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Octobre 2017
CONTRIBUTION AU PLAN
RÉGIONAL CENTRE!VAL DE LOIRE
DE PRÉVENTION ET DE GESTION
DES DÉCHETS
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 1
Séance plénière du 16 octobre 2017
CONTRIBUTION DU CESER À L�ÉLABORATION DU PLAN RÉGIONAL DE PRÉVENTION ET DE GESTION DES DÉCHETS
Le Conseil économique, social et environnemental régional,
Vu le code général des collectivités territoriales et notamment ses articles L 4131-2, L 4134-1
et suivants ;
Vu le décret n° 2001-731 du 31 juillet 2001, modifiant le code général des collectivités
territoriales et relatif à la composition et au renouvellement des conseils économiques et
sociaux régionaux ;
Vu l�avis des 1ère
, 2ème
et 3ème
commissions ;
Vu l�avis du Bureau ;
Monsieur René ROSOUX, rapporteur entendu ;
La contribution est adoptée à l�unanimité.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 2
Compte-tenu de l�échéancier d�élaboration du Plan régional de prévention et de gestion des déchets
(PRPGD) et de la fin de mandature du CESER Centre-Val de Loire en décembre 2017, c�est une
nouvelle assemblée du CESER qui sera consultée sur ce sujet. Aussi, l�assemblée actuelle souhaite
apporter, dès à présent, quelques éléments de réflexion pour contribuer à l�élaboration de ce Plan.
Cette contribution est complémentaire au travail effectué par la Section prospective sur la
thématique de l�économie circulaire, dont la réflexion va au-delà de la question du recyclage et de la
valorisation des déchets.
v Définition du déchet
Selon la loi du 15 juillet 1975, relative à l'élimination des déchets et à la récupération des matériaux,
se définit comme déchet, tout résidu d'un processus de production, de transformation ou
d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou, plus généralement, tout bien meuble abandonné
ou que son détenteur destine à l'abandon.
La Directive européenne du 18 mars 1991 précise qu�est considéré comme déchet : toute substance
ou tout objet dont le détenteur se défait ou dont il a l'intention ou l'obligation de se défaire.
Soit le déchet en tant que tel est destiné à l�abandon et il devient déchet ultime à un stade donné,
soit il devient une nouvelle matière réutilisable (opérations de collecte, tri, transformation primaire),
dans l�esprit de l�économie circulaire.
v Eléments de contexte
La loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) du 7 août 2015 a transféré la
compétence de la planification pour la gestion de l�ensemble des déchets aux Régions (sauf déchets
radioactifs de la filière nucléaire et explosifs), alors qu�auparavant, les Régions étaient uniquement
en charge de la planification des déchets dangereux. La planification pour les déchets non-dangereux
et les déchets du BTP était, quant à elle de la compétence des Départements.
La loi NOTRe indique que le Plan régional de prévention et de gestion des déchets sera intégré au
Schéma régional d�aménagement, de développement durable et d�égalité des territoires (SRADDET),
Schéma qui sera dorénavant prescriptif. Le PRPGD constituera donc le volet « déchets » du SRADDET.
Dans ce cadre, la loi NOTRe précisait que les Régions devaient élaborer leur Plan régional de
prévention et de gestion des déchets pour une adoption à échéance de février 2017. Toutefois,
compte-tenu de la nécessaire articulation des différents plans devant être élaborés par les Régions,
de la concertation à conduire avec les différents acteurs, des durées incompressibles de consultation
et d�enquête publique, et considérant aussi que le décret d�application, détaillant les modalités
d�élaboration, n�a été publié qu�en juin 2016, il ne leur était dès lors pas possible de tenir les délais.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 3
La Région Centre-Val de Loire a engagé les premières démarches en septembre 2015, avec l�étude de
préfiguration du PRPGD (finalisée à l�été 2016). Elle a proposé de mener la consultation des
partenaires en 2017, pour aboutir à un projet de PRPGD en avril 2018. A la suite de la procédure
administrative, le PRPGD devrait être adopté définitivement en juin 2019.
Le Conseil régional Centre-Val de Loire a mis en place une Commission consultative d�élaboration et
de suivi (CCES) du PRPGD, qui s�est réuni le 17 janvier 2017, ainsi que le 29 août 2017. Des groupes
de travail thématiques ont également été mis en place (sur les déchets ménagers, les déchets
dangereux, les déchets non-dangereux, l�économie circulaire et les déchets du BTP). Parallèlement, la
nouvelle assemblée du CESER sera saisie officiellement deux fois sur ce sujet : une première fois en
octobre 2018 sur le projet de Plan ; une seconde fois en juin 2019 sur le Plan définitif.
N.B. Les données récentes sur la production globale de déchets au niveau régional sont plus difficiles à
obtenir par rapport à celles des déchets ménagers et assimilés (la gestion des déchets était répartie
sur plusieurs plans, dont certains donnent des données un peu trop anciennes aujourd�hui). Le Plan
régional de prévention et de gestion des déchets donnera des données chiffrées dans sa partie « Etat
des lieux » (données de 2015 a priori). Néanmoins, le bilan existe au niveau national, ce qui permet de
donner un ordre d�idée.
v Quelques données sur la production globale de déchets au niveau
national
En France, en 2014, 324,5 millions de tonnes de déchets ont été produits, soit une baisse de 6 % par
rapport à 2012. Le graphique donne le détail de la production par types d�activités.
Production de déchets en France en 2014, par types d�activités, en millions de tonnes.
Source : Ministère de l�Environnement, de l�énergie et de la mer.
On constate que les déchets du bâtiment et des travaux publics représentent 70 % de l�ensemble des
déchets produits. A l'inverse, l�agriculture est à l�origine de 0,4 % des déchets (certains résidus sont
28,4 Mt
19,6 Mt
227,5 Mt
25,7 Mt
21,8 Mt
1,3 Mt
Déchets ménagers
Déchets du tertiaire
Déchets du BTP
Déchets de l'industrie
Déchets assainissement,
dépollution, traitement
Déchets de l'agriculture
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 4
directement réutilisés pour l�exploitation et donc non-comptabilisés). Une partie des déchets
tertiaires est regroupée avec les déchets ménagers sous le vocable « déchets ménagers et
assimilés ».
En 2014, 7,6 millions de tonnes de déchets dangereux ont été traitées en France. Les déchets
chimiques représentent la majorité des quantités traitées (1,3 million de tonnes), suivis par les sols
pollués (1,1 million de tonnes). On retrouve aussi les déchets d�activités de soins à risques (à risques
infectieux, à risques chimiques et toxiques, à risques radioactifs). L�ensemble de ces déchets font
l�objet de traitement ou gestion spécifique, afin d�éviter tout risque sanitaire.
Au niveau national, la collecte des emballages ménagers (tri sélectif) progresse peu depuis 2013,
alors que l�extension de la consigne de tri à l�ensemble des plastiques se généralise de plus en plus
dans les collectivités (cela concerne 185 syndicats pour 15 millions d�habitants). Ainsi en 2016, 68 %
des emballages ménagers ont été recyclés, alors que l�objectif règlementaire était de parvenir à
recycler 75 % des tonnages mis sur le marché dès cette année-là.
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a mis en place l�interdiction de
distribution de sacs plastiques à usage unique dans l�ensemble des commerces, depuis juillet 2016.
Sont proposés en remplacement des sacs à plusieurs usages ou des sacs biodégradables (fabriqués à
partir de matière végétale), compatibles avec les composts. En 2020, la vaisselle jetable en plastique
sera interdite à son tour. Il est encore un peu tôt pour juger des effets de cette loi, mais les pays du
nord de l�Europe, qui ont déjà agi en ce sens, ont fortement diminué la consommation de sacs
plastiques par habitant.
A titre de comparaison, la France se situe dans la moyenne européenne, avec 5 tonnes de déchets
produits par an et par habitant. La moyenne des pays de l�Union Européenne se situe à 5,1 tonnes
par habitant, avec des disparités importantes, selon les pays (Espagne : 2,4 t/hab/an ; Allemagne :
4,8 t/hab/an ; Pays-Bas : 7,9 t/hab/an). Attention cependant car ce sont souvent les pays qui
déclarent leurs quantités et ne mettent pas exactement la même chose sous le vocable « déchets ».
A noter que pour les déchets radioactifs (principalement issus de l�industrie nucléaire), c�est le Plan
national de gestion des matières et des déchets radioactifs qui constitue l�outil opérationnel de
planification globale de la gestion de ces déchets.
v Zoom sur les déchets du bâtiment et des travaux publics (BTP)
Au niveau national, les entreprises du BTP ont produit 227,5 millions de tonnes de déchets en 2014.
Cette production est en baisse de 10 % par rapport à 2008, diminution à rapprocher avec une baisse
d�activité observée sur la même période (- 12 % selon l�Insee).
Parmi ces déchets, plus de 80 % sont des déchets inertes, qui sont souvent réutilisés sur d�autres
chantiers ou transférés vers des structures de valorisation. Environ 1 % des déchets du BTP
(2,8 millions de tonnes) sont des déchets dangereux.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 5
Dans sa Directive cadre du 19 novembre 2008 relative aux déchets, l�Union Européenne a fixé
comme objectif qu�au moins 70 % des déchets du BTP soient valorisés d�ici 2020. En France, la moitié
est valorisée actuellement.
A noter qu�une enquête réalisée par la CAPEB (Confédération de l�Artisanat et des Petites Entreprises
du Bâtiment) Centre-Val de Loire sur les déchets dans les entreprises artisanales du bâtiment vient
d�être diffusée. Cette enquête, même si les données ne sont pas exhaustives par définition, pourrait
permettre d�alimenter l�élaboration du Plan régional et d�avoir une réflexion sur les actions à mettre
en place avec les partenaires et acteurs de la filière pour améliorer leur gestion.
v Quelques données régionales sur les déchets ménagers et assimilés
En 2014, en région Centre-Val de Loire, 1 482 000 tonnes de déchets ménagers et assimilés (DMA)
ont été collectées, soit une moyenne de production de 577 kg de déchets par an et par habitant. La
région se situe donc dans la moyenne nationale puisque 37,7 millions de tonnes de déchets
ménagers et assimilés ont été collectés en France en 2013, soit 573 kg de déchets par habitant.
En région, la répartition de la collecte des déchets est la suivante :
o 252 kg/hab/an en déchetterie,
o 310 kg/hab/an pour les ordures ménagères et assimilées (OMA), dont 229 kg/hab/an
d�ordures ménagères résiduelles (OMR, la « poubelle grise ») collectées en porte à porte
et 81 kg/hab/an en tri sélectif (porte à porte et point d�apport volontaire),
o 13 kg/hab/an de déchets verts,
o 2 kg/hab/an de collecte de porte à porte des encombrants.
Répartition de la collecte de déchets ménagers et assimilés en région, en 2014, en kg/hab/an.
PAP : porte-à-porte ; PAV : point d�apport volontaire
Source : ADEME Centre-Val de Loire.
229 kg
81 kg
252 kg
2 kg 13 kg Collecte des ordures
ménagères résiduelles en
PAP
Collecte en tri sélectif (en
PAP et PAV)
Collecte en déchèterie
Collecte en PAP des
encombrants
Collecte des déchets verts
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 6
Le volume de déchets ménagers et assimilés collectés par habitant est en légère hausse depuis 2010 :
+ 3,4 % (577 kg/hab en 2014, contre 558 kg/hab en 2010). Alors que l�objectif national pour 2020 est
de réduire de 10 % le volume de DMA par rapport à 2010.
Le graphique ci-après présente le détail. On constate que le poids des ordures ménagères résiduelles
diminue depuis plusieurs années, alors que le poids des déchets collectés en déchetterie a augmenté
(ce qui peut correspondre à une plus grande prise de conscience de la gestion des déchets et à un tri
plus approprié).
Evolution des déchets ménagers et assimilés collectés en région Centre-Val de Loire, en kg/hab/an.
Source : ADEME Centre-Val de Loire.
En 2014, 46 % des déchets ménagers et assimilés ont été recyclés (tri sélectif et apports en
déchetteries), soit une augmentation de trois points en deux ans. L�objectif fixé au niveau national
est de 55 % de déchets recyclés en 2020.
Destination des OMR collectées par mode de traitement en 2014, en région Centre-Val de Loire.
Source : ADEME Centre-Val de Loire.
0
100
200
300
400
500
600
2005 2007 2009 2010 2012 2013 2014
277 kg
284 kg
257 kg
250 kg
238 kg
232 kg
229 kg
92 kg
104 kg 93
kg 89 kg
83 kg
84 kg
83 kg
188 kg
198 kg 212
kg 219 kg
248 kg
249 kg
265 kg
Déchetterie et
déchets verts
Tri sélectif et
encombrants
Ordures ménagères
résiduelles
58%
4%
28%
7% 3% Incinération avec
valorisation énergétique
Incinération sans
valorisation énergétique
Stockage (en ISDND)
Valorisation organique
Valorisation de la
matière
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 7
Le graphique ci-dessus présente le mode de traitement des ordures ménagères résiduelles (OMR
assimilées à la « poubelle grise »). Soulignons que, selon les départements, les modes de traitements
varient (par exemple, en Eure-et-Loir, les OMR sont essentiellement incinérées avec valorisation
énergétique, alors qu�en Indre-et-Loire, les OMR sont essentiellement stockées).
Carte de localisation des centres de stockage et des unités d�incinération
Source : ADEME Centre-Val de Loire
La région est maillée par la présence de centres d�enfouissement ou d�unités d�incinération (voir
carte ci-dessus). Néanmoins, les unités d�incinération sont essentiellement présentes dans le nord de
la région (aucune n�est présente dans les départements de l�Indre et du Cher), alors que les centres
de stockage sont plutôt présents dans le sud de la région. La capacité de ces infrastructures est très
variable (les plus grandes sont 10 fois plus importantes que les petites). En 2014, 635 000 tonnes de
déchets ont été incinérées en région, soit une hausse de 3 % par rapport à l�année précédente. La
même année, 820 000 tonnes de déchets ont été enfouies, soit une baisse de 1,4 % par rapport à
l�année précédente. Pour les deux modes de traitement (incinération et enfouissement), la grande
majorité des déchets provient de la région et la grande majorité des ordures ménagères produite en
région est traitée dans la région.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 8
La carte ci-après présente la localisation des centres de tri des recyclables ménagers, qui traitent les
produits issus des collectes séparatives (déchets recyclables collectés en porte-à-porte et déposés en
points d�apport volontaire). La région dispose ainsi de 15 centres de tri, répartis sur l�ensemble du
territoire. La quantité de déchets déclarés qui sont passés par les centres de tri est de
161 000 tonnes en 2014 ; néanmoins, cette quantité est inférieure à la réalité car plusieurs centres
de tri n�ont pas renseigné les volumes traités. A noter que le taux de refus varie fortement selon les
centres ; il est en moyenne de 26 % pour la région en 2014. Ce taux semblant important, il serait utile
d�en expliquer les causes et d�en prévoir les conséquences.
Carte de localisation des centres de tri des recyclables ménagers
Source : ADEME Centre-Val de Loire
L�Observatoire de la Chambre régionale de l�économie sociale et solidaire finalise actuellement un
focus sur l�économie circulaire dans l�économie sociale et solidaire en région, qui devrait être publié
d�ici fin 2017. Ce focus pourra également apporter des éléments utiles pour l�élaboration du Plan.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 9
v Hiérarchiser le traitement des déchets : prévention, réutilisation,
recyclage, valorisation, élimination
L�article L 541-1 du Code de l�environnement indique la hiérarchie à privilégier pour les modes de
traitement de déchets.
Le Code de l�environnement précise que la gestion des déchets doit ensuite être priorisée de la
manière suivante :
o préparation en vue de la réutilisation,
o recyclage,
o valorisation, notamment énergétique,
o si aucun autre choix n�est possible, élimination (stockage ou incinération sans
valorisation).
Le Plan devra indiquer les avantages et inconvénients de chacun des types de traitement, selon les
spécificités départementales ou locales. Ainsi, en dernier lieu, lorsqu�aucun autre choix n�est
possible, les déchets peuvent être éliminés de deux manières : incinération ou stockage. Les deux ont
leurs inconvénients :
o Le stockage, souvent par enfouissement, nécessite de trouver de nouveaux lieux, qui
sont en général mal perçus par la population (possibles nuisances olfactives), avec des
risques possibles de pollution des nappes phréatiques (même si le stockage répond à des
contraintes réglementaires très précises).
o Pour l�incinération, les gaz issus de la combustion sont parfois insuffisamment traités et
contribuent ainsi à la pollution atmosphérique. A l�issue de l�incinération, il reste deux
produits : les mâchefers (certains sont réutilisés pour les travaux publics et d�autres sont
mis en centre d�enfouissement car ils peuvent présenter des risques) et les résidus
d�épuration des fumées d�incinération (Refiom), qui doivent être mis en centre de
stockage pour déchets industriels dangereux. Certaines structures d�incinération peuvent
cependant permettre une valorisation énergétique : elles sont à privilégier mais en
veillant à ce que cela n�entraine pas une nécessité d�aller chercher d�importants
tonnages de déchets combustibles hors département pour alimenter les fours et
produire la chaleur nécessaire aux réseaux de chauffage urbain. En effet, un four
insuffisamment alimenté ne fonctionne ni techniquement, ni économiquement.
Dans cette démarche, le CESER rappelle que le PRPGD doit donc agir en priorité
sur la prévention afin d�éviter au maximum la production de déchets, et donc de
diminuer la collecte et le traitement des déchets. Cette prévention doit passer
par de la sensibilisation et de la pédagogie auprès des consommateurs, des
industriels et des exploitants agricoles. La question essentielle est bien
« Comment faire pour réduire les déchets ? » avant de s�interroger sur
« Comment traiter les déchets produits ? ».
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 10
Soulignons que le décret relatif au PRPGD prévoit une diminution progressive de la quantité de
déchets à éliminer par stockage et par incinération sans valorisation énergétique à moyen terme
(deux échéances : 2020 et 2025).
Les ressourceries/recycleries ont pour mission de collecter des objets inutilisés et de leur donner une
deuxième vie (par réparation, nettoyage, transformation,�). Le Plan devra mettre l�accent sur le
déploiement et l�organisation au niveau régional de ce type de structure de proximité, qui permet
d�allonger la durée d�usage d�un objet et de recréer un maillon de l�économie locale, tout en
sensibilisant le public à la nécessité de réduction des déchets.
v L�état des lieux
Conformément à la loi NOTRe, la Région a prévu de réaliser un état des lieux de la prévention et de la
gestion de déchets. Cet état des lieux devra être le plus précis possible, à l�échelle de la région et des
bassins de vie, en lien avec les acteurs de terrain. Il devra être remis à jour régulièrement afin de
pouvoir constater les évolutions.
Selon le CESER, le traitement des déchets devrait se faire au plus proche de la
source de production si cela est économiquement envisageable, afin de diminuer
les coûts économiques et les nuisances écologiques dues au transport et donc de
favoriser les circuits courts. Le décret indique que le Plan doit être « en cohérence
avec les principes de proximité et d'autosuffisance, appliqués de manière
proportionnée aux flux de déchets concernés et adaptée aux bassins de vie ».
Dans tous les cas, le Plan régional de prévention et de gestion des déchets doit
prendre en compte les avantages et inconvénients de chacune des filières
d�élimination des déchets.
De nombreuses données existent déjà sur les déchets ménagers ; par contre
l�état des lieux devra permettre d�aboutir à une vision régionale de l�ensemble
des déchets, notamment ceux des entreprises incluant les déchets du BTP.
Un observatoire de l�ensemble des déchets à l�échelle de la région et des bassins
de vie pourrait être mis en place. Cet observatoire permettra d�avoir une
connaissance permanente et plus complète de la production des déchets en
région et de faire les choix les plus judicieux pour les gérer de manière
rationnelle.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 11
L�évolution du coût de traitement des déchets pour les entreprises, entre autres, pour celles du
bâtiment, sera à renseigner dans l�Observatoire des déchets.
Un bon état des lieux et un bilan détaillé devraient permettre de délivrer une information précise,
afin d�élaborer un Plan dans les meilleures conditions et de conduire une sensibilisation efficace pour
mieux conscientiser les consommateurs et les inviter à trier et réduire leurs déchets.
La loi précise que cet état des lieux sera complété par une analyse prospective sur un pas de temps
de six et douze ans de l�évolution des quantités de déchets à traiter.
v Les objectifs
La loi de transition énergétique pour la croissance verte, du 17 août 2015, complète les objectifs
existants en matière de réduction des déchets. Cette loi donne notamment comme objectif de
réduire de 10 % les quantités de déchets ménagers et assimilés produits par habitant, en 2020 par
rapport à 2010.
v Une opportunité pour favoriser les échanges entre acteurs
Le CESER salue le protocole d�accord régional, signé en janvier 2017, entre la Région, l�ADEME, la
Chambre régionale de commerce et d�industrie et la Chambre régionale de métiers et de l�artisanat
(qui a abouti à un accord cadre en avril 2017), pour faire de la transition écologique et énergétique
une opportunité de développement des entreprises. Les programmes d�actions comprendront
notamment des volets sur la prévention de la production de déchets et des gaspillages ou encore
l�écoconception des produits.
Le processus d�élaboration du PRPGD devra permettre de définir un objectif plus
ambitieux que celui fixé par la loi pour les échéances à 6 et 12 ans ; il devra être
partagé par les différents acteurs, en se donnant les moyens d�y parvenir.
Le Conseil régional devra ainsi favoriser les échanges entre les différents
partenaires. Cela devra aboutir à une rationalisation des structures ayant
compétence pour la collecte et/ou le traitement des déchets ménagers et
assimilés.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 12
En effet, beaucoup de structures existent aujourd�hui pour la collecte et/ou le traitement des
déchets, avec des missions comparables mais de tailles très variables. Le regroupement de certaines
de ces structures devrait a priori favoriser les échanges de bonnes expériences ainsi que des
économies budgétaires.
De même, la Région pourra être moteur pour que les opportunités d�échanges et de mutualisation
entre industriels puissent se développer, notamment en termes de collecte, afin d�aboutir à une
meilleure valorisation des déchets.
Les acteurs de la recherche technologique et du développement doivent être associés à l�élaboration
et à la mise en application du Plan régional de prévention et de gestion des déchets, notamment
dans le cadre de la Commission consultative d�élaboration et de suivi (CCES). Des partenariats
pourraient être développés avec les universités régionales ou des laboratoires de recherche publics
et/ou privés, afin d�imaginer des solutions innovantes en termes de prévention, de gestion et de
transformation des déchets.
Plus globalement, la question de la gouvernance sera à préciser dans le futur Plan régional de
prévention et de gestion des déchets. La Commission consultative d�élaboration et de suivi (CCES) du
Plan mise en place doit permettre en partie de répondre à cette problématique. Cette CCES ne doit
pas être seulement un lieu d�information, mais plutôt un espace d�échanges d�idées et de
propositions, à mettre en débat sur leur pertinence économique, sociale et environnementale.
Par ailleurs, un suivi détaillé de ce Plan devra être envisagé en comité opérationnel plus restreint ou
en groupes de travail.
v Le recyclage des déchets
Une étude publiée le 31 mai 2017 par Federec (Fédération professionnelle des entreprises du
recyclage) et l�ADEME1 montre que le recyclage des déchets a permis d�éviter l�émission de
22,5 millions de tonnes de CO2 en 2014, soit l�équivalent de 5 % des émissions annuelles, mais
également d�économiser l�énergie représentant la production d�environ 18 réacteurs nucléaires. En
1 Voir le communiqué de presse disponible sur le site de l�ADEME : http://presse.ademe.fr/wp-
content/uploads/2017/05/CP-CONF-%C3%A9tude-CO2-FEDEREC_31-mai-2017-_-angle-GP-_-VF.pdf ou le
rapport complet : http://presse.ademe.fr/wp-content/uploads/2017/05/FEDEREC_ACV-du-Recyclage-en-
France-VF.pdf
La Région devra échanger avec les régions voisines afin d�avoir une certaine
cohésion entre les Plans déchets respectifs (flux de déchets, structures de
traitement,�). La Région aurait aussi tout intérêt à mettre en place une
démarche de parangonnage avec les autres Régions, notamment pour échanger
sur les bonnes pratiques mises en �uvre ou qui pourraient l�être.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 13
parallèle, Federec a mis au point un outil de mesure pour évaluer les bénéfices environnementaux du
recyclage. Ce logiciel sera mis à disposition des collectivités qui le souhaitent, dès septembre 2017. Il
pourrait aider utilement les collectivités et la Région dans leurs démarches.
Sur l�ensemble du gisement régional de déchets recyclables collectés (86 000 tonnes), une partie est
traitée en région ou dans les départements limitrophes. En effet, pour qu�une filière fonctionne, il
faut fournir un volume de déchets important et un flux régulier. Néanmoins, certaines matières
recyclables partent directement dans des départements situés nettement plus loin : c�est le cas de la
plupart des journaux, revues et magazines qui sont valorisés en Seine-Maritime ou dans les Vosges
(25 % du total du gisement de recyclables). Le verre est quant à lui recyclé à Andrézieux, dans la
Loire.
Ainsi, un paradoxe existe parfois entre la taille de certaines usines de traitement, qui demandent un
volume minimum de déchets à traiter pour fonctionner dans des conditions optimales (la masse
critique) et qui, en période de pénurie, doivent solliciter des déchets venant de centres plus éloignés.
De plus, la tendance du volume de déchets, qui devrait être à la baisse dans les prochaines années
selon les objectifs affichés, pourrait remettre en cause certaines grandes usines de traitement qui,
dès lors, deviendraient surdimensionnées.
Pour certaines filières très spécifiques, il est compréhensible que le maillage soit moins dense (et
donc que chaque région ne dispose pas obligatoirement du panel complet d�installations de
traitement sur son territoire) car les investissements potentiels ne seraient pas forcément rentables,
compte-tenu du peu de matière apportée et parfois de manière irrégulière. Un maillage national
avec de grosses unités de transformation peut alors se justifier.
Par ailleurs, à l�étranger, des exemples probants montrent que certains anciens centres de stockage
de déchets peuvent être ré-ouverts afin de récupérer des matériaux pour être recyclés. Le PRPGD
devrait être l�occasion d�envisager d�étudier cette opportunité en région. En tout état de cause, les
nouveaux espaces de stockage devraient idéalement prévoir une capacité de réversibilité avec un
accès facile.
Les TPE (Très Petites Entreprises) et artisans, notamment ceux liés au secteur du bâtiment, sont
régulièrement confrontés à plusieurs problème pour le recyclage des déchets. Le coût de mise en
déchetterie qui leur est facturé reste très élevé (alors qu�un particulier ne sera pas taxé). En outre,
certaines déchetteries limitent en volume l�apport possible par jour pour chaque entreprise. Enfin,
Dans le cadre de l�élaboration du Plan, il devrait être vérifié que les installations
existantes répondent aux besoins actuels et futurs, puis étudié la possibilité de
mise en place d�unités de traitement de déchets spécifiques en région, si des
manques existent, en estimant le coût environnemental global, intégrant en
particulier le transport. Le maillage de certaines filières de traitement devrait
être réfléchi à l�échelle inter-régionale, afin d�atteindre le bon niveau de masse
critique de déchets à traiter.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 14
certains déchets dangereux (comme l�amiante) sont acceptés dans une petite fraction de
déchetteries. Ces éléments ne favorisent pas un bon recyclage dans le domaine et peuvent même
parfois provoquer un effet inverse (dépôts sauvages d�entreprises indélicates). L�élaboration du Plan
pourra inciter à davantage de souplesse des déchetteries, notamment à destination des artisans et
TPE.
v La sensibilisation et la communication
La sensibilisation doit se faire au plus proche des territoires, à l�aide des réseaux associatifs existants,
afin de toucher le plus large public possible.
La Région pourrait promouvoir au niveau des entreprises, en collaboration avec les chambres
consulaires, une attitude responsable en réduisant la quantité de déchets prévisibles, en amont de la
phase de production et, également, le suremballage.
La sensibilisation doit aussi permettre de toucher le jeune public, dès le plus jeune âge dans les
écoles, mais également plus tard au collège et au lycée, ces classes d�âge constituant les citoyens de
demain.
A titre d�exemple, la publicité commerciale sur papier représente 30 à 35 kg/an par boîte aux lettres,
sachant qu�une bonne partie est directement jetée (parfois sans être recyclée). L�application d�un
autocollant « stop pub », même s�il n�est pas toujours respecté, permet de diminuer drastiquement
ce poids. En 2011, seulement 9 % des français utilisaient le « stop pub ».
Concernant les déchets du BTP, de plus en plus de collectivités réfléchissent sur
une meilleure gestion des déchets de chantier. Ainsi, les opérations de
démolition peuvent apporter des ressources, directement exploitables ou
utilisables après préparation, à des opérations de construction. Le Plan pourra
réfléchir à ces orientations afin de favoriser un accompagnement pour les
collectivités qui souhaitent s�engager dans cette voie.
La Région devrait être moteur afin d�accompagner et d�amplifier la sensibilisation
et la communication envers les citoyens, les collectivités territoriales et les
entreprises. Ceci devrait s�inscrire en premier lieu dans le cadre des actions de
prévention, afin d�éviter au maximum la production de déchets. La prévention
doit agir à la fois sur les modes de production, auprès des industriels, mais
également sur la consommation, auprès des citoyens. Cette pédagogie doit aussi
inciter les citoyens, entreprises et collectivités territoriales à mieux trier les
déchets.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 15
De même, le gaspillage alimentaire est conséquent : en France, on estime qu�il représente
136 kg/an/habitant. Alors même que certains produits jetés sont encore consommables par manque
d�information (par exemple, beaucoup de consommateurs ne font pas la distinction entre « date
limite de consommation » et « date limite d�utilisation optimale »).
En région Centre-Val de Loire, à la fin 2015, 15 structures intercommunales avaient mis en place un
programme local de prévention couvrant 54 % de la population. L�objectif serait que la Région puisse
accompagner les territoires pour mailler intégralement la région par ces programmes de prévention.
L�appel à projet « territoire zéro déchet/zéro gaspillage » permet de distinguer les territoires les plus
engagés dans la démarche de réduction des déchets ; la Région pourrait accompagner les
collectivités souhaitant s�engager dans cette approche.
La Région doit pouvoir inciter à une généralisation des consignes de tri, tenant compte des
différentes contraintes. En effet, il est encore difficile pour le citoyen de s�y retrouver (matériaux
composites ; quel type de plastique se recycle ; mode de tri différent à la maison, sur le lieu de travail
ou dans les lieux publics ; confusion entretenue sur la faisabilité de recyclage sur certains produits
etc.). Même si de nombreux efforts ont été menés, les consignes de tri doivent être les plus claires
possible, avec possibilité d�interroger le syndicat de déchets en cas de doute. Le tri préalable des
déchets apporte un bénéfice réel à la chaîne de recyclage mais reste encore perfectible, notamment
dans la phase ultime au niveau des centres de tri. En tout état de cause, il doit être favorisé ne fut-ce
que pour des raisons de responsabilisation des consommateurs.
Les pratiques peuvent évoluer ; c�est le cas par exemple avec la suppression des sacs plastiques, les
français se sont accoutumés en ayant trouvé d�autres solutions avec des sacs réutilisables par
exemple.
Certaines entreprises déplorent un manque d�information sur les pratiques possibles pour valoriser
les déchets. Une mutualisation et une complémentarité est pourtant envisageable à l�échelle
intercommunale en favorisant les échanges de flux et de matières. Cette « symbiose industrielle »,
qui renvoie aux principes de l�Ecologie Industrielle et Territoriale (EIT), peut se traduire notamment
par l�utilisation de produits non utilisés ou de déchets d�une entreprise comme matière première
pour une autre entreprise.
v Les biodéchets / le compostage
Afin de diminuer les quantités de déchets organiques (et donc les coûts de collecte et de traitement)
et aussi d�éviter le gaspillage, deux axes principaux doivent être retenus concernant les biodéchets :
o la lutte contre le gaspillage alimentaire,
o la gestion locale des biodéchets.
Sur la lutte contre le gaspillage alimentaire, la Région se doit d�être exemplaire dans les espaces dont
elle a la responsabilité, tels les lycées. Certaines actions sont déjà en cours, elles pourront être
complétées et amplifiées.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 16
Le système de lombricomposteur, encore peu connu par rapport au composteur classique, est en
effet adapté aux appartements et maisons de ville, ayant une faible emprise au sol et sans nuisances
olfactives. Les nombreux retours d�expériences prouvent que la mise en place de composteurs ou
lombricomposteurs permet de réduire significativement les déchets organiques et donc le poids des
poubelles.
Aussi, la Région pourrait inciter et accompagner les structures compétentes à définir une
planification locale des biodéchets.
v Les déchets dangereux
Avant la promulgation de la loi NOTRe, la Région intervenait déjà dans la planification des déchets
dangereux, dans le cadre du Plan régional d�élimination des déchets dangereux (PREDD), adopté en
décembre 2009. La planification des déchets dangereux sera dorénavant incluse dans le futur PRPGD.
Les déchets dangereux contiennent, en quantité variable, des éléments toxiques ou dangereux qui
présentent des risques pour la santé humaine et l�environnement. Les déchets sont considérés
comme dangereux lorsqu�ils présentent au moins l�une des caractéristiques suivantes : explosif,
comburant, inflammable, irritant, nocif, toxique, cancérogène, corrosif, infectieux, mutagène,
substance pouvant se transformer avec l�une des propriétés précédentes2. Près de 495 types de
déchets dangereux sont ainsi recensés dans la réglementation.
Les particuliers, les entreprises et les collectivités produisent des déchets dangereux. A titre
d�exemple, on peut citer les déchets d�activité de soins, les déchets issus de l�utilisation de produits
phytosanitaires, les sols pollués, des déchets de construction / démolition, des éléments de déchets
d�équipement électrique ou électronique�
Comme indiqué précédemment, les déchets radioactifs ne relèvent pas du PREDD ou du PRPGD mais
du Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs, élaboré sous l�égide de l�Etat et
de l�Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
2 Pour plus de détails, voir articles R541-7 et R541-8 du Code de l�environnement.
Pour le CESER, le système de compostage individuel ou collectif semble plus
adapté que le système de collecte en porte-à-porte, les déchets pouvant être
facilement valorisés sur place, sans transport. Pour cela, il faut promouvoir le
système, amplifier le travail de sensibilisation et d�accompagnement, ainsi que
mettre en place des facilités pour obtenir un composteur ou lombricomposteur
(petits composteurs hors-sol comportant des vers lombrics).
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 17
La diversité des types de déchets dangereux conduit à des modes de gestion et de traitement bien
spécifiques que le CESER n�a pas souhaité approfondir, compte-tenu de la technicité du sujet.
Comme pour les autres types de déchets, l�accent devra être mis en priorité sur la prévention.
v La méthanisation
En 2015, 17 unités de méthanisation étaient en fonctionnement en région et 11 étaient en
construction. La moitié des unités en fonctionnement se concentrait en Indre-et-Loire, alors que
l�Indre disposait seulement d�une unité. Force est de constater que le déploiement d�unités de
méthanisation demeure encore faible en région.
Certains agriculteurs souhaitent mettre en place un méthaniseur afin, entre autres, de diversifier
leurs activités et de mettre en pratique une économie circulaire de proximité ; néanmoins un
manque d�accompagnement est souligné. L�idéal serait de pouvoir mailler le territoire, afin de
valoriser la matière organique au plus près du lieu de production, en favorisant également le
déploiement de petites unités de méthanisation, localement plus adaptées. En tout état de cause,
tous les projets ne sont pas forcément pertinents et adaptés aux exploitations candidates. Il faut
trouver la bonne adéquation entre les subventions publiques, le système économique et l�impact
environnemental.
Par ailleurs, il faudrait étudier la possibilité que toutes les matières fermentescibles (comme le lisier,
le fumier et les matières organiques des particuliers) puissent être mises dans les méthaniseurs. En
effet, les résidus sont ensuite plus faciles à épandre et présentent moins de nuisances olfactives que
le lisier ou fumier. Par contre, une production agricole dédiée principalement à la méthanisation
pourrait poser problème en termes de vocation, de respect de l�environnement et de concurrence
avec les productions à finalité alimentaire.
v La tarification incitative
Au 1er
janvier 2015, sur les 76 structures compétentes en matière de collecte de déchets ménagers
en région, seules 5 ont mis en place un système incitatif.
Le processus d�élaboration du Plan doit permettre de définir les leviers et les
conditions optimales pour développer durablement la méthanisation en région,
avec notamment des unités de dimensions appropriées et d�intérêt collectif. Cela
sera l�occasion pour la Région de redéfinir sa politique de financement des unités
de méthanisation, en lien avec l�ADEME.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 18
En tout état de cause, le déploiement de la tarification incitative doit impérativement passer par une
information transmise aux habitants, le plus en amont possible, avec explications des avantages
retirés (chiffrage du nombre de déchets économisés�) et période d�adaptation sous forme de test.
La mise en place d�une tarification incitative n�entraîne pas nécessairement une baisse du montant
de la taxe ; cela peut permettre néanmoins de maîtriser son augmentation. En parallèle, il faut
impérativement proposer des mesures incitatives et des facilités d�usage aux habitants afin qu�ils
puissent réduire le poids du contenu de leurs poubelles : larges horaires d�ouverture des
déchetteries, facilités pour la mise en place de composteurs individuels et/ou collectifs, systèmes de
collecte réguliers pour les encombrants notamment en ville� A noter que la tarification incitative est
plus difficile à développer pour les habitats collectifs.
v Sur le suivi et l�évaluation du Plan
L�ensemble de la planification, de la prévention et de la gestion des déchets revient donc aujourd�hui
aux Régions. Pour le CESER, c�est une opportunité pour la Région de se doter d�une véritable
stratégie transversale via ce nouveau Plan, qui doit aller bien au-delà du simple suivi.
Ces indicateurs devront permettre de mesurer notamment :
o le niveau atteint par rapport aux objectifs fixés initialement,
o le respect de la hiérarchie du traitement des déchets, sachant que la prévention est le
premier levier à activer,
o la dynamique de sensibilisation auprès des différents publics,
o l�efficacité entre les moyens déployés (financiers, humains) et les résultats observés.
Les indicateurs avec le suivi qualitatif devront permettre de mesurer l�impact des différentes actions
entreprises. Si besoin, au vu des retours d�expériences et du suivi, la Région pourra aider les
collectivités territoriales à réorienter leurs actions.
Un retour d�expériences des établissements intercommunaux ayant mis en place
le système de tarification incitative est nécessaire, notamment en termes de
réduction des déchets, mais également d�éventuelles nuisances occasionnées
(augmentation des dépôts sauvages et comportements d�incivilité par exemple).
Dans le cadre de l�Observatoire des déchets, la Région devrait réfléchir, en lien
avec les différents partenaires, à des indicateurs qualitatifs et quantitatifs
pouvant être facilement mesurés et mis à jour régulièrement (idéalement
annuellement). Le CESER reste disponible pour identifier les indicateurs les plus
pertinents.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 19
v Conclusion
L�élaboration du Plan régional de prévention et de gestion des déchets doit résulter d�une véritable
politique régionale et d�une stratégie qui relève d�une réflexion commune entre les différents acteurs
concernés en région Centre-Val de Loire. Cette stratégie doit être élaborée à partir de la coordination
de l�ensemble des actions territoriales de prévention et de gestion des déchets et sur l�organisation
des acteurs régionaux.
Le PRPGD doit fixer des objectifs en termes de réduction des différentes catégories de déchets, ainsi
que de réutilisation, de recyclage et de traitement de ces déchets, en fonction de leur nature et de
leurs usages potentiels. La planification a notamment vocation à rendre les actions entreprises plus
cohérentes, plus efficaces et moins polluantes, en favorisant la recherche appliquée, l�innovation et
l�expérimentation.
La réflexion et les actions engagées autour de ce Plan doivent constituer une opportunité pour
développer une économie de proximité, en lien direct avec les principes de l�économie circulaire. Le
rapport de la Section prospective du CESER, qui sera présenté en novembre 2017, s�attachera à
mettre en avant les avantages sociaux, économiques et environnementaux de l�économie circulaire.
La sensibilisation des producteurs de biens de consommation, des gestionnaires de déchets et
également des consommateurs devra faire partie intégrante de cette stratégie régionale ; le
changement des mentalités devant la saturation de déchets produits par notre société et la gestion
intégrée de cette matière secondaire, désormais ressource utilisable, sera le garant de la réussite de
cette reconversion sociétale à l�échelle de notre région.
En gardant présent à l�esprit que : « Le déchet le plus facile à éliminer reste celui que l'on n'a pas
produit ».
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v SYNTHÈSE DES PRÉCONISATIONS DU CESER
Mettre en place un Observatoire régional destiné à mieux connaître et recenser la
production, le stockage, le traitement et le recyclage des déchets. Ceci afin d�aboutir à une
vision régionale de la situation et à optimiser la gestion de l�ensemble des déchets, y compris
ceux des entreprises et du BTP. Choisir et renseigner des indicateurs quantitatifs et
qualitatifs, dans le cadre de cet Observatoire, pouvant être facilement suivis.
Agir en priorité sur la prévention. La première grande résolution serait de diminuer le volume
des déchets, avant de rechercher des méthodes de stockage, de traitement ou de recyclage
des déchets produits. Promouvoir au niveau des entreprises, en collaboration avec les
chambres consulaires, une attitude responsable en réduisant la quantité de déchets
prévisibles, en amont de la phase de production. Accompagner activement les territoires dans
leurs démarches de programmes de prévention des déchets.
Amplifier la sensibilisation et la pédagogie envers les citoyens, les collectivités et les
entreprises, pour les inciter à réduire et trier leurs déchets. La prévention doit agir sur les
techniques et méthodes de production des industriels mais aussi sur les modes de
consommation des citoyens, entreprises et collectivités, afin de réduire le volume de déchets.
Promouvoir les principes de l�économie circulaire pour tous les domaines du traitement et du
recyclage des déchets : certains résidus peuvent devenir la matière première ou une des
composantes d�une nouvelle production. Favoriser les expériences et le déploiement à
grande échelle de toute initiative allant dans ce sens.
Encourager le traitement des déchets au plus proche de la source de la production, si cela
est économiquement envisageable, afin de réduire les nuisances écologiques dues au
transport.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 21
Favoriser les échanges entre partenaires, notamment avec le monde de l�entreprise. Inciter à
une rationalisation des structures compétentes pour la collecte et le traitement des déchets.
Mettre en place une démarche de parangonnage avec les autres régions, afin d�échanger sur
les bonnes pratiques mises en �uvre ou qui pourraient l�être.
Mettre en place un retour d�expérience des établissements intercommunaux ayant appliqué
un système de tarification incitative (résultats en termes de réduction des déchets,
acceptabilité sociale, nuisances éventuelles occasionnées).
Convenir d�une gestion rationnelle pour les déchets du BTP, filière à organiser davantage.
Favoriser les systèmes de compostage individuel et collectif et promouvoir l�usage du
compost dans la production domestique.
Mettre en place une véritable stratégie régionale, voire interrégionale, de prévention et de
gestion des déchets. Et pourquoi pas fixer des objectifs plus ambitieux que ceux établis par la
loi, dans le cadre du processus d�élaboration de ce Plan, pour devenir une Région pilote en la
matière.
Associer les acteurs de la recherche technologique et du développement intégré (universités,
instituts de recherche, laboratoires,�) à l�élaboration du PRPGD, entre autres dans le cadre
de la Commission consultative d�élaboration et de suivi (CCES). Collaborer à la recherche de
solutions innovantes pour la prévention et la gestion des déchets.
Valoriser les initiatives de centres de ressourceries ou recycleries afin de donner une
deuxième vie ou un usage réhabilité à certains produits délaissés ou destinés à la déchetterie.
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 22
LEXIQUE
v Classification des types de déchets
Déchet
Tout résidu d'un processus de production, de transformation ou d'utilisation, toute substance,
matériau, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son détenteur destine
à l'abandon.
OMR : Ordures ménagères résiduelles
Déchets de « routine » des ménages et des activités économiques collectés en mélange hors déchets
recyclables. Cette fraction de déchets est parfois appelée poubelle grise.
OMA : Ordures ménagères et assimilées
Ensemble des déchets de « routine » des ménages et des activités économiques collectés par le
service public d�élimination des déchets, c�est-à-dire les déchets collectés en mélange (Ordures
ménagères résiduelles) et les déchets collectés sélectivement (verre, cartons, plastiques,�).
DMA : Déchets ménagers et assimilés
Ensemble des déchets produits par les ménages et par les activités économiques, collectés par le
service public d�élimination des déchets. Ils comprennent donc :
- les ordures ménagères et assimilées,
- la collecte en déchetteries,
- la collecte d�encombrants,
- la collecte des déchets verts.
Déchets dangereux
Déchets qui peuvent générer des nuisances pour l'homme et/ou pour l'environnement. Ils font
l'objet d'un contrôle administratif renforcé (production, stockage, transport, élimination...).
Déchets inertes
Tout déchet qui ne se décompose pas, ne brûle pas et ne produit aucune réaction physique ou
chimique, n'est pas biodégradable et ne détériore pas les matières avec lesquelles il entre en contact,
d'une manière susceptible d'entraîner des atteintes à l'environnement ou à la santé humain.
Déchets non dangereux
Tout déchet qui n�est pas inerte et qui ne présente aucune des propriétés qui rendent un déchet
dangereux.
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Déchet ultime
Déchet qui n'est plus susceptible d'être réutilisé ou valorisé dans les conditions techniques et
économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction de son
caractère polluant ou dangereux.
v Sigles utilisés
ADEME : Agence De l�Environnement et de la Maîtrise de l�Energie
ASN : Autorité de Sûreté Nucléaire
BTP : Bâtiment et Travaux Publics
CAPEB : Confédération de l�Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment
CCES : Commission Consultative d�Elaboration et de Suivi (du PRPGD)
CRESS : Chambre Régionale de l�Economie Sociale et Solidaire
DREAL : Direction Régionale de l�Environnement, de l�Aménagement et du Logement
EIT : Ecologie Industrielle et Territoriale
ISDND : Installation de Stockage de Déchets Non-Dangereux
Loi NOTRe : Loi portant Nouvelle Organisation Territoriale de la République
PAP : Porte À Porte
PAV : Point d�Apport Volontaire
PNGMDR : Plan National de Gestion des Matières et des Déchets Radioactifs
PREDD : Plan Régional d�Elimination des Déchets Dangereux
PRPGD : Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets
Refiom : Résidus d�épuration des fumées d�incinération
SRADDET : Schéma Régional d�Aménagement, de Développement Durable et d�Egalité des
Territoires
UIOM : Usine d�Incinération d�Ordures Ménagères
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 24
BIBLIOGRAPHIE
ADEME Centre-Val de Loire. La collecte et le traitement des déchets ménagers et assimilés en région
Centre-Val de Loire, bilan 2014.
ADEME nationale. Déchets : chiffres-clés, édition 2016.
Journal officiel. Décret n° 2016-811 du 17 juin 2016 relatif au plan régional de prévention et de
gestion des déchets.
Ministère de l�Environnement, de l�énergie et de la mer. Entreprises du BTP : 227,5 millions de
tonnes de déchets en 2014, Mars 2017.
Ministère de l�Environnement, de l�énergie et de la mer. Bilan 2014 de la production de déchets en
France, Mars 2017.
Portail des déchets en région Centre-Val de Loire
http://www.portaildesdechetsenregioncentre.fr/
Site de la Région Centre-Val de Loire
http://www.regioncentre-valdeloire.fr/accueil/ma-region-et-moi/une-chance-pour-
tous/environnement/dechets.html
Site de la DREAL Centre-Val de Loire
http://www.centre.developpement-durable.gouv.fr/la-politique-des-dechets-r183.html
Site de l�ADEME Centre-Val de Loire
http://www.centre.ademe.fr/domaines-dintervention/dechets/contexte
Site de l�Autorité de sûreté nucléaire
https://www.asn.fr/Professionnels/Installations-nucleaires/Dechets-radioactifs-et-
demantelement/Plan-national-de-gestion-des-matieres-et-dechets-radioactifs
Site de la CRESS
http://www.cresscentre.org/
Site SINOE Déchets
http://www.sinoe.org/index
CESER Centre-Val de Loire - Contribution au Plan régional de prévention et de gestion des déchets - Octobre 2017 Page 25
COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL
Président de groupe
Monsieur René ROSOUX, représentant du Conservatoire
d�espaces naturels de la région Centre-Val de Loire,
Membres du groupe de travail
Monsieur Jean-Pierre BARNAGAUD, représentant de
France nature environnement Centre-Val de Loire,
Monsieur Jean-Claude BROSSIER, représentant du Medef,
Monsieur Joël CARRIGNON, représentant de la
Coordination rurale région Centre-Val de Loire,
Monsieur Hervé COUPEAU, représentant
de la Chambre d�agriculture Centre-Val de Loire,
Monsieur Guy JANVROT, représentant de
France nature environnement Centre-Val de Loire,
Madame Annie LEBRUN-GOMBERT,
personnalité qualifiée (EDF),
Monsieur Jean-Paul MOKTAR, représentant
de la Fédération régionale des chasseurs,
Monsieur Dominique ROUZIES, représentant de l�Union
régionale des syndicats de propriétaires forestiers,
Chargé de mission : Florian RIVOAL
Assistante : Marine DUTEYRAT
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AUDITIONS
Le groupe remercie les personnes suivantes d�avoir répondu à ses sollicitations.
Mme Claire JORY, Cheffe de service « Prévention des risques et Education à
l'environnement », au Conseil Régional Centre-Val de Loire,
M. Cédric DJEDOVIC, Ingénieur, et M. Mohamed AMJAHDI, Directeur régional adjoint à
l�ADEME Centre-Val de Loire (audition commune avec la Section prospective),
Mme Maud MICHEL, Chargée de mission à la Direction des risques majeurs et de
l�environnement au Conseil Départemental du Loiret,
M. Jean-Luc GALLIOT, Vice-Président délégué à l'élimination et à la valorisation des déchets
ménagers et assimilés à Tours Plus, Maire de Notre-Dame d�Oé,
Mme Maud GOBLET, Cheffe du Département Impacts Santé - Stratégie de l'Inspection
Service de l'Environnement Industriel et des Risques, à la DREAL Centre-Val de Loire,
M. Daniel VIORA, Directeur du Syndicat mixte de collecte et de traitement des déchets du
Blaisois.
Hôtel de Région9 rue Saint Pierre Lentin - CS 9411745041 Orléans Cedex 1Tél. [email protected] le rapport sur : ceser.regioncentre.fr
ceser.regioncentre.fr