous êtes pourtant resté fidèle à cet idéal
de justice, de vérité, pour un m
onde en
Paix . Avec tous vos amis, nous som
mes
heureu
x de vous souhaiter
BON ANNIVERSAIRE !.
Rose Jaraud
Je dis nuit, et je vois les roues du train qui s'arrêtent en crissant sur les rails luisants et des gueules noires béantes des
wagons s'échappent des ombres obscures qui emplissent le noir glacé effrayant du dehors
Je dis ciel, mais il n'y a plus rien exilées du vide im
mense des étoiles fuyantes dérisoires boucliers se sont réfugiées sur les
poitrines des ombres mouvantes bientôt immobiles dans la fumée âcre qui efface tout
Je dis neige, les lames glacées du froid ajoutent une souffrance indicible aux pieds chiffonnés des morts encore debout
Je dis vent, m
ais son hurlement raidit les mem
bres sans étouffer les aboiements des loups soldats et de leurs chiens
Je dis feu, et je vois les restes brûlés des corps se mêler aux pierres effondrées des rues du ghetto
Je dis m
er, et je vois nom
bres de bras d'hommes et de fem
mes survivants hagards s'agripper aux bastingages des
bateaux comme à des tramways nommés espoir
Je crie terre, et des regards encore vides se tournent vers un im
probable horizon m
asqué par les siècles et les yeux se
voilent de larm
es longtemps épuisées et se redressent les corps meurtris
Je dis sang, et une pierre rose de Jérusalem absorbe les dernières gouttes de vie d'un com
battant au bras tatoué
Je dis encre, et un lion à crinière blanche pose sa griffe sur un docum
ent couvert des caractères carrés millénaires et
qu'orne un chandelier sacré
Je dis étoile, et le ciel retrouvé l'habille de sa couleur qui efface le jaune de la honte et elle flotte sur un châle de prière
Je dis pluie.., une mort d'acier s'abat à nouveau sur des maisons de sable
Albert Szyfm
an
Yom ha'atsmaouth
Atelier d'écriture
20
R éu
nion du bureau
le 2 février 1953 so
us la présiden
ce du cam
arad
e Klajder, avec la participation des cam
arad
es Blum, H
erskowiz,
Tch
arni, Herskowiz frère, F
alinover, Haitm
an, P
fefer, Lilien
stein,
Mayer, Appel, Khon, B
eller, Salomon, P
ons, Ken
ig.
Ordre du jo
ur
1° compte ren
du de notre délég
ation à la fédération.
2° compte ren
du de notre délég
ation à l'houkas
3° perman
ence boulevard du Tem
ple et la situation au sein de l'U
nion.
4° Tombola et la colonie d'enfants.
5° compte ren
du du bal de nuit.
6° commissions
1 / le camarad
e Tch
arni donne le compte ren
du de la réu
nion de la
Féd
ération des Combattants Juifs. Une discu
ssion se développe au
tour de
ce compte ren
du, au
quel prennen
t part les camarad
es Blum, Appel,
Falinover, Herskowiz , et d'autres.
Un accord a été pris pour élire une co
mmission qui d
evra réfléch
ir à notre
position sur les problèmes de la Féd
ération. O
nt été élus les camarad
es
Appel, Klaider, S
chuster, Blum, T
charni et Dan
owski
2 / le camarad
e Blum donne un lo
ng compte ren
du sur so
n audition avec le
rapporteu
r du projet de la commission de justice du parlemen
t. Après les
échan
ges sur l'o
pinion d
e quelques cam
arad
es, le bureau
est d'accord que
l'audience a été d'une grande portée.
3 / le camarad
e Herskowiz donne un compte ren
du sur la perman
ence du 27
boulevard du Tem
ple. Il lan
ce un appel à tous les camarad
es du bureau
pour qu'ils so
ient plus actifs dan
s cette perman
ence.
4 / Blum donne un compte ren
du sur la préparation de la tombola, et lan
ce
un appel aux camarad
es. Il leu
r dem
ande d'êtres plus én
ergique dan
s la
vente des carnets afin que la tombola soit un succès.
En ce qui co
ncerne la colonie, le camarad
e Blum propose deu
x camarad
es
qui d
evront se ren
dre sur place dan
s la rég
ion de Nan
cy pour exam
iner
toutes les possibilités d'in
stallation de la colonie.
5 / il est donné un compte ren
du du bal. C'est avec joie qu'il a été constaté
malgré toutes les difficu
ltés et les problèmes dan
s lesq
uels le bal s'est
passé, le résultat est plus que satisfaisant.
Une réunion de bureau
de nos an
cien
s Traduit du yiddish par Jacq
ues et Suzanne Grinblatas
L a voix d'lEie Rosenzw
eig est entrée un jeudi au cours de Batia Baum. Elle a fait suite pour nous à la lecture de Peretz. Si le style
de Peretz est bref et très écrit, l'écriture d'Elie Rosenzw
eig est continue, comme parlée. Lorsque m
onte la voix d'Elie
Rosenzw
eig, elle paraît d'abord étrange, elle est trop proche, elle nous prend avec elle, ses répétitions et son oralité nous
mettent au centre d'un espace sonore qui tient autant du souvenir que d'une parole adressée à soi-m
ême et que toute personne
qui le lit s'adresse. E
lle im
pose l'écoute presque m
algré soi. On se surprend soudain à prendre part à des gestes et à des sentim
ents de
vie. On ne sait si on le veut. On est là devant les peurs d'un enfant juif, en qui la lecture des textes glisse dans la réalité et l'imprègne. On
voit une tram
e où l'imaginaire né des rites, des fêtes et des traditions dirige. O
n reconnaît, mais on découvre aussi, par exem
ple, la sortie
des prem
iers-nés le soir de Pessah où se marque la collision des temps, où l'événem
ent est décrit com
me récent et récurrent ; on verrait
presque l'air s'engouffrer dans les caftans. Tout décrit une vie minutieuse, une vie d'ouvrage qui travaille à donner un sens. La voix d'Elie
Rosenzw
eig se souvient. Elle ne veut pas qu'on oublie. Lui non plus ne voulait pas que se perde ce qui avait form
é sa vie, quand il écrit ces
pages en 1942. Chaque détail, chaque intonation form
ent une pulsation intérieure qui ram
ène à elle et parle à chacun de nous. Elle
demande une confiance pour se faire confidence. S
a voix chemine au-dedans de soi, son oralité exclut l'indifférence. On se dem
ande avec
elle si l'on est une vieille âme qui sait endurer ou une âm
e neuve qui fatigue d'emblée. D
ans ce m
onde, la vieille âme agit en .tém
oin. Elle
veille quand d'autres dorment, elle fait et refait les gestes anciens, coud des vêtements neufs pour Pessah, com
pte et recom
pte fils et
noeuds des nouveaux tsitsits. E
lle fait le neuf. Elle renouvelle l'ancien. Fait-elle cela pour garder le plus infim
e espoir ? La voix d'Elie
Rosenzw
eig nous tire, nous entraîne. Que veut-elle enfin ? Peut-être guetter dans la continuité qu'elle tisse le signe d'un changement.
Saralev H. Hollander
Éco
uter Elie Rosenzw
eig au cours de Yiddish
D em
ain à Jérusalem, toutes les prières nous y font rêver. Ses 7 collines sur lesquelles se dressent les maisons blanches
ou roses selon l’heure. Le mur des lamentations où tant de larmes ont coulé et coulent encore. Ces ruelles pavées
enveloppées d’un voile d’ombre, on s’y promène au gré des 3 religions. La Via Dolorosa, la mosquée d’Oman à la
coupole d’or. Tout est vert et fleuri alors que le désert prédom
ine alentour. Cette ville dégage une telle force due à son
passé, que tout nous semble possible en foulant son sol .On imagine toutes ces batailles, durant des millénaires, le sang versé
pour la reconquête. Et encore et toujours l’espoir qui la pousse à renaître de ses cendres et de ses souffrances.
Yvonne Riss
Jérusalem
...
9
SFSFSFSF : Votre éducation dépendait
: Votre éducation dépendait
: Votre éducation dépendait
: Votre éducation dépendait- ---elle des exem
ples
elle des exem
ples
elle des exem
ples
elle des exem
ples
d’honneur et de résistance qu’incarnait l’histoire de
d’honneur et de résistance qu’incarnait l’histoire de
d’honneur et de résistance qu’incarnait l’histoire de
d’honneur et de résistance qu’incarnait l’histoire de
votre grand
votre grand
votre grand
votre grand- ---père
père
père
père ? ???
Yaël : Oui, complètem
ent. Il fallait tellement être à la
hauteur de l’exemple donné par Alfred que c’était
parfois un poids, on devait lui faire honneur, bien se
comporter, on n’avait pas droit à l’erreur. M
a mère
avait une grande admiration pour son grand-père et
aussi pour sa grand-mère Lucie qu’elle adorait.
S.FS.FS.FS.F : Ça ne devait pas être facile
: Ça ne devait pas être facile
: Ça ne devait pas être facile
: Ça ne devait pas être facile
d’avoir constam
ment cet exem
ple
d’avoir constam
ment cet exem
ple
d’avoir constam
ment cet exem
ple
d’avoir constam
ment cet exem
ple
comme modèle. Avez vous vécu ce
comme modèle. Avez vous vécu ce
comme modèle. Avez vous vécu ce
comme modèle. Avez vous vécu ce
phénom
ène de rejet qu’on rencontre
phénom
ène de rejet qu’on rencontre
phénom
ène de rejet qu’on rencontre
phénom
ène de rejet qu’on rencontre
parfois dans les familles juives où
parfois dans les familles juives où
parfois dans les familles juives où
parfois dans les familles juives où
l’on veut transmettre une histoire
l’on veut transmettre une histoire
l’on veut transmettre une histoire
l’on veut transmettre une histoire
pas toujours acceptée par
les
pas toujours acceptée par
les
pas toujours acceptée par
les
pas toujours acceptée par
les
enfants.
enfants.
enfants.
enfants.
Yael : Sans doute un peu lors de mon
adolescence. En ce qui concerne mes
enfants, je pense qu’ils se sentent
concernés mais que c’est quelque
chose de très personnel pour eux, et
sans doute ils préfèreraient que ce
soit moins médiatisé.
S.FS.FS.FS.F : C’est peut être aussi une sorte
: C’est peut être aussi une sorte
: C’est peut être aussi une sorte
: C’est peut être aussi une sorte
de culpabilité, supporter l’histoire des
de culpabilité, supporter l’histoire des
de culpabilité, supporter l’histoire des
de culpabilité, supporter l’histoire des
parents ce n’est pas évident lorsqu’on est jeune.
parents ce n’est pas évident lorsqu’on est jeune.
parents ce n’est pas évident lorsqu’on est jeune.
parents ce n’est pas évident lorsqu’on est jeune.
Yäel : Sans doute, mais je voulais quand mêm
e leur
transmettre
notre histoire, je pensais qu’en
grandissant, ils com
prendraient mieux. Je pense que
l’on doit connaître ses racines pour devenir adulte.
S.FS.FS.FS.F : Maintenant, avec le recul, est ce que le poids de
: Maintenant, avec le recul, est ce que le poids de
: Maintenant, avec le recul, est ce que le poids de
: Maintenant, avec le recul, est ce que le poids de
votre histoire familiale a modelé votre vie d’adulte avec
votre histoire familiale a modelé votre vie d’adulte avec
votre histoire familiale a modelé votre vie d’adulte avec
votre histoire familiale a modelé votre vie d’adulte avec
cet exem
ple à suivre en permanence
cet exem
ple à suivre en permanence
cet exem
ple à suivre en permanence
cet exem
ple à suivre en permanence ? ???
Yaël :
J’essaie toujours d’appliquer les
principes
moraux qui m
’ont été inculqués.
SFSFSFSF : Parlez
: Parlez
: Parlez
: Parlez- ---vous souvent de l’Affaire Dreyfus autour de
vous souvent de l’Affaire Dreyfus autour de
vous souvent de l’Affaire Dreyfus autour de
vous souvent de l’Affaire Dreyfus autour de
vous
vous
vous
vous ? Quelle est la réaction des gens lorsque vous
? Quelle est la réaction des gens lorsque vous
? Quelle est la réaction des gens lorsque vous
? Quelle est la réaction des gens lorsque vous
évoquez l’histoire de votre famille
évoquez l’histoire de votre famille
évoquez l’histoire de votre famille
évoquez l’histoire de votre famille ? ???
Yaël : J’ai eu la chance d’accom
pagner ma mère à des
colloques très intéressants, dont l’un à l’Université du
Mont Scopus à Jérusalem et un à Columbia University
à New York.
Je me suis rendue compte de tous les sujets qui
pouvaient être abordés autour de l’Affaire Dreyfus.
Aujourd’hui mes enfants sont grands, j’ai un peu plus
de temps, et j’essaie d’être active plutôt sur un plan
pédagogique. Je veux dire que je participe à des
conférences dans des universités ou des écoles, où je
peux discuter avec des jeunes et susciter des débats à
partir de l’Affaire. On peut faire un travail pédagogique
très important à partir de ce support, afin que de tels
drames ne se reproduisent pas.
On peut susciter des débats
sur la justice, la
république, la dém
ocratie, mais aussi l’antisémitisme,
le racisme, et la presse … souvenons-nous qu’une
grande partie de la presse a été abom
inable pendant
l’Affaire Dreyfus ! et enfin sur quelque chose qui me
tient à cœ
ur qui est l’engagement.. J’aime rappeler aux
jeunes le courage d’Emile Zola qui n’a pas hésité à
intervenir pour sauver un innocent…
Aux Etats-Unis, la Fondation Beitler a été chargée par
Bill Clinton d’enseigner l’Affaire Dreyfus aux Cadets de
West Point, et ils viennent d’organiser également une
exposition à Annapolis . Vous voyez, mêm
e aux Etats-
Unis maintenant, on enseigne cette affaire aux futurs
cadres
de
l’armée afin de
les
sensibiliser à l’antisémitisme et au
racisme.
Toujours dans cette mêm
e optique, je
suis allée récemment introduire une
conférence sur l’Affaire Dreyfus et
l’antisémitisme
contemporain
à l’Université de Pennsylvannie.
SFSFSFSF : Judaïsme, sionisme, pour vous
: Judaïsme, sionisme, pour vous
: Judaïsme, sionisme, pour vous
: Judaïsme, sionisme, pour vous
existe
existe
existe
existe- ---t ttt- ---il un rapport
il un rapport
il un rapport
il un rapport ? ???
Y : Oui bien sur le judaïsm
e est la
religion des juifs et le sionisme est un
mouvement
dont
l’objet
fut
la
constitution d’un état juif en Palestine.
Et il est vrai que c’est au cours de
l’Affaire Dreyfus que Théodore Hertzl
a écrit « l’Etat Juif » (1896) celle-ci
devenant ainsi l’un des élém
ents déterminants du
sionisme politique.
SFSFSFSF : Que pensez
: Que pensez
: Que pensez
: Que pensez- ---vous de l’antisionisme
vous de l’antisionisme
vous de l’antisionisme
vous de l’antisionisme ? ???
Je suis tout à fait d’accord avec ce que disait Martin
Luther King il y a déjà de nom
breuses années, dans sa
« lettre à un ami antisioniste »:
« …antisioniste
signifie
de
manière
inhérente
antisémite, et il en sera toujours ainsi. »
Et aujourd’hui encore cette phrase reste d’actualité.
Je suis très attachée à l’Etat d’Israël. Je m’y rends au
minimum deux fois par an, et je me sens très
concernée par tout ce qui s’y passe. Pendant les
évènem
ents de Jenine et pendant la deuxièm
e guerre
du Liban, j’ai ressenti le besoin d’aller effectuer des
volontariats, afin d’apporter mon soutien.
Je suis toujours très choquée lorsque l’Etat Israel est
attaqué injustem
ent et par l’attitude partisane de
certains médias envers le conflit israélo-palestinien.
C’est pourquoi lorsque j’interviens auprès des jeunes,
je leur rappelle l’im
portance qu’il y a à conserver son
libre arbitre et à s’engager pour des causes qui nous
semblent justes.
S.FS.FS.FS.F : Vous sentez vous différente parce que vous êtes
: Vous sentez vous différente parce que vous êtes
: Vous sentez vous différente parce que vous êtes
: Vous sentez vous différente parce que vous êtes
un symbole
un symbole
un symbole
un symbole ? ???
Yaël : Non je ne me sens pas différente, ce serait bien
prétentieux de ma part. Chacun à son histoire, celle de
mon arrière grand-père est héroïque mais je n’y suis
pour rien. Je suis consciente d’être un symbole
lorsque je vais à des conférences parler de l’affaire
Dreyfus, participer à des cérém
onies ou introduire une
pièce de théâtre.
Entretien avec Yaël Perl-Ruiz,
l’arrière petite fille du cap
itaine Alfred Dreyfus.
10
S amedi 5 avril, nous avons passé en votre compagnie, une après midi à la
fois chaleureuse et passionnante.
Notre Union avait organisé cette rencontre à l'occasion de la parution de
votre livre : camarade Voisin.
Avec cet ouvrage de près de quatre cents pages, notre ami Raphaël
Konopnicki, alias Edouard Voisin (votre nom dans la résistance), nous fait partager
sa vie depuis son arrivée à Strasbourg, jeune enfant. Vous avez évoqué pour nous,
avec clarté, simplicité et une grande précision le récit de votre combat dans la
résistance à Nice.
Nous avons suivi avec grand intérêt toutes vos péripéties émouvantes de résistant !
Ce récit, nous a perm
is de m
esurer votre grand courage, votre sang froid, sans
oublier de m
entionner la participation de votre épouse à vos côtés. Pendant près de
60 ans, la lutte des Engagés volontaires étrangers, dans l'arm
ée et la résistance a
été occultée, ignorée !Votre livre restera un précieux témoignage pour nous, nos
enfants et petits enfants.
Ils seront fiers de leurs « grands-parents » combattants courageux et audacieux.
A la suite de votre intervention, une partie artistique est venue compléter cette après midi.
Notre ami G
érard Grobman, avec ses récits, nous rappelle avec humour et drôlerie l'accent de nos parents, que
nous aimons tant réentendre !
Quel plaisir pour toute l'assistance de rire aux larm
es et tout particulièrement pour ceux qui le découvraient
pour la première fois ! Gérard Grobman chante et interprète des
mélodies
anciennes
savoureuses,
accom
pagné par un brillant accordéoniste.
Vous avez clos cette rencontre en dédicaçant votre livre pour chacun de nous !
Votre œuvre prend toute sa place dans l'immense travail de m
émoire retraçant l'engagement des juifs dans tous
les combats pour la liberté.
Rose Jaraud
Merci "Camarade Voisin"
Entretien avec Yaël Perl-Ruiz,
l’arrière petite fille du cap
itaine Alfred Dreyfus.
S.FS.FS.FS.F : Par ailleurs, pensez vous que si l’affaire Dreyfus
: Par ailleurs, pensez vous que si l’affaire Dreyfus
: Par ailleurs, pensez vous que si l’affaire Dreyfus
: Par ailleurs, pensez vous que si l’affaire Dreyfus
n’avait pas existé, l’antisémitisme en France eut été
n’avait pas existé, l’antisémitisme en France eut été
n’avait pas existé, l’antisémitisme en France eut été
n’avait pas existé, l’antisémitisme en France eut été
différent dans les années qui ont suivi et que le rapport
différent dans les années qui ont suivi et que le rapport
différent dans les années qui ont suivi et que le rapport
différent dans les années qui ont suivi et que le rapport
avec la Shoah et la collaboration de Vichy aurait été
avec la Shoah et la collaboration de Vichy aurait été
avec la Shoah et la collaboration de Vichy aurait été
avec la Shoah et la collaboration de Vichy aurait été
d’une autre nature
d’une autre nature
d’une autre nature
d’une autre nature ? ???
Yaël : Question difficile, je pense que si l’affaire
Dreyfus à existé c’est parce qu’il y avait un climat
antisémite épouvantable à cette époque,
sans cela, l’affaire n’aurait pas pu se
développer
sous
cette
forme.
On
commençait à accepter les juifs au sein de
l’état major mais ça ne plaisait pas à tout le
monde. Il y avait un traître dans l’armée et
il fallait qu’il soit juif pour l’Etat Major!
Pour en revenir à la question, je pense que
l’affaire Dreyfus a pu être un des nom
breux
facteurs menant à la collaboration du
gouvernem
ent de Vichy avec les allemands.
Et paradoxalem
ent, on lit dans le livre écrit
par Simon Epstein sur les dreyfusards
pendant
Vichy
qu’une
partie
des
défenseurs de Dreyfus qui avaient 20 ans
en 1898, se sont ralliés au pétainisme ou à
la collaboration raciste et pronazie. C’est très étrange.
S.FS.FS.FS.F : Y avait il d’autres juifs dans l’armée
: Y avait il d’autres juifs dans l’armée
: Y avait il d’autres juifs dans l’armée
: Y avait il d’autres juifs dans l’armée ? ???
Yaël : Oui, d’ailleurs l’un d’eux, le Capitaine Mayer a été
tué en duel par le Marquis de Mores, collaborateur du
journal antisémite « La Libre Parole ».
S.FS.FS.FS.F : Je pense qu’il y avait un antisémitisme de classe.
: Je pense qu’il y avait un antisémitisme de classe.
: Je pense qu’il y avait un antisémitisme de classe.
: Je pense qu’il y avait un antisémitisme de classe.
Yaël : Oui, égalem
ent. D’ailleurs la gauche a mis du
temps à s’engager pour Dreyfus parce qu’il était d’une
classe sociale aisée.
S.FS.FS.FS.F : Sans doute aussi parce qu’il s’agissait de juifs
: Sans doute aussi parce qu’il s’agissait de juifs
: Sans doute aussi parce qu’il s’agissait de juifs
: Sans doute aussi parce qu’il s’agissait de juifs
d’Alsace de vieille souche riches et éduqués
d’Alsace de vieille souche riches et éduqués
d’Alsace de vieille souche riches et éduqués
d’Alsace de vieille souche riches et éduqués ? ???
Yaël : Bien sur, mais il ne faut pas oublier que les juifs
d’Alsace ont souvent commencé com
me colporteurs.
C’est le cas
de
l’arrièrre
grand-père
d’Alfred !
S.FS.FS.FS.F : Vous m’avez parlé d’un musée Zola
: Vous m’avez parlé d’un musée Zola
: Vous m’avez parlé d’un musée Zola
: Vous m’avez parlé d’un musée Zola
Dreyfus en cours de réalisation à Médan
Dreyfus en cours de réalisation à Médan
Dreyfus en cours de réalisation à Médan
Dreyfus en cours de réalisation à Médan ? ???
Yaël : Oui, c’est un très beau projet. Cela
s’appelle Maison Zola/ Musée Dreyfus.
Avec Martine Le Blond-Zola, l’arrière petite
fille de Zola ( Nous avons d’ailleurs la
mêm
e filiation par nos mères ) nous nous
rencontrons souvent et nous sommes
particulièrement heureuses que ce musée
voit le jour. C’est un projet de Pierre
Bergé. Elie Wiesel est
le Président
d’honneur du Com
ité de soutien. Ce sera
un lieu de mém
oire et d’enseignem
ents,
un musée
vivant contre
l’injustice
et
l’intolérance.
S.FS.FS.FS.F :Je vous remercie chaleureusement d’avoir bien
:Je vous remercie chaleureusement d’avoir bien
:Je vous remercie chaleureusement d’avoir bien
:Je vous remercie chaleureusement d’avoir bien
voulu m’accorder cet
entretien particulièrement
voulu m’accorder cet
entretien particulièrement
voulu m’accorder cet
entretien particulièrement
voulu m’accorder cet
entretien particulièrement
intéressant et émouvant sur l’histoire de votre arrière
intéressant et émouvant sur l’histoire de votre arrière
intéressant et émouvant sur l’histoire de votre arrière
intéressant et émouvant sur l’histoire de votre arrière
grand
grand
grand
grand- ---père.
père.
père.
père.
Simone Fenal
Simone Fenal
Simone Fenal
Simone Fenal
19
Nos activités
M aintenir une activité physique, profession-
nelle, amoureuse, amicale, d
e recherche et de
voyage, jusqu'au dernier jour, idéal !
Mais rarement sur comman
de. Alors si les
cartes ne vous rebutent pas, apprenez le bridge à tout
âge.
Si vo
us n'y comprenez rien, cela fait passer un après-
midi, m
ais si vo
us saisissez les possibilités de réaliser
un bon coup alors cela sera aussi jouissif que tout ce
que vous avez connu de bon et d'agréable dans votre
existence. Ne tardez pas trop pour vo
tre enseignan
t il
n'est pas jeu
ne, sauf de caractère, peu
t-être.
Estier Jules
01 42 30 00 32
La Chorale M
it a Tam
L e dim
anch
e 22
juin, d
evant un public
nombreux, notre ch
orale M
it à Tam
sous
la direction de Carine Gutlerner,
acco
mpag
née par Liviu Bad
iu, v
iolon et
Vad
im Sher, piano a donné dan
s notre loca
l, so
n
concert de fin de saiso
n.
Ce fut un rav
issem
ent de tous nos sens et un
bonheu
r partagé et amplifié par la hau
te m
usicalité
de l'ensemble.
Le public a apprécié le programme divers et coloré
et ovationné la chorale qui a terminé par deu
x bis.
L'Atelier de peinture
Annie et Laurent F. (portait par Jacques Feigenbaum
)
E n clôture de la saison 2007—2008, les
participants de l'Atelier d'art ont organisé une
journée porte ouverte au cours de laquelle ils
ont montré leur travail de l'année. De nombreux
visiteurs se sont précipités au local le mardi 10 juin pour
admirer les œuvres de grande qualité accrochées aux
cimaises.
À l'unanimité ils ont constaté les progrès phénom
énaux que
les artistes ont accom
pli et goûté une thématique
diversifiée et des talents allant de l'abstraction géom
étrique
à l'hyperréalisme.
Avant la fin de cette année une grande vente au plus
offrant sera organisée au profit de notre Union.
Nous vous espérons nombreux et généreux.
Le bridge
1948 - 2008, la 60
e cérémonie à la gloire des soldats juifs
morts pour la France a eu lieu le dim
anche 1
er ju
in 2008
Devant le m
onument aux m
orts érigé au cim
etière
de B
agneux-parisien sous lequel
reposent 66 héro
s choisis symboliquement parm
i des m
illiers d'autres.
Prochainement numéro spécial de "Notre volonté"
18
Toujours appréciées, les sorties de Paris de Sim
on et Nad
ia
Des places Saint-Gervais et H
ôtel de Ville dans l'une des plus belles salles de l'Hôtel de Ville de Paris
" Paris en couleurs "
des frères Lum
ière à Martin Paar (1907—2007)
A deux pas des quais, l'orm
e légendaire de Saint-Gervais et la Place de l^Hôtel de Ville, ancienne place de Grève,
dont chacune des rues, chacun des pavés gardent l'empreinte des évènem
ents les plus marquants de l'histoire de
Paris. Pour rendre hommage à notre ville, Virginie Chardin, en une rétrospective du siècle écoulé a m
is en place
cette exposition sous form
e de 300 des plus beaux clichés qu'elle a m
inutieusement choisis, essentiellement parm
i les 5900
des fonds d'Albert Kahn et ceux des génies de la photo en France et dans le monde qui ont travaillé Paris en couleurs.
Nous, les fans de la capitale, nous n'avons pu rester insensibles à ce magnifique appel et c'est madame M
arteau, notre
guide conférencière préférée qui a guidé et commenté l'exposition. Puis en fin de sortie, puisque nous étions tout près du
26, rue du Renard, nous nous y sommes retrouvés et avons bu ensem
ble au dixième anniversaire de nos sorties de Paris !
Nadia Grobm
an
Paris, ville d'amour
J'ai laissé mon coeur à la traîne
Dans les bosq
uets du Cours-la-R
eine
Je ne vous reverrai jamais
Fleurir marronniers que j'aim
ais
Je pars et je vous abandonne
Longs quais de pierre sans personne
Veillant sur le fleuve profond
Où les désespérés s'en vont
Louis Aragon, Le Rom
an inachevé,
A P
ar
is
Dep
uis qu
'à Paris, o
n a pris la Bastille,
Dan
s chaq
ue fa
ubou
rg, à
cha
que carrefou
r, Il y a de
s ga
rs et il y a des filles
Qui sur les pa
vés, san
s arrêt, nu
it et jour,
Font des to
urs, et d
es to
urs
A P
ar
is
Francis
Lemarque
Paris qui chante, en yiddish
La Seine a rencontré Paris
C’est pas un fleuve la Seine
C’est l’am
our en personne
C’est ma petite rivière à moi
Mon petit point du jour
Mon petit tour du monde
Les vacances de ma vie.
Et le Louvre et les Tuileries
La Tour Eiffel, la tour pointue,
Et Notre Dam
e, et l’O
bélisque,
La gare de Lyon et d’Austerlitz
Ce sont m
es châteaux de la Loire.
La Seine
C’est ma Rivière,
Et moi, je suis son vrai touriste…
Jacques Prévert —
Choses et autres
Traduit et manuscript par Nadia Grobm
an
11
Sylvie Sivann, lauréate du prix Ydl K
orm
an 2008
K houchere Frajnd,
Ir vet mir entchuldiken, as ir gib nicht up kouvet,
unzere liebe Sylvie, oïf Yiddish, m
ein tate hot
fargessen mir tsou einschrajben in cheder, s'felt
mir verter, …
pour présenter Sylvie Sivann, lauréate du
prix YDL KORMAN. C’est pour moi un grand honneur et je
vais essayer avec beaucoup d’émotion de vous parler du
travail de Sylvie.
Née à Bruxelles, dans une famille où la musique est
présente au quotidien, ses dons pour le chant s’éveillent
très tôt.
Après ses études de chant lyrique à l’académie Rubin de
Jérusalem où elle obtient un 1
er prix, elle suit des cours de
sciences de l’éducation à l’Université de Jérusalem.
Passionnée par les relations qui existent entre la voix,
l’éducation, la thérapie, elle obtiendra son diplôme de
musicothérapie à la Sorbonne.
Sylvie étudie également le théâtre, attirée par les liens du
chant et de la dramaturgie. Elle m
et son talent de soprano
au service du théâtre m
usical. Elle travaille dans diverses
compagnies à Paris "Musicomédiens, la Péniche Opéra et
à Bruxelles,le Porello, etcréée sa propre com
pagnie
Capharnaüm avec Gérard Grobman, ils montent
ensemble divers spectacles : "Café-m
oka" one women
show autour des années 30, "Sam et Léa" drame autour
des lieder de Schuman. De nom
breux caf’conc’ autour de
thématiques variés allant de Shakespeare à W
oody Allen.
Plutôt que par la virtuosité, la voix de Sylvie Sivan brille
par le naturel, l’homogénéité des registres, la ferm
eté du
son, la beauté du tim
bre.
C’est dans la recherche des courbes de la voix qu’elle
trouve une form
e d’âme et d’émerveillement. Son
investissement dramatique et m
usical est sans faille :
enchaînem
ent im
peccable de la parole et du chant. Un
immense réservoir de rêves l’habite, et elle nous restitue
avec sa voix
moelleuse,
pleine de
douceur, ces
mélodies qui
viennent du
Shtetel et qui
illustrent si bien
cette culture
yiddish qu’il
faut préserver
de l’oubli et de
la mort.
Sylvie est en
prise directe avec les traditions ancestrales du judaïsme.
Nous retrouvons dans ses interprétations une musicalité à
toute épreuve, grâce au soutien de sa guitare.
Avec un plaisir com
municatif de chanter, elle nous dévoile
tout le charm
e des plaisirs et des petits malheurs de la vie
quotidienne. Telle un peintre, elle nous enchante avec des
sensations de belle et chaude lumière.
Sylvie Sivan nous restitue avec une sincérité totale, les
couleurs, les sons, les parfum
s et la richesse du yiddish
land détruit à jamais par la barbarie nazie.
Elle feuillette pour nous ce fantastique album de souvenirs
avec délice, nostalgie et larm
es.
François Szulman
N. G
.
L ’Espace Topographique de l’Art à Paris a présenté le travail du graphiste
Philippe Apeloig (fils de nos amis Ida et Marcel Apeloig) durant le trim
estre
dernier. N
ous avons pu adm
irer un ensemble de 30 affiches et une vidéo :
travaux développés depuis une vingtaine d’années. Nous pouvons aujourd’hui et
à juste titre nous interroger sur la pauvreté inquiétante de la création publicitaire
contemporaine. Les recherches de Philippe Apeloig donnent l’amorce d’une réponse.
Créateur de caractères typographiques, son approche conceptuelle, ses jeux graphiques
purs et élégants, nous font partager sa passion pour les lettres. Il accorde le trait au sujet
commandé et transmet des messages dont la beauté plastique le dispute à la précision.
Philippe associe les mots et les form
es pour transmettre simplement une idée qui trouve
son écho dans l’im
aginaire collectif. Il est actuellement l’un des plus importants graphistes
du m
onde. Il travaille pour les plus grandes institutions nationales et internationales. Il joue
et utilise avec
brio une géom
étrie fractionnée, des superpositions de trames et des
couleurs primaires et complém
entaires. Cette typographie stricte et rigoureuse provoque
une incontestable jubilation La cohérence de son style rythm
e l’espace de ses images qui
deviennent
grâce à l’émotion qu’elles
dégagent, un
merveilleux
instrument de
communication.
François Szulman
Philippe Apeloïg "Vivo in
Typ
o"
12
L e 7 janvier 2008, dans le local de
l'Union Monsieur Jacques Grinblatas,
ouvre la séance à 15 h, comme le veut
la coutume, c’est en Yiddish que notre
doyen d’age, qui vient de fêter ses 100 ans,
souhaite la bienvenue à l’assistance. A la
tribune siégeaient les membres de la direction
sous
la présidence d'Ida Apeloig qui salue
Monsieur
Jean-Luc
Landier
représentant la
FMS, Monsieur Jacques
Fredj directeur du
Mémorial de la Shoah et Monsieur Michel
Stulszaft représentant les Amis de la C
CE. La
parole est donnée à M
onsieur Simon Grobm
an,
président délégué sortant qui rappelle la date
de l'intégration de « l’Association des Enfants
et Amis »
au
sein de
l’Union le 25 octobre
1992, Il
y a donc
16 ans
que l’U
EVACJ
devenait l’U
EVACJE
A. Cette fusion assurait la
continuité de l’Association. A partir de ce
moment nous
avons
assumé toutes
les
responsabilités telle la vente des Lauriers roses
de Levens menée à bonne fin après 20 mois
d’âpres négociations.
En l’absence de notre
président d'honneur
Joseph Okonowski, Ida fait lecture du m
essage
d’amitié et de reconnaissance qu’il adresse au
Bureau,
il nous
fait
part de son
entière
confiance, et de sa pleine satisfaction quant à
la bonne gestion de l’U
EVACJE
A . P
uis une
minute de
silence est observée en mémoire
des adhérents décédés au cours de
l’année
écoulée. Henri Stainber, secrétaire
général
développe le rapport moral,
approuvé à
l'unanimité. Paul Ejchenrand, trésorier, rend
compte du rapport financier et expose les
comptes de l'année qui obtiennent le quitus à
l’unanimité. Pour la commission
du Dernier
devoir, François Szulman, président-délégué
sortant, rapporte la bonne m
arche de celle-ci
au niveau de l'entretien et de la préservation de
toutes
les
sépultures.
Puis
il remet
solennellement
les
médailles
d'honneur
à Lucien Bura, Gilles Mittelman et Paul Roche
nos dévoués porte-drapeaux de l'Union.
Rose et
Emile Jaraud,
Nadia Grobman,
rapportent
avec
beaucoup de détails les
nombreuses activités de notre Union.
La présidente de séance appelle les présents à
élire le nouveau comité directeur, tous
les
sortants sont réélus à l'unanimité.
Monsieur Michel Stulszaft de l’AACCE, salue
l'assemblée au nom
de son association.
Monsieur Jacques Fredj, directeur du CDJC
, Mémorial de la Shoah
prend
la parole, ci-
dessous quelques extraits de son allocution :
Assemblée générale de l'année 200
8
17
Nacht und nebel
poêm
e de Michel Yaèch
e
C laude UNGAR a recherché parm
i les Enfants Cachés, ceux d’entre eux qui, comme lui, avaient en sa
possession, « l’objet » fabriqué par un père, un frère, un fiancé, dans les ateliers de Pithiviers et B
eaune la
Rolande, en 1941-1942, peu avant leur déportation pour Auschwitz. Exposés sous vitrines, une centaine de
ces petits chefs d’œuvre, précieusement conservés, ces ultimes messages d’amour ont fait l’objet d’une exposition
au Mémorial de la Shoah. Les photos prises au cours des activités mises en place par nos pères, premières victimes
du « billet vert », témoignent de leur vitalité, de leur jeunesse et de cette espérance chevillée au cœur qui les
animait encore de pouvoir un jour retrouver les leurs. En accord avec Karen TAIEB, c’est dans le cadre de nos
« sorties de Paris » que Claude UNGAR, initiateur du projet, a guidé et commenté cette exposition. Après cette découverte,
ravivées, les images du passé affluent, retrouvent le fil des souvenirs, la m
émoire de ce passé, que Denise veut évoquer pour
pouvoir rappeler la mémoire de son père, de l’espoir qui émanait dans ses dernières lettres et du lit de poupée qu’il avait fabriqué
pour elle. Denise Piernikarz témoigne : "De participer aux sorties organisées par Nadia et Simon c’est toujours un plaisir car elles
sont intéressantes et on se retrouve entre amis. Jeudi 21 février ce fut la visite de l’exposition des objets des camps de Pithiviers et
Beaune la Rolande 1941-1942, et tous les souvenirs enfouis au fond de ma mémoire ont refait surface. J’ai appris qu’il y avait une
baraque culturelle avec bibliothèque, groupe musical et même du théâtre. Par une lettre écrite par mon père à sa soeur le 5-12-
1941, je savais qu’il y avait des cours de culture générale. Je vous en relate un passage. »celui qui n’a pas d’occupation toute la
journée n’a pas de bon moral, quant à moi c’est le contraire, si j’avais des bougies, j’aurais travaillé davantage, 2 fois par semaine
je suis le cours en français, 2 fois par semaine, les cours d’anglais, et 2 fois par semaine les cours d’histoire » Et dans une autre
lettre du 22-1-1941 il écrit : « je suis toujours plein d’optimisme, j’ai beaucoup d’espoir dans l’avenir. Je continue toujours mes
études et je vais même au cinéma » Mon père fut déporté à Auschwitz par le convoi n°5. Par cette exposition j’ai vu le « billet
vert » dont bien sûr, je connaissais l’existence et son histoire, mais le voir ce fut très émouvant. De découvrir les œuvres sur bois
notamment la sculpture des bateaux, ou des dessins reproduisant des photos, j’ai pensé à ces hommes qui étaient de véritables
artistes, qui, s’ils avaient vécu auraient pu devenir célèbres, quand j’ai vu les lits de poupées je me suis souvenue que mon père
m’en avait offert un, un jour que ma mère et moi avions été le voir. On avait pique niqué pas loin d’une ferme où mon père
travaillait. Tous ces hommes, tous ces artistes, Hitler les a assassinés, réduits en cendre. Mais nous, les survivants nous prenons
notre revanche en ayant fondé une famille. Nous avons des enfants, des petits-enfants, et la mémoire, on ne peut pas la tuer". Je
remercie Claude UNGAR pour son travail de recherche et d’avoir présenté au Mémorial cette exposition". N.G.
Un soir plombé de Tréblinka
Et que la brume carde
Les suies les graisses les tibias
Les pieds les peaux blafardes
Un petit matin d’Auschwitz
Et que la brume pleure
Les jours enfouis joyeux ou tristes
Pessah la nappe à fleurs
Trois mots en croix
On cuit des corps
Là-bas au Nord
Une saison à Birkeneau
Les plaies la soie des nerfs
La viande en cordes à piano
Sur des confins lunaires
Salut Richard
Merci Wagner
Trois mots de nuit
Trois mots de brume
Trois petits tours
Et puis s’en vont
Les voix aimées
Dans la fumée
Nacht und Nebel
Nacht und Nebel
Trois tristes mots
Trois mots de nuit
Trois mots de brume
Trois sanglots
Ils ont pris ton violon
Ils ont pris ton archet
Ils ont brandi ces jouets célèbres
En dormant le troupeau marchait
Dans la brume et dans les ténèbres
Quel viandeux triera les vertèbres ?
Un mille pattes gém
issant
Joue les Vaisseau-Fantôme
Des vieillards des enfants des hom
mes
Portant leur poids de sang
Une seconde à Dachau
Et que le tem
ps me dure
Albéric devenu bourreau
Et l’Or du Rhin l’ordure
Nacht und Nebel
Nacht und Nebel
Le triste lot
Dan
s le cad
re des so
rties dan
s Paris organ
isées par Nad
ia Grobman
Visite de l'exposition des "objets souvenirs"
du camp de Pithiviers et Beaune la Rolande au M
émorial de la Shoah
16
Ces paroles de m
on père ne m
’ont jamais quitté...
L a guerre éclate le 1 er septem
bre 1939.
Les troupes allemandes envahissent la Pologne et occupent la ville de Lodz le 7 septembre 1939.
Aussitôt, les brimades contre les Juifs com
mencent : des hom
mes tout âges confondus sont pris pour des travaux forcés. Il
est interdit de faire du commerce ou être artisan, de fréquenter les lieux publics, les magasins, sauf à une certaine heure
réservée aux juifs. D
ès le mois de janvier 1940, les Allemands com
mencent à déplacer la population juive de Lodz pour la
concentrer en un seul lieu, le Ghetto, dans le quartier juif de Baluty. Celui-ci sera ferm
é totalement le 30 avril 1940. N
ous fûmes 160
000 Juifs enfermés dans cet enclos restreint : au début 7 à 8 personnes par pièce et plus tard, plus nombreux avec l’arrivée des juifs
déplacés des environs, d’autres villes et mêm
e de l‘étranger. Les conditions de vie sont atroces : la faim, la peur, le froid, le manque
d’hygiène, font tous les jours beaucoup de morts.Dès fin 1941 com
menceront les déportations vers le cam
p de la mort de Chelmno. Les
organisations juives de toutes tendances religieuses, sionistes, bundistes, com
munistes organisent clandestinem
ent leur aide aux plus
démunis avec leurs pauvres moyens matériels. Ils ont aussi essayé de sauvegarder la dignité de l’homme en créant illégalem
ent des
écoles, des bibliothèques et mêm
e des cercles artistiques. Des années durant, la faim, les souffrances physiques et morales, les
déportations, réduisirent la population du Ghetto. En août 1944, les derniers 58 000 juifs furent déportés dans les camps de la mort
d’Auschw
itz Birkenau. Je suis arrivé avec mes parents, m
a sœ
ur, m
es oncles, tantes et cousins le 24 août 1944 sur la ram
pe de
Birkenau.Ce fût l’épouvante : les cris, les chiens, les SS déchaînés sur les pauvres gens hébétés, les morts des wagons jetés sur le quai.
C’était l’horreur. La sélection commença lorsque le docteur Mengelé assis sur une chaise, une canne blanche à la main attrapait les
gens un par un, par le cou. Il les envoyait, tantôt à gauche (c’était vers les cham
bres à gaz), tantôt à droite pour une survie provisoire.
Mon père a vu partir ma mère à gauche et ma sœ
ur à droite. Il s’est alors tourné vers moi, m’a mis la main sur ma tête et a dit : » mon
enfant, ne me suis pas. Je vais aller où ta mère est partie. Toi essaie de vivre, et vis pour raconter notre « Churban ». Et j’ai vu mon père
partir en courant pour être auprès de ma mère et mourir avec elle.
Ces paroles de mon père ne m’ont jamais quitté. Tout au long de ma vie, de toutes mes forces, je me suis attaché le mieux possible à
témoigner et à transm
ettre ce que nous avons subi durant la Shoah.
Michel Feldm
an
Sur les épaules du Mont Carm
el
Extrait de " Dure terre promise " de Jankiel Szpan
-Szyfm
an
H aïfa, c'est la tête aux yeux multiples de l'im-
mense Carm
el, mont pelé à la végétation rare
et clairsemée, et dont le corps allongé, s'étend
au-dessus de vastes plaines arides. Il atteint
de ses cimes les hauteurs bleu azur où de
petits nuages argentés aiment à jouer dans le crépuscule
avec les lueurs rouge pourpre d'un soleil couchant qui les
cisèle. Depuis le large, des bateaux, qui affrontent encore
des
vagues
blanches
et écumantes, on distingue les
contours de bâtisses de pierres incrustées dans le Carm
el,
de vieux temples, de minarets ensoleillés, qui, de loin,
semblent m
aintenus dans le vide par la m
ain invisible d'un
magicien. Com
me si par centaines, ces palais m
ontés à la
conquête du C
arm
el pour en atteindre le som
met, mais
fatigués, se seraient éparpillés en chem
in au gré de leur
arrêt sur les épaules du mont, parfois s’étageant en restan-
ques alignées, et parfois dispersés en un désordre épou-
vantable, certains plus haut d'autres plus bas, parm
i les
cèdres majestueux et les fiers palmiers chargés de dattes,
ils brillent de leurs fenêtres rutilantes, qui par théories mi-
roitent au soleil comme des yeux luisants, regardent vers la
mer et déchirent de leur éclat le voile som
bre d’une nuit
d’orient naissante. Les versants sont pris d'assaut par une
diversité bariolée
de maisons, qui se reflètent dans les
eaux calmes de la m
er bleue en une superbe m
osaïque.
Presque au bord, sur le sable humide et ridé de dunes m
i-nuscules, sont alignées
des cabanes
de
pêcheurs, à
l'amarre desquelles
se bercent nonchalants
les
esquifs
incertains. A m
i-hauteur, éparses, serpentent abruptes des
ruelles étroites, et entre les minuscules maisonnettes ados-
sées les unes aux autres, suspendu à des cordes se ba-
lance du linge aux couleurs sombres. L'odeur du sel, des
crustacés et des coquillages bigarrés, persiste m
algré l'ar-
dente cuisson d'un soleil purificateur. Haïfa… C'est la tête
qui insuffle vie à l'immense corps du Carm
el, et c'est par la
gueule hurlante de son marché que s'exprime l'immense
tête du Carm
el Nuit après jour vit le m
arché, comme s'il ne
s'accordait aucun répit... Des jours durant, ce sont les voix
des pêcheurs à m
oitié nus, bronzés et burinés et celles des
vendeurs de boissons fraîches de toutes natures, qui se
mêlent aux prières des muezzins, dont les mélopées des-
cendent des minarets, ou aux tintements des clochettes
d'une calèche qui passe et au "crin-crin" du pavillon d'un
antique gramophone. Des nuits durant, les clients des ca-
fés maures débordent dans les ruelles mal pavées; sous la
lueur blanche et fumante de grandes girandoles à pétrole,
et, au chant guttural de vieux chanteurs arabes, au rythme
syncopé et obsédant d'un tam
bourin ou d'un phono grésil-
lant, dansent des fem
mes tatouées, odalisques dont les
légers voiles de soie poursuivent en arabesques les bras et
les cuisses dénudés aux reflets de vanilles, entraînant la
raison des indigènes assis sur de petits bancs, dans une
débauche lascive de fantasm
es prim
itifs. La m
er est très
éprise de Haïfa; de tout le littoral de Palestine c'est sa côte
qu'elle a choisie et elle ne s'en retire jamais. Amoureuse,
elle caresse doucement ses rivages. Lui arrive-t-il de se
mettre en colère, sa surface devient alors écum
ante et
noire, immédiatement le visage de la cité m
ontagneuse
s'assombrit et s'attriste, comme le visage d'une amante,
qu'abandonne le sourire. Le soleil effrayé disparaît alors on
ne sait où, jusqu'à ce que le ciel se vide de toutes ses lar-
mes; alors le temps s'éclaircit à nouveau, et le soleil, im-
mense comme nettoyé, se rem
et à briller inondant la mer
et la m
ontagne de ses rayons dorés. H
aïfa regarde vers
Saint-Jean d’Acre la ville fortifiée, et a honte de la lèpre de
ses murailles à m
oitié délabrées couvertes de m
ousse et
d’algues glauques. Au loin, en arrière plan, comme le reflet
magique d'un improbable m
irage, la tête argentée, saupou-
drée de neiges éternelles du mont Liban, contemple Haïfa.
Toute parsemée de m
aisons et de palais, la tête du Carm
el
dépêche ses routes, qui, comme des bandelettes de la
momie, longent la m
er bleu-vert enveloppant son im
mense
corps montagneux.
Traduit du yiddish par Albert Szyfm
an
13
"Je suis touché de votre accueil si chaleureux.
Au nom du Mémorial de la Shoah, je tiens à
vous exprimer mes très sincères remerciements.
Du fait de la convention du dépôt de vos
archives, et de votre participation aux travaux
qu’elle engendre, des liens d’amitié se sont
tissés, un rapprochement s’est opéré entre
l’UEVACJEA et le CDJC
Ce que j’ai observé, je tiens à vous en faire part,
l’Union est
la seule grande association
d’Anciens combattants qui soit à même d’offrir
encore aujourd’hui à ses adhérents, une
diversité d’activités générant une vie associative
pleine et intense.
J’aimerais vous rappeler en quelques mots, les
motivations qui ont abouti en 1943, à Grenoble,
à la création du CDJC, le plus grand centre
d’archives existant.
Les preuves de ce que fut notre passé,
rassemblés, conservées, ainsi pérennisées ont
pu servir de support aux recherches des
historiens chargés de transmettre notre histoire,
de faire connaître ce que fut la Shoah.
Elles proviennent des documents retrouvés
dans les bureaux de la Gestapo, de la
Wermarcht, et du Commissariat aux questions
juives en France .
Aujourd’hui, nous recueillons les archives de la
population des organisations juives, quelles que
soient leur couleur politique, leur origine, leurs
actions, sous forme de documents privés, de
livres, de photos, afin qu’au fil du temps, rien ne
se perde, que rien, pas le moindre fait
n’échappe à la transmission de l’histoire de la
Shoah. Au CDJC, nous attacherons la plus
vigilante attention à vos documents archivés,
nous faisons le serment de les préserver, de les
conserver à l’abri de toute détérioration. Je vous
renouvelle mes remerciements pour la confiance
que vous nous avez accordée dans ce transfert
de votre fond d’archives et je vous exprime mon
attachement à votre organisation".
Délégué par Madame Anne M
arie Revcolewschi
directrice de la Fondation pour la M
émoire de la
Shoah,
Monsieur
Jean-Luc
Landier
a fait
l'historique de la Fondation.
"Créée le 26 décembre 2000, présidée par
Madame Simone Weil, la FMS a pour objectif
essentiel de gérer les fonds juifs en déshérence.
Avec les moyens dont elle dispose, elle s'investit
entièrement dans la transmission de la mémoire
de la Shoah soutenue par d’autres institutions
juives, la Fondation du Judaïsme français, le
Casip Cojasor etc… Tournée vers l'avenir, la
FMS, au service de la communauté se chargera
le moment venu de la pérennité de l'Union".
Monsieur Landier conclut son intervention en
remerciant
chaleureusement
l'Union
pour
l’accueil qui lui a été réservé.
La séance est levée à 17 h, les participants sont
invités au buffet traditionnel et notre ami Henri
Stainber en profite pour présenter en direct le
site Internet de notre Union créé par nous-
mêmes, avec
l'aide bénévole de Sauveur
Sellam, Simone
Fenal,
Albert Szyfm
an,Henri
Zytnicki et tous les mem
bres du bureau, ce qui
représente
une
économ
ie annelle de 30
000
euros.
N.G.
Assemblée générale de l'année 200
8
14
60èm
e anniversaire de l'Etat d'Israël
Le voyage de l'Union
N ous avons eu, mon épouse et moi-m
ême, à l'occasion du 60 è
me anniversaire de l'Etat d'Israël,
l'honneur de participer à ce qui se révéla être un émouvant, passionnant, extraordinaire voyage à travers
l'Etat d'Israël.
Entourés de délégations du m
onde entier, reçus com
me des V.I.P. par le KAREM KAYEMETH LE
ISRAEL, installés au 1e
r rang lors de la cérém
onie d'ouverture pour honorer la m
émoire de tous les
soldats Israéliens tom
bés pour la défense du sol. Après un discours, nous nous levâmes pour entendre la Hatikva
chantée par le choeur de l'arm
ée et des enfants des écoles. A travers tout le pays, nous vîmes partout,
jeunes
filles et garçons en uniform
e, armés, pour assurer la tranquillité du pays. Avant de
remercier les
personnalités qui ont permis ce voyage, une mention pour la qualité du guide, m
adam
e Dina, et la gentillesse du
chauffeur Yossi.
Merci, bien sûr, à : A
nnie, E
mile Jaraud, Simon et N
adia, qui ont élaboré et permis ce voyage bien m
ûri, du début
à Natanya au retour à l'aérodrom
e Ben Gourion à Tel Aviv. Il est impossible de tout m
entionner, de notre visite à
Yad Vashem, au site de Pétra en Jordanie, de la M
er Morte à Ein G
uédi., ce fut une succession de tableaux
qui ont marqué nos esprits pour toujours, également nous avons visité l'exposition des œuvres d'art volées aux
Juifs de France et non réclamées par les familles des détenteurs entièrement décimées.
La cohésion de notre groupe avec des personnes très différents fut entière, les plus jeunes et valides aidant
les plus âgés. Du théâtre antique à Césarée aux modernes gratte-ciels qui s'élèvent dans le ciel, le pays est
une réussite m
élangeant avec élégance le passé, le prése
nt et le futur et merci e
ncore de nous avoir donné
la possibilité d'enrichir notre m
émoire.
Emmanuel M
ouchel
"L’arrivée", récit d'Albert Szyfm
an
J e m
e réveille. Il fait très som
bre. Où suis-je?
Je reconnais la légère odeur douceâtre qui
agace m
es narines ainsi que le m
ouvement
lent et cadencé de ma couchette que je
ressens dans mon corps. Ils m
e donnent un
peu m
al au cœur. Je ne suis pas à la m
aison m
ais dans
une cabine de navire. Je m
e frotte les yeux et j’essaye
de regarder autour de m
oi. Il est très tôt, il fait sombre,
l’air malodorant que je respire est encore
tiède de la veille. Le soleil a tapé fort sur le
petit paquebot blanc au m
ilieu d’une m
er
d’huile et il n’y a pas eu la m
oindre brise.
J’entends le ronron étouffé des moteurs. Il
ne couvre
pas le son
de la respiration
régulière de m
aman qui dort encore sur sa
couchette et çà me rassure.
Elle a dû veiller assez tard pour boucler les
valises. J’écarte délicatement le rideau
jaune qui obture le hublot scellé dans la
coque et je constate que
le petit jour
commence à déchirer
la nuit
dans
la
direction
vers
laquelle
navigue
notre
bateau. Mon visage collé au hublot se
trouve près
de mon poignet gauche et
j’entends le tic-tac familier de la montre
« DOXA » que ma mère m’a offerte pour
mon
anniversaire. Les aiguilles fluorescentes indiquent cinq
heures et dem
ie et je ne veux pas rater l’arrivée; j’enfile
prestement culottes courtes chemisette et je glisse sans
bruit les pieds dans m
es sandalettes. En me levant le
petit m
iroir placé au-dessus du lavabo de la cabine m
e renvoie l’im
age, balayée par l’étroite raie de lumière du
hublot, d’un petit garçon maigre, aux
grands
yeux
marron et aux longs cheveux noirs. Je bois un verre
d’eau au lavabo. Elle est tiédasse et elle a le goût de
chlore, comme à la piscine à Paris. Si je rencontre Dov
le serveur il me donnera un verre de « mitz ». J’ouvre
avec précaution la porte en m
étal de la cabine et me
retrouve dans le couloir. Dov le serveur m’a appris pas
mal de choses. Je sais m
aintenant que sur le bateau les
couloirs s’appellent des coursives et que les serveurs
s’appellent des ‘stiouartes’. Je marche le long des
cloisons grises. Mes tympans sont agressés par le bruit
obsédant des moteurs qui résonnent plus fort que dans
la cabine et de mêm
e l’air y est encore plus épais,
chaud, hum
ide et fortement chargé de
l’odeur âcre du m
azout, aggravant encore
ma nausée. Je zigzague cahoté d’une
cloison
à
l’autre
m’accrochant
successivement à la ram
pe droite puis à
la rampe gauche
(Dov
dirait tribord et
bâbord). Je ressens au creux de m
es
mains
l’humidité poisseuse de leurs
surfaces
pourtant
essuyées
quotidiennem
ent par les ‘stiouartes’. D
e toute évidence la mer est plus agitée que
la veille. Je dois m’accrocher encore plus
fort en escaladant les marches menant
au pont principal,
qui paraissent très
hautes pour mes jambes courtes de petit
garçon de neuf ans.
Une
brise
fraîche
et
bienfaitrice
m’accueille sur le pont, faisant voler mes longs cheveux
et je respire à pleins poumons pour en chasser l’air vicié
de la cale tiède et dissiper mon m
alaise.
Quelques passagers tombés
du lit se sont
déjà
regroupés vers l’avant du navire, tournés vers l’orient
comme des
juifs à la schoule tournés vers le
« m
izrekh ». Tels des Noés en vadrouille ils scrutent
tous avidem
ent l’horizon qu’une fine ligne de lumière
orange éclaire. Au fur et à m
esure que le « Kedm
ah »
progresse en fendant la surface sombre des eaux de
son étrave, le ruban de lumière s’élargit et bientôt on
peut distinguer les dauphins, dos noir luisant et ventre
15
60èm
e anniversaire de l'E
tat d'Israël
blanc, qui dansent de part et d’autre de la proue, en
l’accom
pagnant de leurs bonds acrobatiques et de leurs
plongeons élégants. Ils sem
blent vouloir im
iter le bateau
dont l’avant se soulève hors de l’eau et retombe en
plongeant dans un bruit de cascade, faisant jaillir des
geysers et saturant l’air d’embruns que le vent taquin
envoie sur le pont et qui viennent m
e piquer la peau du visage. J’entends
aussi des
cris perçants comme
des
plaintes
provenant
de l’arrière du
paquebot; je m
e retourne, j’aperçois au-
delà de la grande cheminée blanche et
bleue qui se détache sur l’obscurité, un
nuage blanc et gris de m
ouettes et de
goélands regroupés derrière la poupe,
attendant et réclam
ant bruyamment leur
collation, les
cuisiniers vont prochainement vider les
restes. On n’avait pas vu d’oiseaux depuis trois jours et
leur présence annonce l’approche de la terre. Enfin le
soleil
se lève.
Son apparition éblouissante arrose
l’univers d’or et de pourpre, et transform
e la mer
uniform
ément noire jusqu’alors en une m
agnifique robe
de soirée bleu m
arine rehaussée de dentelle blanche et
de fils d’argent. Mes yeux émerveillés se plissent devant
cet em
brasement. U
ne bande sombre court le long de
l’horizon qui, comme aux premiers jours, sépare les
eaux du ciel, et la nuit de la lumière. Il devient évident
que la terre est en vue et je ressens
une étrange
émotion m’envahir, m
e serrer le cœur, et
elle semble aussi étreindre les
autres
spectateurs médusés. Eretz Israël. La
terre promise. Dure terre promise... Tous
ces mots qui m
’avaient laissé froid jusque
là me reviennent maintenant avec force à
l’esprit. Au milieu des piqûres fraîches des
embruns sur ma main je sens l’impact
tiède d’une goutte. Ma m
ère m
’a rejoint.
Maman se tient près de m
oi. Je suis à
peine surpris de voir deux larm
es fugitives couler sur le
beau visage de cette communiste m
ilitante, qui semble
plus
émue
que
le jour où
elle a
serré
la main du
camarade D
uclos. Elle a posé sa m
ain de velours sur
ma tête et ses doigts jouent avec mes m
èches noires.
Entre nous les m
ots sont rares. La dernière fois où je
l’avais vue pleurer, un de m
es plus anciens souvenirs,
c’était il y a quatre ans et demi, à l’hôtel Lutetia …
Maman est agitée. Maman me tient par la main et
encore lit et relit encore les listes interminables. Encore
une fois et encore elle interroge avec une photo les
infirmières,
les
employés,
les
préposés,
les
fonctionnaires, les rescapés… Et puis,
après avoir écouté un monsieur long, si
long, et maigre, si maigre, elle s’est
assise, elle m’a pris sur ses genoux et en
pleurant elle m’a dit : « Viens à la maison
‘schepsélé meins ‘, papa ne reviendra
pas» elle m’a embrassé longuement ;
mon visage sentait les sanglots dans sa
poitrine chaude et ses larmes tièdes
tombant sur ma main remplissaient mon cœur de son
chagrin glacé… Com
me tous les passagers je sursaute
au hurlem
ent strident des sirènes qui libèrent un grand
panache blanc. M
aintenant on commence à distinguer
les détails de la côte bien qu’elle se trouve à l’om
bre, le
soleil s’étant caché derrière la m
ontagne au sommet
arrondie. Les lignes claires horizontales des quais, sur
lesquels courent des points noirs comme des fourm
is,
croisent
les
lignes sombres
verticales
des
grues
déchargeant des cargaisons énorm
es du ventre des
cargos noirs m
ouillant à l’amarrage, au bout du quai à
droite la m
asse d’un énorm
e silo à grain; et plus haut en
arrière plan, les milliers de petits carrés blancs des
maisons à toits plats ou bom
bés, m
ontent à l’assaut de
la masse sombre du mont
Carm
el.
Encore quelques encablures, encore un
hurlem
ent de sirène et je distingue
un
grand mat et tout en haut un drapeau
blanc qui flotte et claque au vent faisant
onduler ses
deux
lignes bleues
et de
temps en temps je peux apercevoir au
milieu entre les plis m
ouvants, une étoile,
la m
ême que la jaune que m
aman m’avait
montrée m
ais celle-ci est bleue. Pourquoi
moi, le petit garçon que je suis, à qui on a volé son
papa, pourquoi ai-je subitement le sentim
ent confus
d’arriver chez moi ? Et enfin je les vois, en m
ême tem
ps
que maman qui agite le bras pour attirer leur attention.
Un vieil hom
me en costume noir et chemise blanche, à
la barbe courte grise et bien taillée avec un chapeau
mou noir et des lunettes, qui tourne impatiemment la
tête à droite et à gauche, une vieille fem
me portant un
fichu bleu sur ses cheveux, qui m
arche de long en large
sur le quai regardant le navire et essayant de dévisager
de loin tous les passagers, une fem
me plus jeune tient
ses deux mains serrées sous son menton, un jeune
officier à moustache droit et calme en
uniform
e impeccable, un autre homme
jeune
qui ressemble étrangement au
militaire,
mais sans moustache plus
nerveux avec une chemisette bleue et un
short beige. Ils sont tous là. Je les
reconnais grâce aux photos
que nous
recevons régulièrement dans des lettres
dont
je collectionne les
timbres
sur
lesquels on lit « P
alestine », et depuis
deux ans « Israël ». J’ai du m
al à en détacher le
regard, ils sont la preuve vivante que j’avais bien un
papa. Ils sont de sa chair, son papa, sa m
aman, sa
sœur et ses frères; ils sont aussi de m
a chair, grand-
père,
grand-m
ère,
tante Tzipora,
oncles
David et
Mordekhaï, les jumeaux ; et eux ils existent, ils ne sont
pas
seulem
ent des nom
s comme tous
les
frères
et
sœurs de mam
an qui étaient restés en Pologne.
Au m
ilieu d’une activité qui m
e donne le tournis et dans
le bruit assourdissant des grues, des chaînes d’ancre en
mouvement, des hurlements de sirène des haut-parleurs
qui parlent en hébreu en anglais en arabe, des cris en
toutes langues, des marins et dockers qui
se lancent les
cordages que d’autres
arriment par des nœuds savants, aux bites
d’amarrage du clapotis nerveux de l’eau, la
passerelle de coupée est bientôt abaissée
et
heurte
le
sol
d’un bruit
sourd.
Immédiatement mon oncle David, l’officier
en uniform
e s’y précipite et négocie avec
l’officier de marine vêtu de blanc qui en
contrôle l’accès; très vite David fait signe aux autres qui
se précipitent et escaladent la passerelle en courant.
Quelques instants et nous
sommes réunis, pour la
première fois je suis dans les bras de mon grand-père et
de m
a grand-m
ère qui m
’étreignent en pleurant, j’ai neuf
ans et ils ne m’ont pas revu depuis vingt ans, j’ai envie
de me fondre en eux.