Chandrakirti Entre Au Milieu

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Chandrakirti Entre Au Milieu

Citation preview

. ******************************************************* TO READ THIS FILE SAVE IT TO DISK FIRST; AND READ IT USING NOTEPAD OR ANY OTHER TEXT EDITOR. ******************************************************* . L'entre au Milieu de Chandrakirti . d'aprs la version tibtaine de Patsab Nyima Dragpa et Tilakakalasha, l'Auto-comment aire de Chandrakirti et l'exgse de Tsongkhapa intitule l'Illumination de la Pense traduction franaise tablie sous la direction de Yonten Gyatso par Georges Driessen s assist de Michel Zaregradsky pour la version dfinitive . Sub-section titles are in the form: L#: [ ]. These can be used to regenerate the structure using a Word Processor. . Paragraph starting with '(i.e. ...' are usually added comments by me. . ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* . L1: [CONTENTS] :L1 . L1: [CONTENTS] :L1 L1: [Table des matires] :L1 L1: [Prliminaires] :L1 L2: [Preface du Traducteur] :L2 L2: [Remerciements] :L2 L2: [Note technique] :L2 L2: [L'auteur] :L2 L3: [Oeuvres principales (de Chandrakirti)] :L3 L2: [Le traducteur tibtain et ses collaborateurs] :L2 L2: [La ligne de transmission de l'entre au milieu] :L2 L2: [Les auteurs de la traduction franaise] :L2 L2: [L'entre au milieu dans les langues occidentales] :L2 L2: [Les quatre systmes philosophiques] :L2 L3: [Les particularistes] :L3 L3: [Les tenants des discours] :L3 L3: [Les idalistes] :L3 L3: [Les tenants du milieu (Nagarjuna, Aryadeva, Chandrakirti, Shantideva, )] :L3 L3: [Les autonomes (Bhavaviveka, Jnanagarbha ; Shantaraksita, Kamalashila, Vimuk tisena, Haribhadra)] :L3 L3: [Les consquentialistes (Buddhapalita, Chandrakirti, Shantideva)] :L3 L3: [Modes d'assertions de la personne et du non-soi selon les quatre coles philo sophiques] :L3 L3: [Mode d'abandon des extrmes] :L3 L2: [Notes aux prliminaires] :L2 L2: [Abrviations] :L2 L1: [L'entre au milieu] :L1 L3: [Hommage prliminaire de Tsongkhapa] :L3 L2: [1. Le sens du titre] :L2 L2: [2. Hommage des traducteurs] :L2 L1: [La Grande Compassion] :L1 L2: [3. Le sens du texte] :L2

L3: [31. Expression d'adoration, mthode d'introduction a la composition du trait] :L3 L4: [311. Louange a la grande compassion indiffrencie] :L4 L4: [312. Louange a la grande compassion en distinguant ses aspects] :L4 L5: [312.1. La grande compassion dirige vers les tres] :L5 L5: [312.2. La grande compassion dirige vers les phnomnes et le non-apprhensible] :L 5 L3: [32. Le corps du trait proprement dit] :L3 L4: [321. Niveau causal] :L4 L5: [321.1. Prsentation de chacune des dix terres] :L5 L1: [Les cinq premires perfections] :L1 L3: [321.11. Explication de la premire terre: trs joyeuse] :L3 L4: [321.111. Bref enseignement sur sa nature] :L4 L4: [321.112. Explication dtaille de ses qualits] :L4 L5: [321.112.1. Qualits embellissant notre propre continuum] :L5 L5: [321.112.2. Qualits surpassant en splendeur le continuum d'autrui] :L5 L5: [321.112.3. Qualits de gnrosit suprieure de la premire terre] :L5 L6: [321.112.31. Gnrosit des rsidents en la premire terre] :L6 L6: [321.112.32. Gnrosit des rceptacles infrieurs] :L6 L6: [321.112.33. Gnrosit des Hros pour l'veil] :L6 L6: [321.112.34. Divisions de la perfection de gnrosit] :L6 L4: [321.113. Rsum et conclusion] :L4 L3: [321.12. Explication de la deuxime terre: immacule] :L3 L4: [321.121. Puret complte de l'thique a ce niveau] :L4 L4: [321.122. Louange de l'thique] :L4 L4: [321.123. Exemple de rejet des conditions contraires a l'thique] :L4 L4: [321.124. Divisions de la perfection d'thique] :L4 L4: [321.125. Rsum et conclusion] :L4 L3: [321.13. Explication de la troisime terre: illuminatrice] :L3 L4: [321.131. Description] :L4 L4: [321.132. Qualits de cette terre] :L4 L5: [321.132.1. Patience suprieure] :L5 L5: [321.132.2. Mode d'application d'autres patiences] :L5 L5: [321.132.3. Divisions de la perfection de patience] :L5 L5: [4. Autres pures vertus de cette terre] :L5 L4: [321.133. Caractristiques des trois premires perfections] :L4 L4: [321.134. Rsum et conclusion] :L4 L3: [321.14 Explication de la quatrime terre: radiance] :L3 L4: [321.141. Persvrance suprieure propre a cette terre] :L4 L4: [321.142. Description] :L4 L4: [321.143. Particularit d'abandon] :L4 L3: [321.15. Explication de la cinquime terre: difficile a vaincre] :L3 L4: [321.151. Description] :L4 L4: [321.152. Mditation suprieure et habilet dans les vrits] :L4 L3: [Notes] :L3 L1: [La perfection de sagesse] :L1 L3: [321.16. Explication de la sixime terre] :L3 L4: [321.161. Description et enseignement sur la perfection de sagesse suprieure] :L4 L4: [321.162. Louange de la perfection de sagesse] :L4 L4: [321.163. Enseignement sur l'asit par laquelle est perue la profonde production en dpendance] :L4 L5: [321.163.1. Promesse d'exposer le sens profond] :L5 L5: [321.163.2. Reconnaissance des supports pour l'enseignement du sens profond] :L5 L5: [321.163.3. Mode d'apparition en eux des qualits issues de cette exposition] :L5 L5: [321.163.4. Exhorter l'coute les rcepteurs adquats] :L5 L5: [321.163.5. Mode d'exposition de l'asit de la production en dpendance] :L5 L6: [Position des autonomes] :L6

L6: [Positions des consquentialistes] :L6 L6: [321.163.51. tablir la vacuit par le raisonnement] :L6 L7: [321.163.511. tablir par le raisonnement LE NON-SOI DES PHNOMNES] :L7 L8: [321.163.511.I. Rfutation d'une production au moyen des quatre extrmes] :L8 L8: [321.163.511.2. Abandonner les objections] :L8 L8: [321.163.3. Manire de rfuter les conceptions errones de saisie d'un extrme au mo yen de la naissance par la production en dpendance] :L8 L8: [321.163.4. Reconnatre le fruit de l'analyse logique] :L8 L7: [321.163.512. tablir par le raisonnement le non-soi des personnes] :L7 L8: [321.163.512.1. Montrer que les aspirants la libration doivent commencer par rfuter l'existence inhrente du je] :L8 L8: [321.163.512.2. Mode de rfutation de l'existence inhrente du je et mien] :L8 L6: [321.163.52. Explication des DIVISIONS DE LA VACUIT (13)] :L6 L7: [321.163.521. Enseignement rsum] :L7 L7: [321.163.522. Exposition dtaille de la division en SEIZE VACUITS] :L7 L8: [321.163.522.1. Les quatre vacuits: de l'intrieur, de l'extrieur, de l'intrieur et de l'extrieur et vacuit de la vacuit.] :L8 L8: [321.163.522.2. Les quatre vacuits: du grand, de l'ultime, du compos et de l'i ncompos] :L8 L8: [321.163.522.3. Les quatre vacuits: de ce qui est au-del des extrmes, de ce qui est sans commencement ni fin, de ce quoi il ne faut pas renoncer et de nature] :L8 L8: [321.163.522.4 Les quatre vacuits: de tous les phnomnes, des caractres spcifiques , du non-apprhensible et des non-choses] :L8 L7: [321.163.523. Exposition dtaille de la division en QUATRE VACUITS] :L7 L4: [321.164. Rsum et conclusion sous l'angle de l'expression des qualits de cette terre] :L4 L4: [NOTES] :L4 L1: [Les quatre dernires perfections] :L1 L3: [321.17 Explication de la septime terre: qui-va-loin] :L3 L3: [321.18. Explication de la huitime terre: immuable] :L3 L4: [321.181. Aspiration excellente et mode de sortie de la cessation] :L4 L4: [321.182. limination de toutes les perturbations] :L4 L4: [321.183. Obtention des dix pouvoirs] :L4 L3: [321.19. Explication de la neuvime terre: excellente intelligence] :L3 L3: [321.20. Explication de la dixime terre: nuage de la doctrine] :L3 L3: [321.2 Enseignement sur les qualits des dix terres] :L3 L4: [321.21. Qualits de la premire terre] :L4 L4: [321.22. Qualits des six terres suivantes, de la deuxime la septime] :L4 L4: [321.23. Qualits des trois terres pures] :L4 L1: [Le plein panouissement] :L1 L3: [322. Niveau rsultant] :L3 L4: [322.I. Mode d'acquisition du plein panouissement] :L4 L5: [11. Sens proprement dit (2)] :L5 L5: [12. Abandon des objections] :L5 L6: [121. Assertion des opposants] :L6 L6: [122. Rfutation] :L6 L7: [1. Abandon de l'argument selon lequel il serait incorrect que l'asit soit con nue] :L7 L7: [2. Abandon de l argument selon lequel il n'y aurait pas de connaissant] :L7 L4: [322.2. Prsentation des Corps et des qualits] :L4 L5: [21. Prsentation des Corps] :L5 L6: [211. Le corps de la loi] :L6 L6: [212. Le corps de complte jouissance] :L6 L6: [213. Le corps d'manation] :L6 L5: [22. Prsentation des qualits] :L5 L6: [221. Enseignement rsum des dix forces] :L6 L6: [222. Enseignement dvelopp] :L6 L7: [1. La connaissance du possible et de l'impossible] :L7 L7: [2. La connaissance de la maturation des actions] :L7

L7: [3. La connaissance des diverses aspirations] :L7 L7: [4. La connaissance des diverses dispositions] :L7 L7: [5. La connaissance du degr des facults] :L7 L7: [6. La connaissance des voies menant aux diverses destines] :L7 L7: [7. La connaissance des perturbations et de la purification] :L7 L7: [8. La connaissance des anciennes rsidences] :L7 L7: [9. La connaissance de la mort, du passage et de la renaissance] :L7 L7: [10. La connaissance de l'extinction des impurets] :L7 L6: [223. Caractre ineffable des qualits] :L6 L6: [224. Bienfaits de connatre les deux qualits] :L6 L4: [322.3. Enseignement sur le Corps d'manation] :L4 L4: [322.4. tablissement d'un vhicule unique] :L4 L4: [322.5 Explication des moments de l'veil manifeste et du sjour] :L4 L1: [Mode de composition du trait] :L1 L3: [33. Mode de composition du trait] :L3 L1: [Ddicace, Conclusion, Remarques Finales] :L1 L3: [34. Ddicace des vertus de la composition] :L3 L2: [4. Conclusion] :L2 L4: [41. propos de l'auteur] :L4 L4: [42. propos des traducteurs] :L4 L2: [Remarques finales] :L2 L2: [Notes] :L2 L1: [Hymne a la production dpendante] :L1 L2: [Avant-propos] :L2 L2: [Le c ur de l'loquence: Hymne au seigneur silencieux ou Hymne la production dpen dante] :L2 L2: [Notes] :L2 L1: [ECONOMIE DU TEXTE] :L1 . . ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* . L1: [Table des matires] :L1 . TABLE DES MATIRES DU LIVRE -- PRLIMINAIRES 13 -- Prface du traducteur 15 -- Remerciements 20 -- Note technique 21 -- L'auteur 22 -- Le traducteur tibtain et ses collaborateurs 27 -- La ligne de transmission de l'Entre au Milieu 29 -- Les auteurs de la traduction franaise 30 -- L'Entre au Milieu dans les langues occidentales 31 -- Les quatre systmes philosophiques 33 -- Notes 56 -- Abrviations 60 . -- L'ENTRE AU MILIEU -- Hommage prliminaire de Tsongkhapa 63 -- Le sens du titre 65 -- Hommage des traducteurs 67 -- Le sens du texte 71 .

------. -------. --------------------. --------. ------. -----. ---

LA GRANDE COMPASSION Expression d'adoration, mthode d'introduction la composition du trait 71 Le corps du trait proprement dit 80 Niveau causal 80 Prsentation de chacune des dix terres 80 LES CINQ PREMIRES PERFECTIONS Explication de la premire terre: Trs joyeuse 85 Explication de la deuxime terre: Immacule 106 Explication de la troisime terre: Illuminatrice 112 Explication de la quatrime terre: Radiance 122 Explication de la cinquime terre: Difficile vaincre 124 Notes 126 LA PERFECTION DE SAGESSE Explication de la sixime terre: Orientation 131 Description et enseignement sur la perfection de sagesse suprieure 131 Louange de la perfection de sagesse 132 Enseignement sur l'asit par laquelle est perue la profonde production en dpendance 133 tablir la vacuit par le raisonnement 144 Le non-soi des phnomnes 144 Rfutation d'une production au moyen des quatre extrmes 144 Rfutation d'une production partir de soi-mme 145 Rfutation d'une production partir d'autre chose 151 Rfutation d'une production partir de soi-mme et d'autres 246 Rfutation d'une production sans cause 247 Le non-soi des personnes 263 Explication des divisions de la vacuit 316 Rsum et conclusion 336 Notes 339 LES QUATRE DERNIRES PERFECTIONS Explication de la septime terre: Qui va loin 343 Explication de la huitime terre: Immuable 345 Explication de la neuvime terre: Excellente intelligence 350 Explication de la dixime terre: Nuage de la Doctrine 352 Enseignement sur les qualits des dix terres 353 Niveau rsultant 359 LE PLEIN EPANOUISSEMENT Mode d'acquisition du plein panouissement 359 Prsentation des corps et des qualits 365 tablissement d'un vhicule unique 378 Explication des moments de l'veil manifeste et du sjour 380 MODE DE COMPOSITION DU TRAIT 385 DDICACE 391 CONCLUSION 393 REMARQUES FINALES 397 NOTES 398 L'HYMNE A LA PRODUCTION DPENDANTE Avant-propos 401

-- Texte 402 -- Notes 411 -- conomie du texte 412 -- Glossaire franais-sanscrit-tibtain 421 -- Noms de personnes, de dits et de lieux 439 -- Bibliographie des ouvrages cits 445 -- Bibliographie gnrale 452 -- Supplment la bibliographie gnrale 460 -- Textes Tibtains 461 -- L'Entre au Milieu -- Corrections au texte tibtain 482 -- L'Hymne la Production Dpendante -- Corrections au texte tibtain 490 . ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* .

L1: [Prliminaires] :L1 L2: [Preface du Traducteur] :L2 . L'Entre au Milieu, de Chandrakirti est une introduction gnrale aux Stances sur le M ilieu ou Trait sur le Milieu, de Nagarjuna, uvre de la premire priode de l'cole du Mi lieu qui a servi de base tous les dveloppements ultrieurs de cette philosophie. C' est un commentaire la deuxime Roue de la Loi considre par les docteurs de l'cole du Milieu comme de sens ultime selon la mthode d'analyse dtaille dans l'introduction a ux quatre systmes philosophiques exposant les non-soi des personnes et des autres phnomnes ainsi que l'aspect de la mthode. . Le texte se prsente en dix sections ou productions de l'esprit, chacune traitant de l'une des dix terres ou niveaux des Hros pour l'veil et de la perfection qui lui est associe. Ces sections sont suivies d'une explication des qualits propres aux Hr os pour l'veil et aux veills et d'une courte conclusion. . Dans la sixime, la plus tendue, dont le thme est la perfection de sagesse, Chandrak irti s'applique dmontrer l'absence d'tre en soi et tablir la simple dsignation dpend nte des essences selon l'approche consquentialiste qui constitue, pour lui et ses suivants, la pense ultime de l'veill Shakyamuni et de Nagarjuna. . Dans leur souci de mettre en lumire l'absence d'tre en soi et le fait que tous les phnomnes sont de simples productions dpendantes, les Tenants du Milieu usent prior itairement de cinq formes de dmonstrations: analyse de la nature des phnomnes, anal yse de la cause, analyse du fruit, analyse de la cause et du fruit, analyse de t ous les phnomnes (1). Les Tenants du Milieu usent prioritairement de cinq formes de dmonstrations: anal yse de la nature des phnomnes, analyse de la cause, analyse du fruit, analyse de l a cause et du fruit, analyse de tous les phnomnes. . I. L'ANALYSE DE LA NATURE DES PHENOMENES. Elle comprend trois raisonnements: . 1) Le raisonnement en cinq points explicit par Nagarjuna dans son Trait. En prenan t la personne comme sujet, il s'tablit comme suit: -- a) La personne n'est pas les agrgats; -- b) La personne n'est pas distincte des agrgats; -- c) La personne n'est pas la base des agrgats; -- d) La personne n'est pas dpendante des agrgats; -- e) La personne ne possde pas les agrgats.

. 2) Le raisonnement en sept points prsent par Chandrakirti dans l'Entr au Milieu (st . 164 221). Chandrakirti ajouta aux cinq points du Trait une investigation dmontra nt que: -- f) La personne n'est pas la figure ou configuration des agrgats; -- g) La personne n'est pas la collection des agrgats. . 3) Le raisonnement de l'identit et de la diffrence prsent principalement par Shantar aksita dans son Ornement du Milieu et Atisha dans la Lampe sur la Voie vers l'vei l. -- On remarquera qu'il est constitu des deux premires dmonstrations du raisonnement en cinq points. . II. L'ANALYSE DE LA CAUSE. Elle est forme de la dmonstration intitule les clats de di amant. Nagarjuna dans le Trait, Chandrakirti dans l'Entre au Milieu (st. 51 146) et Atisha dans sa Lampe s'en font les avocats. La voici: -- Un phnomne n'est pas produit: -- a) de soi-mme, -- b) d'autres, -- c) de soi-mme et d'autres, -- d) sans cause (ni de soi-mme ni d'autres). . III. L'ANALYSE DU FRUIT. On la trouve surtout dans l'Illumination du Milieu de K amalashila; Chandrakirti la traite brivement (st. 64). Elle s'articule comme suit : -- Un effet n'est pas -- a) existant, -- b) non existant, -- c) la fois existant et non existant, -- d) ni existant ni non existant. . IV. L'ANALYSE DE LA CAUSE ET DU FRUIT. Elle comprend deux raisonnements: . 1) Le raisonnement des quatre extrmes (voir III): -- Une cause produit un effet qui n'est -- a) ni existant, -- b) ni non existant, -- c) ni la fois existant et non existant, -- d) ni existant ni non existant. . 2) Le raisonnement des quatre alternatives dvelopp principalement par Kamalashila dans l'Illumination du Milieu et Jnanagarbha dans la Discrimination Entre les De ux Vrits. -- a) Un effet n'est pas produit par une cause, -- b) de nombreux effets ne sont pas produits par une cause, -- c) un effet n'est pas produit par de nombreuses causes, -- d) de nombreux effets ne sont pas produits par de nombreuses causes. . V. L'ANALYSE DE TOUS LES PHNOMNES. Elle comprend deux raisonnements: . 1) Le raisonnement de contradiction employ par Bhavaviveka dans sa Quintessence d u Milieu (III. 26): -- Ici, la terre (et les autres lments) -- Ultimement, n'ont pas de nature propre d'lment -- Car ce sont des composs, -- Ils ont des causes, etc., comme la conscience.* . 2) Le raisonnement de la production dpendante utilis par Chandrakirti (157/9). C'e st le roi des arguments, liminant i) l'extrme de permanence et ii) l'extrme d'annih ilation. Ainsi,

-- Les phnomnes n'existent pas rellement (i) car ce sont des productions dpendantes (ii).**. . * S. lida, Reason and Emptiness, Tokyo, the Hokuseido Press, 1980, 82/3. . ** Pour une discussion des principaux arguments des Tenants du Milieu voir Hopki ns, Mditation on Emptiness, London, Wisdom Publications, 1983, 127 173. . Ce sixime chapitre, ou sixime production de l'esprit ultime, comprend trois partie s: i) l'tablissement du non-soi des phnomnes, ii) l'tablissement du non-soi des pers onnes, iii) une discussion des divisions de la vacuit. . i) Chandrakirti prouve l'absence de nature propre en utilisant le raisonnement dn omm clats de diamant, lequel rfute les quatre formes possibles de production: de soi, d'autres, de soi et d'autres, ni de soi ni d'autres (sans cause). Il discute le s deux vrits, relative et ultime (st. 23 et suiv.) et critique les thses idalistes ( st. 45 94). . ii) Usant du raisonnement en sept points et du raisonnement de la production dpen dante, il rfute les thories des non-bouddhistes et des bouddhistes non consquential istes. . iii) II consacre cette partie une explication dtaille des seize et vingt vacuits, l esquelles ne sont pas tablies en prenant en compte la vacuit elle-mme mais ses base s, les objets qualifis par elle. . Notre propos n'est pas d'ajouter l'exgse dj existante touchant l'cole du Milieu; nous voulons simplement attirer l'attention du lecteur sur plusieurs points: . ~ Succdant Buddhapalita, Chandrakirti a systmatis l'emploi de la consquence nces saire (prasanga, thal 'gyur) ou argument de rduction l'absurde. A ce titre, il es t considr comme le vritable fondateur de l'cole consquentialiste qui doit son nom cet te forme de controverse. Le prasanga consiste faire ressortir les effets indsirab les de toute position ou thse oprant sur l'ide d'une existence relle. La proposition de l'objecteur se trouve ainsi ruine sans pour autant que la thse contraire soit accepte par les Consquentialistes. En effet, l'argument de consquence est une pure ngation sans aucune affirmation. . ~ Dans son commentaire au Trait sur le Milieu intitul les Paroles Claires, Ch andrakirti dclare (I, 1.24 et suiv.): . ~ Lorsque l'application d'une consquence a pour simple rsultat la ngation de l a thse de l'adversaire rien de contraire la consquence ne peut apparatre. . ~ Par ailleurs, se basant sur la dclaration de Nagarjuna dans sa Rfutation de s Objections o il dit (29): . ~ Si j'avais quelque assertion ~ Alors, je serais en faute, ~ Mais comme je n'ai pas d'assertion ~ Je suis absolument sans faute. . on a souvent assimil les Tenants du Milieu, et en particulier les Consquentialiste s, aux Nihilistes. L'accusation est mal fonde, car dans le contexte d'une absence totale de nature propre les Consquentialistes sont capables de prsenter la simple existence nominale de tous les phnomnes du cycle et de l'au-del des peines. Ils on t des thses positives et ngatives, notamment la production en dpendance pour les pr emires et la rfutation d'une production en raison des quatre extrmes pour les secon des. Mais, au contraire de toutes les autres coles bouddhiques pour lesquelles l' absence d'tre en soi implique ncessairement la complte inexistence, les mots mme de

leurs thses sont dpourvus d'existence relle, inhrente. Comme le dit M. Yonten Gyatso : Les Consquentialistes cherchent et trouvent la non-existence inhrente des personn es et des autres phnomnes, ce qui leur permet d'accder la dlivrance. Les autres coles cherchent et trouvent autre chose... pour quels fruits? . Ensuite, il faut clairement distinguer le relatif et l'ultime afin de comprendre les implications de la production en dpendance, l'essence de la parole de l'veill (chap. VI, st. 23 et suiv.). Une vrit relative est un objet dont le mode d'apparen ce semble tre son mode d'existence pour les consciences des tres ordinaires qui pe roivent une nature propre dans les phnomnes. Une vrit ultime est un objet dont le mod e d'apparence est son mode d'existence, un vide de nature propre. Selon les Consq uentialistes toutes les consciences des tres ordinaires sont fausses en ce sens q ue les objets leur apparaissent rels; elles constituent nanmoins des connaissances valides qui apprhendent correctement leurs objets, vases, maisons, personnes, et autres dans la mesure o ceux-ci sont dtermins sans erreur au plan relatif. . Les deux vrits sont troitement lies: elles forment une seule entit et se diffrencient nominalement (2). Les objets du plan relatif, vrais pour une conscience ignorant e, servent de support l'enseignement du plan ultime, l'approche de la vacuit ne p ouvant se passer de l'expression du monde. La critique systmatique de chaque vue et la mise jour de ses consquences ncessaires est une mthode, un exercice tendant i ntroduire la juste relation entre les deux vrits. Il faut noter ce propos que Naga rjuna, Chandrakirti et les autres propagateurs du systme du Milieu n'ont pas crit pour les seules lites crudits, mais surtout en vue d'une pratique et d'une ralisati on. Leur ristique mme est un passage oblig vers l'achvement de la vie spirituelle. . Remarquons enfin que les enseignants tibtains ne cessent d'affirmer l'absolue nces sit de reconnatre le voleur avant de l'arrter, c'est--dire de consacrer un temps suffi qui s'tendra parfois sur des mois ou des annes dterminer ce qu'est l'objet de sant ngation dans la thorie du non-soi l'tre en soi ou nature propre, l'existence relle, intrinsque, inhrente, objective tout en s'efforant de comprendre l'existence conven tionnelle des essences. Il ne faut pas perdre de vue que les causes et les effet s oprent parfaitement dans le cadre d'une simple dsignation dpendante, sinon le dan ger est grand de se fourvoyer et de chuter dans l'extrme consistant nier le plan relatif d'existence, la vrit de surface. On restera conscient, toutefois, que cett e dernire n'est vraiment perue qu'aprs la ralisation intuitive, directe, de la vacui t. . Ceci est la premire traduction franaise intgrale de l'Entre au Milieu. Le texte fond amental, le propre commentaire de Chandrakirti et celui de Tsongkhapa nous furen t transmis au cours de l't 1980 par M. Yonten Gyatso, un lettr tibtain rsidant et ens eignant en France, form la philosophie bouddhique aux monastres de Labtang Tachiki l (bLa-brang bkra-shis-'khyil) et Drpoung ('Bras-spungs). Nous avons aussi utilis avec profit la traduction partielle de l' uvre de Chandrakirti et son auto-comment aire effectue par Louis de la Valle Poussin. . Le commentaire de Tsongkhapa (1357-1419), fondateur de la tradition Gloug du boud dhisme tibtain, explicite la fois le sens des mots et du texte. Quoique plus long que l'exgse de Chandrakirti, il ne la reprend pas toujours dans son entier, laiss ant notamment de ct certaines citations des critures (3). . Pour l'Entre au Milieu et son auto-commentaire nous avons utilis l'dition publie en 1968 par le Council of Cultural and Religious Affairs of His Holiness the Dalai Lama, Dharamsala, Himachal Pradesh, Inde. L'ouvrage de Tsongkhapa, l'Illuminatio n de la Pense (4), est une publication moderne galement imprime Dharamsala. Elle co mporte un certain nombre d'erreurs qui, cependant, n'altrent pas le sens du texte . . Hormis pour les stances du texte fondamental de Chandrakirti, les passages versi fis, citations de Discours et Traits, qui ont t traduits intgralement, le prsent comme

ntaire est, dans sa majeure partie, une paraphrase rsume des exgses de Chandrakirti et Tsongkhapa comprenant la glose de M. Yonten Gyatso sur des points de dtail. En outre, une vrification comparative quant au sens a t effectue sur la base de notes prises en 1977 Dharamsala lors de la transmission de ce texte par le Geshe Ngawa ng Dhargy. Les divisions du texte suivent fidlement l'conomie tablie par Tsongkhapa quoique, pour faciliter la lecture, nous l'ayons allge. . Nous avons fait prcder le texte proprement dit d'une brve introduction aux quatre s ystmes philosophiques du bouddhisme afin que les controverses qui apparaissent au fil de l'ouvrage prennent ainsi toute leur saveur. . On lira en appendice l'Hymne la Production Dpendante (5), compos par Tsongkhapa im mdiatement aprs sa ralisation directe de la nature ultime des phnomnes. Ces strophes d'allgresse illustrent admirablement le fait que la philosophie du Milieu, dont l es subtilits semblent parfois s'carter de l'essentiel, n'est en rien un systme arid e referm sur lui-mme, mais donne accs la dlivrance du cycle et, aprs que le disciple ait engendr la grande compassion et l'esprit d'veil, la pleine illumination, uniqu e source du bonheur pour les tres. . Nous ne possdons ni le savoir ni les comptences des savants ayant travaill sur la p hilosophie du Milieu. Ce livre est destin avant tout aux personnes lasses de l'int erminable errance dans le cycle, en qute du chemin menant la plnitude. . Ainsi que l'exprime Chandrakirti (st. 161 ab): . ~ Dans le Trait, Nagarjuna ne discute pas par amour de la controverse. Il mo ntre l'asit en vue de la libration. . C'est pourquoi sa critique est distinguer de la simple sophistique. Quant aux er reurs, elles nous sont imputables. Nous les dclarons devant les matres compatissan ts. . ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* . L2: [Remerciements] :L2 . Notre reconnaissance va au Professeur Jacques May pour avoir mis notre dispositi on ses articles sur la philosophie du Milieu et l'Idalisme; Genevive Morgan et Pat rick Chagnard, ainsi qu' Michael Currier, dont l'engagement personnel a permis la publication de ce travail. . Notre gratitude s'adresse tout particulirement Vronica Paulence-Zaregradsky et Dan ile Perroton; leur prsence et leur soutien au cours de ces annes sont difficilement apprciables. . Nous voulons aussi associer ce tmoignage toutes celles et ceux qui, par leurs enc ouragements, nous ont aid dans l'accomplissement de cette entreprise. . Qu'ils en partagent le mrite! . Enfin et surtout, rien de ce qui suit n'aurait pu tre men bien sans notre matre, Yo nten Gyatso. Nous nous inclinons devant sa bienveillance, sa patience enseigner, la prcision et la clart de ses explications. A travers lui nous honorons avec sin crit tous les amis spirituels. Puissions-nous ne jamais tre spars d'eux! . G. DRIESSENS M. ZAREGRADSKY

. ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* . L2: [Note technique] :L2 . Dans le but d'viter les signes diacritiques et d'aider la lecture du tibtain nous avons adopt la forme de transcription dcrite par T. Wylie dans le Harvard Journal of Asiatic Studies (Cambridge, Massachusetts, E.U.) du 22 dcembre 1959. . La phontique choisie s'efforce de rendre au mieux la prononciation du dialecte de Lhasa. . ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* . L2: [L'auteur] :L2 . On sait peu de choses de la vie de Chandrakirti. Il naquit au VIe sicle Samanta, dans le sud de l'Inde, d'une famille de brahmanes. Un astrologue prophtisa que s' il entrait dans la Doctrine du Vainqueur il en deviendrait un tenant fameux. Il matrisa pralablement la science des brahmanes, mais son inclination naturelle l'en trana vers la loi bouddhique. A l'universit de Nalanda l'abb Chandranatha lui confra l'ordination de novice puis celle de moine. Il tudia le triple canon, les quatre classes de Tantras, les uvres de Nagarjuna et devint un matre minent dans les systm es philosophiques du bouddhisme et de l'hindouisme. Ses commentaires au Tantra d e l'Assemble Secrte (6) et au Trait sur le Milieu de Nagarjuna sont considrs comme le soleil et la lune de ce monde. Il devint abb de Nalanda. Les matres des Tantras d isent qu'il obtint la ralisation suprme: le corps d'arc-en-ciel d'un veill. Dans la ligne de transmission du Tantra de l'Assemble Secrte il succde Nagarjuna de qui il f ut l'lve sur la fin de sa vie. Voici quelques pisodes de la vie de Chandrakirti: . ~ A Nalanda, il mditait nuit et jour l'esprit d'veil ultime. Pourtant, aux ye ux du commun il ne semblait concern que par trois sortes d'activit: manger, dormir et satisfaire aux besoins de la nature. Des moines s'en irritrent: Ce Chandrakirt i ne se proccupe pas de l'tude, de la contemplation ni de la mditation; il n'accomp lit aucun des devoirs qui incombent aux membres de la Communaut, se contentant de manger et dormir. Autrefois, il faisait partie des non-bouddhistes et son rejet de leurs vues n'est qu'un simulacre; il nous nuira sans doute, il faut l'exclur e de notre monastre. Mais l'abb Chandranatha, qui connaissait les ralisations de Cha ndrakirti et s'en rjouissait, le nomma conome afin d'apaiser la communaut et de l'e mpcher de se nuire elle-mme. Une partie de sa tche consistait prendre soin du btail. Tout en laissant le troupeau patre librement dans les prs Chandrakirti fournissai t nanmoins en abondance le lait la Communaut. Son assistant, intrigu, observa ses a lles et venues et dcouvrit que le produit de sa traite provenait d'une vache dessi ne sur un mur! . En une autre occasion, apprenant que les forces Turushka n'taient qu' quinze jours de marche de Nalanda, les moines, effrays, supplirent les sages de mettre au poin t une mthode pour les repousser. Mais aucun n'tait suffisamment puissant pour y pa rvenir. C'est alors que, du c ur de la statue du Protecteur de la Doctrine de Nala nda, surgit un corbeau qui indiqua qu'ils devaient placer leur confiance en Chan drakirti. Celui-ci leur demanda de sculpter un lion de pierre, conseillant aux b ouddhistes de prier les Trois Joyaux et aux hindouistes de s'adresser au Seigneu r Ishvara. On plaa le lion plusieurs dizaines de kilomtres au nord de Nalanda, mai s cette man uvre ne ralentit en rien l'avance des envahisseurs et la Communaut, dses pre, crut que Chandrakirti l'avait trompe. Il frappa alors par trois fois la tte du

lion avec un bton en bois de santal; au premier coup la fourrure du lion frmit au deuxime son corps trembla, au troisime il poussa un formidable rugissement qui mit en fuite les ennemis terrifis. . En une autre occasion, Chandrakirti mditait dans une fort qui prit feu. Informs qu' il tait indemne les gens de Nalanda se rendirent sur les lieux et le trouvrent ass is en mditation. Il dit: . ~ Grce mon matre Nagarjuna ~ Le feu non-n ~ A brl tout le combustible des essences ~ Et a consum aussi l'abb. ~ Moi-mme, avec le feu non n ~ J'ai brl le bois des essences. ~ Comment leur feu pourrait-il me consumer? . Kumara, un non-bouddhiste qui doutait des connaissances suprieures de Chandrakirt i voulut le mettre l'preuve. Il lui demanda ce que faisait Indra le chef des dieu x ce moment prcis. Chandrakirti rpondit: Le vritable Indra rside dans le paradis des Trente-trois tandis qu'une de ses manations coute la Doctrine enseigne par Maitreya dans la Terre Joyeuse. Kumara ne le crut pas. D'un geste de la main Chandrakirti provoqua la venue du vritable Indra, mais comme Kumara ne pouvait le voir il rpta son geste et l'manation d'Indra apparut devant eux. Es-tu le vritable Indra s'enquit Kumara. Si tel tait le cas je serais pourvu d'un millier d'yeux, mais je n'en ai que les empreintes rpondit l'manation. Les voyant, Kumara eut foi dans la Doctrine. . A cette poque, seuls les rudits capables de dbattre avec les non-bouddhistes enseig naient en dehors des murs du monastre. Tandis que Chandrakirti prchait l'extrieur, Chandragomin, le grand savant de l'Inde du Sud, arriva et se tint debout sans lu i marquer aucun signe de respect, avec l'attitude d'une personne souhaitant disp uter. Chandrakirti lui demanda d'o il venait et quel tait son savoir. Il rpondit av ec humilit, mentionnant que ses connaissances se limitaient trois uvres: la gramma ire de Panini, le Discours de la Perfection de Sagesse en Cent cinquante Moyens et la Litanie des Noms de Manjushri (7). Mais cette numration impliquait qu'il pos sdait parfaitement les Discours et les Tantras. Chandrakirti ayant appris son nom dclara qu'un savant de son envergure devait tre reu avec tous les honneurs, l'invi ta se retirer en attendant une invitation en bonne et due forme. Il runit les sav ants de Nalanda et ordonna que deux chars soient apprts. Dans l'un serait place une statue de Manjushri avec, ses cts, Chandragomin lequel tant lac ne pouvait, selon l 'usage, tre invit ni honor par des religieux dans l'autre se tiendrait Chandrakirti . Durant la procession Chandragomin ne cessa de louer Manjushri qui en fut ravi de sorte que le visage de la statue se tourna vers son adorateur. Chandragomin, au comble de l'motion, en oublia de tenir la bride et son char dpassa celui de son hte, ce qui apparut ce dernier comme une marque vidente d'irrespect. Sur ce, Chan drakirti le dfia en dbat. Chandragomin dfendait le systme idaliste d'Asanga et Chandr akirti l'interprtation de Buddhapalita des uvres de Nagarjuna. La controverse se p rolongea sans indiquer de vainqueur. Chandragomin se rendait chaque soir dans le temple d'Avalokiteshvara, le Seigneur de Compassion, et rpondait aux questions d e Chandrakirti le lendemain. Ce dernier en vint se demander si son adversaire ne recevait pas une aide extrieure et le suivit en secret jusqu'au temple. L, il vit la statue lui dispenser la Doctrine. . Dsireux de bnficier aussi de l'enseignement de la dit, Chandrakirti ouvrit la porte d u temple mais la statue se figea aussitt. La mme nuit Avalokiteshvara lui apparut en rve et dit: Tu es un grand savant auquel Manjushri accorde sa grce et tu n'as pa s besoin de la mienne. Aussi ai-je confr quelques bndictions Chandragomin. Ceci mit f in sept annes de discussions. . Le jour suivant, la requte rpte de Chandrakirti, Avalokiteshvara se manifesta de nou veau lui. Chandrakirti le conjura de s'asseoir au-dessus de sa tte afin que tous

puissent le voir. La dit rpondit qu'en raison des voiles causs par leurs actions les gens en seraient incapables mais, sur l'insistance de son dvot, elle y consentit . Sa tte ainsi pare Chandrakirti se prsenta aux regards de tous, disant: Au sommet d e ma tte rside Avalokiteshvara. La plupart ne voyaient rien, quelques-uns perurent u n cadavre de chien, beaucoup pensrent que l'abb avait perdu la raison la suite d'tu des trop intensives! Seule une ngociante en vin eut la vision d'une jambe d'Avalo kiteshvara et obtint, par l, des accomplissements ordinaires (8). . L3: [Oeuvres principales (de Chandrakirti)] :L3 . -- Commentaire aux Soixante-dix Stances sur la Vacuit (de Nagarjuna), Shunyatasap tativrtti, sTong pa nyid bdun eu pa'i 'grel pa (P 5268). -- Commentaire aux Soixante Stances de Raisonnement (de Nagarjuna), Yuktishastik avrtti, Rigs pa drug eu pa'i 'grel pa (P 5265). -- Commentaire Dvelopp aux Quatre Cents Stances sur les Activits d'Union des Hros po ur l'veil (de Aryadeva) Bodhisattvayogacharya-chatuhshatakatika, Byang chub sems dpa'i mal 'byor spyod pa bzhi brgya pa'i rgya cher 'grel pa (P 5266). -- L'Entre au Milieu (Madhyamakavatara, dBu ma la 'jug pa) (P 5261/2). -- Commentaire l'Entre au Milieu (Madhyamakavatarabhasya, dBu ma la 'jug pa'i bsh ad pa) (P 5263). -- Les Paroles Claires, Commentaire au Trait sur le Milieu (de Nagarjuna) Mulamad hyamakavrttiprasannapada, dBu ma rtsa ba'i 'grel pa tshig gsal (P 5260). -- Les Soixante-dix Refuges (Trisharanasaptati, sKyabs 'gro bdun cu pa) (P 5366, 5478). -- La Lampe clatante, Commentaire Dvelopp du Tantra de l'Assemble Secrte Guhyasamajat antra, Pradipoddyotananamatika, sGron ma gsal bar byed pa zhes bya ba'i rgya che r bshad pa (P 2650). . ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* . L2: [Le traducteur tibtain et ses collaborateurs] :L2 . Le Kadampa (bKa'-gdams-pa) Nyima Drag (Nyi-magrags) ou Patsab, ou le Traducteur de Patsab (Pa-tshab lotsa-ba) est n dans le district de Patsab au Phenyul ('Phany ul), nord de Lhasa, en 1055, l'anne mme de la mort d'un autre grand traducteur, Ri nchen Zangpo (Rin-chen bzangpo), et un an aprs la disparition d'Atisha. Il est l' initiateur au Tibet d'une ligne D'enseignement selon le systme Consquentialiste de Chandrakirti s'appuyant sur deux de ses uvres Les Paroles Claires, un commentaire au Trait, et l'Entre au Milieu et son Commentaire (9). . Il se rendit au Kashmir dans sa jeunesse et y reut la Doctrine de la part de nomb reux matres. Il tudiera vingt-trois ans avant de retourner au Tibet et d'y propage r par ses traductions et son apostolat la philosophie du Milieu et le Tantra de l'Assemble Secrte. Avec ses collaborateurs cachemiriens il fournit un travail cons idrable. . Voici leurs principales traductions: . Outre l'Entre au Milieu et son Commentaire (10), avec Tilakakalasha ils remanirent la traduction du Trait effectue par Krishnapada et Tsultim Gyelwa (Tshul-khrims r gyal-ba), traduisirent des Hymnes attribus Nagarjuna ainsi que le Shriguhyasamaja mandalopayikavimshavidhi de Nagabodhi, un texte sur le cycle de l'Assemble Secrte selon la tradition de Nagarjuna. . Avec Kanakavarman il corrige ses propres traductions des Paroles Claires (effect ue en compagnie de Mahasumati) de l'Entre au Milieu, ainsi que celle du Commentair

e sur l'Esprit d'veil de Nagarjuna, qui traite du Tantra de l'Assemble Secrte. Ense mble, ils traduisent le commentaire de Purnavardhana sur le Trsor de Mtaphysique ( 11) de Vasubandhu, intitul Lakshananusarini, la Guirlande Prcieuse de Conseils au Roi de Nagarjuna, le Pratisthavidhisamksepa de Shraddhakaravarman, et le Ratnasu kosa de Nagarjunagarbha. . Avec Jayananda et Dodebar (mDo-sde-'bar) Nyima Drag traduisit un Compendium de D iscours attribu Atisha. La version tibtaine des Paroles Claires est due sa collabo ration avec Mahasumati, et celle des Quatre Cents, d'Aryadeva et leur Commentair e par Chandrakirti son travail avec Suksmajana. Avec Muditashri il rvisa plus de trois cents stances dans la premire partie du Commentaire aux Soixante Stances de Raisonnement (de Nagarjuna) de Chandrakirti. Enfin, avec Loden Chrab (bLo-ldan s hes-rab) et le Traducteur de Yarlung (Yar-klungs lo-tsa-ba) Patsab traduisit l'U ltime Continuum du Grand Vhicule de Maitreya et son Commentaire par Asanga. . Dans le domaine des Tantras il rvisa d'excellente faon la traduction par Rinchen Z angpo de la Lampe clatante de Chandrakirti, un commentaire de l'Assemble Secrte, et traduisit de nombreuses parties de ce mme Tantra (12). . ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* . L2: [La ligne de transmission de l'entre au milieu] :L2 . Selon le Senyig (gSan yig, vol. VI) de Akou Chrab Gyatso (A khu shes-rab rgya-mts ho, 1803-1875), la ligne de l'Entre au Milieu est la suivante: . Shakyamuni(13), Nagarjuna, Aryadeva, Buddhapalita, Bhavaviveka, Chandrakirti pui s, de Chandrakirti jusqu' Patsab Nyima Dragpa; de Patsab jusqu' Rendawa (Remda'-ba ) et Tsongkhapa; de Tsongkhapa jusqu' Jtsun Losang Gyatso (rje-btsun blo-bzang rgy a-mtsho) et Jamyang Chpa CJam-dbyangs bzhad-pa), et de ce dernier jusqu' Akou Chrab Gyatso. Celui-ci transmit le texte Alag Dtang Tsang (A-lags bde-thang-tshang) le quel, ainsi que d'autres enseignants, le passa Yonten Gyatso. . ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* . L2: [Les auteurs de la traduction franaise] :L2 . Monsieur Yonten Gyatso est n en 1933 dans la province tibtaine de l'Amdo. Plac sept ans au monastre de Lamo Dtchen (La-mo bde-chen) (14) il y tudie jusqu' l'ge de dix-s ept ans. Il se rend alors Labtang Tachikil (15) o il poursuit sa formation en phi losophie, en dialectique et d'autres disciplines comme la grammaire et la posie. En 1955 il quitte cette institution pour Drpoung (16), au Tibet central. . 1959 est l'anne de l'invasion chinoise. Yonten Gyatso s'exile en Inde. Accueilli par le gouvernement indien Buxa (17) (Bengale), il approfondit ses tudes tout en enseignant la philosophie et la dialectique des tudiants d'obdience Gloug et Sakya. . 1964 voit son arrive en France. Depuis 1969 il participe des travaux d'rudition av ec des savants occidentaux. Il enseigne la doctrine bouddhique en France depuis une dizaine d'annes. . Georges Driessens est n Paris en 1944. tudiant le bouddhisme depuis 1969 auprs de m atres tibtains en Inde, au Npal et en France, il s'est associ la traduction d'une do uzaine d'ouvrages sur cette tradition et le Tibet. .

N Paris en 1938, Michel Zaregradsky est un tudiant du bouddhisme depuis 1975. Fond ateur avec Georges Driessens des ditions Dharma il a co-sign une dizaine de traduc tions ayant trait au bouddhisme et au Tibet. . ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* . L2: [L'entre au milieu dans les langues occidentales] :L2 . -- LA VALLE POUSSIN Louis de: Madhyamakavatara, Introduction au Trait du Milieu de l'Acarya Candrakirti, avec le commentaire de l'auteur, traduit d'aprs la version tibtaine; Le Muson 8 (1907), 249-317; 11 (1910), 271-358; 12 (1911), 235-328; (ch apitres 1 6, st. 165). -- GESHE RABTEN: Echoes of Voidness. Part two, S. Batchelor: A Guide to the Midd le Way, a translation of the sixth chapter of Chandrakirti's Madhyamakavatara, 4 6-91. Wisdom Publications, London, 1983. -- HOPKINS J.: Compassion in Tibetan Buddhism. Part two: Way of Compassion. A tr anslation of Tsong-ka-pa's Illumination of the Thought, an Extensive Explanation of Chandrakirti's Supplment to the Middle Way. (Chapitres 1 5), 93-230. Rider, L ondon, 1980. -- FRAUWALLNER E.: Die Philosophie des Buddhismus. 2. unvernd. Aufl. Berlin, 1956 (249-254). -- NEWLAND G.: Compassion: a Tibetan Analysis. A Buddhist Monastic Textbook (Un commentaire aux stances d'hommage de l'Entre au Milieu). Wisdom Publications, Lon don, 1984. -- TAUSCHER H.: Chandrakirti: Madhyamakavatarah und Madhyamakavatarabhasyam (Kap itel VI, Vers 166-226). Ubersetzt und kommentiert. Universitat Wien, Wien, 1981. . Nombreuses stances du chapitre six traduites dans: -- HOPKINS J.: Mditation on Emptiness. Wisdom Publications, London, 1983. -- THURMAN R.A.F.: Tsong Khapa's Speech of Gold in the Essence of True Eloquence. Reason and Emptiness in the Central Philosophy of Tibet. Princeton University Pr ess, Princeton, New Jersey, 1984. -- WAYMAN A.: Calming the Mind and Discerning the Real. Buddhist Mditation and th e Middle View. From the Lam rim chen mo of Tson-kha-pa. Columbia University Pres s, New York, 1978. . ******************************************************* ******************************************************* ******************************************************* . L2: [Les quatre systmes philosophiques] :L2 . Les quatre traditions philosophiques bouddhiques des Particularistes (Vaibhasika ), Tenants des Discours (Sautrantika), Tenants de la Seule Pense (Chittamatrin), et Tenants du Milieu (Madhyamika) ont pour origine diffrents modes d'exgse de la pa role de l'veill, le Silencieux des Shakya. En gnral, celle-ci est divise de nombreuse s faons: triple canon de la Discipline (vinaya), des Discours (sutra) et de la Mta physique (abhidharma); double canon, du Petit (hina) et du Grand (maha) Vhicule ( yana), etc., selon les thmes traits et les disciples auxquels s'adresse la prdicati on. . Chaque systme philosophique s'appuie sur l'une des Roues de la Loi (dharmachakra) ou cycles d'enseignements du Matre. L'anne au cours de laquelle il montra la plei ne illumination l'veill mit en marche Varanasi, l'intention des cinq excellents dis Ajnata Kaundinya, Vaspa, Bhadrika, Mahanaman et Ashjavit la Roue de la Loi ciples des Quatre Nobles Vrits (aryasatya): la souffrance (duhkha), son origine (samuday

a), la cessation (nirodha) et la voie (marga). La mme anne, sur le Pic des Vautour s Rajagrha (Rajgir) il tourna la Roue de la Loi de la Perfection de Sagesse (pra jnaparamita), appele aussi Roue d'Absence de Caractristiques, et rvla les Tantras Dh anyakataka (Amaravati, district de Guntur, Madras). Finalement, Vaishali et en d 'autres lieux, il tourna la Roue de la Loi d'Excellente Discrimination dont l'un des principaux enseignements est le Discours sur l'Explication de l'Intention C ache. Cette prsentation des troies roues est accepte par la plupart des philosophes indiens et tibtains. . Philosophie traduit le sanscrit siddhanta (tib. grubmtha'), qui signifie littraleme nt limite tablie: le sens d'une assertion se trouve dtermin au moyen de l'criture et d u raisonnement et cette assertion ne sera pas abandonne pour une autre. . Les Particularistes et les Tenants des Discours s'appuient sur la premire Roue de la Loi. Acceptant les prdications de ce cycle ils tablissent une prsentation de la base, des voies et de leurs fruits (voir p. 41-42). Les Tenants de la Seule Pen se et du Milieu acceptent aussi les quatre vrits mais n'admettent pas une explicati on littrale de leur teneur. Ainsi, les systmes plus troits du Petit Vhicule et plus vastes du Grand Vhicule ont une interprtation divergente de ce cycle. . Les Tenants de la Seule Pense ou Idalistes s'appuient sur la troisime Roue de la Lo i pour tablir leur prsentation de la base, des voies et de leurs fruits. Enfin, le s Tenants du Milieu exposent base, voies et fruits en se fondant sur la Roue de la Loi d'Absence de Caractristiques, la seconde. . Les Particularistes et les Tenants des Discours ont dvelopp des philosophies propr es au Petit Vhicule. En effet, le cycle initial de la Loi constitue le canon des Auditeurs (shravaka). Les Idalistes et les Tenants du Milieu professent des systme s propres au Grand Vhicule, les seconde et troisime Roues de la Loi constituant le canon des Hros pour l'veil (bodhisattva). Petit et Grand Vhicule se distinguent do nc par leur mode d'tablissement de la base, des voies et de leurs fruits et non p ar le simple fait d'admettre ou de refuser les Tantras ou d'adopter certaines po stures physiologiques. Quoique la grande majorit des lettrs considrent que les quat re coles sont contemporaines de l'veill leur origine historique est surtout lie aux trois conciles, dont les dates sont trs controverses. Le premier concile aurait t or ganis Rajagrha durant la retraite d't, l'anne mme de la mort du Matre, le roi Ajatash tru tant donn comme son bienfaiteur. En prsence de cinq cents Destructeurs de l'enn emi (arhan) le noble (arya) Ananda rcita le canon des Discours, le noble Upali rci ta le canon de la Discipline et le noble Kashyapa celui de la Mtaphysique. . Cent dix ans aprs le passage du Matre eut lieu Vaishali le second concile. Sept ce nts Destructeurs de l'ennemi se runirent pour juger du caractre licite ou illicite de dix rgles promulgues par des religieux de cette cit. . Le troisime concile se runit cent trente-sept ans (cent seize selon certains) aprs le trpas de l'veill. A cette poque les quatre matres de la Communaut (samgha) s'exprim aient dans des langues diffrentes. Il en rsulta des comprhensions divergentes de la part de leurs lves. Quatre traditions se formrent, puis clatrent jusqu' se scinder en dix-huit coles. Il est dit que, se rappelant que le Matre avait prophtis ces dissen sions ils convoqurent le troisime concile dans une tentative de runification de la Loi. Les Particularistes et les Tenants des Discours prdominaient, l'influence de s systmes du Grand Vhicule tant alors pratiquement nulle. . Les doctrines idalistes, quoique contemporaines de l'veill, ne se rpandirent largeme nt qu'avec la venue d'Asanga, lequel distingua dans la parole du Matre ce qui est de sens dfinitif et de sens indirect. La plupart des philosophes indiens et tibta ins s'accordent pour le situer environ neuf sicles aprs la mort de l'veill (18). Sel on Asanga, qui suit la Roue de la Loi d'Excellente Discrimination, les premire et deuxime Roues sont de sens indirect et la troisime de sens certain. Il explique q ue le cycle des quatre vrits enseigne l'existence relle de tous les phnomnes, tandis

que dans le cycle d'absence de caractristiques le Matre dclare qu'ils en sont dpourv us. Le fondateur de la philosophie idaliste n'accepte aucune de ces propositions. Pour lui, il y a deux sortes de phnomnes: existant et inexistant en soi. Tous son t inclus dans trois catgories ou natures: l'imaginaire (parikalpita), le dpendant (paratantra) et le parachev (parinispanna) (voir p. 45). Celles-ci se retrouvent chez les Tenants du Milieu avec une autre acception. Pour son expos des sens cert ain et indirect Asanga se conforma au Discours sur l'Explication de l'Intention Cache. Ce texte pose comme de sens dfinitif l'existence relle du dpendant et du para chev et la non-existence relle des phnomnes imaginaires. Il faut bien savoir, toutef ois, que si Asanga a profess la doctrine de l'Esprit Seul celle-ci ne constitue n ullement sa pense ultime qui est celle d'un Tenant du Milieu. Asanga est un matre de l'Idalisme sans tre lui-mme idaliste. En effet dans son Commentaire l'Ultime Conti nuum du Grand Vhicule il explique les citations des Discours intituls les Questions du Roi Dharanishvara et l'Essence de Ceux Ainsi-Alls selon l'optique consquential iste (19). L'Explication de l'Intention Cache affirme que les deux premires Roues de la Loi ne sont pas de signification dfinitive. Malgr cela, les Tenants du Milie u ont dmontr l'aide des critures et du raisonnement que l'intention profonde de l've ill est bien la rvlation de la Doctrine du Milieu qui enseigne l'absence totale de nature propre. . Cette doctrine, galement contemporaine de l'veill, se dveloppa sous l'impulsion des c rits et de l'activit du Protecteur Nagarjuna. Il y a encore des dsaccords propos d e la date de son avnement. Nanmoins, le Silencieux des Shakyas ayant prophtis qu'il apparatrait quatre cents ans aprs lui, la majorit des rudits admettent que Nagarjuna naquit environ un sicle avant l're chrtienne. De quelle manire tablit-il la Doctrine du Milieu? En s'appuyant sur le Discours intitul l'Enseignement d'Aksayamati pou r lequel les premire et troisime Roues de la Loi sont de sens provisoire et la deu xime de sens dfinitif. Ce Discours affirme que les textes traitant principalement de la vrit de surface (samvrtisatya) sont interprter et que tout Discours traitant principalement de la vrit ultime (paramarthasatya) est de sens certain. Tel est le mode d'exgse de Nagarjuna. Ainsi, puisqu' partir de la parole du Matre, Asanga et N agarjuna ont contribu la systmatisation et la propagation des philosophies de la S eule Pense et du Milieu, ils sont renomms comme leurs fondateurs. . Ce qui est de sens provisoire fut enseign en conformit avec les dispositions des d isciples dans l'intention de les guider. C'est la raison pour laquelle un grand nombre de dclarations du Matre paraissent contradictoires. Pour les Tenants du Mil comme le font les Idalistes sous l'angle de la possibilit ou de l ieu ce n'est pas 'impossibilit d'admettre littralement une proposition que l'on distingue les sens indirect et certain. Le simple fait d'accepter la littralit d'un Discours n'en fai t pas un texte de sens dfinitif. Un Discours sera dclar tel aprs qu'une investigatio n juste ait permis de dterminer si la signification du thme dont il traite est un mode d'tre ultime. Dans le cas contraire le texte est de sens provisoire. Par exe mple, on lit les noncs suivants: Tous les composs sont impermanents, toutes les choses impures sont souffrance. Ils ne constituent pas des dclarations dfinitives. Pourqu oi? L'impermanence des composs est un mode d'tre des composs, mais leur manire d'tre finale, l'absence de nature propre, est plus profonde. . Donc, les textes enseignant principalement la vrit ultime, c'est--dire le mode d'tre ultime des choses, sont de sens certain. Les autres, qu'on accepte littralement ou non leur contenu, sont de sens provisoire, rvlant en priorit la vrit conventionnel le. Pour les Idalistes ce qui est acceptable littralement est de sens certain et c e qui ne l'est pas de sens indirect. . Les deux sens sont dtermins au moyen des quatre confiances, des quatre raisonnemen ts, des quatre intentions et des quatre penses indirectes. . Quelles sont les quatre confiances? Celles de la Doctrine, du sens, du sens dfini tif, de la sagesse fondamentale, leurs opposs tant respectivement l'individu, les mots, le sens provisoire, les consciences.

. L'veill a dit: . ~ Ne vous appuyez pas sur la personne mais sur la doctrine ~ Ne vous appuyez pas sur les mots mais sur leur signification ~ Ne vous appuyez pas sur le sens indirect mais sur le sens certain ~ Ne vous appuyez pas sur les consciences mais sur la sagesse fondamentale. . 1) Personne se rapporte tous les individus, depuis les tres ordinaires jusqu'aux vei lls, et doctrine la parole du Matre et ses commentaires aussi bien qu' tous les autr s enseignements. On adoptera une thorie dans la mesure o elle rsiste cette analyse, sans prendre en compte la seule bont du prdicateur. L'veill dit encore dans l'Ornem ent des Discours du Grand Vhicule: . ~ moines et savants, n'acceptez pas ma parole ~ Par respect, mais aprs l'avoir examine ~ Comme (on prouve) l'or ~ En le chauffant, le coupant et le frottant. . 2) Pour les Idalistes signification au deuxime vers se rapporte un sens littral qui n 'est pas contredit par une connaissance valide (pramana) (20), alors que pour Ce ux du Milieu ce terme correspond ce qui traite principalement de la vrit ultime. . 3) Au troisime vers, sens indirect consiste pour les Idalistes en les Discours et Tr aits qu'on ne peut admettre littralement. Pour les Tenants du Milieu c'est ce qui enseigne principalement le relatif. . 4) Enfin, au quatrime vers consciences se rfre aux cinq connaissances sensorielles (v isuelle, auditive, etc.), des tres ordinaires en qute du sens profond, ainsi qu' la connaissance mentale et autres cognitions errones quant la manire d'tre des choses . Sagesse fondamentale indique la connaissance non conceptuelle des Suprieurs et se s causes: les sagesses analysant l'asit. . Ainsi, grce ces quatre confiances, lors de la phase d'coute de l'enseignement le d isciple aspire la profonde Loi et s'exerce la profonde pense puis, lors de la pha se de rflexion il n'est pas sujet l'erreur quant au sens des critures; enfin, sans se satisfaire du savoir n de l'audition et de la rflexion, il acquiert par la mdit ation la sagesse fondamentale non contamine. . Comme l'exprime le Protecteur Maitreya dans son Ornement des Discours du Grand Vh icule: . ~ Avec l'aspiration, la pratique, ~ l'coute correcte privilgie (du Grand Vhicule) ~ Et la sagesse fondamentale indicible ~ Les confiances ne se dgradent pas. . Quels sont les quatre raisonnements? Ceux portant sur la dpendance, l'accomplisse ment d'activit, la dmonstration logique, la nature des phnomnes. -- C'est l'analyse correcte du mode de dpendance des causes et conditions propres l'apparition de chaque compos. -- C'est, par exemple, l'investigation juste de la manire dont un phnomne particuli er accomplit l'activit qui lui est propre. Ainsi le feu dont l'activit est de brler . -- C'est une investigation qui permet de dcouvrir si les phnomnes existent ou n'exi stent pas tels qu'ils apparaissent. Pour les Idalistes il s'agit, entre autres, d e la dmonstration que toutes les choses sont simplement de la nature de l'esprit, et pour les Tenants du Milieu de celle rvlant leur absence d'existence relle. -- C'est l'analyse du mode d'tre final des objets. Par exemple, dans le monde il est reconnu que le feu a la chaleur pour nature et l'eau l'humidit. Mais s'ils po

ssdent une nature profonde autre que celles mentionnes cette investigation se prop ose de la dcouvrir. . Quelles sont les quatre intentions? Celles relative l'galit, relative un autre sen s, relative une autre priode et relative aux dispositions des individus. -- Par exemple, ayant en pense l'galit de tous les veills dans le Corps de la Loi (dh armakaya), le Matre a dclar: Je fus l'veill Vipashyin. -- C'est une dclaration telle que Tous les phnomnes sont dpourvus d'entit propre. -- C'est une dclaration telle que En priant pour renatre dans la terre pure Flicit (S ukhavati) vous y renatrez. -- Par exemple, aux yeux de certains disciples telles et telles racines de bien sont louables, aux yeux d'autres disciples les mmes sont blmables. . Quelles sont les quatre penses indirectes? Celles relatives la pntration, aux carac tristiques, aux antidotes et la transformation. -- On prendra comme exemple la dclaration d'un soi des personnes que l'veill formul a dans le but d'amener certains disciples la Loi. -- Un exemple en est l'enseignement des trois caractristiques: le dpendant, l'imag inaire et le parachev, dont le propos est de conduire la comprhension de l'absence de nature propre de tous les phnomnes. -- Par exemple, l'enseignement du Grand Vhicule dispens en vue de remdier des erreu rs telles que jeter le discrdit sur la sainte Loi. -- Un exemple en est l'emploi, dans certains Discours, d'une langue vulgaire con nue aux fins de rvler un sens profond qui ne l'est pas. . En conclusion, dfaut de distinguer les sens provisoire et dfinitif selon ces diffre ntes approches il sera impossible de pntrer vraiment la profonde vacuit enseigne par l'veill, et par suite, de se dlivrer du cycle. En vue de leur faire comprendre cet te doctrine l'veill la dispensa directement certains de ses lves, tandis que pour d' autres auxquels cette pdagogie ne convenait pas il professa divers thmes en harmon ie avec leurs dispositions et leurs capacits. Telle est la raison du nombre lev de propos contradictoires que recle sa parole. . N'affirme-t-il pas dans les Questions de Rastrapala: . ~ Les migrants errent, ne connaissant pas ~ Les modes du vide, de la paix, de la non-production. ~ Grce ma mthode compatissante ~ Je les y introduis au moyen de centaines de raisons. . En gnral, les bouddhistes (Ceux de l'intrieur) se distinguent des non-bouddhistes ( Ceux de l'extrieur) en ce qu'ils prennent refuge du fond du c ur dans les Trois Joy aux (triratna), tandis que les non-bouddhistes s'en remettent des dits qui s'inscr ivent dans des destines non entirement exemptes des inconvnients propres au cycle d es existences. Les Trois Joyaux sont l'veill (buddha), sa Loi (dharma), les vrits de la cessation et de la voie, et la Communaut (samgha), un minimum de quatre moine s ou nonnes ou bien un suprieur (arya). . En particulier, un philosophe bouddhiste se distingue d'un philosophe non bouddh iste par trois traits: . ~ II suit un guide l'veill qui a limin toutes les fautes et accompli toutes les excellences et dont l'enseignement ne nuit pas aux tres; il professe l'absence d 'un soi permanent, un et indpendant. Les vues des philosophes non bouddhistes en sont exactement l'oppos: leurs matres n'ont pas puis toutes les fautes, certains de leurs enseignements nuisent aux tres, ils professent un soi permanent, un et indpe ndant. . En outre, un philosophe bouddhiste est une personne qui accepte les quatre sceau x:

. ~ Tous les composs sont impermanents ~ Toutes les choses contamines sont souffrance ~ Tous les phnomnes sont dpourvus d'un soi ~ L'au-del des peines (nirvana) est la paix. . ******************************************************* ******************************************************* . L3: [Les particularistes] :L3 . Les Particularistes doivent leur nom au fait qu'ils professent les trois temps c omme des caractres distinctifs d'entits substantielles, ou encore parce qu'ils sui vent principalement la Grande Exposition Dtaille un ouvrage expliquant la signific ation des sept Sections de Mtaphysique lesquelles commentent la premire promulgati on de la Loi: . ~ 1) l'Agrgat de la Loi de Shariputra, ~ 2) le Trait des Dsignations de Maudgalyayana, ~ 3) le Groupe des Connaissances de Devasharman, ~ 4) l'Entre dans la Sagesse Fondamentale de Katyayana, ~ 5) le Groupe des lments de Purna, ~ 6) la Description de Vasumitra, et ~ 7) l'numration Bien Exprime de Mahakausthila. . Quelques divergences subsistent en ce qui concerne l'identification de l'auteur de certains de ces textes. . Les Particularistes se sont diviss en dix-huit coles partir d'un noyau original d' une, deux, trois ou quatre traditions, selon les interprtations. . En bref, l'actualisation des fruits de la pratique dpend de la mise en uvre de la voie dont la connaissance repose sur une ralisation progressive des thmes qui font l'objet de la prsentation de la base. La base comprend l'exposition des deux vrits , conventionnelle et ultime, celles des agrgats (skandha), des lments (dhatu) et de s sources de la connaissance (ayatana), des phnomnes contamins et non contamins, des cinq connaissables fondamentaux: les formes, les consciences premires, les facte urs mentaux, les formations dissocies de la pense et des facteurs mentaux, l'incon ditionn, ainsi que l'expos relatif aux trois temps. . Les objets de la voie sont les seize attributs des quatre vrits: l'impermanence, l a souffrance, le vide et le non-soi pour la vrit de la souffrance; la cause, l'ori gine, le fort dveloppement et la condition pour la vrit de l'origine; la cessation, la pacification, le bon augure et la sortie pour la vrit de la cessation; enfin, la voie, la logique, l'accomplissement et l'mancipation pour la vrit de la voie. . Les Particularistes acceptent trois vhicules ou moyens de progression: des Audite urs, Ralisateurs solitaires (pratyekabuddha) et Hros pour l'veil, avec cinq sentier s (marga) d'accumulation (sambhara), de prparation (prayoga), de vision (darshana ), de mditation (bhavana) et au-del de l'tude (ashaiksa) pour chacun des trois vhicu les. Chaque Vhicule est considr comme final en ce sens que, selon ce systme, le cont inuum de la conscience des trois sortes de saints s'arrte lorsque ceux-ci entrent dans la transcendance de la douleur sans rsidu. . ******************************************************* ******************************************************* . L3: [Les tenants des discours] :L3

. Parce qu'ils suivent en priorit les Discours du Matre ils sont dnomms Tenants des Di scours (Sautrantika), ou encore, parce qu'ils dvoilent leurs doctrines au moyen d 'exemples ils sont aussi connus comme Ceux qui enseignent par comparaisons (Darsta ntika). Kumaralata, Shrilata, Bhadanta sont quelques-uns des matres de cette trad ition. . Les textes des Sautrantika n'ont pas t traduits au Tibet, nanmoins leurs vues sont dtailles dans des ouvrages tels que le Commentaire au Trsor de Mtaphysique de Vasuba ndhu, le Compendium de Mtaphysique d'Asanga et les sept Traits sur la Connaissance Valide de Dharmakirti. . Les Tenants des Discours sont de deux sortes: Adeptes des critures, c'est--dire en premier lieu, du Trsor de Mtaphysique et Adeptes du Raisonnement qui s'appuient s urtout sur le Compendium de Connaissance Valide de Dignaga, et les sept Traits su r la Connaissance Valide. . Leur prsentation de la base consiste en les deux vrits, les caractres gnraux et spcifi ues aux objets, les phnomnes positifs et ngatifs, le manifeste et le cach, les trois temps, l'unique et le diffrent, le permanent et l'impermanent, etc. Leur doctrin e est trs proche de celle des Particularistes, mais ils s'en distinguent notammen t dans leur refus d'admettre la substantialit des trois temps, et dans une prsenta tion de l'impermanence qui s'accorde avec les coles du Grand Vhicule. Les Particul aristes affirment que la production, la dure, le vieillissement et la destruction des choses composes sont causes par quatre agents, entits substantielles distincte s de ces choses. Pour les Tenants des Discours la production est l'avnement de ce qui n'existait pas, la dure la persistance d'une srie semblable celle qui prcde, le vieillissement la dissemblance d'un objet d'un moment antrieur un moment ultrieur , et la destruction la cessation d'un compos au second moment suivant le prsent. L a dsintgration des composs instant aprs instant fait partie de leur nature mme. Aucun e autre cause que leur production n'est ncessaire leur transformation et disparit ion. . Les prsentations des voies et de leurs fruits sont sensiblement quivalentes chez l es Tenants des Discours et les Particularistes. Ces deux coles sont du Petit Vhicu le dans la mesure o elles s'appuient sur la premire Roue de la Loi, un cycle au co urs duquel l'veill s'est abstenu d'enseigner en dtail la progression vers la pleine illumination. D'ailleurs, la plupart de leurs dfenseurs ne considrent pas les Dis cours du Grand Vhicule comme la parole mme du Matre. . ******************************************************* ******************************************************* . L3: [Les idalistes] :L3 . Parce qu'ils professent que tous les phnomnes des trois ondes sont juste de la nat ure de l'esprit ou pense ils sont appels Tenants de l'Esprit Seul, de la Seule Pen se ou Idalistes. Certains sots, voire mme des lettrs, ont affirm que pour les Idaliste s les phnomnes sont pense. Il s'agit d'une incomprhension manifeste. La pense est con naissance, il serait absurde de soutenir que les choses inanimes possdent cette qu alit. Asanga, Dharmapala, Dharmakirti, Dignaga, Suvarnadvipa, Shantipa, Sthiramat i sont quelques-uns des matres de cette tradition. Il est dit galement que la pense ultime de Dharmakirti n'est pas celle d'un Tenant de ce systme, et aussi que Vas ubandhu commena par professer les doctrines particularistes, puis devint un Tenan t des Discours pour finalement adopter les thses idalistes. . En dehors du Discours sur l'Explication de l'Intention Cache les principales sour ces de ces philosophes sont le Compendium de Connaissance Valide de Dignaga, les sept Traits sur la Connaissance Valide de Dharmakirti:

-- 1) le Commentaire au Compendium de Connaissance Valide, -- 2) la Dtermination de la Connaissance Valide, -- 3) la Goutte de Raisonnement, -- 4) la Goutte de Raisons, -- 5) la Dmonstration d'Autres Continuums, -- 6) l'Analyse des Relations, -- 7) les Raisons pour la Disputation, . ainsi que leurs commentaires et sous-commentaires. Trois des cinq ouvrages de Ma itreya: l'Ornement des Discours du Grand Vhicule, la Distinction Entre les Phnomnes et la Nature des Phnomnes et la Distinction Entre le Milieu et les Extrmes, dont i l existe nombre d'exgses indiennes et tibtaines, font galement partie de leurs sourc es (21). . La pense idaliste s'est scinde en deux courants principaux: Adeptes des critures et du Raisonnement. Les premiers suivent les cinq traits sur les terres d'Asanga: -- 1) la Ralit des Terres, qui comprend les Terres Multiples, connu aussi sous le nom de Terres de la Pratique d'Union, les Terres des Auditeurs, et les Terres de s Hros pour l'veil, -- 2) le Compendium des Dcisions, -- 3) le Compendium des Bases, -- 4) le Compendium d'numrations, -- 5) le Compendium d'Explications. . Les seconds suivent les sept Traits sur la Connaissance Valide de Dharmakirti. Le s Adeptes des critures sont les seuls bouddhistes accepter huit consciences savoi r: les cinq consciences sensorielles et la conscience mentale, la conscience sou ille (klishtamanas) et la conscience base de tout (alayavijnana). L'objet d'apprhe nsion de la conscience souille est la conscience base de tout qu'elle voit comme un je ayant une existence substantielle. Elle est contamine par quatre facteurs: attachement un soi, obscurcissement propos d'un soi, orgueil d'un soi et vue d'u n soi. Les cinq facults sensorielles et leurs objets respectifs ainsi que les emp reintes (vasana) apparaissent la base de tout, mais cette dernire est incapable d e les identifier ou de conduire une autre conscience le faire. Son entit est neut ni vertueuse ni non vertueuse et non contamine car elle n'est associe aucune pe re rturbation. . Les Idalistes incluent tous les connaissables dans trois natures: le dpendant, l'i maginaire et le parachev. Tous les composs sont dpendants; un imaginaire est ce qui n'existe pas ultimement mais existe pour la pense. Tous les phnomnes permanents ho rmis la vacuit sont des imaginaires. Il en existe deux sortes: existants et inexi stants; les objets de connaissance sont un exemple des premiers et l'existence s ubstantielle d'un soi de la personne et des phnomnes un exemple des seconds. Le pa rachev est la vacuit d'un soi de la personne et des phnomnes. . Dans leur prsentation de la base ils exposent galement les deux vrits, conventionnel le et ultime. Les objets des cinq sens ne sont pas extrieurs mais produits dans u ne conscience en vertu du pouvoir d'empreintes places sur la conscience base de t out la suite d'actions varies. Les formes, les sons, etc., semblent extrieures en raison de prdispositions accumules par une accoutumance sans commencement nommer l es objets. . Les objets de la voie sont les seize attributs des quatre vrits et les objets d'ab andon le voile la libration (kleshavarana) dans ses formes grossire la conception d'une personne permanente, une et indpendante et subtile la conception d'une pers onne auto-suffisante et le voile l'omniscience (jneyavarana) la conception que l es phnomnes sont naturellement des bases pour une dsignation et la conception de l' objet et du sujet comme des entits diffrentes. . L'cole de l'Esprit Seul prsente cinq sentiers pour chacun des trois vhicules. C'est

une tradition du Grand Vhicule qui, ce titre, accepte les dix terres des Hros pou r l'veil et les trois Corps d'un veill: Corps de la Loi (dharmakaya), Corps de Joui ssance (sambhogakaya), et Corps d'manation (nirmanakaya). Le premier constitue la perfection personnelle et les autres la perfection des activits pour le bien d'a utrui. . ******************************************************* ******************************************************* . L3: [Les tenants du milieu (Nagarjuna, Aryadeva, Chandrakirti, Shantideva, )] :L3 . TYMOLOGIE: Parce qu'ils se tiennent dans une voie du milieu loigne des extrmes de pe rmanence et d'annihilation ils sont appels Tenants du Milieu. . DFINITION: Un Tenant du Milieu est un philosophe bouddhiste qui maintient qu'aucu n phnomne, pas mme les atomes, n'a d'existence relle. Nagarjuna, Aryadeva, Bhavavive ka, Buddhapalita, Chandrakirti, Vimuktisena, Haribhadra, sont quelques-uns des m atres de ce systme. . Les Tenants du Milieu suivent les six Collections de Dialectique de Nagarjuna: -- 1) le Trait sur le Milieu intitul aussi Sagesse: Stances Fondamentales sur le M ilieu, -- 2) les Soixante-dix Stances sur la Vacuit, -- 3) la Rfutation des Objections, -- 4) les Soixante Stances de Raisonnement, -- 5) le Trait Intitul Finement Tiss, -- 6) la Guirlande Prcieuse de Conseils au Roi. . Il existait huit commentaires indiens aux Stances Fondamentales sur le Milieu. Q uatre ont t traduits en tibtain: -- Protg par l'veill (Buddhapalita) par l'auteur du mme nom, -- les Paroles Claires de Chandrakirti, -- la Lampe de Sagesse de Bhavaviveka, dont l'lve Avalokitavrata fit une exgse le Co connu aussi sous son nom l'Avaloki mmentaire la Lampe pour la Sagesse (de Nagarjuna) tavrata -- enfin, Aucune Peur de Nulle Part faussement attribu Nagarjuna. . Les uvres d'Aryadeva, le Trait en Quatre Cents Stances, l'Etablissement du Raisonn ement et de la Logique Rfutant l'Erreur, et la Longueur d'un Bras font aussi part ie des critures de ce systme. . Parmi les uvres des matres de l'cole du Milieu citons -- la Quintessence du Milieu et son auto-commentaire, -- les Flammes d'Argumentation dans lequel figure une explication dtaille des cour ants non bouddhistes de Bhavaviveka, -- l'Entre au Milieu objet de la prsente parution et son auto-commentaire, de Chan drakirti, -- la Discrimination Entre les Deux Vrits et son commentaire, de Jnanagarbha, -- l'Ornement du Milieu de Shantaraksita, -- l'Illumination du Milieu et les tapes de la Mditation de Kamalashila, -- l'Entre dans la Conduite des Hros pour l'veil et le Compendium des Entranements d e Shantideva. . Tous ces traits sont traduits en tibtain. . ******************************************************* ******************************************************* .

L3: [Les autonomes (Bhavaviveka, Jnanagarbha ; Shantaraksita, Kamalashila, Vimuk tisena, Haribhadra)] :L3 . Dans la pense du Milieu deux mouvements se sont forms: les Autonomes (Svatantrika) et les Consquentialistes (Prasangika), tous deux acceptant l'autorit des uvres de Nagarjuna et Aryadeva. . DFINITION: Un Autonome est un Tenant du Milieu qui professe l'absence d'tre en soi et accepte que, conventionnellement, les phnomnes existent en raison de leur natu re propre. . TYMOLOGIE: Parce qu'ils rfutent l'tre en soi en prenant appui sur des raisons corre ctes dont les trois aspects existent objectivement ils sont appels Autonomes. Une raison correcte doit avoir trois aspects: tre une qualit du sujet; tre toujours im prgne par le prdicat (attribut, ce qui prouver); l'oppos du prdicat doit tre imprgn l'oppos de la raison. Par exemple, dans le syllogisme suivant: La personne n'exist e pas rellement parce que c'est une production dpendante, la personne est le sujet, n' existe pas rellement le prdicat, et production dpendante le signe de la raison. La rai son est un attribut du sujet car les personnes sont toujours des productions dpen dantes, le prdicat compntre la raison car toutes les productions dpendantes sont dpou rvues d'existence relle, enfin, pouvoir dire que tout ce qui n'est pas produit en dpendance existerait rellement est la contre-imprgnation ou contraposition. Les Au tonomes affirment que les membres du syllogisme existent de manire inhrente, c'est --dire que leur mode d'existence est tabli partir de leur apparence l'esprit (22). . On distingue deux coles dans la philosophie autonome: -- Les Tenants des Discours (Sautrantika-svatantrika) et -- les Pratiquants de l'Union (Yogachara-svatantrika). . DFINITION DES PREMIERS: Un Tenant du Milieu qui n'admet pas la conscience se conn aissant elle-mme et affirme que les objets extrieurs existent selon leur nature pr opre. Bhavaviveka, Jnanagarbha sont des exemples de leurs partisans. . TYMOLOGIE: Parce qu'ils maintiennent que les conditions en tant qu'objet des cons ciences sensorielles sont des objets extrieurs, agrgations d'atomes, ils sont en h armonie avec la prsentation propre aux Tenants des Discours. . DFINITION DES SECONDS: Un Tenant du Milieu qui accepte la conscience se connaissa nt elle-mme et nie les objets extrieurs. Shantaraksita, Kamalashila, Vimuktisena, Haribhadra sont des matres de ce systme. . TYMOLOGIE: Parce qu'ils font une prsentation des connaissables qui s'accorde avec celle des Idalistes acceptant, comme eux, une simple conscience vide d'objets extr ieurs, ils sont dnomms Pratiquants de l'Union. . Les deux coles autonomes acceptent que la conception d'un soi de la personne qui serait permanent, un et indpendant, est le voile grossier la libration, et la conc eption d'une personne auto-suffisante son aspect subtil. La conception de l'exis tence relle des phnomnes est le voile subtil l'omniscience. Seuls les Pratiquants d e l'Union prsentent un aspect grossier de ce dernier: la conception des sujets et objets comme des entits diffrentes. . Hormis le fait que les Autonomes Pratiquants de l'Union, en raison de leur doctr ine proche des Idalistes, exposent une vacuit qui est une absence de dualit entre c onnaissant et connu, les deux coles autonomes sont sensiblement identiques dans l eur prsentation de la base, de la voie et de ses fruits. Pour tous deux les chose s existent ncessairement par leur nature propre car, quand on recherche un phnomne dsign, celui-ci est obligatoirement dcouvert comme tant l'ensemble de ses parties. tr e en soi, existence en raison de ses caractristiques propres, existence objective , etc., sont des termes synonymes.

. Les connaissables sont diviss sous l'angle des deux vrits, conventionnelle et ultim e. Ils prsentent trois vhicules avec cinq sentiers pour chacun d'eux et soutiennen t que les Destructeurs de l'ennemi du Vhicule Infrieur entreront finalement dans l e Grand Vhicule. Comme les Idalistes ils acceptent les diffrents Corps d'un veill. . ******************************************************* ******************************************************* . L3: [Les consquentialistes (Buddhapalita, Chandrakirti, Shantideva)] :L3 . DFINITION: Un Tenant du Milieu qui nie l'tre en soi des phnomnes, mme conventionnelle ment. Buddhapalita, Chandrakirti, Shantideva sont des matres de cette doctrine. R ien n'existe en soi, de par sa nature propre. En effet, tous les phnomnes sont sim plement dsigns par la pense, le mot simplement excluant un tre en soi. . TYMOLOGIE: Parce qu'ils affirment qu'une conscience d'infrence qui comprend la thse d'absence d'tre en soi peut tre produite dans la srie mentale d'un contradicteur p ar le seul emploi de consquences, ils sont appels Consquentialistes. Ainsi les noms , Autonomes et Consquentialistes drivent des moyens mis en uvre par l'un et l'autre pour engendrer chez autrui la vue que les choses sont dpourvues d'existence relle . . Les objets sont classifis selon le manifeste et le cach et en les deux vrits. Un obj et manifeste est ce qui est connu directement, par exemple, au moyen des connais sances sensorielles. Un objet cach est connu par infrence, en usant de la raison. Une vrit conventionnelle est un objet trouv par une connaissance valide distinguant une convention. Il n'y a pas de division des conventions en vraies et fausses, car le relatif est ncessairement faux: il apparat d'une manire et existe d'une autr e. tant une vrit pour une conscience ignorante c'est uniquement sous l'angle d'une conscience ordinaire mondaine que le relatif est class en rel et irrel. Une vrit ulti me est un objet trouv par une connaissance valide distinguant un phnomne ultime, c es t--dire une vacuit. Les deux vrits ne sont pas des entits distinctes, mais une seule entit. Elles ne diffrent que nominalement. . Les consciences sont de deux sortes: valides et invalides. Les premires sont auss i de deux types: directes et d'infrence. Toutes les consciences sensorielles des t res c'est--dire des personnes qui n'ont pas encore atteint le statut d'un veill son t errones, en ce sens que les objets leur apparaissent comme s'ils existaient rell ement. Nanmoins, ceci ne les empche pas de dterminer correctement toutes les essenc es. . Les Consquentialistes prsentent les cinq sentiers propres chacun des trois vhicules ainsi que les dix terres des Hros pour l'veil. La conception d'une personne autos uffisante constitue l'aspect grossier du voile la libration et la conception de l 'existence relle des personnes et des phnomnes son aspect subtil. L'apparence d'exi stence relle et les traces de la conception des deux vrits comme des entits distinct es forment le voile l'omniscience. Les Auditeurs et Ralisateurs solitaires se dliv rent seulement des voiles la libration et obtiennent l'veil propre leur voie. Les Hros pour l'veil, abandonnant le voile l'omniscience, obtiennent simultanment les C orps d'un veill. . ******************************************************* ******************************************************* . L3: [Modes d'assertions de la personne et du non-soi selon les quatre coles philo sophiques] :L3 .

Pour certains Particularistes, les Sammitiya, la personne est l'ensemble des agrg ats physiques et mentaux; les Particularistes du Kashmir et les Tenants des Disc ours Adeptes des critures affirment que la personne est le continuum des agrgats; elle est la conscience mentale pour les Tenants des Discours Adeptes du Raisonne ment, les Idalistes Adeptes du Raisonnement et les Autonomes Tenants des Discours ; c'est la conscience base de tout pour les Idalistes Adeptes des critures et le c ontinuum de la conscience mentale pour les Autonomes Pratiquants de l'Union. Qua nt aux Consquentialistes, la personne est le je simplement dsign sur la collection des agrgats, sa base de dsignation. . La principale raison des diffrents modes d'tablissement de la personne ou soi chez les non-Consquentialistes est la ncessit de fournir une base ininterrompue ce qui transmigre de vie en vie l'interaction des actions et de leurs effets. Sans se s atisfaire de la simple dsignation pratique d'un soi en dpendance des agrgats, ils p osent comme tant la personne ou bien un des agrgats ou leur ensemble, le continuum de l'un deux ou de leur collection. Recherchant la personne l'objet dsign ils la trouvent dans une de ses bases de dsignation ou dans leur ensemble, et considrent qu' dfaut de l'identifier comme l'un ou l'autre de ces lments ils chuteraient ncessai rement dans l'extrme d'une vue d'annihilation. Par contre, pour les Consquentialis tes, ne pas trouver la personne aprs investigation ne la rend pas pour autant ine xistante, car ils sont mme de l'tablir par la simple appellation personne sur la col lection des agrgats. Donnons un exemple: un chariot n'est pas ses parties, ni leu r collection mais on ne peut dire qu'il est inexistant; un chariot est accept com me simplement dsign sur elles. . Tous les systmes bouddhiques font une nette distinction entre le soi et le soi de la personne. Tous acceptent que le simple soi est le support reliant les action s et leurs effets, mais rejettent un soi de la personne, quoique leurs divergenc es quant aux modes de rfutation du second et d'tablissement du premier soient nomb reuses. . L'objet d'observation ou base de la conception inne d'un soi est le simple je, le quel semble exister sans dpendre des agrgats pris individuellement, de leur collec tion ou de leur continuum. Le je parat tre le matre, le patron des agrgats, et ceuxci les serviteurs, ses employs. L'objet d'une telle conception inne est appel soi de la personne; l'oppos, son absence est le non-soi de la personne. Le continuum hom ogne de cette intelligence hallucine engendre le dsir et d'autres perturbations par tir desquelles des actions sont accumules, actions qui font errer dans l'existenc e cyclique. Cette intelligence errone est donc la racine du cycle. Telle est l'ex plication commune aux non-Consquentialistes. Les Consquentialistes considrent que c ette vue d'un soi est artificielle acquise au contact de philosophies. Pour eux, dans la conception inne d'une personne auto-suffisante la personne apparat comme un chef des ventes et les agrgats comme des vendeurs. Contrairement la relation e ntre un patron et ses ouvriers un chef des ventes, tout en dirigeant les vendeur s, appartient nanmoins la catgorie vendeur. De mme, la personne est de la catgorie ou nature des agrgats, quoique paraissant en tre le contrleur, et inversement, les agrg ats, comme les vendeurs, semblent dpendre de la personne laquelle, pareille au ch ef des ventes, semble en tre indpendante mais ne l'est pas. Ainsi, dans la concept ion inne d'un soi de la personne celle-ci parat exister de son propre chef, par el le-mme, de manire indiffrencie en relation avec le corps et l'esprit qui se trouvent g alement mls comme de l'eau dans du lait ainsi que l'exprime le Ve Dalai Lama. . Les Idalistes s'appliquent dmontrer qu'objet et sujet ne sont pas des entits distin ctes bien qu'apparaissant ainsi toute conscience, et que les objets ne sont pas naturellement les bases de leurs noms, c'est--dire qu'un connaissable n'est pas, par son mode d'tre propre, la base de son nom mais que celui-ci dpend de la consci ence dsignative. Ceci est, pour eux, le non-soi subtil des phnomnes et l'objet prin cipal de mditation des Hros pour l'veil. . Les deux coles du Milieu s'accordent dans leur manire de rfuter une existence relle

de tous les phnomnes. Pour les Autonomes un phnomne doit ncessairement exister object ivement: lorsqu'un objet dsign est recherch on doit le trouver. C'est ainsi qu'il r essort de l'investigation que la personne est la conscience mentale ou son conti nuum. Les Consquentialistes, qui n'admettent pas l'existence objective, ne dcouvre nt pas l'objet dsign. D'o leur dfinition particulire de la personne. Percevant que to us les phnomnes intrieurs et extrieurs ont un mode d'tre tabli partir de leur apparen e l'esprit, Autonomes et Consquentialistes affirment que l'objet de ngation dans l a thorie du non-soi est l'existence relle. Pour tous deux la saisie d'une existenc e est la conception d'une existence vraie des essences, laquelle serait tablie in dpendamment de leur apparence l'esprit. Les deux dfenseurs du Milieu s'accordent a ussi pour ce qui est du rejet, durant l'quilibre mditatif issu de la force de l'an alyse, d'une existence qui ne serait pas tablie par le pouvoir de l'esprit. Toute fois, les Autonomes maintiennent que durant la priode d'obtention subsquente ou pri ode post-mditative les phnomnes sont semblables des illusions dans le contexte d'un e existence en raison de leur caractre propre. Les Consquentialistes, voyant que c e rejet de l'tre en soi durant l'quilibre mditatif laisse nanmoins quelque chose, affi rment que ce quelque chose est la simple dnomination. C'est la diffrence la plus fra ppante entre ces deux coles. Encore une autre distinction: les Autonomes nient l' existence relle des phnomnes tout en leur concdant une existence du fait de leurs pr opres caractristiques ou existence objective. Incapables de distinguer l'existenc e objective de la simple existence ils considrent que refuser la premire quivaut au rejet de toute forme d'existence. C'est la raison pour laquelle ils argumentent avec force contre les Idalistes dont la position est que les phnomnes imaginaires sont privs d'existence objective. Les Consquentialistes dclarent qu'existence relle, existence objective, existence par ses caractristiques propres ou sa nature prop re, etc., sont des termes synonymes qu'ils rejettent en bloc pour n'accepter qu' une simple dsignation. . En bref, toutes les philosophies bouddhiques rfutent un soi ou personne permanent , un et indpendant, c'est--dire, qui aurait un caractre distinct des agrgats. . Les Particularistes et les Tenants des Discours ne font pas de prsentation des no n-soi grossier et subtil des phnomnes car, selon eux, ceux-ci existent rellement. L 'inexistence d'une personne permanente, une et indpendante est le non-soi grossie r de la personne, et l'inexistence d'une personne auto-suffisante l'existence su bstantielle est le non-soi subtil. Une personne auto-suffisante l'existence subs tantielle serait une personne capable d'exister par elle-mme, qui pourrait apparat re l'esprit sans dpendre de l'apparence d'autre chose. Toutefois, parmi les dix-h uit coles particularistes, les cinq courants des Sammitiya acceptent un soi subst antiel ni identique ni diffrent des agrgats. . La dfinition du non-soi de la personne des Idalistes est identique celle des deux traditions du Petit Vhicule. L'absence ou vacuit d'une existence par leur caractre propre des choses en tant que bases de noms, l'absence ou vide de dualit entre su jet et objet et l'absence d'objets extrieurs constituent pour eux le non-soi subt il des phnomnes. L'inexistence d'objets extrieurs forms d'une collection d'atomes sa ns parties est prsente comme le non-soi grossier des phnomnes. . La dfinition des non-soi grossier et subtil de la personne que donnent les Autono mes Pratiquants de l'Union est la mme que celle des systmes prcdents. Le non-soi gro ssier des phnomnes correspond au non-soi subtil des phnomnes