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Cancer du rein, lithiase urinaire § I. Ouzaid Service d'urologie, hôpital Bichat-Claude-Bernard, 46, rue Henri-Huchard, 75018 Paris, France CANCER DU REIN (RCC) Recherche fondamentale Une équipe a rapporté une méthode permettant de réaliser en routine, pour les patients traités par thérapies ciblées (TC) pour un cancer du rein métasta- tique (CRM), l'analyse simultanée des principales altérations moléculaires quantitatives (AMQ) identiées comme pronostiques du CRM (Résumé 058). Quatorze gènes situés sur des régions chromosomiques présentant des AMQ (pertes ou gains) dans les CRM ont été sélectionnés : EGFR (chromosome 7p12), MYC (8q24), CDK4 (12q13), SLC7A8 (14q11), MCM2 (3q21), KIF1B (1p36), PDGFRB (5q31), PDCD1 (2q37), PTTG1 (5q35), VHL (3p25), PLG (6q26), CDKN2A (9p21), ALDOB (9q21), LPCAT1 (5p15). À partir de tissus rénaux congelés, issus de pièces de néphrecto- mies, les 14 fragments exoniques corres- pondant à ces gènes étaient ampliés simultanément par PCR à partir de l'ADN du tissu tumoral et du tissu sain avoisinant, en utilisant des amorces mar- quées par uorochrome. Deux gènes contrôles étaient intégrés pour étalonner les mesures : CPNE1 (20q11), DCHS2 (4q31). Après migration électrophorétique sur séquenceur, le prol QMPSF issu du tissu tumoral était superposé à celui du tissu sain pour identi er les AMQ surve- nues au sein de la tumeur. Sur les 7 tumeurs testées, 6 (85 %) tumeurs pré- sentaient au moins une AMQ. En moyenne 6,3 AMQ pour 14 gènes explo- rés (45 %) étaient observées. Les gènes les plus fréquemment altérés étaient : EGFR, MYC, PDGFRB, PDCD1, PTTG1 et LPCTA1. L'étude de l'impact de ces AMQ est actuellement en cours sur une série de patients traités par TC pour un CRM. La protéine PAR-3 est impliquée dans le développement et le maintien de la pola- rité cellulaire. Elle est associée à d'au- tres protéines dans les changements du cytosquelette, la signalisation et la migration cellulaire. L'analyse en immu- nohistochimie d'une cohorte de 96 patients atteints de carcinomes à cel- lules claires a montré une corrélation signicative entre la surexpression de PAR-3 dans la tumeur primitive et une diminution de la survie sans progression comme de la survie globale des patients (p < 0,0001) (Résumé 002). De la même manière, le TGFB1 (Résumé 003) et les NGAL (Résumé 004) urinaires ont été rapportés comme ayant des valeurs pro- nostiques dans les cancers du rein à cel- lules claires. Recherche clinique Une étude multicentrique a évalué la néphrectomie totale laparoscopique pour les tumeurs de 10 cm chez 89 patients (Résumé 057). La durée moyenne d'intervention était de 3 heu- res et les pertes sanguines de 175 mL. Les taux de complications per- et post- opératoires étaient de 12,5 et 30 %. Le taux de conversion était de 19 % avec plus de 70 % des interventions réalisées par des chirurgiens experts. Une équipe a souligné l'importance de l'attitude chirurgicale agressive dans la prise en charge des tumeurs du rein en rapportant les résultats de la résection de métastases pancréatiques isolées (Résumé 061). Les survies globales à 2 ans et 4 ans étaient respectivement de 79 et 72 % sans différence signica- tive entre la survie globale des patients avec métastases pancréatiques multiples et uniques HR = 1,6 (IC : 0,456,4). L'analyse du sous-groupe de patients qui ont eu des biopsies des masses rénales dans le registre NEPHRON n'a pas mis en évidence une corrélation entre les biopsies et la survenue de complications chirurgicales (Résumé 005). Une équipe a rapporté une série de 100 cas de néphrectomies partielles robot-assistée (Résumé 195). Le temps opératoire moyen était de 141,3 min, l'ischémie chaude de 21,2 min et la durée d'hospitalisation de 5,3 jours. Une conversion en chirurgie ouverte a été nécessaire. Les marges chirurgica- les étaient saines dans tous les cas. Avec un suivi moyen de 25,7 mois il n'y a pas de récidive. La fréquence des complications postopératoires était de 8 % (3 pseudo-anévrismes, 4 épiso- des de saignement), traités par voie endovasculaire. LITHIASE URINAIRE Une étude rétrospective portant sur 37 patients présentant des calculs rénaux uniques ou multiples de 15 à 60 mm ayant eu une miniperc (néphro- scope miniaturisé Storz ou Wolf Ch 12) a été présentée (Résumé 260). Les patients ont été installés en décubitus dorsal en position Valdivia modiée à Galdakao. La fragmentation des cal- culs a été réalisée au laser en utilisant des bres de 365 à 600 mm. Pour l'extraction des fragments, l'effet « vacuum cleaner » résultant du phéno- mène de Bernouilli a été largement uti- lisé évitant ainsi le recours au matériel à usage unique. Une néphrostomie Ch 8 ou de la colle biologique ont été employées pour le trajet percutané. La durée opératoire moyenne partir de l'intubation) était de 80 min (50130). Un drainage par sonde double J a été nécessaire pour 24 % des patients (n = 9). Le taux de sans fragment incluant les fragments résiduels non signicatifs ( 4 mm) à 1 mois était de 92 %. Le taux de retraitement à 1 mois était de 8 % (3 patients ont eu une LEC complémentaire pour des fragments 5 mm). Aucune complication postopé- ratoire n'a été mise en évidence pour 81 % des patients. Quatre et deux patients ont eu respectivement une complication Clavien 1 et 3. Un patient a eu un sepsis sévère classé Clavien 4. La durée moyenne d'hospitalisation était de 2,4 j (17). Une autre étude s'est intéressée à l'im- pact d'un drainage par une sonde JJ Adresse e-mail : [email protected] Progrès en Urologie FMC 2014;24:F33F34 Compte-rendu de congrès http://dx.doi.org/10.1016/j.fpurol.2014.02.001 F33

Cancer du rein, lithiase urinaire

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Page 1: Cancer du rein, lithiase urinaire

Adresse e-mail : [email protected]

Progrès en Urologie – FMC 2014;24:F33–F34 Compte-rendu de congrès

http://dx.doi.org/10.1016/j.fpurol.2014.02.001

Cancer du rein, lithiase urinaire§

I. Ouzaid

Service d'urologie, hôpital Bichat-Claude-Bernard, 46, rue Henri-Huchard, 75018Paris, France

CANCER DU REIN (RCC)

Recherche fondamentaleUne équipe a rapporté une méthodepermettant de réaliser en routine, pourles patients traités par thérapies ciblées(TC) pour un cancer du rein métasta-tique (CRM), l'analyse simultanée desprincipales altérations moléculairesquantitatives (AMQ) identifiées commepronostiques du CRM (Résumé 058).Quatorze gènes situés sur des régionschromosomiques présentant des AMQ(pertes ou gains) dans les CRM ontété sélectionnés : EGFR (chromosome7p12), MYC (8q24), CDK4 (12q13),SLC7A8 (14q11), MCM2 (3q21), KIF1B(1p36), PDGFRB (5q31), PDCD1 (2q37),PTTG1 (5q35), VHL (3p25), PLG (6q26),CDKN2A (9p21), ALDOB (9q21),LPCAT1 (5p15). À partir de tissus rénauxcongelés, issus de pièces de néphrecto-mies, les 14 fragments exoniques corres-pondant à ces gènes étaient amplifiéssimultanément par PCR à partir del'ADN du tissu tumoral et du tissu sainavoisinant, en utilisant des amorces mar-quées par fluorochrome. Deux gènescontrôles étaient intégrés pour étalonnerles mesures : CPNE1 (20q11), DCHS2(4q31). Après migration électrophorétiquesur séquenceur, le profil QMPSF issu dutissu tumoral était superposé à celui dutissu sain pour identifier les AMQ surve-nues au sein de la tumeur. Sur les7 tumeurs testées, 6 (85 %) tumeurs pré-sentaient au moins une AMQ. Enmoyenne 6,3 AMQ pour 14 gènes explo-rés (45 %) étaient observées. Les gènesles plus fréquemment altérés étaient :EGFR, MYC, PDGFRB, PDCD1, PTTG1et LPCTA1. L'étude de l'impact de cesAMQ est actuellement en cours sur unesérie de patients traités par TC pour unCRM.

La protéine PAR-3 est impliquée dans ledéveloppement et le maintien de la pola-rité cellulaire. Elle est associée à d'au-tres protéines dans les changements ducytosquelette, la signalisation et lamigration cellulaire. L'analyse en immu-nohistochimie d'une cohorte de96 patients atteints de carcinomes à cel-lules claires a montré une corrélationsignificative entre la surexpression dePAR-3 dans la tumeur primitive et unediminution de la survie sans progressioncomme de la survie globale des patients(p < 0,0001) (Résumé 002). De la mêmemanière, le TGFB1 (Résumé 003) et lesNGAL (Résumé 004) urinaires ont étérapportés comme ayant des valeurs pro-nostiques dans les cancers du rein à cel-lules claires.

Recherche cliniqueUne étude multicentrique a évalué lanéphrectomie totale laparoscopiquepour les tumeurs de 10 cm chez89 patients (Résumé 057). La duréemoyenne d'intervention était de 3 heu-res et les pertes sanguines de 175 mL.Les taux de complications per- et post-opératoires étaient de 12,5 et 30 %. Letaux de conversion était de 19 % avecplus de 70 % des interventions réaliséespar des chirurgiens experts.Une équipe a souligné l'importance del'attitude chirurgicale agressive dans laprise en charge des tumeurs du rein enrapportant les résultats de la résectionde métastases pancréatiques isolées(Résumé 061). Les survies globalesà 2 ans et 4 ans étaient respectivementde 79 et 72 % sans différence significa-tive entre la survie globale des patientsavec métastases pancréatiques multipleset uniques HR = 1,6 (IC : 0,45–6,4).L'analyse du sous-groupe de patients quiont eu des biopsies des masses rénalesdans le registre NEPHRON n'a pas misen évidence une corrélation entre lesbiopsies et la survenue de complicationschirurgicales (Résumé 005).Une équipe a rapporté une série de100 cas de néphrectomies partiellesrobot-assistée (Résumé 195). Le tempsopératoire moyen était de 141,3 min,

l'ischémie chaude de 21,2 min et ladurée d'hospitalisation de 5,3 jours.Une conversion en chirurgie ouverte aété nécessaire. Les marges chirurgica-les étaient saines dans tous les cas.Avec un suivi moyen de 25,7 mois iln'y a pas de récidive. La fréquencedes complications postopératoires étaitde 8 % (3 pseudo-anévrismes, 4 épiso-des de saignement), traités par voieendovasculaire.

LITHIASE URINAIRE

Une étude rétrospective portant sur37 patients présentant des calculsrénaux uniques ou multiples de 15 à60 mm ayant eu une miniperc (néphro-scope miniaturisé Storz ou Wolf Ch 12) aété présentée (Résumé 260). Lespatients ont été installés en décubitusdorsal en position Valdivia modifiéeà Galdakao. La fragmentation des cal-culs a été réalisée au laser en utilisantdes fibres de 365 à 600 mm. Pourl'extraction des fragments, l'effet« vacuum cleaner » résultant du phéno-mène de Bernouilli a été largement uti-lisé évitant ainsi le recours au matérielà usage unique. Une néphrostomie Ch8 ou de la colle biologique ont étéemployées pour le trajet percutané. Ladurée opératoire moyenne (à partir del'intubation) était de 80 min (50–130). Undrainage par sonde double J a éténécessaire pour 24 % des patients(n = 9). Le taux de sans fragmentincluant les fragments résiduels nonsignificatifs (� 4 mm) à 1 mois était de92 %. Le taux de retraitement à 1 moisétait de 8 % (3 patients ont eu une LECcomplémentaire pour des fragments�5 mm). Aucune complication postopé-ratoire n'a été mise en évidence pour81 % des patients. Quatre et deuxpatients ont eu respectivement unecomplication Clavien 1 et 3. Un patienta eu un sepsis sévère classé Clavien 4.La durée moyenne d'hospitalisation étaitde 2,4 j (1–7).Une autre étude s'est intéressée à l'im-pact d'un drainage par une sonde JJ

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Page 2: Cancer du rein, lithiase urinaire

Figure 1. Évolution du traitement chirurgicale des calculs urinaires de 1985 à 2012 àl'hôpital Tenon (Paris).

I. OuzaidCompte-rendu de congrès

après une urétéroscopie non compli-quée (n = 200) pour un calcul distal(Résumé 258). Selon les résultats decette étude, le drainage par sonde JJn'a réduit ni l'incidence ni l'intensitédes douleurs pelviennes post-urétéros-copie et s'est accompagné d'un tauxplus élevé de signes urinaires. Ainsi,ce drainage urétéral n'apparaît pascomme étant systématique après urété-roscopie non compliquée.Le traitement par urétéroscopie premièredes coliques néphrétiques causées pardes calculs distaux a fait l'objet d'uneétude portant sur 60 patients (Résumé255). Le taux de succès était de 90 %.La durée de moyenne de séjour à l'hôpitalétait de 24 heures (intervalle : 12 h–48 h). Les complications étaient fréquen-tes mais d'intensité minime à modéré(douleurs pelviennes : 100 % ; Evamoyenne 3,5, hématurie : 60 %). Il n'yavait pas de fièvre postopératoire. Parailleurs, une fausse route et 3 déchiruresdu méat ont été rapportées et qui ontnécessité un drainage urétéral.

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Une équipe a rapporté l'évolution dutraitement chirurgical de la lithiase uri-naire dans un CHU (Résumé 252). Surla période étudiée (27 ans), le nombrede NLPC et chirurgie ouverte était restéstable. En revanche, le nombre de LEC

est en constante baisse au profit del'urétéroscopie avec des courbes quise croise en 2007 (Fig. 1).

§Spécial AFU 2013 – 107e Congrès de l'Associationfrançaise d'urologie : l'essentiel du congrès.