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« Crimes d’honneur ou le déshonneur du crime ? » Linamar Campos Rapport élaboré dans le cadre du Programme de maîtrise en médiation interculturelle Université de Sherbrooke, Québec octobre 2011

Crimes d’honneur ou le déshonneur du crime...the tribe –sometimes to a nation-state. Members of the collective have a Members of the collective have a stake in the shared honor:

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« Crimes d’honneur ou le déshonneur du crime ? »

Linamar Campos

Rapport élaboré dans le cadre du

Programme de maîtrise en médiation interculturelle

Université de Sherbrooke, Québec

octobre 2011

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“Women are not breeders. Women are not lesser beings. Women are not objects created for the sexual pleasure of men. Women

are human beings capable of participating fully and equally in every realm of human endeavor. When women are held down, all

of humanity is held back. Women must win liberation, and they can only be liberated through the revolutionary transformation of

the world and the emancipation of all of humanity, and through being a powerful motive force in that revolution... “When so few

will dare, this declaration is calling for something unseen in generations: an uncompromising outpouring of women and men the

world over who refuse to see women oppressed, beaten, imprisoned, insulted, raped, abused, harassed, exploited, murdered, spat

upon, thrown acid at, groped, shamed and systematically diminished.”

Excerpt from “A Declaration: For Women’s Liberation and the Emancipation of All Humanity,” March 8, 2009

Introduction

Même si les crimes d’honneur ne sont pas classifiés comme tels, rarement punis dans le

monde islamique et timidement reconnus et appelés avec ce nom dans le monde occidental, les

études qui ont été menées montrent qu’il y en a eu une augmentation visible entre 1989 et 2009.

D’après Chesler (2010) les raisons pourraient être dues « à un surcroît de l'extrémisme et du

fondamentalisme islamique djihadiste, ou à des crimes d'honneur qui sont plus précisément

signalés et poursuivis, en particulier en occident ». Ce qui est vrai, c’est qu’« officiellement »

cinq mille femmes perdent la vie chaque année pour cette raison1 (les chercheurs considèrent que

le chiffre réel est de vingt mille). De ce nombre, quatre-vingt-onze pour cent sont des crimes

commis entre musulmans (agresseur/victime).

Au Canada et au Québec, dans une société qui s’auto-qualifie de démocratique, pluraliste

et ouverte à toutes les cultures, où nous sommes très fières de nous définir comme une société

basée sur la primauté du droit et l’égalité des personnes, nous nous sommes convertis en témoins

des actes choquants pour notre psyché et pour notre manière de régler et ordonner la vie en

communauté. Ces événements, plus spécifiquement, ces délits commis par des personnes issues

des communautés musulmanes, les crimes d’honneur, nous obligent à réfléchir, à juger et à

légiférer sur des coutumes qui ne nous sont pas familiales et sur lesquelles nous pouvons nous

tromper dans nos conclusions.

Actuellement, en Ontario, nous avons un exemple de ce type de crime, l’affaire Shafia.

Geeti, 13 ans, Sahar, 17 ans, et Zainab, 19 ans, de même que Rona Amir Mohammad, 50 ans,

1 D’après les chiffres reconnus par l’ONU

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première femme de Mohammad Shafia (d’origine afghane) ont été trouvées mortes dans une

écluse de Kingston Mills. La Couronne tente de prouver que les quatre femmes ont été tuées

pour laver l'honneur de la famille en raison de leur « occidentalisation accélérée ».

Il est vrai qu’après les attentats de New York, de l’Espagne et d’Angleterre, s’est éveillé

au tour du monde un sentiment antéislamique et presque tout symbole associé avec l’Islam est

publicisé et utilisé pour confirmer un état presque barbare, associé avec le Mal pour quiconque

professe la religion islamique. On devrait reconnaître que tout absolutisme per se manque

d’objectivité, par contre on doit aussi admettre que nous sommes devant des expressions

culturelles qui maintiennent des principes et normes archaïques et extrêmes; des coutumes qui

nous échappent, mais qui sont profondément enracinées dans la psyché individuelle et

l’imaginaire collectif de ces populations.

Ce travail cherche à expliquer les origines millénaires de l’utilisation du corps de la

femme comme champ de bataille des masculinités, aussi qu'à fonder les raisons pour lesquelles

nous avons besoin d’aller plus loin que l’action de juger ou légiférer sur la violence exercée sur

le féminin; c’est-à-dire, éduquer sur une question où les femmes canadiennes et québécoises ont

dû se battre durement pour se défaire des inégalités et établir un certain équilibre. À mon avis

(colligé de, et partagé par plusieurs érudits et spécialistes en la matière), les crimes d’honneur

sont à but ultime, l’expression extrême de l’androcratie (patriarcat et fratriarcat) et ne relèvent

pas seulement de la « violence domestique » tel que le Conseil Canadien des Relations

Américaines-Islamiques insiste de les qualifier. Par conséquent, l’État canadien et québécois sont

obligés de se prononcer et de démontrer dans les faits ce qu'ils prêchent : que nous demeurons

dans une société de droit où les hommes et les femmes détiennent les mêmes droits et où le droit

civil a la primauté.

Problématique.

Nos cadres juridiques normatifs doivent faire face à une nouvelle série d’assassinats de

jeunes femmes, justifiés par leurs agresseurs d’avoir été commis « pour laver et restaurer son

honneur ainsi que celui de sa famille », communément appelés « crimes d’honneur ». Un

questionnement s'impose: En suivant les politiques de multiculturalisme établies au Canada,

devons-nous accepter une telle justification pour atténuer la gravité du crime et de la peine de

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prison, ou sommes-nous prêts à instituer des punitions sévères qui créeront une jurisprudence

pour inciter cette communauté à se remettre profondément en question sur une telle pratique ? Y

a-t-il des actions à mettre en place et rependre pour arrêter la tuerie des femmes musulmanes,

pour prévenir la violence au sein de cette culture, pour éduquer et sensibiliser toute la population

et en particulier nos intervenants ? Sommes-nous face à un phénomène qui nous dépasse ?

Méthodologie.

Recherche bibliographique à travers des banques de données et de l’internet. Lecture des

livres. Recension d’écrits et sélection de textes à utiliser. Discussions avec des professionnelles

spécialisées dans des études féministes et de la condition masculine.

Limites de l'exercice.

Étant donné que je ne suis pas une avocate de formation, je ne toucherai pas en

profondeur l'aspect juridique spécifique en lien avec notre cas d'étude afin d'éviter de rentrer

dans des terrains glissants et faire des affirmations ou des suggestions qui invalident notre

travail.

Approche historique. Le corps et la sexualité féminine comme propriété masculine.

Il est généralement accepté que depuis cinq mille ans l’idéologie dominante sur la

planète est masculine. Nous sommes très familiarisés avec le nom « patriarcat » pour la définir,

mais en suivant Kordvani (2002) nous utiliserons le terme « androcratie » qui d’après le

chercheur est plus approprié pour nommer le système qui gouverne les sociétés du Moyen-

Orient. Nous entendons pour androcratie la définition de John Remy (1990), soit « gouverné par

les hommes » (rule by men), terme qui inclut le patriarcat « gouverné par les pères » (rule of the

fathers) et le fratriarcat « gouverné par les fraternités » (rule of the brotherhoods).

L’androcratie implique que les hommes âgés d’une famille ont l’autorité sur tous les

autres membres de la même famille, que ce soit de jeunes hommes ou femmes en général; c’est-

à-dire, ils sont soumis au contrôle et à la subordination de l’autorité que cet homme a le droit

d’exercer (Moghadam, 1993). L’auteur ajoute que cette notion d’ « homme âgé » doit être mise

en contexte dans une société structurée sur la parenté, société où la subordination des femmes et

la domination des hommes va être aussi lié à la reproduction de la parenté du groupe. Autrement

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dit, il n’y a pas seulement un homme comme « patriarche », mais plusieurs membres mâles qui

vont exercer le pouvoir dans leur qualité d’« ainés ».

Au cours des dernières années, il y a plusieurs académiques qui cherchent à démontrer la

différence entre les concepts « homme » et « masculinité ». Le premier, définie un « être

biologique » et le deuxième est un construit culturel qui nous amène à parler de « masculinités ».

Pour définir ce que les hommes considèrent comme faisant partie des caractéristiques de la

masculinité, bien qu’il y a tout un éventail d’éléments, nous en trouverons trois qui sont partagés.

Le rôle d’un homme est d’être : fournisseur, protecteur et procréateur. Ce qui est primordial dans

ces études c’est le fait qu’il y a implicitement un sous-entendu sur l’utilisation de la violence

pour les accomplir, ou un encouragement explicite de l’emploi de la violence pour protéger ou

maintenir en place ces rôles (Lang, 2003). En plus, d’après Kumar et. al. (2002), il existe un lien

très fréquemment trouvé entre l’échec d’un homme pour ne pas accomplir ces rôles (réel ou

perçu) et la présence de la violence domestique comme réaction au fait de se sentir humilié.

Or, nous avons deux facteurs qui nous aideront à comprendre ce qui se passe dans les

sociétés où ces concepts et valeurs sont à la base de leur structure. D’après les spécialistes de ce

sujet, dans les sociétés du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud où l’islamisme s’est répandu,

l’existence d’une telle structure sociale n’est pas basée seulement dans l’ascendant moral d’un

homme (le patriarche), mais sur une structure étroite de relations d’autorité partagée parmi

plusieurs hommes de « pouvoir ». Une telle organisation devient la base d'un système

d'interaction plein de syncrétismes de valeurs tribales (structure socio-institutionnelle) et celles

qui sont émergées des croyances religieuses (superstructure).

Le cadre conceptuel. L’honneur : ça sert à quoi (à qui)?

Maintenant, nous devons ajouter un troisième composant sur les fondements de telles

sociétés : le concept de l’honneur.

D’après les chercheurs qui ont étudié le phénomène (Stewart, 1994 ; Khader, 2002;

Wiken, 2008, Chesler, 2009) la première contrainte que nous devons mettre au clair c’est la

définition et la compréhension du terme. Dans les langages occidentaux, particulièrement

l’anglais et le français qui sont couramment parlés au Canada, le terme « honneur » à une sorte

de halo d’héroïsme et de noblesse. « L'honneur est ambigu dans la plupart des langues d'Europe

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occidentale, car il a une telle gamme de référence » nous signale Wiken (2008). En revanche,

d’après Stewart, dans les langues anciennes telles que le kurde, le turc ou l’arabe, le mot a deux

significations précises : l’une qui est liée à la hiérarchie ou le rang et qui pourrait être mesurée

avec une échelle verticale (qui augmente ou diminue); et l’autre, personnelle, qui est horizontale,

qui n’est pas mesurable : on a l’honneur ou ne l’en a pas. Wiken ajoute une autre caractéristique

de l’honneur dans ces sociétés, partagé aussi par Feldner (2000), Stilwell (2008) et Chesler

(2009):

[…] honor has also a collective aspect: it belongs to the family, the clan, or

the tribe –sometimes to a nation-state. Members of the collective have a

stake in the shared honor: if one of them is dishonored, so are they all.

(p.86)

Plus précisément, dans ces langues et collectivités la référence faite à l’honneur qui est souillé,

c’est « l’honneur sexuel » (Khader, 2002), qui dépend de la chasteté et la modestie des femmes.

Il faut souligner que les femmes ne peuvent pas avoir de l’honneur, car celui-ci est une

caractéristique et une valeur réservée aux hommes. Elles doivent avoir le « sens de la honte »

qui doit être sauvegardé avec un comportement propre, sans tache.

Dans son minutieux travail pour clarifier le terme « honneur », l’anthropologue suède

Unni Wiken2 insiste de ne pas considérer la honte comme le contraire de l’honneur, car la honte

est graduelle, un concept ambigüe et diffus, tandis que l’honneur a la qualité d’affecter toute la

personne. « L'honneur est un badge, un sceau de qualité ». Cependant, c’est une valeur qui n’est

pas du tout dans les mains de ceux qui l’ont créée. Tel que Wiken affirme, aux yeux de tous, les

femmes (en qualité de propriété masculine) sont l’incarnation de l’honneur des hommes. Cette

transposition est possible puisqu’à partir de la conception androcentrique dont j’ai parlé au début,

les hommes se sont adjugé le rôle de « protecteur » (possesseur) des femmes, que ce soit leur

fille, leur sœur, leur femme, leur nièce ou leur cousine. Wiken définit les crimes d’honneur en

étant :

[…] a murder carried out as a commission from the extended family, to restore

honor after the family has been dishonored. As a rule, the basic cause is a rumor

that any female family member has behaved in an immoral way. (p.97)

2 Qui a écrit le texte que j’utilise, « In honor of Fadime », motivé par l’assassinat de cette fille en Suède à mains de son père « pour honneur », acte qui a scandalisé la société de ce pays.

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De ce point de vue, chaque attitude, action, ou événement (réel ou rumeur) causé par « leurs

femmes » qui brise le « code d’honneur » va avoir un effet inévitable et des conséquences

catastrophiques pour eux et pour tous les hommes et membres de leur ligné, de leur famille, de

leur communauté, de leur tribu ou de leur confession religieuse, tel que nous pouvons constater

actuellement.

Les caractéristiques et les enjeux sociaux dans un crime d’honneur.

À l’introduction, j’ai exprimé que la Couronne essaie de prouver que la mort des enfants

et la première épouse de Mohamed Shafia a comme motivation « laver l’honneur ». D’après

l’information publiée sur le site web de Radio Canada,3

il y a des circonstances que j’aimerais

amener ici, en raison de la similitude avec la mort de Fadime Sahindal, tuée par son père en

Suède au 2002. Zainab Shafia, la fille ainée s'enfuit dans un centre pour femmes en difficultés et

est restée là pendant deux semaines (elle a rendu public ce qui est considéré dans le code

d’honneur comme privé); elle avait aussi choisi l’homme pour se marier (un autre défi aux

coutumes). Son père, Mohamed Shafia, utilise des termes aussi référés par le père de

Fadime (c’est moi qui souligne):

[…] Et même si l'on me hisse sur une potence, rien n'est plus important à mes

yeux que mon honneur. Laissons notre destinée entre les mains de Dieu, et que

Dieu ne nous déshonore jamais, ni toi, ni ta mère, ni moi. Je n'accepte pas ce

déshonneur. Il n'y a rien de plus important que notre honneur. (Chronologie, 21

juillet 2009).

Voici une autre déclaration d’un jeune palestinien de 25 ans qui nous laisse voir la transmission

millénaire d’une coutume originaire du tribalisme arabe préislamique et depuis longtemps

intégrée dans la société islamique :

I did not kill her, but rather helped her to commit suicide and to carry out the

death penalty she sentenced herself to. I did it to wash with her blood the family

honor that was violated because of her and in response to the will of society that

would not have had any mercy on me if I didn't... Society taught us from

childhood that blood is the only solution to wash the honor (Feldner, p.41)

Pour expliquer ce qui se passe dans la psyché des agresseurs, Feldner (2008) cite

l’analyse d’Izzat Muhaysin, un psychiatre palestinien qui travaille dans un programme de santé

3 Chronologie des événements en 2009, mise à jour le mercredi 16 novembre 2011 à 10 h 44 HAE

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mentale à Gaza, et qui signale que la société d’appartenance perçoit l’individu qui s’abstient de

« laver la honte avec le sang » comme « un lâche qui n'est pas digne de vivre » et aussi comme

« moins qu'un homme ». Donc, avec l’assassinat, l’homme déshonoré et sa famille vont retrouver

son statut social d'origine.

Afin de différencier un crime d’honneur d’une violence domestique la fondation suisse

SURGIR (2011) nous fait noter qu’ils existent neuf critères à accomplir :

1) Le crime est planifié. 2) Il est utilisé comme menace afin de contrôler les

femmes. 3) La planification et l’exécution du crime impliquent plusieurs membres

de la famille et peuvent inclure la mère, les sœurs, les frères, les cousins, les

oncles, les grands-pères. 4) La famille élargie fait pression sur la famille directe.

5) La communauté est complice. Elle dénonce les comportements déclarés

répréhensibles et aide parfois la famille à retrouver la femme en cas de fuite. 6) Le

mobile du crime est que la femme a déshonoré la famille. 7) Plus de la moitié des

crimes répertoriés font état de pratiques très violentes et barbares : décapitation,

éventration, gorge tranchée, brûlure à l’acide, lapidation, étouffement avec

tortures, immolation par le feu, coup de hache. 8) La famille et la communauté

valorisent le crime d’honneur. Les auteurs du crime ne sont pas des criminels,

mais des héros aux yeux de leurs proches. 9) Les meurtriers ne montrent que

rarement du remords. Ils se considèrent davantage comme victimes du

comportement de la femme. Il y a un sentiment de devoir accompli en restaurant

l’honneur de la famille. (p.10)

Naïveté ou indolence ?

En revenant à l’exemple des filles Shafia, je considère que les autorités, la police et la

Direction de la protection de la jeunesse ont commis la même erreur que les autorités en Suède et

probablement autres pays occidentaux : ils ont minimisé et ignoré la demande d’aide posée à

différents moments par les jeunes. Lorsque la DPJ et la police ont parlé avec les autres enfants,

d’après la chronologie de faits publiés :

[…] certains enfants parlent de violence, d'agression. Et lorsque le père revient au

domicile, les enfants cessent de parler. […] Geeti [la plus jeune des enfants morts]

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demande à être placée en foyer d'accueil […] Le dossier est fermé.[…] Sahar,

affirme à son professeur avoir peur de son père, qui doit rentrer sous peu au

Québec. L'enseignant appelle la DPJ. (Cronologie, plusieurs dates).

Dans les cas ci-mentionnés il y avait une demande d’aide, une sorte de « S.O.S. » ignoré

par les différents acteurs sociaux qui sont intervenus dans le processus. Nous devrions nous

demander si dans notre propre société nous avons la tendance à minimiser les plaintes posées par

les femmes lorsqu’elles expérimentent l’abus ou la violence dans leurs foyers. Si pour nos

intervenants et policiers, il reste incroyable qu’un père ou un membre de la famille tuera sa fille

soit parce qu’elle refuse de couvrir ses cheveux, son visage ou son corps; soit parce qu’elle veut

se maquiller ou porter des vêtements occidentaux; soit parce qu’elle veut aller à l’université ou

soit parce qu’elle se conduite de façon « trop indépendante », lamentablement c’est devenu une

réalité dans notre société.

Au-delà de la critique qui se fait des médias de communication pour la stigmatisation des

Néo-Canadiens et en particulier pour les cas musulmans concernant les crimes d’honneur, et qui

ne sert qu’à diviser les gens; nous pourrions profiter de cette capacité de diffusion des médias

pour éduquer la population sur l’ampleur du phénomène. Aussi nous pourrions partager

l’information entre les nations qui ont subi ce type d’actions violentes basées dans des pratiques

ancestrales ou des croyances religieuses, dans le but de porter des actions pour les prévenir au

lieu de les regretter.

En manière de conclusion

À la lumière de toutes les données analysées, je collige que nous ne pouvons pas admettre

qu’une pratique qui est contre l’exercice des droits des femmes se répande dans notre pays. Il

faut nous rappeler que ces habitudes et coutumes -avec des variantes- ont été éradiquées et/ou

transformées dans les sociétés occidentales à très haut prix. Il faut aussi insister sur le fait que

nous ne pouvons pas nous payer le luxe de revenir en arrière en les acceptant ou en minimisant

leurs effets directs sur les femmes et indirects sur toute l’humanité. Nous ne devrions pas oublier

que pendant six siècles des milliers de femmes ont été tuées par le catholicisme, pour des raisons

qui pourraient être comparables.

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D’après les statistiques (voir annexes), un des arguments les plus utilisés pour justifier

l’assassinat d’une jeune fille a été « son excessive ou rapide occidentalisation », en d’autres mots

« le droit d’exercer ses droits » ou tel que la journaliste Ishrad Manji (2005) affirme : « […] you

are your own person, acting in your own name, expressing your own thoughts and

communicating them in your own voice » . Ceci fait penser aux chercheurs que l’idée centrale est

d’envoyer un message : il suffit de tuer quelques jeunes filles et femmes et toutes les autres

s’aligneront sur les normes préconisées. En d’autres termes, les crimes d’honneur sont une sorte

de « terrorisme domestique » qui garantit que les femmes musulmanes s’habilleront « tel qu’il

faut », préserveront les coutumes et côtoieront et marieront des hommes musulmans seulement.

Observons que les hommes musulmans s’habillent « à l’Occidental » et utilisent toute la

technologie que l’occident a développée, et ils ont aussi le droit de marier des femmes non-

musulmanes sans être déshonorés ou punis pour ces raisons (Kanwar, 2011).

Bien que notre cours n’ait pas exploré la dimension psychologique, je considère comme

pertinent d’aborder le sujet à partir de cet angle. Lore Aresti, psychologue, spécialiste sur la

violence vers les femmes et studieuse de la condition masculine, pose les questions suivantes qui

méritent de être réfléchisses :

« Que se passe-t-il dans la psyché d’un homme qui justifie et/ou qui exécute ces

actes : tuer quelqu’un du même genre que la personne qui l’a donné naissance; qui

l’a allaité et élevé (sa mère)? Comment se structure le psychisme d’un homme à

qui on a inculqué le droit de tuer des femmes qu’il aime parce qu’elles l’ont

déshonoré ? Comment l’honneur des hommes peut-il dépendre des femmes alors

qu’elles sont tant dépréciées dans cette culture ? Comment se construit une femme

face à des tels contrôles et dépréciation pour sa vie… comment peut-elle aimer les

hommes qu’ils soient fils, frères, maris, pères ? Finalement, comment aimer ceux

qui peuvent te tuer… allaiter ceux qui aussi peuvent te tuer… donner la vie à celui

qui peut se convertir en ton assassin ? Pourrions-nous parler d’un psychisme

schizophrène ? » (entrevue téléphonique, 29 décembre 2012)

Les voix de différents spécialistes et activistes des droits des femmes insistent sur notre

obligation de ne pas permettre que des usages, des coutumes ou des arguments religieux soient

utilisés pour empêcher l’obligation de tout État d’éradiquer la violence contre leur population

féminine. Ces experts nous prient de nous assurer que notre gouvernement se positionne

clairement devant les communautés musulmanes, sikh et hindou pour « les avertir que les crimes

d’honneur seront poursuivis, et les agresseurs, leurs complices et les facilitateurs seront tous

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punis » (Chesler, 2009). Aussi, ils nous suggèrent que la famille soit publiquement exposée et

lorsque les coupables ont purgé leur punition qu’ils soient expulsés du pays.

D’après des chercheurs de croyance islamique (Feldner, Hirsi Ali, Khader, Kanwar,

Manji), le fait est que l'islam ne reconnaît pas l'égalité des sexes. « À la naissance, tous les

enfants sont égaux, mais l'islam en fait des inégaux; la charia est incompatible avec la Charte

canadienne des droits et libertés » statue fermement Mahfooz Kanwar (2011). En plus, Moller

(1999) conteste le multiculturalisme qui a une politique de préservation des groupes culturels qui

s’avère conflictuelle avec les Constitutions qui ont établi les principes de la liberté individuelle et

de l’égalité entre les sexes. De sa part, Hirsi Ali (2004) dit que :

[…] It is not hypocritical to trivialize or tolerate those practices, when you

yourself are free and benefit from mankind’s progress? […] We in the West need

to make a concerted effort to counter Islamic education and all those other Islamic

institutions that lead to self-segregation and thus contribute to the continuation of

a hopeless tyranny over women and children. (p.7)

Si nous cherchons à bâtir un pays pluraliste où chaque groupe culturel nous enrichie avec

leur traditions, leur cuisine, leur folklore, leur cosmologie, leur richesse culturelle, cela doit être

fait dans le plus grand respect des normes, lois et cadres normatifs en général déjà établie dans la

société qui les accueille. Des déclarations telles que celle faite par l’imam Syed B. Soharwardy

qui a défié, critiqué et littéralement vociféré à propos de la légalisation des mariages

homosexuels « le Canada sera rayé de la surface de la Terre par un tsunami s’il accepte les

mariages... Pour qui le Parlement se prend-il pour édicter des lois ? Les lois sont faites par

Dieu. » (Poste de Veille, 2011), nous permettent de supposer que tous les spécialistes et

chercheurs sur le thème ont raison de dire que les autorités islamiques sont réticentes à

condamner sans équivoque la pratique des crimes d’honneur. En revanche, Stilwell (2008)

signale que le Conseil Canadien des Relations Américaines-Islamiques (CAIR-CAN) travaille

dans le but que la Sharia (ou Loi islamique) soit acceptée au Canada et aux États-Unis et utilise

des accusations d’islamophobie, de diffamation ou de boycottage aux voix qui critiquent ou

essaient de réformer l’Islam.

La gestion des populations culturelles si diverses nous demande de la connaissance des

pratiques et croyances enracinées dans l’imaginaire des collectivités qui cohabitent chez nous.

Plus la diversité augmente, ou plus une groupe ou communauté ethnique, culturelle ou religieuse

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s’agrandit, dans la même proportion doivent augmenter nos connaissances et notre

compréhension sur leurs croyances et pratiques sur des sujets d’importance fondamentale qui

peut signifier soit la vie ou la mort d’un de leurs membres qui est aussi un des nôtres.

Quelques pistes de médiation-solution.

Coopération internationale sur le sujet. Nous avons comme exemple la conférence

internationale qui a été tenue par la Suède en 2004 avec le but de faire appel à une

coopération mondiale sur le sujet.

Partenariats avec des organismes tels que « SURGIR » pour informer, agir, organiser,

soutenir et alerter sur le thème. Les autorités d’immigration, les organismes

communautaires, les ministères d’éducation et santé, et les autorités religieuses

devraient être inclus dans ces efforts.

Formation des intervenants aux enjeux de l'interculturel, afin d'éviter de juges de

valeur ou faits «à la légère» avec des conséquences catastrophiques comme dans le

cas dont nous avons abordé

Création d’abris pour femmes musulmanes (jeunes et adultes) avec du personnel

multilingue et formé convenablement sur le thème.

Campagnes de sensibilisation dans les centres et les organismes d'accueil des

immigrants afin de souligner la prévalence de l'état du Droit dont nous avons décidé

de cohabiter, ainsi qu'avec le but d'informer les femmes musulmanes qu'elles ont des

droits qui peuvent être exercés librement. Un autre aspect à inclure serait de clarifier

le rôle de la police pour les faire apprendre qu'elle est une institution sur laquelle nous

pouvons compter

Phyllis Chesler propose –je suis de son avis- la création de l’équivalent d’un

« programme de protection des témoins fédéraux » pour les cibles de crimes

d'honneur qui encourage aux membres des communautés musulmanes à ne pas

permettre l'abus par la peur d'être agressé ou assassiné.

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Feldner, Yotam. "Honor" Murders – Why the Perps Get off Easy, Middle East Quarterly

December 2000, pp. 41-50, document téléaccesible à

http://www.meforum.org/50/honor-murders-why-the-perps-get-off-easy

Fisk, Robert. The Crime Wave that Shames the World (2010)

http://www.independent.co.uk/opinion/commentators/fisk/robert-fisk-the-crimewave-that-

shames-the-world-2072201.html

Page 14: Crimes d’honneur ou le déshonneur du crime...the tribe –sometimes to a nation-state. Members of the collective have a Members of the collective have a stake in the shared honor:

14

Fondation Suisse SURGIR. Combattre les crimes commis au nom de l’honneur en Europe,

manuel à l’usage des politiques, des institutions et de la société civile, 2011-2012

www.surgri.ch/userfiles/file/surgir-brochurecrimed’honneurfr.pdf

Gélinas, Claude. Notes de cours, PMI 703 Citoyenneté et Pluralisme, Université de Sherbrooke,

décembre 2011.

HIRSI ALI, AYAAN (2004). The caged virgin. An Emancipation Proclamation for Women and

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Kanwar, Mahfooz. Yes, Islam condones wife beating, Calgary Herald, 17 janvier 2011.

Document accédé sur le site web:

http://www.postedeveille.ca/2011/01/canada-oui-lislam-permet-au-mari-de-battre-sa-

femme.html, accédé le 23 décembre 2011.

MANJI, IRSHAD (2005). The Trouble with Islam Today. St. Martin Griffin Press, New York,

234 p.

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Stillwell, Cinnamon. Honor killings: When the ancient and the modern collide. SFGate.com,

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WIKEN, UNNI (2008). In honor of Fadime, University of Chicago Press, États-Unis, 427 p.

Wikiislam, critical articles on various areas of Islam based on its own sources, the Qur'an,

hadith and Islamic scholars.

http://www.wikiislam.net/

L’affaire Shafia, site web de Radio Canada,

http://cc.bingj.com/cache.aspx?q=the+affair+shafia%2c+Canada&d=27024536628371234&mkt

=en-CA&setlang=en-CA&w=b43efe35,9227d0a9, accédés le 3 janvier 2011

Page 15: Crimes d’honneur ou le déshonneur du crime...the tribe –sometimes to a nation-state. Members of the collective have a Members of the collective have a stake in the shared honor:

15

ANNEXE 1.

Source: Phyllis Chesler, Worlwide Trends in Honor Killings.

Table One: Entire Population (N = 230)

REGION Worldwide North America

Europe Muslim World

AVERAGE AGE 23 25 22 23

BY PERCENTAGE

Killed by Family of Origin1,2

66 49 66 72

Family Position1

-- Daughter/Sister 53 50 49 56

-- Wife/Girlfriend 23 27 34 17

-- Other3 24 33 27 27

Paternal Participation4 37 53 39 31

Multiple Perpetrators 42 42 45 41

Multiple Victims1 17 30 7 21

Tortured1 53 39 67 49

Motive4

-- "too Western" 58 91 71 43

-- "sexual impropriety" 42 9 29 57

1 Significant according to a chi square test.

2 Family of origin includes fathers, mothers, brothers, grandfathers, uncles, and male cousins.

3 "Other" includes mothers, aunts, cousins, and no familial relation.

4 Significant according to a Pearson correlation test.

Page 16: Crimes d’honneur ou le déshonneur du crime...the tribe –sometimes to a nation-state. Members of the collective have a Members of the collective have a stake in the shared honor:

16

Table Two: Women Only, All Ages (N = 214)

REGION Worldwide North America Europe Muslim World

AVERAGE AGE 23 26 21 23

BY PERCENTAGE

Killed by Family of Origin1,2 69 52 66 75

Family Position1

-- Daughter/Sister 56 52 53 58

-- Wife/Girlfriend 24 28 37 17

-- Other3 20 20 10 25

Paternal Participation4 39 52 42 33

Multiple Perpetrators 42 45 44 40

Multiple Victims1 18 30 7 21

Tortured1 54 35 68 51

Motive4

-- "too Western" 58 89 73 44

-- "sexual impropriety" 42 11 27 56

1 Significant according to a chi square test.

2 Family of origin includes fathers, mothers, brothers, grandfathers, uncles, and male cousins.

3 "Other" includes mothers, aunts, cousins, and no familial relation.

4 Significant according to a Pearson correlation test.

Page 17: Crimes d’honneur ou le déshonneur du crime...the tribe –sometimes to a nation-state. Members of the collective have a Members of the collective have a stake in the shared honor:

17

Table Three: Females 25 Years of Age and Younger (N = 129)

REGION Worldwide North America Europe Muslim World

AVERAGE AGE 17 18 18 17

BY PERCENTAGE

Killed by Family of Origin1,2 81 94 77 82

Family Position1

-- Daughter/Sister 74 94 67 73

-- Wife/Girlfriend 14 0 20 14

-- Other3 3 6 13 13

Paternal Participation4 54 88 54 46

Multiple Perpetrators 46 75 46 38

Multiple Victims1 17 30 8 20

Tortured1 53 25 72 47

Motive4

-- "too Western" 57 88 74 38

-- "sexual impropriety" 43 12 26 62

1 Significant according to a chi square test.

2 Family of origin includes fathers, mothers, brothers, grandfathers, uncles, and male cousins.

3 "Other" includes mothers, aunts, cousins, and no familial relation.

4 Significant according to a Pearson correlation test.

Page 18: Crimes d’honneur ou le déshonneur du crime...the tribe –sometimes to a nation-state. Members of the collective have a Members of the collective have a stake in the shared honor:

18

Table Four: Females 18 Years of Age and Younger (N = 68)

REGION Worldwide North America Europe Muslim World

AVERAGE AGE 15 15 14 13

BY PERCENTAGE

Killed by Family of Origin1,2 89 90 86 90

Family Position1

-- Daughter/Sister 82 100 78 79

-- Wife/Girlfriend 8 0 13 6

-- Other3 10 0 9 15

Paternal Participation4 70 100 68 61

Multiple Perpetrators 39 80 32 32

Multiple Victims1 25 29 16 30

Tortured1 55 30 83 58

Motive4

-- "too Western" 55 80 67 41

-- "sexual impropriety" 45 20 33 59

1 Significant according to a chi square test.

2 Family of origin includes fathers, mothers, brothers, grandfathers, uncles, and male cousins.

3 "Other" includes mothers, aunts, cousins, and no familial relation.

4 Significant according to a Pearson correlation test.

Page 19: Crimes d’honneur ou le déshonneur du crime...the tribe –sometimes to a nation-state. Members of the collective have a Members of the collective have a stake in the shared honor:

19

Table Five: Females 26 Years of Age and Older (N = 51)

REGION Worldwide North America Europe Muslim World

AVERAGE AGE 36 40 31 37

BY PERCENTAGE

Killed by Family of Origin1,2 44 0 31 65

Family Position1

-- Daughter/Sister 24 0 13 37

-- Wife/Girlfriend 55 89 87 26

-- Other3 21 11 0 37

Paternal Participation4 8 0 13 7

Multiple Perpetrators 30 11 43 30

Multiple Victims1 9 29 8 5

Tortured1 45 44 53 44

Motive4

-- "too Western" 56 88 69 38

-- "sexual impropriety" 44 12 31 62

1 Significant according to a chi square test.

2 Family of origin includes fathers, mothers, brothers, grandfathers, uncles, and male cousins.

3 "Other" includes mothers, aunts, cousins, and no familial relation.

4 Significant according to a Pearson correlation test.