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gn5 )13 197?
Le 2 octobre 1972
Monsieur P.A. Faguy Commissaire des pénitenciers Service canadien des pénitenciers Ottawa (Ontario) KIA OP9
Monsieur,
Au moment de vous soumettre le présent rapport et nos recommandations, Mlle Lachmanec et moi-même désirons exprimer notre reconnaissance au Service des pénitenciers, qui nous a permis de faire cette étude.
Au cours de notre enquête qui nous a conduites d'un bout à l'autre du Canada, nous avons été frappées par l'éton-nante similarité des problèmes qu'éprouvent les familles aux prises avec la loi.
Nos entretiens avec le personnel de divers institu-tions et organismes ont révélé que les services offerts par ces derniers varient tant en quantité qu'en qualité. Compte tenu des différences entre grands organismes et petits organis-mes, et entre institutions à sécurité maximum et à sécurité minimum, et de la variété des facteurs géographiques, de la personnalité et du nombre des employés, il reste beaucoup à faire sur les plans pratique et théorique pour améliorer la situation de la famille.
Les connaissances que nous avons glanées et partagées dans le domaine de la "Réadaptation de la cellule familiale" ne sont qu'un début. Nous espérons pouvoir mieux apprécier, dans les mois à venir, l'intérêt que suscite de domaine de la correc-tion, jusqu'à présent délaissé en dépit de son importance.
Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes saluta-tions distinguées.
(Mme) Clarice L. Harkley Conseillère
c.c.: M. John Braithwaite, Commissaire adjoint
AVANT-PROPOS
L'intérêt vital que soulèvent depuis peu les mé-
thodes de corrections axées sur la collectivité accentue
très nettement l'importance des liens qu'il faut maintenir
entre les délinquants, leur milieu familial et leur cercle
d'amis. La Société John Howard, de Vancouver, oeuvre dans
ce domaine depuis huit ans. Elle travaille souvent en rela-
tions étroites avec le personnel des Services des pénitenciers
et des libérations conditionnelles. Le Solliciteur général,
en nous accordant les fonds qui nous ont permis de faire part
de notre expérience à d'autres organismes correctionnels, re-
connaît la grande portée et la valeur des résultats obtenus
par la Société.
Par la présente étude, nous nous proposons de sus-
citer l'intérêt d'organismes extérieurs et du personnel du
Service des pénitenciers au sujet des problèmes familiaux que
pose l'emprisonnement; d'encourager' les épouses et les familles
de détenus à former des groupes susceptibles de les aider à
comprendre leurs propres difficultés et à mieux les résoudre;
et, d'accroître l'attention portée par les pénitenciers à ces
problèmes domestiques afin qu'ils ne coupent pas le détenu de
sa famille.
Notre enquête nous a conduites dans la plupart des
pénitenciers du Canada, dans de nombreux bureaux de la Société
John Howard et autres organismes similaires. Nous avons fait
part de nos idées et enrichi nos connaissances, et nous espérons
avoir éveillé l'intérêt et la compréhension de ces institutions
envers les problèmes familiaux nombreux et variés qui se posent
lorsqu'un membre d'une famille a maille à partir avec la loi.
Tout au long de l'étude, nous avons utilisé le mot "épouse" pour
plus de commodité, mais il peut aussi bien s'agir du mari, du
père ou de la mère.
PRINCIPES ET MÉTHODES
Nous ne pouvons définir ni les principes ni les
méthodes sans avoir au préalable examiné les problèmes qu'-
éprouve la famille lors de l'incarcération de l'un des pa-
rents. Nous tenterons ensuite de concevoir des programmes
visant à maintenir, de façon permanente, la cohésion de la
cellule familiale.
La tendance actuelle est de faire participer la
collectivité et ses ressources au redressement des détenus.
Il est extrêmement important que les programmes des institu-
tions, des organismes et de la collectivité permettent simul-
tanément de faire participer l'épouse et, dans une certaine
mesure, la famille.
Il n'y a plus de traitement possible pour un homme
si la famille qu'il aime a succombé aux diverses épreuves
qui l'ont assaillie lors de son arrestation et pendant son in-
carcération. Nous ne disposons d'aucune statistique sur le
nombre de familles qui se désintègrent à la suite de l'emprison-
nement de l'un des parents, mais de nombreux détenus prétendent
qu'ils ont perdu leur famille par manque de compréhension et
de communication alors que, jeunes, ils purgeaient des peines
de prison. Cet échec au début de leur vie a tendance à annihiler
tout essai futur de vie familiale normale. Se pourrait-il que,
pendant que nous nous dévouons corps et âme pour que le détenu
s'adapte à la prison, nous laissions sa famille se désintégrer?
Nous négligeons ainsi le seul élément de valeur qui aurait pu
l'aider à se réintégrer dans la collectivité.
Bien que les méthodes varient d'une collectivité à
l'autre, et même d'un cas à l'autre, les travailleurs sociaux
et agents de correction peuvent beaucoup pour soulager la dé-
tresse des détenus. Ce faisant, ils peuvent gagner la confiance
des familles et en faire un atout pour la réhabilitation des
détenus, avant et après leur libération.
Nous devons donc étudier le problème afin de prescrire
la façon la plus efficace de mettre à contribution les gardiens
et les conseillers des institutions, le personnel des organismes,
les groupes éducatifs et récréatifs de la collectivité et la
famille.
LA FAMILLE
Si nous examinons les problèmes qui assiègent
la famille d'un délinquant incarcéré, nous découvrons que
rares sont les membres de cette famille qui ne sont pas
touchés; tous partagent, dans une certaine mesure, la même
angoisse et le même effarement au seuil de cet univers qui
leur est le plus souvent étrange.
Ce nouveau monde inconnu est fait d'agents de po-
lice, de tribunaux, d'avocats, de visites à la prison, de
gardes en uniforme et de cellules verrouillées aux portes
blindées. Pour survivre dans ce nouveau pays effrayant, il
faut pouvoir s'adapter mentalement, moralement, psychologi-
quement et socialement, qu'on se trouve derrière les barreaux
ou à l'extérieur.
Dès lors, pour mal à l'aise qu'il puisse être, le
mari est à l'abri des retombées de son crime. C'est sur son
épouse et ses enfants que s'abattent les stigmates et, assez
ironiquement, alors qu'on fait tout pour l'aider à faire face
à ce grave problème, on ne fait rien ou presque rien pour eux.
On peut diviser les familles en trois grandes caté-
gories, chacune ayant des problèmes légèrement différents qui
doivent être traités en conséquence:
1. L'épouse seule, qui travaille et subvient à ses
besoins;
2. La mère ayant des enfants à charge;
3. Les parents d'un jeune détenu.
L'adaptation de la famille se fait en trois phases
distinctes, chacune exigeant ce qui n'existe pas la plupart
du temps: l'aide et le réconfort d'un conseiller.
Phase I
Un choc profond caractérise la réaction de l'épouse
lors de l'arrestation de son mari. Elle doit en sortir rapide-
ment si elle veut apprendre le strict minimum concernant la mise
en liberté sous caution, l'assistance juridique, les avocats,
la procédure judiciaire et les visites à la prison. Pendant des
semaines, elle passe de l'espoir au désespoir jusqu'à ce que le
juge ait rendu son verdict. La condamnation et l'emprisonnement
de l'accusé tracent l'avenir de la famille pour des mois et des
années.
Phase II
L'épouse doit maintenant essayer de faire face aux
problèmes qui s'abattent inexorablement sur la famille déchirée
et qui, au pire, peuvent la forcer à vivre de l'aide sociale; la
chute brutale du revenu peut entraîner la perte de la maison,
l'impossibilité de rembourser les dettes ou de payer les primes
d'assurance, l'annulation de rendez-vous indispensables chez le
dentiste ou le médecin, la réduction ou l'abandon total des
loisirs.
La mère se trouve alors devant le dilemme suivant:
chercher du travail pour gagner décemment sa vie ou rester à la
maison pour s'occuper de ses enfants en bas âge.
Les visites à la prison peuvent revenir très chères,
être humiliantes et exténuantes et, parfois même, impossibles,
lorsque le mari est trop loin.
Et qu'en est-il' des décisions d'ordre moral?
Comment s'accommode-t-elle de son sentiment de culpabilité?
Peut-on attendre d'elle que, dans les circonstances pré-
sentes, elle reste fidèle à un mari qui la laisse seule,
sans soutien matériel ou moral? Que doit-elle dire à ses
enfants, à ses voisins, à ses parents, du délit commis par
son mari et de sa situation?
Comment peut-elle faire participer son mari à la
prise de décisions alors que lui-même se débat contre ses pro-
pres frustrations et que, dans de nombreux cas, il n'est pas
même accessible? Enfin, comment peut-elle supporter la terri-
ble solitude mentale et la privation physique qui peuvent la
pousser à chercher un autre compagnon? Ce qui pose le problème
de savoir si ça vaut la peine d'attendre et d'essayer de col-
mater les brèches d'une union évidemment précaire. Les époux
pourront-ils reconstruire ce qu'ils avaient bâti et aimé dans
le passé?
Cette période est la plus difficile et dépend sou-
vent de la longueur de la peine et de l'endroit où est emprison-
né le mari. Comment une famille peut-elle rendre visite à un
homme qui se trouve à deux cents milles ou plus? Comment main-
tenir les liens pendant des mois ou des années sans aucun con-
tact personnel?
Phase III
Cette phase commence dans l'attente, attente déchirée
entre l'espoir et la crainte. Lui accordera-t-on un congé pro-
visoire? Méritera-t-il une libération conditionnelle? Rentrera-
t-il à la maison?
Théoriquement, si la famille a survécu à la phase I et
à la phase II, la tension devrait baisser et faire place à un
certain bonheur.
Dans la pratique, les espoirs peu réalistes que fait
naître la libération, les heurts quotidiens de la vie familiale,
la crainte de l'épouse que son mari ne récidive, la peur des
enfants que "papa s'en aille encore", le manque de communications
entre le prisonnier et le monde, tous ces facteurs ont tendance
à fausser la situation du détenu sortant de prison. Ce qui de-
vrait être bonheur devient souvent cauchemar et frustrations pour
la famille toute entière.
L'épouse doit abandonner, quoi qu'il lui en coete, son
rôle de chef de famille. Elle réchigne très souvent à perdre
non seulement l'autorité qu'elle a acquise, mais également sa sé-
curité financière, aussi précaire soit-elle. Il faut que le mari
soit suffisamment fort pour partager une partie du fardeau qu'elle
a porté pendant qu'il était en prison, et elle doit apprendre à
lui faire confiance à cet égard.
C'est à ce moment-là que nous voyons le résultat final
de la peine de prison et pouvons juger du succès ou de l'échec
du traitement qui, dans l'idéal, devrait avoir préparé la famille
à reconstruire ce qui existait avant et qui vaut la peine
d'être rebâti.
Enfin, il faut décider si cette famille réunie pourra
continuer à fonctionner normalement.
Heureuse est la famille qui, à ce moment, trouve l'ai-
de d'un conseiller sympathique, mais avant tout réaliste.
LE ROLE DE L'ORGANISME VIS-A-VIS DE LA FAMILLE
Bon nombre des organismes avec lesquels nous avons
conféré d'un bout à l'autre du Canada prodiguent aide et
conseils aux membres de la famille, quelques-uns, mais ils
sont rares, de façon permanente, les autres, seulement en cas
d'urgence, généralement au cours de la phase I de ce que nous
pourrions appeler la condamnation de l'épouse. Pour bénéfi-
cier de cette aide, elle doit s'adresser à l'organisme, qui
s'occupe avant tout du détenu; ce permier pas peut être dur et
effrayant. Trop rares sont les cas où l'organisme va, de lui-
même, lui offrir ses services.
Les organismes vantent et font connaître de diverses
façons l'aide qu'ils peuvent apporter au prisonnier. Ne pour-
raient-ils pas, non seulement accroître leurs services à la
famille, mais aussi en annoncer l'existence?
Pendant toute la durée de chacune des trois phases
décrites au chapitre précédent, les travailleurs sociaux devraient
être prêts à mettre leurs connaissances et leurs ressources à
la disposition des familles éprouvées, et capables de la faire.
Formation d'associations
Les associations d'épouses et de familles, organisées
et animées par un travailleur social, peuvent être très préci-
euses dans l'immédiat et à long terme. Leurs membres y trouvent
patience, tolérance, compagnie, compréhension de leurs propres
besoins et de la façon d'y subvenir. Les épouses constituées
en associations peuvent partager leurs soucis, prêter une oreille
attentive à leurs compagnes d'infortune et s'entraider comme
cela n'est possible qu'avec des personnes qui cheminent sur la
même voie.
Une association d'entraide familiale peut arriver à
résoudre les problèmes matériels de l'épouse. Bien souvent,
elle peut trouver dans la collectivité un moyen de se rendre au
pénitencier, une garderie d'enfants, des groupes d'entraide de
toutes sortes, des renseignements sur les possibilités qui lui
sont offertes de continuer ses études, des cours de perfection-
nement professionnel, des cours de puériculture, d'arts ménagers
et d'artisanat, et même des distractions. Il suffit parfois de
l'encourager à participer à la vie de la collectivité. Nous ne
devons pas laisser ces femmes oublier que, même si un grand
nombre de leurs problèmes sont particuliers à l'épouse d'un dé-
tenu, elles en partagent bien d'autres avec les autres membres
de la société. Dans ce genre de participation l'épouse du dé-
tenu puise la force et l'enrichissement qui lui permettent de
mener une vie mieux équilibrée.
Problèmes personnels
Bien souvent, les travailleurs sociaux ne peuvent
régler les problèmes familiaux individuels que de concert avec
les agents de correction. Des discussions ouvertes entre les
membres de la famille concernés, les travailleurs sociaux et les
agents de correction exposent les problèmes au grand jour, éli-
minant la confusion qui s'installe et croît entre personnes
séparées. Ce genre de discussion supprime les malentendus et
les manigances de part et d'autre des barreaux.
Conseillers matrimoniaux
Il faut que les époux, qui en ont si souvent besoin,
puissent s'adresser â des conseillers matrimoniaux et ce, non
seulement après la libération mais, si on veut donner plus
de force à leurs avis, avant même que le mari ne sorte de pri-
son. Il faut prendre des dispositions pour que l'épouse puisse
pénétrer dans l'enceinte du pénitencier ou pour que le mari en
sorte. Les pénitenciers doivent mettre à la disposition des
époux les locaux et les conseillers dont ils ont besoin. (A
Matsqui, le Révérend Ted Cropp a un programme excellent pour
les conjoints désireux d'y prendre part ensemble).
En dépit de tous les efforts entrepris pour préserver
• la cellule familiale, certaines familles se désintégreront sous
le poids des circonstances. Chaque membre de la famille a besoin
du soutien permanent d'un conseiller pour s'adapter à ce nouveau
style de vie.
De l'arrestation à la libération, et souvent longtemps
après, le travailleur social doit rester disponible car il
(ou elle) est le seul à bien connaître la famille et ses problèmes.
LE ROLE DE L'INSTITUTION VIS-A-VIS DE LA FAMILLE
Il n'y a pas longtemps qu'on reconnaît l'importance
cruciale des relations entre l'institution et la famille.
Dans la plupart des institutions, les heures de visite et les
locaux réservés à cet effet ont été grandement améliorés, mais
il y a encore beaucoup à faire dans le domaine de la participa-
tion du personnel. Cette participation doit se manifester sous
la forme d'un intérêt véritable pour la famille et non pas d'une
surveillance qui indispose le détenu et sa famille.
L'absence de statistiques concernant les relations
familiales solides est fort révélatrice. En fait, il est sou-
vent très difficile de définir en quoi consistent des relations
familiales pour les détenus. Certains liens extrêmement ténus
se resserrent alors que d'autres, très forts, se relâchent.
Les mariages selon le droit coutumier sont fréquents et parfois
plus durables que les mariages contractés devant la loi.
La tâche des préposés aux visites et à la correspon-
dance est extrêmement difficile. On leur demande souvent des
conseils qu'ils n'ont pas le droit de donner. Certains d'entre
eux ont suggéré qu'un conseiller se trouve sur les lieux pendant
les heures de visite, non seulement pour répondre aux questions,
mais aussi pour prouver l'intérêt qu'il porte à la famille et
l'amener ainsi à des consultations régulières.
Le parloir
Les préposés au parloir sont les premières personnes
à qui s'adresse l'épouse lors de sa première visite à l'institu-
tion $c) son mari a été envoyé. Au début, les visites peuvent
être effrayantes, frustrantes et, dans certaines circonstances,
impossibles. Nous n'ignorons pas qu'il faut observer certaines
règles de sécurité, qu'un petit nombre de personnes devront tou-
jours être soumises à une surveillance plus stricte, mais jamais
nous ne pourrons trop répéter que les visites de part et d'autre
d'un grillage devraient être réservées à ces seules personnes,
et que chaque institution doit s'efforcer d'aménager des parloirs
ouverts.
Les visites sont importantes et extrêmement personnel-
les, mais après avoir vu de nombreux parloirs, nous convenons
que l'institution doit exercer une surveillance réaliste. Elle
devrait fixer des horaires raisonnables, surveiller le comporte-
ment des personnes en présence, et les prévenir qu'en cas de vio-
lation du règlement, elle limitera les visites. Les épouses
devraient recevoir un règlement imprimé et le pénitencier s'assurer
qu'elles l'ont bien compris. Faute de prendre ces précautions,
le mari incarcéré peut se servir de son épouse pour lui faire com-
mettre, en toute innocence, des actes répréhensibles.
Lorsque c'est possible, les visites en petits groupes
se passent fort bien; les installations à l'extérieur oU les
parents peuvent s'asseoir et les enfants jouer sont excellentes.
Nous avons constaté que dans les institutions où le parloir est
agréable, le personnel sympathique, les locaux bien entretenus,
le personnel réclame l'agrandissement de ces installations.
De nombreuses familles et épouses qui ne pouvaient supporter
l'ancien type de visites derrière une grille nous ont fait part
de leur intention de se rendre dans ces locaux plus accueillants.
De nombreux enfants ont ainsi retrouvé un père ou une mère
qu'ils n'avaient pas vu depuis des mois. Toutefois, les pa-
rents devraient pouvoir se voir au moins une fois par semaine,
en l'absence des enfants les jeunes, pour discuter tranquil-
lement entre adultes.
Le personnel de classification est généralement sur-
chargé. Les employés et les détenus prétendent que les entre-
vues n'ont lieu qu'en cas d'urgence, et que des décisions qui
touchent la famille toute entière sont prises sur la foi de
jugements portés dans l'ignorance de la situation de la famille
en question.
Bien que les communications avec un organisme concer-
nant les questions familiales soient très précieuses, le con-
seiller de l'institution devrait procéder à des interviews axés
sur la famille. Dans de nombreux cas, il trouverait ainsi la
clé du comportement du détenu, acquérant les connaissances dont
il a besoin pour obtenir les meilleurs résultats possibles pour
toutes les parties.
Les congés provisoires ont une valeur réelle en ce
qui concerne la famille. Le pénitencier devrait faire très
attention à la situation que créera le retour du mari à la mai-
son. Là encore, les communications avec l'organisme sont
précieuses, non seulement pour évaluer la situation familiale,
mais également pour en suivre l'évolution pendant que le mari
est à la maison.
Les communications entre la famille et le personnel
de l'institution devraient être meilleures. L'épouse venue
rendre visite à son mari a le droit de savoir pourquoi elle ne
peut pas le voir. Elle devrait obligatoirement être mise au
courant de son transfert d'une institution à l'autre, des con-
gés provisoires qui lui sont accordés et de la date de sa sortie
ou de sa libération conditionnelle. Dans de rares occasions,
aussi malheureux que cela puisse être, c'est une sage mesure de
protection.
Les associations d'épouses feraient bien de demander
à un employé des pénitenciers de venir leur expliquer certains
des aspects déroulants de la vie en prison. Cet employé, en
retour, gagnerait beaucoup à rencontrer les épouses des détenus.
Les pénitenciers devraient prendre en considération
les épouses qui parcourent de longues distances pour rendre
visite à leur mari pendant quelques jours. Ils devraient leur
accorder des heures de visite plus longues et, si elles le de-
mandent, leur offrir les services d'un conseiller. Enfin, ils
devraient s'entendre avec les organismes pour mettre des locaux
à leur disposition aux heures et aux jours requis.
VISITES CONJUGALES
On parle beaucoup de visites conjugales, et on
discute interminablement de leurs avantages et de leurs
inconvénients, mais on n'a pas encore fait grand chose à
ce sujet.
Dans certains cas, les congés provisoires sont
la solution, mais ces permissions ne peuvent pas toujours
être accordées, même lorsqu'elles sont méritées.
La Saskatchewan Provincial House, à Prince-Albert,
constitue probablement l'installation la plus satisfaisante
qui ait jamais été conçue dans notre pays pour les visites
aux détenus. La maison, qui se trouve en dehors de l'en-
ceinte de l'institution et ne diffère en rien des maisons
alentour, est spécialement appréciée des épouses (et des
familles) qui viennent de loin mais dont le mari (ou le
père) n'a pas l'autorisation de faire le voyage inverse.
L'un des conseillers familiaux de l'institution
prend contact avec les épouses et les familles que le mari
a demandé à voir. Le cas du détenu est ensuite passé en re-
vue et si ce dernier est jugé apte, la famille est acceptée
et le conseiller, après avoir fait les démarches préliminaires,
se retire de la scène tout en restant à portée de la main.
Les épouses qui séjournent à la Saskatchewan Pro-
vincial House disent qu'elles ont l'impression d'être en va-
cances. Elles apprécient ce moment de répit et les enfants
sont ravis du changement. Il est moins difficile pour les
enfants de quitter leur père que pour lui de laisser sa famille
à la maison. Son épouse n'a pas peur qu'il rencontre ses an-
ciens complices, qu'il se soûle ou qu'il ne rentre pas au pé-
nitencier, en ce genre de visite renforce les liens familiaux.
Le mari est peut-être en butte à une certaine jalousie
de la part des autres détenus lorsqu'il rentre au pénitencier,
mais cet état d'esprit tend à disparaître, l'idée étant main-
tenant bien implantée.
Il semble raisonnable et logique d'étudier ce sys-
tème et de l'adapter aux autres pénitenciers.
CONCLUSIONS
Nous n'ignorons pas que seule une partie des dé-
tenus restent en relation avec leur famille, mais faute de
statistiques sûres, nous ne pouvons en évaluer le nombre.
Les rapports post-sentenciels du Service des libé-
rations conditionnelles pourraient probablement nous fournir
une indication de la proportion des prisonniers qui conservent
des liens avec leur famille. Les employés estiment qu'elle
va de 10 à 40%. Les agents des libérations conditionnelles
et le personnel des organismes qui s'occupent d'anciens détenus
pensent qu'elle varie entre 20 et 50%.
Quelle que soit la proportion exacte, il serait sage
d'utiliser toutes les ressources dont nous disposons pour
travailler de concert avec le cellule familiale car nous avons
tout à y gagner, tant au point de vue humanitaire que pratique.
Les avantages qu'il y a à préserver la cohésion de
la cellule familiale sont nombreux; le détenu qui reste en rela-
tion avec sa famille est plus détendu. Partager les problèmes
de sa famille l'empêche de perdre de vue des aspects quotidiens
de la vie, ce qui lui permet d'affronter sa libération avec
plus de réalisme. Avec l'aide d'un conseiller, l'épouse peut
comprendre au moins certains des changements inévitables que
subit un homme en prison. Les projets de libération discutés
en toute liberté sont plus facilement acceptés de tous. Les
enfants en bas âge ne deviennent pas complètement étrangers à
leur père et les adolescents ne s'en détachent pas entièrement.
Les liens familiaux constituent en facteur vital du
redressement d'un homme. C'est une soupape de sécurité quand
il est en prison, une bouée à sa libération.
RECOMMANDATIONS
1. Que tous les organismes correctionnels et notamment la
police, les agents de probation et les agents de libéra-
tion conditionnelle fassent savoir à toute personne arrê-
tée qu'il existe des services pour aider sa famille.
2. Que personnel et locaux soient fournis pour ces services.
3. Qu'on encourage la formation d'associations d'entraide
familiale partout ot elles sont nécessaires.
4. Que chaque institution dispose de conseillers familiaux
chevronnés qui pourraient faire partie du service de la
classification, mais ne s'occuperaient que des familles.
5. Que les employés puissent entrer et sortir librement de
l'institution dans l'exercice de leurs fonctions concer-
nant la famille.
6. Qu'un conseiller soit à la disposition des visiteurs qui
le demande.
7. Dans les grandes villes, les foyers de transition et les
institutions à sécurité minimum devraient offrir des con-
sultations non seulement aux familles de leurs pension-
naires, mais également aux familles désireuses d'obtenir
des renseignements concernant des détenus qui se trouvent
dans d'autres institutions.
8. Tous les visiteurs devraient recevoir un exemplaire du
règlement des visites, rédigé dans un langage clair et
précis, et qui aura été préalablement établi par un
comité mixte détenus-direction.
9. Que des concessions spéciales concernant les heures de
visite soient accordées aux visiteurs qui viennent rare-
ment ou qui viennent de loin.
10. Les visites en soirée devraient être interdites aux en-
fants de moins de douze ans.
11. Des journées d'études rassemblant le personnel de l'ins-
titution, les travailleurs sociaux des organismes, les
épouses et, si possible, certains détenus choisis, de-
vraient avoir lieu au moins quatre fois par an au sein
de l'institution ou de la collectivité.
12. On devrait vérifier soigneusement la sensibilité et la
capacité d'adaptation des préposés aux visites et à la
correspondance. Les aires de visite plus ouvertes exigent
un personnel extrêmement réceptif et capable d'orienter
les visiteurs qui demandent à voir d'autres membres du
personnel.
QUELQUES REFLEXIONS CARACTERISTIQUES . . .
du détenu
Un détenu peut toujours parler à un autre détenu,
mais à qui diable ma femme parle-t-elle?
Le plus dur, c'est de rentrer après un congé pro-
visoire, mais si vous avez un peu de bon sens, non seulement
vous rentrez mais vous êtes à l'heure.
Si je recevais une lettre de ma femme disant qu'elle
me quitte, pour sûr que je m'échapperais s'il n'y avait person-
ne pour aller le raconter.
des agents de classification
Ce n'est qu'après l'avoir vu à l'extérieur avec sa
famille que je l'ai considéré comme un être humain.
Si je faisais connaissance avec sa femme, je saurais
peut-être ce qui le rend fou.
Nous n'avons pas le temps de nous occuper des problèmes
familiaux. C'est déjà assez difficile de faire tenir ces types
tranquilles sans avoir à s'occuper de leurs familles.
Ce fut un merveilleux dimanche. Nous avons eu une
centaine de visiteurs et pas un seul incident à l'exception
des gamins qui y allaient un peu fort sur la limonade.
des préposés à la correspondance
J'aimerais avoir le temps de leur parler. Ils
n'arrêtent pas de me demander des conseils que je n'ai pas le
droit de leur donner ou que je suis bien incapable de leur
donner.
Des épouses? Il n'en vient jamais, ce sont toutes
des putains.
La moitié de ces filles sont dignes, mais c'est une
bonne chose que ces types reçoivent des visites, ça fait bais-
ser la pression.
des épouses
Chaque fois que je quitte le pénitencier, je pleure.
Mais lui, que fait-il? Les hommes ne peuvent pas pleurer.
à propos de la maison de visite
Je ne regrette pas une seule minute de ce long voyage;
ça valait bien la peine, juste pour être avec lui dans un endroit
ot nous avons pu parler.
J'aimerais bien savoir ce que je fais qui le rend si
furieux. Depuis qu'il est là, tout ce que je dis est mal. Je
pense ce qu'il faut, mais je dis ce qu'il ne faut pas.
des enfants
Maman signe le livre. Pas moi. Les enfants entrent
gratuitement.
Quand papa rentrera à la maison, est-ce que je
pourrai encore aller là-bas voir ces gentils messieurs?
LISTE DES ORGANISMES ET DES INSTITUTIONS VISITES et
DES AGENTS DE CORRECTION ET DES TRAVAILLEURS, SOCIAUX QUI ONT PRIS PART AUX DISCUSSIONS ET AUX REUNIONS
COLOMBIE-BRITANNIQUE
Organismes: La Société John Howard de Victoria La Société John Howard de Vancouver Association d'entraide familiale de
la Société John Howard de Vancouver La Société John Howard de Kamloops La Société Elizabeth Fry de Kelowna
Réunions:
Institutions:
Travailleurs bénévoles, personnel et conseil d'administration de la Société John Howard - Victoria
Travailleurs bénévoles et conseil d'administration de la Société John Howard - Kamloops
Personnel et travailleurs bénévoles de la Société Elizabeth Fry - Kelowna
Institution fédérale William Head Pénitencier de la Colombie-Britannique Camp correctionnel fédéral d'Agassiz Institution fédérale de Matsqui
Réunions: Personnel de l'Institution William Head
ALBERTA
Organismes: La Société John Howard de Calgary La Société John Howard d'Edmonton
Réunions: La Société John Howard et les épouses des détenus - Edmonton
Organismes correctionnels - Bureau de la Société John Howard
- personnel de la Société John Howard - Service national des libérations
conditionnelles - Family Life Education Council - Centre correctionnel communautaire -
planification sociale d'Edmonton Personnel de la Société John Howard -
Calgary Personnel et travailleurs bénévoles
de la Société John Howard - Calgary Personnel de la Société John Howard -
Drumheller Emission radiodiffusée par C.F.R.N. -
Edmonton
ALBERTA (SUITE)
Institutions: Institution correctionnelle provinciale de Fort Saskatchewan
Institution fédérale de Drumheller
SASKATCHEWAN
Organismes: La Société John Howard de Albert
La Société John Howard de La Société John Howard de Foyer de transition de la
John Howard de Regina
Prince-
Saskatoon Regina Société
Réunions:
Institutions:
Réunions:
Groupe correctionnel - Bureau de la Société John Howard à Saskatoon:
- Service national des libérations conditionnelles
- Agents de probation - Ministère du Bien-être social Association des épouses de détenus -
Société John Howard - Saskatoon Le personnel de la Société John
Howard - Regina Interview radio-télévisé par C.K.B.I. -
Prince-Albert Interview radiodiffusé par C.F.Q.C. -
Saskatoon Interview de la presse écrite - Saskatoon
Institution provinciale (hommes) - Prince-Albert
Institution provinciale (femmes) - Prince-Albert
Institution fédérale de Prince-Albert
Institution provinciale de Prince-Albert avec des membres:
- du Service national des libérations conditionnelles
- de la Société John Howard - des agents de correction
MANITOBA
Organismes:
Réunions:
Institutions:
La Société John Howard de Winnipeg
La Société John Howard - Winnipeg
Institution fédérale du Manitoba Centre Osborne - Winnipeg
ONTARIO
Organismes:
MANITOBA (SUITE)
Réunions: Centre Osborne - Le personnel et les pensionnaires du foyer pénitentiaire de préparation à la libération
Le personnel de l'Institution fédérale de Stony Mountain
Réunions:
La Société John Howard de Thunder Bay La Société John Howard de Sault-Sainte-
Marie La Societé John Howard de Sudbury Foyer de transition de la Société
John Howard de Sudbury La Société John Howard de Toronto La Société Elizabeth Fry de Toronto La Société John Howard d'Ottawa La Société John Howard de St. Catherines La Société John Howard d'Hamilton La Société Elizabeth Fry et le Foyer de
transition de Kingston
Conseil d'administration de la Société John Howard - Thunder Bay
Groupe de travailleurs bénévoles de la Société John Howard - Thunder Bay
Conseil d'administration de la Société John Howard - Sault-Sainte-Marie
Société John Howard, épouses de détenus et d'ex-détenus - Sudbury
Déjeuner-réunion avec les personnes susmentionnées et des fonctionnaires de la Main-d'oeuvre, à Sudbury
Réunion à l'University Laurentienne: - Service national des libérations
conditionnelles - Société John Howard - Foyer de transition - Société Elizabeth Fry - Etudiants - Ex-détenus Personnel de la Société John Howard
et Elizabeth Fry - Toronto Personnel de réhabilitation et de cor-
rection de l'Ontario Société Elizabeth Fry et visite au
foyer de transition - Toronto Sociétés John Howard et Elizabeth Fry -
Ottawa Réunion avec les organismes suivants -
St. Catherines:
QUEBEC
Organismes:
ONTARIO (SUITE)
Institutions:
- Société John Howard - Addiction Research Foundation - Aide sociale - Centre correctionnel communautaire - Associations culturelles Personnel de la Société John Howard -
Hamilton Travailleurs bénévoles et épouses de
détenus - Hamilton Détenus de l'Institution de Guelph et
travailleurs bénévoles de la Société John Howard - Guelph
Réunion à l'école de formation du personnel:
- Personnel des pénitenciers et de l'école de formation - Kingston
- Société Elizabeth Fry - Société John Howard - Service national des libérations
conditionnelles Sociétés Elizabeth Fry et John Howard -
Ottawa
Table ronde radiodiffusée - Sault-Sainte-Marie
Emission télévisée - Sudbury
Prison provinciale de l'Ontario - Thunder Bay
Institution provinciale de Burwash Pénitencier de Collins Bay Pénitencier de Joyceville Institution de Millhaven Institution de Warkworth Institution provinciale de Guelph
Réunions:
La Société John Howard de Montréal Employés du Service national des
libérations conditionnelles - Montréal L'Armée du Salut - Montréal S.O.R.S. - Montréal
Personnel du Service national des libérations conditionnelles - Montréal
Personnel de la Société de John Howard - Montréal
S.O.R.S. (Société d'orientation et de réhabilitation sociales, équivalent français de la John Howard Society)
Bureau de l'Armée du Salut
NOUVELLE-ECOSSE
Organismes:
Réunions:
QUÉBEC (SUITE)
Institutions: Institution Archambault
NOUVEAU-BRUNSWICK
Organismes: La Société John Howard de Saint-Jean (N.-B.)
La Société John Howard d'Halifax
Personnel de la Société John Howard - Halifax
Société John Howard et Service national des libérations conditionnelles
Institutions: Institution fédérale de Springhill
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SOL GEN CANADA LIB/BIBLIO
M 0000024328
HV 8885 H3 1972 F La famille déchirée, 1973
DATE DUE
00 DE 1
MUL1
GAYLORD PRWEDMVSA
LIBRARY MINISTRY OF THE SOLICITOR
GENERAL OF CANADA
JAN 14
BIBLIOT HÈ.OUE MINISTÈRE DU SOLLICITEUR
GENERAL DO CANADA OTTAWA, ONTARIO CANADA K 1A OPII