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Nº199àMARS-AVRIL 2010à4,20 E Dossier Fonds propres des PME Ouvrir son capital, une nécessité pour grandir ? www.bretagne-economique.com à 14 Focus Le home staging : un marché très jeune avec des professionnels qui s‘organisent à 35 Enquête Télétravail : une tendance se dessine dans les PME à 31 Région Eco-construisons.org Pour construire autrement en Bretagne

BE 199 part1 - 180310 - Bretagne Economique · 2017. 2. 15. · a mis en place, en novembre dernier, le contrat de développement participatif pour aider les PME et les entreprises

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Nº199àM

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AVRIL

2010à

4,20 E

DossierFonds propres des PME Ouvrir son capital, une nécessité pour grandir ?

www.bretagne-economique.com

à 14 FocusLe home staging : un marché très jeuneavec des professionnels qui s‘organisent

à 35 EnquêteTélétravail : une tendance se dessine dans les PME

à 31 RégionEco-construisons.org Pour construire autrement en Bretagne

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C ’est un mal français bienconnu, les “petites”entreprises ont du mal

à devenir grandes. L’accès auxfonds propres se pose de façonrécurrente pour les PME et lafaiblesse de cette ressourceobère leur capacité de dévelop-

pement, notamment dans la démarche d’innovation etd’internationalisation. Les PME dépendent encoretrop souvent de crédits bancaires court terme, plus coûteux, qui fragilisent leur cycle d’exploitation,notamment en période de difficultés économiques.

Pour y remédier et amortir les effets de la crise, l’Etata mis en place, en novembre dernier, le contrat dedéveloppement participatif pour aider les PME et lesentreprises de tailles intermédiaires (ETI) à renforcerleurs fonds propres sans ouverture de capital. Cesaides nouvelles, d’un montant de 2 milliards d’euros,sont gérées pour moitié par le Fonds stratégique d’investissement, sous forme d’obligations convertibles,et pour l’autre par Oséo sous forme de prêts participatifs. Ils interviennent en partenariat pour desprojets de développement, y compris de croissanceexterne. Selon les responsables d’Oséo en région,50 millions d’euros de prêts participatifs pourraient êtreinvestis dans les PME bretonnes.

Si plus de 90 % de leur financement sont assurés pardes concours bancaires, les chefs d’entreprise sontaujourd’hui de plus en plus nombreux à être séduitspar des modèles de financement plus récents commeles Business angels ou les capital-risqueurs. EnBretagne, un certain nombre de PME trouvent unaccompagnement financier mais aussi humain auprèsde réseaux d’entreprises dont certains, à l’imaged’Entreprendre Bretagne, mobilisent l’épargne de leursadhérents.

Les PME représentent 60 % des emplois de l’économie hexagonale. Il est essentiel que les pouvoirs publics et les opérateurs privés concernéss’organisent pour faciliter, dans les meilleures conditions, l’accès des entreprises aux financementsnécessaires à leur développement. C’est tout l’objetdu dossier de ce nouveau numéro de BretagneEconomique que je vous invite à découvrir.

Jean-François LE TALLECPrésident de la CRCI Bretagne

3BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°199 • MARS-AVRIL 2010

sommaireédito

ACTUALITÉS

A L’AFFICHE ......................................................................................................................................................................................... 5FOCUS : Le home staging, un marché très jeune

avec des professionnels qui s’organisent ............................. 14

RÉGIONEco-construisons.org met en valeur les entreprises qui engagent leurs compétences dans le défi du bâtiment durable .................................................................................................................................................... 31Témoignages d’entreprises .......................................................................................................................... 32

ENTREPRISES

Cobi Engineering (22), maître d’œuvre en bâtiments ................... 16Savel (29), leader de la petite volaille ...................................................................................... 18Vitalitec International (35), leader de clips hémostatiques en titane ................................................................................ 19Façon Luxe (35), sous-traitant pour le secteur du luxe .................. 21

DOSSIER

Fonds propres des PME ...................................................................................................................................... 22Témoignages d’entreprises : Aserti Group, BTCI, Construction Dorso,Coriolis Composites, Enag, Hemarina, Kerlink, Kiclos, Krampouz, Meti, Microsteel, Saooti, SIM

PRATIQUES

ENQUÊTE : Télétravail : une tendance se dessine… ................................ 35JURIDIQUE : Le renforcement des fonds propres au moyen d’une offre au public ......................................................................................................... 38

EDITION “BRETAGNE ECONOMIQUE”CRCI : 1, RUE DU GÉNÉRAL GUILLAUDOTCS 14422 • 35044 RENNES CEDEXe-mail : breteco@orange. fr

Directeur de la publication :JEAN-FRANÇOIS LE TALLEC

Directeur délégué :RÉMI BILGER

Comité de rédaction :JACQUES FEUNTEUNA – YOUENN LE BOULC’HVANESSA ERMEL – MARIO PIROMALLIRONAN PERENNOU – PATRICK SOLOFRANÇOIS CLÉMENT

Responsable Publication :VÉRONIQUE MAIGNANT : 02 99 25 41 39

Assistante rédaction et développement :ANNIE RENAULT : 02 99 25 41 37

Ont collaboré à ce numéro :C. CHERON – A. LETESTU – V. MAIGNANTS. MARSHALL – Y. POUCHARD – V. ROLLAND

Publicité : 02 99 25 41 36

Couverture : FOTOLIA

Maquette de couverture : HOKUS POKUS

Création, maquette & photogravure : ODÉBI

Impression : CALLIGRAPHY PRINT À CHÂTEAUBOURG (35)

Dépôt légal : MARS 2010ISSN : 0153-6028 Mensuel

Abonnez-vous en page 39 de ce numéro

WWW.BRETAGNE-ECONOMIQUE.COM

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Après 2006 et 2008, la CCI de Quimper Cornouaille etles entreprises de Cornouaille renouvellent leur participationà la Transat AG2R La Mondiale qui aura lieu à Concarneaudu 10 au 18 avril prochain. Pour cette 10ème édition, la CCI renforce son engagement financier et technique avec lamise à disposition des espaces pour le village de course,

mise en place de pontons, etc. La thématique “Entreprendre en Cornouaille” retenue pour cette édition traduit aussi cette implication. Elle est l’occasion de porter un coup de projecteur sur la richesse et la diversité de l’économie cornouaillaise.

Pour rendre cette fête exceptionnelle, la CCI prévoit : conférences,concerts sur le village et au cœur de la ville, dégustations de produits de la mer, visites du port… Sans oublier une offre spéciale de séjours pour vivre au plus près de cet événement et à découvrir sur :www.mon-escale-en-finistere-sud.com

Le 20 mai prochain se tiendra au Palais des Congrès de Lorient, A l’aise Web, le rendez-vous des solutions web pour l’entreprise, à l’initiative de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Morbihan. Ce salon a pour objectif d’améliorer la compétitivité des entreprises morbihannaises en développant l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication(TIC). Des conférences-débats et des ateliers thématiques sensibiliseront les dirigeants d’entreprises du Morbihan à l’économienumérique. Les savoir-faire des entreprises impliquées dans ce secteur seront valorisés dans les espaces d’exposition et de démonstration. Faire connaître ses produits et prestations et rencontrer les dirigeants d’entreprises du département dans un environnement dédié aux solutions web : deux bonnes raisons de se rendre à Lorient, le 20 mai prochain. CONTACT : [email protected] - Tél. 02 97 03 40 00

FINISTÈRE

Face aux nouveauxenjeux économiques etenvironnementaux, la crois-sance verte représente,pour toutes les entreprises,

une opportunité unique d’innovation et de développement. Accélérercette mutation, tel est l’objectif de la démarche de réseau menée parle cluster Eco Origin. Véritable plate-forme collaborative au cœurd’une dynamique d’acteurs, Eco Origin s’est notamment fixé pourmission de faire émerger et d’accompagner les projets innovants etde faciliter aux entreprises l’accès à de nouveaux marchés et aux sources de financement adaptées. Les premiers chantiers serontconsacrés à l’éco-construction, aux éco-matériaux et à l’eau. Le lancement d’Eco Origin par ses fondateurs – parmi lesquels la CCIRennes Bretagne, Rennes Métropole, le Conseil général 35, le Conseilrégional et Cap l’Orient – est prévu en avril 2010.CONTACT : B. Feltmann - tél 02 99 33 66 66

La CCI des Côtes d’Armor accueille etaccompagne depuis toujours les créateurs etrepreneurs d’entreprises. Mais il y a 10 ans, sonservice s’est structuré sous la marque nationaledes CCI, “Entreprendre en France”. En 10 ans, cesont plus de 12 000 personnes qui sont passéespar EEF Côtes d’Armor !Aussi, pour fêter dignement l’événement, la CCI aorganisé une soirée le 25 mars dernier, avec les partenaires qui accompagnent Entreprendre en France depuis le début de l’aventure, maiségalement avec d’anciens stagiaires qui ont participé dans le passé au stage “5 Jours pourEntreprendre”. Cette soirée était également l’occasion de rappeler que la CCI est la seule struc-ture à proposer une gamme complète de servicesà la création/reprise, quasiment tous gratuits.CONTACT ENTREPRENDRE EN FRANCE :

Sophie Rouault - 02 96 78 62 21

TRANSAT AG2R LA MONDIALE

La CCI et les acteurs économiques se mobilisent

MORBIHAN

ILLE-ET-VILAINEECO ORIGIN

Le cluster des éco-activités

CÔTES D’ARMORCRÉATION/REPRISE

Entreprendre en Francefête ses 10 ans !

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Le réseau des CCI

ECONOMIE NUMÉRIQUE

A l’aise Web !

Photo : CCI Quimper Cornouaille

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■ 10 % à l’export pour Diete sport France(Plescop-56). Créée en 1982 par Daniel de Saint-Ouen, l’entreprise, spécialisée dans la fabrication et lacommercialisation de produits énergétiques et diététi-ques à destination des sportifs d’endurance, affiche unCA 2009 de 7 millions d’euros dont 10 % réalisés à l’ex-port. “Pour des raisons de place et parce que laBretagne est la terre du cyclisme, sport qui constituenotre cœur de cible, nous avons quitté la région pari-sienne en 1991 pour nous installer à Plescop, commenteFrédérique de Saint-Ouen, fille du créateur etaujourd’hui présidente du directoire de Diete sportFrance. Pour consommer nos produits vendus sous lamarque Overstim.s, il n’est pas nécessaire d’être cham-pion. Nos clients ont entre 35 et 50 ans et pratiquent lecyclisme, le marathon, le triathlon, bref un sport d’endu-rance. Nous proposons 20 références produits répartiesen 11 grandes familles : boisson énergétique, gel énergéti-que, barre énergétique, complément alimentaire, crème demassage, pour citer les principales. 90 % de nos produitssont fabriqués sur place et, pour ce faire, nous avons 2 per-sonnes dédiées à la R&D.” L’effectif total de la SA s’élèveaujourd’hui à 30 personnes. Trois commerciaux parcourent laFrance et assurent le suivi des 1 200 points de vente qui dis-tribuent les produits Overstim.s. La Belgique, le Portugal, laSuisse, les Dom Tom mais aussi le Japon disposent aussi

d’un réseau de distribution physique. “En 2010, nous allonspoursuivre le développement de notre site Internet, en parti-culier l’aspect communautaire. Le secteur est en développe-ment mais nous sommes sur un marché de niche trèsconcurrentiel avec, en face de nous, des TPE, des PME maisaussi des groupes agro-alimentaires. Les réticences persis-tent dans certains milieux. Pourtant, nos produits n’ont rien àvoir avec des produits dopants. Ils permettent seulementd’optimiser les capacités de chacun et faciliter la récupéra-tion après un gros effort,” conclut la PDG.Contact : 02 97 63 82 61

■ Ambition consulting (35) aideles entreprises à optimiser leursperformances. “Silvestre, Saha,Faie et Landreau, je les ai accompa-gnés tous les quatre dans leur prépa-ration lors de la dernière coupe dumonde de football en Allemagne. Leurproblématique majeure est la régula-rité. A ce très haut niveau, commentrépéter la bonne performance ? Maméthode consiste à travailler avec euxleurs point forts, à partir de la vidéomais plus encore en conversant aveceux pour apprendre à les connaître.De là, ce qui m’intéresse c’est la miseen sens, pour les amener là où ils veulent arriver, détaille GillesSero, lui-même ancien joueur de football reconverti dans lecoaching pour sportifs de haut niveau et depuis peu pour lemonde de l’entreprise. Le pouvoir du mental dans la régularitédes résultats, dans la gestion du stress et de la pression, ledéveloppement d’une compétence collective sont autant demodules de formation que propose ce consultant aux mana-gers et commerciaux, en s’appuyant sur les mêmes techniquesque celles utilisées pour les sportifs de haut niveau. “Les for-mations sont collectives ou individuelles, souvent sur mesure,et elles concernent tout ce qui touche au concept de la prépa-ration mentale. Un partenariat avec le Stade Rennais me per-met, si le client le souhaite, d’y organiser mes formations. Leparallèle avec le sport de haut niveau y est encore plus fort.”Contact : 06 10 58 67 75

■ Avec le lancement de sa nouvelle gamme “LaPresqu’île”, les Laboratoires d’Armor (Pleubian-22)tablent sur un objectif de croissance de 30 %. Créés ily a plus de 20 ans et repris en avril 2009 par Eric Bordron etFrançois Loubignac, les Laboratoires d’Armor amorcent unenouvelle phase de développement. “Depuis un an, expliqueFrançois Loubignac, aujourd’hui directeur général, nous nousappuyons sur les fondamentaux de la marque Algologie, mar-que de cosmétique professionnelle distribuée uniquement

auprès des instituts de beauté et spas, pour lancerune nouvelle gamme de cosmétiques naturels tournés vers le grand public : “La Presqu’île”.Composée de 35 produits, pour l’essentiel dessoins du visage, au prix moyen de 30 euros, nous

avons commencé la distributiondébut 2010, en nous appuyantexclusivement sur un réseau devendeurs à domicile indépen-dants (VDI). Nous envisageons d’en recruter200 sur l’ensemble de la France.Aujourd’hui, déjà 20 VDI s’atta-chent à développer la marque enBretagne et les retours sont positifs.” En 2009 (exercice closau 30.09.09), le CA desLaboratoires d’Armor a atteint 2,5millions d’euros, “en repli de 10 %dû au contexte de crise”. L’effectifest de 20 personnes, 1/3 en R&D,1/3 en production et 1/3 au com-mercial. L’international représente75 % de l’activité d’où la volonté

des nouveaux dirigeants de relancer le marché national avecun ancrage régional fort et une marque à forte connotationmarine. “Notre implantation sur la zone protégée de lapresqu’île de Pleubian est une force. Elle nous donne accèsaux ressources locales. Nous voulons être le porte-drapeau dela Bretagne et nous organisons ce mois-ci chez nous une réunion où pas moins de 25 pays seront représentés. Noussommes implantés en Australie, Canada, Afrique du Sud,Russie, Europe et Ukraine. Nous continuons à ouvrir d’autrespays comme la Chine et la Roumanie et notre objectif de croissance pour 2010 est de 30 %.”Contact : 02 96 16 59 30

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DEVELOPPEMENT-STRATEGIE DEVELOPPEMENT-STRATEGIE

■ Alain Ducasse sélectionne la Villa Tri Men à Combrit (29) parmi530 établissements de charme. Propriété de Jacques Verlingue, la VillaTri Men a ouvert ses portes en 2003. Avec 20 chambres, une capacité de 30à 50 couverts et une salle de séminaire, cet établissement bigouden adhère àla chaîne Châteaux et Hôtels Collection, présidée par Alain Ducasse. Celui-civient de le sélectionner comme l’un de ses 10 coups de cœur dans le coffretcadeau qu’il édite pour son dixième anniversaire à la tête de cette chaîne.“Nous sommes très fiers de cette distinction, la seule pour l’Ouest. C’est enquelque sorte une reconnaissance pour toute la Bretagne en matière d’accueilet de capacité touristique dans l’hôtellerie de charme et de prestige, com-mente Thierry Acquitter, directeur de la Villa Tri-Men. 20 % de notre clientèleest étrangère et, pour le reste, les Finistériens en constituent l’essentiel, suivisde près par les Parisiens. Certains clients reviennent depuis 7 ans car c’est un

site très privilégié etils en ont fait leur lieude résidence secon-daire.” Le CA conso-lidé de la SARL lesFlots Bleus qui repré-sente deux établissements, la Villa Tri Men et l’hôtel du Bac à Sainte-Marine (acquis en 2008), s’est élevé en 2009 à 1,8 million d’eurospour 23 salariés, 30 équivalents plein temps en haute saison.

Contact : 02 98 51 94 94

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Gilles Sero,dirigeant

d’Ambition consulting

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AGENDA

■ Après Bordeaux en 2009, Epsilon 3D (Cesson-Sévigné-35) va s’implanter en Île-de-France. “Nousétions trois à l’origine de l’entreprise en 2005 et, cette année,avec 2 recrutements en cours, nous allons passer à onze. LeCA 2009 consolidé s’est élevé à 700 000 euros, en croissancede 8 %, nous visons le million d’euros à la fin 2010,” détailleJean-Charles Bigot, à la tête de la SARL. Agence conseil enimages de synthèse et multimédia (films d’animation 3D, illus-trations, perspectives intérieures, plans illustrés…), Epsilon 3Ds’est d’abord positionnée sur le marché de la promotionimmobilière. S’il représente encore 70 % du CA, le dirigeant afait le choix depuis 2 ans de s’ouvrir à d’autres secteurs, agro-alimentaire et industrie notamment, auxquels il propose desfilms d’animation, du contenu vidéo sur Internet ainsi que lacréation de mini-sites en partenariat avec des prestatairesrégionaux. “Malgré la crise, nous avons conservé notre renta-bilité et ce grâce à une augmentation significative de notreproductivité, de l’ordre de 25 à 30 %. J’ai la même équipe

depuis 5 ans et l’effet d’expérience dans le métier de serviceque j’exerce est primordial. Je vends du temps et de la matièregrise, pas de la technicité. La gestion des logiciels via une for-mation permanente de l’ensemble des collaborateursconcourt également à cette productivité. A prestation égale ettemps équivalent, je vends aujourd’hui un film d’animationentre 5 et 6 000 euros quand je vendais une image fixe auxenvirons de 4 000 euros il y a 10 ans. Ce positionnement prixme permet, aujourd’hui, d’avoir des clients comme Bouyguesou Nexity dans l’immobilier, Chantiers Piriou dans l’industrie,Nestlé et Findus dans l’agro-alimentaire.” 60 % de la clientèled’Epsilon 3D est basée dans l’Ouest de la France, 30 % dansle Sud-Ouest avec une agence commerciale à Bordeaux et10 % en Île-de-France où une agence verra le jour en 2011.Contact : 02 99 83 31 46

■ “Comment définir la signalétique ?” Alain Jégat, dirigeant de Sigma (Ergué-Gabéric-29), entreprise de 25salariés spécialisée dans la conception-fabrication de pan-neaux d’information, qu’il a reprise en juin 2009, explique :“sous l’impulsion des lois et de l’évolution des mentalités, lasignalétique “multisensorielle” vient aujourd’hui en complémentde la signalétique classique.” Créneau sur lequel Sigma seplace : “Via le braille, on va passer en tactile et pousser vers lesonore. Du côté du visuel, la tendance est à renforcer lescontrastes.” Public visé : les personnes à handicap. “Nous nesommes plus des vendeurs de panneaux mais des “trouveurs”de solutions pour nos clients.” D’où un bureau d’études intégréde 4 graphistes “avec, cette dernière année, essentiellementdes investissements en méthode-sérigraphie.” Si l’entreprise,qui réalise 2,15 millions d’euros de CA, répond majoritairementà des commandes publiques, – “avec la suppression de la TP,les collectivités ont un peu ralenti leurs investissements : çarevient doucement” –, Sigma est en train de s’atteler à un projet privé en GMS : “je travaille à un essai de signalétiquedans un supermarché… L’idée étant ensuite de dupliquer etrépéter l’essai dans les autres enseignes du réseau.”Contact : 02 98 59 68 69

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■ Galettes de Saint-Malo vise le Grand-Ouest. “J’ai toujours connu ma mère en trainde faire des galettes. Elle a commencé sonactivité en 1979, à la maison. Nous étions 4 enfants et le week-end et mercredi, nousl’aidions, c’était notre façon d’être ensemble”,explique Katia Egler, aujourd’hui présidentede la SAS Galettes de Saint-Malo qu’elle areprise, avec son frère et sa sœur, en avril2009. Aujourd’hui, l’entreprise familiale réalise25 000 galettes et crêpes par jour, “quand iln’y a pas d’opération spéciale” et un CA de1,5 million d’euros. L’effectif atteint 17 personnes, y compris les 3 associés. “Jem’occupe de la gestion et du commercial, mon frère est auxcommandes de la production et ma sœur de l’emballage.Nous avons été élevés dans un véritable esprit de partage”.Depuis 1998, le laboratoire (300 m2) de l’entreprise a démé-nagé à l’Actipôle de Miniac-Morvan à quelques kilomètres deSaint-Malo. Deux magasins de vente et dégustation de crêpeset galettes situés à Saint-Servan et au centre commercial dela Madeleine à Saint-Malo participent à hauteur de 30 % au CA. Le reste, soit l’essentiel, est réalisé auprès de la grande distribution, Carrefour, Leclerc, Monoprix, Super U, Marché plus… “Nos galettes ne contiennent que de l’eau, dela farine de blé noir et du sel, aucun additif ni conservateur.

Nous travaillons depuis des années avec les mêmes meunierspour avoir l’assurance d’une bonne qualité de farine. Nousavons 3 lignes de fabrication qui s’arrêtent vers 23 heures lesoir pour effectuer les livraisons quotidiennes dès le lendemain sur Saint-Malo et Rennes. Nous allons poursuivre notre développement à l’échelon régional, vers la Normandie et lesPays de la Loire, et réaliser de façon plus régulière des opérations en grandes surfaces. Une autre étape sera de trouver des opportunités sur le marché parisien et pourquoipas y ouvrir un commerce, nous y pensons très sérieusement”,conclut la jeune femme.Contact : 02 99 58 09 09

DEVELOPPEMENT-STRATEGIE

■ Les rencontres du designle 2 avril au Palais des congrès de Lorientwww.rencontresdudesign.com

■ Salon des comités d’entreprise et collectivités de Rennesles 7 et 8 avrilParc des expositions Rennes Aéroportwww.salonsce.com

■ Salon biennal du nautisme des Côtes d’Armorles 24 et 25 avrilSaint-Brieuc parc expowww.bretagne-megacite.com

■ Salon du livre maritimefestival livre et mer du 29 avril au 2 maiCentre des Arts à Concarneauwww.livremer.fr

■ Salon des collectivités territoriales les 4 et 5 maiParc des expo de Rennes aéroportwww.france-expo.fr

■ Challenge des métiers de l’agro-alimentaire et de l’emballage du 7 au 9 maiCité de la voile à Lorientwww.sportcomsea.com

■ Start-West les 19 et 20 mai(rencontres du capital et de

l’innovation entreprises innovantes,porteurs de projets)Cité internationale des congrès Nantes métropolewww.start-west.com

■ Etonnants voyageurs(festival international du livre et du film) du 22 au 24 maiPalais du Grand Large à St Malowww.etonnants-voyageurs.com

■ Salon Terralies(salon de l’agriculture en Côtes d’Armor) du 28 au 30 maiParc de Brezillet à St Brieucwww.terralies.com

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Katia Egler a repris l’entreprise familiale en avril 2009 avec son frère et sa sœur

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■ IMS (Ille-et-Vilaine Mayenne Sanitherm-Chateaubourg- 35) : 4,8 millions d’euros d’investissement dans unnouveau siège social situé au sein d’un pôle artisanalqui couvrira 15 ha en bordure de la quatre-voiesParis/Rennes. Fondée en 1985, IMS est une coopérative

d’achat composée d’artisans spécialisés dans le chauffage,l’électricité, la plomberie et le sanitaire. Dirigée depuis 2005par Pierre Lelièvre, elle emploie 44 salariés, regroupe 185adhérents et couvre 3 départements (22-35-53). En2008/2009, son CA a atteint 14,8 millions d’euros. “Nousallons réaliser entre 15 et 16 millions pour l’exercice clos au31 mars 2010 avec une hausse de 2 %, après avoir réalisé+ 18 % lors du précédent, détaille le DG. Comme tout lemonde, nos adhérents souffrent de la baisse importante dansle neuf. Malgré cette conjoncture, notre outil de travail n’estplus adapté au CA. C’est pourquoi, dès septembre prochain,nous allons emménager sur l’Artipôle situé à Saint-Didier.Soutenu par Vitré Communauté, ce projet de pôle artisanaldédié à l’habitat a vu le jour en partenariat avec MBR 35, uneautre coopérative spécialisée dans le secteur du bois, de lacharpente et de la couverture. Entre le siège social, l’entre-pôt de stockage et le nouveau show room, IMS occupera7 000 m2. On est aujourd’hui à 60 % de construction.” Avecla crise, le mode coopératif prend de l’importance. Outre l’offre commerciale et économique avec un grand nombre deproduits et références en stock, la coopérative accompagnetechniquement les artisans et leur offre une palette de services, parmi lesquels la formation, le SAV des installationsen énergie renouvelable (pompes à chaleur, biomasse, photovoltaïque), la livraison 2 fois par semaine des matériauxcommandés, la mise à disposition de thermiciens etc. Desrecrutements sont d’ores et déjà envisagés.Contact : 02 99 00 92 20

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■ Atlantem (56) lance une nouvelle gamme de menuise-rie aluminium et poursuit la modernisation de deux deses unités de production. Avec des sites à Fougères, Saint-Brieuc, Carentoir, Languidic... Atlantem (Groupe VM Matériaux-négoce de matériaux et béton) emploie rien moins que 600 per-sonnes en Bretagne, dont 230 sur son siège basé à Noyal-Pontivy. Directeur général en charge des 15 sites répartis dansl’hexagone, Bruno Cadudal récapitule : “nous avons 3 activités :la menuiserie extérieure (bois, PVC, aluminium), les fermetures(volets roulants, portes de garages…), activité nouvelle où nousavons tenu nos objectifs, et la charpente bois.” En lien directavec le marché (maison individuelle et constructions neuves),ce dernier métier a connu l’an passé une baisse de l’ordre de 20 %. “Mais côté menuiserie, nous avons tiré notre épingle du jeu,70 % de l’activité étant elle-même tirée par la rénovation qui a bien tenu.” De quoi annoncer 120 millions d’euros de résultats(bruts) sur cette seule activité. Disposant de ses propres équipes de développement (près de 6 personnes), Atlantem lance sanouvelle gamme de menuiserie alu (1er marché : artisans menuisiers) et met une enveloppe de 2 millions d’euros dans la moder-nisation de lignes de production PVC au bénéfice des sites de Pontivy et Fougères. Dans le même temps, l’entreprise recrutecommerciaux et opérateurs de fabrication.Contact : 02 97 25 95 60

■ GH Aménagement table sur 430 000 euros de CAcontre 396 000 euros en 2009. Basée à Guilliers (56), cetteentreprise de 8 personnes vient d’investir 130 000 euros dansson outil de travail, soit 110 m2 dévolus à l’exposition de sonsavoir-faire, en complément d’un atelier de fabrication et desbureaux. “Nous sommes avant tout des artisans-fabricants-ébénistes” rappelle Françoise Groseil. “Comment se différen-cier en face des grands groupes et autres marques ? Parl’écoute, le sur mesure et la capacité à se distinguer dans tousles styles, du chêne classique au laqué. Dans ce sens, nous

suivons de très près les tendances via nos fournisseurs et ennous rendant sur les salons.” Avec une zone de chalandise de100 km à la ronde, l’entreprise voit arriver une clientèle deRennes, Vannes et de Ploërmel. Et la dirigeante de soulignerque GH Aménagement n’a aucun souci de recrutement dansson secteur “avec des apprentis dotés d’un CAP agenceurqu’ils obtiennent à Vannes, et que l’on garde.”Contact : 02 97 22 82 07

■ Adexium (Lamballe) vise 700 000 euros de CA en2010. Avec un dernier CA de 580 000 euros (+ 34 %),Adexium surfe sur un exercice qualifié “d’excellent” par PascalJanssen. Créé en 2004 pour reprendre le fonds de commercede Téléphone Permanence Service puis celui d’ATB en mars2006, Adexium prend en charge tout client qui appelle et sou-haite devenir la “voix” des entreprises. “La PME bien souventne sait pas traiter ce genre de demandes et l’appelant laisse envain un message. Notre métier est de récupérer les appels, deles tracer, de répondre aux questions,” explique le dirigeant.Après la mise en place de son activité 24h/24 et 7j/7 “en vuede répondre aux besoins des différentes professions pour lecompte desquelles nous intervenons, médical et paramédical,entreprises et services, soit quelque 500 clients”, la société (21 personnes) est déjà attelée à son nouveau projet : l’ouver-ture en août prochain à Lamballe d’un nouveau siège, 600 m2

(dont 300 dévolus à un centre d’affaires), 900 000 euros d’investissements.Contact : 02 96 50 81 00

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Le nouveau siège social d’IMS occupera 7 000 m2

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■ La Française des Plastiques investit 500 000 eurosdans de nouvelles machines de production : “des presses àinjecter de grosses capacités, précise Philippe Cha, Dg decette PME de 160 salariés, située à Vitré-35 (Groupe de TPPigeon). Nous allons ainsi nous positionner sur des piècesvolumineuses que nos clients n’auront plus à faire venir duMaroc ou de Chine et nous disposerons d’un argument enforme de gain d’acheminement !” Avec 26 millions d’euros deCA pour 2009 (résultat net en hausse car moins impacté parle prix d’achat de la matière première), La Française desPlastiques se positionne sur deux activités : “l’extrusion, pour

sacs techniques et films alimentaires et l’injection, pour piècesrigides.” De fait, boitiers pour la marque JPG, pièces plasti-ques pour traitement des eaux usées, boitiers CD, canulespour le Laboratoire de la Mer à Saint-Malo, implants dentai-res… “on intervient tous azimuts. 2010 est déjà bien chargéeen projets. Je ne sais pas comment va se situer la reprise,notamment du côté des machines agricoles, mais on repartsur la base de 70 % de notre activité de 2008.” Dans le mêmetemps, la PME se dote d’un nouveau chef de projet qui vientétoffer son bureau d’études et méthode (7 salariés). “On resteréactifs avec beaucoup de dépôts de brevets et d’innovations.Et parfois ce sont nos clients que l’on encourage à déposeravec garantie de production pour nous.”Contact : 02 99 49 00 70

■ Chanvre : la SI2C mise sur le réseau et l’applicationmécanique. Depuis La Mézière (35), cette entreprise de 5salariés est spécialisée dans la mise en oeuvre de construc-tions en chanvre. “Les gens pensent fibres alors que pournous c’est un matériau de substitution à la laine de verre

par exemple. Nous travaillons davantage la paille de chanvre – imaginez des copeaux – dont le granulat est aujourd’huilabellisé”, explique Gérard Lenain, dirigeant et trésorier deConstruire en Chanvre, association nationale qui défend toutela filière (près de 100 adhérents). “On dispose ainsi d’un“béton” léger appliqué sur ossature, via une technique de rem-plissage. Nous avons adapté une machine pour une applica-tion mécanique.” Parfaitement rôdée, la SI2C a construit ainsiune douzaine de maisons en 2009 (459 000 euros de CA) et“fait beaucoup d’assistance aux entreprises”, en Francecomme en Espagne. “Cette activité de projection, c’est vrai-ment notre spécificité. C’est une technique encore récente.Nous aidons les charpentiers et les architectes à se familiari-ser.” Cette année, la SI2C entend embaucher pour constituerdeux nouvelles équipes, soit 5 à 6 personnes.Contact : 02 99 69 24 82

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AMÉLIORERLES COMPÉTENCES ?

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■ Arc Bretagne Atlantique (Aba), pour développer unesprit Silicon Valley. A l’initiative du Pôle Images et Réseaux,Aba se veut un programme d’appui aux TPE et PME bretonnesen vue d’accélérer leurs innovations, principalement dans lesactivités média-mobiles. Mené conjointement par FranceTélécom-Orange et Alcatel-Lucent, ce dispositif bénéficied’une enveloppe d’un million d’euros (500 000 euros/groupe)pour la 1ère année, reconductible en fonction des résultats.Soutenu par la Région, il offre aux entreprises locales innovan-tes et laboratoires de recherche un accès privilégié aux res-sources et infrastructures existantes dans les sites régionauxdes deux groupes. Les PME pourront ainsi accéder auxmoyens humains (coaching, formation), technologiques (maté-riels et logiciels), commerciaux ou financiers pour le dévelop-pement, la mise au point et le lancement sur le marché de leurssolutions. Pour mener à bien ce programme, France Télécomet Alcatel-Lucent ont nommé deux co-directeurs : VincentMarcatté et Gérard Le Bihan, respectivement président etadministrateur du pôle Images et Réseaux. “Si, par exemple,une PME a besoin de vérifier son application via une plate-forme télécom, de concevoir un cours de formation pour unproduit ou rédiger une documentation technique pour un pro-duit, explique Gérard Le Bihan, nous les accueillons dans l’undes 4 sites d’Alcatel-Lucent en région. Des compétenceshumaines, comme un learning consultant, ou techniques,comme l’accès à nos blocs logiciels, leur sont d’ores et déjà

proposées. Lannion est spécialisé en traitement signal radio(Radios 3G ou 4G), Rennes en multimédia mobile, Orvault (44)en application mobile et Brest en services aux entreprises.Chaque site a son référent “Aba” à même de diriger toute PMEintéressée par ce programme vers le bon interlocuteur, qu’il soitchez Orange ou chez nous.”Contacts : [email protected]@alcatel-lucent.com

■ Le Foncier économique en Bretagne. Dans un contexteoù les questions de partage et de conflits d’usage des espacessont de plus en plus prégnantes, la CRCI et les CCI deBretagne ont mené une réflexion visant à connaître les capaci-tés d’accueil des entreprises à l’horizon 2020 dans les zonesd’activités d’intérêt régional. L’étude, menée auprès de 162zones, présente les besoins à moyen et long terme des entre-prises et décline les enseignements et propositions du réseaudes CCI pour une politique foncière cohérente. Parmi ces pro-positions, nous retiendrons l’anticipation des besoins afin dedisposer en permanence du foncier nécessaire pour répondrerapidement aux projets d’installation ou d’agrandissementd’entreprises, l’orientation des actions de l’EPFR(Etablissement public foncier régional) vers les besoins del’économie, l’engagement rapide et la mise en œuvre d’unschéma régional des zones d’activités en Bretagne, la mise enplace d’un dispositif d’observation dédié au foncier économi-que et l’émergence d’une gouvernance des zones d’activitésassociant plus étroitement les entreprises.L’étude est téléchargeable sur www.bretagne.cci.fr

RÉGION

Atelier injection

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pour passer à l’acte. “J’ai dû avoir des liens privilégiés avec10 d’entre eux. Je leur ai même proposé des prestationsgratuites pour qu’ils jugent. Ca n’a même pas abouti.”Arnaud Saliou en reste persuadé : les esprits ne sont pasencore mûrs en France. Paradoxal quand on voit commentle marché reste crispé ? “Plutôt que de penser que leHome Staging peut accélérer une vente, les profession-nels restent en effet prisonniers de l’état de tension générépar la crise. Il faut aussi ajouter qu’on voit trop de propo-sitions fantaisistes se développer sur ce “marché” avec despseudo-formations et des diplômes farfelus.”

Home Up à Bruz-35Du marketing immobilierEn route ce jour-là pour rencontrer un agent immobilier de l’ag-glomération rennaise, Sandrine Rol a choisi, au moment decréer son entreprise de Home Staging (Home Up à Bruz-35), lestatut d’entrepreneur salarié, affilié à une Coopérative d’activi-tés et d’emploi : Elan Créateur. Ex-responsable marketing inter-

national au sein d’un grand groupe basé en Bretagne,aujourd’hui recon-vertie, elle entendbien faire de sonpassé professionnelune vraie force – “unprofil comme le mienest intéressant” – aumoment des négo-ciations avec lesprofessionnels :

“Quelle est la cible visée ? Quel est le potentiel du bien ? De quelemplacement bénéficie-t-il ? Comment le relooker en tenantcompte de son environnement et du futur acquéreur ? En fait, onfait du marketing immobilier !” Après une formation auprès demonhomestaging, elle n’en démord pas : “un bon décorateur nefait pas nécessairement un bon Home Stager. C’est un vraimétier, structuré, avec des principes et des règles.” Dans lemême temps, elle sait que 2010 reste l’année des enjeux :“convaincre les professionnels et les vendeurs que le HomeStaging, oui, c’est un investissement mais dont on attend unretour.” D’où une stratégie commerciale en pleine action : travailde veille (notaires, particuliers et professionnels de l’immobilier), mailings, plaquettes… et relances.

SOS Coach Déco à Rosporden (29)Diluer son intervention dans les prestations de l’agence ?Nathalie Druais a la déco dans le sang ! Après des études d’artplastique, la voilà plaquiste et peintre dans le bâtiment, jusqu’àse retrouver à gérer le magasin de la Société de peinture etravalement à Vannes. Janvier 2010 : elle crée SOS Coach Déco29,dont l’une des activités est le Home Staging. “J’ai démarché unetrentaine de professionnels de l’immobilier et c’est vrai que je sensune vraie réticence. Ils me disent qu’il est délicat de dire auxvendeurs : “c’est moche chez vous. Faites appel à un HomeStager !” Mais ça n’est pas ainsi qu’il faut présenter les choses.En fait, si le vendeur se dit qu’il doit encore payer pour valoriserson bien, c’est fichu. C’est pourquoi je dis aux agences deproposer ma prestation au sein… des leurs ! Qu’est-ce que mestarifs représenteront in fine dans des frais d’agence ? Rien ! Etlà, le particulier peut accepter une offre “globale” qui pourramême lui sembler gratuite !”Il est vrai qu’avec des prestations qui se chiffrent de 50 eurosl’avant-projet, à 125 euros la demi-journée pour l’accompagne-ment durant les travaux, en passant par 15 euros/m2 pour lagestion de chantier, pareille intervention ne viendrait pas greverle budget. “Lors d’un premier rendez-vous, je vais prendre lesmesures, des photos et recueillir un maximum d’informationsconcernant le logement. Ensuite, en collaboration avec l’agentimmobilier, je vais déterminer le profil type de l’acheteur poten-tiel. Je vais aussi créer la future décoration en fonction d’éven-tuelles contraintes : si les vendeurs vivent toujours sur place ounon, s’ils souhaitent ou non changer leur mobilier pour leurnouveau logement… Bref ! En fonction du “type” d’acheteurvisé et au regard des conditions de vente du bien immobilier, onne décore pas de la même manière.” Pas de chiffres d’affairespour l’heure mais de l’expertise assurément.

■ Serge Marshall

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Un marché très jeune avec des professionnels qui s’organi-sent. C’est en mai 2009 que cinq sociétés – Monhomestaging,Inside A, TeamArt, Avéo et DB Académie – entament des discus-sions en vue de monter une Fédération des professionnels duHome Staging. La FEPHS voit ainsi le jour en octobre 2009. Cessociétés, de par leur taille ou leur profil, représentent l’essentieldu marché. Entre juillet 2008 et juillet 2009, un bien qui avait béné-ficié d’un relooking se vendait en moyenne en 20 jours contre 127sans cette prestation, selon Avéo. Moyenne annoncée parMonhomestaging : 27 jours. Coût de la prestation ? De 1 à 2 %du prix du bien selon l’étendue du “chantier”.

“Attention au miroir aux alouettes !”

Yasmine Médicis, malouine de naissance et vice-présidente dela FEPHS entend bien “définir le contour exact” de ce que doitêtre une prestation de Home Staging. “Certains parlent de déco-ration pour vendre, d’autres de relooking pour la vente ou encorede valorisation immobilière… Quel que soit le nom qu’on luidonne, c’est tout simplement un ensemble de méthodes etconseils pour vendre vite sa maison ou son appartement et

surtout le vendre au meilleur prix !” défend cette professionnellequi appuie encore : “les biens immobiliers mis en valeur par leHome Staging se vendent en moyenne 5 fois plus rapidement !”. De fait, si ce nouveau métier n’est pas de la décoration étudiéepour les propriétaires actuels du bien, ce n’est pas plus de la réno-vation, ni de l’architecture intérieure : le Home Stager ne casseni murs ni fenêtres et ne fait pas de travaux de plomberie oud’électricité. Dans ce cadre, comment ne pas s’étonner devantces listings de “professionnels” qui pullulent sur certains sites dèslors que l’on tape sur la région Bretagne par exemple ? “En fait,c’est un miroir aux alouettes : on voit beaucoup de femmes de40 ans qui aiment la déco se lancer sur ce marché. Ce n’est pastrès raisonnable, même si je ne doute pas de la bonne foi despersonnes qui pensent certainement leur projet dans une vraiedimension entrepreneuriale. Mais pour l’heure, on est sur unmarché de niche.”

Idespas à Etables-sur-Mer (22)Un marché trop crispé en France150 agents immobiliers et notaires démarchés et, un an plus tard,pas un “chantier” de réalisé ! Et ça n’est pas faute d’avoir investien énergie, de Trébeurden et Saint-Cast le Guildo en rentrant dansles terres. A la tête d’Idespas (Des Idées pour les espaces),Arnaud Saliou n’a pas hésité, dès mars 2009, à investir près de8 000 euros dans un site dédié sur Internet à son activité de HomeStaging et quelque 25 000 euros en communication. Il mûrissaitdepuis deux ans déjà cette reconversion. “Je dirais que 80 % desagents immobiliers que j’ai rencontrés étaient à l’écoute et, parmiceux-ci, 20 % seulement convaincus.” Mais pas encore assez

Métier très récent, à mi-chemin du scénographe et du bon génie (de la maison), la mission du home stager :

relooker les intérieurs pour mieux leur trouver preneurs. Un lourd défi entre des professionnels récalcitrants

et des particuliers réticents.

( LE HOME STAGING OU COMMENT VALORISER SON BIEN IMMOBILIER POUR LA VENTE

Une nouvelle “fée” du logis ?

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Avant/après ou comment “profiler” l’acheteur type

Home staging de bureaux réalisé par Idespas

Sandrine Rol

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De conducteur de travaux avant 1993, Jean-YvesPrimault est devenu le PDG d’une entreprise de 47 salariés. Lesiège situé à la sortie du bourg de Lanvallay, près de Dinan, estle reflet de ses réalisations. Immeubles de bureaux, bâtimentsindustriels et commerciaux sont leurs marchés privilégiés. Des secteurs dans lesquels il faut savoir s’adapter.

Une activité en perpétuel mouvement

“Le 4 avril 1993, Edouard Balladur annonçait le gel des autorisations de grandes surfaces commerciales, se souvientJean-Yves Primault. Cela faisait à peine un mois qu’avec deuxautres associés nous avions acheté notre société, travaillant à80 % pour les surfaces commerciales !” Autant dire que, depuis,l’homme et ses associés se sont rôdés aux soubresauts de leuractivité, essentiellement liés à la législation et ses évolutions…“Nombre de nos projets sont soumis à autorisation et enquêtepublique. Nous mettons 4 à 5 ans à les monter et nous travail-lons donc à long terme. C’est pourquoi nous gérons un porte-feuille de 500 dossiers dans tout l’Hexagone”. De quoi conserverune certaine quiétude face aux écarts de chiffre d’affaires d’uneannée sur l’autre. S’il a fait un bond de 20 % en 2008, l’année2009 s’est achevée avec une baisse de 4 %, soit 8,2 millionsd’euros d’honoraires. Certes, Jean-Yves Primault assure que ces“glissements” sont une situation habituelle pour un bureaud’études, mais il reste attentif au contexte économique. “Pournous, la crise est uniquement bancaire. Les clients ont du malà obtenir leurs prêts ou attendent que les taux baissent. Mais ilsne tirent pas les prix vers le bas pour autant. Cela vient des artisans eux-mêmes qui, depuis septembre, répondent auxappels d’offres en proposant des prix de -15 à -20 % en voyantbaisser leur carnet de commandes.” Selon la presse spécialisée,25 % des bureaux d’études devraient déposer le bilan cette

année. Leur talon d’Achille ? La mono clientèle. Or, CobiEngineering a misé depuis longtemps sur la variété et la mobi-lité, afin de suivre le dynamisme de la grande distribution.L’entreprise réalise 60 % de la part de marché de Système UOuest, mais est également présente à Strasbourg, Lyon ouBordeaux, pour Leclerc, Intermarché, Carrefour et bien d’autres.Il lui arrive même de réaliser des projets atypiques tels que leGrand aquarium de Saint-Malo ou le futur cabaret de Dol-de-Bretagne. “Néanmoins, pour éviter toute mauvaise surprise,nous avons répondu à des concours, bien que ce ne soit pas dansnos habitudes. Nous allons être un peu plus présents dans larégion, avec un carnet de commandes à moins long terme. Il s’agitsimplement d’une mesure de compensation, car si nous nenous intéressions qu’à des projets de court terme, nous serionstotalement fragilisés”.

S’adapter aux réglementations

Ce sont donc les projets de plus de 4 000 m2 qui intéressentd’abord l’entreprise. En grande distribution, la moyenne estd’environ 8 000 m2 par surface commerciale et 40 000 m2 pourles entrepôts. Outre les études d’impact, les commissionsdépartementales d’aménagement commercial et autres obliga-tions réglementaires, de nouvelles normes issues du Grenelle del’environnement sont apparues. “Il y a donc une évolution dansla technique et dans les coûts, indique Jean-Yves Primault.Récupération d’eau de pluie, panneaux solaires… Nous réalisonsle bilan carbone des bâtiments et nous expliquons aux clientsles gains possibles s’ils investissent dans un domaine ou unautre”. Or, s’il n’y a pas de grosses discussions sur les amortissements de moins de 7 ans, au-delà c’est plus difficile.“Pour autant, le Grenelle de l’environnement a ouvert les yeuxsur le métier du bâtiment qui demeure très artisanal, constateJean-Yves Primault. Je pense notamment aux pertes d’énergiesliées à la non-industrialisation des projets. Du côté de la grandedistribution, il s’agit surtout d’économies d’énergie en abandonnant les lampes à incandescence et spots d’animation.On tente également de modifier les habitudes des consomma-teurs en conseillant des portes sur les meubles surgelés. Quandon sait que 45 % de la consommation énergétique de la grandedistribution est liée au froid… Mais si on nous demande parfoisd’aller au-delà des normes, il reste beaucoup à faire”.

■ Véronique Rolland

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COBI ENGINEERING, MAITRE D’ŒUVRE EN BÂTIMENTS INDUSTRIELS ET COMMERCIAUX

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Miser sur la diversité des projetsDepuis son rachat en 1993 par trois salariés

sur les 18 que comptait l’entreprise, Cobi Engineering a su mettre en place un développement maîtrisé.

Les fluctuations du chiffre d’affaires ? Une constante liée à l’activité même, qui permet d’aborder la crise

avec une relative sérénité.

Britanny Palace à Bonnemain - 6 000 m2

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Savel vient d’achever un plan d’investissement de deuxans sur ses trois sites (Savel Industries à Lannilis-Finistère,Robin à Carhaix-Finistère et Siale à La Séguinière-Maine-et-Loire)pour dimensionner ses outils à ses ambitions. Pas question d’enconnaître le montant, c’est la philosophie maison. “Nous vivonsdans la discrétion et ne voulons être jugés que sur la qualité denos productions finales”, explique Jean-Christophe Léon, directeur général délégué au commerce. Chez Savel, les quatreenfants Léon travaillent à la direction auprès de leur père et deleur mère, créateurs de l’entreprise en 1968, avec l’assistanced’un directeur général. Une maîtrise du capital social garanted’une façon personnelle d’envisager le métier… avec succès.“Dans la volaille, il y a deux types d’entreprises : de gros généralistes et des spécialistes. Nous nous situons dans cetteseconde catégorie, avec des marchés de niches et une volontéà l’export.” Savel commercialise 200 produits différents, sous unmillier de références, à partir de coquelets élevés en 32 à 38 jourset de pintades grandissant en 77 à 85 jours. En Bretagne, unecentaine d’éleveurs intégrés assurent l’élevage en amont et enPays-de-Loire, de tradition agricole différente, les achats sefont en vif via des groupements sous cahier des charges strict.Avec ses 245 salariés, Savel entend bien maîtriser son destin.

Vers les 50 % à l’export

Chaque semaine, 520 000 volailles (170 000 coquelets blancs,100 000 coquelets jaunes, 250 000 pintades) sont traitées parSavel mais très peu rencontreront le consommateur sous lamarque maison “P’tit Duc”. Une grande part, en entier, découpeou plats préparés, passera en effet dans la restauration dechaînes ou collectivités, dans le complément de gamme deplus gros opérateurs, en fourniture de minerais pour des indus-triels de l’agroalimentaire, ou sous marques distributeurs enfrais ou congelé. “C’est cette même volonté de diversificationdu risque qui nous a amenés à développer l’export dès 1976,poursuit Jean-Christophe Léon. Le premier marché fut en Suisseet, aujourd’hui, nous travaillons sur 35 pays, de l’Europe commu-nautaire à Hong-Kong en passant par l’Afrique du Sud ou Dubaï,

sur une niche de restaurants de cuisine française installés àl’étranger… tout en fournissant l’Elysée comme la Courd’Angleterre !” Chez Savel, l’export est bien une préoccupationdu quotidien. Les quatre commerciaux qui y sont affectéscourent la planète et les salons. “Si 35 % du chiffre d’affaires de68 millions d’euros sont à l’export et peuvent sembler une belleperformance, notre objectif est d’atteindre les 50 % dans les plusbrefs délais. Et cela dans le plus de pays différents : c’est unegarantie de survie quand une crise sanitaire peut survenir n’importe où, à n’importe quel moment !”

Un produit d’avenir

Pour faire la différence, outre son activité spécifique en petitesvolailles, Savel s’appuie sur un savoir-faire éprouvé et uneconnaissance des attentes du consommateur. “Nous ne sommespas des faiseurs de coups. De la même manière que nousdonnons du temps à nos volailles pour grandir en qualité, noussommes patients avec le client à l’étranger : quand il aura besoinde nous, nous serons là. Pas question de forcer à la vente.Riche en protéines, anti obésité, la volaille de qualité est unproduit d’avenir autant dans les pays en développement que chezles plus avancés.” Savel adapte du coup ses propositions àchaque marché. “Nous sommes habilités halal puisque lademande existe, conclut Jean-Christophe Léon. Nous répondonsaux souhaits en produits faciles d’usage, accessibles et sécurisés… mais cela ne servirait à rien si, au départ, il n’y avaitpas l’exigence de qualité intrinsèque du produit de base que remplissent nos éleveurs et personnels.”

■ Yves Pouchard

“Au tout début de l’aventure, nous avons commencé parl’export, 100 % de notre activité y étaient consacrés. C’était unchoix contractuel car notre partenaire américain nous interdisaitde vendre en France. Aujourd’hui, 65 % de notre CA sont réalisés à l’international à travers 72 pays sur l’ensemble des continents. Je peux vous dire qu’il n’existe pas meilleure façonde diluer le risque !” souligne Jacques Le Bozec, fondateur etactionnaire minoritaire de la SAS Vitalitec International dont lesiège est basé à Domalain (35). L’entreprise est spécialiséedepuis son origine dans la fabrication et la distribution de dispositifs médicaux-chirurgicaux, en particulier ceux liés àl’hémostase mécanique des vaisseaux. “On fabrique des clipshémostatiques en titane destinés à la chirurgie vasculaire etcardio-vasculaire. Nous sommes trois acteurs sur ce marché deniche. Ce n’est pas tant le clip qui fait notre force, car il est tombédans le domaine public depuis fort longtemps, mais son supportque nous avons mis au point et breveté. Il existe en 7 tailles làoù nos concurrents n’en proposent que 4.” La production estsous-traitée en Europe de l’Est, Slovaquie notamment et un peuen Thaïlande. Jacques Le Bozec envisage prochainement defabriquer au Mexique afin de produire sur le sol américain etrésoudre ainsi le problème de parité avec le dollar. “On réalise

6 millions de dollars aux Etats-Unis, cequi n’est rien par rapport au potentiel de ce pays. Quand vousn’êtes pas américain, vous n’avez ledroit à rien et les assurances sonttrès élevées. Il faut avoir une vraie

stratégie et être visible. Mêmesi on y va pour prendre lesmiettes des monstres, le

gâteau est tellement grosque les miettes sont

énormes !”

25 millions de clips par an

Au 31 mars 2010, Vitalitec International a réalisé un CA de 15,2millions d’euros en hausse de 10 % par rapport à l’exerciceprécédent. L’entreprise emploie une soixantaine de personnesdont une quinzaine dans ses deux filiales basées en Belgiqueet aux Etats-Unis (Plymouth). Au siège, à Domalain, la qualité etla réglementation occupent à elles seules 7 personnes. “Enmatière de santé, vous imaginez bien que la sécurité et la qualitésont primordiales ! Les audits chez nos sous-traitants sont extrêmement rigoureux. On fabrique, chaque année, 25 millionsde clips en titane. En France, nous détenons 50 % de parts demarché. Nous faisons également un peu de R&D, 3 personness’y consacrent mais le ticket d’entrée est tellement cher qu’il vautmieux sous-traiter ou procéder à de la croissance externe.”Si l’entreprise ne subit pas la crise car “la chirurgie reste nécessaire”, elle a cependant connu dans les années 2005 quelques difficultés liées à son développement. “A l’époque,poursuit Jacques Le Bozec, je souhaitais lancer une nouvellegamme de produits hémostatiques sur le marché. Autodidacte,n’ayant pas de fortune personnelle, j’ai fait le choix de fairerentrer des investisseurs régionaux dans mon capital.Malheureusement, le produit n’est jamais sorti et j’ai dû faire unLBO. Selon moi, ce dernier est dangereux. Il faut savoir que c’est un endettement qui ne sert à rien car il n’est pas opérationnel et freine le développement de l’entreprise. Lesfonds d’investissements sont nécessaires mais il faut privilégierles fonds minoritaires. Croyez-moi, j’ai énormément appris et enpeu de temps !” Aujourd’hui, Vitalitec est redevenue très profitable et Jacques Le Bozec saura à n’en pas douter tirer profitde cette expérience pour se développer à nouveau …au moment opportun.

■ Véronique Maignant

BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°199 • MARS-AVRIL 2010

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VITALITEC INTERNATIONAL, LEADER EUROPÉEN DE LA FABRICATION ET LA DISTRIBUTION DE CLIPS HÉMOSTATIQUES EN TITANE

Leader de la petite volaille, coquelets et pintades, Savel cultive un esprit familial ancré dans son territoire et ouvert sur la planète. Un paradoxe ? Non, juste un état d’esprit qui lui permet de se développer quand la crise sévit.

Jacques Le Bozec, créateur et président dela SAS Vitalitec International, ne jure que par l’export. Avec une progression de 10% de son activité au cours

de l’exercice 2009/2010, il souhaite renforcer sa présence aux Etats-Unis où le potentiel est énorme.EN

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SAVEL, LEADER DE NICHES À L’EXPORT

Quand la petite volaille

déploie de grandes ailes EN

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Une santé titanesque

Jacque Le Bozec,créateur et président

de Vitalitec International

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“J’ai travaillé 27 ans chez Cem Confection à Carentoir (56)puis 5 ans chez Morgan à Paris au sein du bureau d’études. Enarrivant ici en juillet 2008, l’entreprise perdait de l’argent, fauted’une véritable connaissance de la fabrication. Le montage despièces était compliqué et beaucoup d’entre elles étaient encorecousues à la main. Très vite, je me suis donc attachée à industrialiser le produit et aujourd’hui le résultat est là. Nous avonssorti un résultat positif en 2009, après deux années successivesde perte. Le carnet de commandes pour 2010 est au plus haut”,explique tout en douceur Annick Bouchet, gérante de FaçonLuxe, détentrice de 49 % des parts. Cette unité de fabrication et montage de pièces à manches (blou-sons, parkas, vestes, manteaux) pour le luxe a été créée en 1996à Fougères, suite au dépôt de bilan de CB Industrie (GroupeBoussac). Elle s’intègre dans un ensemble, la Fim (France InterMode), détenu par Pascal Martin-Lalande. Celui-ci regroupedeux autres filiales de luxe sur le même site à Fougères, spécialisées dans la coupe et le maillot de bain. “Fim est l’antenne commerciale, explique-t-il, je centralise les commandes et répartis la fabrication à Fougères mais aussidans les trois autres unités de fabrication que je codirige avecmon fils, Jacques, à Vannes, La Flèche et Montaigu. Nousévoluons dans un monde très particulier puisque nous sommessous-traitants pour les trois plus grands noms du secteur du luxe.La hiérarchisation de leurs priorités est la suivante : la qualité, lesdélais, la discrétion et enfin le prix. Grâce à notre savoir-faire maisplus encore à notre flexibilité et notre réactivité, nous leur offrons,ici à Fougères, un service unique en France.”

“On ne dirige pas derrière un bureau”

Sur les 70 personnes que compte le site de Fougères, 44 sontsous la responsabilité d’Annick Bouchet : uniquement desfemmes dont l’ancienneté est en moyenne de 20 ans. “Desjeunes sont arrivées récemment pour remplacer celles parties enretraite. Il faut compter un an pour qu’une couturière soit apteà monter aisément son vêtement. L’exigence de qualité de nosclients est poussée à son extrême. A leur livraison, les pièces sontvérifiées une par une, de manière très méticuleuse.” Etre sous-traitant pour le luxe nécessite une très grande adaptabilité qui souvent entraîne des conditions de travail plusdifficiles qu’ailleurs. La reconnaissance et l’écoute sont alors

primordiales pour motiver les salariées. Annick Bouchet l’a biencompris et a tout naturellement pris les choses en main pour faireévoluer le management. “On ne dirige pas derrière un bureau,insiste-t-elle. En passant l’essentiel de mes journées au seinmême de l’atelier, à résoudre les problèmes et à écouter, uneconfiance s’est installée entre le personnel et moi. Elles ont, jepense, trouvé une dimension humaine qui n’existait pas avantà mon arrivée. En matière de gestion des congés, de conditionsde travail, j’essaye petit à petit de faire bouger les choses. Lesressources humaines sont essentielles pour donner du sens autravail et au final améliorer la productivité.”

En 2008, Façon Luxe a atteint un CA proche de 900 000 euros,il pourrait atteindre le million d’euros en 2010. Pascal Martin-Lalande et son fils ne manquent pas de projets, d’autant qu’encette période certaines entreprises en difficulté peuvent êtreacquises dans des conditions avantageuses. Avec 160 salariés,la Fim gère des contrats 100 % made in France. Ils ne sont plusqu’une petite poignée de sous-traitants à opérer sur ce créneaudu luxe et espèrent bien conserver ce savoir-faire français.

■ Véronique Maignant

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Annick Bouchet dirige depuis deux ans Façon Luxe à Fougères, spécialisée dans la fabrication de pièces à manches pour le secteur du luxe. Son savoir-faire technique mais aussi son approche plus humaine de l’entreprise ont permis à celle-ci de redresser la barre. EN

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Retrousser ses manchespour séduire le luxe

FAÇON LUXE, SOUS-TRAITANT POUR LE SECTEUR DU LUXE

Annick Bouchet gère une équipe de 44 personnes

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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°199 • MARS-AVRIL 2010

Les entreprises bretonnes souffrent d’une insuffisance notable de fonds propres, ce qui les fragilise lorsque la conjoncture fait souffler un vent mauvais. Pourtant, il y a dans notre région des fonds prêts à s’investir et à jouer la carted’un vrai partenariat. Les entreprises qui les ont accueillis témoignent.

“Pour certains dirigeants, ouvrir son capital à un investisseursignifie partager le pouvoir, jusqu’à perdre la main sur l’avenir deson entreprise, explique Sylvain Quermeau, expert financier. Ilsdevraient pourtant comprendre qu’en matière de fonds propres,s’ouvrir, c’est se renforcer”.

Y aller le plus tard possible

Pas franchement d’accord, Éric Renault et Jean-Marc Petit ! Cesanciens cadres d’Air Liberté ont créé en 2002 la société SIM (Saint-Lunaire-35) sur leurs fonds personnels. Ils ont financé, parl’emprunt, l’achat du matériel au cœur de leur activité de gestion opérationnelle, des simulateurs de vol, l’outil de formation des pilotes. “Dès la première année, nous avons très bien gagné notre vie.Aujourd’hui, nous sommes présents dans 65 pays, employons 20 salariés pour un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros”. Oséo est intervenu en garantie Fasep pour l’installation d’une filiale en Afriquedu Sud en 2009 (soit un investissement de 2,2 millions d’euros) et encontre-garantie de prêts bancaires. Pour ouvrir un nouveau centre àParis, SIM a fait appel au crédit-bail. “Nous aurions pu nous financersur le cash-flow mais nous avons choisi la prudence : la crise nous adonné raison. Les ressources propres permettent de saisir les opportunités (achat de matériel pour Paris) et de garantir les défaillances de clients : nous avons passé en pertes deux créancesde 250 000 et 300 000 euros. Jusqu’ici, nous avons eu très clairementune volonté d’indépendance. Nous voulons rester dans une logiqued’investissement industriel à long terme et ne pas subir la pression durésultat immédiat. Seul indépendant en France sur ce créneau, nousavons eu des propositions de rachat et nous montons des partenariats comme en Afrique du Sud, avec le numéro 1 mondial :Fly Safety International. Tant qu’on le pourra, on restera seuls à bordmais on sait qu’on approche de nos limites car, en phase de croissance, il faut de l’argent frais”.

Ce raisonnement a longtemps été partagé par Gérard Jaffré. Co-fondateur de Meti (Larmor-Plage -56- solutions informatiques pourles grandes enseignes de la distribution) en janvier 1982, puis seul dirigeant à partir de 1990, il a financé sur fonds propres une croissance rapide jusqu’en 2006. “J’avais un principe : on dépense

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DOSSIER

CES ENTREPRISES TÉMOIGNENT :• Aserti Group (Vannes-56)• BTCI (Goven-35)• Construction Dorso (Berric-56)• Coriolis Composites (Quéven-56)• Enag (Quimper-29)• Hemarina (Morlaix-29)• Kerlink (Rennes-35)

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Fonds propres des PME

• Kiclos (Brest-29)• Krampouz (Quimper-29)• Meti (Larmor-Plage -56)• Microsteel (Vern-sur-Seiche-35)• Saooti (Lannion-22)• SIM (Saint-Lunaire-35)

Fonds propres des PMEOuvrir son capital,une nécessité pour grandir ?

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ce qu’on a, et pas plus. Mais j’ai changé d’idée. Aujourd’hui,Meti emploie 155 personnes, c’est une société en investisse-ment permanent et j’ai bientôt 60 ans. Il a fallu rassurer lesgrands comptes. Je suis allé chercher Ouest Croissance etBretagne Participations, je voulais des gens qui me laissent fairemon métier comme je l’entends. Ils restent minoritaires : 16 %à eux deux. Je pense que l’ouverture a eu un impact sur mesclients, je n’exclus pas de faire rentrer d’autres partenaires.Maintenant je suis courtisé, y compris par la concurrence, etj’ai repoussé l’échéance de mon départ”.

Faire les bonnes rencontres

Quelles solutions s’offrent alors au créateur quand le projet, enphase d’amorçage, implique des investissements lourds avantde démarrer les ventes ? Très nettement, les investisseurs privés, les Business angels, marquent des points. “Ils ont unecapacité à investir des fonds nés de leur activité antérieure, depréférence dans la phase d’amorçage, là où le risque est maximum, confirme PatrickFranchet, vice-président deFinistère Angels. Entrepreneurs,ils prennent en compte la qualité de l’homme, du produit,le potentiel du marché. Leurintervention crédibilise le dossier auprès des banques.Enfin, la loi Tepa, qui permet dedéduire de l’ISF 75 % de soninvestissement direct, a levé un frein mais la culture du risquen’a encore que peu évolué”. Ce que confirme par exemple,Franck Zal. Chercheur au CNRS, il a déposé des brevets “avecla volonté de les exploiter dans une entreprise”. Deux prix de lacréation de l’entreprise innovante en 2005 et en 2006 lui ont fourniles capitaux nécessaires à la création de la SA Hemarina (Morlaix- 29) en mars 2007, avec 7 associés.“Pendant 18 mois, j’ai couru pour lever des fonds. Si la Bretagneest bien pourvue pour financer la recherche fondamentale, iln’y a rien ensuite, c’est un gâchis de voir partir les projets àl’étranger faute de financements locaux. Les investisseursveulent un retour rapide, sur un marché qui n’existe pas encore,ce sont des objectifs irréalisables quand il faut tout créer.Certains fonds n’hésitent pas à faire traîner les discussionsjusqu’au moment où, faute de trésorerie, vous acceptez

n’importe quoi. J’ai été mis en contact avec Finistère Angelset tout a changé. Pour générer du cash, nous avons réorienténotre business plan. Notre projet initial (un brevet pour unsubstitut sanguin universel) relève de la santé publique et il faudra 10 ans pour obtenir l’autorisation de mise en marché.Nous avons trouvé deux applications à très court terme :Hemo2life, en cours d’agrément, qui améliore la conservationdes greffons et Hemoxcel, utilisé pour l’oxygénation des cellules, qui constitue un marché de masse peu réglementé.Ma chance a été de rencontrer les partenaires capables dem’accompagner pour créer une dynamique économique.”

La même approche peut soutenir des projets de reprise“Le jour où je pourrai, je renverrai l’ascenseur ! souligneChristian Le Maire, patron de BTCI (Goven-35). J’avais l’intention de créer mon entreprise avant mes 40 ans. Si j’ai pumener à bien ce projet, c’est grâce à l’esprit breton d’entreprise

et de réseau.” En juillet 2002, le futur dirigeantreprend MCMI, une entreprisede sous-traitance en tôlerie etmétallerie industrielle installéeà Saint-Jacques-de-la-Lande,dont le chiffre d’affaires dépen-dait à 87 % de Citroën. Sur sesfonds personnels, renforcés parles apports de Business angels,

il crée une holding avec un capital de 303 000 euros et fait appelaux banques pour financer la dette senior (la créance détenuepar la holding sur la société cible, ici MCMI).“Mes associés ne m’ont fixé aucune obligation démesurée derentabilité, j’avais un engagement moral d’efficacité. Nousétions convenus de ne pas prendre de dividendes avant le remboursement de la dette senior et avons décidé en 2007de rester deux ans de plus ensemble, suite à la défaillance dedeux clients importants. Mes actionnaires ont joué le rôle d’unvéritable comité stratégique. Ils sont chefs d’entreprise, çachange tout dans le raisonnement. En 2006, j’ai repris BTCI àtitre individuel . Comme j’avais gagné ma crédibilité de chefd’entreprise, je n’ai eu aucune difficulté à faire le tour de table.”

Conjuguer les apports

L’intervention publique n’est pourtant pas négligeable. “Depuis 2005, Oséo exerce troismétiers : le soutien à l’innovation, la garantie deprêts bancaires ou des interventions en fondspropres à travers les sociétés de capital risque(soit 500 millions d’euros en Bretagne en 2009). Elle accompagne les banques dans le financement des projets structurants. Nous proposons aussi les contrats de développe-ment participatif, avec 2 ans de différé en capital. Lever des fonds n’est jamais facile,notamment sur des projets innovants et Oséoy joue un rôle déterminant car le risque estélevé”, explique Eric Versey, directeur régional.

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DOSSIER

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Microsteel est spécialiste de lafonderie à cire perdue. Filiale du groupeAubert et Duval, elle subit de très lourdespertes en 2001, mettant en cause sa sur-vie. Après audit, Daniel Pain en prend ladirection et applique un plan de restruc-turation : “ En 2004-2005, l’entreprise estredevenue saine mais elle devait grandir,expose le dirigeant. Avec l’accord de lasociété mère, j’ai monté un LBO pourracheter Microsteel. Je me suis rapprochéd’anciens collègues, j’ai associé deuxcadres dirigeants et l’ex-propriétaire etnous avons ouvert le tour de table àBretagne Participations. Une premièreexpérience du LBO m’a aidé dans la

valorisation et le montage. Nous avonspréparé un dossier démontrant notreconnaissance du marché et notre capacitéde remboursement. Pour réussir une opération de croissance, il faut une entreprise qui dispose d’un marché etd’un positionnement clair, un dirigeant quitient la barre, une capacité à faire du cash.

A force de contorsions, nous avons bouclé le tour de table et racheté l’entreprise le 28 août 2006. Les deuxannées 2007 et 2008 ont été remarquables

et nous avons mené une opération decroissance externe sur une fonderie italienne. Nous avons procédé à une augmentation de capital et accueilli unnouvel investisseur. Nous avons achetédans un contexte difficile et les réactionsde nos partenaires ont été partagées.Autant ceux du haut de bilan comprennentles enjeux et nous suivent, autant les banquiers du bas de bilan étaient plusréticents. A tort : nous n’avons jamais eude difficulté pour rembourser, même si2009 est passée à la hache”.

MICROSTEEL À VERN-SUR-SEICHE (35)

“Pour réussir, il faut un marché,

un dirigeantet une rentabilité”

“...c’est un gâchis de voir partir les projets à l’étranger

faute de financements locaux...”

Finistère Angels a aidé Franck Zal (Hemarina) à réorienter son business plan pour générer de l’argent frais

De g à d : Discussion sur une grappe en cire entre Daniel Pain, la responsable atelier-montage et le responsable processus-fabrication

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27BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°198 • FÉVRIER-MARS 2010

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Un coup de pouce apprécié par les start-up

Kerlink (Rennes) a été créée en juillet 2004 par 8 ingénieurs avecun apport personnel de 140 000 euros. Dans une logique d’indépendance, les créateurs ont choisi de réaliser des missionspour le compte de bureaux d’études extérieurs “pour générerdu cash” et développer la recherche grâce aux avances rembour-sables d’Oséo. “En 2008, nous avons voulu lever des fonds pourassurer le développement commercial, explique WilliamGouesbet. Les produits et services étaient prêts et il nous fallait des stocks. Nous avons privilégié les fonds régionaux(Sodero, Bretagne Jeunes Entreprises et Octave II) qui proposent des conditions un peu plusvivables que les parisiens. L’ouverturemet une pression positive. Avoir été rejointpar un tiers donne le tempo au suivi degestion. On est toujours maître chez nous,on prend vraiment l’entrée de nos partenaires comme une aide arrivée aubon moment”.C’est aussi l’avis de Ndiata Kalonji, qui afondé avec deux autres ingénieurs télécom Saooti à Lannion, une société d’édition de logiciels spécialisés dans les webradios. “Nous avions le concept et latechnologie et savions qu’il nous faudrait du temps pour organiser notre structure et mettre au point un prototype. Nousavons sollicité Oséo et de nombreux fonds. Le choix de nos par-tenaires, Armor Angels, un investisseur privé et Bretagne JeunesEntreprises est le résultat d’une “réaction chimique” qui asso-cie l’équipe, sa maturité, son expertise, le business plan, le mar-ché et l’innovation. Défendre notre dossier devant nos éventuels

partenaires nous a appris à structurer notre présentation. Ensuite,le pacte d’actionnaire a permis de préciser les rôles. La décisionreste à l’entrepreneur, sinon la start-up perd de son agilité pourajuster son offre à la demande. Les partenaires viennent enconseil pour la gestion opérationnelle et apportent leur réseau”.

Conseils de pros

“On constate un extraordinaire foisonnement d’acteurs et de dispositifs, surtout dans la phase de développement, mais l’ensemble manque de lisibilité, de compréhension, d’accessi-bilité”, reconnaît Dominique Mirada, directeur régional de la

Caisse des dépôts et consignations (aumoment où nous rédigeons ces lignes),qui rappelle : “La CDC est le premier dispositif financier d’apport en fonds propres, avec 20 plates-formes d’initiatives locales en Bretagne et leréseau Entreprendre, en plus de l’Adie.L’ensemble est efficace : pour 1 euroinvesti en fonds propres, on retrouve 13euros au bilan. Bretagne Développement

Initiative puis Bretagne Jeunes Entreprises interviennent en“capital investissement” et Bretagne Participations, au stadedu capital développement. Dans le secteur privé, plus de 180fonds sont présents en région. Depuis un an, une plate-formed’orientation financière (CDC, Oséo, Banque de France, Conseilrégional, médiateur du crédit…) a été mise en place pour aiderl’entreprise à trouver le bon partenaire. Enfin, la CDC est enBretagne l’expression du FSI (Fonds stratégique industriel),l’une des grandes réponses à la crise”.

Suivre le tempo

On retrouve cette complexité dans de nombreuxcas. “Mieux vaut réussir 85 % de son projet qued’en rater 100 %. J’aurais pu éviter d’ouvrir lecapital de l’entreprise mais j’ai choisi de m’asso-cier à SFLD dans un LBO où je suis majoritaire à85 %, pour me doter d’une meilleure crédibilité parrapport aux banques et ramener des fonds qui permettaient de supporter plus facilement la dettesenior, souligne Jean Dumoulin, ConstructionDorso (maisons moyenne/haut de gamme) à Berric(56). Je disposais de compétences techniques (jesuis ingénieur) et en management (j’ai dirigé unefiliale de Bouygues) mais je n’avais pas de compétences financières pour négocier le businessplan. J’apprécie le profil d’entrepreneur de BrunoLe Jossec (SFLD). Je le vois régulièrement, il m’éclaire sur meschoix financiers.J’ai eu la chance de connaître trois ans de crois-sance très forte puis la crise est arrivée. La banque me suit etj’ai sollicité une aide de l’Etat par Oséo. Il y a une volontéforte de l’Etat pour nous aider à passer la crise mais l’annéequi vient va être très difficile.”Kiclos a été créé dans les années 50 à Brest et rayonneaujourd’hui sur la Bretagne et la Loire Atlantique. En juin 2008,l’un des deux dirigeants, Robert Vivère, a souhaité partir enretraite. Son associé, Daniel Duegain, a monté un LBO avecle fonds parisien MBO qui s’est positionné en accompagne-

ment du projet de développe-ment, “un investisseur qui laissetoute la place au dirigeant pourla gestion opérationnelle”. MBOapporte “un regard extérieur trèsfinancier, avec l’expérienceacquise auprès d’une cinquan-taine de participations”. Là encore, les investisseurs n’ont pasfait preuve d’aversion au risque puisque “une prise de participation, c’est un risque analysé et un projet de développement”.

“En pratique, si on a 25 ans, pasd’expérience et un projet industrieldemandant un investissement minimumde 500 000 euros, aucun banquier ne veut suivre, raconte Clémentine Gallet, présidente de la SAS CoriolisComposites. Nous avions validé notrebusiness plan pour exploiter notre projet de fin d’études. Cette innovationde rupture (cellules robots et logicielsde placement de fibres) pouvait trouverdes débouchés dans le nautisme,l’aéronautique, l’éolien… En 2001-2002,en dépit des aides d’Oséo, nous noussommes trouvés au bord du dépôt debilan. Nous avons eu la chance de rencontrer Bruno Le Jossec (SFLD), qui

a cru en nous. La question de la valorisation s’est à peine posée : on a prisce qu’on a bien voulu nous donner. Lepacte d’actionnaires prévoyait une sortie à 7 ans et les obligations convertibles constituaient une épée deDamoclès. La mise en place du projet aété deux fois plus longue que prévue. Ila fallu trouver d’autres partenaires enpleine crise, alors que l’industrialisationn’avait pas démarré et que nos premiers

investisseurs se restructuraient sur deslignes plus grosses et plus rentables.Nous avons rencontré un fonds plusindustriel, centré sur l’innovation qui ainvesti 1 million d’euros. L’investisseurn’a mis aucune borne ni dans le tempsni en rentabilité, c’est quelqu’un qui ycroit, une affaire de rencontre. Noussommes maintenant 27 personnes et lacommercialisation a démarré”.

CORIOLIS COMPOSITES À QUÉVEN (56)

Trop jeunepour

convaincre ?

DOSSIER

“Mieux vaut réussir 85% de son projet

que d’en rater 100%…”

Coriolis a bénéficié lors de son démarrage du soutien de la SFLD

Jean Dumoulin, dirigeant de Construction Dorso,a réalisé un LBO où il est majoritaire à 85 %

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Des règles à respecter

“En Bretagne, la réponse aux besoins en fonds propres existebien, estiment Gregory Pascal et Sophie David-Breuneval,direction des entreprises, Crédit Agricole banque privée. Maisil y a des règles à respecter. Dans l’étude du dossier, le critèremajeur d’intervention d’un fonds reste l’homme avec sonexpérience, sa formation, sa fiabilité. Rappelons aussi que lerenforcement des fonds propres doit se faire d’abord par lesrésultats qui assurent la stabilité de l’entreprise”. Et que bien

sûr, on ne peut pas, à terme,dépenser plus que ce que l’on gagne, qu’il est plus facile delever des fonds quand on est en bonne santé que dans unesituation difficile. Ce que confirme Bernard Gougeon expertfinancier d’entreprise : “ Si l’entreprise traverse une crise grave,il faut parfois savoir déposer le bilan et négocier le rééchelon-nement de sa dette. A contrario, il faut aussi savoir financer sesinvestissements sans épuiser ses fonds propres.”

Une part d’humain, une part d’erreur

“Quand on veut ouvrir son capital, il faut donner un sens à sonprojet à 5 ou 10 ans, poursuit Bernard Gougeon. Une vision largeest nécessaire, il faut vendre les prévisions, s’entourer des bonsconseils pour monter le dossier et comprendre les motivationsde l’investisseur que l’on sollicite : est-il là pour prendre le pouvoir ou accompagner un projet de développement ?” Etl’expert de souligner que l’une des causes de l’incompréhensionentre entreprises et investisseurs de haut de bilan est la taille desprojets : “On constate un décalage entre l’offre de financement(des tickets de 500 K€ et plus) et la demande des entreprises,pour des projets trop petits pour rentrer dans la logique économique des fonds de capital développement”.

Ce que confirme Bruno Le Jossec, du fonds d’investissementSFLD : “ Si le prix est trop élevé ou l’apport en fonds propres tropfaible, on génère des difficultés. Le pacte d’actionnaires définit les objectifs de chacun (rentabilité, durée d’investissement,fonctions du comité stratégique, fréquence des réunions, agrément,…). Il comporte toujours une part d’humain, une partd’erreur. On peut regretter un manque de professionnalisme dela part de certains fonds”, mettant notamment en cause certainsmontages courants comme les LBO.

Le point d’équilibre

A ces conditions, on rencontre plutôt de beaux exemplesd’ouverture réussie.Pour racheter en 2004 un groupe de trois sociétés (Enag,Cristec et Breteltech) centrées sur des équipements de conver-sion d’énergie pour les marchés de la marine civile, de l’offshore, de la défense et du ferroviaire, Didier Margerand aconstitué une structure juridique complexe : Ceres Holding (29)est détenue par Cornouaille Participation dont les actionnai-res sont des personnes physiques et trois fonds. “J’ai fait lechoix de financiers plutôt régionaux car je souhaitais donnerun caractère régional au projet. Les six mois précédant lareprise ont été les plus intenses de ma vie professionnelle. Ilfaut démontrer l’adéquation entre le repreneur et le projet en

restant lucide. Il y a un équilibre à trouver entre les donnéesdu marché, le développement de l’entreprise et la structurefinancière du LBO, ça tire dans tous les sens. Depuis 2004,nous connaissons une croissance régulière, à 3 % l’an demarge nette sur un marché à cycles longs. En 2009, malgré la crise, nous avons monté un LBO secondairepour financer la construction d’un bâtiment de 5 500 m2.Les trois fonds ont augmenté leur participation. Je gardeune très large autonomie de décision et l’équilibre esttrouvé entre la restitution d’informations, les discussionsstratégiques et l’efficacité de la gestion.”

A livre ouvert

En 1992, Jean-Louis Gaertner a créé Aserti (Vannes) avec unpartenaire industriel GTIE (devenu Vinci Energies). “On étaitpassé d’un groupe familial à un groupe coté en Bourse, il y avaitun décalage dans le rythme des investissements et dans lavision stratégique. D’un commun accord, Vinci Energies est sortien 2008 et j’ai racheté les deux sociétés qui forment AsertiGroup1. La règle que j’ai proposée a été acceptée. Le vendeurm’a accordé un crédit pour l’achat des actions que j’ai amenées au capital d’Aserti Group, ainsi que mes économiespersonnelles et des prêts familiaux. J’ai monté une société familiale et associé quatre cadres dirigeants (6 % du capital) etIPO est intervenu pour 31,5 %. J’ai trouvé chez ce dernierl’écoute et l’intérêt pour le projet : l’essentiel c’est la personne, des hommes capables de travailler ensemble sinonl’attelage casse. J’ai des projets et la conjoncture ne me freinepas”. Et le chef d’entreprise de conclure : “On a signé une sortede CDI pour la présence au capital. J’ai même été surpris deleur découvrir les mêmes réflexes que nous. On a tout intérêtà être à livre ouvert avec ses financiers.”

■ Clotilde Chéron

DOSSIER

BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°199 • MARS-AVRIL 2010

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“J’avais repéré depuis longtempsKrampouz, une entreprise de Quimperbien installée sur sa niche industrielle avecune taille intéressante et un positionne-ment marqué à l’international, expliqueSerge Kergoat. Le premier contact avec lecédant a eu lieu en mars 2006. Nous noussommes retrouvés sur des valeurs communes et mis d’accord sur une règled’or pour valoriser l’entreprise : le justeprix est celui de sa pérennité. Le LBO a été

monté avec des partenaires privés et IPO.J’ai choisi le fonds qui m’a proposé lemontage le plus intelligent. Le pacte d’actionnaire est peu contraignant.Comme j’ai dirigé des filiales de grandsgroupes, je fais naturellement du reportinget un tableau de bord comptable trèsdétaillé tous les mois. L’entreprise se portetrès bien – environ 10 % de croissance en2008 et 2009, bien au-delà du businessplan. Le LBO apporte un soutien face aux

banques qui avaient souhaité la présenced’un institutionnel au bilan. La clé du succès d’un tel montage, c’est d’avoirtrouvé un équilibre dès le départ”.

KRAMPOUZ À QUIMPER

“Le juste prix d’une entreprise est celui de sa pérennité”

Fonds propres Capital social et bénéfices mis en réserve.

LBO Acquisition d’une entreprise par des investisseurs en capital, associés aux dirigeants de l’entreprise achetée, dans le cadre d’un montage financier comportant une proportion plusou moins importante d’emprunts et dont le remboursement est prévu par un prélèvement surles cash flows futurs.

Dette senior Dans la structure de financement d’un LBO, elle correspond aux apports en dette amortis-sable réalisés par les banques. Les intérêts et le remboursement annuels sont prioritaires.

Pacte d’actionnaires Convention conclue entre les actionnaires de la société (fondateurs et investisseurs en capital) pour organiser leurs relations en tant qu’actionnaires.

Lexiq

ueJean-Louis Gaertner (Aserti Group à Vannes)s’est associé à IPO pour développer son entreprise

1 Aserti Group est composé de trois filiales : Aserti Electronix, CNC Services et Aserti Motion Control

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Qui sont les Armor Angels ? Quels sont leurs objectifs ?

Membre du réseau Bretagne Entreprendre, del’Association pour le progrès du management (APM), conseil-ler du commerce extérieur, j’avais constaté que le besoin definancement des entreprises innovantes est le plus intense àl’amorçage.Fin 2006, la campagne de promotion par France Angels et leministère de la Recherche m’a donné l’idée de créer en juillet2007 Armor Angels, avec le soutien de la CCI des Côtesd’Armor et de l’Union patronale. Aujourd’hui, Armor Angelscompte 58 membres et a réalisé six investissements pour 1,3million d’euros dans la microsoudure, la fibre optique, le bateauhybride, les applications 3D sur e-phone et la radio numérique.En encourageant la création d’entreprise, notre objectif est desoutenir le potentiel économique du territoire.

La sous-capitalisation des entreprises bretonnes est-elle réelle ?

On la constate à toutes les étapes de la vie de l’entreprise. D’abord au démarrage : le créateur trouve difficilement des partenaires qui croient en son projet, la crisea rendu encore plus frileuses les banques, naturellement allergiques au risque. Dans l’agence, le conseiller du comptepersonnel n’a aucun pouvoir et le besoin de financementdépasse rapidement la délégation du responsable de l’agence.Le créateur considère souvent qu’il a une idée exceptionnelleet il répugne à ouvrir son capital. Même avec les aides publiques, le besoin de fonds de roulement augmente trèsvite. Il manque des sociétés de capital risque capables d’accompagner et de déterminer la valorisation de l’entreprisealors que le produit n’existe pas encore.Plus tard, une entreprise rentable doit être en mesure de renforcer ses fonds propres, mais la conjoncture a pu renverser certaines situations.L’insuffisance des fonds propres est un peu plus marquée enBretagne car la région a vécu trop longtemps sur les industriesagro-alimentaires, n’a pas su chercher de marchés extérieurs,a souffert d’une certaine myopie des politiques et de la frilositédes banques.

Il existe pourtant toute une panoplie de fonds d’investissement !

Les fonds sont là et sont capables de répondre auxbesoins mais le dispositif d’ensemble souffre d’une insuffisancede notoriété. Nous le constatons sur notre département : nous avons des difficultés à faire connaître notre rôle et noscapacités d’investissement. Dans les banques, les interlocu-teurs des entreprises ne connaissent pas l’ensemble des intervenants et on subit la concurrence de certains de leurs produits, comme les FIP et FICP. Les experts-comptables eux-mêmes connaissent parfois mal le sujet. Les porteurs de projets sont aussi pénalisés par la rivalité entre les structures quisont en charge du premier accueil des créateurs. C’est regrettable car un dossier bien accompagné bénéficie d’un effetde levier plus important et de meilleures chances de survie.

■ Propos recueillis par Clotilde Chéron

“Plus angesque business”

ENTRETIEN AVEC JEAN-JACQUES FUAN,PRÉSIDENT D’ARMOR ANGELS (BUSINESS ANGEL IMPLANTÉ DANS LES CÔTES D’ARMOR)

DOSSIER

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“L’éco-construction ne se résume pas à la seule maîtrisede l’énergie et encore moins aux énergies renouvelables,souligne Claire Wouts, chargée de mission éco-construction à laCCI du Morbihan. La construction durable doit intégrer les enjeuxenvironnementaux et sanitaires dans les aspects fonctionnels dubâtiment, tout en tenant compte des exigences de coût. Pour yparvenir, il est indispensable que les différents corps de métiersapprennent à se connaître pour interagir. Dans l’éco-construction,le comportement des utilisateurs est essentiel. C’est bien d’automatiser mais il ne faut pas non plus déresponsabiliser.” Enessayant d’apporter une réponse cohérente aux questions essentielles inhérentes à tout projet constructif, confort, santé,impact sur l’environnement et coût, le concept d’éco-construc-tion séduit chaque jour un plus grand nombre d’intervenants.Sous l’impulsion des élus de la CCI du Morbihan et notammentPierre Montel, son vice-président par ailleurs PDG de Socométal

(voir encadré ci-après), eco-construisons.org a vu le jour en avril2009 avec pour objectif principal de mettre en valeur les entre-prises de la filière du bâtiment qui favorisent l’éco-construction.Aujourd’hui, dans le cadre des travaux de la commission déve-loppement durable de la CRCI Bretagne, le site se régionalise.“Pour figurer sur le site, poursuit Claire Wouts, l’entreprise s’inscrit elle-même en décrivant notamment ses activités, sesqualifications et ses références. Grâce aux recommandations de l’ensemble des CCI, la phase de régionalisation démarre bien etj’invite tous les PME à s’y inscrire. Une newsletter est égalementadressée à tous les internautes qui en font la demande” Celle-ciinforme de l’actualité du bâtiment en Bretagne, des mises en chantier de bâtiments éco-construits, des appels à projets, etc.“On prépare avec l’Ademe, la CRCI Bretagne, le Conseil régionalet les conseils généraux, l’édition d’un guide régional sur l’éco-construction à destination de toutes les entreprises qui ontun projet de construction. Il sera téléchargeable dès le mois dejuin.” Parmi les entreprises inscrites à ce jour, nous vous présentons ci-après le portrait de certaines d’entre elles œuvrantdans des secteurs différents.

■ Véronique Maignant

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ECO-CONSTRUISONS.ORG, LE PORTAIL DE L’ÉCO-CONSTRUCTION EN BRETAGNE

Mettre en valeur les entreprises locales qui engagent leurs compétences dans le défi du bâtiment durable, c’est tout l’objet du portail www.eco-construisons.org

Ensemble pour construire autrement

Quelques contacts utilesArmor Angels - Réseau de Saint-Brieuc www.armorangels.org

Bretagne Sud [email protected]

Finistère Angels - Réseau à Brest, couvrant Quimper et Morlaix [email protected]

Logoden Participations - Réseau de Rennes www.logodenparticipations.com

Octave I & II - Fonds de Business Angels de l’ouest de la France www.sfld.fr

Bretagne participation www.bretagne-participations.com

Bretagne jeunes entreprises www. bje-capital-risque.com

Bretagne Entreprendre www.reseau-entreprendre-bretagne.fr

Fonds d’Investissement de Bretagnewww.investissement-bretagne.com

Grand Ouest Gestionwww.ouestventures.com

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“Je suis issu du monde de la construction et de la promotionimmobilière et je constate, depuis quelques années, un décalage important entre l’innovation technique et sa mise en œuvre sur les chantiers. Il nous faut accepter le changement et construire autrement, martèle Pierre Montel. Améliorer la valeur ajoutée des entreprises de cedépartement, c’est tout le sens du site Eco-construisons.org. Il informe etmet en réseau toutes les parties, donneurs d’ordres, maîtres d’oeuvre, architectes, entreprises du bâtiment, collectivités locales et territoriales, fédération du bâtiment. La crise nous a fragilisés, l’éco-construction est uneformidable opportunité pour retrouver nos marges.”

Une année 2010 plus difficile

Comme l’ensemble de la profession, Pierre Montel avoue connaître uneannée 2010 plus difficile que les précédentes. En tant que charpentier-

Président de la SAS Socométal, spécialisé dans la construction métallique, Pierre Montel mise sur l’éco-construction pour accroître, par l’innovation, la valeur ajoutée des entreprises œuvrant dans ce secteur.

“Acousticien, c’est un métier en plein développementdu fait de l’Agenda 21, du Grenelle de l’environnement et de lamise en place de l’approche environnementale de l’urbanisme(l’AEU) qui comporte un volet bruit à satisfaire, détaille CarolineDerny. En ce moment, en matière environnementale, nous réalisons beaucoup d’études d’impact pour l’aménagement deZac. Par exemple, si une route disparaît ou se crée suite à l’aménagement de 250 logements, on mesure l’état zéro puis onmodélise pour montrer ce que cet apport de nouveaux habitants entraînera comme nuisance sonore, en particulier leursvéhicules. Nous réalisons aussi des études d’impact pour lesprojets éoliens ou les zones aéroportuaires.Pour le bâtiment, domaine qui représente le plus gros de notreactivité, nous intervenons de sa conception jusqu’à la réception,et ce, en lien direct avec l’architecte ou le maître d’œuvre. Unefois définis les objectifs acoustiques du bâtiment et la performanceà atteindre, qui varient selon son usage (école, hôpital, salle desport, de spectacle…), nous indiquons à l’architecte les moyensà mettre en œuvre en matière d’isolation (épaisseur des parois,blocs portes, faux plafonds, plafonds absorbants…), de niveausonore des équipements (pompes à chaleur, ventilation,…) de

conception acoustique interne s’il s’agit d’une salle de spectaclepar exemple, etc. Enfin, nous intervenons également pour l’industrie via des audits et des préconisations de manière, parexemple, à insonoriser ateliers et outils. Nous mesurons aussi l’impact sur l’environnement extérieur et installons s’il est nécessaire des pièges à son.” Selon Caroline Derny, les collectivités publiques exigent de plusen plus souvent la présence d’acousticien dans leurs appels d’offres. Ce contexte favorable permet à Alhyange Acoustique, présidée par Marc Berthereau, de créer un, voire deux postes paran. Né en 1998 à Paris où se trouve le siège, le cabinet emploieaujourd’hui 15 personnes dont 3 basées à Concarneau. Le CA 2009s’est élevé à 823 000 euros avec une croissance de 12 % et “lemillion d’euros est notre prochain objectif” conclut Caroline Derny.

métallier, l’entreprise qu’il dirige avec sa femme depuis 2001 repré-sente entre 50 et 60 % des lots lors d’un appel d’offres. Gros-œuvre,charpente, bardage, couverture, Socométal conçoit et réalise l’en-semble du bâtiment, de la demande de permis de construire à salivraison. “Jusqu’à fin 2008, grâce à l’ingénierie et les services quej’offrais à mes clients, je n’avais pas besoin de répondre aux AO pourremplir mon carnet de commandes. La seule demande des porteursde projets me permettait d’avoir une vision de mon activité à 18 mois.La crise nous oblige à une remise en question.” Ce qui n’empêchepas Socométal d’afficher en 2009 une progression de 10 % de sonCA qui atteint 6,4 millions d’euros. Avec ses trois autres entités, LGmétal à Nivillac (CA : 2,2 millions d’euros), SC Métal à Nantes (CA :1,8 million d’euros) ainsi qu’une société immobilière Immo Métal,la holding emploie plus d’une soixantaine de personnes.

Un voyage à Fribourg et une prise de conscience

“En 2008, la visite d’un quartier pilote en matière écologique àFribourg en Allemagne a été un vrai révélateur, poursuit-il. Ce quej’ai vu m’a profondément marqué. Dès mon retour, j’ai lancé lasociété dans une démarche d’éco-construction. Pour y parvenir, ilfaut être dans un schéma d’offre globale, à savoir être constructeur

et maître d’oeuvre à la fois.” C’est ainsi que Socométal vient de livrerà Vannes son premier bâtiment basse consommation (AGC CERFrance), d’une surface de 2 600 m2 sur 3 niveaux “On a travaillé avecun bureau d’études thermiques. La façade est en zinc, le pignonvégétalisé et la ventilation double flux permet une réduction de laconsommation d’énergie de l’ordre de 40 %. Chaque utilisateur peutpiloter sa consommation via la gestion technique centralisée (GTC).”Et le dirigeant ne compte pas s’arrêter là ! “Le prochain bâtimentira plus loin de manière à assurer la somme de tous les objectifs del’éco-construction. J’ai lancé avec le soutien d’Oséo et l’ensemblede mes partenaires financiers une structure dédiée à la R&D quicompte environ 3 personnes. Sa mission est de réaliser, à Vannes,un bâtiment à usage de locaux d’activités prototype BBC. Il sera livréen fin d’année. Nous nous sommes fixés trois cibles : la réductiondes passages d’air, l’isolation avec des panneaux en laine de rochepour faire un manteau réducteur de ponts thermiques et un chauf-fage par panneaux photovoltaïques.” Et pour atteindre le meilleurniveau de performance énergétique, un tel bâtiment avec GTCintégrée nécessite, selon le dirigeant, l’implication des utilisateursdans le contrôle d’exploitation.

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SOCOMÉTAL À SAINT-AVÉ (56)

Un bâtiment prototype BBC fin 2010

“Nous sommes tous les deux fils de plâtriers, confientd’emblée les 2 cogérants. Vous imaginez comme il a été diffi-cile de convaincre nos pères de la pertinence de notre choix !Mais le plus difficile a été de trouver un assureur qui veuille bienprendre en charge la garantie décennale de nos constructions.Heureusement, la Lloyd nous a suivi. Faire du bâtiment modulaire en bois, c’est une révolution dans la profession, particulièrement en France où le retard dans l’éco-constructionest patent. Si les artisans et l’administration semblent encoreréfractaires au changement, les clients, en particulier les primoaccédants sont eux dans l’attente de nouvelles solutions.Sensibilisés aux économies d’énergie, ils veulent un habitatdurable, économique et performant (maison basse consom-mation) avec des matériaux de qualité et innovants. Ils sontprêts à sacrifier quelques m2 de surface pour avoir le chauffe-eau solaire, la toiture végétalisée et la VMC double flux.C’est d’emblée ce que nous intégrons dans notre offre avec unprix moyen d’environ 1 300 euros/m2.”

HABÉCO À VANNES (56)

Un concept d’habitat économique et innovantHabéco a vu le jour en juin 2009 à Vannes. Codirigé par Yannick Pestel et Gaëtan Le Huitouze,ce bureau d’études et d’assistance à maitrise d’ouvrage est spécialisé dans l’habitat basseconsommation, modulable et à ossature bois. Cinq constructions verront le jour en juin 2010.

ALHYANGE ACOUSTIQUE (29)

Réduire les nuisances sonoresL’agence Grand Ouest d’Alhyange Acoustique

a vu le jour en 2007 à Concarneau. Sa responsable,Caroline Derny, ingénieur acousticien,

nous explique son métier et ses enjeux face au boom à venir de l’éco-construction.

Suite page 34

Simulation 3D avec mesures acoustiques

Gaëtan Le Huitouze et Yannick Pestel

Pierre Montel,président de Socométal

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ORGANISATION DES ENTREPRISES

La réflexion ne date pas d’hier. Michel Dupaquier, socio-logue et maître de conférences à Rennes 2, rappelle : “Dans lesannées 80, c’était un thème à la mode et on avait beaucoup misésur le télétravail, car on se disait qu’il pouvait résoudre les problèmes de transport et concilier vie familiale et vie profes-sionnelle…” Le 19 juillet 2005, un accord était signé entre par-tenaires sociaux, précisant le statut des télétravailleurs et uneproposition de loi a vu le jour en juin 2009 pour donner un coupd’accélérateur au télétravail. En Bretagne, le télétravail se profile çà et là. Dans le cadre du plan de continuité d’activité(PCA), conseillé aux entreprises par l’Etat pour faire face à lapandémie de grippe, des entreprises comme Brake (spécialistede la restauration : 100 salariés), située à Lamballe (22), ont travaillé sur le sujet dépôt par dépôt, fonction par fonction, etune organisation en télétravail pourrait voir le jour. En septembre 2009, le Conseil général du Finistère (voir encadré)a entamé une expérimentation du travail à distance, structuréeet finement étudiée au préalable chez nos voisins européens.Car, comme le souligne Nicole Turbé-Suetens, experte en télé-travail auprès de la Commission européenne : “C’est un moded’organisation du travail qui suppose une stabilité avec des outilsappropriés. Cela ne s’improvise pas !”

Une organisation minutieuse

Avant de se lancer dans le travail à distance, il faut déterminer lesavantages que l’entreprise peut en retirer, mais aussi le salarié. Baisse des coûts, souplesse des horaires accrue et économie de carburant pour le salarié. Sans oublier d’identifier lesactivités ou les fonctions concernées. Chez Miloco Aéronet, àGlomel (22), spécialiste des filets de fret pour les bagages dansles avions ou sur les remorques aéroportuaires, 3 personnes sur9 télétravaillent. “Je m’occupe des approvisionnements et de lalogistique, précise Louisanne Cosnard, et j’ai été embauchéedans ces conditions. Le directeur commercial qui est en Allemagneet un commercial à Nantes travaillent en mobilité ou chez eux,comme moi.” Jean-Michel Davault, co-fondateur et gérant de Hommes&Process (voir encadré), ajoute : “Il faut définir etcontrôler les usages des utilisateurs, assurer la sécurisation desconnexions et des données pour ne pas remettre en cause les principes de sécurité : confidentialité, intégrité, preuve,

disponibilité.” Enfin, le dirigeant ne doit pas concevoir le télétravail en solo. “Le patron d’une entreprise doit expliquerpourquoi il souhaite ce mode de travail, à quoi ça va servir et comment il va procéder, mais aussi à quoi ça va correspondre pour chacun, explique Nicole Turbé-Suetens, sinonça ne passe pas !” La concertation est le maître mot. Un groupede travail composé de la direction, des responsables opérationnels, de salariés et de représentants du personnel, vaétablir les règles de fonctionnement. Lister et évaluer

Crise et menace de pandémie grippale se sont presque télescopées pour pousser les instances politiques et les entreprises à réfléchir sur le télétravail. En France,

il représente seulement 6 % du temps de travail, alors qu’il atteint 22,8 % en Allemagne. Pourtant, selon le CSA (Centre d’analyse stratégique), 28 % de la population active

pourrait télétravailler.

Télétravail :une tendance se dessine...

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VALEXO ENVIRONNEMENT À PAIMPOL (22)

Filtrée, l’eau de pluie permet de vivre en parfaite autonomie

Créée en janvier 2005, Valexo Environnement est spécialisée dans la rétention et la récupération de l’eau depluie. 60 % de sa clientèle est constituée de particuliers.Grâce au filtre mis au point par la jeune PME, chacun peutmoduler la qualité de son eau en fonction de son usage.

“En 2005, notre métier n’existaitpas et la réglementation qui va avec encoremoins, explique Albert Beuvant, un des deux créateurs de ValexoEnvironnement. Il fallait expliquer, princi-palement aux maîtres d’œuvre, notre

technique et les usagespossibles. Certes, lesplombiers et terrassiersproposaient des récupéra-teurs d’eau de pluie maispas de solutions quant àsa redistribution sur lesdifférents postes de lamaison. C’est toujours lecas aujourd’hui. Nous,

nous installons la cuve avec un système depré-filtrage avant que l’eau de pluie issuede la toiture ne tombe dans la cuve. Nousassurons la pause du système de pom-page ainsi qu’un deuxième filtre qui per-met, selon les postes de redistributionchoisis, de définir son niveau de qualité.L’eau de pluie est facile à traiter, elle necontient pas de nitrates mais de simplesparticules. De ce fait, un bon filtrage per-met sa potabilité. Pour une cuve de 5 000litres, un tel système, terrassement et ins-tallation inclus, revient aujourd’hui à 5 500euros. Le crédit d’impôt est à hauteur de25 % du TTC fourniture. En termes

d’amortissement, il faut savoir que c’estbeaucoup plus avantageux de choisir uneredistribution sur tous les postes de lamaison et non pas uniquement sur lesWC, lave-linge et lavage extérieur, les 3postes que préconise le dernier décret enla matière daté d’août 2008. Certes, les fréquences d’analyse et de potabilité sontalors plus nombreuses mais on peut vivreen parfaite autonomie. Nous avons réalisé3 installations de la sorte, avec des cuvesde 10 000 et 20 000 litres.”Aujourd’hui, Valexo Environnementcompte 4 personnes pour un CA 2009 de400 000 euros, en légère hausse par rapport à 2008. Cette année, l’entreprisetable sur une stabilité de l’activité. N’étantque deux opérateurs en Bretagne à inter-venir sur ce créneau, ils font aujourd’huifigure d’experts. La Chambre des Métiersde Ploufragan les sollicite régulièrementpour former les maitres d’œuvre, plombiers, terrassiers et les particuliersqui le souhaitent à cette technique avant-gardiste. ■ V.M.

Une technique encore peu répandue

Chez Habéco, il faut compter 5 mois aprèsl’obtention du permis pour disposer de samaison. L’innovation de cette jeune entre-prise réside dans le choix des matériauxmais aussi dans la mise en place d’un pro-cess industrialisé. Le bois (sapin du Nord,Douglass) arrive usiné de chez Tanguy Matériaux (29) au seind’une seconde structure créée en parallèle, MYG SARL, égale-ment basée à Vannes. Deux salariés y sont aujourd’hui employéspour assembler différents modules dont la taille maximum atteint4 m x 12 m et autorise ainsi leur transport. “Avec 2 grandsmodules, on atteint une surface de 96 m2. L’isolation intérieureest faite en ouate de cellulose, l’extérieur en fibre de bois. Nousréalisons du toit plat avec une pente maximum de 15 %. Lesmodules ainsi pré-montés sont transportés sur le chantier et dépo-sés sur des petits plots en béton. Reste à cloisonner et assurerles finitions en fonction du projet de vie de chacun. Toutes les

tailles sont envisageables maisau-delà de 170 m2, il nous fautpasser par un architecte. Nosprospects ou clients rêventd’une maison qu’ils puissentagrandir en même temps quegrossit la famille. Notre techni-que leur offre cette possibilité.

Nous avons aussi beaucoup de projets d’extension de maisonstraditionnelles. BBC, nos constructions consomment 2 foismoins qu’une maison classique. Cet argument pèse de plusdans le choix du public et malgré la difficulté à faire bouger leslignes notamment auprès d’institutions comme Bâtiment deFrance, c’est aussi le politique qui, aujourd’hui, pousse l’économique à s’adapter. Il n’existe actuellement qu’une poignéede maisons passives en France (maisons autosuffisantes) quandelles sont quelques milliers en Allemagne !” Le CA consolidéd’Habéco devrait atteindre entre 250 et 300 000 euros en 2010,chiffre que les deux gérants ambitionnent de tripler dès 2011.

Des modules prémontés pour les maisons modulables d’Habéco à Vannes

Louisanne Cosnard, qui s’occupe des approvisionnements et de la logistique chez Aéronet,travaille de chez elle

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financièrement les changements à opérer(équipement, moyens de communication,formation des salariés etc.) s’avère indispensable. “Aujourd’hui encore, explique Anne-Marie Croc (encadré ci-dessous), il n’y a pas de texte officiel pourpermettre aux collectivités de mettre en placele télétravail.” Après avoir pris modèle, on peutpasser aux règles écrites et à l’élaborationdes contrats. Un cadre précis pour certains,comme chez Hommes&Process. YolandeRividic, responsable marketing, précise queson contrat de travail mentionne qu’elle travaille à domicile et que ses horaires vont de 9h à 18h30, avecobligation de se rendre à l’entreprise une fois par semaine. Plusaléatoire dans d’autres sociétés qui pratiquent le télétravail. ChezAppaloosa (12 salariés), une agence de communication basée àPlouigneau (29), “le télétravail fait partie de la culture de l’entreprise et nous n’avons pas encore apporté de précisions surle sujet dans les contrats”, concède le gérant Bertrand Le Coq.Dans la communication ou la publicité, la nature du travail quiconsiste souvent à rédiger plaquettes ou projets, pousse naturellement les salariés à travailler à domicile depuis très longtemps. “Il y a beaucoup de télétravail gris”, fait remarquerencore Nicole Turbé-Suetens. Un télétravail non identifié, pasvraiment cadré, et qui ne rentre pas dans les statistiques.

Des freins au déploiement

Le CAS prévoit que 40 à 50 % des travailleurs seraient des télé-travailleurs en 2020. Qu’en pensent les intéressés ? Pour

Bertrand Le Coq : “Le seul frein que je voieau télétravail touche à l’isolement qu’il provo-que. Cela dépend de la personne, du tempé-rament…” Un autre inconvénient du télétravailest soulevé par le sociologue MichelDupaquier : “Quand on sépare les espaces,on peut séparer les temps, or là le travailentre dans les foyers et tout le monde nepossède pas un bureau pour travailler à domicile.” Souvent, le télétravailleur se sentà l’écart des collègues qui travaillent non-stopdans l’entreprise : “Je n’ai plus les bruits decouloir pour me signaler qu’un tel est mal vu

ou que mon supérieur est de mauvaise humeur”, fait remarquerValérie M. “Nous connaissons les limites du télétravail et pournous il n’y a pas à transiger, déclare Jean-Michel Davault. Letélétravail à 100 % est interdit chez nous, car il faut maintenirdu lien social entre les salariés.” Souvent évoqué par les diri-geants, le frein managérial (voir encadré Nicole Turbé-Suetens)semble le plus résistant. “Dans notre culture latine, analyse Anne-Marie Croc, le manager pense que le travail est moins bien faitsi la personne n’est pas là physiquement… Au Conseil géné-ral, on a remarqué que ça les déstabilise parce qu’ils prennentplus de temps à travailler les objectifs que les télétravailleurs doivent mettre en œuvre.” Jean-Michel Davault note : “EnFrance, on est dans une organisation pyramidale, alors que dansles pays anglo-saxons ou asiatiques, la démarche travail s’organise en complément d’expertises, avec une autonomieassez grande…” Et si l’organisation du travail tendait vers une obligation de résultats, et non de moyens ?

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Experte en travail collaboratif, la société de Jean-MichelDavault, Hommes&Process (16 salariés), dont le siège se situeà Acigné (35), offre aux entreprises des solutions innovantes,notamment dans la sécurité des données et le travail en mobilité, autour des technologies Groove. Grâce à sa pratiquedu télétravail, la société est connue autant hors des frontièreshexagonales que dans la région.“Dans les petites entreprises, on considère encore que donnerun accès aux mails au salarié lorsqu’il est chez lui et lui donnerla possibilité de travailler à 22h, c’est du télétravail !” s’indigneJean-Michel Davault. Les dérives sont nombreuses, et peu de

sociétés proposent à leurs salariés une solution globale. PourHommes&Process, on doit établirun contrat qui décrit simplement letélétravail et précise, qu’en dehorsdes heures de bureau, le télétravail-leur n’est pas tenu à être joignable.“Il y a une tendance télétravail quise dessine en Bretagne, car la criseest un terreau favorable à son éclosion.” Jean-Michel Davaultconstate que le secteur industrielet agricole s’éveille à ce mode detravail : “Logique. Ils s’aperçoivent

que l’export fait rentrer l’argent dans le pays et que le télétravaildevient vital dans le monde globalisé !” Même les petites sociétés s’inscrivent dans cette logique : “Elles savent que s’il ya déséquilibre entre le social, l’économique et l’environnemen-tal, elles ne s’en sortiront pas.”

HOMMES&PROCESS À ACIGNÉ (35)

“Le télétravail devient vital dans un monde globalisé !”

Quelle est votre vision globale du télétravail ?Positive lorsque ce mode de travail est organisé et encadré. Il ya un accord interprofessionnel2 qui le définit et qui décrit les différents aspects qu’il est souhaitable de négocier quand un salarié passe en télétravail. Si ces éléments ne sont pas correctement entendus par le salarié et l’employeur, cela risquede poser problème, quitte à aller jusqu’au litige un jour… Certainscas – sur la surveillance ou la correspondance privée – et qui pourraient s’appliquer au télétravail, ont été jusqu’à la Chambresociale de la Cour de cassation. Ce sont des indicateurs de risque. Malgré notre retard, dû en partie à des raisons culturel-les, les choses bougent. Aujourd’hui, les trajets entre le domi-cile et le travail se sont allongés ; les conditions de travail se sontpas mal dégradées au cours des dernières années. Le télétra-vail bien mis en place peut compenser cette dégradation, maisil ne faut pas qu’il soit imposé au salarié ! Par rapport aux grosses structures, les PME ont un atout : la connaissance deleurs salariés. Quand on organise le télétravail, on est dans lesocial, le comportemental et le psychologique.

Le télétravail suppose un changement dans le management ?Absolument. Plus on évoluera vers une organisation de travail“apprenante”, où le salarié se comporte en autonomie et avecun sens développé des responsabilités, plus il sera facile de mettre en place le télétravail. Une enquête européenne a été réalisée sur les organisations du travail dans les pays de l’Union,et on a pu remarquer que la France faisait partie des pays où l’organisation du travail se fait au plus juste, avec une autonomie modérée mais des contraintes de rythme et de normes de qualité très lourdes. Ce n’est pas un hasard si le télétravail est plus pratiqué dans les pays du nord, car les salariés évoluent dans un environnement beaucoup moinscontraint et une organisation de travail “apprenante” !

NICOLE TURBÉ-SUETENS1, FONDATRICE ET DIRIGEANTE DE DISTANCE EXPERT

“Quand on organise le télétravail, on est dans le social, le comportementalet le psychologique”

1 C’est une spécialiste du télétravail, en France et en Europe. Elle a participé en 2009 à la préparation des débats parlementaires

sur la proposition de loi sur le télétravail.2 Voir sur le site : http://www.travail-solidarite.gouv.fr

QUAND LE CONSEIL GÉNÉRAL DU FINISTÈRE MET LE TRAVAIL À DISTANCE

“L’impression de travailler plus, de manière sereine, sans être dérangé !”

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C’est dans le cadre du Plan de déplacement des entreprises qu’est née la missiond’étude et d’évaluation du télétravail dans les services de la collectivité. L’expérimentationa commencé en septembre 2009 avec 30 agents volontaires. Elle dure 8 mois. Le télétravail concerne aussi bien les secrétaires que les agents techniques ou les infor-maticiens. “Nous avons d’abord choisi des agents qui ont des trajets assez longs, car il nefaut pas oublier que nous sommes au bout du monde, précise en souriant Anne-Marie Croc,chef de projet expérimentation télétravail. Deuxième condition : travailler 2 ou 3 joursmaximum à distance : “Pour ne pas perdre le lien avec l’équipe, mais aussi le lien social,car, dans les collectivités, les personnes travaillent beaucoup avec les autres, et en fonc-tion des autres.” Trois types de télétravail ont ensuite été proposés : à domicile (zone éli-gible au haut débit ADSL et Internet via un routeur type box), dans une des nombreusesantennes du Conseil général, et dans un local communal. Une fois équipés d’ordinateurportable et de mobile, les agents se sont lancés dans ce nouveau mode de travail, avecles mêmes outils et la même configuration d’ordinateur qu’au bureau. “Nous avons fait unpremier bilan, le 2 février, et apparemment, ce n’est que du bonheur ! Grâce à des indica-teurs qualitatifs, les télétravailleurs mettent à jour leurs difficultés ou les avantages retirés.Ce qui revient, c’est le gain économique et de temps lié au fait de moins se déplacer, maisaussi l’impression de travailler plus, de manière sereine, sans être dérangé !” Le bilan finan-cier attendra quelques mois encore, mais la poursuite de ce mode de travail, plutôtconcluant, est envisagée par Pierre Maille, le président du Conseil général. “Petit à petit,car il reste le frein hiérarchique, même s’il tend à se dissiper”, conclut Anne-Marie Croc.

Bertrand Le Coq d’Appaloosa (Plouigneau - 29)

Le Conseil général du Finistère expérimente depuis septembre 2009 le télétravail

avec 30 agents volontaires

Jean-Michel Davault,Hommes&Process

à Acigné - 35

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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°199 • MARS-AVRIL 2010

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Affaires à céder (Grand Ouest)1. Fabrication et commercialisation de matériel de construction frigorifique

C.A. 2008 négocié 15 000 K€ C.A. net 5 500 K€

Clientèle : France, B to B - Fonds propres nécessaires : 800 à 1 000 K€

2. Société de transport spécialisée sur marché européen de nicheC.A. 2009 : 5 500 K€ - EBE environ 6%Fonds propres nécessaires : 800 à 1 000 K€

3. Electricité, chauffageC.A. 2009 : 1 500 K€

Clientèle : Particuliers et Collectivités - Fonds propres nécessaires : 150/200 K€

4. Magasin de distribution de matériel de bricolageC.A. 2009 : 1 200 K€ - EBE environ 6%Clientèle : Particuliers et Collectivités - Fonds propres nécessaires : 250 K€

5. Fourniture, pose de menuiseries PVC, alu, vitreriesC.A. 2009 700 K€ - RN moyen environ 3% Clientèle : Particuliers et Professionnels - Fonds propres nécessaires : 100 K€

6. Bureau d’études bâtimentC.A. 2008 : 200 à 250 K€

Clientèle : Particuliers et Collectivités - Fonds propres nécessaires : 100 K€

1. Entreprise d’installation et d’entretien de piscines et accessoires. CA > 2 M€

2. Entreprise négoce et distribution de clôtures, portails, automatismes, mobiliers urbains et jeux extérieurs. CA < 4 M€

3. Affaire de motoculture. CA 3 M€

4. PME spécialisée dans le traitement de surface. CA entre 6 et 10 M€ Excellenterentabilité. Budgets 2010 signés.

Juridique

Dérogeant au principe selon lequel aucune offre aupublic ne peut avoir lieu sans la diffusion d’un prospectus, le CMFet le règlement de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) dispensent les sociétés de produire un tel document, notammenten raison du montant de l’augmentation de capital ou desinvestisseurs visés. En outre, l’ordonnance du 22 janvier 2009réformant l’APE est venue apporter un réel assouplissement.

I - L’augmentation de capital et l’offre au publicL’augmentation de capital par émission d’actions destinées aupublic est en général constitutive d’une offre au public régie par

le CMF et le règlement AMF. Notons qu’une telle opérationn’implique pas nécessairement une cotation des titres de lasociété émettrice sur un marché boursier. Avant la réforme de2009, l’APE était constitué par usage de la publicité ou dudémarchage afin de “placer” ses titres. Désormais, l’offre aupublic est définie plus largement comme une simple “commu-nication” suffisamment incitative pour mettre en mesure toutinvestisseur de souscrire à l’augmentation de capital envisagée.Dans le cadre d’une telle opération, la société devra s’assurerde la préparation d’un prospectus soumis au visa de l’AMF. Cedocument devra être présenté sous une forme facile à analyseret regroupant tous les éléments nécessaires aux investisseurspour fonder leur jugement sur les actions offertes, sur l’organisation, l’évolution des activités et la situation juridico-financière de la société.

II – Les exceptions à l’offre au publicToute émission d’actions destinées au public ne caractérisepas nécessairement une offre au public. Ainsi, par exemple, uneoffre de titres destinée à des investisseurs qualifiés ou à un cercle restreint d’investisseurs ne constituera pas une offre aupublic. De même, une augmentation de capital d’un montant inférieur à 100 000 € ou comprise entre 100 000 € et 2,5 M€

(et ne représentant pas plus de 50 % du capital) ne saurait êtrequalifiée d’offre au public.

III – L’allégement Avec l’ordonnance de 2009, le statut inadapté et décrié de“société faisant appel public à l’épargne” disparait. Désormais,l’offre de titres au public ne requiert qu’une information ponctuelle et préalable à l’augmentation de capital. Aucuneobligation additionnelle d’information permanente n’est maintenue. Une société ayant procédé à une offre au publicdemeure une société ordinaire. Par ailleurs, la disparition du statut de société faisant APEemporte les allégements suivants :- la société souhaitant procéder à une offre au public n’est plus

tenue d’avoir un capital social minimum de 225 000 €

(minimum exigé de 37 000 €).- seules les sociétés cotées sur le marché réglementé sont

désormais tenues d’établir un rapport sur le contrôle interneet le gouvernement d’entreprise.

L’ordonnance de 2009 devrait donc permettre aux sociétésd’ouvrir leur capital au public sans pour autant modifier foncièrement leur fonctionnement. Ces simplifications offrent uneopportunité nouvelle pour l’amélioration des fonds propres del’entreprise. Naturellement, l’offre au public est une opération juridique qui sort de l’ordinaire. Elle doit donc être soutenue parune assistance juridique étroite et vigilante, pour mener à bienune opération structurante pour l’avenir de l’entreprise.

François Audibert,

Avocat

Capcode

LE RENFORCEMENT DES FONDS PROPRES AU MOYEN D’UNE OFFRE AU PUBLIC

L’entreprise désireuse de renforcer ses fonds propres peut, outre le recours aux actionnaires existants, décider d’ouvrir son capital au public. Ce type d’opération

peut être alors qualifié d’Offre au Public (ancien Appel Public à l’Epargne “APE”) exigeant, en application du Code Monétaire

et Financier (“CMF”) la production d’informations sur la société afin d’éclairer l’épargnant sur l’opportunité

de l’investissement.

Un pas à franchir !

JTB RENNES - Félix JOLIVETLe Quirinal • 16, mail Anne-Catherine • 35000 Rennes

Tél 02 23 400 400 - Fax 02 23 400 403 - E-mail : [email protected]

JTB NANTES - Jacques THIÉBAUT16, rue Marie-Anne du Boccage • 44000 Nantes

Tél 02 40 69 29 90 ou 06 11 88 75 24 - E-mail : [email protected]

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