Dans la même collection

Gaston Strarbach et Antonin Baudenne : Sao Tiampa, épouse laotienne, roman

Henry Daguerches : Le kilomètre 83, roman

Roland Meyer : Saramani, danseuse cambodgienne, roman

Réalisation de la jaquette : Auroville Press - Auroville Inde

Janine Brégeon

L'apprenti-yogi

EDITIONS

K KAILAS H

L'APPRENTI-YOGI

© Janine Brégeon © Kailash Éditions - 1993 ISBN 2-909052-25-7

69, rue Saint-Jacques - 75005 - Paris - France 169, Lal Bahadur Street - 605 001 - Pondicherry - India

© Dessin de l'auteur

Directeurs de la collection "Les exotiques": Alain Quella-Villéger, Elisabeth de Condappa, Jean-Philippe Geley. Impression : TT. Maps & Publications Limited

Madras-600 044, INDIA.

JANINE BRÉGEON

L'APPRENTI-YOGI

EDITIONS

K AILAS H Livres sur l'Asie

DU MÊME AUTEUR

Une journée inutile, roman, Gallimard, 1966 L'âge des loisirs, nouvelles, Gallimard, 1974 Le Margousier, récit, Flammarion, 1985 Un voyage de France en Inde 1952-1955, Kailash, 1992

Le texte que nous publions est une version remaniée du livre écrit en 1963 et paru sous le même titre, mais sous le pseudonyme de Janine Giraud, aux Éditions du Scorpion, en 1967.

devançant ses reproches, ne se démonta pas, rappelant comment Milarépa avait sagement accepté un festin de viande de la main de chasseurs quand ses ascèses excessives entra-

vaient ses progrès sur le sentier, et comment,

le repas absorbé, il put reprendre ses exer- cices et atteindre les cimes que l'on sait. Ce petit discours bien enlevé, cette manière saine, hygiénique, de voir les choses, cette érudition, ne la convainquirent pas. Pas plus que Pierre Saint-Sévère, ni Paul d'ailleurs qui hochait mélancoliquement la tête, elle ne pou- vait admettre que la femme de l'ingénieur va- lût une venaison et surtout une bonne médita-

tion.

Aussi, méprisant, Pierre s'était-il retiré dans sa grotte, cette retraite austère qu'il avait fini par trouver à trois kilomètres environ de la communauté. Il l'avait débarrassée de ses

toiles d'araignées, balayée, y avait transporté un bidon de vingt litres d'eau — le précieux

liquide manquait — et un fait-tout, car il fal- lait bien boire et manger. Il y avait installé sa

natte et sa peau de panthère, constatant avec satisfaction que l'on trouvait dans les envi- rons beaucoup d'orties (voir Milarépa), refu- sant de révéler l'endroit à quiconque et y pas-

sant tout son temps disponible, bien décidé à y venir vivre complètement dans un avenir proche, car l'air était si doux, le ciel si bleu qu'il ne pouvait plus croire à cette fin du monde. C'était aussi l'opinion de sa mère qui l'avait quitté, disant que, de toute façon, elle préférait être brûlée vive plutôt que de rester

une journée de plus avec les fourmis, les cra- pauds et...pire. Bien sûr, Pierre en avait été attristé, mais n'étaient-ils pas destinés, tôt ou tard, à être séparés ?

Les choses en étaient là au 28 juin. Le sol- stice semblait loin avec ses flambées et l'étin-

cellement strident des buis. Et rien. Toujours rien. Paul refusant de s'expliquer, même par écrit, la demoiselle suggéra à la femme de l'ingénieur de se mettre en communication

avec le swami Ananda. Celle-ci accepta, se retira dans la solitude, se concentra, se recon-