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C{f(CULATING COPY FilE COpy TO BE RETURNED TO REPORTS' DESK ' .............. ... ,---..... -- ... ..-""'--. DOCUMENT DE BANQUE INTERNATIONALE POUR LA RECONSTRUCTION ET LE DEVELOPPEMENT ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DEVELOPPEMENT DOCUMENT A USAGE INTERNE Rapport No. 274 a-TUN LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE LA TUNISIE VOLUME ANNEXE II L'INDUSTRIE Le 27 decembre 1974 Region Europe, Moyen-Orient et Afrique du Nord Departement des Programmes II TRADUCTION NON-OFFICIELLE A TITRE D'INFORMATION Ce rapport a ete prepare 11 I'usage exclusif du personnel du Groupe de Ia Banque et a des rms officielles seulement. II ne peut etre publie, cite ou evoque sans I'autorisation du Groupe de Ia Banque, lequel ne garantit en aucune maniere son exactitude ou son caractere exhaustif. Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

COPY FilE COpy --...du phosphate devraient ameliorer la situation financiere de cette industrie durant la periode d'application du Quatrieme Plan (1973-1976). 13.5 Jusqu'a la fin de

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    DOCUMENT DE BANQUE INTERNATIONALE POUR LA RECONSTRUCTION ET LE DEVELOPPEMENT

    ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DEVELOPPEMENT

    DOCUMENT A USAGE INTERNE

    Rapport No. 274a-TUN

    LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

    DE LA TUNISIE

    VOLUME ANNEXE II

    L'INDUSTRIE

    Le 27 decembre 1974

    Region Europe, Moyen-Orient et Afrique du Nord Departement des Programmes II

    TRADUCTION NON-OFFICIELLE A TITRE D'INFORMA TION

    Ce rapport a ete prepare 11 I'usage exclusif du personnel du Groupe de Ia Banque et ades rms officielles seulement. II ne peut etre publie, cite ou evoque sans I'autorisation du Groupe de Ia Banque, lequel ne garantit en aucune maniere son exactitude ou son caractere exhaustif.

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  • TAUX DE CrnVERSI (}J DES MONNAIES

    Unit~ monetaire = Dinar ~ 1000 millimes •

    A com~ter de 1955

    1 Dollar 0,42 Dinar 1 Dinar 2,381 Dollars

    A compteI' du 28 septembre 1964

    1 Dollar 0,52 Dinar 1 Dinar 1,90 Dollars

    A compteI' du 20 decembre 1971

    1 Dollar 0,48 Dinar 1 Dinar 2,08 Dollars

    A compteI' ~e fevrier 1973

    Dollar 0,44 Dinar 1 Dinar = 2,27 Dollars

    PO IDS Er NES URES :

    SYSTEME METRIQUE

    Equivalents Angla1s et Americains

    1 m 3.28 ft. m ton 0.981 g.ton 1 m2 10.76 sq.ft. 1.1U.S. sh. ton

    1 kg 2.2 lb. 1 km 0.62 mi. 1 litre = 0.22 gal.1 km2 =: 0.386 sq.rni. 0.26 us liq.gal.1 hectare ... 2.5 acres 1 m3 =: 1.31 cubic yards

    ANNEE FISCALE

    1er janvier - 31 dScembre

  • LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE LA TUNISIE

    TABLE DES MATIERES

    ANNEXE II

    L' INDUSTRIE Pages

    113. L'EVOLUTION DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL

    1A. Le bi1an de 1a decennie 1961-1971 B. La structure de l'industrie tunisienne 5 C. Lea aspects economiques et l'exp1oitation des

    entreprises pub1iques 7 11D. Le Quatrieme Plan - une nouvelle orientation

    E. Le secteur manufacturier prive 13

    14. LA SITUATION ET LES PERSPECTIVES DANS LES SECTEURS CLES 15

    A. Le petro1e, Ie gaz nature1 et Ie raffinage du petro1e 15

    B. L'extraction des phosphates et 1a production 18d'engrais

    C. L'extraction des minerais autres que 1es phosphates

    D. L'industrie sucriere E. Les textiles, 1a confection, 1es cuirs

    chauBsures F. La pate a papier et Ie papier G. Les materiaux de construction (Ie ciment H. La siderurgie I. La meta11urgie, 1es industries mecaniques J. Le montage de vehicules automobiles K. L'energie e1ectrique

    15. UNE STRATEGIE DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL

    A. Introduction B. Lea propositions du Quatrieme Plan

    22 24

    et 1es 26 31

    en particulier) 33 34

    et e1ectriques 37 39 42

    48

    48 48

    C. Quelques elements d'une strategie de l'investissement et de 1a production

    i) ii)

    iii) iv) v) vi)

    Les priorites sectorie11es 49 L'orientation vers l'exportation et la 1iberalisation 50 La creation d'emp1ois 51 Le role des investisseurs etrangers 51 Les entreprises pub1iques industrielles 52

    54Lea petites entreprises

    49

  • Table des matieres - Annexe II Pages

    D. Les instruments de l'industrialisation 55

    i)

    ii)

    iii) iv)

    L'identification et la mise en oeuvre projets La protection de l'industrie et Ie cad'incitations L'infrastructure institutionnelle La main-d'oeuvre, la productivite et lrelations du travail

    des

    dre

    es

    55

    57 59

    60

    CARTE

    No 11506 Mines, industries et energie

    .

  • - 1

    13. L'EVOLUTION DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL

    A. Le bi1an de 1a decennie 1961-1971

    13.1 De 1961 a 1971, 1a production industrie11e s'est accrue de 150 %, soit 9,9 % par an en moyenne. Un nouvel et remarquab1e accroissement de 20 % realise en 1972 a porte cette moyenne a 10,4 %, en partie grace a une campagne exceptionne11e pour 1es raffineries d'hui1e d'olive. Une partie substantie11e.. du progres au cours de 1a decennie s'exp1ique par 1a rapide ascension de 1a production de petro1e. La croissance du seu1 secteur manufacturier a ete d'environ 8 %mais si on exc1ut 1es industries a1imentaires. La croissance a ete dynamique, atteignant environ 15 % par an. L'industrie miniere est restee stagnante car e11e a pati de certaines difficu1tes d'exp1oitation des phosphates - dont nous par1erons plus loin - et d'une diminution des reserves de minerai de fer. L'industrie a1imentaire, qui representait environ 50 % de 1a production industrie11e en 1961, a ete genee par une production agrico1e ir regu1iere et par 1a croissance re1ativement 1ente de divers sous-secteurs dont on pensait qu l i1s avaient un certain potentie1 industrie1 (sucre, conserves de fruits et legumes, vins et huiles essentie11es). Environ 240.000 personnes travai11ent dans l'industrie dont 170.000 environ dans l'industrie manufacturiere et 19.000 dans 1es mines; 1e tiers, en gros, des emp10is industrie1s a ete cree au cours des annees soixante, principa1ement dans l'industrie manufacturiere.

    Tableau 13.1: CROISSANCE DE LA PRODUCTION INDUSTRIELLE, 1961-1972 (en millions de dinars aux prix de 1966)

    Valeur ajoutee Taux de croissanceL! 1961 1971 1972 1961-1971 1961-1972

    Energie et eau 4,0 Petrol£: Extraction miniere 8,9 Industries manufacturieres 32,2

    dont: industries alimen

    13,2 23,5 11,6 61,6

    14,5 25,8 12,1 79,6

    13,4

    1,6 7,9

    13,0

    1,7 8,8

    taires autres industries

    (22,3) ( 9,9)

    (24,9) (36,7)

    (34,2) (45,4 )

    (1,3) (15,0)

    (3,2) (14,8)

    Total 45,1 109,9 132,0 9,9 10,4

    /1 Methode des moindres carres.

    Source: Tableau 2.7 de l'Annexe.

  • - 2

    13.2 La poussee de l'industrialisation durant la plus grande partie de cette periode - les trois dernieres annees faisant exception - est Ie resultat des grands projets lances dans Ie secteur public. L'industrialisation tunisienne s'est jusqu'ici orientee surtout vers la satisfaction d'un marche interieur relativement restreint. Les exportations representaient environ Ie quart de la croissance de l'industrie manufacturiere (en dehors de l'alimentation) de 1960 a 1967 et environ Ie huitieme seulement de cette croissance de 1967 a 1972. Les exportations industrielles consistent principalement en engrais phosphates, en pate d'alfa, en une moitie de la production de tapis, en un tiers de la production de conserves de legumes et en des quantites relativement minimes de peaux et d'huiles essentielles necessitant un traitement industriel minime (Tableau 8.4 de l'Annexe statistique).

    13.3 Le Tableau 13.2 fait appara!tre plus en detail l'avance realisee durant la decennie ecoulee. II permet de constater la part preponderante du petrole et du minerai de phosphate dans Ie secteur des produits mineraux. En revanche, l'industrie manufacturiere a progresse sur un large front. Le raffinage du petrole, les textiles et Ie vetement, la pate et Ie papier ont accuse les taux de croissance les plus forts; mais a partir d'un point de depart tres bas. On trouvera de plus amples details dans les Tableaux 2.7, 8.1 et 8.2 de l'Annexe. Quelques-uns des produits manufactures mentionnes ci-dessus sont tires de matieres premieres importees (par exemple, charbon a coke pour la siderurgie, coton, fer blanc pour les bo!tes a conserves et soufre pour la production des superphosphates). Pour Ie principal, toutefois, les productions ayant augmente rapidement, utilisent des matieres premieres locales et comptent donc davantage au point de vue du developpement. C'est notamment Ie cas pour la pate a papier (tiree de l'alfa), les conserves en bottes (legumes et poissons), Ie ciment (pierre calcaire) et les tapis (laine). Dans d'autres industries de transformation des matieres premieres, l'utilisation interieure s'est simplement substituee aux exportations. Cela est vrai pour Ie minerai de fer et pour les peaux, par exemple.

    13.4 A cet egard, l'industrie des engrais phosphates est dans une situation intermediaire. La Tunisie a eprouve de grandes difficultes a exporter ses minerais de phosphate durant les annees 1960. Certaines de ces difficultes vont probablement subsister mais 11 est a tout Ie moins concevable que Ie minerai sera plus interessant lorsqu'il sera traite en Tunisie, et les usines tunisiennes d'acide phosphorique pelJvent etre s:?ecialeIllent adaptees aux proprietes et qualites du minerai tunisien. En outre, la remise en etat et la mecanisation partielle de certaines mines, la creation de deux mines nouvelles dont l'une aurait un equipement tres mecanise, l'accent mis recemment sur une reduction des frais et sur une competitivite plus poussee, ainsi que la hausse recente des cours du phosphate devraient ameliorer la situation financiere de cette industrie durant la periode d'application du Quatrieme Plan (1973-1976).

    13.5 Jusqu'a la fin de la decennie 1960, lea principaux poles de la croissance industrielle etaient constitues d'une douzaine environ de grandes entreprises manufacturieres de l'Etat, l'investissement prive ne jouant qu'un role relativement peu important.

  • - 3

    Tableau 13.2: ACCROISSID1ENTS DE LA PRODUCTION MINIERE ET MANUFACTURIERE, 1961-1972

    1961 1972 Volume en milliers de tonnes

    Hines

    Petro1e brut Phosphate Hinerai de fer Concentre de p10mb Concentre de zinc Se1 Spath-fluor

    2.347 861 19

    8 401

    Total

    Industrie manufacturiere

    Industri.e alimentaire Textiles, vetement et cuir Bois, papier et divers Materiaux de construction Industries chimiques Siderurgie, industries

    mecaniques et electriques

    Total (moins industrie alimentaire)

    Valeur en Volume en Valeur en millions mi11iers millions de dinars de tonnes de dinars

    3.964 43,2 6,6 3,370 15,3 4,1 896 3,0 0,6 32 1,9 0,2 1,2 0,6 385 1,4

    121 ~

    12,1 67,5

    Valeur ajoutee z aux Erix de 1966

    1961 1972 Accroissement J.iillions Millions Millions de dinars de dinars de dinars

    22,3 34,2 11,9

    2,2 13,9 11,7

    1,4 7,2 5,8

    2,2 6,1 3,9

    2,1 7,8 5,7

    ..1.zQ 10,4 ~

    32,2 79,6 47,4

    9,9 45,4 35,5

    Produits manufactures accusant la Elus forte croissance

    Production 1961

    Sucre (en milliers de tonnes) 12 Conserves de fruits et legumes (en milliers

    de tonnes) 18 Files (en milliers de tonnes) 0,1 Tissus (en millions de metres) 0,6 Tapis (en milliers de tonnes) 0,3 Chaussures (en millions de paires) 1,8 Acier (en mi11iers de tonnes) Ciment (en milliers de tonnes) 350 Triple superphosphate (en milliers de tonnes) 135 Pate d'alfa (en milliers de tonnes)

    1972

    84

    36 10,0 49,5 1,1 4,7

    350 619 457

    20

    Pourcentage

    de changement

    Volume Valeur

    44 132 4 -27

    68 217 163 500 -4 133

    %

    53 530 414 177 271

    370

    147 358

    Valeur 1972 (millions de dinars)

    8,3

    7,3 10,2 25,1 5,0 5,7 9,6 4,5

    11,1 2,2

  • - 4

    Tableau 13.3: INVESTISSEMENTS DANS L'INDUSTRIE MANUFACTURIERE

    (en millions de dinars aux prix courants)

    Totaux Prives Publics

    1961 1962 1963 1964 1965

    6,3 5,8 7,2

    22,3 26,2

    0,6 0,8 1,7 2,9 0,1

    5,7 5,0 5,5

    19,4 26,1

    1966 10,1 1,6 8,5 1967 12,9 3,3 9,6 1968 10,7 2,8 7,9 1969 15,5 4,8 10,7 1970 18,2 6,3 11,9

    1971 21,6 6,8 14,8 1972 20,4

    Source: Ministere du Plan.

    L'investissement public dans l'industrie a d'abord concerne une fabrique de sucre de betterave doub1ee d'une raffinerie, et une usine de cellulose d'a1fa en 1961-63, pour se porter ensuite sur l'usine siderurgique d'El Fouladh et de nouvelles grandes usines textiles en 1964-65. Les investissements que l'Etat a faits dans l'industrie manufacturiere par la suite ont ete plus modestes en regIe generale, mais ont tout de meme englobe une grande fabrique d'engrais et une fabrique de papier situee pres de 1a fabrique de pate a papier. 115 ont permis aussi l'extension de 1a production de ciment, du montage de vehicu1es a moteur et de l'artisanat, ce dernier etant organise par l'Office national de l'artisanat. Le gros de ces investissements a ete effectue en dehors de Tunis, traduisant dans une mesure considerable, une vo1onte d'industria1isation regionale.

    13.6 On constate, a 1a 1umiere des coefficients de capital - production et de capita1-emp1oi - que 1a strategie de l'industrialisation au cours de 1a derniere decennie a ete re1ativement couteuse. Le coefficient marginal de capital de l'industrie manufacturiere a ete de l'ordre de 4,2 pour 1a periode 1961/71 - i1 n'a ete que de 3,7 si on Ie calcule sur une periode de onze ans inc1uant l'annee 1972 - et Ie cout d'un emp10i cree a ete en moyenne de 4.000 dinars (aux prix constants de 1966) (Annexe statistique, Tableau 8.9). Si l'on exclut les industries alimentaires dont l'activite depend essentie11ement des fluctuations de 1a production agrico1e, Ie coefficient marginal de capital pour

  • - 5

    la periode 1961/71 ressort a 3,8, ce qui est encore eleve. Le rendement immediat relativement modeste des investissements peut etre attribue en grande partie aux projets publics qui ont represente plus de 80 % des investissements dans l'industrie manufacturiere de 1961 a 1970 et environ 55 % de la valeur ajoutee par l'industrie manufacturiere en 1971. Ceci est da a la faible rentabilite de ces projets, mais il convient aussi d'observer que l'Etat s'etait concentre sur des industries de base relativement capitalistiques que Ie secteur prive n'etait pas en mesure d'entreprendre.

    13.7 La rentabilite relativement faible de ces investissements industriels a ete due a une analyse technique et economique souvent insuffisante et au manque d'experience de l'encadrement mis en place. La rarete de la main-d'oeuvre qualifiee a nui a la productivite et a contribue a accrottre les charges d'exploitation des entreprises qui ont da former elles-memes leur personnel et susciter une mentalite industrielle. Cette strategie a au moins permis de creer une base industrielle et de former les competences pour soutenir une croissance future. Toutefois, une part excessive des ressources a ete attribuee a des projets qui, non seulement n'eurent pas un rendement economique et financier immediat, mais ne presentent pour certains que des perspectives douteuses de viabilite a long terme. Compte tenu des acquits et des faiblesses de la premiere phase d'industrialisation, Ie gouvernement a elabore une strategie nouvelle qui met l'accent principalement sur les industries exportatrices, celles de preference qui emploient Ie plus de main-d'oeuvre ou Ie secteur prive se voit assigner un role de premier plan et auxquelles les investisseurs prives etrangers seront encourages a apporter leur concours sous forme d'apports de capital, de savoir-faire et de marches a 1 'exportation.

    B. La structure de l'industrie tunisienne

    13.8 En 1969, a l'epoque du dernier recensement industriel, la Tunisie comptait quelque 950 usines. Cent vingt'-trois de ces etablissements employaient plus de 100 travailleurs et realisaient quelque 71 % de la valeur ajoutee. Un nombre a peu pres egal d'usines employant de 50 a 99 travailleurs en realisaient 15 % (Tableau 8.7 de l'Armexe). Meme chez certaines de ces graudes usines, les operations sont conduites d'une maniere semi-artisanale de sorte que Ie nombre des etablissements reellement industriels est minime. lIs comprennent:

    Ie complexe siderurgique d'El Fouladh qui produit environ 70.000 tonnes par an de produits sidcrurgiques divers;

    deux cimenterics produisant au total 625.000 tonnes environ;

    la raffinerie de petrole de Bizerte dont la production est d'un million de tonnes;

  • - 6

    une industrie textile en cours de croissance, actuellement dominee par la SOGITEX qui appartient a l'Etat, mais ou des firmes textiles privees prennent de plus en plus d'importance. Plusieurs fabriques de vetements sont en construction;

    une usine de pate d'alfa et une fabrique de papier d'une capacite d'environ 24.000 tonnes chacune;

    une usine de montage de vehicules automobiles dont la production annuelle est d'environ 1.500 voitures et camions legers;

    cinq ou six fonderies et usines metallurgiques de faible capacite;

    une industrie alimentaire comptant quelques usines viables: brasserie, deux ou trois (sur 37) conserveries, quelques moulins a farine et fabriques de nouilles, des pressoirs a huile d'olive et des raffineries d'huile vegetale. En general, cependant, ces etablissements sont petits et leur equipement est suranne et/ou tres use.

    13.9 Geographiquement parlant, en depit des efforts de regionalisation de l'Etat, l'industrie tunisiennel/reste fortement concentree sur Tunis et la region d'alentour (52 % de l'e;ploi industriel) ainsi que dans les gouvernorats de Sousse, de Sfax, de Gafsa et de Bizerte (chacun s'attribuant 8 a 9 % du total et representant ensemble 35 %. La preeminence de Gafsa est due entierement a ses mines de phosphate, Bizerte produit de l'acier, du ciment, raffine de l'huile et construit des bateaux; Quant a Sfax et a Sousse, elles possedent un certain nombre d'usines qui fabriquent des produits alimentaires et d'autres biens de consommation (textiles, chaussures. meubles) ainsi que des industries mecaniques (dont une usine de montage de voitures automobiles) a Sousse et des fabriques d'engrais phosphates a Sfax. Beja fabrique du sucre et Kasserine de la pate a papier. La situation de Kairouan est particuliere du fait que sa production traditionnelle de tapis demeure artisanale plutot qu'industrielle. Seule ~fudenine, dans Ie Sud, est entierement depourvue d'industrie. La creation d'un complexe industriel a ete entreprise a Gabes; Ie premier element en a ete une usine d'acide phosphorique mise en service en 1972.

    !I Les chiffres dont nous faisons etat comprennent les mines, l'energie et les transports. Cette repartition est aussi tres representative des activites minieres et manufacturieres combinees.

  • - 7

    C. Les aspects cconomiques et l'exploi~ation des entreprises publiques11

    13.10 Des entreprises d'Etat ont etc fondces dans Ie secteur manufacturier pour les raisons suivantes (dans un ordre d'importance approximatif):

    pour lancer des industries de base exigeant des investissements tres supcrieurs a la capacite de financement du secteur prive (siderurgie, grand complexe textile, papier et pate a papier, sucre) ;

    pouL stimuler Ie developpement regional (papier et pate a papier, sucre) ;

    pour gerer des Lldustries nationalisees (mines de phosphate et de fer, engrais phosphates, ciment);

    pour lancer des projets pilotes (montage automobile, conseIveries, ameublement).

    L'Etat est aIle au-dela des objectifs precites, en creant un certain nombre de petites entreprises qui se sont ajoutees aux grands projets. En 1969, il etait proprietalre - ou detenait la majorite des actions - d'une cinquantaine d'entreprises minieres ou manufacturieres employant environ 32.000 personnes, soit plus de 80 ~~ du personnel des "grandes entreprises" et representant 55 % des emplois dans l'ensemble des etablissements manufacturiers ou miniers comptant plus de cioq personnes. Les entreprises d'Etat dominaient tous les sous-secteurs industriels, a l'exception de l'industrie alimentaire.

    13.11. La creation d'entreprises publiques exigeait, en principe, l'approbation parlementaire, tout comme les augmentations de capital ou les avances sur Ie budget de .l'Etat. Ce controle, toutefois, ne s'etendait pas aux financements consent is par la Societe tunisienne de banque (SIB), organisme d'Etat, ni aax credits-fournisseurs etrangers. En principe, l'administration et la surveillance. c' e.st-a-dire en temes propres la "tutelle", qui s' exercen t sur les filanufactures de llEtat, incombaient aux Hinisteres de l'industrie et des finances qui etaient conjointement responsables du controle financier des investissements industriels publics. Neanmoins, durant la plus grande partie de la dikennie 1960, ces deux ministeres etaient fusionnes. Aujourd'hui, la responsabilite des entreprises economiques de l'Etat appartient au Ministere de l'economie nationale dans Ie cadre cependant des contraintes budgetaires et des contraintes de planification que font respecter respectivement Ie Ministere des iinan-ces et Ie ~tlnistere du Plan. Les decisions de politique generale et celles relatives aux gros investissements relEivent du Conseil des }tlnistres.

    lTLes origLnes et les objectifs de l' entreprise d' Etat en. general, son cadre institutionnel. sea structures financieres et ses resultats d'exploitation ont ete etudies par une mission de la BIRD dont Ie rapport est sorti en aout 1969 SQua If! cote El'1A-13a. Une bonne partie des renseignements circonstancies qed se trouvent dans ce rapport reste encore valable.

  • - 8

    Au Ministere de l'economie nationale, six Controleurs economiques et financiers surveillent de cinq a huit entreprises publiques chacun et prennent part aux deliberations de leurs conseils d'administration.

    13.12 Les resultats financiers des entreprises publiques pour les exercices 1970-71-72 sont recapitules dans Ie Tableau 8.10 de l'Annexe statistique et resumes ci-dessous.

    Tableau 13.4: Resultats financiers des entreprises publiques par secteur

    (en milliers de dinars)

    Nombre Resultat net d'entreprises 1970 1971 1972

    Mines 8 - 4.073 - 3.004 - 4.658 Petrole 3 18.632 24.800 25.561 Eau, electricite 2 3.472 3.674 2.729 Industries manufacturieres 47 1.294 - 1.806 2.355

    Industries alimentaires 7 1.543 1.280 2.177 Materiaux de construction 15 246 154 514 Siderurgie, industries

    mecaniques et electriques 12 698 - 2.058 446 Industries chimiques 6 856 1.239 1.183 Textiles confection 2 467 478 '463 Bois, ameublement 2 12 156 102 Papier, impression 3 198 2.099 - 1.604

    TOTAL 60 19.325 23.664 25.987

    TOTAL, moins secteur petrolier 57 693 1.136 426

    Source: Ministere du Plan (etude provisoire).

    La production de petrole brut qui a connu une grande reussite et a ete tres profitable domine completement Ie tableau. La situation des autres secteurs est nettement mains favorable; les secteurs du phosphate et de la siderurgie, du textile et du papier en particulier, ant des resultats deficitaires.

    13.13 Ces donnees, qui ont leur importan~e comme indices de la tendance finanC1ere que montrent les entreprises d'un secteur determine, nous enseignent peu de choses quant a leur comportement economique. Certaines entreprises travaillaient avec des prix ou des marges d'exploitation doubles de ceux qui existaient sur Ie marche mondial alors que d'autres, comme les mines de fer de Djerissa, devraient se defendre cantre la concurrence qui s'exerce sur ce marche

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    en depit de la gene que representent pour elles des ressources naturelles de plus en plus defavorables. Les augmentations des prix mondiaux intervenues en 1973 et 1974 vont maintenant modifier sensiblement la situation et les perspectives financieres de plusieurs entreprises. Comme Ie comportement des principales entreprises publiques domine ou influence fortement les sous-secteurs avec lesquels elles sont en rapport - et qui sont etudies au Chapitre 14 - nous ne donnerons ici qu'un resume succinct de leur exploitation et de leurs problemes passes. Nous les prendrons dans l'ordre decroissant de leurs immobilisations totales.

    ~1 l?ouladh - siderurgie (1967))J Un complexe siderurgique completement integre con~u pour une production de 70.000 tonnes de barres n'est pas rentable, meme s'il travaille a pleine capacite. En fait, jusqu'en 1972, Ie marc he interieur n'a absorbe qu'environ la moitie de la production diEl Fouladh dont les prix, avant Ie recent boom mondial, s'elevaient au double de celui des articles equivalents importes. Min de realiser un benefi.ce raisonnable en face de la concurrence des importations, la societe aurait du voir sa production protegee a un taux de 45 % environ en 1970. Son assainissement financier n'a pas ete conduit a terme et il serait necessaire d'etablir un plan viable a long terme.

    Sogitex - textiles et confection (1965): Cette societe qui exploi.te six usines fabriquant des textiles et des vetements a ete la premiere installation industrielle moderne de son secteur et, jusqu'il y a peu de temps, elle a fourni Ie plus clair de la production de sa branche d'industrie ainsi que les cadres et la main-d'oeuvre qualifiee dont ont eu besoin les usines privees creees apres elle. Ces quatre dernieres annees, elle a commence a exporter (Ie quart de sea ventes environ aujourd'hui) et elle s'engage dans des operations d'exportation a risques communs avec des partenaires etrangers. Elle gere une ecole professionnelle de l'industrie textile avec l'appui de l'Etat. Dotee d'un equipement initial d'une qualite variable, sa productivite dans Ie tissage serait, semble-t-il, d'environ deux tiers de celIe d'usines en Europe occidentale. Bien que, a en juger par les comptes qu'elle publie, elle ait approxilnativement equilibre ses depenses au cours des deux derniers exercices et qu'elle possede un potentiel de recettes prometteur, sa situation financiere est precaire.

    Societe Gafsa - mines de phosphate (1896- sous Ie contrale de l'Etat depuis 1966): Les mines de phosphate tunisiennes fournissent 4 % environ de la production nxmdiale de phosphate brut. Ces mines servent de base a une industrie des engrais d'une importance considerable qui compte trois gros producteurs, lesquels absorbent Ie tiers environ de la production des mines. Celles-ci ont toutefois essuye des pertes ces cinq dernieres annees. Jusqu'en 1972, leur exploitation se caracterisait par une productivite tres faible, par des conditions de travail peu sures, par un renouvellement rapide de la main-d'oeuvre, par un encadrement insuffisant en nombre ainsi que par une absence de bonne

    !! Les millesimes entre parentheses se rapportent a la premiere annee d'exploitation apres la periode de demarrage initial.

    http:exploi.tehttp:benefi.ce

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    comptabilite et de planification. Un retablissement prometteur a ete entrepris sur Ie plan financier et technique et sur celui du reamenagement des services. En outre, Ie triplement des prix du phosphate intervenu fin 1973 va considerablement ameliorer les resultats financiers de llindustrie des phosphates.

    Societe nationale de cellulose et Sotupalfa - pate et papier> respectivement (1966 et 1970): Apres que les fournisseurs etrangers de llusine de pate a papier se furent averes impuissants a resoudre ses problemes de fabrication, la direction tunisienne reussit, il y a peu, a amener la capacite de l'usine a pate a papier pres de son chiffre theorique, ce qui fut fait egalement pour l'usine a papier. Les resultats financiers et economiques ont ete toutefois mediocres, les couts des matieres premieres ayant depasse, pour ce qui est de la pate, Ie produit des ventes de 1971 et la fabrique de papier ne tournant qu'aux deux tiers de sa capacite en raison de contraintes provenant du marche. Les perspectives a long terme sont assombries par les difficultes d'approvisionnement qu'on a lieu de redouter, par Ie prix eleve de llalfa qui est la matiere premiere de base, par Ie fait que Ie papier dlalfa ne fait plus prime sur Ie marche et par ce quIa de peu realiste l'idee de faire face a la plus grande partie des besoins varies de la Tunisie en matiere de papier a l'aide dlune petite fabrique locale. II n'en demeure pas moins que les efforts et realisations mis a leur actif par les cadres et les ouvriers sont impressionnants. En outre, l'accroissement general des prix du papier et de la pate a papier pourra contribuer a ameliorer la situation de l'entreprise.

    Societe nationale du sucre - fabrique de sucre de betterave et raffineries de sucre de canne et de betterave (1963): Du point de vue commercial, cette entreprise pilote est rentable (Ie consommateur paie Ie sucre cher et la societe tire des benefices substantiels du raffinage du sucre importe) mais les profits laisses par llactivite sucre de betterave ont ete faibles a cause du mauvais rendement des champs de betterave, du cout eleve des investissements de l'usine (en raison surtout de la petite echelle des operations), et de la grande brievete de la campagne qui entraine une utilisation insuffisante des installations (42 jours seulement en moyenne). La hausse recente du prix auquel se vend Ie sucre sur Ie marche mondial a reduit la marge entre ce prix et Ie prix local.

    Societe tunisienne dlindustrie automobile (STIA) (1961): La Societe fran~aise Renault avait a l'origine une participation dans cette entreprise, mais elle lla vendue en 1968. La STIA monte environ 1.500 vehicules par an (voitures Renault, camions Berliet, remorques et cars) dans lesquels est incorporee une composante tunisienne de 20 a 30 % pour les voitures et de 40 a 50 % pour les camions et les cars. Elle agit pour l'essentiel comme sous-traitant pour Ie compte de fabricants d'automobiles. L'usinc convient bien dans son ensemble a ce genre de travail et elle est bien dirigee. Toutefois, son exploitation globale represente une perte economiquement puisque Ie taux de la protection reelle etait en 1972 de l'ordre de 133 % de la valeur ajoutee pour les voitures et de 80 % pour l'ensemble de la production. Ses couts eleves s'expliquent par Ie faible volume de cette production et par Ie grand nombre de modeles offerts, par l'utilisation insuffisante de la capacite existante et par la cherte des fournitures

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    locales. D'autre part, i1 est rare qu'un montage local d'automobiles soit economique si ce n'est a titre de breve phase transitoire avant une production integree. La STIA cherche actuellement a developper Ie montage et la construction d'un car bien con~u pour Ie pays meme. Ce serait la une entreprise autonome qui bEneficierait de l'assistance technique proposee par un grand constructeur de cars qui a derriere lui un passe de reussites dans des situations analogues.

    13.14 En resume certaines des grandes entreprises publiques n'ont pas eu une justification economique suffisante, les textiles et les mines de phosphate faisant exception. La faiblesse financiere de plusieurs entreprises resultait d'un investissement excessif par unite produite, d'une sous-capitalisation et de pertes continuelles dans Ie passe, mais les perspectives sont maintenant plus favorables dans plusieurs branches en raison de l'augmentation des prix mondiaux des matieres premieres. Seules la societe sucriere et l'usine de montage automobile semblent avoir echappe au dilemme parce qu'elles etaient en mesure de vendre cher. La tutelle ministerielle est souvent genee par Ie rarete de personnel ayant suffisamment d'experience pour superviser de telles entreprises et concourir a resoudre leurs problemes difficiles.

    D. Le Quatrieme Plan - une nouvelle orientation

    13.15 Ces deux dernieres annees, Ie gouvernement a mis sur pied une strategie industrielle qui met l'accent sur les industries d'exportation, confere un role majeur au secteur prive dans l'industrialisation et convie les investisseurs prives etrangers a apporter capitaux, savoir-faire et debouches exterieurs. Ces investissements etrangers doivent aussi agir comme catalyseurs. La cooperation avec les societes etrangeres et l'emulation qu'elles susciteront feront passer l'industrie tunisienne du stade actuel a la competitivite sur Ie marche d'exportation. Clest ainsi, pense-t-on, que la production augmentera de 50 %, avec un coefficient de capital sensiblement moins eleve que durant la decennie passee. Environ 40.000 emplois nouveaux seraient directement crees dans l'industrie manufacturiere. Les points de croissance principaux seraient pour l'exportation, la confection et la bonneterie d'une part, les engrais phosphates de l'autre. Ces ventes a l'etranger tota1iseraient respectivement 39 millions et 18 millions de dinars des 1976. On trouvera au Tableau 8.12 de l'Annexe une recapitulation des investissements et de la croissance projetee, en valeur ajoutee et en emplois, par grands secteurs industriels.

    13.16 Les investissements prevus s'elevent a un total d'environ 160 millions de dinars. II y en aurait environ une douzaine de gros projets (de 3 millions de dinars et davantage), principalement dans Ie secteur public, une douzaine d'assez gros (de 1 a 2 millions de dinars) surtout pour la production de textiles (filatures, tissages, usines de finissage). Le gros du programme, environ 100 millions de dinars, irait a de nouvelles usines de taille moyenne et a des projets d'expansion (moins de 1 million de dinars) interessant surtout Ie secteur prive. Ce programme represente une progression importante de l'investissement pour l'industrie manufacturiere: 20 millions de dinars par an con

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    tre 6,3 millions de dinars en 1970 et 6,9 millions de dinars en 1971. Au total, les investissements dans les manufactures devraient representer 13,4 % des investissements prevus par Ie Quatrieme Plan, contre 11,9 % pour Ie Troisieme Plan. Tandis que les investissements prives constituaient 20 % du total prevu par Ie Troisieme Plan pour l'industrie manufacturiere, ils devraient s'elever a plus de 50 %dans Ie Quatrieme Plan.

    13.17 Les activites manufacturieres fournissent environ 12,5 % de l'emploi total (si lIon compte tous les petits etablissements). Le secteur manufacturier ne s'en est pas moins vu cOnfier la tache de creer 40.800 emplois nouveaux entre 1973 et 1976, soit 34 % de tous les nouveaux emplois et plus que Ie chiffre des emplois crees par l'industrie manufacturiere durant la decennie 1961-1971.

    Tableau 13.5: EMPLOIS EN 1972 ET NOUVEAUX EMPLOIS A CREER DE 1973 A 19761/

    (en mUliers) -

    1972 1973-76

    Secteur organise 70 35 Artisans et autres 100 6

    170 41

    !/ Le secteur organise groupe les firmes comptant au moins cinq employes touches par Ie recensement industriel. Trente-cinq mille autres personnes sont employees dans des entreprises artisanales produisant des textiles. des vetements et des articles en cuir (surtout des tapis) et Ie reste dans des unites de production encore plus petites, notamment dans l'alimentation. les textiles, les vetements et Ie cuir.

    A une petite proportion pres, tous les emplois nouveaux seraient crees dans des secteurs autres que ceux de l'industrie alimentaire; ces creations d'emplois se conjugueraient avec un rapide accroissement de la productivite (la production augmenterait de 17,5 %par an. l'emploi d'environ 8,2 %). Le nombre des projets d'investissement agrees en 1973 et au debut de 1974, en particulier dans Ie cadre de loi d'incitations aux industries d'exportations d'avril 1972, permet de penser que ces objectifs de creation d'emplois dans l'industrie pour la periode du Plan seront sensiblement depasses.

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    E. Le secteur manufacturier prive

    13.18 En 1970, environ 200 societes industrielles manufacturieres grandes ou moyennes fournissaient des donnees concernant l'origine et l'utilisation de leurs fonds (Tableau 8,11 de l'Annexe). Les 40 plus importantes s'attribuaient environ 55 % du cash flow des manufactures privees. Elles accusaient en moyenne des cash flows nets (amortissements plus benefices moins impots et dividendes) d'environ 60.000 dinars; le chiffre le plus eleve, atteignait 166.000 dinars. Ces grandes societes appartenaient surtout aux secteurs des textiles, de l'industrie alimentaire, des plastiques, du cuir et de la chaussure, et de la petite metallurgie. Les chiffres exacts font defaut mais il ne semble pas que la participation etrangere soit tres forte dans la manufacture tunisienne. Les engrais phosphates NPK (dont une societe suedoise est le principal actionnaire), les chaussures BATA et une societe de textiles (prouvost-Masurel) constituent d'importantes exceptions.

    13.19 On a observe une tendance a la multiplication des entreprises dans les memes professions. Ce phenomene est du a un certain effet d'imitation et au fait, semble-t-il, qu'il etait plus facile de beneficier des incitations pour des entreprises nouvelles que pour le developpement d'entreprises anciennes. 11 s'est produit des fusions d'entreprises exer~ant la meme activite mais elles ont ete plutot exceptionnelles. En revanche, quelques individus et quelques groupes prennent des participations dans plus d'une branche d'industrie.

    13.20 Des donnees recueillies a l'occasion d'une etude des operations de la SNI mont rent que la pleine utilisation des moyens pose un probleme majeur (en ce qui concerne, par exemple, les tuyaux d'acier, les radiateurs, la mousse de polyurethane, etc.), notamment lorsqu'elle se conjugue avec une fragmentation excessive de la production. A plusieurs reprises, la decision de produire a ete prise sans etude prealable suffisante des rendements economiques. Les importations concurrentes sont souvent interdites, ce qui permet a un petit nombre de producteurs tunisiens de survivre dans un marche oligopolistique et protege, ou ils ne deploient qu'une faible efficacite economique dans la transformation de matieres importees en produits finis. Ceci dit, la protection d'une industrie embryonnaire est un moyen normal de lancer une branche de production et le gouvernement s'attache serieusement aujourd'hui a rationaliser les industries en cause, ales tirer de leur cocon protecteur et a leur faire affronter la concurrence ouverte qui s'exerce sur le marche europeen.

    13.21 Une des caracteristiques des societes tunisiennes est la faiblesse de leur structure financiere, avec des dettes a court terme elevees. Ce phenomene se degage du releve ci-apres (industrie alimentaire et materiaux de construction exclus).

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    Tableau 13.6: ORIGINE ET UTILISATION DES FONDS, 1970 (pourcentage)

    Cash flows Cash flows

    et/ou et/ou

    investissements eleves investissements moyens

    Origine des fonds 30 entreprises 120 entreprises

    Epargne interne 25,3 33,3

    Augmentation de capital 11,5 7,2

    Emprunts a long et moyen terme 19,9 9,4

    Credits a court terme 43,1 50,1

    100,0 100,0

    Utilisation des fonds

    Immobilisations 51,9 38,3

    Stocks 27,7 34,8

    Participations; montants a percevoir 3,5 1,0

    Amortissements d'emprunts 17 ,4 22,0

    Augmentation des disponibilites (0,7) 3,6

    100,0 100,0

    Source: Annexe statistique, 8.11.

    Ni les societes accusant de forts cash flows et/ou investissements, ni celles qui enregistrent des ressources et des engagements plus modestes n'ont produit des fQnds substantiels a investir dans des immobilisations apres remboursement des emprunts. De plus, la plupart des societes semblent compter a l'exces sur Ie credit a court terme pour alimenter leurs fonds de roulement. Un assainissement financier, double d'une restruction, reste la preoccupation prioritaire de l'industrialisation tunisienne; elle necessite de la part des banques une organisation plus developpee et une initiative accrue.

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    14. LA SITUATION ET LES PERSPECTIVES DANS LES SECTEURS CLES!I

    A. Le petro1e, 1e gaz nature1 et 1e raffinage du petro1e

    14.1 En Tunisie, ce sont uniquement 1es societes etrangeres qui assurent

    1a prospection du petro1e, et 1es permis de recherche qui ont ete accordes

    portent sur une superficie totale de 181.604 km2 • L'importance restreinte du

    secteur petro1ier, 1es techniques de pointe, l'amp1eur des risques et 1a modi

    cite des resu1tats qu10n peut esperer tirer des prospections sont les raisons

    qu'invoquent les autorites pour s'en remettre entierement aux entreprises

    e trange res •

    14.2 En 1961, 1a Tunisie etait entierement tributaire des importations pour faire face a la demande interieure de combustible liquide. Pendant la decennie suivante, la production a atteint 4,8 millions de tonnes, soit trois fois les besoins du pays. Ainsi, 1a Tunisie est devenue un exportateur de petro1e re1ativement important, les recettes provenant du petrole etant esti mees a l'equiva1ent de 85 millions de dollars en 1972 et 284 millions en 1974. Pratiquement, toute 1a production provient d'une seule source decouverte par l'Office italien des hydrocarbures (ENI) , en 1964, a la frontiere de la Tunisie et de l'Algerie. L'Organisation des Nations Unies a du intervenir sur 1a question de propriete (70 % des reserves ont ete attribues a 1a Tunisie) et les deux gouvernements ont a10rs decide d'executer un programme de developpement commun. La Societe italo-tunisienne d'exploitation petroliere (SITEP), a laque1le l'Etat et l'ENI participent pour 50 %, a ete creee pour exploiter le gisement, qui a commence a produire en 1966, le total cumulatif de la production depassant 21 millions de tonnes a la fin de 1972. Le brut d'E1-Borma est leger et d'une teneur tres faible en soufre, ce qui lui donne une valeur considerable sur les marches europeen et americain. 11 s'ensuit que la majeure partie de 1a production a jusqu'ici ete exportee. L'existence de l'oleoduc de Trapsa qui relie les gisements du sud de l'Algerie au port tunisien de La Skirra est un des facteurs qui facilitent 1e transport de la production

    II Les groupements d'industries sont analogues a ceux du Quatrieme Plan, sans toutefois leur etre toujours identiques. C'est ainsi que le raffinage du petrole est classe avec le petrole brut tandis que les engrais phosphates le sont avec la production de phosphate minerai. L'acier et 1e montage de voitures automobiles, pour pouvoir etre examines separement, ne sont pas inc1us dans la categorie du Plan intitu1ee "Industries mecaniques", tandis que dans 1e cas des "Produits chimiques", des "Bois, papier et industries diverses", et de la "Transformation des denrees alimentaires", l'analyse ne porte que sur une subdivision representative de cette branche, a savoir pate a papier et papier, engrais phosphates et production de sucre. Cette restriction ne pose pas de probleme grave; il etait evidemment impossible de traiter de toutes les industries. Les branches d'activite 1es plus importantes qui ont ete omises et pour lesquel1es, dans l'absolu, il eut ete souhaitable de donner plus de renseignements, sont probab1ement les conserveries de fruits et de legumes, l'industrie du traitement des cuirs, les produits de l'artisanat et la fabrication des tapis.

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    d'EI-Borma. Construit en 1959, il a une capacite prouvee de 15,6 millions de tonnes par an; EI-Borma a ete raccorde a l'oleoduc de Trapsa par un autre oleoduc de 114 km. Etant donne que Ie brut d'EI-Borma contient d'importantes quantites de gaz associe, un gazoduc distinct a ete construit recemment. La production d'El-Borma, qui represente une reserve totale recuperable de 40 a 50 millions de tonnes, a maintenant atteint son chiffre maximal de 4,5 millions de tonnes et l'on s'attend desormais a un flechissement de 8 % par an. De nouveaux efforts intensifs de prospection, joints aux progres techniques des activites de prospection du sous-sol marin, ont permis d'identifier quatre autres gisements. II est prevu que la production maximale combinee des trois premiers gisements sera legerement inferieure a 0,5 million de tonnes. ll La decouverte la plus recente, Ie gisement d'Ashtart, situe au large dans Ie Golfe de Gabes, est plus importante et l'on s'attend que sa production soit de l'ordre de 1 a 1,5 million de tonnes. II doit commencer a produire en 1974. Le petrole extrait de ce gisement differe completement de celui qui provient des autres sources tu~~siennes, c'est en effet un petrole lourd dont la teneur en soufre est moderement elevee (2 a 3 %) et qui sera probablement plus utile pour Ie raffinage en vue de la consommation interieure que pour l'exportation.

    14.3 II est probable que la production de brut restera a peu pres a son niveau actuel pendant un certain nombre d'annees. Toutefois, sauf si de nouvelles decouvertes d'une certaine importance n'interviennent pas au cours des deux ou trois prochaines annees, un flechissement ulterieur de la production est inevitable. Les perspectives de telles decouvertes sont essentiellement limitees au petrole du sous-sol marin, la terre ferme du continent ayant fait I'objet d'une prospection intensive. Pendant la decennie 1962-1971, 94 millions de dinars ont ete investis dans la prospection et la mise en valeur de ces ressources, tandis que, depuis la decouverte du gisement d'Ashtart en 1971, les investissements ont atteint 29 millions de dinars pour la seule annee 1972 (16 millions de dinars pour la prospection, 8,5 millions de dinars pour l'amenagement du gisement d'Ashtart et 4,5 millions de dinars pour d'autres travaux d'exploitation).

    11 Le gisement de Douleb-Tamesmida a commence a produire en 1968 et atteint maintenant sa production maximale de 250.000 tonnes par an; cette production est amenee par un oleoduc distinct a la Skirra. Les deux autres gisements, situes sur la cote entre Sousse et Sfax, ont commence a produire en 1973; leur potentiel de production a longue echeance doit, selon les projections, atteindre environ 200.000 tonnes par an chacun.

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    Tableau 14.1: INVESTISSEMENTS DANS LA PROSPECTION ET L'EXPLOITATION DU PETROLE

    (en millions de dinars)

    1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972

    Total Tunisie 4,3 hl l.d 11,1 13,4 12,3 12,0 2.zl 7,8 12,7 28,9

    El-Borma 1,0 0,9 2,8 6,0 8,8 5,1 4,3 4,7 5,2 5,4 2,2

    Aut res 3,3 2,8 4,3 5,1 4,6 7,2 7,7 4,5 2,6 7,3 26,7

    14.4 A ce jour, deux principales sources de gaz naturel ont ete detectees. Le gisement de Sidi Abderrahmane au Cap Bon a ete decouvert en 1949. Depuis 1959, sa production a ete uti1isee pour a1imenter la region de Tunis, ou un petit nombre d'usines et 220.000 foyers sont rattaches au reseau SERENT, repris par la Societe tunisienne de l'electricite et du gaz (STEG) en 1971. La production de ce gisement a atteint un chiffre record de 9,5 millions de metres cubes en 1968 et a depuis lors flechi tres rapidement. II fournit maintenant moins d'un million de metres cubes par an, rendant necessaire une production supplementaire de gaz a partir de combustibles 1egers. En tant que source potentielle, il a main tenant ete depasse par Ie gaz produit en meme temps que Ie petrole dans Ie gisement d'El-Borma, dont la production a atteint 1,2 million de metres cubes en 1971. Ce gaz qu'on brulait dans Ie passe sera maintenant recueil1i dans un nouveau gazoduc qui l'amenera a Gabes, son utilisation sous pression etant limitee a une capacite totale de 300 millions de metres cubes.!! II y alimentera un complexe de production d'electricite et plusieurs aut res industries prevues dans Ie Plan pour cette region. Les trois aut res champs petroliferes offrent des sources potentielles de gaz en quantites relativement faibles. Un gisement de gaz important a ete decouvert a Sidi El Aganab, mais Ie gaz ne brule pas a l'air libre.

    14.5 La raffinerie STIR de Bizerte a ete terminee en 1964. Cette raffi nerie, la premiere raffinerie tunisienne, etait une entreprise associant l'Etat tunisien et les interets petroliers italiens. D'une capacite nominale de 1 million de tonnes, elle reste bien en de~a du niveau optimal d'une raffinerie, meme des plus simples. Con~ue essentiellement pour repondre aux besoins nationaux de produits raffines, 1a raffinerie a fonctionne pendant toute l'annee 1968 en dessous de sa capacite maximale, en utilisant un melange de brut etranger, avec un rendement correspondant a peu pres a la structure de la consommation sur Ie marche interieur. Le rencherissement des prix du petrole resultant de la fermeture du Canal de Suez a suscite l'interet des societes petrolieres pour les exportations marginales de produits raffines; par la suite, ces exportations se sont reduites en raison de l'accroissement de la demande sur Ie marche interieur. Depuis 1968, la raffinerie est exploitee a sa capac1te maximale.

    1! Les dimensions du gazoduc sont determinees principa1ement par 1a baisse des ressources de gaz a l'avenir, compte tenu de la possibilite de reinjecter du gaz dans les champs petro1iferes pour y maintenir la pression.

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    Tableau 14.2: PRODUCTION ET CONSO*ATION DE PRODUITS PETROLIERS RAFFINES 1964-1972

    1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972

    Production (en milliers de tonnes) 719 742 806 858 1.037 1.101 1.163 1.156 1.093

    Consommation interieure

    de produits raffines

    localement 569 638 723 722 769 833 936 976 941

    L'accroissement des besoins nationaux, qui ont depasse la capacite de production de la raffinerie, et le transit par La Skirra de 13 millions de tonnes de brut (dont 4 millions de tonnes sont du brut tunisien), ont accelere l'elaboration de plans de construction d'une seconde raffinerie d'une capacite de production de l'ordre de 6 a 8 millions de tonnes environ. 11 serait possible de doter cette raffinerie d'une capacite suffisante pour accrottre l'exportation de produits raffines et de l'implanter dans le Sud plut8t que de developper les installations de Bizerte, etant donne qu'elle serait ainsi plus pres des sources d'approvisionnement de brut provenant de l'oleoduc de Trapsa et du gisement petrolifere d'Ashtart. En outre, elle pourrait constituer une base pour le developpement dans cette region d'industries petrochimiques dont les perspectives sont particulierement favorables avec les nouveaux prix du petrole.

    14.6 Les prix mondiaux du petrole ont ete mUltiplies par 3,5 en 1974 par rapport a 1973. Meme avec un flechisaement possible de la production dans les annees a venir, le benefice de ces nouveaux prix va etre considerable pour l'economie tunisienne. En 1973, les exportations de petrole brut et de produits petroliers raffines se sont elevees a 4,1 millions de tonnes et les importations a 0,8 million de tonnes (Annexe statistique, Tableau 9.6.1), soit des exportations nettes de 3,3 millions de tonnes representant 34 millions de di nars. En 1974, le volume des exportations nettes ne sera que d'environ 2,8 millions de tonnes, en raison de la baisse de la production et de l'augmentation de la consommation interieure, mais leur valeur sera superieure a 100 millions de dinars.

    B. L'extraction des phosphates et la production d'engrais

    14.7 L'extraction et la transformation des phosphates est l'une des principales activites economiques de la Tunisie. Ces dernieres annees, la production de phosphate minerai a ete de l'ordre de 3 a 3,4 millions de tonnes. En 1972, Ie total des exportations dans le secteur des phosphates etait evalue a 23 millions de dinars tunisiens, dont 10,3 millions provenaient du phosphate minerai et 12,7 millions des engrais phosphates. L'exploitation des phosphates est d'une importance cruciale pour la region pauvre des alentours de Gafsa; elle emploie en effet environ 11.000 personnes et, selon les estimations, fait vivre 50.000 personnes. Au cours de ces dernieres annees, l'industrie s'est heurtee

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    a de grosses difficu1tes. On a pu eviter un f1echissement ser~eux du secteur en trans formant une proportion de plus en plus grande du phosphate minerai en engrais phosphates. Se10n 1e Quatrieme Plan, 1a transformation du minerai en engrais aura a peu pres double en 1976 et atteint 1e chiffre de 2,1 millions de tonnes. Par ai11eurs, 1es exportations de phosphate minerai seront maintenues au niveau actue1 d'environ 2,3 a 2,4 millions de tonnes. La valeur des exportations de phosphate minerai et d'engrais phosphates, sur 1a base des prix 1973, atteindrait a10rs 38 millions de dinars. Le succes de cette entreprise dependra de 1a competitivite de 1a Tunisie tant dans 1es activites d'extraction que dans 1a fabrication des engrais.

    14.8 Jusqu'en 1973, 1a demande mondia1e d'engrais phosphates s'est accrue d'environ 7 % par an, 1a production mondiale de phosphate minerai s'est accrue a peu pres au mame rythme et est passee de 40 millions de tonnes en 1960 a 85 millions de tonnes en 1971. La production de 1a Tunisie, apres etre passee de 2 millions de tonnes en 1960 a 3,5 millions de tonnes en 1965 a, depuis lors, p1afonne aux environs de 3,0-3,4 millions de tonnes; au cours de deux annees anorma1es, en raison des inondations, 1a production est meme tombee bien audessous du chiffre de 3 millions de tonnes. Apres avoir atteint un sommet d'environ 5 % de 1a production mondia1e vers 1e milieu des annees 1960, 1a part de 1a Tunisie est maintenant tombee a 3,7 % environ.

    14.9 Depuis 1965-1966, annees pendant 1eque11es 1es prix a l'exportation ont ete exceptionne11ement e1eves, et jusqu'en 1973, 1es mines ont genera1ement fonctionne a perte, 1e deficit se situant en moyenne aux alentours de 2 millions de dinars par an depuis 1968. Ces pertes ont ete dues a des causes tant externes qu'internes. Parmi 1es facteurs externes, on peut citer une serieuse baisse des prix, aggravee par une baisse de 3 dollars par tonne sur 1es cotations en dollars du marche mondia1 et par une devaluation de 8 % du dollar par rapport au dinar tunisien. En termes reels, c'est-a-dire compte tenu ega1ement du f1echissement de 1a valeur de l'argent mesuree par l'indice des prix a 1a consommation en Tunisie, 1es recettes provenant des ventes de phosphate mineral en 1972 n'ont atteint que 1es deux tiers de leur niveau de 1963.

    14.10 Cette baisse des prix s'exp1iquait par 1a vigoureuse expansion de l'industrie du phosphate des Etats-Unis, qui a porte sa part sur 1es marches d'exportation de 24 a 30 % entre 1965 et 1972, penetrant meme sur 1es marches traditionne1s de 1a Tunisie en Europe occidentale. Le prob1eme de 1a Tunisie etait aggrave par 1a qua1ite moyenne de son minerai qui est mediocre. En fait, 90 % du phosphate minerai tunisien titre 65/68 % BPL, tandis que 1es autres principaux exportateurs offrent a 1a vente une qualite moyenne sensib1ement mei11eure et, comme i1 ressort du tableau suivant, obtiennaient des prix nettement plus e1eves.

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    Tableau 14.3: QUALITE MlYENNE DES LIVRAISONS DE PHOSPHATE MINERAI SUR LE MARCHE MlNDIAL ET PRIX DE VENTE MOYENS, 1972

    qualite BPL Part de la Prix de catalogue du phosphate minerai de production Floride mondiale

    (en pourcentage) (en dollars EU, par tonne f.o.b.)

    En dessous

    de 68 39 8,50 (moyenne 64/66 et 66/68)

    69/72 17 9,50 (estimation)

    73/77 22 11,20 (moyenne 72/73, 74/75 et 75/77)

    Total 100

    Les prix indiques donnent seulement une idee des differences de qualite. En

    1970/72, Ie minerai tunisien titrant a 65/68 % se vendait 8,63 dollars la

    tonne. La situation du marche s'est considerablement modifiee depuis 1973, en

    raison d'un accroissement de la demande d'engrais, correspondant a une remise

    en culture de terres able, aux Etats-Unis, et plus generalement d'une accele

    ration de la consommation mondiale d'engrais phosphates. Les prix du phosphate

    ont a peu pres triple depuis la fin de 1973, atteignant environ 36 dollars la

    tonne pour les qualites de phosphates tunisiens.

    14.11 Bien que de qualite inferieure, le phosphate minerai represente l'une des rares res sources naturelles de la Tunisie. L'infrastructure, certaines installations de production largement amorties et un reservoir de maind'oeuvre sont autant de ressources supplementaires dont la Tunisie pourrait tirer parti pour une utilisation plus efficace a l'avenir. En outre, les engrais phosphates tunisiens peuvent etre importes a l'interieur du Marche commun europeen en franchise de douane, tandis que les engrais importes des Etats-Unis paient un droit de 6 %. Malheureusement, a l'heure actuelle, lea operations d'extraction sont caracterisees par une productivite extremement faible, un outillage desuet, des conditions de travail qui ne satisfont pas aux nOrIDes de securite, un renouvellement rapide de la main-d'oeuvre et un personnel insuffisamment qualifte.1I Un effort considerable sera donc necessaire, tant en matiere d'investissement qu'en matiere de gestion, d'abord pour accroitre la production, de maniere a ce qu'elle atteigne en 1976 le niveau de l'objectif fixe par le Plan, soit 4,5 millions de tonnes de produits prets a la vente (y compris la production de 250.000 tonnes environ provenant de la region de Kasserine) et ensuite, pour augmenter la productivite. Le programme de developpement et de modernisation des mines de phosphate a estime les investissements necessaires a environ 60 millions de dinars. Sa mise en application et son succes seront facilites par la hausse recente des cours.

    !/ En 1972, Sfax-Gafsa a employe 11.000 personnes pour produire 3,15 millions de tonnes de produits:prets a la vente (3,5 hommes-annee par millier de tonnes). L'OCP, au Maroc, a employe 13.000 personnes pour une production approximative de 14 millions de tonnes (0,93 homme-annee par millier de tonnes).

    http:qualifte.1I

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    14.12 La production de 1'industrie tunisienne d'engrais s'est accrue a partir d'un niveau modeste en 1960 et absorbe maintenant presque Ie tiers de la production des mines. L'avantage potentiel que presente cette industrie de transformation n'est pas negligeable: a chaque tonne de phosphate winerai produite a une valeur de 2,72 dinars, s'ajoutent 5,25 dinars supplementaires (chiffres 1971) avec sa transformation en engrais. Trois grands producteurs et trois petits producteurs sont actue1lement specialises dans l'industrie des engrais.

    Tableau 14.4: CAPAClTE DE PRODUCTlO~ NATIONALE ET EIlPLOl, 1972

    CaEacite de Eroduction

    Compagnie Propriete

    de 1972 lnvestis(mi11iers de tonnes~ sement

    Equivalent total Debut des en phosphate (millions oEerations Produit Produit minerai de dollars) EmE10i

    SlAPE Etat (86 %) 1952 TDP 260 455 14 650

    ~KP Capitaux prives etrangers (83 %) 1966 TSP 200 350 15 490

    lCM Etat (55 %) 1972 Acide IlO phospho

    rique

    420 25 213

    14.13 On evalue les investissements dans l'industrie des engrais phosphates a l'equivalent d'environ 23 millions de dinars, dont environ 4 millions de dinars pour la SlAPE (avoirs nets au 31 decembre 1972), 8,5 millions de dinars pour 1a HPK (non compris 1es pertes accumulees) et 10 millions de dinars pour lC1'1 (Phase I). Les deux premieres societes produisent du superphosphate triple (avec l'acide phosphorique cornme produit intermediaire). Par contre, leH produit, depuis juillet 1972, de l'acide phosphorique destine a l'exportation. Jusqu'a une date recente, les recettes de la SlAPE n'etaient pas satisfaisantes et la r;PK n t a encore realise aucun benefice. Les raisons en sont multiples: utilisation insuffisante de la capacite de production, variations de la qualite du phosphate re~u - les bonnes qualites sont reservees a l'exportation - sensibilite aux variations de la marge contre les prix des phosphates brutes et des engrais. Les plans actuels prevoient une augmentation de la production de la Societe industrielle d' acide phosphorique et d' engrais (SlAPE) et de 1a NPK de 50 "I environ d'ici a 1976 et une capacite pratiquement doub1ee pour 1es Industries chimiques maghrebines (ICM).

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    14.14 La production d'engrais requiert des investissements tres importants et 1e coGt par emp10i cree est e1eve. Aussi, 1es investissements prevus ne se justifient que si cette industrie dispose d'avantages comparatifs suffisants. Les cours des phosphates et des engrais ont atteint depuis fin 1973 des niveaux tres e1eves. Etant donne 1es perspectives d'accroissement de production dans certains pays et l'apparition probable de nouveaux producteurs, i1 est vraisemb1ab1e que l~s cours dimirtueront d'ici trois ou quatre ans, mais i1s devraient toutefois se stabi1iser a un niveau pouvant justifier de te1s investissements. En outre, 1es avantages provenant des economies de frais de transport, de transformation et de manutention sont certains, surtout dans 1e cas du superphosphate triple. Toutefois, 1e cout des capitaux aura une importance crucia1e pour des investissements aussi capita1istiques et 1a competitivite future d'un accroissement de 1a production d'engrais en Tunisie sera 1iee a la mesure dans 1aque11e les couts marginaux seront inferieurs aux couts moyens de transformation dans les usines actuelles.

    C. L'extraction des minerais autres que 1es phosphates

    14.15 L'industrie du phosphate represente environ 60 % de la valeur de 1a production minerale. Le winerai de fer et les concentres de plomb et de zinc y contribuent pour 13 a 14 % chacun et 1e se1 et 1e spath fluor chacun pour 5 %. La valeur tota1e de 1a production de mineraux autres que Ie phosphate etait d'environ 9 millions de dinars en 1971. La production a diminue ces cinq demieres annees, 1es prix du minerai de fer et des concentres de plomb et de zinc etant generalement defavorables. Seule 1a production de spath fluor s' est sensib1ement accrue. Le sel est extrai t de salines qui se trouvent 1e long de la cote. La production aurait augmente si une inondation en 1969 n'y avait cause de graves degats. Dans 1 'ensemble , l'industrie emp10ie a l'heure actuelle environ 8.000 ouvriers, auxquels i1 convient d'ajouter des artisans mineurs, dont 1e nombre est estime a 2.000; sa contribution a l'economie de certaines regions est importante; sans el1e, ces regions n'auraient aucun potentiel de developpement (ceci est particulierement vrai pour 1es mines de fer de Djerissa). L'Etat tunisien est 1e principal actionnaire de la societe de Djerissa et de 1a Sotemi, qui exploite des mines de metaux non ferreux. Les seules entreprises ou l'Etat n'est pas majoritaire sont: a) Ie producteur de se1, qui est une fi1ia1e d'une societe fran~aise, et b) la Societe Pennaroya-Tunisie, dans 1aquelle 1e gouvernement et Pennaroya-France detiennent un nombre ega1 d'actions. Cette societe exp10ite une fonderie de plomb a Hegrine, qui traite aussi des minerais importes et met en exploitation une nouvelle mine de zinc a Fedj Hassine.

    14.16 La geologie du pays n'est pas favorable a un deve10ppement important des ressources minicres; 1es reserves connues sont 1imitees et ne permettent pas d'esperer que l'exploitation des mines de fer, de p10mb et de zinc pourra se pro1onger.pendant plus de dix ans encore. En outre, 1a qualite du minerai est faible ou, au mieux, moyenne. Le potentie1 economique a aussi

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    ete reduit par des procedes d'extraction marques par un gaspillage des ressources. Ces methodes sont encore tres repandues chez les artisans mineurs. Dans un grand nombre de cas, les trois quarts au moins du minerai, qui aurait pu etre extrait par des methodes professionnelles, sont laisses dans Ie sol.

    14.17 La situation des mines de fer et de plomb et de zinc est critique. Le minerai de Djerissa, dont la teneur en Fe est de 55 % seulement, est autofondant et, par consequent, se vend a un prix raisonnable (environ 15 cents par unite Lo.b. en 1972). Halheureusement, les reserves d'hematite, en cours d'exploitation n'etaient que de 3,8 millions de tonnes au ler janvier 1973, ce qui ne correspond plus qu'a cinq ou six ans d'exploitation. II existe aussi une reserve de 14 millions de tonnes de carbonate de fer d'une teneur en Fe de 40 %et qui pourrait fournir 5,6 millions de tonnes de concentres commerciali sables d'une teneur en Fe de 60 % si les etudes entreprises a l'heure actuelle justifient son exploitation sur Ie plan technique et sur Ie plan economique.

    14.18 Environ 30 mines de plomb et de zinc sont dispersees dans Ie nord de la Tunisie. La qualite du minerai (environ 5-11 % pour Ie plomb et Ie zinc combines) est a peine rentable. L'equipement est desuet, la gestion est insuffisante et la productivite est faible. Les reserves prouvees etant mineures, il n'est pas possible d'envisager de nouveaux investissements importants sauf dans Ie cas de la nouvelle mine de Fedj Hassine, qui pourrait produire 25.000 tonnes de concentres de zinc en 1976. Neanmoins, il semble probable que les niveaux actuels de production pourront etre maintenus pendant neuf ou dix ans encore. En outre, la prospection en profondeur entreprise par l'Office national des mines revelera peut-etre l'existence de reserves suffisantes pour maintenir la production pendant dix ou vingt ans de plus.

    , , 14.19 La production de spath fluo~1 (principalement de qualite acide) a commence en 1965 et s'est accrue rapidement. Deux usines d'enrichissement (produisant des concentres de 97 % et plus de CaF a partir de minerais a

    2teneur relativement faible: 35 a 75 %) sont en exploitation et l'on envisage la creation d'une troisieme. Les perspectives de commercialisation semblent assez bonnes et l'on pense que la production atteindra 110.000 tonnes en 1976, contre 50.000 tonnes en 1972. A la fin de 1972, on estimait les reserves a 7,5 millions de tonnes (prouvees, probables ou soup~onnees), ce qui permettrait de produire un peu moins de 2 millions de tonnes de eoncentres commereialisa~les. bles. II est vraisemblahle que l'on detectera des reserves supplementaires et les grands produeteurs mondiaux d'aluminium ont fait connaitre qu'ils etaient prets a participer a la prospection. II y a quelques annees, s'est produite une penurie mondiale de spath fluor de qualite acide; eette penurie a maintenant ete surmontee, les prix pratiques pour les concentres ayant fleehi de 70-80 dollars la tonne A 50-60 dollars la tonne (f.o.b. au port tunisien) en 1973. Ces prix etaient encore remunerateurs et ont remonte depuis.

    1/ A partir du spath fluor, on produit de 1 'aeide fluorhydrique qui est uti lise dans les fonderies d'aluminium et les industries chimiques, sous forme de fluorure d' aluminium. Le CNEI a recemment etudie un projet de transformation du spath fluor en aeide fluorhydrique et en ses derives (fluorure d'aluminium).

  • 24

    14.20 Au cours des dix dernieres annees, environ 8,5 millions de dinars ont cte investis dans la prospection et la production de metaux ferreux et de metaux non ferreux. On s'attend qu'une somme comparable soit depensee pendant la pcriode 1973-76. Cette somme comprend une de pense de 3 millions de dinars, au titre de la prospection. Celle-ci est concentree sur une super2ficie d'environ 60.000 km dans Ie nord et Ie centre de la Tunisie. Les depenses annuelles delyrospection represerltent 10 % environ de la valeur de la production minerale- (alors que la plupart des pays ne depensent a ce titre que 1 ou 2 ~). Ce pourcentage eleve est indispensable pour compenser la negligence dont on a fait preuve dans Ie passe a cet egard et se justifie si l'on se propose de maintenir la production miniere a son niveau actuel ou, peut-etre werne, de realiser un leger accroissement. II est probable que l'emploi baissera de 20 ~~ ertviron, principalement en raison de la dispari tion des artisans mineurs.

    14.21 II est extremement difficile d'insuffler une vie nouvelle a une industrie qui semble avoir fait son temps, et Ie probleme est rendu plus difficile encore du fait d'une main-d'oeuvre excedentaire, les mines d'Etat continuant a garder leur personnel et a Ie remunerer pour comhattre Ie ch6mage. On ne saurait etre optimiste pour ce qui est de l'exploitation commerdale des carbonates de Djerissa (necessite d'exploiter a plus grande profondeur et d'augmenter les process~s de traitement du minerai). Les resultats d'une etude de rentabilite devraient etre connus a la fin de 1973. Le Gouvernement tunisien devra alors trouver une formule combinant a la fois une subvention destinee a sauvegarder l'emploi des mineurs (ils sont 1.400 a l'heure actuelle) et du personnel auxiliaire dans leur habitat actuel et un syste~ judicieux de transfert du personnel dans d'autres mines, o~/encore trouver les moyens de les recycler et de les reins taller ailleurs.- Les remarques ci-dessus s'appliquent aussi a l'extraction des metaux non ferreux.

    D. L 'indus trie sucriere

    14.22 L'economie sucriere de la Tunisie peut etre representee par Ie diagramme ci-apres (les chiffres sont exprimes en tonnes):

    1/ Non compris la production de fait pas de prospection.

    sel et de phosphate pour lesquelles on ne

    2/ Une demobilisation progressive de cette nature est en cours a l'heure actuelle (dans des conditions beaucoup plus favorables) a la mine de Tamera, pres de l'acierie d'El Fouladh, ou les effectifs employes ont etc ramenes de 848 en 1968 a 240 a ~Ineure actuelle, sans que la production en ait apparamment cte tr~s touc~ee.

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    Sucre de betterave Sucre brut production interieure importe

    (STC) (Office du commerce) 3.000 49.000

    Sucre en poudre Sucre en poudre production interieure d'importation

    (STC) Office du commerce 54.000 52.000 lMER 18.000

    Consommation de sucre Sucre en morceaux En poudre 90.000 (H1ER) En morceaux 15.000 32.000

    Exportations a destination

    de l' Algerie

    (IllER)

    17. 000

    L'industrie du sucre se compose principalement de la STS (Societe tunisienne du sucre), dont les installations sont a Beja (la capacite de production de la raffinerie de sucre n'efY que legerement superieure a la production actuelle, soit 52.000 tonnes- ) et d'une usine de production de sucre brut capable de traiter 1.500 tonni' de betterave (soit environ 200 tonnes de sucre de betterave) par jour.- Ce complexe a ete construit en 1961-62 a un coOt (aux prix de 1961) estime a environ 5 millions de dinars. 14.23 Le gouvernement prevoyant que la demande de sucre passerait d'environ 120.000 tonnes en 1972 a 145.000 tonnes en 1976 a propose de construire une raffinerie31upplementaire dans une ville du littoral, a proximite du marche principal.- Des calculs tres preliminaires qui figurent dans Ie Plan,

    11 "Note relative aI' evolution des industries agricoles et alimentaires" (version preliminaire), p. 3. Une brochure publiee par la STS en 1971 indique que la capacite de raffinage serait de 350 tonnes par jour, ce qui, a raison de 330 jours par an, permet de produire sans difficulte 120.:)00 tonnes par an. Toutefois, l'usine ne fonctionne que pendant la periode septembre, ce qui explique que Ie chiffre de production indique soit plus faible.

    ~I La capacite annuelle de traitement serait de 80.000 tonnes de betteraves. ("Note relative aI' evolution des industries agricoles et alimentaires" ,

    l! 19 Le

    fevrier 1973, choix de Beja

    p. 4). comme site de la premiere raffinerie et de l'usine de

    fabrication de sucre brut a augmente les frais de transport supplementaires de 1,50 dinar par tonne de sucre brut importee

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    Ce programme. est fortement tributaire des exportations de vetements et d'artic1es de bonneterie. La moitie de ces exportations est deja couverte par des usines en construction qui beneficient de 1a 10i sur 1a promotion des exportations d'avri1 1972. Le marche est pratiquement i11imite en Europe occidentale, en particu1ier pour 1es vetements, et 1es exportations tunisiennes representeraient 4 % seu1ement des importations qui ont ete prevues par 1es Six. En outre, dans 1es entreprises etrangeres ou dans 1es entreprises mixtes tunisiennes et etrangeres, l'investisseur etranger donne automatiquement acccs a un march€ deja constitue. Enfin, 1a production tunisienne d'artic1es te1s que 1es chemises et 1es blue-jeans soutient tres bien 1a concurrence: 1es sa1aires sont peu e1eves et 1e cout de 1a main-d'oeuvre par unite de production, en depit d'une faib1e productivite, ne represente que 60 % du cout correspondant en Europe occidentale, ce qui compense 1argement une depreciation plus forte et des charges financieres plus e1evees. A 1a longue, i1 devrait etre possible d'augmenter de 50 a 100 % 1a production par heure de travail avec 1es installations en place, ce qui permettrait de reduire a 1a fois 1es charges de capital et 1es frais de main-d'oeuvre. 11 existe une penurie de contremattres et de mecaniciens d'entretien, mais 1e gouvernement a prevu de remedier a cette penurie par des mesures approoriees. Le prob1eme 1e plus grave est ce1ui de 1a va10risation de 1a masse de main-d'oeuvre semiqua1ifiee, composee essentie11ement de nouveaux venus sans formation recrutes dans 1es regions rurales, non habitues a 1a discipline industrie11e et tres peu stables dans leur emp10i. Les cadres tunisiens des fabriques de textile et de vetement esperent que 1a productivite s'accrottra dans des proportions considerab1es au cours des quelques prochaines annees. Une etude objective des tendances probab1es de 1a productivite et des sa1aires, fondee sur des hypotheses raisonnab1es en ce qui concerne l'emigration, serait tres utile pour 1a p1anification industrie11e et pour 1es entrepreneurs aussi bien etrangers que nationaux.

    14.28 Les grandes socU;tes, qui operent dans des conditions financieres diffici1es, savent tres bien qu'e11es beneficient d'un avantage comparatif dans 1e secteur du vetement et e11es donnent 1a preference a cette production, aux depens de 1a filature, du tissage et du finissage. Le plan 1ui-meme fait sienne l'hypothese pessimiste que tous 1es vetements et articles de bonneterie exportes auront ete fabriques avec des tissus importes. Les entreprises de transformation qui travai11ent pour l'exportation seront autorisees a acheter en toute liberte et ne s' adresseront au marche tunisien que dans 1es cas ou i1 se rev€lera competitif, pour ce qui est des prix, des de1ais de 1ivraison et, chose primordia1e, de 1a qua1ite.

    14.29 On s'est demande si 1a Tunisie est veritab1ement en mesure de penetrer sur 1e marche d'exportation des textiles (c'est-a-dire distinct de ce1ui du vetement et des articles de bonneterie) et, dans l'eventualite ou 1a reponse serait affirmative, a que1 rythme et pour que1s produits. Subsidiairement, on peut se demander dans que11e mesure 1a Tunisie devrai t chercher a approvisionner en files ses propres industries de fabrication de vetements

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    et d'articles de bonneterie travaillant pour l'exportation ou si elle aurait interet a s'orienter vers des marches plus diversifies.' Investir dans la filature de coton en vue de l'exportation reviendrait a entrer en concurrence avec Ie file de coton issu des usines des pays producteurs de coton (Turquie, Nigeria. Cote d'Ivoire,Congo) qui approvisianneut sans interruption les usines de tissage europeennes, et la Tunisie ne dispose pas encore de techniciens de la production et de la commercialisation des lainages et des tissus de laine peignee. Si ces domaines sont difficiles a conquerir, il devrait etre possible, par contre, pour les producteurs tunisiens de se faire progressivement une place dans Ie secteur de la filature des fibres artificielles et des fibres synthetiques et du tissage des fibres du type coton. Dans Ie cas du tissage comme du finissage, il faut parvenir tout d'abord a utiliser plus efficacement les capacites de production existantes. II devrait etre possible de doubler la capacite de finissage avec un accroissement de 30 % seulement des investissernents initiaux; c'est donc surtout pour Ie tissage qu'il faudra engager des capitaux.

    14.30 Les trois ou quatre prochaines annees seront cruciales pour Ie secteur textile prive. Le marcl1e interieur est tres exigu du fait que Ie potentiel de remplacement des importations est largement epuise et il sera soumis a une pression de plus en plus forte de la part des firmes nouvelles installees dans la zone franche, qui pourraient brader sur Ie marche tunisien (apres paiement des droits d'importation) certains lots qui, pour des raisons de qualite ou pour toute autre raison, n'auraient pas pu etre livres a l'etranger. II est donc necessaire pour les petites fabriques tunisiennes de s'orienter de plus en pl~s vers l'exportation (y compris les ventes aux exportateurs fabricants de vetements et d'articles de bonneterie, etablis en vertu de la loi d'avril 1972). Des regroupements et des fusions seront indispensables afin que ces fabriques puissent realiser des economies pour ce qui est de la commercialisation des exportations, de la recherche et du developpement et de la formation de la main-d'oeuvre. II est essentiel d'agir vite, car nombreux sont les pays qui luttent pour s'assurer une place sur Ie marche europeen.

    14.31 Le probleme de la Sogitex est different. II s'agit d'un producteur de bonne taille et etabli de longue date. Son programme d'investissement atteint 4,5 millions de dinars au total, dont la moitie seulement, correspondant aux besoins les plus urgents, a ete approuvee pour les quatre prochaines annees. La raison de cette reduction est que Ie programme a ete specialement adapte a la capacite d'autofinancement prevue de la societe dont la structure financiere est exceptionnellement faible. En 1972, la capacite d'autofinancement de la societe qui atteignait 2 millions de dinars a ete absorbee presque entierement par Ie remboursement des emprun ts. Ueanmoins, les perspectives a long terme sont bonnes, a condition que la gestion reste saine. La res tructuration financiere devrai t donc etre acceleree plus vigoureusement. Apres cette restructuration la Sogi tex pourrai t theoriquement entreprendre un programme d'investissement plus ambitieux. En meme temns (et il semble que ce soit la l'intention presente des pouvoirs publics), la Sogitex pourrait provoquer l'essaimage de certains groupes qui formeraient ensuite Ie noyau de nouvelles firmes viables. La Sogitex et ses noyaux essaimes pourraient alors, par sous-traitance, assurer l'existence de petites entrepriscs.

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    14.32 A l'heure actuelle, la production tunisienne de chaussures de tous modeles est d'environ 7 millions de paires, principalement destinee au marche interieur. Environ un quart de cette production est fabrique a l'echelle industrielle par Bata et SICA, Ie reste etant fourni par vingt etablissements, petits ou moyens, et par des artisans. Cette production comprend une proportion elevee et sans cesse croissante de chaussures de toile. Par contre, la fabrication de chaussures en matiere plastique n'est pas autorisee en Tunisie. Bien que la Tunisie produise du cuir de semelle et du cuir d'empeigne (il existe une tannerie de cuirs de bovins et deux petites tanneries de peaux de moutons et de peaux de chevres), les approvisionnements en cuirs et peaux posent un grave proble~ et 60 % des cuirs sont importes. Un tiers seulement environ des approvisionnements bruts en peaux de moutons et en peaux de chevres sont tannes industriellement (Tanneries modernes de la Hanouba), un autre tiers est traite par des petits artisans tanneurs (certaines de ces peaux sont salees et exportees) et Ie reste est soit vendu aux touristes avec la laine (environ 200.000 peaux), soit perdu.]=-'

    14.33 II existe en Europe de 1 'Ouest un marche tres important pour les exportations de chaussures, comme on peut Ie voir d'apres Ie tableau resume des importations du I-larche connnun elargi en 1971 (en millions de paires):

    Chaussures a empeigne de cuir 19,5 Pantoufles et autres cilaussures d'appartement 21,5 Chaussures faites essentiellement a partir de

    textiles 59,4 Chaussures de caoutchouc 22,6 Chaussures faites a partir de matieres plastiques 29,8

    152,8

    Bien que ces importations aient presque triple depuis 1973, elles ne representent encore qu'environ 15 % de la consommation totale de l'Europe occidentale. En outre, il existe d'importants debouches pour 1 'exDortation de veterents, de gants et de sacs de dames en peau et en cuir. Les fabricants d'Europe occidentale rechercilent les possibilites d'installation d'usines de transformation dans la region mediterraneenne, en particulier dans les pays qui seront associes au 1·tarche connnun. La raison principale en est une penurie aigue de main-d'oeuvre, qui a entraine la fermeture d'usines en ft~lemagne et a arrete Ie developpement de l'industrie de la chaussure en Autriche. L'industrie tunisienne ~e la chaussure pourrait penetrer sur ce marche, d' abord avec des chaussures de prix modere ou de prix moyen, pour lesquelles les normes de qualite ne sont pas rigoureuses.

    l! Les proportions qui viennent d'etre indiquees sont tres incertaines; les statistiques et les renseignements dont on dispose sur cette question sont vagues et contradictoires. II est possible qu'une proportion beaucoup plus forte de peaux de moutons soient maintenant exportees avec leur laine.

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    14.34 Le Plan ne prevoit, dans l'industrie de la chaussure, que des investissements relativement modestes qui atteignent au total 1,3 million de dinars et un accroissement de 25 % seulement dela production et de 1 'emploi, c'est-a-dire aucune modification majeure de la productivite. Le choix de ces objectifs est peut-etre raisonnab1e, mais ils semblent trop modestes a un observateur exterieur. Les chaussures, les gants et 1es articles de cuir constituent un secteur ou. 1a Tunisie pourrait incontestablement s'assurer un avantage comparatif. Trois types d'actions liees les unes aux autres et judicieusement decalees dans Ie temps peuvent etre envisages: un plan de developpement de ces industries prepare par des consultants, une prise de contact active avec les investisseurs etrangers qui s'interessent a cette industrie particuliere et l'appui de la SNI et d'autres banques en vue de la restructuration des petites industries et des ateliers artisanaux.

    F. La pate a papier et Ie papier

    14.35 La production de pate a papier et de papier merite tout specialement de retenir l'attention parce que: a) elle constitue l'industrie la plus importante dans 1e sous-secteur "Bois, papier, imprimerie et industries diverses", b) elle represente un effort d'innovation en vue d'accroitre Ie potentiel industriel de la Tunisie, assurant par ai11eurs des possibi1ites d'emploi dans une region sous-developpee, c) la production de pate a papier et de papier s'est heurtee a des problemes si nombreux que, meme 51 l'on encourage 1a reco1te de l'alfa, on peut serieusement douter de la viabilite a court terme de cette industrie, qui emp10ie directement environ 3.500 personnes dans la region de Kasserine.

    14.36 La SNTC (Societe nationale de cellulose) a ete creee en 1963 en vue de la production de pate a papier a partir de l'alfa a Kasserine au centre de la region ou cette herbe croft a l'etat sauvage et ou se trouvent de l'eau de riviere et un gros effectif de main-d'oeuvre sous-emp1oyee. L'usine devait avoir une capacite de traitement de 80 tonnes par jour (soit une production annue11e estimee a 24.000 tonnes). Les fournisseurs ctrangers se sont retires apres deux ans, epoque a 1aquelle l'usine avait atteint une capacite maximale de 45 tonnes par jour seu1ement; grace a une assistance technique provenant d'autres sources, Ie taux de production a maintenant ete porte a 76 tonnes par jour. Le chiffre total des investissements a la fin de 1972 s'e1evait a l'equiva1ent de 7,5 millions de dinars; 1es pertes accumulees a la fin de 1970 atteignaient presque 3 millions de dinars. Huit millions de dinars supplementaires ont etc investis dans l'infrastructure (maisons, ecoles, hotels, etc.).

    14.37 L'usine de pate a papier devait a l'origine produire pour I'exportation. Toutefois, il a etc decide de creer, sur Ie meme terrain, des installations de fabrication de papier. La societe de fabrication du papier, 1a Sotupalfa (geree conjointement avec la SNTC), a ete creee en 1964 et une usine de capacite de production nominale tres voisine de cel1e de l'usine de pate a papier a commence a fonctionner en 1970. L'usine de papier a produit au taux de capacite nominal, ou meme au-dessus de ce taux, mais en raison de contraintes du marche, 1a production annuelle en 1972 n'a etc que de 15.000 tonnes.

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    14.38 L'usine de pate a papier avait une justification economique margina1e (sa creation ne se justifiait que par l'emploi cree et les autres contributions qu'elle apportait au developpement). Si les problemes techniques ont ete res 01us , 1es problemes economiques et financiers deviennent des plus graves:

    a) II existait un marche traditionnel de l'a1fa au Royaume-Uni, en France et en Espagne; la pulpe a fibre relativement courte qui etait obtenue etait utilisee pour des papiers d'irnpression et des papiers a ecrire de qualite speciale. Or, a l'heure actuelle, les fabricants de papier peuvent obtenir des qualites analogues par trituration~ malaxage et raffinage de la pate a papier.

    b) L'alfa devient de plus en plus cher. II faut 2,4 tonnes d'alfa (a 12,50 dinars la tonne livree a l'usine, soit 30 dinars) pour produire une tonne de pate. En outre, l'alfa ne peut etre recolte que de novembre a ~~rs, ce qui donne lieu a des frais d'entreposage e1eves, et les operations ne peuvent pas etre mecanisees.

    La production tota1e de ~ate d'alfa n'est que de 60.000 tonnes par an, et les usines qui existaient anterieurement en Algerie, en Espagne et en France ont soit fenr1' soit eprouve de grandes difficultes pour continuer a fonctionner.- Toutefois, la menace la plus grave qui pese sur l' usine tunisienne est qu'en raison de l'exode rural, Ie reservoir de main-d'oeuvre necessaire pour la recolte s' epuise. Bien que les exportations d' alfa aient ete interdites, on prevoit que la situation deviendra critique pendant la campagne 1974-75. Les possibilites de reboisement (forets d'eucalyptus), qui offriraient une matiere premi'ere de remplacement pour la fabrication de la pate a papier, sont examinees dans Ie chapitre relatif a l'agriculture.

    14.39 A l'origine de la decision de creer une societe de fabrication du papier, i1 y avait 1a re,cherche d' un marche local pour la pate a papier et 1a realisation d'economies dans 1es frais de gestion et de production en integrant 1a production du papier et de la pate a papier. Toutefois, ces objectifs presentaient plusieurs inconvenients:

    a) Les ventes totales de papier sur Ie marche tunisien sont inferieures a 40.000 tonnes, dont un tiers environ de papier kraft, et un autre tiers de qualites partieulieres qui ne peuvent etre fabri quees par Sotupa1fa, Ie marche local actuel n'absorbant done que 12.000 a 13.000 tonnes seulement. En consequence, i1 fallait exporter a peu pres la moitie de la production. Or, les prix a l'exportation couvraient a peine Ie coGt des matieres premieres.

    l/ Neanmoins, une nouvelle usine algerienne d'une capacite de production de 36.000 tonnes par an doit entrer en exoloitation dans environ trois ansa

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    b) En 1971, la societe a produit 40 types differents de papier (nous ne tenons pas compte dans ce chiffre des differences d'epaisseur et de poids); il en est resulte que Ie temps de non-utilisation des machines etait a peu pres ega1 a leur temps de fonctionnement •

    . En 1972, Ie nornbre des qualites de papier fabriquees a ete radicalement ramene a 5, ce qui permettait a peine de satisfaire aux besoins du marche, et augmentait d'autant 1a demande d'importation de papier.

    c) Heme en accroissant la specialisation de ses produits, 1a Sotupalfa n'a utilise que 50 %environ de p~te d'a1fa. Le reste etait importe sous forme de p~te a papier longue fibre et les couts etaient augmentes par Ie transport du port a la fabrique. Une autre consequence a ete naturellement qu'un quart seulement de la p~te d'alfa etait absoibe sur Ie marche interieur.

    Pour toutes ces raisons, il est clair que cette production n'est pas rentable dans les conditions restreintes du marche tunisien. Dans ce domaine, on ne peut ame1iorer l'economie de l'exploitation que par 1a specialisation (en mettant a profit les avantages que la p~te d'alfa peut encore presenter pour certaines utilisations). Une maniere d'y parvenir consisterait a amener une societe internationale de fabrication de papier a s'associer a la Sotupalfa et a se charger de la commercialisation exterieure.

    G. Les materiaux de construction (