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Montréal Mars 2013 © 2013 Joanne Castonguay. Tous droits réservés. All rights reserved. Reproduction partielle permise avec citation du document source, incluant la notice ©. Short sections may be quoted without explicit permission, if full credit, including © notice, is given to the source Rapport de projet Project report 2013RP-06 Analyse comparative des mécanismes de financement des hôpitaux Joanne Castonguay

Analyse comparative des mécanismes de financement des hôpitaux

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  • Montral

    Mars 2013

    2013 Joanne Castonguay. Tous droits rservs. All rights reserved. Reproduction partielle permise avec citation

    du document source, incluant la notice .

    Short sections may be quoted without explicit permission, if full credit, including notice, is given to the source

    Rapport de projet

    Project report

    2013RP-06

    Analyse comparative des mcanismes de

    financement des hpitaux

    Joanne Castonguay

  • CIRANO

    Le CIRANO est un organisme sans but lucratif constitu en vertu de la Loi des compagnies du Qubec. Le

    financement de son infrastructure et de ses activits de recherche provient des cotisations de ses organisations-

    membres, dune subvention dinfrastructure du Ministre du Dveloppement conomique et rgional et de la Recherche, de

    mme que des subventions et mandats obtenus par ses quipes de recherche.

    CIRANO is a private non-profit organization incorporated under the Qubec Companies Act. Its infrastructure and

    research activities are funded through fees paid by member organizations, an infrastructure grant from the Ministre

    du Dveloppement conomique et rgional et de la Recherche, and grants and research mandates obtained by its

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    Les partenaires du CIRANO

    Partenaire majeur

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    Partenaires corporatifs

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    Banque du Canada

    Banque Laurentienne du Canada

    Banque Nationale du Canada

    Banque Scotia

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    BMO Groupe financier

    Caisse de dpt et placement du Qubec

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    Financire Sun Life, Qubec

    Gaz Mtro

    Hydro-Qubec

    Industrie Canada

    Investissements PSP

    Ministre des Finances du Qubec

    Power Corporation du Canada

    Rio Tinto Alcan

    State Street Global Advisors

    Transat A.T.

    Ville de Montral

    Partenaires universitaires

    cole Polytechnique de Montral

    HEC Montral

    McGill University

    Universit Concordia

    Universit de Montral

    Universit de Sherbrooke

    Universit du Qubec

    Universit du Qubec Montral

    Universit Laval

    Le CIRANO collabore avec de nombreux centres et chaires de recherche universitaires dont on peut consulter la liste sur son site

    web.

    ISSN 1499-8610 (Version imprime) / ISSN 1499-8629 (Version en ligne)

    Partenaire Financier

    http://www.mesrst.gouv.qc.ca/

  • 3

    Analyse comparative des mcanismes de

    financement des hpitaux

    Joanne Castonguay1

    Sommaire excutif

    Nous allouons toujours plus de deniers publics dans lespoir daccrotre la disponibilit

    de services la population et cest le contraire qui semble se produire. Lattente pour les

    services mdicaux et pour les chirurgies lectives demeure leve. Dautres juridictions

    ont amlior leurs rsultats cet gard. Cette analyse compare les rformes de sant

    de 6 juridictions afin de dterminer sil existe des mcanismes de gouvernance, en

    particulier de rmunration des hpitaux, qui incitent une plus grande productivit; elle

    fait ressortir les diffrences avec le systme qubcois et propose des changements y

    apporter pour lamliorer.

    Lanalyse comparative de donnes macroconomiques de sant rvle que les

    dpenses publiques de sant par habitant du Canada sont plus leves que celles des

    autres pays analyss. Celles du Qubec sont lgrement infrieures aux dpenses

    canadiennes et danoises, mais plus leves que celles de la Grande-Bretagne et de la

    Finlande. Nous avons moins de mdecins par 1000 habitants que dans les autres pays,

    mais plus de visites sont effectues par mdecin. Par ailleurs, lactivit par 1000

    habitants dans les hpitaux est moins leve.

    Alors existe-t-il un moyen daccrotre la productivit de nos institutions de sant?

    Les mcanismes de financement sont un des moyens qui peut conduire les

    tablissements adopter des comportements en lien avec les objectifs du systme de

    sant. Cependant, chaque mcanisme de paiement pris indpendamment ne permet

    pas datteindre tous les objectifs dun systme de sant. En plus, lenvironnement dans

    lequel il est implant va influencer son efficacit atteindre les objectifs.

    En effet, aucun mcanisme de financement des hpitaux ne satisfait seul lensemble

    des objectifs du systme de sant. On observe que les rformes des mcanismes de

    financement sont gnralement un processus volutif qui avait pour point de dpart la

    volont des gestionnaires des systmes damliorer leurs connaissances des activits

    des hpitaux et du poids de ces dernires dans lutilisation des ressources. Le plus

    souvent, on observe une volution du mode de financement par budget historique vers

    un budget allou selon une estimation des activits. ventuellement, une portion o tout

    le budget est allou rtrospectivement par cas.

    1 CIRANO, [email protected]

    mailto:[email protected]

  • 4

    Les analyses empiriques rvlent que le financement par cas est efficace pour accrotre

    le niveau dactivits et la productivit des hpitaux, mais quil fait augmenter les cots

    totaux du systme. En effet, plus dactivits signifient des cots totaux plus levs si le

    niveau total des activits augmente et que le tarif pay est gal ou suprieur au cot

    moyen des activits. Mais la volont daugmenter lactivit est prcisment la raison

    pour laquelle une juridiction implante un tel systme. Si le budget total ne doit pas

    augmenter, il faut prvoir un mcanisme qui vise lempcher.

    Dans les juridictions analyses, le financement lactivit a t implant en mme

    temps que les budgets de la sant ont t augments. Il est donc difficile de dire si

    lactivit a augment cause de lincitation lie au mcanisme de financement o parce

    que les budgets ont augment. Par ailleurs, les principaux dsavantages associs au

    financement lactivit, dont le risque dobserver une baisse des dures de sjour et de

    la qualit des services, la slection des patients ou une propension manipuler le

    codage des activits effectues, nont pas t observs.

    En Grande-Bretagne, laugmentation de lactivit a t lie linstauration de

    mcanismes de concurrence par une plus grande transparence des rsultats des

    hpitaux et par la possibilit des patients de choisir leur hpital.

    Au-del des mcanismes de financement, dautres caractristiques institutionnelles ont

    t observes comme tant fondamentales un systme efficace. Par exemple, la

    dcentralisation de la responsabilit dorganiser les services, la sparation des fonctions

    dachat et de prestation de services de sant, le financement tout au long du cycle de

    soins et surtout la transparence des donnes sur les cots par cas et sur les rsultats

    des services sont des caractristiques institutionnelles observes dans les autres

    juridictions. Ces mmes caractristiques sont pour la plupart loppos des tendances

    observes au Qubec.

    En somme, lanalyse des stratgies adoptes lextrieur du Canada et du Qubec ne

    fait que confirmer que le Qubec a t timide bien des gards dans ses rformes de

    sant et que le temps est venu dy remdier. Modifier les mcanismes de rmunration

    des hpitaux ne suffira pas amliorer lefficience de notre systme de sant. Cette

    stratgie pourrait mme gnrer des effets opposs ceux escompts.

    Toutefois, il serait possible dobtenir des gains importants defficience et damliorer la

    rponse aux besoins de la population en sant, simplement en adoptant des stratgies

    qui pour plusieurs sont fondamentales lefficience de toute organisation. On pourrait

    observer rapidement une augmentation de la productivit de nos organisations de sant

    si le ministre de la Sant acceptait de modifier sa faon dintervenir, de faire davantage

    confiance dans notre rseau qui recle de comptences et de se concentrer sur le

    soutien au rseau.

    Ce soutien pourrait se dcliner en 5 stratgies qui rsument nos recommandations,

    dont :

    Publier des donnes comparatives sur les cots par cas et sur les rsultats des hpitaux;

  • 5

    Dcentraliser la responsabilit dorganiser les services de sant;

    Mandater une organisation indpendante pour assurer le contrle de la qualit des organisations et de leur viabilit financire;

    Lier le financement des prestataires de services lamlioration de la valeur tout au long du cycle de soins;

    Reconnatre que les politiques publiques efficaces sont dynamiques et voluent continuellement en fonction des rsultats.

  • 6

    REMERCIEMENTS

    Je remercie Wendy Thomson de lUniversit McGill et Fellow au CIRANO pour sa

    contribution au dveloppement du cadre danalyse et la ralisation des entrevues et de

    lannexe 6 sur lvolution du financement de la sant en Grande-Bretagne.

    Je remercie Henri Thibaudin, professionnel de recherche indpendant, pour sa

    contribution importante la collecte dinformation, la revue documentaire et la

    rdaction des annexes 3 et 7.

    Je remercie Marine de Montaignac pour avoir effectu la revue du systme qubcois.

    Je remercie Marcel Boyer, professeur mrite de lUniversit de Montral et Fellow au

    CIRANO pour ses commentaires.

    Enfin, nous remercions toutes les personnes dont le nom figure lannexe 2 qui ont

    accept de nous accorder une entrevue.

  • 7

    Table des matires

    Sommaire excutif ............................................................................................................ 3

    Remerciements ............................................................................................................. 6

    1. Introduction ............................................................................................................ 9

    2. Contexte conomique ......................................................................................... 15

    3. Revue Documentaire............................................................................................ 20

    3.1 Les systmes de classification et de tarification ................................................... 20

    3.2 Les modes de financement des hopitaux prospectifs ........................................... 23

    3.2.1 Le financement par budget ........................................................................................... 23

    3.2.2 Le financement par capitation ...................................................................................... 26

    3.3 Les modes de financement des hpitaux rtrospectifs ......................................... 27

    3.3.1 Le financement lactivit ............................................................................................ 27

    Les avantages du financement bas sur lactivit ................................................................. 28

    Les inconvnients du financement bas sur lactivit ........................................................... 29

    3.3.2 Le financement incitatif (bas sur la performance ou les rsultats) ............................. 30

    3.4 Le financement des hpitaux, un processus volutif ............................................ 33

    Lvolution et la mixit des mcanismes de financement ..................................................... 33

    3.5 Caractristiques institutionnelles qui influencent Lefficacit des modes de

    paiement .................................................................................................................... 34

    3.5.1 La sparation des roles dapprovisionnement de services et de celui de fournisseurs

    de services ............................................................................................................................. 34

    3.5.2 Lindpendance de gestion ........................................................................................... 35

    3.5.3 Lindpendance et la remunration des medecins ....................................................... 35

    3.5.4 La qualit de linformation............................................................................................. 36

    3.6 Sommaire des evaluations des politiques de Financement lactivit dans les

    hpitaux ..................................................................................................................... 36

    3.7 Sommaire des principaux constats issus de la revue documentaire ..................... 41

    4. Analyse comparative .............................................................................................. 42

    4.1 Les rformes analyses, leurs objectifs et stratgies ........................................... 42

    4.2 Contexte institutionnel et reglementaire ............................................................... 45

    Centralisation versus dcentralisation ................................................................................... 46

    La sparation des fonctions dachat et de provision de services de sant ........................... 48

    Les systmes de donnes et la transparence ....................................................................... 49

    Les mcanismes de contrle ................................................................................................. 51

    4.3 Mcanismes transactionnels ................................................................................ 58

    La nature des liens entre les parties...................................................................................... 58

  • 8

    Les mcanismes de rmunration des mdecins ................................................................. 59

    Les mcanismes de financement des hpitaux .................................................................... 61

    Complmentarit entre les mcanismes transactionnels ...................................................... 62

    4.4 Les ractions des parties prenantes et la mitigation des risques .......................... 64

    4.5 Sommaire de lAnalyse comparative .................................................................... 68

    5. Recommandations .................................................................................................. 70

    Bibliographie ............................................................................................................... 73

    Annexe 1 : Mcanismes institutionnels du systme, prsents et ajouts, selon les

    objectifs poursuivis .................................................................................................... 76

    Annexe 2 : Personnes interviewes ........................................................................... 78

    Annexe 3 : Le systme de sant de la colombie-Britannique .................................. 80

    Annexe 4 : Mcanismes de financement des hpitaux Danois ................................ 91

    Annexe 5 : volution du financement des hpitaux en Finlande .......................... 107

    Annexe 6 : Lvolution du financement des hpitaux en Grande-Bretagne ......... 118

    Annexe 7 : volution du financement des hpitaux en Ontario ............................ 139

    Annexe 8 : Le systme de sant au Qubec ........................................................... 154

  • 9

    1. INTRODUCTION

    Par Joanne Castonguay (CIRANO)

    LEMENTS DE CONTEXTE:

    Les systmes de sant universels du monde entier font face une problmatique de

    financement. La situation nest pas diffrente au Qubec.

    Les cots de sant augmentent plus rapidement que le Produit Intrieur Brut (PIB) des

    pays et donc de leur capacit de payer pour ces rgimes. La pression sur les cots de

    sant est explique par lvolution des technologies de sant, la richesse et le

    vieillissement de la population. Ce dernier facteur exerce de plus en plus de pressions

    puisque le vieillissement de la population implique une proportion plus grande de la

    population qui vit avec une maladie chronique et qui consomme des soins de sant. Par

    ailleurs, la proportion de personnes qui travaillent et donc qui paient des impts diminue,

    ce qui accroit les pressions sur la capacit des finances publiques financer le rgime

    public de sant. La viabilit du financement de la sant est menace.

    Cette problmatique nest pas nouvelle. Les conomistes sont nombreux avoir sonn

    lalarme sur cette question depuis au moins les deux dernires dcennies. Plusieurs

    commissions publiques sur le financement de la sant, qubcoises et canadiennes, ont

    dailleurs t appeles faire des recommandations. Ces dernires portaient sur les

    sources de financement, la rorganisation des services, le contrle de loffre et la

    prvention. Plusieurs ont t implantes dont la cration des CSSS et des GMFs,

    certainement les deux transformations les plus importantes avoir vue le jour au

    Qubec depuis linstauration du systme. Malgr ces dcisions, la croissance des

    dpenses publiques alloues la sant a augment en moyenne de 4,1 % depuis

    20052, soit 1,9 point de pourcentage de plus que le taux de croissance des dpenses

    des autres programmes gouvernementaux.

    Taux de croissance annuel moyen des dpenses publiques

    ($ constants)

    Sant et services

    sociaux

    Autres

    programmes

    Part des dpenses de sant

    et services sociaux dans les

    dpenses de programmes*

    1990-2005 2,0 0,1 43,0

    2005-2010 4,1 2,3 44,9

    * : dernire anne de la priode

    Sources : Finances Qubec 2011, CANSIM 326-0021, ICIS, Calculs de lauteur

    2 Il sagit de la croissance annuelle des dpenses relles. Ainsi, le taux de croissance est ajust pour

    exclure linflation. Il sagit donc de laugmentation annuelle des ressources financires relles.

  • 10

    Malgr ces efforts au niveau des dpenses de sant, lattente pour les services

    mdicaux et pour les chirurgies lectives demeure leve. Un rapport de lAlliance sur

    les temps dattente (ATA) publi en 2012 signale que la situation sur les temps dattente

    se dgrade depuis lanne dernire. Alors que les efforts se sont souvent concentrs sur

    la rduction du temps dattente avant lobtention dun rendez-vous chez un spcialiste,

    les donnes indiquent que les Canadiens attendent maintenant plus longtemps avant de

    pouvoir voir un mdecin de famille et subir certains examens3. Par ailleurs, bien que les

    dpenses publiques de sant par habitant aient augment en moyenne de 3,3% depuis

    1997, lactivit mesure en nombre de visites mdicales par habitant, taux

    dhospitalisations par 1000 habitants et nombre de chirurgies par 1000 habitants, est en

    constante diminution.

    Temps dattente mdian attendu de la rfrence

    dun mdecin gnraliste jusquau traitement,

    Canada et provinces, 1997-2010

    volution des services de

    sant par habitant au Qubec

    Source: Fraser Institute, Waiting Your Turn: Hospital

    Waiting Lists in Canada Fraser Institute, Waiting Your

    Turn: Hospital Waiting Lists in Canada.

    Sources : ICIS 2011

    3 ATA 2012.

    10

    12

    14

    16

    18

    20

    22

    1997

    1998

    1999

    2000

    -200

    1

    2001

    -200

    2

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    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    2009

    2010

    Sem

    ain

    es

    ON QC CAN

    60

    80

    100

    120

    1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

    Visites mdecin par habitant

    Chirurgies mineures par 100 000 habitants

    Hospitalisations par habitant

  • 11

    La problmatique des temps dattente a incit notre gouvernement mettre beaucoup

    demphase sur laccroissement du nombre dactivits. Des objectifs prcis sur le niveau

    dactivits atteindre sont donns aux tablissements chaque priode dans le cadre

    des exercices stratgiques. Leur atteinte est mesure et les rsultats sont divulgus. En

    plus, depuis 2003, le ministre de la Sant finance une partie des chirurgies lactivit.

    Ces initiatives ont pour rsultat dorienter leffort sur la multiplication dactivits sans

    gard pour les rsultats pour le patient. Pourtant ce qui importe ce nest pas le nombre

    dactivits indpendantes effectues, mais bien les rsultats des services de sant

    donns.

    La volont de notre gouvernement de rpondre la problmatique de croissance des

    cots de sant a certainement contribu favoriser le financement de nos hpitaux par

    budget.

    Actuellement, notre systme de sant est centr sur le contrle des budgets et le

    maintien de lquilibre budgtaire est prioritaire au Qubec depuis de nombreuses

    annes. Les hpitaux sont financs par budget, c'est--dire le moyen le plus efficace

    pour contrler les cots de sant 4 . Le problme est que ces objectifs sont sans

    considration pour les besoins de la population en termes de services de sant. En plus,

    rduire les cots revient le plus souvent rduire la dure des hospitalisations ou

    remettre plus tard des interventions qui prviendraient les complications. Plusieurs

    tudes semblent, dailleurs, lier lemphase sur la rduction des cots et les cots plus

    levs long terme, soit cause de son impact sur la multiplication des erreurs

    mdicales soit cause de son impact sur les radmissions.

    En rsum :

    - La croissance des dpenses publiques alloues la sant augmente plus

    rapidement que celle des dpenses des autres programmes gouvernementaux.

    - Mme si nous allouons toujours davantage de deniers publics dans lespoir

    daccrotre la disponibilit de services la population, les temps dattente

    demeurent levs et les niveaux dactivits rapports par habitant dclinent.

    - Les politiques de sant adoptes au Qubec pour accrotre le niveau dactivits

    sont sans gard pour les rsultats de sant des patients.

    - Les efforts de contrle de budgets semblent gnrer des effets pervers et

    accrotre les besoins de services de sant et donc exercer davantage de

    pressions sur les cots de sant.

    En somme, malgr que nous ayons accru considrablement nos budgets de sant et les

    incitations accrotre lactivit, les problmes daccs aux services perdurent.

    4 Voire section sur les avantages et dsavantages du financement par budget de la revue documentaire du

    chapitre 3.

  • 12

    OBJECTIF DE LETUDE

    Pour rpondre la problmatique daccs, plusieurs juridictions ont opt pour un mixte

    de mcanismes de financement des hpitaux incluant le financement lactivit. Notre

    tude examine les mcanismes de financement des hpitaux de 6 juridictions,

    notamment ceux fonds sur les activits. Lobjectif de ltude est de dterminer lesquels

    seraient applicables au Qubec.

    PREMISSES

    Il nexiste pas de solution universelle pour amliorer lefficacit dun systme en

    sant pour tous les pays puisque chaque systme sinsert dans un environnement

    diffrent de celui des autres, et ce plusieurs niveaux comme :

    o la culture et les valeurs de la population

    o ltat de sant de la population

    o lhistorique du systme de sant;

    o les ressources disponibles, la richesse et ltat des connaissances;

    o lorganisation, les mcanismes de gouverne et la rglementation en place.

    Tous les systmes de sant universels ont pour objectifs damliorer la valeur au

    patient, celle-ci tant dfinie comme les rsultats de sant compte tenu des units

    de cots dpenses. Un systme bas sur la valeur oriente ses interventions sur la

    sant plutt que sur les services de sant (Teperi et al. 2009)5.

    Le concept de soins intgrs a t initialement propos par Stephen Shortell et al.

    en 1993 qui dcrivait le systme idal comme tant un rseau dorganisations qui

    offre et coordonne un continuum de services une population dfinie et qui accepte

    de prendre la responsabilit clinique et financire des rsultats et de la sant de

    cette population . Depuis, lintgration des services de sant (primaire, secondaire,

    radaptation et tertiaire) a t graduellement reconnue comme tant la solution

    plusieurs des problmes des systmes de sant (Leatt et al. 2000). Une des

    caractristiques dun systme de soins coordonns est lutilisation dincitatifs pour

    aligner la gouvernance, les gestionnaires, les mdecins et autres fournisseurs autour

    dobjectifs communs.

    Les systmes de sant sont dynamiques et complexes. Toute transformation des

    mcanismes de financement dclenche des comportements prvisibles, mais aussi

    dautres inattendus et potentiellement non souhaitables, qui engendrent dautres

    comportements. Ainsi, le dveloppement de solution la pice ou fragmentaire ne

    fonctionne pas ( Piece meal approach ). Lanalyse doit clairer sur la faon dont

    ont t anticips les effets dynamiques et systmiques des interventions.

    5 Traduction libre.

  • 13

    En acceptant ces prmisses, nous tions tenus dexaminer non seulement les

    mcanismes de financement des hpitaux, mais aussi comment les diffrentes

    juridictions ont intgr ces dimensions dans leurs mcanismes institutionnels. En

    dautres mots, nous avons tent de comprendre comment :

    Le mcanisme de financement des hpitaux tient compte de limportance dun

    systme qui offre un continuum de soins dont les divisions entre les services sont

    invisibles pour le patient.

    Larchitecture du systme de sant tient compte des intrts et objectifs des parties

    prenantes (professionnels, patients, gouvernements, hpitaux) et si les

    mcanismes incitatifs contribuent aligner leurs intrts.

    Le systme et les organisations tiennent compte des ractions des parties prenantes

    et les enjeux crs par les politiques de sant.

    METHODOLOGIE

    Nous avons adopt un modle danalyse qualitative bas sur des informations primaires

    et secondaires. La recherche documentaire a port sur le financement des hpitaux, la

    rmunration des mdecins, les rformes de systmes de sant, soit des pays analyss

    soit gnriques, les politiques de sant, la gouvernance et institutions des systmes de

    sant et lamlioration de la valeur. La littrature sur ces questions est trs volumineuse.

    Nous avons donc limit nos choix aux documents les plus rcents ou qui ont le plus

    influenc les auteurs. Nous avons t galement confronts devoir dcider comment

    grer la multitude de publications diffuses au cours de nos travaux. ce sujet, nous

    avons cess de considrer les nouvelles publications au dbut 2012, car la valeur

    ajoute de les considrer devenait de plus en plus marginale.

    Pour la collecte des informations primaires, nous avons ralis 37 entrevues au total6,

    effectues en personne auprs de gestionnaires des ministres, rgions, hpitaux,

    associations et de chercheurs des juridictions. Lobjectif des entrevues tait de bien

    saisir lvolution des politiques, comment limplantation a t effectue et les ractions

    des parties prenantes gres.

    CADRE DANALYSE

    Notre cadre danalyse a t inspir du cadre adopt par le NHS lors de la rforme du

    systme de sant britannique en 2007. Il a t utilis afin dappuyer lanalyse de

    lvolution des mcanismes de financement des hpitaux de 6 juridictions : la Grande-

    Bretagne, le Danemark, la Finlande, la Colombie-Britannique, lOntario et le Qubec.

    La figure 1.1 est une reprsentation figurative des considrations suivantes. Chaque

    partie prenante engage une relation avec le systme de sant compte tenu de ses

    6 10 en Grande-Bretagne, 2 en Finlande, 6 au Danemark, 4 en Ontario, 4 en Colombie-Britannique et 10 au

    Qubec.

  • 14

    objectifs, son rle et sa relation avec le systme. Thoriquement, la population demande

    des services de sant, les tablissements et les prestataires sont offreurs de sant et le

    gouvernement est cens prserver les intrts de la population. Ce dernier a pour rle

    de dvelopper un systme qui optimise latteinte des objectifs sanitaires compte tenu de

    ses ressources financires. Le rle du gouvernement est donc de dvelopper un

    systme qui maximise la valeur au patient. Pour y arriver, il met en place une structure

    de gouvernance, un cadre rglementaire et des institutions pour faciliter les transactions

    entre les parties et obtenir le maximum de rsultats.

    Le cadre danalyse illustre linteraction entre les acteurs et les mcanismes qui

    influencent lefficacit avec lesquels les systmes atteignent leurs objectifs. Le cadre

    danalyse inclut les diffrentes composantes des systmes de gouverne dont le cadre

    rglementaire et les institutions, les perspectives des parties prenantes et limpact de

    cette dynamique sur la capacit des systmes atteindre leurs objectifs. Les objectifs

    sanitaires sont lamlioration de la sant et de laccs des services de sant

    scuritaires et de qualit compte tenu de nos ressources. Lenjeu est donc de maximiser

    la valeur des services obtenus (rsultats de sant compte tenu des ressources).

    Figure 1.1 : Cadre danalyse

    Source : Figure adapte du cadre dorganisation propos par le NHS en 2007, (The organising framework

    for the health reforms) Department of Health, Departmental report 2007.

    CHOIX DES JURIDICTIONS

    Les juridictions ont t choisies en fonction des critres suivants :

    Les rgimes publics sont universels et financs principalement par les impts;

    Les objectifs de sant sont les mmes (services de qualit et scuritaire

    accessibles pour tous);

    Transactions

    Sources de financement et gestionnaire du financement

    Mcanismes de financement

    Incitatifs implicites

    Demande

    Objectifs de la population et des patients

    Mcanismes pour exprimer leurs choix, libert

    OffreObjectifs des prestataires

    de soins

    Mcanismes pour exprimer leurs choix, libert

    Objectifs

    Meilleure sant, meilleur accs aux services, meilleure qualit, meilleure scurit

    Cadre rglementaire etinstitutions

    Lois, rglements,organisation, rles et

    responsabilits

  • 15

    100 % des frais hospitaliers, incluant les services mdicaux, sont pays par les

    rgimes publics;

    100 % des frais de sant jugs ncessaires sont pays par les rgimes publics;

    Avant les rformes du financement des hpitaux, ces derniers taient tous

    financs par budget;

    Linformation est transparente et nous avions la possibilit de rencontrer des

    interlocuteurs reprsentatifs de toutes les parties prenantes.

    Toutes les juridictions choisies satisfont ces critres lexception de la Finlande puisque

    les frais de sant jugs ncessaires ne sont pas tous dfrays par le rgime public. En

    effet, les Finlandais doivent dbourser des frais dusagers de 7 % pour accder au

    rgime public. La Finlande demeurait toutefois un exemple intressant analyser

    cause de sa structure institutionnelle particulire.

    Ce rapport prsente le rsultat de notre analyse et nos recommandations en quatre

    parties. La premire prsente une brve analyse comparative des donnes

    macroconomiques en sant des juridictions choisies. La deuxime fait le sommaire de

    notre revue documentaire sur les mcanismes de financement des hpitaux 7 . La

    troisime prsente lanalyse comparative des politiques de financement des hpitaux de

    nos 6 juridictions et la dernire nos recommandations. En plus, une description dtaille

    des structures de gouverne et de lvolution des mcanismes de financement des

    hpitaux de chacune des 6 juridictions est prsente en annexe.

    2. CONTEXTE CONOMIQUE

    Par Joanne Castonguay (CIRANO)

    Les services publics de sant quune population reoit dpendent non seulement du

    niveau de ses dpenses, mais aussi de la valeur comparative de sa monnaie, du prix et

    quantit des ressources matrielles et humaines, des institutions et de lorganisation des

    services. Ainsi, nous nobtenons pas tous une quantit et une qualit gales de services

    de sant par dollar public dpens. Il est toutefois intressant de comparer la production

    de services des diffrents systmes compte tenu des ressources quils y allouent.

    Lanalyse suivante ne cherche pas expliquer les diffrences ce niveau entre les

    pays, mais simplement faire le constat de ces dernires.

    La figure 2.1 compare les niveaux de dpenses totales (publiques et prives) de sant

    par habitant exprimes en $ US ajusts pour tenir compte de leffet des niveaux de prix

    des pays compte tenu de leur niveau de PIB par habitant en $ US PPP8. On y observe

    que lAlberta a un niveau de PIB et de dpenses bien suprieurs aux autres juridictions.

    7 Le lecteur qui a dj une bonne connaissance des mcanismes de financement des hpitaux pourra

    passer directement la lecture au chapitre 3 prsentant les rsultats de lanalyse comparative sans

    difficult. 8 Indice PPP, indice de parit du pouvoir dachat qui permet dajuster les donnes pour tenir compte des

    diffrences de prix entre les pays.

  • 16

    Ceci est d son industrie ptrolire. On y observe aussi que le Qubec a le niveau de

    PIB par habitant le plus faible des juridictions compares, mais que son niveau de

    dpenses en sant se situe en milieu de peloton. En effet, malgr un niveau de PIB

    infrieur ceux de la France, de la Finlande et de la Grande-Bretagne, nous allouons

    une plus grande part de ce dernier la sant.

    Figure 2.1 : Dpenses totales de sant par habitant et

    PIB par habitant en 2009, $ US PPP

    Source : ICIS, BDDNS.

    La figure 2.2 rvle que le Canada est parmi les pays de lOCDE o les dpenses

    publiques en pourcentage du PIB sont les moins leves. Le Canada est effectivement

    le 8e pays de lOCDE o les services publics contribuent le moins au PIB9. Il est toutefois

    en 6e position en termes de la part des dpenses publiques alloues la sant. Le

    Canada priorise ou valorise plus la sant comparativement la majorit des pays de

    lOCDE dont on tient compte dans ce tableau. En outre, en combinant les figures 2.1 et

    2.2, on observe que le PIB en Grande-Bretagne est quivalent celui de la Finlande,

    mais moins dpendant des services publics et quelle alloue une part plus importante de

    son PIB la sant que cette dernire. Le niveau de vie (mesur en termes de PIB) du

    Danemark est quivalent celui du Canada, mais les services publics occupent une

    place plus importante de lactivit conomique. Par ailleurs, les Danois octroient une

    part moins importante de leur PIB la sant que les Canadiens. Toutefois, si le Canada

    valorise beaucoup la sant en y octroyant une part importante de son PIB, cela est

    encore plus vrai au Qubec. Mais est-ce rellement une question de valorisation ou est-

    ce parce que notre PIB est plus faible?

    9 Mesur par le produit intrieur brut (PIB).

    Qubec

    OntarioAlberta

    C.B.

    CanadaDanemark

    Finlande

    France

    Royaume-Uni

    2 000

    2 500

    3 000

    3 500

    4 000

    4 500

    5 000

    5 500

    10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 60 000 70 000

    D

    pe

    nse

    s to

    tale

    s d

    e s

    ant

    ($U

    S P

    PA

    )

    PIB par habitant ($US PPA)

  • 17

    Figure 2.2 : Part des dpenses de sant dans les dpenses publiques totales,

    pays de lOCDE 2008

    Source : OCDE 2010

    Le Qubec alloue moins de dollars publics la sant que le Canada (- 7 %) et le

    Canada moins que le Danemark (- 17 %), mais beaucoup plus que la Finlande (28 %) et

    un peu plus que la Grande-Bretagne (5 %)10. Au niveau des ressources humaines, le

    portrait est diffrent. Le Qubec a plus de mdecins actifs par millier dhabitants que le

    Canada mais ce dernier en a beaucoup moins que toutes les autres juridictions, - 35 %,

    - 23 % et - 8 % que le Danemark, la Finlande et la Grande-Bretagne respectivement. Le

    portrait est similaire au niveau des infirmires, plus que le Canada (8 %) et moins que le

    Danemark (- 38 %), la Finlande (- 4 %) et la Grande-Bretagne (- 3 %).

    10

    Pour les tableaux suivants, les donnes du Qubec sont comparables avec les donnes du Canada

    produites par lICIS seulement. Les donnes internationales sont comparables avec les donnes

    canadiennes produites par lOCDE qui, de toute vidence, nont pas la mme source, priode ou le mme

    ajustement.

  • 18

    Figure 2.3 : Ressources alloues la sant en 2008 *

    Source : OCDE Health stats et ICIS, compilation par les auteurs, * donnes 2008 moins dindications

    contraires. (1) Donnes ICIS en $ CAN courants (2) Donnes 2009 pour le Canada et la Grande-Bretagne.

    La production de services des juridictions est compare par le nombre de sorties des

    hpitaux, de certaines chirurgies et par le nombre de visites mdicales. Au niveau des

    sorties des hpitaux par 1000 habitants, on observe que les Canadiens hospitalisent

    beaucoup moins que les Danois (- 51 %), les Finlandais (- 54 %) et les Anglais (- 39 %).

    Les Canadiens effectuent galement beaucoup moins de chirurgies de la hanche que le

    Danemark (-48 %), que la Finlande (- 35 %) et que la Grande-Bretagne (- 37 %). Enfin,

    les Canadiens oprent moins les genoux que le Danemark (- 15 %) et la Finlande (-

    20 %) mais plus que la Grande-Bretagne (+ 1 %).

    Figure 2.4 : Production de services en 2008

    Source : OCDE Health stats et ICIS, compilation par les auteurs, * donnes 2008 moins dindications

    contraires (3) Donnes 2008 pour le Canada et le Qubec.

    0

    2

    4

    6

    8

    10

    12

    14

    16

    0

    500

    1000

    1500

    2000

    2500

    3000

    3500

    4000

    Dpenses publiques par habitant ($US PPP 2009)(1)

    Mdecins actifs par 1000 habitants (2)

    Infirmires par 1000 habitants

    $ CA PPPnb

    0

    50

    100

    150

    200

    250

    Sorties par 1000 habitants (2009) (3)

    Chirurgies Hanche (hospitaliss) par 100000

    Chirurgies Genou (hospitaliss) par 100 000

  • 19

    Cependant au niveau des visites mdicales, les mdecins du Qubec et du Canada

    voient beaucoup plus de patients que les autres juridictions. En effet, le nombre moyen

    de visites mdicales par mdecin au Canada est plus lev de 85 % que celui du

    Danemark, 69 % que celui de la Finlande et 19 % que celui de la Grande-Bretagne. Par

    contre, les mdecins du Qubec voient en moyenne moins de patients que les mdecins

    canadiens, - 9 %. On pourrait penser que cest une question de productivit des

    mdecins, mais cela peut aussi tre d la qualit ou lorganisation des services. En

    dautres mots, il est possible que cette apparente plus grande productivit soit due au

    fait que les mdecins canadiens passent moins de temps avec leurs patients et/ou

    quune part des services soit offerte par dautres intervenants que les mdecins. Il se

    peut aussi que ce soit parce que les mdecins spcialistes sont en grande partie

    salaris des hpitaux dans les autres pays et quils ne sont pas incits multiplier les

    visites de patients.

    Figure 2.5 : Visites moyennes par mdecin en 2008

    Source : OCDE Health stats et ICIS, compilation par les auteurs, * donnes 2008 moins dindications

    contraires (3) Donnes 2008 pour le Canada et le Qubec.

    En somme, le Canada alloue une part plus grande de ses dpenses publiques la

    sant que les autres juridictions. Cest galement le cas pour ce qui est du niveau de

    ses dpenses publiques par habitant, mais lexception du Danemark. Toutefois, le

    Canada a des ratios de mdecins et dinfirmires par 1000 habitants moins levs et

    moins dactivits hospitalires que le Danemark, la Finlande et la Grande-Bretagne. Par

    ailleurs, le nombre moyen de visites mdicales effectues par mdecin au Canada est

    beaucoup plus lev que celui de leurs confrres des autres pays tudis. Bien que la

    valeur de ces indicateurs soit diffrente pour le Qubec par rapport lensemble du

    Canada, le portrait comparatif entre le Qubec et les autres juridictions est sensiblement

    le mme que celui du Canada.

    0

    500

    1 000

    1 500

    2 000

    2 500

    3 000

    Visites moyennes par mdecin actif

  • 20

    3. REVUE DOCUMENTAIRE

    Par Joanne Castonguay (CIRANO), Wendy Thomson (Universit McGill et CIRANO) et Henri

    Thibaudin (indpendant)

    Les mcanismes de financement des hpitaux appartiennent lune ou lautre des deux

    catgories selon quils sont prospectifs ou rtrospectifs. Dans le premier cas, le payeur

    alloue ou paie pour les services au fournisseur avant que celui-ci ne les rende. Dans le

    deuxime, le payeur /acheteur ne paie pour les services que lorsquils sont rendus par le

    fournisseur. Les deux catgories du mode de financement des hpitaux comportent des

    formes de paiement diffrentes.

    Cette partie du rapport prsente une revue documentaire des diffrents modles de

    financement des hpitaux en montrant la perspective conomique. La premire section

    est consacre aux mcanismes de classification de lactivit puisquils ont inspir et

    facilit lvolution des mcanismes de financement des hpitaux. Les deux sections

    suivantes sont consacres dfinir les mcanismes et prsenter les diffrentes

    formes quils peuvent prendre, leurs caractristiques, leurs avantages et leurs

    inconvnients. La section suivante prsente un sommaire des analyses empiriques des

    impacts quont eus les rformes du financement des hpitaux dans les juridictions qui

    nous intressent.

    Enfin, une dernire section fait une synthse en mettant lemphase sur les

    considrations prendre en compte dans le choix dun type de financement.

    3.1 LES SYSTEMES DE CLASSIFICATION ET DE TARIFICATION

    lorigine, les systmes de classification ont t dvelopps pour valuer et comparer

    les activits des hpitaux et leur utilisation des ressources. Ce nest que par la suite

    quils ont t utiliss pour appuyer le financement des hpitaux et que les tarifs associs

    chaque activit ont t mis en place.

    En effet, les systmes de classification des activits ont pour origine une volont de

    soutenir la prise de dcision et la gestion des hpitaux 11 . Traditionnellement,

    linformation sur les cots est pauvre dans les hpitaux parce que les systmes

    comptables des services publics sont en gnral peu sophistiqus. En effet, le recours

    la comptabilit de caisse est presque gnralis, soit une comptabilit qui se borne

    enregistrer les entres et sorties de fonds.

    Partout, le besoin de restructurer lorganisation des services a t exacerb par la

    croissance importante des cots des systmes de sant. Les professionnels de la sant

    et les cliniciens ont historiquement eu peu ou pas dincitatifs amliorer la productivit

    11

    ICIS (2010), Patient Classification System International http://www.pcsinternational.org , Lehtonen (2007),

    Entrevues notamment avec Poul Eric Hansen du ministre de la sant et de lIntrieur du Danemark.

    http://www.pcsinternational.org/

  • 21

    des services. En gnral, ils navaient pas eu rendre des comptes sur les implications

    de leurs dcisions sur la consommation de ressources et navaient pas linformation

    cet gard (Lehtonen 2007). Cest donc pour mieux comprendre lactivit hospitalire et

    appuyer la prise de dcision sur la consommation des ressources que les systmes de

    classification et dinformation sur lactivit en milieu hospitalier ont t dvelopps. Ce

    nest que par la suite et pour inciter une plus grande productivit que les systmes de

    paiement qui tiennent compte du niveau dactivit ont t dvelopps (dfinis dans la

    section suivante).

    Dans un premier temps, ces systmes dinformation ont t dvelopps au niveau

    central des gouvernements (ou payeurs) pour amliorer lallocation des ressources et

    influencer la productivit des hpitaux. Dans un deuxime temps, mesure que les

    pressions se sont exerces sur les prestataires et que les mcanismes de financement

    incitatifs ont volu, les tablissements ou prestataires se sont dots eux-mmes de

    systmes dinformation sur leurs activits et utilisations des ressources pour amliorer

    leur gestion et soutenir leur processus de ngociation avec le payeur. Le dveloppement

    des systmes dinformation locaux nest cependant pas gnralis.

    Les objectifs poursuivis Busse (2009) liste trois principales catgories dobjectifs

    poursuivis par la mise en place des systmes de classification selon les groupes de

    diagnostic :

    i) amliorer la transparence,

    ii) encourager lefficacit dans lusage des ressources hospitalires (par

    activit),

    iii) aider la gestion des hpitaux.

    Amliorer la transparence et encourager lefficacit La classification des activits

    hospitalires facilite la collection de donnes sur la consommation de ressources par

    catgories dactivits. Lorsquelles sont rendues accessibles, les donnes colliges

    permettent aux tablissements et aux dcideurs de connatre la structure de cots des

    activits hospitalires, les ressources utilises par type de patients et par diagnostic.

    Ainsi les dcideurs peuvent tablir des comparaisons en termes defficience et identifier

    les grands consommateurs de ressources.

    Aider la gestion des hpitaux Cet objectif est proche du premier en ce sens que la

    disponibilit dinformation permet aux tablissements didentifier les carts par rapport

    aux meilleures pratiques et les encourage les adopter.

    A ces derniers sajoute lamlioration de lallocation des ressources Une bonne

    connaissance de la structure de cots selon les activits permet de lier les paiements

    aux activits et ultimement aux meilleures pratiques. Ainsi les systmes dinformation

    facilitent la mise en place dincitatifs visant amliorer lefficience et dcourager les

    activits non ncessaires des hpitaux. Un hpital rmunr selon un tarif fixe par

    activit a intrt ce que le cot des ressources quil utilise pour rendre un service soit

    infrieur au tarif quil reoit pour rendre ce service.

  • 22

    Figure 3.1 : tapes de dveloppement des systmes de classification et de

    tarification

    Source : Traduction libre de Busse and Al., The ABC of DRGs, Euro Observer, Vol.11 n 4, 2009.

    Le systme de classification La classification de lactivit hospitalire comporte deux

    niveaux dinformation. Le premier est la nature des actes et des patients traits et le

    deuxime est orient vers les ressources utilises. La superposition des deux niveaux

    conduit un systme de classification des pisodes de soins des patients. Ainsi, les

    systmes catgorisent les pisodes de soins des patients en groupes par cas (GDC) de

    sorte que les pisodes lintrieur de chaque groupe soient cliniquement similaires et

    consomment le mme niveau de ressources, ICIS (2010). Ainsi, Busse (2009) note que

    la dfinition des services hospitaliers se base sur :

    - les donnes cliniques, tels les diagnostics et les procdures utilises par le

    patient durant son sjour;

    - des donnes dmographiques et populationnelles comme lge, le sexe et la

    morbidit,

    - des mesures de consommation des ressources par les cots et la dure de

    sjour entre autres.

    La collecte de donnes en vue de crer le systme de classification doit tre la fois

    pertinente dun point de vue clinique et conomique. Cela implique que les cas inclus

    dans un groupe doivent former une entit distincte base sur les diagnostics et les

    procdures mdicales. La pertinence conomique est satisfaite si les mesures de

    lactivit clinique sont signifiantes pour les travailleurs des tablissements afin dassurer

    un contrle de qualit. En dautres termes, on doit pouvoir identifier de manire distincte

    les ressources utilises et les services fournis, Busse (2009).

    Les systmes de classification ne sont pas normaliss. Comme le note lICIS (2010),

    une juridiction voulant mettre en place un financement bas sur ce type de classification

    a le choix entre importer un systme existant, adapter un systme existant ses

    caractristiques ou crer un nouveau systme. Busse (2009) fait tat de la variation

    dans le niveau de dtails des systmes de classification. Il cite comme exemple de

    systmes trs dtaills ceux de la France et des Pays-Bas.

    La connaissance de la consommation des ressources par type dactivits a facilit la

    dtermination des tarifs.

  • 23

    La Tarification Le prix est soit tabli unilatralement, soit ngoci (Schreygg 2006;

    Barnum, Kutzin, Saxenian, 1995). partir de linformation collige par les hpitaux, il

    existe deux mthodes pour calculer le cot dune activit. La premire consiste

    calculer le cot moyen de chaque groupe de classification partir dun chantillon

    dtablissements dont linformation est disponible (du bas vers le haut). La deuxime

    mthode est dite indirecte (Busse 2009) et consiste relier les groupes de classification

    lintensit des ressources quils utilisent. Ainsi, lindice ou le poids relatif de 1 est allou

    au groupe de diagnostics connexes (GDC) pour lequel le poids des ressources utilises

    correspond lutilisation moyenne de ressources. Le poids des autres GDC est tabli en

    fonction de leur utilisation comparative par rapport au groupe moyen. Le tarif par activit

    est dtermin en valuant lindice 1 et en multipliant cette valeur par lindice du groupe

    de diagnostic de lactivit.

    3.2 LES MODES DE FINANCEMENT DES HOPITAUX PROSPECTIFS

    Selon le financement prospectif, lallocation des ressources par le payeur

    ltablissement hospitalier se fait en dbut dexercice ou anne financire. Ce dernier est

    charg de le grer de telle sorte ne pas le dpasser.

    3.2.1 LE FINANCEMENT PAR BUDGET

    Traditionnellement, les systmes de sant intgrs et universels ont recours au

    financement des organisations par subventions globales ou par budget. Cette mthode

    est gnralement utilise lorsquil y a peu dinformation sur lactivit et sur les cots.

    Cette information qui sest plus ou moins amliore selon les juridictions a permis de

    faire voluer le financement par budget pour mieux reflter lactivit. On la retrouve au

    Canada, en Finlande, au Danemark, en Norvge, en Sude et encore en partie en

    Angleterre. Lemphase des systmes financs par budget est mise sur le contrle des

    cots.

    La dtermination des budgets prospectifs

    Il existe deux principales approches de dtermination des budgets globaux12 (Banque

    Mondiale, 2009). La premire selon les budgets historiques est la forme la plus simple,

    mais aussi la plus limite en termes de soutien la gestion des tablissements. Cest

    prcisment cette qute qui a donn lieu au dveloppement de la seconde approche, le

    financement bas sur les groupes de diagnostics connexes13.

    Lapproche historique consiste calculer le montant du budget de la nouvelle anne en

    se basant sur celui de lanne prcdente. Lobjectif implicite cette mthode est de

    conserver la mme activit que lanne prcdente et ainsi contrler le budget. Ainsi,

    12

    ce sujet, la formule utilise en Ontario est intressante. Voir Integrated Population Based Allocation

    Formula (IPBA), N. Brooks, 2001. 13

    Mthodologie de regroupement des patients selon leur diagnostic, en anglais Diagnostic Related Group

    (DRG) .

  • 24

    dune anne lautre, les budgets de lanne prcdente sont tout de mme ajusts

    pour tenir compte de facteurs tels le taux dinflation, les dcisions dinvestissement en

    capital et les ententes avec les diffrents syndicats (Sutherland, 2009).

    On observe deux modes dallocation budgtaire dans les systmes de financement

    hospitalier par budget historique, lallocation globale et lallocation ligne par ligne.

    Le budget global est un montant total allou lhpital afin quil assure les activits

    anticipes durant lanne. Le budget ligne par ligne suit le mme principe lexception

    que les montants allous le sont pour chaque ligne de service au lieu de laisser

    ltablissement dcider de sa rpartition. La principale diffrence entre ces deux

    mcanismes dallocation se situe au niveau de la libert quil confre ltablissement

    pour allouer les ressources selon les activits.

    Pour tenir compte des diffrences observes dans les cots et niveaux dactivits dans

    les hpitaux, les provinces canadiennes ont dvelopp des modles de rpartition des

    budgets fonds sur la population. Ces budgets tiennent compte des besoins de la

    population et sont gnralement utiliss pour effectuer lallocation rgionale (Sutherland

    2011). La rpartition des budgets selon cette mthode utilise les donnes historiques

    dutilisation des soins mdicaux et hospitaliers en phase aige et les ajuste pour tenir

    compte de lvolution dmographique.

    Les budgets prospectifs bass sur les groupes de diagnostics connexes (GDC)

    sont des budgets dtermins partir de la combinaison de cas historiquement traits

    dans linstitution en question. En dautres mots, le payeur value le budget quil octroie

    ltablissement en considrant les cas (quantit et type) et le prix quil a pay pour les

    ressources alloues par cas lanne prcdente. Cette approche est galement appele

    normative. Le payeur a la flexibilit dajuster le budget quil octroie pour tenir compte

    dun objectif de quantit. Cette mthode a pour avantage de mieux tenir compte de la

    productivit des tablissements et donc dtre plus quitable que la mthode historique.

    Les systmes de paiements prospectifs selon les GDC sont dvelopps dans le but

    dencourager une plus grande efficacit. En Sude, une comparaison entre les cantons

    o les soins sont pays par ce systme et ceux qui ne lutilisent pas a rvl une

    diffrence de cots de lordre de 10 %. Il en est de mme en Australie (European

    Observatory on Health Systems and Policies 2005 et 2006). Certains pays, comme la

    France, implantent ce systme provisoirement comme une premire tape vers un

    systme de facturation bas sur les cas rels. Le Qubec dtermine en partie les

    budgets des hpitaux selon cette mthode.

    Les avantages des mthodes de financement par budget

    Le contrle des cots est certainement lavantage le plus important et gnralement

    reconnu dans la littrature sur le financement des services de sant. Street (2007)

    ajoute que cette qualit est lun des facteurs expliquant quelle a t la forme

    prdominante de financement durant de nombreuses annes.

    La simplicit de calcul Si le budget calculer nest pas le premier depuis lapparition

    de ltablissement hospitalier, le calcul du nouveau montant est relativement simple.

  • 25

    La flexibilit Sutherland (2009) note que les budgets globaux peuvent parfaitement

    tre complts par dautres formes de paiements.

    Plus quitable pour la population La Banque Mondiale (2009) considre le

    financement par budget comme la forme la plus quitable du point de vue de la

    population. En effet, la distribution des montants disponibles facilite une meilleure

    rpartition des services aux patients eus gard aux facteurs dmographiques,

    pidmiologiques et socioconomiques.

    Les inconvnients des financements prospectifs

    Un manque dincitatifs Dans la littrature, le principal inconvnient de ce mode de

    financement est le manque dincitation lefficience, notamment sur les points suivants :

    la qualit des soins, la performance en termes defficacit des tablissements et laccs

    aux services. Lhpital est responsable de ne pas dpasser son budget mais chaque

    nouveau patient a un impact sur les cots. Cette priorit a pour effet de restreindre

    laccs aux services. En plus, ce mcanisme nincite pas les hpitaux raccourcir la

    dure de sjour des patients et les aiguiller vers des ressources moins coteuses

    parce que le cot journalier de lhospitalisation diminue avec la dure du sjour. En

    librant une place plus tt, on remplace un patient moins coteux par un patient plus

    coteux. Cest pourquoi on observe dans les systmes o les hpitaux sont financs par

    budget une rotation assez faible de patients traits et une tendance vouloir minimiser

    les ressources consommes par chacun. Ce qui peut entraner une qualit des soins

    moindre.

    Des dures de sjour longues Cet inconvnient est directement li au manque

    dincitations expliqu dans le paragraphe prcdent.

    Une innovation limite Le CHSRF (Sutherland 2010) note que les budgets globaux

    limitent linnovation du fait que le risque financier est trop grand pour les hpitaux de

    modifier leur procdure.

    Un risque non partag Selon Street (2007), les hpitaux sont tenus davoir une

    activit minimale correspondante laccord entre ltablissement et le payeur. Ainsi,

    dans le cas o le budget est puis avant la fin de lanne et quil existe encore une

    demande de soins, alors lhpital fonctionnera perte.

    La perptuation des ingalits Si ltat initial les budgets globaux ont t calculs

    de manire ingalitaire, les renouvellements des montants sur une base historique vont

    entraner une perptuation de ces ingalits.

    Lopacit du processus dallocation des fonds Les budgets globaux laissent un

    degr de libert potentiellement important aux gestionnaires des tablissements. La

    possibilit pour le payeur dexiger un niveau defficience en retour du financement

    octroy dpend de la qualit des systmes dinformation sur lactivit et donc de sa

    capacit comparer la performance des diffrentes rgions et tablissements.

    Les services et/ou fournitures non couverts - Lincitation implicite prioriser le

    contrle des budgets et lopacit du processus engendrent une confusion sur la

  • 26

    composition du panier de services assurs par le rgime public. Il en rsulte un accs

    limit des services, fournitures et mdicaments potentiellement plus performants que

    ceux offerts dans les tablissements (Castonguay, 2011).

    3.2.2 LE FINANCEMENT PAR CAPITATION

    Le financement par capitation est un mode de financement plus frquemment utilis

    pour financer les services primaires de sant. Selon ce mode de financement, le

    prestataire, soit un mdecin ou une organisation de soins primaires, reoit un

    prpaiement per capita, ajust ou non en fonction du risque de consommation pour

    couvrir tous les besoins mdicaux des personnes enregistres auprs deux.

    Ce mode de financement est inspir des mthodes de financement et de transfert de

    risque dveloppes par les Compagnies dassurance prives aux tats-Unis et sociales,

    aux tats-Unis et en France. La capitation responsabilise le prestataire pour la

    dispensation dune gamme de services, des soins primaires seulement jusqu la

    couverture totale des besoins de sant (Angleterre).

    Le financement par capitation transfre le risque li au contrle des cots des services

    assurer au prestataire. Ainsi, il encourage les prestataires maintenir leur clientle en

    sant, ou prvenir la maladie, pour quelle consomme le moins possible de services.

    Ce mode de financement ncessite une surveillance pour viter que les prestataires

    rduisent leurs dpenses aux dpens des patients dans le but daccrotre leur

    profitabilit. Selon les caractristiques du contrat de capitation, les avantages et

    inconvnients suivants ont t observs dans la littrature.

    Les avantages du financement par capitation sont de :

    - assurer un meilleur contrle du budget du point de vue du payeur;

    - encourager la prvention ;

    - rduire la prestation excessive de services;

    - encourager ladoption de paquet de soins uniformes (selon les vidences) pour tous

    les patients.

    Par contre, il prsente les inconvnients de :

    - risquer une sous-consommation potentielle, moins que les services compris dans

    le forfait soient prescrits dans le contrat avec le payeur;

    - encourager le prestataire se limiter des actes qui sont compris dans le forfait et

    de reporter des actes non prvus mais qui pourraient tre ncessaires;

    - risquer une certaine slection des patients.

    Mme sil existe deux formes de financement des services de sant prospectifs, on

    observe surtout le financement par budget dans les pays o le systme de sant est

    intgr et universel, dont les pays et juridictions tudis dans le cadre de cette analyse

    comparative. Les inconvnients lis labsence dincitation lefficience de ce mode de

    financement gnrent en plus un sentiment diniquit entre les tablissements. Ce sont

  • 27

    ces inconvnients qui ont gnr le besoin de lier financement et niveau de services.

    Cest aussi ce qui a incit les tablissements et les payeurs dvelopper des systmes

    dvaluation, de classification et de cot des activits dans les tablissements. Pour les

    premiers, cest un moyen de comparer la qualit et les cots de leurs activits en plus

    damliorer leur capacit de ngocier avec le payeur. Pour le bailleur de fonds,

    lamlioration de linformation sur les cots de revient des activits hospitalires leur

    permet de comparer la performance des tablissements, la comprendre et linfluencer.

    3.3 LES MODES DE FINANCEMENT DES HOPITAUX RETROSPECTIFS

    Le principe de base du financement rtrospectif est que le paiement est effectu aprs

    que les services aient t prodigus par les tablissements hospitaliers. On dit de ce

    mode de financement que le financement suit le patient . Ainsi, le patient est une

    source de revenus plutt quune source de dpenses.

    Les formes de financements rtrospectifs

    Les mcanismes de financement rtrospectifs peuvent prendre plusieurs formes selon la

    nature des services attendus en contrepartie du paiement. Cette diversit engendre une

    certaine confusion parce que les termes peuvent dsigner diffrents mcanismes selon

    les interlocuteurs.

    Les mcanismes de financement rtrospectifs peuvent tre regroups sous les vocables

    de financement lactivit ou de financement incitatif. On observe trois types de

    financement lactivit selon la nature des activits qui sont finances : le financement

    bas sur lacte, le financement par cas ou item, le financement bas sur les vidences.

    Les mcanismes de financement incitatif rcompensent la performance dune activit

    spcifique.

    3.3.1 LE FINANCEMENT A LACTIVITE

    Le financement des hpitaux bas sur lactivit repose sur deux

    composantes essentielles. La premire est le systme de classification de lactivit

    permettant de suivre le nombre, la nature des activits et lutilisation des ressources

    dun ou des tablissements. La deuxime composante est la tarification de cette activit.

    Comme mentionne prcdemment, lvolution des mcanismes de financement est

    tributaire de la sophistication des systmes dinformation de classification des activits

    et de collecte dinformation. Dans la majorit des cas, ces systmes de classification ont

    t dvelopps initialement afin de mieux comprendre la nature des activits, la

    comparer et amliorer la gestion des tablissements. ventuellement, ces systmes ont

    rendu possible limplantation de financement dit lactivit.

    Le financement lacte, la forme la plus simple de financement lactivit, est une

    mthode de paiement au sein de laquelle les hpitaux sont rembourss pour chaque

    acte effectu. Un pisode de soins hospitalier gnrent une quantit dactes dont les

    actes diagnostics (tests de laboratoire, radiographies, chirurgies, ), les services

  • 28

    mdicaux (du mdecin) et les services infirmiers (souvent rmunrs par jour

    dhospitalisation). Le paiement est associ chaque acte sans considration pour

    lensemble des actes effectus dans le cadre de lpisode de soins ou des besoins du

    patient.

    Le financement par cas (ou selon le GDC) Le financement par cas finance

    lensemble des services et fournitures requis dans le cadre dun pisode de soins, soit

    du dbut dune hospitalisation jusqu la sortie du patient de lhpital. Il responsabilise

    lhpital pour lensemble des cots suscit par une hospitalisation donne. Les tarifs

    sont soit tablis par le payeur et sont lis aux cots attendus par ce dernier pour les

    services offerts, soit ngocis entre le payeur et le prestataire.

    Le financement bas sur les vidences Ce type de financement a pour objet

    damliorer la qualit en influenant les pratiques pour quelles respectent les vidences.

    Les tarifs sont tablis en fonction du cot li aux ressources utilises lorsque les

    meilleures pratiques sont appliques.

    Ces mthodes de financement sont diffrentes les unes des autres tant du point de vue

    de ce qui est rembours que des objectifs poursuivis. Elles sont toutefois toutes

    tributaires de la sophistication des systmes de classification et de tarification en place.

    Les avantages du financement bas sur l activit

    Les avantages des systmes de financement lactivit dpendent du contrat li au

    paiement de lactivit et des systmes dinformation, de classification et de tarification,

    qui les appuient. Linstauration du financement lactivit dans un systme financ par

    budget aura pour effet indirect dencourager les organisations dvelopper leurs

    systmes dinformation. Cest en grande partie ce dveloppement qui gnre les

    avantages que lon confre au financement lactivit. Le contrat o les conditions

    attaches au paiement de lactivit ont pour effet de pallier certains dsavantages lis

    cette forme de paiement.

    Augmentation de la quantit de soins offerts Contrairement aux hpitaux financs

    par budget global o chaque nouveau patient diminue la quantit de ressources

    financires disponibles, les hpitaux financs lactivit augmentent leur budget en

    fonction des patients accueillis. Ceci peut conduire laugmentation de lactivit et donc

    la rduction des files dattente et donc lamlioration de laccs aux services

    hospitaliers.

    Avantages additionnels lis au financement par cas et selon les vidences

    Dans le cas des systmes de financement par cas et de financement bas sur les

    vidences, les avantages suivants sajoutent :

    Amlioration de la qualit de gestion des hpitaux Cet avantage est clairement

    lorigine de linstauration de ces systmes de financement. En mettant en place les

    systmes de classification, les hpitaux documentent leurs procdures et peuvent

    identifier les sources de consommation de ressources. En plus, ils sont en mesure de

  • 29

    comparer leurs rsultats, niveaux dactivits et cots dans le temps et entre hpitaux.

    Cette connaissance est un incitatif puissant samliorer.

    Augmentation de lefficience et la rduction des cots par patients Cet incitatif

    provient de la tarification de lactivit par cas ou selon les vidences. En effet, le montant

    rembours selon le groupe dans lequel le patient est classifi est connu des

    tablissements. Avec linformation dont ils disposent, ils vont tre incits amliorer

    leurs procdures afin que les ressources utilises soient en de de ce qui est

    rembours. Ceci peut aussi conduire ladoption par les tablissements des meilleures

    pratiques cliniques.

    Les inconvnients du financement bas sur lactivit

    Le financement bas sur lactivit comme tout autre mcanisme de financement

    comporte des inconvnients. Afin de pallier pour ces inconvnients, les juridictions ayant

    adopt ces modes de financement ont adopt des mcanismes pour les mitiger. Ces

    derniers sont dcrits en italique.

    Incite les fournisseurs de soins raliser les activits les plus lucratives Les

    paiements par traitement individuel ( lacte ou par cas) crent un incitatif produire

    plus de services sans gard la cration de valeur tout au long de lpisode de maladie.

    Ces mthodes crent un incitatif raliser des procdures les mieux rmunres, aux

    dpens des activits valeur ajoute, mais mal rmunres telles que la prvention,

    lducation ou le conseil. On observe de plus en plus un recours au financement par

    pisodes de soins regroups ou selon les vidences (selon la condition mdicale du

    patient), ce qui exige du fournisseur de soins quil assure les soins ncessaires au

    rtablissement complet et lautonomie du patient, par exemple les services de

    radaptation et les soins domicile aprs une chirurgie de la hanche (Teperi 2009).

    Un contrle des cots affaibli puisque chaque patient est li un accroissement de

    revenu, les hpitaux sont incits multiplier le nombre de cas pris en charge et ainsi

    accrotre leur budget. Les payeurs qui souhaitent contrler leur budget annuel ont

    recours soit la fixation du budget de lacheteur (au Danemark et en Finlande), la

    diminution des tarifs au-del du niveau dactivits attendu (en Angleterre) ou la

    tarification lie aux cots marginaux des activits.

    Une slection des patients Il y a une prfrence traiter les groupes de patients

    dont les cots pour ltablissement sont infrieurs aux paiements tablis. Pour viter la

    slection des patients, les payeurs vont tablir soit un tarif pour les patients complexes

    ou ajouter une capitation pour la prise en charge de ces patients.

    Des dures de sjour plus courtes Le fait que les hpitaux sont incits traiter plus

    de patients va induire une diminution de leur dure de sjour afin daugmenter leur

    capacit daccueil annuelle. Ceci peut devenir un problme dans le cas o la rapidit

    des congs met en pril la qualit des soins prodigus. Pour prvenir les sorties

    dhpitaux trop rapides, les payeurs peuvent refuser de payer pour les rhospitalisations

    lintrieur dun dlai donn.

  • 30

    Une possibilit pour les hpitaux de manipuler le codage LAudit Commission

    (2005) de la Grande-Bretagne liste cinq sources potentielles de manipulation de la

    classification des activits de la part des hpitaux. Ces manipulations ont pour objectif

    dobtenir un remboursement plus important que ncessaire :

    i) Enregistrer des diagnostics et procdures additionnelles et non ncessaires,

    slectionner les diagnostics les plus chers pour les patients (upcoding);

    ii) La sortie et la radmission des patients afin dobtenir des paiements

    additionnels pour un mme accs;

    iii) Des admissions inappropries;

    iv) Garder les patients plus dun certain temps afin davoir accs au

    remboursement bas sur une longue dure de sjour;

    v) Dplacer lactivit vers celles qui sont rembourses au dtriment de celles

    exclues.

    Les mcanismes de contrle et daudit mis en place en Angleterre et au Danemark ont

    permis de minimiser ces comportements. Si bien quen Angleterre les travaux

    dvaluation effectus sur cette question nont pas pu dmontrer la prsence de ces

    pratiques (Audit Commission 2008).

    Inconvnients additionnels lis au financement lacte

    Dans le cas du financement lacte de base, en plus de restreindre la capacit

    contrler les cots de systme, on observe les inconvnients additionnels suivants :

    Multiplication dactes non ncessaires Laugmentation de la quantit dactes nest

    pas forcment accompagne dune augmentation du volume de patients traits. En

    effet, les hpitaux sont incits augmenter le nombre dactes poss par patient. Le

    dveloppement des systmes dinformation sur les cots par cas et leur utilisation pour

    comparer la performance des tablissements et pour tablir les tarifs ont pour effet de

    lier lactivit des tablissements avec les besoins des patients.

    Inefficacit Il ny a aucun incitatif pour les hpitaux revoir leurs procdures. Ainsi,

    dans le cas o ces dernires seraient dispenses de manire inefficace, ce type de

    paiement aura tendance perptuer le mauvais usage de ressources.

    3.3.2 LE FINANCEMENT INCITATIF (BASE SUR LA PERFORMANCE OU

    LES RESULTATS)

    Objectifs poursuivis Le financement incitatif14, aussi appel la performance, est

    utilis comme moyen datteindre des objectifs prioritaires en mettant lemphase sur des

    rsultats prcis. Il permet ainsi de prioriser des cibles de qualit des soins, dassurer la

    relation entre le patient et ltablissement et/ou de rduire les dlais dattente. Tout

    dpend de lindicateur de rsultat auquel est li le paiement. Ce type de paiement

    14

    Selon lOCDE il nexiste pas de dfinition du paiement la performance qui soit reconnue lchelle

    internationale.

  • 31

    accompagne gnralement un autre mode de financement quil soit prospectif ou

    rtrospectif.

    Les indicateurs de rsultats (galement nomm de performance ) Les

    indicateurs suivis ainsi que le paiement associ latteinte de rsultat sont dfinis par

    les comportements que le payeur dsire susciter chez les fournisseurs de services. Ceci

    implique que les systmes dinformation doivent permettre le suivi des indicateurs de

    rsultats pour justifier le paiement associ (ou la sanction le cas chant). Le plus

    souvent, la mesure de rsultats des hpitaux est associe la ralisation de procdures

    recommandes (vaccins, mammographies) et parfois un indicateur de qualit de

    celles-ci (taux de rhospitalisations). Dautres indicateurs de rsultats sur lexprience

    du patient (dlais dattente) ou la pertinence des soins dispenss font partie des

    objectifs rcompenss observs (taux de cholestrol, pression) (Sutherland, 2009).

    Par exemple, en Colombie-Britannique, the Emergency Decongestion Pilot a t mis

    en place afin de rcompenser les tablissements qui ont rduit les temps dattente dans

    les urgences. Dans ce programme, il est considr quun certain pourcentage de

    patients doit tre pris en charge et sorti en moins de 2 ou 4 heures selon la gravit de

    leur cas et que les patients ncessitant un lit en obtiennent un dans les 10 heures

    suivant leur arrive. Les tablissements respectant ces critres se voient rcompenss

    dun montant financier qui se doit dtre investi dans un programme daccs de leur

    choix15.

    Les avantages du paiement incitatif ( la performance)

    Un puissant incitatif Selon les objectifs poursuivis, les paiements la performance

    sont de puissants incitatifs. Ils permettent de conduire les tablissements adopter un

    comportement dsir.

    Meilleure information sur la qualit lorsque ces paiements sont mis en place, les

    tablissements sont incits fournir les informations sur la qualit de leur procdure afin

    de pouvoir prtendre leur compensation financire. Ces donnes vont non seulement

    permettre aux administrateurs dvaluer leurs forces et faiblesses, mais aussi au

    dcideur du systme de mettre en place des stratgies but prcis.

    Les inconvnients du paiement la performance

    Des cots administratifs levs La rcolte dinformations peut entraner une

    hausse des cots administratifs. Limportance de ces cots dpend cependant de

    lexistence de technologies dinformation appropries dans les tablissements, par

    exemple les dossiers mdicaux informatiss (Sutherland, 2009). LOCDE note ici que

    les cots peuvent tre levs au moment de limplantation du systme, mais quils

    peuvent produire un retour sur linvestissement surtout lorsque les patients sont en

    meilleure sant (OCDE 2010 (b)).

    15

    Pour plus dinformations : www.providencehealthcare.org/EDP_Success.htm (site consult le 5 mars

    2012).

    http://www.providencehealthcare.org/EDP_Success.htm

  • 32

    Un dplacement de loffre de services Si les incitatifs financiers ne concernent

    quune partie de lactivit ou encore se basent sur un nombre limit dindicateurs de

    qualit, les tablissements vont tre conduits mettre plus defforts sur ce qui est valu

    que sur ce qui ne lest pas. En outre, lOCDE note que le problme dasymtrie de

    linformation est difficilement contournable. Le mdecin est plus instruit que le patient,

    cest pourquoi ce dernier se fie sur lui en tant que mandataire . Toutefois mme si le

    mdecin est sens agir dans lintrt du patient ce nest pas toujours le cas, car les

    mdecins ont aussi leurs intrts, des objectifs et des informations diffrentes (OCDE

    2010 (b)). Le financement incitatif peut influencer le comportement du mdecin.

    Les deux prcdentes sections ont prsent les diffrentes mthodes de financement

    des hpitaux. On a observ que chacune dentre elles possdait ses propres

    caractristiques, tant au niveau des mcanismes utiliss que de leurs effets positifs et

    ngatifs.

    Le tableau suivant rsume les caractristiques de chacun des mcanismes de paiement

    dcrit dans les sections prcdentes en fonction des objectifs des politiques de sant:

    Figure 3.3 : Effets des mcanismes de financement

    sur les caractristiques de loffre

    Contrle des

    cots Accs Volume Qualit

    Budget16

    + - - -

    Capitation + +

    Financement par acte - - + -

    Financement par cas - + + (-)1

    Financement bas sur les vidences

    - + + +

    Financement incitatif (performance)

    (-)2 + + +

    1 : le financement par cas aura pour effet damliorer la qualit condition que des mesures

    visant restreindre limpact sur la dure des hospitalisations soient galement adoptes. 2

    Limpact du financement incitatif sur le contrle des cots dpend des mesures adoptes et

    des cots dadministration.

    la lecture de ce tableau, la principale observation est quaucun mcanisme de

    financement pris son tat brut ne satisfait lensemble des objectifs du systme de

    sant. Cest ce qui explique que les juridictions adoptent des modes de paiement mixtes

    selon les besoins.

    16

    On parle ici autant des budgets globaux que des budgets ligne par ligne, historiques et bass sur les

    GDC.

  • 33

    3.4 LE FINANCEMENT DES HOPITAUX, UN PROCESSUS EVOLUTIF

    Lefficacit des mthodes de financement des hpitaux dpend des objectifs des

    dcideurs. Si lobjectif primaire est de contrler les cots, alors la mthode de

    financement par budget est la plus efficace malgr son cot lev au niveau de lattente.

    Toutefois, les pays qui ont recours cette mthode le font souvent faute de meilleurs

    indicateurs pour valuer les besoins de sant. Les mthodes utilises refltent le plus

    souvent linformation dont disposent les payeurs.

    Lvolution et la mixit des mcanismes de financement

    Le passage dun mode de financement par budget un mode de financement lactivit

    est gnralement un processus volutif.

    Source : Busse et al (2009) ajust par les auteurs

    Des budgets globaux historiques au budget bas sur les GDC

    Avec le temps la ncessit de mieux contrler lvolution des cots, damliorer laccs,

    dtre plus quitable dans les allocations et surtout daccrotre la valeur des allocations

    budgtaires, ont encourag les gestionnaires des systmes de sant amliorer la

    connaissance des activits des hpitaux dans le but de les comparer et de les

    influencer, ce qui a donn naissance au systme de classification selon les GDC.

    Ces systmes ont permis aux gestionnaires dajuster les budgets historiques globaux en

    fonction dobjectifs plus prcis, par exemple : tenir compte de la ncessit dinvestir

    dans de nouvelles technologies; pallier au manque de ressources humaines dans les

    rgions loignes et favoriser un volume de soins appropri. Les budgets globaux sont

    galement ajusts pour prendre en compte la diversit des populations desservies, tant

    du point de vue de leur condition socio-conomique, dmographique que de la

    prvalence des morbidits.

    Le financement par budget combin au financement lactivit

    Dans les systmes de sant intgrs et universels, on observe une tendance

    transformer les systmes de financement entirement par budgets globaux en ajoutant

  • 34

    des paiements bass sur lactivit pour une partie des services et ventuellement pour

    tous les services hospitaliers de courte dure. Les juridictions combinent les modes de

    financement des hpitaux afin de conserver les effets positifs de chacun et den

    vacuer les effets ngatifs. En plus, les modes de financement mixtes permettent de

    rsoudre larbitrage entre les cots administratifs et les incitations dsires (Barnum,

    Kutzin, Saxenian, 1995).

    Cette stratgie est gnralement lie un besoin daugmenter les volumes de soins

    pour pallier des temps dattente trop levs et des niveaux de productivit anmiques.

    Le fait que le financement lactivit ne soit appliqu que pour une partie des activits a

    pour effet daugmenter les volumes des services pour lesquels lattente est la plus

    problmatique tout en prservant lavantage de contrler les budgets. En plus, le budget

    global permet aux tablissements dassumer graduellement les risques lis aux

    dpassements de leurs cots par rapport au tarif et de sajuster. Cette prise de

    conscience graduelle des cots a contribu amliorer les comptences des

    gestionnaires de systme de sant (Bloom et al. 2010).

    La nature des activits elles-mmes volue dans la majorit des cas observs. Par

    exemple, limplantation de tarif lactivit encourage les tablissements dvelopper

    une meilleure connaissance de leurs cots pour maintenir un quilibre budgtaire. Le

    dveloppement des systmes dinformation et de classification des activits a permis

    daligner les tarifs avec les cots attendus par cas et ainsi de faire voluer les paiements

    lacte aux paiements par cas. Ce qui incite les tablissements amliorer leur

    efficience. Ultimement, les systmes de financement lactivit les plus sophistiqus

    tablissent les tarifs selon les meilleures pratiques (vidences) et influencent ainsi leur

    adoption.

    Autres combinaisons de modes de paiement

    Les paiements incitatifs sont combins dautres modes de paiement, par budget ou

    lactivit, afin de favoriser lemploi de certaines procdures.

    3.5 CARACTERISTIQUES INSTITUTIONNELLES QUI INFLUENCENT

    LEFFICACITE DES MODES DE PAIEMENT

    Le mode de financement des hpitaux est un des mcanismes de gouverne qui sinsre

    dans un systme dynamique. Lefficacit du mode de financement quune juridiction

    adopte pour atteindre des objectifs donns dpend non seulement du type et du

    mlange de mcanismes de paiement, mais aussi des autres composantes

    institutionnelles du systme de sant.

    3.5.1 LA SEPARATION DES ROLES DAPPROVISIONNEMENT DE

    SERVICES ET DE CELUI DE FOURNISSEURS DE SERVICES

    La dissociation des rles dacheteur et de prestataire de services de sant a pour

    avantage de clarifier les responsabilits et les modalits de gouvernance des systmes

    de sant. Les acheteurs agissent, en thorie, pour le compte des patients, identifient les

  • 35

    besoins de services de sant et passent des contrats avec des prestataires pour y

    rpondre. Ils mettent en place des mcanismes afin de sassurer de la ralisation du

    contrat et possiblement de latteinte dobjectifs de qualit. Les systmes de sant bass

    sur les prestations sociales se prtent plus facilement ce type de relation contractuelle

    puisque la division des responsabilits dachat et de provision de services est

    intrinsque au systme. Toutefois, certains systmes intgrs tels que le Royaume-Uni,

    la Nouvelle-Zlande et quelques pays nordiques se sont inspirs de cette caractristique

    pour transformer leur systme et aligner les incitatifs des parties prenantes (OCDE 2010

    (a)).

    Le rle de lacheteur Busse, Figueras, Robinson et Jakubowski (2007) mettent en

    vidence limportance dun systme dachat de services stratgique. Selon eux, tous les

    systmes de sant exercent la forme la plus simple dapprovisionnement en allouant les

    fonds de sant ou en remboursant les prestataires de soins. Cette fonction peut voluer,

    car elle constitue un puissant levier si elle est aligne avec les besoins de la socit en

    services de sant. Elle peut influencer la performance du systme de sant.

    Michael Porter souligne que la connaissance des cots et des rsultats permet dallouer

    les ressources auprs des fournisseurs de soins qui offrent la meilleure valeur, soit les

    meilleurs rsultats par dollar (Kaplan et Porter 2011).

    3.5.2 LINDEPENDANCE DE GESTION

    LOCDE note que dans les systmes grs centralement, les hpitaux ont une marge de

    manuvre restreinte face la gestion des budgets. Dans plusieurs cas, dont le

    Royaume-Uni, les capacits de gestion se sont amliores par loctroi dune plus grande

    autonomie dcisionnelle et la possibilit de rinvestir leurs surplus budgtaires autrefois

    rapatris au niveau central en fin dexercice. Cette plus grande autonomie de gestion les

    a conduits externaliser certains services non essentiels. LOCDE observe que de lavis

    gnral lexternalisation peut faire baisser les cots dans la mesure o il y a une

    concurrence dans loffre de ces services (OCDE 2010 (a)).

    3.5.3 LINDEPENDANCE ET LA REMUNERATION DES MEDECINS

    Lger (2011) et Sutherland (2009) notent que lindpendance des mdecins par rapport

    aux hpitaux pose un enjeu (au Canada). Selon eux, il serait profitable pour

    ltablissement que le mdecin qui y pratique porte une partie du risque associ aux

    cots des ressources utilises. En effet, au Canada les mdecins sont non salaris17 et

    indpendants de lhpital, mais ils dcident du type et du niveau de soins prodigus aux

    patients, deux composantes directement lies aux cots. La relation entre le mdecin et

    ltablissement est un facteur important dans latteinte des objectifs sanitaires. Dans

    aucun autre systme, nous nav