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8/19/2019 Cahiers hjhde Sociologie Volume 1 Issue 1946 [Doi 10.2307_40688775] MIKEL DUFRENNE -- Existentialisme Et Soci…
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8/19/2019 Cahiers hjhde Sociologie Volume 1 Issue 1946 [Doi 10.2307_40688775] MIKEL DUFRENNE -- Existentialisme Et Soci…
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Mikel
Dufrenne
tionnalité
ui sertà la foisà
liquider
'idéalisme,
uisque
e
mouvement
ropre
de
la
conscience
st
de se
transcender
comme n
éclatant,
ers
quelque
objet
extérieur
elle dont
elle
n'est
amais
que
le
pur
reflet ans
épaisseur
t sans
consis-
tance,
et
à manifester
a
liberté,
uisque
out
objet
récipro-
quement
n'est
qu'à
condition
'apparaître
une
conscience,
et
que
tout
cogitatum
st
relatif un
cogito.
Elle est
donc
en
garde
contre
toute
objectivité
ociologique.
Elle
répugne,
comme 'atteste
e titre
d'un
ivre
récent,
l'idée
que
les faits
sociaux soientdes « choses», que la société oit extérieure
à
l'individu,
u
la
conscience
ollective
ranscendante
la
conscience
ndividuelle.
lle
refuse es
principaux ostulats
de Durkheim.
Et
peut-être,
n
effet,
es
postulats
ardent-ils
ncore
un
caractère
métaphysique,
n
ce
qu'ils
définissent
priori
l'objet
et le
statutde
la
sociologie,
t font-ils bstacle cet
empirisme
adical
que
recommande
M. Gurvitch.Allons
plus
loin : la
sociologie
peut-être
ntérêt faire la
pre-
mière
certaines oncessions
ux
exigences
e
la
philosophie
existentielle.omment Il nousfaut faireun détour our e
montrer. ne
des
principales
♦démarchese la
philosophie
existentielleésidedans
l'analyse
du
«
cogito
pré-réflexif
:
c'est
à
qu'on
peut
surprendre
'intimité e
l'en-soi t du
pour-
soi,lesecret
e 'être
u
monde,
t
vérifierommenta
conscience
est
conscience
'un
monde.
Nous
vons
vec
'être
es
choses
n
rapport
mmédiat
elon
equel
elles
nous
pparaissent résentes
et
signifiantes
n
deçà
de tout
raisonnementt de toute
igni-
fication
ogique,
n
deçà
même
de
toute
activité
onstituante
de
synthèse
nous
nous
ouvrons
la
chose,
t la
chose
nous
apparaît avec une évidence rrésistible,ien que toujours
précaire,
omme
pparaît
'idée vraie
l'entendement.
t
c'est
ainsi
d'abord
que
nous
comprenons.
cte
originel,
ar
lequel
nous
éprouvons
en
e vivant la
signification
xprimée
ar
une
chose,
non
seulement
a structure
matérielle,
mais
tous
les
prédicats
ont
elle est
chargée,
a
«
forme
,
qui
est
son
visage
où
se
conjuguentnséparablement
es
traits t
l'expres-
sion.
Le sens ainsi
compris
e
l'objet,
c'est
e
lien ndéchirable
qui
l'unit
l'existence.
Mais alors
outeréalité
eut
être onsi-
dérée selon deux
perspectives,
elle
de la
connaissancemmé-
diate et celle de la connaissance éfléchie,'est-à-dire elon
qu'elle
est
vécue
par
e
sujet
oncret
qui
elle
e
révèle,
eplacée
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Existentialisme
t
Sociologie
dans
une structure
'existence,
u
qu'elle
est connue
omme
un
objet
distinct,
tranger,usticiable
u
traitement
bjectif
qui
la réduit
à
un schéma
rationnel.
Il
resterait
décrire
ensuite
e
passage
d'une
perspective
l'autre,
t
la
genèse
du
monde
ntelligible partir
du
monde
vécu.)
Ainsi
du
corps
exemple rivilégié arce
qu'il
est
à la fois
'objet
et
l'instru-
ment
de
la
connaissance.
l
peut
être
considéré,
oit
comme
corps objectif
dont
l'anatomie
et la
physiologie
ont
eur
objet,
et
qu'elles
ramènent une totalité
d'éléments t à
un
nœud de fonctionsccomplies n troisième ersonne, oit
comme
orpspropre
M.
Merleau-Ponty,
eprenant
t
préci-
sant
es
suggestions
e
G.
Marcel,
it
phénoménal
vécu
en
première ersonne,
out
mêlé à la
conscience
t
impliqué
dans
chaque
démarche u
sujet
l'analyse
des
comportements
élémentaires
perception,
esoin,
motion,
révèle e
que
Pradines
appelle
«
les
implications sychiques
du
corps
»,
et
il
n'y
a
point
de doute
que
cette
tentative,
ar aquelle
nous
devons aire
iolence
ux habitudes e
pensée
artésiennes,
n'exige
n
nouvel
ppareil
e
concepts
t de nouvellesméthodes
d'investigation ue celles de la psychophysiologiebjec-
tive.
Nous
avons
invoqué
cet
exemple
parce
qu'il
n'est
point
sans
rapport
vec
l'objet
de la
sociologie.
es liens
ambigus
qui
relient 'individu
à
son
corps
ne
sont
point
tellement
différentse ceux
qui
l'unissent u
groupe
ocial.L'on
pourrait
même
montrer,
ans
être
soupçonné
d'organicisme,ue
la
société st
en
quelque
façon
ne
annexe
du
corps,
n vêtement
qui
l'habille,
un
outil
qui
le
prolonge,
ne
nature
plus
vaste
dont
'individu
st investi t
par
laquelle
l
peut
êtreatteint
ou actif n despoints loignés e sonhorizonpatialou tem-
porel.
En
tout
cas,
la
relation
u
moi au
corps
st
analogue
la
relation u moi
au
groupe.
e
même
ue
le
corps
st
la fois
moi-mêmet
a
chose,
nstrument
t
destin
elon
ue
e
m'iden-
tifie
à
lui
ou le considère u
dehors,
de
même e
groupe.
Et
l'on
peut
alors
résolument
istinguer
'étude
objective
du
groupe
omme
hose,
t
l'étude
phénoménologique
u
groupe
comme
vécu
par
l'individu.
Cette
distinction,
u
surplus,
n'est
pas
neuve
elle est
appeléepar
tout
propos
d'empirisme
radical t
nous
pensons
u'on
pourrait
un
examen
minutieux,
la trouvermpliquéedans les distinctionséjà classiquesdu
mécanique
t
de
l'organique,
u clos
et de
l'ouvert,
t
à
coup
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Mikel
Dufrenne
sûr
dans
a
distinction
ue
propose
M. Gurvitchntre
e
spon-
tané et
l'organisé1.
Mais
regardons-y
'un
peu plus
près.
A cette
phénoméno-
logie
du
social,
e
groupe pparaît
omme
onstitutif
e
l'indi-
vidu.
La
réalité ociale
et,
au
même itre
que
le
corps,
une
structure
e
l'existence,
un fait
premier
j'existe
social,
comme
'existe
corporel.
ans
doute
e
corps
st-il
unique,
t
la
société
composée
de
groupes
multiples
t enchevêtrés
l'on sait
aujourd'hui ue
les
sociétés
es
plus
primitives
'ont
riende simple.Mais 'irréductibleluralité es groupes t des
modes
de
groupement
orrespond récisément
des
modes
d'existencedifférents.
t
ce
sont ces
manières
d'être
qu'il*
importe
e décrire. 'hommeest d'abord
ié
aux autres en
général
et la
sociologie
eut
ici
reprendre
son
compte
es
analyses
de
Husserl t
de
Heidegger ui
cherchent
saisir u
cœur
même des
consciences,
t
dans
leur
surgissement,
ne
liaison
fondamentale
autrui,
t une
compréhension
réonto-
logique
d'autrui.Chacunde mes actes
mplique
ne référence
à
autrui,
sa
présence
u à
son
regard
je
suis
comme
aigné
dans cet immenseugementmuetqu'autruide toutesparts
porte
ur
moi,
et
qui
est
l'occasionde
mon
assomption
u
de
ma
déchéance.
out
l'univers,
matériel
u
culturel,
utour
de
moi,
porte
a
marque
'autrui.
avantage,
outes es nitiatives
de
la conscience
upposent
e
rapport
autrui
la
conscience
est ouverte
ur
'autrecomme ur e
corps.
Et
il
ne
suffit
as
de dire
qu'elle
s'ouvre
en
se transcendant
ers ui
mais
elle
est
ouverte
par
nature,
n
ce
double
sens
qu'autrui
ui
est
immédiatement
ccessible,
par
une
Einfühlung
aturelle,
et
que,
même
i elle
ne
l'appréhende
as
en
personne,
lle
est
comme mprégnéear sa présence ossible.Là où la pensée
est a
plus
transparente
t la
plus
singulière,
l
s'insinue
n elle
quelque
chose
ui
diffère
'elle
et
pourtant
ide
à la constituer
je pense
avec
mon
corps,
e
pense
avec
autrui2
je participe
1.
«
L'extériorité
u social
ne
vient
que
de sa
couche
organisée
t
réfléchie,
ui
se détache
parfois
de sa couche
sous-jacente,
norganisée,
spontanée,
mmédiate
(Morale théorique
t
science
es
mœurs,
.
180).
2. Ces
thèmes
ont
gréés
par
es
philosophies
xistentielles
ui gardent
le souci d'une
analyse
transcendantale
es structures
e
la conscience
c'est ainsi
que
Heidegger décrit
e Mitsein
comme constitutif
e
la
conscience,t que Merleau-Ponty écrit « II fautdoncque déjà dansla
réflexion
a
plus
radicale
e
saisisse
autour
de
mon ndividualité
bsolue
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Existentialisme
t
Sociologie
à
autrui
par
mes
fibreses
plus
secrètes.
Même
orsque e
ne
suis
pas
devant
un
«
toi
»,
e
suis
«
je
»
au sein d'un
«
nous
»,
et comme
e
délégué
d'une
pluralité
qui
m'est immanente.
C'est une
propriété
e l'être-au-monde
ue
de n'être
pas
seul
au monde la
consubstantialité
es
consciences
st une
struc-
turede
a
conscience.
t c'est
par
à,
en
montrant
ue
l'intimité
du
moi
est
«'transpersonnelle
que
M. Gurvitch
claire
e
pro-
blèmede
la
conscience
ollective.
ar
là aussi
s'éclairerait
e
problème
e
la
liberté la conscience
st d'autant
plus
libre,
d'autantmoinssollicitée ar une pressionde la conscience
collective,
ue
son
intégration
st
plus
complète
t
qu'elle
se
sent
plus
profondément
ommunier
vec es autres onsciences
et à ce
propos,
M. Znaniecki
nous
met
ustement
n
garde
contre
e
préjugé
ui
refuse
oute
pontanéité
u
toute
richesse
à
un
acte
sous
prétexte
u'il
se
conforme
un
idéal
collectif,
comme
i
l'adhésion
tait névitablement
ne
servitude.
'on
conçoit
partir
e
là l'intérêt
u'apporte
M. Gurvitch
l'étude
des
formes
e
la
sociabilité
elle est
la
suite
de
l'enquête
ui
révèle a
pluralité
t
la
réciprocité
es consciences
elle
mani-
feste es multiplesmodesconcrets e cetteréciprocité.ar
de
même
ncore
ue
l'individu
e sent
ié de
maintes
açons
à
son
corps
selon
la
fatigue,
'entrain,
'allégresse,
a
peur,
l'assurance,
n sorte
que l'aspect
singulier
e
cette
relation
donne
eur ontenu
ropre
chaquepassion
t
à
chaque
ction,
de
même l
se
sent
ié de
maintes
façons
autrui.
D'abord
d'après
e
degré
de
la relation
autrui,
rès
variable
elon a
profondeur
u sentiment
u
la nature
des
liens.
Ensuite,
d'après
a
qualité
mêmede
cette
elation,
elon
qu'elle
se
noue
au niveau
des
institutions,
es
rites,
des
symboles
ollectifs
ou de ces aspirationsue Durkheimapportaitux « courants
libres
du
psychisme
ollectif
.
Par
là,
se dessine
a
figure
u
groupe.
l
prend
forme
ux
yeux
de
l'individu,
précisément
n fonction
e
l'élan
avec
lequel
il se
porte
à
lui,
ou de
la
façon
dont
l s'oriente
ar
rapport
lui.
Le
groupe
devient
bien
alors
une
«
forme au
comme
un halo de
généralité
u comme
une
atmosphère
e
socialite.
(Phénoménologie
e
la
perception,.
511).
Par
contre,
es
thèmes eraient
récusés
par
une
philosophie
lus
intransigeante
omme
celle de
Sartre,
«oucieuse
à la fois de
préserver
a
transparence
t
la
spontanéité
e la
conscience, t de soulignere caractère ontingent e la rencontre vec
autrui.
Cf.
a
critique
du Mitsein
dans L'Etre et
e
Néant,
p.
301
sq.)
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Mikel
Dufrenne
sens
où
l'entendent
es
Gestaltistes
et Ton
peut
parler
d'un
«
schéma ocial
»,
comme es
physiologues
llemands
arlent
d'un
«
schéma
corporel
,
c'est-à-dire
'une structure
éter-
minéedu
corps,
e
ses
postures
t
de ses
pouvoirs,
erçue
t
vécue
au
sein
d'une situation
onnée.
La
réalité ociale est
impliquée
dans
la manière 'être
du
sujet
elle
s'articule
n
totalités
istinctes,
n
figures
articulières
ui
correspondent
à autant
de
modes
d'adhésion
t
d'engagement.
n
groupe
est
une
forme
comme
n
paysage
parce que
je
me
sens
lié de certaine açon, ar ce qu'en l'assumant t en le vivant
comme
ne
situation,
e
découvre
n
lui une
structuret une
autorité,
ui
s'expriment
ar
exemple
ar
des
institutions,
n
statut
uridique,
n
ordre
axio-normatif.
Alors,
pparaît
l'objectivité
u fait
ocial,
vec
tous
es
aspects ontraignants,
éthiques
ou
juridiques, ar
lesquels
elle se
manifeste mais
je
ne suis
pris
insi
en
ui
que parce
que
je m'yprends je
suis
dans e
groupe arce
que
le
groupe
st
pour
moi,
que
je m'y
intègre
t
que
j'en
adopte
es
normes.
t
notons-le
u
passage,
c'est
parce
que
cette
adoption suppose
mon
initiative t
comporte es marges ue la sociométrieeut se consacrer
l'étude
systématique
es
variantes
ue
l'individu
brode sur
le schéma
ollectif.
Ainsi
peut
s'instituer
ne
sociologie
comprehensive
,
au
sens
où
Jaspers
arle
d'une
psychologie
comprehensive
.
Comme
ous
comprenons
vec
évidence
que
l'homme
ttaqué
se
mette
n
colère
u
que
l'amant
trompé
evienne
aloux
»,
nous
pouvons omprendre
e
que
représente
ux
yeux
de
l'indi-
vidu
un
uge,
un
parti
politique
u
une
équipe
portive,
u
un
événement
omme a
guerre
u une crise
économique.
En
restant e plain-piedvec la conscience,ouspouvons, elon
le
vœu de
a
phénoménologie,
u
lieu
d'expliquer,
écrire. ette
entrepriseuppose
sans doute
'élaboration
'un
système
e
concepts.
t
comme
ous
ne
pouvons
rétendre
ci à
l'amorcer,
limitons-nous
donner
n
exemple.
oit
le
groupe
onstitué
par
une
classe
dans
un
établissement
colaire
l'on
voit
quelles
investigations
e
proposent
comment
a
classe
apparaît-elle
aux élèves
et aussi
bien au maître
Que
représente-t-elle
selon
l'âge
ou le caractère e chacun
Selon
que
l'élève a
conscience 'en êtremembre u
«
est
en
classe
»
?
Quel
genre
de relations ntreses membres ommande-t-elleQuelles
modifications
u
champperceptif
pporte-t-elle,
u
du
champ
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Existentialisme
t
Sociologie
culturel
?
Quels
éléments
de
valorisation
propres
à
déterminer
des
conduites
et
des
jugements
de
valeur
spécifiques,
u
quels
symboles
et
quels
rites
propres
à
exprimer
a réalité
?
Selon
quelles
circonstances
varient le
sentiment
d'appartenance
et
les
comportements
u'il
inspire
?
L'on dira
qu'une
telle
enquête
n'aboutira
qu'à
des
évidences
déjà
formulées
par
la
psycho-
logie
littéraire,
et
que
c'est
beaucoup
de
bruit
pour
rien.
L'objection
vaudrait
aussi bien
contre
maintes
enquêtes
menées à
grand
frais
en
Amérique.
Elle
signifie
seulement
l'urgenced'un appareil précis de concepts en chaque science
d'observation,
la
nature ne
répond qu'aux
questions qu'on
lui
pose,
et
l'intérêt
de
la
réponse dépend
de la valeur de
la
question.
Mais
c'est
par
ces
analyses
qu'on
pourra
déterminer
la
forme
du
groupe,
ou
du
fait
social,
dans
les
perspectives
de
qui
le
vit
comme un
élément de
son
Umvelt.
Et
en
recoupant
les observations
et
les
témoignages
individuels,
nul doute
qu'on
n'arrive à une
définition es
groupes
ou
des
faits
sociaux
en
général,
et
qu'une
typologie
ne
puisse
systématiser
es
aspects
des
groupes
selon les
individus
et la nature
sociale
des individusselon la consciencequ'ils prennentdes groupes.
Cette
étude,
nous
l'avons
dit,
aurait
sans
doute le
patro-
nage
de
la
philosophie
xistentielle.
Mais
la
sociologie
ne
saurait
en rester
à
;
il
faut
encore
qu'elle
entreprenne
omme e voulait
Durkheim,
'étude
objective
des faits sociaux
vus du dehors et
non
plus
du
dedans
;
et il
conviendrait
u'à
son tour
la
philo-
sophie
existentielle ui
fît
quelques
concessions3.
Car
enfin
a
physique
est
autre chose
qu'une
phénoménologie
des
corps,
ou
la
biologie
des
organismes.
Sans
doute
la
phénoménologie
a-t-elle
plus
d'autorité
orsqu'il
s'agit
de
phénomènes
humains,
qui n'ont d'être et de sens que par la façon dont l'homme
s'engage
en
eux
et les
constitue
au lieu d'en
être
seulement e
témoin.
Mais
n'avons-nous
pas
vu au
passage
qu'elle
accusait
elle-même
es
propres
imites,
n
montrant
omment 'individu
finit
ar
prendre
onscience
de
l'objectivité
de
la réalité sociale
et en
appelle
ainsi à une
connaissance
objective
?
D'autre
part,
3. Concessions
uxquelles
Merleau-Ponty
serait
plus disposé
que
Sartre,
mais
plus
encore,
Jaspers
pour
qui
c'est
précisément
e drame
de
l'existence
d'être écarteléc entre
a
subjectivité
de
son
«origine»
et
l'objectivité e sa «situation sans amaispouvoir,ouspeinede se perdre,,se délivrer e cette
objectivité
ui
colle à elle commeune
tunique
de
Nessus.
167
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9/12
Mikel
Dufrenne
si
nous
pouvons
analyser
la
signification
d'une
classe
pour
l'élève,
n'est-ce
point
à
condition
de
savoir
du
dehors
qu'il
y
a
des classes et
des
élèves,
et avoir
quelque
idée de leur statut
?
Toute connaissance de
subjectif
n'est
possible
que
sur
fond
d'objectivité.
Qui
veut
saisir les liens
qui
l'unissent
au monde
doit
d'abord
se
séparer
du
monde et se le donneren
spectacle
l'existentialisme
beau
jeu
de
dire
qu'il
n'y
a
pas
de
point
de
vue de
Sirius d'où
survoler
e
monde,
et
que
nous
sommes
toujours
à
l'intérieur
de
la réalité
sociale,
mais
cela
signifie
seulementqu'une science objective n'est jamais achevée, non
que
l'effort
ers
l'objectivité
soit
illégitime
ou vain.
En
fait,
nous n'avons
conscience de notre être-au-monde
que
parce
que
nous
pouvons
en
quelque
manière
le
surplomber
omme
nous
ne
repérons
notre Umwelt
qu'en
le
prélevant
sur
le
Welt
dont
nous
pressentons
u
moins
l'envergure
quand
nous
sai-
sissons son
caractère
débordant.
Mais ce n'est
point
encore
le
principal
ce
qu'il
faudrait
montrer,
ontre
es
assertions
de
certaines
philosophies
existentielles,
c'est
qu'une
sociologie
positive
est
justifiée
non seulement
par
une
exigence
d'intelli-
gibilité,mais par la nature même de l'homme.
Le
problème
est en
effet e suivant : d'où
vient
que
l'on
puisse
étudier la
réalité
sociale comme
extérieure
l'homme
et
dotée
d'une
nature
propre,
en sorte
que
les
hommes
qui
la
composent,
emblent
déterminés ans en
avoir conscience
par
des
lois
qui
les
dépassent
? Nous
ne
pouvons apporter
ci
que
l'esquisse
d'une
réponse.
Rappelons
d'abord,
fidèles
à l'ana-
logie que
nous
avons
instituée,
ue
le
même
problème
se
pose
pour
le
corps
:
bien
qu'il
se
révèle à l'examen
phénoménolo-
gique
comme
l'organe
d'une
conscience
et tout
pénétré
de
liberté,on ne peut dire avec Sartre qu'il soit « tout entier
psychique
»
;
il
a aussi
une
nature,
comme
en
témoigne
'invo-
lontaire
dont
il
est
le
siège,
par
quoi
il
est
objet
d'une
physio-
logie
objective
et se
prête
à une
psychologie
du
comportement.
De même
la
société,
bien
qu'elle
se reflète
oujours
dans
une
conscience,
est
régie
par
des lois
propres qu'une
observation
positive
peut
enregistrer
t
qui
pèsent
du
dehors
ur
'individu.
L'on
dira
que
la
sociologie
use
ici,
même
quand
elle ne
l'adopte
pas
expressément,
es
privilèges
de la
méthode
statistique
:
elle cherche
à
énoncer des
lois
valables
pour
des
ensembles,
et réserveentièrementes cas individuels le calcul des proba-
bilités
ne m'autorise
pas
davantage
à
prévoir
si
pile
ou
face
iff*
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Existentialisme
t
Sociologie
sortiront
tel
coup particulier
qu'à
affirmer
ue
tel
individu
doive
se marier
ou être
victime d'un
accident.
Si la
sociologie
rencontreun
objet
nouveau,
c'est
qu'elle
se
situe
à
une autre
échelle
-
les termes de micro
et
macrosociologie
le
disent
assez
-
où la
subjectivité
n'occupe plus
les
gros
plans,
et
où l'étude de
la forêt
détourne
de voir l'arbre.
L'individu
n'y
figure
lus
que
comme élément abstrait
d'un ensemble
l'indi-
vidu concret
n'y
est
pas
en
question,
et les lois
statistiques
passent
au-dessus
de
sa tête. Cet
argument
n'est
pas
refutable.
Mais il faut observerd'abord que bien des études sociologiques
visent
directement
e
comportement
de l'individu
et
ne
per-
mettent
plus
d'escamoter
le
problème
de sa liberté
ainsi
toutes
celles
dont
l'objet
est
à
l'échelle de
l'homme.
Et surtout
il
convient
de
se
demander
pourquoi
l'homme
peut
être
réduit
à
ce
statut d'individu
abstrait,
usticiable
d'un déterminisme
statistique.
Car
il
faut bien
qu'il
s'y
prête
par quelque
côté,
ne
fût-ce
ue
parce
qu'il
appartient
à
une
espèce
:
on
ne
pour-
rait traiter de Dieu
statistiquement4.
ela
signifie
n
fait
que
si l'homme
est
vulnérable
à
l'objectivité,
c'est
qu'il
est
objet
en quelque manière il est à la foispar la société commepar
le
corps,
iberté et
nature,
existence et
concept.
Plus
précisément,
a
constitution d'une
sociologie
objec-
tive
suppose
et
vérifie
que
l'homme est
affecté
d'une
double
passivité.
D'une
part
la
situation,
t
singulièrement
a situation
sociale,
fait
peser
sur
lui une
première
détermination.
Car la
situation,
bien
qu'elle
soit
toujours
pour
un
individu
et
n'ait
de
sens
que par
lui,
lui
est
cependant
extérieure
en
poussant
l'analyse,
nous
retrouverions
à
le
paradoxe
de
l'intentionnalité
tout
cogitatum
est relatif à
un
cogito,
et
pourtant toujours
extérieur lui). La situation sociale revêt l'aspect inéluctable
et
parfois
opprimant
d'un
donné
et
les
énoncés
de Durkheim
sur
le caractère
contraignant
u
fait
social
restent
ci
valables,
parallèlement
ceux de
Maine
de Biran sur le
caractère résis-
tant
du
monde extérieur. L'homme
«
est
au monde
par
son
4. Borel
dit
judicieusement
ans Le
Hasard
(p.
244)
que
la
théorie
des
probabilités,
ppliquée
à
l'homme nous
rappelleque
si
les hommes
sont différents
n bien
des
points,
ls sont semblables
n
d'autres ».
Il
ajoute
:
«
De telles
constatations
ont
éminemment
ropres
limiter es
excès de l'égoïsme ndividualiste. Nous croyonsen tout cas qu'elles
peuvent,
i l'on découvreeurfondement
ranscendantal,
imiter ertaines
prétentions
e
la
philosophie
xistentielle.
Î69
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Mikel
Dufrenne
projet
,
mais ce
projet
ne cesse
de
se
heurter la
duretédu
réel et
le
monde
ne
se révèle
monde
u'en
opposant
a
masse
brute ux
initiatives e la
subjectivité
ui
l'informent. ais
peut-être
'hommen'est-il ensible u
monde
ue parce qu'il
est lui-même
mondain,
la société
parce qu'il
est social.
Et
il
faut dmettre
u'il
est affecténcore
'une
passivité
ntrin-
sèque,qui
fait
peser
ur
ui
une
autre
détermination,
n
ce
que
son
projet,
u
moment
u'il
le
forme,
ui
échappe
t
prend
ors
de lui
une
signification
ouvelle.
a
psychanalyse,
ar
la
dis-
tinction u contenu atent t du contenu éel,nousa enseigné
combien st rare
une
conscienceucide
de
soi,
cette
parfaite
coïncidence vec
soi
qui
serait a liberté au sein même
du
cogito
'insinue
uelque
distance e
soi à soi
être
oi
est
pour
l'hommeune
tâche,
plutôt qu'une
prérogative.
e même a
sociologie
ous
pprend ue
des
corps
trangers
euvent
'intro-
duire
ans
a consciencet
en altérer
a
transparence.
'homme
n'est
pas
seulement
n
ituation,
l
a
un
être,
t
pour
insi
dire
une
«
nature
,
parce
qu'il
est «né
»,
quelque
part,
une ertaine
époque,
u sein d'une
espèce,
t
qu'il
a
désormais
ne
histoire.
L'hommen'estpas seulement,elonun motrécent,'avenir
de
l'homme,
l
est
aussi e
passé
de
'homme, t,
comme e
disait
déjà
Comte,
e
l'humanité
travers ui. En
d'autres
ermes,
l
est à la
fois,
ar
un
paradoxe
nvincible,
ujet
et
objet.
Et
en
tant
qu'objet,
la
fois l
offre
rise
des
déterminationst se
prête
un
savoir
objectif.
a
philosophie
xistentielle
end à
récuser ette
onnaissance
bjective
e l'homme
arcequ'elle y
soupçonne
n attentat
la
liberté
elle
n'acceptepas
que
le
pour-soi
uisse
amais
êtreréduit
la
condition
e
l'en-soi
elle
préfère
e
«
condamner
être ibre .
Mais
qui
ne voit
que
la liberté,uandelle devientibre, 'estplusvraimentiberté
Pour
que
l'homme
oit
ibre,
l
faut
qu'il
accède
à
la
liberté,
et
que
d'abord
l soit aussi
objet, longeant
es
racinesdans e
milieu
bjectif
u
corps
t de
la société.
l
faut
u'il
assume e
paradoxe
de
la
réalité.
Ces considérations
ous
mettent
n
mesure e
répondre
une
dernière
uestion
quel
peut
être
e
rapport
es deux
disci-
plines
ui
se
partagent
insi
'empire
e
la
sociologie
Le
fossé
entre lles
est
profond,
uisque
'une
décrit e social
comme
vécu
par
un
sujet
et
suspendu
lui,
'autrecomme
ivant
du
sujet i 'onpeutdire, ttranscendantlui. Peut-il tre omblé
L'on
voit
isément,
t
nous
'avons
remarqué,
omment
haque
170
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12/12
Existentialisme
t
Sociologie
discipline
s'éclaire à
l'autre
et la
suppose.
Mais
ce
rapport
dialectique peut-il
se résorber dans
une identification
Nous
croyonsque
l'être de l'hommevoue
chaque
science
de l'homme
à cette
insurmontable ension
et
tous
les
efforts
u'elles
font
pour
s'y
soustraire
e
manifestent
ncore. Sans doute la connais-
sance
objective
peut
se
recommander,
our requérir
un
mono-
pole,
de ses
progrès
t
de
son
pouvoir
d'explication
la
phéno-
ménologie
n'est
qu'une description,
même
quand
elle reven-
dique
la
rigueur
d'une
éidétique.
Mais outre
que
cette
descrip-
tion est elle-même usceptiblede progrès, 'est par elle que les
phénomènes
sociaux
prennent
d'abord
un
sens
et
sont
«
com-
pris
»
comme tels.
Point
de
science
rationnelle,
dirions-nous,
sans
une
connaissance
existentielle.
Mais
réciproquement,
comment
se
proposer
de
comprendre
un
phénomène
si
l'on
n'a
pris
devant
lui,
pour
le
repérer,
e recul
de
l'objectivité
?
Comment
parler
de
l'existence
sans recourir au
langage
rationnel
?
Point
de connaissance
existentielle
ans une
science
rationnelle.
Ainsi
une
réflexion,
i courte
soit-elle,
sur la
sociologie,
ennousamenantà poserencoreunefois e problèmede l'homme,
nous
invite à
proposer
une
réconciliation
de
la
philosophie
existentielle
et
du
rationalisme.
Un certain nombre d'écrits
récents semblent d'ailleurs
ouvrir des
négociations.
Quant
à
la
sociologie,
elle
n'attend
point pour
persévérer
dans
son être
que
l'accord
soit scellé.
Mais
peut-être
rouve-t-elle,
ans une
confrontation
vec la
philosophie
existentielle,
une
occasion
qui
n'est
point
à
négliger
de
se
repenser
elle-même et
d'en
recevoir
inon
une
direction,
u
moins une
impulsion
nouvelle.
LycéeRollin,
Paris.