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Architecture Traditionnelle Libanaise

Architecture Traditionnelle Libanaise - RehabiMed para el mantenimient… · La maison à riwaq 14 ... Les murs à ossature bois 21 ... séparés par la plaine de la Békaa, et d'une

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Réalisation :

CORPUS Levant

CORPUS Levant est un consortium entre :

Ecole d’Avignon

Ministère de la Culture / Direction Générale des Antiquités - Liban

Directiorate General of Antiquities and Museums of Syria

Col·legi d’Aparelladors i Arquitectes Tècnics de Barcelona

Avec le soutien de :

Commission Européenne

MEDA - EUROMED HERITAGE

Equipe Liban :

Direction : Frédéric Husseini

Coordination : Yasmine Makaroun Bouassaf,

Anne-Marie Maïla Afeiche, Khaled Rifai

Collaborateurs : May Davie, Michel Daoud,

Antoine Fischfisch, Oussama Kallab

Equipe France :

Direction : Gilles Nourissier

Coordination : Christophe Graz

Collaborateurs : Jean-Jacques Algros, Amparo Aliena,

Jean-Yves Ginel, Kinda Labat, Laurent Labat,

Nathalie Lyotard, Patrice Morot-Sir

Equipe Espagne :

Direction : Xavier Casanovas

Coordination : Ramon Graus, Joan Casanovas

Collaborateurs : Montse Villaverde

Photographies et illustrations :

Equipe CORPUS Levant

Aquarelles :

Michel Daoud

Dessin Graphique :

LM,DG : Lluís Mestres / Stella Moreno

Impression :

LEOGRAVURE, Beyrouth

Site web :

www.meda-corpus.net

© 2004, Ecole d’Avignon par l’Equipe CORPUS Levant

6, rue Grivolas – 84000 Avignon, France

ISBN : 84-87104-61-4

Les auteurs vous encouragent à la reproduction de cet ouvrage et à la

diffusion de son contenu, en citant son origine.

Ce projet est financé par le programme MEDA de l’Union européenne.

Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas

nécessairement la position de l’Union européenne ou de ses Etats

membres.

Remerciements : A chaque une des familles libanaises qui, avec sa

générosité, a permis de rendre cet hommage à l’architecture

traditionnelle du Liban.

Photo couverture : Deir el Qamar

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Commission EuropéenneMEDA - EUROMED HERITAGE

CORPUS Levant

Architecture Traditionnelle Libanaise

Ministère de la Culture / Direction Générale des Antiquités - Liban

Ecole d’Avignon

Col·legi d’Aparelladors i Arquitectes Tècnics de Barcelona

Nous remercions pour leur généreuse contribution :Le Ministère Français de la Culture et de la CommunicationLa région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA)L’Association Française des Volontaires du Progrès (AFVP)L’Institut Français du Proche-Orient (IFPO)et pour leur précieuse coopération :Le Centre de Restauration et de Conservation des Monuments et desSites de l’Université Libanaise à Tripoli (CRC)L’Association de Protection et de Sauvegarde des Anciennes Demeures(APSAD)L’Académie Libanaise des Beaux-Arts (ALBA)La Lebanese American University (LAU)

Direction Générale des Antiquités

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Le programme Corpus Levant achève avec cet ouvrage letour du bassin méditerranéen.

Liban et Syrie, « l’autre rive » originelle et variée, contribueà donner à l’Espace Méditerranéen, tel qu’il se révèle au fildes jours, une véritable identité et une existence physiquevisibles à travers l’architecture traditionnelle de chacun despays riverains.

Des traverses, ponts et liens, sont aujourd’hui à conforterdans un monde en proie aux mouvements de replisidentitaires et communautaires. L’architecture vernaculaireen fait partie.

Elle est le témoin de l’histoire économique, sociale,culturelle du bassin commun. Elle est en même temps,pour chacun des pays actuels qui le composent, lepatrimoine hérité, la conscience matérielle ; pas si éloignée et encore plus vivante, plus douloureuse sera sa perte.

La protection de ce patrimoine là est des plus difficiles.Souvent vidé de ses fonctions originelles à cause destransformations des modes de vie, il se prête mal au« recyclage » ou même à la muséification. Ces architecturesqualifiées de « mineures » ne bénéficient pas souvent deségards dus à leurs grandes sœurs spectaculaires etmonumentales.

Il s’agissait avant tout de connaître, et faire (re)connaîtrel’architecture traditionnelle, de découvrir l’éventail existantréparti dans le paysage profond, mais aussi et surtout dediffuser les moyens techniques de sa rénovation grâce àune collecte des arts de bâtir traditionnels sans lesquels ellene peut perdurer.

Frédéric HusseiniDirecteur Général des Antiquités

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Introduction

Cet ouvrage est le fruit du réseau CORPUS LEVANT, qui s’inscrit dans le programme Euromed Heritage (1), au sein de

l’espace MEDA (2). Il complète et prolonge pour le Liban et la Syrie le travail déjà réalisé avec 13 pays méditerranéens dans

CORPUS (3), qui avait produit une base de données sur le bâti ancien, disponible sur Internet, www.meda-corpus.net, et

un livre, « Architecture traditionnelle méditerranéenne ».

Complète, car l’étude à l’échelle du bassin présente désormais un front continu sur sa rive orientale. Prolonge, puisque

la langue arabe fait son apparition dans l’ensemble des documents, mais surtout en introduisant, en continuité du travail

de recherche, des outils plus opérationnels : deux expositions de sensibilisation pour le grand public destinées à circuler à

travers les territoires libanais et syrien ; un manuel pour l’entretien et la réhabilitation de l’architecture traditionnelle,

destiné à guider les habitants candidats aux travaux, les hommes de métiers et les architectes.

Depuis une quarantaine d’années, le parc bâti ancien connaît un processus accéléré d’homogénéisation dont l’effet est

la disparition progressive de tous les particularismes qui ont présidé à son édification. C’est pourquoi la maison dans le

village ou dans la ville, ses racines, sa permanence et ses formes actuelles : l’art d’habiter en Méditerranée est à nouveau

notre sujet. Avec ses caractéristiques fortes : architecture traditionnelle courante, domestique, préindustrielle par sa

stratégie constructive, presque toujours produite par des hommes de métier et non par des architectes; constituée de

pratiques locales, tant pour les matériaux que pour les compétences ; aux formes et technologies ancestrales.

CORPUS LEVANT ajoute par conséquent, pour ses deux pays à la base existante la description des typologies

architecturales, de sites représentatifs et des arts de bâtir. Et, pour sortir de la stricte connaissance consignée et organisée

dans le CD-rom et le site Internet, ce nouveau projet se tourne vers l’opérationnel en proposant un manuel de

réhabilitation. Un manuel qui nourrit ce livret de présentation et de sensibilisation avec une soixantaine de fiches

techniques, réponses simples et illustrées à des problèmes concrets, qui aident le praticien à mieux entretenir ce

« patrimoine sans papiers ». Notre objectif : une réhabilitation positive, qui préserve, adapte et améliore, sans dénaturer

ni détruire.

Gilles Nourissier

Coordinateur du réseau CORPUS Levant

(1) EUROMED HERITAGE est le premier programme culturel du partenariat euro-méditerranéen, avec pour ambition

d’explorer les champs couverts par une notion extensive du patrimoine. Le patrimoine est pris en compte à travers ses

aspects identitaires comme à travers son poids économique en tant que secteur d’activité et de richesses en croissance.

(2) MEDA est un espace, les pays riverains de la Méditerranée et ceux de l’Union Européenne, qui génère un bouquet de

programmes opérationnels. MEDA est l’instrument d’une initiative ambitieuse visant à créer des liens durables et solidaires

entre les riverains du nord, du sud et de l’est de la Méditerranée.

(3) CORPUS est un sigle qui signifie : COnstruction - Réhabilitation - Patrimoine - USage.

Derrière cette formule on rappelle qu’on traite des arts de bâtir, de l’architecture existante et dégradée, de sa valeur culturelle

et d’ancienneté, de son caractère utile et habité. C’est aussi un acronyme et un nom commun qui désigne en particulier

(dictionnaire Larousse) : « ensemble de textes, de documents fournis par une tradition ou rassemblés pour une étude ».

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Architecture Traditionnelle Libanaise

Préface 3Introduction 4Sommaire 5

Le territoire et l’habitat 7Le relief et le climat 7La population 8La formation du territoire 9La morphologie urbaine 9La renouveau urbanistique 10Le syncrétisme méditerranéen 10Une maison, un symbole 11

Typologie des demeures traditionnelles au Liban 13L’histoire 13Les modèles fondamentaux : classification et morphologie 13

La maison élémentaire 13La maison à iwan 14La maison à riwaq 14La maison à cour 14L’abri de berger 14L’habitat troglodytique 14La tente du nomade 14La maison aux trois arcs 14

Les processus de transformation 15

Les arts de bâtir, les techniques et les hommes 19La structure verticale, les murs 19

Les murs de pierre 19Les murs de terre crue 20Les murs à ossature bois 21Les baies et les arcs 21

Le revêtement des murs : enduits et badigeons 22Les enduits 22Les badigeons 23

La structure horizontale de franchissement 23Les planchers 23Les voûtes 24Les coupoles 24Les charpentes 25

La couverture 25Les toitures plates 25Les toitures en pente 26

Les processus de transformation 26

Le cadre législatif 27Le domaine de la protection 27Les procédures de protection 27

L’inscription à l’inventaire 27La procédure du classement 28Les aides financières 28Cas de constructions traditionnelles (historiques) non protégées par inscription ou par classement 28

Les procédures d’interventions 28L’autorisation d’intervention sur un bâti non protégé 28L’autorisation d’intervention sur un bâti protégé 29Les aides financières 29L’indemnisation 29

L’évolution de la législation 29Les procédures de protection 29L’indemnisation 30

Exemples d’opérations de réhabilitation 30Un exemple d’opération de réhabilitation : le quartier el-Qalaa à Baalbeck 30Un exemple de restauration : le Souk de Batroun 31

Le diagnostic comme étape préalable à toute intervention de réhabilitation ou d’entretien 33Le prédiagnostic 33Les études pluridisciplinaires 33

L’étude historique et documentaire 34L’étude socio-économique 34Le relevé graphique 34- Le relevé architectural 34- Le relevé des désordres 35- Le relevé des matériaux utilisés et les techniques de leur mise en œuvre 35- Le relevé des différentes installations 35- Le relevé des abords de la maison 35L’inspection des désordres dans le bâtiment 35L’analyse constructive et structurelle 36- Essais in situ 36- Essais en laboratoire 36- Les outils d’inspection 36

Le diagnostic 37

L’entretien périodique, la seule garantie pour la maison traditionnelle 39La nécessité de l’entretien 39L’entretien aujourd’hui 39Le rôle du propriétaire 39Le guide de maintenance 39L’entretien préventif 40Les différents niveaux d’entretien 40

Le bon usage 40La maintenance 40La réparation 40La rénovation 40

Bibliographie sélective 41

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Le territoire et l’habitat

Des vestiges archéologiques et des monumentshistoriques parsèment le territoire du Liban. Ils sont d’unevaleur exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l‘art etde la science, témoignant des civilisations qui se sontsuccédées sur son sol depuis l’Âge du Bronze, du temps desCananéens, jusqu’à l’aube du XXe siècle, sous les Ottomans.L’habitat traditionnel, sans être spectaculaire, est une autreexpression de la culture. Utilisé en l’état ou réadapté, il esttoujours fonctionnel et a valeur d’usage, jouant un rôle vivantdans les cadres urbains et ruraux contemporains.

Il est aussi porteur de témoignages sur les pratiquessociales comme sur les savoir-faire anciens, et sert de sourced’inspiration à la formation des professions et des artisanatset à l’invention de nouvelles formes spatiales.

Aborder ce patrimoine vivant, c’est trouver un équilibreentre le désir de le protéger et sa nécessaire transformationau rythme du temps qui passe. Le pari est de maintenir lespratiques sociales et de conforter sa valeur d’usage, tout enl’intégrant aux schémas d’aménagement.

Le Liban conserve un parc important de demeurespatrimoniales, allant des plus classiques aux plus vernaculaires etdes plus somptueuses aux plus modestes. Si certaines remontentau XVIIe siècle, d’autres, les plus nombreuses, datent du XIXe.Elles témoignent toutes du mode et du rythme de vie deshommes qui ont vécu sur son sol, tant dans les villes du littoralque dans le Mont Liban et dans la plaine intérieure de la Békaa.

Le relief et le climat

Le territoire libanais s'étend sur quelque 120 km le long dela côte orientale de la Méditerranée. Il est formé de deuxchaînes de montagnes parallèles, le Mont Liban et l’Anti Libanséparés par la plaine de la Békaa, et d'une plaine littorale trèspeu large, sauf dans le Akkar, au nord du pays. Le pointculminant dépasse 3.000 m dans le Mont Liban, tandis que la

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Régions géographiques du Liban

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at Békaa culmine à 1.000 m. Ce territoire a connu desétablissements humains successifs depuis le Paléolithique.

Le Liban bénéficie partout d'un climat méditerranéen,avec des variantes plus froides et humides en montagne àpartir de 1.000 m, et steppiques dans la partie nord de laBékaa. Sa végétation naturelle est donc typiquementméditerranéenne, constituée principalement de pins, decèdres et de chênes kermès. On y cultive l’olivier,l’amandier, le figuier, le pommier, le caroubier, le mûrier ettoutes sortes d’agrumes.

Le pays est majoritairement constitué de séries calcaires,marno-calcaires ou marneuses. Quelques épandages debasalte couvrent le Akkar. Du grès dunaire complète cettevariété géologique.

La population

Une diversité humaine caractérise ce pays qui a vécu,depuis l’Antiquité, au sein des grands Empires qui ontgouverné le bassin oriental de la Méditerranée. Ses villes,par définition cosmopolites, jalonnaient les routescommerciales et militaires qui reliaient l’Asie à l’Europe età l’Afrique. Elles ont vu se succéder toutes les puissancesen mouvement, peuples vainqueurs et vaincus (Égyptiens,Assyriens, Grecs, Romains, Byzantins, Arabes, Latins,Mamelouks et Ottomans), armées, caravaniers, pèlerins,négociants et artisans en tout genre et de religions et decultures différentes.

Des groupes ethniques variés ont donc habité le pays, etl'habitent aujourd'hui encore. Certains sont d'origine arabeou ont été arabisés par le poids de l'histoire. D'autres sontd'intégration récente et gardent toujours les traits spécifiquesde leur provenance : Kurdes, Arméniens, Grecs, Maltais,Italiens, Français, Russes, etc. Mouvements, brassages etéchanges caractérisent donc l’identité de la population duLiban, qui compte aujourd'hui plus de 3 millions d'habitants.Mais ce pays d’accueil est aussi un pays d’émigration et sadiaspora se compte aujourd’hui en millions.

Tripoli

Tripoli

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Sud Liban

Békaa

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atLe patrimoine architectural témoigne de ces courantsvariés qui se sont croisés sur ce qui constitue aujourd'hui leterritoire libanais. Il participe d'un syncrétisme d'influencesartistiques et culturelles diverses, tant orientales que d'outre-Méditerranée, image des cultures urbaines du XIXe siècle quiont éclos dans les grandes villes côtières de la Méditerranéeorientale : Thessalonique, Istanbul, Izmir, Alexandrie...

La formation du territoire

Pour comprendre la formation historique du territoirenational, la logique de son peuplement et la physionomieactuelle de ses établissements humains, il faut remonter àl'aube du XVIIIe siècle. À cette date, l'Empire ottoman s’ouvreau capitalisme européen, entraînant le transfert des fluxmarchands majeurs organisés autour des villes intérieuresd’Alep et de Damas vers la côte méditerranéenne. Cettelittoralisation entraîne la croissance démographique et ledéveloppement économique des vieilles Échelles du Levant,Tripoli, Saïda et Akkar en l'occurrence. Ces villes portuairesdeviennent d’importants centres d'échanges, des relais descapitalescontinentales pour le commerce transméditerranéen.

Au XIXe siècle, nommée capitale de province ottomane,Beyrouth s'empare à son tour de ce rôle. Troisième siteportuaire de la Méditerranée orientale après Alexandrie etIzmir, elle s’ouvre au monde de la Méditerranée et devient leport et la porte de Jérusalem et surtout de Damas aveclaquelle elle est maintenant reliée par une route carrossable.

Une restructuration des pouvoirs s'ensuit, de même qu'unautre maillage administratif du territoire. Une hiérarchieurbaine différente de l'ancienne prend place, organiséeautour de cette métropole émergente. Carrefour demarchandises et de capitaux, mais aussi de personnes etd’idées, Beyrouth se transforme encore en un centre culturelà rayonnement régional, un des principaux foyers de laNahda, la Renaissance arabe. Il faut cependant attendre lesannées 1880 pour observer dans le paysage les conséquencesmatérielles de ce décollage. Au plan strictement urbanistique,son emprise va s’étendre entre Mersine et Haïfa.

Pendant ce temps, le Mont Liban est à son tour érigé enprovince autonome, avec le bourg de Baabda commecapitale. Il en résulte une redéfinition du rôle politique etéconomique et de la hiérarchie des chefs-lieux de sescirconscriptions. En 1920, sous le Mandat français, à ceterritoire sont annexés le Akkar, la Békaa et l'Anti Liban, demême que le Sud Liban et les villes côtières de Tripoli, deSaïda et de Beyrouth, le tout constituant l'assise territorialede la République libanaise. Une population aux originesvariées et formant une société métissée, entremêlée et bienlevantine donne ainsi à ce pays son identité dominante.

La morphologie urbaine

Jusqu'en 1870 environ, les cités et les bourgs côtiers entreHalba au nord et Tyr au sud avaient l'aspect de ce qu'il estconvenu d'appeler une « ville arabo-ottomane »: unensemble organique et pittoresque d'habitations auxterrasses plates, traversé par un réseau de ruelles etd'impasses sinueuses, et comprenant des édificescaractéristiques, tels que sérail, mosquées et lieux de culte desminorités.

Quelques voies principales composaient l'armature de cesystème. Elles reliaient les bâtiments importants entre eux et,grâce aux portes, s'ouvraient aux routes du monde extérieur.Les villes importantes étaient en outre remparées etflanquées de tours de garde et de casernes. La citadelle oùrésidait le gouverneur ottoman jouait le rôle d'une place

forte et celui de siège de l’administration urbaine. Sur lesentours de ces villes, des hameaux et des habitations isoléesde métayers occupaient la campagne agricole.

Dans le Mont Liban et dans le Hermon, les quelquesbourgs remarquables étaient des sièges du pouvoir féodalou des carrefours routiers et de foire : Kobeyat, Kousba,Salima, Deir el Qamar ou Hasbaya par exemple. Leurmorphologie n'était pas fondamentalement différente decelle des villes de la côte. Accrochés aux flancs de lamontagne, ces bourgs conservaient cependant unephysionomie particulière, le mode d'établissement devant de

Beyrouth (Le Monde illustré, 1860)

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manière générale s'adapter au relief et aussi à un climat et àdes matériaux de construction différents. Contrairement auxvilles côtières, ces bourgs n'étaient pas remparés. Lesseigneurs des lieux résidaient dans des citadelles-palais auxdimensions surproportionnées et organisées autour decours. Les villages de moindre importance ne comprenaientpas ce genre de dispositifs et l'occupation étaitgénéralement plus aérée. Souvent nichés dans des forêts depins parasols ou entourés par des terrasses de culture, cesbourgs et ces villages aux maisons de pierre se fondaientdans leur milieu vivant au rythme de la nature et del’époque. Dans ces ensembles ruraux, un riche patrimoinearchitectural et culturel survit jusqu’à nos jours.

Dans la Békaa, à la même époque, on ne note pas devilles de taille ou de rayonnement régional importants.Hormis quelques bourgs d'un intérêt secondaire et des oasis(Qaa, Baalbeck, Ras Baalbeck, Zahleh), la plaine étaitessentiellement affectée aux parcours de pâturage denomades.

Le renouveau urbanistique

Durant le dernier quart du XIXe siècle, les villes du littoralcommencent à se transformer, par suite d'une accélérationdes flux marchands et des échanges culturels avec l'Europe,de l'arrivée de nouvelles et très diverses populations, et del'adoption d'un mode de vie différent. À ces contacts directsavec l’Europe, s’ajoute une politique d’occidentalisationinduite par la capitale de l’Empire, Istanbul. Dans le mêmetemps, un programme de réformes politiques est édicté parla Sublime Porte. Un des résultats est la promulgation derèglements urbanistiques et d'une loi sur le bâti, etl'adoption de schémas d'aménagement.

La planification naît à ce moment et prend la relève desmodes anciens et spontanés de peuplement. Et les villeschangent de rythme et de mode d’extension. À l’origineserrées ou fermées, elles mutent rapidement en desagglomérations ouvertes sur la campagne environnante. Dèslors, deux morphologies différentes se présentent : au tissuimbriqué des cœurs des cités traditionnelles s'opposent lesextensions récentes aérées, au tracé régulier et àl'architecture innovante.

Transformées en centre ville des nouvelles agglomérations,les noyaux urbains anciens se sont densifiés par un mouvementde construction des surfaces libres (cours et jardins), d’élévationen hauteur ou de simples rénovations. Le résultat fut uneimbrication à l’extrême des bâtiments et la transformationgraduelle des édifices résidentiels en lieux de travail.

Les zones extérieures furent, elles, sujettes à une dynamiquede peuplement différente, donnant naissance à des faubourgs-jardins et à un mitage progressif de la campagne agricole. Àcôté des constructions rurales anciennes et des maisons à courconstruites dans cette zone, une architecture domestique d'ungenre différent prit corps, qui intégra des configurationspréexistantes à des traits de création récente.

Le syncrétisme méditerranéen

L’archétype de cet habitat récent est une structure à hallcentral, portant une baie frontale en arcs et un toit de

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Vue aérienne de Saïda vers la fin du XIXe siècleet projet d’aménagement de la ligne côtière

Plan de Beyrouth vers 1912 et photo aérienne actuelle

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tuiles de Marseille. Une convergence d'influences sembleen avoir favorisé l'élaboration. Reprenant, tout en lesréinterprétant, des éléments caractéristiques des deux rivesde la Méditerranée, elle apparaît comme un pur produit dumétissage méditerranéen qui a caractérisé le Levant à cetteépoque.

C'est à Beyrouth, capitale cosmopolite, que s'est forgéce renouveau de l’art du construire et de l’habiter. Par lafréquence des spécimens construits et conservés à ce jouret par le nombre des variantes observées, ce modèlesingularise en effet et tout d’abord cette ville. Par effet demode, il allait ensuite conquérir les villes voisines et serépandre largement dans les bourgs de la montagne.Intimement lié à l’émergence de cette ville commemétropole, ce modèle s’y est lentement élaboré, pours'imposer au paysage urbain et constituer un archétype. Ily est significatif d’un nouveau type de société. Lareformulation de l’architecture s’explique en effet parl’émergence d’une classe importante de bourgeois,influencée par les normes et les valeurs de l’Europe. Le toitde tuiles de Marseille était sans doute le moyen d’exprimer,à sa manière, cet engouement. C’est sans compter un effetde mimétisme : exhiber des arcades, autrefois l’apanagedes riches et des féodaux, c’était mettre en scène uneappartenance à une classe sociale différente.

Dans le Mont Liban comme dans la Békaa et sur leHermon, les bourgs récemment élevés à un rangadministratif et ceux situés sur des voies stratégiques se sontdéveloppés. Des souks y furent en outre construits, à Beino,Douma, Broummana, Zahleh, Baalbeck, Rachaya etMarjeyoun, par exemple. Édifiée ex nihilo ou en adaptantune ancienne construction, la maison au toit de tuiles rougesexprimait dans ces bourgs le rang de la bourgeoisiemontante.

Dans les villages de moindre importance, on note aussiquelques transformations, en raison essentiellement desretours d'émigrés qui se saisissent du même modèle pour sedémarquer du reste de la population.

Une maison, un symbole

S’étant répandue partout, à Beyrouth et jusqu'auxmarges de sa sphère d'influence, la maison à hall central,aux trois arcs et au toit de tuiles rouges s’ajouta aux signesurbains militaires et religieux antérieurs, tels que tours,minarets et clochers. Elle se présenta comme un nouveautrait d’union entre les différentes régions du Levant.

Il reste que le symbole premier de cette habitation est letriple arc de sa façade, un schéma décoratif qui a différenciéce modèle spécifique au littoral des autres maisons à hallcentral qui apparurent dans l’ensemble de la région dutemps de l'Empire ottoman.

Par sa taille, sa couleur et sa forme particulière, cettemaison marque fortement, aujourd'hui encore, les paysagesau Liban. Elle n'a certes pas complètement éliminé lesconstructions plus anciennes, dont beaucoup survivent denos jours. Mais elle fut la première à être honorée del'appellation « maison libanaise » et à acquérir une valeurpatrimoniale, et ce dans les années 1960.

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Deir el Qamar (Le Monde illustré, 1860)

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Typologie des demeures traditionnelles au Liban

Deux grandes « familles » d'habitations caractérisent lespaysages urbains et ruraux du Liban. Elles participent dedeux logiques résidentielles différentes.

- Les unités à habitation qui intègrent des espacesextérieurs (cour, enclos, terrasse, surface dégagée) aveclesquels elles fonctionnent en totale symbiose en termesd’utilisation domestiques, de circulation et d’usagessociaux. Elles sont constituées d'un ou de plusieurs corpsde logis associés à des espaces à ciel ouvert. L’habitat leplus caractéristique de cette famille est la maison à cour.Mais on peut mentionner encore la maison élémentaire etla maison à iwan ou à riwaq par exemple, toutes installéessur une terrasse ou dans un champs où se pratique unegrande partie de la vie domestique.

- Les unités résidentielles « compactes », des maisons-blocs où l'espace habité est entièrement construit, l'activitédomestique s'effectuant à l'intérieur. Les espaces ouverts(balcon, jardin, arrière-cour...) qui peuvent y être associés nejouent pas des rôles fondamentaux. L’archétype de cettefamille d’habitations est la maison à hall central.

Dans les paysages urbains et ruraux du Liban, les deux casd'espèces se lisent, ainsi qu'une gamme de formulesintermédiaires et de nombreuses variantes. Toutefois, peu demaisons traditionnelles survivent dans leur état originel,encore que la plupart d’entre elles fut modifiée plus d'une fois.

L’histoire

Jusqu'à la moitié du XIXe siècle environ, les habitationsde la première famille étaient les plus fréquentes, mais lesspécimens qui ont survécu en l'état sont rares. La plupart aété détruite, sinon transformée de fond en comble, parremplissage des espaces ouverts, ajout d'étages etobturations de toutes sortes. Les origines de certaines deces maisons sont très lointaines : des spécimens de lamaison à cour remontant au IIe millénaire sont attestés enMésopotamie, en Syrie et en Palestine ; des spécimens dela maison élémentaire à poteaux, datés de l’Âge duBronze, ont été trouvés à Jbeil (Byblos).

Le second genre d’habitations prit corps durant ladeuxième moitié du XIXe siècle. Il est représentatif de lamodernité ottomane. Durant le mandat français, plusprécisément dans les années 1940, il a passé de mode.Comme dans le cas précédent, la plus grande partie desexemplaires de ce genre d'habitation a été transformée parune restructuration intérieure et extérieure, et souvent pardes ajouts d'étages. Le schéma centré sur une salle est luiaussi très ancien. De toute apparence, il remonte au IIemillénaire. Mais la filiation entre ces maisons et l’archétypeottoman qui est apparu au XIXe siècle n’est pas claire, et ilserait plus judicieux de parler de réintroduction.

Ces deux logiques constructives fondamentales netraduisent cependant pas des phénomènes culturelsradicalement différents. Une continuité de la répartition etde l’utilisation des espaces domestiques a été notée, la

maison ottomane moderne ayant intégré des structurespréexistantes. C’est en effet l’habitat centré qui aessentiellement guidé les choix, quelle que soit la période.C'est pourquoi des modèles composites se rencontrent enabondance. Ils combinent des éléments des deux genres,intégrés, réinterprétés ou superposés, et sont aujourd'hui,dans la majorité des cas, eux-mêmes modifiés de fond encomble. Ces modèles composites participent néanmoins dela deuxième logique résidentielle.

La grande révolution qui est intervenue dansl'organisation de l'espace domestique au Liban, c'estlorsqu'on introduisit, après la Seconde Guerre mondiale, desplans avec une nette séparation entre jour et nuit. Le plancentré de la maison traditionnelle a quand même perdurédans de nombreuses habitations et même dans desimmeubles au style international des années 1960. Ce qui asonné le glas des anciens types de constructions fut ladisparition des arcs, conséquence de l'introduction dubéton. Ce qui a permis l'élaboration d'autres typesd’ouvertures dans les façades.

Les modèles fondamentaux : classification et morphologie

Huit types principaux caractérisent les unitésrésidentielles qui intègrent des espaces extérieurs dansleur fonctionnement.

- La maison élémentaireCette typologie est appelée bayt en arabe. Elle existe au

Liban sous deux variantes :La maison monocellulaire qui se présente comme un bloc

parallélépipède bas, constitué d’une grande pièced’habitation fermée sur l’extérieur et construite d’un seultenant. Selon sa dimension et le lieu de son implantation,cette maison au plan rectangulaire comporte des poteauxcomme à Boueida par exemple, des piliers comme dans lespays de Jbeil et de Batroun, des arcades entrevues àQaouzah. Dans certains cas, elle comprend aussi des voûtes.

La maison monocellulaire est une structure constituée. Ellene peut s’agrandir en l’état. Elle appartient au monde rural.On la rencontre habituellement en spécimen individuel sur lacôte, comme en montagne et dans la Békaa. C’estl’habitation des gens humbles.

Choueir

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an Elle comporte généralement une petite porte uniquedonnant sur l’espace extérieur, généralement une terrasseou un enclos. Ses fenêtres sont de dimension réduite. Desobjets mobiles (armoires, rideaux) dressés entre les piliersou les poteaux subdivisent son espace intérieur et endéterminent les usages (se réchauffer, s’abriter, abriter lesanimaux domestiques...).

La maison pluricellulaire est composée d’une ou deplusieurs pièces d’habitation généralement cubiques, etalignées ou superposées et quelques fois décalées. Cespièces s’ouvrent chacune sur l’extérieur. Elles communiquentrarement entre elles.

Cette construction peut se développer à volonté, ensurface comme en hauteur : c’est un système ouvert etspontané. Elle appartient surtout au monde rural, mais on latrouve encore dans les agglomérations, groupée à d’autrestypologies. C’est la maison des pauvres et des humbles. Safonction est triple : logis, atelier et abri pour les bêtes.

Sa morphologie varie selon les milieux et lesmatériaux. D’où les formes suivantes : la maison basse eten terre de la Békaa ; la maison linéaire et en pierre de lamontagne et des faubourgs urbains ; la maison-tour enpierre du métayer dans les banlieues agricoles des villes,comme à Sin el Fil et à Hazmieh ; l’immeuble collectifdivisé en chambres de louage dans le cœur historique desagglomérations urbaines.

- La maison à iwanLa maison à iwan est désignée aussi par bayt. C’est une

structure tripartite, composée de deux pièces d’habitationqui flanquent une pièce centrale ouverte sur l’extérieur parune grande arcade appelée iwan. Un vestibule remplacequelquefois la pièce centrale. Les pièces latérales s’ouvrentsur ce iwan qui sert d’espace de distribution.

La maison à iwan est typique du monde rural où elle esthabituellement disposée en spécimen individuel sur uneterrasse ou dans un champs. C’est une maison polyvalente,servant à la fois de logis, de local artisanal et de stockage.Elle peut aussi servir d’abri pour les animaux domestiques,grâce à la présence du iwan.

- La maison à riwaqElle est constituée de plusieurs pièces alignées ou

décalées et associées à un riwaq ou galerie d’arcades. Leriwaq occupe toute la façade. Sinon, il est installé sur unangle. Dans certains cas, il flanque la pièce centrale.

La maison à riwaq est observée partout au Liban, dansla montagne comme sur le littoral. Elle est soit implantéeen spécimen individuel soit groupée à d’autres typologies.Cette habitation est monofonctionnelle. Elle sertprincipalement de logis, le riwaq traduisant une certaineaisance au plan matériel de la famille qui l’occupe.

- La maison à courCette maison est constituée de pièces adjacentes bordant

les côtés d’une cour aménagée comprenant souvent unbassin. Cette habitation comprend un corps de logisprincipal, comportant habituellement un iwan, comme àSaïda et à Tripoli, ou un riwaq, comme à Sour. Le iwan (oule riwaq) donne sur la cour. Il est flanqué d’une pièce arrièreet de deux pièces symétriques latérales, appeléesmourabbat. D’autres corps de logis peuvent occuper lesautres côtés de la cour. L’étage, peut comporter des piècessupplémentaires. Ce schéma est localement dit Tarz chami ,ou modèle syrien, en référence à la Grande Syriegéographique où a historiquement prédominé la maison àcour.

Cette maison à cour est appelée dar. C’est la maisonpatricienne par excellence des villes côtières et des bourgsde la montagne. Elle porte toujours le patronyme d’unlignage. Certains spécimens associent iwan et riwaq. Dansles riches demeures, la maison est dotée d’une salle deréception, en forme de T renversé et décorée à la manièrede Damas. Cette salle est appelée qaat. Certains spécimenscomprennent deux cours.

Ce type d’habitat est apte à s’agrandir. C’est un systèmeouvert. Il se développe par exemple en harat ou en hawch.Ceux-ci sont formés de plusieurs corps de logis entourant lacour et habités par des familles parentes ou de même originegéographique. Ce type d’habitat est donc en I, en L, en U ouen O selon le nombre de côtés occupés de la cour. Demanière générale, la maison à cour est implantée dans unzouqaq, une impasse privative. Mais on les trouve encoreinstallée à même le souk, sur ou derrière les boutiques.

- L’abri du bergerC’est un habitat saisonnier, composé de pièces de

forme ronde, recouvertes de branchages et d’épineux. Cespièces accolées ou espacées forment un ensemble associéà un enclos, comprenant une bergerie. Cet habitat setrouve surtout en haute montagne dans les zones depâturage, principalement au Hermel, au nord de la Békaa.

- L’habitat troglodytiqueIl ne s’agit pas d’une habitation à proprement parler,

mais d’un refuge, d’un abri ou d’un ermitage construit àl’intérieur des cavernes de la montagne libanaise.

- La tente du nomadeUne tente en poils de chèvre, de grande dimension constitue

l’élément de base d’un campement de nomades. Ces derniersappartiennent à un lignage patriarcal et nomadisent dans laplaine de la Békaa ou pratiquent la transhumance dans leshauteurs du Mont Liban et de l’Anti Liban.

- La maison aux trois arcsC’est une habitation de forme généralement cubique, à

un ou deux étages et portant un toit de tuiles de Marseille.Beyrouth (Le tour du monde, 1882)

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L’archétype est habituellement installé dans un jardinprivatif. Il est composé de plusieurs pièces agencéessymétriquement sur trois côtés d’une grande salle centraleportant une triple arcade vitrée donnant sur un étroitbalcon. C’est le salon, appelé dar.

La maison aux trois arcs est un modèle constitué. Il ne

peut se développer en l’état, ni en surface ni en hauteur. À

l’arrière de la salle centrale se trouve une pièce caractéristique :

le liwan. Celui-ci est généralement construit en saillie, pour

avantager l’aération et la lumière. L’originalité de cette

habitation par rapport aux modèles qui l’ont précédée est

l’intégration d’une salle de bain, le hammam.

La maison aux trois arcs est l’habitat type des familles

bourgeoises des villes et des bourgs de la montagne de la fin

du XIXe et du début du XXe siècles ottomans. Elle est appelée

bayt, un terme généralement associé au nom d’un lignage

urbain. Les versions monumentales sont des qasr, ou palais.

La nouvelle loi ottomane du bâti a régularisé les gabarits

de ce modèle qui a été adopté dans une version concise par

la petite bourgeoisie, et dans des versions plus complexes par

la moyenne et la haute bourgeoisie, avec murs et plafonds

décorés de peintures, et boiserie, fer forgé et vitrerie aux

modules standardisés grâce à l’industrialisation des métiers.

Mais l’aristocratie urbaine l’a surchargée de décorations

intérieures en stuc, de colonnes, de galeries, et d'autres

décors extérieurs excentriques d’inspiration baroque,

gothique ou mauresque : loggias, kiosques, tours d’angle...

Les spécimens à quatre étages sont appelé harat, et

ceux qui comprennent deux appartements par étage,

wikalat. Certains spécimens ont par ailleurs un plan en T ou

en croix : ils gardent une organisation symétrique et une

distribution axiale.

Les processus de transformation

Les spécimens de ces typologies qui nous sont parvenusen l’état sont excessivement rares. Ils ont tous été transforméslentement, naturellement et d’une manière ou d’une autre,selon les besoins ponctuels des habitants.

On peut toutefois identifier deux grands moments dechangement essentiels : la deuxième moitié du XIXe siècle,le temps des réformes ottomanes ou tanzimat ; et lesdécennies 1950-60, au moment de l’introduction duMouvement moderne au Liban.

Durant la première période, les maisons traditionnellesont commencé à se transformer de l’intérieur comme del’extérieur, pour s’adapter au nouveau mode de vie et del’habiter : utilisation de meubles de type européen,intégration de salles à manger et de salles de bains,éclairage électrique, cellule familiale et non plus lignagepatriarcal... Dans les villes, les maisons devaient encore seplier aux nouveaux règlements de l’urbanisme ottoman ets’adapter aux percées effectuées par les municipalités, ellesmêmes de création récente.

La maison à hall central s’est alors lentement élaborée; elledevint le modèle à la mode. Dans les cœurs historiques desagglomérations, les maisons à cour furent invariablementsurélevées d’un étage au moins, et les cours souventrecouvertes pour former un salon. Ce modèle fit égalementson apparition dans les villages, où les types anciens furentappelés à muter tout en l’imitant. Des maisons à iwan ou desimples maisons champêtres se sont alors agrandies en surfacede manière à former un hall central classique, en T ou en croix.

Mais le schéma centré des habitations a perduré,répondant sans doute à des contraintes sociales encorelourdes.

Dans les années 1950, l’introduction du Mouvementmoderne au Liban inaugure la deuxième grande période dechangement. Avec ses principes de tabula rasa historique,son style international, ses nouveaux matériaux deconstruction et ses modes de transport, il fut nocif tant auplan de l’esthétique architecturale et urbaine qu’à celui del’organisation de la maisonnée.

Tous les types de demeures patrimoniales en subirentles conséquences et spécialement l’élégante maison àhall central, qui avait entre-temps évolué en la maison dumandat, son héritière aux décors Style nouveau et Artdéco et aux couleurs chatoyantes. Obturation desouvertures, ajouts d’étages sans style et divisionsintérieures sans respect du cadre ancien, adjonction degarages et construction d’annexes de toutes sortes enparpaings de béton dans les espaces libres des maisons,construction d’immeubles modernes dans les jardins :autant d’opérations qui ont fini par briser l’harmonievolumétrique des agglomérations et le paysage naturelde la montagne au Liban. L'absence de politiquepatrimoniale publique et de réglementation desauvegarde de l’architecture domestique fit le reste. Lamenace de disparition du riche patrimoine architecturaldu Liban est toujours d'actualité.

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Beyrouth

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L’abri du berger Troglodyte

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La maison élémentaireLa tente du nomade

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La maison à riwaqLa maison à iwan

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La maison à cour La maison aux trois arcs

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El - Qaouzah

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Les arts de bâtir, les techniques et les hommes

Pays de la pierre par excellence, le Liban n’a que peuexploité dans son architecture l’utilisation de la terre et dubois pourtant abondant sur son territoire. Les arts de la taillede pierre sont développés : les diversités locales exploitentlargement les possibilités des matériaux à disposition, tantsur le plan technique que sur le plan esthétique ou mêmeartistique… Le noir du basalte, le gris, l’ocre, le jaune ou leblanc du calcaire, l’ocre jaunâtre du grès : autant de couleursqui ajoutent au parement de pierre sa touche de variétéd’appartenance géographique et de vibration visuelle.

Les techniques de la pierre, restent très bien assimilées parles artisans, dénotent d’un savoir faire solidement ancré dansl’histoire du bâti traditionnel local, qui apparaît à différentsniveau : angles, linteaux et encadrements ouvragés, arcades,corniches, etc. Les techniques de la pierre taillée au Liban onttoujours été transmises de père en fils et la coupure imposéepar la guerre n’a pas vraiment affecté les tailleurs de pierre.On ne peut malheureusement pas en dire autant des autresmatériaux disponibles comme la terre ou le bois, lestechniques d’enduits et celles des planchers en terre ou enpierres : elles ont quasiment disparu du savoir-faire local.

La notion du local ne se limite pas aux matériaux : elleenglobe également les techniques et les savoirs - fairedans un ensemble indissociable d’une certaine idée dupatrimoine, marqué par des facteurs culturels ouéconomiques. Homme de l’art, l’homme de métiercherche traditionnellement à magnifier les ressourcesdisponibles, à développer les capacités constructives, àsublimer les performances dans la contrainte. Les arts debâtir, héritiers de techniques ancestrales, ne sont pasneutres : ils sont la pierre d’angle dans lacompréhension et la réalisation de constructions, quiprocèdent elles-mêmes d’un système d’adaptation entrematériaux locaux, techniques et savoir - fairecommunautaires de référence. Aujourd’hui, la disparitionde ces ressources et de ces effectifs est, avec le manqued’entretien, un des facteurs majeurs de la désintégrationdu bâti traditionnel, notamment au niveau de sesenveloppes et de ses structures.

La structure verticale, les murs

- Les murs de pierreLa variété d’aspect est considérable selon les types de

murs, les matériaux et le type de finition. Les murs enpierres taillées sont généralement réalisés par un tailleur depierre alors que pour les murs en pierres équarries oubrutes, le travail est réalisé par un maçon. Les murs enpierres taillées et dressées soigneusement ne sont pasl’apanage des édifices de commande ou de prestige : ilssont présents sur l’ensemble du territoire.

La pierre calcaire est prédominante, la proximité etl’abondance des carrières rendant son coût accessible.L’aspect de finition recherché est celui d’une texturationfine résultant de l’emploi d’outils comme la chahouta (et

plus tardivement l’emploi de la boucharde avec lachahouta). La pierre de calcaire blanche reste la préféréedes tailleurs de pierre en terme de couleur, ce qui n’exclutpas des inclusions de pierres calcaires de dureté et couleurdifférentes pour des effets de polychromie, notammentdans les angles et dans les baies.

La pierre taillée et simplement équarrie est égalementprésente dans l’intégralité du pays. Elle est moins régulièreet souvent la hauteur du bloc est donnée par son lit decarrière et seules quatre faces sont retouchées. Cettetechnique donne un appareil assisé, parfois réglé. On laretrouve sous forme d’un matériau plus dur, calcaire engénéral, mais aussi en grès dunaire sur les côtes et enbasalte au Nord du Pays dans les régions du Akkar.

La pierre brute hourdée est présente sous une grandevariété d’aspects et de dimensions dictés par la diversité desa nature et de sa provenance : basalte du Nord, grèsdunaire sur les côtes et de nombreux calcaires trèsdifférents. La pierre reçoit très peu d’interventions de tailleet ses maçonneries nécessitent beaucoup de mortier etd’éléments de côtes de petites dimensions. Le réglage desassises est souvent dû à la régularité du matériau brut.Certaines maçonneries qu’on retrouve dans les maisons dela plaine de la Békaa reprennent une technique deconstruction en épi, qui perdure depuis l’âge du bronze.

La pierre sèche est utilisée pour de petits édifices etgénéralement dans la moyenne montagne libanaise. Cettetechnique, bien qu’assez frustre, exige un savoir - faireassez évolué pour assurer la stabilité de la maçonnerie. Eneffet, l’absence de mortier nécessite une bonneorganisation interne des blocs d’où l’importance d’uncalage rigoureux, et une attention particulière àl’écoulement des eaux hors de la maçonnerie.

L’aspect brut du matériau est souvent gardé en finitionsurtout dans le cas des pierres calcaires de bonne facture. Unjointoiement en creux, (beaucoup plus tardivement en reliefet avec une autre couleur) vient compléter l’effet recherché.

Quand l’appareil n’est pas assez régulier un badigeon ouun enduit de chaux est appliqué directement sur la pierrepour unifier l’aspect du mur. Ce dernier n’est pas seulement

Baakline

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mes appliqué pour des raisons esthétiques mais aussi améliorer

l’étanchéité de la maçonnerie, ainsi que pour des raisonsd’assainissement dans les parties habitées.

La chaux, bien que présente sur l’ensemble duterritoire, n’est pas toujours à portée de bourse duconstructeur. Son souci va être d’économiser, soit enamaigrissant son mortier en utilisant un maximumd’agrégats (sable, tuileau, graviers, déchets de pierre) avecune composition granulométrique bien réglée, soit enutilisant un maximum de liant terre, beaucoup plusdisponible, notamment dans la Békaa.

Les constructions en pierre s’appuient directement surla roche quand elle affleure ; sinon la recherche du bonsol s’impose au moyens de rigoles creusées n’atteignantpas 1 m de profondeur. Le mur de pierre s’échelonne entre45 à 120 cm d’épaisseur ; il est formé de deux parementsliaisonnés ou non par des boutisses, avec un remplissageintérieur constitué de cailloux, terre et mortier de terre oude chaux. On soigne davantage aux angles le contact entreles pierres : on y met de plus gros modules, parfois faitsd’une autre pierre plus régulière et mieux taillée, on lesharpe afin de liaisonner cet ouvrage, qui est un chaînageentre deux plans, avec le courant du mur.

Bien montées et bien dimensionnées, toutes cesvariantes de mur de pierre sont très solides. Leurs seulsennemis sont les mouvements tectoniques, les pousséesmal maîtrisées et l’eau. Par capillarité, l’eau du sol remontedans les bas de mur, solubilise lentement les liants (terre etchaux) en rongeant mortiers et joints; des vides se créentainsi et les éléments de maçonnerie basculent, sedésorganisent jusqu’à l’instabilité, voire la ruine.

Au plan sismique, le risque principal est le cisaillementbrutal. Pour y faire face, on retrouve dans les régions de laBékaa jusqu’au Akkar, des systèmes très astucieux etefficaces de chaînages horizontaux en bois, quiinterrompent l’appareil du mur et peuvent encaisser lesviolentes sollicitations des secousses. De manière générale,la négligence dans l’entretien des toitures reste la causeprincipale des désordres observés au Liban dans les murs.

Enfin, l’outillage de base est extrêmement simple etcommun à tous : parfois la main seule, puis les fils àplomb, niveau et cordeau pour la géométrie, truelle pourles mortiers, outil de percussion pour retoucher lesmoellons. Une grande gamme d’outils spécialisés tels

dabboura, chaqouf, chahouta, pic, tartabic et autres sontutilisés pour refendre les blocs des pierres taillées et finirleur parements.

- Les murs de terre crueAu Liban, les gisements de terre argileuse se retrouvent

dans les bassins limoneux à proximité des fleuves et plusprécisément dans la plaine de la Békaa. L’abondance de laterre crue, sa gratuité, sa facilité de mise en œuvreexpliquent son emploi intensif dans les habitations ruralesde cette région. En effet, les tâches de préparation dumatériau, le moulage des modules dans des cadres en boispeuvent être assurés par l’habitant, si bien que laconstruction en briques de terre crue requiert une faibleexpertise qui la rend à la portée de tous.

La durabilité d’une telle construction est tributaire de saprotection contre les eaux pluviales et les remontéescapillaires, d’où la nécessité d’une fondation en pierre,d’un enduit sur les parements (enduit de chaux ou de terregénéralement badigeonné à la chaux) et d’une bonnepassée de toiture à la crête du mur.

Si les propriétés du sous-sol sont insuffisantes à réaliserl’ouvrage envisagé, le constructeur corrige, incorpored’autres matériaux dont la panoplie est grande : sables,graviers, cendres, paille hachée, chaux. Les fibres lui serventà obtenir la résistance à la flexion et à la traction ; les chargeslui apportent les bonnes performances de compression.

Pour le reste, les murs de briques forment des mursépais de 60 à 80 cm ; ils ont les qualités de la géométrie dumodule, généralement deux fois plus long que large. Lesmodules sont posés suivant un assemblage alterné d’unelongueur et d’une largeur, de deux longueurs, de deuxlongueurs et d’une largeur, etc. Les petits modules desbriques n’autorisent pas la construction de piliers, maispermettent la création d’arcs et de niches.

L’appareil de la construction en briques de terre crueest parfaitement assisé et réglé, les joints sont croisés etles angles traités comme le courant du mur. On retrouvedes chaînages en bois incorporés aux angles et deséléments en pierre servant d’encadrements dans lesfaçades. Cette introduction d’éléments en pierre tailléedénote la recherche d’une certaine esthétique, qui sedémarque de l’aspect rural.

Rayak

Douma

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mes- Les murs à ossature bois

Les murs à ossature bois sont composites : leséléments de bois supportent et transmettent les chargesen s’appuyant sur une base continue de maçonnerie, lesespaces entre les bois sont remplis avec des matériauxminéraux (terre, cailloux et mortier). L’ossature n’estjamais laissée apparente, elle est enduite de chaux ourecouverte de planches de bois.

Cette technique de murs porteurs en bois est réservéeaux galeries d’arcades extérieures dans les parties noblesdes étages, le plus souvent en saillie sur le reste dubâtiment. Elle n’est pas à confondre avec celle des Kecheks(volumes en saillie entièrement en bois) associés aux mursde pierres taillés des demeures palatiales.

Dans d’autres cas, l’ossature formée d’uncloisonnement étrésillonné ou non est recouverte de partet d’autre par de petites lattes enduites de chaux(technique connue sous le nom de Bagdadi). Cettetechnique, est visible sous la forme de galeries extérieuresen arcades dans certains villages de la montagne libanaisesitués sur d’anciens axes commerciaux (Choueir, Douma,Chtoura, Deir el Qamar) et sous une forme plus simpledans des villages de la côte. Elle semble représenter uneadaptation locale modeste des modèles d’ossatures en boisutilisés en Turquie.

Pour les pièces structurales, le charpentier-menuisierutilise selon les disponibilités le sapin, le pin ou le qotrani.Les sections des bois règlent les épaisseurs des murs entre7,5 à 14 cm : avec ces minceurs de murs, on ne dépassepas un niveau. Pour le lattis du Bagdadi, le boisgénéralement utilisé est le sapin Chouh .

- Les baies et les arcsDeux situations différentes se présentent : le cas où la

baie dans le mur est une simple perforation dans sacontinuité, jouant le seul rôle d’une ouverture, fenêtre ouporte ; le cas où un ouvrage de structure –c’est le plussouvent un arc dans la tradition constructive– se substitueau mur, où il est un support. De dimensions parfois trèsanalogues, les deux situations peuvent montrer les mêmestypes d’arc, c’est donc par leur fonction qu’il convient deles distinguer.

- Les baiesLe vide des baies constitué par le percement du mur est

une fragilité. Cette contrainte que le maçon n’ignore pasle conduit naturellement à mieux soigner les jambagesque les parties courantes du mur. Dans presque tous lescas, le piédroit est exécuté avec un degré de qualitésupérieur qui peut prendre plusieurs formes parfoiscombinées : fait en pierre de plus gros calibre, en calcairede meilleure dureté, avec plus d’ajustement des faces pourun meilleur contact entre les pierres, avec un harpagesoigné avec le reste de la maçonnerie, avec une saillie quiaugmente la section de cet ouvrage de support…L’organe de franchissement, linteau ou arc, premier àsupporter les charges verticales, fait l’objet d’un souciparticulier de résistance. Soit il est par lui-même biendimensionné et s’oppose efficacement aux contraintes,sans déformation ou rupture, soit il est soulagé par un arcde décharge qui autorise à ce qu’il soit moins résistant à laflexion. Dans les murs épais de maçonnerie, le linteau dela fenêtre est toujours plus rigide que le parement de

façade, l’arrière linteau étant moins élaboré et réalisé dansl’épaisseur du mur au moyen de blocs de moindreépaisseur espacés ou de pièces de bois ou de branchagesd’essences locales (mûrier, etc.).

Au Liban, les grandes baies et portiques (2 m en largeuret 3 m en hauteur) restent quand même l’apanage de lamaçonnerie en pierre. A l’inverse, il convient dementionner la petite fenêtre, destinée à la ventilation et laprotection thermique contre le vent, le froid ou le soleil,qu’elle soit rectangulaire et petite dans les habitationsrurales ou de forme ronde ou elliptique (Qammarat ouMoubawaqat) dans des habitats plus bourgeois.

On ne peut clore cette description technique sansmentionner l’importance de la porte comme enjeu dereprésentation et de protection à la fois : elle estmonumentalisée par ses dimensions, son encadrement(même dans les habitations rurales, l’encadrement de laporte est badigeonné en blanc) et souvent soncouronnement en matériaux plus nobles ou plusarchitecturés (moulures, sculptures), sa huisserie et sesferrures ouvragées. De même, la baie dépasse sa fonctiond’éclairage pour devenir un poste d’observation, unmirador social derrière les vitres de couleurs la salle deséjour. Les trois baies à arcades et balcon caractérisant lesmaisons à hall central signalent aussi l’appartenance à unecertaine catégorie sociale.

- Les arcs

Le grand arc lorsqu’il est support avec sa pile ou

colonne (Chamaa) et son chapiteau (Taj) est un organe

soigneusement tracé et ajusté, performant dans son rôle

de libérer l’espace en remplaçant efficacement le mur ou la

poutre. Destiné à subir des efforts importants, il est réalisé

en matériaux durs et réguliers : pierres taillées. Cet arc est

très présent dans l’architecture de l’habitat traditionnel,

moins dimensionné que celui des édifices monumentaux et

ouvrages d’art certes, mais tout aussi bien exécuté et

présentant un certain degré de maîtrise technique.

Les deux modèles d’arcs en pierre qu’on retrouve le plusfréquemment dans l’habitat au Liban sont l’arc à plein cintreet l’arc brisé. Les rares arcs en briques de terre crues observéssont des arcs surbaissés destinés à la réalisation des niches(Youk) dans les murs intérieurs des maisons rurales.

Moukhtara

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Contrairement aux idées reçues, les arcs ne sont pasune exclusivité des maisons bourgeoises, et on a souventrecours à l’arc en plein cintre à l’intérieur des maisons ruralesrectangulaires en pierres pour augmenter la portée desplanchers en terre. Galeries d’arcades, arcs ouvragés, baiesaux trois arcades et arcs pour iwan : le modèle de l'arc briséen tiers point reste pourtant le favori des constructeurs etcelui dont ils maîtrisent le mieux la technique.

Sur tout le territoire libanais, les porches, les portails, lessouks, les galeries, etc. donnent lieu à la mise en œuvred’arcs. Leur profil est conditionné par la hauteur disponibleet leur confère leur élégance ; ils sont montés sur coffrageet autorisent des portées jusqu’à 4 m. En fin de vie, lorsquel’immeuble est en train de se ruiner, c’est l’arc qui reste enplace, prouvant sa solidité et rappelant la maîtrisetechnique qu’il a fallu pour l’édifier.

Le revêtement des murs : enduits et badigeons

- Les enduitsSi le mur reçoit un enduit, c'est en premier lieu pour une

raison fonctionnelle de protection. Par la suite, cettecouche que l'on peut poser et finir de tant de manièrespeut devenir le support d'une expression spécifiquementdécorative. La nécessité d'enduire est proportionnelle à larésistance des matériaux du mur support. Les maçonneriesles plus sensibles à l'eau sont les systèmes utilisant la terrecrue, elles sont le plus souvent enduites. Viennent ensuiteles maçonneries de moellons bruts ; du fait des formesirrégulières de leurs modules, une bonne partie du mortierde hourdage, dont la porosité à l'eau est grande, estexposée en parement : encore une raison d'enduire. Deplus, les calcaires tendres largement dominants dans larégion et les pierres de grès dunaire (Ramleh) étantégalement poreux et donc fragiles à l'eau, leur protectionest pertinente.

Les enduits de chaux sont très présents dans le bâtiancien sur tout le territoire libanais. De la simple version quicommence au simple joint garni, à l’enduit épais, la chauxreste un élément primordial et recherché. L’abondance desfours à chaux a permis le recours à ce matériau, utilisé parle plus humble bâtisseur pour s’offrir un langagearchitectural noble et élaboré. L'aspect final résulte de

l’épaisseur, du grain et de la couleur des agrégats, et desoutils d'application et de finition employés.

Le maçon envoie à la truelle, couvre toute la surface etégalise, enlève le surplus avec le tranchant de la truelle.Travail rapide, en une seule passe, qui assure la protectiondu support. Système plutôt rural et rustique, peu présenten ville où plus d'urbanité est recherché. Plus élaborés sontles enduits lissés souvent remplacés par leurs héritiers nésavec le ciment, les enduits talochés. Ils peuvent êtreappliqués sur l'enduit décrit précédemment qui sert alorsde dressage ; voici donc une version à deux couches. Le

lissé est le geste évident du maçon depuis l'Antiquité : il estposé à la truelle, outil qui lui permet de serrer, d'égaliser etd'obtenir ce fini inimitable d'un faux plat qui chante avecla lumière rasante, délicatement animé comme la surfacede l'eau et du sable. Il donne cette touche ferme de l'outiltout en ayant l'adouci du mortier plastique à la pose, ilrévèle le grain coloré sans l'empâter, il a l'élégance d'ungeste travaillé et naturel. Aujourd’hui, avec le liant cimentqui tire plus vite, les maçons ont perdu ce geste ancestralpropre à la chaux ancienne. Pour égaliser et finir, on lui asubstitué la taloche qui, par sa surface, par sa positionparallèle au mur, donne un aspect plus raide, un gestecirculaire frotté qui promène le grain.

Beaucoup d’enduits à la terre sont aussi utilisés pourprotéger les maçonneries montées au mortier de terrecomme celles en terre crue. L’enduit est appliqué soit enune seule couche grossière, soit en deux ou trois, avecdes agrégats plus fins à la dernière. Son épaisseur estvariable, le souci de planéité très relatif, l’outil utilisé lamain ou la truelle.

Les enduits au Liban privilégient, en façade extérieure,la sobriété d’une expression unique au langage décoratif.Les enduits décoratifs modelés, ciselés, extrêmementélaborés et fins sont gardés pour l'espace intérieur privé.Alors que les premiers, fonctionnels, sont réalisés par leshommes, les derniers assez personnalisés (généralement enterre), sont l’ouvrage des femmes. Ils sont associés auxbandeaux, plinthes et panneautages pour les rythmesverticaux (tels les réserves de céréales Tawabit dans lesmaisons des régions de la Békaa et le Chouf.

Les gisements de gypse étant inexistants sur l’ensembledu territoire, les rares enduits de plâtre (décoratifs) observéssont le résultat d’une influence européenne assez tardive. Ilsn’ont pas supplanté les enduits intérieurs décoratifs de chaux

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réalisés d’une manière élaborée et très fine (usage deroulette pour impression en relief, peinture…).

Le décapage intensif des enduits réalisé sur lesmonuments historiques ces 30 dernières années à généréune mode qui a affecté les enduits de chaux et de terreprésents sur le bâti ancien et l’habitat traditionnel,négligeant complètement le rôle important de protectiondes maçonneries assuré par ces enduits (surtout dans le casdes maçonneries en pierre Ramleh). La restitution del’enduit, quand elle a lieu, se fait à l’aide d’un mortiercomportant un liant au ciment qui présente de sérieusesincompatibilités avec le support traditionnel en pierre ou enterre. L’emploi de la chaux est surtout réservé aux travauxde restauration. A ce problème s’ajoute une perte destechniques de la chaux et une absence d’artisansspécialisés.

- Les badigeonsLe badigeonnage à la chaux est une pratique courante

sur tout le territoire libanais. Son renouvellement se fait demanière pratique continue, souvent domestique et nonprofessionnelle et est considéré comme une pratiqued’hygiène régulière au cycle saisonnier. Le liant, l’eau, unebrosse ou un balai de soies animales ou de fibres végétales, sont nécessaires à cette opération.

La répétition cyclique du blanchiment engobe les fondsde couches multiples assurant ainsi une protection auxmaçonneries. Le badigeon donne sa touche finale à laconstruction ; de barrière il devient décor et lesencadrements de portes et de fenêtres ou les façadesd’entrée acquièrent une importance prédominante.

Beaucoup de blanc et très peu de badigeons teintés ; lesgisements de terres colorées étant inexistants, les rarescouleurs traditionnelles observées dans les badigeonsdécoratifs sont d'origine végétale (bleu-indigo…) ouorganique. Les couleurs observés en milieu urbain,généralement à l’intérieur des maisons, sont le résultatd’une mode européenne plus tardive.

La structure horizontale de franchissement

- Les planchersQuand ils ne sont pas sur voûte, les planchers

traditionnels au Liban font toujours intervenir une ossatureen bois. Deux grands types sont à distinguer : le modèle

mince, avec solives et planches, où le matériau visible ensous-face est également celui qui est utilisé en surface ; ilest toujours à l’intérieur, son ajustement est très soigné . Lemodèle épais, avec un dispositif qui superpose lecouvrement entre solives, un complexe lourd maçonné, unsurfaçage ou un revêtement rapporté ; bon isolant, on letrouve à l’intérieur et en toiture-terrasse.

Ce dernier modèle est le plus courant. Pour leconstructeur, il s’agit de lancer une surface horizontaleentre murs, suffisamment stable et résistante poursupporter des charges d’exploitation liées à l’habitat ou austockage, suffisamment massive pour qu’elle soit plusqu’une membrane et qu’elle sépare et isole efficacement.

Pour la structure primaire, portée et section des boissont évidemment proportionnelles : Il est rare que l’ondépasse 20 cm de section pour les dimensions les pluscourantes (4,50 m à 5,50 m). Bois équarris ou bruts, enpin, peuplier, cèdre et autres essences locales (Qotrani,Aafs, Delb, Sindiane, Haour, Zinzlacht, etc.), les entraxes dela structure bois sont espacés ou serrés selon la nature dumatériau de couvrement entre solives et tournentgénéralement autour de 60 cm. C’est toujours un systèmed’encastrement qui fait la liaison entre le mur porteur et leplancher : une logique de maçon prédomine.

La couche centrale, l’ouvrage lourd compacté avoisinele plus souvent les 25 à 30 cm d’épaisseur. Contrairementaux dalles modernes de béton dimensionnées au plus justeet par conséquent minces, le constructeur traditionnel nelésine pas sur l’épaisseur. Cette dernière lui assure ainsi unmeilleur confort (vibrations, isolation thermique etacoustique).

Même moins courant, les planchers traditionnels saventaussi franchir de grandes portées, de 7 m jusqu’à 12 m. Lasolution la plus simple est d’installer des points d’appuiintermédiaires par poteaux ou colonnes. Si l’on veut libérerle sol, on ajoute un rang horizontal supplémentaire : unepoutre maîtresse de bonne section qui reprend deuxtravées de solives de portée courte. Mais on peut aussiavoir recours à un arc pour doubler la portée d’un modulede longueur de solive. Plusieurs autres solutions encore

Douma

Sourat

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mes pour compenser les charges et lutter contre la flèche : on

multiplie les éléments de solivage, ou bien on augmenteleur section, ou enfin on connecte deux à deux les solives.

Les bois et les fibres végétales sont sujets aux attaquesorganiques des insectes et des champignons, et à des risquesde pourrissement (encastrements mal ventilés, défautsd’étanchéité). En réponse, on rencontre beaucoup debadigeonnage à la chaux des ossatures qui minimisent cespathologies alors que dans les milieux ruraux, les paysansconsidèrent que la fumée qui se dégage des cheminées (sansconduit extérieurs ) dépose une couche noire protectrice surle bois. Par conséquent, l’aspect brut, enduit ou peint (voiredécoré) n’est pas nécessairement le résultat d’un souci plusou moins noble dans le traitement, mais répond à un besoinsanitaire de mettre hors poussière et d’encapsuler desouvrages qui vibrent et souffrent des apports humides.

- Les voûtesPour franchir l’espace entre deux appuis et couvrir

une surface, l’alternative à l’ossature bois est la voûte.Cette voûte peut elle-même constituer le support d’unesurface de circulation, plancher ou terrasse, ou êtrecouvrement sommital en lieu et place du complexetoiture - couverture, avec étanchéité intégrée.

Le système de voûtement est employé partout auLiban. Qu’il soit rural ou urbain, chaque milieu l’a intégréet adapté à ses propres matériaux. On trouve ces ouvragesréalisés en pierre taillée, moellons grossiers ou plats,souvent de calcaire. Hormis pour la pierre taillée où lescontacts entre claveaux sont excellents et les jointsquasiment secs, les voûtements sont maçonnés avec lesmêmes diversités de mortiers que pour les murs : terre,chaux sans trop d’éléments de calage.

La voûte est un ouvrage solide, solidaire de la structurelourde du bâtiment, le plus souvent mise en œuvre enpartie inférieure de la construction : sous-sol (citerne), rez-de-chaussée, où elle porte les planchers. Ce paysage desgrands arcs en pied de la maison est extrêmement courantdans tout le Liban. Lorsqu’elle est en superstructure, elleest soit soigneusement extradossée et protégée par undispositif d’étanchéité (mortier serré), soit garnie à ses reins

pour constituer un toit-terrasse (staiha). Ce systèmeconstructif est bien adapté aux ouvrages linéaires et, en lemultipliant, au couvrement de grands espaces publics surpiliers. Mosquées, caravansérails, hammams, souks, égliseset monuments sont couramment voûtées.

Au Liban, dans l’architecture ordinaire, la typologietechnique la plus courante est la voûte en berceau, avec savariante déjà plus sophistiquée pour le constructeur qu’estla voûte d’arête, c’est-à-dire la pénétration de deuxberceaux. Le berceau est généralement plein cintre,simplement parce que c’est le profil en demi-cercle quitransmet le mieux les charges verticalement aux murssupports. Avec le berceau, sauf quand deux ouvragesparallèles annulent leurs poussées latérales en permettantd’amincir le mur support, nous sommes dans des systèmesépais où les murs sont très peu percés.

La voûte d’arête fonctionne différemment : les chargesétant transmises sur des piliers puissants et non plus surdes murs, elles permettent d’évider complètement lesquatre panneaux verticaux, et donc d’éclairer et d’exploitersur toute la hauteur les accès au volume.

Berceau et voûte d’arête sont deux types réguliers,symétriques et au tracé rigoureux. Leursdimensionnements sont connus empiriquement et lesrapports entre profil, portée et épaisseurs, bien avant queles ingénieurs ne les valident par le calcul, sont acquis ettransmis efficacement. Si les portées des voûtess’échelonnent de 1 à 7 m, c’est autour de 4 m que l’onconstruit le plus souvent, avec rarement moins de 30 cmd'épaisseur à la clef (sauf pour les ajustages de pierre tailléequi peuvent permettre d’amincir l'épaisseur).

D’expérience, le maçon sait que l’ouvrage ne devra sastabilité qu’à une parfaite cohésion de ses éléments.Lorsqu’il travaille avec des éléments non taillés qui nes’ajustent pas naturellement selon le profil recherché, lajuxtaposition intime, le blocage serré et le croisement desmodules, l’excellent bourrage du mortier de hourdage sontles conditions indispensables de la mise en œuvre. Bienmontée, une voûte s’apparente à une maçonnerieconcrète, quasi monolithique, que les éventuelsmouvements qui affectent le bâtiment ne doivent pascompromettre aisément.

Enfin, que la voûte soit en pierres de taille ou enmoellons irréguliers, son montage a généralement lieu aumoyen d’un coffrage. Un couchis de planches constitue lefond de coffrage, plancher rayonnant dont la régularitéconditionne la face vue, l’intrados de la voûte.

- Les coupolesLes coupoles et toutes formes de dômes sont des

couvrements dont les profils en plein cintre, surbaissés ousurhaussés sont adaptés pour couvrir un espace de plancarré. L’ouvrage étant conçu selon un axe vertical derévolution au centre du volume, le problème techniqueposé au constructeur est donc d’effectuer la transitionentre le plan carré et le plan circulaire : le principe consisteà couper les angles du carré à la naissance de l’arc pourpasser à un plan octogonal régulier, dont la géométrie estproche du cercle.

Comme pour les voûtes rayonnantes, tous les matériauxet mortiers sont utilisés. Au Liban, on retrouve les coupolesde différentes dimensions dans l’architecture religieuse(mosquées et églises), et dans les monuments historiques

Jbeil

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de grandes tailles (khans, hammams, madrassas etc.). Surl’habitat, elles sont presque inexistantes sauf dans lesdemeures palatiales et dans de rares habitationsbourgeoises sous formes de petites coupoles en briques età cul de bouteilles couvrant les petits hammams.

- Les charpentesLes systèmes à toit plats sont décrits dans les planchers

et dans les couvertures plates. Ici, nous nous intéressonsaux charpentes ou ossatures qui portent les couvertures enpente. La situation de très loin la plus courante enMéditerranée est celle d’une tradition de charpentesempilées, et le Liban ne déroge pas à cette règle.

La charpente empilée apparaît comme un ouvrage deconception relativement archaïque fonctionnant à la

compression, c'est-à-dire que les charges sont transmiseset transférées verticalement. Selon le même principe dedescente des charges, des systèmes très sommairescoexistent sur le territoire avec des charpentes hautes etapparemment complexes dans leur assemblage. Dans lecas des systèmes sommaires, une poutre principale estgénéralement placée dans le sens longitudinal de laconstruction, plus haute que les murs et reçoit les poutrestransversales. Sinon, on constate exceptionnellement unempilage de troncs d’arbres ayant une extrémités’appuyant sur les murs périphériques , l’autre extrémitéétant assemblée par emboîtement avec d’autres troncs auplus haut niveau de la toiture. Ces troncs comblés par unecouche de branchages reçoivent une couverture deplantes épineuses (huttes de Ouadi Faara). Dans le cas descharpentes hautes, la transfert des charges de la toiturevers les murs passe par un empilement de poutrelles,chevrons, poinçons, poteaux vers des poutres et despoteaux plus importants puis vers des poutres majeures ousablières, l’ensemble étant assemblé plus ou moinssimplement avec des clous, des fils ou par le biaisd'encoches (embrèvements). Quelquefois, des fermesassemblées en triangles (l’étymologie de ferme est « fermé») donnent l’apparence d’une charpente triangulée, maiselles n’en ont ni la conception ni les performancesd’équilibre et dénotent une profonde incompréhension dusystème. La visite de ces charpentes en montre d’ailleurstoutes les limites : beaucoup de pièces cassées du fait demauvais dimensionnements, de fléchissements palliés au

jour le jour par des ajouts improvisés et une forêt depoteaux qui soutiennent pannes ou arbalétriers.L’ensemble requiert ainsi une quantité de bois trèsimportante, dont certaines pièces de fortes sections et degrandes longueurs ; les essences locales telles que, Chouh,Qotrani sont utilisées.

Par contraste, les charpentes savantes et légèresdéveloppées par l’art des ingénieurs du XIXe siècle enEurope du Nord n’ont que très peu touché le Liban. Lecadre rigide et indéformable de la ferme triangulée, où lesassemblages sont ajustés, où l’équilibre des forces estcalculé avec précision entre pièces comprimées et piècestendues, où il n’y a plus de pièce en flexion, n’interviendraque tardivement sur de nouveaux bâtiments trèsspécialisés. L’emploi de cette technique, notablement plussavante et qui procède du calcul, oblige en outre le recoursà un véritable charpentier, formé comme tel et possédantune expertise dont le maçon généraliste ne dispose pas.D’ailleurs, les toits au Liban ne comportent quasiment pasde complications de percements de type fenêtres oulucarnes, dont l’ossature et l’étanchéité posent desproblèmes de raccord complexes à un non-spécialiste.

La couverture

- Les toitures platesElles sont visibles sur l’ensemble du pays, de la côte à la

montagne en passant par la plaine de la Békaa. Elles ont encommun la même simplicité structurelle d’un complexeépais formant l’étanchéité, leurs très faibles pentes,inférieures à 5 % pour évacuer les eaux et la nécessité d’unentretien permanent, qui est aussi la raison de leurtransformation.

Les matériaux employés dans ces couvertures étantsolubles, une révision permanente pour resserrer lesfissures est indispensable. Un damage au moyen d’uneMahdalé (pierre cylindrique de 60 cm de long et de 28 cmde diamètre environ) est réalisé avant la pluie et une autretechnique palliative est adoptée pour le colmatage desfissures et qui consiste à couvrir le toit de terre argileuseavant la pluie et à profiter de l’action de l’eau pourl’introduire dans les interstices de la dalle. Désormais, onrencontre parfois l’interposition d’un film plastique ou d’unmatériau bitumineux sur la dalle afin d’espacer lesobligations d’entretien.

Baakline

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mes Terre ou chaux, il a fallu la mise au point de savoir-faire

très élaborés pour obtenir une étanchéité à partir dematériaux poreux et de formes horizontales : on atteint làun des sommets de l’art de bâtir traditionnel. Cette maîtrisequi mobilise l’entretien permanent disparaît avec les bétons,considérés comme mis en place une fois pour toutes.

Dans les toitures plates, on rencontre deux détails deraccordement entre le mur et la terrasse. Le plus courantest l’encuvement de la couverture entre des acrotères, desrehausses des murs. Les relevés d’étanchéité, les sommetsde murs font l’objet d’enduits très soignés et entretenus.La collecte des eaux pluviale se fait par l’intermédiaire de lapente vers une gargouille. L’autre type de raccord se fait encasquette, avec un très large débord (60 cm) de lacouverture afin de rejeter les eaux pluviales le plus loinpossible du mur et d’éviter tout ruissellement.

- Les toitures en penteVersion plate et mécanique de la tuile romaine et issues

de la fabrication industrielle qui utilise les mêmes moduleset dimensions de tuiles (longueur autour de 40 cm, largeur25 et hauteur 2,5), les tuiles plates mécaniques constituentavec leur couleur rouge une des marques de fabrique dupaysage construit du Liban.

Les tuiles sont clouées ou attachées sur des charpentesen bois dont le profil de pente varie de 30 % à 45 %. Cestoitures ne comportent généralement pas de percementset offrent une variété de formes suivant la complexité desvolumes couverts.

Les toitures sont toujours prolongées au-delà del’aplomb du mur afin de ne pas mouiller celui-ci. Le

surplomb est fait par un débord des chevrons et voliges,par une corniche de pierre ou de bois et soutiennent desgouttières fabriquées en tôle. Chevrons chantournés,corniches en pierre ouvragées, lambrequins en bois outôle, contribuent non seulement à créer un langagearchitectural de qualité mais aussi des spécificités propresaux différentes régions du Liban.

Les rives, faîtages et égouts font l’objet d’un soinparticulier; les noues, elles, sont montées sur une feuille dezinc ou de tôle, l’étanchéité étant le souci primordial del’artisan. En effet, c’est l’une des causes principales de ladégradation de ces toitures, les révisions de couverture n’étantpas réalisées périodiquement ou après les intempéries.

Bien que ce matériau soit un produit importé (deMarseille précisément) il est considéré, après six générationsde constructeurs qui les ont employées, comme étant unecomposante de l’architecture traditionnelle locale. Lapermanence de sa pose est la preuve de son ancrage dansles pratiques architecturales du pays.

Les processus de transformation

Un simple tour d’horizon dans les arts de bâtir au Libanreflète la richesse d’un patrimoine et d’un savoir - fairemalheureusement très sous-estimés et négligés, voiremême méprisés. En effet, les changements profonds etrapides ayant affecté la société libanaise et le paysageurbain et rural durant la guerre ont laissé leurs empreintessur la continuité dans la transmission –généralementfamiliale– des techniques et savoir - faire du bâti ancien. Ilen a résulté de profondes lacunes au niveau descompétences, qui se sont aggravées en l’absence deformation spécialisée.

L’introduction de nouvelles techniques et de nouveauxmatériaux nés avec l’industrialisation (béton, poutresmétalliques…) a déclenché un processus rapide detransformation, perceptible tant au niveau du bâti lui-même ou sur le plan de sa mise en œuvre (variant dusimple remplacement d’éléments à la substitution totale dela structure), qu’au niveau des mentalités : un changementqui s’exprime par un rejet sauvage de tout ce qui est ancienet local. Cette vague de transformations s’est accrue avecla guerre, dictée par un besoin urgent de reconstruction,que les nouveaux matériaux facilitent par leur mise enœuvre rapide et leur faible coût.

Actuellement, un regain d’intérêt pour la restaurationet la réhabilitation est observé sur l’ensemble duterritoire, un intérêt qui, si bénéfique qu’il soit, risque deporter en soi un coup fatal à l’authenticité et auxspécificités de l’architecture traditionnelle libanaise etplus particulièrement celle considérée comme rurale etpauvre. Les travaux entrepris dénoncent un profondmanque de confiance dans les techniques traditionnelles(surtout en ce qui concerne l’emploi de la chaux) et uneincompréhension des systèmes constructifs (maçonnerieset charpentes). Il s’y ajoute un apport de nouveauxmatériaux et de nouvelles techniques issues de modesimportées, qui parodient et dénaturent les techniquesd’origine : des modes importées qui contribuent à créerune uniformisation du paysage du bâti ancien en faisantabstraction de toutes les petites différences etparticularités qui font l’intérêt et la richesse destechniques.

Une action de sauvetage des techniques anciennes etde ses hommes doit être entreprise. Elle sera renduepossible par la création de pôles de formation spécialisée etcontinue, par une orientation du marché vers l’intégrationdes compétences des hommes de métier, parl’établissement d’un code de référence fixant le degré dequalité à atteindre et surtout par une sensibilisation pluslarge de la population : sans ces mesures, c’est unpatrimoine irremplaçable qui est condamné à court terme.

Douma

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Le cadre législatif

La loi qui régit la protection des monumentshistoriques ou les antiquités au Liban est l'arrêtén°166/L.R du 7 Novembre 1933, portant tout règlementsur les « Antiquités ».

Héritée du mandat francais cette loi a subi quelquesréformes. Un projet de loi pour la protection et la mise envaleur des sites et monuments historiques, civils ouvillageois, à caractère historique, architectural ou culturelparticulier, est en cours de débat et d'étude au ParlementLibanais. Il complétera l'arrêté 166/L.R.

Le domaine de la protection

L'article 1 de l'arrêté n°166/L.R définit la notion« d'Antiquité » (à protéger) comme « tous les produits del'activité humaine, à quelque civilisation qu'ils appartiennent,antérieurs à l'année 1700 ». La loi assimile également auxantiquités les objets immobiliers postérieurs à l'année 1700dont la conservation présente du point de vue de l'histoireou de l'art, un intérêt public. Ces objets immobiliers sontprotégés par différentes dispositions législatives oujuridiques qui seront développées par la suite.

Sont considérées donc comme des antiquitésimmobilières :1) Tout apport de l'industrie humaine recouvrant le sol de

formation géologique.2) Tout ouvrage ou édifice ancien, restes ou vestiges

d'édifices anciens avec ou sans structure visible au-dessus du sol.

3) Tout objet mobilier attaché au fond ou à l'immeuble àperpétuelle demeure.

4) Tout site naturel utilisé ou approprié par l'industriehumaine tel que abri sous roche, grottes, roches portantdes peintures, sculptures, moulures ou inscriptions.

L'arrêté n°166 possède donc un domaine très étendu, etrepose sur deux critères alternatifs : le premier est objectif ,l'antériorité à 1700 ; le second est subjectif , postérieur à1700 (l'immeuble peut être protégé s'il présente, du pointde vue de l'histoire ou de l'art, un intérêt public).

Les procédures de la protection

Deux procédures distinctes sont utilisées pour laprotection des bâtiments d'intérêt historique, architectural,urbain, ...

Ces deux procédures sont l'inscription à l'inventaire et leclassement.

- L'inscription à l'inventaire

L'inscription se fait sur proposition du Directeur desAntiquités, auprès du Ministère de la Culture qui peutporter des bâtiments d'intérêt historique, architectural ouautre à un registre destiné à l'inventaire général desmonuments historiques.Tyr

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slat

if Cette inscription est notifiée par voie administrative auxpropriétaires intéressés et mentionnée au registre fonciersur le feuillet du bâtiment concerné.

Les effets de l'inscription à l'inventaire sont peucontraignants pour le propriétaire : elle entraîne à la chargede celui-ci l'obligation d'aviser la Direction Générale desAntiquités de toute modification à apporter à l'immeuble,deux mois avant d'y procéder, en indiquant les modificationset travaux qu'il se propose d'effectuer (article 23).

L'obligation est également assortie d'une sanctionfinancière et civile.

Ainsi notifiée, la Direction Générale des Antiquitésexamine tout projet de modification et tente, en cas dedésaccord sur un projet, de trouver une solution àl'amiable. Si la discussion à l'amiable n'aboutit pas, laDirection Générale des Antiquités, ne peut s'opposer auxtravaux projetés par le propriétaire qu'en engageant laprocédure de classement.

- La procédure du classementElle est réalisée par un décret de classement pris par le

Chef de l'Etat sur proposition du Directeur Général desAntiquités (article 26).

Les effets du classement s'appliquent à partir dumoment où la proposition du classement est notifiée aupropriétaire. Les effets du classement cessent si la décisionde classement n'intervient pas dans les six mois de lanotification au propriétaire.

Ainsi, sous peine de sanctions civiles et pénales,l'immeuble classé ne peut être ni restauré, ni modifié, niréparé, ni à plus forte raison détruit ou « déplacé », mêmeen partie, sans le consentement de la Direction Généraledes Antiquités (article 30).

Contrairement à l'inscription à l'inventaire général, laprocédure de classement autorise le propriétaire au droitd'être indemnisé du préjudice qu'il aurait subi du fait duclassement (articles 37 et suite).

- Les aides financièresLes frais résultant des travaux de consolidation ou de

réparation des immeubles inscrits à l'inventaire général ouclassés monuments historiques sont supportés par lespropriétaires de ces immeubles.

Si l'état n'est pas propriétaire d'un tel immeuble, il ne

prend à sa charge que les dépenses correspondant auxtravaux exécutés, en plus de ce qu'imposerait laconservation en état du bâtiment.

Dans ce cas les municipalités participent également àces dépenses suivant une proposition à déterminer danschaque cas. En cas d'urgence ou de péril (reconnu par lesservices techniques municipaux ou les services desantiquités) un expert sera chargé par le tribunal de premièreinstance (saisi par la municipalité ou la Direction Généraledes Antiquités) d'examiner l'état du bâtiment. Uneobligation pour effectuer les travaux ou les financer par lepropriétaire peut être prononcée par le tribunal dans le casde résistance du propriétaire. L'autorité municipale serasubstituée au propriétaire pour effectuer les travaux et seraremboursée par le propriétaire selon les lois et les règles decomptabilités publiques et d'impôts et de l'argent public.

L'arrêté n°166/L.R étend également la procédure declassement aux abords des « monuments historiques ».Ainsi la loi prévoit que des immeubles, qui sans présentereux même un intérêt historique ou artistique, pourrontfaire l'objet d'un classement dès lors que celui-ci estnécessaire pour « isoler ou dégager un immeuble classé »(article 27).

- Cas de constructions traditionnelles (historiques)non protégées par inscription ou par classement

Les bâtiments ou les constructions d'architecturetraditionnelles ne présentant pas de caractère « historiquesou artistiques » particuliers ne sont pas soumis auxrèglements de l'arrêté n°166/L.R. Cependant d'autres loisou articles encadrent la protection de ces bâtiments surtoutquand il s'agit d'ensembles architecturaux et urbains.

L'arrêté n°69 du 9/9/1983 de la loi d'urbanisme (4èmearticle) stipule que des plans d'urbanisme détaillés, sontobligatoires pour les zones archéologiques ; dans l'article 8il affirme que ces plans d'urbanisme détaillés déterminentles règles et les conditions pour les protections des zones àcaractère historique. La loi de la construction, dans sonarticle 13 de l'arrêté n°148 du 16/9/83, signale quecertains bâtiments à caractère seront soumis à des règlesparticulières relatives à l'importance du bâtiment. C'est surces deux articles des deux lois d'urbanisme et deconstruction que l'on s'appuie pour établir et proposer desrègles de protection et construction dans les zones àcaractère architectural historique (ou traditionnel).

Les procédures d'interventions

Pour toute intervention sur le bâti traditionnel, unepersonne qualifiée devra être en charge pour établir unprojet. Cette personne est soit un architecte restaurateursoit un archéologue conservateur.

- L'autorisation d'intervention sur un bâti non protégé- Tous les travaux intérieurs qui ne touchent pas la

structure du bâtiment ne sont pas soumis à uneautorisation ou un permis préalable.

- Tous les travaux extérieurs ne touchant pas la structuredu bâtiment tels que les travaux d'enduit, peintureextérieure, étanchéité, menuiserie, restauration des

Deir el Qamar

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ifbalcons, ... sont soumis à des autorisations préalablesauprès de la municipalité de la région.

- Tous les travaux touchant la structure du bâti doiventêtre soumis à un permis préalable obtenu aprèsprésentation d'un projet, établi par un architecte ou uningénieur, aux services techniques de la DirectionGénérale de l'Urbanisme. Le permis final est délivré parla municipalité de la région.

- L'autorisation d'intervention sur un bâti protégé- Etablissement d'un projet par un architecte ou un

ingénieur (restaurateurs de préférence).- Dépôt de dossier auprès de la municipalité ou du service

technique de la Direction Générale de l'Urbanisme de larégion.

- Le dossier sera transmis à la Direction Générale desAntiquités pour avis, et sera traité par un architecte dela Direction Générale des Antiquités pour approbation.

- Retour du dossier à la municipalité ou au servicetechnique de la Direction Générale de l'Urbanisme où ilsera traité par l'architecte ou bien l'ingénieur du servicedes bâtiments où le permis final sera délivré.

- Les aides financières- Les frais résultant des travaux de consolidation ou de

réparation des immeubles non protégés sont à la chargedes propriétaires de ces immeubles. Cependant l'état ,non propriétaire d'un immeuble inscrit ou classé, peutprendre à sa charge « les dépenses correspondant auxtravaux exécutés, en plus de ce qu'imposerait laconservation en état du bâtiment. Dans ce cas lesmunicipalités participent également à ces dépenses« suivant une proposition à déterminer dans chaque cas ».

- En cas d'urgence, les services techniques municipaux oula Direction Générale des Antiquités peuvent, après unemise en demeure du propriétaire, faire exécuter lestravaux de réparation ou d'entretien qui sont jugésindispensables à la conservation des monuments classésou inventoriés n'appartenant pas à l'état. Uneprocédure assez complexe est nécessaire, les frais ou lesdépenses des travaux exécutés devront être remboursésavec une majoration de 25% à l'administration qui s'estchargée des frais.

- L'indemnisationEn ce qui concerne les dommages éventuels résultant

des classements pour les propriétaires des immeublesclassés, l'état n'indemnisera que les particuliers ou lespersonnes morales de droit privé. Il n'indemnisera pas lescommunautés pour le classement des monuments dontelles sont propriétaires, si ces monuments sont affectés àun service public ou à un culte.

L'évolution de la législation

Un projet de loi pour « la protection des bâtiments etdes sites patrimoniaux » concerne la protection et la miseen valeur des monuments ou sites ou constructions isoléesqui constituent entre elles un tissu urbain ou villageois etqui, de part leur style architectural, contiennent une valeurhistorique ou artistique ou scientifique ou patrimonialeparticulière. Ainsi, tout bâtiment à caractère patrimonialsera soumis aux termes de cette loi.

- Les procédures de protection1- La décision de protection primaire

2- La décision temporaire

3- Le décret de la disposition de protection finale

1- La décision de protection :Elle est prise par le Ministre de la Culture suite à une

proposition du Directeur Général des Antiquités, en

réponse à une demande de protection d'une institution

publique intéressée par la protection du patrimoine,

d'une municipalité concernée, des propriétaires, ou des

ordres des ingénieurs. Cette décision est notifiée par voie

administrative aux propriétaires et aux registres fonciers

où elle sera mentionnée. La validité de cette décision est

de six mois à partir de la date de la notification.

2- La décision temporaire :Après consultation d'une équipe scientifique et après

accord du Haut Conseil de l'Urbanisme, le Ministre de la

Culture émet une décision temporaire dans laquelle seront

précisés les limites géographiques de la zone à protéger

ainsi que toutes les règles d'architecture et d'urbanisme

nécessaires à cette protection. La durée de cette décision

est de deux ans, renouvelable une seule fois.

3- Décret de la disposition de protection finale :

Le Ministère des Travaux Publics (Direction Générale de

l'Urbanisme) établit un projet pour la disposition finale des

parcelles à protéger après les études de terrain et d'analyse

nécessaires à cette protection, réalisées en coordination

avec le Ministère de la Culture (Direction Générale des

Antiquités). La disposition finale de ces parcelles sera

adoptée après un décret en Conseil des Ministres, après

proposition des Ministres de la Culture et des Travaux

Publics et après notification aux registres fonciers et

administrations et personnes concernées.

Deux listes au Ministère de la Culture seront établies

pour contrôler la protection des parcelles concernées :

1- Liste de parcelles soumises à la décision temporaire.

2- Liste de parcelles soumises à l'Etat de la disposition de

protection finale.

Le décret de la disposition de protection finale sera

accompagné d'une étude, ou « cahier des charges » où

seront détaillées toutes les dispositions urbaines,

architecturales et conditions nécessaires aux travaux de

Tyr

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if restaurations, de destructions, ... et pour toute

intervention sur les bâtiments protégés (matériaux à

utiliser dans les travaux, couleurs ...).Le décret permet aussi la modification de toute

disposition urbaine ou architecturale à laquelle la parcelleou le bâtiment est soumis (Coefficient d'Occupation dessols, hauteur du bâtiment, style architectural, nombred'étages, ...)

- L'indemnisationLa nouvelle loi ne prévoit aucune indemnisation pour

les parcelles soumises à la disposition de protectionfinale, sauf dans le cas de la destruction d'un bâtiexistant ou dans le cas de la réduction du coefficientd'occupation général de la parcelle.

Dans le cas de la destruction, une indemnisationfinancière est prévue, mais dans le cas de la réduction ducoefficient, un transfert de 75% de la surface perdue par laréduction, est possible à d'autres parcelles indiquées dansd'autres zones (par un décret du Conseil des Ministres).

D'autres aides financières pour les propriétaires de cesparcelles sont prévues pour les travaux de restauration ouconstruction ou modification de l'existant. Ces aides sontpossibles sous plusieurs formes : réduction d'impôts,réduction de charges foncières, dons et participationsfinancières de la caisse indépendante de l'archéologie etdes biens culturels et patrimoniaux et enfin permissiond'augmentation de 15% sur la valeur des contrats delocation en faveur du propriétaire du bâtiment concernépar les travaux.

Les travaux de consolidation ou de réparationnécessaires aux bâtiments protégés peuvent êtredemandés par le Ministre de la Culture auprès despropriétaires. Les frais de ces travaux doivent êtresupportés par eux. Dans le cas de refus de cespropriétaires, les travaux peuvent être exécutés par leMinistère de la Culture ou la municipalité concernée, lesdépenses et les frais des travaux exécutés devant êtreremboursées à l'administration selon les normes et loisfiscales et de la gestion des dépenses publiques.

Sanctions: toute infraction à cette loi est passibled'emprisonnement pour une durée d'un mois à un an, etd'une amende qui varie entre un et cent millions de livreslibanaises.

On constate donc l'importance de ce projet de loi, quiconcerne la protection et la mise en valeur des ensemblesde bâtiments ou constructions à caractère historique,architectural ou patrimonial. En effet, la loi actuelle del'archéologie ne prend pas en considération ceséléments, « puisqu'ils ne possèdent pas des caractères oudes éléments architecturaux ou artistiques trèsparticuliers », et que la loi de l'archéologie ne permet pasnon plus de protéger directement des tissus ouensembles urbains comme unité patrimoniale.

Exemples d’opérations de réhabilitation

- Un exemple d’opération de Réhabilitation : le quartier el-Qalaa à BaalbeckLe quartier el-Qalaa ou de « la citadelle » est situé

aux limites Est et Sud de la zone des temples Romains de

Baalbeck. Il est constitué d’un ensemble de maisonspatrimoniales du XIXe et du début du XXe siècle de type« maisons à cour à deux étages » qui forment un tissuurbain traditionnel reflétant l’art de vivre de la sociétébaalbeckiote. Au sein de la ville, ce quartier a subi au fildu temps et surtout durant la guerre civile libanaise ,diverses modifications qui ont porté atteinte à sonintégrité et à son authenticité. En effet, plusieurs cellulespatrimoniales ont été remplacées par de nouvellesconstructions, tandis que d’autres, faute de maintenanceadéquate souffrent aujourd’hui de graves problèmes deconservation. En conséquence, ce patrimoine bâti seraitperdu et supplanté à son tour par des bâtiments necorrespondant pas à la même typologie architecturale.

L’importance de cet ensemble patrimonial ne résidepas uniquement dans sa typologie architecturale eturbaine traditionnelle, mais aussi et surtout de part sonemplacement géographique à proximité de la zonearchéologique de la ville (lieu de prédilection destouristes). Les opérations d’expropriation programméesainsi que les divers plans d’urbanisme établis de par lepassé visant à détruire ce quartier afin de le remplacerpar une zone fonctionnelle de stationnement et dejardins, constituent un danger certain.

Dans ce sens, la Direction Générale des Antiquités,soucieuse de protéger ce patrimoine bâti, s’est opposéeà ces propositions d’aménagement en présentant uncontre-projet prévoyant la restauration des constructionsanciennes et a intégré la conservation du quartier dansun programme plus vaste financé par la BanqueMondiale intitulé « Conservation et Mise en valeur dessites archéologiques et du Patrimoine Culturel deBaalbeck ». Un nouveau plan directeur général

d’urbanisme, prenant en compte les impératifs de laDirection Générale des Antiquités est en cours depréparation. Des études détaillées pour la conservation etla restauration du quartier de el-Qalaa sont prises encharge par le bureau technique de la Banque Mondialeen collaboration avec les services de la Direction Généraledes Antiquités.

Les principaux points à traiter prévus dans cette étudeconsisteraient en :- un relevé détaillé de l’état actuel de cette zone- une recherche historique exhaustive sur son

Baalbeck

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ifdéveloppement urbain, architectural, et socio-économique

- une analyse minutieuse de la morphologie et de latypologie architecturale et urbaine des différentescomposantes

- une étude structurelle et technique des différentescomposantes

- une proposition pour la conservation, la restauration et lamise en valeur du quartier résultant des analyses établies.Le chantier de réhabilitation du quartier de el-Qalaa

est prévu pour le printemps 2004. Il serait un exempled’intégration d’un tissu urbain de grande valeurpatrimonial au sein d’un projet d’aménagement visant àla promotion touristique de la ville de Baalbeck.

Conserver tout en offrant des infrastructures modernesadéquates, telle serait l’enjeu réussi d’une mise en valeurd’une zone patrimoniale dans un site urbain.

- Un exemple de restauration : le Souk de BatrounBatroun est une ville côtière située à environ 50 km au

nord de la capitale, Beyrouth. Ville dont la présencehumaine est attestée depuis les périodes préhistoriques,elle se caractérise par sa forme quasi arrondie et par laprésence de son port.

Batroun, vieille de plus de 4.000 ans connut au fil dutemps, prospérité et décadence. Les vestiges desdifférentes périodes phénicienne, romaine, byzantine,croisée et moderne (moutassarrifiya) en témoignent.C’est durant cette dernière période soit à partir de 1861,que la ville de Batroun jouit d’une période de prospéritééconomique qui se reflète par un importantdéveloppement culturel, artistique et architectural. Lesconstructions diverses, monuments religieux décorés,luxueuses villas (haras), souk de grande dimension sontautant de preuves de la richesse de sa population.

Batroun n’a pas subi de sérieux dommages durant laguerre libanaise qui débute en 1975 et ses vestiges tanthistoriques qu’archéologiques ont été relativement bienconservés.

Le Souk de BatrounDaté du début du XIXe siècle, le souk qui constitue

une unité architecturale et urbaine, souffre depuis la fin

de la guerre du manque d’activités commerciales. Enconséquence, divers problèmes ont surgit :- du point de vue social, l’abandon des maisons et des

magasins par la population isole le souk de la nouvelle ville; - du point de vue urbain : le manque de stationnement

ainsi que la mauvaise infrastructure des servicesrendent la zone du souk difficilement accessible;

- les constructions récentes en béton et les rajouts auxbâtiments en pierre ont dénaturé l’authenticitéarchitecturale du souk; - des problèmes de structure nécessitent des

interventions d’urgence à court et à long terme : lesprincipales lacunes structurales qui apparaissent dans lesmagasins et les maisons sont essentiellement , lesfissurations , les problèmes de tassement du sol causépar des problèmes de drainage des eaux et enfin lasurcharge des constructions originales due au rajout destructures. A cela se greffent d’une part les phénomènesde dégradations de la pierre ou d’autres matériaux,conséquence de l’humidité et d’autre part l’absence detravaux de restauration ou de conservation. Enfin, lesinterventions arbitraires opérées par la population ontlargement altéré les structures d’origine.

La restauration du Souk de BatrounA l’initiative de la municipalité de Batroun, un projet

de restauration du souk a été enclenché. Les relevésarchitecturaux détaillés précédemment établis parl’APSAD (Association de la Protection des Sites etAnciennes Demeures) ont servi de point de départ auprojet de restauration . Ce dossier fut par la suite soumispour accord à la Direction Générale des Antiquités ainsique le prévoit la loi de 1933 sur les Antiquités puisque laville de Batroun est classée « ville historique ».

Ce dossier de restauration qui a subit quelquesmodifications concernant certains détails comportait :- l’historique de la ville et des Souks et leur évolution

urbaine- une analyse architecturale et sociale du bâti existant- une analyse de la typologie architecturale des bâtiments- une analyse structurelle du bâti- une proposition de restauration

Débuté en 2003, le travail de réhabilitation du souk deBatroun s’est concentré en premier lieu sur les diversesinfrastructures, notamment celles du passage des gainesélectriques et des canalisations d’eaux ainsi que du dallageen pierre basaltique. Ces travaux ont permis de pallier augrand désordre qui sévissait dans les rues par le passageapparent des câbles électriques et qui de fait entravait labeauté de cette zone historique. Certains travaux deconsolidation ont également été effectués en superstructuresur des bâtiments en proie à de sérieuses détériorations.

Le concept de restauration des maisons et desbâtiments est le respect de l’authenticité du souk et deses composantes architecturales, notamment parl’utilisation des matériaux adéquats présents dans lesconstructions traditionnelles tels la chaux, le bois, lapierre Ramleh et la ferronnerie.

Cette opération de réhabilitation du souk de Batroun,qui est toujours en cours, va permettre la revitalisation decette partie de la ville en encourageant les propriétaires àréutiliser leurs locaux à des fins commerciales. A l’heureoù Batroun tente de se repositionner dans le domainetouristique, un projet de la sorte ne peut que privilégierla ville au sein de la région.

Batroun

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Le diagnostic comme étape préalable à toute intervention de réhabilitation ou d’entretien

Traditionnellement les matériaux de construction étaientrecherchés dans la nature, à proximité du lieu de laconstruction, notamment la pierre, le sable, la terre et lebois. La pierre calcaire est la plus utilisée dans laconstruction. C’est un matériau dur, résistant bien auxefforts de compression, mais sensible aux effortsdynamiques produits par l’usage, les surcharges imprévueset les tremblements de terre. Le bois est aussi un matériauexcellent et nécessaire, car il permet de reprendre les effortsde flexion et de traction. Tous ces matériaux sont sensibles à

l’action de l’eau et des autres facteurs climatiques.Durant toute l’histoire de la construction on assiste à

des travaux de réhabilitation et d’entretien desconstructions, effectués par les propriétaires ou leursreprésentants (architecte, maître maçon, charpentier,…)afin d’adapter le bâti aux conditions de vie du moment.Avec l’apparition de nouveaux matériaux au début duXXème siècle et avec les interventions agressives deconstruction ou de reconstruction, le bâtiment peut perdreses caractéristiques d’origine, porteuses de toutes sesvaleurs historiques, architecturales et culturelles. Unebonne intervention doit maintenir en bon état l’ouvragearchitectural tout en en conservant sa valeur existante. Elles’effectue suivant un programme établit après plusieursopérations de diagnostic général des désordres.

Une vision d’ensemble est toutefois indispensable pourréaliser des travaux cohérents et conformes aux objectifsfixés. Tout projet de réhabilitation ou d’entretien exige des

travaux préalables qui permettent d’avoir une bonneconnaissance du bâtiment et de ses éléments constructifs.Cette méthodologie ou diagnostic nécessite une démarchelogique, allant de la simple observation visuelle desdésordres jusqu’au diagnostic détaillé qui permetd’élaborer le concept de réhabilitation ou d’entretien etleur suivi pendant et après l’exécution.

Les étapes à suivre pour tout processus de diagnostic sont :- Le pré-diagnostic, qui consiste à faire une première

évaluation de l’état du bâtiment et de définir, lors de lapremière visite, les aspects du travail pour des étudespluridisciplinaires

- Les études pluridisciplinaires, qui récoltent toutes lesinformations des tests et analyses des désordres dans lebâtiment. Elles serviront de guide pour une futureintervention.

- Le diagnostic, qui consiste à analyser les informationsdes études pluridisciplinaires et déterminer les besoinsd’intervention en réhabilitation ou entretien. Ceprogramme définit les travaux de réparation et deconsolidation des structures existantes et d’améliorationde tous les éléments dégradés.

Le prédiagnostic

Lors de la première visite du bâtiment et d’après desobservations visuelles des désordres, de leur emplacement,de leur nature et de leur dimension, on peut estimer l’étatde conservation de l’édifice. Cette estimation est l’étape deprédiagnostic qui permet de classer le bâtiment selon sonétat de dégradation. En effet, un édifice qui a perdu sastabilité structurelle ne peut être habitable qu’après uneintervention de reconstruction complète.

Cependant, la maison qui est toujours habitée et quisouffre de quelques désordres fera seulement l’objet detravaux d’entretien, pour contribuer à améliorer la qualitéde vie et le confort à ces habitants.

Pour cela, des études pluridisciplinaires de l’état de cesstructures permettent d’élaborer un diagnostic qui identifiel’origine de l’affectation de la maison traditionnelle etprécise les urgences relatives d’intervention.

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La réalisation du travail par des équipes pluridisciplinaires est toujours nécessaire

Les murs ont une longue histoire

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Les études pluridisciplinaires

Une bonne conaissance du bâti permet de réussir sonentretien ou sa réhabilitation. Comprendre permet de livrerdes hypothèses sur la nature des désordres et d’enrichir larecherche historique afin de choisir le concept convenabled’entretien ou de réhabilitation et d’offrir non seulement lasolution économique et technique mais aussi conservatricedu patrimoine bâti.

Les études pluridisciplinaires consistent à fournir tousles résultats des études et des différentes analyses quinous permettent de récolter toutes les informations

nécessaires qui constituent le diagnostic. Ellescomprennent l’étude historique et documentaire, l’étudesocio-économique, le relevé architectural, l’inspectiondétaillée du bâtiment, l’analyse constructive etstructurelle, les essais in situ et en laboratoire.

- L’étude historique et documentaireLe processus du diagnostic commence par l’établissement

de l’étude historique du bâtiment concerné. Il s’agit decollecter :

- Les textes et les récits qui décrivent l’architecture de lamaison, sa composition en plan, son usage, le nombred’étages, ses matériaux constitutifs, la description deson environnement, etc....

- Les documents graphiques anciens (plans, coupes,élévations, plan cadastral, etc...), ils sont disponibles à lamunicipalité ou au service foncier. Les photos anciennesde l’intérieur ou de l’extérieur de la maison, qui nouspermettent de vérifier l’état de la maison à cette date.Les dessins (croquis, aquarelle, au crayon, etc...), lesanciennes vues aériennes des villes et des villages oùpourra apparaître la maison sur les photos de la région. Cette recherche pourra aboutir à l’identification de

l’originalité de la maison, sa transformation et sonévolution, facteurs qui composent aujourd’hui sonespace architectural. En effet, la maison dans son profilactuel est le résultat d’un changement continuel deshabitants, de leur espace résidentiel qui présenteaujourd’hui les traces des différentes interventions oùl'état d’origine est parfois présent.

- L’étude socio-économiqueSouvent les habitants des maisons traditionnelles ont

quitté leur demeure au début du XXe siècle pours’installer dans des immeubles de la banlieue où setrouve le luxe et le confort de la vie contemporaine. Sesanciennes maisons sont alors habitées par des personnesn'ayant pas les moyens économiques , ou le niveautechnique suffisant pour l’entretenir. Il est fréquent detrouver des maisons traditionnelles toujours habitées parla même famille, celle-ci ayant fait des travauxd’amélioration au fur et à mesure que ses revenus le luiont permis. Ainsi, la maison traditionnelle subit desdésordres dus au manque d’entretien et aux rajouts deconstructions ou installations contemporainesinadaptées avec l’ensemble original.

- Le relevé graphiqueLe relevé n’est pas uniquement une opération de

mesurage correct d’un bâtiment accompagnée de sareprésentation graphique, mais aussi une opération quidoit représenter toute la problématique du bâti pour mieuxla comprendre et l’analyser. On distingue plusieurs types derelevé : le relevé architectural, le relevé des désordres, lerelevé technique qui décrit les matériaux utilisés et leurstechniques de mise en œuvre, les différentes installationset les abords de l’édifice.

Le relevé architecturalIl consiste à représenter par des dessins l’œuvre

architecturale existante afin de comprendre sacomposition, ses dimensions, ses proportions et son tracégéométrique, son mode de construction, sondéveloppement historique et sa valeur esthétique etfonctionnelle.

C’est une opération scientifique qui exige une séried’enquêtes allant de la lecture du concept original de saconstruction en passant par toutes les interventionsd’entretien ou de réhabilitation jusqu’à l’interprétation deson actuel aspect formel et spatial.

Le dessin de ce relevé doit être capable de transmettreles informations avec le plus de clarté, de précision, de

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Pour l’analyse de l’humidité, il convient d’utiliser différentessortes d’hygromètres

Avant de décider de toute intervention, il s’agit d’identifier l’origine des désordres

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légende, d’explication et de notes possibles. A minima cerelevé doit produire des plans, en coupes, en élévations etsi possible en trois dimensions par des vues en perspectiveou en axonométrie.Le relevé des désordres

Il consiste à présenter les déformations et lesdégradations. Les murs et les planchers sont le support deces désordres, ils portent le schéma qui indique parsimple observation la nature et l’ampleur des fissures.Celles-ci permettant de mieux comprendre les originesdes déformations et les causes de la dégradation. Cerelevé permet d’obtenir un ensemble complet de donnéesprécisant les lésions, les fissures, l’aplomb ou legonflement des murs, les traces d’humidité et des

salissures, etc...., indiquant leur emplacement, leur senset leur dimension. Ces données quantitatives etqualitatives permettent de vérifier l’état de stabilité et dedégradation de la construction à la date de son relevé.Le relevé des matériaux utilisés et les techniques deleur mise en œuvre

Il consiste à relever les matériaux constructifs dubâtiment : leur nature, leurs dimensions, leurs propriétésphysiques et mécaniques, leur état de conservation aprèsson vieillissement et son exposition aux facteurs de

dégradation (climat, pollution, mouvement de structure,etc....).

Ce relevé indique aussi les matériaux utilisés dans lesdifférentes étapes d’intervention. Leurs techniques de miseen œuvre reflètent les compétences du savoir-faire àchaque étape d’entretien ou de réhabilitation et l’influencedes matériaux nouveaux sur la construction originale.L’utilisation du béton a montré après un siècle, le dangerqu’apporte ce matériau à la structure ancienne en pierre.

On observe parfois l’affectation de celle-ci par lesmatériaux d’entretien qui n’ont pas les mêmes propriétésphysiques ou mécaniques.

Le relevé des différentes installationsDepuis la construction de sa maison l’habitant ne cesse

de modifier le programme de cette maison et de l’adapterà ses besoins de confort. Ce relevé consiste à discerner lesconstructions et les installations parasites à la constructionoriginale. L’analyse de ce relevé conduit à présenterl’influence physique et esthétique des rajouts à la maisontraditionnelle.

Le relevé des abords de la maisonIl consiste à relever la situation de la maison par rapport

à son environnement et permet de préciser l’effet de cedernier sur l’état de conservation du bâti. Il présente laproximité éventuelle des industries et de leursconséquences (fumée, pollution de l’air, pluies acides,etc...), de la mer (degré d’humidité, concentration de sels,etc...), et des réseaux routiers, chemin de fer, aéroport(vibrations, pollution, bruit, etc...).

- L’inspection des désordres dans le bâtimentLa plupart des désordres sont inspectés par observation

visuelle. En effet, un œil formé pourra détecter l’origine desdésordres d’après la forme, la nature des déformations etleurs évolutions. Une démarche systématique contribue àfaciliter l’inspection en allant de l’observation générale àcelle la plus détaillée, en utilisant des appareils de mesuretrès précis. Cette démarche commence par l’inspection :- Des façades qui permettent de connaître les

caractéristiques constructives des différentes étapes deconstruction et leurs influences sur la conservation et lastabilité de la structure ancienne.

Le relevé graphique est indispensable à un bon diagnostic

La disparition des revêtements de protection est souvent à l’originedes problèmes structurels

Des témoins installés sur un placage en marbre

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n - Des propriétés des matériaux constitutifs (pierre, terre,bois, mortier de chaux ou de terre, structure en bois,etc...), de leur dimensionnement (mur à doubleparement, simple, épaisseur et hauteur des murs, etc.)et de leur mise en œuvre (pierres posées sur un lit demortier de chaux, maçonnerie de pierre hourdée d’unliant de chaux, pierre en boutisse, mur de terre avecarmature en bois, enduit de chaux ou de terre, etc....).

- De l’état de la couverture et de son système constructif(voûte, plancher en bois, charpente en bois, etc....),ainsi que l’inspection de l’état des canalisationsd’évacuation des eaux pluviales et des eaux usées. Cetteinspection comprendra la vérification de leurs capacitésde leur inclinaison et de leur raccordement au réseaupublic.

- Des nouvelles installations et leur influence sur lesupport ancien (réseau électrique et sanitaire, antenneset paraboles, nouveaux matériaux de constructions).

- Des conditions de confort à l’intérieur de la maison,hygrométrie (humidité relative de l’air, teneur en eau,niveau de la nappe phréatique, etc....) et acoustique(proximité de routes, chemin de fer, usines, etc....).

- L’analyse constructive et structurelleDans l’objectif d’identifier les désordres structurels dans

le bâtiment ancien, une série d’inspections doivent êtreréalisées. La plupart des anomalies sont inspectées parsimple observation visuelle ce qui permet lors de lapremière visite du bâtiment de voir les déformationsportées sur les murs de façades, sur les murs intérieurs,

ainsi que sur la terrasse.Quand on a un doute sur un problème structurel actif,

il faut appliquer des instruments de mesure afin de vérifierles déformations à chaque saison et détecter lesmouvements pour pouvoir en déduire l’origine et suivreleur évolution après réparation des désordres.

L’analyse systématique ou le diagnostic des altérationsnécessite une démarche au cours de laquelle on évalue la

stabilité générale du bâtiment et l’état de conservation deses matériaux constitutifs.

Essais in situ La méthode d’inspection visuelle, pourra être complétée

par un monitoring continu à l’aide de plusieurs instrumentsde mesures non destructifs in situ . Les différentescontraintes qui agissent sur la structure ancienne serontévaluées par calcul des descentes des charges et par ladétermination des efforts dynamiques qui expliquent lalocalisation, le sens et la grandeur des déformations.

Essais en laboratoireEn laboratoire les propriétés physiques et mécaniques

des matériaux de construction pourront être analyséessur des échantillons prélevés par micro-carottages. Cetteméthode permet de définir la résistance à la compressionet à la flexion, la porosité du matériau, la profondeur desaltérations et la mesure de la perméabilité (hygrométrie,

teneur en eau, condensation). D’autres examenspourront être faits au laboratoire pour identifier lessalissures et la nature des altérations.

Les outils d’inspectionDans le cas des mesures simples effectuées par un

architecte avec l’aide d’un maître maçon, les principauxoutils à utiliser seront :1- pour les représentations de l’information :

- Une tablette de dessin, papier calque indéformable, papiermillimétré, crayon, gomme, stylo de plusieurs couleurs,etc....- Fiches d’inspection, support graphique de plans,coupes et élévations pour marquer les différentsdésordres et les minutes prises sur chantier.- Un appareil photographique (numérique de préférence).

2- pour le relevé architectural: - Un fleximètre de 5 m, un décamètre de 50 m enruban de tissu invariable, un mètre télescopique, unmètre laser.- Un niveau à eau, un niveau manuel, un niveau optiqueou laser, un fil à plomb.

3- pour faciliter l’observation: - Une lampe protégée et alimentée par une rallonge defil électrique.- Une loupe.

Un bon équipement de travail est indispensable pour l’expert en chargedu diagnostic

Le langage des fissures permet aux experts de comprendrel’origine des désordres structurels

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- Un escabeau, une échelle, une lancelle ou techniqued’escalade.

4- pour la prise d’échantillons: - Un marteau, un stylet en acier, un scléromètre, ciseau, etc.- Des sachets en plastique pour les échantillons et desétiquettes adhésives pour les référencer.

5- pour la détection des fissures et de l’humidité: - Une jauge pour mesurer et faire le suivi desmouvements des fissures.- Un hygromètre pour mesurer la teneur en eau dans lamaçonnerie.- Un termo-hygromètre pour mesurer la température etl’humidité relative de l’air.- Des réactifs qui déterminent la nature des sels setrouvant cristallisés à la surface des pierres ou del’enduit de chaux lors d’une réaction chimique.

Les matériaux constitutifs de la maison traditionnellepeuvent être soumis à de nombreux essais quicontribuent à préciser la nature des altérations et leurorigine. Dans un bâtiment classé, de grande valeurhistorique, il est plus économique ( à long terme ) ettechniquement plus scientifique de soumettre l’ensemblebâti à un système de mesure, de tests et d’analysescontinuelles et précises qui permettent d’évaluer lesmouvements minimes de la structure à n’importe quelmoment. Mais dans des maisons traditionnelles on doitchercher le procédé le plus simple pour faire le diagnosticnécessaire à l’identification des altérations de ses

matériaux. Dans ce sens l’observation visuelle, le savoir-faire et l’expérience dans le domaine de la construction,peuvent réduire largement les tests et les analysesfastidieuses. Cependant, il est nécessaire, en cas dedoute, de procéder à des essais plus développés.

Le diagnosticL’analyse de toutes les informations récoltées contribue à

élaborer un bon diagnostic qui permet de déterminer toutesles causes des désordres et définir les remèdes appropriés.

Selon la valeur de la dégradation détectée lors desétudes pluridisciplinaires, il sera décidé de la nature del’intervention : réhabilitation ou d’entretien, des délaisd’exécution et des intervenants (propriétaire, architecte,expert, etc.).

Cette fiche à pour objectif de réaliser une estimation et une appréciation rapide surl'état d'entretien d'un édifice. Il s'agit d'identifier les principaux élémentsconstructifs, de les décrire puis de vérifier qu'ils remplissent correctement leurfonction. Les données sont recueillies lors d'une inspection visuelle générale del'édifice. Les fiches jouent le rôle d'un guide de référence, d'un canevas de travail.Le check-list suivant est proposé à titre indicatif :

1 - La StructureVerticale : Evaluer les fondations, les aplombs, les fissures, ou les autres lésions,autant des poteaux / piliers que des murs et parements porteurs. Identifier les typesde matériaux et leurs pathologies apparentes. Horizontale : Evaluer la flexion des poutres et des planchers, la solidité des arcs etdes voûtes, la présence de fissures, de pourrissement, d'insectes, d'effritement dansle bois, la brique ou la céramique.

2 - La CouvertureVérifier si elle remplit convenablement ses fonctions d'imperméabilisation et deprotection, sans égouttement, infiltration ou pont thermique. Vérifier également lasurface extérieure, les décollements ou porosités éventuelles, ainsi que le malfonctionnement éventuel du système d'évacuation des eaux (gouttières et conduitsengorgés, encrôttés, rouillés…)

3 - La FaçadeEvaluer les différents éléments de la façade, tout d'abord pour l'ensemble sur unplan structurel et sécuritaire: il s'agit alors de déterminer les risques de décollement,puis de chutes sur la voie publique. Ensuite, détailler l'état et évaluer la conditiondes éléments séparés : structure, balcons et volumes, corniches et passées detoiture, garde corps et appuis de fenêtres (vérifier les fixations et le degré dedétérioration), revêtements et décors (mauvaise fixation, décollement, porosité,usure, moisissure, pollution…), menuiseries (fixation et état, insectes...).

4 - IntérieursEvaluer le degré de détérioration et les conditions de confort : acoustique, thermiqueet sur le plan de l'humidité (infiltrations, condensation et remontées capillaires).

5 - InstallationsVérifier l'état des éléments de protection des différentes installations : eau, gaz,électricité et évacuation des eaux usées.

Le contrôle du mouvement des fissures est toujours recommandé

Plusieurs outils sont à notre disposition pour améliorer la connaissance du bâti

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L’entretien périodique, la seule garantie pour la maison traditionnelle

Les bâtiments sont soumis à un processus permanent dedégradation physique à cause de leur usage et sous l’actionde l’environnement extérieur. Les bâtiments, malgré leuraspect vraiment solide, et leurs différents composants sonttrès sensibles à l’action des facteurs climatiques (du soleil, dela pluie, du froid ou la chaleur) et de toutes les autres actionsnaturelles. L’action des usagers est aussi l’une des causes dela détérioration progressive des différents éléments.

La nécessité de l’entretien

Les besoins et les activités pour lesquels notrearchitecture traditionnelle est conçue sont en constanteévolution et il est normal que de temps en temps elle soitsoumise à des travaux de réhabilitation et d’entretienafin de répondre et de s’adapter aux exigences dechaque moment découlant des mentalités, deshabitudes, des modes ou des exigences techniques oulégales, que ce soit sur les aspects de production,d’usage ou de confort.

Quand nous parlons d’entretien ou de maintenance,nous parlons de l’action la plus importante pour laconservation et la mise à jour de notre architecturetraditionnelle. Il s’agit de l’ensemble des interventionspériodiques et fréquentes qui assurent au fil du temps laprotection et l’adéquation de la maison aux activitésabritées. Nous devons distinguer deux choses: les travauxd’entretien courant, dont le but est la sauvegarde de lacapacité fonctionnelle minimale, et les travaux demodernisation qui cherchent à adapter la maison auxexigences de l’usage et du confort moderne qui sont enévolution constante.

L’entretien aujourd’hui

Depuis sa construction, la maison traditionnelle atoujours été l’objet des travaux d’entretien effectués par lespropriétaires eux-mêmes ou par leurs représentants, lemaître maçon et les autres artisans de la construction.

Déjà au XVe siècle, le sculpteur et architecte italien IlFilarete dans son « Traité d’architecture » disait :

« Toi tu pourrais me dire: le bâtiment ne devient pasmalade et mort comme l’homme. Et moi je te dis oui : ildevient malade quant il ne mange pas, c’est à dire il n’estpas entretenu, et il se dégrade à fur et mesure de la mêmefaçon que l’homme quant il n’a rien à manger et il tombemort. »

Durant ces dernières années l’importance que lespropriétaires accordent à l’entretien de leurs anciennesmaisons est en perpétuelle évolution. Ceci est dû àplusieurs raisons :- La prise de conscience des propriétaires sur la nécessité

d’entretenir quotidiennement leurs maisons au lieu

d’être obligés de procéder à de lourds travaux au boutde quelques années.

- Maintenir le bon fonctionnement des différentesinstallations afin d’assurer la sécurité et l’hygiène deshabitants.

- L’attachement du propriétaire à sa maison et à sa valeurpatrimoniale et sa responsabilité de la protéger contreles facteurs climatiques qui endommagent les élémentsde sa structure.

- Le manque des moyens financiers pour construire unenouvelle maison et l’augmentation du coût desconstructions neuves.

Le rôle du propriétaire

Le propriétaire est la première personne qui est censéedétecter les anomalies dans sa construction. Vu ses faiblesmoyens pour des travaux importants d’entretien, il peutéventuellement participer à l’élaboration d’un bondiagnostic qui précise le type d’intervention et la qualité dela main d’œuvre qui doit réaliser les travaux.

Des travaux de maintenance courants pourront êtreréalisés par le propriétaire lui-même comme les travaux denettoyage, de petite réparation de menuiserie ou deferronnerie, de réfection de l’enduit et le damage desterrasses en terre, les badigeon de chaux ou de terre, leremplacement de quelques pierres altérées, etc...

Dans des travaux plus importants, le propriétaire doitfaire intervenir un expert pour résoudre un problèmespécifique ou pour une évaluation globale de l’état deconservation des structures.

Par contre, la gestion des maisons traditionnelles exigedes connaissances et des méthodes d’entretien spécifiques.En effet, il ne s’agit pas uniquement des travaux deréparation ponctuelle mais d’opération complète degestion tout en profitant au maximum de leur fonction eten préservant toujours leur valeur historique et culturelle.

Le guide de maintenance

Pour un diagnostic efficace, il est nécessaire deregrouper toutes les informations qui contribuent à mieuxconnaître le bâtiment afin de créer un cahier technique etune banque de données qui permettront de définir un

Les travaux ordinaires d’entretien sont toujours nécessaires

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lle programme de maintenance. Ce programme, ou guide demaintenance, permettra à la fois de constater les risques etles défauts de la construction et de planifier les travauxd’entretien préventif ou correctif. Ce programme sera unguide de maintenance régulier à consulter avant touteintervention sur le bâtiment.

L’objectif de ce guide est de :- Assurer la maintenance d’un bâtiment afin de prévenir

sa dégradation.- Faciliter l’opération d’un futur diagnostic.- Mieux connaître les matériaux constructifs et leur durée

de vie, le système structurel et les techniques anciennesde mise en œuvre.

- Faciliter le suivi d’une ou des opérations quotidiennesde maintenance.Le guide de maintenance sera l’outil de travail et le

document qui porte toutes les informations techniques ethistoriques de l’usage, des dégradations détectées à partird’une observation visuelle des désordres et des interventionsde maintenance effectuées sur le bâtiment et l’identificationde l’intervenant (propriétaire, expert, ouvrier, etc...).

Ce dossier permet de vérifier l’état des structures,d’organiser un calendrier des travaux de maintenancepériodique et de planifier les travaux de conservationpréventive.

L’entretien préventif

Connaissant la nature et la durée de vie des matériauxconstituant la construction, on peut réaliser desinterventions régulières de maintenance permettant deréduire les dégradations et de maintenir autant quepossible le patrimoine bâti en bon état.

Les visites périodiques d’inspection permettent ladétection des désordres pathologiques ou structuraux dansla construction avant qu’ils ne s’aggravent. Ainsi, lamaintenance préventive limite les dégâts et les grandesdépenses des interventions lourdes de réhabilitation oud’entretien.

Après les travaux de réhabilitation, un programmed’entretien sera établi indiquant un calendrier pour cesinspections périodiques, le nettoyage des matériauxconstructifs et le contrôle des structures. En conservationpréventive, ce plan note pour les usagers desrenseignements pour bien connaître leur maison et seséléments constitutifs et de prendre précautions dans dessituations particulières, aux structures fragiles quipourront être endommagées lors d’une mauvaiseutilisation.

Une vision d’ensemble est toutefois indispensablepour réaliser des travaux cohérents et conformes auxobjectifs fixés. Il n’est pas facile de déterminer à priori quidoit exécuter telle ou telle opération d’entretien, il estnécessaire de sélectionner la main d’œuvre la plusqualifiée dans les arts de bâtir traditionnels pour entamercertains travaux de maintenance qui demandent uneexpertise spécialisée. L’objectif de ce programme estd’intervenir dans un édifice ancien tout en respectant savaleur historique et architecturale. Un bon entretien doitmaintenir en bon état le bâtiment tout en conservant savaleur architecturale et patrimoniale.

Les différents niveaux d’entretien

- Le bon usageLe bon usage constitue le premier moyen de réduire

l’entretien prévu et de prolonger la durée de vie de laconstruction. Il s’agit uniquement de bien la connaître etde l’utiliser intelligemment.

Des conseils simples pourront nous aider dans ce sens :Ne pas claquer les portes, bien ventiler tous les matins,fermer les fenêtres avant l’orage, utiliser des produitsconvenables de nettoyage, etc....

- La maintenanceLes différents éléments constitutifs d’une maison

vieillissent différemment et chacun d’eux à descaractéristiques et des cycles de vie qui lui sont propres :l’acier peut rouiller ou le bois peut pourrir. Cependant,leurs protections doivent être entretenues, réparés etrenouvelés à certaines échéances.

La maintenance de certains équipements doit être confiéeà des professionnels, tel est le cas des chaudières, duramonage des cheminées, du nettoyage des couvertures, etc...

- La réparationQuelle que soit la qualité de l’usage et celle de la

maintenance, une panne est toujours possible. Ledépannage peut être simple, comme le remplacement d’unfusible ou nécessiter l’intervention d’un spécialiste.

La réparation consiste à remettre l’ouvrage en état : soitd’un équipement, soit de la corrosion d’un métal, soit detuile cassée ou de siphon bouché.

- La rénovationEn dépit d’une maintenance consciencieuse et malgré

des réparations effectuées en temps utile, il arrive unmoment où l’usure et le temps exigent la rénovation. Il fautalors procéder au remplacement de certains éléments oude certains ouvrages.

Souvent les protections d’urgence ne sont qu’une solution temporaire

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Provence.Présentation des quelques types architecturaux de l’Orientarabe.

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Commission Européenne MEDA - EUROMED HERITAGE

Direction Générale des Antiquités

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