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    C O R P U SR E F O R M A T O R U M

    VOL. L X X X V I - L X X X V I I .

    IOANNIS CALVINIOPERA QUAE SUPERSUNT OMNIA.

    EDIDERUNTG UILIELM S BAUM ED ARD S C NITZ ED ARD S RE SS

    THEOLOGI ARGENTORATENSES.

    VOL. LVIII -LIX.

    B E R O L I N I ,A P U D 0 . A. S C H W E T S O g . K E E T. F I L I U M .1 9 0 0 .

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    V erlag von C. A. Schwetsehke und Sohn, Berlin W.Da s a l t e Te s t a me n t b e r s e t z t , e i n g e l e i t e t und e r l u t e r tvon

    D. Eduard JEfceuss.Herausgegeben aus dem Nachlasse des Verfassersvon

    Lie. Erichson und Lie. Dr. H orst ,Direktor des Theologischen Studienstifts Pfarrerin Strassburg.K o m p l e t t in 7 B a u d e n . P r e i s b r o s c h . Mk.5 0 , , g e b . Mk. 6 0 , .

    E r s t e r B a n d :Allgemeine Einleitung zur Bibel. Ueberblick der Geschichte der Israeliten von der Eroberung Palstinasbis zur Eroberung Jerusalems. Die G eschichtsbcher. B ichter, Samuelis und Knige. Einzelpreis brosch.Mk. 9 , , geb. Mk. 10,50.Z w e i t e r B a n d : Die Propheten , brosch. Mk. 10,60, geb. Mk. 12,20.D r i t t e r b is v i e r t e r B a n d :D ie heilige G eschichte und das Gesetz. Der Pentateuch und Josua. Die Kirchenchronik von Jerusalem.Chronik, Esra, Nehemia. B rosch. Mk. 15 ,50 , geb. Mk. 17,50.F n f t e r B a n d :Die hebrische Poesie. Der Psalter, die Klagelieder und das Hohelied. B rosch. Mk. 8,, geb. Mk. 9,50.

    S e c h s t e r B a n d :Religions- und Moralphilosophie der Hebrer. Hiob. Das Salomonische Spruchbuch. Der Prediger. DieWeisheit Jesu's, des Sohnes Sirachs. D as B uch der Weisheit Salomos. Lehrreiche Erzhlungen und andererbauliche Schriften aus den letzten Zeiten des vorchristlichen Judentums : Jona, Tobia, Susanna, die Pagendes D arius, B aruch, das G ebet Manasses. B rosch. Mk. 10,20, geb. Mk. 12,10.

    S i e b e n t e r B a n d :Die politische und polemische Litter atur der Hebrer. Ruth. 1. u.2. Makkaber. D aniel. E sther. Judith .3 . Mak kaber. B ei und die Schlange. D ie Epistel des Jerem ia. Register. B rosch. Mk. 6,70, geb. Mk. 8,20.

    Die Geschichte der Heiligen Schriften Alten Testamentsentworfen von

    EduardReuss.Zweite vermehrte und verbesserte Ausgabe. XX, 780 S. Mk. 15, .Die Geschichte der Heiligen Schriften Neuen Testaments

    entworfen vonEduard. Reuss.

    Sechste vermehrte und verbesserte Ausgabe. XII, 686 S. Mk. 1 2, .

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    C O R P U SR E F O R M A T O R U M .

    VOL. LXXXYI-LXXXYIL

    IOANNIS CALVINIOPERA QUAE SUPERSUNT OMNIA.

    EDIDBRUNTG ILIELMS BAUM ED ARD S C NITZ ED ARD S RE SS

    THEOLOGI ARGENTORATENSES.

    VOL. L V II I - L IX .a

    ^

    BEROLINI,A P U D C. A . S C H W E T S C H K E E T P I L I U M .

    1 9 0 0 .

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    10ANNIS C ALVINIOPERA QUAE SUPERSUNT OMNIA.

    AB FIDEMEDITIONM PRINCIPM ET AUTHENTICARM

    EX PARTE ETIAM

    C O D IC UM M A NU S C R I P T O R MADDII8 PROLEGOMENIS L1TERARHS,ANNOTATIONIBS CRITICIS, ANNAL1BS CALVINIAN1S

    INDICIBSQE N0V1S ET COPIOSISSIMISEDIDBRNT

    G I L I E L M S B A U M E D A R D S C N I T Z E D A R D S R E S STHEOLOCH ARGENT0RATENSE8.

    V O L L V I I I - L I X .

    B E R O L I N I ,A P U D C. A. S O H W E T S O H K E E T F I L I U M .1 9 0 0 .

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    S U P P L E M E N T U M .INDICES IN TOMOS XXIII-LIX.

    CATALOGI BIBLIOGRAPHICI.EDIDIT

    A L F R E D S E R I C H S O NTHEOLOGUS ARGENTORATENSIS.

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    CONTINENTR HOC VOLUMINE:1 .SUPPLEMENTUM : TREIZE SERMO NS 1 562 pag. 1206

    II.INDICES IN TOMOS XXIIILIX:INDEX NOMINUM ET RERM 1226INDEX LOCORUM SCRIPTURAE SACRAE 229362INDEX VOCUM HEBRAICARUM 365412INDEX VO CM GRAECARUM 41 3 432

    CATALO GUS O PERUM CALV INI SECUNDUM O RDINEM HUIUS EDITIO NIS . 433 444CATALO GUS O PERUM CALV INI ALPHABETICUS 4 4 5 - 4 5 4CATALO GI BIBL IO GRAPHIE :CATALO GUS O PERUM CALV INI CHRONOL O GICUS 457 51 2CATALO GUS OPERUM QUAE SUNT DE CALV INO SY8TEMATICUSCUM INDICE AUCTORUM ALPHABETICO 51 3 586

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    S U P P L E M E N T .

    TREZE SERMONSDE M. I. CALVIN,TRAITANS DE L'ELECTION GRATUITE DE DIEU EN IACOB, ET DE LA REIECTION EN ESAU.TRAIT AUQUEL CHACUN CHRESTIEN POURRA VOIR LES BONTEZ EXCELLENTES DE DffiUENVERS LES SIENS, ET SES IUGEMENS MERVEILLEUX ENVERS LES REPROUVEZ.

    RESPONSE A CERTAINES CALOMNIESET BLASPHEMES, DONT QUELQUES MALINS S'EFFORCENT DE RENDRE LA DOCTRINE DE LAPREDESTINATION DE DIEU ODIEUSE.MDLX1I .

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    NOTICE LITTERAIRE.Une intressante dcouverte faite par M. J. Vielles, directeur du Sminaire protestant de Montauban^nous permet de complter cette dition des Oeuvres de Calvin en y incorporant, la dernire heure, deuxpublications du rformateur qui jusqu'ici taien t restes inconnues. L'une est un recueil de treize sermonssur la prdestination, publi plusieurs reprises du vivant mme de Calvin, mais qui depuis avait si biendisparu de l'horizon, que son existence n'a pas mme t souponne par les savants diteurs des Opera.L'au tre est un trai t polmique sur la mme question. Nos vnrs matres, bien qu'ils en eussent dcouvert la trace et indiqu le titre, n'ont pu qu'en constater la disparition (Opera, vol. 9, prolgomnes XXVlXXXI.) M. Vielles nous raconte q u'il trouva un jou r chez un de ses amis, qui consentit le lui cder, unpetit volume in 12 de 632 pages qui porte le titre;TKAITE I D E L A P R E - I D ESTINATION ETERNELLE | D E D IEU | par laquelle les uns sonteleuz a sa lut, les | autres laissez en leur condemnation. Aussi | de la providence par laquelle il gouverne |les choses humaines. | Item y sont adioustez treze sermons, traitans de | l'elec- | tion gratuite de Dieuen Iacob, et de la rejection | en Esaii. Tra it auquel chacun chrestien pour ra | voir les bontez excellentesde Dieu envers les siens, | et ses jugemens merveilleux envers les reprouvez. | Nouvellement exposez parM. | l e a n C al v in | CHEZ IEAN D URAND | L'AN M. D . L. X.Le lieu d'impression n'est pas mentionn, mais ne peu t tre que G enve. Nous savons, en effet,que lean D urand ou D urant tait libraire dans cette ville et qu'il y a rdit en 1565 les Sermons deCalvin sur Melchisdec (Oper a, vol. 23, p. 631). L'imprimeur qui semble avoir travaill le plus souventpour lui est Franois Perrin.Nous n'avons pas eu sous les yeux le volume en question, mais d'aprs ce que nous en dit M.Vielles (dans une tude publie dans la Revue de Thologie et des questions religieuses de Montauban, mars1897, p. 101 et s.: Calvin et la prdestination, Dcouverte bibliographique) le trait dela Prdestination qui en forme la premire partie, n'est que la reproduction de l'dition franaise publieen 1552 par Calvin. Cette seconde dition d 'ailleurs est to ut aussi peu connue que les Treize sermons.Peu aprs que M. Vielles eut fait cette trouvaille, M. E. Forget signalait l'existence d'une autre

    dition du mme recueil dans une*thse soutenue devant la facult de thologie protestante de Montauban:Treize sermons de Calvin retrouvs rcemment Traitans de Vlection gratuite de Dieu en Jacobet de la rejection en Esaii." (Marseille, 1898.) Un exemplaire de cette dition, qui est galement inconnue,se trouve dans la bibliothque de la ville de Montauban. H porte, lui aussi, la da te de 1560, et le titre,le contenu et le texte sont identiques ceux du volume que possde M. Vielles. Le nom de l'diteurAntoine Cercia* fait penser que l'impression s'en fit Lyon, o Cercia tait tabli et o il publia entre, autres, en 1565, le Commentaire de Calvin sur Josu (Opera, vol. 23, prolgomnes XIX). 1*

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    * NOTICE LITTRAIRE.Enfin M. Vielles a eu la bonne fortune de trouver chez un libraire de Niort un autre volume qu'ila eu l'extrme obligeance de mettre notre d isposition. C'est un petit in 16 de 302 pages, sans indication d'diteur ni de lieu d'impression. En voici le ti tr e:TREZ E ] S E R M O N S | D E M. I. CALVIN, | Traitans de l'lection gratuite de | D ieu en Iacobet de la reiection en Esau. | Trait auquel chacun Chrestien pourra | voir les bontez excellentes de Dieu

    en- | vers les siens, et ses iugemens merveil- | leux envers les reprouvez. | Recueillis de ses predications | Van mil cinq cens soixante. | Rom. 11, 33. | O profondes richesses de la sapience et \ cognoDieu, que ses iugemens sont \ incomprhensibles, et ses voyes impossibles \ trouver! | M. D. LXII.L'nonc mme de ce titr e fait voir que le tra it de la Prdestination est laiss de ct. Entte du volume se trouve une Epistre* qui commence ainsi: Parce que la dispute de la Prdestination, et lection gratuite de Dieu, semble plusieurs estre enveloppe, et cognue de peu comme ilet que cependant la droite cognoissance dHcelle nous apporte une grande consolation et confirmafoy, cela nous a fait mettre en lumire ces treze sermons de Maistre lean Calvin, esquels tu trouverasmatire liquide et vuidee avec telle facilit, que tu auras dequoy te contenter, si n'estois trop curieux".De ces lignes M. Vielles conclut que cette dition a t publie probablement par les pasteurs deGenve, collgues de Calvin (qui semblent ignorer la premire, puisqu'ils parlent de mettre ces sermonsen lumire)". Nous ne partageo ns point cette manire de voir. Il est, en effet, difficile d 'admettre que lesouvenir d'une dition antrieure ait t compltement effac Genve, chez les collaborateurs mmes dumatre, deux annes peine aprs qu'elle eut vu le jour, surtout lorsqu'on sait combien le public de cetemps se passionnait pour les discussions relatives la prdestination. On sera plut t amen penser quecette dition a paru dans une autre ville (de France sans doute) o les fidles n'avaient pas connaissancede la premire, m ais se proccupaient des mmes questions. L, le passage prcit, qui indique les motifsde la publication, avait tou te sa raison d'tr e. L'examen de plus d'une centaine d'ouvrages sortis despresses contemporaines ne nous a pou rtan t pas permis de dterminer, d'aprs les signes typographiques,le heu d'impression du recueil.Nous n'admettons pas non plus l'opinion exprime par M. Forget dans sa thse: nous sommes convaincu qu'il n'y a pas l une dition nouvelle ignorant absolument la prcdente" (p. 13), mais une rimpression. L'diteur, quel qu'il ait t, a du emprunter le texte des Treize sermons la publication de D urand, sinon celle de Cercia, car s'il s'tait servi pour son travail d'une copie manuscrite de ces Sermons,on constaterait certainement quelques diffrences entre les textes; or, ces diffrences n'existent pas.D ans les (deux) ditions de 1560, il est vrai, les sermons porten t chacun sa d ate (Le premier sermon de Jacob et Esa, par M. Jean Calvin. D u lundi huitime jour de juillet, 1560. Le second sermoDu mardi neufimejour..., et ainsi de suite jusqu': Le treizime sermon .. Du samedi vingt-septime..), taque celle de 1562 se borne cette indication toute sommaire sur le titre: TREZE SERMONS DE M. J. CALVIN . . . Recueillis de ses predications Van mil cinq cens soixante". Nous ne pensonspas non plus qu'on puisse invoquer les deux textes de l'criture qui figurent, l'un sur le titre, l'autre la fin des Sermons, et qui ne se trouvent p as dans les ditions de D urand et de Cercia, poux tablir queles deux ditions (de 1560 et de 1562) sont indpendantes l'une de l'au tre , et que la seconde ignora it lapremireu (Forget, p. 15).Notre volume gagne en importance par le fait qu'il contient encore sur les dix dernires pages uneEpistre aux fidles* intitule:RESPONSE A CERTAINES CALOMNIES ET blasphmes, dont quelques malins s'efforcent de rendre la doctrine de la Predestination de Dieu odieuse.

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    NOTICE LITTRAIRE. * i>Ici encore nous sommes en prsence d'une rimpression devenue ncessaire par suite de la raretextrme d'un tra it qui avait paru dj en 1557. C'est, en effet, la date qu'il faut lui assigner dans lapolmique engage entre Calvin et Castellion, comme le prouve la rponse du savant humaniste, qui rsidait alors B le: D EFENSIO ad autorem libri, cui titulus est Calumniae Nebulonis . . lafin Ilaec scribebam mense Septembri Anno MD LVIII. Basileae. Nous ne possdons cette rplique que

    dans les rimpressions des opuscules de Castellion qui parurent aprs sa mort (DIALOGH Un. Aresdorffii 1578 ;Goudae 1613 et SCRIPTA SELECTA ET RARISSIMA, Francofurti 1696).Castellion, dans sa Defensio, rapporte qu'au.sujet d'un crit qui lui tait f a u s s e m e n t attribu(Articuli decerpti ex ibris Calvini de praedes tinatione) Calvin avait en 1557 publi contrelui un trait: Brevis responsio N. ad diuendas nebulonis cuiusdam calumnias . . . .ainsi qu'un autre en 1558: Calumniae nebulonis cuiusdam . . . . Il ajoute que ds l 'anne prcdente aussi (1557) Calvin avait fait paratre un opuscule franais: Responses certaines calomnies , et blasphmes, etc. Nous lisons la page deuxime (dition de 1578): In priore (libro gallico)me nominas his verbis: celuy qui a compos Vescrit soit Sebastien Castillon, ou quelquesemblable . . . D ans un autre passage, que les prolgomnes du volume 9 des Opera, ^) . XXIX, donnent inextenso, l'auteu r reproduit le vocabulaire d'injures dont son antagoniste s'tait servi son gard. Or, cescitations, nous les retrouvons toutes dans la Response".On peut s'tonner que cette dernire ne soit pas mentionne dans le Catalogue des livres etescritsu du rformateur, qui fut publi en tte de ses Comm entaires sur le livre de Josu, parus peu detemps aprs sa mort avec une prface de Thodore de Bze (19 aot 1564), tandis que les deux traitslatins dirigs contre Castellion y figurent. Cette omission s'explique, d'aprs nous, par le fait que l'ditionoriginale avait dj disparu et que plac en appendice aprs les Treize sermons le court opuscule ne pou-vail attirer l'attention de personne.Quant l'absence dans ce catalogue des Sermons eux-mmes, nous ferons remarquer qu'il y manque galement d'autres recueils analogues, par exemple les Dix huit sermons sur Melchisdech"(1560) et les Trois sermons sur le Sacrifice d'Abraham" (1561). H ne faut pas d'ailleursoublier que les sermons prches par Calvin ont t publis par certains de ses auditeurs plutt que par lui-mme. L'au teur de ce catalogue ne prtend ait du reste pas donner une liste complte des livres de Calvin,mais, comme il le dit en propres termes, pour le m oins de tous ceux dont on s'est peu souvenir".Quoi qu'il en soit, l'authenticit des deux crits en question, suffisamment documente par despreuves multiples, tan t internes qu'externes, ne saurait tre l'objet d'un doute. Paru s du vivant mme durformateur, il est inadmissible qu'ils soient l'oeuvre d'un faussaire.Nous avons cru devoir renoncer donner en supplment l'dition des Opera Calvini telles lettresqui nous ont t signales depuis la publication du Thesaurus epistolicus, puisqu'aussi bien il tait prvoir que la collection des lettres runie p ar nos prdcesseurs prsen terait toujours des lacunes. Maispour le prsent recueil, nous n'avons pas hsit le reproduire, suivant en cela la tradition des premiersditeurs, qui s'taient propos de reme ttreau jour toutes les productions homiltiques du rformateur impri-mes de son vivant.Nous croyons devoir prvenir nos lecteurs que le contenu de ce supplment" ne figure pas dansVindex nominum et rerum, qui tait dj imprim au moment o nous avons pu commencer la prsente publication.Et ce n'est pas seulement la raret mme des exemplaires aujourd'hui connus qui nous y a engag,mais aussi le fait que dans ces Treize sermons Calvin se rvle nous comme vulgarisateur de sa propre

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    V -"7X / U NOTICE LITTRAIRE.

    doctrine, et certes d'une des plus ardues et des plus rbarbatives la vulgarisationa (E. Forget, p. 7)Quant la Response certaines calomnies" que M. Vielles a rimprime dans la Revue tholo-gique de Montauban, nous avons cru utile de la reprodu ire pour la faire connatre au-del du cercle desabonns de cette Revue.Il nous reste remercier publiquement l'honorable directeur du Sminaire de Montauban, de nousavoir rendu attentif l'existence du recueil et surtout d'en avoir facilit la rimpression en nous le confiantavec une si parfaite bonne grce.

    St rasbourg , septembre 1898.Alfred Erichson.

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    EPISTRE.

    Au lecteur fidle Paix et grace en Iesus Christ.Par ce que la dispute de la predestination, et election gratuite de Dieu, semble plusieurs estre enveloppe, et cognue de peu comm e il faut^ et que cependant la droite cognoissance d'icelle nous apporte unegrande consolation et confirmation de foy, cela nous a fait mettre en lumire ces treze sermons de M aistrelean Calvin, esquls tu trouveras ceste ma tire liquide et vuidee avec telle facilit, que tu aur as dequo y tecontenter, si n }estois trop cu rieux. Car c 'est folie, voire chose impo ssible, de penser satisfaire ceux quioutrepasse nt toute mesu re, et veulent voltiger par dessus la capacit de leur entendement, en sorte mesmesqu'il n'y a rien a u ciel et en la terre, o ils ne veulent mettre le nez et leur groin pour y fouiller comm epourceaux. Et de fait on n'en trouve que trop qui b astiront des questions sur la pointe d'une aiguille et surun sablon mouvant: et si pour couper chemin leurs curiositez on leur respond simplement, qu'il ne se faut

    point enq urir outre ce que Dieu nous a dclar en sa parole, ils ne s'en feront que moquer et diront qu'sont bien fait la barbe ceux ausquels ils se seront adressez pour desgorger leurs sottises et badinages. Quant nous retenons ceste regie, que quand Dieu ouvre sa bouche sacre pour nous instruire, aussi devons n ousouvrir nos oreilles pour entendre ce qu'il luy plaist n ous commander: D'autrepart quand il ferme sa boucheet ne dit mot, nous devons aussi fermer nos sens et boucher nos oreilles pour riescou ter ce qui nous seroitd contre so n mandement, afin de n'estre surpris et deceus par fausses et perverses doctrines. Or s'il nou sconvien t estre sobres et modestes qu and il est question de traitter de l'Escriture , et esplucher les secrets queDieu nous y a la issez par escrit, il est certain que c'est en ceste dispute de la predestination . Car tant plusnous cuiderons monter haut par la subtilit de nos entendemens, tant plus nostre ignorance et bestise nous ab-baissera. Si nous estimons pntrer par nostre veu iusques aux secrets de Dieu, nous serons incontinentesblouis, ou plustost aveuglez du tout par sa grande clart. Car comme nous pouvons aucunement regarderle soleil quand il se lev et n'est pas encor en sa force : mais sHl vient en sa pleine clart la foiblesse d enostre veu apparoist, laquelle nous sembloit auparavant assez forte pour porter une telle lumire. A insi, a finque nou s parlions avec Salomon, celuy qu i s'enquerra de la maiest de Dieu sera opprim par sa gloire.Que si ceste sentence est bien imprime en nos coeurs elle suffira pour rabbatre la curiosit de nos esprits,et les tenir en leurs bornes et limites. Il n'y a donc rien meilleur en cest end roit que de tenir nos sensserrez, ce qu'ils n'extravaguent et se iettent Vabandon. Car si nous sortons hors des gons par nostre au-

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    / / u f j E PIST RE .dace desmesuree et laschons la bride nos esprits fretiUans et enragez d?ciUer, nous trbuscherons en byrinte et gouffre d'erreurs, duquel nous ne nous pourrons retirer. Et c'est une iuste vengeance et punitide Dieu, que celuy qui veut par trop esplucher les secrets qu'il nous veut estre cache, tombe en la fosse qs'est faite par sa tmra ire outrecu idance. Si tu veus donc lire ces sermo ns avec fruit, apporte y telle sobrit et modestie, que Vaufheur !iceux te mon stre en ses escris, et saches que quand tu suivras la condude la parole de Dieu en simplicit et rondeur, tu ne te desvoyeras point d u droit chemin, et -le tout te tounera edification et salut: A Dieu qui te vueille avoir sous sa protection et sauvegarde. A insi soit-U.

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    TREZE SERMONS DE IACOB ET ESAU.PREMIER SERMON.

    Genese, chap. XXV.11. S'ensuivent les generations d7 Ismaelfilsd'Abraham, que Agar Egyptienne, chambrire de Sara, en

    fanta audit Abraham. 12. Ceux donc sont les nomsdes enfans d'Ismael, nommeem mt, et selon leurs generations: Le premier nay d'lsmael, Nabaioth: apresCedar, Adbeel, Mabsam, 13 . Masma, Duma, Massa,14. Hadad, Thema, letur, Naphis, et Cedma. 15 . Ceux-ci sont les enfans d'lsmael, et leurs noms, selon leursbourgades et chasteaux: Assavoir douze princes entreleurs gens. 16 . Les ans donc de la vie d'Ismael furent cent trentesept ans. Ainsi, dfaillant mou rut: etfut mis ensemble avec son peuple. 17 . Et habitrentdepuis Hevila iusqu' Sur, qui regarde vers Egyptequand tu viens en Assur. Iceluy s'arresta auprs detous ses frres. 18. S'ensuyvent les generations deIsaac, fils dyAbraham. Abraham engendra Isaac.19 . Et Isaac estoit aag de quarante ans quand ilprint femme Bebecca fUle de Bathuel Syrien deMsopotamie, soeur de Labam Syrien. 20 . Et Isaacsupplia le Seigneur pour sa femme, pourtant qu'elleestoit sterile: et le Seigneur Vexaua. Et Bebecca safemme conceut. 2 1 . Mais les enfans s'entrepoussoyenten son ventre. Et elle dit, Si ainsi est, pourq uoysuis-ie? Lors s'en alla requrir le Seigneur.

    Nous avons considrer yci la diversit queMoyse met entre les enfans d'Abraham. Nous avonsdesia veu que toute la ligne qu'il avoit eue de Ce-thu ra, a habit en pays lointain. Quant Ismael,il est spar assez prs de la terre de Canaan: tou-tesfois si est-ce qu'il est comme reiet. Car il faloitque l'hritage qui avoit est ordonn Isaac, luydemeurast. Or en premier lieu, il est dit qu'Ismaela eu douze enfans masles: lesquels sont tellementmultipliez, qu'il en est venu douze peuples. En celanous voyons que Dieu, non sans cause, avoit dit son serviteur Abraham, qu'en faveur de luy, encoreIsmael auroit quelque benediction: mais qu'elle se-Ccdvini opera. Vol. L V1I1.

    roit transitoire et caduque: et le principal est demeur Isaac . Or, quoy qu'il en soit, si est-ce queDieu s'est monstre fidle et veritable en la promesse,laquelle appartenoit ceste vie temporelle. Si D ieuveut que sa vrit et sa constance soit cognue ences choses du monde, qui s'escoulent, et qui n'ontqu'une figure qui s'esvanouit, comme dit saint Paul:que sera-ce quand les promesses seront de beaucoupplus grande imp ortan ce: comme* quand il nous appelle Pheritage du Royaume des cieux. Pensons-nous que l nous puissions estre frustrez, en nousappuiant sur lui? Voila donc comme il nous fautfaire nos tre profit de ce passage. Si D ieu veut es trecogneu ferme et fidle en son propos envers ceuxqui sont comme estrangers, et lesquels il a excluset reiettez de son Eglise : que fera-il envers nous quisommes ses enfans, lesquels il a adoptez, et ausquelsil "s'est voulu monstrer prochain? Car si D ieu, enpetites choses, comme en ligne, et en tout le reste,veut que sa vrit soit cognue: que sera-ce, quanden la personne de nostre Seigneur Iesus Christ, ilnous propose l'hritage des cieux: et nous declarequ'il nous veut estre propice, et qu'il nous veut pardonner nos fautes, afin que nous soyons reconciliez lui: et que par ce moien nous soions frres etcompagnons des Anges, sous un mesme chef, assavoirnostre Seigneur Iesus Christ? L D ieu pourra-ilfaillir en ses promesses? Seront-elles frivo les, etsans effect et execution? Il est impossible. Voiladonc ce que nous avon retenir en premier lieu.Et puis quant et quant nous avons noter que Dieuse veut manifester nous, non seullement en sesbenefices qui sont les plus grans et les plus excellens :mais aussi iusques . ceste vie : et qu'il n'y a rien sipetit, o il ne vueille qu'il n'y ait quelques marquesde sa bont paternelle imprime. Et d'auta nt qu'ildit qu'il aura le soin de nous paistre, que nous attendions de lui tout ce qui appartient Pentretene-ment de ceste vie : et que nous ne pensions pas quecela derogue sa maiest, qu'il vueille que nous Pin-2

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    19 PREMIERvoquions pour le boire et pour le man ger. Car entout et par tout il veut que nous aions nostre recours lui. Ne doutons p as donc, combien que nozcorps ne soient que terre et cendre, et pourriture,qu'ils ne soient, par manire de dire, que des eha-rongnes qui ne valient rien, que Dieu neantmoinspourv oira toute s noz ncessitez corporelles. C'estce que nous avons encore aiouster pour le second.Or cepend ant il nou s faut ici voir la comparaisonque met Moise entre Ismael et Isaac. Voila Ismaelqui est retrench, et n'est plus rput des enfans deD ieu: et toutesfois nous voyons qu'il pro sp re, etqu'il a gra nde ligne. Car de douze enfans maslesqu'il a engendrez, voila douze peuples qui en sortent.Et cependant d'Isaac, quo i? Isaac se marie qua- irante ans, et puis sa femme est sterile: et ce n'estpas pour un an, ni pour deux: mais c'est iusques vingt ans, qu'il n'a point de ligne. D ieu lui avoitdit, le multiplieray ta semence comme les estoilles duciel, et comme le grav ier de la mer (G enese 15, 5).Cela estoit prononc son pre Abraham*, maisc'estoit en faveur de lui. Or ma inten ant il pouvoitdesia estre augment, comme il avoit attendu : cependa nt il void sa femme sterile, comme si D ieu se vou-loit mocquer de lui, et lui monstrer que ce qu'ilavoit espr, n'est oit rien . Quand donqu es il voit sonfrre Ismael, lequel n'a pas de racine en l'Eglise, lequel est estranger de toute esprance de salut : quandil le voit fleurir en ligne, qu'il semble que D ieu aitdesploy toutes ses graces sur lui: et cependantqu'il est l laiss en sa maison tout seul, qu'il n'apoint mesme un successeur: il est certain qu'il pouvoit estre en grand trouble, comme s'il eust beaucoup mieux vallu qu'il eust ressembl son frreIsmael. C'estoit pour lui faire tout qu itter, aprss'estre dsespr, et avoir despite D ieu: il se fustdesbauch iusques au bout, sinon qu'il eust estretenu d'une patience singulire. Or ici donc nousavons contempler, comme en un miroir, la con- ..dition d e l'Eglise de D ieu, comme elle commence, etcomme D ieu l'entretient, et la mu ltiplie: c'est d'unefaon si estrange, qu'il semble qu', tous les coups,ce que D ieu aura donn de mo nstre, ne soit quepou r nous dcevoir, pa r manire de dire. Car au lieuque les enfans de ce monde ont belle apparence, etqu'on les verra croistre l'oeil, l'Eglise sera cachesous terre : on verra la terre remplie d'incrdules, decontempteurs de D ieu, et de gens profa nes: et oest-ce qu'on trou vera les fidles ? Ils seront bien clairsemez: et mesme on ne les pourra appercevoir: ilsseront mesprisez, on les foulera quasi aux piez, onpensera que Dieu n'ait point son Eglise pour recommande, et que cependant il prene plaisir que lesincrdules facent leurs triomphes, qu'ils facent leursparades et leurs pompes.Or donc cela nous est monstre en la personne

    SERMON 2d'Isaa c et d'Isma el, afin que la nouveaut ne nous troub lpoint o utre m esure, et que nous bataillions constammencontre toutes doutes qui nous pourroyent venir en fantasie, toutesfois et quantes que nous voions un petit nombre de gens qui adorent D ieu, et que nous voions unmultitude quasi infinie de ceux qui se rebecquent re ncontre de lui, et qui ne savent que c'est de porteson ioug. Or ceste doctrine nous est auiourd'hubien ncessaire. Car comment estrce que Diebesongne de nostre temps? Quand il a voulu remettre son Evangile au dessus, par quel bout a-commenc? Quelles gens a- il appelez? Encormaintenant, si nous iettons la veue sur tout le mondenous verrons en premier lieu que en Asie, qui est lplus grande portion du monde, assavoir l'Affriquequi est de mesme. Et quand est de l'Europp(qu'on appelle Chrestient) qu'on regarde ce qui eset en Italie, et en France, et aux autres lieux, et onverra que le diable y a la vogue, et que les suppostde l'Antchrist, qui sont ennemis mortels de l'Eglisequelque profession qu'ils facent: on les verra estrcomme les estoilles. du ciel, et comme le grav ier dla mer: en sorte qu'on diroit qu'il n'y a que poueux: et de fait, ils s'en savent bien vanter: car ilfont bouclier de cela pour de spiter D ieu, et au sspou r s'endurcir en leur fiert. Ils se moq uent de cque nous sommes si peu de gens : et que cependannous voulons estre tenus pour l'Eglise. Or de nostrpart, nous sommes mesprisez et reiettez : et puis s'en faut beaucoup que nous approchions de ces granpeuples lesquels s'eslevent contre nous: bref on diroit que nous serions comme trois grains de bl souun g rand m onceau de paille. E t toutesfois si estce que nous avons tesmoignage de D ieu, qu'il noutien t et avoue pour ses domestiques. Car il n'y. point d'Eglise, sinon qu'elle soit coniointe nostrSeigneur Iesus .Christ, qui en est le chef. Quancela dfaut, tout le reste va en dissipation et eruine, comme dit S. Pa ul. Or nous sommes unis aFils de Dieu par la Foy de son Evangile, qui est llien certain et infallible. Et comment pourron s nouiuger que nous soions l'Eglise, veu que nous nsommes rien en com paraison des incrdules, qui sonenflez cause de leur grandeur, et de toutes leurqualitez, lesquelles ils savent bien mettre en avan pleine bouche ? Or ne nous estonnons point dtout cela: veu que Dieu nous a donn approbatioen la personne de nostre pre Isaac, que l'Eglisestoit comme une maison dserte, et qu' n'y avopoint de ligne, et qu'il n'avoit pas grand nombrde gens et toutesfois qu'il ne laissoit pas de ltenir comme un thresor cach: contentons-nous dcela. E t au reste, la personne dls m ae l aussi dobien estre note: car il estoit sorti de la maisod'Abraham, qui estoit pour lors l'Eglise seule en cmonde : il portoit la circoncision, comme s'il eust est

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    21 D E IACOBhritier de D ieu: mesme il estoit le premier nay, etavoit la vogue en la maison, voire iusques semoq uer de son frre, comme nous avons veu. Or il sen est ainsi auiourd'hui des Papistes: car ils ne sont jpas estrangers de l'Eglise, mais ils sont comme en-fans ba sta rds . Ils diron t assez qu'ils ont l'anciennet de leur cost, et qu'ils nous precedent: et nousvoions comme ils se confient en la succession qu'ilsont des Apostres (ainsi qu'ils disent) que de touttemps il y a eu Evesques et Prlats en leur Eglise:et que sur cela on ne peut faillir de conclure que letitre d'Eglise leur appartient. Voire, mais cependantils se sont abastardis, comme Ismael, d'autant qu'ilsn'ont point est engendrez par l'vangile (ainsi quenous avons veu) qui est la semence de libert: maisse sont corrum pus. Voila comme nous les pouvonstenir pour Ismalites. Car s'ils sont de grandspeuples, et que cependant nous demeurions commepovres avortons, cognoissons que nostre Seigneurnous a donn un te l exemple de c ela, qu'auiourd'hui il ne nous en faut p oint estre confus. C'estdonc en somme ce que nous avons ici retenir. Etsur cela il nous faut aussi appliquer ce que nouslisons aux Proph tes. Car ce n'est point pour uncoup que cela est avenu, que l'glise a est amoindrie, et mesme qu'il n'y a eu que desolation horrible:comme du temps de la captivit de Babylone, qu'es-to it -c e? Or l dessus il est dit par Isaye (54,1), Esioui-toy qui es sterille et qui n'as pointenfant iusques ici: car tu auras ligne beaucoupplus grande que toutes les femmes maries : combienque tu ayes est comme vefve, D ieu te mu ltipliera,et seras peuple par miracle, et outre le sens etopinion des hommes: et quand tu auras estendu tespavillons a et l, tout sera rempli. Quand doncnous oyons que cela est dit l'Eglise, cognoissonsque si auiourd'hui, pour nous humilier, ou pourpun ir noz offences, D ieu diminue le nombre de ceuxqui l'invoquent: il ne faut point que nous dfaillionspour cela, mais que nous poursuyvions tousioursnostre vocation, sans nous estonner de rien qui soit.Et mesme notons que nous voions (singulirement enTesta t de l'Eglise) ce qui est dit au Ps . 113 , QueD ieu remplit les maisons des femmes qui estoientsteriles auparavant, de beaux enfans, et de grandeligne. Attend ons donc que nos tre Seigneur face sonoeuvre, nous aurons occasion de le glorifier, cog-noissans que ce n'est point en vain qu'il a dit, quela semence d'Abraham seroit multiplie: mais qu'ilfaut que cela vienne d'une faon qui nous sera incomp rehensible, et que les eommeneemens soientpetits , et qu 'il semble que ce ne soit rien. Quanddonc nous aurons ceste patience, il est certain queD ieu besongnera en sorte que nous aurons tousioursdequoi estre confermez en ses promesses, vo iant queT effect s'en m on stre ra, voire, et plus que no us ne

    ET ESAU. * 22l'eussions peu penser, ni souhaiter. C'est encore ceque nous avons retenir de ce passage. Or il y aici une autre difficult: assavoir, que combien qu'Is-mael soit ainsi eslev, qu'il voye tant de successeursque merveilles (car il a vescu cent et trente septans, et aiant douze enfans masles); il peut voir desiacomme un peuple descendu de sa rac e. Combiendonc qu'il soit ainsi eslev pour un temps, tantostapr s le voila comme ost. Car Moyse recite bien lesenfans qu'il a eu: mais quand il en est parl enl'histoire saincte, ils sont reiettez, et n'ont nulle convenance avec la vraie ligne d'Abraham, celle quiestoit bnite. Ainsi, notons que ce n'est rien d'avoirainsi la vogue, et d'avoir grand monstre, et grandlustre, selon les hommes, et d'estre en reputation,et mesme que on s'esinerveille de nous, que toutcela ne nous soit rien, au prix de Testt permanentde TEglise. D ieu dresse sa maison d'une telle sorte ,qu'il semble que ce soit un ieu de petis enfans:mais tan t y a que les fondemens sont perptuels. E tpuis il continue sa grace tellement, qu'on void bienque c'est lui qui est fondateur de son Eglise, qu'ilTedifie, qui la parf ait et m aintie nt. On void c ela:cependant les incrdules ont leurs discours et resolutions: tellement qu'ils sont comme l'herbe quicroist sur les toicts, ainsi qu'il est dit au Ps. 129,Le bl sera foul aux piez, on le iette en la terre,et il est l en lieu bas, et cependant voila Therbequi croistra sur un toict bien haut: mais d'autantqu'elle est plus prochaine du soleil, elle n'a point deracine: ainsi, il faut qu'elle dessche, tellement qu'iln'en vient point de fruit, comme il est l monstre.Ainsi donc, quand nous voions que nostre Seigneurnous tient en condition petite et basse, et que nonseulement nous sommes mesprisez, mais aussi reiettezquasi de to us : cognoissons qu'il nous d oit biensuffire, que nous aions racine en nostre D ieu, pourvivre par sa grace perptuit: que nous soionsmaintenus de lui, et que nous soions comme unarbre plant auprs d'un ruisseau, qui sera tousioursarrous d'eau pour en attire r substance. Contentonsnous de cela. Et ainsi, ceste comp araison n'est pasmise sans cause, quand Moyse dit notamment, qu'Is-mael a engendr douze enfans, lesquels ont est assemblez en douze peuples, et puis il dem eure l, et leslaisse. Cependant il dit,

    Voici les generations cTIsaac.Et quoy ? c'est que sa femme a est sterileiusque ce qu'il soit venu Taage de soixante ans.Voila une chose bien estrange. Ouy: mais nous verrons puis aprs que D ieu luy a ratifi sa promesse :assavoir, qu'il seroit multipli: en sorte qu'il luy amon stre qu'il n'avoit point parl en vain. Carqu'a-ce est de voir une telle multitude de gens en2*

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    23 PREMIEREgypte, comme si l 'herbe croissoit au milieu d'unfour allum : Car c'a est comme une fornaise (ainsique l'Escriture en parle) que ceste tyrannie etservitude d'Egyp te. Voila le peuple qui est commede la paille, voila le feu qui est allum tout alentour : et cependant il n'est point consum, ainsi qu'ila est monstre en la figure du buisson, qui estoitcomme un feu bruslant: et cependant le buisson estdemeur entier (Exo. 3, 2; Act. 7, 30). Nous voyonsaussi comme le peuple s'est multipli, estant en tellepresse et en telle angoisse, qu'il n'est point questionseulement de cent mille, ou de trois ou de quatrecens mille: mais voila six cens mille hommes, quisortent d'une telle captivit. Et comme estoit-i lpossible? Voila un miracle qui est pour nous ravirtous en estonnem ens. Or donc, cognoissons commeDieu a tellement essay la foy et patience d'Isaac,que finalement il a trouv moyen d'accomplir sapromesse, voire outre l'apprhension des hommes.Car ceci est avenu d'une faon incognue, et laquelleiamais on n'eust pens. Auiourd'hui appliquonscela aussi bien nous: et pratiquons aussi ce quiest dit au Pseaume trenteseptieme, Que si nous.voyons les meschans et les contempteurs de Dieu, estrehaut eslevez, comme les cdres du Liban, que nousattendions : car il ne faudra que tourner la veu, etles voila rasez et coupez: on ne verra pas mesmela place o ils estoyent, Et pourquoy? Car ils n'esto-yent point plantez en D ieu. Et nous oyons ce quedit nostre Seigneur Iesus Christ (Matth. 15), Quetoute plante que le Pre celeste n'aura point plant,sera arrach e. Ainsi, que nous ne portions pointd'envie aux enfans de ce monde, quand nous lesverrons en haut estt, que nous les verrons eslevezen noblesse, et en dignit, et en tout le reste : attendons patiemment, et portons nostre condition paisiblement: et si le monde se moque de nous et qu'il nenous ait en nulle estime, et qu'il nous desdaigne:que toutesfois il nous suffise d'estre prisez devantD ieu et devant ses Anges. Et cependant attendo nsque Dieu accomplisse ce qui est dit en l'autrepassage (Ps. 92, 13), Le iuste fleurira comme lapalme, et sera eslev comme le cdre du Liban, voire :d'une autre faon: car il est dit qu'il sera multipliau parvis de la maison du Seigneur. Quand il estdit qu'ils seront plantez en la maison du Seigneur,c'est dire qu 'ils seron t bnits de luy. Car voilaaussi o gist nostre flicit permanente, tellementque d'aage en aage, nous pourrons tousiours tenirbon: comme il est dit au Pseaume cent deuxime,Que d'au tant que D ieu est perma nent, qu'il nechange point comme le monde, qui s'enviellit, et s'enva en corruption: mais que D ieu est tousiours semblable soy: de l le Prophte conclud, Que lesenfans des fidles auront leur demeure : et qu'encoresque du premier coup on ne voie point que la grace

    SERMON 2de D ieu se declare sur eux, qu' la fin cela scogno istra. C'est donc encore ce que nous avons retenir de ce passage, et en ceste diversit que meici Moyse, entre la ligne d'Ismael et celle d'IsaacVoila les commencemens de l'Eglise, qui sont commun rien, m ais la perfection en est adm irable. Or lecommencemens des enfans de ce monde sont granet nobles, et pour estonner un chacun: mais tous'en va nant, et pourqu oy? Car il n'y a perptuit qu'en la p romesse de D ieu. C'est la fontainde vie : et voila aussi comme nous persvrerons iusques a la fin: c'est aussi le moien de nous faireslever pa r dessus le monde. Or quand il est question de nous resiouir en D ieu, et de nous conten tede sa bont paternelle, qu'il nous a monstree, qunous ne soions pas si fols, de nous amuser ce qunous voions maintenant l'oeil, car les choses prsentes se passent et s'esvanouissent : mais que noucontemplions ce qui est invisible: comme c'est lvraye nature de foy, ainsi que dit l'Apostre (Hebr. 11Or Moyse adiouste,Qu'Ismael a hab it Vopposite de ses frreou , leur regard.

    Il est vray qu'on a translat ceci de mouriet le mot emporte Cheoir: mais il signifie ReposeHa biter, et avoir domicile. C'est donc le vray sennaturel, Qu'Ismael n'a pas est esloign (comme nouavons veu) des enfans de Cethura, mais qu'il eBdemeur prochain voisin de la terre de Chanaan, quavoit est promise Isaac: toutesfois ce n'est paqu'il ait occup c'este terre l : car il faloit qu'il efust dbout. Et qui es t-c e qui l'en a dechassCar aprs la mort d'Abraham, il est certain qu'pouvoit bien demeurer au pays, s'il eust voulu. Isaan'avoit que le sepulchre que son pre avoit achetil n'estoit pas aussi seigneur, pour avoir de grandepossessions et large s: il n'avoit sinon pa r emp runle tou t pa r le cong des habitans . Ismael donpouvoit bien faire l sa de meu re et son id. Or s'en va : est ce pour obir D ieu? Non: car il esplein de fiert et de rebellion. Ainsi, il eust plus tosdespite D ieu, quand il eust pens, le suis ici reculcomme si ie n'estoie point de la maison de mopre. Il faut donc que ie m'arre ste a u pais de mnaissance. Mais sans qu'il pense pourquoy, D ieu lmeine l : il y va, voire par une inspiration secretteVoila comme D ieu besongne envers les incrdulesil les tour ne, il les vire de cost e t d'au tre. Noune voions pas l'oeil qu ?ainsi soit: mais tant y qu'il nous faut l considrer une providence de D iepar foy: et si nous y estions bien attentifs, il escertain que nous aurions approbation de ce qui esici escrit, voire tous les iou rs. Car comm ent est cque nous ne sommes destruits de ces bestes en

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    25 D E IACOB ET ESAU. 26ragees, lesquelles nous environnent de tous costez?Nous voions quelle est leur cruaut, et comment ilssont insatiables en leur avarice: quoy tient-il quenous ne sommes abismez tous, sinon d'autant queD ieu destourne leur fureur, et qu'il fait les ad ressero bon lui semble? Il les fera quelquefois hu rte rl'un contre l'autre : aprs il les tient l comme deslions qui seroient enchainez, et tenus en des barreau x de fer. Voila donc comme encor auiourd'hu iDieu pousse et chasse les incrdules, l o il veutsans violence: pour le moins sans qu'ils s'en aperoivent. Ainsi en a-il est lors d'Ismae l. Car nousavons desia dclar qu'il ne demandoit sinon derenverser et abolir la promesse de Dieu, qui avoiteste donne Isaac : et cependant il n'y tasche point,et pourquoi ? D 'autan t qu'il ne lui est point permisd'enha ut, que D ieu le met l en un logis l'escar t:pour dire, Tu habiteras auprs de tes frres: maisquoy qu'il en soit tu n'empescheras point qu'ilsn'aient la region que ie leur ay assignee en heritage.

    Or notam ment il est parl des frres : et toutesfoisil n'y avoit sinon Isa ac : ainsi c'est pour m onstrerque Dieu n'avoit point eu esgard ni un ni deux,quand il a ainsi reclus Ismael: mais que c'a estcomme si desia le peuple eut habit en la terre deChanaan : le peuple/ di-ie, qui n'estoit point nay, etqui n'est point nay long temps aprs. C'est ensomme ce que nous avons encore retenir. Or del nous pouvons estre confermez: toutesfois etquantes que nous voions les meschans et contempteurs de D ieu (qui son t ainsi noz ennemis mortels)escumer et ietter leurs bouillons: que nous sachionsque nostre Seigneur les pourra bien empescher etretenir, et qu' les destournera d'un autre cost:et quand il semblera qu'ils nous doivent ietter etchasser hors du monde, que nostre Seigneur lestiendra comme captifs, encores qu'ils ne sachentcomment. Bref, ce qui est ici descrit d'Ismael, nousl'exprimenterons, moiennant que nous soions patiens,et que nous invoquions D ieu, et que no us ne doutions pas qu'il n'ait les moiens e soy de nous sauver,lesquels nous n'appercevons pas du prem ir coup. Orvenons maintenant ce que Moyse recite quant Isaac : Il est vray que desia il en avoit touch : maisil faut bien qu' soit dduit plus plein. Il a ditqu'Iaac avoit quarante ans quand il a eu Rebeccasa fem me: et puis qu'elle a est sterile. Or il estvraysembable qu'Ismael avoit est mari plustost:car nous avons veu ci dessus, que Hagar sa mereluy avoit don n femme, sans que l'aage soit m arqu : et on peut mesme recueillir qu'il estoit encorebien ieune, Isaac vient iusqu' l'aage de quaranteans, et pouvoit desia estre dbilit avant qu'entreren ma riage. Le voila donc comme reta rd . Or notons que tout ce temps-l ne s'est pas pass, qu'iln'entrast souvent en conte, pour s'enqurir de ceste

    promesse, qui luy avoit est faite, que sa semencedevoit estre multiplie comme les estoilles du ciel,et le gravier de la mer: et cependant il ne trouvefemme: car il n'en ose pas prend re au pays. Et ilsemble que Dieu luy monstre qu'il le veut l tenirsterile iusques en la fin. Mais encore, quand il estmari, il semble bien que pour le moins alors Dieule deust bnir, et qu'il le deust croistre et augmenteren lignage. Or sa femme est ster ile, voire pa rl'espace de vingt ans. Si une telle tentatio n avenoit quelcun de nous, il est certain que le plus habileseroit bien empesch d'y rsister un iour. Noupassons de leger ce qui est ici recit par Moyse, etpourquoy? C'est d'aurant que nous ne sommespoint exercez en beaucoup de combats, et mesme quenous les fuions, et au ssi D ieu nous espa rgne, cause de nos tre infirmit et rudesse. Mais tan t y aque par faute d'avoir fait nostre profit de telsexemples quand ce vient quelque entree ou quelque examen de nostre foy, nous sommes tousesperdus. Et pourquoy? Car en temps et lieu nousne nous sommes pas munis comme il estoit debesoin. Or il est ici dit, que p ar l'espace de ving tans il a sembl qu'Isa ac fust m audit de D ieu, etqu'il fust comme un tronc sch, et qu'il n'y eustpoint d'esprance d'avoir ligne vingt ans durant.Car il n'est pas question ici seulement d'avoir desenfans: comme quand les hommes et les femmes semarient: ils seront bien aises d'avoir ligne: caraussi c'est un tesmoignage de la grace de D ieu.Mais il y a une raison speciale en Isaac: car iln'attend pas seulement des peuples qui descendentde luy, mais il attend le salut du monde. VoilaIesus Christ qui est comme en ses reins, ainsi quel'Apostre en parle: car il use de ceste facon-l: Isaacse voyoit estre sterile, et toutesfois il n'avoit pointd'au tre esprance d 'estre sauv. Il est comme aubort d'enfer, sinon qu'il ait ligne: et cependant,Dieu qui lui en avoit promis en la personne de sonpre, se moque en apparence, et le laisse l, et fautqu'il languisse: et que toutes fois et quantes qu'ilregarde sa femme, qu'il pense, Voila un miroir auquel ie voy que D ieu nous a reiettez , e t qu'il netient conte de nou s, et qu'il nous a tourn J e dos,que sa promesse est frustratoire, qu'elle n'a nuleffet ne vertu envers nou s. Voila di -i e com mentIsaac avoit iournellement soustenir de tels combats: et nous devrions bien penser toutes ceschoses (comme i'ay dit): mais d'autant que nous neregardons point quel propos le saint Esprit nousparle d'Isaac, et que nous ne savons appliquer nostre instruction ce qui nous est recit de lui : voilapourquoy il ' ne faut rien pou r nou s faire perdrecourage : quand il y a seulement une bouffe de vent,nous voila abatu s. Et pou rquo y? Car nous devionsavoir pens, Or a, comment est-ce qu'Isaac a eu une

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    27 PREMIERconstance si ferme pa r l'espace de vingt ans? Il ;n'e st poin t dfailli, combien q u'il lui semblast que jD ieu se fust moqu de lui: c'est d'aut ant qu'il aest patient, et qu'il a cogneu qu'il ne faloit pointsommer Dieu l'heure prsente, pour lui faire tenirsa promesse: mais qu'il se faloit assuietir lui, etqu'il lui faloit faire cest honneur de cognoistre queses oeuvres sont incomprhensibles, et qu'il sait lestemps et les saisons opportunes pour faire ce qu'ila prononc: bref, que ce n'est pas nous de luivouloir imposer loy : mais qu'il faut que nous facionssilence, et que nous ne murmurions pas, si les chosesne nous vienent nostre apptit et souhait: maisque nous attendions qu'il ait accompli ses oeuvres,encore que nous voions toutes choses contraires:toutes fois qu'il faut que nostre foy soit victorieusecontre tout le monde, ainsi que saint lean en parleen sa Canonique (1 . lean 5, 4). Or d'autan t quetout cela ne nous est rien, et qu'il nous passe devantles yeux : et quand nous lisons ceste histoire, c'est sifroidement que nous n'en recueillons point le fruit.Voila aussi pourquoy Dieu nous punit de nostreingratitude : que nous sommes si dlicats, que si tostqu'il vient, non pas un orage, ou quelque grand tourbillon, mais un petit vent, nous voila esbranlez, eten la fin nous decheons. D 'auta nt plus donc nousfaut-il bien noter ce qui est ici dit: c'est assavoirqu'Isaac a tousiours persevere se fier en D ieu:combien que par l'espace de vingt ans, il semblastqu'il ne deust point avoir ligne. Or qu'il ait persevere, il appert par ce que dit Moise,

    Car il a pri Dieu: et a est exauc, tellementque sa femme a conceu.Quand il est dit qu'il a pri D ieu, ne pensonspas qu'il ait attendu iusques au bout du terme:mais voiant que sa femme estoit sterile, il a eu sonrecours D ieu, qui estoit le seul remde. Quesemble-il? Qu'il ait p erdu son tem ps, et qu'il aitiett en l'air ses requestes, et qu'elles ne soientpoint parvenues D ieu. On le diroit. Car s'il eustest exauc : ne faloit-il pas que D ieu declarast parexperience ce qu'il lui avoit promis ? Il ne void riende tou t cela. Quand donc Isaac a pri un a n, etdeux ans: c'est tousiours tout un, comme s'il eustparl un rocher, ou une muraille: Dieu fait l

    du sourd, c'est dire, il ne monstre point qu'il aitl 'aureille prochaine, pour recevoir les requestesd'Isaac. Cela continue. Or quand ce vient au boutde dix ou de douze ans, que diroit-on, sinon qu'ilvaudroit mieux se deporter : car c'est une tentation partrop ru de et trop grande , que D ieu ne face rien aubout de quinze an s, de ce qu'il avoit promis. Orcombien qu'il diffre iusques vingt ans, toutesfoisIsaac ne cesse point de prier, il continue tousiours:

    SERMON et l'oraison est un certain tesmoignage de sa focar il n'a point pri la faon des incrdules, qse tempestent contre D ieu: mais il a suivi la regqui nous est donne par sainct Paul, combien qu'elne fust pas encore escrite: C'est de conioindre lactions de graces en nos prires, en nous remetta D ieu, atten dan t paisiblement l'issue, telle qui se peut encore voir. Ainsi don c, quand Isaac continu de reietter ainsi toute sa tristesse au sede D ieu, et toute la solicitude qui le pressoit, et toles ennuis et fcheries, et toutes les angoisses doil estoit enserr: quand donc il a remis tout ceau giron de D ieu, c'a est une certaine approbatiode sa foy. C'est donc ce que nous avons rete nde son exemple : c'est assavoir, que nous ne pensiopas que Dieu s'oblige nous de faire tout ce qua dit, du premier coup: mais qu'aprs avoir paril ne donnera aucum signe d'accomplir son oeuvret nous penserons que ce n'ont est que parol(comme on dit) de tout ce qu'il nous a prom is. faut donques que nous soions retenus de telpatience: comme aussi l 'Apostre nous exhorte ceau dixime chapitre de l'epitre au x Hebrieux. Qde iour en iour, d'an en an, et toute nostre vie, comme si rien n'estoit, que nous soions l noteni r cois, et faire silence D ieu , pour ne poinous escarmoucher, ne faire bruit ne venir contest l'encontre, ni le sommer, selon que nous avonos app etis fretillans. Et s ur cela nous avons pratiquer ce que l'Apostre allgue aussi du ProphHabacuc (Heb. 10, 37), Que si la promesse ta rdnous attendions, et qu'elle ne tard era point. L met deux choses: Il dit bien que la promesse Dieu ne tardera point cest dire qu'elle aura soexecution toute certaine, et en son opportunimais quant est de nous et de nostre sens, il dqu'elle tardera : ainsi, que nous avons besoin d 'attenVoila donc comme nostre foy doit estre examineCar si nous esprons que Dieu se monstrera fidenvers nous, et que nous demeurons l fermes constans, il faut que nous soions quant et quaexercez en prires et oraison s. Car la foy ne dpoin t estr e oisive. En somm e, si nous avons vivici bas, comme povres malotrus, et que les usoient affligez de maladies, et les autres de povreque chacun ait endurer beaucoup d'afflictions de misre s: que nous passions outre neantmo ins, que nous sachions quand Dieu nous promet de noestre Pre, que ce n'est pas pour le nous monsttousiours veue d'oeil, Il nous donnera bien quelqgoust de sa bon t, e ntan t que besoin sera, mesmnous en aurons dequoy nous rassasier, moyennaque nostre foy y soit tousiours coniointe: tellemeque nous sentirons que ce qu'il a prononc n'est ppour nous tromper. Ouvre ta bouche, et ie la repliray (Ps. 81 , 11). Mais quoy qu'il en soit, si fa

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    29 DE IACOB ET ESAU. 30il que tousiours nous attendions par foy ce quin'apparoist pas, et qui est comme eslongn de nous,et qui semble estre impossible. Au reste quand nousserons ainsi fondez et appuiez su r la vrit de D ieu,et que nous souffrirons d'estre affligez par beaucoupde povretez, que cependant nous ayons ce soing etce zle , de le prier et invoquer soir et m atin , etrecourir lui: car c'est nostre seul allgement.Ainsi donc ce n'est pas une chose qu'il nous faillepasser de leger, quand Moyse recite qu'Isaac a priD ieu pour la strilit de sa femme, et que D ieu l'aexauc. Car d'un cost nous voions la perseverancequ 'a eu Isaac se fier en D ieu et le req urir :nons voions d'autre cost, que Dieu n'a point estsourd ses requestes: mais ce n'est pas que cela sesoit mon stre du premier coup. Car on eust d itqu'Isaac s'abusoit de recourir ainsi D ieu, soir etmatin, et qu'il eust mieux vallu qu'il eust toutquitt: mais au bout de vingt ans, Dieu vient soudain, afin de monstrer que les hommes sont trophastifs et precipitans en leurs souhaits: et que voilaqui est cause que souvent son Nom est blasphm,et que on l'accusera de ce qu'il ne besongne point nostre fantasie: cela di-ie, procde d'impatience.Or cependant nous avons aussi , noter qu'Isaac acogneu qu e c'estoit un benefice de D ieu, que dedonner Hgnee. En general quand D ieu a prononc(G enese 1, 28), Croissez et multipliez, selon que nousl'avons veu : c'est pour monstrer, que ni les nommes,ni les bestes, ne produisent point ligne, sinon parsa vertu : que nous ne pensions pas que cela aviennepa r cas fortuit. Si donc les tau rea ux , les chevauxet les asnes ne peuvent engendrer sans que D ieudesploie sa benediction et vertu secrette, que sera-cedes hommes ? Car nous sommes creatures beaucoupplus nobles, d'auta nt que D ieu nous a formez sonimage. Ainsi quand nous voions que et hommes etbestes se multiplient par generation, l il nous fautrduire en memoire, que c'est ceste parole, qui estsortie un coup de la bouche de D ieu, Croissez etmultipliez, qui se demonstre encore auiourd'hui; maisil faut passer encore plus avant: c'est assavoir, queDieu retient ceste benediction et ceste libralit, pourla distribuer comme bon lui semble. Car nous nevoions pas que tous engendrent galement: les unsn'auront point d'enfans, les autres en auront un oudeux, et les autres pa r douzaines. Ainsi donc, quandnous voions une telle inequalit, il faut cognoistreque c'est un benefice special de D ieu, que lign e:comme aussi il est notam ment dit au Pseaum e (127, 3),que le fruit du ventre (car Peseriture pa rle ainsi)est un guerdon de D ieu. E t ainsi qu'il faut en cestendroit recourir lui. E t po ur tan t, ceux quiappetent tant d'avoir des enfans, doivent suivre quantet qua nt l'exemple d'Isaac. Car ils diront bien, 0 ,ie voudroie avoir des enfans: mais de penser Dieu,

    il n'en est me ntion, ne nouvelle. Et d 'aut ant queDieu est fraud de son honneur, voila pourquoy ilretire sa main: ou bien s'il donne ligne, d'autantque ce sont gens profanes, il leur donnera des enfansqui leur crveront les yeux. Car les enfans sero ntcomme de petit serpens, ou des espines, pour lespiquer, et navrer iusques au profond du coeur. Voilaqui est cause qu'on en void beaucoup qui n'ontpoint de hgnee : ou s'ils en ont, c'est pour leur faireplus de mal: d'autant qu'ils ne se sont point adressez D ieu, pour obtenir le tout de sa benediction.Notons bien donc ce qui nous est ici monstre denostre pre Isaac: c'est que voiant sa femme sterile,il s'est adress Dieu, sachant bien que c'estoit delui qu'il devoit demander ligne. Et de fait qu'allgu era -o n ici contre ceste benediction? Si nousregardons ce qui est escrit en lob (14, 1), que quandun enfant vient au monde, il est l comme uneimage vive, d'une v ertu incomprehensible de D ieu,laquelle ne pe ut estre assez prise. Car dequoy unenfant es t-i l engen dr? et aprs qu'il est conceu,comment vit-il au ventre de sa mere ? E t puis,comment est ce qu'il en so rt? Si on regard e toutesces choses, qui sera celui si abruti, de dire que leshommes engendrent de leurs forces et par leurindu strie? Ainsi que nous retenions bien cesteleon : C'est, que ceux qui sont mariez, s'ils appetentd'avoir lign e, qu'ils la demandent D ieu: voirepour deux raisons. La premiere, D 'autant que D ieus'est rserv cela en sa main: comme nous l'avonsmaintenant allgu du Pseaume, La seconde c'estque ce n'est point assez que les maisons soient peuples d'enfans, sinon que D ieu gouverne tous iours.Car il vaudroit mieux qu'ils n'eussent point de hgneedu tout, que d'avoir une semence perverse, mauditeet pleine de malice. Ainsi don c, que les presappre nent d'ensuivre (en c'est endroit) l 'exempled'Isaac. Mais notons aussi quan t et quant, qu 'Isaacn'a point pri seulement pour avoir ligne, selonl'apptit naturel des hommes: mais qu'il a regardplus haut, c'est assavoir, qu'il faloit que de luisortist le salut du monde, en la personne de nostreSeigneur Iesus Christ: ce qui sera dduit plus aulong ci aprs.Or nous nous prosternerons devant la saintemaiest de no stre bon D ieu, en cognoissance de nosfautes, le priant que de plus en plus il les nous facesentir: et que ce soit pour nous humilier, et pournous induire une vraye repentance, et que noussoions tellement touchez de crainte, que nous nedemandions sinon estre dpouillez de toutes nosaffections et cupiditez terrestres, pour estre revestusde sa justice, iusques ce qu'il nous ait attirez enla pleine et entire perfection. Que non seulemen til nous face ce bien, etc.

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    SECOND SERMON.Genese, chap. XXV.

    Or quand Bebecca eut conceu, 2 1 . Les en anss'entrebatoyent dedan s son ventre. Et e lle dit, Siainsi est, pourqu oy est-ce que ie vi? Elle s'en alladonc s'enqurir du Seigneur. 22. Et le Seigneur luydit, Il y a deux peuples en ton ventre, et deux nationsseront divises de tes entrailles. L'un sera plus fortque Vautre: et le plus grand servira a u m oindre.Nous vismes hier comme Dieu avoit esprouv lafoy d'Isaac, avant que lui donner ligne, voire parl'espace de vingt an s. Or c'est afin que nouscognoissions qu'il n'a point pri D ieu en vain, puisqu'il l 'a exauc de sa requeste, laquelle tendoit ce,

    que Dieu envoyast le Sauveur du monde, par lemoien d e la semence quil lui avoit est prom ise. Orvoila enquoy Isaac s'est peu resiouir: et non pasd'une faon commune, car sa femme a est sterilelong temps: il void qu'elle a conceu, et que Dieu adclar qu'il n'avoit pas mis en oubli sa promesse,et puis il cognoit que cela lui a este ottroi,d'au tan t qu'il avoit eu son recours D ieu. Maisvoici une tentation nouvelle, et qui est plus dure, etplus grieve porte r, que si sa femme fust dem euresterille. Car elle conoit deux enfan s, lesquels secombatent au ventre. Or cela estoit comme unechose hideuse, et contre na ture . Et voila pourquoyaussi elle dit, qu'il vaudro it mieux qu'elle fust mo rte :et ce n'est pas d'impatience qu'elle parle ainsi, commesi elle eust senti des tormens et douleurs, quil'eussent contrainte cela, elle regarde plus haut :car elle porte en son ventre toute l'esprance qu'onpouvoit avoir du salut du monde. Or cependantelle void l un combat, qu'il semble que Dieurenverse tout, et qu'il vueille l monstrer un signede son ire. Bref, la chose est detestable de soy,qu'il y ait un tel combat au ventre d'une femme:et cela n'e st pas avenu naturellem ent, mais D ieuvouloit l d eclarer (comme nous verrons) Isaac ,et elle, que tous ceux qui viendroyent de leursemence selon la chair, ne seroyent point pourtantreputez du nombre des fidles : mais plustost qu'il yauro it guerre mortelle. Or donc, quand elle void(au lieu d'avoir le salut du monde enclos en sonventre) un signe de l'ire de D ieu, et un combatcomme diabolique des ennemis mortels de'l'Eglise,elle ne peut pas cognoistre le tout : mais elle apper-oit, que si elle a conceu pour avoir un tel combat,que c'est autant comme si Dieu luy estoit contraire,et qu'il vint l comme la main arme, pour dire,

    Tu m'es une creature vilaine, et que ie reiette reprou ve. O est-ce donc qu'elle en est, qua nd eapprhende toutes ces choses? Et ainsi, ne nofaut point trouver estrange, si en telle angoisse eeust mieux aim mourir, que de voir une chose monstrueuse, qui estoit contre l'ordre de naturToutesfois il est dit, qu'en telle triste sse , elle laisse pas de recourir D ieu. E t de faict, eobtient response, qui est pour la consoler: non pqu'il n'y ait encores du regret mesl parmi: matan t y 3, que D ieu luy modere ceste passion qu'elavoit si fascheuse, et dit qu'il y a deu x peuples son ventre: comme s'il disoit que ce n'est pas seulment pour les deux enfans qu'elle porte, mais qcela tend plus loin: c'est assavoir, qu'ils serodivisez l'un d'avec l'au tre . E t combien que todeux soient fils d'Abraham, et qu'il ait est dit Abraham, qu'en sa semence toutes nations de terre seront bnites: toutesfois qu'il faudra qd'Isaac descendent ceux que Dieu retrenchera de sEglise, lesquels seront reprouvez, et lesquels seroennemis de l'Eglise de D ieu par consequent. Orest vray que cela encores pouvoit bien navrer d'udouleur mortelle tant Isaac que Rebecca: macependent si est-ce qu'ils voient que la bont Dieu n'est pas esteinte, et qu'il se monstre fidle ce qu'il a une fois prono nc. Or il est dit,

    Que le plus grand servira au m oindre.Enquoy Rebecca cognoist, que d'elle, quoy quen soit, viendra ceste semence bnite, qui avoit esprom ise. Voila en somme ce qui est ici reci t. le tout seroit obscur, s'il n'estoit dclar par menu. Notons donc ici , que ceux qui sont appeen l'Eglise, n'y demeurent pas tousiours, comme desnous avons veu l'exemple notable en Ismael: lequestoit fils aisn d'Abraham, toutesfois il a esbanni de la maison, et a est dit qu'il ne seroit phritier. Et cela n'estoit pas des richesses du mondni des possessions qu'eust Abraham . Il estoit ricen bestail, en or et en argent: mais il n'avoit pun pi de terre. Cest heritage donc quoy rap ort e-i l? C'est la promesse spirituelle: c'assavoir que D ieu avoit choisi la semence d'Abrahapour dire, Ce se ra- ci un peuple qu i sera ddimon service: ceux qui en viendront, ie les reoi accepte pour mes enfans, afin de les recueillir en vie ternelle. Voila comme Ism ael, avec sa primgeniture, est dbout de l'esprance de vie: et Isademeure lui seul. Ainsi en est-il quant Esau Iacob : car tous deux sont descendus d'Abraha

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    33 D E IACOBmesme ils sont gmeaux, leur mere les porte d'uneven tre: ta nt y a que l'un est dbout, et l 'au treest receu : l 'un est esleu, et l 'autre est reprouv.Ainsi donc nous voions que ceux qui ont lieu pourun temps en l'Eglise, et qui ont le titre de fidleset enfans de D ieu, peu vent bien avoir telle reputationdevant les hommes: mais ils ne sont pas escrits aulivre de vie, Dieu ne les recognoist pas ni avouepour siens. Pa r cela nous sommes admonnestez dene point nous eno rgueillir, ni estre enyvrez d'unefoie prsomption, quand Dieu nous aura fait lagrace de nous introduire en son Eglise: maischeminons en puret, et avisons de ratifier nostreelection, et d'en avoir le tesmoignage en nos coeurspar le saint Esprit, et ne point nous confier seulement l'apparence et au titre extrieur, que nouspourrions prtend re devant le monde. Voila ce quenous avons observer. Et au -re ste , nous sommesenseignez d'une chose plus grande: c'est en premierlieu, Combien que D ieu eust estab li son aliance avecAbraham, toutesfois il a voulu monstrer que cen'estoit pas le tout d'avoir offert sa grac: maisqu'il faloit que il choisit, selon sa libert, ceux quebon luy sembleroit, et que le reste deme urast (Rom. 9,10). Et pour-tant, saint Paul allgue ce passage, pourl'appliquer l'lection secrette de D ieu, pa r laquelle,avant la creation du monde, il a choisi ceux que bonlui a sembl. Or c'est une matire hau te et profonde :mais quand elle sera dduite, chacun en pourra faireson profit moyennant que nous y soyons attentifs.Et au reste, que nous recevions ce qui nous estmonstre en l 'Escriture, avec sobrit, que nousn'appetions point d'estre plus sages qu'il ne nous estlicite : mais que nous acquiescions ce que Dieu nousdira: et puis que nous soyons humbles, pour nepoint rpliquer, et ne point amener nos fantasies enavant, comme si nous voulions plaider con tre D ieu:mais qu'en cognoissant que ses iugemens sont unabysme profond, que nous n'enquerions pas plus qu'ilne nous permet. Or cependant il nous faut traiterles choses tellement, que ce qui semble estre obscurde prim e face, nous soit rendu facile. Nous avonsdesia veu que D ieu avoit choisi la semence d'Abraha m; Or si on demande pourq uoy , ou qui l'ainduit cela: on ne trouvera pas qu'Abraham fustplus digne que les autres: comme desia nous avonstrai t cest argum ent assez au long . Voila donc unprivilege qui est donn une certaine famille, neprocdant point d'aucun mrite, ne que Dieu aittrouv en leurs personnes pourquoi il les doiveprfrer: car ils ne sont point meilleurs, ne plusexcellens : ma is il lui plaist ains i. Or il est vrai quecela nous seroit dur digrer, si nous voulions apporte r nostre opinion: comme il y a beaucoup defantastiques qui ne peuvent recevoir ceste doctrine:car il leur semble bien qu'ils ont pour rpliquer

    Ccdvini opera. Vol LVIIL

    ET ESAU. * 34ren con tre de D ieu: Mais qu'y profiteront ils lafin? Nous avons allgu que ici il nous faut apporter une humilit, pour adorer ce qui nous a estcach. Et de-fait, sainct Pau l nous le mon stre bienpar son exemple: car au lieu de disputer il s'escrie(Rom. 11, 3 3 ), 0 que les iugemens de D ieu sontadmirables. Voila sainct Paul qui est tout esbahi:il se trouve l estonn, lui qui avoit est ravi pardessus les cieux, q ui avoit veu les secrets de D ieu,qu'il n'estoit pas licite homme mortel de profrer.Sainct Pa ul donc qui est compagnon des Anges, parmanire de dire, se trouve ici esmerveill et toutconfus: et que sera-ce de ces coquars, qui n'ont pas grand'peine leich du bout de l langue un seulmot de*l'evangile et de la Loy, et neantmoins ilsvoudront passer outre saint Pau l? Si est-ce qu'onverra cest orgueil l en beaucoup. Or de no strepart, revenons ce qui nous est monstre, 0 hommequi es-tu? Quand donc nous ferons comparaison deD ieu avec nous, Qui est D ieu? en quelle mesure lepourrons-nous enclorre? Sera-ce en nostre cerveau?et nous n'avons pas une demie once de sens, etcependant, Dieu qui ferme son poing pour tenir toutle monde comme un grain de pouciere (ainsi que ditIsaie) et lequel n'est comprins ni au ciel ni en laterre, lequel a sa vertu, et iustice, et sagesse infinie*et qui a ses conseils incomprhensibles: et cependantil faud ra que nou s le venions assuie ttir nostr e foiefantasie. Et o est-ce aller? Et puis qui sommesnou s? Hommes, dit saint Pa ul. Sous ce m ot-l ilsignifie que nous ne sommes rien du tout: commes'il disoit, et faut-il qu e tu presum es ta nt de te vouloir enqurir des secrets profonds d e D ieu, veu quetu n'es que fange et boue? et puis, quel est tonsens? Tu es plein de pch et d'iniquit , tu es unpovre aveugle: et cependant tu voudras que D ieu terende conte: et viendras conclure, que si tu netrouves ce qu'il fait estre bon et raisonnable, tu lepourras accuser, et qu'il faudra qu'il passe ici parton bu reau. Or retenons ceste adm onitio n-l enpremier lieu, et cognoissons que nostre Seigneurnous enseigne que nous ne pouvons faillir d'escouteret d'ouvrir les aureilles po ur nous enqurir de cequ'il lui plaist que nous sachions: mais gardons-nous de passer plus outre: car il n'y a rage sigrande ne si enorme, que quand nous voulons plussavoir que D ieu ne nous monstre. Et au reste, nousaurons beau travailler, appliquons-y tous noz sens ettoutes noz estudes: o est-ce que nous parviendrons ?Ce sera nous fourrer tousiours tan t plu s av ant aulabyrinth e, sinon que nou s aions la conduite de D ieupour nous esclairer. G ardons donc ce mo ien: c'estd'escouter ce que Dieu nous propose: et si tost qu'ilferme la bouche, que nous aions tous noz sensenserrez et captifs, et que nous n'entreprenions pasde plus savoir que ce qu'il nous au ra prononc. Or

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    35 SECONDdonc voila comme la ligne d'Abraham a est choisiepar dessus tout le reste du monde, d'autant que Dieul'a ainsi voulu: mais, ce n'est point encore assez: caril faut que son election gratuite nous soit mieuxconforme. E t c'est ce qui nous est ici monstre enla personne de deux frres: Car voici Rebecca quiporte Iacob et Esau: l'un vaut-il mieux que l'autre?saint Pau l exposant ce passage, dit, Et ils n'estoientpas encore nais . Comment donc eussent-ils peuacqurir grace et faveur devant Dieu pour leursmrites? Car Iacob n'avoit fait ne bien ne mal,non plus qu'Esau. Pourquoy donc est- ce que D ieule constitue le plus grand ? Il ne faut point que nousentrions en plus grande dispute, sinon d'adorer avecestonnement le conseil secret de D ieu, par lequelceux que bon lui semble sont esleuz, et les autresreprouvez. Voila donc comme D ieu a voulu encoredonner plus grand lustre sa misricorde, quand ila esleu Iacob par dessus Esau. Car dfait, il pou-voit bien mettre Iacob premier, quand les enfanssortoient du ventre de la mere. On sait bien quecela n'est pas de cas fo rtuit: comme il est dit auPseaum e, Tu m'as tir de la matrice: et D ieudesploie l une vertu singulire, quand les enfansviennent au m onde. E t pourquoy donc n'a il permiset ordonn que Jacob eust le droit de primogenitu re? Car cela estoit convenable, puis qu'il vouloitchasser Esau de l'Eglise, et que Iacob y devoitdemeurer, et qu'il devoit succder au lieu de sonpre Isaac et d'Abraham. Pourquoi est ce que D ieule recule, et qu'il est infrieur son frre quant au-droit de nature, et cependant qu'il le met puis aprspar dessus? En cela nous voions que D ieu a vouluexclure toute gloire humaine, qu'il a voulu que toutehautesse fust abbatue, et que les hommes n'apportassent rien du leur: pour dire, le me suis acquis untel bien, ie l'ay eu par mon industrie. Nous voionsdonc ce que i'ay desia touch: c'est assavoir, quenous avons ici comme un miroir, auquel nous pouvonscontempler, que tous ceux qui sont de l'Eglise, nes'y sont pas avancez par leur vertu, et qu's n'ontpas obtenu grace par leurs mrites: mais que Dieules a choisis avan t qu'ils fussent nais . Voila doncen somme ce que nous avons retenir de ce passage.Or maintenant on pourroit ici esmouvoir quelquedifficult: car notamment Moise exprime que cecis'estend deux peuples-, et que ce n'est pas seulement pour Iacob et Esau, que ce combat s'est esmeuquant leurs personnes: mais que c'est pour leurssuccesseurs, et la postrit d'un chacun. Or est ilainsi que beaucoup qui sont descendus de Iacob,n'ont est approuvez neantmoins: car il s'arreste ce qui est ici d it: c'est assav oir, que la ligne deIacob a este eleu, et celle d'Esau rprouve: et onvoid toutesfois la plus grande multitude de ceux quisont descendus de Iacob, que Dieu dsavoue et qu'il

    SERMON declare qu'ils sont enfans bastards, fils de putain,qui sont sortis, d'un bord eau, et qu'ils ne appartiennent de rien, et que c'est en vain, qu'ils glorifient de son Nom. Comment cela se pour raaccorder? Or notons que D ieu a mis devant yeux d'Isaac et de Rebecca un tel spectacle, pomonstrer quelle seroit la condition de l'Eglise: CDieu en somme, leur a testifi .que l'Eglise viendrde Iacob: non pas que tous ceux qu'il engendrerselon la chair, deussent estre de l'Eglise: mais c'assez qu'il soit demeur, et que Dieu Tait retenusoy: et qu'Esau ait est dechass comme nous verrons avec le temps. Ceci sera mieux entendu pl'exposition que saint Paul donne: il prend cesentence l, Tous ceux qui sont de Iacob selon chair, ne sont pas toutesfois vrais Israelites, c'estdire du peuple de D ieu: car il a eu deux nomcomme nous verrons ci apr s, Iac ob , et Israel. qu'ainsi soit, avant que ces enfans fussent nais, voDieu qui coupe l'un d'avec l'autre, et monstre qce n'est point un corps, et qu'ils ne sont point unensemble: mais que l'un est rserv, et que l'auest dechass. Saint Paul donc a bien entendu, qceux qui dvoient naistre de Iacob, n'estoient ptous esleuz de D ieu: car nous renvoie au commcement, et dit que l'un est spar de l'autre par conseil secret de D ieu, et duquel nous ne pouvopas comprendre ni expliquer la raison : d'auta(comme i'ay desia dit) qu'il retient sa libert, telment qu 'il suffit bien que de sa ligne l'glise sengendre, combien que tous n'y appartiennent pNous avons dclar par ci devant, qu'il y a double grace en la ligne d'Abraham: l'une a esqu'en general Dieu a dclar qu'il leur vouloit esPr e. Aussi la circoncision a est commune touOr la circoncision n'estoit pas vaine : mais elleemport tesmoignage de la remission des pchez, de la iustice que doivent obtenir tous fidles pnos tre Seigneur Iesus Christ. Voila Ismael qui ecirconci: quant est du cost de Dieu, il a receu sacrement qui le pouvoit asseurer que Dieu le tendu nombre de ses enfans, qu'il estoit membre Iesus Christ, que la malediction qu'il avoit tird'Adam estoit abolie. Voire-mais si est-ce que cene lui a de rien Bervi. Au tant en a-il est dit d'Esaet de tous leurs semblables: mais quoy qu'il en sonous ne devons pas mespriser le bien qu'il avoit fenvers toute la ligne d'Abraham . Comme auioud'hui, quand nous parlerons du bien inestimable qDieu nous a fait quand son Evangile a est preschcela se dira tous indiffremment. On dira, qD ieu a us d'une misricorde tressinguliere envenous, d'autant qu'il nous a esclair par sa Paropour cognoistre le chemin de salut. Cependant novoions les autres qui errent en tnbres et en cofusion, comme si Dieu les avoit oubliez, et aba

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    37 DE IACOB ET ESA. 38donnez du tout. Voila les Papis tes , combien qu'ilssoient pleins d'orgueil et de fiert, neantmoins siest-ce qu'ils sont poussez a et l de Satan, en sortequ'ils ne cognoissent ne voie, ne sentier: et cependant Dieu nous appelle soy iournellement, il estfait memoire de son. alliance, afin que nous sachionsqu'il nous sera tousiours propice, et que nous lepouvons invoquer en vraye certitude, ne doutans pasqu'il ne nous soit Pre. Voila un bien que nous nedevons pas vilipender: et toutefois il y en a beaucoup qui cela ne sert que de condamnation : cartant plus y a il d'ingratitude, s'ils sont rebelles Dieu, et qu'ils desdaignent d'accepter la faveur paternelle qu'il leur offre. Ainsi d onc, voila une gracequi nous est desia faite, comme elle a est laligne d'Abraham: mais il y a eu encore une graceseconde, laquelle il faut restraindre iusques l : assavoir, que D ieu a choisi de ceste ligne ceux quebon lui a sembl, comme il a receu soy Isaac, etIsmael n'a point eu de lieu en la maison. Pour untemps il a bien est tenu pour membre de l'glise:mais la fin il est retrench. Autant en a-il estdes enfans de Cethura : et comme voici Esau qui estle premir nay, toutefois Dieu le dboute. Voiladonc une grace seconde, qui a est en la familled'Abraham: C'est que Dieu en a retenu soy ceuxque bon lui a sembl: car Iacob a est comme laracine de ceste ligne qui est venue depuis. Etvoila pourquoy en sa personne tous les esleuz ontest figurez, et que Dieu nous propose qu'ils n'ontpas d'euxmesmes ce qu'il leur a donn par sa bontgratuite, et qu'ils ne se peuvent pas vanter que c'aitest de leur mouvement propre qu'ils sont parvenus salut: mais qu'ils y ont est attirez, voire d'autantqu'ils estaient esleuz avant la creation du monde, etpa r consequent avant leur naissance. Voila pourquoy saint Pa ul , en ce passage que nous avonsallgu, pour plus ample declaration, adiouste letesmoignage de Moise (Exod. 33 , 19), I'au ray misricorde de celui dont i'auray misricorde, et i'auraypiti de celui dont i'auray piti. Il semble que cesoit un propos rompu, et comme extravagant: maisil emporte beaucoup : car c'est autant comme siD ieu disoit, le say lesquels ie vueil reserver, et riefaut pas que on vienne ici plaider avec moy: carcela gist en ma libert. Quand nous regarderonsnostre langage commun, ceci ne sera point obscur:car si un homme dit, le feray ce que ie feray: c'est dire, ie feray ce que bon me semblera faire: parcela il monstre qu'il ne se veut point assuiettr personne: il declare qu'il n'est pas tenu ni oblig dereveler son conseil et intention en ce qu'il a faire.Ainsi D ieu dit, le feray misricorde qui ie laferay: comme s' disoit, Ma misricorde ne dependpas de ceci, ou de cela, il ne faut point chercher lacause ailleurs, ne m'astraindre quelque loy: car

    ie say ce que ie doi faire: et cependant ma misricorde aura lieu, et ie ferai merci celui que ieferai merci: c'est dire, le ne regarde point qui enest digne, car il n'y en a pas un seul: niais cependantie ne laisserai pas de faire merci aucuns, voire ceux que i'auray esleuz. Voila comme D ieu par leprcisment: et c'est pour rabatre tout ce que leshommes pourroient allguer, pour fermer la porte toute curiosit, pour couper broche toute audace:et que nous l'adorions simplement, en lui laissant cequ'il se reserve: c'est assavoir, quand il sauve c'estde sa bo nt gra tui te: et quand il condamne, quenous ne venions point iargonner rencontre de Dieu,mais que nous aions la bouche close, sinon pour leglorifier. Or notons, que cela a est dit par Moise,quand le peuple estoit desia multipli, et que Dieul'avoit retir d'Egipte. Voila une glise qui estdescendue de la race de Iacob: car de ceste maisonsterile, et qui estoit comme dserte, Dieu en a tirune multitude si grande qu'on void bien que c'estun miracle tout notoire, et que ceste promesse aeste vrifie, Que la semence d'Abraham seritcomme les estoilles du ciel. Cela es t-i l en bellemonstre quant aux hommes? Dieu dit, De cestemultitude ci, i'en retiendrai ce que bon me semblera:ie ferai merci ceux ausquels ie la fera i, et qu'onne s'enquiere de la raison. Il est vrai que la raisonest bien en Dieu : mais ce n'est pas dire que nousla comprenions, ou qu'il nous faille fourrer outrenostre mesure en ses secrets. H faut donc que noussachions quant nous, qu'il n'y a nulle raison:mais que le conseil de Dieu nous doit stre pourtoute regle de iustice, sagesse et quit. Voila donccomme l'exposition de sa int Pau l s'accorde tresbien ce qui est ici prononc: c'est assavoir, qu'il y adeux peuples au ventre de Rebecca, et que de sesentrailles deux nations seront divises: et c'estautant comme si Dieu avoit testifi que il y auradivorse tel que cependant la ligne de Iacobdemeurera bnite. Non pas tous sans exception,mais ceux qu'il plaira Dieu de retenir soy,comme il les a esleuz avant la creation du monde.Voila donc la somme de ce qui est ici comprins.Mais avant que passer outre, notons bien ce qui aest dit: c'est assavoir, que le principal que nousavons observer, c'est que Dieu veut que toute lalouange de nostre salut lui soit attribue: car quelleest la source et l'origine de l'glise? C'est sonelection. Voila o Moise nous ram en , voire selonl'interprtation de saint Paul: et aussi le texte yest tout evident. Car ici il n'est point question(comme i'ai dit) de quelque heritage terrien, oucaduque: c'est du salut ternel qu'Abraham avoitespr, selon qu'il en avoit receu la promesse. Orvoici Iacob qui est hr itier, et pourquo i? E st- cequ'il se soit ainsi mis en la grace de Dieu, ou qu'il

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    39 SECONDait acquis faveur pour rien qu'il app orta st? Il n'estpas ainsi. Voici donc le texte de Moise, sans queon y apporte nulle glose qui monstre assez quel'glise procde de la pure grace de Dieu : et ainsi,que toute la louange de nostre salut lui doit estrerserve en son entier. Or cependant, ceux quivoudroient ou renverser, ou obscurcir ceste doctrine,disent, Combien que Dieu ne cogneust aucun mriteen Iacob: toutesfois si est-ce que il le prevoioitbien tel qu'il seroit. Voila pourquoy ils disent qu 'ill'a choisi, et qu'Esau a este reprouv. Bref, d a u tant que beaucoup de canailles n'osent pas nierpla t et court, l'lection de D ieu, ils veulent qu'il yait une cause suprieure, c'est assavoir sa prescience.Et qu'est-ce que ceste prescience? C'est, que D ieuprvoit tel que chacun doit estre : et il eslit (disent-ils) ceux qu'il a preveu devoir estre d'un bon naturelet affection: et ce n'est point de merveille s'il lesaccepte par dessus les autres : car il cognoist le bienqui n'y est pas encore, m ais qui y doit estre. Ortelles gens n'ont pas une goutte de crainte de Dieu :car ils blasphment manifestement contre le saintEsprit, qui a parl par la bouche de saint Paul, etse moquent de ce que saint Paul a dit, comme sic'estoit fable. Car si on accepte leur solution, saintPaul auroit parl en homme ignorant et inconsidr:car il prend ceste raison-l, H n'y avoit ne bien ne.mal ni en Isaac, n i en Esau, ni en Iaco b: toutes-fois D ieu en a esleu l 'un, et reprouv l'au tre. Orla rplique sroit facile, selon ces fantastiques l.Et comment? H est vrai qu'il n'y avoit ne bien nemal : mais il y devoit estre, et Dieu l'a ainsi preveu.Mais saint Paul presupose ce qui est vrai: c'estassavoir que nous sommes tous damnez, et queiusques ce que Dieu nous ait esleuz, il faut quenous demeurions comme des serpens pleins de venin,et qu'il n'y ait en nous que matire d'ire et devengeance de D ieu, que nous soions tous confus,pleins de venin et d'iniquit.Voila que c'estoit de Iacob, aussi-bien que d'Esau.Car que trouverons-nous en la race d'Adam, sinon to utecorruption? Nous sommes donc infects devant D ieu : etd'autant que la racine est maudite et vicieuse, qu'elleest toute pourrie, il faut que les fruits soient sembables.Ainsi donc, quand Dieu nous laissera tels que noussommes, il nous faudra prir iusques un, qu'il n'endemeurera pas un seul, que nous ne soions tousperdus et abismez. Bref, c'est une doctrine assezcommune en Pescriture sainte, que nous sommes tousenfans d'ire. D s'ensuit donc qu'il n'y a en Esauet-en Iacob nulle diversit, et que Dieu n'a pasdistingu l'un d'avec l'autre, pour ce qu'il y trouvast,et qu'il y preveust aucun bien. Car que pouvoit ilprvoir, .sinon ceste masse corrompue d'Adam, quin'apporte autre fruit que malediction? Voila cequ'il a preveu ta nt en l'un qu 'en l'autre indiffremment.

    SERMON Il s'ensuit donc qu'il a mis en Iacob ce qui y eet qu'il a laiss Esau tel que sa naissance le portoVoila aussi pourquoy il est dit en l'autre passa(Ephes. 1, 4), que D ieu nous a esleuz, afin que nofussions saints et irrprhensibles devant lui. Il dit pas, Pour-ce que Dieu a prev.eu que nous devioestre saints, il nous esleuz: mais au contraire, dduit toute nostre sainctet et iustice, et tout bien qu'on trouvera en nous, il le dduit de cessource-l, assavoir de l'lection de D ieu, -c e qnous cheminions en sa crainte, que nous aions quque intgrit en nous, que nous aions quelque zet affection de bien faire. Si cela e st , il s'ensuque Dieu n'a rien preveu en nous. Car ostol'lection, que restera-? Comme nous avons monstrnous demeurerons tous perdus et maudits, et nsans cause: car Dieu ne voit en nous que corruptioil faut qu'il nous dsavoue, et qu'il nous renonccomme il est dit, qu'il s'est repenti d'avoir fl'homme. Voila donc ce que nous pouvons appo rtde nostre cost. Ainsi donc, c'est un badinage trofrivole de dire que Dieu eslit les, siens selon quprvoit qu'ils seront l'avenir: car il faut qu'il mette le bien, et qu'il l'y mette, pource qu'il les eleus. Voila donc le premier degr par lequel nous faut commencer : c'est assavoir, que nous diffrons en rien l'un d'avec l'au tre , sinon d'au taque D ieu nous discerne. Voila aussi pour queraison sainct Paul anantit toute gloire, laquelle lhommes se pourroyent usurper. Qui est ce qui discerne, dit il ? n'a que ce mot l, pour abbatet anantir tou t orgueil. Et pourq uoy? Car as-rien qui te soit propre, dit il? Pa r cela il monstque les hommes ne peuvent pas choisir leur ranpour dire, le me disposeray bien faire et D iaura piti de moy, et ie parviendray sa graci'auray un bon mouvement, i'auray ceste preparatioOr sainct Paul exclud tout cela, en disant que nosommes tous perdus, que pesle mesle il nous faudtous estre ruinez, et entrer au gouffre d'enfer, sinod'aut ant qu'il plaist D ieu de nous discerner. Vod'o vient toute nostre dignit et excellence: C'ed'auta nt que D ieu nous a tendu la main. Ainretenons bien ce principe, et appliquons toute cesdoctrine, que nous avons rcite, ceste fin-lcomme Dieu nous a propos un miroir en Iacob en Esau. . Ainsi d onc , maintenan t contentons-nouque ces deux personnes nous soyent comme deuimages vives, pour monstrer que le monde en soest d'une condition pareille : mais que les uns soappelez, et les autres non, pource qu'il plaist ain D ieu. Et notamm ent (comme i'ay touch) Iacoa est le puisn, et sembloit bien qu'il deust estassuietti son frre, selon l'ordre denature: cepedant le voila mis au degr de primogeniture :Esau non seulement est mis en bas, mais il e

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    41 D E IAG Breiett du tout : car il n'a point en la fin de part ne |de portion en l'Eglise. Ceci nous monstre bien queDieu nous a voulu tenir convaincus, qu'il n'est pasquestion de rien me ttre en av ant de nostre cost, etde nous ingrer, comme si nous avions quelque valeuret dignit en nous: car Dieu n'est point repugnant soy : neantm oins il a voulu ici mo nstrer commeune espce de repugnan ce e t de co ntrarit. C'estlui qui a ordonn que le premier nay de la maisonfust le chef. Or il a mis ceste loy: cependant il larenverse: mais (comme i'ay dit) le tout s'accordetrs bien : car D ieu est par dessus la Loy ord inaire,et cependant il a voulu changer ce qui estoit accous-tum en la regle commune : et il le fa it, afin quenous cognoissions que ce n'est point (comme sainctPaul aussi dit) ne du vueillant, ne du courant : maisde lui seul, qu i fait m isricorde (Rom. 9 , 16). Orquand S. Pau l di t, que ce n'est pas de celui quiveut ne de celui qui court, il n'entend pas que nouspuissions avoir quelque bon vouloir: comme il ledeclare en l'autre passage (Phil. 2 , 13 ), c'est D ieuqui le donne: et n'entend pas aussi que nous puissions nous efforcer : mais il monstre que les hommesn'ont rien, et pourtant qu'ils ne peuvent rien porter D ieu. H n'y a donc que sa seule misricorde.Car si les hommes avoient quelque chose Popposite, faudroit faire pa rta ge , et savoir ce qui seroit D ieu et ce qui seroit l'homme. E t alors on |pourroit dire, que nous n'avons pas le tout de lamisricorde de Dieu : mais qu'il y a nostre bon vouloir, qu'il y a nostre course, qu'il y a le bon zle.On pourroit ainsi parler: mais sainct Paul veutanantir ici tout ce que les hommes peuvent apporter d'eux mesmes, et monstre qu'il n'y a que lapur e misricorde de D ieu qui domine. Il est vraique beaucoup de gens ce voudroient efforcer etinesme ils allguent l'exemple des Iuifs, qui estoientenflez comme crapaux, d'une arrogance diabolique,qui pensoient tenir D ieu comme oblig, et q uivouloient estre reputez iu stes selon leurs oeuvres:mais en cela ils s'abusent, et ne feront que reculer,au lieu de s'avancer. Car quand les hommes prsument ainsi d'eux mesmes, il est certain qu'ils ravissent D ieu son honneu r. Les voila donc sacrileges, etils sont pires que larrons et davantage, iusques ce que Dieu nous ait renouvelez, il est certain quequelque belle apparence que nous aions, il n'y auraen nous que toute puantise, nous serons une vermine abominable devant D ieu. Ainsi do nc, neprtendons pas que nous puissions ne vouloir, necourir, mais il faut que Dieu nous trouvant commeperdus, nous retire de cest abisme-l, et qu'il nousspare d'avec ceux avec lesquels nous estions perdus,et ausquels nous estions pareils. Car la condition(comme i'ay dit) du gen re humain est une. Vrayest que les uns sont enfans d 'ire, et les autre s D ieu

    ET ESAU. * 42les bnit. Mais d'o vient ceste separation et cedivorse? D e misricorde. H ne faut poin t que nousallions nous enqurir plus outre: mais contentons-nous de ce mot seul, pou r tou te raison. Voila doncpourquoy notamment le premier nay a est dboutde sa place : et cependant Iacob qui estoit infrieur,a est mis au lieu, voire pour demeurer le seulhritier. Quand Malachie le Prop hte parle de ceci(1 , 2), il reproche aux Iuifs leur ingra titude . Il estvray que cela estoit pour le signe extrieur, queD ieu avoit esleu Iacob par dessus E sau , d'au tantqu'il lui avoit donn la terre de Chanaan en heritage,et qu'Esau a est recul loin parmi les montaignes:mais ce n'est pas la sentence o le Prophte s'arreste :il regard e une chose beaucoup plus ha ute . SaintPaul aussi, quand il use de son tesmoignage, voiantque D ieu avoit retir soy la ligne de Iac ob , ilattrib ue to ut cela sa pur e m isricorde : mais leProphte dit, et Esau n'estoit-il pas frre de Iacob?comme s'il disoit, vous estes pleins d'orgueil et defiert, voire, vous en crevez : et ne vous couste riende dire, 0 , nous sommes la ligne sainte et sacred'Abraham: nous sommes Tegfise, nous sommes lepeuple que D ieu a bnit et sanctifi. Voire, et d'ovous vient cela, dit-il? Car Esa u n'estoit-il pa sfrre de Iacob ? Vous voiez les Idumeens vos frres :et sont-ils peuples de D