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PORTRAITS VOYAGES AU PEROU CATALINA DENIS BASIA BULAT THE VAN JETS JADE ROSE PARKER AUDREY VERNON YUCK ELISA JO INTERVIEW EXCLUSIVE JEREMIE RENIER / AURELIEN RECOING / JANELLE MONAE / AYO / ELIETTE ABECASSIS / JOHN NEWMAN / JASON DERULO / PANIC AT THE DISCO / October 2013 #6 ISSUE ADÈLE EXARCHOPOULOS / NAOMI WATTS SPECIAL FASHION WEEK BEAUTÉ SPECIAL FASHION WEEK BEAUTÉ

Blindmagazine#6

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Jérémie Rénier + Aurélien Recoing + Janelle Monae + Ayo + Eliette Abecassis + John Newman + Jason Derulo + Panic At The disco + Adele Exarchopoulos + Naomi Watts + Catalina Denis + Basia Bulat + The Van Jets + Jade rose parker + Audrey Vernon + Yuck + Elisa Jo +Spécial Beauté + Dossier Fashion Week

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PORTRAITS

VOYAGES Au PEROu CATAlInA DEnIS

BASIA BulAT THE VAn JETS

JADE ROSE PARKERAuDREY VERnOn

YuCKElISA JO

InTERVIEW EXCluSIVEJEREMIE RENIER /AURELIENRECOING / JANELLE MONAE / AYO / ELIETTE ABECASSIS / JOHN NEWMAN /JASON DERULO / PANIC AT THE DISCO /

October 2013#6 ISSuE

ADèLE EXARCHOPOULOS / NAOMI WATTS

SPECIAl FASHION WEEK BEAUTé SPECIAl FASHION WEEK BEAUTé

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Photographe auto-didacte, Maxime est pas-sionné par le portrait et la photo de mode. Recruté en agence de photos à ses débuts, il a été touche-à-tout durant 3 ans, et est depuis peu, indépendant à Paris.

Ancien Rédacteur en Chef d’un magazine de rock, devenu photographe de mode et de cé-lébrité, François a créé TheBlindMagazine pour avoir un magazine qui lui ressemble : Mélanger l’underground au mainstream, et synthétiser le tout dans un magazine digitalqui allie purisme et ouverture d’esprit.

Photographe à temps plein sur Paris depuis 2010, Pauline a suivi des études en commu-nication et effectué plusieurs stages vers le monde de l’image. Elle aime créer avec l’hu-main et composer en mode et portraits.

Travaillant dans la com’ et les RP, Auriane suit de près le monde des médias. Forte de son expérience notamment au pôle femme de Mondadori (Grazia, Biba…) elle nous livre chaque mois les dernières news mode, beauté et culture les plus pertinentes !

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FRAnçOIS BERTHIER AuRIAnE BESSOn

MAXIME STAnGE PAulInE DARlEY

CONTRIBUTEURS

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EDITO #6Il a été dur à accoucher ce n°6 et pour cause, on avait tellement de beaux

sujets qu’on ne savait plus où les mettre. Et cette fois-ci, point de célébrité à l’honneur, TheBlindMagazine a décidé de mettre en couverture une série mode. Comme pour ne pas oublier que votre magazine, c’est aussi ça. Une diversité, une mixité, un pluralisme bienfaiteur. On espère donc que vous

serez toujours aussi nombreux à nous lire.

Bonne lecture à tous,

L’équipe TheBlindMagazine.

facebook.com/Theblindmagazine

twitter.com/Blind_Magazine

FONDATEUR,

DIRECTEUR DE LA REDACTION,REDACTEUR EN CHEF CINEMA & DIRECTEUR DE LA CREATION

FRAnCOIS BERTHIER

REDACTEUR EN CHEF,REDACTEUR EN CHEF MUSIQUE

DInE DElCROIX

RéDACTRICE EN CHEF BEAUTE, MODE & NEWSAuRIAnE BESSOn

JOURNALISTESMarz Atashi, Auriane Besson, François Berthier, Soisic Belin,

Dine Delcroix, Justin Kwedi, Julian Evil, Marie Gonçalvès

PHOTOGRAPHESFrançois Berthier, Pauline Darley, Quentin Maignien

Marie Gonçalvès, Maxime Stange, Wallendorff.

COnTACT REDACTIOn/[email protected]

The BlindMagazine est édité par la société Ten Feet Under / Tous les textes et photos sont soumis par leurs auteurs qui acceptent leur publication, et n’engagent que leur responsabilité.

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SOMMAIRE

6 Blind Beauty

14Blind News

20Fashion report

30New Faces

36Edito Beauté

54Blind Live

The Black Angels

57Basia Bulat

60Jade Rose Parker

66Elisa Jo

70Audrey Vernon

78

The Van Jets

82 Yuck

86 Madness

88Adèle Exarchopoulos

Octobre 2013

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8830

Page 5: Blindmagazine#6

94Jérémie Renier

102Ayo

110Jason Derulo

112Aurélien Recoing

132Eliette Abecassis

144Panic! At The Disco

148John Newman

154Janelle Monae

160Naomi Watts

164Edito Mode

194La fille qui rend Blind

Catalina Denis

196Blind Trip

Pérou

204Chronique CD

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100 164

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BLIND BEAUTY

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Palette City Drive Arty - YVES SAINT LAURENTPure Chromatics Collector (édition limitée) - 53€En vente sur www.ysl-parfums.fr et dans les parfumeries agréées

PALETTE CITY DRIVE ARTYYVES SAInT lAuREnT

Dans la jungle des collec-tions make up automne-hiver qui sortent un peu partout, on craque pour la palette City Drive Arty, issue de la nouvelle collection Electric Chic, so YSl.En hommage au Pop Art et au Street Art new-yorkais, cette palette affiche un design graf-fiti chic, ultra contemporain, fushia et or. Et dans cet écrin à l’élégance citadine, se cache un quatuor de fards à paupières paille-tés très tendances. Vert néon, acier chromé, noir asphalte et bleu électrique, quatre teintes inspirées par les lumières de la ville et les mouvements artis-tiques underground.

Une harmonie de couleurs très contem-poraines, pour laisser libre court au chic ur-bain, de jour comme de nuit. Un indispensable de l’automne-hiver !

PAR AuRIAnE BESSOn

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COLLECTION «RIRI LOVES M.A.C» M.A.C

Rihanna présente sa nouvelle collection make up aux couleurs de l’automne. Une gamme de magnifiques teintes et d’accessoires, tous pré-sentés dans un joli packaging chic et girly.Une vingtaine de produits au total, au look plutôt soft : du mascara, des faux-cils, des pinceaux, des crayons à lèvres, deux palettes de fards à paupières avec des harmonies autour du marron cacao et du gris bleuté, qui accompagneront parfaitement le fard à joues Bad Girl Gone Good ou le duo poudre blush Hi-biscus Kiss.

On retrouve aussi l’éclatant rouge à lèvre RiRi Woo, ultra mat, qui est décliné pour cette collection en quatre teintes (prune profond, orange givré, nude crémeux et le fameux rouge vif ).

La précédente collection Riri Hearts s’était épuisée en quelques jours seulement, il va falloir faire vite, on lui prédit le même succès !

Collection RiRi loves M.A.C - M.A.CDe 19€ à 39€Disponible dans toutes les boutiques M.A.C et sur www.maccosmetics.fr

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VISIONNAIRE [1 MINUTE BLUR] SOIN LISSANT PERFECTEUR INSTANTANélAnCÔME

Visionnaire [1Minute Blur] Soin lissant Perfecteur Instantané LANCÔME30 ml - 55€

BLUE THERAPY SERUM-IN-OIL BIOTHERM

Blue Therapy Serum-In-Oil - BIOTHERMFlacon-pompe 30 ml - 65€

Biotherm réunit l’effet réparateur d’une huile et la puissance d’un sérum.Alors que la plupart des huiles laissent sur la peau une sensation de chaleur et de gras, et que les sérums ne sont souvent pas assez nourrissants, la texture gelée Serum-in-oil est fraiche à l’ap-plication et se transforme en huile soyeuse sous les doigts pour fusionner instantanément avec la peau et offrir toute la nutrition d’une huile. Un soin d’un genre nouveau qui intègre pour la première fois de l’huile d’Ulkenia, une mi-cro-algue trouvée dans la Mer du Nord riche en oméga 3. Il permet de recharger les cellules en bons acides gras, de neutraliser l’inflammation cutanée, et de mieux protéger la peau contre les agressions extérieures. A appliquer de préférence le soir pour un ef-fet réparateur optimal et un incroyable «shoot» belle peau !

Lancôme complète sa gamme « Visionnaire » lan-cée en 2011 avec le soin lissant perfecteur instantané. Sa promesse ? Un maximum d’effets en 1 minute chrono. Grâce à sa technologie Photo Smooth, il resserre les pores, corrige et sublime la surface de la peau en floutant les imperfections. Sa texture gélifiée la laisse idéalement soyeuse en domptant les brillances. Le plus ? Le gel se transforme lorsqu’on l’applique et laisse un voile léger et délicat pour un fini velou-té, très confortable. A utiliser comme base, juste avant le maquillage.

BLIND BEAUTY

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On recherche toujours plus de lé-gèreté et d’effet soin de la part de notre maquillage, d’où le succès des BB creams / CC creams. En cette rentrée L’Oréal lance une nouveauté make up qu’on adore.Exit le fond de teint (souvent trop couvrant) ou la poudre (trop matte), place au maquillage sans matière avec la nouvelle Eau de Teint de L’Oréal Paris. Hyper évanescente, c’est l’antimatière du fond de teint version nude !On secoue, on applique quatre gouttes, à la manière d’un par-fum, et on étire. Tout disparaît : texture et imperfections. Grâce à une formule inédite d’huiles et d’essences plus légères que l’eau, ce voile de teint ultra-light se fait oublier dès l’application.Cette petite nouveauté nous pro-met aussi des effets soin : SPF 18, amélioration de la texture de la peau, teint frais et homogène, peau moins grasse... pour une mine 100% healthy.Les adeptes du natural glow se l’arrachent déjà !

l’Eau de Teint nude Magique - L’OREAL PARISDisponible en 7 teintes20ml - 14,90€ www.loreal-paris.fr

lOVE lOVE lOVE

L’EAU DE TEINT NUDE MAGIQUE l’OREAl PARIS

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Dernier né de la gamme Phyto-lip Shine : le Phyto-lip Shine Sheer Balm. Un lipstick couleur dragée qui combine la brillance d’un gloss et le confort d’un baume pour un effet transparent et repulpant.Sa teinte rose pétale joliment frais, presqu’incolore, répond à toutes nos envies de légèreté.Fondante, imperceptible et ultra confortable, la texture est hyper légère et nourrissante, grâce aux beurres de kokum et de mangue, une formule soin qui permet de concilier brillance et douceur absolue.

LE PHYTO-LIP SHINE SHEER BALMSISlEY

Phyto-lip Shine Sheer Balm - SISLEY30,50€Disponible en octobre 2013 sur sisley-paris.com

CRèMES MAINS & ONGLESROGER & GAllET

On commence à réhydrater ses mains avec ces nouvelles crèmes de Roger & Gallet : Enrichies en beurre de karité, elles sont sans paraben, sans colorant et sans sili-cone. Leur cœur d’huiles végétales (abricot, olive et argan) permet une hydratation longue durée 24 h. Avec deux nouvelles senteurs Fleur d’Osmanthus et Rose, ces formules cocoon au parfum très doux pé-nètrent parfaitement sans laisser de film gras, pour embellir les mains au quotidien !

Crème mains & ongles - ROGER & GALLETParfum Fleur d’Osmanthus, Rose ou Sublime Bois d’orange Tube 30 ml - 6,20€

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Cette fragrance sensuelle et sophis-tiquée s’inspirant du glamour hol-lywoodien et de ses tapis rouge, est un savant mélange de bois et de musc. Avec des notes de bergamotes et de fleur d’oranger pétillante et féminine, la base chaude de ce parfum résulte des notes de cuir subtilement fumé et de bois tendre. L’indispensable touche parfumée à dégainer en début de soirée !

Eau de parfum Première - GUCCIA partir de 63€ les 30 ml

EAU DE PARFUM PREMIèREGuCCI

Entre le soin et le parfum, les crèmes parfumées pour le corps de la Maison Francis Kurkdjian apportent volupté et fraîcheur à votre peau.Parmi les cinq sillages proposés, coup de cœur pour la crème Aqua Vitae aux notes de citron de Calabre, mandarine de Sicile, fève tonka et bois de gaïac .Une fraîcheur sensuelle, et un dépay-sement olfactif garanti.

CRèME PARFUMANTE CORPSMAISOn FRAnCIS KuRKDJIAn

Crème parfumante corps - Maison Francis KURKDJIANCinq parfums : Aqua Vitae, Amyris, Apom, lumière noire, et Oudle tube de 150 ml - 48€En vente à la boutique Maison Francis Kurkdjian - 5, rue d’Alger Paris 1er, à la Belle Parfumerie du Printemps Haussmann Paris 9e et de Strasbourg 11

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BEAUTE DES CIlS

Vous rêvez d’une belle ligne de cils épaisse, bien courbée et parfaitement déployée ? On ne vous promet pas la révolution mais on a fait le tour des nouveautés soin et ma-quillage, et certains produits peuvent largement vous combler.Parce que des cils élancés et forts, c’est la clé d’un regard plus expressif et plus beau !

Aujourd’hui, on demande aux mascaras d’allonger et de vo-lumiser, oui, mais aussi de fortifier ! Le Be long Masacara de Clarins est enrichi d’un complexe innovant, le «Be Lash Complex» à base de ma-trikine qui active la croissance de nos cils ! Sur le long terme, le panthenol les fortifie et les protége lors de l’étape délicate mais cruciale du démaquillage.

La dernière nouveauté qui cartonne un peu partout est le mascara lash Domination avec la promesse de bénéfices 10 en 1 pour les cils. Sa brosse 180°permet de recourber et de couvrir tous les angles. Sa formule à base d’extraits de protéines de quinoa, de vitamine et de miné-raux, les fortifie et les protège pour longtemps.

Mascara lash Domination - BAREMINERALS20€En exclusivité chez Sephora

Be long Mascara - CLARINSCollection Graphic Expression 25,50 €

On n’hésite plus à tricher avec des faux-cils soft, en petites grappes, parfait pour combler les éven-tuels trous dans la ligne du cil. Les Easy faux cils de Bourjois vous per-mettrons de moduler leur volume à l’envi. A poser séparément au coin externe de l’œil.

Faux cils « Faux & Fabulous » - BOURJOISEasy faux cils - 5,99€

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Stop au recourbe-cils traditionnel ! Ce curler nou-velle génération vient recourber les cils par dessous pour attraper même les plus fins. Ingénieux !

Si le côté « instrument de torture » du re-courbe-cils vous fait un peu peur, optez pour ce petit peigne à cils, qui sépare, re-courbe et les déploie parfaitement ! Il vous aidera pour une meilleure répartition du mascara et peut également servir à l’appli-

cation de soins spécial cils, en répartissant le produit de la ra-cine jusqu’à la pointe.

S Curler - SHU UEMURA36€

M2 Tools - B2 BEAUTE19,50€

Le cil n’est implanté qu’à environ 2 mm dans la paupière (contre 4mm pour le cheveu), et supporte mal les tractions, les frottements, les UV, l’eau et le démaquillage quotidien. Entraînant un amenuisement de son ciment intercellu-laire, il se fragilise, devient cassant jusqu’à se rompre. Pour mettre fin à ce fléau ou le retarder au maximum, on mise sur ce soin contour des yeux de Vichy, qui ajoute une action sur l’embellissement des cils et un effet « étoffant ». A base d’actifs végétaux et d’huiles naturelles, ils boostent la pousse et fortifient le cil pour les rendre plus souples et plus brillants.

Si vous avez un certain budget et que souhaitez un « engrais » ultra efficace, misez sur le Sérum de crois-sance M2 lashes. Ce sérum est un concentré d’actifs sti-mulateurs de croissance et de traitants embellisseurs. Les cils s’allongent et de-viennent plus fournis, plus forts, plus toniques et expressifs. Les premiers résultats sont visibles au bout de 6 à 8 semaines.

Côté accessoires...

liftactiv Sérum 10, Yeux & Cils - VICHYFlacon pompe 15 ml - 28,60€

M2 lashes Sérum de croissance des cils - M2 BEAUTE5 ml - 130 €

les soins ultra nourissants

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BLIND NEWS

Exposition Georges BraqueAu Grand Palais, Galeries nationales (Entrée Champs-Elysées)Jusqu’au 6 janvier 2014 Tarif : 8€www.grandpalais.fr

GEORGES BRAQUE AU GRAND PALAIS

Georges Braque (1882-1963), artiste majeur du XXème siècle, fut d’abord en tant que co-fondateur du cubisme (avec Picasso) et inventeur des papiers collés, une des grandes figures de l’art moderne.Le Grand Palais accueille une rétrospective vaste (près de 200 œuvres sont rassemblées) et ambitieuse de son œuvre. L’expo revient au fil d’un parcours chronologique, sur toutes les périodes de sa création : Le fauvisme, le cubisme, ainsi que les séries de variations thématiques (paysages, guéridons, canéphores et ateliers).Une exposition qui fait resurgir des parties de Braque restées parfois injus-tement dans l’ombre, et dévoilant un artiste que l'on ne connaît pas vrai-ment. Figure d'éternel second de Picasso aux yeux de la postérité, cette grande rétrospective de Braque (la plus grande depuis 40 ans en France ) répare enfin cette injustice.

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Georges Braque, L’oiseau noir et l’oiseau blanc, 1960

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Georges Braque, Grand Nu, 1907-1908

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« Europunk...une révolution artistique en Europe [1976-1980] »la cité de la MusiqueDu 15 octobre 2013 au 19 janvier 2014Tarif : 9€www.cite-musique.fr

DU PUNK AU MUSéE

Né sur les cendres froides de Mai 68, dans un contexte de crise économique et de faillite des idéologies, et dans un monde en proie à une menace pro-téiforme et confuse (nucléaire, totalitaire, terroriste), le punk est un mouve-ment aussi paradoxal que fondamental. Révolution sans cause, ambiguë, chaotique et radicale, faisant un usage sys-tématique de la provocation et du second degré, le punk prônait le no future tout en proposant à chacun de changer le monde. L'exposition Europunk à la Cité de la Musique met en lumière cette efferves-cence créative qui, entre 1976 et 1980, parallèlement à ce qui se produisait aux états-Unis, a agité le Royaume-Uni d'abord, puis l'ensemble du conti-nent européen. Enfant illégitime de Dada, de Fluxus et du situationnisme, cette contre-culture qui rejetait l'Art aura en effet réussi, au mépris des canons esthé-tiques, à imprégner profondément et durablement tous les domaines de la création : la musique, le cinéma, les arts plastiques, la mode, la bande dessinée… Au total, plus de 450 objets (vêtements, fanzines, affiches, tracts, dessins et collages, pochettes de disques, films, etc.), témoignent de cette vitalité qui ont fait du punk, malgré lui, une véritable révolution artistique. Du son crado des Sex Pistols au culte de la récupération vestimentaire, de l’efferves-cence graphique du collectif français Bazooka aux chants politisés des Clash, du stylisme de Vivienne Westwood à la New Wave de Joy Division, l’exposi-tion met le doigt sur une liberté créatrice qui parfume, encore aujourd’hui, la culture populaire en Europe et dans le monde.

Affiche pour la sortie de God Save the Queen, 1977©Sex Pistols Residuals

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Annonce du concert Punk à tout va, Siouxsie & the Banshees, Asphalt Jungle, Generation X, 1977.

Affiche promotionnelle pour The Clash, Clash City Rocker , 1978.

linder, Magazine, pochette de disque Real life l.p., 1978.

Malcolm Garrett & linder, Buzzcocks, pochette de disque Orgasm Addict e.p., 1977.

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Véritable étoile montante du cinéma, la fille de Phil Collins, dont les traits rap-pellent ceux d'Audrey Hepburn, sera désormais la nouvelle ambassadrice lancôme. Nous pourrons la voir dans ce nouveau rôle dès janvier 2014, à l’occa-sion du lancement de la collection maquillage prin-temps de la marque intitu-lée French Ballerine.

LILY COLLINS EST LE NOUVEAU VISAGE LANCÔME

C’est une des collaborations les plus attendues de l’hiver et l’on peut d’ores et déjà la voir dans son intégralité dans un lookbook mettant en scène Lou Doillon ou Milla Jovovich. Comme promis, Isabel Marant est restée fidèle à son style bohème et cool. Au programme : manteau boyfriend, veste ethnique perlée, robe légère, leggings à sequins, bottines frangées, slim en cuir ou encore gilet en grosse maille. Une collection hautement dési-rable !

ISABEL MARANT DéVOILE SA COLLECTION POUR H&M

la collection Isabel Marant pour H&M sera disponible dès le 14 novembre dans 250 boutiques. www.hm.com

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Bernard Arnault pré-sident du groupe LVMH a confirmé au quotidien américain Women's wear daily (WWD, la bible de la mode) que le styliste Marc Jacobs quittait la maison Louis Vuitton.L'américain qui pré-sentait mercredi 2 oc-tobre sa dernière col-lection, était depuis 1997 aux commandes de Louis Vuitton, marque qui assure l'es-sentiel de la rentabilité

de LVMH, le numéro un mondial du luxe. Un départ plus ou moins atten-du, pour mieux s'occuper de ses propres affaires et préparer l'introduction en bourse de sa ligne personnelle (Marc Jacobs et Marc by Marc Jacobs), d’ici 2015. Comment Marc Jacobs est-il devenu l’artisan d’une success story mondiale ? “Il fait tout ce qu’un conseiller marketing vous conseillerait de ne surtout pas faire, et pourtant ses boutiques sont pleines”, résumait Loïc Prigent, au début du documentaire Marc Jacobs & louis Vuitton, en 2008.Le directeur artistique a transformé au fil des ans le vénérable malletier Louis Vuitton en une marque de prêt-à-porter dont le chiffre d’affaires double tous les 5 ans.Une rockstar qui transforme tout ce qu’elle touche en cash : avec ses 460 boutiques et sept milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2012, la planète Vuitton sous l’ère Jacobs représente la locomotive du groupe. Jacobs-Vuitton, c’est donc l’une des associations les plus rentables de l’his-toire de la mode.Outre l’argent, la marque devient un symbole de faste décomplexé, pointu et dans l’air du temps. Toujours prêt à se réinventer lui-même, Jacobs fa-çonne un héritage style intrinsèquement lié à ses propres métamorphoses et excès (deux rehab en 1999 et 2007). Et pour incarner cette femme imagi-naire, le styliste appelle très souvent ses muses perso, de Kate Moss à So-phia Coppola, dont le charisme tranche avec les mannequins standard. S’il est lui-même adepte de la jupe, Marc Jacobs a su ne pas trop bousculer le style Vuitton s’inspirant beaucoup des années soixante-dix, "avec le désir de mettre en avant une jeunesse décontractée, mais chic, et libérée des co-des en vigueur." décrit le magazine Vogue. Véritable allégorie de la maison, le créateur pourrait être sur un piédestal irremplaçable mais son départ annonce un futur excitant : Nicolas Ghes-quière, ancien de la Maison Balenciaga, devrait prendre le poste.

APRèS 16 ANS DE SUCCèS, MARC JACOBS QUITTE LOUIS VUITTON

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FASHION REPORT

Un esprit géométrique et graphique se faisait également sentir avec une prédilection pour le bleu. Et à ce petit jeu, l'association du noir et blanc est gagnante ! GEomETRIE

PAR MARz ATASHI

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La Fashion Week printemps-été 2014 s’est achevée Le 2 octobre à paris où de somptueux Looks ont été dévoiLés, après ceux de neW York, miLan et Londres.Les podiums déLaissés, voici Le temps du biLan. Zoom sur 10 grandes tendances pour L’année prochaine !

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Un esprit géométrique et graphique se faisait également sentir avec une prédilection pour le bleu. Et à ce petit jeu, l'association du noir et blanc est gagnante !

Encore du blanc pour le printemps/été 2014. On n’y échappera pas ! Et pour parfaire son allure virginale, on ose les jeux de transparence, découpes, brode-rie anglaise, dentelle, volants...

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Bon, les filles, encore une fois, la dictature de la mode nous impose de faire beaucoup d'abdos pour montrer un ventre plat qui se dévoilera grâce à des cropped tops, des hauts très plongeants, des chemises ouvertes...Qu'on se rassure, on a encore plusieurs mois devant nous pour nous entraîner !

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Bon, les filles, encore une fois, la dictature de la mode nous impose de faire beaucoup d'abdos pour montrer un ventre plat qui se dévoilera grâce à des cropped tops, des hauts très plongeants, des chemises ouvertes...Qu'on se rassure, on a encore plusieurs mois devant nous pour nous entraîner !

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Il y a aussi eu de beaux pastels mais un pastel fort, à la frontière du néon. Un pastel sous acide !

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L'imprimé fleuri demeure et ce, sous toutes ses formes!

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L'imprimé fleuri demeure et ce, sous toutes ses formes!

Il n'y a rien de plus féminin (à notre avis !) qu'une jolie nuque et des épaules astucieusement dévoilées...Une sensualité toute en douceur.

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Oui, ce n'est pas la tonalité la plus aisée à arborer et les créa-teurs de mode nous mettent au défi. Prêtes à le relever?

En version boule disco ou esprit moiré, on brille de mille feux en décalage ou dans une version ultra-féminine assumée.

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La saison dernière, on a célébré la tendance années 20. Plus d'historicisme l'été prochain mais on a conservé les franges qui réussissent haut la main à ne pas tomber dans la panoplie «cow girl» kitsch !

On allie sportswear et sensualité en détournant des tops à l'allure très décontractée et sporty. Grâce à leurs jeux de transparence, ils sortent des salles de gym !

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NEW FACES

chaque mois, retrouveZ Les pLus beLLes neW Faces parisiennes.

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PAR FRAnçOIS BERTHIER

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neele & Inka@City 176cm

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Masha@Metropolitan Russie180cm83 / 61 / 90

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Masha@Metropolitan Russie180cm83 / 61 / 90

nicole@Silent Pologne175cm79 / 58 / 85

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Aida@Silent173cm

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Thais@CityBrésil179cm81 / 59 / 86

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BEAUTE

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PHOTOS : FRAnCOIS BERTHIER MAKE uP : YOAnA TG

HAIR : ElSA JOlI

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PHOTOS : FRAnCOIS BERTHIERMAKE uP : YOAnA TGHAIR : ElSA JOlI

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PHOTOS : MARTHE SOBCzAKBéATRICE EnI - MAKE uP MAnuCuRE CHARlInE MuSE - MAnnEQuInS DéTAIlS MAIn

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BEAUTé

PHOTOGRAPE : FRAnçOIS BERTHIER HAIR & MAKE uP : MAnuElA B

MAnnEQuIn : FlAVIE@VIP

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BLIND LIVE

ThE BLACK ANGELS @ LE TRIANoN, pARIS.

Photo : Wallendorff

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ThE BLACK ANGELS @ LE TRIANoN, pARIS.

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Ton nouveau single s’intitule Promise Not To Think About Love. l’album dont il est extrait parle pourtant beaucoup d’amour. Aimes-tu les paradoxes ?

Oui. J’aimais l’idée de chanter la ma-nière dont j’allais ne pas parler d’amour alors que je ne fais que cela. C’est une situation paradoxale (rires).

Que sais-tu du véritable amour ?

Je sais qu’il peut prendre de l’ampleur très rapidement. Je ne suis pas une grande philosophe mais je crois que le véritable amour ne nous censure pas et a tendance à repousser nos limites.

Tes nouvelles chansons sont un peu moins acoustiques que les précédentes. Cette évolu-tion s’est-elle faite naturellement ?

Non, elle était intentionnelle.

Qu’est-ce qui a motivé cette évolution ?

Je voulais signifier un changement. Pen-dant longtemps, j’ai été timide dans ma

créativité. C’est un album folk dans le sens où il est basé sur une structure nar-rative et j’ai cherché la meilleure façon de raconter mes histoires. Je crois que je n’aurais pas pu faire un nouvel album acoustique même si, pour la plupart des gens, ce disque sera considéré comme un album acoustique.

Quand on l’écoute, cet album donne l’im-pression que ton cœur est brisé. Est-ce le cas ?

Je pense que cet album est effectivement le reflet d’un cœur brisé car rien n’est ja-mais tout noir ou tout blanc dans la vie même si la pochette du disque est en noir et blanc (rires). À une période où j’ai per-du quelqu’un de proche, j’ai essayé de me retrouver. Ma vie avait changé et j’ai eu be-soin de me recentrer. Je me suis notam-ment tournée vers le gospel et la soul.

Tes chansons ont une dominante mélanco-lique mais tu ne cesses pourtant de sourire. Comment qualifierais-tu ton tempérament ?

Je suis un peu comme cette chanson

PAR DInE DElCROIX / PHOTOS : FRAnçOIS BERTHIER

BASIA BULAT

dans L’obscurité de La perte d’un proche, basia buLat a trouvé une Façon de se réinventer, déLaissant sa signature acoustique pour des sons pLus FoLk au proFit de Tall Tall Shadow, un troisième aLbum à La Fois Ferme et FragiLe. La chanteuse canadienne d’origine poLonaise sera sur La scène parisienne de La FLêche d’or Le 29 octobre 2013 pour un concert exceptionneL. portrait d’une voix pas comme Les autres.

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gospel qui s’appelle Sometimes I Feel like A Motherless Child. J’ai découvert cette chanson sur une compilation, elle était interprétée par O. V. Wright et je la trouve à la fois triste et joyeuse.

Tu as parlé de la perte d’un proche vécue deux mois avant de commencer à enregistrer ton al-bum. Comment as-tu géré cette situation ?

Nous sommes tous amenés à vivre ce genre de choses un jour ou l’autre. C’est difficile pour tout le monde car on ne s’en remet ja-mais vraiment. Moi, j’ai eu envie de faire un truc positif qui célèbre la vie tout en étant honnête. Il m’était plus simple d’écrire et de composer que d’en parler.

Considères-tu la musique comme une thérapie ?

Oui, la musique est thérapeutique. Beau-coup de personnes se font du bien en al-lant voir des concerts. Mais le fait de se tourner vers l’art ne veut pas forcément dire que tout doit être toujours sérieux. Quand on va voir un groupe de punk sur scène qui joue n’importe quoi sur des pa-roles bizarres, on peut quand-même res-sentir quelque chose de fort et d’intense.

Dans ton album, il y a une chanson qui s’in-titule. Paris Or Amsterdam. laquelle de ces deux villes préfères-tu ?

Oh mon Dieu ! Je dois vraiment choisir ? C’est dur et je ne sais pas si je pourrais choisir. Le plus drôle c’est que la chan-

son se passe à Toronto. Elle a été écrite avec l’image d’une station de métro qui ne se trouve pas loin de l’endroit où j’ai grandi. Cette chanson est un peu une sorte de journal intime qui a été inspiré par une personne que je connais et qui a vécu dans ces deux villes.

Tu as déjà eu la chance de partager la scène avec de grands noms de la musique dont nick Cave et neil Young. Quels souvenirs gardes-tu de ces moments ?

Nick Cave, c’était dingue. Il est très sym-pa et son groupe aussi. Neil Young, je l’ai rencontré brièvement et c’est la per-sonne la plus gentille qui puisse exister. C’était magique parce qu’il a toujours été une source d’inspiration pour moi et je n’arrive d’ailleurs pas encore à réaliser ce qui s’est passé (rires).

Es-tu aujourd’hui capable d’expliquer pour-quoi tu as choisi un métier artistique ?

Rien n’a vraiment déclenché cela. Plus je voulais faire autre chose et moins je par-venais à me détacher de la musique. À chaque fois que je souhaitais me lancer dans des études littéraires ou autre, je re-venais à la musique. J’avais une bourse scolaire et je voulais m’en servir pour en-registrer un album (rires). Je ne sais pas si j’ai choisi ce métier ou si j’ai été choi-sie par ce métier mais je suis, en tout cas, heureuse de suivre cette voie.

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Comment passe-t-on de la comé-die à l’écriture ?

En n’ayant pas les rôles qu’on veut ! Non, je plaisante, mais il y a un peu de ça quand même… En fait, j’ai toujours écrit mais sans jamais avoir l’ambition d’être publiée. À côté de ça, en tant que comédienne, les rôles que l’on me pro-posait ne m’intéressaient pas et, ceux que j’aurais bien aimé avoir, justement, on les proposait à des comédiennes plus connues. Alors partant du principe que je ne serai jamais mieux servie que par moi-même, j’ai décidé de m’écrire un rôle, celui de Karen en l’occurrence. Au départ, Ta Gueule ! On Tourne devait être un scénario

Tu as choisi la rentrée littéraire pour sortir ton premier roman. Pourquoi faudrait-le lire alors qu’il y a des centaines d’autres nou-veautés en librairie ?

Ce n’est pas l’auteur qui choisit le mo-ment de sortie de son roman, c’est l’édi-teur. J’étais flattée que Philippe Robi-

net, le président des éditions Kero, ait choisi la rentrée littéraire de septembre car c’est une période très prestigieuse, centrée sur les « romans à concours », souvent très sérieux, très littéraires, très tristounets. Or, Ta Gueule ! On Tourne est une comédie fraîche et pétillante. C’est un peu Zavatta à l’enterrement de Jean D’Ormesson pour te donner une idée.

De qui t’es-tu inspirée pour créer tes person-nages ?

Ça dépend des personnages ! Pour le personnage de Karen, je me suis évidem-ment beaucoup inspirée de moi (la fille super-mégalo, tu sais) même s’il y a une importante part de fiction. Pour les stars, bien sûr je me suis inspirée d’acteurs et d’actrices célèbres, de certains que je connaissais, d’autres que j’imaginais d’après ce qu’on peut lire et voir dans la presse mais aussi de gens autour de moi et même de personnes que je ne connais pas. Parfois je suis dans une soirée et je remarque quelqu’un qui a un « geste fé-

PAR DInE DElCROIX / PHOTOS : FRAnçOIS BERTHIER

JADE RoSE pARKER

révéLée en 2009 dans Le FiLm lol aux côtés de sophie marceau, La jeune jade-rose parker vient de pubLier son premier roman construit justement, et avec un humour distingué, autour du miLieu du cinéma. avec son histoire Lou-Foque, Ta Gueule, on Tourne nous invite à rire d’une société qui ne Le Fait pas suFFisamment.

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tiche » qui m’amuse ou m’intrigue. Je le note dans un coin de ma tête et je peux m’en servir plus tard pour exprimer un trait de personnalité de mon person-nage. Michel, le héros de « Ta Gueule ! On Tourne » se passe par exemple la main sur les lèvres quand il est déstabi-lisé par une situation ou un événement. Je trouve que ces petits détails rendent un personnage beaucoup plus vrai. C’est comme un jeu de piste, je laisse des in-dices au lecteur et c’est à lui de les relever ou pas et d’en tirer les conclusions qu’il souhaite. J’aime l’idée, c’est beaucoup plus interactif qu’une longue description à l’unilatérale.

En combien de temps s’est écrit le livre ?

Trois jours, mais j’ai bossé à fond ! Non, je plaisante, cela m’a pris à peu près un an mais je n’ai pas travaillé en continu car j’avais aussi d’autres activités. Et puis, j’ajouterai que je ne voulais pas faire un roman de moins de 250 pages. La mode est aux romans courts, voire très courts, mais 15 euros les 120 pages, même si c’est de la qualité, je trouve que ça fait cher la feuille. J’avais envie de donner de la matière à mes lecteurs.

Qui est la première personne de ton entou-rage à avoir lu ton roman, une fois son écri-ture terminée ?

Léon, c’est mon ours en peluche, il suit ma carrière depuis très longtemps. Je sais que je peux lui faire confiance, il a des goûts très sûrs. Après, ce qui a été compliqué, c’est qu’il a perdu ses yeux il

y a quelques années donc il a fallu faire traduire le roman en braille-ours mais va trouver un traducteur de braille-ours à Paris ! Enfin bref, il a beaucoup aimé.

les personnages de ton histoire veulent tourner leur film idéal. As-tu déjà eu envie d’écrire ton rôle idéal ?

Je ne crois pas en un rôle idéal, je pense que c’est à l’actrice de révéler le poten-tiel de chaque rôle qu’elle interprète et de le rendre idéal pour elle de façon à ce qu’après l’avoir vue dans ce rôle-là, on ne puisse imaginer aucune autre actrice à sa place. Après, c’est sûr qu’il y a des rôles plus forts que d’autres et donc plus ou moins faciles à sublimer. Par exemple, Meryl Streep, que j’admire énormément, n’a pas eu un rôle idéal, mais des di-zaines. Les personnages qu’elle a inter-prétés étaient sans doute formidables sur le papier mais c’est grâce à elle, à sa pré-sence et à sa performance d’actrice qu’ils sont devenus des rôles idéaux.

lequel serait-ce ?

Il insiste ! Eh bien le rôle de Karen, alors. J’ai écrit le rôle pour moi et j’ai très envie de donner vie à cette fille un peu paumée qui va finalement s’en sortir en braquant son des-tin. C’est un conte de fées version 2013 !

Si, comme les personnages de ton roman, tu devais kidnapper des célébrités, tu choisirais lesquelles et pourquoi ?

Ah Ah ! C’est une question piège : ce que tu veux savoir, c’est à quelles acteurs et actrices je fais référence dans le roman.

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Je ne vais pas répondre pour une bonne raison, c’est que, depuis la sortie, tout le monde se fait une idée bien précise de qui est qui et, évidemment, ça varie d’une personne à l’autre ! C’est telle-ment drôle de voir que, pour tel lecteur, Danièle est Catherine Deneuve alors que telle lectrice a clairement reconnu Sophie Marceau ! Et ainsi de suite pour chaque « star ».

Quels sont tes auteurs préférés ?

Il y en a tellement ! Je trouve cela un peu manichéen de dire que j’aime tel auteur alors que je peux avoir adoré certains de ses titres mais moins aimé d’autres. Dans ma bibliothèque, on trouve du Maupas-sant comme du Musso, pour parler de la lettre M et je n’ai lu l’œuvre entière d’au-cun des deux.

Quel réalisateur aimerais-tu voir adapter ton premier roman à l’écran ?

Billy Wilder, mais on m’a dit qu’il n’était plus très disponible…

Tu es aussi auteur-compositeur. As-tu l’in-tention d’explorer ces disciplines dans un fu-tur proche ?

J’aimerais beaucoup que l’on me confie la bande-originale d’un film. Souvent, les gens n’y prêtent pas beaucoup atten-tion bien que cela ait tendance à évoluer mais la musique joue un rôle essentiel dans un film au même titre que les ac-teurs, le scénario, la lumière… Si je te dis

« Les Dents De La Mer », tout de suite, tu penses au thème musical ! Mais c’est également vrai pour des thèmes plus discrets qui accompagnent l’image et la magnifient dans un même mouvement. J’aimerais aussi écrire pour d’autres, des chanteurs, chanteuses…

Justement, pour qui aimerais-tu écrire et composer ?

Jean-Jacques Goldman ! (rires) Non, personne en particulier. Si un chanteur ou une chanteuse de mon iPod (et il y a du monde là dedans !) avait envie que j’écrive pour lui, j’en serais ravie. Il y a beaucoup de choses à faire en musique et, ce que je trouve intéressant, c’est jus-tement d’explorer de nouveaux horizons tout en respectant l’univers d’un artiste.

À part le tien, quel est ton livre de chevet ?

Les pages jaunes, mais il y a beaucoup de personnages, on a du mal à s’y retrouver parfois.

De quoi nous parlera ton second roman ?

C’est délicat de résumer un roman que je n’ai pas encore écrit et qui pourrait donc se métamorphoser en cours de création. Tout ce que je peux dire, c’est que cela n’aura rien à voir avec l’univers du ciné-ma. J’ai envie de bousculer mon écriture, d’explorer de nouvelles contrées litté-raires…

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Ton premier album est désormais dans les bacs. En quoi te ressemble-t-il ?Comme moi, il possède plusieurs facettes. Dans un premier album, on a envie de tout mettre mais il ne faut pas partir dans toutes les directions car c’est important de garder un fil conduc-teur. là, pour le coup, nous sommes partis de plusieurs directions et nous avons réussi à obte-nir quelque chose d’homogène. Je suis moi-même un mix de plusieurs choses et c’est dans cette mesure que l’album me ressemble. Il peut être joyeux ou mélancolique mais c’est moi à chaque seconde.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile à faire sur ce disque ?Mes chansons existaient déjà depuis un certain temps. J’ai commencé à les écrire en 2008 avec mon professeur de piano qui est aussi compositeur. les morceaux étaient des guitares-voix qui n’avaient donc pas d’habillage et le fait de rentrer en studio pour les arranger a été un vrai tournant. J’avais l’habitue d’entendre ces chansons d’une certaine manière et j’ai dû les redé-couvrir avec une vraie production et des arrangements. J’avoue que j’ai eu du mal au début. Je me demandais si j’aimais vraiment le résultat...

Avais-tu le sentiment que tes chansons ne t’appartenaient plus ?Disons que j’avais un peu peur car je n’avais jamais vraiment réfléchi à ce que je voulais pour ces morceaux. J’avais donc des appréhensions au début et j’ai dû écouter les nouvelles versions en boucle avant de me rendre compte qu’elles correspondaient exactement à ce que je voulais. J’étais impressionnée de voir à quel point Benjamin Biolay avait cerné mes envies. Du coup, j’avais moins d’appréhensions en studio et il y a eu beaucoup de bonnes surprises.

Comment Benjamin Biolay s’est-il retrouvé à réaliser ton album ?Il faisait partie des personnes avec lesquelles j’avais envie de travailler sur ce disque. Mon manager le connaissait depuis longtemps et il eu l’occasion de lui faire écouter mes maquettes. Comme nous cherchions un réalisateur pour l’album, Benjamin Biolay a dit qu’il était partant. Quand j’ai reçu un SMS de mon manager m’annonçant la nouvelle, je n’en revenais pas !

Benjamin Biolay collabore généralement avec des artistes qui ont déjà une assise. D’après-toi, qu’est-ce qui lui a donné envie de travailler sur tes chansons ?Il a vraiment aimé les chansons et je pense qu’il était justement intéressé par l’idée d’être présent au début d’un projet. C’était aussi pour lui une manière

ELISA Joà seuLement 20 ans, eLisa jo a déjà attiré L'attention sur un taLent à suivre de près. même Le grand benjamin bioLaY n'a pu résister à son univers retro-pop qu'iL a tenu a subLimer en produisant son premier aLbum. disponibLe depuis Le printemps dernier, ColourS In My MInd, arrive ce mois-ci en version phYsique et s'accompagne de deux concerts aux trois baudets Les 6 novembre et 2 dé-cembre 2013.

PAR DInE DElCROIX / PHOTOS : QuEnTIn MAIGnIEn

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différente de travailler car il a l’habitude de produire et d’arranger des chansons qu’ils com-pose pour les autres. là, les chansons étaient déjà faites et il a été essentiellement arrangeur. Il n’a toutefois pas pu s’empêcher de me proposer deux titres qui sont Something You May Cure et Steady Boy.

Qu’a-t-il apporté à tes chansons ?Il est parvenu à faire un patchwork harmonieux avec mes titres. C’était un vrai travail d’équipe mais nous n’avons pas eu besoin d’échanger beaucoup de mots pour qu’il comprenne mes envies et mes besoins. Il a réussi à tout mettre en forme.

Parmi ses nombreuses collaborations, laquelle préfères-tu ?J’aime beaucoup ce qu’il a fait pour élodie Frégé. Il a ce don d’arriver à coller parfaitement à la personnalité de l’artiste avec lequel il travaille. Il met sa patte au service de l’artiste tout en respectant l’univers de celui-ci et c’est une des premières qualités d’un réalisateur.

Pourquoi as-tu choisi de chanter en anglais ?Quand j’ai commencé à écrire mes paroles, c’était directement en anglais donc ce n’est pas vrai-ment un choix délibéré mais plutôt une évidence. Ma mère a vécu en Angleterre pendant des années et l’anglais est un peu ma deuxième langue maternelle. Je ne fais aucun effort pour écrire dans cette langue. la plupart des sons que j’écoute sont anglophones. la musique que je fais aujourd’hui ne sonnerait pas de la même manière en français. le premier titre que j’ai écrit il y a 5 ans, c’est «Back Around» et il est venu naturellement en anglais. De même, je faisais partie d’un groupe de rock quand j’étais au lycée et j’écrivais tous mes textes en anglais.

Te sens-tu encore proche des chansons que tu as écrites il y a plusieurs années ?Pour la plupart, oui. Celles qui se trouvent sur cet album me correspondent encore aujourd’hui. Il y a des titres que je ne me vois pas chanter ou défendre sur scène car ils ne me reflètent plus mais il y a des chansons qui ont été écrites il y a longtemps et que j’assume toujours, que ce soit au niveau du texte ou de la mélodie. Mon écriture évolue et, du coup, je ressens que certains titres commencent à dater.

Cela t’encourage-t-il à travailler sur un deuxième album ?J’ai déjà commencé (rires).

Sur ton prochain album, si tu pouvais faire un duo avec un artiste qui n’est plus de ce monde, lequel choisirais-tu ?Si je pouvais, je choisirais Otis Redding.

À quoi fait référence le «ring» de ta chanson Give Me A Ring ?Je ne suis pas très branchée mariage (rires). Ici, le «ring», c’est celui d’un coup de téléphone. Dans la chanson, je m’adresse à un ami qui ne va pas bien et lui dit « Appelle-moi ! ».

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Ta volonté première n’est pas de nous faire « pouffer » de rire mais de nous faire sourire intelligemment. Comment en es-tu arrivée à cette forme de spectacle un peu hybride entre le One man Show et le théâtre plus classique ?

J’ai choisi la forme du One man Show parce que c’est une forme vraiment po-pulaire et plus légère. Je voulais toucher un public qui ne va pas forcément au « Théâtre » et non un public déjà convain-cu qui considère le théâtre comme un divertissement bourgeois. J’avais envie d’être face à des gens qui n’étaient pas acquis d’avance. Les débuts furent dif-ficiles car les gens qui venaient me voir ne s’attendaient pas à cela et pensaient voir une sorte de Bridget Jones. Du coup, pendant plusieurs saisons, j’ai dû les amener à aimer le spectacle. Mainte-nant que mon public est averti grâce à la presse et à la coexistence des deux spec-tacles, c’est beaucoup plus facile et les gens sont dans la complicité tout de suite.

l’économie est une thématique présente dans les deux spectacles. Elle est, sur-tout en tant que crise, l’argument qui fait que les gens ont envie de se divertir. Pour-quoi avoir choisi d’aborder ce thème ?

Je ne veux pas faire du théâtre pour di-vertir les gens. Les divertir serait leur faire oublier leur problème et annuler toute réflexion. Je ne peux pas monter sur scène pour ne rien dire, il y a suf-fisamment de divertissement ailleurs. Je veux que les gens trouvent des so-lutions ou, au moins, l’envie de lutter contre ce problème. Quand une specta-trice me dit qu’elle a reposé des articles qu’elle voulait acheter chez H&M parce qu’elle a repensé à un passage du spec-tacle, cela me fait rire. Karl Marx dit que « Le secret du bonheur, c’est la lutte ».

Ton premier spectacle, Comment épou-ser Un Milliardaire, nous dévoile les se-

PAR SOISIC BElIn / PHOTOS : FRAnçOIS BERTHIER

AUDREY VERNoNLoin de mettre en avant son côté girLY ou bien de prôner une queLconque Féminité exacerbée pour se démarquer de « ses Frères de scènes », audreY vernon assume son côté pédagogue et L’inteLLigence qui émane de ses deux spectacLes. des « seuLes en scène » au nom de La sacro-sainte economie, eLLe se joue des seigneurs du cac 40 pour notre pLus grand pLaisir, nous expLique avec Finesse Les cercLes vicieux qui guident notre société mercantiLe et nous sYnthétise avec brio L’existence du père du capitaL, karL marx.

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AUDREY VERNON À PARIS ET EN TOURNéEhttp://audreyvernon.comÀ la nouvelle Seine du 6 Octobre au 22 Décembre 2013www.lanouvelleseine.comÀ l’Avant Seine de Colombes le 23 novembre 2013www.lavant-seine.comÀ la salle le Fourmidable de Veynes le 12 avril 2014www.fourmidiable.org

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crets de la séduction niveau CAC 40. Com-ment définirais-tu la séduction féminine ?

En Chine et en Russie, des écoles s’ouvrent pour apprendre à épouser des milliardaires... La réalité dépasse mes espérances, parfois. Tout le monde a sa chance, de la serveuse de café qui a épousé Warren Buffett aux animatrices télé qui ont dragué Berlusconi en pas-sant par l’étudiante qui a repéré Mark Zuckerberg. Pour épouser un milliar-daire, il faut faire de la pole dance, par-ler toutes les langues et adorer les sacs parce qu’une fois mariée, à mon avis, si on n’aime pas les it bags, on s’ennuie !

la femme moderne est active, indépen-dante et instruite. le personnage que tu incarnes est plutôt une Desperate Housewife. Dans quel clan te situes-tu ?

Oh, je ne sais pas trop... Mon person-nage est plutôt malin. Elle a compris comment marche l’époque. C’est une époque vénale donc elle le devient aussi. Elle a compris que le mariage de raison est la meilleure solution pour survivre aujourd’hui. Quant à moi, je ne sais pas. J’espère que les choses changent, j’espère qu’un jour, je pourrais faire un spectacle sur les fleurs ou les pommes parce que la « crise » ne sera plus du tout un sujet,

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que l’argent n’existera plus seulement qu’en chocolat pour les enfants, que l’aliénation par le travail ne sera plus qu’un vague souvenir, comme l’esclavage. D’autres époques ont été moins inégalitaires. J’espère que l’état de la planète va s’améliorer, qu’on ne va pas vraiment éradiquer les tigres qui ne sont plus que 3200. Il y a 42 millions d’iPhone en circulation. On sait fabriquer des iPhone mais on ne sait pas re-fabriquer les tigres. Je suis complètement désespérée par cette époque qui sacrifie la Grèce et l’Espagne. La seule chose qui me permet de tenir est de jouer sur scène et de croiser les doigts.

Dans ton nouveau spectacle, « Marx et Jenny », touche à de grandes valeurs comme l’amitié, la reconnaissance, le respect, le tra-vail et l’amour. Es-tu en accord avec celles de Karl Marx ?

Complètement ! Il a utilisé tout son entourage pour écrire son œuvre. Les personnes de son entourage étaient d’accord parce qu’il fallait bien que quelqu’un analyse ce qu’elles voyaient au-tour d’elles. Au 19ème siècle, au début du salariat et de l’ex-ploitation de la pauvreté pour le travail, on sortait de l’époque féodale où une certaine solidarité existait. Marx analyse aus-si très bien comment le capitalisme a pour but de détruire les familles parce que la précarité, la solitude et la division sont mieux pour lui. Il dit que le malheur de la socié-té est le but de l’économie et je trouve que les socié-tés occidentales divisées montrent bien que le but a été atteint. Lui est à l’opposé de cela. Il lutte contre le capitalisme en vivant dans la pau-vreté mais dans la solidarité jusqu’au sa-crifice. Il écrit pour essayer de rendre

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l’humanité consciente d’elle-même et il voudrait que personne ne soit obligé de vendre son temps au lieu de jouir de la vie. On en est loin !

Tu as fait des représentations dans des usines. Comment as-tu été accueillie et pourquoi as-tu choisi de te produire dans des lieux qui ne sont pas dédiés aux loisirs mais plutôt au travail, justement ?

J’y suis allée par hasard. La première fois, c’était à Rosselange pour des anciens em-ployés de Mittal. Gandrange venait d’être fermé et il n’était pas question de fermer Florange, Mittal l’avait promis, il avait même c r a c h é . J’avais peur car je ne savais pas si faire un spectacle c o m i q u e sur une situation qui les touche et dont ils ont été les victimes allait passer mais l’accueil a été génial ! La réception n’est pas du tout la même qu’ailleurs. Ils ne rient pas beaucoup

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mais l’écoute est incroyable et puis, par-fois, à la fin, les gens pleurent d’émotions. Ils savent que ce que je raconte n’est pas une caricature. Quand je suis déprimée, le fait d’aller jouer dans une usine ou de rencontrer les Fralib ou les gens qui ont travaillé chez Mittal me redonne beau-coup d’énergie parce qu’ils sont super forts. Je suis toujours étonnée du ton un peu condescendant employé par les mé-dias vis-à-vis d’eux mais ils sont incroya-blement intelligents et courageux. Peut-être que dans cent ans, on parlera d’eux comme on parle aujourd’hui des géné-raux qui ont gagné des guerres. Comme c’est une guerre invisible qui vise à trans-former les populations en rackettées, je pense qu’il est important d’en par-ler. Leur réussite passe par le fait qu’ils mènent une guerre presque invisible. C’est une véritable leçon d’anarchie !

Pour parler de consommation cou-rante, quelles sont tes petites manies d’acheteuses et tes produits fétiches ?

Comme tout le monde : je m’habille, je bois, je mange et je participe à fond au

système. Mes costumes viennent de chez Zara, H&M, Top Shop... Quand je peux acheter des choses fabriquées en France, je préfère. J’adore Paul & Joe parce que c’est super beau et qu’il est écrit « Fabriqué en France » sur leurs étiquettes. Le fait de savoir que des enfants ne sont pas morts pour que je n’ai pas froid me fait plaisir.

Quelles seraient tes solutions pour l’économie ?

Revenons à la problématique de Com-ment épouser un milliardaire, car, quand j’ai commencé à jouer ce spectacle, ils étaient 711. Aujourd’hui, ils sont 1426 à posséder plus d’un milliard. À eux seuls, ils possèdent 40% de la richesse mon-diale. Ils ont pris une puissance non maîtrisable et les hommes politiques ont laissé faire. Les 1426 milliardaires sont plus riches que toute la population de l’Afrique. Je nationaliserais les entre-prises qui abusent, je rémunérerais les fondateurs et le reste serait destiné aux travailleurs. Mais, heureusement que, comme le Titanic, Comment épouser un milliardaire n’est pas une histoire vraie...

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Pourquoi avoir choisi le nom de The Van Jets ?

Nous voulions un nom de groupe qui ex-prime le côté familial. Une bande de gar-çons, c’est comme un clan ou une mafia.

Qui a choisi ce nom ?

Moi (rires).

La résonance anglophone était-elle im-portante ?

Oui, c’était évident tout comme le fait de chanter en anglais.

Halo est le troisième album du groupe. Que signifie ce halo ?

Un halo, c’est une lumière diffuse de forme circulaire qui peut venir du ciel. Cela reprend un peu le fil conducteur de l’album car, durant l’enregistrement, il y avait une bonne atmosphère et une énergie positive. Nos premiers albums étaient plus négatifs que celui-ci. Nous

l’avons donc entièrement construit au-tour de ce concept de lumière, que ce soit au niveau de la pochette ou de notre scène. D’ailleurs, la pochette s’allume dans le noir.

Si l’album est plus positif, doit-on en déduire que vous êtes plus heureux ?

J’ai eu un enfant et cela a changé ma perspective de la vie. Je trouve que notre album précédent était trop lourd alors j’avais envie de donner un peu plus d’énergie au troisième. J’ai ainsi expéri-menté des synthétiseurs et des ordina-teurs pour donner un côté plus pop. J’ai aussi beaucoup écouté Prince.

Votre succès est encore confidentiel en France. Avez-vous l’impression que ce pays consomme moins de musique que d’autres ?

Il y a une barrière culturelle entre les pays anglophones et les pays franco-phones. On le voit bien en Belgique entre

PAR DInE DElCROIX / PHOTOS : FRAnçOIS BERTHIER

ThE VAN JETSen trois aLbums, Les membres de the van jets ont Largement instaLLé Leur rock authentique. couronné de succès en beLgique d'où iL est originaire, Le groupe débarque en France avec son quatrième opus, halo, L'occasion d'aLLer poser queLques questions à johannes verschaeve, La chanteur et guitariste du quatuor.

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la Flandre et la Wallonie, par exemple. Il n’y a pas beaucoup de groupes français qui viennent en Flandres ou qui sont connus en Flandres.

Votre single The Future a été le titre le plus joué par la chaîne national belge Studio Brussel en 2010. Vous attendiez-vous à un tel engouement pour cette chanson ?

Nous avions senti que ce morceau avait du potentiel et que si nous devions avoir un tube, ce serait celui-ci mais nous ne savions pas qu’il irait aussi loin.

lorsque vous travaillez sur une chanson, faîtes-vous en sorte qu’elle plaise avant tout au public ?

Quand on fait une chanson, on la fait parce qu’elle nous plaît. Si on se mettait à faire des choses pour plaire au public, ce serait le début de la fin. Que ce soit en vue d’un succès commercial ou d’une ex-périmentation artistique, l’énergie et la créativité de la chanson sont plus impor-tants que le reste. Une fois l’album finali-sé, il y a évidement des titres qui sortent du lot parce qu’ils sont grand public et ils finissent par devenir des singles mais c’est toujours par hasard.

Il paraît que vous étiez déguisés pendant l’enregistrement de l’album...

Oui. Avant d’entrer en studio, nous avons préparé des méthodes de travail avec le producteur de l’album. J’avais notamment vu un documentaire sur un architecte belge qui dessinait un grand

bâtiment et qui disait avoir été vraiment influencé par la musique pendant qu’il travaillait. J’ai trouvé cela intéressant alors je me suis dit que nous pourrions regarder des images pour nous plonger dans une attitude de fantaisie et c’était super ! Nous n’étions pas dans la réalité, nous jouions comme des enfants pour détendre l’atmosphère et éviter le stress.

Quelle est la valeur la plus importante entre les membres du groupe ?

Le fait de rester ensemble comme une famille. Au sein du groupe, nous avons tous une fonction à la fois sur scène et en dehors de la scène. Nous prenons soin les uns des autres. The Van Jets, c’est le mix de nous quatre.

À quoi ressemblera votre prochain album ?

Nous sommes justement dans une pé-riode d’expérimentation. Nous n’avons pas beaucoup de chansons finies mais, pour l’instant, c’est un peu une suite de Halo. Nous aimerions faire un album moins chargé avec un son live en studio. Nous verrons bien comment cela va se passer...

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PAR DInE DElCROIX / PHOTOS : DR

YUCK

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après avoir connu Le départ d’un de ses membres, Le groupe Yuck a tenu à dé-montrer qu’iL existait toujours et c’est à travers ce deuxième aLbum intituLé Glow & Behold qu’iL a choisi de présenter ses nouveLLes compositions indie rock. max bLoom, Le chanteur et guitariste de La bande s’est Livré sur sa nou-veLLe Façon de travaiLLer. conFessions d’une renaissance...

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DECOUVERTE

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Vous revenez avec un deuxième album intitu-lé Glow & Behold.et un single Rebirth. le choix de ce single a-t-il pour but de marquer un renouveau pour le groupe ?

Non, il n’y a pas de lien spécifique. Je préfère laisser la liberté aux gens d’inter-préter ce qu’ils veulent.

À l’inverse de Rebirth, l’album comprend une piste qui s’appelle Nothing New. Ce nouveau disque est-il plutôt une «renais-sance» ou «rien de neuf» ?

Ni l’un ni l’autre (rires). Avec le titre Re-birth, on pourrait penser à une seconde vie et je peux le comprendre mais je ne l’ai pas pris au sens littéral même si le groupe a traversé beaucoup de choses.

Qu’est-ce qui a changé dans votre manière de travailler depuis le départ d’un des membres (Daniel Blumberg) ?

Daniel et moi avions l’habitude d’écrire les chansons ensemble donc je me re-trouve désormais à écrire seul. Bien qu’il soit parti, la dynamique du groupe est toujours aussi forte et nous n’avons pas le sentiment d’avoir perdu quelque

chose ou d’avoir un manque.

Et sur scène ?

Nous n’avons pas encore joué sans Da-niel mais nous sommes sur le point de le découvrir. L’énergie sera probable-ment différente mais nous ne sommes pas inquiets à ce sujet car la personnalité qui se cache derrière chaque instrument contribue à chaque son. Je ne pense pas que cette nouvelle formation change quoique ce soit et, si c’est le cas, ce sera en mieux.

Avez-vous déjà songé à le remplacer ?

Daniel a quitté le groupe parce qu’il ne voulait plus travailler en groupe et qu’il préférait se concentrer sur sa propre car-rière. Pour l’instant, la question est de savoir comment progresser. le remplacer ou même dissoudre le groupe n’ont jamais été des options pour nous. Il n’y a rien à réparé.

Comment as-tu vécu l’exercice de l’écriture en solo ?

Au début, c’était étrange mais je n’ai ja-mais vraiment ressenti le manque qui au-rait pu être lié à son absence. J’ai simple-

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ment éprouvé le besoin de m’exprimer à travers des chansons qui m’ont passion-né et qui m’ont donné envie de les faire entendre à d’autres.

Qu’est-ce qui a influencé ton écriture ?

Beaucoup de choses mais je voulais surtout créer quelque chose de concis. J’ai été principalement inspiré par un état d’esprit visant à faire un album qui s’écoute partout.

Peux-tu m’expliquer la pochette de l’album ?

C’est abstrait donc tu peux l’interpré-ter comme tu veux. Elle a été créée par une de mes amis qui s’appelle Katherine Campbell et qui fait beaucoup de choses abstraites. Je lui ai dit d’écouter l’album et de faire ce qui lui semblerait appro-prié. Elle y a passé beaucoup de temps pour nous faire plusieurs propositions et celle-ci s’est avérée être la meilleure. Quand tu regardes la pochette, tu peux imaginer quelque chose avant d’écouter l’album et, après écoute, tu peux aussi bien y voir autre chose.

Quelle est ta propre interprétation de ce dessin ?

Moi, je vois un enfant rebelle à l’école qui dessine en rouge sur une feuille blanche alors qu’il n’a pas le droit d’utiliser cette couleur. Ce n’est pas mon propre travail donc je peux y voir n’importe quoi.

Pourquoi n’apparaissez-vous pas sur vos po-chettes de disques ?

Nous n’en avons pas besoin d’autant que

ce n’est pas notre genre. J’ai toujours pensé que les pochettes d’albums de-vaient être abstraites et artistiques. Cela dépend aussi du genre de groupe et de musique. Pour notre style de musique, il n’est pas nécessaire d’apparaître sur les pochettes. Je ne veux pas qu’on m’imagine jouant ma musique pendant qu’on l’écoute.

Quelles sont tes pochettes d’albums préférées ?

Closer de Joy Division. C’est une image magnifique et joliment encadrée. J’aime beaucoup sa bordure blanche. J’adore aussi la pochette de low de David Bowie.

En référence à votre chanson Lose My Breath, qu’est-ce qui te fait perdre ton souffle ?

Megan Fox ou un bon verre de whiskey (rires).

Quel est le pays dans lequel tu aimerais jouer avec le groupe ?

L’Espagne. Nous n’avons pas encore joué là-bas.

Quelle est la pire critique que tu as lu au sujet du groupe ?

Je ne me souviens pas d’une critique en particulier mais il m’arrive de lire des choses désagréables. Nous avons eu quelques trucs négatifs lorsque Daniel a quitté le groupe. J’essaye de ne pas lire ce que les gens disent même si, des fois, je ne peux m’en empêcher. On ne peut pas tous avoir les mêmes goûts et cela fait

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Par quelle chanson faut-il commencer pour bien adhérer au nouvel album ?

Somewhere. C’est ma préférée de l’album parce qu’elle est unique et j’aimerais que les gens l’écoutent en premier avant de découvrir le reste.

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MADnESSPAR DInE DElCROIX / PHOTOS : PAulInE DARlEY

toujours en promotion de son dixième aLbum ouI ouI SI SI Ja Ja da da, Le Légendaire groupe angLais était récemment de passage en France pour un nouveL oLYmpia compLet. à cette occasion, nous avons rencontré La bande pour queLques pho-tos excLusives et c'est chris Foreman, guitariste du groupe depuis sa Formation en 1976 qui s'est Livré à L'exercice d'une intervieW conviviaLe.

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la pochette de votre dernier album a fait l'objet de beaucoup de discussions. Qui l'a choisie ?C'était l'idée de l'artiste Peter Blake. Nous voulions faire une photo mais il a dit "non". C'est un monsieur très mar-rant.

Pour ces nouvelles chansons, avez-vous sou-haité utiliser des sons plus modernes ?Oui. Nous avons enregistré puis envoyé nos maquettes à plusieurs producteurs. L'un deux, Stephen Street, a adoré et en a exploité la plupart en y apportant quelque chose de jeune et d'actuel. Il a utilisé pas mal d'ordinateurs. Il possède ses propres instruments. Nous avons en-registré un grand nombre de chansons et nous avons même hésiter à proposer un double-album.

Possédez-vous encore des maquettes sur cassettes ?Oui et c'est un peu embêtant (rires).

Votre premier concert à Paris a eu lieu en 1980 au Palace. l'accueil est-il toujours le même en France, plus de 30 ans après ?A l’'époque, nous vendions plus de disques en France qu'en Angleterre mais l'industrie n'est plus la même. Le Palace était une jolie discothèque. Nous étions logés pas loin, donc nous ne dor-mions pas.

Faîtes-vous toujours la fête ?Oui, cela nous arrive encore de temps en temps.

l'année dernière, vous avez chanté pour la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques. Quel souvenir gardez-vous de ce moment ?C'était très secret (rires). Nous ne pou-vions en parler en personne alors c'était un peu étrange.

Qu'avez-vous pensé des jeunes groupes de musique qui étaient également de la partie ?En réalité, nous étions dans un camion qui se trouvait à l'opposé de celui des autres mais nous avons pu croiser les One Direction. Ils sont sympathiques et ont du caractère.

Quel est le secret de la durée de votre groupe ?Nous avons eu une petite pause de 1986 à 1992. Je crois que le secret, c'est que nous aimons toujours ce que nous fai-sons.

Personnellement, as-tu déjà eu envie de vivre ailleurs ?Il y a 7 ans, j'ai quitté Londres pour Bri-ghton mais je n'ai jamais vraiment son-gé à vivre ailleurs même si j'aime Paris et New York. Nous verrons quand je se-rai plus vieux (rires).

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DECOUVERTE ADELE EXARCHOPOULOS

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ADELE EXARCHOPOULOSPAR AuRIAnE BESSOn / PHOTOS : FRAnçOIS BERTHIER

dix FiLms, sept ans de carrière, et une paLme d’or partagée à cannes, voiLà un parcours déjà impressionnant pour une actrice d’à peine 20 ans. a L’occasion de La sortie de la vIe d’adèle qui Lui oFFre une exposition inédite et radicaLe, portrait d’une actrice qui en impose.

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QUI EST ADèLE ExARCHO-POULOS ?

D’elle, on a déjà tout entendu. Actrice montante, révélation du Festival de Cannes, bombe du cinéma français… Mais ce qui frappe d’abord chez Adèle Exarchopoulos, c’est cette moue. Bou-deuse et délicieuse. Et cette voix assurée et grave, qui contraste avec un physique de très jeune fille. À bientôt 20 ans, Adèle a cette présence intense qui fait d’elle la chef de file de cette nouvelle gé-nération d’actrice avec Marine Vacth et Astrid Berges-Frisbey. Après la première diffusion du film à Cannes, son prénom était sur toutes les lèvres, les journalistes s’arrachaient un entretien avec l’actrice, et les adjectifs pour l’encenser ne manquent pas : « ex-cellente », « magistrale », « renversante ».Retour sur le parcours d’Adèle, qui est la preuve vivante que la valeur n’attend pas le nombre des années.

Adèle est née à Paris à la fin de l’année 1993. Elle grandit avec ses deux frères, place des Fêtes dans le 19ème arrondis-sement puis à Clichy, en banlieue pari-sienne. Un père professeur de guitare et une mère infirmière. Ils l’inscrivent à des cours de théâtre à l’âge de 9 ans pour soigner sa timidité. A 13 ans, elle joue son premier rôle dans

Boxes sorti en 2006, le film autobiogra-phique de Jane Birkin. Depuis, on l’a vue dans les Enfants de Timpelbach de Nicolas Bary (2007), Tête de turc de Pas-cal Elbé (2009), mais aussi La Rafle de Roselyne Bosch (2010). En 2012, Adèle décroche un rôle principal, celui d’une ado en pleine rébellion, dans le film de Nolween Lemesle, Des morceaux de moi, sorti en début d’année.

CETTE ANNéE, SA CARRIèRE PREND SON ENVOL

En 2011, elle fait partie des 30 espoirs du cinéma français sélectionnés par l’Académie des César. Puis, c’est la consécration avec la Vie d’Adèle d’Ab-del Kechiche. Son rôle, celui d’une ado-lescente qui s’éveille à l’amour et à la sexualité grâce à une jeune femme, elle l’a décroché au terme d’un très long cas-ting. Elle est l’Adolescence, avec tout ce que cela suppose de gaucherie, d’ingratitude et de grâce. Les longues séquences dia-loguées, les larmes, les scènes de sexe très explicites : comme sa partenaire à l’écran, Léa Seydoux, elle a accepté de tout donner à l’exigeant Kechiche. La suite, on la connaît. Une ovation démentielle, une performance mise à l’honneur par Spielberg lui-même, la

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Une de tous les quotidiens, etc.

Mais après la folie cannoise, les lan-gues se délient. En pleine promotion du film sur le continent nord-américain, les deux actrices évoquent un tournage « éprouvant », « très dur », « très long », et même « horrible » pour Léa Seydoux.Malgré ces révélations cinglantes, les

deux jeunes femmes pourraient bien continuer leur ascension fulgurante.

Le film est très attendu aux Etats-Unis, autant pour son caractère sulfureux (in-terdit aux moins de 17 ans) que pour les performances des deux actrices pres-senties pour les Oscars par la presse spécialisée.

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ON LUI PROMET UN BEL AVE-NIR À HOLLYWOOD

En effet, si le film d’Abdellatif Kechiche ne pourra pas concourir dans la catégo-rie du meilleur film étranger aux Acade-my Awards de 2014, le distributeur amé-ricain du long-métrage espère encore y faire inscrire ses deux actrices.

Son président, Jonathan Sehring, a confié au Hollywood Reporter : «Nous pensons encore que le film peut être un sérieux concurrent dans la catégo-rie “meilleure actrice” et “meilleure ac-trice dans un rôle secondaire”.»la Vie d’Adèle, qui a été projeté en avant-première le 29 août outre-Atlan-tique, a en tout cas reçu de nombreuses acclamations de la part de la critique et du public. Sa présentation au 38ème Festival de Toronto, considérée comme l’antichambre des Oscars a également été un succès.

La comédienne vient d’ailleurs de signer un contrat avec la prestigieuse agence américaine Creative Artists Agency, qui gère les intérêts de talents tels que Kate Winslet, Natalie Portman, Anne Ha-thaway mais aussi les françaises Marion Cotillard et Bérénice Béjo.

En attendant, on la verra prochaine-ment à l’affiche d’un film de capes et d’épées dont le tournage a démarré cet été. A suivre…

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EN COUVERTURE

Pull en laine et cachemire gris perle LANVINJean noir THE KOOPLESCeinture cuir noir THE KOOPLESBoots cuir noir THE KOOPLES

JEREMIE REnIERL’INSAISISSABLE

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JEREMIE REnIERL’INSAISISSABLE

PAR VIRGInIE VAn GYSEM / PHOTOS FRAnçOIS BERTHIER

la ConfrérIe deS larMeS est Le troisième FiLm du réaLisa-teur jean-baptiste andrea. un thriLLer qui rassembLe un exceLLent casting dans LequeL on retrouve audreY FLeu-rot, bouLi Lanners, méLusine maYance et Le briLLant jéré-mie renier. que nous avons attrapé au voL

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Pull en cachemire et poils de chameau bleu nuit. Jean en laine imprimé car-reaux gris Richelieu en veau patiné bleu marine.le tout LANVIN.

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Jérémie, peux tu nous parler de ta rencontre avec Jean-Baptiste Andrea, le réalisateur de La Confrérie Des Larmes ? Comment es-tu arrivé sur le projet ?

Je suis arrivé sur le projet alors que j’avais fait un film avec les mêmes pro-ducteurs. Ils avaient coproduit l’Elefante Blanco dans lequel j’avais joué et tourné en Argentine avec Pablo Trapero. Nous étions à Cannes car ce film était en sé-lection officielle. Ils m’ont parlé de ce nouveau projet et ils m’ont présenté Jean-Baptiste Andrea, le réalisateur. J’ai lu le scénario et j’ai été assez interpellé par son culot. Ce n’est pas quelque chose que tu lis souvent, en tout cas France... J’ai été assez intrigué. Puis j’ai revu Jean Baptiste, je lui ai fait part de mes doutes et de mes questions et l’aventure a com-mencée comme ça.

Quel genre de doutes par exemple ?

En fait j’avais assez peur. Comme c’est un film de genre, un thriller, il y a des codes à respecter. Certains de ces codes me parais-saient assez appuyés, assez clichés comme par exemple le côté du flic déchu. Je voulais arriver à ce qu’on y croit, je voulais réussir à y mettre un peu plus de réalisme, à casser ces codes. Jean-Baptiste m’a rassuré en me disant que c’était pour ça qu’il venait aussi vers moi, parce qu’on ne m’atten-dait pas dans ce genre de personnage.

Oui, parce que tu n’avais pas encore joué ce genre de rôle.

En effet, et puis cela faisait un moment que je me disais : “je ferais bien un film d’action, où je poursuis des méchants et je fais des courses poursuites”. J’atten-dais le bon projet et c’est arrivé à un mo-ment où j’en avais vraiment envie.

Penses-tu que la France est prête à accueil-lir ce genre de film à l’américaine ? Genre très peu traité dans le cinéma français ?

Je pense que le public est demandeur de choses nouvelles et bonnes bien sûr. Mais je le pense ouvert aujourd’hui. Après il faut absolument faire de bons films ! Les comédies qui marchaient facilement parce que tu prenais un tel ou un tel dans ton film, que tu faisais deux trois vannes, aujourd’hui ne fonctionnent plus. Les gens n’ont plus envie de ça. En tout cas, moi, en tant qu’acteur je préfère aller proposer quelque chose de nouveau. Après, ça passe ou ça casse !

Dans ce film, tu joues le rôle de Gabriel, rôle qui a également nécessité une préparation phy-sique.

Très vite, avec Jean-Baptiste, on a imagi-né un mec assez tendu, prêt à exploser, à bondir, donc il fallait qu’on sente une vraie tension. On imaginait quelqu’un d’assez sec. J’ai travaillé sur les cascades, c’est un film assez sportif donc il fallait que je tienne la longueur. Mais il n’y a pas eu non plus un travail démentiel de transformation. Mais tout de même il y a un look ! Je trouvais la construction du personnage intéressante. Il arrive à un moment de sa vie où il est très bas et puis il redevient petit à petit un homme et c’est cette transformation là qui était très chouette à trouver.

Est-ce que tu t’es trouvé beau en brun, avec de longs cheveux et de la barbe ?

(éclats de rires) Ma femme m’a trouvé pas mal beau oui ! C’est assez frustrant parce que je suis blond ... ! Je trouve qu’on avait trouvé un bon look, j’aimais bien. J’aimais surtout la transformation de dé-

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but. Ce côté “laissé aller”, un côté Devendra Banhart, et ensuite de repasser en mode “beau gosse” c’était pas mal. Mais écoute, ma femme était contente donc bon ...

Est-ce que comme dans le film, tu cours vraiment 6 km en 27 minutes ?

Oui Oui ! (Rires) J’étais comme un gamin sur ce film. Quand tu es un garçon et que tu rêves de faire du cinéma, tu rêves de jouer James Bond ou Belmondo. Et c’est vrai que même avec les cascadeurs, j’étais toujours à fond. On a fait des journées entières à refaire des bagarres et j’aurais pu faire ça encore pendant des heures, me jeter dans la boue etc. C’était assez difficile parce que la période de tournage était assez courte. C’était assez tendu, nous avions de lon-gues journées de travail. Jean-Baptiste voulait qu’on ressente cette tension. Je me suis rendu compte que lorsqu’on me dit “ACTION” il y a un truc qui se débloque vraiment chez moi. Pour l’anecdote, sur une scène où je dois cou-rir, je me suis mis à le faire comme un malade et plusieurs fois. Je me suis ensuite retrouvé avec des bleus et des problèmes aux pieds tel-lement j’avais couru ! Je ne sais pas comment cela se fait parce que j’ai couru plein de fois dans ma vie ...

Te trouves-tu des traits de caractère communs avec Gabriel ?

Il y a sans doute des choses de moi qui se dé-placent chez Gabriel puisque forcement quand tu joues il y a un peu de toi dans le personnage. Mais comme ça non je ne pense pas.

Tout comme Gabriel, aurais-tu accepté un travail sans savoir de quoi il s’agissait vraiment ?

Je pense que si tu es vraiment dans la merde, que tu as une gamine et qu’on te propose de l’argent facile, tu n’hésites pas longtemps. Au delà du mystère de la valise et du côté thriller c’est ça que ça raconte ! Après, le propos du film n’est pas là-dessus mais c’est intéressant

de savoir ce que l’on est prêt à faire pour de l’argent et de savoir jusqu’où on peut aller. Au début du film, on comprend que c’est un flic qui était promis à une belle carrière, quelqu’un d’assez exceptionnel. On a alors imaginé le personnage un peu droit qui au final arrive à mettre sa morale de côté pour de l’argent facile jusqu’au moment où il se rend compte qu’il va un peu trop loin. Il veut alors faire demi-tour mais c’est un peu trop tard !

Tu l’aurais ouverte toi cette valise ?

Je pense que, comme le personnage du film, tu as envie de savoir ce qu’il se trouve à l’inté-rieur de cette valise. Après, ce qui est bien fou-tu dans le film c’est qu’on lui dit “Ok tu peux l’ouvrir cette valise ! Par contre, si tu décides de l’ouvrir, tu perds ton travail et donc ton argent” ! Et je ne sais pas combien il touche d’argent par jour en ne foutant rien ...

Et toi, tu n’as pas encore acheté de Porsche ?

Non, pas encore ! Et cela ne fait pas parti de mes rêves.

Ce film parle avant tout de folie, alors Jérémie Re-nier, es-tu fou ?

Oui je pense qu’il y a une part de moi qui l’est. Je pense que si tu fais ce métier il y a une part d’enfance assez développée donc de folie, qui s’aggrave avec le temps ! J’avais fait un film comme ça, très très mauvais San Antonio (Film de Frédéric Auburtin sorti en 2004, ndlr). J’étais entouré par un tas d’acteurs. Il y avait Depardieu, Lanvin, Galabru... Tous avaient la cinquantaine, ou en tout cas le début de la cin-quantaine ! Et ils étaient tous fous ! Moi, je me disais “mais c’est FOU, il faut que j’arrête le cinéma avant cinquante ans !” (Rires). Je pense qu’un acteur a un côté fou sinon on ne ferait pas ce métier. Le fait de se dédoubler, imagi-ner qu’on est quelqu’un d’autre, il y a une part de folie là-dedans ... Et puis j’aime faire le con ! Je peux être sérieux aussi mais en fait, il fau-

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drait poser la question à mes enfants. Lorsque je suis avec eux, j’aime bien déconner.

Mélusine Mayance joue le rôle de Juliette, la fille de Gabriel. la relation que tu as avec elle dans le film est très forte, très jolie. Est-ce que ton rôle de père t’a aidé dans ton interprétation ?

C’est sûr que le fait d’être père m’a aidé. En tout cas, je n’ai plus à l’imaginer. Après, tu as des acteurs qui ne le sont pas et qui le font très bien. C’était un rapport dans le film, dans le scénario qui était très important pour moi. J’en parlais souvent avec Jean Baptiste. Pour moi, c’était l’endroit où l’on rattrapait l’huma-nité du personnage. Je trouvais ce rapport très beau. Au début c’est Juliette qui joue le rôle d’adulte et qui engueule son père parce qu’il déconne. Lui il lui parle comme si elle était un adulte. C’était un rapport qui était chouette à jouer. De plus, c’est le premier rapport, le vrai rapport, qui ramène Gabriel à la vie, un truc plus vrai qui nous rattache à lui.

Dans le film, l’autre femme qui t’es proche et qui te renvoie une force libératrice est Claire, jouée par Audrey Fleurot. Peux-tu nous parler de ce duo ?

J’avais vu Audrey dans Intouchables mais je ne la connaissais pas. Très vite, lorsqu’on a fait des essais, des lectures, elle avait une force assez surprenante. Avec elle, on y croit tout de suite. C’est ça qui était important pour Jean Baptiste ! Le rôle de Claire est assez court, peu présent mais très important. Il voulait une actrice qui, tout de suite, nous fait croire en une seconde qu’elle peut être flic, qu’elle peut suivre une mission, qu’elle peut tenir un flingue ! Et ce n’est pas donné à toutes les femmes. Audrey Fleurot a cette force, cette énergie et cette conviction ! C’était très agréable de jouer à ses côtés parce qu’on se renvoyait assez bien la balle. Les deux

personnages sont tous les deux à un moment de leur vie dans un creux. Elle dans une frus-tration et lui dans une espèce de déchéance et le fait d’être ensemble, de confronter leur douleur, fait qu’ils avancent ensemble et de-viennent un binôme.

De tous les rôles que tu as joué jusqu’à présent, même si Cloclo a véritablement marqué ta car-rière, y en a-t-il un qui t’a particulièrement mar-qué ?

J’ai appris sur le tas, je viens d’un cinéma très naturaliste et du coup je dirais que dès les pre-mières années de ma carrière, j’allais vers un naturel et pas spécialement de composition. Le premier film où je me suis dit “tiens, j’ai l’impression d’être devenu un acteur”, c’était un film de Jean-Marc Montout, Violence des échanges en milieu tempéré. Je jouais un consul-tant d’entreprise et c’est la première fois que je me suis dit “ok, je ne vois plus Jérémie, je vois quelqu’un d’autre”.

Y a-t-il un réalisateur ou un acteur avec qui tu n’as pas encore eu l’opportunité de travailler, avec qui tu souhaiterais collaborer ?

C’est surtout des femmes je crois. Je trouve les femmes très intéressantes ! Emmanuelle Ber-cot, Maïwenn, Valérie Donzelli... Ce sont elles qui m’attirent le plus. Il y a forcement les gens comme Jacques Audiard qui font un cinéma important et intéressant. Peut être aussi Xavier Giannoli ! Et des acteurs il y en a pleins ! Je trouve Vincent Rottier super. Je pense aussi à Romain Duris, Olivier Gourmet un com-patriote. Retourner avec Olivier, ça me ferait plaisir oui ! Nous nous sommes entr’aperçus sur un film des frères Dardenne mais on n’a jamais vraiment bossé ensemble et c’est un ac-teur qui me fascine.

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STYlISME : SOPHIE ClAuzEl ASSISTEE DE PRISCIllA SCHAEFER

MAKE uP : YOAnA TG HAIR : MICKAEl VAz

POuR SAMuEl ROCHER PARIS

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PAR DInE DElCROIX / PHOTOS : FRAnçOIS BERTHIER

Tu reviens avec un nouvel album dont est ex-trait le single Fire. Avec cette chanson, as-tu ressenti le besoin de revenir à des sonorités plus urbaines ?

Oui. Pour moi, c’était comme un retour aux sources car, avant d’être auteur-compositeur, je rappais. Beaucoup de gens l’ignorent car ils connaissant Ayo en guitare-voix. lorsque j’ai commencé à écrire des chansons et à les interpréter, je ne vou-lais plus jamais rapper et j’étais uniquement foca-lisée sur le chant jusqu’à ce que mon frère me dise : «Pourquoi n’as tu jamais rappé ?». Il a toujours aimé mon rap et il m’a, en quelques sortes, amenée à rapper de nouveau.

Le single existe aussi dans une version en duo avec Youssoupha. Comment en es-tu ve-nue à lui proposer ce featuring ?

Quelqu’un de mon entourage a rencontré Youssou-

L’interprète de down on My KneeS avait manqué au paYsage musicaL. ce mois-ci, eLLe nous propose de voYager avec a TICKeT To The world, son quatrième aLbum à mi-chemin entre souL et hip hop qui révèLe une voix pLus mature. La chanteuse ira déFendre ses nouveLLes chansons sur scène à partir du 24 oc-tobre 2013 et sera notamment en concert parisien Le 4 novembre 2013 à La

cigaLe.

AYO

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VOYAGE Au CEnTRE DE l’ÂME

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pha. en studio et m’a dit que j’allais beaucoup l’ai-mer. Je suis donc allée à sa rencontre, j’ai écouté son travail et j’ai beaucoup aimé son débit même si mon français est assez limité. J’ai senti qu’il avait des choses profondes à raconter. C’est une per-sonne intelligente et juste. Mon label m’a souvent dit que je devais faire un truc en français mais je ne maîtrise pas assez la langue pour écrire alors l’occasion était idéale.

Ton album s’intitule A Ticket To The World. Quel est le message de ce titre ?

Il y a une chanson qui porte ce titre sur l’album. Ce titre a une double signification : tenir mon album entre les mains, c’est comme avoir un billet pour le monde, pour mon monde. l’autre sens est issu de la chanson qui parle du passeport. J’ai le luxe d’être née avec un passeport allemand et j’ai réalisé que c’était une chance car je peux aller n’importe où sans avoir besoin de remplir un tas de formulaires pour obtenir un visa alors que beaucoup de gens n’ont pas cette chance.

Tu as vécu à Hambourg, Paris, New York, Londres... Ces différents pays ont-ils influen-cé l’écriture de cet album ?

Oui et non. J’ai l’impression que le lieu n’est pas très important pour moi car je peux écrire n’im-porte où. Je n’ai pas besoin d’être à un endroit spé-cifique pour trouver ma place. La vie en général est la meilleure source d’inspiration qui existe. Bien sûr, les voyages ont leur influence mais si j’étais en prison, j’écrirais quand-même des chansons et elles seraient peut-être plus profondes avec la même fa-culté de transporter l’auditeur. Je ne suis pas du

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genre à dire « Je vais prendre ma guitare et partir une semaine en Egypte pour écrire et composer ». Beaucoup d’artistes ont ce besoin de partir pour créer. Tout est inspirant.

Selon toi, quelle est l’évolution majeure dont tu as fait preuve depuis tes débuts ?

Je n’aime pas m’écouter mais je pense qu’il y a une grande évolution dans la voix. Elle change sur chaque disque. C’est un peu comme une bouteille de vin. J’ai clairement gagné en maturité à ce ni-veau et je vois bien la progression. J’ai aussi da-vantage confiance en moi parce que je me connais mieux dans la mesure où je sais de quoi je suis capable et je que je l’accepte. Parfois, tu sais que tu peux faire certaines choses mais tu ne crois pas suffisamment en toi pour te lancer.

As-tu le sentiment d’avoir apporté tquelque chose de différent à la soul music ?

C’est une bonne question ! Je pense que la soul est l’essence de ma musique car tout vient de mon âme. J’ai besoin de faire de la musique pour être la per-sonne que je suis. le métissage de ma musique fait peut-être sa particularité.

Pour toi, quelle sont les voix incontournables de la soul music ?

J’aime le fait de parler de «voix». Pour moi, la plus importante est celle de Michael Jackson. Il a fait des choses que personne n’arrivera à refaire car personne ne peut chanter avec autant d’émotions.

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Sa voix l’a hissé haut et je n’ai jamais rien entendu de tel. Il y a aussi la voix de Donny Hathaway qui me fait quelque chose de même que celle de nina Simone, Jimmy Cliff, Mahalia Jackson... Ces artistes ont tous eu une vie incroyable et une histoire difficile.

Et tes enfants, qu’écoutent-ils comme musique ?

Mon fils aime écouter de la musique avant d’aller dormir alors il prend mon iPhone ou mon iPad. Pendant un moment, il écoutait Ben de Michael Jackson et il était ému par cette chanson au point d’en pleurer. En ce moment, son coup de cœur, c’est Major Lazer. Il danse un l’écoutant. Ma fille, elle, est encore à un âge où elle aime les chansons de son papa et de sa maman. Elle chante beaucoup les chansons de son papa mais elle adore aussi Bob Marley. Elle peut écouter Buffalo Soldier en boucle (rires).

Dans ton album, il y a une chanson qui s’intitule Teach love. Penses-tu que l’amour s’enseigne ?

Oui, de la même manière que nous pouvons ensei-gner comment haïr et détruire quelque chose. Tu t’en rends compte davantage quand tu as des en-fants. Faire quelque chose, c’est justement l’ensei-gner. On devient meilleur grâce à l’amour.

Comment peut-on enseigner l’amour ?

En faisant preuve de gentillesse et en étant positif. Sourire à quelqu’un, par exemple, cela ne coûte rien.

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Sister est une autre chanson importante de ton nouvel opus. Par qui as-tu été inspirée pour l’écrire ?

J’ai été inspirée par différentes femmes que je connais y compris ma propre sœur. Il y a aussi la nounou de ma fille qui vient du Togo. J’ai été impressionnée par son histoire et j’ai pensé que je devais faire une chanson pour mes «sœurs», pour ces femmes fortes qui traversent tant de difficul-tés. C’est marrant mais j’ai même pensé à Amy Winehouse à un moment. le second couplet parle de Joséphine Baker.

Si tu devais être une autre femme, qui se-rais-tu ?

Probablement Joséphine Baker. J’aime beaucoup son histoire et tout ce qu’elle a fait. Je ne pourrais pas choisir une vie parfaite. Je suis une aventurière alors j’ai besoin d’aventures (rires).

Le grand public a découvert ta musique grâce à l’émission «Taratata». Que penses-tu de l’arrêt de ce programme à la télévision ?

Je trouve cela horriblement stupide. Je peux remercier nagui grâce à qui j’en suis là au-jourd’hui. J’avais été invitée alors que mon album n’était même pas encore sorti et j’ai eu beaucoup de chance. C’était une émission formidable, la seule où tu pouvais rencontrer de vrais musiciens. nagui aimait et connaissait vraiment la musique. Je ne comprends pas pourquoi cette émission est arrêtée. C’est un crime pour la culture en France.

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JASOnDERULoJASOnDERULo

deux ans après fuTure hISTory, ja-son deruLo est de retour dans Les bacs avec un troisième aLbum stu-dio intituLé TaTTooS. en excLusivité pour nos Lecteurs Les pLus curieux, Le chanteur nous raconte toutes ses premières Fois.

PAR DInE DElCROIX / PHOTOS : FRAnçOIS BERTHIER

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Première voiture ?Ma première voiture, c’était une Chevrolet Cavalier de 1995. Elle était très petite et n’avait ni l’air conditionné, ni la fermeture des vitres automatique ni même la radio. J’avais 16 ans.

Premier souvenir ?Je n’en ai pas.

Premier métier que tu voulais faire ?J’ai toujours voulu être chanteur depuis l’âge de 5 ans.

Premier baiser ?C’était au collège vers l’âge de 11-12 ans derrière les bus dans un couloir. Je me souviens qu’elle mangeait un chewing-gum à la men-the. C’était très rapide et nous avons marché dans deux directions opposés juste après.

Premier amour ?Je dois avouer que mon premier véritable amour, c’est ma copine, Jordin Sparks.

Premier chagrin d’amour ?C’était au lycée et j’étais amoureux d’une fille plus âgée que moi. Elle avait soudainement cessé de s’intéresser à moi et à notre relation. Cela m’a brisé le cœur.

Premier rapport sexuel ?J’étais très jeune, je devais avoir 11 ou 12 ans. C’était bizarre parce que j’ai mis le préservatif dans le mau-vais sens. Ma première fois n’était pas spécialement la meilleure mais je me sou-viens m’être senti très ac-compli d’autant que mon frère se moquait de ma vir-ginité (rires).

Premier animal de compa-gnie ?Une chienne qui s’appe-lait Princesse. C’était un Rottweiler.

Premier disque acheté ?Thriller de Michael Jack-son.

Premier film culte ?Troie de Wolfgang Pe-tersen.

Premier livre culte ?Je ne me souviens plus du nom de l’auteur mais le livre s’intitule Three.

Premier prof détesté ?Mon deuxième professeur de musique quand j’étais au collège.

Premier prof adoré ?Ma prof d’arts à l’école pri-maire. Elle enseignait la musique et le théâtre. Elle m’avait pris sous son aile et m’accordait beaucoup d’at-tention. J’avais 7 ou 8 ans.

Première cuite ?Je me souviens surtout de la première fois que j’ai été défoncé (rires). Ma pre-mière cuite, c’était à la fac et j’avais 16 ans. Il y avait ce bar où on allait tous parce que les boissons n’étaient vraiment pas chères. Pour draguer, il fallait faire boire les filles et boire avec elles. La bière était ce qu’il y avait de moins cher à la carte. Du coup, j’en avais bu énormé-ment au de devenir inutile de finir malade (rires).

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Tu viens d’une famille du spectacle, com-ment as-tu grandi dans ce milieu ?Mes parents sont marionnettistes, ma mère a sculpté toutes les poupées de mon père sur 60 ans de mariage. Dès mon plus jeune âge, je voyais les spec-tacles de mon père, beaucoup issues des contes pour enfants comme Andersen, des contes chinois…tout un univers qui était fabuleux pour les quatre enfants que nous étions. On pouvait à la fois voir le spectacle se faire, voir les répé-titions, et voir les réactions. La régie, la bande-son, tout était assez artisanal.Pour moi, le fait d’avoir grandit là-de-dans, ça m’a donné envie de jouer et de mettre en scène.

Et pourquoi ne pas faire des marionnettes aussi ?C’est un parcours un peu étonnant. Vers l’âge de seize ans, j’avais déjà fait quelques spectacles avec mon père. Je lui ai dit que je voulais faire marionnet-tiste comme lui. Il m’a dit « D’accord, mais tu prends des cours d’art drama-tique ». Car toute sa vie, son objectif était de sortir des marionnettes, d’un art un peu convenu et traditionnel, et que le marionnettiste soit un acteur marion-nettiste. Donc c’était logique pour lui

de me demander d’apprendre à jouer d’abord.

Alors heureusement tu n’as pas fini comme Tatayet !Voilà ! (rires)

C’est un peu la vulgarisation de la marion-nette finalement.Oui ! Mais j’ai ça dans le sang. Dans le dernier film d’Abdellatif Kechiche, sa-chant que je venais de ce milieu, il m’a demandé de sortir les marionnettes de mes parents, et tout est revenu, c’est comme la bicyclette. Quand je fais de la mise en scène, que je pense mes rôles, il y a toujours quelque chose qui remonte, qui est là. Cette mise à distance et cette incarnation.

le fait de jouer est une façon de rester enfant ?Non, c’était pour moi grandir. Je crois que jouer pour moi c’est grandir. Dans le sens de faire sa vie, explorer, al-ler au delà de soi-même, faire

iL joue Le père d’adèLe dans Le dernier kechiche et enchaîne Les projets au cinéma ou au théâtre. rencontre avec un acteur passionnant à La FiLmographie atYpique, qui anaLYse avec Lucidité son métier.

PAR FRAnçOIS BERTHIER / PHOTOS : FRAnçOIS BERTHIER

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AURELIEN RECoING

RENCONTRE

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AURELIEN RECoING

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quelque chose de sa vie, et reconnaître qu’on est bien au delà de ce qu’on veut.

Alors, est-ce que le fait d’être acteur, c’est s’inventer plusieurs vies ?Oui…et c’est surtout être une sorte de pâte à modeler. Je vois les choses de plus en plus comme ça au fur et à me-sure des rencontres et des rôles. C’est cette faculté à explorer des mondes complètement différents. Alors forcé-ment il y a une autre vie qui s’incarne et se fabrique, mais c’est plus organique pour moi. Je suis voué à devenir une table, une lumière, un paysage…(rire) Le fait d’être traversé te transforme, te métamorphose. C’est mon métier, c’est ce qui me permet de communiquer avec l’autre. Il y a cinq ans, j’aurais plus parlé d’incarnation, de personnage. Là maintenant je tends à reconnaître que la vie est tellement convulsive dans ses aspects, dans son élément, à cause de l’âge, de l’expérience, des connexions de plus en plus diverses…Il faut l’accep-ter. Je l’accepte d’ailleurs.

En tant qu’acteur, quand tu vois le film ter-miné, est-ce que tu arrives à ressentir encore un émerveillement que le même émerveille-ment d’un film auquel tu n’aurais pas par-ticipé et que tu vois pour la première fois ?Il faut du temps ! Pour l’emploi du temps, il m’a bien fallu une dizaine de projec-tions pour vraiment me surprendre. Pour sortir du film, de sa fabrication, et même de l’émotion au moment où tu le fabriques, qui n’est pas la même émo-

tion que les spectateurs reçoivent en voyant le film. Peut-être que maintenant je fais plus abstraction à la fabrication, je vais plus rapidement à l’essentiel. C’est-à-dire au récit du film, à sa narration.

Tu peux apprécier un bon film que tu au-rais fait alors que le tournage se serait mal passé, et a contrario tu peux objectivement trouver un film mauvais alors que le tour-nage était super sympa, par exemple ?Oui. C’est rare qu’il n’y ait pas d’empa-thie de ma part dans la fabrication du film. Je mets en place les choses dans mes rencontres avec les réalisateurs, qui tendent forcément vers l’empathie. Donc ça se passe toujours bien ! (rires) Mais ensuite voilà, le résultat c’est le résultat, ça ne dépend pas de l’acteur. L’acteur n’est pas là pour anticiper la réussite ou l’échec objectif d’un film.

Tu ne penses pas que l’acteur peut faire foirer un film ? Tu pars du principe qu’un mauvais acteur, c’est un acteur mal dirigé ?Oui !

Si l’acteur a été bon dans plusieurs films mais que dans un autre il est mauvais, c’est la faute du réalisateur.C’est la faute de plein de paramètres, la vision du film n’a pas été bien établie. Alors sans parler de « faute », à qui l’er-reur ? Difficile à dire. Après faire un très bon film, c’est la grâce.

As-tu des films dans ta filmographie dont tu es particulièrement fier ?

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Oui… A des degrés divers. Je suis très fier d’Equinoxe par exemple, de Laurent Carcélès, qui est un film radical, diffi-cile, pas dans les normes d’un cinéma habituel. Je suis fier quand des films s’opposent comme ça aux discours convenus. J’aime beaucoup aussi Kill me please, de Olias Barco ou 13 tzameti… Ex-trêmement différents les uns des autres.Il ya des aventures aussi comme Tout un hiver sans feu de Grzegorz Zgliński. Mon rapport au cinéma est très variable, très éclectique, il ne se suffit pas d’une seule forme. J’aime bien le mélange des genres.

Tu fais un cinéma très « indépendant » quand même, pas vraiment de grosses co-médies ou de films grand public.Non, on ne vient pas me chercher pour ça ! Mais c’est pas dit qu’un jour je n’en fasse pas une.

Ca serait quelque chose qui te plairait ?Quand j’ai fais Tais-toi de Francis Veber ça m’intéressait beaucoup de voir cet univers-là. L’expérience d’un tournage énorme comme ça. Mon cinéma est à la fois un cinéma d’auteur, indépendant, radical, ça peut même aller vers l’expé-rimental, pourquoi pas. Et par ailleurs un cinéma très populaire. Parce que le cinéma c’est aussi le grand théâtre po-pulaire du 20ème et du 21ème siècle.

Est-ce que justement le court métrage, que tu pratiques régulièrement, est une façon

d’expérimenter des choses que tu ne peux pas faire dans des longs métrages ?Je peux tout à fait les expérimenter au cinéma et dans des long métrages mais c’est vrai que la forme du court métrage peut souvent être assez étonnante parce qu’elle n’est pas soumise au finance-ment, etc. Donc là, il peut se passez des choses formidables. J’adore en faire ! J’en fais moins qu’avant car ça prend beaucoup de temps, c’est moins facile quand on a une famille et des enfants de s’expatrier une voir deux semaines quelque part ! (rires) Car c’est malgré tout surtout du bénévolat. Mais je reste attentif à ça.

C’est ta façon d’aider les jeunes générations ?Je m’en fiche un peu, un court métrage c’est un film en soit. Quand on voit un très bon court métrage on ne s’aperçoit pas du temps. Prenons l’exemple de Gang of new York de Scorsese, j’ai cru comprendre que le film avait été coupé, il durait quand même 2h30-2H50, et je me suis dit « mince il manque quand même des choses » ! Et souvent je me dis que le film était fait pour durer 3H-3H30. Donc un film de cinq minutes ou d’une demi-heure, il faut aussi qu’il ait son temps à lui. C’est aussi cela que je travaille, cette idée du temps.

Et les séries ?J’en serais ravi ! Je serai très content d’un point de vue du personnage sans doute. Ca doit être assez étonnant à

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vivre, je n’en ai jamais fait. J’ai fait des mini-séries, mais ce n’est pas la même chose, c’est sur cinq ou six épisodes…

Oui là, une série qui fonctionne, ça peut durer très longtemps ! Ca peut être ennuyeux non ?J’imagine tous ces acteurs de séries américaines qui s’engagent sur des années…Mais c’est comme quand on joue au théâtre, il y a des gens qui se disent « je m’emmerde à jouer toujours la même chose ». Sans doute qu’il y a des textes qui doivent t’amener à cet ennui-là, mais en même temps une re-présentation elle est toujours unique, parce qu’il y a ton rapport à la salle, au public, à l’actualité, à ce qu’il s’est passé aujourd’hui, à ce qu’il s’est passé pour toi et tout cela, ça te traverse, ça te trans-forme. Donc j’imagine que pour une sé-rie c’est le summum de la discontinuité. Déjà au théâtre c’est de la discontinuité, au cinéma c’est peu ou prou de la dis-continuité, donc dans une série, on est dans une discontinuité convulsive où les contradictions à jouer, ça doit être magique, tu es forcément tout le temps un autre.

Parlons un peu de l’actualité. le 9 octobre sort La Vie d’Adèle, étais-tu présent à Cannes pour la présentation du film ?Non.

C’était volontaire de centrer la com autour des deux filles uniquement ? Oui !

Et donc toi de ton canapé, comment as-tu vécu la Palme d’Or ?J’étais super heureux pour eux, même si je me doutais qu’Abdel allait l’avoir.Je n’avais pas encore vu le film, mais je le sentais… Je l’ai vu quelques semaines après, j’ai été bouleversé par le film.

Comment perçois-tu les polémiques au-tour du film ?C’est un film qui s’est construit en de-hors des normes, de ce qu’il se fait d’habitude. Je dirais que c’est un film qui avait une logique de court métrage, tourné sur cinq mois. Avec une liber-té énorme évidemment sur le plateau, une liberté d’invention, avec l’exigence d’Abdel. Donc cette longueur, le fait d’être en immersion totale, même pour moi qui n’ai tourné que dix-quinze jours, j’étais en immersion et pour moi c’était fondamental. Ca m’a rappelé l’emploi du temps, cette immersion to-tale pour tous les acteurs. Le premier jour où on a tourné avec Abdel, c’était le pot de début de tournage. La scène n’est pas dans le film, c’est une scène de fête d’anniversaire de ma fille, et deux jours de suite on a tourné. Le premier jour j’ai dit à Abdel que le lendemain j’avais des rendez-vous, que c’était dif-ficile pour moi et il m’a dit « tu ne sa-vais pas que quand on tourne avec moi, tu en as jusqu’au mois d’août ! » et on était en mars. Dans l’esprit c’est un film qui s’est tourné comme si on tournait des répétitions de théâtre. Les répéti-tions étaient incluent dans le mode de

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fonctionnement du film pour moi. C’est très compliqué d’avoir un avis global de chacun, c’est impossible de me mettre à la place de Léa ou d’Adèle. Ce que j’ai vécu moi, c’était cette connexion là que j’ai vécu au théâtre ou au cinéma, com-ment je le pratique, ça m’a fait penser à ça. C’était extraordinaire, très puissant. Il y a une scène qui n’est pas dans le film, où il y a une rupture entre les pa-rents d’Adèle et Adèle, où on a tourné cinq nuits de suite. Pour moi acteur, wahou, chaque jour on me redonnait la chance de retourner cette scène. C’est une scène où le père est endormi et Ab-del attendait que je sois très fatigué et que je m’endorme vraiment. De mon expérience, c’est des conditions magni-fiques, on est en immersion, on ne peut pas se tromper.

Mais tu comprends que ça puisse ne pas convenir à certaines personnes, ces condi-tions ?Tout à fait, et vraiment je n’aurais pas de jugement. Chacun a sa façon de faire, comment il est avec cet art là, comment il s’engage…Ce n’est pas pour me pro-téger, mais c’est comme ça que je le ressens. Un autre exemple, le film de Maïwenn, Pardonnez-moi, magnifique aussi, qui s’est tourné aussi dans l’im-provisation, ce dispositif, est une chance pour les acteurs.

Dans La Horde, j’ai eu également cette impression « d’abandon » de la part des réalisateurs.

Je vais te répondre en reparlant du film d’Abdel. Abdel a un amour absolu des acteurs, un scénario très écrit, très proche de la bande dessinée pour moi. Et à chaque fois, chaque scène il la fai-sait exploser. C’est beaucoup d’impro-visation. En tout cas pour ma partie, ce n’était quasiment que de l’impro. Alors à un moment donné évidemment tu as des choses qui sortent. J’aime le film, je soutiens le film. Ensuite il y a tous les problèmes qui vont avec. J’ai apprécié son engagement, il va jusqu’au bout de ce qu’il souhaite faire et il ne renonce à rien. Maintenant sur la Horde, c’était la promesse d’un beau film, d’un beau sujet, très politique, mais qui a été lâ-ché en cours de route. Pas forcément au tournage, mais au montage.

C’est-à-dire ?Ca a été édulcoré. Et c’est dommage parce que c’est devenu un peu un film de plus… Avec toutes ses qualités mais c’est devenu un film de plus, par rapport à la volonté des réalisateurs au départ. Ils ont été pris ensuite dans des logiques de distribution, pour se conformer à quelque chose qui n’existait pas au dé-part. Il a perdu son film. (Yannick Dahan et Benjamin Rocher, les réalisateurs, ndrl.). Ensuite, il y a peut-être eu des pro-blèmes intrinsèques dans le film sur le-quel on n’était pas d’accord, il a perdu la sincérité du propos dans le jeu. Mais c’était un premier film ! Et après tout, d’un point de vue du tournage, il a tenu. Tout ce qu’ils voulaient tourner, ils ont

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pu le faire. Et ensuite au montage le film a explosé ! Et c’est dommage…

Etant un grand fan de film de zombies, je ne te cache pas qu’en sortant de la projection j’étais triste, je me suis dit « plus jamais au-cun producteur ne voudra investir dans ce genre-là ». Il y avait des gens dans la salle qui rigolait sur certaines scènes, on ne savait plus si c’était du 1er ou du 2nd degrés.Ce n’est pas ça qu’ils voulaient ! C’est un premier film, ils n’avaient jamais vraiment dirigé des acteurs. Ils avaient une idée et une volonté très forte et ils se sont fait avoir. Sur le plateau il y a avait des situations qu’ils n’ont pas su recadrer.

Toi, tu as eu la chance dans le film de mou-rir assez vite…Il a coupé tout ce qu’il y avait avant, et c’était des scènes essentielles pour le film. Et on ne comprend pas pourquoi ces gars vont dans cet immeuble. Ils y vont quasiment tout de suite. Alors que la scène, ce n’est pas ça, c’est l’histoire d’une vengeance. Il y a avait une opposi-tion entre le type que je représentais qui était un salaud, pris dans un engrenage.Après ça devient un film où on casse tout, les zombies arrivent, etc. Ils ont perdu le politique.

L’analyse, la vision d’un acteur sur les films qu’il fait ou qu’il voit est intéressante. Est-ce que ça peut entraver votre jugement, est-ce que ça vous empêche d’accepter certains rôles ?

Et bien par exemple sur ce scénario (la Horde, ndrl), c’est intéressant. Avant de commencer le film, j’avais rencontré le metteur en scène en lui disant « ça ne va pas, je meurs à ce moment-là, il fau-drait absolument que je devienne un zombie, que cette figure-là du facho que je représente, est tué, et doit devenir le « chef » des zombies », ça me semblait absolument évident pour moi. Ils m’ont convaincu que ce n’était pas la peine, mais qu’à un moment donné on retrou-vera un bras avec la croix qui était des-siné sur mon avant bras. Je suis sûr que c’est dommage pour le film. Je pense que c’était dommage. Donc voilà, forcé-ment je réagis, mais à l’époque je n’avais pas suffisamment de certitudes. Même maintenant je n’ai jamais de certitudes.

Pour en revenir à Abdellatif Kechiche, est-ce que le talent ce n’est pas justement de faire croire à tes acteurs que tu es sûr de ce que tu veux ? Et qu’il te fasse entièrement confiance ? Et le fait que ce soit dur à tour-ner sur le moment n’est-il pas justifié?Pour moi ce n’était vraiment pas dur à tourner. Pour Adèle et Léa, j’imagine que c’est une mise en jeu tout à fait dif-férente, et ça n’a pas dû être facile bien que je pense que tout toujours a été mis à distance.

La fin justifie les moyens ?Non, mais tout a été mis à distance mal-gré tout. Après c’est compliqué, chacun a son expérience d’acteur, on n’est pas toujours au même endroit, il y a des

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choses que tout d’un coup on assume et qu’on assimile parce qu’on est passé par 10 000 autres expériences. Quand c’est la première, ça peut être un choc très fort. Il y a sans doute à un moment don-né, quelque chose peut être dans ses ré-actions qui n’ont pas fonctionné sur le plateau, mais je ne saurais pas dire com-ment faire autrement.

On va terminer avec tes deux autres actua-lités. Tu as un biopic sur Dassault et un film sur l’explorateur Raymond Maufrais. Tu y joues le père de Raymond. Encore un rôle de père, comment abordes-tu ce genre de rôle ?Ca fait longtemps que je joue le rôle de père ! (rires) Oui, je ne sais pas… La re-lation père fils c’est quelque chose qui me passionne, je suis d’ailleurs en train de préparer un court métrage sur ce su-jet là. Depuis le début, depuis l’emploi du temps certainement, la relation filiale est quelque chose qui m’intéresse. Je dis toujours « les pères tuent les fils », comment éviter le drame de la projec-tion du père sur le fils. Donc ensuite ça se décline dans plein de situations très différentes. Le sujet de mon court mé-trage est d’après une nouvelle de Craig Davidson, qui s’appelle un bon tireur. C’est l’histoire d’un père, déclassé so-cial, un chef de chantier au chômage, qui passe son temps à vouloir que son fils devienne un grand joueur de basket. Cet amour pour le fils confine à l’abus. Il abuse psychologiquement son fils. Il est à la fois dans une relation fusionnelle,

dans une relation d’amour. Comment faire pour que le père renaisse de ses cendres et comment le fils doit dire non.Un père qui lui vit à genoux, et le fils qui préfère mourir mais debout. Donc la re-lation filiale c’est quelque chose d’im-portant. On retrouve ça un peu dans la vie d’Adèle et dans le film de Jérémie Banster la vie pure. (film sur l’explorateur Raymond Maufrais, ndrl.)

Est-ce que ces rôles-là sont quelque chose que inconsciemment tu recherches ?Oui sans doute, inconsciemment ou sciemment on vient me chercher là, c’est quelque chose qui me travaille per-pétuellement. C’est aussi assez logique, c’est un point de vue sur la vie, l’état de père qui est assez commun…

Sans faire de psychologie à deux balles, est-ce que tu as l’impression que ton père t’a poussé vers la comédie ?Moi c’est vraiment une vocation, ça vient de très loin. Comme j’ai baigné là-dedans, peut être que c’est à cause de ça forcément. Mais il n’y a jamais eu de volonté de mes parents de vou-loir que je devienne acteur. Ou alors ils l’ont montré de façon très inconsciente. Mon père, c’est vrai, voulait aussi être acteur et il n’a pas pu, parce qu’il était complexé. Pour en revenir à Raymond Maufrais, c’est l’histoire du fils qui se perd en Amazonie. Ils ont tous les deux été résistants pendant la guerre sans le savoir. Le père sachant qu’il s’est sans

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doute perdu, va monter dix-huit expédi-tions en douze ans pour essayer de le re-trouver. C’est une histoire absolument fabuleuse aussi sur la filiation : au déni de tout, dans l’évidence de tout, il conti-nue pendant douze ans à rechercher son enfant. Alors que d’un point de vue extérieur on peut comprendre que c’est fini depuis longtemps. Sauf qu’on lui dit tout le temps que son fils peut être là, là ou là, et il y va ! Il monte des expéditions jusqu’à en mourir, plusieurs fois ça se termine presque mal. C’est aussi une fa-çon peut être de se sortir de la situation familiale dans laquelle il est…Et pour terminer Dassault ? Pas de père, pas d’enfants ?Non, il a des agent de la CIA aux fesses ! Il y a eu une enquête sur Marcel Das-sault (père de Serge Dassault, ndrl) par la CIA. Parce que Dassault mangeait des parts de marché sur les avions militaires américains.

Moi ce que j’ai lu, c’est qu’il était suivi par la CIA parce qu’on le soupçonnait d’être un espion russe…Alors ça, c’est une blague. Ils ont essayé de le faire tomber en l’accusant d’être un agent double du KGB. Donc le film retrace la période de 1936 à 1964, ça se concentre sur la partie CIA.Oui. Il y a aussi des flash-back. A partir du moment où la CIA se met en route, ils mènent l’enquête et on retrouve des images quand il a commencé en 1914, en inventant la fameuse hélice des avions

qui permet aux mitrailleuses de tirer entre les hélices. Comme on était dans une époque antimilitariste, sa proposi-tion d’avion n’a pas fonctionné donc il s’est lancé dans l’immobilier. Ca a flam-bé et il a fait fortune comme ça. Il a ten-té de remettre l’aviation en état avant la guerre, sauf qu’il n’était pas aidé du tout par le gouvernement en tout cas pas suffisamment pour lutter contre l’armement allemand. Après, d’après ce que j’ai lu et compris, la Guerre des Six jours qui a été gagné par les israéliens, c’est grâce à lui, grâce à ses mirages. Donc petit à petit, les avions Dassault prenaient une part énorme de marché dans le monde.

Et tu as une pièce de théâtre en plus.Oui, je vais faire quelque chose d’assez incroyable, qui est une lecture spectacle de Moby Dick au théâtre de Belleville la semaine du 3 février. Ca sera un dispo-sitif très simple mais très évocateur. Je traverse en cinq fois 1H30 tout le roman. J’avais fait une expérience il y a quelques mois sur les dernières cinquante pages de Mobi Dick dans une église, j’ai trou-vé ça absolument sublime et incroyable à faire. Tellement dans la narration et la théâtralité. Ca ne sera pas absolument tout le bouquin parce que c’est 21H si-non, donc je ferai ça à Avignon (rires). Mais déjà faire ça 5 fois 1H30 du lun-di au vendredi, et le samedi/dimanche, une intégrale.

Maquillage : Patnelli Treacy

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romancière, proFesseur de phiLosophie, cinéaste, scénariste, paroLière et maman, éLiette abecas-sis touche à tout et Le Fait merveiLLeusement. Le mois de mai dernier a vu FLeurir son nouveau ro-man intituLé Le PalIMPSeSTe d’aCrhIMède au raYon des thriLLers ésotériques.

ELIETTE ABECASSIS

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PAR DInE DElCROIX / PHOTOS : FRAnçOIS BERTHIER

ELIETTE ABECASSIS

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Des essais, des textes intimistes, des écrits philosophiques, des thrillers ésotériques, des livres pour enfants... On vous trouve dans tous les rayons. Avez-vous l’intention de choisir un camp ?

Non (rires). Je n’aime pas m’ennuyer ni ennuyer les lecteurs. J’aime bien explorer tous les genres romanesques même s’il n’y pas vraiment de genres. Il y a du po-lar dans le récit intimiste et on peut trou-ver de l’intime dans le thriller. Ma façon d’écrire des thrillers est philosophique. J’écris des thrillers littéraires donc j’aime bien mélanger tous les genres. C’est pour-être ça, mon genre : mélanger tous

les genres. Le problème, lorsqu’on écrit, c’est qu’on risque de faire toujours le même livre. Quand on se cantonne dans un genre, on tombe plus facilement dans ce travers de l’écrivain professionnel qui écrit toujours le même livre.

Craignez-vous d’écrire tout le temps le même roman ?

Oui, bien sûr. Chaque auteur a des an-goisses qu’il ne cesse d’explorer à tra-vers son œuvre. Il ne faut pas tourner en rond autour de nos obsessions mais plu-tôt mettre de l’ordre dans celles-ci. C’est

important aussi d’être contemporain et ancré dans son époque pour pouvoir se renouveler. Quand on explore de nou-velles formes, on va aussi vers de nou-veaux sujets donc cela aide. J’aime la dif-férence et l’altérité. Je suis très curieuse. C’est ma façon d’être sans cesse une ex-ploratrice de l’écriture et non un écrivain professionnel.

Quel est le genre que vous n’avez pas encore exploré et dans lequel vous aimeriez vous es-sayer ?

Je n’ai pas vraiment exploré le genre de

la science-fiction alors pourquoi pas. De même, n’ai pas encore écrit de vraies co-médies pour l’instant.

Au moment où vous avez entamé l’écriture de votre dernier roman, saviez-vous que vous étiez en train d’écrire un thriller ?

Oui. J’avais envie de construire un thril-ler. J’aime beaucoup les thrillers et les polars. On y trouve une sorte de machine narrative implacable et, d’un point de vue intellectuel, c’est stimulant et inté-ressant à construire même si c’est diffi-cile. Après, c’est de l’imagination. J’ai imaginé rapidement un thriller autour

« On se retrouve alors face à une limite de la pensée qui nous amène à nous demander s’il y a une intel-ligence supérieure capable de réorganiser le monde. C’est le genre de questions existentielles que posent les mathématiques »

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de cette histoire. Mon tout premier livre est un thriller et j’avais envie de revenir à ce genre de thriller ésotérique et phi-losophique initié par Umberto Eco avec le nom De la Rose et poursuivi par Dan Brown avec Da Vinci Code.

Quelle est la part d’autobiographie dans votre dernier roman ?

Il y a une grande part autobiographique. Je me retrouve dans le narrateur même si c’est un jeune homme. C’est ma part masculine. C’est un élève de l’école Normale Supérieure, un rat de biblio-thèque qui a une vision intellectuelle et philosophique du monde. Je me re-trouve dans cet élève que j’étais quand j’étudiais à l’école Normale Supérieure. Je me retrouve aussi dans le professeur de philosophie puisque j’ai enseigné la philosophie pendant trois ans. Cette femme m’a été inspirée par des pro-fesseurs que j’ai pu avoir quand j’étais élève. Il y a beaucoup de personnages qui sont inspirés de rencontres faites lorsque j’étais étudiante, aussi bien les élèves que les professeurs.

Dans ce roman, vous portez un regard phi-losophique sur les mathématiques. Qu’y a-t-il de philosophique dans cette discipline ?

J’ai effectivement une vision philoso-phique des mathématiques. Elle est par-ticulière et je pense que les mathéma-ticiens ne la comprendraient pas. Pour

écrire ce roman, j’ai rencontré des ma-thématiciens et, à chaque fois que j’ai es-sayé d’amorcer ce genre de discussions avec eux, ils n’avaient pas assez de recul sur la discipline. Quand on se penche sur les mathématiques, on comprend, comme l’a dit Pythagore, que le monde est écrit en langage mathématique et c’est un mystère incroyable. Cela nous ouvre à une sorte de vertige métaphy-sique. Le monde aurait-il un code secret qu’il serait possible de connaître ?

Pensez-vous que le nombre «Pi» orga-nise le monde ?

Oui, j’y crois et il est difficile de ne pas y croire. Ce nombre est vertigineux. Il comporte d’abord le chiffre 3 que l’on retrouve comme principe organisateur d’une trinité ou d’une trilogie. Puis, tout se joue dans les décimales car celles du nombre «Pi» sont infinies et totalement aléatoires. En langage mathématique, on appelle cela un nombre transcen-dant. C’est étrange... C’est comme si le monde était organisé par ce principe in-fini et transcendant qui résiste à la raison humaine et que la raison humaine ne peut pas appréhender. On se retrouve alors face à une limite de la pensée qui nous amène à nous demander s’il y a une intelligence supérieure capable de réorganiser le monde. C’est le genre de questions existentielles que posent les mathématiques. Le nombre «Pi» montre que la vérité nous échappe toujours car elle est complexe et multiple.

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Est-il essentiel, pour vous, de mettre en avant ce genre de théories ?

Oui, c’est important de le rappeler car nous sommes dans une époque qui voit le retour du dogmatisme dans tous les domaines et surtout en matière de reli-gions.

Par son aspect «révélateur», votre roman a quelque chose du Da Vinci Code de Dan Brown. D’après-vous, sommes-nous mani-pulés par les religions ?

Aujourd’hui, on assiste à un retour des religions sous la pire forme qui soit : le fanatisme. C’est une manipulation qui nous plonge dans des guerres de reli-gions comme au Moyen Âge. Il est donc important d’en revenir à la philosophie qui permet de prendre une distance cri-tique par rapport à cette confiscation de la pensée qu’est le fanatisme. Je ne parle pas de la religion mais bel et bien du fanatisme religieux. Il y a différentes façons de vivre la religion. Le fondement de la religion, c’est de vivre ensemble et de dicter une certaine morale alors que le fanatisme est tout l’inverse de cela. La philosophie permet justement de prendre du recul et de garder la mesure.

Pensez-vous que les philosophes ont un rôle à jouer dans cette morale ?

Les philosophes ont démissionné et c’est terrible. Le dernier grand était Jacques

Derrida. Du coup, la religion a envahi l’espace de la pensée et c’est extrême-ment dangereux.

Que faut-il faire pour lutter contre la dispa-rition de la philosophie ?

Il faut que les philosophes reprennent leur rôle dans la cité et qu’ils ne se contentent pas d’enseigner dans les uni-versités. Ils doivent prendre position. En France, je trouve merveilleux qu’on en-seigne la philosophie en dernière année de lycée. Je pense que cela se fait rare-ment dans les autres pays. Personnelle-ment, j’aurais commencé à l’enseigner dès la première année de lycée mais on peut déjà s’en féliciter. Il faut aussi ar-river à transmettre l’intérêt de la philo-sophie sans la vulgariser qui réside dans son langage un peu ésotérique et difficile à appréhender. Il faut un apprentissage. On peut également faire une philosophie qui soit compréhensive et qui amène les gens vers ce langage particulier.

la religion est omniprésente dans votre œuvre. Est-ce un thème spontané ou une en-vie systématique d’en parler ?

Je crois que c’est un peu les deux. Chaque auteur a un univers. Le mien est emprunt de judaïsme parce que c’est ainsi que j’ai été éduquée. Pour moi, la religion vient toujours sous forme d’un questionnement, pas d’un dogme. Cela fait partie de mes obsessions (rires).

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Qu’est-ce que vous aimez dans le judaïsme ?

J’aime le recul critique et le côté philo-sophique que nous apporte le Talmud. Ce sont toujours des pensées contradic-toires qui s’affrontent sans jamais vérita-blement trouver de solution.

l’écriture d’un tel roman prend certainement beaucoup de temps. écriviez-vous d’autres choses en parallèle ?

J’ai été très focalisée sur ce roman que j’ai mis deux années à écrire. J’ai écrit quelques articles dans des journaux à côté mais un roman, c’est justement ob-sessionnel et il est donc difficile d’en sor-tir. Quand je rentre vraiment dans l’écri-ture, tout devient insignifiant par rapport à ce que j’écris et j’ai du mal à penser à autre chose ou à me concentrer sur autre chose.

Ressentez-vous une certaine solitude dans l’exercice de l’écriture ?

Oui, le travail de l’écrivain est très so-litaire. C’est dur d’être toute la journée dans sa chambre. Certains écrivains ai-ment bien écrire dans un café pour avoir un rapport au monde extérieur. Moi, j’ai besoin de calme alors j’écris dans mon lit. Par l’écriture, on s’évade mais le côté solitaire est parfois un peu pesant.

Pensez-vous que l’écriture peut nous faire passer à côté de grandes choses ?

Oui. On peut effectivement être dans un monde très intellectuel. Il est donc très important de vivre pour avoir de la ma-tière. Il faut arriver à maintenir cet équi-libre entre la vie et l’écriture de telle fa-çon à ce que la vie nourrisse l’écriture. Quand j’écris, j’ai tendance à faire de ma vie un roman et à vivre de façon roma-nesque (rires).

Vous êtes désormais une spécialiste du roman ésotérique. Quelles sont vos lectures de prédi-lection dans ce domaine ?

Pour moi, Umberto Eoco a vraiment créé le genre et a donné ses lettres de noblesse au polar. Ses derniers romans sont entre l’essai et la narration. En-suite, il y a pas mal de films thrillers qui m’inspirent. Quand j’écris des thrillers, j’essaye d’avoir un découpage cinémato-graphique. J’aime aussi beaucoup ce que fait Dan Brown dont les livres sont pas-sionnants. Il y a également Donna Tartt qui fait partie des écrivains de thrillers littéraires, notamment avec le Maître Des Illusions. Dans ses livres, il y a justement ce mélange entre le polar et l’écriture ro-manesque.

Seriez-vous déçue que vos enfants n’aient aucun intérêt pour la philosophie ?

Oui, je serais très déçue. C’est très im-

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Maquillage : Angie Design

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portant pour moi de transmettre la philo-sophie, c’est à dire l’amour de la sagesse. Comme mon père l’a fait avec moi, j’ai-merais bien arriver à la transmettre à mes enfants. Avec mon père, j’ai eu un rap-port de disciple à maître et cela a été très enrichissant pour moi alors j’espère que mes enfants suivront ce chemin.

Comment vous y prendriez-vous pour inciter à la lecture une personne qui n’aime pas lire ?

Je la prendrais par la main et je com-mencerais à lui faire lire des polars parce que, dans le polar, on est tout de suite happé et envoûté. Quand j’écris des po-lars, je me dis qu’il faut saisir le lecteur au collet et ne pas le lâcher. Ce genre a quelque chose qui nous entraîne et qui nous donne envie de découvrir le secret. Je pense que la polar est la meilleure ini-tiation à la lecture de par sa force de sé-duction.

En 2000, vos avez co-écrit et réalisé le court-métrage La Nuit De Noces. En 2005, vous avez réalisé le documentaire Tel Aviv La Vie. Avez-vous l’intention de réaliser d’autres films ?

Oui. Je viens d’écrire un scénario qui est l’adaptation d’un de mes livres et j’aime-rais bien le réaliser.

Avez-vous des projets dans la musique ?

Depuis une dizaine d’années, j’écris des paroles pour le groupe de rock Debout sur le Zinc que j’aime beaucoup. Actuel-lement, je suis d’ailleurs en train d’écrire un album pour la chanteur du groupe qui s’appelle Simon Mimoun. J’ai aussi écrit une chanson pour Enrico Macias. Je travaille beaucoup avec des musi-ciens. J’aime écrire des paroles, c’est une façon pour moi de faire de la poésie et ce format court me permet de sortir de ma solitude.

Aurons-nous, un jour, l’occasion de vous en-tendre pousser la chansonnette ?

J’aimerais bien. Je suis en train de tra-vailler sur un album pour moi. J’ai tou-jours aimé chanter.

Savez-vous déjà sur quoi portera votre pro-chain roman ?

Oui. À chaque fois que je termine un roman, j’ai déjà l’idée du prochain. Les idées viennent à moi comme des évi-dences. Mon prochain roman sera plutôt un livre intimiste et psychologique qu’un thriller mais c’est encore un peu tôt pour en parler.

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originaire de Las vegas, Le groupe continue d’expLorer Les vices et Les vertus de son chanteur, brendon urie, dans un nouveL aLbum judi-cieusement titré Too weIrd To lIve, To rare To dIe. pLus personneL que son prédécesseur, ce disque Fait L’objet d’une expLoitation rigoureuse grâce à L’eFFicacité des singLes MISS JaCKSon, ThIS IS GoSPel et GIrlS/GIrlS/BoyS dont Le cLip choc vient d’être dévoiLé et met en scène un brendon entièrement nu. L’interrogatoire était inévitabLe !

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Le titre de l'album est tiré du film las Vegas Parano. Qu'est-ce que tu aimes dans ce film ?

J'aime tout dans ce film ! J'aime le réalisateur Terry Gilliam et j'ai adoré tout ses films. Johnny Depp joue tellement bien dans celui-ci. Quand j'ai en-tendu cette réplique, j'ai trouvé qu'elle résumait parfaitement cet album. Si ce disque devait être un personnage, cette phrase serait la description de ce-lui-ci.

Sur cet album, on re-trouve une ode à la vie avec le morceau Far Too Young To Die. Quel est l'âge idéal pour mourir ?

Si j'étais un dur à cuire, je di-rais "27 ans" mais cela vou-drait dire qu'il ne me reste-rait que six mois à vivre alors je vais répondre "90 ans" car je veux mourir vieux (rires).

Dans le single Miss Jack-son, tu racontes la manière dont tu as été trompé. Comment as-tu réagi en l'apprenant ?

Lorsque c'est arrivé, j'étais en colère et blessé. Je me suis senti merdique car j'étais sentimentale-ment très impliqué. Il fut un temps où je le faisais constamment aux autres. Peu importe avec qui je sortais, cela arrivait. En inversant les rôles, j'ai ré-alisé ce que cela pouvait faire aux autres et ce n'est clairement pas une bonne chose.

Quotidiennement, as-tu des dépendances ?

Je ne pense pas avoir des addictions, j'ai plutôt des obsessions. Je ne suis ac-cro à rien mais je suis ob-sédé par les jeux vidéos et la musique. Il ne se passe pas un jour sans que je fasse quelque chose de

musical. J'ai toujours be-soin de chanter, d'enre-gistrer ou d'écrire quelque chose.

Tu as écrit une chan-son sur Las Vegas, Vegas lights. Quel rapport en-tretiens-tu avec cette ville ?

J'y ai grandi. Pour l'enfant d'une famille de classe moyenne que j'étais, Las Vegas était une ville normale. On ne peut pas entrer dans un club avant l'âge de 19 ans, ils sont très stricts à ce su-jet, là-bas. Du coup, j'al-lais à l'école toute la se-maine, j'allais au parc le week-end, j'allais à l'église le dimanche... Quand j'ai grandi, j'ai commencé à utiliser Las Vegas à mon avantage en exploitant son côté fêtard très accessible. Au lancement du groupe, nous avions 17 ans et nous ne pouvions pas vraiment

pANIC! AT ThE DISCo PAR DInE DElCROIX / PHOTOS: DR/AlEX R. KIRzHnER

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prendre part à aux festivi-tés de la ville mais, main-tenant, j'ai une admiration profonde et un certain respect pour Las Vegas. Je suis fier d'être originaire de Vegas.

Quel genre de liaisons dé-cris-tu dans le titre Casual Affair ?

C'est une chanson qui dé-crit un fantasme de mon imagination. Parfois, avec ma femme, il nous arrive de jouer à citer cinq cé-lébrités potentielles avec lesquelles nous pourrions avoir une liaison. La chan-son raconte cet état d'es-prit.

Qu'est-ce qui t'a don-né envie de parler de bi-sexualité dans Girls/Girls/Boys ?

Tout simplement l'ex-périence et le fait de connaître des personnes bisexuelles, particulière-

ment des filles. Ma femme, par exemple, est fan de filles en général. Quand elle voit une jolie fille, elle me le dit aussitôt. Je pense qu'il est important de, non seulement expri-mer ce genre de senti-ments mais aussi de savoir que ce n'est pas grave de le faire. Les gens essaient trop souvent de lutter contre des choses qui sont naturelles et cela crée le malaise et la dépression. Il ne faut pas se stresser au point de se rendre ma-lade pour si peu. Ce n'est jamais bon de luter contre des sentiments naturels. Je voulais aborder ce sujet parce que je me sens fort de ma propre expérience vécue. Beaucoup de gens ont peur de reconnaître qu'ils ont eu ce genre d'expériences alors peut-être que cette chanson leur permettra de s'ouvrir.

Tes textes sont justement plus intimes sur cet al-bum. Qu'est-ce qui t'a

amené à te dévoiler de cette manière ?

En tant qu'auteur-com-positeur, j'aime être hon-nête et ouvert. Pour moi, la musique est le meilleur moyen d'extérioriser des choses pesantes. Pendant longtemps, j'ai eu beau-coup de mal à parler de mes problèmes person-nels à d'autres personnes. Le faire en musique est une sorte de thtérapie et je suis friand de choses véri-diques.

Tu as annoncé des concerts très énergiques à venir. Quels sont les concerts où tu t'es le plus amusé ?

Nous venons de finir une tournée américaine avec les Fall Out Boy et c'était impressionnant, une vraie bouffée d'air frais entre amis. Chaque concert était énorme !

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PAR DInE DElCROIX / PHOTOS : FRAnçOIS BERTHIER

JohN NEWmANlA RéVélATIOn MADE In EnGlAnD

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JohN NEWmANlA RéVélATIOn MADE In EnGlAnD

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Tu as toujours pensé que tu serais un au-teur-compositeur. Qu’est-ce qui t’a fait de-venir chanteur ?

J’ai grandi dans une très petite ville où l’écriture et la chant n’ont pas beaucoup de place. Là-bas, les gens ne considèrent pas la musique comme un vrai travail. C’est seulement lorsque j’ai emménagé dans une ville nommée Leeds où j’ai vu des personnes étudier la musique que j’ai réalisé que cela pouvait être une profession mais, à l’époque, je ne sa-vais pas encore que je serai chanteur. Je n’avais pas assez confiance en moi et c’est sûrement pour cette raison que je pensais être un simple auteur-composi-teur.

Tu es l’une des révélations de l’année en Angleterre. Quelle a été ta réaction lorsque tu as entendu ta voix pour la première fois à la radio ?

C’est toujours très surréaliste. La pre-mière fois, c’était ma chanson avec Ru-dimental. Je n’arrivais pas à réaliser que c’était la radio mais cela m’a rendu fier.

As-tu prévu de retravailler avec le groupe Rudimental ?

Pas pour le moment. Avec ce premier album, j’ai envie que les gens me dé-couvrent en tant qu’artiste en dehors des collaborations. Les membres de Ru-dimental sont très occupés mais nous aurons peut-être l’occasion de retravail-ler ensemble un jour.

Ton premier album sort justement ce mois-ci dans les bacs. Quelle est la chanson qui le résume ?

Probablement Goodnight Goodbye. L’al-bum tourne autour de la maison où j’ha-bitais avec mon ex petite amie et de la manière dont notre relation s’est termi-née. On y trouve une sorte de concept caché dans lequel je remercie toutes les personnes qui ont été présentes dans ces moments.

l’album est porté par le single Love Me Again dans lequel tu demandes à une personne si elle t’aime encore. As-tu obtenu ta réponse ?

Oui. Je n’ai pas été très sympa avec mon ex-copine, surtout lorsque j’ai commen-cé ma tournée avec Rudimental. En de-venant un personnage publique, je me

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propuLsé en tête des charts britanniques grâce à son singLe love Me aGaIn, john neWman est devenu en queLques mois un véritabLe phénomène. iL Livre ce mois-ci TrIBuTe, un premier aLbum à La production rigoureuse qui n’a rien à envier aux Longues carrières. La sienne sembLe particuLièrement bien Lancée et c’est dans son vêtement préFéré qu’iL s’est conFié à notre rédaction. dé-couverte !

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suis retrouvé à parler avec beaucoup de filles et à la négliger. Un jour, j’ai pris un train pour lui faire la surprise d’aller la voir sur son lieu de travail. Une fois arrivé, j’ai posé la fameuse question qui est devenue le titre de la chanson.

A-t-elle écouté la chanson ?

Oui.

Qu’en pense-t-elle ?

Je ne sais pas (rires).

Pensais-tu que cette chanson serait l’un des tubes de l’année pendant que tu l’enregis-trais ?

On ne sait jamais ce genre de choses. Quand tu écris, tu peux te dire que tu as fait une bonne chanson mais tu ne peux jamais prévoir qu’elle va marcher. C’était aussi le cas pour Feel The love avec Rudimental, nous ne savions pas qu’elle aurait ce succès.

Depuis ce succès, as-tu été contacté par d’autres artistes ?

Oui. Dans l’industrie de la musique, si les gens aiment ce que tu fais, ils peuvent avoir envie de travailler avec toi mais, pour l’instant, j’ai envie de me focaliser sur ce que je fais. J’espère que

les gens comprendront que je n’ai pas besoin de travailler avec d’autres ar-tistes lorsqu’ils écouteront mon album.

Pour écrire et composer, as-tu besoin d’être dans un endroit spécifique ?

Non, je ne pense pas qu’un lieu puisse aider spécialement. Ce qui compte, c’est ce que tu as fait durant ta journée car ce qui t’arrive est plus important que l’en-droit où tu te trouves.

Quel est l’instrument indispensable pour toi ?

L’orgue. C’est un instrument ravigotant et il est sur toutes mes chansons.

Quels sont les artistes auxquels tu détestes être comparé ?

Je n’ai pas encore été comparé à des personnes que je n’aime pas mais j’es-père que les gens sauront identifier mon propre style.

Tu es toujours en costume sur tes photos. S’agit-il de ton vêtement préféré ?

Oui, j’aime bien en porter. Je me sens bien dans un costume. Je manquais d’assurance lorsque j’étais plus jeune et le fait de porter un costume m’aide à en avoir un peu.

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JANELLE moNáE

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JANELLE

moNáE LA FEMME éLECTRIQUE

PAR DInE DElCROIX / PHOTOS : DR

toujours en quête de Fraîcheur, janeLLe monáe reFait surFace ce mois-ci avec un nouveL aLbum sans Fausses notes. baptisé The eleCTrIC lady, L’aLbum est un hom-mage à La Femme Forte par des sonorités urbaines et aLternatives issues d’une souL qui a su séduire prince, soLange knoWLes ou encore ceeLo green, tous pré-sents sur ce nouveL opus. entretien avec une diva pas comme Les autres...

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Ton nouvel album s'intitule The Electric Lady. Quelles sont les femmes de notoriété publique auxquelles tu pourrais attribuer ce qualificatif ?Sally Ride, la première femme américaine qui est allée dans l'espace. Il y a aussi Mae Jemison qui fût la première femme américaine de couleur à faire la même chose, Michelle Oba-ma, Solange Knowles... Des femmes qui ne sont pas définies pas la couleur de leur peau et qui brillent par ce qu'elles font car elles ont compris qu'elle avaient une responsabilité.

Aujourd'hui, les femmes afro-américaines occupent une place im-portante aux états-unis. Te sens-tu actrice de cette communauté ?C'est important de cultiver son individualité afin que les gens puissent comprendre que la femme afro-américaine ne se ré-sume pas à une expérience mais à plusieurs.

Quel est le message de Q.U.E.E.N, le premier single extrait de l'album ?Je voulais que les gens comprennent mon point de vue sur la discrimination, le sexisme, les jugements et toutes ces choses dont je parle dans la chanson.

Comment s'est passée ta collaboration avec Prince sur le titre Givin Em What They Love ?Cette collaboration était cosmique et riche en couleurs.

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Il y a des sonorités rap dans tes nouvelles chansons. D'où te viennent ces influences ?De la communauté, de ma soeur, de mon frère... Je ne me considère pas comme une rappeuse, je considère plutôt le rap comme une forme de communication.

Dans ce cas, comment décrirais-tu ton style de musique ?Je ne suis mariée à aucun style en particulier. Il ne s'agit pour moi que de modes de communication. Je fais ce qui me semble honnête et ce qui met le mieux en valeur mes messages.

Qu'est-ce qui inspire ton look vestimentaire ?La météo (rires).

As-tu des créateurs favoris ou des marques préférées ?Non.

OK... Tu as construit certains de tes visuels autour du thème du robot. Que représente l'androïde, pour toi ?Quand je parle d'androïde, je parle de l'Autre. L'androïde est une nouvelle forme de l'Autre. L'androïde peut être la nou-velle femme, le nouveau gay, le nouvel excommunié, le nouvel immigrant... C'est juste une manière de parler de quelqu'un qui a été marginalisé.

Qu'aimes-tu le moins dans le processus d'enregistrement d'un album ?Je n'aime pas le mixage et le mastering car mon oreille est ha-bituée aux versions demo des morceaux.

Si tu devais collaborer avec un artiste français, tu choisirais lequel ?Je choisirais le funambule Philippe Petit.

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NAOMI WATTSl’AnGE BlOnD

l’aCTrICe revIenT danS le BIoPIC Diana où elle InCarne la PrInCeSSe de GalleS eT ICône dISParue. PorTraIT.

PAR JuSTIn KWEDI / PHOTOS : DR.

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De Naomi Watts le souvenir ému du ciné-phile se résume avant tout en deux mots : Mulholland Drive. Après des années de vache maigres entre seconds rôles anec-dotiques et productions obscures, l’actrice accédait enfin à la notoriété par la grâce d’un concours de circonstance inespéré (un projet de série tv avorté et transfor-mé en film de cinéma par David Lynch) et surtout de l’écrin idéal à son talent conçu par David Lynch. Naomi Watts y tenait un double rôle. D’abord Betty Elms, as-pirante comédienne sincère, candide et passionnée s’abandonnant le temps d’une troublante scène saphique au bras de l’am-nésique Rita (Laura Harring). Puis son en-vers torturé avec l’amoureuse éconduite Diane Selwyn au caractère autodestruc-teur. Naomi Watts y offrira une prestation fragile et incandescente qui lui ouvrira les portes d’une grande carrière.

Naomi Watts à l’écran, c’est une constante variante de ce rôle qui la révéla. Ses traits paisibles et bienveillants, sa présence évanescente lui confèrent une douceur et une fragilité palpable à l’écran. L’actrice mêle pourtant toujours à cette image an-

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gélique une intensité fébrile qui en fait un personnage autant ancré dans le réel que propre à s’épanouir dans des univers plus éthérés. C’est de cette manière qu’elle sera utilisée dans le Cercle (2002) brillant remake du film japonais Ring où elle incarne une jour-naliste enquêtant sur une cassette vidéo maudite. C’est surtout avec le magni-fique 21 grammes (2003) qu’elle exprimera le mieux cette vulnérabilité dans un ré-cit labyrinthique sur la destinée et le ha-sard typique de son réalisateur Alejandro González Iñárritu.

Cette dualité entre douceur et douleur fait que Naomi Watts ne s’épanouit jamais mieux que dans le mélodrame et imprègne finalement de sa sensibilité tous les genres où elle s’aventure. Sa seule présence ap-porte une émotion inattendue dans le dé-luge d’action et de créatures du remake de King Kong (2005) de Peter Jackson, faisant par sa seule présence disparaître le sous-texte sexuel de l’original pour un senti-ment plus innocent, plus pur. De même la froideur clinique d’un Haneke dans la re-lecture de son propre Funny Games (2007) échappe à l’implacable et détestable dé-monstration de son réalisateur par l’em-pathie que l’on ressent pour elle. Dans le pur mélo, elle a également grandement ému ces dernières années avec Mother and Child (2009) et The Impossible (2012) tou-jours dans cet entre-deux qui la caracté-rise, adulte glaciale mais encore petite fille meurtrie par son abandon dans le premier et mère bravant les éléments déchaînés pour sauver sa progéniture dans le second.

Naomi Watts, c’est l’équilibre parfait entre la grâce la plus immaculée et l’abandon le plus à vif. Cela la rend tout à la fois loin-taine et proche de nous, aérienne et ter-rienne. L’actrice s‘est ainsi conçu un per-sonnage de cinéma parmi les plus attachant qui soit, souvent destiné à la tourmente et au malheur dans lesquels le spectateur ne souhaite pas la voir s’enfoncer. On s’en émerveillait encore récemment dans Perfect Mothers où Anne Fontaine magni-fiait sa quarantaine resplendissante dans une ambiance solaire où elle s’abandon-nait au bras du fils de sa meilleure amie. C’est sans doute de cette passion qu’elle aura su maintenir pour son art au cours des années de vache maigre que la star tire cette aura à l’écran. Ayant abandonné un temps la comédie pour travailler dans un magasin au début des 90’s, elle retrouva la flamme lorsqu’un collègue l’invita à par-ticiper à un atelier d’art dramatique. Vé-gétant tandis que son amie et compatriote Nicole Kidman gravissait les sommets, elle sut attendre son heure aujourd’hui éblouir en exprimant cette patience tranquille de celle pour qui rien n’a été facile tout en dégageant la fièvre indomptable qui celle qui n’abandonnera jamais ce qu’elle a du-rement acquis. On en revient au person-nage double de Mulholland Drive. L’ange et le démon, la perfection inaccessible et l’humanité poignante. L’actrice a bien sûr un registre plus étendu que celui auquel la réduit ce texte (elle fut hilarante récem-ment dans le film à sketch My Movie Project) mais c’est bien dans cette figure béate mais imparfaite qu’elle nous émeut le plus. Qui

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1er Septembre 1995 : La princesse de Galles et le docteur Hasnat Khan sont présen-tés l’un à l’autre par Oonagh Toffolo, amie de Diana, au Royal Brompton Hospital de Londres. Officiellement séparée du prince Charles depuis décembre 1992, Diana a connu plusieurs aventures amoureuses décevantes. Alors qu’elle s’interroge sur le sens à donner à sa vie, elle s’éprend du chirurgien pakistanais et, pour une fois, par-vient à garder quelques temps secrète leur liaison. Son divorce définitivement pro-noncé en août 1996, Diana veut croire à un avenir possible avec cet homme qui l’aime avec ses qualités et ses défauts, indifférent à l’image d’icône princière qu’elle incarne aux yeux du monde depuis plus de quinze ans.6 Septembre 1997 : Un homme effondré derrière ses lunettes noires assiste aux ob-sèques de Diana. Peu de gens reconnaissent Hasnat Khan. Alors que les tabloïds affirment que Diana s’apprêtait à épouser Dodi Al-Fayed, rares sont ceux qui savent que, peu avant son accident, elle essayait encore de joindre Hasnat pour le convaincre de revenir à elle.

«Diana», de Oliver Hirschbiegel. Sortie le 2 octobre 2013

SYnOPSIS

mieux qu’elle pouvait ain-si mieux incarner Diana à l’écran ? La princesse belle et inaccessible, l’épouse amou-reuse et délaissée. L’icône et la mère. La Princesse de Galles et Lady Di. Naomi Watts va une nouvelle fois nous toucher en alliant le port de la souveraine et les élans de la femme. Les anglais surent se reconnaître ainsi en Lady Di et les spectateurs de-vraient une nouvelle fois en faire autant pour ce nouvel envol de Naomi Watts.

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MODE

PAR FRANçOIS BERTHIERSIMON GENSOWSkI

THE GARDEN

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THE GARDEN

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Robe YSL, Collier Crucifix DOlCE & GABBAnA, manchette et bague noire AMEllEE

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VIKTOR & ROlF Coat, Kunza Chantilly lace Cor-set from babylikestopony, Phoenix Keating Wrong-side High Waisted Skirt in Denim, Bottega Veneta Clutch.

Par Julie Healy /Style : Samara Wilson

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MAKE uP : EMIlIE PElTIERHAIR : AnAIS SEBAGH

RETOuCHES&DIGITAl : BlInDSTuDIO

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Ensemble de tailleur VAlEnTInO VInTAGE,casque par RITA zIMMERMAnn

Modele : ElFIE MAHE / Star SystemMake up & Hair : AnGIE D.

THE GIRlSPAR FRAnçOIS BERTHIER

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Swimsuit Thapelo / BO Isabelle Michel / Shoes zara

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COIFFuRE : SADEK lMAQuIllAGE : AnGIE DESIGn & ElVIRE THuOTSTuDIO : TEn FEET unDERRETOuCHES : BlInDSTuDIOMAnnEQuInS : AnnA H, DIVA C, AnASATASIA S & KATERInA P @METROPOlITAn, BIBI, CHlOé R, DInA K & zuzAnA l @JuST WM, DAnIElA @MADEMOISEllE

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Make up : Camille lutz Hair : Raphael Mariage

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Photos : François Berthier

Catalina Denis

LA FILLE QUI REND BLIND

on L’a découverte dans le MaC et Go faST où eLLe nous a bruLé Les Yeux. on La retrouvera en haut de L’aFFiche en Février dans BrICK ManSIonS, un thriLLer us aux côtés de pauL WaLker et dans The Tunnel, une nouveLLe série sur canaL pLus.

PHOTO : FRAnçOIS BERTHIER

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PAR MARIE GOnçAlVèS / PHOTOS MARIE GOnçAlVèS

pERoUBLIND TRIP

Carnet de voyages intérieurs

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cri du bout du monde, appeL de La pachamama, voYage et découverte des Limites de L’être...Les mots sont FaibLes pour décrire Les émotions et sensations, ces ressentis, Le paLpabLe d’une terre puissante et riche où L’âme peut encore se retrouver et jouïr de sa pLeine création .

CUSCO / LE PUMA

La ville où chacun est de passage mais finit résident, perchée du haut de ses 3500m d’altitude ; maux de tête, pres-sion, coeur qui bat à l’effort. Chaque pas relève du défi les premiers jours, le soleil caresse la peau, l’air sent le doux, le frais. Musique dans les rues, gaïté. Couleurs, lamas, costumes traditionnels, chaque coin de rue est plus typique que l’autre, ce marché San Pedro aux mille et uns visages, aux commerçants éclectiques. Le mode de vie, simple, où chacun a

sa place ou se la crée, où l’humain est au coeur des activités quotidiennes, les échanges nombreux, proximité. Comme l’impression d’être reine du monde, vallée éclairée de petites habitations se propageant le long de la montagne, qui semble dormir, paisible. Flûtes de pan, concert de musique typique. Ville de la connaissance ancestrale Inca, les musées se bousculent et les vieilles pierres du site Saqsaywaman dorment, attendent le moment opportun pour dé-voiler leurs secrets à qui prend la peine d’écouter.

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BOLIVIE / LAC TITICA-CA / ISLA DEL SOL

Sérénité, toujours un trésor d’histoire, de rituels et recon-naissance pour notre Terre Mère. Offrandes , échange de bons procédés, bonbons et pierres contre bonnes éner-gies et chance .L’aigle des Dieux se présente, danses, chants, feu . Festival de rencontres diverses en ces temps de changement, se pré-lasser en regardant le mouve-

ment de l’eau, vivre d’un presque rien. Suivre le destin plus que la raison, ce qui se présente plus que l’intellect. In-fini.

MACCHU PICCHU / VALLéE DES INCAS

Site sacré, impossible de passer une feuille de papier entre deux pierres, so-lidité et perfection architecturale. Le milieu du nul part de la montagne, de la tranquilité, le milieu d’une cité qui n’a rien à envier aux sociétés les plus avancées spirituellement comme socia-lement, équité, lieu d’informations et de savoir, presque étranger. Le Serpent, Kundalini, les Andes, centre énergé-tique tellurique.

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PISAQ / UTOPIE

Ville où se cotoient villageois et voya-geurs égarés en quête d’un monde meil-leur, d’un avenir positif, d’un monde nouveau. Lieu où l’être s’exprime, mu-sique, cuisine, encens naturels de bois. Le marché artisanal coloré, les champs de maïs à perte de vue. Les rencontres étranges, les fous . Temple du soleil, le coeur résonne dans toute la vallée.

AYACUCHO / CARNAVAL

Défilés d’hommes et de femmes de dif-férentes régions du pays, moment de fête où se mêlent personnes de tous âges, quatre jours à célébrer la diversité, costumes, chants, danses traditionnels. Joie. Perplexité des habitants, non habi-

tués aux «gringas». Danger, sang chaud, sur ses gardes. Une étincelle peut en en-gendrer une autre. Célébration schizo-phrène.

PUCALLPA / AMAzONIE

Voyage qui s’achève avec la plus grande des découvertes...soi-même. Plantes médicinales, apprentissage de la méde-cine des indiens shipibo conibo. Rien n’arrête un peuple qui veut apprendre et s’améliorer , aller jusqu’à la justesse dans sa pensée et son action. Processus de la vie, l’amazonie forme , comme une bibliothèque vivante. Les guérisseurs guident, vers ce meilleur du vivant, cette lumière qui subsiste malgré l’ombre. Un grand pas en avant, des bagages en moins. Puis cette chaleur, presque étouf-fante, que l’on ne peut oublier aux pre-

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mières respi-rations pour mieux oublier son existence par la suite. Les kaïmans qui viennent dire bonjour au pe-tit dej, narguer du bas de la ter-rasse. Maison sur pilottis, serpents cu-rieux, instinct de sur-vie. Animations au port, ventes de fruits inconnus, tabac au miel, eaux florales...Toucher du bout des doigts la réalité.

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MOBY : InnOCEnTS (1 OCTOBRE)Pochette angoissante pour le onzième al-bum de Moby. Le chanteur, auteur et pro-ducteur américain retourne à ses musiques ambiantes et oniriques tout en conservant quelques pistes up-tempo pour ne déplaire à aucun fan. Titré «Innocents», ce disque est principalement construit autour de l’être humain et de son désir d’apparte-nance à une communauté. Et pour mettre en pratique sa bâtisse, l’artiste a choisi d’impliquer d’autres personnes dans le

processus de création de l’œuvre : Skylar Grey, Damien Jurado, Cold Specks ou encore Mark Lanegan (ex Queens Of The Stone Age). Une façon de travailler plu-tôt inhabituelle pour le new-yokais qui maîtrise pourtant chaque featuring de son disque. Côté scène, seulement trois dates de concerts à Los Angles viennent d’être annoncées pour l’instant mais une tournée est envisagée...

MILEY CYRUS : BAnGERz (4 OCTOBRE)Changement radical pour celle qui jouait Hannah Montana. Miley Cyrus se tourne aujourd’hui vers un style qu’elle qualifie elle-même de «dirty south hip-hop». Elle arbore un nouveau look pour un nouveau son qui lui va à ravir. Si le ton avait été donné avec l’excellent single We Can’t Stop, celui qui lui succède, Wrecking Ball, est là pour nous faire comprendre que la jeune fille est capable de toutes les prouesses, des plus touchantes aux plus provocantes à

l’image de son clip réalisé par le grand Terry Richardson. Une dualité entre ballades profondes et chansons plus légères, tel est le savant mélange que propose Bangerz, un cinquième album qui marquera à jamais la carrière de son interprète. Et à tous les moralisateurs qui n’aiment pas l’entertainment ou qui s’amusent à critiquer sa nouvelle notoriété, Miley a prévu de tirer généreusement la langue !

PAR DInE DElCROIX ET JulIAn EVIl

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HOLY GHOST! : DYnAMICS(7 OCTOBRE 2013) Qui se souvient d’Automato ? En 2004, un groupe new yorkais de hip hop blanc s’impro-visait parmi les meilleurs espoirs de l’année. Diz ans après, et une grosse gueule de bois plus tard, deux de ses membres ont monté un nouveau groupe et tentent une nouvelle percée. Une louche de LCD Soundsystem pour le déhancher. Une pincée de Empire of the Sun pour les chœurs. Une cuillère à café de Cut Copy pour les influences 80’s. Shake.

Avec un tel cocktail, il est aisé d’atteindre l’ivresse. Ca tombe bien. Terminer votre verre. Rejoignez la piste de danse. Lâchez vous ! Holy Ghost vous y invite avec ce Dy-namics qui démange rapidement les jambes. S’il faut avouer qu’il y a peu de génie à travers ses onze morceaux taillés pour le dance floor, le deuxième album du duo new yorkais, petits protégés de James Murphy, s’inscrit parfaitement dans l’air du temps et fait preuve d’une efficacité redoutable. Le genre de groupe qui peut totalement convaincre sur scène même si le disque laisse un arrière goût un peu trop prononcé de « déjà entendu ». J.E.

KATY PERRY : PRISM (21 OCTOBRE)Katy Perry est de retour même si elle n’était pas vraiment partie. Pour son nouvel album intitulé Prism, la reine du single (son précé-dent album en compte 9) a trouvé sa source d’inspiration dans la dance suédoise d’ar-tistes tel que Robyn. Ses désirs ont justement été exaucés par le producteur suédois Max Martin. Pour pour ne pas changer une équipe qui gagne, la belle a également refait appel à Dr. Luke, Cirkut, Greg Wells, Benny Blanco et StarGate. Pour la nouveauté, elle est allée taper à la porte de Klas Ahlund, Sia Furler,

Bloodshy et Greg Kurstin. De toutes ces pattes résulte une galette musicalement équi-librée et nécessairement riche en tubes. Le lead single, Roar, est bientôt remplacé unconditionally, qui serait la chanson préférée de la demoiselle.

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CHRONIQUES CD

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JAMES BLUNT : MOOn lAnDInG (21 OCTOBRE)Moon landing marque le retour inattendu de James Blunt après trois années d’absence. Le chanteur anglais s’est entouré du Ryan Tedder des OneRepublic et de Tom Rothrock qui avait déjà collaboré sur ses deux premiers albums. Qui dit James Blunt dit forcément mélodies mélancoliques et c’est avec la même sensibi-lité que la voix du chanteur embrasse chaque instrument mais, cette fois-ci, on retrouve une douce énergie qu’on ne lui connaissait pas, à commencer par Bonfire Heart, le lead single de

ce quatrième album. L’artiste semble renouer avec une certaine écriture plus person-nelle et moins centrée sur le monde qui l’entoure. «C’est l’album que j’aurais enregis-tré si Back To Bedlam n’avait pas fonctionné», indique l’artiste. Une tournée débutera l’année prochaine incluant six dates en France et passera par le Zénith de Paris le 25 Mars 2014.

MICKY GREEN : DADDY I DOn’T WAnT TO GET MARRIED (21 OCTOBRE)Souvenez-vous : Micky Green, c’est la jolie blonde qui chantait Oh ! sous la tutelle de Re-naud Letang en 2007 et qui a régalé son public de deux somptueux albums. Réalisé par Tahiti Boy et Para One et entièrement composé sur le piano de la chanteuse australienne, ce troi-sième opus est béni d’une folk sophistiquée et enthousiaste qui jouit d’une touche electro résolument moderne. Des claviers vintage, des cuivres sensuels et un sens irrésistible de l’in-

terprétation font de Daddy I Don’t Want To Get Married le meilleur album de Micky Green. On regrette toutefois l’absence du titre Bus Stop qui était pourtant disponible sur l’EP In Between, paru en Juin dernier.

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ICONA POP : THIS IS... ICOnA POP (23 SEPTEMBRE)Déjà le deuxième album mais le premier à l’échelle internationale pour le duo sué-dois eletro pop formé par Caroline Hjelt et Aino Jawo. Après avoir fait trembler tous les dancefloors avec le tube I love It et proposé les singles Girlfriend ainsi que All night long, les deux demoiselles s’invitent dans les bacs avec This Is... Icona Pop, un album diable-ment efficace dans la lignée des titres déjà dévoilés et qui mélange des pistes inédites à quelques ‘anciens’ tubes comme I love It et

Ready For The Weekend. Une tournée européenne sera effective à l’automne et passera par la France pour une date exceptionnelle au Nouveau Casino le 10 Octobre 2013

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NUMéRO #7 SORTIE

LE 5 NOVEMBRE BOUCLAGE

1ER NO-VEMBRE

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