de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

Embed Size (px)

Citation preview

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    1/103

    LA FONTAINE

    AMOUREUX DESCIENCE

    COMPOSEPAR

    LEHAN DE LA FONTAINEDeValenciennesenla ComtedeHenault

    POME HERMETIQUEDU XV SIECLEPUBLIEPAR

    ACH. GENTY

    PARISPOULET-MALASSISET DE BROISELIBRAIRES-EDITEURS97, rue Richelieu et passageMirs, 36

    1861Tousdroitsrservs.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    2/103

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    3/103

    LA FONTAINE

    DES

    AMOVREVXDE SCIENCE

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    4/103

    Alenon.Typ.dePoulet-MalassisetDeBroise

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    5/103

    LA FONTAINE

    DES

    AMOVREVX DE SCIENCE

    COMPOSEPAR

    IEHAN DE LA FONTAINEDeValenciennes,enlaComtdeHenault

    POEMEHEMTIQVE DV XVe SIECLEPUBLIPAR

    ACH. GENTY

    PARISPOULET-MALASSISET DE BROISE

    LIBRAIRES-DITEURS97,rueRichelieuetpassageMirs,36

    1861

    Tousdroitsrservs.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    6/103

    TIRA355EXEMPLAIRES:

    150surraisin.145surverg.50survlin.10surchine.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    7/103

    INTRODUCTION

    I

    En l'anne 1334, un pape mourut Avignon. C'taitle pape Jean XXII. Malgr l'exiguit de ses revenus,il laissait dans son trsor une somme de vingt-cinqmillions de florins. D'o provenait cette somme ?

    C'tait ce mme pape qui, seize ans auparavant,en 1317, avait lanc contre les alchimistes la bulledont suit la traduction :

    Les alchimistes promettent ce qu'ils ne peuventtenir. Ils se croient sages, et tombent eux-mmes dans

    l'abme qu'ils creusent pour les autres. Ils se procla-4

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    8/103

    2

    ment ridiculement matres, et montrent leur igno-rance, puisqu'ils s'en rfrent toujours aux crivains

    plus anciens. Ils ne peuvent dcouvrir ce que ceux-cin'ont pas trouv plus qu'eux, et nanmoins ils consi-drent comme possible de le trouver l'avenir. Lemtal qu'ils prsentent sous les noms pompeux d'or .et d'argent ne peut rivaliser avec ces mtaux pr-

    cieux, et les procds qu'ils indiquent ne sont quemots obscurs et vides de sens. Leur audace n'a pasconnu de bornes. Ils frappent de la fausse monnaieet trompent ainsi les peuples.

    Nous ordonnons que ces hommes soient tou-

    jours bannis du pays, ainsi que ceux qui se font faire

    par eux de l'or et de l'argent, ou qui sont convenusavec eux de leur payer cet or. Nous voulons que leuror vritable soit donn aux pauvres, et, s'il n'y a lieu,qu'un autre chtiment les atteigne. Ceux qui fabri-

    quent ainsi de faux or sont sans honneur. Les per-sonnes du clerg qui se livreraient la fabrication de

    l'or, ne trouveront point grce et seront prives de la

    dignit ecclsiastique. II est peu vraisemblable qu'un pape, si svre aux

    alchimistes, ait lui-mme pratiqu l'alchimie, et quel'origine des vingt-cinq millions de florins trouvs

    dans son trsor, ft dans cette pratique qu'il avait

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    9/103

    3

    lui-mme hautement condamne.. Cependant on litdans la prface d'un livre alchimique du XVeou du

    XVIesicle, l'Ars transmutatoria, que Jean XXII fittravailler la pierre philosophale et fabriquer deuxcents lingots d'or pesant chacun un quintal. On vamme jusqu' considrer Jean XXII comme l'auteurde ce livre. Ainsi le pape Jean XXIIse serait con-

    damn lui-mme!... C'et t montrer ou beaucoupde haine contre l'alchimie ou beaucoup d'humilitchrtienne. On en croira ce qu'on voudra.

    Ce fait, toutefois, prouve une chose importante :c'est que l'alchimie a t fort en faveur chez nos

    pres. Pour qu'on ait pu, sans trop choquer la vrai-

    semblance , attribuer un livre tel que l'Ars transmu-tatoria un Souverain Pontife, il faut que l'art her-

    mtique ait eu jadis autant de vogue qu'il en a peude notre temps.

    En effet, ce ne sont pas seulement les hommes de

    peu qui,aux

    XIIIe, XIVe, XVe,XVIeet

    XVIIesicles,s'adonnent aux travaux alchimiques. Parmi les alchi-

    mistes, on compte jusqu' des princes et des souve-rains. Un de nos minents crivains a pu dire sans

    exagration qu'au XVIesicle, il n'existait pas de cou-vent dans lequel on ne trouvt quelque fourneau con-

    sacr l'laboration de l'or. Rodolphe II, empereur

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    10/103

    _ 4

    d'Allemagne, l'lecteur Auguste de Saxe, les empe-reurs Ferdinand III et Lopold Ier, le roi de Castille

    Alphonse X, la reine d'Angleterre Elisabeth, et maintsautres, furent ou alchimistes ou protecteurs d'alchi-mistes.

    II

    L'alchimie n'est donc pas une page dpourvue d'in-

    trt, dans l'histoire des sciences. C'en est, au con-

    traire, une des plus curieuses.Elle a, comme la Grce, ses temps hroques, ou

    fabuleux. C'est dire que son origine se perd dans un

    nuage. Ses principaux hros et hrones, sont : Meza-

    ram, fils de Cham et premier roi d'Egypte, TautHerms Trismgiste, le philosophe Dmocrite, le mageOstanes, Marie la Juive, soeur de Mose, Aristote,

    Salomon, la reine Cloptre. Voil de bien grandsnoms! Les temps historiques de l'alchimie com-

    mencent avec l're chrtienne. On lit dans Pline l'An-cien que Caligula put tirer un peu d'or d'une grandequantit d'orpiment. Ce rsultat dut, on le conoit,mdiocrement satisfaire

    l'empereurromain. D'un che-

    val on peut aisment faire un consul ; mais il n'est

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    11/103

    5

    pas aussi facile de faire de l'or avec une substance

    qui n'est pas or.

    Le vrai berceau de l'alchimie parat tre l'Egypte. Elle y a pris naissance sous l'influence de ce pan-thisme , moiti mtaphysique, moiti religieux,qui s'est form Alexandrie durant les premierssicles de l're chrtienne, par la rencontre de la

    philosophie grecque avec les croyances exaltes etles rves ambitieux de l'Orient. On remarque, en ef-

    fet, qu'aprs les personnages fabuleux ou manifeste-ment antrieurs cet ordre d'ides, les premiersnoms invoqus par la philosophie hermtique sontdes noms alexandrins : Synsius, Hliodore, Olym-

    piodore, Zosime. Ajoutez cette tradition rapporte parOrose au commencement du Vesicle, et recueillie parSuidas, que Diocltien ne pouvant venir bout desinsurrections multiplies des Egyptiens, ordonna ladestruction de tous leurs livres de chimie, parce que

    l tait, selon lui, le secret de leurs richesses et deleur opinitre rsistance. Enfin, c'est un philosophed'Alexandrie, un philosophe chrtien, probablement la manire de l'vque de Ptolmade, le disciple

    d'Hypathie, que les Arabes se disent redevables de

    toutes leurs connaissancesalchimiques.

    Ceperson-nage, appel Adfar, florissait pendant la premire

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    12/103

    6

    moiti du XIIesicle, dans l'ancienne capitale des Pto-

    lmes, avec la rputation de possder tous les se-

    crets de la nature, et d'avoir'retrouv les crits d'Her-ms sur le grand art. C'est lui vraisemblablement quien est l'auteur. ( Franck, Paracelse et l'Alchimie auXVIesicle.)

    Malgr tant d'excellentes raisons, M. Louis Figuier

    (L'Alchimie et les Alchimistes, p 5), croit que l'al-chimie prit naissance chez les savants du Bas-Empire,dans cette heureuse Byzance o les lettres et les artstrouvrent un refuge au quatrime sicle contre les

    agitations qui bouleversaient alors tous les grandsEtats de l'Europe. Comme les savants de Constanti-

    nople entretenaient des relations suivies avec ceux

    d'Alexandrie, il est probable que l'alchimie fut cul-

    tive presque simultanment en Grce et dans l'E-

    gypte. Un disciple d'Adfar, Morinus, communiqua, sui-

    vant M. Franck, la science alchimique au princeOmmiade Khaled, fils du calife Yezid, devenu le sou-

    verain de l'Egypte aprs la conqute de ce pays surles empereurs de Constantinople. Ds lors l'alchimie

    devint musulmane (VIIesicle).Les Arabes se livrrent avec ardeur l'tude de

    l'art hermtique. Ils firent en sa faveur une propa-

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    13/103

    7

    gande active. Ils portrent l'alchimie partout o ils

    portrent leurs armes. Elle pntre avec eux en

    Espagne au VIIIe sicle, et s'y implante. Dans lescoles de Cordoue, de Murcie, de Tolde , de Svilleet de Grenade, on l'enseigne, on la pratique. Au VIIIesicle parat le fameux Geber.

    Lorsque l'Espagne mit fin la domination arabe,

    l'alchimie avait conquis tout l'Occident. Arnauld deVilleneuve, Raymond Lulle, Roger Bacon, saint Tho-mas , la propagrent l'envi. Du XVeau XVIIesicle,elle fut en pleine prosprit.

    III

    Comment tomba-t-elle ce degr d'abjection ou

    elle se trouve au XIXesicle? Exposer le but, r-sumer les travaux des alchimistes, examiner leurs

    faits et gestes, c'est rpondre cette question.Le but des alchimistes en gnral tait : 1 de con-

    vertir en or, ou au moins en argent, tous les autres

    mtaux, cuivre, plomb, etc. ; 2de garantir l'homme,ou de le gurir des maladies qui viennent l'assaillir,et de

    prolongermme indfiniment son existence

    ;3 de conqurir tous les pouvoirs, naturels et surna-

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    14/103

    8

    turels ; de commercer avec les tres du monde ou desmondes suprieurs, etc.

    IV

    Une substance procurait le moyen d'arriver ce

    but : c'tait la pierre ou poudre philosophale, nommeaussi grand magistre, grand lixir, quintessence,teinture, semencedes mtaux, spiritus mundi, selon

    qu'elle tait plus ou moins parfaite, et s'appliquait tel ou tel objet. Imparfaite, la pierre philosophalen'tait

    pas pourtantsans vertu

    ;elle convertissait

    aussi les mtaux, mais en argent seulement. On lui

    donnait alors les noms de petite pierre philosophale,de petit magistre, de petit lixir.

    II n'est pas facile de donner une ide exacte de la

    grande pierre philosophale. Ceux-l mme d'entre

    les alchimistes qui l'ont vue et possde, en parlentcomme s'il nel'avaient jamais eue ni vue.Van Helmont,qui l'a vue et manie, dit-il, prtend qu'elle a la cou-leur du safran en poudre, qu'elle est lourde et bril-lante comme le verre en morceaux. Berigard de Pise,

    qui nel'a ni moins

    vueni moins manie

    queVan Hel-

    mont, lui donne la couleur du pavot sauvage et l'o-

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    15/103

    9

    deur du sel marin calcin. Kalid lui dcerne toutes lescouleurs : elle est, suivant lui, blanche, rouge, jaune,

    bleu-de-ciel, verte. Voil tous nos philosophes misd'accord! dit judicieusement M. Louis Figuier.

    II n'est pas moins difficile de dire comment se pr-parait la pierre philosophale. Cette obscurit, quiplane peu prs sur chaque phrase des livres alchi-

    miques et que signale la bulle du pape Jean XXII,ne permet pas d'en saisir nettement le mode de pr-paration. C'tait, du reste, par systme que les alchi-mistes s'environnaient de tnbres. Pauvre idiot, ditun peu crument lephilosophe Artphius son lecteur,serais-tu assez simple pour croire

    quenous allons

    t'enseigner ouvertement et clairement le plus grandet le plus important des secrets, et prendre nos pa-roles la lettre ? Heureux Artphius ! il crivait auXIesicle ! Basile Valentin, Arnauld de Villeneuve,Raymond Lulle menacent des plus terribles chti-

    ments l'alchimiste assez os pour parler intelligible-ment. La maldiction du Trs-Haut, l'apoplexie, ladamnation ternelle, telles sont les peines qui atten-dent l'indiscret. II est dfendu par l'ordonnance di-

    uine, dit Denis Zacaire, de publier nostre science entermes

    telz qu'ilz soyententenduz

    du commun.

    ( Opuscule trs-excellent de la vraye philosophie natu~

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    16/103

    10

    relle des metaulx, Lyon, B. Rigaud, 1574, p. 12 del'avis Au Lecteur dbonnaire). Aussi ne doit-on pass'tonner que Jean d'Espagnet s'exprime en ces termesquelque peu nigmatiques : Prends une vierge aile

    qui soit bien lave et purifie, et qui soit enceinte parla vertu de la semence spirituelle de son premier mari,sans que pourtant sa virginit soit lse : marie-la

    sans soupon d'adultre avec l'autre homme ; elle con-cevra de nouveau avec la semence corporelle du mari,et elle mettra au monde un enfant honorable des deuxsexes : la pierre philosophale.

    Au seizime sicle, toutefois, le langage nigma-tique des alchimistes tend se clarifier. La pierre

    philosophale (ou semence des mtaux) s'obtient cette

    poque avec deux substances : l'orordinaire (semencemle), et le mercure desphilosophes, ou premier agent,(semence femelle). On peut se procurer aisment la

    premire de ces deux substances ; mais o trouver la

    seconde? C'est l que gt la difficult. Suivant les uns,le mercure des philosophes se trouve dans le mercure

    ordinaire; suivant les autres, dans l'arsenic. Ceux-ci

    prtendent qu'il rside dans l'antimoine; ceux-l,dans l'tain. Le sel marin, le salptre, le vitriol, lesuc de la chlidoine, la primevre , la rhubarbe du

    Pont, les os, la chair, le sang, la salive, les poils, l'u-

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    17/103

    11

    rine, jusqu'au lait des vierges, jusqu'au sang des

    menstrues, tout est recommand, tout est examin,tout est scrut. Le mercure des philosophes n'estnulle part. Pardon! le voici : Pour obtenir le pre-mier agent, dit Haimon , il faut se rendre la partie

    postrieure du monde, l o l'on entend gronder le

    tonnerre, souffler le vent, tomber la grle et la pluie,

    c'est l qu'on trouvera la chose, si on la cherche. Gela est clair, mais odieusement malpropre. Quelleaberration !

    II suffisait, pour transmuer en or le plus infime des

    mtaux, de le mettre en contact avec la pierre philo-sophale dans l'ovum. philosophicum. C'tait un vase

    o se plaaient les matires propres la confectiondu grand oeuvre. On l'appelait aussi athanor, et mai-son du poulet des sages. La puissance de la pierre phi-losophale, comme agent transmutateur, ne connais-sait vraiment pas de bornes. Si l'Ocan, disait

    Raymond Lulle; tait du mercure, j'en ferais de l'or;mare tingerem, si mercurus esset. On voit par l

    qu'il fallait peu de pierre philosophale pour oprer.Le tout tait d'obtenir ce peu. Salmon prtend qu'ilconvertirait en or toutes les quantits de mtal qu'onvoudrait bien lui

    fournir, jusqu' l'infini.Quand on

    se mle de faire de l'or, on n'en saurait trop faire.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    18/103

    12

    Pour gurir ou prserver des maladies, pour don-ner la vie humaine une dure illimite, on faisait

    usage de pierre philosophale comme on fait usage degrains de sant; dans ce cas, elle portait le nom de

    panace. La pierre philosophale seprtait complai-samment tout, sinon tous.

    V

    Si les alchimistes se fussent contents d'crire deslivres inintelligibles, on ne serait pas absolument endroit de leur infliger un blme. Mais ils ne s'arr-trent pas en si beau chemin. Ils voulurent prouverque, si leur style tait obscur, leur science tait r-elle. Malheureusement, qui veut trop prouver, ne

    prouve rien.Les alchimistes eurent la malencontreuse ide d'o-

    prer effectivement des transmutations. En Angle-terre , Raymond Lulle fabrique, pour le compte duroi Edouard III, les nobles la rose; en Sude, Paykllfabrique des ducats pour Charles XII. Orthulain, Ru-

    pescissa, Odomar jouissaient d'une haute renommesous les rois de France

    Philippede

    Valois,Jean et

    Philippe le Bel, que l'histoire regarde comme de faux.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    19/103

    13

    monnayeurs. On a vu prcdemment que des souve-rains ne ddaignrent pas de labourer de leur propres

    mains.L'alchimie et les alchimistes se seraient, nanmoins,

    tirs d'affaire, s'ils s'taient borns travailler pourle compte des souverains ou collaborer avec eux.Ce qui causa leur perte, c'est qu'ils eurent la prten-

    tion de travailler aussi pour eux-mmes. Le grec Bra-gadino, le suisse Lonard Thurneysser, l'italien Borri,et beaucoup d'autres, amassrent de grandes ri-chesses.

    Le seul expos des fraudes, auxquelles eurent re-cours les alchimistes, ncessiterait plusieurs volumes.

    En 1722, Geoffroy l'an en fit une sorte d'abrg his-torique, dont on ne saurait trop, aujourd'hui encore,recommander la lecture. C'est significatif et difiant.

    VI

    On conoit que , pour des hommes qui savaient sicavalirement prouver que la pierre philosophale va-lait de l'or en barre, prouver qu'elle gurissait detous maux et prolongeait indfiniment la vie, ce n'-tait que jeu. Le philosophe Artphius prtendait avoir

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    20/103

    14

    999 ans passs. L'ermite Trautmansdorf avait 140 ans

    et le frre de la Rose-Croix, Gualdo, en avait quatre

    cents. II ft dmontr que si No eut des enfants l'ge de cinq cents ans, c'est qu'il possdait la pierre

    philosophale.Nicolas Flamel offre un des cas les plus curieux de

    longvit alchimique. Mort en 1418, au su de tout

    Paris, il vivait encore, ce nonobstant,au

    commence-ment du 17e sicle. Le voyageur Paul Lucas dit avoirrencontr dans l'Inde l'un des plus intimes amis de

    l'adepte. Pernelle, femme de Flamel, morte quelquesannes avant lui, vivait aussi. Ce n'est rien. En

    1818, Flamel, alors g de quatre cents ans, occupait

    Paris une maison sise rue de Clry, n 22 II faisaitannoncer, par les journaux, l'ouverture d'un coursde philosophie hermtique, moyennant 300,000 fr.

    par lve. Personne ne s'tant prsent, on prsume

    que de dpit il sera retourn dans l'Orient... ou ail-

    leurs. Oncques depuis il ne fut revu. Faut-il dsesp-rer de le revoir?... On ne fait pas toujours bonne

    garde Charenton.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    21/103

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    22/103

    16

    taires, aucunes d'efficace, aucunes presque diuines ,plusieurs de nulle consquence, aucunes de grande

    esprance, aucunes de grande iacture et peril, quisurmontent les autres en nombre. .

    Agrippa l'alchimiste, le ncromancien, revenu deserreurs de sa jeunesse s'crie :

    Desbonsespritssuspecteest l'alchemie,

    Et sessuppostsplairenepeuuentmie :Par tant d'abbusles hommesentretientQu'elleet sesfaicts en ruine deuient,

    En essayant de transmuer les formes et especesdes choses , et forger vne certaine benoiste pierre

    philosophale qu'ils appellent, par l'attouchementde laquelle toutes choses soient soudainement con-uerties en or. ou argent, selon le souhait de Midas,et si s'efforce de tirer du ciel haut et inaccessible vnecertaine quint'essence, par laquelle se font fort les al-chimistes de donner, non pas seulement des richesses

    excedantes celles de Cresus, mais, qui plus est, deremettre l'homme en sa florissante ieunesse, et entiere

    sant, dechassant de luy la vieillesse, et presque lerendre immortel.

    Maisde tous ceuxqui font estat de la science,

    N'y a cil qui d'effeten donneexperience.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    23/103

    17

    Seulement en monstrent quelques essais, assem-blent quelque peu d'argent par ceruses, vermillons,

    antimoines, sauons, et autres drogues servans farderles femmes, peindre et emplastrer les vieilles, les-

    quelles l'escriture appelle onguens de paillardises, et

    par ce moien dressent la boutique de Geber : dont estvenu le commun prouerbe: Que tout alchemiste estou medecin ou

    sauonnier,et enrichit les oreilles des :

    hommes par paroles : mais son intention est de vuiderleurs bourses. Et pour claire coniecture de la vanitet nullit de leur art, est noter qu'ils demandenttousiours quelque escu ceux qui ils font promessede grandes richesses, par o l'on voit que ce ne sont

    que bourdes et resuenes d'esprit mal composez. (Paradoxesur l'incertitude, vanit et abus des sciences,S. L. 1582, p: 397, et suiv.)

    Plus loin, Agrippa fait preuve, envers ses anciens

    confrres, d'une animosit qui s'explique peu. Aurait-

    il lui-mme t victime de leurs manigances philoso-phiques ? C'est bon droit, dit-il, que les loix ro-

    maines condamnent cest art, et la chassent de la Rpu-

    blique, et est prohibe en l'Eglise chrestienne par les

    decrets des sacrez canons. Et s'il estoit prattiqu ainsi

    auiourd'huy, que ceux qui sans bonne licence du

    Prince exercent l'alchemie fussent chassezdes royau-

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    24/103

    18

    mes et prouinces, leurs biens confisquez, et eux punisau corps, il est certain que l'on ne verrait point tant

    de fausses espces de monnoye par lesquelles un chacunest deceu au grand dommage et perte du public (1).Ie croy que pour congnoistre ces trompeurs iadis futfaicte la loy d'Amasis roy d'Egypte, par laquelle ilestoit enioinct vn chacun de comparoistre deuant

    vn magistrat ce ordonn, et l donner raison et de-claroit par quels moyens il s'entretenoit et viuoit, et faute de ce faire peine de mort y estoit establie.

    La peine de mort! Agrippa! qu'avez-vous dit?Est-ce que, dans votre indignation, semblable l'un des meilleurs hommes de ce temps-ci, dit-on, le-

    quel dclarait un jour que, si le bcher de Jean Hustait jamais relev, ce ne serait pas un seau d'eau

    qu'il y apporterait, est-ce que, grand alchimiste,grand ncromancien -,vous eussiez voulu voir, de vosdeux yeux voir, ce qui s'appelle voir, vos ex-confrres

    et collaborateurs pendus la hart au col, tranglecourt et net? Les alchimistes sont meschans sur tousles hommes, dites-vous. D'o savez-vous cela ?....

    (1) Ceciindiquepourquoila sciencealchimique estoithayeducommunpopulaire, suivantl'expressionde D. Zachaire,Introd.,

    p. 9. Cen'tait

    pastantla scienee

    queles

    tromperieset

    faulsessophistications, (Eod.loc.)qu'onhassait.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    25/103

    19

    Et, au fond, qu'est-ce que cela peut vous faire? Dieun'est-il pas l pour sparer les bons des mchants, le

    bon grain de l'ivraie ? Laissons-le faire. Quelque clair-voyant qu'on soit, ne voit-il pas mieux, plus avant et

    plus loin ?Bernard Palissy ne professe pas pour les Alchimistes

    moins d'inflexibilit qu'Agrippa. Et ie say bien,

    dit-il, quetoutes les additions et

    sophistiqueries qu'ilssauent faire, ont caus vn millier de faux mon-

    noyeurs : par ce qu'ils ne se peuuent deffaire de leurmarchandise sinon en monnoye, car s'ils la vendoyenten lingots la fausset se trouueroit la fonte. Maisils se desfont aysment de monnoye toutes gens...

    (Discours admirables, etc., dit. Cap, p. 199.) Un peuplus bas, Palissy rapporte une histoire bizarre. Un

    prvt de Saintes avait saisi un faux monnayeur. Ce-lui-ci fit des rvlations fort graves. II signala comme se meslant de son mestier cent-soixante individus.

    Et quant ie dis audit preuost, continue Palissy,pourquoy il ne faisoit prendre lesdits monnoyeursnommez en son rolle, il me respondit qu'il n'oseroit

    l'entreprendre :parce qu'au nombre d'iceux il y auoit

    plusieurs iuges et magistrats, tant du Bordellois, Peri-

    gord que de Limosin (1). Si tous faisaient ainsi de

    (I) Dansles Discoursadmirables,au TraitdesMtauxet Alchi-

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    26/103

    20

    la fausse monnaie, dans ce bon seizime sicle, quidonc avait le.droit de se plaindre? Lorsqu'on est tour

    tour voleur et vol, on doit absoudre; on ne peutpas condamner.

    VIII

    Peut-tre, cependant, I'alchimie et-elle vcu, mal-

    gr les attaques dont elle tait l'objet, malgr les im-

    postures des adeptes, et mme malgr les progrs de

    la science. Mais elle renfermait en elle un germe de

    mort qui, tt ou tard, devait se dvelopper et la tuer :le ridicule.

    On a vu dj quelques chantillons du style des al-

    chimistes. Affectation, obscurit, lourdeur, hyperbo-

    lisme, il a toutes les conditions voulues pour faire

    rire ou fatiguer. Maintenant il convient de passer enrevue certaines ides ou prtentions des philosophes

    mie, onlit que lesmetauxsontengendrezd'uneeau, sauoird'eau sale, ou pourmieuxdire d'vn seldissout.M. Tiffe-reau, 5eMmoire,p. 24, dit : Lafixationde l'oxygnc,sacom-

    binaisonplusou moinsdurableavecl'hydrogne,sousl'actiond'un

    composazot; voilpourmoi la clefdela transformationdesmtaux.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    27/103

    21

    par le feu. Nous abordons ce qu'on a appel l'alchimie

    mystique.

    La magie blanche et mme la magie noire taientloin d'tre ddaignes par tous les adeptes. Dans lafabrication du Grand OEuvre, quelques-uns s'aidaientde la premire, c'est--dire faisaient intervenir Dieuou ses anges; quelques autres s'aidaient de la se-

    conde , c'est--dire s'adressaient au diable. L'impos-teur Braganino avait ses ordres deux dogues noirs

    qui sentaient fort le fagot. Thurneysser disposait d'un

    scorpion qui, certainement, n'avait rien d'orthodoxe.

    L'homunculus joue quelquefois un rle assez impor-tant. On appelait ainsi un petit animal ou un homme

    en miniature fabriqu par les procds spagyriques( voy. Figuier, p. 67). Paracelse en donne la recetteen ces termes : Hoc modo procedendum est :

    Sperma viri per se in cucurbit sigillat putrefiatsumm putrefactione ventris equini per quadraginta

    dies, aut tandi donec incipiat vvere et moveri et agi-tari, quod facil videri potest. Post hoc tempus aliquomodo homini simile erit, ac tamen pellucidum et sinecorpore. Si jam posthac quotidi arcano sanguinishumani caut et prudenter nutriatur et pascatur, et

    perquadraginta septimanas

    inperpetuo

    etsequabilicalore ventris equini conservetur, fit ind verus et

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    28/103

    22

    vivus infans, habens omnia membra ihfantis, qui ex

    mulire natus est, sed long minor. Hune nos Homun-culum vocamus, et is poste eo modo diligenti etstudio educandus est, donec adolescat et sapere et

    intelligere incipiat. Hocjm est unum ex maximis se-cretis quae Deus mortali et peccatis obnoxio homini

    patefecit, etc. (De natur rerum, vol. 2, lib. 1, p.86, Genve). L'homunculus a des proprits nom-

    breuses. Paracelse les numre : Si per illos (ho-munculos ) hominem quemdam morbo liberare veliset sanare, opus est ut imaginem ejus illinas et jun-gas. Si amorem, favorem et gratiam conciliare vis,

    homunculos geminos facies, quorum alter alteri ma-num porrigat, amplexetur, osculetur, et similia aliafaciat amoris officia. Si absentum ex locis dissitis do-mum pertrahere velis, ut quotidi tot miliaria confi-

    ciat, totidem et jam milliaria conficiet imago ejus in

    rot, procedens ex eo loco, ex quo homo ipse facere

    debet. Sic si tutus ab hostium armis esse cupias, ima-ginem tuam ex ferro vel chalybe parabis, et velut in-cudem indurabis. Si hostem ligaturas es, liga ejusimaginem Haec tibi etiam exempla sufficiant, ex qui-

    bus plura ipse deprimere poteris. ( De imaginibus,

    cap. 12, p. 502).N'est-il pas profondment regrettablequ'un homme de gnie comme Paracelse soit tomb

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    29/103

    23

    si bas? Dans quels travers durent donner les autresalchimistes! En voici encore quelques exemples.

    L'alcaest tait le dissolvant par excellence, l'agentqui pouvait donner tous les corps sans exception la

    forme liquide. Paracelse le premier avait signal sonexistence. Croirait-on que cette chimre occupa toutle XVIIeet prs de la moiti du XVIIIesicle ? Van Hel-

    mont prtendit avoir possd l'alcaest. Tackenius,Glauber, et beaucoup d'autres, ne voulant pas resteren arrire de Van Helmont, affichrent les mmes pr-tentions. II fallut deux sicles pour que l'alcaest dis-

    part du cercle des discussions scientifiques. Sil'alcaest dissout tous les corps, s'avisa-t-on de dire

    enfin, il doit dissoudre aussi le vase qui le renferme ;s'il dissout la silice, il doit dissoudre aussi le verre

    qui est form de silice. Cette rflexion si simplen'tait venue l'esprit de personne avant Kunckel.

    Lapalingnsie tait l'art de reproduire les plantes

    au moyen de leurs cendres. On brlait une plante etl'on en recueillait les cendres. Ces cendres, on lesconfiait la terre, et il en naissait une plante nou-velle. On devine que la science n'avait rien voirdans ce tour, digne de Robert Houdin ou d'Hamilton,son successeur. Si l'on et bien examin les cendres,on y et trouv des graines.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    30/103

    24

    Aujourd'hui, l'on connat peu la nature et la com-

    position duPch. La

    thologiele dfinit

    vaguement: Toute atteinte la loi de Dieu. Basile Valentin le

    reprsente comme le rsidu de la sublimation de nos

    parties clestes. Un alchimiste plus moderne, Eckart-

    shausen, entre dans d'assez longs dtails sur ce sujetscabreux. II donne la composition de chaque pch.

    II fait plus : il en rvle la cause dterminante. Quelleest cette cause? Le gluten. Oui, le gluten, cette sub-stance que possdent toutes les crales, et dontl'homme et les btes font, plus ou moins, leur nour-riture quotidienne. Le gluten se trouve galementdans le

    sang humain,il

    ysubit des modifications

    pro-voques par nos dsirs sensuels, et dtermine ainsinos mauvais penchants. Dans son tat de dilatationle plus grand, il produit l'orgueil; dans son tat d'at-traction , l'avarice et I'gosme ; dans son tat de r-

    pulsion , la rage et la colre ; dans son tat de rota-

    tion, la lgret et la luxure, etc. C'est dans leNuage qui plane nu-dessusdu sanctuaire qu'on lit ces

    jolies choses. On n'en saurait trop peu recommanderla lecture.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    31/103

    25

    IX

    Jusqu'ici il n'a gure t question que du ct gro-tesque de l'alchimie. Mais si elle fut, comme la phi-losophie, le rcipient d'un grand nombre des aberra-

    tions de l'esprit humain, elle accueillit aussi beau-coup d'ides ou justes ou grandes. L'alchimie a unct srieux.

    L'ide-mre de l'alchimie tait la composition des

    mtaux. Selon les alchimistes, les mtaux n'taient

    pas des corps simples (c'est--dire offrant l'analyse

    des lments toujours identiques) ; pour eux, c'taientdes corps composs. De plus, la composition desmtaux tait uniforme; elle ne variait jamais. Les m-taux se composaient tous de mercure et de soufre.La quantit de ces deux lments, leur qualit, voil

    ce qui constituait la diffrence entre les mtaux. Ainsil'or ne diffrait du cuivre qu'en ce que le premier deces mtaux tait form de beaucoup de mercure trs-

    pur uni une petite quantit de soufre aussi trs-pur.Le cuivre diffrait de l'or, parce que le mercure et lesoufre entraient en quantits gales dans sa compo-

    sition, etc. La consquence de ces principes tait

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    32/103

    26

    la possibilit de la transmutation Si, en effet, les m-taux taient des corps composs, si leur composition

    tait uniforme et que la proportion seule de leurslments caust leurs diffrences, il n'y avait qu'faire varier la proportion de ces lments pour obte-nir le mtal voulu. Ce n'tait qu'une affaire de pa-tience.

    Ontrouve dans les livres hermtiques une autreide : celle de la gnration des mtaux. Dans le sein

    du globe, les mtaux, croyait-on, s'laboraient commes'labore le foetus dans la matrice des animaux. Ilstaient dous d'une espce de vie, et pouvaient passerde l'tat imparfait l'tat parfait, comme ils pou-

    vaient de l'tat parfait revenir l'tat imparfait. L'ortait l'idal de la perfection mtallique. L'argent ve-nait ensuite. Les autres mtaux taient rputs vils.Cette ide de la gnration des mtaux n'est que le

    complment de celle de leur composition. Elles

    devaient ncessairement produire une troisime ide :celle de l'existence d'une sorte de semence des m-

    taux, metallorum sperma, agissant, soit la faon dessubstances fcondantes des animaux, soit la ma-nire des ferments. De l, l'invention de la pierrephilosophale.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    33/103

    27

    X

    Dans la pratique, les alchimistes eurent tort. Onl'a vu de reste. En thorie eurent-ils raison ? Est-il

    possible, dans l'tat prsent de la science, de portersur

    eux un jugement dfinitif? En d'autres termes,les mtaux sont-ils des corps simples ou des corpscomposs ? Si les mtaux sont des corps simples, le

    problme de la transmutation se complique ; si cesont des corps composs, il est rsolu. On saisit l'im-

    portance de la question.

    La science officielle enseigne et soutient, depuissoixante ans, le principe de la simplicit des mtaux.Dans son enseignement oral, dans son enseignementcrit, ce principe est considr comme peu prsinbranlable. La science officielle fait son devoir. Elle

    ne doit pas sortir du territoire des faits acquis (1).(I) Ona souventfaitun crime l'Acadmiedessciencesdesa

    pusillanimit.Ellemanqued'audace,dit-on.Ellea refusde re-connatretoutd'abordunefoulede dcouvertesqui plustardontfaitleurchemin.Cesreprochessontinjustes.O enserait-onsi l'Academiedessciencesaccueillaitimmdiatementtouteslescon-

    ceptionsqu'onlui soumet?

    Quelchaosdansla science!C'est

    lorsqu'ontudiel'histoiredel'alchimiequel'utilitd'uneAcad-

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    34/103

    28

    Ce principe, toutefois, n'est pas inattaquable. Si lesfaits dont on dispose aujourd'hui, et qui le combat-

    tent, ne sont ni assez nombreux ni assez forts pourle renverser, du moins suffisent-ils pour lui enleverde son autorit. Voici ces faits :

    1 Quatre substances simples (l'oxygne, l'hydro-gne, le carbone et l'azote), entrent seules, au dire

    des chimistes, dans la composition des corps organi-ss. Or, ils veulent que plus de soixante lmentssoient ncessaires la formation des combinaisonsminrales. N'y a-t-il pas l contradiction? Ainsi, l'at-

    mosphre qui nous entoure et dont l'paisseur n'est

    pas infrieure 15 ou 20 lieues, I'eau qui occupe les

    trois quarts du globe, toutes les crations animaleset vgtales, n'exigeraient que quatre substances,tandis que la masse solide du globe en exigerait audel de soixante pour sa composition! N'est-il pas

    miedessciencessecomprend.

    Lesalchimistescussent-ilscommistantde fautes,avanctant debilleveses,et finalementperdul'al-chimie, s'ils eussentsenti le freinsalutaired'uneAcadmie.Que,dausleurfeuilletonscientifiquehebdomadaire,lesjournalistesse montrentinfinimentmoinssvres;riende mieux.Ilssontdansleurrlederemueursd'ides.C'est,du moins,ainsiquenousl'en-teudions, quandle feuilletonscientifiquede la GazettedeFrancenousfaitconfi.Maisl'Acadmiedoitfaire

    peuprslecon-

    trairedece quefontlesjournalistes.Oirait-onsanscela?

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    35/103

    29

    probable que, si quatre substances seulement suffisentaux actions molculaires desproduits organiques, elles

    suffisent pareillement toutes les exigences des com-binaisons minrales?

    2 II n'est pas vrai que tous les mtaux soient des

    corps simples. L'ammonium, mtal nouvellement d-couvert dans les sels ammoniacaux, est compos d'hy-

    drogne et d'azote. On a russi, depuis quelquesannes, produire toute une srie de composs ren-fermant un vritable mtal, et ce mtal est constitu

    par la runion de trois ou quatre corps diffrents. Lenombre des combinaisons de ce genre s'accrot cha-

    que jour,et tend de plus en plus jeter du doute sur

    la simplicit des mtaux. (Figuier, p. 75.)3 Les appareils de chimie n'ont pas atteint leur

    plus haut degr de perfection. N'est-il pas possiblequ'ils soient impuissants constater la prsence decertains des corps qui entreraient dans la composi-

    tion d'un mtal? Supposons, par exemple, que l'orsoit form par la combinaison de l'oxygne (1) en untat autre que le gazeux et d'une autre substance.Comment dcouvrir dans l'or la prsence de l'oxy-

    (1) Leplatine, l'oret l'argents'oxydentmoinsfacilementque

    lesautresmtaux.Celan'indiquerait-ilpasqu'ilssontsatursd'oxy-gneouqu'ilsontplusd'oxygnequeceux-ci?

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    36/103

    30

    gne, s'il s'y trouve, par exemple, l'tat solide?

    On possde un mtal l'tat liquide, le mercure;

    l'oxygne l'tat solide n'offrirait rien de plus sin-gulier. Depuis combien de temps, d'ailleurs, a-t-on

    pu constater cet tat particulier affect par l'oxygneet auquel on a donn le nom d'ozone?

    XI

    Mais en supposant que les mtaux soient relle-

    ment des corps simples, il n'y aurait pas lieu de com-pltement dsesprer de la ralisation du rve alchi-

    mique. Le principe auquel on a donn le nom d'iso-

    mrie, est loin de ravir tout espoir.Longtemps on crut que deux corps possdant une

    mme composition chimique, avaient les mmes pro-prits. Les alchimistes, consquents avec eux-mmes,professaient l'opinion contraire. L'exprience a fini

    par donner raison aux alchimistes. II est aujourd'huireconnu que deux substances peuvent prsenter lamme composition chimique et possder des propri-ts diffrentes. Ainsi l'acide fulminique et l'acide cya-

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    37/103

    31

    nique contiennent les mmes quantits de carbone,d'oxygne et d'azote; le premier (dans les fulminates)dtone la plus faible lvation de temprature; lesecond (dans les cyanates) rsiste la chaleur rouge.Ainsi encore l'acide cyanydrique et le formiate d'am-

    moniaque, etc. La forme, le nombre et l'ordre, nesont donc pas, suivant l'expression d'Aug. Laurent,

    moins essentiels que la matire. C'est la constitutionmolculaire d'un corps, non sa composition chimique,qui fait ses proprits. Maintenant, l'isomrie quiatteint les corps composs, ne saurait-elle frapperaussi les corps simples ? L'or et le cuivre ont des pro-

    prits diffrentes; mais en prsence des faits qui pr-cdent , on ne peut plus affirmer que ce soient deuxsubstances diffrentes. Or, si le cuivre et l'or ne dif-fraient rellement que par leur constitution mol-

    culaire, qu'en rsulterait-il? Le rve alchimique pour-rait passer en fait.

    Une autre dcouverte de M. Dumas induit penserque les corps simples sont isomres. En comparantles proprits gnrales des corps isomres aux pro-

    prits des mtaux, il a constat que ceux-ci repro-duisaient certains caractres appartenant ceux-l. Dans toutes les substances

    prsentantun cas d'iso-

    mrie, on trouve habituellement des quivalents gaux,

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    38/103

    32

    ou bien des quivalents multiples ou sous-multiplesles uns des autres. Or, ce caractre se retrouve chez

    plusieurs mtaux. L'or et l'osmium ont un quivalentpresque identique. II est rigoureusement le mme

    pour le platine et l'iridium, etc. Enfin, un chimiste

    anglais, le docteur Prout, a reconnu que les quiva-lents chimiques de la plupart des corps simples sont

    des multiples exacts du poids de l'quivalent de l'und'entre eux (voy. Figuier, p. 352 et suiv.)Autre fait trs-remarquable. On voit, dit Dufr-

    noy ( propos d'un alliage natif d'or et d'argent d-

    sign par Klaproth sous le nom d'electrum), des la-melles qui prsentent la couleur jaune de l'or, tan-

    dis que d'autres sont d'un blanc jauntre, en sortequ'en choisissant les parties diffrentes par la couleuron obtiendrait des compositions trs-varies. Min-

    ralogie, t. III, p. 202). M. Th. Tiffereau (le seulalchimiste srieux qu'ait eu l'alchimie peut-tre), en

    tire cette consquence. N'est-ce pas l, dit-il, un dces faits que la nature nous montre comme exemplede la transformation de l'argent en or ? Comment con-cevoir et expliquer la formation de ces alliages sivaris de ces deux mtaux dans un mme minerai, sice n'est par le passage de l'argent l'tat d'or, parceque certaines lamelles ont t plus proches du cou-

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    39/103

    33

    rant gnrateur que j'appelle courant lectrique, quia favoris dans certaines lames le passage d'une plus

    grande quantit d'argent l'tat d'or, tandis que lesautres, tant plus loignes ou ne recevant qu'uneplus faible portion du courant, ont produit dans le

    mme temps des quantits d'or de plus en plus fai-bles? (6 Mmoire, 1854, p. 69.) L'alchimie,comme on voit, dpouille le vieil homme, et entredans la voie scientifique.

    XII

    Le principe alchimique de la gnration des m-

    taux, et l'existence du ferment ou de la semence m-tallique, laquelle on a donn le nom de pierre phi-losophale, ne peuvent se dfendre aussi avantageu-sement que le principe de la composition et la non-

    impossibilit de la transmutation des mtaux. Dansl'tat de la

    science,il est

    prudentde

    garderle silence

    sur ces deux questions.

    XIII

    Les alchimistes voyaient-ils nettement les cons-

    quences de la transmutation des mtaux vils ou im-3

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    40/103

    34

    parfaits, en mtaux nobles ou parfaits ? Il est permisd'en douter.

    Pleust Dieu, dit Flamel (ou plutt l'auteur quise cache sous son nom), pleust Dieu que chascunsceust faire de l'or sa volont, afin que l'on vesqutmenant paistre ses gras troupeaux, sans vsure et pro-cez, l'imitation des sainctz patriarches, vsant seule-

    ment,comme les

    premiers pres,de

    permutationde

    chose chose, pour laquelle il fauldroit trauailleraussi bien que maintenant. (Figures hiroglifi-ques, etc.)

    La pierre philosophale, on en conviendra, n'aigui-sait pas extraordinairement la perspicacit de ses

    possesseurs. Qui ne voit, en effet, que, l'or et l'argentavilis, dprcis, on serait contraint se rejetersur une autre valeur manuelle? Pour revenir aux

    temps primitifs, ces temps, heureux, dit-on,

    o l'on menait paistre ses gras troupeaux (lorsqu'onavait la chance d'en

    avoir),il

    faudrait,non

    passeu-

    lement que l'or, l'argent, le platine, les pierres pr-cieuses, eussent subi une dprciation immense ; ilfaudrait surtout que l'esprit humain et subi une r-volution complte Toute une rvolution intellectuelleserait indispensable. On en est loin, grce Dieu !

    Ingres parat-il dispos brler Raphal? Hugo

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    41/103

    35

    rtir Corneille et Shakspeare? Dumas le chimiste bri-sera-t-il ses fourneaux et cornues? Rothschild re-

    noncera-t-il ses vastes spculations, aliments de l'in-dustrie des deux mondes ? On peut hardiment dfierla pierre philosophale d'oprer ces transmutations-l (1). Telle est cependant la condition sine qu nondu retour de l'homme vers son berceau et au systme

    d'change prconis parle bon

    Flamel.Si la transmutation mtallique se ralise un jour,si les substances prcieuses deviennent viles, ce n'est

    point au temps des patriarches que les socits hu-maines remonteront. Elles entreront dans une nou-velle phase financire. Voil tout. Chose grave sans

    (1) Voici,selonnous,le meilleurargumenten faveurdupro-grs, et celuiqui affirmele mieuxsa ralit.Malgrlesbesoinsplusnombreux,malgrlessouffrancesmoralesplusnombreusesetplusvives,qui atteignentl'hommeintelligent,iln'en estpasun,peut-tre,quine souhaite sesenfantsuneintelligencesuprieure,pas un qui ne cherche dvelopperleurintelligencerudimentaire.

    Est-cesimplementaffaired'amour-propre?Nonpas. L'hommein-telligentsaitque, si lesbesoinset les souffrancesmoralessontenraisondirectedu dveloppementintellectuel,lesjouissancesmoralessontaussidanscettemmeraison.II y a balance.L'hommeinintelligenta moinsdebesoins,moinsde souffrances;maisil a

    peude jouissances.Balanceaussi.Maiscelui-civgte,tandisquecelui-lvit.Entrelesdeux situations,l'hsitationest-elle

    possible?

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    42/103

    36

    doute, mais non pouvantable. La vapeur et l'lectri-cit auront caus plus de bouleversements.

    Un papier-monnaie, une monnaie mtallique, l'unet l'autre sans valeur intrinsque, il est vrai, mais re-

    prsentant l'un et l'autre soit une valeurimmobilire,soit une valeur mobilire, garantis d'ailleurs par les

    gouvernements et les nations, n'est-ce pas ces moyens

    qu'on se hterait de recourir? Ds lors, qu'y au-rait-il de foncirement chang ?Ce qu'il y aurait de vraiment remarquable dans la

    rvolution qui se produirait, c'est l'augmentation devaleur des immeubles et de certains meubles, c'est larestitution aux campagnes d'une foule de bras quileur sont malheureusement enlevspar les villes, c'estl'lvation du salaire des ouvriers agriculteurs, leurinstruction plus solide, et par suite le rendement plusconsidrable des productions du sol. On ne revien-drait pas au temps des patriarches; on arriverait au

    temps o chacun mangerait de bon pain, sans mlangede fveroles.Peut-tre trouvera-t-on qu'il tait inutile d'appuyer

    ainsi sur les consquences possibles de la solution du

    problme alchimique. Telle n'est pas notre opinion.Les 400 millions, en moyenne, que les placers de la

    Californie et de l'Australie versent chaque anne dans

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    43/103

    37

    la circulation, le numraire de la France (le plus fortde l'Europe, environ trois milliards), ces deux faits

    parlent haut. Ne disent-ils pas clairement que, si lapierre philosophale n'avilit jamais les mtaux nobles,les mtaux nobles peuvent s'avilir eux - mmes ?...

    N'est-il pas bon, ds lors, de prvoir une rvolution

    financire, si lointaine qu'elle soit, et d'y parer?...

    XIV

    La Fontaine des Amoureux de Science a t un peunglige jusqu'ici. II est grand temps de penser elle.

    Le mrite littraire de ce pome n'est pas grand. A

    ct de quelques beaux vers, un grand nombre de pi-toyables. La littrature du XVesicle n'est pas bril-

    lante; elle n'est que curieuse. II semble que les XIIIeet XIVesicles aient, leur singulier profit, dpouillle XVede ses richesses potiques. Le XVesicle ne

    compte gure qu'un seul vrai pote : Charles d'Or-lans. Et, chose notable, peut-tre celui-ci ne dut-il

    qu' sa longue captivit en Angleterre son immense

    supriorit sur la plupart des potes, ses contempo-rains. Vivant dans leur milieu (1), il en et pris sans

    (I) Ch.d'Orlansnaquiten1391.II fut faitprisonnierparlesAnglais ladsastreusebatailled'Azincourt(1415).Il ne recouvra

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    44/103

    38

    doute plus d'un dfaut. A quelque chose malheur estbon.

    Littrairement,la Fontaine des Amoureux de

    Science ne se distingue point des autres pomes duXVesicle.

    Son mrite scientifique n'est pas, non plus, extraor-dinaire. II serait difficile de faire de l'or par les pro-cds (1) que recommande l'auteur. Quels sont ces

    procds? Aprs les avoir lus et mdits, on ne lesconnat pas mieux que devant. Une obscurit toute

    hermtique les enveloppe, suivant les prescriptionsdes matres.

    Le grand mrite, nos yeux, de ce pome souvent

    insipide,est d'avoir eu

    pourauteur un

    alchimiste,nomm Jean de la Fontaine. Au XVIIesicle, il y eutun autre alchimiste portant le mme nom. Est-ce

    jeu du hasard que ce La Fontaine, alchimiste au XVesi-

    cle, et ce La Fontaine, alchimiste au XVIIe?N'y au-

    la libertqu'en4440,aprslesconfrencesdeGravelines,et mou-rut en 4465.Hommepolitique,Ch.d'Orlansestinfrieuraupote.Il lui manquaitce flegme,sanslequellesplusrobustesqua-litspeuventdevenirdesdfauts.

    (1) Zachaire,loc.citat., lesappelaitavecraison mauldictesreceptes, ou (pourparlerplusproprement)deceptes. II y futparung temps,dit-il, plusenuelopet enfermque oncques

    Dedalusnefustenson Laberynthe. Heureux,toutefois! puis-que, la fin, il s'entira sapropresatisfaction.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    45/103

    39

    rait-il, dans cette concidence, qu'une apparence d'en-

    seignement ? :La Fontaine l'Ancien chercha, vrai-

    semblablement, toute sa vie, la pierre philosophale.II ne la trouva pas. La Fontaine.le Jeune ne la cher-cha jamais, et la trouva.

    Ceci ne prouve-t-il pas que la pierre philosophale,non plus que la fortune et la vraie gloire, ne

    veut tre trop violente ?

    Longnyet Tourouvre(Orne),aot 4801.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    46/103

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    47/103

    LA FONTAINE

    DES

    AMOVREVX DE SCIENCE

    CE fut au temps du mois de May,Qu'on doibt four dueil et esmay,

    Que i'entray dedansvng vergierDont Zephirus fut iardinier.

    Quanddeuant le iardin passoye,le n'estoispas vestu de soye,Maisde pauures draps maintenu,Pourn'apparoiren public nu.Et m'esbattant auec dsirDe chasserloingmon desplaisir,

    Ouy vng chant harmonieuxDeplusieurs oyseauxgratieux.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    48/103

    42

    Adoncie regardayl'entreDuiardin,qui estaitferme.Maiscommema veu estima,Zephirustostla defferma;Puisse retira, pareffectMonstrantqu'il n'auoitcela faict.Et quandie vis cellemaniere,le me

    tirayvngpeu arriere,

    Et onapresentray dedans.Duiour n'auoismangdesdents;I'auoyegrandsoifet grand faim,MaisportoisauecqmoydupainQu'auoisgardvne sepmaine.

    LorsapperceuvnefontaineD'eauetres clere,pure et fine,Quiestait soubsvne aubespine.Ioyeusementempresm'assis,Et de monpain soupesy fis;Puism'endormis,apres mangier,Dedansce gratieuxvergier;Et, selonmonentendement,Ie dormyassezlonguement,Pourla plaisancequeprenoysEstantau songeque songeois.Orpourrezscauoirde mon songe,

    Et s'aprsle trouuaymensonge.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    49/103

    43

    II est vrayqu'il mefut aduis

    Quedeuxbell'sdamesau clervis,Semblables fillesde royAuregardde leur noblearroy,Versmoy s'en vindrentdoulcement;Et ie les saluhumblement,En leur disant : Illustresdames,

    Dieuvoussaufet de corpset d'ames! Plaisevous moyvosnomsdire; Ce ne me vueillezesconduire.

    L'vnerespondpargrandplaisance: Amy,i'ay nomCongnoissance;

    VoicyRaison

    quei'accompaigne, Soitparmonts,parvaux,par campaigne; Ellete peult fairemoultsaige.

    Alorsentendantce langaige,Et cuidantestre resueill,

    D'vngcas fusfort esmerueill:

    Carissirveisdela fontaine,Quiest tant aggrableet saine,Septruisseauxqueveu ie n'auoye,M'estantcouchien cellevoye,Lesquelzm'auoyentsi fort mouillQuei'en

    estoyetout souill.

    La s'espandoitl'eaue foison.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    50/103

    44

    AdoncpriaydameRaison,QuiestoitauecqCongnoissance,Medire la signifianceDela fontaineet desruisseauxQuisont si plantureuxet beaux,Et qui estoitle pourpris,De tous costezbien entrepris,D'arbreset de fleursodorantesArrousezdeseauescourantes,En sorte quepareilsiamais

    Ne me sembloitauoirveu.MaisElleme dict tresdoucement: Monamy, tu scaurascomment Va de ce

    qu'assi

    granddesir:

    Escoutemoytout loisir.

    En la Fontaineha vne chose, Quiest moultnoblementenclose. Celuyquibienla congnoistroit, Surtoutesaultres l'aymeroit. Quila vouldroitchercheret querre, Etpuis trouuemettreen terre Et seicheren menuepouldre Puisarriere ensoneauresouldre, Maisque sussentauantparties, Puis assembleslesparties, Quila terre mettroitpourrir

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    51/103

    45

    En l'eaueque la doibt nourrir, II en naistroitvnepucelle Portantfruict doublemammelle, Maisqu'on ostastla pourriture, Dontellene son fruict n' ha cure. Lapucelledont ie deuise Sipoingtet ard en mainteguise : Caren l'airmonte,en hault volant, Puisdescendbas, a val coulant; Et en s'en descendant,faonne Faonque natureluy donne.

    C'estvngDragonqui ha trois goules Famineuseset iamaissaoules.

    Toutentourde luy chascunrue, L'enuironnantainsiqu'en rue, Et poursuiuantparfortechasse(4) Tant que gressecouuresa face, Quele noircistet si t'englue. Puisle compresseet le mengue.

    Elle r'enfantemesmement (Cese fait amoureusement)

    (I) Dansl'ditondonneparP.Rigaud,Lyon,1618,onsignalecetteva-riante:MaisavantparchaleuronchasseGressequeluycouurelaface.

    Etcetteautre:Maisdessusluyfautquel'onchasse,etc.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    52/103

    46

    Pluspuissantque deuantgrandsomme; Puis le boit commeius depomme

    Ainsil'enfant sa manire, Souuentboit et r'enfantearrire, Tant que pluscler est que christal. Pourvray le fait en est ytal. Et quandil est ainsiluisant, En eaue moultfortet puissant,

    IIpensedeuorersa mre, Quiha mangisonfrreet pre. Ainsicommel'alaitteet couue Le Dragon,firede sa couue. Samre en deuxpartiespart, QueIuyaide apresce depart,

    Et puis la deliurea troisgoules Quil'ontplustostprinsque gargoules.

    Alorsest le plusfort du monde; Iamaisn'est rien qui le confonde; Merueilleuxil est et puissant;

    Uneonceen vault cent d'orpesant. C'estvng feu de tellenature Qu'ilpassetoutepourriture, Et transmueen aultre substance, Quandqu'il attaint sa semblance; Et gueristmaladietoute,

    Apostume,lepre, et goutte;

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    53/103

    47

    Et svieulxcorpsdonneieunesse, Et s ieunes,senset liesse;

    C'estainsique de Dieumiracle. Cene peult fairele triade, Nerien qui soitsoubzciel trouu, Fors cecy,qui est esprouu Par les Proftesanciens Et pardocteursPhisiciens.

    Maisonne l'oseplus enquerre, Pourpeurdesseigneursde la terre; Oncquesmaisn'aduinttel meschi, Carce faireonpeult sanspeschi. Moultde Sagessi l'ont aym;

    Maulditsoit qui l'ha diffam. L'onne le doibt oncreueler Qu' ceulxqui veulentDieuaymer. Et quibien ayment,ont victoire PourseruirDieu,aymer,ou croire: Carcil quiDieudonneespace

    Deviuretant que en quelqueplace II ayt celleoeuurelaboure, Ha de Dieula graceimpetre En soy; sachescertainement: Dontprierdoibtdeuotement Pourles sainctshommesqui l'ont mise

    En escriptselonleur deuise;

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    54/103

    48

    Philosopheset sainctspreud'hommes, Dontie ne scaydire les sommes;

    MaisDieuleur face tous mercy, Quiont ouuriusquesicy; Et ceulx qui aymentla science Dieuleur dointbienet patience. Scauoirdoibsque celuySerpent Queie t'ay dit premierement,

    Est gouuernde sept Ruisseaux, Quitant sont amoureuxet beaux. Ainsil'ay voulufigurer; Maisaultrementle vueilnommer: C'estvnepierre nobleet digne, Faicteparsciencediurne,

    En laquellevertu abonde Plus qu'en nulle qui soitau monde; Trouueest parAstronomie Et par vrayePhilosophie. Elleprouientenla montaigne O ne croistnullechoseestraigne. Scachezde veritprouue, Plusieurssagesl'y ont trouue. Encoresla peult on trouuer Parpeinede bien labourer; DesPhilosoph'sest la pierrire Quetant est amoureuseet chire. Aysementonla peult auoir,

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    55/103

    49

    " Et si vault mieuxque nul auoir. Maispeineauras moultendure

    Deuantque tu l'ayes trouue; L'ayant,n'auras faultede rien Qu'ontrouueen ce mondeterrien. Or' reuenons la fontaine Pouren scauoirchosecertaine.

    Cellefontainede valeur Est vne damed'honneur,

    Laquelleest Nature appelle, Quidoibt estre moult honore : Carparell' toute choseest faicte, Et s'elley fault, tost est deffaicte,

    Longtempsha que fust establie CelleDame,ie vousaffie:

    " Caraussi tost que Dieueut faicts LesElemensqui sontparfaicts, L'Eaue,l'Air, la Terre et le Feu, Natureen tout parfaictefeu.

    SansNature,ne peut plus croistre Dedansla mer la petite oistre; CarNatureest mere la ronde Detoutes les chosesdu monde. Noblechoseest que de Nature. Moulty bienappert figure

    De l'homme,queNatureha faicte; 4

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    56/103

    50

    En quoy de rien ne s'est meffaicte. Aussifait-ilen plusieurschoses

    QuiparNaturesont descloses: Oyseaux,arbres, bestes, fleurettes," Du toutparNaturesont faictes; Et ainsiest-il des metaulx, Quine sontpareilsny esgaulx; Carparellemesmese font

    Dedansla terre bienprofond: Desquelzplus pleinconteray QuandNature te monstreray, Laquelleie veulx que tu voye, Affinque mieuxsuyue sa voye Et sonsentieren la tienne oeuure:

    Caril fault que la te descoeuure.

    Ainsique telspropostenoit,le veisNaturequi venoit.Et alors, sans faire delay,Droictencontreellem'en allay

    Pour la saluerhumblement.Maiscertes toutpremierementVers moyfeit inclination,Medonnantsalutation.LorsRaisondict : VoicyNature; A l'aymermets toute ta cure.

    C'estelle que te fera estre Deson ouurageprudent maistre.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    57/103

    51

    le l'escoutaydiligemment:

    Et ellese prit saigementA me demanderd'o i'estoyeEt qu'ence liu l ie queroye,Caril estoitbeaucoupsauuaige,Et pourles non clercsplein d'ombraige- Dame,di-ie,parDieude cieulx,

    le suisvenuci, commecieulx Quine scait en quell'part aller Pourbonneaduenturetrouuer. Maisie vous diray sansattente Et en briefproposmonentente. VnmoultgrandPrelatvey iadis

    Scauant,clerc,prudentet subtils, Quiparloiten communlangaige, Ainsique faictmainthommesaige, Du scauoirde la medicine Qu'ilfaisoittres-haulteet tres-digne, En demonstrantsesexcellences

    Par moultgrandesexperiences; DePhilosophieet science(1) Deuisoiten grandreuerence; Bienauoitest l'escolle. Alorsfusmisen vne colle Ardented'apprendreet scauoir

    (1)Edit.1618:DesPhilosophesetleurscience.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    58/103

    52

    Chosemeilleur'que tout auoir, Et de luy demanderm'aduint D'opremierla sciencevint; S'on escripto la rencontra, Et qui fut cil qui la monstra. II me responditsans delay Par cesproposque vousdiray.

    Sciencesi est deDieudon, Quivientpar inspiration. Ainsiest sciencedonne DeDieu,et en l'hommeinspire; Maisauecqce apprendon bien A l'escolleparson engien. Maisauant qu'onclettre fust veu Si estoitla scienceseu Pargens non clers, maisinspirez, Quidoibuentbienestre honorez: Carplusieursont trouuscience Par la diuinesapience. Et encorest Dieutout puissant Pourdonner son vray seruant Sciencetellequ'il luy plaist : Dequoy plusieursclersdesplaist, Disansqu'aulcunn'est suffisant S'il n'a est estudiant; Quin'est maistres arts, ou docteur,

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    59/103

    53

    Entre clers reoitpeu d'honneur. Et de ce les doibt onblasmer

    Quandaultruyne sauentlouer. Maisquibienpunirles vouldroit, Lesliures osterleurfauldroit. L seroitsciencefaillie En plusieursclers,n'en doubtezmie; Et pas ne le seroit s laiz

    Quifontrondeaulxet virelaiz, Et qui sauentmetrifier, Et plusieurschoses,que mestier Font maintesgens deliure, Qu'ilsne trouuentpas en leurliure. Le charpentier,et le masson

    N'estudientquebienpeu, non; Et si font aussibellevsine Qu'estudiansen Medicine, En Loix,et en Theologie, Pour auoirpractiquleur vie.

    Dslors fus grandementespris D'emploerdu tout mes espris, Tant quepar vraye experience Auoirpeussesla congnoissance Dece que maint'hommedesire Pargracedu souuerainsire.

    Monconte,Raisonet Nature

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    60/103

    54

    Bienescoutaient,ie vousasseure.Puis Naturedi : Madame,

    Helas,tousioursde corpset d'ame Suis en trauail,voulantapprendre Science,one puissemesprendre, Pourauoirhonneuren ma vie, Sansce que nul y ait enuie: Car tout monbien ie vueilacquerre,

    Commeles laboureursde terre; La terre four et hour, Et puis la semencesemer, Commefont les vrays laboureurs, Quisont leursbienset leurs honneurs. Et pourcelapriervous vueil

    Quevousme dictesde vozvueil, Commeon nommecellefontaine Quitant est amoureuseet saine

    Elle respond: Amy,de voir, Puisque desirezle scauoir;

    Elles'appelle,pourle mieux, La fontainedes amoureux. Orte doibt-ilestre notoire QuedepuisEue, nostremre, I'ay gouuerntretout le monde, Si grand commeil est la ronde.

    Sans moyne peult choseregner,

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    61/103

    55

    Si Dieune la veult inspirer. Moy,qui suis Natureappelle, I'ay la terre enuironne, Dehors,dedans,et au milieu; En toute choseprins monlieu, Parmandementde Dieule Pre; De touteschosesie suismre; A toutesie donnevertu; Sans moyn'est rien, ne oncquessu Chosequi soit soubsciel trouue, Quipar moy ne soit gouuerne. Maispuis que tu entens raison, Ie te vueildonnervngbel don, Parlequel,si tu veuxbien faire, TupourrasParadisacquerre, Et en ce mondegrand' richesse, D'onte pourra venirnoblesse, Honneuret grandeseigneurie, Et toutepuissance,en ta vie. Caren

    ioyetu

    l'vseras, Et moultde noblesfaictzverras Par cellefontaineet cauerne Qui tous les sept metaulxgouuerne. Ils en viennent,c'est choseclaire. Maisde la Fontainesuys mre,

    Laquelleest doulcecomme

    miel, Et aux sept Plantesdu ciel

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    62/103

    56

    Compareest : scauoir,Saturne,

    Iupiter,et

    Mars,et la

    Lune, Le Soleil,Mercureet Venus: Entendsbien, tu y es tenus. Lessept Plantesque i'ay dict, Accomparonssans contredict Auxsept metaulxvenansde terre,

    " Quitous sont faictsd'vne matire.

    L'or entendonsparle Soleil, Quiest vng metailsanspareil; Et puis entendonspourl'argent Luna, le metailnobleet gent. Venuspourle cuiureentendons, Et

    aussi c'est moultbien son nom..

    Marspourle fer, et pourl'estain

    " EntendonsIupiterle sain; Et le plombpourSaturneen bel Quenousappellonsormesel. Mercuriusest vif argent,

    Quia tout le gouuernement Dessept metaulx: carc'est leurmre, Toutainsi que si les compere, Quiles imparfaitspeutparfaire. Aprsle te veulxremetraire.

    Orentendsbienque

    iediray, Et commeie declareray

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    63/103

    57

    La fontaine dameNature,

    Quetu voiscy prs en figure. Si tu saisbienMercuremettre En oeuure,commedit la lettre, Medicinetu en feras, Dontparadispuisacquerras, Auecquesl'honneurde ce monde,

    Ograndplant debien abonde. SauoirdoibsparAstronomie Et parvrayePhilosophie, QueMercureest des sept metaulx La matiere,et le principaulx: Car

    parsa

    pesanteurplombasse," Se tient soubzterre en vne masse, (Nonobstantqu'elleest volatiue Et s aultres moultconuersiue) Et est soubzla terre trouue, Tout ainsi commeest la rouse. Et

    puisen l'air du Ciels'en

    monte, (Moy,Nature,le te raconte) Et si aprspeulxconcepuoir Quien veultmedicineauoir Mercurialeen son vessel, Lemettra dedansle fournel Pourfaire

    sublimation, Quiest de Dieuvng nobledon.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    64/103

    58

    Laquelleie te veulxmonstrer A monpouuoir,et figurer.

    Carsi ne faispurs corpset ame, la ne ferasbonneamalgame, N'aussibonparacheuement. Metsy doncton entendement.

    Or entendssi tu veulx sauoir

    ( Mieuxvaultbon sens que nul auoir) : Pren ton corpset en faisessay; Commeaultres ont faict,bien le scay. Tonesprit te faultbienmonder, Ainsque puissesincorporer. Si faire veulxbonnebataille,

    Vingtencontreconuientsans faille(1), Et si ton corps ne peult destruire Vingt, ce pas il faut qu'il meuire(meure). Si est la bataillepremire DeMercuretrs-forteet fiere; Aprsrendreluy conuientfaire,

    Anoisqu'on n'enpuistrien attraire. Quand tonvouloirentrepris Rendusera, lors estantpris, Si tu en veulxauoirraison, L'enfermerasdanslaprison

    (1)Edit.

    4618,Lyon,P.RIGAUD:

    Vingtcontreseptconuientsansfaille.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    65/103

    59

    D'oil nesepuissebougier. Maisd'vngdonle doibssoulagier, Oupour toy rienne vouldrafaire Tantque luy ferasle contraire; Et si faireluy veulxplaisir, II le te conuienteslargir, Et remettreen sonpremierestre, Et pource serastu sonmaistre:

    Aultrementsauoirbienne peulx Ceque tu quiers et que tu veulx. Maisparce point tu le sauras, Et tout tonplaisirviendras, Maisque tu facesde ton corps Cedontte faiscy le recors.

    Fairedoibsdoncq,sanscontredict, Premierde ton corpsvngesprit, Et l'espritrincorporer En son corps sanspointsparer. Et si tout ce tu ne saisfaire, Si ne commencepoint l'affaire.

    Aprscesteconiunction, Secommenceopration, Delaquelle,si tu poursieux, Tu aurasla gloiredes cieulx.

    " Maistu doibssauoir,parce liure,

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    66/103

    60

    QuemoyNaturete deliure," Quele Mercuredu Soleil N'estpas laLunepareil: Cartousioursdoibtdemourerblanche Pourfaire chose sa semblance; Et celuyqui au Soleilsert Le doibtressembleren appert; Caronle doibtrubifer: Et ce est le labeurpremier. Et puis assemblerlespeulton, Commei'ay dict, en la sasson Cy-deuantque tu as ouye, Quite doibt trouueren l'ouye. Et si ce ne sauoisentendre, En ton labeurpourroismesprendre, Et l'aduentureperdrois Longtemps,et en vainl'vserois: Et s' mondict saislabourer, Seurementypeulxproceder.

    Oras tu vngpointde ceste oeuure QuemoyNaturete descoeuure. Si te fault,parbonneraison, Faire aprsconglation Et de corpset d'espritensemble, Tant quel'vng l'autre ressemble;" Et puis te conuient,parbon sens,

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    67/103

    61

    Sparerles quatre elemens, Lesquelztousnouueaulxtu feras," Et puisen oeuurelu mtras. Premiertu doibsle feu extraire Et l'air aussipourcest affaire, Et les composeren aprs : Cete dy cy parmots exprs La terre et l'eaue, d'aultrepart, Seruentmoultbien celuyart, Et ainsifaitla quinte essence(1); Carc'est de notre faict la cence(2). Quandtu as les quatre trouuez Et l'vng de l'autre separez, Ainsicommeay ditpardessus, Tonfaictsera demyconclus.

    Orpeulxproceder;moennant Quetu facesce que deuant le t'ay ence chapitredit. Tu le mettras au fourpetit (3):

    (1)Variantes:Etaussifaitlaquinteessence.

    Etenfaisantla quinteessence.

    (2)Variante:C'estdenotrefaictlascience.

    (3)Variante.:Lemettrasaufourvngpetit.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    68/103

    62

    " Celas'appellemariage Quandil est faitparhommesage; Et aussic'estmoultbiensonnom. Or entendezbien la raison: Carmasculinest fortliable Auecqfmininamiable.

    " Et quandpurs etnetzsonttrouuez, Et l'vngauecql'aultre assemblez, Gnrationest certaine, Si quec'est vneoeuurehautaine Et qui est de grandesubstance. Ainsiest-il,d'autre semblance, Demainthommeet de maintefemme

    Quiont bonlozet bonne

    fame, Par leurs enfansqu'ilsscauentfaire, Dontchaceundoibtpriserl'affaire; D'oysealx,de besteset de fruicts. Aultrementprouuerie lepuis : Mettezd'vngarbre la semence En terre

    pourbonne

    science; Aprslaputrfaction, En viendragnration. Par le fromentle peulxsauoir, ( Quivaultmieuxque nul aultreauoir) : Semantvnggrain, en aurasmille.

    L ne fault estremoulthabile. Ne oncquesne fut creature

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    69/103

    63 -

    Quidirepeult moy,Nature: Naissanceayprins sansle cercher,

    Et nedoibsrien me reprocher. Et ainsides metaulxest il, DontMercureest le plus subtil. Quandil est mis dedansson corps(1)," Queie t'ay dit en mes records, II le conuientnamourer

    De sonpareil,puislabourer. Maisains qu' finpuissevenir, D'ensemblelesfaultdespartir. Maisaprs celledespartie, Se r'assemblent,ie vousaffie. Lafoispremierest fiansaille, Et la secondel'espousaille;

    A la tiercefoispardroicture Assemblsen vne nature, C'estle mariageparfaict, Auquelgist tresloutnostrefaict. Or entensbien commei'ay dit, Carpourvray en rien n'ay mesdit:

    (1)Variante: Danslefourestmis,ousoncorp, Queiet'ayditenmesrecords, Etdecefaireilestmoultprest, Ainsiqueverrascyaprs," Lluyconuientnamourer" Sonpareil,etpuislabourer.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    70/103

    64

    Quandtu lesauras sparez, Et peu peubien reparez,

    En aprs les r'assembleras, Et l'vngauecql'aultremettras. Maiste souuienneen ta leon Duproverbeque dit Caton: L'hommequi list, et rien n'entend, Sembleau chasseurqui rien ne prend.

    Si apprensdonc bien entendre, Affinquene puissesreprendre Les liures,ne les bonsfacteurs, Lesquelzsontparfaictsentendeurs: Car tousceulxqui riostreoeuureblasment Nela congnoissent,maisdiffament;

    Celuyquibien nousentendroit Moulttost nostreoeuureviendroit; Plusieursfoisa est ouure Et par philosoph'sesprouue. Maisplusieursgens tenuzpoursages Lablasment,(dontils sontfolages), Et chascunles en doibtblasmer, Quia sens en soysans amer. Maislouer doibton bienet bel Tousceulxqui aymenttel ioel, Et qui le pensent trouuer Parpeinedebienlabourer, Et doibton dire : c'estbien faict;

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    71/103

    65

    Losmrite leur bel effect. Orauonsnous dict vne chose

    Qu'ilfaultquebriefuementdesclose: C'est que, si bienprocderveulx, Tu facesl'vniondes deux, Tant que fiancezpuissentestre Ou vaisselqui en saitbien l'estre; Et puis pourton faict sparer

    Le te conuientbien ordonner. Et pourt'en dire la faon, Ce n'est que rsolution Laquellete faictgrandmestier, Sepoursuiuirveulxle mestier; Elledoibtle compostdeffaire,

    Ainsique tu en as affaire. Quandtu verrasla terre seiche,(1) Eauedu ciel fayqu'elle leiche, Carils sont de mesmenature. Labouredoncquespardroicture. C'est raisonqu'ell soit abreuue; Et de moysera gouuerne.

    Or t'ai-iedit, sans rien mesprendre,(1)Variante:

    Tantquechascunpartluysoit.Etpuisal'antlterresoif" Del'eaueducielpardroicture,

    (Carilssonttoutd'unenature) C'estraisonqu'ell'soitabreuue.5

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    72/103

    66

    Commeton corpspeult ameprendre, Et commeles faultdespartir,

    Et l'vng d'auecql'aultrepartir. Maisla despartie,sans doubte, Est la cl de noslre oeuuretoute. Par le feuelleseparfaict; Sans luy l'art seroitimparfaict. Aulcunsdient quefeu n'engendre

    De sa nature, forsquecendre; Mais,leur reuerencesauue, Natureest dans le feu ente: Carsi Naturen'y estoit, Iamaisle feu chaleurn'auroit; Et si prouuerie le voulois

    Le Sel en tesmoingie prendrois. Maisquoy!.. Nouslairronsce propos, Et aultre dire voulonsloz.

    Et quandce parlerentendis,Le mot en moncueurescripuis,

    Et dis : NobleDamed'arroy, Vueillezvngpeu entendre moy;a Et reuenons cesmetaulx, DontMercureest leprincipaulx, Et mefaictes,vouset Raison, Aulcunedclaration,

    Ou de vostre faictsuys abus

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    73/103

    67

    Pource que diet auezdessus: Car

    vousvoulez

    queie defface

    Ceque i'ay faictdeprimeface, Et expressementvousle dites; le ne saysi ce sont redites, Ousi parlezpar paraboles; Carie n'entenspointvosescholes.

    " Amy,ce responditNature, Dy,commeentenstu le Mercure Queie t'ay cy deuantnomm? Ie t'ay dit qu'il est enferm, Encoresque souuentaduient Qu'enplusieursmainsil va et vient.

    Le Mercurequeie

    te lo, Surnommde Mercurio, C'estle MercuredesMercures; Et maintesgensmettentleurs cures" Dele trouuerpourleur affaire: Carce n'est Mercurevulgaire.

    Sansmoytu ne le peuxtrouuer.; Maisquandtu envouldrasouurer, Moultte fauldraestre autentique Pourparuenir la practique, Parlaquellepourrasauoir, Denozfaictzvng tresgrandsauoir.

    Lesmetaulxte fauldracongnoistre Ou tonfaictne vauldravne oistre.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    74/103

    68

    Or, pourentendremieulxla guise, le te dirayol'oeuureestmise; Mesmementoellecommence, Si tu es filzde la science. Et cil quiy veultparuenir, Faultqu'cepointsachevenir, Ouriens nevauldrasonaffaire, Pour labeurqu'ily sachefaire. Pource nomm-iela fontaine, Quitant est amoureuseet saine, Mercure,celuyvray surgeon, Quicauseest deperfection.

    Or entensbienque te diray.

    Carpourvray riensne mesdiray: CeluyMercuresanspareil Peulxtu trouuerouleSoleil, Quandil est en sa grand'chaleur Et qu'il fait venirmaintefleur: Caraprs fleursviennentlesfruicts.

    Parcepointprouueriele puis, Et encoreparcent manires Quisont cefaitmoultlegieres; Maiscestuy-cyest leprincipe Et pourcelale te recite. Certesie ne t'ay abus:

    Carpourvoiril y est trouu.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    75/103

    69

    Et s'en Lunaveulxlabourer Autantbienl'y pourrastrouuer, En Saturne,et en Iupiter, Et en Mars,que ie nommeFer. DedansVenuseten Mercure Onpeultbien trouuerla plussure; Mais,quant moy, ie l'ay trouv Au

    Soleil,et

    puis labour; Et pource t'en ay faictce liure Quetu m'entendes deliure. DedansLunasachesde voir, Ay-ieprinsmonpremierauoir. Encoredy ie aux entendeurs

    Quec'est tout

    vngde deux

    labeurs, Exceptrubifiement, Quisert au Soleilnoblement. Et plusdire ne t'en sauroye, Si lapratiquene monstroye. Et cellene te puis retraire

    Sinonquetu

    le voyesfaire. Maisayesbien en ta mmoire Ce queie t'ay dit, c'est notoire(1). Estant rsolution, Fairedoibsinhibition:

    (1)Edit4648:

    Cequeiet'ayditiusqu'ire.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    76/103

    70

    Maisne commencepoint faire Cequei'ay dit sur tel affaire

    Si n'as probationdu faict D'auoirbien resoulsl'imparfaict. Et si tu peulxpassercepas, Recorpore-leparcompas, En reuenantau faictpremier; L'aultrene fut que messagier. Voirle peulxvidemment Commese faictlegierement. Parplusbriestu ne peulxvenir Auplusfort de tonaduenir; Et si tu l'entens,pourcertain Tu ne labourerasen vain.

    Et aprs ce labeurcy faict, Te fault reffairele deffaict. Putrefactionest, pourvoir, Dontil doibtnaistregrandauoir: En ce pointcy gist la mestrise Auqueltout nostrefaicts'attise

    ; Et quoyque t'aye dit deuant, Icy gist toutle conuenant. Dansle four est mis l'appareil; Tu en doibsauoirvngpareil, Cargermefaultpremierpourrir,

    Qu'ilpuissedehorsterre

    yssir. Mesmesla semencede l'homme,

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    77/103

    - 71

    (Quepourprobationte nomme), Se

    pourritau

    corpsdela femme

    Et deuientsang,et puisprent ame. Maisen formede crature, Ce secret cy te dict Nature.

    Carvnechoseen deburanaistre, Qui serabienplus que sonmestre (1), Pourallaicterles quatreenfans Quisontdesivenus tous grans, LesquelzElemenssont nommez Et l'vngde l'autre separez.

    Or as-tu cinqchosesensemble

    Et l'vne l'autre bienressemble; Aussin'est-cequ'une substance Touted'vnemesmesemblance. L doibtl'enfantmangersa mere Et aprsdestruiresonpre. Fleuret laictet fruictauecqsang

    Conuienttrouueren vngestang.

    Orregardedont le laictvient, Et que l sang faireconuient. Sice ne sayconsidrer

    (1)Edit.1618:

    Quesawabienplusquesonmaistre.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    78/103

    72

    Tuperstapeine labourer; Et si tu me

    saybien

    entendre, Si labouresansplusattendre; Cartu aspassle passage Odemeuremaintfolet sage; L, te peulxvngpeu reposer, Aprscommence labourer Et

    poursuitant

    quefaceissier

    Fruictparfaict,qu'on nommeElixier; Carparoeuuresciencieuse Se faictlapierre prcieuse, DesPhilosophesle renon, Quien sauentbienla raison;

    Et n'est ioyel,ne malauoir, Quipuissecell'pierrevaloir. Si ses effectsveulxqueie die, Guarirpeulttoutemaladie; Aussiparses tresnoblesfaicts, Parfaictles metaulximparfaicts,

    Et ne faictpluschosedumonde Forsceste o grandvertuabonde. A merueilleuxfaictsest encline; Pourtant la nommonsmedicine; Et de toutesles aultrespierres, Quemaintsprincestiennentpour chieres,

    Nullepeult tant resiouirl'homme, Queceste-cyqueie te nomme.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    79/103

    73

    Et pource ie t'en faismmoire

    Quetu le tiennes

    pournotoire:

    Carsurtoutespierresdu monde, Vertudedansla nostreabonde; Et pource doibtfairedebuoir De gaignervng si nobleauoir. Si tu me veulxbien ensuiuir

    Acepoinctpourrasaduenir. Apprensbien, si ferasquesage. Carie t'ay ditj toutl'vsage; Aufour tu le pourrasbienveoir- Auqueldoibtestretonauoir:

    Faisantparvngcertain

    atour, Deputrefactionle tour.

    Plus t'ay apprisque decespars Tonoeuvredemeureen deuxpars; Dece rienplus nete diray Iusquesen toyveui'auray

    Seruicepourquoyte le die; Caraultrementferoyfolie. Maisquandtu l'aurasdeseruy, En briefsmotzie te I'auraydy; Pourcene m'endemandeplus; Ie n'ay que trop dit du surplus.

    Et quand i'eusentenduNature

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    80/103

    74

    Quedeparlerplusn'auoitcurePourses

    ouuragesdeclairer,Moulttendrementprins plourer,Et dis : "Nobledamed'arroy, Vueillezauoirpiti de moy Ouiamaisne seraydeliure Dece qu'ay trouuen vngliure. Dites

    moy,Damenobleet

    bonne, L'aduance,si ferezaumosne.

    Lorsrespondit: Plusn'en scauras, Tantquedesseruytu l'auras.

    Hlas,dis-ielors, Damechire, Vueillez

    moydire la manire

    Commentle pourroydesseruir; Car tousioursvousveulxseruir Loyaumnt,sans ailleurspenser. le nevouspuisrecompenser, Neaugmentervostrerichesse. Seruicevous

    feraysans

    cesse, Si me donneztant nobleauoir Quedesvostresme recepuoir.

    AdoncNaturerespondit: Fils, tu say ce queie t'ay dit; Maissi me

    croy,d'oreen auant

    Pourrasbienestreplussauant.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    81/103

    75

    Dame,dis-ie,parDieudes Cieulx, le voudroisbien estre cieulx

    Quidoibtseruirpourtel affaire, Toutsonviuant, Sansrien meffaire; Vueillezmoydoncvosplaisirsdire, Carie ne veulxrien contredire.Lorsdit Nature: " Sansmesprendre, Beaufils,il te conuientapprendre A congnoistreles sept metaulx, Dontle Mercureestprincipaulx; Leursforces,leursinfirmits Et variablesqualitez. Aprsapprendrete conuient Dont

    soulphre,sel;et

    buylevient,

    Dequoynouste faisonsmmore, Quite fera mestierencore. Moultest le soulphrencessaire, Et si te donraprou faire- Sanssel ne peulxmettreen effect

    Vtilechosepourton faict." D'huyletu as mestiermoultgrant; Sansluy ne ferasfaictflagrant. Decete doybien souuenir S' nostreoeuureveulxparuenir.

    Vngmot te diray, orl'entend, Dequoy tu serasbien content:

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    82/103

    76

    Vngmtalen vng seulvaissel Te conuientmettreen

    vngfournel.

    C'estMercurequeie t'expose, Et si n'y faultnulleaultre chose. Mais,pour l'abregementde l'oeuure, Depoincten poinctte le descoeuure.

    Orte vueilie dire del'or," Qui des metaulxest le thresor, Il est parfaict; nul ne l'estplus De ceulxque i'ay nommdessus. LaLunel'est, et ne l'est mie; De vray ie le te certifie.

    Il n'ya

    qu'vngmetalau

    monde, En qui nostreMercureabonde, Et si est en tous sept trouu; Moultbien ay cecyesprouv.

    L'or est chaudet secpardroicture;

    LaLuneest froideen sa nature

    ; Saturnusestpesantet mol ; En cepeult il ressemblerSol; Plusieursclersdeparlerignel, Le veulentnommerormesel. Venusbien la Luneressemble En

    paixet en

    forgerensemble.

    Mercurefroidet humideest;

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    83/103

    77

    Tesmoingest lupinquien naist. Marsest dur, et pesant, et froid;

    Desaultrestousc'est le conroit. Soitleur nature dure ou tendre, II les conuienttous sept comprendre, Commelesay nommezdessus, Et congnoistrebien leurs vertus : Et parcepoinctaprs feras

    De Mercurece quevouldras. Las,dy-ie,Dame,il sera faict. Ditesmoyl'aduancedu faict. Et commentpourrayretraicter Cequ'ay veu en vostrevergier. Caroncquesmaispuis que fus n,

    le ne fus tant enamour Dechosenullede ce monde. le croyque vertu y abonde: le le tienspoursecret de Dieu, Quireuelsoit en ce lieu.Lorsdit Nature: Tudis voir, Et c'est du mondetout l'auoir; Carde ma fontaineprouient Grand'richesse,d'o l'honneurvient Aumondeen diuersemanire. Aplusieurssuis commeminire. Et pourceque tu es venu

    Icy sansaulcunreuenu,

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    84/103

    78

    Et que tu as volontbonne Delabourercommepersonne,

    Desirantbon-heurrencontrer, L'aduanceie te vueilmonstrer. Ditt'ay au chapitrenotoire (le ne saysienas mmoire), Qu'endeuxpartiesgistton oeuure. MoyNaturele te descoeuure.

    Fay ton soulphrepenetratif Parfeudeuenirattractif; Et puis lui faymangersa mere, T'aurasaccomplynostreaffaire. Metsla mereau ventre l'enfant, Qu'elleha enfantpar-deuant; Puissi sera et pere et fils, Toutparfaictdedeuxesperits Pourvray il n'en est aultrechose, Forsce que cy ie t'en expose; Et si tu y veulxadiouster Choseestrange,ou administrer

    Soulphre,sel, huyle,n'aultreriens, Pourvoir, tonfaictne vauldrariens. Carterre si ne peultporter Aultrefruictqu'ony veultsemer. Creaturefaictcreature Etbeste,beste sa nature

    ; Ainsiest de toutessemences.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    85/103

    79

    Tiensceproposde messciences. Beaufils,ne dyquece soit gale;

    II faultque toutmonteet auale Parvngcheminmoultgratieux, Moultplaisantet moultamoureux; La nostreeauepure ordonne(1), Toutainsiva quela rose. En l'air du Ciella fault monter,

    Et puisdoulcementaualer Parvng tresamoureuxsentier, Lequelon doibtbienretraicler. En la descentequ'ellefaict, Enfantele soulphreparfaict; Et si cepoinctpeulxvenir,

    Tupeulxbiendire sansmentir Qued'orpourrasavoirsur terre Grandequantitsansmeffaire. Carsi toutela merestoit Demtal, tel qu'onle vouldroit, Cuyure,Argentvif,PlombouEstain,

    " Et tu en missesvngseulgrain Dessus,quandseroiteschauffe, II en soudroitvnefume Quimentoitmerueilleuxarroy;

    (1)Edition1618:Lavoyei'aypreordonneToutensementquederose.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    86/103

    80

    Et aprs se tiendroittout coy; Et puis quand seroitappaise

    La fume,et tout accoise," La Mertrouueroitplus fin or, Quenul roy ayt en son thresor.

    Orvueilau proposretourner Quedeuant,pourbien gouuerner:

    Quandton

    soulphresera

    mangi, TonMercuremortifi, Tienle en prisonquaranteiours; Et puis tu verras tes amours; Et Dieut'en laissesi bien faire," QueParadispuissesacquerre.

    Tuvoisicybien ordonne Laprisonqueie t'ay nomme; Parfoyla te bailleen figure. Orte souuiennede Nature, Qui t'a vouluadministrer Sinobledon, et reueler

    La sciencetresadmirable Et ence mondevenerable. Aultrementne peult estre faicte Lapierrequeie t'ay retraicte. Voydoncquesbien les escriplures Denosliures, opar figures

    Demonstreest cestescience,

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    87/103

    81

    Quiest la fleurde sapience: Vrayechosesansnulle fable,

    Treseertaineet tresveritable. Ledessoubssi est tout semblable Ace qui est dessusmuable, Pourperpetrer la fin close Miracled'vneseulechose. Commede seulechosefurent,

    Et parla pensed'vngcreurent Toutesles chosesque sontnes, Si nosoeuuressontd'vngcres. Lebeau Soleilen est lepere, Et laLunela vrayemere; Le vent en sonventrele serre ; Sanourricesi est la terre ; Lepereest du thresordu monde; Et grant secret icy se fonde: Saforcesi est touteentire. Quandil retourneen terre arrire, Separela terre du feu

    Parenginet enproprelieu; Et doulcementle grosdespart Dusubtil,que tiendras part. Lorsmonterade terre s cieulx, Etdescendradeuant tes yeulx. Receuantvertu souueraine Auecqsa forceterrienne.

    6

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    88/103

    82

    Ainsiparuiendras grand' gloire, Par tout le mondeayant victoire;

    C'est des forcestoute la force. L o maint se peineet efforce, Les subtileschosesvaincras Et les dures transperceras. Merueillessontmoultconuenables, Dontauonsles raisonsnotables.

    Monnom est Iehanla Fontaine.Trauaillantn'ay perdu mapeine;Carparle mondemultiplieL'oeuured'orque i'ay accomplieEn ma vie,parvrit,

    Graces SaincteTrinit,Quide tous mauxest medicine

    Vraye, et pareffectla plus fine

    Qu'onpeult en aulcunepart querre,Soiten mer, soiten toute terre,Et du metal impurl'ordure

    Chasse,tant qu'en matirepureLa rend : c'est en metaltresgentDel'especed'or oud'argent.

    L'oeuurese faictparce moyen;Et si n'y fault nul autre engien;

    Selonmonpetit sentiment

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    89/103

    83

    Le trouuevritablement.Pourceveuil-ienommermon

    liure,Qui dit l matire,et deliureL'artificetantpretieux:La fontainedesamoureuxDela sciencetres-utile,Descripteparmonpetit stile.

    Faict futparamoureuxseruageLorsquen'estoyeieuned'aageEn l'an mil quatre cent et treze,Quei'auoyed'ansdeuxfoisseize.Complyfut au moisde lanuier,En la villede Montpelier.

    FINDDMANUSCRIT

    Dansl'ditionde Lyon,PierreRigaud,1648, on lit ce

    qui suit:

    QUELQU'VNADIOUSTE

    CifinistIeande la FontaineQui, tenanticelleoeuurehautaine,Commevn donde Dieutres-secret,Doitfairetout hommediscret.

    Toutl'artquiestdesigrandprixPeutestreeucesdeuxverscompris:

    Sifixum

    soluas,faciasquevolaresolutum,Et volucremfigas, faciette viueretutum.

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    90/103

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontaine des Amourex de science 1861

    91/103

    BALADE

    DVSECRETDESPHILOSOPHES

    Quiles deuxcorpsveuxanimer,Et leurMercurehors extraire,L'ardantd'iceuxbiensublimer,L'oyselvolantaprs retraire:L'eaute conuientparart detraireDesdeuxvnisparfaictement,Puisle mettreen vas circulaire,Pourfruictauoirtres-excellent.

    Le Pellicanfautpermuer:Deson vaisselne mepuis taire :

    N'oubliepas le circulier

    Parfeusubtilde tres-bonaire:

  • 7/30/2019 de La Fontaine J.: La Fontai