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Collection dirigée par : Gérald GAMBIER

Directeur Littéraire : Emile MAGNIEN

Secrétariat de Rédaction : Martine LONVIS

Mise en Page : Gérald GAMBIER

Cartes : Yolande BEYER

Corrections : Josette GAMBIER

Copyright Editions de la Taillanderie, 1989 BP 1043

01009 Bourg-en-Bresse cedex

ISBN: 2-87629-028-6 ISSN: 0991-482X

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L A S A O N E

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L O I R E

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PHOTOGRAPHIES Photos La Taillanderie:

GAMBIER Gérald: 7b-llh-13-15-19-21-23-24-27h-27b-28-29-30-32-34-36-37-39-40-41-42-43-44-45-46-47-48h-48b-49-51- 52-53-54-60-61-65g-66h-66b-67-68-69-70g-73g-73d-74-75d-76h-76b-77g-77d-79-80-81h-8io-82-83-84h-84b-86-87h-88-89- 91-92-93h-93b-94-95-96g-97h-97b-98b-99-100-105-107-108-109h-110-lll-112h-113h-113b-115-116-117-119g-120-121-122- 123-124g- 124d-125-126g-126d-127-129-130-132-133-136-137h- 138b- 139g-141-144-145-146-147-149-150g-150d-151-153-154h- 154b-155-156g-157-160-163h-163b-165-167-168g-168d-169-170h-170b-174h-174b-175-177-178-179h-179b-180-183-185b-187- 189-

PELISSIER Max: 17-25-31-33g-33d-35g-35d-38-50h-55b-56-57-58-59h-59b-62-63-75g-78-85-87b-96d-98h-101h-101b-104- 109b-114-118g-118d-142-148-152-158-159-160-181

Nous remercions tous ceux qui nous ont gentiment communiqué des documents afin de parfaire cet ouvrage:

ALLOIN Henri: 139d

Groupe folklorique bressan, Louhans: 103h-103b

Groupe «Les Gars du Tçarolais», Charolles: 156d

Houillères de Blanzy: 185h

MAGNIEN Emile: 7h-llb-12-22-50b-112b

Musée des fossiles, Chalon: 164

Musée de la photographie, Chalon: 55h-65d

NAULIN Jean: 143

Photo Lacoste, Chalon: 71

SNECMA : 186

Syndicat d'Initiative, Chalon: 70h-70b-72

Collection Sutet: 171-173

Collection Ecomusée, Le Creusot: 172

Collection Musée Lamartine, Mâcon: 131

Collection Château de Cormatin: 119d

Bibliothèque Nationale, C.M.: 166

Cartes pages 8 et 9 réalisées par Yolande BEYI

Légendes: d: droite, g: gauche, h:haut, b: bas.

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SOMMAIRE

La Saône-et,.wire Emile MAGNIEN 7

L'Autunois Luc HOPNEAU 27

Le Chalonnais Marie-Thérèse GIRARDI 55

La Bresse Bourguignonne ............................ Dominique RIVIERE 81

Le Mâconnais Emile MAGNIEN ......................................................... 109

Le Charolais Jean NAULIN 137

La Communauté Urbaine ............................. Marcel SUTET .............................................................. 163

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SAONE

ET

LOIRE

La Loire au nord de Marci- gny: seul fleuve français encore «sauvage».

La Saône à Tournus: axe de tout temps favorisés par son majeur des échanges nord-sud en cours lent et régulier. Europe Occidentale, la Saône les a

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SAONE ET LOIRE

Quand, en décembre 1789, la Constituante décida de briser les vieilles provinces pour créer des unités admi- nistratives de nature homogène, l'Assemblée Nationale, entraînée par Mirabeau, se montra soucieuse de ne pas faire table rase des réalités forgées par une histoire millé- naire.

C'est ainsi que la généralité de Bourgogne donna trois départements fondés chacun sur la réunion de plu- sieurs bailliages.

Le sud de la province forma le département originellement désigné sous le nom de département de Mâconnais-Chalonnais-Charolais, dénomination trop lon- gue qui devint.vite Saône-et-Loire. Il fut constitué par les sept bailliages les plus méridionaux de la Bourgogne, les

quatre «grands bailliages» d'Autun, de Chalon, de Mâcon et de Charolles, plus les trois bailliages secondaires de Montcenis, de Semur-en-Brionnais et de Bourbon-Lancy.

Le combat entre Chalon et Mâcon fut vif pour l'obtention du chef-lieu, et malgré des votes locaux favora- bles à Chalon, la Constituante fixa l'administration dépar- tementale à Mâcon. Chalon et Autun obtinrent comme lots de consolation, outre le chef-lieu de leur district (ou arrondissement) la première le chef-lieu judiciaire, la seconde l'évêché. Louhans et Bourbon-Lancy devenaient chefs-lieu de districts, celui de Bourbon-Lancy devant être " rattaché à celui de Charolles dès le Premier Empire.

Ainsi naquit Saône-et-Loire, vaste département d e 8 . 6 8 7 k m 2

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SAONE ET LOIRE

ASPECTS GENERAUX DE SAONE-ET- LOIRE

UN PUZZLE GÉOLOGIQUE

Rien n'est plus varié, géologiquement, que le département de Saône-et-Loire; granités et roches érupti- ves, témoins du vieux socle hercynien de notre pays à l'ère primaire, occupent le Morvan, le haut Charolais et le haut Mâconnais.

Dans les dépressions entre Autun et Epinac, et surtout au sud de Blanzy, se sont accumulées les masses de végétaux des forêts primaires qui ont donné naissance aux bassins houillers qu'exploita le XIXe siècle, encore large-

ment la première moitié du XXe, et qui sont aujourd'hui en voie d'épuisement.

Recouverts par les mers secondaires (entre 200 et 100 millions d'années) et enfouis sous de puissants sédi- ments à dominantes de calcaires et de grés, ces terrains primaires ont subi ensuite, avec leur couverture secon- daire, les violents contre-coups de la surrection des Alpes à l'ère tertiaire (dont le début se situe il y a environ 60 millions d'années).

De multiples effondrements le long de failles importantes ont préparé une reprise du travail d'érosion qui, de tout temps, affecte la surface de la terre, et qui avait déjà usé les systèmes montagneux de l'ère primaire. A la fin du tertiaire, la grande dépression qui forme aujourd'hui le

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Val de Saône et la Bresse, fut recouverte par les eaux: le Grand Lac Bressan, étendu depuis le nord de Gray jusqu'à Lyon, recevait alors par la trouée de Belfort un Rhin fossile venu des Alpes suisses, toutes neuves, et peut-être une Loire primitive s'engageant vers le nord-est depuis la région de Digoin-Paray-le-Monial pour se déverser dans le lac par le seuil de Montchanin.

Ce lac était contenu au sud par un seuil dont le bombement constitua longtemps un obstacle à son écoule- ment total vers le golfe que la Méditerranée projetait vers le nord et qui est devenu la vallée du Rhône. Les alluvions purent s'accumuler en couches épaisses et forment aujour- d'hui le sol de la Bresse.

A la suite de mouvements du sol au début du

quaternaire, le barrage céda, ce qui provoqua l'écoulement du Lac Bressan vers la Méditerranée, et une rivière, la

Saône, s'installa sur la bordure occidentale de la dépres- sion libérée des eaux lacustres. Dans le même temps, la Loire prenait son orientation définitive, le Rhin s'échap- pait vers le nord par le fossé créé par l'enfoncement de la plaine d'Alsace, et le Doubs s'emparait de son cours fossile pour rejoindre la Saône.

Redressé ou enfoncé çà-et-là par le coup de boutoir des Alpes, le socle primitif était dans ses parties restées saillantes (Morvan, haut Charolais, haut Mâcon- nais), déblayé par l'érosion des sédiments secondaires qui l'avaient recouvert, et leurs débris remblayaient les parties enfoncées et les dépressions, plaines et basses vallées actuelles. Les flancs de failles gardaient une partie de leurs couvertures, en majorité calcaires, formant ainsi les co- teaux du Chalonnais et les roches du Mâconnais viticole à

l'est, ceux du Brionnais et du bas Charolais à l'ouest. Aujourd'hui l'ensemble de ces formations s'ordonne de part et d'autre de la grande dorsale de collines qui, d'alti- tude croissante du nord au sud - mais largement abaissée au seuil de Montchanin - sépare le bassin de la Loire à l'ouest de celui de la Saône et du Rhône à l'est. Ainsi s'est

fixée la physionomie actuelle de notre Bourgogne du Sud avec son toit à double pente. Avec une grande échine médiane séparant deux bassins fluviaux: Loire à l'ouest, Saône-Rhône à l'est, la Saône-et-Loire répartit ses eaux en parts à peu près égales entre Océan et Méditerranée.

Cependant le contraste est vigoureux entre la Loire, fleuve sauvage, impropre à la navigation moderne, brutal dans ses redoutables caprices, perdant 55 m d'alti- tude sur ses 98 km à la limite ouest du département, et la Saône, rivière aménagée, disciplinée et d'un naturel géné- ralement calme et régulier tout au long d'un cours qui de la limite de la Côte d'Or à celle du département du Rhône, sur 110 km, ne descend que de 9 m en altitude.

LES «PAYS»

Cette histoire géologique mouvementée explique la diversité actuelle du département, véritable mosaïque de

petites régions naturelles très différenciées tant dans leurs aspects géographiques que dans les activités humaines.

On peut, en gros, individualiser six secteurs ayant leur caractère propre et que le touriste parcourant le département ne peut manquer de percevoir.

Le Morvan et l'Autunois, où dominent les ter- rains primaires et les grés, et dont l'altitude atteint 902m au coeur du massif morvandiau, au Bois-du-Roi.

Le Chalonnais, partagé entre les coteaux calcai- res de la «Côte» à l'ouest (avec une altitude maximum d'à peine 500 m près de Chatel-Moron) et le Val de Saône alluvial.

La Bresse Bourguignonne, plaine alluviale éten- due du Doubs à la Seille, avec Louhans pour capitale ethnique et centre géographique.

Le Mâconnais, le plus individualisé des petits «pays» qui composent le département, le plus complexe géologiquement, et qui s'étend entre la Saône et la bordure orientale du plateau charolais, lié au sud sans hiatus au Beaujolais auquel se soudent les Monts du Mâconnais, lesquels, au nord de Tournus vont mourir entre Grosne et Saône.

Le Charolais, presque tout entier sur le versant de la Loire et où l'on peut distinguer le haut Charolais (603 m d'altitude à sa borne nord, le Mont-Saint-Vincent; 772 m

au sud à la montagne de Saint-Cyr), zone à dominante gra- nitique; et le bas Charolais, prolongé par le Brionnais, dans son angle sud-ouest, pays de calcaires marneux propices aux céréales et à la pousse de l'herbe, ainsi que le Val de Loire alluvial où plonge en côtière toute la bordure du pays, de Semur à Bourbon-Lancy.

Il faut enfin individualiser et compter comme élément original dans le département, la zone minière et industrielle, soit, en gros, le territoire de la Communauté Urbaine de Montceau-le Creusot où la houille et le minerai d e f e r o n t f a i t n a î t r e d è s l e s d e r n i è r e s d é c e n n i e s d u X V I I I e

siècle une industrie appelée à prendre une grande enver- gure au cours du XIxe.

Le plan de cet ouvrage est dicté par la répartition même de ces régions. Chacune mérite un chapitre distinct.

Cependant, avant de les parcourir en détail, quel- ques mots d'histoire et quelques notions générales s'impo- sent dans une présentation globale du département.

AU FIL DES SIECLES

La présence de l'homme est attestée par les restes de son «industrie», les silex taillés, depuis au moins l'époque moustérienne. Les coteaux bien exposés du Chalonnais et du Mâconnais offraient des sites particulièrement favorables à la vie préhistorique, et la station de Solutré, en Mâconnais,

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Grottes d'Azé: Squelette d'ours des cavernes. Le redouta- ble compétiteur de l'homme a lais- sé dans la grotte d'Azé des vestiges remarquablement conservés.

Château d 'Epi ry à Saint- Emiland: est-ce parce qu'il est né ici un vendredi 13 en avril 1618 que Roger de Bussy-Rabutin, cousin de Mme de Sévigné, connut l'exis- tence agitée qui fut la sienne jus- qu'à sa mort à Autun en 1693?

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Le grand étang de Rambu- teau: entre Ozolles et Montme- lard, il constitue l'un des plus se- crets et des plus beaux sites de la «montagne» charolaise.

au pied de sa roche célèbre, a donné son nom à une industrie très caractéristique du paléolithique supérieur (vers moins 20.000 ans) avec des pièces en forme de feuilles de saule ou de feuilles de laurier. Le pays fut, depuis ces époques perdues dans la nuit des temps, une zone de passage transversal d'est en ouest, tandis que s'affirmait le rôle de grande voie de migrations entre le sud méditerranéen et le nord continental, du val de Saône, prolongement naturel du couloir rhodanien.

Les grands silex votifs trouvés à Volgu, près de Gueugnon, témoignent du savoir-faire des occupants du pays il y a vingt mille ans à l'époque solutréenne.

L'époque néolithique, il y a 4 à 5 mille ans, fut celle de la révolution agraire et culturelle, avec l'introduction de l'élevage des animaux domestiqués, de la culture des céréales, de la céramique et du tissage. Elle est aujourd'hui encore matérialisée par la présence des «éperons barrés», à la fois forteresses et parcs à bétail sur l'étroit plateau de collines abruptes, et par les habitats de berges sur les rivières, et notamment sur la Saône, comme à l'île Saint Jean au nord de Mâcon ou à Ouroux au sud de Chalon.

C'est d'autre part l'époque où s'élèvent les monuments

mégalithiques, dolmens et menhirs, comme ceux de Brancion, de Saint Micaud ou les nombreuses «pierre-fiches» du Charolais et du Morvan. Une véritable métropole néolithique s'est installée et a duré plusieurs siècles sur le plateau de Chassey, entre Dheune et Saône, au sud de Chagny, point de convergence et de fusion d'influences méditerranéennes et d'influences centre-européennes.

Les courants de l'âge du bronze, qui a suivi, sont attestés par plusieurs «cachettes de fondeur» situées surtout sur les itinéraires transversaux entre Loire et Saône

(Dompierre-les-Ormes, Briant). Et vers le cinquième siècle avant notre ère une première vague de Celtes venue d'Europe Centrale se fixe parmi les populations indigènes qu'une autre vague plus nombreuse et en possession de la grande épée de fer, argument décisif de puissance, va dominer après avoir fondé les premières «villes», forteresses de sommets ou «dunums» ou ports sur les rivières. La tribu des Eduens, qui a conquis les pays entre Loire et Saône, installe sa capitale sur le large plateau sommital du mont Beuvray qui, à 810 m d'altitude, domine tout le front sud- est du Morvan. C'est alors que naissent Chalon (Cabillonum) port avancé de Bibracte pour les relations qui se développent

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Le canal du Centre: c'est le trait d'union qui, pendant près d'un siècle et demi a été l'artère vitale de l'industrie saône-et-loi- rienne, en même temps que le lien le plus actif entre les deux bassins du Rhône et de la Loire.

avec le monde méditerranéen, et Mâcon (Matisco) gué et tête de pont de la route du Jura méridional vers les pays de Loire. Déjà fort industrieux, et diplomates plus que guerriers, les Eduens ont établi de bonne heure des liens concrets avec la Province romaine de Marseille et avec Rome elle-

même, tout en jouant sur les rivalités de tribus voisines- Séquanes de Franche-Comté, Arvernes d'Auvergne, Bituriges du Berry, Sénons du Sénonais-pour asseoir leur autorité sur des tribus secondaires voisines: Aulerques Branovii du Brionnais, Ségusiaves du Forez, Ambarres du Bugey.

Leurs intrigues, leurs dissentions entre chefs,

l'ambition de l'un d'eux, Dumnorix, qui ouvre le pays à la tribu des Helvètes en migration vers les pays atlantiques, amènent le Sénat de Bibracte, assemblée des chefs de

grandes familles éduennes dont le patron est Divitiac, à solliciter le secours des Romains pour repousser les envahisseurs. C'est alors qu'intervient Jules César qui, parti de Genève, les poursuit, les bat à Montmort au sud de Bibracte, et va s'implanter avec ses légionnaires en Gaule pour en faire la conquête.

Ces vicissitudes s'achèvent sur l'épopée de Vercingétorix, qui, malgré le ralliement des Eduens à la

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cause de l'indépendance gauloise, lors d'une assemblée de tous les chefs gaulois tenue à Bibracte, ne peut vaincre le grand stratège romain. La reddition d'Alésia scelle le destin de la Gaule qui va devenir colonie romaine. (52 avant J.C)

La paix romaine, qui dura trois siècles en Gaule, couvre le pays de grandes routes solides, dont la voie d'Agrippa, partie de Lyon en tronc commun jusqu'à Chalon, éclate en cette ville en trois branches, l'une sur Autun,

Sens, Lutèce, une autre sur Langres, Reims, la Belgique, la troisième sur Besançon, Bâle et les «limes» germaniques.

La campagne se parsème de «villae», certaines luxueuses, au centre d'immenses domaines agricoles.

L'urbanisme romain crée de toutes pièces la ville d'Augustodunum (Autun) pour remplacer la vieille Bibracte. Chalon, Mâcon se développent, s'ornent de monuments publics, aménagent leurs ports. Un préfet de la flotte est installé à Chalon pour diriger les nautes de la Saône.

A la fin du second siècle de notre ère, des

missionnaires, apôtres d'une religion nouvelle, partis de Lyon où leur communauté vient d'être persécutée se mettent à prêcher le christianisme en pays éduen. Arrêtés, condamnés, ils sont mis à mort, Valérien à Tournus, Marcel aux portes de Chalon, et Symphorien, un jeune converti autunois, un peu plus tard sous les murs d'Autun.

Irrésistiblement la religion chrétienne se répand dans les villes malgré la répression. Les campagnes, attachées aux vieilles divinités terriennes, restent beaucoup plus réticentes, et c'est l'oeuvre de saint Martin, vers 375 de les convertir. Il parcourt tout le pays brisant les idoles et fermant les temples : c ' est qu ' après 3 1 3 , l'Edit de Constantin,- empereur qui est passé par Autun en 311-a rendu le christianisme licite, et en 368 sous Valentinien, il devient

religion reconnue et favorisée par le pouvoir. Le premier évêque d'Autun, l'un des tout premiers de la Gaule, apparaît vers 330: il se nomme Rhétice. Au début du VIe siècle, Chalon, puis Mâcon, deviennent tous deux sièges d'un évêché.

A partir de la fin du IIIe siècle, la «paix romaine» si propice à la prospérité du pays, s'abîme dans les invasions germaniques. D'abord temporaires et ponctuelles (les Barbares ne font que des raids sanglants et dévastateurs, mais limités, comme celui de 276), elles deviennent une marée déferlante au début du Ve siècle et les envahisseurs

se fixent, exigent un partage des terres, font souche, et peu à peu s'amalgament avec la population. Sur nos terroirs, ce sont les Burgondes, relativement modérés dans leur comportement grâce à la sagesse de leur roi, Gondebaud. Mais dès 570, le royaume burgonde succombe sous les coups des Francs, lesquels deviennent maîtres du pays après que les fils de Clovis, Childebert et Clotaire, aient pris Autun.

Suit une période de grands désordres, où le monde gallo-romain change peu à peu pour s'acheminer vers ce que nous appelons le moyen-âge.

Quelques jalons suffisent pour en montrer la complexité et la brutalité.

A la fin du Vie siècle, un royaume de Bourgogne est reconstitué par le roi franc Gontran, qui fixe à Chalon sa capitale. Après lui, le pouvoir effectif est confisqué par l'énergique reine Brunehaut (534-613) qui s'installe à Autun, mais qui, haïe par la noblesse qu'elle a réduite à l'obéissance, est abandonnée à la fureur de son compétiteur Clotaire II, lequel, l'ayant capturée, la fait mourir en l'attachant à la queue d'un cheval sauvage. En 676, Autun est le théâtre de la lutte violente entre un maire du palais, l'autoritaire Ebroïn, et l'évêque de la ville, Léger, champion d'une aristocratie locale que brime Ebroïn. Celui-ci fait crever les yeux à Léger quand il lui a repris la ville, et le fait finalement assassiner en 678.

A ces exactions «indigènes», s'ajoutent au Ville siècle celles des Sarrasins venus des côtes de Provence pour piller Autun, les villes de la Saône et de nombreux monastères (731).

Le règne de Charlemagne calme momentanément ces jeux tragiques de l'histoire. Autun, Chalon, Mâcon, deviennent le lieu de résidence d'un représentant de l'empereur, le comte. Les comtes, d'abord fonctionnaires amovibles et surveillés eux-mêmes par les «missi dominici» de l'empereur, vont devenir les maîtres de leurs comtés quand l'autorité royale aura disparu dans l'effacement des derniers carolingiens.

L E MOYEN-ÂGE COMMENCE.

Au traité de Verdun, signé en 843 par les petits- fils de Charlemagne pour essayer de mettre fin à leur rivalité, l'empire carolingien est partagé en trois, et la Saône devient une frontière, du confluent de la Seille à

Lyon, entre le royaume de Charles-le-Chauve à l'ouest, et ce qui deviendra plus tard, après l'effacement de la partie centrale (la Lotharingie) un Empire gennanique antagoniste du royaume de France. Un saillant vers le Jura, (Bresse chalonnaise et Louhannaise) est laissé au royaume.

Autun reste jusqu'au début du Xle siècle, la capitale d'un duché de Bourgogne distinct d'un comté de Chalon qui, lui, englobe le Charolais à l'origine. Vers 1050 le duc Robert transporte sa capitale à Dijon. Mâcon va suivre un destin à peu près autonome par rapport à ses voisins, amorçant une histoire presque indépendante de celle de la Bourgogne jusqu'à 1435.

Les raids des Normands, au IXe siècle, ne

dépassèrent pas une ligne Autun-Chalon; Autun fut pillée en 852 et Chalon vers 880. Un duc énergique, Richard, dit «le Justicier», les rejeta ensuite loin vers l'ouest donnant à ses terres un renom de sécurité qui provoqua l'afflux de religieux terrorisés par ces Wikings dévastateurs: c'est ainsi que les moines de Noirmoutier vinrent chercher refuge à Tournus où ils s'installèrent en 875 avec les reliques de leur patron, saint Philibert.

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Le château de Berzé-le-Châ- qui surveilla pendant tout le tel: cette vue aérienne restitue moyen-âge le passage des cols toute l'ampleur de la forteresse entre Mâcon et Cluny.

En 910, le duc d'Aquitaine Guillaume-le-Pieux fondait avec son ami Bernon, abbé de Baume-en-Jura

l'abbaye de Cluny.

En 937, les Hongrois firent de grands ravages en Charolais et dans le Val de Saône.

Peu après l'an mille une terrible famine décima la population de la région. On alla jusqu'à vendre de la chair humaine sur le marché de Tournus.

En 1016, le roi Robert-le-Pieux, fils de Hugues Capet, se rendit maître du duché de Bourgogne qu'il donna en apanage à son fils, un autre Robert. Chalonnais-Charolais et Mâconnais restaient cependant entre les mains de comtes particuliers très peu assujettis à cette première lignée de ducs de Bourgogne d'origine royale.

Au douzième siècle, les barons féodaux du sud, Mâconnais et Charolais, devenus quasiment leurs maîtres, se livraient à des guerres privées désastreuses pour le pays et pour l'abbaye de Cluny. A la demande de cette dernière, le roi Louis VII intervint et en 1166 il soumit les trublions

à son autorité. Les moines de Cluny, reconnaissants et désireux de garder un protecteur efficace, lui offrirent la copropriété de leur possession de Saint-Gengoux, entre

Mâconnais et Chalonnais. Louis VII y installa une petite garnison d'hommes d'armes, et en 1180 Philippe-Auguste faisait de Saint Gengoux le siège d'un bailliage royal pour bien asseoir son pouvoir dans la région et surveiller les actes des féodaux entre Dijon et Lyon. Le bailli était à la fois administrateur et chef de la justice royale.

En 1237, le duc Hugues IV de Bourgogne acquérait, par échange avec le comte de Chalon, le comté de Chalonnais- Charolais, et l'année d'après le roi Louis IX, Saint Louis, achetait à son dernier comte Jean de Braine, Mâcon et son

comté. Dès lors le bailli royal quittait Saint Gengoux et se fixait à Mâcon.

Peu après, le Charolais, érigé en comté autonome, était séparé du comté de Chalon et offert en dot par le duc Hugues IV à sa petite-fille Béatrice, épouse de Robert de France, sixième fils de saint Louis. Une histoire originale

propre à ce comté et marquée par de multiples vicissitudes allait découler de ce régime féodal autonome.

Pendant la Guerre de Cent Ans, Armagnacs contre Bourguignons et Grandes Compagnies de mercenaires mettent le pays à feu et à sang.

C'est en janvier 1477 qu'est tué devant Nancy

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Charles-le-Téméraire. Aussitôt Louis XI confisque le duché et installe une administration française dans toutes ses villes. Au traité de Senlis en 1493 Charles VIII restitue le

Charolais comme bien patrimonial à Maximilien d'Autriche, veuf de Marie de Bourgogne.

A partir du XVIe siècle, l'histoire de ce qui deviendra la Saône-et-Loire se fond de plus en plus dans l'histoire générale, à mesure que s'accentue le centralisme administratif imposé par les rois de France.

Contentons-nous ici de signaler quelques étapes de cette histoire sous forme d'éphémérides sommaires.

Dans la deuxième moitié du XVIe siècle, les

guerres de religion désolent le pays: les villes sont rançonnées, les campagnes ravagées; l'abbaye de Cluny est cruellement pillée à plusieurs reprises. Un peu de lumière pourtant dans ce drame: de 1578 à 1589, Pontus de Tyard, savant et poète, ami de Ronsard, est l'évêque sage et modéré de Chalon; et à Mâcon, le gouverneur, Philibert de Laguiche refuse de faire exécuter le massacre de la saint Barthélemy.

En 1601, le traité de Lyon attribue à la France la Bresse Savoyarde, conquise par Biron pour le compte d'Henri IV: la Saône n'est plus la frontière du royaume entre la Seille et le sud de Mâcon.

La Guerre de Trente Ans qui, entre 1636 et 1648 ravage le Val de Saône au nord du Doubs et affecte la région de Louhans, provoque la dévastation des paroisses limitrophes. Le reste du pays ne subit pas les exactions des gens de guerre, mais la peste sévit terriblement partout en 1629-1630.

En 1542 avaient été créées les «généralités», circonscriptions administratives mises en place par le pouvoir royal. En 1670 elles sont placées sous l'autorité d'un Intendant, aidé plus tard par des subdélégués dans les bailliages. La future Saône-et-Loire dépend de la généralité de Bourgogne, en même temps que les pays de l'Ain.

Au XVIIIe siècle, l'industrie naît dans la région du Creusot à la suite de la mise en exploitation de la houille et du fer des gisements locaux; elle essaime dans plusieurs petits centres du Charolais et de l'Autunois. C'est l'amorce de la structure industrielle actuelle. L'ouverture du Canal

du Centre en 1793 favorise grandement le développement de ces activités.

En 1779 arrivent au collège d'Autun les deux frères Bonaparte, Joseph et Napoléon. Celui-ci a neuf ans. Il ne restera que quelques semaines à Autun qu'il quittera le 21 avril pour l'école militaire de Brienne.

La Révolution s 'annonce déjà quand, le 2 novembre 1788, Talleyrand, cadet de famille, est nommé évêque d'Autun. Il ne gardera l'épiscopat que jusqu'en avril 1789, mais cela suffit pour le faire élire aux Etats Généraux, et

amorcer ainsi son extraordinaire carrière politique et diplomatique.

En 1790, la Constituante crée le département. Quelques mois avant, en juillet 1789, le Mâconnais est

secoué par une violente révolte paysanne réprimée durement par les milices bourgeoises des trois villes, Mâcon, Tournus et Cluny.

Le 21 octobre 1790 naît à Mâcon Alphonse de Lamartine.

En 1793-94 la Terreur fait en Saône-et-Loire

quatre-vingt huit victimes.

En 1805, Napoléon allant en Italie passe dans le département et s'arrête à Chalon où on l'acclame, et à Mâcon, où l'accueil est bien plus froid. Il repassera à Mâcon et y couchera dans la nuit du 13 au 14 mars 1814, au retour de l'île d'Elbe, pour gagner Paris par Autun où il couchera le lendemain.

En 1814 et en 1815 des combats ont lieu autour de

Mâcon entre Français et Autrichiens. Tournus et Chalon y gagnent la Légion d'Honneur décernée par Napoléon à ces deux villes pendant les Cent Jours, afin de les récompenser de leur loyalisme envers sa personne.

En 1822, à Saint-Loup-de-Varennes, Niépce réalise le premier cliché photographique.

En 1833, Jules Chagot fonde la Société des Mines de Blanzy, qui assurera l'essor du bassin houiller de Saône- et-Loire, et en 1836, les frères Schneider, achètent les installations du Creusot, en pleine décadence. Ils redresseront très vite la situation.

En 1849 le chemin de fer joint Dijon à Chalon.

En 1854, il dessert Mâcon et Lyon-Vaise.

De novembre 1870 à début janvier 1871, Garibaldi établit son quartier général à Autun.

En décembre 1870, Chalon est sauvé de l'occupation prussienne par l'action du général Cremer au sud de Dijon (bataille de Nuits-Saint-Georges).

En 1940, la ligne de démarcation entre France occupée par les Allemands et France dite libre, coupe en diagonale le département de Chalon à Digoin. Le 11 novembre 1942 l'ensemble du département est occupé.

De 1942 à 1944, la Résistance et ses maquis cantonnés dans les zones boisées, harcèlent les forces

ennemies et désorganisent les communications allemandes dans le Val de Saône. Mais par deux fois le Creusot est bombardé par des avions alliés, le 17 octobre 1942 et le 20 juin 1943. Ce second bombardement fait près de six cent victimes.

En 1972 s'ouvre la section Pouilly-Lyon de l'autoroute A6. Achevé en 1981, le T.G.V. Paris-Sud-Est met Saône-et-Loire, avec ses deux gares, Montchanin-le Creusot et Mâcon-Loché à une heure trente de Paris.

On ne saurait passer sous silence, après ce rapide survol d'une histoire qui se poursuit et nous achemine vers le 3e millénaire, l'extraordinaire résurgence en Saône-et- Loire, au cours des dernières décennies, d'un climat de

spiritualité qui s'exprime dans le nom de deux lieux, certes bien différents par les institutions qu'ils ont accueillies, mais qu'on ne peut qu'associer en raison des hautes valeurs

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Château de Sercy: demeuré 7 siècles dans la même famille féo- dale ce château-forteresse est l'un

des plus originaux avec sa tour d'angle couronnée de hourds et sa haute tour-porche centrale.

spirituelles qui s'attachent à chacun d'eux: Taizé pour le christianisme, et Plaige pour le bouddhisme.

PATRIMOINE

La Bourgogne est l'une des provinces françaises qui, de son passé garde le plus prestigieux patrimoine; et dans la province même, Saône-et-Loire se présente comme le plus riche, sans doute, des quatre départements qui forment aujourd'hui la région. Richesse largement répartie, aussi bien dans le temps que dans l'étendue géographique, et qui se complète par l'abondance et la qualité des sites naturels dans lesquels s'inscrit ce patrimoine.

LE PATRIMOINE HISTORIQUE ET MONUMENTAL PREMIERS JALONS

C'est l'histoire de l'humanité depuis ses temps les plus reculés, et quasiment sans hiatus, que nous permettent d'évoquer de nombreux sites du département, et de multiples monuments.

La préhistoire à Solutré, la protohistoire à Chassey et au Mont Beuvray, ont ici de véritables «capitales», foyers où la recherche actuelle des origines de notre histoire trouve de riches terrains d'investigation.

Rome a imprimé de façon indélébile le sceau de sa grandeur à Autun, où subsistent d'imposants monuments du premier siècle de notre ère et des témoins plus modestes, mais émouvants, de l'implantation du Christianisme en Eduie à la fin du second et au cours du troisième siècles.

EGLISES

Le Moyen-Age naissant vit s'affirmer le rôle prépondérant de l'église, avec la mise en chantier avant l'an mille de basiliques citadines qui n'ont pas résisté aux destructions dûes aux troubles qui marquent les VIIIe et IXe siècles, mais dès les alentours de l'an mille, sous l'impulsion des moines, le pays se couvrit rapidement de «la blanche robe d'églises» dont parle le chroniqueur clunisien Raoul Glaber. Dès la fin du Xe siècle, les parties les plus anciennes de l'église abbatiale Saint Philibert de Tournus sont réalisées. L'art roman triomphe ensuite,

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puissamment initié et développé par les moines de Cluny; non seulement à Cluny-même, mais à Paray-le-Monial, à Autun, à Saint Vincent de Mâcon et de Chalon-sur-Saône, dans les reconstructions de Tournus et dans les petites églises de dizaines et de dizaines de villages ou de prieurés qui, aujourd'hui encore font de Saône-et-Loire, surtout dans sa partie sud, Mâconnais et Brionnais, un véritable «jardin roman» où ces sanctuaires, toujours parfaits de proportions, parfois imposants par leur masse bien articulée autour de leur élégant clocher, séduisent les visiteurs épris d'harmonieuse simplicité: Chapaize (de peu après l'an mille), Anzy-le Duc (du XIe siècle) Perrecy-les-Forges, Mont-Saint-Vincent, Gourdon, Semur-en-Brionnais,

Iguerande...et bien d'autres, rendent passionnant un voyage à travers l'art roman en Saône-et-Loire.

L'époque gothique n'a eu que peu d'occasions de réaliser de grands édifices: 1 ' art roman régnait déjà solidement un peu partout. Pourtant des restaurations ou des adjonctions aux cathédrales et aux grandes églises comme à Autun ou à Chalon, quelques églises dans leur ensemble, comme Notre-Dame de Cluny, Touches en Chalonnais, et un certain nombre d'élégants édifices ruraux comme la chapelle du prieuré du Val-Saint-Benoît près d'Epinac, comme la belle église de Saint Gervais-sur-Couches, apportent au département un ensemble non négligeable de témoins de l'époque gothique.

Les siècles suivants ont laïcisé de plus en plus l'architecture. L'Eglise construit surtout des couvents, bâtiments sobres et fonctionnels, et surtout dans les villes.

Cependant quelques chapelles hospitalières (Tournus, XVIIe S.-Mâcon, XVIIIe S.) sont dignes d'intérêt, et surtout l'église de Givry, réalisée à la fin de l'ancien régime par l'architecte Emiland Gauthey sur un plan centré tout à fait remarquable.

Le XIXe siècle ne se signale guère à l'attention que par des pastiches plus ou moins heureux de l'architecture médiévale: citons la sèche façade de Saint Vincent de Chalon (premier empire), l'imposant néo-roman de Saint Pierre de Mâcon; et pour 1 ' époque contemporaine résolument moderniste, les églises des communautés de Taizé et des carmélites de Mazille adoptent la technique du béton et des formes géométriques qu'elle impose avec un heureux sens de l'espace et de la lumière.

CHÂTEAUX

Construits d'abord en bois, sur des éminences faciles à défendre ou sur des «mottes» artificielles, il ne

reste rien des châteaux du haut moyen-âge. Le massif ensemble de Semur-en Brionnais est sans doute le plus ancien château-fort de Saône-et-Loire. Mais du XIIIe au

XVe siècles, tout le territoire s'est hérissé de forteresses, témoins d'une féodalité émiettée, turbulente et avide.

Beaucoup de ces forteresses règnent toujours de toute la puissance de leur masse flanquée de tours sur des paysages

agrestes auxquels ils sont aujourd'hui pacifiquement accordés: Berzé-le-Chatel, Brandon, Couches, Brancion, Sercy, Pierreclos, Montcony, sont les plus connus mais bien d'autres, partout, se profilent au détour des routes, animant de leurs pittoresques silhouettes coteaux et vallons.

La transformation introduite par la Renaissance dans l'art de vivre éclate en somptueuse fanfare au château de Cormatin, merveilleuse demeure construite au début du

XVIIe siècle par Antoine du Bled d'Huxelles. Dès lors le classicisme s'impose, et Saône-et-Loire nous en offre de très remarquables réalisations aux châteaux de Sully, de Drée à Curbigny, de Digoine à Palinges, de Montjeu à Broye, de la Verrerie au Creusot, de Saint Aubin-sur- Loire, du Terreau à Vérosvres, de Pierre-de-Bresse, de Terrans, aux écuries de Chaumont à Saint Bonnet-de-

Joux, et en bien d'autres manoirs plus sobres, mais d'une conception rigoureuse que ne rompra qu'au XIXe siècle le goût du pastiche gothique et du style «troubadour», comme au Plessis près de Montceau-les-Mines, à Bresse-sur- Grosne, à la Clayette...

LE CANAL DU CENTRE

Intégralement en Saône-et-Loire, le canal du Centre, s'appela d'abord canal du Charolais. Il est dû à l'initiative des Etats de Bourgogne qui, vers 1780 chargèrent l'ingénieur Emiland Gauthey d'en dresser les plans. Depuis longtemps l'idée était dans l'air de joindre la Saône à la Loire par le seuil de Montchanin; la découverte et l'exploitation du charbon au Creusot et à Blanzy mirent à l'ordre du jour sa réalisation.

Commencé en 1784 avec le concours de l'armée

pour les terrassements, il fut mis en eau en 1793. Inclus dans le plan Freyssinet de modernisation des voies d'eau en 1878, il fut l'objet d'importants travaux entre 1879 et 1905: approfondissement, réfection des écluses pour recevoir les péniches de 300 tonnes dans des sas de 18,50 m sur 5,20 m, amélioration de l'alimentation en eau dans la zone de

partage.

Le canal se développe sur 114 km, 46 sur le versant Saône et 64 sur le versant Loire, le bief de partage ayant 4 km. Il présente au total 68 écluses et il se raccorde au canal latéral à la Loire et au canal de Roanne par le beau pont-acqueduc de Digoin construit de 1834 à 1838 et qui franchit la Loire par une succession de onze arches. Après avoir été un élément essentiel dans la prospérité de la zone industrielle du Creusot et de Montceau, région où il assurait une forte proportion du trafic des matériaux lourds, charbon, minerai, argile, sable, ferraille, matériaux de construction, il a subi une très forte chute de trafic au cours des dernières

décennies avec la réduction de la production houillère et la disparition de la métallurgie lourde au Creusot (qui avait son port particulier sur le canal).

Il est de plus en plus fréquenté par la navigation de plaisance. Il se développe agréablement dans des paysages

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calmes et verdoyants, mais il a un concurrent sérieux dans son frère jumeau, le canal de Bourgogne, certes plus long, plus accidenté, mais plus varié et plus pittoresque dans sa traversée de l'Auxois et le long de la vallée de l'Ouche.

VILLES ET VILLAGES

Hors du Bassin Industriel de Montceau-le Creusot,

la presque totalité de nos villes et de nos villages sont de création très ancienne, parfois dès l'âge protohistorique, comme Chalon (Cabillonum) ou Mâcon (Matisco).

Beaucoup de bourgs ruraux perpétuent des établissements de l'époque gallo-romaine et Autun est une création urbaine des Romains, dès le règne d'Auguste.

Le partage des terres lors de la grande invasion b u r g o n d e a m è n e à l a f i n d u V e s i è c l e e t d u r a n t t o u t l e V I e

la création de nouvelles exploitations au côté de ces villages gallo-romains.

Les villes de la Saône, Chalon et Mâcon, devenues

chefs-lieux de Comtés au IXe siècle après avoir été dotées d'un évêché au VIle, resteront des centres urbains importants durant tout l'ancien régime, ports et ponts sur la rivière, sièges de foires actives (surtout Chalon) et chefs-lieu de bailliages. Leur véritable essor démographique, lié au développement industriel, ne démarrera pourtant que plus tard: à la fin du XIXe siècle pour Chalon, et seulement après 1945 pour Mâcon.

Quant à Autun, la vieille capitale, elle pâtira de son éloignement des grandes voies modernes de communication.

Le Creusot et Montceau, et les localités satellites sont des créations liées à la houille et à l'industrialisation,

la première timidement à la fin du XVIIIe siècle, puis à une allure accélérée après 1840; la seconde créée de toutes pièces en 1856 par des emprunts aux vieilles paroisses étendues au pied occidental du Mont-Saint-Vincent, après l'extension rapide des forages houillers depuis 1840.

Les autres villes, de 2.000 à 10.000 habitants aujourd'hui, sont nombreuses et remarquablement réparties sur tout le territoire du département. Elles lui donnent son équilibre économique et démographique. C'est une des caractéristiques heureuses de Saône-et-Loire que cette urbanisation à la fois modérée et équilibrée. Qu'elles soient d'origine ecclésiastique, comme Cluny, Paray-le- Monial et partiellement Tournus et Marcigny, d'origine féodale, comme Bourbon-Lancy, la Clayette, Charolles, ou, dans leur substance vive actuelle, d'origine artisanale et commerçante comme Digoin, Louhans, Chagny, Gueugnon, Epinac, les villes se sont adaptées à l'évolution économique et ont en général maintenu ou augmenté le chiffre de leur population depuis un demi-siècle.

Le travail de la vigne avant le «débourrage du printemps» près du château de Monceau-Prissé, dans l'ancien vignoble de Lamar- tine,

SITES NATURELS-ENVIRONNEMENT

Beaucoup de communes de Saône-et-Loire gardent les souvenirs de leur passé dans un cadre naturel des plus séduisants. Il faut souligner combien ce patrimoine s'intègre avec bonheur dans des sites tout d'harmonie et de mesure.

Ce pays humanisé depuis la nuit des temps, encore tout imprégné de la présence pacifiante des moines du moyen-âge, intimement accordé à ce qu'y apportèrent par leur travail ininterrompu tant de générations solidaires, garde encore un bel équilibre entre la tradition et la modernité: on a créé un Parc Naturel du Morvan qui englobe quelques communes à l'ouest d'Autun et qui y assure la protection de la nature, mais presque toute la Saône-et-Loire est comme un grand parc naturel qui, à de rares exceptions près, maintient jusqu'ici sans altération grave l'authenticité d'un milieu naturel privilégié.

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Impression: INTERGRAPHIE, St Etienne Photogravure: PROSCANN MEDITERRANEE, Peymeinade

Saisie: Editions de la Taillanderie

Mise en page électronique: Editions de la Taillanderie Transcodage: S.P.I. Chambery

Reliure: S.I.R.C. Marigny-le-Châtel

Achevé d'imprimer le 5 décembre 1989 Dépot légal décembre 1989

I M P R I M E E N F R A N C E

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Couverture: La beauté tranquille du Canal du Centre, trait-d'union entre forces et majesté, entre Saône et... Loire. Des traits bien bourguignons.