28
© DIMITRIJE OSTOJIC ATTENTION FRAGILE ! EXPOSITION CHIMIQUE ET TROUBLES DE LA REPRODUCTION une synthèse des preuves scientifiques sur les liens entre troubles de la reproduction humaine et exposition aux substances chimiques dangereuses rapport greenpeace 2006

ATTENTION FRAGILE - greenpeace.org · 1.3 Interférences avec le développement de l’appareil de reproduction 7 1.4 Protéger la génération à venir 9 ... sur les animaux,la mesure

Embed Size (px)

Citation preview

© D

IMIT

RIJ

E O

STO

JIC

ATTENTIONFRAGILE !

EXPOSITION CHIMIQUE ET TROUBLES DE LA REPRODUCTIONune synthèse des preuves scientifiques sur les liens entre troubles de la reproduction humaine et exposition aux substances chimiques dangereuses

rraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

2006

Publié par Greenpeace InternationalDate Avril 2006 (Juillet 2006 pour la version française)Auteurs Michelle Allsopp, David Santillo, Ulrike Kallee & MartinHojsík note technique des Laboratoires de Recherche deGreenpeace 02/2006 Remerciements Un grand merci à Fawaz al Bitar, Helen Perivieret Nadia Haiama pour leurs commentaires, Madeleine Cobbingpour la relecture, et Helen Perivier et Martin Hojsik pour lacoordination de la production de ce rapportVersion française Céline Farchi et Yannick VicaireGraphisme et maquette Tania Dunster, onehemisphere, Suède

Ce rapport s’appuie sur des informations mises à jour provenant de deuxrapports publiés précédemment par Greenpeace Royaume-Uni en 2003 :

Dorey, C.N. (2003) Chemical Legacy – Contamination of the Child,Greenpeace UK, October 2003: 54 pphttp://www.greenpeace.org/international/press/reports/chemical-legacy-contaminatio

Greenpeace UK (2003) Human impacts of man-made chemicals,Greenpeace UK, September 2003: 17 pphttp://www.greenpeace.org.uk/MultimediaFiles/Live/FullReport/5988.pdf

Nous leur devons beaucoup.

ATTENTIONFRAGILE !

ATTENTION FRAGILE ! | 3

Résumé du rapport 4

1 PRESENTATION DES ENJEUX 6

1.1 L’empreinte croissante de la chimie industrielle 61.2 Croissance des troubles de la reproduction 61.3 Interférences avec le développement de l’appareil de reproduction 71.4 Protéger la génération à venir 9

2 TROUBLES DE LA REPRODUCTION ET EXPOSITION AUX SUBSTANCES CHIMIQUES : LE LIEN 10

2.1 Troubles de l’appareil de reproduction masculin 102.2 Troubles de l’appareil de reproduction féminin 122.3 Modification du ratio sexuel 13

3 D’AUTRES SOURCES DE PREUVES : MESURE DIRECTE DE LA TOXICITE POUR LA REPRODUCTION ET EXPOSITION AUX SUBSTANCES CHIMIQUES 14

3.1 Alkylphénols 143.2 Phtalates (esters de phtalates) 153.3 Retardateurs de flammes bromés (RFB) 173.4 Composés organoétains 183.5 Bisphénol A 193.6 Muscs artificiels (muscs nitrés et muscs polycycliques) 20

4 CONCLUSION 21

Références 22

EXPOSITION CHIMIQUE ET TROUBLES DE LA REPRODUCTIONune synthèse des preuves scientifiques sur les liens entre troubles de la reproduction humaine et exposition aux substances chimiques dangereuses

rraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

2006

4 | ATTENTION FRAGILE !

résumé du rapportrraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

Un nombre croissant de travaux scientifiquesdémontrent une augmentation inquiétante des troublesde l’appareil de reproduction humain. Par exemple :

* le compte spermatique a brutalement chuté au coursdes 50 dernières années dans de nombreux pays ;

* les cancers des testicules sont en forte augmentation ;

* la stérilité peut aujourd’hui affecter 15 à 20%des couples dans les pays industrialisés contre 7 à8% au début des années 1960 ;

* les jeunes filles atteignent la puberté à un ageprécoce dans certaines régions du monde ;

* l’incidence des endométrioses chez les femmes esttrès élevée dans certains pays ;

* le rapport des naissances masculines sur lesnaissances féminines est en diminution dansplusieurs régions du monde, avec des changementstrès marqués dans certaines zones.

Les causes exactes de l’augmentation de ces troublesde la reproduction sont encore méconnues.Toutefois,on peut remarquer que ce phénomène s’est développéen parallèle à l’augmentation de la production et del’utilisation des produits chimiques. On estimequ’aujourd’hui plus de 100 000 substances chimiquesdifférentes sont produites et utilisées à l’échellemondiale. L’usage de certains toxiques a provoqué unecontamination inévitable de l’environnement et enconséquence une exposition permanente des êtreshumains. Certains produits chimiques, connus pour leurcaractère persistant et liposoluble, ont mêmecontaminé les tissus humains. Même le fœtus dans leventre maternel est exposé à une multitude desubstances qui polluent le corps humain.

Bien qu’elles n’aient pas levé tous les doutes, despreuves s’accumulent sur les liens possibles entre lesaugmentations conjointes des problèmes dereproduction et de l’exposition à de nombreusessubstances chimiques. La présence de nombreuxproduits chimiques de synthèse dans l’environnementau niveau actuel est peut-être déjà responsable deconséquences négatives sur la reproduction humaine etanimale. Les fondements de telles hypothèses sonttirés d’un certain nombre de preuves, comme desétudes en laboratoire des effets des produits chimiquessur les animaux, la mesure directe de l’expositionhumaine à des substances chimiques (et en particulierla présence de substances chimiques dans les tissus ducorps humain) et la mise en évidence de corrélationsentre le niveau d’exposition à des substanceschimiques et l’incidence de certains troubles sanitaires.

Des études en laboratoire ont montré de façonirréfutable que certaines substances chimiques sontcapables de causer des troubles de la reproductionchez les animaux. Dans cette perspective, certainessubstances sont particulièrement préoccupantes,comme les polluants organiques persistants (POP) etd’autres substances chimiques dangereuses à fortedispersion, connues pour leur toxicité pour la

reproduction et/ou leur capacité à interférer sur lefonctionnement du système hormonal (endocrinien).Alors que certaines substances chimiques, enparticulier les POP régis par la Conventioninternationale de Stockholm (2004), ont été interditesou soumises à de sévères restrictions, les autressubstances toxiques pour la reproduction et lesperturbateurs endocriniens sont encore courammentutilisées par l’industrie et incorporées commeingrédients ou additifs dans une grande variété deproduits de consommation. Le tableau 1 liste quelques-unes des substances chimiques préoccupantes pour lareproduction humaine.

De nombreux troubles de la reproduction dontl’incidence a augmenté sont soupçonnés de trouverleur origine dans les étapes du développement intra-utérin du fœtus. Les nourrissons peuvent aussi êtrevulnérables. Il est donc très préoccupant de constaterque certaines des substances chimiques répertoriéesci-dessus sont capables de traverser le placenta et decontaminer le lait maternel. Par exemple, la présenced’alkylphenols, de retardateurs de flammes bromés, demuscs artificiels, de phtalates et de bisphenol A a étérelevée dans le sang du cordon ombilical. De plus,deux études portant sur les phtalates dans les bébéshumains ont apporté les preuves que ces substanceschimiques sont associées à une perturbationhormonale bien que des études approfondies seraientnécessaires pour confirmer ces conclusions.

La toxicologie traditionnelle s’est longtemps focaliséesur les effets létaux provoqués sur les animaux delaboratoire par de fortes doses de produits chimiques,administrées sur de courtes périodes de temps.Pourtant, invariablement, des effets sub-létaux (c’est-à-dire des effets nocifs autres que la mort) d’uneexposition aiguë, ainsi que des effets létaux et sub-létaux d’une exposition à long terme (chronique)finissent par être observés à des doses bieninférieures à la fameuse DL50 (la dose tuant 50%des animaux exposés au cours d’un même test).

Peut-être ne parviendra-t-on jamais à prouver aveccertitude que l’augmentation actuelle des problèmessanitaires de reproduction s’explique par des causeschimiques. Mais il serait irresponsable d’ignorer leséléments d’explication disponibles à ce jour, quirendent urgente l’adoption d’une politique deprécaution face à ces substances chimiquespréoccupantes. Nous avons un besoin urgent de loisqui nous protègent de l’exposition permanente à detels produits chimiques.

Une nouvelle législation européenne est en coursd’élaboration pour réglementer la fabrication etl’utilisation de produits chimiques, la réforme REACH(Enregistrement, Evaluation, Autorisation dessubstances chimiques). Les institutions européennes,Parlement européen et Conseil de l’Union européenne,ont cette année l’opportunité de rédiger uneréglementation fondée sur le principe de précaution etle principe de substitution, afin que les substanceschimiques dangereuses (dont les toxiques de la

ATTENTION FRAGILE ! | 5

FAMILLE CHIMIQUE

Alkylphénols et substancesapparentées (en particulieréthoxylates d’alkylphénol,ou APE)

Phtalates (esters dephthalate)

Retardateurs de flammebromés (en particulier lesdiphényl éthers polybromés,ou PBDE,l’hexabromocyclododécane,ou HBCD, et letétrabromobisphénol-A, oule TBBPA)

Composés organoétains(dont mono, di ettributylétain ettriphénylétain)

Bisphénol-A et sesdérivés

Muscs artificiels (dontles muscs nitrés tels quele musc xylène et le musccétone, ainsi que lesmuscs polycycliques telsque le HHCB, ougalaxolide, et l’AHTN, outonalide)

TABLEAU 1 : SUBSTANCES CHIMIQUES PRÉOCCUPANTES POUR LA REPRODUCTION HUMAINE

USAGES COURANTS

* anciennement1 dans les secteurs del’entretien industriel et institutionnel(y compris l’entretien domestique)

* finition textiles et cuir

* produits de toilette

* production de pesticides

* plastifiants du PVC et certainesapplications pour polymères

* agents gélifiants

* solvants et fixateurs dans lescosmétiques et autres produits desoin du corps

* retardateurs de flamme dansappareils industriels et électriques,véhicules, éclairage, câblage, ettextiles, matériaux de rembourrageet d’isolation (polystyrène)

* stabilisateurs UV du PVC

* produits agrochimiques et biocides

* revêtements anti-salissures

* catalyseurs

* production de plastiquepolycarbonate utilisé par exemplepour les biberons, les CD, les pare-brises de véhicules légers, etc

* production de résines époxy utiliséepar exemple dans les revêtementsdes emballages alimentaires

* mélanges de fragrances pourdétergents, tissus, après-shampoing, agents nettoyants,rafraîchisseurs d’ambiance etautres produits domestiques

* produits cosmétiques tels que savons,shampoings et parfums

PRÉOCCUPATIONS POUR LA REPRODUCTION

* action similaire à celle des hormones

* infertilité masculine accrue,diminution de la taille des testiculeset de la qualité du sperme

* toxique pour les testicules

* distance anogénitale réduite, fissurede la verge, hypospadias et absence dedescente des testicules chez les jeunesgarçons

* réduction de la fertilité chez leshommes et les femmes

* toxique pour le fœtus (susceptibled’entraîner la mort ou des malformations)

* imitation des œstrogènes

* malformations congénitales observéeschez les rongeurs

* impacts sur le système nerveux et ledéveloppement comportemental

* inhibition de la production d’hormonestéroïde

* impact négatif sur le développementin utero du fœtus, dont anomalies dudéveloppement génital chez le fœtus mâle

* activité œstrogénique

* altération des organes de reproductionmâles

* induction de puberté précoce

* réduction de la capacité d’allaitement maternel

* activité œstrogénique

* activité anti-œstrogénique

De plus, les décideurs politiques doivent s’assurer que laréforme chimique relève aussi le défi de l’information.REACH doit exiger des producteurs et importateurs desubstances chimiques des données sur les propriétés deleurs molécules, afin d’établir un panorama complet desrisques et d’identifier les perturbateurs hormonaux etles autres toxiques pour la reproduction.

reproduction et les perturbateurs endocriniens) soientprogressivement remplacées par des alternatives plussûres. Si l’Union européenne devait s’engager sur cettevoie, elle créerait un précédent mondial, indiquant auxautres gouvernements la voie à suivre pour protéger lasanté des citoyens et l’environnement, et pour mettreun terme global à l’emploi de substances dangereuses.

1. Plusieurs usages dunonylphénol et de ses composésont été récemment interdits parl’Union européenne (26eme

amendement de la directive76/769). De nombreux usages del’octylphénol et de ses composésfont apparemment l’objetd’abandons volontaires de la partde l’industrie, avant même lesrésultats de l’évaluation desrisques conduite par l’UE. Endehors de l’Europe, il existe peude restrictions et l’usage de cesdeux composés et de leurs dérivésdemeure répandu, en particulierdans des détergents industriels et ménagers.

6 | ATTENTION FRAGILE !

présentation des enjeuxrraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

11.1 L’empreinte croissante de la chimie industrielle

On estime à 100 000 le nombre de substanceschimiques produites chaque année dans le monde etdestinées à un large éventail d’utilisations (EEA,1999). Les estimations pour l’Union Européenne(UE) varient entre 30 000 et 70 000. Une grandepartie de ces produits chimiques, en particulier ceuxutilisés en grande quantité et pour des applications“ouvertes” (par opposition à certains systèmesfermés industriels dans lesquels une molécule nequitte pas le réacteur où elle est mise en œuvre)finissent par échouer dans l’environnement. D’autressubstances chimiques, interdites de fabrication etd’utilisation depuis des années, continuent à migrerdes articles de consommation commercialisés avantces restrictions ou ont une durée de vie si longuequ’on peut encore les détecter dans l’environnement.Parallèlement, de nouveaux produits sont synthétiséset mis sur le marché régulièrement.

En conséquence, nous sommes aujourd’hui exposés àdes dizaines de milliers de substances chimiques quin’existaient pas sur cette planète il y a encorequelques dizaines d’années. Des études montrent quebeaucoup de ces substances chimiques se retrouventdans les tissus corporels des animaux et deshommes. Dans certains cas l’exposition à cessubstances peut se produire à l’étape la plus sensiblede la croissance : lors du développement in utérin dufœtus. Alors que nos grands-parents, lorsqu’ils setrouvaient dans le ventre de leur mère, n’ont pas étéexposés à ces nouvelles substances chimiques.

Plusieurs études récentes, telles celles effectuéespar l’Environmental Working Group aux Etats-Unis et par le WWF et Greenpeace en Europe,rapportent la présence d’un large éventail desubstances chimiques de synthèse dans le sangd’adultes et d’enfants (WWF Royaume-Uni 2003,2004, WWF 2004a, b, Greenpeace Pays-Bas2004, Greenpeace/WWF 2005). Aucun desadultes volontaires n’était exposé régulièrement àdes produits chimiques dans le cadre de sontravail, et pourtant aucun n’échappait à unecontamination chimique du sang, ce qui illustrebien l’ubiquité de notre exposition quotidienne auxsubstances chimiques.

Le placenta ne fait en général pas office de barrièrecontre les produits chimiques qui polluent déjà lecorps de la mère. Le fœtus en développement peutainsi être exposé aux substances chimiquesprésentes dans le sang maternel. En sus d’êtreexposé quotidiennement aux mêmes substanceschimiques que sa mère, le fœtus en développementest aussi exposé aux substances chimiques qui se

sont accumulées dans les tissus maternels et quisont remis en circulation pendant la grossesse. Leliquide amniotique dans lequel baigne le bébé toutau long de sa croissance s’est aussi révélé contenirdes substances chimiques dangereuses, ainsi que lesang acheminé par le cordon ombilical(Greenpeace/WWF 2005). Après la naissance, lenourrisson continue d’être exposé aux substanceschimiques contenues dans le lait maternel2.

Ces études examinent la distribution de plusieursfamilles clés de substances chimiques qui soulèventdes préoccupations de par leur capacité à engendrerdes effets négatifs (dont la capacité d’interférer avecle système hormonal).Toutefois, de nombreusesautres substances chimiques de synthèse sontsusceptibles d’être également présentes mais n’ontpas été ciblées dans ces travaux.

1.2 Croissance des troubles de la reproduction

La croissance de l’incidence de certaines atteintesà l’appareil de reproduction (à l’instar d’autreseffets sur la santé) s’est effectuée parallèlement àl’augmentation de la production et de l’utilisationde substances chimiques. Par exemple, dans denombreuses régions en Europe, le compte despermatozoïdes a diminué radicalement au coursdes 50 dernières années, les cancers des testiculessont en augmentation importante et le ratio sexuel,la proportion entre les naissances de garçons et defilles, semble s’inverser en faveur des dernières.

Ces augmentations en parallèle de telsphénomènes sanitaires pourraient n’être qu’unecoïncidence. Les méthodes dont nous disposonspour déterminer les causes de maladies telles queles cancers, ou les impacts intergénérationnels dessubstances chimiques qui interfèrent avec leshormones, sont limitées et ne peuvent nous fournirdes réponses claires. Ce qui est certain,néanmoins, c’est que de nombreuses substanceschimiques, retrouvées couramment dansl’environnement et dans le corps humain, ontmontré à travers des tests de laboratoires leurcapacité à causer le type d’effets qui peuvent êtreà l’origine des tendances de la reproductionhumaine que nous observons à l’échelle mondiale.Nous ne serons peut-être jamais certains que descauses chimiques sont à l’origine de ces tendances,mais les éléments de preuves disponibles méritentd’être traités avec sérieux et responsabilité.

2. Il est largement reconnu quel’allaitement maternel apportedes bénéfices importants aunourrisson, surtout dans lespremiers mois après la naissance,par le transfert de nutrimentsvitaux et d’anticorps de la mèrevers l’enfant. Il joue aussi sur ledéveloppement du lien entre mèreet enfant. Par conséquent, malgréles préoccupations générées parla contamination chimique,l’allaitement demeurerecommandé par les scientifiqueset les professionnels de santépublique. Plutôt qu’un motif pourcesser d’allaiter, la présenceactuelle de contaminantschimiques dans le lait maternelillustre l’urgence de maîtriser lapollution chimique à la source.

1.3 Interférences avec le développement del’appareil de reproduction

De nombreux produits chimiques sont préoccupantsau regard de leurs impacts sur la reproduction. Unpeu plus de 50 substances chimiques sontofficiellement classées comme toxiques pour lareproduction en Europe (étiquetées R60 “peutaltérer la fertilité”, ou R61 “risque pendant lagrossesse d’effets néfastes pour l’enfant”) sous laDirective 67/548 concernant la classification etl’étiquetage. Des dizaines d’autres substances sontreconnues comme potentiellement toxiques pour lareproduction (étiquetées R62 ou R63). Mais ils’agit sans aucun doute d’une fraction seulementdes substances chimiques sur le marché qui peuventinterférer dans le développement de l’appareil dereproduction animal, y compris chez les humains.De nombreuses autres substances sont connues oususpectées pour leur capacité d’interférer avec lesystème endocrinien (hormonal), ce mécanisme derégulation chimique qui, chez chacun d’entre nous,est si vital pour contrôler la croissance, ledéveloppement et la santé. Mais la plupart dessubstances n’ont tout simplement jamais ététestées pour ces effets.

Jusqu’à une époque relativement récente, lesinquiétudes se concentraient sur un petit nombrede polluants environnementaux de synthèse bienconnus, tels que les pesticides chlorés (DDT,dieldrine, chlordane, hexachlorobenzène, …) oucertains produits chimiques jadis très employéscomme les biphényles polychlorés (PCB). En plusde s’être répandues dans l’environnement, jusqu’àatteindre des écosystèmes très éloignés de leursource d’utilisation et de diffusion, ces substanceschimiques sont connues depuis des dizainesd’années pour leurs effets toxiques variés sur lesanimaux et, dans certains cas, sur les humains ycompris l’altération du développement de leursystème de reproduction (Allsopp et al. 1999). Cen’est que récemment que les détails desmécanismes responsables de leur toxicité ont étédécouverts, comme le phénomène de perturbationhormonale ou endocrinienne.

Même dans ce cas, les chercheurs ne se sontintéressés qu’à un effet particulier, en l’occurrencela capacité de ces substances chimiques de synthèseà agir comme des hormones stéroïdes femellesnaturelles connues sous le nom génériqued’œstrogènes. Leurs effets sur d’autres parties dusystème endocrinien ont été très peu étudiés. Et,lorsqu’il s’agit de prendre en compte l’ensembledes autres substances chimiques dangereusesauxquelles nous sommes exposés tous les jours, lesfrontières de la compréhension scientifique sontlargement dépassées.

Le consensus international sur les dangers queprésentent certaines substances chimiques trèsrépandues et persistantes pour l’environnement etla santé humaine, désignées sous le terme dePolluants Organiques Persistants (POP) dont lesPCB et les pesticides chlorés répertoriés ci-dessus,a fini par aboutir à la préparation de la Conventionde Stockholm (2001). A quelques exceptions près,cette poignée de substances chimiques (12 en tout)sont aujourd’hui bannies ou leur usage estsévèrement restreint dans la plupart des pays dumonde, bien que nous continuions à y être exposésà cause de leur durée de vie et, dans les cas desdioxines et des PCB, parce qu’ils continuent à êtreproduits en tant que sous-produits involontaires del’incinération et de l’enfouissement des déchets etde certains procédés industriels.

Même si quelques substances supplémentaires sontactuellement sur la table des négociations pour leurinscription sur la liste POP de Stockholm, elles nereprésentent jamais qu’une faible part dessubstances chimiques capables d’altérer ledéveloppement de l’appareil de reproduction.D’autres substances chimiques aux propriétéssimilaires de persistance dans l’environnement(résistance à la dégradation), de capacitéd’accumulation (accumulation dans les tissuscorporels et à travers la chaîne alimentaire) et detoxicité (y compris pour la reproduction)continuent à être couramment utilisées aujourd’hui.Certaines d’entre elles sont même utilisées commeadditifs dans des produits largement distribués enEurope. Par exemple :

ATTENTION FRAGILE ! | 7

8 | ATTENTION FRAGILE !

3. Plusieurs usages dunonylphénol et de ses composésont été récemment interdits parl’Union européenne (26eme

amendement de la directive76/769). De nombreux usages del’octylphénol et de ses composésfont apparemment l’objetd’abandons volontaires de la partde l’industrie, avant même lesrésultats de l’évaluation desrisques conduite par l’UE. Endehors de l’Europe, il existe peude restrictions et l’usage de cesdeux composés et de leurs dérivésdemeure répandu , en particulierdans des détergents industriels et ménagers.

rraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

1

présentation des enjeux suite

FAMILLE CHIMIQUE

Alkylphénols etsubstances apparentées(en particulier éthoxylatesd’alkylphénol, ou APE)

Phtalates (esters dephthalate)

Retardateurs de flammebromés (en particulier lesdiphényl étherspolybromés, ou PBDE,l’hexabromocyclododécane, ou HBCD, et letétrabromobisphénol-A, oule TBBPA)

Composés organoétains(dont mono, di ettributylétain ettriphénylétain)

Bisphénol-A et sesdérivés

Muscs artificiels (dontles muscs nitrés tels quele musc xylène et lemusc cétone, ainsi queles muscs polycycliquestels que le HHCB, ougalaxolide, et l’AHTN,ou tonalide)

TABLEAU 2 : SUBSTANCES CHIMIQUES PRÉOCCUPANTES POUR LA REPRODUCTION HUMAINE

USAGES COURANTS

* anciennement1 dans les secteurs del’entretien industriel et institutionnel(y compris l’entretien domestique)

* finition textiles et cuir

* produits de toilette

* production de pesticides

* plastifiants du PVC et certainesapplications pour polymères

* agents gélifiants

* solvants et fixateurs dans lescosmétiques et autres produits desoin du corps

* retardateurs de flamme dansappareils industriels et électriques,véhicules, éclairage, câblage, ettextiles, matériaux de rembourrageet d’isolation (polystyrène)

* stabilisateurs UV du PVC

* produits agrochimiques et biocides

* revêtements anti-salissures

* catalyseurs

* production de plastiquepolycarbonate utilisé par exemplepour les biberons, les CD, les pare-brises de véhicules légers, etc

* production de résines époxy utiliséepar exemple dans les revêtementsdes emballages alimentaires

* mélanges de fragrances pourdétergents, tissus, après-shampoing, agents nettoyants,rafraîchisseurs d’ambiance etautres produits domestiques

* produits cosmétiques tels que savons,shampoings et parfums

PRÉOCCUPATIONS POUR LA REPRODUCTION

* action similaire à celle des hormones

* infertilité masculine accrue,diminution de la taille des testiculeset de la qualité du sperme

* toxique pour les testicules

* distance anogénitale réduite, fissurede la verge, hypospadias et absence dedescente des testicules chez les jeunesgarçons

* réduction de la fertilité chez leshommes et les femmes

* toxique pour le fœtus (susceptibled’entraîner la mort ou des malformations)

* imitation des œstrogènes

* malformations congénitales observéeschez les rongeurs

* impacts sur le système nerveux et ledéveloppement comportemental

* inhibition de la production d’hormonestéroïde

* impact négatif sur le développementin utero du fœtus, dont anomalies dudéveloppement génital chez le fœtus mâle

* activité œstrogénique

* altération des organes de reproductionmâles

* induction de puberté précoce

* réduction de la capacité d’allaitementmaternel

* activité œstrogénique

* activité anti-œstrogénique

ATTENTION FRAGILE ! | 9

On sait depuis un certain temps grâce à des études delaboratoires que ces substances chimiques, parmid’autres, ont la capacité inhérente d’interférer avec lesystème endocrinien (hormonal) des animaux, et enparticulier des mammifères. Dans certains cas leurseffets négatifs sur la reproduction sont biendocumentés, plus spécifiquement, leurs impacts sur ledéveloppement des organes reproducteurs à des étapesprécoces. Les hormones contrôlent le processus dedéveloppement chez le fœtus et l’enfant en bas âge àdes niveaux très bas (ppt soit un millionième demillionième). Comme nous allons le voir plus loin, denombreux polluants de l’environnement peuvent êtretrouvés dans les fluides ou les tissus corporels chezl’homme à des niveaux bien supérieurs, si bien quemême l’activité des substances chimiques ayant uneaction de perturbation hormonale qualifiée de “faible” doit être considérée.

A cause de la nature complexe du système endocrinien(hormonal) chez les animaux et les humains, et du faitqu’il soit contrôlé par de très faibles doses d’hormonesnaturelles qui circulent dans le corps, la toxicologie desperturbateurs endocriniens s’est montréeparticulièrement difficile à prévoir, à décrire et àquantifier. Néanmoins, étant donné la variété desprocessus du métabolisme et du développement quisont contrôlés par des hormones, l’importance del’exposition à des substances chimiques capablesd’interférer avec les mécanismes naturels designalisation ne saurait être suffisamment soulignée.

Un autre constat préoccupant peut être dressé surnotre ignorance des implications sanitaires del’exposition à des combinaisons de plusieurssubstances chimiques. En général, dans les études delaboratoires, les effets d’une exposition chimique sonttestés individuellement, substance par substance.Nous restons très démunis pour tester les impactstoxiques d’une exposition à des combinaisons desubstances chimiques, en particulier lorsque ces“cocktails” chimiques rassemblent des dizaines, voiredes centaines, de substances individuelles.

A Prague en mai 2005, un groupe international etinterdisciplinaire d’experts et de scientifiques réunisau sein d’un symposium du CREDO, un programmede recherche européen, a publié en clôture laDéclaration de Prague. Les experts y affirment :

“Les Européens sont exposés, à de faiblesniveaux, à un grand nombre de perturbateursendocriniens qui peuvent agir de concert.Beaucoup de ces substances chimiques,médicaments ou produits naturels se retrouventdans les tissus humains et dans le lait maternel.Les êtres humains sont exposés à ces substanceschimiques dès leur plus jeune âge lorsquel’organisme en cours de développement peutêtre particulièrement sensible.” (Déclaration de Prague 2005)

1.4 Protéger la génération à venir

Nous nous trouvons actuellement à un tournant del’histoire de la réglementation chimique. A la fin del’année 2006, le Parlement et les gouvernementseuropéens devront statuer sur une proposition de loiconnue sous le nom de REACH (enRegistrement,Evaluation, Autorisation des substances CHimiques)qui vise à améliorer de manière significative la façondont les substances chimiques sont réglementées etutilisées en Europe. REACH promettait à l’origined’importants changements afin de garantir un hautniveau de protection de la santé publique et del’environnement en contraignant l’industrie à fournirdes informations sur la sûreté des produits chimiquesqu’elle fabrique et à remplacer les substances lesplus problématiques dites “extrêmementpréoccupantes” (dont les toxiques pour lareproduction) par des produits chimiques ou destechnologies de remplacement plus sûrs.

Cependant, au cours de sa rédaction, la législation estprogressivement devenue moins contraignante etmoins ambitieuse, au point que le degré de protectionqu’elle sera susceptible d’offrir est très sérieusementremis en cause. Ainsi, l’Union européenne sembleaujourd’hui vouloir renoncer à la protection du publicvis-à-vis des perturbateurs hormonaux en incluantcette catégorie explicitement dans la liste despropriétés “extrêmement préoccupantes”. Unequestion apparemment très technique mais sansdoute cruciale est également au cœur du débat sur laréforme chimique : faut-il ou non faire reposer ounon le sort réservé à ces substances (à l’instar decertains CMR) sur l’établissement de niveauxconsidérés comme “sûrs” alors que ces produitschimiques sont actifs individuellement à des niveauxinfimes et pourraient, combinés, présenter des effetsadditifs ? Tous ces points sont largement discutésdans un autre rapport de Greenpeace,“Failles etéchappatoires de la procédure d'autorisation deREACH dans la position du Conseil de l'UE”(Santillo et Johnston 2006).

Notre rapport analyse les conséquences de la faillitede la maîtrise de l’exposition à des substanceschimiques toxiques pour la reproduction, et, enconséquence, des implications futures si REACHn’assure pas le niveau de protection nécessaire. Ilpasse en revue les travaux scientifiques sur l’évolutiondes troubles de la reproduction et les preuves descontributions à ces tendances de l’expositionquotidienne aux substances chimiques dangereuses, autravers d’exemples liés aux substances chimiquesrépertoriées ci-dessus.Y figurent aussi desinformations plus complètes sur la toxicité de cessubstances pour la reproduction, telle que mise enévidence en laboratoire, ainsi que les preuvesdisponibles de leur présence abondante en tant quecontaminants dans les tissus humains.

10 | ATTENTION FRAGILE !

troubles de la reproduction et exposition aux substances chimiques :le lien

rraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

2Les preuves directes d’impacts sanitaires sur lesêtres humains dus à l’exposition aux substanceschimiques préoccupantes discutées dans ce rapportsont, et resteront sans doute, difficiles à établir.Cela est du au fait qu’il n’existe pas de groupetémoin vierge de toute exposition chimique auquelse référer – de fait, nous sommes tous exposés àde multiples substances chimiques et à des niveauxtrès variables. De plus, certaines maladies etautres problèmes de santé peuvent ne semanifester que plusieurs années, voire des dizainesd’années, après la période clé d’exposition. Mêmesi le dommage s’effectue à un très jeune âge, lesconséquences sanitaires peuvent ne se faire sentirqu’à l’adolescence ou l’âge adulte, ce quicomplique davantage l’investigation du lien entrel’exposition chimique et les effets sur la santé.

Des études en laboratoire peuvent servir àdéterminer si une substance chimique peut affecterles hormones, en cherchant les indicateurs d’uneperturbation endocrinienne et/ou d’un trouble de lareproduction dans l’ensemble de l’organisme. Lesétudes sur l’homme sont rares, et ne peuvent detoute évidence pas impliquer une expositiondélibérée à des substances chimiques suivie d’unrelevé des effets. Les études portant sur lesimpacts sur les êtres humains se sont doncconcentrées inévitablement sur l’identification derelations (corrélations) entre des concentrationsde différentes substances chimiques dans le corpset l’incidence des maladies atteignant le systèmede reproduction.

L’exposition durant les étapes les plus précoces dela vie sont particulièrement préoccupantes. Lesbébés, avant et après la naissance, sont considéréscomme plus sensibles à l’exposition chimique car ilsmétabolisent et éliminent les substances chimiquesplus lentement de leur corps que les adultes, etparce que ces périodes comptent parmi les pluscomplexes et les plus fragiles en terme dedéveloppement corporel. Les hormones jouentplusieurs rôles critiques dans le contrôle de lacroissance et du développement au stade précoce dela vie ; c’est pourquoi toute interférence pourraitgénérer des effets graves et irréversibles sur ledéveloppement de l’enfant avec des conséquencesn’apparaissant que plus tard dans sa vie.

Cette section présente plus en détails les preuvesdes évolutions des troubles de la reproductionhumaine et leurs liens possibles avec uneexposition à des substances chimiques.

2.1 Troubles de l’appareil de reproduction masculin

2.1.1 Evolutions des troubles de la reproductionet de la perturbation endocrinienne chez l’homme

Un certain nombre d’évolutions inquiétantes destroubles de l’appareil de reproduction masculin ontété identifiés dans les pays industrialisés :

* Un article publié en 1992 rapporte que la quantitéde spermatozoïdes dans le sperme a baissé àl’échelle mondiale de 50% entre 1940 et 1990(Carlsen et al. 1992). Depuis, d’autres études ontaussi montré une baisse de la quantité despermatozoïdes dans plusieurs pays. Cette chute ducompte spermatique a été décrite comme évoluantde 1% par an (Swan et al. 2000). En moyenne, unhomme occidental moyen produit seulement lamoitié des spermatozoïdes que produisaient sonpère ou son grand-père (Carlsen et al. 1995, Swanet al. 1997, Swan et al. 2000). Par exemple, uneétude menée au Danemark révélait que les jeunesde 18-20 ans nés dans les années 1980 avaient laquantité de spermatozoïdes la plus basse jamaisenregistrée chez des hommes danois normaux(Andersen et al. 2000). Des études réalisées enFrance, en Ecosse et au Danemark ont aussimontré que la qualité du sperme se dégrade chezles jeunes hommes (Carlsen et al. 1992, Auger etal. 1995, Irvine et al. 1996, Carlsen et al. 1999,Andersen et al. 2000, Skakkebaek et al. 2001).Les faibles quantités de spermatozoïdes touchentenviron 20% des jeunes hommes dans certainspays européens (Sharpe 2005). La stérilitéaffecterait aujourd’hui 15-20% des couples dansles pays industrialisés, comparée à 7-8% au débutdes années 1960 (Saradha et Mathur 2006).

* Des études menées dans trois centres d’accueilsur la stérilité en Allemagne (Hambourg,Leipzig et Magdeburg) révèlent aussi une baissesignificative de la qualité du sperme au fil desannées (Licht 1998, Glockner et al. 1998,Thierfelder et al. 1999). Réalisées auprès deplusieurs milliers d’individus dans chaque cas,ces études comptent parmi les plus importantesréalisées dans le monde à ce jour.

* L’incidence d’une malformation du pénis à lanaissance, où le canal de l’urètre ne s’ouvre pasau sommet du pénis mais le long de la verge oudu scrotum (hypospadias), a doublé aux Etats-Unis entre 1970 et 1993 (Paulozzi et al.1997).

* La cryptorchidie, qui consiste en une absence dedescente des testicules dans le scrotum avant lanaissance, se produit chez 2 à 5% desnaissances mâles, dans les pays occidentaux, etest en augmentation. Les garçons nés avec ce

ATTENTION FRAGILE ! | 11

défaut encourent aussi de plus grands risques decancer des testicules et du sein plus tard dansleur vie (Paulozzi, 1999).

* L’incidence du cancer des testicules augmentedans certaines régions du monde. C’est le cancerle plus commun chez les hommes âgés de 20 à34 ans (Huyghe et al. 2003). L’incidence ducancer des testicules chez les hommes de typecaucasien a augmenté progressivement au coursdes 50 dernières années ou plus (Sharpe 2005).En ex-RDA, l’incidence du cancer des testiculesa quadruplé en 28 ans, entre 1961 et 1989, cequi représente une augmentation moyenne de5% par an, avec les augmentations les plusimportantes observées chez les populationsurbaines (Rosch et al. 1999).

Les scientifiques pensent que les maladies et lesanomalies du système de reproduction masculinlistées ci-dessus peuvent être les symptômes d’uneseule et unique maladie testiculaire appeléesyndrome de dysgénésie. Cette anomalie dudéveloppement des testicules chez le fœtus estsusceptible d’être générée par une perturbation deshormones sexuelles au cours du développement(Skakkebaek et al. 2001). Précisément, on penseque ce syndrome implique un dysfonctionnementhormonal des testicules du fœtus, en particulier uneréduction de la production de testostérone. Celaentraîne une “démasculinisation” du petit garçon. Ilexiste une hypothèse selon laquelle les substanceschimiques qui interfèrent avec les hormones au coursdu développement, y compris en contrant l’action deshormones stéroïdes mâles (les fameuses substanceschimiques anti-androgyniques), pourrait aboutir àces impacts néfastes sur le système de reproductionmasculin. Puisque les humains sont exposés à dessubstances chimiques qui peuvent interférer avecl’action des hormones, il est possible que l’expositionintra-utérine à de telles substances chimiquesperturbatrices endocriniennes puisse constituer unfacteur favorisant l’augmentation de l’incidence destroubles du système de reproduction masculin.

Un groupe international et interdisciplinaired’experts et de scientifiques s’est réuni à Prague du10 au 12 mai à l’occasion d’un symposium sur lessubstances chimiques perturbatrices du systèmeendocrinien (le CREDO Cluster Workshop). Ladéclaration suivante, formulée par les scientifiqueslors de cette réunion, appelée Déclaration dePrague, souligne la très forte préoccupation quientoure le déclin de la fertilité masculine et lapossible contribution à ce phénomène del’exposition aux substances chimiquesperturbatrices du système endocrinien :

“Nous sommes très préoccupés par la prévalenceimportante des troubles de la reproduction chezles jeunes garçons et les jeunes hommeseuropéens, et concernant l’augmentation descancers touchant les organes reproducteurs, telsque les seins et les testicules. Le mode de vie,l’alimentation et la contamination del’environnement jouent un rôle dans lesdifférences régionales observées quant à cesmaladies et leur évolution dans le temps”

…et…,

“L’action hormonale joue un rôle importantdans l’origine ou la progression des troublesci-avant mentionnés. Ainsi est-il plausible quel’exposition à des perturbateurs hormonauxsoit impliquée, mais il existe des difficultésinhérentes pour établir de tels liens decausalité chez les humains.” (Déclaration de Prague 2005)

La grande majorité des substances chimiques encirculation n’ont jamais été testées pour leurseffets possibles sur le système androgène(hormones stéroïdes mâles), malgré le rôlefondamental de ce système dans le contrôle de lacroissance et du développement chez les animauxet les humains.

2.1.2 Exposition chimique de l’enfant en basâge : le cas des phtalates

A ce jour, très peu d’études se sont directementintéressées aux impacts possibles des substanceschimiques perturbatrices du système endocrinien surl’appareil de reproduction masculin. Deux d’entreelles, parmi les plus récentes et les plus reconnues(Main et al. 2006, Swan et al. 2005) se penchent surl’exposition aux phtalates (esters de phtalates) inutero et peu après la naissance. Prises ensemble, cesétudes suggèrent que l’exposition aux phtalates aucours des premières stades de la vie est associée àune perturbation hormonale et à des impacts sur lareproduction masculine.

L’étude réalisée par Main et al. (2006) a exploré lapossibilité d’une influence des phtalates dans le laitmaternel sur les niveaux d’hormones dereproduction chez les garçons âgés de trois mois.Soixante-huit garçons en bonne santé ont étécomparés à 62 garçons atteints de cryptorchidie,trouble impliquant une absence de descente destesticules dans le scrotum avant la naissance. Bienque l’étude ne révèle pas de lien direct entrel’exposition aux phtalates et l’incidence de lacryptorchidie, elle montre que des taux plus élevésde métabolites des phtalates comme le monométhylphtalate (MMP), le monoéthyl phtalate (MEP), le

12 | ATTENTION FRAGILE !

troubles de la reproduction et exposition aux substances chimiques :le lien suite

rraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

2mono-n-butyl phtalate (MnBP) et le monoisononylphtalate (MiNP) dans le lait maternel, et parconséquent, une exposition plus importante desnouveaux-nés, étaient associés à des altérations deleurs niveaux d’hormones de reproduction. Cesrésultats confirment l’hypothèse selon laquelle lestesticules humains peuvent être vulnérables àl’exposition aux phtalates lors de leurdéveloppement, même si la cryptorchidie n’est pasune conséquence prévisible. Les auteurs de cetteétude affirment qu’il est urgent de mener des étudessupplémentaires pour confirmer ces résultats etsoulignent que, bien qu’il n’y ait aucun lien apparententre exposition et cryptorchidie, le groupe d’enfantsétudié constituait peut-être un effectif insuffisantpour mettre en évidence un tel effet.

Des tests sur animaux de laboratoire ont montré defaçon concluante que l’exposition de femelles derats enceintes à certains phtalates entraîne unesérie de troubles de la reproduction chez les petitsmâles similaires à la dysgénésie testiculaire chezl’homme (c.f. section 3.2). L’étude de Swan et al.(2005) a cherché à savoir si l’exposition humaine àdes phtalates in utero était également associée àdes effets sur l’appareil de reproduction masculinchez l’enfant exposé.

Cette étude contrôlait les concentrations deplusieurs phtalates dans les urines de la mèrecomme indicateur de l’exposition du fœtus dans lecorps maternel. Afin de vérifier l’impact desphtalates sur l’appareil de reproduction masculin,la distance anogénitale a été mesurée chez 134garçons âgés de 2 à 36 mois. La distanceanogénitale est définie comme la distance entrel’anus et la base du scrotum qui, chez lesrongeurs, est connue pour être une mesurerévélatrice de l’exposition prénatale aux anti-androgènes, cette distance diminuant avecl’augmentation de l’exposition. L’évaluation arévélé que, comme dans les études animales, uneexposition plus importante aux phtalates in uterochez ces petits garçons se traduisait par uneréduction de la distance anogénitale. Une plusforte exposition entraînait aussi un défaut dedescente testiculaire. Ces résultats confirmentl’hypothèse qu’une exposition aux phtalates chezles humains aux niveaux environnementaux actuelspeut avoir des effets négatifs sur le système dereproduction masculin. En d’autres termes,l’exposition à des phtalates peut être l’une descauses qui contribuent au syndrome de dysgénésietesticulaire. Des recherches approfondies doiventêtre menées pour confirmer ces résultats (Sharpe2005, Swan et al. 2005).

Les impacts de substances chimiques combinées surle système de reproduction masculin ont été le sujetd’une conférence récente organisée par le Comitésur la Toxicité, une structure qui conseille legouvernement du Royaume-Uni concernant lesimpacts sanitaires des substances chimiques dansl’environnement (ENDS 2006). Les résultats d’uneétude encore non-publiée ont été livrés lors de cetterencontre. Dans ces travaux de recherche, desfemelles de rats enceintes ont reçu des mélangeschimiques capables de provoquer des effets anti-androgyniques, dont les phtalates DBP, DEHP etBBP, et quatre pesticides. L’étude montre quel’exposition à ces mélanges chimiques a induit desimpacts additionnels chez le système dereproduction de la descendance masculine de cesrongeurs. Ces résultats peuvent expliquer commentl’exposition à un cocktail de substances chimiquesprésentes dans l’environnement, chacune à faibledose, peut avoir des implications pour la viabilité del’appareil de reproduction masculin.

2.1.3 Autres causes possibles de la diminutiondu compte spermatique

Une étude récente réalisée aux Etats-Unis cherchait àsavoir si les polluants atmosphériques avaient unimpact sur la qualité du sperme (concentration etmobilité des spermatozoïdes) (Sokol et al. 2006).L’étude a découvert que l’augmentation de laconcentration d’ozone s’accompagnait d’une réductionde la qualité du sperme, ce qui indique que l’ozone peutêtre un agent toxique pour la reproduction. L’ozone estle principal oxydant présent dans la pollutionphotochimique de basse altitude, un phénomènecourant dans l’environnement urbain. Il est admis quele mécanisme qui permet à l’ozone d’exercer des effetssur la qualité du sperme repose sur le stress oxydant,un mécanisme déjà connu pour perturber les fonctionstesticulaire et spermatique. Fumer peut entraîner unelégère diminution de la concentration du spermecouramment associée au stress oxydant, bien qu’aucuneétude n’ait exploré l’association plus large entre fuméede cigarette, pollution et qualité du sperme.

Au fil du temps, de nombreux autres facteurs ontété considérés pour expliquer la baisse du nombrede spermatozoïdes et de la qualité du spermeobservées chez les humains, y compris leschangements de régime alimentaire, des facteursliés au mode de vie et même le port de vêtementsprès du corps. Si l’influence de tels facteurs, prisindividuellement ou combinés, ne peut être ignorée,cela n’annule pas les preuves apportées par ailleursqui indiquent que l’exposition à des substanceschimiques de synthèse peut aussi contribuer à cettediminution, ni l’urgence qu’il y a en conséquence àse préoccuper de cette exposition.

ATTENTION FRAGILE ! | 13

2.2 Troubles de l’appareil de reproduction féminin

Au cours des 50 dernières années, les femmes des paysindustrialisés ont connu une hausse des anomaliesaffectant leur système de reproduction.De plus en plusde femmes souffrent d’endométriose, l’ostéoporose resteun problème, et dans certains pays les jeunes fillesatteignent la puberté plus tôt.

2.2.1 L’endométriose

L’endométriose est une maladie qui fait que les tissusde l’endomètre, qui recouvrent l’intérieur de l’utérus,grandissent hors de l’utérus et s’attachent aux autresorganes, en général dans la cavité pelvienne, tels queles ovaires et les trompes de fallope. Ces tissusdemeurent sous contrôle hormonal normal, donccroissent, se rompent et saignent comme à l’intérieurde l’utérus. Ces saignements internes dans les cavitéspelvienne ou abdominale, sont alors prisonniers àl’intérieur du corps et entraînent des inflammations,douleurs et la formation de tissus cicatriciels. Lestissus de l’endomètre peuvent aussi se retrouver dansun ovaire, où ils peuvent former des kystes.L’endométriose est une source de douleurs chroniquesintenses. Selon des estimations, une femme sur dix auxEtats-Unis souffre de cette maladie, obligeant plus de100 000 d’entre elles à subir une hystérectomie(retrait de l’utérus) chaque année (Rier 2002).

Un certain nombre de substances chimiques desynthèse sont connues pour accroître la prévalenceet la gravité de l’endométriose, bien que l’onignore si ces substances sont responsables del’augmentation de l’endométriose dans lapopulation générale. Par exemple, chez les singes,les PCB et les dioxines causent des endométrioseset aggravent celle-ci chez les animaux déjàatteints. D’autres recherches suggèrent que lesPCB et les dioxines pourraient augmenter lesrisques d’endométriose chez les femmes. Lapopulation est régulièrement exposée à des dosesde dioxine bien au-dessus de celles qui sontreconnues comme entraînant l’endométriose chezles singes (Rier 2002).

Une étude a mis en évidence le fait que les femmesatteintes d’endométriose ont dans leur sang destaux de phtalates DEHP supérieurs à la normaledes autres femmes. De plus, on a détecté du DEHPet/ou le métabolite MEHP dans le liquide péritonéalde 92,6% de ces femmes (c.f.Tableau 3). Celasuggère que le DEHP peut participer à provoquerl’endométriose (Corbellis et al. 2003).

2.2.2 Puberté précoce

Dans certaines régions du monde, les jeunes fillesatteignent la puberté beaucoup plus tôt que par lepassé, et entament parfois leur développement sexuelplusieurs années en avance sur la normale. Une étudemenée en 2001 sur les enfants immigrés d’Europeprovenant de pays d’Amérique Latine et d’Asie amontré que certaines jeunes filles commençaient àavoir de la poitrine avant huit ans et avaient leursrègles avant dix ans (Krstevska-Konstantinova et al.2001). Bien que les scientifiques ne soient pas sûrs del’origine de cette précocité, l’exposition dès le plusjeune âge à l’insecticide DDT avant leur immigrationen est une cause possible ; des niveaux élevés de DDE,un produit issu de la décomposition du DDT, ont étémesurés dans le sang de trois-quarts des enfantsimmigrants montrant des signes de puberté précoce.Le DDT est interdit dans les pays développés, mais denombreux pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asiecontinuent à l’utiliser contre les moustiques porteursde malaria. On pense que l’effet de cet insecticideprovient de la capacité du DDE à imiter lesœstrogènes, les hormones féminines.

Une étude de la répartition de la puberté précocechez les garçons et les filles, en Toscane (Italie),suggère que les facteurs environnementaux, dontla pollution due aux perturbateurs endocriniens,pourraient être responsables de l’incidence plusélevée de puberté précoce dans certaines régions(Massart et al. 2005).

Une étude portant sur les jeunes filles portoricaines arelevé une recrudescence du développement précocede la poitrine avant huit ans (prémature thélarche), etsuggère que ce phénomène est peut-être lié à uneexposition importante aux phtalates (Colon et al.2000). Des taux de phtalates significatifs ont étérelevés dans des échantillons de sang chez 28 des 41jeunes filles atteintes de prémature thélarche, soit68%. En comparaison, de hauts niveaux de phtalatesn’ont été détectés que dans 1 échantillon sur 35 chezdes jeunes filles au développement de la poitrinenormal. Cette étude suggère une association possibleentre phtalates connus pour leur activité œstrogèniqueet anti-androgénique et la cause du développementprécoce de la poitrine. Il a été remarqué que PortoRico importe beaucoup de nourriture emballée dansdu plastique qui, combiné à d’autres facteurs, pourraitcontribuer à une exposition globale importante à des

GROUPE

FEMMES ATTEINTES

D’ENDOMÉTRIOSE

FEMMES NORMALES

TABLEAU 3 : TAUX DE DEHP DANS LESANG CHEZ LES FEMMES

PLAGE DE

CONCENTRATIONS

0-3.24 ug/ml

0-1.03 ug/ml

MÉDIANE

0.57 ug/ml

0.18 ug/ml

Source: Corbellis et al. (2003).ug/ml = microgrammes par millilitre

14 | ATTENTION FRAGILE !

phtalates. Un biais possible dans cette étude est que lapériode d’exposition aux phtalates est inconnue et queces taux élevés peuvent n’être que le reflet d’unecontamination des échantillons de sang par desphtalates (Swan et al. 2005).

2.2.3 Autres effets sur la reproduction

Dans une autre étude, un lien significatif a été établientre des problèmes gynécologiques et les taux demusc xylène et de musc cétone dans le sang defemmes, suggérant que ces muscs peuvent avoir unetoxicité pour le système de reproduction et deseffets sur le système endocrinien chez les humains(Eisenhardt et al. 2001). Encore une fois, il n’a pasété possible à ce stade de déterminer s’il s’agit ounon d’une relation de cause à effet.

2.3 Modification du ratio sexuel

Le sexe d’un individu est génétiquement déterminéet la proportion de naissances de garçons parrapport aux naissances filles, désignée sous leterme de ratio sexuel, devrait en théorie être à peuprès égale. En réalité, les garçons sont en très légersurnombre par rapport aux filles : un fait qui peuts’expliquer par plusieurs facteurs, y compris l’âgedes parents et le moment de l’insémination pendantle cycle (Moller 1996).

Cependant, des signes commencent à apparaître quiindiquent que le ratio sexuel est en train de changer. Lenombre de garçons diminue par rapport aux filles(Allan et al. 1997, Davis et al. 1998,Vartianen et al.1999). Par exemple, on estime que les Etats-Unis ont“perdu” 38 000 garçons entre 1970 et 1990. Unetendance similaire s’est amorcée dans les années 1950aux Pays-Bas et au Danemark. Depuis, les Etats-Unis,le Canada, la Suède, l’Allemagne, la Norvège, le Japon,la Finlande et l’Amérique Latine ont tous observé unchangement de la proportion garçons-filles. Danscertaines régions du Canada, il “manque” presque sixgarçons pour mille. Dans certaines régions rurales desEtats-Unis, trois filles naissent pour deux garçons.

Il est possible, bien que cela n’ait pas été prouvé, queles substances chimiques de synthèse soient impliquéesdans la diminution du taux de naissances de garçonsen provoquant la mort sélective des fœtus mâles. Destravaux de recherche publiés dans The Lancetindiquent que les fœtus mâles meurent dans uneproportion sans précédent dans les tous premiers moisaprès la conception, et ce, de plus en plus tôt (Mizuno2000). Cela pourrait expliquer, au moins en partie, les“disparitions” de garçons. The Lancet avait enregistréqu’en 1966 2,52 fœtus mâles mourraient contre unfœtus femelle, entre la 12e et la 15e semaine degrossesse. En 1986, ce pourcentage était passé à6,16. En 1996, plus de dix fœtus mâles mourraient

contre un fœtus femelle. Au total, durant la grossesse,plus du double de fœtus mâles meurent par rapportaux fœtus femelles.

La cause de la diminution du nombre de garçons parrapport aux filles est inconnue mais pourrait être liée àl’exposition de la population générale aux substanceschimiques. Par exemple, un article paru dans leCanadian Medical Association Journal met en garde :

“Il a été observé que l’exposition à des toxinesenvironnementales altère le ratio sexuel desnaissances viables, à la fois chez despopulations humaines et chez les modèlesanimaux… Il est possible que certainsindicateurs biologiques tels que le ratio sexuelet la qualité du sperme soient en coursd’altération à cause de facteurs jusqu’ici nonidentifiés, qui peuvent inclure les toxinesenvironnementales.” (Allan et al. 1997)

Les substances chimiques perturbatrices dusystème endocrinien pourraient être responsablesmais il n’existe pas de preuve concluante. Uneétude sur les modifications du ratio sexuel auxPays-Bas conclut :

“Nos découvertes sur la diminution de laproportion des garçons nouveaux-nés parrapport aux filles aux Pays-Bas ne peutqu’ajouter aux préoccupations que suscitentles dangers potentiels des perturbateursendocriniens environnementaux.” (van der Pal-deBruin et al. 1997)

Contredisant cet avertissement, une étude récente surles évolutions du ratio sexuel menée entre 1960 et1996 en Californie, n’a pas trouvé de liens entrechangement du ratio sexuel et substances chimiquesperturbatrices du système endocrinien. Cette étude amis en évidence des différences en fonction de l’origineethnique montrant qu’il y avait une diminution de lanaissance des garçons d’origine caucasienne, mais cettetendance n’était pas observée voire était inversée pourd’autres origines ethniques. Un examen approfondi desrésultats suggère que tous les changements de ratiodétectés dans cette étude étaient vraisemblablementattribuables à une modification de la démographiecalifornienne plutôt qu’à une exposition aux substanceschimiques perturbatrices du système endocrinien(Smith et Von Behren 2005).

Il est clair que, comme dans tout ensemble dedonnées épidémiologiques, les relations de cause àeffet sous-jacentes sont sans aucun douteextrêmement complexes et à plusieurs facettes, etresteront donc dans un avenir proche impossibles àdéfinir précisément. Encore une fois, cependant, lacontribution possible d’une exposition à dessubstances chimiques dangereuses ne peut êtreignorée et demande un examen minutieux.

troubles de la reproduction et exposition aux substances chimiques :le lien suite

rraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

2

ATTENTION FRAGILE ! | 15

d’autres sources de preuves : mesure directe de la toxicité pour la reproduction et exposition auxsubstances chimiques

rraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

3L’hypothèse selon laquelle les substances chimiquesauxquelles nous sommes exposés quotidiennementpourraient être à l’origine de problèmes dereproduction ne provient pas seulement desobservations et corrélations présentées ci-avant. Lesrésultats d’études de laboratoires qui ont démontré lacapacité de plusieurs substances répandues et trèsutilisées à interférer avec le système endocrinien ou,par d’autres façons, avec le développement du systèmede reproduction, fournit aussi une autre sourceimportante de preuves, tout comme les mesuresdirectes de la présence de ces substances chimiquesdans les tissus corporels animaux et humains.

Les preuves de l’exposition de l’enfant à des substanceschimiques au cours de son développement proviennentd’études qui ont identifié les substances chimiques dansle sang maternel, dans le sang du cordon ombilical etdes tissus, et dans le lait maternel. De plus, les jeunesenfants peuvent absorber plusieurs fois plus denourriture et d’eau que les adultes proportionnellementà leur taille et, en conséquence, ils peuvent ingérer plusde substances chimiques par unité de masse corporelledurant les premières années de leur vie.

En prenant de nouveau pour exemple les six famillesde substances chimiques répertoriées ci-dessus, cettesection développe une analyse des résultats d’étudesde laboratoire sur les perturbations du systèmeendocrinien et sur la toxicité pour la reproductionchez les animaux ou pour des systèmes de culturecellulaire, et passe en revue les preuves de laprésence de ces substances chimiques dans le corpshumain, en insistant particulièrement sur l’expositiondans le ventre maternel.

3.1 Alkylphénols

3.1.1 Effets

Le nonylphénol et l’octylphénol présentent tous deuxdes activités oestrogéniques et anti-androgéniques(Lee et al. 2003a; Paris et al. 2002). On adémontré que les alkylphénols pouvaient provoquerle changement de sexe chez l’huître et le danio zébré(brachydanio rerio) (Nice et al. 2003).

On dénombre dans la littérature scientifique deuxétudes portant sur la reproduction et le développementdes rongeurs suite à de faibles expositions à desalkylphénols. Sharpe et al. (1995) ont montré que, surune période relativement courte, l’exposition prénataleet postnatale à des octylphénols entraînait chez les ratsune diminution de la taille des testicules et de laproduction quotidienne de sperme. Une étude effectuéesur plusieurs générations de souris démontre que lenonylphénol affecte à la fois les parents et leurdescendance (Kyselova et al. 2003), avec pour effets

prédominants une réduction de la taille des organesgénitaux mâles, une détérioration de la qualité dusperme et une augmentation de la stérilité.

Une étude menée in vitro sur des cellules issues degonades de fœtus humains montre que le 4-octylphénol affecte la vitesse de prolifération desgamètes et peut donc interférer avec les fonctionstesticulaires (Saradha et Mathur 2006).

3.1.2 Exposition

Malgré des restrictions de plus en plus nombreuses deleur utilisation en Europe, les alkylphénols restent descontaminants répandus dans notre environnement, ycompris dans notre alimentation. Par exemple, uneétude sur 60 produits alimentaires distribués enAllemagne illustre la nature de la contamination auxalkylphénols (Guenther et al. 2002). Il s’agitd’aliments très populaires et courants en Allemagne,

ALIMENT

Lait maternel (mère de 35 ans)

Lait en poudre pour bébé

Lait en poudre pour bébé

Compote de banane lactée

Compote de pêche au miel

Purée de carottes

Semoule vanillée

Purée de brocoli, pomme deterre et dinde

Purée de boeuf, pomme de terreet riz

Nouilles à la sauce tomate et aujambon

Yaourt pêche-passion

Lait entier (3,5%)

Lait concentré (10%)

Oeuf de poule

Thon

Pommes

Jus d’orange

TABLEAU 4 : EXEMPLES DE TAUX DE NONYLPHÉNOLDANS DES ALIMENTS DESTINÉS AUX JEUNES ENFANTS,ET DANS DES ALIMENTS COURANTS SUSCEPTIBLESD’ÊTRE CONSOMMÉS PAR DES ENFANTS.

TAUX DENONYLPHÉNOL

(ug/kg)

0.3

11.6

22.1

0.2

0.4

0.8

1.8

1.4

3.1

4.0

0.6

0.4

3.8

1.5

8.1

19 .4

0 .1

Source: Guenther et al. 2002. ug =microgramme

16 | ATTENTION FRAGILE !

dont 39 aliments pour adultes allant de la confiturejusqu’aux saucisses, de 20 aliments pour bébés, et d’unéchantillon de lait maternel (cf.Tableau 4 pour unesélection de résultats). Du nonylphénol a été détectédans chaque échantillon à des taux variants entre 0,1et 19,4 microgrammes/kg, sans corrélation avec lateneur en graisse. L’auteur souligne que, puisque lesaliments étaient de nature, origine, méthode depréparation et emballages variés, les pointsd’introduction du nonylphénol dans l’alimentationhumaine sont vraisemblablement multiples.

Peu d’études ont été réalisées sur les niveaux decontamination humaine par des alkylphénols, maiscelles qui existent montrent clairement que les enfantssont contaminés avant la naissance (cordon ombilical)et après celle-ci (lait maternel) (cf.Tableau 5). Dunonylphénol a été détecté dans des cordons ombilicauxhumains (Takada et al.1999), ce qui confirme qu’iltraverse le placenta et passe de la mère contaminée aufœtus pendant sa croissance. Cela a récemment été denouveau confirmé par une étude de Greenpeace/WWFsur les contaminants présents dans le sang de cordonsombilicaux, donnés par des mères volontaires auxPays-Bas (Greenpeace/WWF 2005). Du nonylphénol aété détecté dans 12 des 17 échantillons de sang decordons ombilicaux analysés pour cette étude.

3.2 Phtalates (esters de phtalates)

3.2.1 Effets

Les phtalates, et plus spécifiquement les diestersd’acide phtalique, sont généralement considéréscomme des perturbateurs hormonaux “faibles” quipeuvent agir comme des oestrogènes mais aussi, peut-être avec plus d’intensité, comme des anti-androgènes.Leur toxicité testiculaire est causée en partie parl’interférence avec la fixation de l’hormonestimulatrice du follicule (FSH) à son récepteur sur lescellules de Sertolli, qui sont des cellules impliquéesdans la production du sperme (Boiter et al. 2003).Une grande partie de la toxicité liée à la présence dephtalates dans le corps humain peut en fait êtrecausée par les métabolites primaires ou produits de ladécomposition des composants originaux du diester dephtalate, appelés monoesters.

Les phtalates se fixent peut-être aussi sur lesrécepteurs d’oestrogènes, et soit imitent les hormones

oestrogènes soit en diminuent l’efficacité. Ceux dontles activités sont anti-oestrogéniques présentent engénéral la forme monoesters. Par exemple, une étudedes effets de 19 phtalates ou métabolites de phtalatessur les cellules cancéreuses du sein humain (Okubo etal. 2003) montre que :

* le dicyclohexyl phtalate (DCHP), le bis(2-ethylhexyl) phtalate (DEHP) et le benzylbutylphtalate (BBP) sont oestrogéniques

* le monomethyl phtalate (MMP), le monocyclohexylphtalate (MCHP), le monobenzyl phtalate (MBzP)et le monoisopropyl phtalate (MIPrP) sont anti-oestrogéniques.

Après leur conversion en formes monoesters, lesphtalates peuvent entraîner la mort du fœtus, desmalformations, une toxicité pour la reproductiond’après des études animales en laboratoire, àpuissance variable et avec des types d’effetscorrespondants à chaque phtalate. Chez les petits desrongeurs, l’exposition de la mère au couple DEHP/MEHP cause la réduction de l’implantationembryogénique, l’augmentation des résorptions, lamort intra-utérine et une augmentation de la mortpost-natale (Gray 2000, Moore et al. 2001). Unetoxicité pour le fœtus peut intervenir sans qu’unetoxicité pour la mère ait été mise en évidence.

Le canal génital chez le mâle immature sembletoujours être le système le plus sensible. Desmodifications pathologiques des testicules et unebaisse du nombre de spermatozoïdes sont des effetssouvent enregistrés chez les animaux exposés à desphtalates. D’autres modifications peuvent être unedistance anogénitale réduite, des fissures de la verge,l’hypospadias et les testicules qui ne descendent pas(Fisher 2004). L’exposition prénatale et postnataleentraîne une stérilité féminine totale et réduit lafertilité masculine. Les cellules de Sertoli dans letesticule et les cellules granulosa des follicules pré-ovulatoires dans l’ovaire semblent être les cellulesprincipalement ciblées par le DEHP/MEHP.

D’autres phtalates semblent avoir les mêmes formesde toxicité mais à plus haute dose. Par exemple :

* Le DBP est un toxique testiculaire qui cause desmalformations du canal génital chez le rat mâle aprèsexposition in utero (Lovekamp-Swan & Davis 2003).

* L’exposition de la mère à de faibles doses deBBP (125–370 microgrammes/kg/jour) entraîneune réduction du poids des testicules chez lesdescendants mâles suite à une expositionprénatale et postnatale (Sharpe et al. 1995).

* Le DPP et le DHP entraînent une atrophietesticulaire et sont des toxiques pour lessystèmes de reproduction masculin et féminin(Lovekamp-Swan & Davis 2003).

ORIGINE

Cordonombilical

Lait maternel

TABLEAU 5 : CONTAMINATION HUMAINEPAR DU NONYLPHÉNOL.

TAUX

2 ng/kg de tissu

0.3 mg/kg delipide

SOURCE

Takada et al.1999

Guenther et al. 2002

d’autres sources de preuves : mesure directe de la toxicité pour la reproduction et exposition auxsubstances chimiques suite

rraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

3

ATTENTION FRAGILE ! | 17

3.2.2 Exposition

L’exposition aux phtalates est répandue etcontinue, en conséquence de leur utilisation enlarges quantités dans le PVC et dans d’autresapplications, ce qui a conduit à leurtransformation en une substance chimique parmicelles qui font le plus preuve d’ubiquité dans notreenvironnement. Notre exposition à ces phtalatespeut provenir du lessivage de produits tels que lessols en PVC souple (vinyle), les meubles, lesvêtements etc. ainsi que de l’inhalation de l’airintérieur vicié, de l’exposition aux poussièresdomestiques et/ou du lieu de travail, laconsommation d’aliments contaminés ou, danscertains cas, l’absorption d’eau potablecontaminée. La concentration de phtalates dansles poussières domestiques peut atteindre plusieursmilligrammes par gramme de poussière.L’utilisation des esters de phtalates dans desproduits tels que les parfums, qui peuvent conteniren particulier de forts taux de phtalate DEPutilisé comme solvant et dénaturant de l’alcool(Greenpeace 2005), peut aboutir à une expositionsupplémentaire.

Concernant la voie alimentaire, la présence dephtalates dans des matériaux en contact avec lesaliments est une source particulière depréoccupation. Selon une étude, la simpleopération de frire et emballer du pouletaugmentait sa teneur en phtalate DEHP de 0,08 à16,9 mg/kg, dont on estime que la principalesource de contamination était les gants en PVCutilisés par les employés qui manipulaient lesaliments (Tsumura et al. 2001b).

Plus récemment, une étude publiée par desbureaux de Greenpeace en Europe Centrale etEurope de l’Est documentait la présence d’unéventail d’esters de phtalates dans la chair (tissumusculaire) de carpes d’élevage achetées dans dessupermarchés autrichiens, tchèques, polonais etslovaques (Greenpeace CEE 2005). Les taux deplusieurs phtalates, en particulier de DiBP(diisobutyl phtalate), DBP et DEHP, étaientétonnamment élevés dans le poisson, bien qu’il nesoit pas évident de déterminer si cettecontamination provenait en majorité del’environnement dans lequel les poissons étaientélevés ou des matériaux utilisés lors de latransformation et de l’emballage du poisson poursa commercialisation.

L’utilisation de tubes en PVC a aussi été dans lepassé une source importante de contamination desaliments pour bébés (Tsumura et al. 2001a).

Les métabolites des phtalates peuvent êtredétectés dans des échantillons d’urine d’adultes etrévèlent leur exposition aux phtalates (Barr et al.2003, CDC 2003, Koch et al. 2003). Des étudesmenées sur des animaux montrent que lesphtalates traversent le placenta et passent dans lelait maternel (Dostal et al. 1987; Parmar et al.1985; Srivasta et al. 1989). Une étude effectuéesur des humains a détecté six monoesters dephtalates dans le lait maternel, soit du mono-methyl phtalate (mMP), mono-ethyl phtalate(mEP), mono-n-butyl phtalate (mBP), mono-benzyl phtalate (mBzP), mono-2-ethylhexylphtalate (mEHP), mono-isononyl phtalate (miNP)(Main et al. 2006). Leur capacité à traverser leplacenta humain et ainsi à atteindre l’enfantpendant sa croissance dans l’utérus a étéconfirmée par la mise en évidence répétée d’estersde phtalates, en particulier de DEHP, DBP, BBP etDEP, dans des échantillons de sang de cordonsombilicaux (Greenpeace/WWF 2005). Le DEHP,de loin le plus courant, était présent dans 24 des27 échantillons de sang de cordons analysés à desniveaux de concentration pouvant atteindreplusieurs parts par million dans le sérum sanguindu cordon.

Les enfants peuvent être davantage exposés auxphtalates que les adultes. Par exemple, dans uneétude où des tests étaient effectués pour détectersept métabolites de phtalate, les taux les plusélevés correspondant aux métabolites de DEHP,DBP et monobenzylphtalates ont été trouvés dansla tranche d’âge la plus jeune : les enfants de 6 à11 ans (CDC 2003).

Le phtalate di(2-ethylhexyl) phtalate (DEHP) estutilisé pour plastifier des produits médicauxfabriqués en PVC, par exemple les tubesd’alimentation, et il peut être lessivé de telsproduits. Une exposition particulièrementimportante au DEHP, le seul phtalate actuellementutilisé pour plastifier des équipements médicaux,peut se produire au cours d’interventionsmédicales (EC 2002). Une étude a évalué sil’utilisation de tels équipements entraînaitl’exposition des nouveaux-nés recevant destraitements d’unités de soins intensifs néonatals(Green et al. 2005). L’étude a mesuré le taux demono(2-ethylhexyl) phtalate (MEHP), unmétabolite du DEHP, chez 54 bébéspotentiellement exposés au DEHP par le biais deséquipements médicaux. Les résultats montrent quel’utilisation intensive d’équipements médicauxcontenant du DEHP entraînait une expositionaccrue au DEHP, reflétée par des taux plusimportants de MEHP dans les urines.

3.3 Retardateurs de flammes bromés (RFB)

3.3.1 Effets

Un éventail de PBDE (diphényléthers polybromés)et de composants bromés du bisphénol A, tels quele TBBP-A (tetrabromobisphenol-A), secomportent comme des œstrogènes dans lescellules humaines et s’attachent aux récepteursd’œstrogènes (Meerts et al. 2000). Lesmétabolites des PBDE, les PBDE-hydroxylésproduisent des effets œstrogène-like pluspuissants. Les composés bromés du bisphénol A lesmoins bromés présentent les effets les pluspuissants, tandis que parmi les PBDE, ce sont leBDE- 100, le BDE-75 et le BDE-51 qui montrentla plus forte activité (Olsen et al. 2003).

Les études portant sur la toxicité des RFB pourles animaux sont limitées et n’ont couvertprincipalement que des expositions à de fortesdoses de PBDE. Néanmoins, il est prouvé qu’uneexposition chronique aux PBDE peut provoquerdes malformations de naissance chez les rongeurs(Darnerud et al. 2001, Darnerud et al. 2003), etavoir des impacts sur le système nerveux et ledéveloppement comportemental.

3.3.2 Exposition

L’exposition aux PBDE peut provenir de sourcesvariées, similaires à celles des phtalates.L’alimentation constitue très probablement laprincipale source d’exposition à certains desPBDE les plus bioaccumulables (les moinsbromés). Des PBDE ont été mesurés dans despoissons et crustacés dans une proportion allantde 21 à 1650 pg/g de produit frais (Ohta et al.2002). En comparaison, le bœuf, le porc et lepoulet en contenaient entre 6,25 et 63,6 pg/g, ettrois légumes entre 38,4 et 134 pg/g. Ohta et al.(2002) ont montré une forte corrélation entre les

niveaux de PBDE dans le lait maternel et laconsommation de poissons et de crustacés. Pourdes substances chimiques comme ledécabromodiphényl-éther (BDE-209 ou “deca”),cependant, une exposition plus directe par exempleaux poussières contaminées de l’air intérieur oumême un contact direct avec des produits peuventêtre relativement plus significatifs en termesd’exposition humaine.

On a relevé la présence de PBDE dans du laitmaternel, du sang et des tissus adipeux humains(par ex. Hardell et al. 1998, Schroter-Kermani2001, Guvenius et al. 2003). Les taux de PBDErelevés dans le lait maternel et les cordonsombilicaux figurent dans le Tableau 6. Des étudessuédoises approfondies portant sur le lait maternelmontrent une augmentation exponentielle desPBDE dans le lait maternel (une augmentationmoyenne de 0,07 à 4,02 ng/g de graisse entre1972 et 1997) (Meironyte et al. 1999).Toutefois,un article récent fait état d’une diminution desPBDE dans le lait maternel en Suède depuis1997, peut-être due à une élimination volontairedu penta-PBDE (Hooper & She, 2003).

Les bébés nés de mères états-uniennes sont peut-être exposés à une contamination aux PBDE plusimportante qu’en Suède ou en Norvège. Mazdai etal. (2003) ont découvert que des concentrationsde PBDE dans des échantillons de sérum maternelet foetal à Indianapolis aux Etats-Unis, étaient 20à 106 fois plus importantes que les tauxprécédemment rapportés chez des mères et desnouveaux-nés suédois (Guvenius et al. 2003) et 20fois plus importants que les échantillons de sangnorvégiens (Thomsen et al. 2002).

18 | ATTENTION FRAGILE !

PBDE

PBDEs (8 identifiés,dont le BDE-47)

PBDEs

PBDEs

PBDEs

PBDEs (6 dont leBDE-47)

TABLEAU 6 : CONTAMINATION HUMAINE PAR LES DIPHÉNYL ÉTHERS POLYBROMÉS

ORIGINE

Lait maternel

Lait maternel

Lait maternel

Sang de cordon ombilical

Sang de cordon ombilical

TAUX

4.02 ng/g de graisse(moyenne)

0.67–2.84 ng/g de lipides

75.0 pg/g poids frais

4.3 pg/g poids frais

14-460 ng/g de lipide

RÉFÉRENCE

Meironyte et al. 1999

Ohta et al. 2002

Guvenius et al. 2003

Guvenius et al. 2003

Mazdai et al. 2003

d’autres sources de preuves : mesure directe de la toxicité pour la reproduction et exposition auxsubstances chimiques suite

rraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

3

ATTENTION FRAGILE ! | 19

3.4 Composés organoétains

3.4.1 Effets

Les organoétains sont des perturbateurs hormonaux,surtout connus pour les effets dévastateurs dutributylétain (TBT), utilisé dans des peintures anti-salissures, sur certains mollusques marins. Cependant,on a observé que le TBT comme le pesticidetriphénylétain (TPT) agissent comme agents inhibiteursd’une variété d’enzymes responsables de la productiond’hormones stéroïdes sexuelles mâles et femelles dansd’autres organismes, y compris la testostérone etl’œstradiol (Doering et al. 2002, Lo et al. 2003,Steckelbroek et al. 2001).

Malgré l’absence d’études sur les conséquences defaibles doses sur le développement des mammifères, onsait qu’une activation insuffisante des hormones mâlesest responsable de troubles du développement du canalgénital mâle. Une étude récente suggère que lesorganoétains, à des doses relativement faibles, sontpeut-être aussi à l’origine d’effets sur le développementin utero en ciblant la glande thyroïde de la mère(Adeeko et al. 2003). Les effets varient selon le dosagemais semblent être liés à la diminution de la thyroxineet de la triiodothyronine dans le sérum de la mèredurant la gestation. Les effets sont une réduction de laprise de poids de la mère, l’augmentation des pertespost-implantation, une réduction de la taille de laportée, une réduction du poids du fœtus, un retard dedéveloppement du squelette du fœtus, et des anomaliesdu développement génital chez les fœtus mâles.

3.4.2 Exposition

La présence de TBT dans les produits de la mer, quirésulte principalement de son utilisation par le passécomme agent anti-salissures dans les peintures descoques de bateaux, a entraîné, dans certaines régions,une augmentation de leur ingestion. Au Japon, parexemple, où le poisson est un élément de base del’alimentation, on estime que la quantité d’organoétainTBT absorbée quotidiennement est relativement élevée(2.5 microgrammes/kg du poids corporel pour uneconsommation de poisson de 150 g/jour) (van Heijst,1994).

En même temps, nous pouvons subir une exposition auTBT et à d’autres composants d’organoétains, commeles formes monobutyl et dibutyl (MBT et DBT)utilisées entre autres comme additifs stabilisateurs dansle PVC, provenant d’un éventail de sources parfoisinattendues. Par exemple, il a été rapporté que les TBT,DBT et MBT sont tous relâchés par certaines marquesde papier de cuisson, et que les DBT et MBT sontrelâchés par certains gants de cuisine, des éponges pourfaire la vaisselle et du film cellophane pour couvrir lesaliments, vendus au Japon (Takahashi et al.1999).

Bien que la présence d’organoétains, et de TBT enparticulier, ait été détectée chez une large variété demollusques, poissons, oiseaux de mer, mammifèresmarins et oiseaux d’eau douce (IPCS, 1999), endehors de quelques rapports, les niveaux decontamination humaine restent en grande partieinconnus et il n’existe pas de rapport immédiatement

EFFETS

Dose considérée sûre pour les animaux

Dose considérée sûre pour les humains*

Effets sur le vagin

Augmentation de la taille de la prostate

Altérations à long terme des schémascomportementaux chez l’adolescent et l’adulte

Développement anormal de la prostate

Croissance anormale de la glande mammaire

Réduction de la production de sperme

Puberté précoce féminine

Altération des soins maternels

Puberté précoce féminine

Altération des glandes génitales masculines

Augmentation du poids de la prostate chezl’adulte

Réduction du poids des testicules

TABLEAU 7 : COMPARAISON DES DOSES CONSIDÉRÉES SÛRES DE BISPHÉNOL A ET DES FAIBLES DOSES PRÉSENTANT UNE TOXICITÉ SUR LES RONGEURS.

DOSE (mg/kg/jour)

5.0

0.05

0.1

0.05

0.04

0.025

0.025

0.02

0.02

0.01

0.0024

0.002

0.002

0.002

RÉFÉRENCE

US EPA 1993

US EPA 1993

Schonfelder et al. 2002a

Gupta et al. 2000

Adriani et al. 2003

Ramos et al. 2001 et 2003

Markey et al. 2001

Vom Saal et al. 1998, Sakaue etal. 2001

Honma et al. 2002

Palanza et al. 2002

Howdeshell et al. 1999

vom Saal et al. 1998

Nagel et al. 1997 et 1999

Kawai et al. 2003

*Dose orale de Référence (RfD) est une estimation de l’exposition quotidienne de la population humaine (y compris des groupessensibles) qui n’aura vraisemblablement pas de risque mesurable d’effets délétères sur la durée d’une vie.

3.5 Bisphénol A

3.5.1 Effets

Le bisphénol A se lie aux récepteurs d’œstrogènesdes cellules humaines et imite tous les paramètresoestrogéniques, ce qui confirme son statut desubstance chimique œstrogènique parmi les pluspuissantes (Meerts et al. 2000, Olsen 2003).

Les effets du bisphénol A sur la santé ont étédémontrés par un nombre croissant d’études surles animaux, à des niveaux jusqu’à 2 500 fois plusbas que la dose “la plus basse présentant deseffets” mesurée par l’EPA, l’agence états-uniennede l’environnement. Les effets nocifs vont del’altération des organes génitaux masculins etl’induction d’un comportement agressif, à lacroissance anormale des glandes mammaires, unepuberté précoce et une diminution de l’allaitementmaternel (Tableau 7). L’induction d’une pubertéprécoce chez les animaux de laboratoire peut seproduire à des doses extrêmement faibles(Howdeshell et al. 1999).

Les enfants humains en bas âge ingèrent dubisphénol A dans le lait en poudre dans desquantités quotidiennes estimées à 1.6microgrammes/kg/jour, ce qui laisse peu de margede sûreté en comparaison des doses qui entraînentdes effets sur les animaux (aussi basses que 2microgrammes/kg/jour) (Houlihan et al. 2003).

3.5.2 Exposition

Bien qu’il existe de nombreuses voies potentiellesd’exposition, la préoccupation principale concernantl’exposition au bisphénol A et ses dérivés reste lacontamination des aliments. Le bisphénol A peutimprégner la nourriture à cause de la présence dansles emballages à contact alimentaire de composéslibres ainsi que par la dégradation de polymères telsque le polycarbonate (plastique couramment utilisédans les biberons). On a découvert qu’il migrait desproduits et des films plastiques utilisés dans desapplications au contact de nourriture (Lopez-

Cervantes & Paseiro-Losada, 2003, Ozaki & Baba,2003), ainsi que du film de protection à l’intérieur denombreuses boîtes de conserve. Le taux de migrationdu bisphénol A des produits plastiques vers lesaliments pour bébés augmente après lavage, mise àébullition et nettoyage à la brosse (Brede 2003).

Dans certains cas, une contamination a même étédétectée en provenance de filtres à eau (Inoue etal.2000). De plus, des patients sous dialyse des reinspeuvent être fortement exposés du fait de l’utilisationdans l’équipement de pièces en polycarbonate(Yamasaki et al. 2001).

Les effets du bisphénol A sur les humains ont faitl’objet de controverses. Il a été suggéré que celui-cin’est que partiellement absorbé, qu’il se transformerapidement en monoglucuronide de bisphénol A,biologiquement inactif, qu’il est rapidement excrété etque son accumulation dans les tissus n’est pasprouvée (Schonfelder et al. 2002b). C’est pour celaque, jusqu’à une époque récente, de nombreuxscientifiques pensaient qu’on ne trouverait pas laforme active du bisphénol A dans le plasma humain,et qu’en conséquence les taux susceptibles d’atteindrele fœtus ne seraient pas significatifs.

Néanmoins, des études allemandes et japonaises ontaujourd’hui confirmé que les enfants sont exposés aubisphénol A avant la naissance. La première, uneétude japonaise, a mis en évidence la présence debisphénol A dans des cordons ombilicaux (Takada etal.1999). Des études effectuées sur des souris et dessinges ont ensuite montré que ces substanceschimiques peuvent traverser le placenta (Uchida etal. 2002). D’autres études ont aussi rapporté laprésence de bisphénol A dans le sang de cordonsombilicaux (Tableau 8).

Les données présentées par Ikezuki et al. (2002)suggèrent que le bisphénol A pourrait se concentrerdans le liquide amniotique, car on l’y trouve dans desconcentrations environ 5 fois plus importantes, entrela 15e et la 18e semaine de grossesse, que dansd’autres fluides. Schonfelder et al. (2002b) ont aussi

20 | ATTENTION FRAGILE !

d’autres sources de preuves : mesure directe de la toxicité pour la reproduction et exposition auxsubstances chimiques suite

rraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

3

SOURCE

Cordons ombilicaux

Sang de cordon ombilical

Sang de cordon ombilical

Liquide amniotique entre la15e et la 18e semaine

Liquide amniotique

TABLEAU 8 : CONTAMINATION HUMAINE PAR DU BISPHÉNOL A

TAUX

1,6 ng/g poids humide de tissu

2,9 ng/ml (médiane)

0,2-9,2 ng/ml

0,62 +/- 0,13 ng/ml (moyenne)

8,3 +/- 8,7 ng/ml (moyenne)

0,26 ng/ml (médiane)

RÉFÉRENCE

Takada et al. 1999

Schonfelder et al. 2002b

Kuroda et al. 2003

Izezuki et al. 2002

Yamada et al. 2002

ATTENTION FRAGILE ! | 21

montré que dans 14 cas sur 37, les taux de bisphénolA dans le plasma fœtal étaient plus élevés que ceuxdu sang de la mère. Les taux de bisphénol A chez lefœtus sont aussi significativement plus élevés chez lesgarçons, ce qui pourrait indiquer des différencessexuelles dans le métabolisme de cette substancechimique.Takeuchi et Tsutsumi (2002) ont aussi notécette différence en fonction du sexe lors d’une étudemenée sur des adultes, et suggèrent qu’elle peut êtredue au fait que le métabolisme du bisphénol A est liéaux androgènes (hormones mâles).

3.6 Muscs artificiels (muscs nitrés et muscs polycycliques)

3.6.1 Effets

Les muscs artificiels sont des substances chimiquespersistantes et bioaccumulables. Le musc xylène(MX) et le musc cétone (MC) présentent desactivités œstrogéniques in vitro, le MC montrant uneaffinité pour les récepteurs d’œstrogènes trois foisplus importante que le MX (Bitsch et al.2002).Cependant, lorsque le MC est réduit à son métaboliteil perd son activité, tandis que lorsque le MX estconverti en p-amino- musc xylène, ses capacitésœstrogéniques augmentent (Bitsch et al. 2002).

Les muscs polycycliques, AHTN et HHCB, induisentà la fois des activités œstrogéniques et anti-œstrogéniques selon le type de cellule et le sous-typede récepteur ciblé. De faibles effets oestrogéniquessont observés à des concentrations relativementélevées (10 uM) tandis que les effets anti-oestrogéniques sont observés à 0.1 uM (Schreurs etal. 2002), dont des effets dans tout l’organisme.

3.6.2 Exposition

Bien que, historiquement, les muscs nitrés (dont leMX et le MC) aient dominé le marché européen entant qu’additifs de fragrance, leur place a depuis étéremplacée par les muscs polycycliques, enparticulier le tonalide, AHTN, et le galaxolide,HHCB. On estime que leur utilisation dans lesproduits d’entretien et d’hygiène est toujoursrépandue, bien qu’il y ait peu de données disponiblesspécifiant dans quels produits. Dans ce qui demeurel’une des rares études disponibles, Greenpeace apublié en février 2005 un rapport qui quantifie laprésence de différents composés musquéssynthétiques, dont l’AHTN et le HHCB, dans desparfums vendus en Europe (Greenpeace 2005).

Des muscs nitrés ont été détectés dans le tissuadipeux et le sang d’adultes (Rimkus and Wolf1996, Kafferlein and Angerer 2001). Plusieursétudes ont rapporté la présence de ces substanceschimiques dans le lait maternel (Tableau 9). Deplus, le HHCB et l’AHTN sont tous les deuxfréquemment détectés dans des échantillons de sangde cordons ombilicaux humains aux Pays-Bas(Greenepace/WWF 2005), quoiqu’à des niveaux del’ordre de quelques ppb dans le sérum. Le HHCBfut détecté dans 26 des 27 échantillons analysés.

MUSC

Xylène

Cétone

Tonalide

Mosken

Tibeten

Xylene

HHCB

AHTN

Traseolide

TABLEAU 9 : CONTAMINATION HUMAINE PAR DES MUSCS ARTIFICIELS

SOURCE

Lait maternel(n=391)

Lait maternel (n=5)

Lait maternel(n=53)

TAUX

100 ug/kg de graisse(moyenne)

40 ug/kg de graisse (moyenne)

8-58 ug/kg de graisse

64 ug/kg de graisse (moyenne)

25 ug/kg graisse

35 ug/kg graisse

73 ug/kg graisse

44 ug/kg graisse

74 ug/kg graisse

RÉFÉRENCE

Liebl et Ehrenstorfer 1993

Rimkus et Wolf 1996

Zehringer et Hermann 2001

ug = microgrammes

conlusionrraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

4* Les preuves de l’augmentation des maladies

liées à la reproduction chez l’être humain sontde plus en plus nombreuses et devraientconstituer une source sérieuse de préoccupationconcernant les capacités futures de l’êtrehumain à se reproduire.

* L’exposition à des étapes précoces de la vie estparticulièrement inquiétante. On considère que lesbébés, que ce soit avant ou juste après la naissance,sont plus sensibles à l’exposition chimique. Leshormones jouent de nombreux rôles cruciaux dansle contrôle de la croissance et du développement audébut de la vie, de sorte que la moindreinterférence peut avoir des effets graves etirréversibles sur le développement de l’enfant, dontce dernier pourrait subir les conséquences tout aulong de sa vie. Certaines maladies et problèmes desanté peuvent se développer des années, voir desdizaines d’années après la période clé d’expositionaux substances chimiques ; même si les dommagespeuvent être infligés à un très jeune âge, lesconséquences sur la santé peuvent n’apparaîtrequ’à l’adolescence, voire à l’âge adulte.

* De nombreuses substances chimiques desynthèse, dont les propriétés sont souventdangereuses, sont fabriquées et utilisées chaquejour en Europe et ailleurs. Cela entraîne unecontamination à grande échelle del’environnement et du corps humain parcertaines de ces substances chimiques.

* De nombreuses substances chimiques desynthèse d’utilisation très répandue, y compris entant qu’additifs présents dans des produits quenous utilisons quotidiennement, se sont montréestoxiques pour la reproduction et/ou ont despropriétés perturbatrices du systèmeendocrinien, selon des études de laboratoires.

* Il existe aussi une quantité croissante derecherches qui documentent la présence desubstances chimiques dangereuses chez leshumains (par ex. dans le sang et les tissuscorporels) et la découverte de corrélations (desassociations statistiquement significatives) entreles taux d’exposition et l’incidence de certainsproblèmes de santé.

* Bref, bien que cela n’ait pas été prouvé de façoncertaine, il existe de plus en plus de preuves d’un lienpossible entre l’augmentation des problèmes desanté qui touchent la reproduction humaine et notreexposition accrue à de nombreuses substanceschimiques. La présence de nombreuses substanceschimiques de synthèse aux niveaux actuelsenvironnementaux a peut-être déjà un impact négatifsur la reproduction des animaux et des hommes.

Malgré ces préoccupations, de nombreuses substanceschimiques dont la toxicité suspectée ou avérée pour lareproduction ou les systèmes hormonaux sont toujoursutilisées. De plus, on ignore la véritable ampleur duproblème puisqu’il existe un manque substantield’information même sur les propriétés de base de laplupart des substances chimiques courammentfabriquées, vendues et utilisées en Europe à ce jour. Laproposition REACH de l’UE devrait ainsi renforcer sesexigences concernant les données à fournir au cours dela procédure d’enregistrement, de façon à ce quemême les substances chimiques de faible tonnagepuissent être évaluées pour leurs propriétéspotentiellement toxiques pour la reproduction etperturbatrices du système endocrinien.

En réalité, notre exposition aux substances chimiquesdangereuses est multiple et très complexe. Laconnaissance des effets de ces mélanges, ou“cocktails” de substances chimiques, qui peuvent seproduire même à faibles doses, reste très limitée.

Dans des systèmes aussi complexes que notreenvironnement et notre corps, des approchesrégulatrices qui tentent de fixer des doses “maximum”ou des risques “acceptables” et ainsi de “contrôler”l’exposition à des substances chimiques soupçonnées ouconnues pour leurs effets nocifs sur la fertilité ou surles enfants pendant la grossesse, seront inévitablementdans l’incapacité de garantir un niveau élevé deprotection pour l’environnement et pour la santéhumaine. Pour de telles substances chimiques, la seuleapproche viable serait d’empêcher toute exposition ense fixant pour objectif d’éliminer la fabrication etl’utilisation de ces substances chimiques chaque foisque possible. Cet objectif pourrait être atteint enexigeant la substitution obligatoire des substanceschimiques dangereuses par des alternatives plus sûres,ce qui inciterait aussi l’innovation à se tourner vers unechimie verte.

La situation décrite dans ce rapport indique clairementla nécessité d’agir suivant le principe de précaution,afin d’empêcher qu’humains et animaux ne continuentà être exposés à des substances chimiques dangereuses,en particulier celles qui ont des impacts sur lareproduction. La proposition de législation européenneREACH possède ce potentiel si l’on s’accorde sur uneformulation exigeant au minimum :

* la fourniture d’informations en qualité suffisante pouridentifier les propriétés des substances chimiquesavant toute commercialisation ou utilisation,

* et la substitution obligatoire des substanceschimiques les plus dangereuses, en particulier desCMR (cancérigènes, mutagènes, et substanceschimiques toxiques pour la reproduction) et desperturbateurs endocriniens.22 | ATTENTION FRAGILE !

ATTENTION FRAGILE ! | 23

référencesrraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

Adeeko A, Li D, Forsyth DS, Casey V, Cooke GM, BarthelemyJ, Cyr DG,Trasler JM, Robaire B, Hales BF (2003). Effects ofin utero tributyltin chloride exposure in the rat on pregnancyoutcome.Toxicol Sci;74(2):407–15.

Adriani W, Seta DD, Dessi-Fulgheri F, Farabollini F, Laviola G(2003). Altered profiles of spontaneous novelty seeking,impulsive behavior, and response to D-amphetamine in ratsperinatally exposed to bisphenol A. Environ HealthPerspect;111(4):395–401.

Allan BB, Brant R, Seidel JE, Jarrell JF (1997). Declining sexratios in Canada. CMAJ;156(1);37–41.

Allsopp M., Erry B., Stringer R., Johnston P. and Santillo D.(2000). Recipe for disaster: a review of persistent organicpollutants in food. Greenpeace Research Laboratories. ISBN90-73361-63-X.

Allsopp, M., Santillo, D., Johnston, P. & Stringer, R. (1999) TheTip of the Iceberg?: State of Knowledge on Persistent OrganicPollutants in Europe and the Arctic. Publ. GreenpeaceInternational, August 1999, ISBN: 90-73361-53-2: 76 pp.[http://www.greenpeace.to/publications_pdf/tipoficeberg.pdf]

Altshuler K, Berg M, Frazier LM, Laurenson J, Mendez W,Molgaard CA (2003c). Children’s environmental exposures.OCHP Paper Series on Children’s Health and the Environment.Washington, DC, USA: US Environmental Protection Agency.Paper 2003-3. Accessed Sept 2003 at:[http://yosemite.epa.gov/ochp/ochpweb.nsf/content/3_Intro.ht]

Andersen AG, Jensen TK, Carlsen E, Jorgensen N, AnderssonAM, Krarup T, Keiding N, Skakkebaek NE (2000). Highfrequency of sub-optimal semen quality in an unselectedpopulation of young men. Hum Reprod;15(2);366–72.

Auger J, Kunstmann JM, Czyglik F, Jouannet P (1995). Declinein semen quality among fertile men in Paris during the past 20years. N Engl J Med;332(5):281–5.

Barr DB, Silva MJ, Kato K, Reidy JA, Malek NA, Hurtz D,Sadowski M, Needham LL, Calafat AM (2003). Assessinghuman exposure to phthalates using monoesters and theiroxidized metabolites as biomarkers. Environ HealthPerspect;111(9):1148–51.

Bitsch N, Dudas C, Korner W, Failing K, Biselli S, Rimkus G,Brunn H (2002). Estrogenic activity of musk fragrancesdetected by the E-screen assay using human mcf-7 cells. ArchEnviron Contam Toxicol; 43 (3):257–64.

Boitier E, Gautier JC, Roberts R (2003). Advances inunderstanding the regulation of apoptosis and mitosis byperoxisome-proliferator activated receptors in preclinicalmodels: Relevance for human health and disease. CompHepatol;2(1):3.

Bouma K, Schakel DJ (2002). Migration of phthalates fromPVC toys into saliva simulant by dynamic extraction. FoodAddit Contam;19(6):602–10.

Brede C, Fjeldal P, Skjevrak I, Herikstad H (2003). Increasedmigration levels of bisphenol A from polycarbonate babybottles after dishwashing, boiling and brushing. Food AdditContam;20 (7):684–9.

Carlsen E, Giwercman A, Keiding N, Skakkebaek NE (1995).Declining semen quality and increasing incidence of testicularcancer: Is there a common cause? Environ HealthPerspect;103(Suppl 7):137–9.

Carlsen E,Toppari J, Skakkebaek NE (1999). Secular changesin male reproductive health. In: Jansen R, Mortimer D (Eds).Towards reproductive certainty. Fertility and genetics beyond1999.The plenary proceedings of the 11th World Congress onIn Vitro Fertilization and Human Reproductive Genetics.Sydney, NSW, Australia: Parthenon. pp. 257–64.

Carlsen E., Giwercman A., Keiding N., Skakkebaek N.E.(1992). Evidence for decreasing quality of semen during thepast 50 years. British Medical Journal 305: 609-613.

CDC (2003). Second National Report on Human Exposure toEnvironmental Chemicals. (Revised version). Atlanta, GA, USA:Centres for Disease Control and Prevention, National Centerfor Environmental Health. NCEH Pub. No. 02-0716. AccessedSept 2003 at:[http://www.cdc.gov/exposurereport/pdf/secondNER.pdf]

Champ MA (2000). A review of organotin regulatorystrategies, pending actions, related costs and benefits. Sci TotalEnviron;258(1–2):21–71.

Colon I, Caro D, Bourdony CJ, Rosario O (2000). Identificationof phthalate esters in the serum of young Puerto Rican girlswith premature breast development. Environ Health Perspect;108 (9):895–900.

Corbellis L, Latini G, Felice CD, Razzi S, Paris I, Ruggieri F,Mazzeo P, Petraglia F (2003). High plasma concentrations ofdi-(2-ethylhexyl)-phthalate in women with endometriosis.HumReprod;18(7):1512–5.

Dachs J, Van Ry DA, Eisenreich SJ (1999). Occurrence ofestrogenic nonylphenols in the urban and coastal atmosphere ofthe lower Hudson river estuary. Environ Sci Tech;33:2676–9.

Darnerud PO (2003).Toxic effects of brominated flameretardants in man and in wildlife. Environ Int;29(6):841–53.

Darnerud PO, Eriksen GS, Johannesson T, Larsen PB, VilukselaM (2001). Polybrominated diphenyl ethers: Occurrence, dietaryexposure, and toxicology. Environ Health Perspect;109(Suppl1):49–68.

Davis DL, Gottlieb MB, Stampnitzky JR (1998). Reduced ratioof male to female births in several industrial countries: Asentinel health indicator? JAMA;279(13):1018–23.

Doering DD, Steckelbroeck S, Doering T, Klingmuller D (2002).Effects of butyltins on human 5alpha-reductase type 1 andtype 2 activity. Steroids;67(10):859–87.

Dostal LA, Weaver RP, Schwetz BA (1987).Transfer of di(2-ethylhexyl) phthalate through rat milk and effects on milkcomposition and the mammary gland.Toxicol ApplPharmacol;91(3):315–25.

EC (2002). Opinion on Medical Devices Containing DEHPPlasticised PVC; Neonates and Other Groups Possibly at Riskfrom DEHP Toxicity. European Commision, Health & ConsumerProtection Directorate-General. Accessed Sept 2003 at:[http://europa.eu.int/comm/food/fs/sc/scmp/out43_en.pdf]

EEA (1999). Chemicals in the European Envionment: LowDoses, High Stakes? Copenhagen, Denmark: EuropeanEnvironment Agency (EEA) and United Nations EnvironmentProgramme (UNEP). Accessed Sept 2003:[http://reports.eea.eu.int/NYM2/en]

Eisenhardt S, Runnebaum B, Bauer K, Gerhard I (2001).Nitromusk compounds in women with gynecological andendocrine dysfunction. Environ Res; 87 (3):123–30

ENDS (1999a). Industry glimpses new challenges as endocrinescience advances.The ENDS Report;(290):26–30.

ENDS (1999b). Plastics contaminate tap water with hormonedisrupters.The ENDS Report;(293):4–5.

ENDS (2006). Endocrine ‘cocktails’ key to reproductiveproblems.The ENDS Report, March 2006, Issue 374, page24.

European Commission (2003). Press Release IP/03/1477,Chemicals: Commission presents proposal to modernise EUlegislation, Brussels, 29 October 2003.

Fisher J.S. (2004). Are all EDC effects mediated via steroidhormone receptors? Toxicology 205: 33-41.

Glöckner, D., Gaevert, K. & Kleinstein, J. (1998) Decliningsperm quality in men of childless couples. Andrologia 30: 55

Gray LE Jr, Ostby J, Furr J, Price M, Veeramachaneni DN,Parks L (2000). Perinatal exposure to the phthalates DEHP,BBP, and DINP, but not DEP, DMP, or DOTP, alters sexualdifferentiation of the male rat.Toxicol Sci; 5 8(2):350–65.

Green R., Hauser R., Calafat A.M., Weuve J., Schettler T.,Ringer S., Huttner K. and Hu H. (2005). Use of di(2-ethylhexyl) phthalate-containing medical products and urinarylevels of mono(2-ethylhexyl) phthalate in neonatal intensivecare unit infants. Environmental Health Perspectives 113 (9):1222-1225.

Greenpeace (2005) Perfume - An Investigation of Chemicals in36 Eaux de Toilette and Eaux de Parfum, GreenpeaceInternational, February 2005: 16 pp[http://www.greenpeace.org/raw/content/international/press/reports/perfume-an-investigation-of.pdf ]

Greenpeace CEE (2005) Christmas dinner – contaminated:Phthalates and alkylphenols in samples of common carp(Cyprinus carpio L.) from four European countries, GreenpeaceCentral and Eastern Europe, November 2005: 26 pp[http://greenpeace.cz/archiv/christmasdinner.pdf ]

Greenpeace Netherlands (2004) Chemical Footprints in blood –The evidence, Schuiling, J. & Harthoorn, M.J., GreenpeaceNetherlands, November 2004: 30 pp[http://www.greenpeace.nl/reports/chemical-footprints-in-blood]

Greenpeace/WWF (2005) A present for life: hazardouschemicals in umbilical cord blood, GreenpeaceNetherlands/Greenpeace International/WWF-UK, September2005, ISBN 90-73361-87-7: 59 pp[http://www.greenpeace.org/international/press/reports/umbilicalcordreport ]

Guenther, K, Heinke V,Thiele B, Kleist E, Prast H, Raecker T(2002). Endocrine disrupting nonylphenols are ubiquitous infood. Environ Sci and Tech;36(8):1676–80.

Gupta C (2000). Reproductive malformation of the maleoffspring following maternal exposure to estrogenic chemicals.Proc Soc Exp Biol Med;224(2):61–8.

Guvenius DM, Aronsson A, Ekman-Ordeberg G, Bergman A,Noren K (2003). Human prenatal and postnatal exposure topolybrominated diphenyl ethers, polychlorinated biphenyls,polychlorobiphenylols, and pentachlorophenol. Environ HealthPerspect;111(9):1235–41.

Hardell L, Lindstrom G, van Bavel B, Wingfors H, Sundelin E,Liljegren G (1998).Concentrations of the flame retardant2,2’,4,4’- tetrabrominated diphenyl ether in human adiposetissue in Swedish persons and the risk for non-Hodgkin’slymphoma. OncolRes;10(8):429–32.

Honma S, Suzuki A, Buchanan DL, Katsu Y, Watanabe H,Iguchi T (2002). Low dose effect of in utero exposure tobisphenol A and diethylstilbestrol on female mousereproduction. Reprod Toxicol;16(2):117–22.

Hooper K, She J (2003). Lessons from the polybrominateddiphenyl ethers (PBDEs): Precautionary principle, primaryprevention, and the value of community-based body-burdenmonitoring using breast milk. Environ HealthPerspect;111(1):109–14.

Houlihan J, Wiles R,Thayer K, Gray S (2003). Body burden.The pollution in people. Washington, DC, USA: EnvironmentalWorking Group. Accessed Sept 2003 at:[http://www.ewg.org/reports/bodyburden/]

Howard C.V. (2003). Preface in Dorey C.N. Chemical Legacy:contamination of the child. Greenpeace.[http://www.greenpeace.org/raw/content/international/press/reports/chemical-legacy-contaminatio.pdf]

Howdeshell KL, Hotchkiss AK,Thayer KA, Vandenbergh JG,vom Saal FS (1999). Exposure to bisphenol A advancespuberty. Nature;401(6755):763–4.

Huyghe E, Matsuda T,Thonneau P (2003). Increasingincidence of testicular cancer worldwide: A review. JUrol;170(1):5–11.

Ikezuki Y,Tsutsumi O,Takai Y, Kamei Y,Taketani Y (2002).Determination of bisphenol A concentrations in humanbiological fluids reveals significant early prenatal exposure.Human Reprod;17(11):2839–41.

Inoue K, Kato K, Yoshimura Y, Makino T, Nakazawa H (2000).Determination of bisphenol A in human serum by high-performance liquid chromatography with multi-electrodeelectrochemical detection. J Chromatogr B Biomed SciAppl;749(1):17–23.

IPCS (1999).Tributyltin oxide. International Programme onChemical Safety Concise International Chemical AssessmentDocument: 14. Accessed Sept 2003 at:[http://www.inchem.org/documents/cicads/cicads/cicad14.htm#PartNumber:14]

Irvine S, Cawood E, Richardson D, MacDonald E, Aitken J(1996). Evidence of deteriorating semen quality in the UnitedKingdom: Birth cohort study in 577 men in Scotland over 11years. British Medical Journal; 312(7029):467–71.

Kafferlein HU, Angerer J (2001).Trends in the musk xyleneconcentrations in plasma samples from the general populationfrom 1992/1993 to 1998 and the relevance of dermal uptake.Int Arch Occup Environ Health; 74(7):470–6.

Kawai K, Nozaki T, Nishikata H, Aou S,Takii M, Kubo C(2003). Aggressive behavior and serum testosteroneconcentration during the maturation process of male mice:Theeffects of fetal exposure to bisphenol A. Environ HealthPerspect;111(2):175–8.

Koch HM, Drexler H, Angerer J (2003). An estimation of thedaily intake of di(2-ethylhexyl)phthalate (DEHP) and otherphthalates in the general population. Int. J Hyg EnvironHealth;206(2):77–83.

Krstevska-Konstantinova M, Charlier C, Craen M, Du Caju M,Heinrichs C, de Beaufort C, Plomteux G, Bourguignon JP(2001). Sexual precocity after immigration from developingcountries to Belgium: Evidence of previous exposure toorganochlorine pesticides. Hum Reprod;16(5):1020–6.

Kuroda N, Kinoshita Y, Sun Y, Wada M, Kishikawa N,Nakashima K, Makino T, Nakazawa H (2003). Measurement ofbisphenol A levels in human blood serum and ascitic fluid byHPLC using a fluorescent labeling reagent. J Pharm BiomedAnal;30(6):1743–9.

Kyselova V, Peknicova J, Buckiova D, Boubelik M (2003).Effects of pnonylphenol and resveratrol on body and organweight and in vivo fertility of outbred CD-1 mice.Reprod BiolEndocrinol; 1(1):30.

Lee HJ, Chattopadhyay S, Gong EY, Ahn RS, Lee K (2003a).Antiandrogenic effects of bisphenol A and nonylphenol on thefunction of androgen receptor.Toxicol Sci;75(1):40–6.

Leisewitz A, Schwarz W (1998). Materials flow analysis ofmajor endocrine disrupting industrial chemicals (bisphenol A;dibutyl phthalate/benzyl butyl phthalate;nonylphenol/alkylphenol ethoxylates). Report on theUmweltbundesamt (German Federal Environmental Agency),UFOPLAN-No. 106 01 076. Accessed Sept 2003 at:http://www.oekorecherche.de/ english/repseng.html

24 | ATTENTION FRAGILE !

références suiterraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

ATTENTION FRAGILE ! | 25

Licht, M. (1998) Retrospektive Untersuchung der zwischen1956 und 1995 in der Abteilung fur Andrologie desUniversitätkrankenhauses Hamburg-Eppendorf erhobenenSpermiogramme. Dissertation, Universität Hamburg

Liebl B, Ehrenstorfer S (1993). Nitro-musk compounds inbreast milk. [German]. Gesundheitswesen;55(10):527–532.

Lo S, Allera A, Albers P, Heimbrecht J, Jantzen E, KlingmullerD, Steckelbroeck S (2003). Dithioerythritol (DTE) preventsinhibitory effects of triphenyltin (TPT) on the key enzymes ofthe human sex steroid hormone metabolism. J Steroid BiochemMol Biol;84(5):569–76.

Lopez-Cervantes J, Paseiro-Losada P (2003). Determination ofbisphenol A in, and its migration from, PVC stretch film usedfor food packaging. Food Addit Contam;20(6):596–606.

Lovekamp TN, Davis BJ (2001). Mono-(2-ethylhexyl)phthalate suppresses aromatase transcript levels and estradiolproduction in cultured rat granulosa cells.Toxicol ApplPharmacol; 172(3):217–24.

Lovekamp-Swan T, Davis BJ (2003). Mechanisms of phthalateester toxicity in the female reproductive system.Environ HealthPerspect;111(2):139–45.

Luster MI, Dean JH, Germolec DR (2003). Consensusworkshop on methods to evaluate developmentalimmunotoxicity. Environ Health Perspect;111(4):579–83.

Main K.M., Mortensen G.K., Kaleva M.M., Boisen K.A.,Damgaard I.N., Chellakooty M., Schmidt I.M., Suomi A-M.,Virtanen H.E., Petersen J.H., Andersson A-M.,Toppari J. andSkakkebaek N.E. (2006). Human breast milk contaminationwith phthalates and alterations of endogenous reproductivehormones in infants three months of age. Environmental HealthPerspectives 114 (2): 270-276.

Markey CM, Luque EH, Munoz de Toro M, Sonnenschein C,Soto AM (2001). In utero exposure to bisphenol A alters thedevelopment and tissue organization of the mouse mammarygland. Biol Reprod; 65:1215–23.

Massart F., Seppia P., Pardi D., Lucchest S., Meossi C., GagliardiL., Liguori R., Fiore L., Federico G., Saggese G. (2005). Highincidence of central precocious puberty in a bounded geographicarea of Northwest Tuscany: an estrogen disrupter epidemic?Gynecological Endocrinology 20 (2): 92-98.

Mazdai A, Dodder NG, Abernathy MP, Hites RA, Bigsby RM(2003). Polybrominated diphenyl ethers in maternal and fetalblood samples. Environ Health Perspect;111 (9):1249–52.

Meerts IA, van Zanden JJ, Luijks EA, van Leeuwen-Bol I,Marsh G, Jakobsson E, Bergman A, Brouwer A (2000). Potentcompetitive interactions of some brominated flame retardantsand related compounds with human transthyretin in vitro.Toxicol Sci;56(1):95–104.

Meironyte D, Noren K, Bergman A (1999). Analysis ofpolybrominated diphenyl ethers in Swedish human milk. A time-related trend study, 1972–1997. J Toxicol Environ Health A;58(6):329–41.

Mizuno R (2000).The male/female ratio of fetal deaths andbirths in Japan. Lancet;356(9231):738–9.

Moller H. (1996). Change in male:female ratio among newborninfants in Denmark.The Lancet 348: 409.

Moore RW, Rudy TA, Lin TM, Ko K, Peterson RE (2001).Abnormalities of sexual development in male rats with in uteroand lactational exposure to the antiandrogenic plasticizer di(2-ethylhexyl) phthalate. Environ Health Perspect;109(3):229–37.

Nagel SC, vom Saal FS,Thayer KA, Dhar MG, Boechler M,Welshons WV (1997). Relative binding affinity-serum modifiedaccess (RBA-SMA) assay predicts the relative in vivobioactivity of the xenoestrogens bisphenol A and octylphenol.Environ Health Perspect;105(1):70–6

Nagel SC, vom Saal FS, Welshons WV (1999). Developmentaleffects of estrogenic chemicals are predicted by an in vitroassay incorporating modification of cell uptake by serum. JSteroid Biochem Mol Biol;69(1–6):343–57.

Nice HE, Morritt D, Crane M,Thorndyke M (2003). Long-termand transgenerational effects of nonylphenol exposure at a keystage in the development of Crassostrea gigas. Possibleendocrine disruption? Marine Eco ProgressSeries;256:293–300.

Ohta S, Ishizuka D, Nishimura H, Nakao T, Aozasa O, ShimidzuY, Ochiai F, Kida T, Nishi M, Miyata H (2002). Comparison ofpolybrominated diphenyl ethers in fish, vegetables, and meatsand levels in human milk of nursing women inJapan.Chemosphere;46(5):689–96.

Okubo T, Suzuki T, Yokoyama Y, Kano K, Kano I (2003).Estimation of estrogenic and anti-estrogenic activities of somephthalate diesters and monoesters by MCF-7 cell proliferationassay in vitro. Biol Pharm Bull;26(8):1219–24.

Olsen CM, Meussen-Elholm ET, Samuelsen M, Holme JA,Hongslo JK (2003). Effects of the environmental oestrogensbisphenol A, tetrachlorobisphenol A, tetrabromobisphenol A, 4-hydroxybiphenyl and 4,4’-dihydroxybiphenyl on oestrogenreceptor binding, cell proliferation and regulation of oestrogensensitive proteins in the human breast cancer cell line MCF-7.Pharmacol Toxicol;92(4):180–8.

Ozaki A, Baba T (2003). Alkylphenol and bisphenol A levels inrubber products. Food Addit Contam; 20(1):92–8.

Palanza PL, Howdeshell KL, Parmigiani S, vom Saal FS(2002). Exposure to a low dose of bisphenol A during fetal lifeor in adulthood alters maternal behavior in mice. EnvironHealth Perspect;110(Suppl 3):415–22.

Paris F, Balaguer P,Terouanne B, Servant N, Lacoste C,Cravedi JP, Nicolas JC, Sultan C (2002). Phenylphenols,biphenols, bisphenol-A and 4-tertoctylphenol exhibit alpha andbeta estrogen activities and antiandrogen activity in reportercell lines. Mol Cell Endocrinol;193(1–2):43–9.

Parmar D, Srivastava SP, Srivastava SP, Seth PK (1985).Hepatic mixed function oxidases and cytochrome P-450contents in rat pups exposed to di-(2- ethylhexyl)phthalatethrough mother’s milk. Drug Metab Dispos;13(3):368–70.

Paulozzi LJ (1999). International trends in rates ofhypospadias and cryptorchidism. Environ HealthPerspect;107(4):297–302.

Paulozzi LJ, Erickson D, Jackson RJ (1997). Hypospadiastrends in two US surveillance systems.Pediatrics;100(5):831–4.

Prague Declaration (2005).The Prague Declaration onEndocrine Disruption.[http://www.edenresearch.info/public/Prague%20Declaration%2017%20June%202005.pdf]

Rahman F, Langford KH, Scrimshaw MD, Lester JN (2001).Polybrominated diphenyl ether (PBDE) flame retardants. SciTotal Environ;275(1–3):1–17.

Ramos JG, Varayoud J, Kass L, Rodriguez H, Costabel L,Munoz-De-Toro M, Luque EH (2003). Bisphenol A inducesboth transient and permanent histofunctional alterations of thehypothalamic-pituitary-gonadal axis in prenatally exposed malerats. Endocrinology; 144(7):3206–15.

Ramos JG, Varayoud J, Sonnenschein C, Soto AM, Munoz DeToro M, Luque EH (2001). Prenatal exposure to low doses ofbisphenol A alters the periductal stroma and glandular cellfunction in the rat ventral prostate. BiolReprod;65(4):1271–7.

Rier S, Foster WG (2002). Environmental dioxins andendometriosis.Toxicol Sci;70(2):161–70.

Rimkus GG, Wolf M (1996). Polycyclic musk fragrances inhuman adipose tissue and human milk.Chemosphere; 33(10):2033–43.

Rösch, C., Vetter, E., Götz, D. & Steinbicker, V. (1999)Pilotstudie: Prävalenz genitaler Fehlbildungen – Datenbasis –Auswertung – Ursachenhypothese, UBA – Forchungsbericht298 61 226.

Sakaue M, Ohsako S, Ishimura R, Kurosawa S, Kurohmaru M,Hayashi Y, Aoki Y, Yonemoto J,Tohyama C (2001). Bisphenol-A affects spermatogenesis in the adult rat even at a low dose. JOccup Health;43:185–90.

Santillo D, Labunska I, Davidson H, Johnston P, Strutt M,Knowles O (2003). Consuming chemicals. Hazardous chemicalsin house dust as an indicator of chemical exposure in the home.London, UK: Greenpeace Environmental Trust.

Santillo D and Johnston P (2006): ‘Effect thresholds and“adequate control” of risks: the fatal flaws in the Councilposition on Authorisation within REACH. GreenpeaceInternational. [http://www.greenpeace.org/fatalflawsbrief]

Saradha B. and Mathur P.P. (2006). Effect of environmentalcontaminants on male reproduction. Environmental Toxicologyand Pharmacology 21: 34-41.

Schmid PP, Muller MD (1985).Trace level detection ofchlorinated paraffins in biological and environmental samples,using gas chromatography/mass spectrometry with negative-ionchemical ionization. J Assoc Off Anal Chem; 68 (3):427–30.

Schonfelder G, Flick B, Mayr E,Talsness C, Paul M, Chahoud I(2002a). In utero exposure to low doses of bisphenol A lead tolongterm deleterious effects in the vagina.Neoplasia;4(2):98–102.

Schonfelder G, Wittfoht W, Hopp H,Talsness CE, Paul M,Chahoud I (2002b). Parent Bisphenol A accumulation in thehuman maternal–fetal–placental unit. Environ HealthPerspect;110(11):A703–7.

Schreurs RH, Quaedackers ME, Seinen W, van der Burg(2002).Transcriptional activation of estrogen receptorERalpha and ERbeta by polycyclic musks is cell typedependent.Toxicol Appl Pharmacol; 183(1):1–9.

Schroter-Kermani (2001). Endocrine disrupters in human andenvironmental samples from the German EnvironmentalSpecimen Bank. Proceedings of the Second Status Seminar:Endocrine Disrupters. 2–4 April, 2001, Berlin, Germany.

Sharpe CR, Franco EL (1995). Etiology of Wilm’s tumor.Epidemiology Review;17:415–32.

Sharpe R.M (2005). Guest Editorial: Phthalate exposureduring pregnancy and lower anogenital index in boys: widerimplications for the general population. Environmental HealthPerspectives 113 (8): A504-A505.

Sharpe RM, Fisher JS, Millar MM, Jobling S, Sumpter JP(1995). Gestational and lactational exposure of rats toxenoestrogens results in reduced testicular size and spermproduction. Environ Health Perspect;103 (12):1136–43.

Skakkebaek NE, Rajpert-De Meyts, Main KM (2001).Testicular dysgenesis syndrome: An increasingly commondevelopmental disorder with environmental aspects. HumReprod;16(5):972–8.

Smith D. and Von Behren J. (2005).Trends in the sex ratio ofCalifornia births, 1960-1996. Journal of Epidemiology andCommunity Health 59: 1047-1053.

Sokol R.Z., Kraft P., Fowler I.M., Mamet R., Kim E. andBerhane K.T. (2006). Exposure to environmental ozone alterssemen quality. Environmental Health Perspectives 114 (3):360-365.

Sonnenschein C, Soto AM (1999).The Society of Cells: Cancerand Control of Cell Proliferation. New York, NY, USA: SpringerVerlag.

Srivastava S, Awasthi VK, Srivastava SP, Seth PK (1989).Biochemical alterations in rat fetal liver following in uteroexposure to di(2-ethylhexyl)phthalate (DEHP). Indian J ExpBiol;27(10):885–8.

Steckelbroeck S, Heidrich D, Heimbrecht J, Klingmuller D(2001). Effects of triphenyltin (TPT) on the key enzymes ofthe human sex steroid hormone metabolism. Proceedings of theSecond Status Seminar: Endocrine Disrupters, 2–4 April 2001,Berlin Germany. Abstracts;p127.

Swan S.H., Main K.M., Liu F., Stewart S.L., Kruse R.L.,Calafat A.M., Mao C.S., Redmon J.B.,Ternard C.L., SullivanS.,Teague J.L. and the Study for Future Families ResearchTeam (2005). Decrease in anogenital distance among maleinfants with prenatal phthalate exposure. Environmental HealthPerspectives 113 (8): 1056-1061.

Swan SH, Elkin EP, Fenster L (1997). Have sperm densitiesdeclined? A reanalysis of global trend data. Environ HealthPerspect;105(11):1228–32.

Swan SH, Elkin EP, Fenster L (2000).The question ofdeclining sperm density revisited: An analysis of 101 studiespublished 1934–1996. Environ HealthPerspect;108(10):961–6.

Takada H, Isobe T, Nakada N, Nishiyama H, Iguchi T, Irie H,Mori C (1999). Bisphenol A and nonylphenols in humanumbilical cords. Proceedings of the International ScientificConference on Environmental Endocrine Disrupting Chemicals,Monte Verita , Ascona, Switzerland, March 7–12, 1999.

Takahashi S, Mukai H,Tanabe S, Sakayama K, Miyazaki T,Masuno H (1999). Butyltin residues in livers of humans andwild terrestrial mammals and in plastic products. EnvironPollution;106(2):213–8.

Takai Y,Tsutsumi O, Ikezuki Y, Hiroi H, Osuga Y, Momoeda M,Yano T,Taketani Y (2000). Estrogen receptor-mediated effectsof a xenoestrogen, bisphenol A, on preimplantation mouseembryos. Biochem Biophys ResCommun;270(3):918–21.

Takai Y,Tsutsumi O, Ikezuki Y, Kamei Y, Osuga Y, Yano T,Taketan Y (2001). Preimplantation exposure to bisphenol Aadvances postnatal development. Reprod Toxicol;15(1):71–4.

Takeuchi T,Tsutsumi O (2002). Serum bisphenol Aconcentrations showed gender differences, possibly linked toandrogen levels. Biochem Biophys Res Commun;291(1):76–8.

Thierfelder, W. et al. (1999) Abnahme der Spermienqualität beigesunden Männern aus ungewollt kinderlosen Partnerschaften.Bundesgesundheitsbl. 42: 471-478

Thomsen C, Lundanes E, Becher G (2002). Brominated flameretardants in archived serum samples from Norway: A study ontemporal trends and the role of age. Environ SciTechnol;36(7):1414–8.

Tsumura Y, Ishimitsu S, Kaihara A, Yoshii K, Nakamura Y,Tonogai Y (2001b). Di(2-ethylhexyl) phthalate contaminationof retail packed lunches caused by PVC gloves used in thepreparation of foods. Food Addit Contam;18(6):569–79.

26 | ATTENTION FRAGILE !

références suiterraappppoorrtt

ggrreeeennppeeaaccee

ATTENTION FRAGILE ! | 27

Tsumura Y, Ishimitsu S, Saito I, Sakai H, Kobayashi Y,TonogaiY (2001a). Eleven phthalate esters and di(2-ethylhexyl)adipate in oneweek duplicate diet samples obtained fromhospitals and their estimated daily intake. Food Addit Contam;18(5):449–60.

Uchida K, Suzuki A, Kobayashi Y, Buchanan DL, Sato T,Watanabe H, Katsu Y, Suzuki J, Asaoka K, Mori C, Arizono K,Iguchi T (2002). Bisphenol-A administration during pregnancyresults in female exposure in mice and monkeys. J HealthSci;48:579–82.

US EPA (1993). Bisphenol A (CASRN 80-05-7). Referencedose for chronic oral exposure (RfD). Last revised in 1993.Integrated Risk Information System. US EnvironmentProtection Agency. Accessed Sept 2003 at:[http://www.epa.gov/iris/subst/0356.htm]

Van der Pal-de Bruin K.M., Verloove-Vanhorick S.P. andRoeleveld N. (1997). Change in male:female ration amongnewborn babies in Netherlands.The Lancet 349: 62.

van Heijst APN (1994).Tributyltin compounds. InternationalProgramme on Chemical Safety Group Poisons InformationMonograph: G018. Accessed Sept 2003 at:[http://www.inchem.org/documents/pims/chemical/pimg018.ht]

Vartiainen T, Kartovaara L,Tuomisto J (1999). Environmentalchemicals and changes in sex ratio: Analysis over 250 years inFinland. Environ Health Perspect;107(10):813–5.

vom Saal FS, Cooke PS, Buchanan DL, Palanza P,Thayer KA,Nagel SC, Parmigiani S, Welshons WV (1998). Aphysiologically based approach to the study of bisphenol A andother estrogenic chemicals on the size of reproductive organs,daily sperm production, and behavior.Toxicol IndHealth;14(1–2):239–60.

Wilson NK, Chuang JC, Lyu C, Menton R, Morgan MK (2003).Aggregate exposures of nine preschool children to persistentorganic pollutants at day care and at home. J Expo AnalEnviron Epidemiol;1 3(3):187–202.

WWF (2004a) Chemical Check Up: An analysis of chemicalsin the blood of Members of the European Parliament, WWF,April 2004: 48 pp[http://www.wwf.be/detox/online_publications/checkup.pdf]

WWF (2004b) Bad Blood?: A survey of chemicals in the bloodof European Ministers, WWF, October 2004: 40 pp[http://assets.panda.org/downloads/badbloodoctober2004.pdf]

WWF-UK (2003) ContamiNation:The results of WWF’sbiomonitoring Survey, November 2003, WWF-UK: 110 pp[http://www.wwf.org.uk/filelibrary/pdf/biomonitoringresults.pdf]

WWF-UK (2004) Contamination – the next generation:Results of the family chemical contamination survey, WWF-UK, October 2004: 45 pp[http://www.wwf.org.uk/filelibrary/pdf/family_biomonitoring.pdf]

Yamada H, Furuta I, Kato EH, Kataoka S, Usuki Y, Kobashi G,Sata F, Kishi R, Fujimoto S (2002). Maternal serum andamniotic fluid bisphenol A concentrations in the early secondtrimester. Reprod Toxicol;16(6): 735 – 9 .

Yamasaki H, Nagake Y, Makino H (2001). Determination ofbisphenol A in effluents of hemodialyzers. Nephron; 88(4):376–8.

Ying GG, Williams B, Kookana R (2002). E n v i ronmentalfate of alkylphenols and alkylphenol ethoxylates – A review.Environ Int; 2 8( 3 ) : 215 – 26 .

Zehringer M, Herrmann A (2001). Analysis of polychlorinatedbiphenyls, pyrethroid insecticides and fragrances in human milkusing a laminar cup liner in the GC injector. Eur Food ResTech; 212: 247 – 51 .

© J

AC

OB

YU

RI

WA

CK

ER

HA

US

EN

ATTENTIONFRAGILE !

Pour plus d'informations sur REACH,merci de contacter

Unité Européenne de Greenpeace199 rue Belliard , 1040 Bruxellest +32 2 274 1900 f +32 2 274 1910http://eu.greenpeace.org

Greenpeace France Campagne Vigitox 22 rue des Rasselins, 75020 Paris, Francet +33 1 44 64 02 02 f +31 1 44 64 02 00www.greenpeace.fr ou www.vigitox.fr

Greenpeace Belgique Chaussee de Haecht 159, 1030 Bruxellest +32 2 274 0200 f +32 2 274 0230www.greenpeace.be

Greenpeace Luxembourg34, av. de la Gare, 4003 Esch/Alzettet +352 54 62 52 1 f +352 54 54 05www.greenpeace.lu