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Orthod Fr 2009;80:99–135 c EDP Sciences, SFODF, 2009 DOI: 10.1051/orthodfr/2009001 Disponible en ligne sur : www.orthodfr.org Rapport Chapitre 2 Comportement en milieu buccal Bertrand Szustakiewicz 1 *, Narimen Djerbi 2 , Audrey Gondy 2 , Mohannad Derki 2 , Anne Devulder-Salana 2 , Guy Pindi 2 , Hervey Rakotomalala 2 , Olivier Sergent 2 , Mohammed Swead 2 , Justine Tronet 2 1 120 rue de Tourcoing, 59100 Roubaix, France 2 Université de Lille, Faculté de chirurgie dentaire, 1 place Verdun, 59000 Lille, France Le comportement en milieu buccal des biomaté- riaux utilisés en orthopédie dento-faciale repose sur un mécanisme à double sens : les effets du biomaté- riau sur le milieu mais également les effets du milieu sur le biomatériau. En effet, dès l’insertion d’un biomatériau dans la cavité buccale, des mécanismes interactifs appa- raissent faisant de ce corps étranger un élément bio- compatible et/ou biodégradable au sein de l’écosys- tème complexe de la cavité buccale. La biocompatibilité des biomatériaux utilisés a longtemps été réduite à l’absence de processus de corrosion et de dégradation. À ce jour, au-delà de la simple tolérance biologique, la biocompatibilité en- globe la compréhension des mécanismes interactifs existant entre un biomatériau et le milieu biologique environnant [47]. La biocompatibilité dans son sens moderne tient compte des conséquences biologiques locales et générales, immédiates et différées, réver- sibles et définitives, à court, moyen et long terme. Ces interrelations se manifestent non seulement au- tour du biomatériau mais également à distance sui- vant la voie de propagation ou d’élimination des élé- ments relargués. La biocompatibilité peut alors être définie comme l’aptitude d’un biomatériau à remplir pleinement la fonction pour laquelle il a été conçu et développé (notion de biofonctionnalité), sans porter atteinte à la vitalité du milieu biologique dans lequel il est in- séré (notion de biosécurité). La biodégradation correspond à la dégrada- tion des caractéristiques d’un biomatériau créée * Auteur pour correspondance : [email protected] par l’environnement biologique dans lequel il fonc- tionne. Elle peut se traduire : soit par une altération de sa biosécurité (par libé- ration de composants aux effets néfastes), soit par une altération de sa biofonctionnalité. 1. Les différents types de biodégradation Les formes de biodégradation sont multiples et régies par des effets lentement destructeurs : La corrosion, phénomène de surface qui peut en- traîner progressivement des altérations en pro- fondeur. La fatigue, causée par la succession de contraintes (de mastication par exemple), qui créent des alté- rations mineures, mais dont l’accumulation finira par entraîner la rupture. L ’ usure des surfaces (notion de tribologie), disci- pline récente, encore peu étudiée en orthodontie. D’une manière générale, ces phénomènes abou- tissent à des dégradations de surface (mais aussi in- ternes) par corrosion, usure, trauma ou mécanismes bactériens libérant des métabolites ou des ions, qui sont alors disponibles pour les bactéries dans un micro-environnement de biofilm. Toutes les formes de biodégradation peuvent se manifester par une perte d’intégrité (libération de composants) aussi bien que par une diminution de la biocompatibilité – le biomatériau ne peut plus rem- plir sa fonction correctement et il peut devenir dan- gereux pour son environnement biologique. Article published by EDP Sciences

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Orthod Fr 2009;80:99–135c© EDP Sciences, SFODF, 2009DOI: 10.1051/orthodfr/2009001

Disponible en ligne sur :www.orthodfr.org

Rapport

Chapitre 2

Comportement en milieu buccal

Bertrand Szustakiewicz1*, Narimen Djerbi2, Audrey Gondy2, Mohannad Derki2,Anne Devulder-Salana2, Guy Pindi2, Hervey Rakotomalala2, Olivier Sergent2,Mohammed Swead2, Justine Tronet2

1 120 rue de Tourcoing, 59100 Roubaix, France2 Université de Lille, Faculté de chirurgie dentaire, 1 place Verdun, 59000 Lille, France

Le comportement en milieu buccal des biomaté-riaux utilisés en orthopédie dento-faciale repose surun mécanisme à double sens : les effets du biomaté-riau sur le milieu mais également les effets du milieusur le biomatériau.

En effet, dès l’insertion d’un biomatériau dansla cavité buccale, des mécanismes interactifs appa-raissent faisant de ce corps étranger un élément bio-compatible et/ou biodégradable au sein de l’écosys-tème complexe de la cavité buccale.

La biocompatibilité des biomatériaux utilisés alongtemps été réduite à l’absence de processus decorrosion et de dégradation. À ce jour, au-delà de lasimple tolérance biologique, la biocompatibilité en-globe la compréhension des mécanismes interactifsexistant entre un biomatériau et le milieu biologiqueenvironnant [47]. La biocompatibilité dans son sensmoderne tient compte des conséquences biologiqueslocales et générales, immédiates et différées, réver-sibles et définitives, à court, moyen et long terme.Ces interrelations se manifestent non seulement au-tour du biomatériau mais également à distance sui-vant la voie de propagation ou d’élimination des élé-ments relargués.

La biocompatibilité peut alors être définie commel’aptitude d’un biomatériau à remplir pleinement lafonction pour laquelle il a été conçu et développé(notion de biofonctionnalité), sans porter atteinte àla vitalité du milieu biologique dans lequel il est in-séré (notion de biosécurité).

La biodégradation correspond à la dégrada-tion des caractéristiques d’un biomatériau créée

* Auteur pour correspondance : [email protected]

par l’environnement biologique dans lequel il fonc-tionne. Elle peut se traduire :

– soit par une altération de sa biosécurité (par libé-ration de composants aux effets néfastes),

– soit par une altération de sa biofonctionnalité.

1. Les différents types de biodégradation

Les formes de biodégradation sont multiples etrégies par des effets lentement destructeurs :

– La corrosion, phénomène de surface qui peut en-traîner progressivement des altérations en pro-fondeur.

– La fatigue, causée par la succession de contraintes(de mastication par exemple), qui créent des alté-rations mineures, mais dont l’accumulation finirapar entraîner la rupture.

– L’ usure des surfaces (notion de tribologie), disci-pline récente, encore peu étudiée en orthodontie.

D’une manière générale, ces phénomènes abou-tissent à des dégradations de surface (mais aussi in-ternes) par corrosion, usure, trauma ou mécanismesbactériens libérant des métabolites ou des ions, quisont alors disponibles pour les bactéries dans unmicro-environnement de biofilm.

Toutes les formes de biodégradation peuvent semanifester par une perte d’intégrité (libération decomposants) aussi bien que par une diminution de labiocompatibilité – le biomatériau ne peut plus rem-plir sa fonction correctement et il peut devenir dan-gereux pour son environnement biologique.

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1.1. Biodégradation environnementale

Pendant qu’il est en service dans l’organisme, lebiomatériau subit une dégradation provoquée parl’environnement biologique.

L’origine de la dégradation peut être d’ordre chi-mique ou électrochimique – elle se produit même sile biomatériau ne subit pas de contrainte en servicepar corrosion, ou dissolution.

L’origine de la dégradation peut être égalementd’ordre biologique, par attaque microbienne, prin-cipalement, comme dans la corrosion d’origine mi-crobienne (MIC, Microbial Influenced Corrosion).

Les conditions générales initiales d’une biodégra-dation peuvent être définies comme telles dès soninsertion dans son environnement biologique, le bio-matériau offre une surface prête pour la colonisation.Les couches atomiques superficielles interagissentspontanément avec l’environnement biologique. Ma-cromolécules, bactéries et cellules tissulaires se dis-putent des domaines de surface à l’interface réactive.

1.1.1. Le milieu environnant : le complexeélectrolytique salivaire

Les matériaux dentaires au sein de la bouche in-teragissent continuellement avec les fluides physio-logiques. Les tissus oraux sont exposés à de nom-breux stimuli aussi bien chimiques que physiques,dont le métabolisme est d’environ 30 espèces bac-tériennes (le contenu bactérien salivaire total est del’ordre de 5 milliards/mL de salive). Ceci dans desconditions de tissus oraux sains (autres que den-taires). Le pH de la salive est compris entre 5,2 à 7,8.Les dents travaillent dans un des environnementsles plus agressifs du corps humain. Elles sont su-jettes à des variations de températures plus impor-tantes qu’ailleurs (près de 60 ◦C de différence entrede la glace et du thé). Des phénomènes de dégra-dation prennent cours particulièrement lorsque desappareils orthodontiques sont placés dans cet envi-ronnement électrolytique hostile fourni par la cavitébuccale. Des facteurs tels que la température, la qua-lité et la quantité de salive, la plaque bactérienne,le pH, les protéines, les propriétés physiques et chi-miques de la nourriture solide/liquide et les condi-tions orales peuvent influencer les processus de dé-gradation.

La salive est une sécrétion exocrine dont la natureest double :

– Une salive totale ou entière : complexe mélangedes fluides issus des glandes salivaires, du sillongingival, du transsudat de la muqueuse oraleen plus du mucus des cavités nasale et pharyn-gienne, des bactéries orales non-adhérentes, decellules épithéliales desquamées, et de cellulessanguines, ou encore des traces de médicamentsou de produits chimiques [58]. Elle représente80 à 90 % du volume de la production salivairequotidienne totale.

– Une salive basale non stimulée : produite à fluxcontinu faible au repos, sans stimulation exogèneou pharmacologique, elle est présente en formede film qui recouvre, humidifie et lubrifie les tis-sus oraux.

Il est délicat d’exploiter des résultats obtenus in vitroen salive artificielle, dont les différentes formules nepourront jamais refléter toute la dynamique de sacomposition au cours de ses fonctions in vivo. Deplus, la composition de la salive s’avère complexe.Elle fait d’ailleurs l’objet de recherches afin de rem-placer la prise de sang par l’étude de l’échantillonsalivaire.

1.1.1.1. Composition de la salive [1, 4]

La salive est une solution aqueuse normalementhypotonique (elle peut devenir isotonique ou mêmehypertonique dans certaines conditions) contenant :

– des ions Cl−, K+, Na+, Ca2+, Mg2+, F−, phosphateinorganique (PO3−

4 /HPO2−4 /H2PO−4 /H3PO4) se-

lon le pH, le système hydrogénocarbonateHCO−3 /H2CO3 acide carbonique ;

– des protéines : enzymes (α-amylase), immuno-globulines et autres facteurs antimicrobiens (thio-cyanate SCN−, peroxyde d’hydrogène H2O2),glycoprotéines muqueuses, albumine, polypep-tides et oligopeptides ; la composition des pro-téines de la salive non stimulée montre 218 pro-téines identifiées dont 182 avec une confiance de99 % et 36 avec 95 % de confiance [37] ;

– du glucose et des composés nitrés : ammoniumNH+

4/(NH2)2CO urée.

Ces composants interagissent et sont à l’origine desfonctions de la salive.

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Chapitre 2

Tableau 1Composition salivaire de jeunes adultes.

Sexe Protéines Glucose Calcium Magnésium Chlorure Phosphate

total mg/mL (mmol/L) (mmol/L) (mmol/L) (mmol/L) inorganique

(mmol/L)

Hommes (n = 50) 6,69 ± 2,89 0,75 ± 0,44 2,17 ± 0,76 1,27 ± 0,45 27,60 ± 11,06 1,52 ± 0,63

Femmes (n = 50) 7,26 ± 3,778 0,73 ± 0,47 1,87 ± 0,78 1,37 ± 0,44 30,42 ± 12,74 1,58 ± 0,63

Le tableau 1 présente la composition de salive ba-sale non stimulée d’étudiants dentaires iraniens (âgemoyen 22 ans) [1].

1.1.1.2. La température buccale

La température intrabuccale n’est pas isotherme.Elle varie dans une fourchette de 2 ◦C. Ainsi,la température sub-linguale moyenne s’avère de36, 6 ± 0, 4 ◦C (éventail de 35,7 ◦C à 37,6 ◦C),alors que la température sous-gingivale moyenne sesitue à 34, 7 ± 0, 6 ◦C (éventail de 33,4 à 36,1 ◦C).

Au niveau des arcades dentaires, la températuredes sites vestibulaires est inférieure de 0,2 ◦C à celledes sites linguaux (ou palatins), alors que la tempé-rature diminue de la seconde molaire à la premièreprémolaire et reste presque constante dans le secteuresthétique, à la partie antérieure maxillaire (de 14à 24).

Par ailleurs, les acides acétique, formique, lac-tique, propionique et butyrique sont responsablesd’une montée de la température sous-gingivaleaprès mastication d’aliments gras et sucrés (bei-gnets, par exemple). Cette augmentation, évaluée à1,3 ◦C ± 0,8 ◦C, se produit au bout de 5 min etreste stable à +1 ◦C ± 0,2 ◦C pendant une heure(à noter que cette augmentation de la températureest accompagnée d’un afflux de polynucléaires neu-trophiles dans la gencive, donc d’un risque élevé derelargage de radicaux oxygénés).

1.1.1.3. Flux et débit salivaire

Le débit de sécrétion subit des variations nycthé-mérales.

En moyenne, le débit salivaire est presque nuldurant le sommeil, de l’ordre de 0,3 mL/min en-viron en l’absence de stimulation, et peut atteindre7 mL/min en flux stimulé. Le minimum est atteintà 3h00 (100 mL/j), et le maximum entre 12h00 et22h00 (1000 mL/j).

Plusieurs facteurs influencent le flux salivaire etsa composition. On observe une grande variationinter- et intra-individuelle selon les circonstances :

– Le degré d’hydratation individuelle : facteur leplus important qui interfère dans la sécrétion sa-livaire.

– La posture corporelle, le tabagisme.– Le cycle circadien et circannuel.– La médication.– La stimulation régulière : le chewing-gum

conduit à l’évidence à une augmentation du fluxsalivaire stimulé.

– L’index de flux salivaire : principal facteur affec-tant la composition salivaire, l’index de flux va-rie selon le type, l’intensité et la durée du sti-mulus. Plus le flux salivaire augmente, plus lesconcentrations de protéines totales, de Na+, Ca2+,Cl−, et HCO−3 augmentent à différents niveaux,tout comme le pH, tandis que les concentrationsde phosphate inorganique et de Mg2+ diminuent.Les substances acides sont des stimuli gustatifsefficaces.

– L’exercice physique.– L’alcool : la prise d’une forte dose unique d’étha-

nol provoque une réduction significative du fluxsalivaire stimulé.

– Les maladies systémiques et la nutrition : le tauxd’amylase est élevé dans certaines maladies chro-niques (pancréatite, diabète sucré, insuffisancerénale, anorexie, boulimie, maladie coeliaque ouintolérance au gluten). Les altérations de l’étatpsycho-émotionnel peuvent modifier la compo-sition biochimique de la salive.

– Le jeûne et la nausée : bien qu’un jeûne de courtedurée réduise le flux salivaire sans hyposialie, leflux revient à la normale dès l’arrêt du jeûne. Lasécrétion salivaire augmente avant et pendant levomissement.

– L’âge.– Le sexe.

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Figure 1

Fonctions de la salive, dessin adapté de Levine [74].

1.1.1.4. Fonctions de la saliveet composition [4] (Fig. 1)

• GoûtLa salive est initialement créée isotonique dans lesacini. Rendue hypotonique (en glucose, urée, Na+,Cl− ) par passage dans les canaux excréteurs, ellepermet alors la perception des différentes saveurs.

• Protection et lubrificationLes mucines (protéines riches en carbohydrates) dela salive forment une couverture séromuqueuse quilubrifie et protège les tissus oraux contre les agentsirritants.

• Dilution et nettoyageDes sucres libres sont présents dans la salive sti-mulée ou non à une concentration moyenne de0,5–1 mg/100 mL. Ces concentrations s’élèvent for-tement après prise d’aliments ou boissons. Il existeune corrélation entre les concentrations de glucosesanguin et salivaire, particulièrement chez les diabé-tiques.

En plus de diluer les substances, la consistancedes fluides salivaires réalise un nettoyage méca-nique des résidus présents en bouche (bactériesnon-adhérentes, cellules, débris alimentaires). Leflux salivaire tend à éliminer les excès de carbohy-drates limitant ainsi la disponibilité des sucres auxmicroorganismes du biofilm. Plus ce flux est impor-tant, plus les capacités de dilution et de nettoyagesont élevées. Toute réduction du flux salivaire créeune altération drastique du nettoyage oral.

• Capacité tampon

La salive dispose d’un système tampon protec-teur :

– de la colonisation par des microorganismes po-tentiellement pathogènes en leur refusant desconditions environnementales optimales,

– par neutralisation et nettoyage des acides pro-duits par les microorganismes acidogènes, préve-nant ainsi la déminéralisation de l’émail.

Il est important de souligner l’épaisseur du bio-film, et le nombre de bactéries présentes déterminel’efficacité des tampons salivaires. Les résidus chargésnégativement des protéines salivaires fonctionnentcomme des tampons. La sialine, peptide salivaire,joue un rôle important dans l’augmentation du pHdu biofilm après exposition aux carbohydrates fer-mentescibles.

L’urée, produit du catabolisme d’une protéine oud’un aminoacide, est un autre tampon présent dansle fluide salivaire. Elle cause une augmentation ra-pide du pH du biofilm par relargage de NH+

4 et deHCO−3 lors de son hydrolyse par les uréases bacté-riennes (dont le site métallique d’activation est l’ionnickel Ni2+).

L’ammoniaque, un produit de l’urée et du méta-bolisme aminoacide, est potentiellement cytotoxiquepour les tissus gingivaux. En augmentant la perméa-bilité de l’épithélium sulculaire aux autres substancestoxiques ou antigéniques, elle devient un importantfacteur déclenchant de la gingivite.

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Szustakiewicz B., et al. Comportement en milieu buccal 103

Chapitre 2

Le système acide carbonique/hydrogénocar-bonate est le système tampon le plus important dela salive stimulée, tandis que le système phosphateest celui de la salive non stimulée.

• Intégrité de l’émail dentaire, pHLa salive joue un rôle fondamental dans le maintiende l’intégrité de l’émail dentaire en modulant dé-minéralisation/reminéralisation. Les principaux fac-teurs de contrôle de la stabilité de l’hydroxyapatitede l’émail sont les concentrations libres de calcium,phosphate et de fluor en solution, et le pH salivaire.

Les fortes concentrations de calcium et de phos-phate salivaires garantissent des échanges ioniquesdirigés vers les surfaces dentaires depuis l’éruptionjusqu’à la maturation post-éruptive. La reminérali-sation d’une dent cariée avant sa cavitation est pos-sible, grâce principalement à la disponibilité des ionsCa2+ et PO3−

4 dans la salive.

La concentration du calcium salivaire varie avecle flux salivaire et n’est pas affectée par le régime ali-mentaire. Cependant, des maladies telles que la mu-coviscidose et des médications de type pilocarpineinduisent une augmentation de la concentration duCa2+ salivaire. Dépendant du pH, le calcium salivairepeut exister sous forme ionisée ou complexée.

Le calcium ionisé Ca2+ joue un rôle importantpour l’établissement de l’équilibre entre les phos-phates de calcium de l’émail et ses liquides adjacents.

Le calcium non ionisé peut être complexé à desions inorganiques (PO3−

4 , HCO−3 , F−), de petits ionsorganiques (citrate C3H5O(COO)3−

3 ), et des macro-molécules (stathérines, peptides riches en histidine,et protéines riches en proline PRPs). Une liaisonparticulièrement forte du calcium se produit avecl’α-amylase, qui agit comme cofacteur nécessaire aufonctionnement de l’enzyme.

L’orthophosphate inorganique est présent dansla salive sous forme d’acide orthophosphoriqueH3PO4, d’ions phosphate inorganique primaireH2PO−4 , secondaire HPO2−

4 , et tertiaire PO3−4 . Les

concentrations respectives de ces ions dépendent dupH de la salive et varient selon le flux salivaire :lorsque le flux salivaire diminue, la concentration to-tale de ces ions diminue. La fonction biologique laplus importante de ces ions est de maintenir la struc-ture dentaire, en plus de son effet tampon en salivenon stimulée.

La présence de fluor F− dans la salive, même à debas niveaux physiologiques, est capitale pour la sta-bilité minérale dentaire.

Les ions F− dans la phase liquide diminue la perteminérale durant le saut de pH du biofilm en rédui-sant la production d’acides dans ce biofilm, et en af-faiblissant la solubilité de l’hydroxyapatite dentaire,la rendant plus résistante à la déminéralisation.

Sa concentration totale est liée à sa consomma-tion. Elle dépend du fluor de l’environnement, par-ticulièrement dans l’eau de boisson, mais aussi lesdentifrices et les produits fluorés de prévention.

Le pH salivaire normal varie selon le flux sali-vaire de 5,2 (faible flux) à 7,8 (pic de flux). Diversessources d’ions H+ existent dans les fluides oraux :

– par sécrétion par les glandes salivaires sous formed’acides organiques ou inorganiques,

– par production de la flore orale ou par acquisitionà travers la nourriture.

Ces ions H+ influencent l’équilibre des phosphatesde calcium de l’émail. Plus le flux de sécrétion sa-livaire stimulée est élevé, plus la concentration desions bicarbonate augmente, plus le pH s’élève et plusle pouvoir tampon de la salive s’amplifie.

• DigestionL’enzyme α-amylase (ptyaline) est responsable de ladigestion initiale de l’amidon en le divisant en mal-tose, maltotriose et dextrine, et favorise la formationdu bolus alimentaire. Elle possède un site de liaisonà l’émail donc participe à la formation de la pelliculeacquise exogène.

• Réparation tissulaireLa fonction de réparation des tissus est attribuée àla salive depuis que le temps de saignement cliniquedes tissus oraux se révèle plus court que pour lesautres tissus. Ceci est dû à la présence salivaire del’EGF, facteur de croissance épidermique produit parles glandes submandibulaires.

• Propriétés antibactériennesLa salive dispose d’un spectre de protéines, immu-nologiques ou non, aux propriétés antibactériennes.Certaines protéines sont nécessaires pour inhiber laprécipitation spontanée des ions Ca2+ et PO3−

4 dansles glandes salivaires et leurs sécrétions.

Les immunoglobulines A (IgA) constituent lacomposante immunologique la plus répandue de lasalive. Elles peuvent neutraliser les virus, les toxines

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d’enzymes, les bactéries en inhibant leur adhérenceaux tissus oraux.

Parmi les protéines salivaires non-immunolo-giques, il existe des enzymes (lysozyme, lactoferrineet peroxydases), des glycoprotéines mucines, agglu-tinines, histatines, protéines riches en proline, sta-thérines, et cystatines.

– Le lysozyme est capable d’hydrolyser le mur cel-lulaire de certaines bactéries et même inhiber leuradhérence.

– La lactoferrine se lie facilement aux ions fer-riques Fe3+ de la salive. Elle produit alors seseffets bactériostatiques et bactéricides sur di-vers microorganismes requérant du fer pour leursurvie tels que le groupe des Streptococcus mu-tans. La lactoferrine dispose également de pro-priétés fongicide, antivirale, anti-inflammatoire etimmunomodulatrice.

– Les peroxydases et sialoperoxydases ont une ac-tivité antimicrobienne par leur rôle de cataly-seur dans la réaction d’oxydation par le peroxyded’hydrogène H2O2 de l’ion thiocyanate SCN− enion hypothiocyanate OSCN−, antibactérien effi-cace. Par la consommation de ces enzymes, lesprotéines et cellules sont protégées des effetsoxydants et toxiques du peroxyde d’hydrogèneH2O2.

• Participation au biofilm

– Les protéines riches en proline PRP et stathérinesinhibent la précipitation des sels de phosphatede calcium et la croissance des cristaux d’hy-droxyapatite à la surface dentaire, prévenant laformation de calculs dentaires et salivaires. Ellesfavorisent la lubrification des structures orales,et il est probable que ces PRPs et stathérinessoient importantes dans la formation de la pel-licule acquise. La PRP est aussi capable de per-mettre l’adhésion sélective de bactéries aux sur-faces dentaires.

– Les cystatines contrôlent l’activité protéolytique.Elles sont impliquées également dans la forma-tion de la pellicule acquise et l’équilibre du cristald’hydroxyapatite.

– Les histatines, de la famille des peptides riches enhistidine, ont une activité antimicrobienne contrecertains types de Streptococcus mutans et inhibentl’hémoagglutination des Porphyromonas gingiva-lis périopathogènes. Elles sont des inhibiteurs

efficaces du développement et de la croissancedes Candida albicans. En plus de ses effets bac-téricide et fongicide, les histatines participent àla formation de la pellicule acquise et à l’inhibi-tion du relargage de l’histamine des mastocytes,suggérant un rôle dans l’inflammation orale.

– L’agglutinine salivaire, protéine fortement glyco-sylée (fréquemment associée à d’autres protéinessalivaires et IgA), est un des principaux consti-tuants responsables de l’agglutination des bacté-ries.

1.1.2. La corrosion

La corrosion se présente sous diverses formes.Une définition générale de la corrosion consiste enune destruction progressive, une lente désagréga-tion, un effritement d’une substance, ou d’une sur-face par effet chimique.

1.1.2.1. Principe général

Pour les biomatériaux métalliques, la forme laplus pertinente est la corrosion aqueuse, telle qu’ellese produit à la surface d’un métal plongé dans unélectrolyte aqueux.

Il se produit toujours deux réactions où les élec-trons sont échangés :

– L’une anodique avec oxydation du métal :M→ Mn+ + n e−.

– L’autre cathodique dans laquelle les électronscréés par l’oxydation sont consommés (réduc-tion). La nature exacte de la réaction cathodiquedépend du milieu, comme par exemple :réduction de l’hydrogène : 2H+ + 2e− → H2 etréduction de l’oxygène dissous : O2 + 4H+ + 4e−→ 2H2O en milieu acide,ou O2 + 2H2O + 4e− → 4 OH− en milieu basiqueou neutre.

Les vitesses des deux réactions d’oxydation et de ré-duction doivent être égales. L’ensemble du processusde corrosion peut être arrêté en bloquant l’une oul’autre de ces deux réactions.

Ce phénomène est cumulatif, d’autres réactionsde type oxydo-réduction peuvent coexister, souventau dépens du même élément anodique. La corrosionde celui-ci en est alors accélérée.

La spontanéité de la réaction corrosive est dé-terminée thermodynamiquement, et exprimée par la

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Szustakiewicz B., et al. Comportement en milieu buccal 105

Chapitre 2

Tableau 2Série galvanique (E0) de quelques métaux dans l’eau enconditions normales de température et pression (CNTP).

Métal Potentiel E0

Or 1,43 V

Platine 1,2

Argent 0,79

Molybdène –0,2

Nickel –0,25

Cobalt –0,28

Fer –0,44

Chrome –0,73

Aluminium –1,33

Titane –1,63

valeur de l’énergie libre de Gibbs ΔG de la réaction ;si cette valeur est négative, la réaction de corrosion(ou encore l’oxydation du métal) est spontanée :

– ΔG = −nFE où n = nombre d’électrons mis en jeu,F constante de Faraday, et E potentiel du métaldans les conditions réelles.

– E est donné par l’équation de Nernst : E = E0 +RT/nF . ln (aox/aréd), où le potentiel standard dumétal E0 est modifié par les conditions particu-lières du milieu (température T, rapport des acti-vités du métal oxydé aox et du métal réduit à cetinstant aréd).

La stabilité du métal dans l’eau dépend :

– du pH, qui détermine la concentration de H+ (ouH3O+) dans l’eau ;

– du potentiel électrique de la pièce en métal parrapport à la solution, qui détermine la capacitédes électrons à quitter le métal.

Les potentiels standard des différents métaux et al-liages sont donnés dans la série galvanique (Tab. 2),et se comportent de trois manières :

– Les métaux inertes, dans un milieu donné, nes’oxydent pas et ne se corrodent pas (or, platine).

– Les métaux actifs, dans un milieu donné,s’oxydent et se corrodent spontanément, libérantdes ions métalliques dans le milieu.

– Les métaux passifs dans un milieu donné, se re-couvrent en surface d’une couche d’oxyde(s) pro-tecteur(s) qui les protège(nt) contre la poursuitede la réaction corrosive.

Prenons le cas du fer, par exemple. Le fer plongédans une solution acide comme peut l’être la salive

(pH < 7) se dissout avec un dégagement de H2, quitraduit une version accélérée de la corrosion en mi-lieu aqueux :

2Fe→ 2Fe3+ + 6e−

6H3O+ + 6e− → 6H2O + 3H2.

Les ions Fe3+ passent alors en solution, et peuventéventuellement se combiner avec l’oxygène dissousdans l’eau et former de l’hématite (Fe2O3), encoreappelée rouille.

Cette dissolution est favorisée par les solutionsacides, mais elle est aussi possible dans une solutiond’eau neutre (pH = 7) ou basique (pH > 7) puisquel’eau contient toujours des ions H3O+.

1.1.2.2. Influence du milieu biologique

Le milieu biologique, ici la salive d’une manièregénérale, est capable d’influencer le comportementde la corrosion :

– Les molécules organiques peuvent se lier aux ionslibérés par la corrosion, entraînant un déplace-ment de l’équilibre.

– La stabilité de la couche d’oxyde sur le métal estaffectée par le pH et les substances organiquesprésentes.

– La stabilité de la couche d’oxyde est égalementaffectée par le niveau d’oxygène dissous : une dé-ficience d’oxygène conduit à une corrosion accé-lérée.

– Des bactéries peuvent consommer l’hydrogèneproduit, d’où déplacement de l’équilibre des ré-actions de corrosion dans le sens d’une consom-mation de l’anode.

1.1.3. La dissolution

La dissolution est un aspect de la corrosion. Eneffet, la molécule d’eau est une molécule polariséequi possède donc un moment dipolaire.

L’expression de ce moment dipolaire à l’échellemacroscopique s’exprime par une constante diélec-trique ε = 78, 5 très élevée (air = 1), caractérisant laréponse du milieu ici aqueux à un champ électrique.Ces propriétés de l’eau expliquent :

– son pouvoir solvant,– son pouvoir ionisant,– son pouvoir dissociant.

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Un composé plongé dans l’eau MXs est donc suscep-tible de se solubiliser en se dissociant selon un pro-duit de solubilité Ks propre à chaque composé selonla réaction :

MXs → MX → M+ + X− en respectant sonproduit de solubilité Ks = [M+].[X−].

La valeur du pH (acide ou basique) de la saliveinflue sur la valeur du Ks, augmentant ou diminuantainsi les concentrations salivaires ioniques en M+ eten X−.

Cette dissolution dans l’eau par oxydation senomme encore corrosion généralisée ou uniforme.

1.1.4. Corrosion d’origine microbienne

Le métabolisme des organismes peut modifier lo-calement la composition chimique à l’interface dubiomatériau, et donc créer une corrosion localisée.Ainsi, la présence de bactéries dans la salive tellesque, par exemple, celles de la plaque bactériennesur des alliages dentaires, produit des acides (commel’acide lactique), qui créent un milieu chimiquementfavorable à une corrosion de ces alliages.

Li, et al. [76] pointent la corrosion microbiennecomme l’une des formes les plus corrosives des al-liages dentaires. La production de métabolites, dontdes acides organiques et inorganiques, affectent lepH de surface ou de l’interface métallique, modifientla composition du milieu à proximité, provoquantune réaction électrochimique et donc le développe-ment de la corrosion. Toutefois, l’adhérence bacté-rienne à la surface est la condition nécessaire au dé-veloppement de la corrosion microbienne.

1.2. Biodégradation fonctionnelle

Pendant qu’il est en service dans l’organisme, lebiomatériau subit une dégradation liée à sa fonction.La fonction crée des contraintes essentiellement mé-caniques qui peuvent entraîner plusieurs formes dedégradation fonctionnelles.

1.2.1. Les érosions et usures

L’action des incisives mandibulaires sur uneplaque palatine en résine de type Plan Rétro Incisifen est un exemple, mais il est possible de caractéri-ser les différentes formes d’usure :

– L’usure adhésive est caractérisée par un transfertde matière d’une surface vers l’autre lors de leur

mouvement relatif. Il en résulte des forces adhé-sives agissant à la jonction des aspérités de sur-face.

– L’ usure abrasive résulte d’une aspérité dureendommageant la surface d’un matériau plustendre. La présence d’une particule dure provientsoit du matériau dur, soit de débris captifs entreles surfaces. La résistance à l’abrasion est généra-lement en relation avec la dureté, mais sans pro-portionnalité.

– L’ usure corrosive apparaît lorsque l’environne-ment interagit chimiquement ou électrochimi-quement avec l’une ou les deux surfaces. Lavitesse d’usure dépend donc de la réactivité chi-mique des surfaces dans le milieu.

1.2.2. La fatigue

Par définition, la fatigue est un processus de mo-dification structurale permanente, progressive et lo-calisée, qui se produit dans un matériau soumis àdes conditions produisant des contraintes et des dé-formations fluctuantes, en un ou plusieurs points, etqui peuvent culminer par des fissures ou une frac-ture complète après un nombre suffisant de cycles.Ce phénomène peut se produire dans les métauxet les polymères mais il est très rare dans les céra-miques.

Mécaniquement, la fatigue se définit comme unedétérioration interne d’un matériau soumis à des ef-forts répétés supérieurs à sa limite d’endurance, in-férieurs à sa limite d’élasticité Re.

Le comportement à la fatigue est généralement re-présenté à l’aide d’une courbe décrivant la contraintemaximum que peut supporter le matériau, en fonc-tion du nombre de cycles de mise en charge. Descontraintes plus faibles permettent en général desupporter un nombre plus élevé de cycles avant larupture par fatigue. De telles courbes permettent dedéfinir une « limite d’endurance » du matériau (sur-tout pour l’acier), par exemple sous forme de valeurde la contrainte cyclique qu’un matériau peut sup-porter pour un nombre donné de cycles. La résis-tance à la fatigue est également influencée par lesdéfauts structurels du matériau (superficiels et in-ternes, macro- ou microscopiques).

Les courbes S-N (Stress/Contrainte et Nombre decycles) correspondantes (Fig. 2) sont généralement

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Chapitre 2

Figure 2

Courbes stress / contrainte et nombre de cycles.

décrites par l’équation suivante :

– N = aS−k où a et k sont caractéristiques du ma-tériau à contrainte moyenne et température don-nées ou encore D = n

N =na Sk où D est le dom-

mage créé par n cycles.

La fatigue des métaux dépend des paramètres sui-vants :

– nature du métal ou de l’alliage,– géométrie et dimensionnement de la structure,– amplitude de la contrainte,– durée et nombre des contraintes cycliques.

1.2.3. La déformation

La déformation concerne principalement les po-lymères. L’incapacité des polymères soumis aux dé-formations à exercer une force d’intensité constantesur une longue période est due au fluage et à la re-laxation.

Soumis à une contrainte constante, le polymèresubit une déformation élastique puis, contraintedurant, les chaînes macromoléculaires glissent lesunes par rapport aux autres. Lors de l’arrêt de lacontrainte, on observe une déformation permanenteliée à ce glissement irréversible (fluage). Suite à ceremaniement macromoléculaire, la force résiduelle àallongement constant est diminuée (relaxation).

1.2.4. Les ruptures en service

Elles sont l’aboutissement des phénomènes defatigue sous des changements cycliques (effort,

couple, contrainte) dont les niveaux sont bien infé-rieurs aux caractéristiques mécaniques du matériau(Re = Rp0,2% limite d’élasticité, Rm résistance à larupture). La rupture par fatigue est caractérisée parla présence de stries qui attestent de la succession depetits endommagements, et par une zone de fractureclassique, provoquée par la perte de résistance de lapièce due à l’accumulation de ces petits endomma-gements.

Enfin, la fonction génère également des condi-tions biologiques spécifiques, qui peuvent entraîner :

– des bioadhésions de cellules ou de bactériespropres au milieu dans lequel le biomatériau esten service,

– des altérations de la biofonctionnalité et de la bio-sécurité résultant de ces adhésions non-désirées.

1.3. Biodégradation programmée

Encore peu fréquente dans l’espace orthodon-tique, le biomatériau subit alors une dégradation in-tentionnelle, conçue pour provoquer son éliminationou pour libérer des substances.

Il est mis en service pour une durée limitée, pen-dant laquelle il doit créer des conditions favorablesà la croissance des tissus (matrice de croissanceou « scaffolds ») avec une résorption progressive dubiomatériau utilisé, fournir une contention tempo-raire ne nécessitant pas de ré-intervention (mini- visd’ancrage, vis d’ostéosynthèse résorbables, en PLLA(poly-L-lactic acid), par exemple).

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Les mini-vis résorbables sont constituées d’un co-polymère résorbable, un polyester dérivé des acidesL-lactique et glycolique. Ce copolymère se dégrade etse résorbe in vivo par hydrolyse en acides L-lactiqueet glycolique qui sont métabolisés. Ce matériau estnon toxique, non irritant et métabolisé en CO2

et H2O.Les implants biorésorbables engendrent moins de

contraintes au tissu osseux par rapport aux implantsmétalliques, créent moins d’interférences avec lestechniques d’imageries actuelles. De plus, ils évitentune deuxième intervention pour la dépose de l’im-plant.

Les mini-vis biorésorbables peuvent donc êtreutilisées avec succès au cours des traitementsorthodontiques, cependant il faut veiller à ce que leratio PLA (acide polylactique)-PGA (acide polygly-colique) permette un maximum de performance du-rant le traitement.

Les matériaux biorésorbables subissent en géné-ral un processus de dégradation en deux phases dansle corps. Tout d’abord, les molécules d’eau hydro-lysent les liaisons chimiques du polymère et divisentles longues chaînes du polymère en plus petites par-ties. Au cours de ce processus de dépolymérisa-tion, la masse globale moléculaire diminue : le po-lymère se désagrège. La phase suivante consiste enla phagocytose des fragments par des macrophages,qui aboutit à la disparition complète du polymère.L’acide polyglycolique est converti par hydrolyse enacide glycolique et l’acide polylactique en acide lac-tique. Ces deux acides seront ensuite métabolisés enCO2 et H2O au cours du cycle de l’acide citrique.Le produit final sera excrété par la respiration et lesurines.

Le PGA est hydrophile et est absorbé très rapide-ment par le corps. Il perd sa rigidité en six semaineset est totalement désintégré en trois à douze mois se-lon les individus. Le PLA, quant à lui, présente uneexcellente biocompatibilité et une dégradation assezlente.

Le ratio PGA/PLA influence donc la vitesse de dé-gradation et les propriétés mécaniques des implants,ce qui permet de développer des implants spéci-fiques aux sites d’ancrage dans le tissu osseux et dansles tissus mous.

Le biomatériau peut être également utilisécomme véhicule pour la distribution contrôlée desubstances thérapeutiques ; il peut appartenir à des

systèmes monolithiques à contrôle chimique, com-prenant soit :

– une érosion pure du polymère (érosion de sur-face),

– une combinaison d’érosion et de diffusion (éro-sion du cœur du système et diffusion à traversune membrane).

2. Effets mécaniquesde la biodégradation

Divers types de fils, de brackets et de systèmesmétalliques sont utilisés dans le traitement de la mal-occlusion (acier inoxydable, alliages nickel-chrome-cobalt, nickel-titane, β-titanium).

L’extrême complexité de la composition salivaire,dans sa variabilité inter- et intra-individuelle requiertun oeil critique quant aux résultats in vitro énoncés.L’étude des fils NiTi in vivo par Eliades [29] donnentun aperçu des différences.

2.1. La corrosion

2.1.1. Différentes formes de corrosiondes alliages orthodontiques

Le terme de corrosion est défini comme le proces-sus d’interaction entre un matériau solide et son en-vironnement chimique, qui provoque une perte desubstance du matériau, un changement de ses ca-ractéristiques structurales, ou une perte de son in-tégrité structurale. Plusieurs voies de corrosion élec-trochimique sont possibles en bouche, car la saliveest un électrolyte faible. Les propriétés chimiquesde la salive dépendent des concentrations de sescomposants, du pH, de la tension de surface et dela capacité tampon. Chacun de ces paramètres in-fluence la force de tout électrolyte. L’importance duprocessus de corrosion résultant sera contrôlée parces variables. Les caractéristiques qui déterminent lesconditions de corrosion des matériaux dentaires sontdes réactions d’oxydation et de réduction, et de pas-sivation ou formation d’un film passif d’oxyde métal-lique à la surface du métal [62].

2.1.1.1. La corrosion uniforme

Le mode général attendu de la corrosion uni-forme est une perte régulière, uniforme de métal de-puis sa surface. Ce type de corrosion est le plus cou-rant, se produisant avec tous les métaux à des degrés

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Chapitre 2

différents. Le processus est initié par leur interactionavec l’environnement, conduisant à des formationsd’hydroxydes métalliques et de composés organomé-talliques.

Pour la corrosion uniforme ou généralisée, l’en-vironnement corrosif doit avoir les mêmes accès àtoutes les surfaces, et le métal lui-même doit être uni-forme dans sa composition et cela d’un point de vuemétallurgique. La corrosion uniforme n’est pas dé-tectable tant que de grandes quantités de métal nesont pas dissoutes.

Une oxydation sans dissolution est possible.L’oxygène dissous réagit avec le titane pour formerune couche d’oxyde de titane TiO2 (passivation) ; sicette couche est compacte et adhérente, elle protègela pièce. Le métal est alors dit passivé. Une pièce pas-sivée continue à se dissoudre, mais à une vitesse ex-trêmement lente, la couche dite « passive » fait unécran. La pièce est donc totalement protégée de lacorrosion.

Dans le domaine orthodontique, le phénomènede dissolution se produit progressivement, au niveaud’un film de surface, généralement un oxyde ou unsulfure [50].

Mais cette couche de protection n’est pas in-faillible ; elle est susceptible d’être détruite mécani-quement ou chimiquement. Même sans cette des-truction, les films d’oxyde se dissolvent souventlentement pour ne se reformer (repassivation) quelorsque la surface du métal est exposée à l’oxygènede l’air ou dissous dans la salive.

Les conditions acides et les ions chlorures Cl−peuvent accélérer le processus de passivation. De cefait, un régime riche en sel (chlorure de sodium) etdes boissons acides carbonatées fournissent un ap-port régulier d’agents corrosifs.

Les produits fluorés (dentifrice, solutions de rin-çage) contribuent également à l’acidité buccale etprovoquent une susceptibilité à la corrosion aug-mentée de certains métaux, surtout le titane [111].

Beaucoup de pièces orthodontiques sont compo-sées « d’acier inoxydable ». Le terme est improprepour deux raisons :

– Ce type d’acier contient des éléments d’alliage(chrome, nickel) qui s’oxydent. Cette couched’oxyde (de chrome surtout) protège l’acier, etse forme spontanément au contact de l’air et desfluides biologiques. L’analyse chimique de la sur-face de l’acier inoxydable neuf montre la présence

de chrome, de carbone, de fer, de nickel et demanganèse [10]. Mais la composition du filmpassif de brackets acier de différents fournisseursse révèle commune, avec des oxydes de chromeCr2O3, de fer Fe2O3 et de petites quantités deNiO, et n’explique pas les différences de résis-tance à la corrosion observées in vitro [77].

– Il n’est protégé que pour certains types d’environ-nements, son utilisation dans d’autres environ-nements pourrait être catastrophique, car le filmpassif d’oxyde de chrome n’est pas aussi stableque celui de l’oxyde de titane, d’où sa faible ré-sistance à la corrosion par rapport au NiTi.

2.1.1.2. Corrosion galvanique

Lorsque deux (ou plus) métaux ou alliages diffé-rents (voire le même alliage, sujet à des traitementsdifférents) et proches en distance, sont exposés auxfluides oraux, la différence entre leurs potentiels decorrosion provoque un courant électronique entreeux (couplage). En fonction des modifications del’électrolyte, comme tel peut être le cas de la salive,on peut aussi avoir des inversions dans la série despotentiels (cas de l’acier, qui peut passer de l’étatd’anode à celui de cathode).

On observe généralement un accroissement de lacorrosion (oxydation) de l’alliage le moins noble etune diminution ou suppression de la corrosion (ré-duction) de l’alliage le plus noble.

La différence de potentiel indique le sens de lamenace, mais pas son ampleur. La conduction élec-trique du milieu et la température sont égalementdes facteurs importants.

Pour un courant donné entre deux métaux diffé-rents, la densité du courant et, par suite, la vitessede dissolution du métal le moins noble (anode) serad’autant plus élevée que cette anode sera de petitesurface. L’utilisation de rapports de surface défavo-rables (SAnode/SCathode < 1) conduit à des désagré-ments souvent spectaculaires.

En situation clinique, deux alliages différentsayant des potentiels de corrosion différents sont sou-vent placés en contact l’un de l’autre (brackets et fils).Ce contact peut être à l’origine d’une corrosion galva-nique qui conduit à un relargage préférentiel d’ionsmétalliques de l’anode en métal ou alliage. Le rap-port des surfaces des deux alliages différents est unfacteur très important, car il affecte le comportement

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de la corrosion galvanique. Un rapport défavorable,consistant en une large cathode et une petite anode,peut conduire à un taux de corrosion plus élevé del’alliage anodique. Burse, et al. [19] ont montré l’im-portance de ce ratio de surfaces dans les alliages d’orin vivo.

L’alliage NiTi couplé avec le SUS 304 (acier inox)dégage encore une assez grande quantité de courantgalvanique même après 72 h [61]. Le couplage del’acier SUS 304-NiTi ou Ti-NiTi peut donc accélérerde façon notable la corrosion de l’alliage NiTi, quisert d’anode. Les différents ratios de surface anode-cathode utilisés dans cette étude n’ont que peu d’ef-fets sur le comportement de la corrosion galvanique.

Tufekci, et al. [121] ont décrit une techniqued’analyse très sensible qui montre le relargage d’élé-ments individuels sur une période de plus d’un mois,qui apparaît être corrélée avec les phases microstruc-turales des alliages. Plusieurs formes de corrosionélectrochimique sont basées sur ce mécanisme quiproduit des zones hétérogènes. Les ruptures pour-raient être minimisées dans les joints orthodontiquessoudés ou brasés par l’utilisation de couples de ma-tériaux qui minimisent les effets galvaniques et mi-crogalvaniques.

L’acier est caractérisé par son aspect passif et actifselon les conditions de l’environnement, du milieusalivaire. Sa couche protectrice d’oxyde de chromepeut être éliminée (passivation) ou régénérée (repas-sivation).

Un autre point important concerne le processusde fabrication industriel de certains brackets où desalliages brasés sont utilisés pour joindre la base et lesailettes du bracket. Les alliages de brasure à base d’ar-gent forment un couple galvanique qui conduit à unrelargage d’ions Cu2+ et Zn2+. Ceci pourrait être évitépar l’utilisation de brackets métalliques par injectionmoulée (MIM) dont les caractéristiques de corrosionseraient similaires aux brackets conventionnels sansle souci de la brasure [116].

2.1.1.3. Corrosion par piqûres

Il s’agit d’une forme de corrosion localisée etsymétrique dans laquelle les piqûres se forment àla surface du métal (Fig. 3). Particulièrement in-sidieuse, elle survient souvent sur les métaux debase qui sont protégés contre la corrosion générali-sée, par la formation d’un mince film d’oxyde (acier

Figure 3

Image électronique secondaire d’un arc orthodontique enNiTi montrant une corrosion par piqûres (grossissement ori-ginal ×600) (d’après Eliades, Athanasiou [31]).

inoxydable...). La corrosion par piqûres a été identi-fiée sur les brackets et les fils.

En présence d’ions agressifs de type chlorures Cl−dans l’environnement, le film se casse localementet une dissolution rapide du métal à nu apparaîtsous forme de piqûres. Les surfaces des arcs acierinoxydable et NiTi peuvent mettre en évidence descavernes et des pores, sites susceptibles de donnernaissance à des attaques corrosives. Des expériencesde polarisation potentiodynamiques combinées à desobservations au microscope électronique d’arcs enacier inoxydable, CoCr, NiCr, NiTi et Béta-Ti soumisà une corrosion électrochimique en salive artificielleont mis en évidence une corrosion par piqûres for-mée à la surface des fils [8]. Kim [68] confirme cesrésultats toujours in vitro sur les arcs NiTi et aciersinox.

La présence de sulfures exacerbe le problème decorrosion par piqûres en abaissant systématiquementles critères de résistance. La présence d’un cationoxydant (Fe3+, Cu2+, Hg2+...) permet la formationdes piqûres même en l’absence d’oxygène. Les aciersinoxydables sont particulièrement sensibles (solubi-lité du carbure de chrome), mais d’autres métauxcomme le chrome, le cobalt, le cuivre... et leurs al-liages y sont aussi sensibles.

Sur des arcs neufs en acier inoxydable tel qu’is-sus du commerce, Bentahar, et al. [10] observent desrainures en rapport avec les défauts d’usinage et depolissage. Après trois mois d’utilisation in vivo, ces

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Chapitre 2

arcs montrent des attaques localisées sous forme decrevasses et de piqûres avec prédominance au niveaudes zones mal polies.

Liu, et al. [79] ont étudié les caractéristiques mé-caniques et le comportement à la corrosion du revê-tement de nitrure de titane-aluminium (Ti,Al)N surles alliages dentaires par rapport à des alliages den-taires à base de nickel et des matériaux dentaires àbase de chrome. Le comportement à la corrosion aété testé dans une solution à 0,9 % de NaCl ; ils ontobservé un potentiel de corrosion positif plus élevéet une densité de courant plus basse dans l’alliage(Ti,Al)N comparé aux alliages non revêtus. De plus,la corrosion par piqûres était réduite par l’utilisationdu revêtement (Ti,Al)N.

Les alliages Cr-Co (Elgiloy) [36] montrent unecorrosion par piqûres plus importante par rapportaux alliages NiTi, des potentiels de repassivation plusfaibles et une augmentation de la densité de courantune fois que la piqûre est créée.

2.1.1.4. Corrosion caverneuse

La corrosion caverneuse siège entre deux surfacesfermées ou dans des zones très étroites où l’échanged’oxygène est impossible, associées à la présence depetits volumes de solution stagnante entre les inter-stices.

Elle se réalise souvent via l’application de partiesnon métalliques sur du métal (ligature élastomériquesur un bracket par exemple). D’une manière géné-rale, la corrosion caverneuse se rencontre surtout surles métaux et alliages dont la tenue dépend de lastabilité du film passif, car ces films sont instablesen présence de concentrations élevées de Cl− et deH+. La diminution du pH et l’augmentation de laconcentration des ions chlorures Cl− sont donc deuxfacteurs essentiels à l’initiation et la propagation duphénomène de corrosion caverneuse.

Le mécanisme de base à l’origine de la corrosioncaverneuse des alliages passivables en milieux chlo-rurés aérés est une acidification progressive du mi-lieu dans la caverne. La convection du liquide estfortement freinée dans la caverne et l’oxygène locals’épuise très rapidement. L’acidité du milieu augmen-tant avec le temps, les conditions locales deviennenttrès agressives. La couche passive de l’alliage se dis-sout alors et le processus de corrosion locale s’accé-lère. Dans la crevasse, le pH de l’ordre de 1 à 3 et la

Figure 4

Image électronique secondaire d’un arc orthodontiquemontrant une corrosion intergranulaire (d’après Eliades,Athanasiou [31]).

teneur en Cl− est plusieurs fois celle de la solution,avec formation de chlorures métalliques.

Les produits de corrosion du Fe, Cr, et Ni, princi-paux composants de l’acier inoxydable, forment dessolutions chlorées hautement acides en s’accumulantdans la caverne, où les vitesses de corrosion sontalors très élevées [82, 90]. Le cuivre est égalementtrès sensible à la corrosion caverneuse.

L’acier inoxydable duplex 2205 est une alterna-tive améliorée du 316L pour la fabrication des bra-ckets orthodontiques quand il est utilisé avec le Ti,ses alliages, ou les arcs acier inox [97].

L’acier inoxydable peut être protégé de la corro-sion caverneuse par dépôt d’un film d’or par galva-noplastie avant et après brasure d’argent [104].

2.1.1.5. Corrosion intergranulaire

La microstructure d’un métal ou d’un alliage estconstituée de grains, séparés par des joints de grain.Dans certaines conditions, les joints de grain sont lesiège d’une corrosion localisée très importante alorsque le reste du matériau n’est pas attaqué (Fig. 4).L’alliage se désagrège et perd toutes ses propriétésmécaniques.

Ce type de corrosion peut être dû soit à laprésence d’impuretés dans le joint, soit à l’en-richissement (ou l’appauvrissement) local en l’undes constituants (tel que le chrome par exemple).Cette corrosion préférentielle peut être assez sévère

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pour relarguer des éléments depuis les grains desurface.

Connus pour leur sensibilité à la température, lesbrackets acier inox sujets à une plage de tempéra-ture subissent une altération de leur microstructure.Le phénomène est dû à la précipitation de carburesde chrome au niveau des joints de grains [118]. Onobserve alors une déchromisation aux joints de graindes aciers inoxydables. Berge, et al. [11] rapportentque les fils en acier inox austénitiques relarguent desquantités de nickel et de chrome plus importantesque les fils en chrome-cobalt, provoquant alors desdécolorations, de la rouille, et même des cassures.

2.1.1.6. Corrosion-frottement (tribocorrosion)

La corrosion-frottement concerne les dommagesprovoqués par la corrosion au niveau du contact dedeux surfaces métalliques en mouvement relatif l’unepar rapport à l’autre. Elle se produit essentiellementlorsque l’interface est soumise à des vibrations (mou-vement relatif répété de deux surfaces en contact) età des charges de compression.

En présence d’un mouvement de frottementcontinu en milieu corrosif, le vocable de tribocorro-sion est utilisé de préférence.

Ce mouvement relatif peut être très faible, del’ordre de quelques micromètres.

La corrosion-frottement est responsable de relar-gage de métal dans les tissus [29, 30], même dans lecas du port d’un masque facial.

Elle siège donc dans les zones de contact des ma-tériaux en charge et particulièrement à l’interface arc-gorge du bracket.

2.1.1.7. Corrosion sous contrainte mécanique

La corrosion sous contrainte mécanique est dueà la fatigue du métal associée à un environnementcorrosif. Ce type de corrosion se traduit par un pro-cessus de développement de fissures, pouvant allerjusqu’à la rupture complète de la pièce sous l’actioncombinée de la tension mécanique et du milieu cor-rosif. Ce sont les contraintes de tension qui sont dan-gereuses ; les contraintes de compression exercent aucontraire une action protectrice.

Lorsque l’arc est engagé dans des brackets colléssur une arcade dentaire encombrée, l’état de réac-tivité de l’alliage augmente. L’augmentation de cette

réactivité est issue de la création de contraintes d’éti-rement et de compression développées localementà cause de la charge multiaxiale, tridimensionnelledu fil orthodontique. Ainsi, une différence de poten-tiel électrochimique s’installe avec des surfaces spé-cifiques jouant le rôle d’anode et d’autres de cathode.Les fils NiTi restent dans l’environnement buccaldurant plusieurs mois et subissent un grand nombrede contraintes lors de la mastication.

En dépit de la bonne résistance à la corrosiondes NiTi sous contrainte, la rupture de fils NiTia fréquemment été retrouvée dans les études cli-niques [88]. Wang, et al. [127] ont montré la rupturedu fil NiTi suite à sa fragilisation par corrosion souscontrainte en salive artificielle durant leur service.Les légers changements de température vont provo-quer une transformation de phase dynamique qui vacauser un changement de l’état de surface.

2.1.1.8. Fragilisation par l’hydrogène

La compréhension de ce phénomène est parti-culièrement récente, bien que certains points de-mandent encore des investigations.

Des gaz diatomiques sont susceptibles d’être ad-sorbés par les métaux. À température ambiante,l’azote N2 peut être adsorbé par le tungstène, le mo-lybdène et le fer, mais pas le nickel et le cuivre.L’oxygène est capable d’intégrer tous les métaux saufl’or ; et l’hydrogène ne peut pas être adsorbé parl’aluminium, l’argent et l’or.

L’examen des atomes d’une surface métalliquemontre la présence de liaisons insaturées disponiblespour fixer les espèces réactives, atomes ou molé-cules, présentes dans le gaz ou le liquide environ-nant la surface. Ces atomes sont alors adsorbés auniveau de la couche de surface. De manière similaire,il est probable que des atomes métalliques présentsdans la masse diffusent vers la surface et viennentl’enrichir. Ce processus désigné sous le terme de sé-grégation serait alimenté par la dissolution sélectivedu métal dans une phase liquide (ségrégation ano-dique). Un composant serait sélectivement dissouset la surface serait sélectivement enrichie des autrescomposants.

La présence d’hydrogène (le plus petit desatomes) dans un réseau métallique peut entraî-ner d’importantes détériorations du métal avec unechute catastrophique de ses propriétés mécaniques.

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Chapitre 2

Une fois qu’il a pénétré dans le réseau, l’atome d’hy-drogène peut provoquer plusieurs types de dégâts :

– Précipitation sous formes d’hydrures : c’est le casdu titane et d’autres métaux très réactifs vis-à-visde l’hydrogène (Ta, Zr, V, Nb,...).

– Recombinaison sous forme d’hydrogène molécu-laire : lorsque le métal présente des défauts ma-cro ou microscopiques, les atomes d’hydrogènepeuvent s’y recombiner. On peut alors atteindredes pressions considérables qui conduisent à descloques, des boursouflures, ou même des éclate-ments.

– Fragilisation par interaction avec les dislocationsdu réseau, les atomes d’hydrogène entraînentune diminution importante de la capacité de dé-formation plastique du métal qui devient fra-gile [93].

Dans le cas de l’acier, la fragilisation par l’hydro-gène intéresse les carbures de l’acier pour former duméthane CH4, issu des vides de décarburation, etproduit des gonflements de surface.

2.1.1.9. La corrosion microbienne

La corrosion liée à la microbiologie a été remar-quée depuis des années dans l’industrie. Unanime-ment reconnu, les microorganismes affectent la cor-rosion du métal et des alliages immergés dans unenvironnement aqueux.

Sous des conditions similaires, les effets des bac-téries dans l’environnement oral sur la corrosion desmatériaux métalliques dentaires restent inconnus.Matasa en 1995 [84] a été le premier à mettre enévidence l’attaque microbienne sur les adhésifs dansle domaine orthodontique. L’effet de l’activité enzy-matique et la dégradation des résines composites ontété rapportés plus tôt. L’existence de ces phénomènesdans les brackets se traduit par la formation de cra-tères dans la base du bracket [31].

La large surface développée du fil fournit un en-vironnement favorable à la croissance des bactéries.Le brossage et l’adhérence des microbes sur le filpeuvent détruire la passivité d’un métal passif. Laformation d’acides organiques lors de la glycolysebactérienne peut diminuer le pH. Un pH faible crééun environnement favorable aux bactéries aérobiespour la corrosion. Les microbes oxydent le manga-nèse Mn et le fer Fe, et leurs produits de réactiontels que MnO2, FeO, Fe2O3, MnCl2, FeCl2 favorisent

la corrosion des fils orthodontiques. Un mécanismecomplexe d’interaction se produit parmi les bactériesanaérobies et aérobies dans différents secteurs, favo-risant les produits de corrosion. À cause du dépôt dubiofilm, la surface du métal au-dessous du biofilm etles autres zones sont exposées à différentes quanti-tés d’oxygène, d’où la création d’une aération diffé-rentielle au niveau des cellules. Les zones les moinsaérées agissent comme anode, qui installe la corro-sion, relarguant des ions métalliques dans la salive.Ces ions métalliques se combinent avec les produitsfinaux des bactéries, accompagnés des ions chloruresCl− dans l’électrolyte salivaire pour former des pro-duits plus corrosifs comme le MnCl2, FeCl2... favo-risant une corrosion plus poussée [81].

La corrosion microbienne se présente lorsque lesdéchets acides produits par les microbes et bacté-ries corrodent les surfaces métalliques. L’incidenceet la sévérité de la corrosion microbienne peuventêtre diminuées en conservant la zone la plus proprepossible et en utilisant des sprays antibactériens etdes bains de bouche pour contrôler la populationmicrobienne. Chang, et al. [21] ont montré une aug-mentation de la corrosion des matériaux dentairesmétalliques (et de ses produits) en présence de Strep-tococcus mutans. Maruthamuthu, et al. [81] ont étu-dié le comportement électrochimique des microbesdes fils orthodontiques avec ou sans salive artificielle.Selon lui, les bactéries diminuent légèrement la résis-tance de corrosion et augmentent le courant de cor-rosion. La diffusion ou lixiviation du manganèse Mn,chrome Cr, et fer Fe depuis les fils est due à la dispo-nibilité des oxydants de manganèse, des oxydants defer et des bactéries hétérotrophiques dans la salive.

2.1.1.10. La fatigue-corrosionou corrosion fatigue

La corrosion fatigue se distingue de la corrosionsous contrainte par le fait que les contraintes appli-quées ne sont plus statiques, mais cycliques (effortspériodiques alternés). Elle apparaît donc sous l’ac-tion conjuguée de l’environnement et d’une sollicita-tion cyclique, principalement lors de l’alimentation.

La teneur en oxygène du milieu, sa température,son acidité, sa composition ont une grande influencesur la sensibilité d’un matériau à ce mode de corro-sion (Fig. 5).

Quoiqu’il n’existe pas de relation directe entrela sensibilité à ce type de corrosion et les

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Figure 5

Courbe de contrainte et nombre de cycles.

caractéristiques mécaniques du matériau, les alliagesà haute résistance mécanique sont souvent les plussensibles.

La corrosion fatigue se manifeste par un abais-sement de la résistance du matériau à la fatigue. Leplus souvent, et compte tenu des cinétiques de dis-solution et de repassivation assez lentes comparéesaux phénomènes mécaniques, ce type d’endomma-gement survient pour des pièces sollicitées à bassefréquence (fatigue oligocyclique), par exemple lorsde cycles de chauffage-refroidissement de structures.Les mécanismes évoqués pour rendre compte de lafatigue-corrosion sont les mêmes que ceux présen-tés pour la corrosion sous contrainte, et les essais delaboratoire sont en général des essais de fatigue enprésence du milieu considéré réalisés soit à ampli-tude de déformation constante, soit à amplitude decontrainte constante.

La rupture par fatigue dépend des paramètres sui-vants :

– Nature du métal ou de l’alliage ;– Géométrie et dimensionnement de la structure ;– Amplitude de la contrainte ;– Durée et nombre des contraintes cycliques.

Des contraintes plus faibles permettent en général desupporter un nombre plus élevé de cycles avant larupture par fatigue.

La résistance à la fatigue est également influencéepar les défauts structurels du matériau (superficielsou internes, macro-microscopiques).

La corrosion-fatigue peut être éliminée ou réduiteen diminuant les contraintes, soit par un recuit dedétente, soit en modifiant la conception de l’appareil,

soit enfin par des traitements mécaniques commele grenaillage (ou microbillage) qui introduisent descontraintes superficielles de compression.

Bourauel, et al. [16] ont comparé la rupture defatigue d’arcs NiTi avant et après test : la pratiqueactuelle requiert une durée de vie augmentée desfils NiTi qui va également de pair avec un risque derupture par fatigue plus élevé également. Les fils degros diamètres et de section carré ou rectangulairesont plus susceptibles que les fils de petits diamètres.D’autres investigations sont nécessaires.

2.1.2. Effets de la corrosion sur les filsorthodontiques

2.1.2.1. Corrosion de l’acier inoxydable

Dans ses débuts vers 1920, l’acier inoxydable aété conçu pour résister à la corrosion plus qu’auxcontraintes mécaniques. Sa composition intégrait, endehors du fer, du nickel et un pourcentage assezélevé de chrome (élément qui lui confère une couched’oxyde imperméable). Après 1970, le soufre a étéintroduit malgré l’augmentation connue du risquede corrosion. Un autre élément est le carbone, avecqui le chrome a une forte tendance à se combi-ner pour former du carbure de chrome, phénomèneencore appelé sensibilisation. Une fois précipité, lecarbure de chrome non seulement diminue la cohé-sion de l’acier, parfois jusqu’à sa désintégration to-tale, mais est aussi soluble dans les solutions acides.Appelé « corrosion catastrophique », ce phénomènepeut survenir pendant la fabrication de l’alliage, lasoudure avec ou sans apport, la stérilisation incor-recte ou le recyclage thermique. Pour limiter ces ef-fets, le carbone a été réduit mais un autre élément adû être ajouté le molybdène.

Dans les années quatre-vingt-dix, pour permettrela fabrication de « mini » brackets ayant la même ré-sistance que les plus grands, des aciers durcis par« précipitation » ont été utilisés. Dans ces alliages,d’autres métaux ont été introduits, comme le cuivre,le niobium ou l’aluminium, qui sont solubles à destempératures plus grandes et qui précipitent pendantle refroidissement en formant des particules micro-scopiques dans la structure de l’acier. Ces obstaclesentravent les dislocations et augmentent la résistancede l’acier aux déformations.

De nos jours, les arcs orthodontiques en acier in-oxydable sont généralement composés d’acier austé-nitique contenant environ 18 % de chrome et 8 % de

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Chapitre 2

Tableau 3Coloration des aciers chauffés.

nickel. Ceux-ci représentent une bonne combinaisonde solidité, de résistance à la corrosion et un coûtmodéré. La résistance à la corrosion de cet alliage dé-pend du film passif d’oxyde de chrome, qui se formespontanément (passivation) et se reforme (repassiva-tion) dans l’air et dans la plupart des fluides. L’oxy-gène est nécessaire pour former et maintenir le film,sachant que l’acidité (pH) et les ions chlorures Cl−peuvent lui être particulièrement préjudiciables [86].La présence de joints brasés augmente la susceptibi-lité à la corrosion car ils ont tendance à créer des cou-rants électrogalvaniques avec la salive et par consé-quent relarguer des ions de métaux lourds (Cr, Ni,Mn, Mo, Cu, W, Ti, Si, Ag, Sn, Zn...) dans l’orga-nisme du patient.

Les aciers inoxydables austénitiques peuventperdre leur résistance à la corrosion s’ils sont chauf-fés entre approximativement 400 et 900 ◦C (Tab. 3).De telles températures se situent dans la plage d’utili-sation de l’orthodontiste comme brasure et soudure.

La diminution de la résistance à la corrosion à cestempératures est due à la précipitation du complexeaggloméré de carbure de fer-chrome au niveau desjoints de grain [11]. En dessous de ces températures,la précipitation ne peut avoir lieu et les possibilitésde corrosion sont alors moindres.

La corrosion de l’acier inoxydable peut être due àune pile galvanique formée par une ou plusieurs deces voies :

– La rugosité de surface des arcs aciers peut causerune attaque corrosive localisée.

– Toute rayure ou abrasion d’acier inoxydable pardes pinces en acier renforcé ou carbure peut secomporter comme une pile galvanique.

– Des joints soudés ou brasés dans des appareilsorthodontiques peuvent former des couples gal-vaniques in vivo.

2.1.2.2. La corrosion du titane et de ses alliages

La résistance à la corrosion du NiTi est plus éle-vée que celle de l’acier inoxydable, car le film passifd’oxyde de chrome n’est pas aussi stable que celui dudioxyde de titane TiO2 [10]. Ce phénomène est liéprincipalement à la quantité de Ti dans l’alliage quiforme plusieurs types d’oxydes (TiO2, TiO, Ti2O5)dont le dioxyde de titane TiO2, plus stable.

La rugosité de surface des alliages de titane estsimilaire à celle des arcs en acier inoxydable, quipeuvent alors se comporter comme une pile galva-nique en bouche [46, 92, 109].

Barrett, et al. [8] ont étudié la biodégradationdes appareils orthodontiques in vitro et ont mon-tré que les ions nickel relargués des appareils or-thodontiques au nickel-titane ou en acier inoxydableaugmentaient durant la première semaine puis dimi-nuaient avec le temps. Gjerdet, et al. [38] ont étudiéle relargage de métal des arcs orthodontiques traitésà chaud. Ils démontrent que le traitement à chauddes alliages dans les conditions de laboratoire multi-pliait le relarguage des ions métalliques par un fac-teur allant de 15 à 60. Ils montrent également uneélévation initiale significative de la concentration etde la masse de nickel dans l’échantillon de salive dupatient porteur d’un multi-attaches, comparé à la sa-live du patient non-porteur [39]. D’autres études ontmontré que le relarguage des ions nickel n’est pasproportionnel à la teneur en nickel des fils orthodon-tiques, mais à la nature des alliages et à la méthodede construction de l’appareil.

Kerosuo, et al. [66] ont étudié in vitro le relargagedes ions nickel et chrome de différents types d’ap-pareils orthodontiques simulés. Les appareils métal-liques immergés dans une solution de chlorure desodium à 0,9 % ont montré un relargage cumulé de

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Figure 6

Photographie au microscope électronique à balayage d’un al-liage en NiTi, avant corrosion en salive artificielle (d’aprèsGrosgogeat [47]).

nickel significativement plus élevé sous des condi-tions dynamiques (simulation de la fonction) quesous des conditions statiques.

Huang, et al. [52] ont réalisé une étude portantsur les fils orthodontiques. Cette étude a montré quele fabricant, la valeur du pH et la durée d’immer-sion ont respectivement une influence significativesur la quantité d’ions Ni et Ti relargués par les fils or-thodontiques dans la salive artificielle. Les fils NiTiavec les taux de relargage les plus élevés d’ions mé-talliques correspondaient aux fils où est apparue laplus grande augmentation de rugosité, tandis qu’unesurface plus rugueuse ne correspondait pas à un re-largage plus important.

Malgré l’aspect lisse à l’œil nu, les fils orthodon-tiques NiTi et acier inoxydable présentent des dé-fauts d’usinage sous forme de rayures (rugosité desurface). Les tests électrochimiques montrent des at-taques corrosives sous forme de piqûres ou de cre-vasses (Fig. 6 et 7), principalement au niveau desdéfauts d’usinage, aussi bien pour le NiTi que pourl’acier inoxydable [10]. L’amélioration de l’état desurface (polissage) augmente la résistance à la cor-rosion par déplacement de la limite de passivation.

Schiff, et al. [111] ont réalisé une étude portantsur quatre types d’alliages à base de titane : le TMA,le TiNb, le NiTi et le CuNiTi ont été testés dans troisbains de bouche fluorés en salive artificielle. L’étudeélectrochimique a montré que ces alliages pouvaientêtre divisés en deux groupes : les alliages à base deNiTi qui sont sujets à une forte corrosion en présence

Figure 7

Photographie au microscope électronique à balayage d’un al-liage en NiTi, après corrosion en salive artificielle acidifiée etfluorée (d’après Grosgogeat [47]).

de monofluorophosphate ; et le TiNb, le plus résis-tant à la corrosion, et le TMA qui se corrode en pré-sence de fluorure d’étain.

Les fils orthodontiques NiTi ont des diversesphases (austénitique, martensitique) température-dépendantes. Les caractéristiques de la corrosion enfonction de la température des fils orthodontiquesà mémoire de forme (CuNiTi), super-élastiques(CuNiTi) et non super-élastiques (Nitinol) montrentque le courant de corrosion augmente (donc la ré-sistance à la corrosion diminue) avec la températureet les différentes phases présentes peuvent influen-cer les taux de corrosion. Ainsi, le courant de cor-rosion du CuNiTi et du NiTi est multiplié d’un fac-teur 3 en passant de 37 à 45 ◦C. Une plus grandeincidence de piqûres est aussi observée à la sur-face du CuNiTi [99]. Dans ces fils CuNiTi à teneurquasi équi-atomique en Ni et Ti, Il est fort pro-bable qu’une phase secondaire soit précipitée de typeTi2Ni ou Ni3Ti. L’oxygène résiduel dans l’atmosphèreambiante durant le processus de réalisation du filNiTi par le fabricant conduira à la formation de pré-cipités d’oxydes de nickel-titane dans la microstruc-ture [17].Les effets du fluor : les ions fluorures sont trèsagressifs envers le film de protection d’oxyde detitane TiO2 formé sur le titane ou ses alliages.Comme la surface extérieure des arcs NiTi contientprincipalement le film de TiO2 avec des traces deNiO, on constate que les fluorures augmentent lacorrosion des arcs NiTi dans des environnements

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Chapitre 2

fluorés [51, 54]. Les ions fluorures de l’environne-ment peuvent alors entrer dans les étroites crevassessises entre le fil orthodontique et le bracket enbouche qui n’est pas complètement nettoyée. Desconcentrations topiques élevées de fluorures restenten place et attaquent l’interface arc-bracket selonla concentration fluorée. Cela peut augmenter laforce de friction entre le fil et le bracket. L’utilisationd’agents fluorés topiques avec des fils NiTi pourraitdiminuer les propriétés mécaniques fonctionnellesde décharge des fils et contribuer à prolonger la du-rée du traitement orthodontique [126].

Il est demandé aux patients orthodontiques demaintenir un niveau d’hygiène orale élevé, qui in-clut un brossage régulier. Des études in vitro de l’effetdu brossage ont montré une augmentation signifi-cative du relargage d’éléments des alliages de nickellors de l’utilisation de dentifrice, alors que sans den-tifrice, aucune augmentation du relargage n’avait étéobservée. D’autres éléments suggèrent que certainessolutions de rinçage buccal augmentent égalementle relargage ionique des joints brasés à base d’ar-gent des appareils orthodontiques. Schiff, et al. [111]ont étudié la résistance à la corrosion de trois typesde brackets (CoCr, FeCrNi et à base de Ti) danstrois bains de bouche fluorés. Les résultats montrentque les matériaux du bracket pouvait se diviser endeux groupes : le groupe Ti et FeCrNi et le groupeCoCr, qui a des propriétés proches de celles du pla-tine Pt. Beaucoup d’études ont montré que les ionsfluorures pouvaient détruire le film passif de protec-tion de surface en TiO2 du titane Ti (formation deNa2TiF6) ou de ses alliages, conduisant à une formed’attaque corrosive, à une résistance de corrosiondiminuée et une densité de courant anodique aug-mentée ou à un relarguage ionique augmenté [53].De plus, la résistance à la corrosion du NiTi dimi-nue avec l’augmentation de la concentration en fluo-rure de sodium NaF dans la salive artificielle. Schiff,et al. [110] ont étudié la résistance à la corrosion desfils orthodontiques dans trois solutions de bains debouche du commerce et ont trouvé que les fils NiTiétaient sujets à une corrosion sévère dans les bains debouche contenant du monofluorophosphate de so-dium Na2FPO4 (Fig. 8 à 11). Huang [55] a étudiéles variations de la topographie de surface de diffé-rents arcs orthodontiques NiTi dans différents envi-ronnements fluorés du commerce. Quatre arcs NiTitestés avaient différentes variations de topographie

de surface, dépendante de la concentration en ionsfluorures. Le fabricant du fil orthodontique et l’envi-ronnement d’émersion ont des influences statistique-ment significatives sur les variations de rugosité desurface. L’augmentation de la rugosité de surface desarcs orthodontiques NiTi dans des environnementsfluorés du commerce devrait être prise en comptelors de la mesure de l’efficacité des appareils ortho-dontiques.

Le titane perd sa résistance à la corrosion dansdes solutions contenant du fluor utilisé en préven-tion contre la carie. En effet, les bactéries de laplaque dentaire produisent de l’acide acétique qui,en réagissant avec le fluor, forme de l’acide fluorhy-drique HF très corrosif, qui inhibe les bactéries etdégrade le titane en détruisant sa couche de passiva-tion TiO2 [2].

En conclusion, la vigilance doit rester de misecar certains dentifrices et bains de bouche fluoréspeuvent provoquer des phénomènes de corrosionpar piqûres sur les éléments à base titane.

2.1.2.3. Corrosion des autres matériaux

– L’Elgiloy R© (CoCr) : les propriétés élastiques del’Elgiloy sont comparables à celles de l’acier. Enoutre, il peut être soudé et sa résistance à la cor-rosion est excellente.

– Le TMA R© (Titane Molybdene Alloy) : il a une ré-sistance à la corrosion identique à celle de l’acierinoxydable.

– Le niobium : si le titane est connu pour ses pro-priétés de biocompatibilité, le niobium l’est beau-coup moins. Il apporte aux aciers inoxydables etaux super-alliages une résistance supplémentaireà la corrosion.

– Les alliages de brasure : la soudure à base d’étain,trop fragile et sensible à la corrosion, a été rem-placée par la brasure à l’argent. Cependant, labrasure à l’argent est souvent attaquée dans le mi-lieu buccal par la corrosion galvanique créée parl’acier inoxydable, alliage le plus noble.

2.1.3. Incidences clinique de la corrosion des fils

Il a été prouvé que de petits courants galvaniquesassociés à un environnement corrosif sont continuel-lement présents dans la cavité orale. Tant que des

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Figure 8

SEM photomicrographie ×5000 d’un fil orthodontique en NiTià l’état initial (d’après Schiff, et al. [110]).

Figure 9

SEM photomicrographie ×5000 d’un fil orthodontique enTMA à l’état initial (d’après Schiff, et al. [110]).

matériaux métalliques de restauration dentaire ou defils orthodontiques seront employés, il y aura peude chances que ces courants galvaniques soient éli-minés, pour des raisons purement électrochimiques.Pour des raisons pratiques, les matériaux de restau-ration et fils orthodontiques ne peuvent être isolésélectriquement de la dent.

Figure 10

SEM photomicrographie ×5000 d’un fil orthodontique en NiTiaprès oxydation au Méridol (d’après Schiff, et al. [110]).

Figure 11

SEM photomicrographie ×5000 d’un fil orthodontique enTMA après oxydation au Méridol [110] (d’après Schiff,et al. [110]).

Ainsi, la résistance à la corrosion est d’une im-portance critique pour les fils orthodontiques car lacorrosion peut conduire à une rugosité des surfaces,à un affaiblissement des appareils, et à la libérationd’éléments depuis le métal ou l’alliage [64]. Elle peutaussi fortement entamer la résistance à la fatigue et laforce maximale du matériau conduisant à la fracture

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Chapitre 2

mécanique [60]. Certains alliages et métaux sont ré-sistants à la corrosion par leur noblesse intrinsèqueou par la formation d’une couche superficielle pro-tectrice.

2.1.3.1. Affaiblissement des appareils

L’acier inoxydable devient susceptible à la cor-rosion intergranulaire, ce qui peut affaiblir l’alliageà terme. En dépit d’une bonne résistance à la cor-rosion des NiTi contraints, les études cliniques ontfréquemment recensé des ruptures de fils orthodon-tiques et des fils sujets à la corrosion de l’environne-ment buccal [29, 59, 97, 133].

La résistance élastique des joints d’acier inoxy-dable orthodontique brasés à l’argent seront affec-tés par le processus de corrosion. D’après Zinelis,et al. [134], les alliages brasés à l’argent introduisentun couple galvanique avec les alliages des aciers in-oxydables, induisant un relargage des ions métal-liques Cu2+ et Zn2+, éléments les plus fréquemmentrelâchés par les alliages d’argent. Cela montre que lesappareils orthodontiques peuvent se fracturer dansun court délai et demandent attention avant la findu traitement du patient.

Plus récemment encore, Vahed, et al. [122]confirment qu’une exposition prolongée en salive sti-mulée provoque une réduction significative de la li-mite élastique des joints d’aciers brasés à l’argent. Laréduction des propriétés élastiques est causée par unaffaiblissement dû à la corrosion localisée du métalbrasé à l’interface fil-brasure. La prépondérance desparticules riches en Cu qui se forment dans le métalbrasé au niveau de l’interface crée un effet microgal-vanique qui provoque la dissolution sélective de cesparticules et explique l’affaiblissement de l’interface.La corrosion est la principale cause de la dissolutionprogressive du métal brasé, provoquant le détache-ment de l’aile du bracket de sa base durant le traite-ment ou lors de la dépose [34].

L’application topique de fluor sur des arcs or-thodontiques en acier inoxydable (et en β-titane,forme de TMA R©) réduit significativement les pro-priétés mécaniques de décharge, donc allonge la du-rée de traitement [126].

L’effet des boissons acides les plus connues sur larésistance au décollement des brackets métalliquesin vitro et in vivo est nette : elle diminue de 50 %au bout de trois mois [91]. Ces boissons engendrentégalement des zones de déminéralisation blanches

autour des brackets, résultats du potentiel corrosifde l’acide phosphorique (plus corrosif que l’acide ci-trique du jus d’orange) de ces boissons et de l’activitébactérienne.

2.1.3.2. Résistance au glissement

La corrosion augmente les forces de frottemententre les interfaces arc-bracket par l’augmentationde la rugosité des surfaces. Il en résulte alors unedistribution inappropriée des forces sur l’appareilorthodontique et par conséquent une moindre effi-cacité du guidage du mouvement dentaire sur l’ar-cade [83, 84]. La présence de dépôts microcristal-lins rapportés par Eliades [29] sur les fils NiTi ayantséjourné entre 1 et 6 mois in vivo contribuent à larugosité des surfaces.

Une étude menée par Wichelhaus, et al. [132] amontré que les fils ayant subi un traitement de sur-face initial par le fabricant avaient significativementmoins de friction que les arcs non-traités. Par contre,la surface des arcs traités ou non traités présentaientla même rugosité au départ. Certains arcs montraientmoins de phénomènes de friction avant expositionen bouche et devraient théoriquement conserver lemieux l’ancrage. Cependant, tous les arcs étudiés ontprésenté une augmentation des phénomènes de fric-tion et de la rugosité de surface suite à leur utilisationen bouche.

Le traitement de surface des arcs par implantationd’ions a donc des effets discutables sur les propriétésde friction des arcs utilisés cliniquement. D’autresétudes devront être réalisées afin d’établir si le faitde changer plus fréquemment l’arc serait bénéfique.L’utilisation de fils orthodontiques acier à surfacemodifiée par dépôt photocatalytique de TiO2, pourses propriétés antiadhérentes et antibactériennes aété étudiée par Chun [22]. L’effet bactéricide du TiO2

sur les Streptococcus mutans et Porphyromonas gingiva-lis est tenu pour responsable de la diminution de 5 %de la masse bactérienne déposée sur le fil par rapportau fil non traité.

2.2. L’usure

L’ usure est un ensemble complexe de phéno-mènes difficiles à interpréter, de type érosion d’unesurface solide sous l’action d’un autre solide, ame-nant une émission de débris avec perte de masse, de

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cote, de forme et s’accompagnant de transformationsphysiques et chimiques des surfaces.

L’ usure peut être due aux processus d’éraillure(usure d’adhérence), d’abrasion, de corrosion.

Les facteurs à prendre en compte pour évaluer lephénomène d’usure sont :

– la nature des surfaces en contact,– les effets dus à la pression des surfaces l’une

contre l’autre,– les effets de la lubrification,– la résistance à l’ usure des différentes combinai-

sons de matériaux.

Berradja, et al. [12] étudient le mode d’usure des filsen milieu aqueux in vitro. Les fils NiTi se dégradentpar usure adhésive, tandis que les fils acier se dé-gradent par usure abrasive. Les fils NiTi sont plusrésistants à l’ usure que les fils acier. Comparé à l’air,il suppose l’existence d’une synergie entre l’ usure etles processus de corrosion.

L’ usure abrasive a des effets néfastes sur certainspolymères. Ainsi, le polyoxyméthylène est un ma-tériau utilisé dans la fabrication de verrous plas-tiques. Sous l’effet de l’ usure abrasive, de la chaleur,des acides, des alcalins, de l’oxygène, des enzymeset même du rayonnement X des radiographies, lesverrous aux polyoxymethylènes produisent des gaztoxiques de formaldéhyde. Les patients sont alorsexposés à un potentiel irritant. La formation d’aldé-hydes augmente avec la durée en bouche [71].

2.3. La fracture

La fracture des appareils orthodontiques est unphénomène rare, qui peut affecter les résultats cli-niques.

Des fractures d’arcs en NiTi ont été rapportéesaprès leur placement dans la cavité buccale (Fig. 12).Selon les boissons et aliments consommés, la tempé-rature varie de 0 à 60–70 ◦C et le pH varie de 2 à 11.Pour un pH de 6 et quelle que soit la température, iln’y a pas de perte volumétrique de poids de métal.

Par contre, pour un pH de 3,5, la perte de poidsest importante et augmente fortement si la tempéra-ture passe de 5 à 60 ◦C. En cas de perte trop impor-tante de poids de métal, l’arc fragilisé est alors sujetà la fracture [2].

Etant donnée la présence d’un courant galva-nique en bouche, la fracture du Ni-Ti pourrait êtreattribuée à la dégradation des propriétés mécaniques

Figure 12

Image électronique secondaire d’un fil orthodontique frac-turé. On distingue trois zones : zone radiante en bas, zoneductile au milieu et la zone de tondage en haut (grossisse-ment original ×75), d’après Eliades, Athanasiou [31].

due à l’absorption d’hydrogène. Par conséquent, laforce orthodontique augmente avec l’augmentationdu seuil critique de transformation martensitique.En même temps, l’élasticité de l’alliage diminue avecl’augmentation de l’adsorption d’hydrogène. Maisdes doutes subsistent [135].

2.4. Relaxation et fluage

Très marquée in vivo [5], la force des chaînettesélastomériques décline de 40 à 50 % durant les24 premières heures, puis la déperdition de la forcecontinue à un taux plus faible pendant deux à troissemaines.

De même, les élastiques perdent une force trèsimportante durant les premières 30 min, qui se pour-suit durant les trois à cinq premières heures d’activitépuis se stabilise. La relaxation des élastiques au latexest de l’ordre de 25 %, plus marquée en intermaxil-laire et in vivo. Celle des élastiques sans latex est de50 % au bout de 24 h, et doivent donc être changésplus souvent. Leur différence de comportement s’ex-plique par l’architecture des matériaux. Les chaînesmacromoléculaires du latex sont reliées par des liai-sons covalentes et des ponts croisés tandis que leschaînes ne sont qu’enchevêtrées dans le cas des élas-tiques synthétiques d’où un fluage beaucoup plusimportant, activé par l’humidité et la chaleur. L’eauplastifie les chaînes synthétiques du polyuréthaneen fragilisant d’abord leurs liaisons non covalentes.

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Chapitre 2

Puis, les liaisons esters de ces chaînes synthétiquessont hydrolysées par catalyse acide. Les produits dedégradation obtenus sont un alcool et un acide car-boxylique qui encourage la réaction [57]. Cette hy-drolyse participe au vieillissement et à la porosité desélastomères.

La relaxation des ligatures élastomériques est detype exponentiel décroissant. Elle atteint 50 % dansles premières 24 h et continue encore pendant 7 à10 j. Des signes évidents de déformation permanenteet d’altération de forme apparaissent. Des différencesont été notées entre les différentes marques de liga-tures, et selon leur couleur (d’où la notion d’effets in-duits par différents additifs incorporés). Au bout deces 24 h, Eliades, et al. [32] ont observé un recou-vrement de la surface des modules par un film pro-téique discontinu riche en groupements alcool, peuminéralisé en K+ et Na+. À trois semaines, le film pro-téique est très minéralisé, composé de phosphate decalcium précipité, de traces de carbonate et de phos-phate acide avec répartition uniforme de K, Na, Cl,et S et de Ca, P. Les protéines adsorbées (forte affinitédes modules pour l’albumine, l’amylase, elles-mêmessites de liaisons bactériennes) agissent comme nucléiet forment des dépôts de microcristaux de Na, K etCl, compromettant les performances des modules.

2.5. Influence de la stérilisation

2.5.1. Influence de l’autoclave

Les observations au microscope optique et élec-tronique à balayage n’ont montré aucune modifica-tion franche de l’état de surface et des propriétés mé-caniques de différents alliages orthodontiques de filsétudiés après stérilisation à l’autoclave selon le proto-cole préconisé par les circulaires ministérielles d’oc-tobre 1997 et mars 2001 (134 ◦C durant 18 minau minimum). Les altérations relevées (contamina-tions et décolorations à la surface du matériau) pro-viennent des résidus laissés à la surface des fils aprèscondensation de l’eau au cours du cycle de stérilisa-tion. D’où la nécessité d’utiliser une eau parfaitementpure. Un relargage important d’ions Fe, Cr et Ti a étéobservé lors de l’utilisation de brackets et arcs recy-clés [48].

2.5.2. Stérilisation et rugositédes fils orthodontiques

Les mesures réalisées grâce au profilomètre n’ontmontré aucune modification de la rugosité moyenne

des fils avant et après stérilisation. À l’inverse, desmesures plus fines réalisées grâce à un microscopeà force atomique ont montré une différence statis-tiquement significative de la rugosité moyenne dedeux fils avant et après autoclave. Les échantillonsconcernés sont le TMA et le Neo Sentalloy with ion-guard, avec dans les deux cas une augmentation d’en-viron 0,05 μm de la rugosité après stérilisation. Il està noter que ces variations de rugosité sont très li-mitées et qu’il est probable qu’elles n’aient aucuneconséquence d’un point de vue clinique. Elles n’onten effet été perceptibles que par un outil de mesuretrès sensible et n’ont concerné que certains fils (TMAet Neo Sentalloy with ionguard), alors que d’autres filstrès proches dans leur composition n’étaient pas af-fectés [132].

Cet accroissement de la rugosité peut être expli-qué par le fait que le protocole de stérilisation net-toie la surface des fils d’éventuels débris ou tracesde lubrifiant présents depuis leur fabrication et mas-quaient une partie du relief.

2.5.3. Stérilisation et élasticitédes fils orthodontiques

Les tests de flexion à trois points réalisés sur lesdifférents alliages, avant et après stérilisation, ontpermis d’obtenir des courbes charge/déplacement etde calculer leur module d’élasticité E. Une classifica-tion des alliages étudiés du plus rigide au plus souplea été réalisée :

– Tru-chromeTM (acier inoxydable) E = 170 GPa,– ResolveTM (titane molybdène) E = 73 GPa,– TMA R© (titane molybdène) E = 65 GPa,– Low friction TMA R© (titane molybdène+ implanta-

tion ionique ) E = 63 GPa,– Neo Sentalloy with ionguardTM (nickel titane+ im-

plantation ionique) E = 45 GPa,– Neo SentalloyTM (nickel titane) E = 38 GPa.

Après stérilisation, ce classement reste inchangé etles valeurs du module d’élasticité restent très prochesde celles trouvées pour des fils non stérilisés issus dumême lot.

Miura, et al. [87] affirment que, jusqu’à 400 ◦C,les effets de la température sur les alliages NiTiétaient négligeables. Au-delà, la superélasticité chuteet disparaît pratiquement à 600 ◦C et ce même avecdes temps d’application courts.

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2.5.4. Effet du recyclage sur les propriétésmécaniques

Le recyclage des fils et brackets fut assez com-mun durant un temps mais n’est plus recommandéactuellement. Des études ont essayé de déterminerl’influence des expositions répétées et de la stérilisa-tion sur les propriétés mécaniques.

Il y a 20 ans, Mayhew [85] n’avait à l’époque ob-servé aucune différence au niveau des propriétés mé-caniques ou de la topographie de surface.

Plus récemment, Lee et Chang [73] n’ont pas re-marqué de différence de propriétés élastiques ou defatigue à la flexion des fils NiTi, mais ont noté uneaugmentation de la rugosité de surface et du coeffi-cient de friction.

Les effets du recyclage touchent certains brackets,particulièrement ceux ayant une base brasée aux ai-lettes. En effet, la chaleur, les processus chimique etmécanique du recyclage peuvent conduire à une cor-rosion caverneuse (par crevasse) accélérée du jointbrasé [80].

3. Les effets biologiquesde la biodégradation

La biocompatibilité des fils orthodontiques, dontla compatibilité cellulaire in vitro, a fait l’objet denombreux travaux. Le nickel et le chrome sont deuxproduits presque toujours présents dans la constitu-tion des différentes parties des appareils orthodon-tiques et peuvent, à une certaine dose, provoquer destroubles dans l’organisme. Ces deux composants re-tiennent particulièrement l’attention à cause de leurpotentiel allergisant (hypersensibilités, dermatites etasthme), toxique et cancérigène (pour le nickel etles produits qui en contiennent). Les polymères sontégalement sources de relargage, mais leur composi-tion reste parfois obscure. Les effets in vivo à longterme de l’ensemble de ces matériaux ne sont pas en-core exactement évalués et les interactions cellulaireset moléculaires de ces matériaux avec leur hôte sontmal connues. À titre d’exemple, Bentahar, et al. [10]ont observé une augmentation de la concentrationde nickel dans la salive et même dans le sang danstrois cas sur cinq, au moment de la dépose à troismois de l’arc NiTi.

3.1. Cytotoxicité

L’absorption de cations par des fibroblastes mu-rins a été mesurée in vitro. La tendance à l’accu-mulation dans les cellules varie dans des rapportsallant de 1 à 400. On observe une accumulationdu cation dans la cellule corrélée à son potentielcytotoxique [128].

3.1.1. Les métaux

Selon Darabara [25], au cours de plusieursétudes, la cytotoxicité des biomatériaux utilisés enorthodontie a clairement été démontrée en évaluantles réponses cellulaires. Cependant, cette cytotoxi-cité était globale ; il était impossible d’évaluer la cy-totoxicité de chaque composant séparément. Cettecomplexité est illustrée par la jonction entre les deuxparties, base et ailettes, de certains brackets inoxy-dables, réalisée grâce à des brasures très variées àbase d’or, d’argent, de nickel.

En bouche, les systèmes orthodontiques sont àl’origine d’un processus de corrosion avec le relar-gage d’ions métalliques à leur plus haut degré d’oxy-dation, comme Ni2+, Cr6+, Cu2+ dont la cytotoxicitéest connue au niveau des cellules.

En 1983, Park [94] estime le relargage moyen,dans le cas d’un multi-attache haut et bas, de l’ordrede 40 μg/j de nickel et 36 μg/j de chrome, valeursinférieures à l’apport quotidien moyen par les repasaux États-Unis.

Des études menées en 1993 sur le relargage desions nickel à partir d’alliages NiTi ont montré invitro que le taux de relargage de nickel est égal à13.05 μg/j et reste nettement inférieur à celui ingérélors d’une alimentation normale ; in vivo, le taux san-guin de nickel des patients porteurs d’arcs orthodon-tiques en alliage NiTi n’est pas significativement plusélevé que celui des sujets témoins [8,13], ce que dé-nonce Bentahar [10].

3.1.1.1. Études sur les cellules oralesfibroblastiques in vitro

Il a été démontré que le nickel induit une in-hibition de la prolifération des fibroblastes alorsqu’aucune différence significative n’existe par rap-port au témoin lors de l’utilisation de Ti ou d’alliageNiTi [100]. Ce que confirme Ryhänen [107] mal-gré la dissolution initiale élevée (129 à 187 μg/L)de nickel issu du NitinolTM. Rose, et al. [105] ont

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étudié la cytotoxicité des produits de corrosion de23 fils orthodontiques réalisés avec cinq alliages dif-férents dont l’acier, le CoCr, le NiTi et le β-titane :les produits de relargage des alliages NiTi et β-titanen’avaient pas d’influence sur le taux de proliférationcellulaire fibroblastique. La même observation a étéfaite pour les alliages d’acier excepté pour deux desfils étudiés (Australian wire R© et Wildcat wire R©). Enrevanche, ils ont noté que l’alliage CoCrNi a engen-dré une sévère inhibition de la croissance cellulaire.La cytotoxicité fibroblastique du NitinolTM est sem-blable à celle d’un alliage CoCrMo, quoique plus im-portante que celle du titane pur, de l’alliage Ti6Al4Vet de l’acier 316L [6]. L’addition de cuivre dans l’al-liage NiTi (NiTi vs. CuNiTi) semble affecter sa bio-compatibilité [35], contredisant Wen, et al. [130].

Les résultats de ces études sur la biocompati-bilité fibroblastique in vitro sont parfois contradic-toires. Ryhänen [107] l’explique par des différencesdans les protocoles expérimentaux et dans les prépa-rations des échantillons métalliques. En effet, l’étatde surface des fils orthodontiques a une influencetrès importante sur le comportement des cellules quipeuvent être au contact. Ponsonnet, et al. [98] rap-portent que les fibroblastes gingivaux in vitro ontproliféré sur les fils NiTi et se sont orientés le longdes cannelures dues au polissage mécanique lorsqueles rugosités sont fortes, tandis qu’elles n’avaientpas d’orientation particulière sur les surfaces douces,d’où l’importance de la structure et la compositionde la surface comme paramètre influant la proliféra-tion cellulaire.

Des concentrations non létales d’ions métalliquessont susceptibles d’altérer la sécrétion des protéinesmédiatrices de l’inflammation telles que les cytokinesdes monocytes qui dirigent la réponse inflammatoiredans les tissus [75, 129].

3.1.1.2. Mécanisme de la toxicitédu nickel [131]

La sensibilisation de la peau semble due à lacréation à la surface de la cellule d’un complexeligand nickel-protéine récepteur induisant la for-mation d’anticorps. Le corps perçoit le complexenickel-protéine comme étranger et crée une réactionimmune envers lui. Le nickel des boucles d’oreillesest en contact direct avec la peau. Le métal dis-sous peut pénétrer et réagir avec les protéines de lapeau et conduire à une réaction immune de sensi-

bilisation. Le nickel est susceptible de se substituerà certains autres métaux (particulièrement le zinc)dans les enzymes méta-dépendantes, conduisant àdes protéines dont les fonctions sont altérées. Degrandes quantités de nickel dans le sérum et les tis-sus peuvent interférer avec les métabolismes du zincet du cuivre. Le nickel est également capable de tra-verser les membranes cellulaires grâce aux canauxcalcium et d’entrer en compétition avec le calciumpour des récepteurs spécifiques.

3.1.1.3. Mécanisme de la toxicitédu chrome [131]

La toxicité du chrome est principalement causéepar les composés hexavalents (VI, Cr6+) suite à l’ac-cumulation cellulaire élevée de chrome VI (Cr6+) etIII (Cr3+). Ceci s’explique par le fait que l’anion chro-mate CrO2−

4 peut entrer dans les cellules par diffu-sion facilitée à travers les canaux à anions non spéci-fiques (semblables aux anions phosphate et sulfate).L’absorption de composés de chrome III est, quant àelle, réalisée par diffusion passive et phagocytose.

Le chrome hexavalent est instable dans le corpset est réduit en intracellulaire (par beaucoup de sub-stances dont l’ascorbate et le glutathion), créant duchrome pentavalent Cr5+ très réactif et du chrome IIICr3+. Tous ces intermédiaires sont capables d’altérerl’ADN.

3.1.1.4. Mécanisme de la toxicitédu cuivre [131]

Le cuivre diminue le gluthation, nécessaire à lavie de la cellule. Les amino-acides transférases sontinhibés en présence d’un excès de cuivre ; la peroxy-dation des lipides se produit alors. Le cuivre se com-bine avec des groupements thiol-SH, par réductionde l’état d’oxydation du cuivre de II à I, et par oxy-dation des thiols en liaisons (ponts) disulfure S-S,particulièrement au sein de la membrane cellulaire.

Les fils en titane contenant du nickel peuventcauser une irritation localisée des tissus chez cer-tains patients. Le manganèse de l’alliage est alorsavalé avec la salive et crée une toxicité provoquantdes désordres nerveux, squelettiques, etc. Des étudesont suggéré que l’exposition à long terme au ni-ckel contenu dans les matériaux dentaires affecte lesmonocytes humains et les cellules de la muqueuseorale [3, 26].

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3.1.2. Les polymères

Selon Goldberg [40], le principal problème dupolymère réside dans sa matrice polymérisée orga-nique. « Il serait surprenant que les effets nocifs déjàbien identifiés en laboratoire n’aient pas de consé-quences sur l’homme. Dans un futur proche, nouspourrions faire face à un problème majeur de santépublique. »

Les polymères ont une inclination au relargage :

– à court terme de monomères libres durant laconversion monomère-polymère,

– des monomères non liés ou des additifs, par élu-tion salivaire,

– par dégradation des polymères dans les pre-mières heures après polymérisation, suite à unepolymérisation incomplète, des facteurs ther-miques, chimiques et mécaniques.

Kopperud [70] a montré que les MSDS (Material Sa-fety Data Sheet) des différents fabricants étaient in-complètes, ne mentionnant pas tous les composantsdes produits comprenant des polymères, et étaientdonc d’un intérêt limité pour la compréhension descompositions des matériaux susceptibles d’être re-largués. Des monomères et des additifs ont ainsiété retrouvés dans les polymères sans avoir été dé-clarés dans les MSDS. Plusieurs de ces composantsidentifiés sont potentiellement dangereux et fichésau RTECS (Registry of Toxic Effects of Chemical Sub-stances) comme mutagène, cancérigène, irritant et outoxique pour la reproduction.

L’utilisation de plaques de polymères thermo-formables est préférable [70] à celle de résinephoto- ou chémo-polymérisable (plaque palatine,par exemple), car plus de produits de relarguageen quantité ont été retrouvés significativement dansle surfactant pour ces deux dernières que pourles plaques thermoformables. Quelques exemplesde produits retrouvés : 2-hydroxyethyl methacrylate(2-HEMA), urethane dimethacrylate (UEDMA), me-thyl methacrylate (MMA).

Le TEGDMA (triethyleneglycol dimethacrylate)des primers, les Bis-GMA (bisphenol-A glycidyl di-methacrylate) et 2-HEMA des colles orthodontiquessont également sujets à étude. Goldberg [40] rap-pelle que les monomères de TEGDMA et HEMA sontcytotoxiques à l’égard des cellules gingivales et sontprobablement responsables des allergies à ces ma-tériaux. De plus, les monomères non liés favorisent

la prolifération bactérienne, particulièrement les mi-croorganismes impliqués dans la formation carieuse(leucomes pré-carieux).

Tous les systèmes de colles orthodontiques (àbase de résine ou de verre-ionomères chargé enrésine) pour brackets en contact avec des fibro-blastes gingivaux in vitro provoquent l’expression dela protéine cyclooxygénase-2 (COX-2). Il est doncprobable que, sauf en cas de problèmes d’hygiène,l’activation de l’expression de la COX-2 par les adhé-sifs orthodontiques soient un mécanisme potentielde développement de l’inflammation gingivale [56].

La cytotoxicité de deux résines acryliques auto-polymérisables de type PMMA (polymethylmetha-crylate acrylic) utilisées en orthodontie montrent uneffet cytotoxique diminué sur cellules in vitro lors-qu’elles sont placées dans une élution de 48 h parrapport à une élution de 24 h [42]. La teneur enmonomères résiduels des résines acryliques autopo-lymérisables est en moyenne d’un peu plus de 5 %immédiatement après réalisation et d’un peu moinsde 4 % après 24 h, quelque soit la technique de ma-nipulation et de polissage utilisée [43].

L’addition de peroxyde d’hydrogène H2O2 (com-posant de produit de blanchiment) même à faibledose, potentialise la toxicité du TEGDMA et del’UDMA vis-à-vis des fibroblastes gingivaux et pul-paires humains, mais reste sans effet sur le BisGMAet le HEMA [103]. Le TEGDMA et H2O2 ont deseffets additifs sur le taux de gluthation intracellu-laire [124]. Les récentes découvertes des mécanismesmoléculaires de la cytotoxicité ont été rappelées parGoldberg [40].

D’une manière générale, les monomères aug-mentent le stress oxydatif intracellulaire par un ap-pauvrissement de l’équilibre rédox entre les pro et lesantioxydants. Les monomères réduisent les taux degluthation intracellulaire, destructeur naturel de ra-dicaux libres, qui protègent les structures cellulairesdes dommages causés par les radicaux libres oxygé-nés (reactive oxygen species ROS). Ils contribuent si-gnificativement à la cytotoxicité car l’augmentationrelative du taux des ROS facilite le passage de la cel-lule vers l’apoptose [114].

Des méthodes cellulaires ont été proposées pourévaluer les effets des concentrations variables descomposants des résines et polymères. Il a été sug-géré dans un premier temps de préciser plus systé-matiquement les niveaux de concentration toxiques

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des composants des résines et polymères et d’éva-luer l’amplitude des réponses biologiques. Or, lesmatériaux utilisés en clinique sont une combinai-son de plusieurs composants. Il convient donc dene pas étudier uniquement les effets des constituantsseuls mais également de leurs combinaisons. Rata-nasathien, et al. [102] ont ainsi étudié la cytotoxi-cité de combinaisons binaires de composants issusde colles orthodontiques ou de polymères thermo-formables : HEMA, Bis-GMA, TEGDMA et UDMA.Sur des fibroblastes murins, un effet synergique aété mis en évidence lorsque le Bis-GMA est pré-sent à une concentration de 25 μmol/L et l’HEMAest présent à quelque concentration que ce soit. Leseffets synergiques sont particulièrement importantsà mettre en évidence car les composants non poly-mérisés peuvent induire une cytotoxicité bien queleurs concentrations respectives n’aient pas atteint leniveau suffisant lorsque le produit est utilisé seul.D’autre part, des résines de plus faible poids molécu-laire comme HEMA, 4-META et TEGDMA peuventagir comme des solvants de résines plus visqueuses(BisGMA et UDMA) et leur permettre un contact plusintime avec les tissus.

Le bisphénol-A (BPA) relargué depuis les adhé-sifs orthodontiques fait l’objet d’études se rapportantà son oestrogénicité potentielle bien que les teneursobservées soit inférieure à 0,1 ppm ou 0,1 μg/L [33].

3.2. Mutagénicité

Les produits de dégradation peuvent induire desmodifications de l’ADN qui sont transmises aux gé-nérations suivantes.

3.2.1. Les métaux

Le nickel et le chrome induisent une réactiond’hypersensibilité de type IV, et ont une action anti-gène, carcinogène et mutagène. Ces métaux causentplusieurs réponses cytotoxiques dont une diminu-tion de l’activité de certaines enzymes, créent desinterférences dans les voies de signalisation biochi-miques, et ont des actions de type carcinogène etmutagène [96, 123].

La large étude de Tomakidi, et al. [120] sur la cy-totoxicité et la mutagénicité des élutions de corro-sion de matériaux orthodontiques tels que bracketset fils sans nickel, brackets et bagues acier conte-nant du nickel, et vis d’expansion au titane, en salive

artificielle, ne montre pas de cytotoxicité clairementdéfinie, ni de dommage envers l’ADN.

Mais le mécanisme de carcinogenèse du nickel estcontroversé [131], car il semble varier selon la formesous laquelle se présente le nickel. La plupart desauteurs ont montré que l’absorption par voie diges-tive de cet élément est le mode d’administration lemoins toxique. L’ion Ni2+ seul ne semble pas formerde lésions prémutagènes sur l’ADN, mais il est sug-géré que le nickel cause des dommages indirects, parstress oxydatif ou en bloquant le mécanisme de ré-paration de l’ADN. Plus précis, Costa [24] a décritle rôle du nickel dans le mécanisme de la carcinoge-nèse : le nickel induit un silence génique par hyper-méthylation de l’ADN et par inhibition de l’acétyla-tion des histones.

3.2.2. Les polymères

Le TEGDMA est hydrophile et interfère avec lestissus oraux ; en pénétrant les membranes, il réagitavec les molécules intracellulaires. Le TEGDMA pro-voque de larges délétions d’ADN dans les cellulesmammaliennes.

Le HEMA ne semble pas provoquer directe-ment de mutations mais induit un grand nombrede micronoyaux, indicateur d’aberrations chromoso-miques in vitro [112] tout comme le TEGDMA.

Bien que les détails des mécanismes conduisant àla mort cellulaire, à la mutagenèse et à l’arrêt du cyclede mitose [113] ne sont pas encore parfaitementcompris, les monomères de résines sont capablesd’altérer les fonctions des cellules de la cavité orale.Des voies telles que la régulation de l’homéostasiecellulaire, la dentinogenèse (dans le cas de reconsti-tution composite) ou la réparation tissulaire peuventêtre modifiées par les monomères à des concentra-tions bien en dessous de celles causant une cytotoxi-cité aiguë [114].

Les effets complémentaires cytotoxiques et mu-tagènes du TEGDMA et du HEMA sont inhibéspar la présence de destructeurs de ROS tels que laN-acetylcysteine (NAC), l’ascorbate, la vitamine C etE [115].

3.3. Réactions locales

3.3.1. Décalcifications dentaires

Divers acides sont formés durant l’attaque micro-bienne sur les appareils orthodontiques métalliques

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dans l’environnement buccal. Le biofilm se formeà la surface de la dent grâce aux débris de nour-riture et les métabolites produits par les microbes.Les microbes aérobies utilisent les sucres simplesdans leur glycolyse et relarguent du dioxyde de car-bone CO2. Généralement, les chémo-organotrophesfacultatifs entrent dans la voie de fermentation utili-sant les sucres et produisant des acides organiques,des alcools et du CO2. Dans des conditions anaé-robiques et via la SRB (Sulphate Reducing Bacteria),les chémo-organotrophes utilisent le lactate commesource carbonée et réduisent les sulfates -SO4 en sul-fures -S. Par la suite, le sulfure se combine avec lesions ferreux Fe2+ pour former du sulfure ferreux FeScomme produit de corrosion. Finalement, en pré-sence de SOB (Sulphate Oxiding Bacteria), le sulfuresera oxydé en sulfate. Dans la cavité buccale, l’hy-drogène se combine avec le sulfate pour former del’acide sulfurique H2SO4, qui est de nature plus cor-rosive. Le pH diminue, ce qui est dû à cet acide pro-duit, influence la décalcification des dents (leucomespré-carieux autour des brackets) et la corrosion desappareils métalliques [18].

3.3.2. Diffusion d’ions métalliques

Les effets locaux courants dus à la diffusion d’ionsmétalliques sont des sensations de brûlure, un goûtmétallique, une salivation augmentée ou diminuée,une glossite, un érythème allergique, une stomatitede contact, des érosions, des ulcérations de la langueet de la muqueuse buccale, le lichen plan, la leuco-plasie, la chéilite, la perlèche, la fracture radiculaireou l’hyperplasie polymorphe.

Les produits de corrosion ont été impliquéscomme cause de douleurs locales ou de gonflementsdans la zone de l’appareil orthodontique en l’absencede toute autre infection, ce qui peut provoquer uneinfection secondaire [81].

Le relargage d’éléments peut produire des décolo-rations sur les tissus mous adjacents et des réactionsallergiques chez les patients sensibles [26, 45, 66].Gürsoy [49] semble montrer in vivo que le relargagecontinu à faible dose de nickel vers l’épithélium, in-duit par un traitement orthodontique, est le facteurdéclencheur d’un épaississement gingival et d’uneprolifération cellulaire épithéliale.

La plupart des appareils orthodontiquescontiennent du nickel. Bien qu’il soit essentiel àla vie, il présente un potentiel élevé de risque de

toxicité dans l’environnement humain, malgré le faitque la quantité de nickel libérée par la corrosionreste en dessous des seuils toxiques, et des quantitésingérées via l’alimentation. La littérature orthodon-tique est riche de cas rapportés. Les observationscliniques rapportent une hyperplasie gingivale, unedesquamation labiale, une chéilite angulaire, ungonflement ou encore une sensation de brûlure auniveau de la muqueuse orale [26, 78, 117].

Le nickel est placé au troisième rang de la listedes cinq causes les plus fréquentes de dermatites decontact et au premier rang dans les pays les plusindustrialisés. Le nickel est l’allergène de contact leplus fréquent ; la réponse allergique du sujet sensibi-lisé étant indépendante de la quantité de métal.

3.4. Réactions générales

House [50] rapporte que les produits de corro-sion eux-mêmes pourraient augmenter la résistancede certaines bactéries aux antibiotiques. Il est connude façon certaine que certains mécanismes de résis-tance de ces bactéries sont partagés. Une augmenta-tion de la résistance à un métal dans un organismepeut conduire à une augmentation de la résistanceaux antibiotiques, qui pourrait alors être transférée àd’autres espèces bactériennes. De plus, il existe uneforte présomption qu’une augmentation de l’expo-sition aux métaux et à leurs produits de corrosionprovoquerait l’extension de gènes résistants entre lesbactéries, incluant les pathogènes médicaux ou den-taires.

Eliades [31] a rapporté que le nickel pouvait avoirdes effets carcinogènes, mutagènes, cytotoxiques etallergènes. En Californie, le Safe Drinking Water andToxic Enforcement Act, proposition 65, liste le nickel,les composés du nickel et le chrome comme desproduits chimiques connus comme cause de cancer,fausses couches et autres troubles sexuels.

3.5. Réactions allergiquesLes fréquences de réactions allergiques systé-

miques et locales concernent entre 0,7 et 2 % despatients et praticiens, mais semblent varier selon lagéographie.

3.5.1. Les métaux

La fréquence des allergies aux métaux est crois-sante depuis plus de 20 ans. Une étude cliniquemenée de 2001 à 2003 à Singapour a montré des

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Chapitre 2

tests positifs aux patchs de nickel (19,9 %), chrome(5,6 %), cobalt (8,2 %). Les sources les plus cou-rantes d’allergies au nickel (forme de dermatite al-lergique de contact métal-induite) sont diverses :petite bijouterie [14], boucles de ceinture, montresde poignet, piercing intra-oraux [28, 89]. L’une desvoies principales de sensibilisation est la nourriture.Les taux de nickel sont élevés dans le chocolat,graines de soja, noix, noisettes, flocons d’avoine. Laseconde phase, ou réponse, s’exprime sous la formede dermatite de contact qui se produit lors de la ré-exposition au nickel et se développe sur plusieursjours mais rarement au-delà de trois semaines (infil-trat cellulaire, gonflement) [89].

Les allergies au chrome ont pour origine les ci-ments du bâtiment, le cuir et les objets métalliques.

L’allergie croisée au cobalt est aussi due à uneprimo-allergie au nickel et au chrome [44]. La bi-jouterie est le premier inducteur d’allergies au nickelet à l’or. La bijouterie en argent se révèle un prédic-teur significatif d’une réponse allergique. Le nombrede piercings est corrélé à l’incidence d’allergies mé-talliques chez les hommes [28].

Le relargage d’ions métalliques de la composi-tion déclarée de l’alliage dentaire or/platine commer-cial a été étudié in vitro. L’étude a montré un re-largage de Cr, Cu, Fe et Zn alors que seuls Cu etZn étaient déclarés. D’où l’idée que le chrome nondéclaré issu de l’alliage dentaire Au/Pt, ou certainsautres éléments, pourraient être responsable d’aller-gies de contact faussement attribuées à l’or [20].

Des recherches sont en cours pour essayer de ca-ractériser les associations entre le site de la dermatiteet le métal incriminé [106].

L’éventualité de l’allergie au nickel devrait êtreexaminée au moment du remplissage du question-naire de santé du patient. L’orthodontiste devrait sa-voir la diagnostiquer si elle apparaissait au coursdu traitement orthodontique et réagir en consé-quence [89]. La dermatite exprimée au niveau desmains est le site le plus courant des réactions auxmétaux. Les patients réagissant au cobalt sont non-caucasiens et sont plus souvent touchés au niveau ducuir chevelu (exposition socioculturelle ?). Les pa-tients à allergies croisées nickel et cobalt, avec ousans chrome, sont plus sujets à une dermatite géné-ralisée que ceux qui ne réagissent pas aux métaux.En accord avec de précédentes études, le croisementde l’allergie nickel/cobalt provoque une dermatite au

niveau de la main plus sévère qu’une allergie isoléeau nickel ou au cobalt. L’allergie croisée prédisposeà une dermatite plus sévère et plus étendue [106].Les risques de dermatites au niveau des paupières etdes oreilles sont augmentés chez les allergiques iso-lés au nickel et au chrome. Ces sites sont égalementceux impliqués dans les cas rapportés d’allergies àl’or, dans le sens que le risque d’allergie au nickel se-rait augmenté chez les allergiques à l’or. Des étudessont à prévoir pour déterminer si le nickel et/ou lecobalt pourraient induire une allergie à l’or. Ces troismétaux, seuls ou combinés, sont associés à la der-matite de lèvre, bien que l’on n’ait pas encore déter-miné les agents sensibilisants, peut-être un lien avecles amalgames dentaires [106] ?

Facteur sexuel : la prédilection des allergies aunickel est féminine, de même que le chrome, tan-dis que dans les cas d’allergies au cobalt, la prédi-lection est masculine [106]. L’étude de Janso [63]montre un lien entre l’hypersensibilité au nickel,les antécédents allergiques du patient et l’utilisationquotidienne d’objets métalliques. Mais aucune as-sociation avant/après traitement orthodontique parmulti-attaches acier au sens d’une réaction d’hyper-sensibilité au nickel ou au cobalt [108] n’a été miseen évidence.

Le nickel est le composant le plus répandu(47–50 %) dans les arcs super-élastiques NiTiet de l’ordre de 8 % dans les aciers orthodon-tiques. Des appareils orthodontiques extra-orauxtels que les arcs externes des masques faciauxcontiennent du nickel et peuvent engendrer une ré-ponse cutanée [89]. Tous les individus allergiques aunickel ne réagiront pas au nickel intra-oral et dansl’état actuel des choses, il est impossible de prédireles individus qui réagiront.

La réponse du système immunitaire au nickel estune hypersensibilité de type IV ou retardée, à mé-diation cellulaire encore appelée dermatite allergiquede contact. Elle est médiée par les lymphocytes T etles monocytes/macrophages plutôt que par les anti-corps et s’opère en deux phases. La première phase,ou sensibilisation, se déroule lorsque le nickel entreinitialement dans le corps. Il n’y a généralement au-cune réponse à ce moment mais le système immu-nitaire est sollicité pour une réponse allergique : lescytokines et chiomiokines des lymphocytes T activésrecrutent localement les macrophages, puis plus tarddes polynucléaires neutrophiles [89].

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3.5.2. Les polymères

Une étude récente basée sur une rétrospectivede quatre ans s’est intéressée à la sensibilisationpar les acrylates. Les composants des ongles artifi-ciels sont susceptibles de créer une dermatite aller-gique de contact. Ces composants pourraient êtreune cause fréquente d’eczéma sur la main (environ40 % des cas). Près de la moitié des sujets concernésétaient des esthéticiennes spécialisées dans la sculp-ture d’ongle. Tous les patients étaient touchés au ni-veau des mains et des doigts. Paronychie, dystrophiede l’ongle et onycholyse étaient moins fréquentes. Ledos de la main et les doigts, les avant-bras et les sitesdistants (visage et cou) étaient plus fréquemment re-trouvés chez les professionnels. Les caractéristiquescliniques sont typiques de la dermatite chroniquemais des formes atypiques de types dermatites liché-noïde et psoriasiforme ont également été observées.Un érythème sur la muqueuse orale et un oedèmese sont développés chez deux patientes allergiquesaprès mise en place de couronnes dentaires scelléesavec un ciment à base d’acrylate. Les plus fréquentsallergènes déclencheurs d’allergies (17,5 % chacun)sont le 2-HEMA et le 2-hydroxypropyl methacry-late (2-HPMA), suivi du EGDMA (13,4 %, ethyle-neglycol dimethacrylate). Vingt-cinq % des patientesétaient testées positives à l’ECA (ethyl cyanocrylate),un composant de la colle pour ongle. Les mono-mères acryliques utilisés pour la sculpture d’onglesont des agents sensibilisants professionnels et decontact qui peuvent produire des réactions croiséesavec d’autres composés acryliques et déclencher desréactions lors d’une ré-exposition dans des circons-tances différentes [72]. Un cas d’allergie ou hyper-sensibilité de type IV au MMA a été décrit [41] suiteà la pose d’une plaque de contention avec appari-tion d’une réaction localisée hypersensible au palais.La teneur en monomères résiduels était évaluée entre0,745 et 0,78 %, sous les valeurs standards interna-tionales ISO 1567 affichées à 2,2 % pour la poly-mérisation par chauffage et 4,5 % pour les résinesacryliques auto-polymérisables.

La salive augmente l’allergénicité du latex en fa-vorisant la libération des protéines du latex. Lesallergies au latex (dans les élastomères) se mani-festent soit par un eczéma allergique de contactau caoutchouc retardé de 48 h, dû aux accéléra-teurs de vulcanisation ou anti-oxydant, soit une urti-caire allergique de contact au caoutchouc lui-même,

Figure 13

Rougeur intra-orale au niveau gingival après mise en placed’un appareil multi-attache1.

immédiat. Ces manifestations intéressent les liga-tures élastomériques et les élastiques intermaxil-laires.

.

3.5.3. Caractéristiques de l’allergie au nickel

3.5.3.1 Diagnostic

Le diagnostic de réponse au nickel de la mu-queuse orale est plus difficile que celui de la peau,mais dès le questionnaire initial de santé, certainssignes devraient orienter le praticien vers une allergieau nickel :

– une réponse allergique antérieure après port deboucles d’oreilles ou de bracelet métallique demontre,

– l’apparition de symptômes allergiques (Fig. 13)peu après l’insertion de composants orthodon-tiques contenant du nickel,

– un rash extra-oral confiné et adjacent au bas dumasque facial.

En face d’une allergie au nickel suspectée, le diag-nostic peut être confirmé par un dermatologue avecdes patchs cutanés utilisant 5 % de sulfate de nickel.Les signes cliniques oraux et les symptômes d’uneallergie au nickel peuvent contenir une sensation debrûlure, une hyperplasie gingivale, une desquama-tion labiale, une chéilite angulaire, un érythème mul-tiforme, une parodontite, une stomatite avec un éry-thème moyen à sévère, un rash papulaire péri-oral,une perte de goût ou un goût métallique, un engour-dissement et une douleur sur le côté de la langue,

1 D’après Schuster G, Reichle R, Bauer RR, Schopf PM. Allergiesinduced by orthodontic alloys : incidence and impact on treat-ment. J Orofac Orthop 2004 ;65 :48–59.

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Chapitre 2Figure 14

Réaction allergique extra-orale au niveau de la face (a) et des bras (b) après mise en place d’un appareil multi-attache (c). Aucuneefflorescence n’a été observée en bouche1 .

une gingivite sévère en l’absence de plaque. D’autrepart, des manifestations extra-orales d’allergies au ni-ckel peuvent avoir une origine intra-orale. Avant quele diagnostic d’hypersensibilité au nickel soit réalisé,d’autres possibilités devraient être éliminées, en par-ticulier les candidoses, la stomatite herpétique, lesulcères dus aux irritations mécaniques et les allergiesà d’autres matériaux dont l’acrylique [101].

Les signes cliniques extra-oraux de l’allergie aunickel (Fig. 14) sont du type urticaire généralisée,eczéma étendu, flambée soudaine de dermatite aller-gique, exacerbation de l’eczéma pré-existant [101],voire même pustules et ulcères dans les cas les plusextrêmes [131]. Il semblerait que les signes extra-oraux soient plus fréquents que les signes intra-oraux [101].

3.5.3.2 Piercing

Une étude [119] a montré un lien entre le déve-loppement d’une allergie au nickel, le port antérieurde boucles d’oreilles (ou piercing), et un traitementorthodontique avec des éléments contenant du ni-ckel. Trente et un % des 247 cas d’oreilles percéesétudiés étaient allergiques au nickel contre 6,4 % descas sans oreilles percées, confirmant l’idée que l’al-lergie au nickel est favorisée par le piercing d’oreille.Si un traitement orthodontique a précédé le piercing

d’oreille, la fréquence d’allergie diminue et passe de36 à 25 %. D’où l’idée que les contacts oraux avec desallergènes induisent une tolérance immunologiquesystémique spécifique. A contrario, le traitement or-thodontique n’induit pas forcément une tolérance aunickel en toute occasion ; la sensibilisation au tra-vers du port permanent d’appareils semble être pos-sible [65].

Dans leur étude menée sur 700 adolescents(14–18 ans) finlandais, Kerosuo, et al. [67] ontobservé une prévalence de l’allergie au nickel de30 % chez les adolescentes, contre 3 % chez lesgarçons. Le piercing d’oreille semble être la princi-pale cause de sensibilisation au nickel, car la pré-valence est de 31 % avec les oreilles percées etde 2 % sinon. Le seuil maximum de relargage aucontact cutané instauré par l’Union Européenne estde 0,5 μg/cm2/semaine. Dans le cas des bouclesd’oreille, cette limite est respectée pour le nickel,mais ne l’est pas pour les autres éléments [69].Un seuil de concentration de 30 ppm de nickelpeut être suffisant pour engendrer une réponse cy-totoxique sur les lymphocytes T in vitro [15]. Ce-pendant, il a été établi que les contacts oraux anti-géniques chez les individus non sensibilisés peuventinduire une tolérance au nickel plutôt qu’une sen-sibilisation [125]. Mais Bass [9] rapporte également

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la création de cas d’allergies au nickel en coursde traitement. La sensibilisation pourrait encore êtreaugmentée par irritation mécanique, macération cu-tanée, ou encore blessure de la muqueuse orale,faits courants dans notre pratique. La température del’environnement et la durée d’exposition sont aussid’autres facteurs [101].

En orthodontie, il a été observé des allergies aunickel pour les appuis crâniens et pour les fils or-thodontiques. Les signes cliniques d’allergie au ni-ckel sont l’œdème des paupières et des lèvres, lesgerçures labiales et l’eczéma chronique sur les joueset les paumes des mains. Les dermatites au nickelpeuvent s’étendre à des sites secondaires comme lesbras, la paupière, les cotés du cou et le visage. Si lechrome est tout aussi indésirable, le nickel quant àlui, affecte jusqu’à 9 % des femmes tandis que lesjeunes ont plus de chances d’être sensibilisés.

La sensibilité au nickel est plus élevée chez lespatients asthmatiques [89]. Des facteurs génétiquesde prédisposition à l’allergie au nickel ont aussi étérelevés [89].

Une voie prospective en cours d’analyse estl’étude du relargage in vitro d’histamine des poly-nucléaires basophiles du sang provoqué par certainstypes de matériaux dentaires [7].

3.5.3.3 Matériaux alternatifs pour les patientsallergiques au nickel [101]

Il est recommandé chez les patients sensibles aunickel d’éviter les arcs NiTi. Les risques et les op-tions doivent être expliqués au patient. Celui-ci de-vrait être informé qu’il court un risque plus élevé deréponse allergique aux fils NiTi. L’alternative consisteen l’utilisation de matériel sans nickel [101].

Arcs acier : les études montrent que les patientssensibles au nickel sont capables de tolérer l’acier in-oxydable sans réaction notable. L’acier inoxydable àcontenu réduit en nickel est aussi disponible maisn’apparaît pas nécessaire.

Arcs NiTi : à éviter. Parmi les alternatives, les arcsen acier inoxydable multibrins, les arcs compositesrenforcés en fibre. Des fils en TMA, titane pur et pla-qué or, peuvent être utilisés sans risque. Des arcsNiTi modifiés existent également et incluent un re-vêtement en plastique ou en résine (époxy). Les arcsNiTi ions-implantés ont leur surface bombardée pardes ions nitrures N3−, qui forme une couche de sur-face amorphe, conférant une résistance à la corrosion

et déplaçant les atomes de nickel Ni. Une étude invitro [95] montre que la surface nitrurée n’empêchepas le relargage de Ni depuis les arcs NiTi sous stressmécanique continu et ce quelque soit le type de so-lution (eau ou eau salée), le type de surface (nitruréeou non) : 45 ng/cm2/j sous charge et 1 ng/cm2/j sanscharge.

Brackets : les brackets acier contiennent 6 % de ni-ckel et sont considérés comme sûrs. Il existe égale-ment des brackets acier à teneur réduite en nickel.Cependant, des brackets sans nickel existent aussi :

– brackets céramiques : polycristallins en alumine,saphir monocristallin et zircone,

– brackets polycarbonate issus de polymères plas-tiques,

– brackets en titane,– brackets plaqués-or.

Le coût du traitement multi-attaches d’un patient al-lergique au nickel induit un coût supplémentaire al-lant de 30 % pour des brackets et fils à teneur ré-duite en nickel, jusqu’à 3 fois le coût d’un traitementmoyen avec des brackets et arcs cosmétiques. Lescomposants métalliques extra-oraux, dont les arcsexternes des masques faciaux, sont très concernés.Certains sont vendus recouverts de plastique pouréviter le contact direct avec la peau. En conclusion,la mode actuelle du piercing chez nos jeunes patientsdevra nous alerter sur le fait qu’ils ont déjà été sensi-bilisés au nickel à chaque fois qu’ils passeront notreporte [101].

3.6. Nanopathologies

Depuis 2002, l’étude du rôle des micro et nano-particules dans les pathologies biomatériau-induitesest réalisée au travers du projet NanoP2, sous la tu-telle du Dr Gatti (Laboratoire de biomatériaux del’Université de Modène, Italie, cf. Fig 15 et 16). Lesparticules relarguées peuvent avoir des effets irri-tants. Ainsi, des cas de biomatériaux dentaires pro-voquant des altérations graves telles que granulomedu foie, cancer de la bouche, cancer du colon ontdéjà été observés (Fig. 15 et 16).

4. Conclusion

Les prochaines étapes de la recherche consiste-raient à trouver une corrélation entre les problèmes

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Chapitre 2

Figure 15

Débris d’aluminosilicate provenant d’une céramique dentaire ayant provoqué un granulome du foie.

Figure 16

Débris d’aluminosilicate provenant d’une céramique dentaire dans un ganglion lymphatique d’un cancer de la bouche.

observés en bouche dus aux produits de corrosionet les résultats des tests de corrosion in vitro. D’aprèsCioffi, et al. [23], l’utilisation de la méthode par ac-tivation de la fine couche (TLA) dans le domainebiomédical apparaît comme une technique adéquatepour permettre de suivre en temps réel le comporte-ment de la corrosion des appareils médicaux.

En conclusion, plusieurs types de biodégradationsont à prendre en compte. Le praticien se doit de gar-der à l’esprit leurs conséquences lors de l’élaborationde sa mécanique orthodontique. Parallèlement auxconséquences mécaniques, des conséquences biolo-giques non négligeables peuvent survenir et remettre

en cause la pérennité du traitement. La responsabilitéde l’orthodontiste est alors mise en jeu, d’où la néces-sité de la matériovigilance des biomatériaux.

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