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COLLECTIOT DES UHIVERSITES OE FiATCI prallJ; .ottt L po,trcno'tc dc t'ziSSOCL{lION GUILLAUME BUDB ALNXÀNDIIB D'APHII()DISN TRAITÉ DU DESTIN TAXTB ÉTTNT,T ET TRÀDUIT PAR Prnnnn THILLET Prolosrour à I'Université do PÂRIS I (Panthéon-Sorbonne) Ouuragc publié aoec lo concours du Ccntra Natrr.tul do la Rccherchc Scicntifquc .t i; 1.,:} .' 'kr ,,1- I ! II t'' PARIS SOCIÉTÉ D'ÉDITION <I LES BET,T,ES 95, Bour.rvrnD RaÊPlrL 1984 LETTRES I {} {r b ç !*/ nrsrnvE \

Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

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Page 1: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

COLLECTIOT DES UHIVERSITES OE F iATCIprallJ; .ottt L po,trcno'tc dc t'ziSSOCL{lION GUILLAUME BUDB

ALNXÀNDIIBD'APHII()DISNTRAITÉ DU DESTIN

TAXTB ÉTTNT,T ET TRÀDUIT

PAR

Prnnnn THILLET

Prolosrour à I'Université do PÂRIS I(Panthéon-Sorbonne)

Ouuragc publié aoec lo concours du Ccntra Natrr.tuldo la Rccherchc Scicntifquc

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95, Bour.rvrnD RaÊPlrL

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Page 2: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

Conlorm(menl aux slalul.s de I'Assoctallon GuillaumeIlttdé, ce uoltutre a él( soumis à l'approbation de Ia com-rnl.s.sirrrr lrclmique qui a chargé M. André Wartelle d.'enlalre la réuislon et d'en surueiller Ia correction en colla-boratlon auec lltL I'. T'hillel,

r La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termer des all-néas 2 et 3 de I'article 41, d'une part, que les n copies ou repro-ductions strictement réservées à I'usage privé du copiste et nondestinées à une utilisation collective , et, d'autre part, que ler4nalyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illus-tration, . toute représentation ou reproduction intégrale ou par-tielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayantsdroit ou ayants cause, est ill icite, (alinéa 1cr de l'article 40).

r Cette rcprôsentation ou reproduction, par quelque procédéque ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée pares Articles 425 et suivants du Code Pénal '.

@ Soclélé d.'ëdition t Les BeIIes Letlres t, Paris, 7984.

rsBN 2-251-00365-7ISSN 0184-7155

I

INTRODUCTION

Cn.q,prrnr I

VIE BT CEUVRESD'ALEXANDRE D'APHRODISE

A. Éléments d'une biographie.

1. - La dédicace dt De fato.

Cette dédicace, aux Empereurs Septime Sévèreet Caracalla I est, dans l 'état actuel de nos connais-sances, a le seul renseignement que nous possédionssur l 'époque où vécut l ' I lxégète r, 2. L'ouvrage peutainsi être daté cntre 198 - date à laquelle SepiimeSévère associa son fi ls Antonin au pouvoir - et209 date à laquelle Géta fut désigné commeAuguste 3. L'auteur dela Souda déçoit notre curiosité :

7- P- (764, 3, ISruns) 1,3._ 2. P. Moraux, Alesand,re d'Aphrodise, p. lB. Les dateedonnées p?r N-. $qshcr. 9r N!. -È Marmura, The Refutatioiby Aleuand,er of Aphrodisias of Galen's Treatise on the'Theoruof Motion, Islamabad [1966] p. 1, ( ca. 160-ca. 230 AD o, po,r ila v ie .d 'A lexandr .c , e l , n a round 205 r pour sa nominat ion 'à latête. du Lycée d'Àthènes ne sont que des hypothèse8 sansfondement.

, 3. Selon une inscript ion, IrG, l lo, 1077, traduite par A. Bir-ley, Seplinius Seuarus, p. 264. Nommé Àuguste,

-Géta éteit

Page 3: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

t

VII I INTRODUCTION

il se borne à mentionner ( un autre Alexanclre d'Aphro-disias, philosophe r 1. Nous ne savons pas non plus,de source certairre, de quelle cité du nom d'Aphro-disias notre philosophc était originaire; toutefois,Aphrodisias de Carie, à cette époque, était sans doutela seule cité importante dont le nom ait pu être associésans ambiguïté à un nom de personne. Il faut penserque c'est de cette cité qu'est originaire I 'auteur duDe fato 2.

2. - Les maîtres d'Alexandre.

Les commentateurs d'Aristote, successeurs d'A-lexandre auquel i ls se réfèrent comme à leur modèle,ne fournissent pas de données biographiques, maisils nous ont parfois conservé des citations d'æuvresperdues, oir Alexandre nomme certains de ses maîtres,Ces données pourraient permettre de préciser la chro-nologie, si toutefois nous étions en mesure de situerdans le temps I'enseignement de ces professeurs,malheureusement les repères nous manquent.

o) Herminos et Sosigène.

Herminos 3 et Sosigène 4 sont expressément cités,

sur un pied d'égalité avec Septime Sévère et son Îrère Anto-nin, Alexandre n'aurait pu omettre son nom dans sa dédi-cace, comme le fait justement remarquer R. B. Todd, Aleran-iler of Aphrodisias On Stoic Physics, p. 1 et n. 3.

7. Leaicon, t. I, I 04, 27-22 Adler : Éotl ùè xal Étepoç 'Alê[,avôpoç'AgpoSroteûç, ptl6oogoç.

2. Zeller, III{, 917 n. 2, se refusait à décider de laquelle dercités antiqucs ayant porté le nom d'Aphrodisias était originaireI 'Exégète. Rien, ccr tes, ne permet de I 'assurer, toutefois i lest probable qu' i l s 'agi t de la grande c i tê de Car ie, dont lesruincs, o i r les foui l les ont été récemment étendues, montrentqu'e l le connaissai t à cet te époque un grand développementet une v ic cul turel lc intense. Cf . L. Robert , < Insôi ipt ionsd'Àphror l is ias >, Anl iqui té Classique 35, 1966, p. 397-452.

. 3 . S i r np l i r ; i r r s . i n D9 coe lo 430 ,32 -33 : 'Egp r , [ , vou ôé , g r ; o l v ,{xoucra, xaOù '[v xcl èv toi6

'Aoncro[ou gepdp.evov,el Èotlv &veor6

[voir n. 4 p. rx1

ÀRISTOCLÈS DE MESSINE IX

sans qu'on sache avec précision leur date, ni lo l ieuoù Alexandre aurait pu suivre leur enseignement.

ô) Aristoclès de Messine ?

Zeller a voulu voir en Aristoclès un autre maîtred'Alexandre I : i l ne faisait alors que reprendre uneopinion ancienne , qri, depuis lors, a été longtempsadmise sans discussion. Certes, Aristoclès a été unpéripatéticien, et les longs extraits de son ceuvretransmis par Eusèbe de Césarée 3 en portent témoi-gnage, mais on ne peut plus, aujourd'hui, admettrequ'Alexandre ait été son disciple. La démonstration

æepl .tà 0eiov oôpa, {v èættaolç xcrl æpô roû . rcôoc yùp &.veor,6èrrr tdoeor6. Herminos est c i té par Alexandre, in Topic.5 'Gg, B-5 ;574,26 ; in Anal . pr . I 72, 27 ; 89,34 ; 91, 21. - Sur Herminos,cf. IL SchmidI, De Hernrino peripatetico, Diss. Ilarburg, 1g07.H. von Arnim, < Hcrnr inos 2 r , in P.-W. f i . - ,E ' . VI I I t , tgtZ,co l . 835 . He rm inos au ra i t é t é . éga lemen t l ' un des ma î t r es deGal ien ; c f . I . von l \ {û l lcr , u Uber Galcns Werk vom wissens-chaftlichen Rervcis >, Abhandlyngen d,er kôniglich BayerischenAkad.emie d,er Wissenschaften, Phil.-hist. Kl. 20, 1897: p. 408-478 (voir p.424-4251 1F. Rosenthal , < Isbàq b. t lunain 'JTa'r i [al-afibbA' >, Oriens 7, 1954, texte p. 69, 6, trad. p. ?9.

- 4. Alexandre, in Meteor. 143, 72-73 : [:tavô6 ô ôr,ôdoxa).o6r)prôv EcoorlÉv4ç èv tQ ôyô6qr æepl d{.,eco6 ëôer,(ev; Themistius,De .onima 6.7, 22-23. Heinze :-).é1er.... E<oor,yév1q ô 'A),e[dvSpou

àr,8doxa),o6 êv tQ rpltç... Philopon, in Anal.'pr, 726, 20-i2 :xci 6_^'À1é4,arôpoç 8è ô^r-oû 9r,Àoc6çou è[qpp4ç glor ëv trvrpovo6t6tr<p xal tôv aûtoù ôr,ôcioxaÀov XorolyÉvqv elvar,'cfr6 ô6[rre :Ps.-Ammonius, in Anal. pr. 39, 24-25 : Xoouyév4ç ôè ô

'toû'A),eftivàpou

ôrôdoxcr].oç ; ]Iichel d'Iiphèse (?), in Meta, Z, 46G,15-18 : /oonep èx tôv êxdotqr yvcoplptrv rù cfr 9ûoer pr,èv yvôpru,aéxd,orqr 8è &lvcootot ozreûôer ô ôrôdoxcr).oç æorioai aùt<lr, IÉy'to tù;ôdlvooûvcr, . yv<iprpra. .'9 Vùf X<,rot1év1ç

.èx tôv.' 'AI;Edvôpô

1vo:p[porv èrrol1oev aùtQ yv<ipr,ptcr tà tfr gûoer yvôpr,pc.1. E, Zel ler , Phi los. d. Gr. I I I 7s; 874, n. 1, 815, n. 2. Cet

Ar istoclès est- i l de Messène, ou de I Iessénie, c 'est-à-di re duPéloponnèse, ou de Messine? La Souda nous invi te à croi requ' i l s 'agi t dc l [essine, la c i té s ic i l ienne: Meoodvroc t ' !ç ' I ta-^r,r6.

2. J. A. Fabr ic ius, BibL graeca, Hambourg 1793, l l l 470.- J. Dillon cite encore, dans 7àe llIidd.le Platonists, Londreg1977, p. 250, Ar istoclôs comme le mai t re d 'Alexandre.

3 . Eusèbe , P raep . Ev . X I 3 ; X IV 17 -27 ; XY 2 ; XV 14 .

Page 4: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

X INTRODUCTION

en a été faite par Paul Moraux r, ce qui dispensed'explications plus développées.

Le point de rlépart de cette opinion fausse est unecorrcc l ion au texte de Simpl ic ius, dans son commen-taire au De caelo 2, correction qui s'appuie sur laversion latine de Guil laume de Moerbeke, telle dumoins qu'elle se l it dans les éclit ions de la Renais-sance. La même < correction rr a été ensuite apportéeà d'autres textes ou Aristote, 'Apuocorél1q, a été ainsitransformé en Aristoclès, 'Aglotoxliq s. P. Morauxavait déjà fait justice de la < correction > de Zellerdans un texte d'Alexandre a. Plus récemment, i l a

1. P. I \ foraux, r Àr istote les, der Lehrer Alexanders vonAphrodisias t, Archiv fiir Geschichte der Philosophie 49, 1967'p. 169-182. Cf . A. L. Martorana, < I l maestro d i Alessandro diÀfrodis ia >, Sophia 36, 1968, p. 365-367, qui résume cet ar t ic le,en approuvant ses conclusions.

2. Simpl ic ius, inDe caelo, ed. Alde 1526, fo 34 v, l . 54 : ô 'ÀÀÉ[ctv-

ôpoç, 66 gr;ol, xcrtci tôv aÛtoû StSdcrxa).ov'ÀptotoxtrÉc. Texte repro-dui t par Ch. À. Brandis, Schol ia inAr istot . (Bekkcr, t . IV) , Ber-l in 1836. 477a 31. L 'éd. du Corpus Commentar iorum Àr istote l isGraecorum, Heiberg 1894 (C.A.G. VI I ) , p. 153,77-18, édi te : xatùtôv aùtoû 8lôdoxcÀov

'Aplorotétrr1v avec tous les manuscrits grecs.3. Sur ce point , c f . P. Moraux, af l . c i té, p. 170-176. Zel ler

just i l ia i t la legon de I 'Ald ine, a insi que les corrcct ions qu' i lproposai t pour le texte de Cyr i l le , Contra Jul ianrr .nz, I Ip.C. t . 76,-586 À et V 747 A, en remtrquant que la célébr i tédu nom d'Ar istote avai t dû faci l i ter I 'erreur des copistes quiauraient ainsi transformé

'Apr,otox),!6 en 'Aptototétr1ç. Àuxexemp les qu ' i l donna i t (Ph i l . d . G r . I I I 74 ,874 n . 1 ) , on peu tajoutèr Eusèbe, Praep. Ev. XM1 : 'Aptotox),éouç

)'Apr,ototé-l ouç ( t . l I , 321 , 11 [ I r as ) , ou l ee deux l eçons se rencon t ren tdans l es msB ; e t I ) r oc l us , i n Pa rm . co l . 1058 , n . 1 , Cous inz ,P a r i s 1 8 6 4 ( C f . C l r a i g n c t , t r a d . t . I , p . 2 6 0 , n . 1 ) .

4. De an. l ib . a l l . p. 110, 5 sq. l l runs; cf . P. l \ foraux, .4 lao.i l 'Aphr. p. 14:)-149. La q corrcct ion > de Zcl ler remonte d 'a i l leursà Nirnen, en 159/r i c | . ar t . c i té, p. 177 n. 5. La solut ion à laquel leI) . I \ ' [ r r rarrx e 'arrôt . : r i t en 79h2 maintenai t le nom d'Àr istote,rnais i l ar l rnet ta i t . qrrc la doclr ine exposée étai t une interpréta-t i o r r t r a r l i t i o r r r r c l l r . r l r ' l l r l o c t . r i nc r l u S tag i r i t e . Au jou rd ' hu i , avecr rn g ra r r r l cou r : r g r i n t . r ' l l c c l r r r ' 1 , I ' . l \ l o raux a r enoncé à son i n t e r -prôtnt iorr ancionno ct adnr is r luc I 'Ar is tote a inei nommé ! 'est pas[o Stagir i to, mais un < eocond Ar ietoto r , Àr ietote de Myt i lène,don t A loxand rc a t t r a i t eu i v i l e s l eçons ,

ô

ARISTOTE DE }IYTILÈNE XI

donné de sérieux arguments pour le maintien do lalecture 'AprototéÀ1ç dans le texte de Simplicius I :rien ne permet de dire qu'Aristoclès ait été I 'un desmaîtres d'Alexandre d'Aphrodise en philosophie aris-totélicienne 2.

c) Aristote de Mytilène ?

Si I 'on doit définit ivement refuser de compterAristoclès au nombre de ceux auxquels Alexandredoit sa culture philosophique, doit-on pour autant,en suivant P. Moraux, estimer qu'en tous les passagesoù Alexandre est cité comme disciple d'Aristote,ou comme ayant eu pour maître Aristote, i l ne s'agitnullement du Stagirite, mais toujours d'Aristotede Mytilène 8?

P. Moraux a en efïet proposé de voir dans ce péri-patéticien, nommément cité par Galien 4, I 'un desmaîtres d'Alexandre, celui-là même que I'Exégètedésignerait comme I'auteur d'une interprétation histo-riquement importante dans la noétique d'Aristote 6.

1. Cyrille, Contra Juliaruun lI, P.G. t. 76 564 À et V741 A, fait d'Àlexandre ô 'Apr,ocoté).ouç pa0r2rde- 2. I_ l n 'y a pas à tenir compte d 'un élément ôhronologiquedont la source nous échappe. L. Robin, Pgmhon., p. l t ; fà i tv ivre Ar istoclès dans la secorde moi t ié du ler s. ap. J. -C, , touten continuant à dire de lui qu'il fut le maître d'Àlexandred'Aphrodise. Cependant la date d 'Ar istoclès est encore lo ind'être sûremcnt connue. Voir , en dernier l ieu, Ivars Avot in,

1 T\ Sgptrjry Aristocles and the Grammarian Phrynicus r,Lo Parola del Passato,1978, p. 181-191.

3. Voir c i -dessus, p. x n. l .4. Gal ien, f lepùd0ôv, p.17,4-12,12 Lfùl ler . Le rexte soul igue

ainsi la valeur du personnage : dvlp rrp<,rteûocrç év rfr æeplæa-r4tr,xfr geop[ç. Le llepl lOôv ayant probablement été iôrit àprôs193, selon J. I lberg, une re lat ion nraî t re-disc ip le entre cetÀristote, de llytilène, et notre Alcxandre, serait vraisemblable.

5. . - I I s . 'agi t -de la théor ie-du voûq Oûpcr0ev, qui aurai t pourmot i f in i t ia l l 'analogie de la connaissance int i l lectuel le àvecla connaissance sensib le, De inte l lectu 710, 4-25. L 'authent ic i téduDcintel lectu n été misee;r quest ion, notamment parP. Moraux,Alæ. d 'Aphr. , p. 740-742; mais i l est poasib lé d ' interprérereutrement lor r d ie6lgslsss r de ce texté avec le De aàima;

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XII INTRODUCTION

Plusieurs textes sont invoqués par P. Moraux poursa démonstration. Celle-ci procède à partir de quatretémoignages : d'Alexandre lui-même, dans le Deintellectu, de Simplicius, de Cyril le d'Alexandrie, endeux passages, à quoi s'ajoutent deux références,I 'une d'Elias, I 'autre de Syrianus. Jc me donne le

droit de traiter ces six références de la même manière,et je leur allecte des numéros d'ordre de un à sixl.I l ne s'agit point de reprendre un à un les argumentsdu savant professeur de Berlin, mais i l ne paraîtpas inuti le d'essayer d'en mesurer la portée.

1) Le commentaire de Simplicius, témoin no 2.

Commentant les lignes 2I1'a 27-33 d.u De caelo,Simplicius uti l ise le commentaire d'Alexandre, dontil donne de longues citations 2. I l transcrit notammentun passage où Alexandre montre que le mouvementcirculaire et le corps mû circulairement n'ont pas de

contraires. Dans les l ignes ainsi transcrites (153, t8-

L54, 5), Alexandre ne mentionne pas le nom d'Aris-tote, comme il est fréquent dans les commentaires.Nlais Simplicius introduit la citation de cette façon :< Conjointement, Alexandre, suivant, à ce qu'i l dit,

cf. C. Bazân, < L'authenticité du De intellectu d'Àlexandred'Aphrodise n, Reuue phi losophique de Louçain7L,1973, p' 468-487.

1. P. Moraux, art. cité, ne donne un numéro qu'aux quatrepremiers témoignages :

1) Alexandre d'Aphrodise, De intellectu, 110, 4 Bruns (Suppl.arist. I I 1).

2l Simplicius, in De coelo 753' 16-154, 5 (C.A.G. VII).3i Cvri i le d'Alexandrie, Contra Jul ianurn, I I 596 A (P'G' 76)4i Cirille d'Alexandrie, Contra Julianum, Y 741 A.si ni ias, in Categ, 728, 10-13 (C.A.G. XVIII 1).6i Syrianus, in Metaphys. 99, 17-100, 13 (C.A.G. VI 1)'

ci1é ci-après, p. xxrv, n. 4.

2 . C e p a s s a g e e s t é d i t é p . 1 5 3 , 2 3 - 1 5 4 , 5 . A l e x a n d r e y e s tcit6 text iel lem-ent p. 152, 4-9;21-26; 30-153, 10 ; 153, 19-754,5-L'usago du commèntaire d'Alexandre egt vraieemblable auesien plùsieurs endroits oir il n'y a pas do citation litt6rale.

ARISTOTE DE MYTILÈNE XI I I

ôç gz1or,, son maître ,{,ristote, exposait ainsi la démons-tration qu'i l n'y a pas de mouvement contraire aumouvement circulaire, et que le corps mû circulaire-ment n'a pas non plus de contraire r 1.

Aristote a été plusieurs fois nommé dans ces pages,et toujours en dehors des citations textuelles 2. Iciencore on pourrait penser qu'i l s'agit du Stagirite.Mais pourquoi Simplicius prend-il la peine de préciser,en ajoutant et I'incise <56 g1or, et xarù càv aûtoû 8ràd,-oxcrtrov ? A première vue, il peut sembler que Simpli-cius, considérant le manque de fidélité à la lettred'Aristote du passage transcrit, veut signaler que làencore I 'Exégète ne prétend pas faire autre chosequ'un exposé conforme au contenu du texte commenté,En somme, Simplicius ne ferait aucune distinctionentre le Stagirite et ( un autre Aristote r qui auraitpu être le maître d'Alexandre.

Toute autre est l ' inférence de P. Moraux. I l voitdans le xccâ, rôv a,ûcoû 8c84oxcrÀov une citation textuelle(wôrtlich) par Simplicius, du commentaire d'Alex-andre 3 qui aurait ainsi lui-même attiré I 'attentiondu lecteur sur le fait qu'i l devait le résumé qui suità n son maître > Aristote. tt Ainsi r, conclut P. Moraux,( pour le lecteur non prévenu le texte paraît réelle-ment contenir la mention d'un authentique maîtred'Alexandre, plutôt qu'une terne allusion au carac-tère aristotélicien de I 'exposé ainsi introduit r. Mais,

1. P. 153, 79-754, 5 : ouv71pz1pr.évoc ôè ô 'AléEcrvôpo6, ôq çr1or,xarù tôv arito6 SrDd.oxa).ov

'Apuototé).qv o6t<o6 è6É0eto rlv &rg6-Ser,frv toû rQ x6x).g xrviloel pl eïvcr, êvavt[av xlvlolv pr18è tQxuxtrogopltlxÇr atlp.ucr, èvcrvrlov.

2. En dehors du moins des lignes signalées comme telles parl 'édi teur. Le nom d'Ar istote se l i t p. 152, 8.27 ; 153, 12 i 154,6-7.

3. P. Moraux, loc. c i t . < Dieser Àusdruck is t o l Ïenbar wôrt l ichuns Àlexander ùbernommen worden,,. r En ce cas Alexandreaurait écrit : xcrtà tèv lg,ôv 8uàéoratrov, comme in Meteor.743,72 p. rx, n. 4), ou bien xatâ, tàv êpautoO L que suggéreraitdavantage le crrltoû de Simplicius.

T

Page 6: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

XIV INTRODUCTION

si Simplicius avait voulu vraiment signi{ier cettedi{lérence errtre un Âristote rnaître d'Alexandreet le Stagi r i tc r lont le t .exte est cornmenté - ce quepense P. l \ ' Io laux - , i l aura i t sans doute cherchéà caractériser plus précisément cet Aristote, puisque,aussi bien, le terrrre ( rnaître r, àr,8d,oxaÀoç, ne désignepas nécessairement le maîbre imrnédiat 1.

Si I 'argument par lequel Alexandre, suivant < sonmaître Àristote r, montre (Jue le corps mû circulaire-ment n'a pas de contraire, ne se trouvc pas expressé-rnent dans le passage même du De caelo) s' i l n'estqu'inférence, le rappel que la source doctrinale estbien Aristote - le Stagirite - n'est pas inuti le.Et i l semble qu'on puisse le comprendre ainsi. De quois'agit-i l ? Aristote démontre, au chapitre 4 du l ivre I,que le mouçement circulaire n'a pas de contraire.Il ne dérnontre pas, propriis verbis, que le coi'ps mûcirculairement, tà xux),ogop1cr,xàv oôçr,a, n'a pas decontraire. Cependant I ' idée peut d'autant plus faci-lement s' imposer qu'elle émerge dans le chapitre 8, oirl'unité du ciel - xuxÀogoplcuxôv oôçr.os ps. excellence- est prouvéc. Rien ne s 'oppose à ce qu 'on d ise queles formules mises ici sous le nom d'Aristote sont bien,en esprit sinon à la lettre, conlormes à I 'enseignementdu Stagirite. Alexandre ne fait quc reproduire l 'argu-mentation en extrapolant quelque peu, puisqu'i lconclut que Ie corps rnû circulairernent n'a pas decontra i re. I l semble que c 'est uniquement pour sou-l igncl cct te cxt rapola ' l ion, en môme temps qu'a{ l i rmersa corr fo l r r r i té à I 'ensei gnelnent d 'Ar is tote qu 'Alexandrei r prr i . is r i r l r r ' ic i i l par la i t b icn u comme son maît reÂr ' i s l o l r r l . l ) ' i r i l l c r r r s , l c t ex te même d 'À r i s to te l ég i -t i r r r , ' l ' i r r f r i r ' , ' r r , ' r . . V r . r ' s l a f i n du chap i t r e , en e { Ie t ,i l r i , r ' i l : , , l ' i r l c o r r : r r i r l u l r r t . s ' i l y a v a i [ < l c r r x c o r l ) s m u s ,u r r r l , . , ' . . , , l r . r r x co r ' 1 , s cx i s l . t : r n i t i nu t i l cmcn t , n ' é tan t

I \ ' , ' r r r . r r l r r ô 1 , l ) . x v t l r , r r . 2 | { .

ARISTOTE DE MYTILÈNE XV

pas mt de son propre mouvement > 1. Àinsi le corpsmt a le même sort que son mouvement.

On voit donc que le text,e de Simplicius, dans cepassage du cornmentaire au De caelo, ne permet pasde conclure qu'Alexandre ait cité, dans son commen-taire, I 'un de ses maîtres, également nommé Aristote.

Si Aristote, de Stagire, est le maître, Alexandrepeut bien se dire son disciple. Et c'est ainsi qu'i lfaut interpréter les citations de Cyrille d'Alexandrie,témoignages 3 et 4 de P. Moraux 2 ; Cyril le désigneAlexandre d'Aphrodise comme le disciple d'Aristote- ô 'Apr,orocél,ouç

Vu}nûc - où il faut voir un syno-nyme de &prococe),r,x6Ç, comme P. Moraux le faitremarquer 3. Un tel emploi du mot proc0rlc{ç pourdésigner une parenté doctrinale, sans relation directe,n'est pas sans exemples 4.

2) Témoignage no I : le texte du De intellcctu.

Mais tous les passages oir Alexandre est dit avoir eupour maître Aristote ne signil ient peut-être pas égale-

7, Dc Coelo I 4, 271 a 30-31 : drot' el &p.96tepu fiv, pdr4v êv0dtepov {v oôpa pl xr,vorlpevov tlv crûtoû x{,vr1or,v (la traductionest de P. Moraux).

2. Cyrille, Contra Julianarn II 596 À (: IIept æpovola6 Ir. IGrant), V 747 L (: flepl rcpovolaç fr. 6 Grant) ; ce sont lestémoignages nos 3 et 4 de P. l\Ioraux, loc. cit., p. 771.

3. P. Moraux, ib id. , p.773-77t1. I l s ignale un autre passagede Cyrille (M04 B : IIepl zrpovola6 fr. 5 Grant) où unecitation du ftepl npovo[,a6 est introduite par glolv ô

'Aprcto-

te).cxôc'A).éEav8ooc.4. C' 'est a insi 'qu 'Ét ienne de Byzance, s.v. Phi l ippot , 666,

5-6 Meincke, désigne Adrasto de Philippoi : 'À8pdor4ç, ô

ruepmdtrtrwùç gr.).6oo9oç,'Àpr.ococéLou6 pahric. Dion Chrysos-tome, 38 [55] 3; p. 148, 13 Budé, fa i t de Socrate un disc ip le,g,a04ti16, d'Homère (cité par W. Bauer, N. T. Wôrterbuch, s.v.pa0r1r4s col. 960). La Souda présente Posidonios d'Àlexandriecomme disciple de Zénon de Cittium, pcr0lîùC Zfvovoç toûKr,tlé<,rç, bien que ce Posidonios ait écrit, après Polybe, unehisto i re or i i l par lc des Lagides. Cf . L. Edelste in & I . G. Kidd,Posidonius, The Frogments, t. I, T la, p. 3, 5-6 ; mais I'articlede la Souda (2108, t . M79, 26-27 Adler) peut contenir uneconfusion et il est I'objet de discussions ; cf. I'apparat de I'éditionEdelstein Kidd.

Page 7: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

xvI INTRODUCTION

ment son appartenance à l 'école dont le Stagirite estl 'éponyme. Et P. Moraux a peut-être raison lorsqu'i l

propose d'interpréter le texte d'u De in'tellectu comme

rapportant à Aristote de Mytilène I 'exégèse relative

à l ' intellect du dehors. Les mots : {xouo* àè æepi voÛ

roû 0ûpæ0ev næpù 'Apr,ocorétrouç & àrcocoodp.r2v 1. Ces

mots renvoient vraisemblablement à un enseignement,oral, directement reçu par Alexandre, de la bouche

d'un maître nommé Aristote, et dont i l aurait conservésoigneusement le souvenir 2. Si le verbe d,xoÛer.v peut

avoir le sens ( apprendre pour I 'avoir lu > 3, les emplois

connus de sa construction avec æapd, et le génitif

semblent bien tous renvoyer à un enseignementoralement reçu s. C'est le point qui rendrait indispen-

sable, soit d'admettre, avec P. I\ loraux, un Aristote

vivant vers le milieu du second siècle, ayant enseignéau moins quelques aspects de la psychologie péripa-téticienne à Alexandre d'Aphrodise, soit - commeI'ont fait Zeller et ses prédécesseurs - de voir dans lenom d'Aristote en cet endroit une faute de copiepour Aristoclès. Mais, en raison de I 'extension dessens du verbe &xoÛetv, ne pourrait-on pas penser

1. Àlexandre d'Àphrodise, De intellectu, 110, 4 Bruns.2. C'est du moins I 'opin ion de P. Moraux, dans I 'ar t . c i té

(Archiv f . G. d. Phi los. 49, 1967, p. 169-172) ; . i l la fonde essen-tiellement sur la construction du verbe d.xoriEuv avec napû feéni t i t . Avec une honnêteté inte l lectuel le exemplaire, P. Morauxi"r ,ot t "" à I ' in terprétat ion qu' i l avai t donnée de ces l ignes, en1942, dane son Aleaandre, p. 742 et suiv. On soulignera I'impor-tance de I'exégèse nouvelle : si I'Aristote du De intelleclu n'estpas le Stagirite, si la doctrine du voÛç Oupa0ev doit être attribuéeà ce nouvel Ar istote, les conséquences histor iques sont de poids.

3. Lee dictionnaires citent Platon, Phèdre 269c 4 (cf. 235c 3.d5), o i r le sens est précisé par la formule êx pr6ÀÊou; et Polvbe I13, 6. Cf . aussi Jul ien, Disc. VI I I f f l 162c 3- / r : to lcrûca 1d,pèyô péprv4pcn toû EevdpXou 1éyovco6 &xnx6toç.

4. Urr scul exemple, tardi f , Phot ius, Bib l . coà. 175, 119b 24(t. II, p. 171 Hcnry) : xal, & nap' ôi).).ou crvàç d,xoûocrt ouvé6r1tôv ncrptcrùtôv &glxvoupÉv<ov oir lo sens est sûr, puisque cettein lorrnat ion 61al1r , rcçrre des v is i teurs, est d ist inguée de ce quia ôtô t i r6 dos l ivres.

ARISTOTE DE MYTILÈNE XVII

que æapd, f génitif ait pu ôtre compris dans le mêmesens que rcd.pd( + datif, avec quoi on rencontre aussile verbe d,xoÛer,v ? r Certes, I 'absence d'exemple paral-lèle invite à ne formuler cette hypothèse qu'avecune extrême prudence. Rien ne permet non plusd'exclure totalement la possibil i té de rencontrer unjour un exemple décisif 2.

Si Alexandre avait vraiment voulu signifier, dansce passage du De intellectu, I 'audition reçue directe-rrrent d'un maître nommé Àristote, alors qu'i l a étéamené à plusieurs reprises dans le De intellectu s

à citer Aristote de Stagire, on comprend mal qu'i ln'ait pas, en cet endroit, IL}, 4, pris soin de donnerplus de précision afin d'éviter la confusion provo-quée par I 'homonymie. D'ail leurs le passif qui suit,è),éyeco, 110, 5 paraît faire di{I iculté : une forme active,ayant pour sujet Aristote, le professeur, paraîtraitplus naturelle. Bnfin, en admettant que ce passagedtt De intellectu soit bien un témoignage de I 'enseigne-ment reçu, nous aurions là I'unigue trace explicitede I ' influence de ce maître sur son disciple, ce quipeut étonner puisque, par ail leurs, Flerminos etSosigène sont cités et évoqués à plusieurs reprises.Il est vrai qu'on peut soutenir qu'au long tle ses ou-vrages, Alexandre a pu faire ail leurs allusion à cetAristote nouveau ; une recherche détail lée sur tel

1. On rencontre dxoÛelv avcc æcrpé -!- datif' Plutarque,De aud.. poet. L4, lllor. 36e 9-10 et 3'1a 3-4 (t. I, p. 74' 18-19 et75,3-4 Paton-Wegehaupt) : rgoæxr1xoôteq 'yèp èv toi6 rror{p.aorxcrl zrpoavelvcox6teç... (roucrûtcr)... firrov adp&ccovsctt xat Suoxo-Àatvouol ' rcapù toîç gl}oodgotq d.xoÛovteç ôç c 6 0d.vato6oùôèv rpôç ipâ'c u (æapà semble bien renvoyer à la lectured'Épicure, K ^ I I ) . Dans la construct ion dxor ierv r rcpù $ gén. ,s i lé verbe dxoûelv a pr is le sens de r apprendre pour I 'avoirlu r , on serai t encl in a lors à prendre rcapù comnre s igni f iantI 'or ig ine l ivresque de I ' in format ion.

2. Sur I'extension des signi{ications du verbe dxorSelv, onl i ra avec intérêt I 'ar t ic le de H. Werner. < Zur l ledeutung von

xoûo bei Arat r , Phi lo logus 113, 1969, p. 281-282.3. P. {06, t9 ; 107, 30-31 ; 108, 30 ; 110, 4-5 i 712,20 ;113,3.

A

Page 8: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

XVIII INTRODUCTION

ou tel point de doctrine montrerait éventuellementla distance par rapport au texte même du Stagirite,et permettrait de voir là une interprétation propreau maître immédiat d'Alexandre 1. Le témoignageno 2, invoqué par P. Moraux, ne viserait donc pas unautre personnage que le Stagirite.

II reste à écarter une petite dif l iculté : Simpliciusemploie I'expression xæcù ràv aôroû 8r,8d,oxorÀov, lemot 8r,8d,oxæÀo6 peut-i l s'employer pour signifier unpersonnage séparé de son < disciple > par plusieurssiècles ? Zeller aurait pu évoquer cette difficultéen faveur de sa conjecture : Aristoclès pour Aristote.P. Moraux pouvait par là renforcer son hypothèsedu nouvel Aristote. En réalité, si ces savants n'ontpas usé de l 'argument, c'est qu'i ls savaient bien quel'emploi du terme ôr,8d,oxæ).oç en ce sens n'est pasinsolite. Le grec moderne fait usage de ce mot pourexprimer un rapport doctrinal en dehors des relationsvivantes de maître à élève. Tatien désigna Apolloncomme maltre des prophètes 2. On pourrait, i l estvrai, faire cette remarque que la présence du dieuest éternelle. Mais le mot s'emploie aussi quand Iemaître lointain et disparu est un chef d'école philoso-phique 3. Le verbe 8r,8d,oxer,v s'emploie aussi danscette mêrne perspective 4.

1. Ce serai t une méthode d 'emploi dél icat . Les résul tats enseraient toujours d iscutables. On ne peut n ier le droi t à uncornrnentateur de réfracter le texte dont i l fa i t I 'exégèse dalrsrrn vocabrr l ; r i re c l i fTérent , d 'en modi f ier , consciemment ou non,l 'a l l r r re, puisquc commenter, c 'est dépçager I ' impl ic i te.

2. Tat ierr , Ad Graecos, $ 19 ;p. 2 '1 ,27-22Schlar tz : æpoyvôorqqr5n!p1ev ô 'Âæ6).),<,rv nai tôv g,avreuopév<'rv ùl8&oxa}o6.

l ] . ( l f . l l i c r oc l cs , ap . Pho t i us , B ib l . cod . 214 ; 173a 28 ( t . I I I ,p. 129 IIr.rrry) : xaltou ll]d.rova ôr8dor<ctrov èætypagog,évouç.

4 . Â l r , x ; r r r r l n r r l ' Àph lo r l i s c , i n Ana I . p r , 1 , P rooem ium,p. 0, l i l -15 \ \ ' r r l l ics : repl ou)J,o1lopôv 6

'Aplororé) ,1q. . . êv

ar)r ' ) r r )Lç olç ' i1 è.rqpa,pl I Iepl æporép<,rv 'Avalurr ,xôv, ôr8doxovN1r i q . . . Â l , x ; r r r r l r c t r r t : r r r c , t : i t é pa r S imp l i c i us , i n Phys , 770 ,21 -22 , r l i t r l ' Â r i s t , r t r ' : àLDdoxe l ôè l g r .Aç ,8 r , ù , r oû t cov . . . Ammon ius ,in J)t inlerpr. 211'r, 7 ltrrsso : 8r,è rôv ê[iC crùtoû ôr,ôd,oxovto6

LE SECOND ARISTOTE XIX

On voit donc que, malgré les justif ications donnéespar P. Moraux, malgré son mérite et I ' intérêt de sadécouverte, la thèse qu'Aristote de [[yti lène a étéI'un des maîtres d'Alexandre, et qu'i l a été au principed'urr aspect de sa psychologie, cette thèse repose surune base étroite et fragile. Seul témoin, une phrâsedu l)e intellectu, et d'une façon assez précaire.

3) Les témoignages nos 5 et 6.

P. Moraux s'appriie, pour étaycr sa thèse, sllr deuxalrtrcs témoignagcs. Ces tcxtcs font rncnl.ion d'rtntu nouvcl Aristote l, d'un < second Aristote >, et i lpourrait s'agir, cn e{Ïct, dc cct Aristotc de Mytilène,rnaître d'Alr.xandru 1.

L'un de ces textes est de Syrianus qui, dans soncommentaire à la X[étaphysiçre crte <t le nouvelr\ristote, commentateur du philosophe Aristote > 2.

Épithète et appellation soulignent la dualité despersonnages : cet Aristote nouveau est comparé auStagirite dont i l est le cornmentateur. L'autrc textecst d'Elias, selon qui < Âristote le Stagirite ne fut pasle seul à porter ce nom ; i l y euI aussi d'autres Aristote,

fpr,â.6 roû 'Aplororétrouç elodpreOa... David, Prolegom.ena Philo-

sophiae, 60, 3 Russe : ei 1ùp èv ri ),o'ytxi toûco ôr,ô&oxel f1pâ.6ô

'Apr.otocÉ).16. Ne tirorrs pas argurncnt dc l'emploi du vcrbeôr,ôd.oxer,v, au sens dc q {a i lc repr 'ésentcr l ( r rous sur ions tentéde di re, en langage modcrnc, , i d i r igcr [a mise en scène ) , , cequ i é ta i t l e r ô l e de I ' au t cu r cn pc r sonne ) , dans une i nsc r i p t i ondu r ve s . av . J . -C . ( c r r t r e 400 e t 375 ) , r e l a t i v c à C ra t i nos (m .en 4231422\ ct à Sophoclc (m. en 406/405), o i r i l est d i t : èô[8d6xe(v. 4 & 8) ; c f . 1.G. I I - I I I 41, no 3091. Jc remercie S. N.Koumanoudis, qui m'a s ignalé cct te inscr ipt ion.

1. Orr a unc l is te d 'hornonymes du Stagir i te dans DL V 35. I l enest d 'autres I mais c 'est sculemcnt dans le f lepi i10ôv dc Gal ienqu'cst nomrné Ar istote de t r Iy t i lènc, pér ipatét ic ien de valeur,dont la chronologie rendrai t vra iscml-r lable un rapport de maîtreà c l isc ip le avec r l lexandre. Cf . P. t r {oraux, ûr t . c i té, p.17t t -777.

2. 'O vedrcegoç 'ApLcroté),1ç,

ô è(1"y1tiq toû 9r),oo69ou 'Apr-

ototé),ouç in llleta. 100, 6 Kroll. - ltappr:llt'ra-t-on que Dantea écrit d'Àverroèa r Fu un altro Àristotele r ? Renan, Averroèa,p. 251 et n. 2, c i te À co propos lJenverruto d ' Imola.

Page 9: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

INTRODUCTION

à son époque, comme le pédotribe qu'on surnommaitMythos, et p lus tard comme le professeur Alexandre 1>.

Si I 'on rapproche ces deux témoignages, sans consi-dérer leur contexte et sans corriger le texte, on seratenté de conclure, Lromme Zeller2, qu'i l y avait, dansces expressions, ô ve6repo6 'Apr,ococéÀ1ç et ô àeûcepoç'Apr,ococéÀ1ç, une façon de désignerAlexandre d'Aphro-dise qui, par sa connaissance particulière de la philo-sophie d'Aristote, avait mérité cette appellation 3.

L'étude de P. Moraux a le conduit à conclure queces textes visent un Aristote maître d'Alexandre,qui pourrai[ être cet Aristote de Mytilène dont parleGalien 5.

Le texte d'Elias se trouve dans le Prooemium deson commentaire aux Catégorjes, dans un passageoù il passe en revue les di{Térentes raisons pour les-quelles la rluestion de I 'authenticité doit se poser.L'une des causes de fausses attributions est I 'homo-

1. Elias, in Cat. 128, 10-13 Busse : ... 8tr où pr6voç 'Aprototé-À1ç ô Etcrleupf,c1ç oût<oç èxctreîto ci,].].ct xal &À],or, 'AprototÉ],er,ç

è1évovco êrl crùtoû, ôç ô æar8ocpt6t1q xu| êæ[x].21v Mû0oç, xclg.etù tcrùta, ô6 ô ôuô&oxr),oq'A).é[crv8po6' ëôer 1ùp aùcùv olovôerStepov 6vra 'AplororéÀ4v Conr'-ne le fait remarqucr P. Moraux,i l y a corrupt ion drr tcxte; i l propose de l i re 'Â).eEdvôgou, etëxztrer au l ieu de ë8er. ( Ioc. c i t , p. 778-779 ct notes 19, 20). Laseconde di f i icul té éta i t s i3nalée par I3usse, dans son apparat ,oir il suggérait I'atllition de ciprOpr.eîv.

2. Phi I . d. Gr. l l l 14, 805, Ànrn. 2 (p. 807).3. Arr ien aurai t reçu le surnom de < nouveau Xénophon r ,

Eevogôv véoq, selon Phot.ius, BibI. cod. 58, 17b 14-15 (t. I.p.52 Henrv) . Le ta lent dc Pi t i r ios lu i valut d 'être appelé, versla f in du t r re s. de notre ère, < nouvel Or igène r , vÉo6 'Opryévqç,

id. cor l . 119, 93b 24-25 (r . I I , p. 94 Henry) .4. P. t r ' Ioraux , ar t . c i té, p. 177 -182. I l faut noter que P. I loraux

rrc se borne pas à la c i tat ion qui t rornrne cet Ar istote ; i l en fa i tdans chaque cas l 'exôgèsc en {onct iotr du contexte, af in demontrer que les thèses exarninées di lTèrent de cel les soutenuespar I 'Exégète : le < nouvcl Ar istote r ne se confondrai t pas avecAlexandre. Toutefois, pour l 'un et I 'autre de ces témoignages,P. Moraux propose des correct ions au texto t radi t ionnel ;cela d iminue la portée de son argumentat ion.

5. Gal ien, f lepl lOôv, 11, 4-12, 12 Mt i l ler .

LE SECOND ARISTOTE XXI

nymie d'auteurs di{Iérents. Elias rappelle alors qu'i ly a eu, outre le Stagirite, d'autres personnages dunom d'Aristote : ( comme le pédotribe surnomméMythos, et, plus tard, comme le professeur Alexandre > r.

Le texte poursuit - malheureusement corrompu -_

en laissant entendre que cet Alexandre était considérécomme un second Aristote. C'est I ' interprétationtraditionnelle 2, remise en question par P. Moraux,qui suggère de comprendre que ce maître d'Alexandres'appelait Aristote. Ce sens nouveau donné au texted'Elias impose une double correction du texte :remplacer < le professeur Àlexandre r,, ô 8r,à&oxatroç'Alé(av8poç, par (( le professeur d'Alexandre >, ôôrSd,oxaloç 'AÀe{d,v8pou, puis coniger ëôel, qui n'o{Irepas de sens, par èxd,Ieù 3.

P. Moraux justif ie sa première correctior) en faisanIremarquer le caractère insolite, chez les comrnen-tateurs, de la formule ô 8r8d,oxaÀoç N 4. Certes, unetelle forrnule ne semble pas d'usage courarrt chez lescommentateurs d'Aristote ou de Platon. Mais Elias

1. Elias, in Cat. 128, 12-13 (voir n. 1, p. xx). L'Aristotc,appe lé auss i My thos , es t c i t é éga lemen t pa r DL V 35 (p .214 ,17 Long), c inquième d'une l is te de hui t noms. I I est à notorque le texte d 'El ias est , dans tout le passage, corrompu : lesmss donnent ênr).riprpu0o6, èrcr,À{pu0oq. De son côté, DL nedi t pas de Mythos qu' i l est pédotr ibe I en revanchc, i l c i te, no ?,un pédotribe qui figurait dans la Vie d'e Ploton d'Aristoxène. -

Ce qui pourrai t just i l ier I ' in terprétat ion de P. I l loraux, c 'estque, au cas où Elias aurait écrit ô ôlScioxcr).oq 'AléEev8poc,

ilaurai t mis sur le même plan des personnages nommés Ar istote,et un personnage surnommé Àristote ; I'hypothèse alors qu'Aris-tote serait le norn du maître d'Àlexandre introduirait plus decohêrence dans l 'énumérat ion, Mais voir p. xxrrr . n. -3.

2. C'est cel le t le Zel ler , rappclée par P. l \ Ioraux, ar t . c i l . ,p. 178, n. 1. Cette interprétat ion est encore admise P. Donini ,qui écrit dans Tra Studi sull'aristotelismo nel I I secolo d.c.,Tur in 1974, p. 1 : . . .Alessandro che mer i to i l nome di secondoArietotele.

3. Conjecture qui , en el le-même est t rès acceptable : enorcialo EKA^EI pourrait lort aisémont avoir été recopié EÀEI.

4 . P . 178 , n . 1 .

Page 10: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

XXII INTNODUCTION

est un commentateur tardif, du sixième siècle ,disciple d'Olympiodore, i l peut avoir uti l isé d'autressources que les commenl,aires proprenlent dits, d'autantquc le passâge en qucst ion appart ient aux pro lé-gomènes du comnrentaire. Mais I 'expression contestéen'est pas totalement inconnue, On rencontre dansCyril le d'Alexandrie une formule comme æatip xaiàlôd,oxæÀoç flÀd,rov 1. On contestera la valeur de cetémoignage, parce qu'i l associe deux noms , rcer-ûpet àr,àd,oxaÀoq et qu'il vient d'qn auteur chrétiendont lcs habitudcs de langage p(ruvent avoir cntraînéune modification de l ' t:xprt 'ssion fournic par unesourcc païrnnc.

Bn revanche, lorsque Galien, dans son æepi toûnpoyr,vôoxetv æpàq 'Eæu1év1v parle de ràv 8làd,oxæ),ov'Atré(av8pov 2, à propos d'Alexandre de Damas, onsera prôt à reconnaîtrc un usage de I 'expression encause chez un auteur qui est à la fois un philosophe,et le commcntateur d'I l ippocrate et de Platon.L'æuvre, i l est vrai, où apparaît la formule n'est pasun commentaire. On pourrâit en outre voir, dansI'enrploi particulier de l 'expression, une intentionironique. Mais Galien ne paraît pas avoir été particu-lièrement enclin à l ' ironie, et i l est plus vraisemblabled'adrnettre qu'i l use ici comme d'un < titre >r. En efÏet,avant de procéder à la dissection, à laquelle assiste,entre autres, Alexandre de Damas, Galien préciselcs condi t ions de la leçon, et i l souhai tera i t que I 'undes assistants les plus aptes à irrterpréter les détailsanatornitlues révélés par le scalpel intervienne, àsavoir pr'écisérnent le professeur damascène nomméAlt,x:rrrtL'o 3 ; i l n'y a là rien d'ironique. C'est peut-être

1 . ( l y l i f f r . , C o r i l r a . I u l i a n u n r I I I , 6 4 8 D .2. Ilepl toû rcpoyuvôoxer.v rcpèç 'Errryév1v,

XIV 628, 3 K :vo i r r r . r : i ; r p r i . s . S r r l l r : passagc cn qu t ' s t i on , vo i r p l us l o i n .

3. /û jd. , .XlV 627, 18-628, 3 K : èpoù 8è rcalv dvtég.rcweln6vroç ôc aùrôc pèv ôel[aupr tù èx tiç dvctopi6 garvdpeva,

il

LE SECOND ARISTOTE X X I I I

même, textuellement, I 'expression employée par Galiendevant son auditoire : i l aurait eu garde de susciter,en ironisant, une réaction du personnage connu pourson mauvais caractère 1.

Mais la crit ique peut être plus exigeante. La for-mule 6 àràd.oxæ).oç N, pourrait être étrangère auxcommentateurs des textes philosophiques ; on polr-rait penser que c'est là un titre réservé aux médecins.Or, une telle restriction éventuelle de I 'usage duterme s'elTace devant deux emplois. Le titre du com-mentaire de Simplicius aux Catégories se présenteainsi : )rg.zcÀr,xiou peyd,Àou ôlôq,oxd,lou ôr6çr.vr7pra 2. Il estvrai qrre la comparaison est discutable : i l s'agit icidu titre d'une ceuvre : en outre. i l est sans doutedt à un copiste tardif. Mais voici un emploi du motàràd.o-xa),oç dans un texte d'Alexandre d'Aphrodiselui-même, et dans un commentaire. Parlant d'Héra-clite, I 'Exégète le désigne comme ô Sr8doxa).oç 'Hpd-

xÀelcoq 3. On voit donc qu'i l n'est pas impossibled'admettre I'expression ô 8ràéoxætroç 'A),é{avàpoq, etque, par conséquent, ce n'est pas I ' insolite de I 'expres-

ou),J.o1tocro0orr, 8à cà è4 aùtôv æepar,vdp,evcr, oùx êg.ot g.6vov, &À},rixcrl tôv ôædvc<ov p&).).ov è).7ct(oupr.r 8ûvaoOat côv 8rôdoxa).ov '4Lé-

fc,vôpov1. Les l ignes qui suivent , en ef fet , soul ignent, en même tempr

qrre son renom, la çt).over,xioc bien conrtrte de cet Àlexandre ;tb id. 628, 3-8.

2. C'est le t i t re qu'on l i t dans le cod. L ( : Antbrosionu.s gr .306 ; E 99 sup . ) , x t ve s . I f 1 r e t 181 r , c t dans ses apog raphes ,d 'après C. Kalbl le isch, CAG VII I , 13er l in 1907, cf . p. xrr -xrrret apparat p. 1. P. l loraux la i t rnent ion de ce t i t re, ar t . c i t . ,p. 178, n. 20, mais i l lu i donne une or ig ine byzant ine.

3. Alexandre d 'Àphrodise, in l l le ta. f 308, 28 Hayduck :ôç xcrl tS SrScroxd).g

'Hpaxleltç eln6vc èzrtrpl&'v pl oï6v re

ôl,6 cÇr aùcQ æorcçr.Q èçr6ivar ôr,ù dv pÛorv... Voir aussi Svria-nus, rin Meta. M, 80, 5 Kroll : rôv 'Aptcroté).1v 8tôdoxaÀov.l \ [a is or-r no t iendra pas cr ]mpte de ce qu'on l i t dans I l iéroclès,ap . Pho t i us , B iô I . cod . 214 , 173a 28 ( t . I I I , p . 129 Hen ry ) :xattor llÀ&t<'rvæ ôcùdoxalov èntypagoprévouç, or) le rnot ô18ûoxa),ovost at t r ibut , et non êpi thèto.

Page 11: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

XXIV INTRODUCTION

sion, dans un commentaire, qui pourrait être la justi-I ication de la oonjecturc 'A).efd,vàpou.

La suite du texte d'Elias exige manifestementd'ôtre comigée ; rnais i l n'est pas sûr que Ia correctionproposée par P. Moraux soit satisfaisante I ; mêmesi le nom de ce maître d'Alexandre est vraimentAristote, on comprend mal pourquoi I 'auteur auraitécrit : æûtôv olov 8eûcepov dvra 'Apr,orocéÀ1 2.

En conclusion, i l n'est pas sûr que le passaged'Elias signifie qu'Aristote ait été le nom, ou le sur-nom, d'un maître d'Alexandre. I l se peut que le textecontienne ce que lui fait dire l 'appellation reçue, àsavoir que c'est Alexandre lui-même qui était connucômme un second Àr is tote. Ne nous hâtons pas deprendre parti : ad,lruc sub judice lis est.

Reprenons le témoignage de Syrianus 3, que Zellerassociait à celui d'Elias comme désignant un secondAristote en Alexandre d'Aphrodise.

De I'analyse du passage, qui commente MétaphysiqueM 3, L078a 2L-3t 4, retenons l 'essentiel. I l s'agit de

1. P. Moraux, a.r t . c i t . , p. 178, n. 20, propose de l i re, aprèsô6 ô Sr8doxa).oç

'A).e[civàpou ' êxd}.er .yùp... (ëôet yèp codd.).J 'avais, indépendammerrt , suggéré naguère ÉIe1e (une corrup-t ion de la f inale 1e dcvant 1ùp, pcut-être abrégé, est possib le,en oncia lc cornrnc cn minuscule ; mais la confusion À)Â impl iqueune copie faut ive dans l 'oncia le) .

2. On notera qu'a insi le Stoïc ien Cléanthe avai t reçu lesrrr r rom d' I lerculc, DL VII 170, p. 372, 4 Long: 60ev à17 xalôeûrepo6'I{pcix),er,ç ô K}.eriv01ç èxa}eîto.

3. Voir p. xrr , n. 1,4. Les l igues interprétées par P. Moraux se l isent 99, 17-100,

13 , r l ans l ' ô r l i t i on I { r o l l (CAG V I 1 ) . I l n ' es t p t s i nu t i l e de l esr n r . t t r c s f l u s I n s y e 1 1 y d r r l e c t e u r i

p. 1{)78a22 "Orep ô d.pr0pryrxô6. . . tô ô ' ûtr rxô6.

"f,lvcraolv èvtzû0cr xopu(oprévrlv æpàç riv êcrutoû ô6fcrvè0é).eL ôua),ùoau ' ei ^1d.9, 9zci, 1,ri1 ou.y7-copeï6 elvau Xcoplo-lr';ç à?tll,rr'.;- P1àè o7.-lçr.ata, æepi, 1.ri1 ôvtov ol, pr.a01çr.crtr,xol

5 ôrz),éyovtrL oijre 1àp repi tôv èv coi6 oôp,aor, roiçalo0lroiç, ène r,ôi rù touorûtd, èotlv Évu),.a, o{iæ æeplltsprori*, ênel p1ô' 6koç loproté

' nepl pl 6vrov dipcr.ll

LE SECOND ÀRISTOTE xxv

7 5

ô EÉ 9r1or rrcpt pi1 6vtcov pèv èvep1e[ç, ôuv4pr,et E' 6vtor.zrôç oùv Suvdpel Èocl taûrcr xal oôx Èvep1el,ç, ôr,ôdoxtovtQ &v0pciræç lpicar æcrpa8etypo,tr,, xcr[ gzlorv 8tr êv g,èvxal &ôrcrl.petov ô d,v0pconoç èvepyelcr, coutéotrv 8v tQùrorerg,Évg éÀÀ' ô p,èv dpc0p,lrrxè6 zrpooeÀ0àv aùrQtà povaôrxàv aùroû xcrl rô &copov 0ecopei, ô ôè .yeo:;.r.éc-

pqç tô otepeèv aùtoû xcl tô æ4vq1 Staotatàv èr'wxêrl'e-tar 'ùrd,p1er yàp cûcQ xcd raûta ' oû æpoonoleitc! o6yaùtoû ô 1ecup.érp4ç tà &ôralpetov, tiÀ),ù taûra & ûzrdpXerpèv crûtQ pecâ, toû dôrar,pétou, ûrrdp{er,e ô' ,lv xcl el pt1liv dôralpero6 ' 6oce ôp0ô6 ôrroga[,veccu, tpr,Xfr aùrôvelvar 8r,aoçortàv xcrl èæ' &rer,pov tplcàv xotl 6ocr 6l<oçnepl tôv otepeôv ô yetog.étpqq léyer, æ xal ôe[xvuot.npàç ô p4téov, 6er npôtov p.èv t[ tù d,æù toû Suvdperel6 èvépyer,av d,1ov cô a171tæ xal tô g.éyeOoç ; où 1ôp811 tè àuvdp.et guld(aç ôuvépr.er voeï 6 'yecopétp1ç, cï).L'ê.repyelç aûtà æor{oa6 et ôè toûro, propgol cùrà xald,xpr6Éotepov nolei xal re),eloi. rcô6 ôv oûv 8ûvalto taûrcrnor,e[v pr,l Ë1orv rà èvep1elq Èv éaurQ ; oàv 1dp êotrv,ô

'Aprot6tele6, 6tl ûæô pr,6vou toû èvepletq rô ôuvdg.er

teleroûtca xal elç èvéplelcrv &yeta.t. énata ôè oùôè n<ivca dæàtôv aloOqrôv ôûvacat ).ct9.6&valv { leoptecpta

' æo}}à 'yàp

clûparc xal ;rÉ01 0eopei oXzlpr.dtc':v, &. ô aloO1tôç x6opoçoûX ùno8é8ex'cdr.. elnu (el) Êvepye{ç çrév èotcv èv toiqalo01toi6 tcrûror (otitco 1ùp ô

'Agpoôrorer5q coûro tô

prltôv è[11eitar), ôuvdpter. àè Oeorpeitar xa,O' êcrutd,. æô6d,xpuBéotepdv èotr, rô ôuv&p.er toû èvepyetq ; ô 8i1 xateùlaB10el6 ô veôtepo6

'AprototÉ).16 ô è[1y1dç toû

grloo6gou 'Àprotocélouç,

dv&æa).tv dg1 Àéyerv rôv gr).6-oogov, ôuvdpet pr,èv eïvat èv roiç aloOzltoiç tà êv, ô èær,oxé-ætetal ô &pr.0pr.1tux6ç, :<al rô o1!p.a rà leopr.erptx6v,èvep.1e[qc ôè rircà tôv èæror4pr.ôv Oeopeio0crr. xcrl ilBou].6pt1vèyô prÉ}lov oût<oq elpio0er tQ gutroo69rp ô6 (ô) 'A9po-

ôroteùç ê8oxlpcroev, Xvcr r&. æ &]r]d xa0ap<irrepe ^1t1v1ccu,

aùtQ | ô6(a xal oùv rlel,ovl æapprlolq Àéyetv cùcôv d,ncrt-tôptev, t[ tô ce],erôoav dv ôûvcrg.rv xcrl elç èvéplercrvzraploriocrv.

30

40

2-20 : AIex. 738,24-739.12. l l 6 tù Alex. : pl C l l 7êzel, p.1ô'6koc ôtà<,rç elvar X<opuotd Alex. ll 17 ùndp[er C ll18 &ôr,alpetoq Alex. : &8r,cr{,peca C ll 26 nempe tà êvepyetq ll31 el add. À ll 32 nil tale personatus Alexander ll 33 xa0'êaurô C : corr. IJs. Il 35-36 ô è6lt1t4q toû 9r,),ooôqou'AprotoréIou6 mihi suspecta ll 40 adtl. tls.

De ce texte, voici une traduction :

C'egt une objection soulevée contre sa propre opinion qu'Aris-tote veut ici réfuter; si cn cfÏet, dit- i l , orr admet qu' i l n'y a

Page 12: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

ltI XXVI INTRODUCTION

.i nombros sôpar6r, ni même figuree eépar6es, loa mathôma-t ic iens ra isonnent sur des rron-êtres; cai i ls ne ra isonnent n isur ceux . qui sc t rouvent dans les corps sensib les, puisquede te ls obje- ts sorr t i rnmatér ie ls, r r i sur des êtres séparés, puisqù' i tn 'y a pas d 'ôtres séparés du tout ; c 'est donc sur des non-ê-t resque portent leur,s ra isorrnements. l \ [a is lu i par le de non-êtrescn acte, qui sol i t êt res en puissancc. Comment donc ceux-c ipeuvent- i ls être en puissance et non pas en aete ? Pour le fa i recomprendre, i ! use de l 'exemple de I 'homme, et i l d i t que l 'hommeest un et indiv is ib lc en acte, c 'est-à-di re qu' i l est un en tantque--sujet ; mais tandis que I 'ar i thmét ic ien, quand i l s 'occupede I 'homme, v ise ce qui , en lu i , eet monadique et indiv is ib ie,le géomètre observe son volume et son extension en tous sens;car cela aussi appart ient à I 'homme. Le géomètre ne fe int doncpas I ' indiv is ib i l i té de I 'homme, mais cc qui lu i appart ient avecI ' indiv is ib i l i té lu i appart iendrai t aussi même si i i n 'éta i t pasindivisible ; en sorte qu'il montre correctement qu'il est éteriduselon los t ro is d imensions et qu' i l est d iv is ib le à I ' in f in i ; et toutce qui, d'gne façon générale, appartient au volume, le géomètrele d i t et le montre.

- Contre quoi il faut dire d'abord : qu'est-ce qui fait passerla f igure et la grandeur de la puissancoà I 'acte ? Ce n 'est certeepas en conservant à l 'é tat dc puissance ce qui est en puissanceque le pense le géomètre, mais en le fa isant passer à I 'acte;s ' i l en est a insi , i l lu i donne une forme et le rend plus précie et leperfectionne. Comment pourrait-il faire ccla s'il n'avàit en lui-même en acte les objets dc sa scicnce ? C'est de to i , Ar is tote,quc ce qui est en puissance n 'est accompl i et condui t à I 'acteque par . l 'acte seulement ! Ensui te tout ce que la géométr iepeut sais i r ne v ient pas des sens, car e l le observe de nombreuses{ igures et propr iétés des f igures quc le monde sensib le n 'of f repas. Enf in, à supposer tnême que cel les-c i exigtent en acted.ans les sensjb les (car I 'Aphrodis ien interprète ainsi I 'expres-s ion), c t qu 'e l les soient observées en puissance en el lee-mêmes,comment ce qui cst en puissance serai t - i l p lus précis que ce qui

-est en acte ? C'est précisément cc qu'ayant aussi remarqué,le nouvel Àr istote, I 'exégète du phi losophe Àr istote, sout ientquc le phi losophe di t tout le contra i re, d 'une part que I 'un,qui est I'objet de I'arithméticien, ainsi que la

-{igure géomé-

trique, est en puissance dans les objets sensibles, tandis quec'est en acte qu' i ls sont l 'objet de l 'é tude des sciences. QuÀntà rnoi aussi, j 'e-usse préféré que le philosophe se fût expriméen cet te même {açon qu'en a jugé I 'Aphrodis ien, af in que; pourle reste, son opin ion devînt p lus net te, et que nous lu i demandionsde dire avec plus de franchise ce qui parfait la puissance et lafa i t passer à I 'actc.

N. l l . Dans la sui te du tcxte et des notes, on renvoie, entreparol thèses, aux l ignes du passago c i té dans cet te n. 4, p. xxrv-

t

LB SECOND ARISTOTE XXVII

I 'existence des objets mathématiques, de I 'arithmé-tique et de la géométrie : ces sciences ne s'attachentpas aux réalités sensibles, mais Aristote nie I 'existencede réalités intell igibles séparées - c'est la base deson refus des Idées platoniciennes -, doit-on conclureque les objets des sciences mathématiques n'existentpas ? La réponse du Stagirite s'appuie sur sa distinc-tion entre l 'existence en a,cte et I 'existence en puissance.Les objets des sciences mathématiques existent, nonpas en acte, mais en puissance.

La solution aristotélicienne n'exclut pas toutesles dil l icultés. Syrianus en soulève trois. D'abord,quand le géomètre étudie l ignes et grandeurs, i l lesfait passer de leur potentialité à I 'acte ; or, touteactualisation implique un agent en acte, c'est doncque le géomètre possède déjà en lui-même, en acte,les objets de sa science. En second lieu, la géométrietraite aussi d'objets qui n'ont pas d'existence dans lesensible : i ls ne peuvent donc pas être tirés du sen-sible. En troisième lieu - ce qui est très important -,

si ces ohjets existaient en acte dans les réalités sen-sibles (a c'est ainsi que I 'Aphrodisien explique cetexte ))), et si le géomètre en traitait < en puissance >,d'oir viendrait que le potentiel soit plus exact quel'actuel ? Pour échapper à cette diff iculté, a le jeune

Aristote 1, exégète clu pli i losophe Aristote )), soutientque le philosophe dit inversement que I 'un de I 'arith-métique et la figure de la géométrie existent << en puis-sance )) dans les choses sensibles, mais que les scienceeen question en traitent actuellement.

La conclusion de P. Moraux est que Syrianusdistingue et oppose clairement (deutlich) deux inter-prétations. Selon I 'une, qu'i l attribue à < I 'Aphro-disien >, les mathematica existent en aete dans les

1. < Der jtngere Arigtoteles r, la comparatif allemand, quitraduit le oomparatil grec, ô veôtepoç

'Aptototé1r16, l. 25,n 'a pas d 'autre valeur que le posi t i l .

Page 13: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

XXVIII INTRODUCTION

sensibles, et les sciences mathématiques en traitentcomme s'i ls en étaient séparés, c'est-à-dire qu'i lsn 'ex is tent qu 'en puissance dans ces sc iences. a Lejeune Ar is tote > t le son côté, considère que les mathe-matica existent en puissance dans le donné sensible,mais en acte dans la connaissance qu'en ont lesmathématiciens ; cette prise de position impliquela nécessité de demander à Aristote par quoi sontactualisés les objets mathématiques qui n'existentqu'en puissance dans le sensible, et en acte dansla science : d'où I 'apostrophe des l ignes 26-27.

C'est à l ' interprétation du < jeune Aristote ) que vaouvertement la sympathie de Svrianus. D'ou la néces-sité d'une correction minime du texte transmis.Et, à 39-41 au lieu de : xcri i16ou).6p.1v è"yô p.&ÀÀovoûcoq eipio0ar, rQ grtroo6çqr ôç'AgpoSr,oreùç è8ox[pocoev,P. Moraux, propose de lire : xai l6ouÀ6g,1v fuô p&tr).ovoût<oç eip!oOar, cQ grÀoo69ç .t , ôc <ô > [déjà lJsener,puis Kroll] 'Agpoàr,or,eùç êàoxipcroev.

Il est peut-être diff ici le de refuser I ' interprétationingénieuse du savant aristotélisant de Berlin, en toutcas cela est à coup str bien téméraire. Cependant,i l semble qu'i l fail le relire la page de Syrianus di{ïé-remment, et l ' interpréter autrement ; ce sera revenirà I ' interprétation que Zeller donnait de la formule :ô vecbtepoç 'Apr,ocotéÀ1q ô èhnciç coû grÀoodgou'Apr,ococéÀouq.

Tout d'abord, i l est vrai que l 'expression ô ve<6tepoç'Aprococé).r16 est inusuelle. Blle semble impliquerque le personnage ainsi qualif ié portait le même nomque le Stagirite, de même que, dans le Polit ique d.ePlaton, à côté de Socrate, )oxpd,rr4Ç, on voit inter-venir son homonyme, Socrate le jeune, loxp&c4çô ve<ôT epoq. Le comparatif pourrait alors signaler( lue la comparaison por te sur deux personnageshomonymes, deux a Âristote r. Nlais on ne doit pasomet l . re l ' l rvpot ,hèse qrre le nom lu i -même peut êt re

À

LB SECOND ÀRISTOTE XXIX

un surnorlù r. On a des exemples de noms il lustresappliqués comme surnoms à d'autres personnages.Ainsi Photius nous apprend que Piérios, prêtre del'Église d'Alexandrie, mérita, par le charme et I 'uti-l i té de ses sermons, d'être surnommé < un nouvel

Origène r, dôote xai véov èæovopaoOflvær, 'C)pr,yév1v 2.

Amien, qui nous transmit I 'enseignement d'Bpictète,en raison de sa culture et de sa gloire militaire, fut

surnommé ( nouveau Xénophon n 3. Si l 'on rapprochela formule de Syrianus de celle que nous donne Elias,aùràv oTov àeûtepov dvtot 'Apuotocél1v, il n'apparaîtpas invraisemblable d'admettre que nous avons làune désignation qui peut convenir à un 'Alé{av8po6

en qui, en raison de sa connaissance précise et étenduede la doctrine du Stagirite, on voit un nouvel Aristote,un second Aristote, ou même plutôt < le second Aris-tote r. Ce que peut signifier I 'emploi du comparatif,à la place du positif que nous avons dans les exemplescités, c'est en e{Tet la singularité du cas d'Alexandre :i l est < le nouvel Aristote >,le seul à mériter la compa'raison, et non pas un autre Aristote, un nouveauparmi d'autres - ce que signifierait I 'emploi du posi-tif. La cornparaison ne porte, et ne peut porter quesur deuæ personnages, le Stagirite et I'Aphrodisien :I 'emploi du comparatif s' impose.

L Dans la référence d'Elias, témoignage no 5 de P. l\[oraux,on note une dissymétr ie : i l nous di t qu ' i l y eut d 'autres Ar istote,dD,or

'Aptotrrtétrerç, et il citc d'abord ôç ô æatôotp{,6r1ç, xal èil-xl.qv Mû0o6 u Comme le pédotribe dit aussi par surnom Mythos r,puis il ajoute ôç ô ôrôdoxa).oç

'Atré[av8poÇ ( comme le maîtreAlexandre ), on est presque tenté de poursuivre, entraîné parle mouvement de la phrase, xcrl êrrlxtr1v

'Aprocotétr16, < dit aussipar surnom Ar istote ! r-

2. Phot ius, Bib l . cod. 119, 93b 24-25 (1. I I , p. 94 Henry) .3. Phot ius, Bib l . cod, . 58, 17b l r*-15 (1. I , p. 52 Henry) :

èæorvdpra(ov ôè aùtàv Eevoçôvtcr v{6v. t On le surnommait lenouveau Xénophon r ( t rad. R. Henry) . Plutarque nous apprend,Symp.I6,2,62la, que Mithr idate avai t été surnommé, Dionysos,cé que confirme Àthénée, | 212d (: Positlonius, The Fragments,E. K., F 253, l. 48, p. 2221 toû véou ÂrovÛoou.

Page 14: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

xxx INTRODUCTION

I l reste à voir si notre témoignage no 6, le textede Syr ianus, peut , autor iscr ce sens. Tro is remarquessont , i \ cet égard, nécessai res : L0 A 100, 6 (34) , ô 8 l xa in ' i r np l i q r re r r i t l l c r l l n t t r ne r , pp r t : i t i on , ' n t re ce q t r iprécède, ct en particulier ô 'Agpo8r,or,eÛq, 4 (32), er cequi suit, ô veôrepoq 'Apr,ororéÀ16; les particulesannoncent une précision, une application particu-lière ; et aucun autre élément stylistique n'institueici une opposition 1' 20 i l convient de faire porterd,vd,æa).rv, comme le {ait P. Moraux, sur }.éyetv, etnon pas sur ëg1; I ' interprétation donnée pour inno-eenter Aristote d'une diff iculté qui est près d'ôtre uneabsurdité, consist.c à soutcnir qu'i l vetrt dire, le con-traire 2; 3o I ' incid,:nte, 100, 4 (32-3), oûcto xai ô'Agpo-àr,oteùç toùco cà p1tôv è[r11eîcæt, signifie-t-elle quel'Aphrodisien admct l ' intr:rprétation selon laquelleAristote tl irait qrre les m.athe.matica sont cn acte dansle sensible et en puissance dans les sciences mathé-matiques ? On peut légitimement en douter, etadmettre que I ' intenogation elle-même - commentalors admettre qu'i l y a plus de précision dans cequi est en puissance que dans ce qui est cn acte ?100, 5 (33-34) - fait partie de I 'cxégèse.

Par suite, ô 8l xai eûÀa610ei6 se rapporte à ce mêmeAphrodisien, désigné alors de façon nouvelle, afind'accentuer le caractère < orthodoxe l de I ' interpré-tation grâce à laquelle la di{ficulté est éliminée.

1. C'est ce que montre I 'emploi dc I 'expression ôl xai a i l leurs,dans le commentaire de Syrianus ; en particulier oÛ 8l xai87, 21 ; & ôl xal 96, 9. Déjà Alexandre, in Topic. <jr ôl :tai501 ,7 . "O S l xa l es t à r app rochc rdexa l 8 l x c l , < comb ina i son udc part icules qui ne pcut être sent io comme annonçant uneopposi t ion à ce qui précède, dans la eui te. Cf . J . I Iumbert ,Sl lntam grecque,3e éd. , Par is, 7972, no 716, p. 406.

2. Srrr cet emploi de d.vd,rsa).tv à côté d'un verbe qui rapportele propos d ' r r r r interprètc, cf . Àlexandre, in Topic. 760, 3-5 :8et6ac ôè zrpàç eù6 xaraoxeuùç tôv g,èv &rsô tôv 'yevôv nepltôv etôôv xarctoxeud(ovta tôrsov rfcuôi dv 8è ilzsô tôv clôôvntpl rôv yrvôv ô),10! &vdrallv glorv Ë7"erv èrl tôv &vaoxeuôv.

À

LE SECOND ARISTOTE XXXI

La dernière phrase, i-00, 9-13 (39-44), n'a doncpas à êtrc corrigée, pas mêmc de façon nrinime.ll n'y a pas à ajouter {, pour associer pr,&tr},ov ... <} >ôç, ni même à comprendre, sans cette addition,pr.&,trÀov... ôç 1, il su{fit derattacher p.&Àlov àl6ouÀ6g.1v 2,

et de prendre oûccoç ... ô6 comme corrélatifs. Oncomprendra alors : < Quant à moi (sc. Syrianus)j 'eusse préféré que le philosophe (sc. Aristote) ettparlé de cette manière ainsi qu'cn a jugé I 'Aphrodisien,afin que, pour le reste, son opinion devienne plusnette, et que nous lui demandions de dire avec plusde franchise ce qui parfait la puissance et la faitpasser à l 'acte n. C'est dirc qu'i l tre fait plus dc douteque c'cst bicn l 'activité drr mathématicicn quiactualise les mathemalica contenus en puissance dansle sensible ; mais alors on est en droit d'exiger qu'Aris-tote admette I 'existence d'objets mathématiquespurement formels, car sa propre thèse sur I 'antérioritéde l 'acte par rapport à la puissance implique la véritédu platonisme.

Si cette interprétation est exacte, on est en droitde considérer qu'Alexandre d'Aphrodise et le nouvelAristote, exégète 3 d'Aristote, ne sont qu'un seulet même personnage.

Comme on le voit, i l n'est guère possible d'admettrele rôle qye P. Moraux voulait faire jouer à Aristotede Mytilène dans la formation d'Alexandre d'Aphro-dise.

1. On a des exemples de cette construction : Platon, .4pol.36d ; Plutarqre, Coriolan 2310 6 ; 36, 2 ; Polybe 3, 1,2, 5 i77 , 2 , 9 . . .

2. i16ou).ôpr1v èyô p.&tr).ov, ll. 39-40, n'implique pas un d ;cf. Syrianus, in Meta. 17,29: ôç èxpfver pr.â,)J.ov'AÀé(avôpo6.

3. ô è[r1p;cfiç semblo convenir à I'Exégète par ercellence,c'est-à-dire Alexandre d'Aphrodise, voir ci-après, p. Lrrr etn. 2.

Page 15: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

XXXII INTRODUCTION

d) Adraste d'Aphrodisias ?

Faut-iI aussi compter, parmi les maîtres d'Alex-

andre, Adraste d 'Aphrodis ias ? On l 'a admis r ' Le

fait qu'i l ait été péripatéticien et originaire d'Aphro-

disias serait .r, fàlr.rr" de I 'hypothèse' Cité dans le

commentaire aux Catégories et par Simplicius et

par Elias, i l est aussi mentionné dans le commentaire

e b nnysiquev. Mais nulle part nous n'apprenons

qu'i l a éîé ie maît"e d'Alexandre. Qu'Adraste ait été

*igin"i"" d'Aphrodisias, qu'i l ait peut-être été I 'aîné

d'Àlexandre cela ne sullit point à donner autorité

à une opinion qu'aucune attestation positive ne vient

conlirmà", qu'uucrn indice signi{iant ne vient suggé-

rer. En l 'état actuel de nos connaissances' on ne peut

rien dire de ce préceptorat hypothétique d'Adraste

envers Alexandre.

3. - Les sources arabes et leur portée'

Le plus ancien des biographes arabes, Ibn Nadim

(935-9^95) 3, dans son Fihrist a, écrit : < Alexandre

à'Aph"oâi*. vivait à l 'époque des rois des Jawâ'if,aprËs Alexandre. I l connut et rencontra Galien' I l

.,r".ro-r.r"it Galien ( tête de mule n. Il y avait entre

eux des discussions et des disputes' Nous avons déjà

1. I. Diirins, Aristotle in the Biographical Traditio-n'.p'.242'24â: i i ;;si; i; péripatéticicn du"miiieu du second siècle denotre ère,'âuteu"i entre autres, d'un -flepi. tiç ttt(etoç tôv'Aprototéiouq ou'rypappr.dtcov, c!té- Par-SiSRlicius, i" Çg!' .19'i-i,"i-a.-io-iz. V,ji"'bu"cké, P.-W, n'-E' t' I, col' L1^6-!.1?'; ; i . i i : ; i t pu être le maître d'Athénée, selon Ch' B' Gulick''Àni"Z",

Oriprr ' 'XV, 673" (ed. Locb, t ' VII, p' 107) : t possibly,r '

Galien, XI* 42-43 K, le cite comrne commentateur des Lo'e-

8n ! t " l i ; ,n1 , t ; " l , rs , in P / r r rs . 4 , 11-12 . -

l J . Sr r r ' I l rn N l< l i rn , "1 .

n Î t , t . I I I , p . 863b-865a; E IÙ, t ' l l l '

p . 1 ) l1 ) ; r - '1 )20b.'" t i , . 'Ài t ' : ih; ist, ét l . G. Ir l i igel, J. Rodiger, A. Mti l ler, Leipzig

1871-72. o. 252, 2h-2lt : l ' 71 '

ALBXANDRE DE DAMAS XXXII I

cité ses eommentaires des æuvres d'Aristote dansnotre article sur Aristote l. Suit une anecdote, emprun-tée à Yahyâ ibn ,Adi, concernant le prix élevé descommentaires d'Alexandre à la Physique et au traitéDe la rlén'tottstru!.iorr. (: Analytiquis postérieurs),dans leurs vers ions arabes, au xe s ièc le.

L'article sur Galien 1, du même auteur, ajoute cedétail : n Galien se rencontrait souvent avec Aiexandred'Aphrodise, et Alexandre I 'avait surnommé ( têtede mule >, à cause de la grosseur de sa tête l 2.

a) Alexandre d'Aphrodise et Alexandre de Damas.

Abù'l-\\ 'afâ' al-MubaÈËir ibn Fâtik écrit, vers1055, un ouvrage intitulé Muhtâr al-Hikam tvaMabâsin al-Kalim 3. Dans I 'article

"orrs"".à à Galien.

7. Ib id. , p . 289, 11-12.2. Selon les normes de notrc < best ia i re caractérologique l ,

nous vcrr ions plutôt là une al lus ion au mauvais caractére et àI 'entêtcment du rnédccin de Pergame. I la is i l se pourrai t qu, i ly a i t à I 'or ig inc du sohr iquet , que I 'on ne connaî i q, r" p^ i1" ,seules sources alabes, utr cor t i re-sens. Le grec ôplx6i , u . leT\ le! i , pourrai t êt rc unc nrél r .c ture t le ôpr, iôq, u i .e lat ï f à Iad.éf in i t ion r . Voir p. . .xr .v, n.-1, c i -après. Certe i , i l n ;est pas impos-sib le de.penser qu'Alexandre ai r . -pu avoir , à l 'égard de Gaf iun,une at l i tude cr i t iquo, et quc cc- dcrnier a i t r iani fcst6 de lamauvaise humeur. Mais i l r r 'est pas rron plus impossib lequ'Alexandre ai t pu voir en Gal i .n un- ( maît re d 'e ta déf in i t ion , .De I 'est ime en laqucl le Alexandre pouvai t avoir tenu Gal ien,on pourrait voil un indice dans le falt qu'il le cite aux côtés dePlaton et Ar istote, in Topic. 549,28. La t radi t ion arabe nousfait connaître., par ailleuri, des réfutations de Galien par notreAlexandre d 'Aphrodise : c 'est du moins qu' i l iuqeai t leô idées deGal ien digrres de sa cr i t ique. Ainsi lcs iAæoi[a" ] , conservées enarabe, sont consacrées à iéluter certaines th'èses : < Réfutationde la thèse de Gal ien sur le possih le >.(scor ia lensis ar ,7g8, fo 5gv),< Réfutation de la critique que Galien fait à Àristote soutenantque.. tout mo_bi le exige un moleur r (Constanl inopol i tanusl l l i I Iet -Jarul lah 7279,Io 66v. . . ) , édiré et t ràduir par N. Resherp. t l \ I . E,_Marmura; voir p. vrr , n. 2. Ibn Abi Uçàybica s ignale,'Uyûn a l - anbâ ' , p . 70 , 13 -14 , u r re < Ré fu ta t i on du r . r r r e " l i v r édt Traité de Ia d,étnonstration de Galien r par Àlexandred'Aphrodise. Cf . nos 20-22 da la n. S, r r . t_r l r - . i .

g. Abû ' l -Wafa ' l -Nlubaèèir ibn al -Fat ik a l -Àmir i vécut sougles règnes des souverains Fat i rn ides Az-Zâhir ( i021-1096)

2I

Page 16: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

xxxrv INTRODUCTION

À

i l parle du second séjour de Galien à Rome en ceg

termes : < Puis i l (re)vint à Rome. A Rome iI pratiqua

des dissections (Sarraha) en présence de Boethus ;le fréquentaient assidtment Ie philosophe Eudème,

de la secte péripatéticienne, et Alexandre d'Aphrodise

le Damascène (Al - Iskandar a l -Afrûdis i ' l -DimaÉqi)qui, déjà à cette époque, avait été jugé digne d'ensei-

gner à Athènes, en leçons publiques (fi majl is 'âmm),

les sciences philosophiques selon Ia doctrine péripa-

téticienne > 1.

On voit apparaître ici une notation assez étonnante,

qui marque d'abord l ' ignorance de la signification

de I'adjectif al-Afrùdisi (: ô'Agpo8roleÛç), puisqu'un

second adjectif de même nature' ethnique, lui est

associé, donnant ainsi une double nisàa à notre

personnage. Il faudra se demander d'ori peut provenir

cette appellation < le f)amascène n.

Al-Qiftï (1,L72-L248) 2, dans son histoire des savants,

Ta'ri l .r al-hukamâ'3, ne fait que reprendre, avec quel-

ques variantes, I 'article du FiÀrist' Mais i l explique

le surnom donné à Galien < par la puissance de sa

et Àl-Mustançir (1076-1094). Son ouvrâge est connu sous letitre -Los Bocâdos ile Oro. Le texte arabe en a été édité parA. R. Badawi, Madrid, 1958'

1. Abù ' l -Wafâ' l - l \ [ubaÉ!ir". p. 291' 3-6 Badawi :

o 6 s r . r * l s ' , t l i \ * e ê : . * s t J l r L

i"JLll ft ,y .rr-l.ill crnrtl le'lt 9;a

Jj l .r ; g; iJl oi. : ."rJt .r-.r2-iYl )r3-\ l t

,i i.iii ir,.u' rlJ cjrl Ii ç.'.- ù.jr.,-rt '"y *'L(-l l rrl" iVu-:-n

La phrase qui suit mentionne la présence du consul Sergiuel)aulus I Ia note 1 de A. R. l ladawi est à suppr imer.

2. Sur Àl-Qi f t i , c f . .8I1, t . I I , p. 1062b-1063a.3. T 'u ' r i [ a l -hukamd' , éd. J. L ippert , Leipzig 1903, p. 54,

1-55, 1. Notone que, do cot ouvrage, noue n 'avon! que lesextra i t r qu 'cn a conservé al -Zawzani .

ALEXANDRE DE DAMAS xxxvtête dans la recherche et la discussion )), ou ( pourmettre fin aux discussions l r.

Ibn ^Abi Uçayl-ri 'a (L208-L270) 2 uti l ise la même

notice 3 qu'i l modifie- en lui apportant des complé_ments. Comrne al-Mubaé5ir, i l àLnne à notre auteurle nom d'Alexandre d,Aphrodise le Damascène.II nous apprend ensuite qJe notre homnre < fut unphilosophe tout à fait compétent en , sciences philo-sophiqu_es' et. expert en , sciences de la ,r"t,ri"l i ;r l tenait réunion publique

_où il enseignait la philo_sophie >. Après avoir souligné I ' impo"rtance de sescommentaires d'Aristote, Ibn Abî Usaybi.a rapporteI'anecdote relative à leur prix, et dorrrru ensuite uneIiste des æuvres d'Alexanâre, plus étendue que celleque donnaient ses prédécesseurs.

Dans son article sur Galien 6, Ibn Abi Usaybi.a

"épèlu aussi ce que nous avons lu chez Al-MuË"iSi, ,

a A-Home, fréquentaient assidûment Galien : le philo_sophe Eudème, de,- la

_secte des pér ipatét ic iens, etAlexandre d'Aphrodise Ie Damascènu qrri, aeja a

"etteépoque, avait-été jugé digne d,enseigier à Athènes,

l " l . t : i t publ iques,- l " . r . i .n .u, phi lJsophiqrres * . lon

Ia.doctrine péripatéticienne )). Ainii, Alexanàre auraité-té, à Rome, un fidèle du cercle où Galien enseignaitI 'anatomie aux

- grands rnagistrats, notamment àJergtus paulus, lors de son second séjour à Rome.

^.1. Cependant Al-eifri a d9jà rappel6, dans la notice surAlex_andre d'Aphrodise, .p. l"?6, d,' f, irt""p"itation donnéepar Ibn Nadim'' n e., ""iJor,-dïi"-;.;;;;,âJ sa tête ,. CesdiIïérentes exégèses d" .rot"iq,_,ei-,?;;Ë;;"i" de l,embanagdea biographes-pour saisir t" . ig"inr^ilà;' 'à; ';" qui esr, poureux,.énigmatiquè. Dane cee hésiiationr, l. "*i."q,i; i i

fà"t."J,un^signe d 'une mépr ise du t raducteur.i ' . sur lbn Abi Uaaybic_a, cI . EI t , t . I I , p. B79b-Jg0c.3. Dans ses c(Juûn'ai_a."qq

1i nafia'"î ,liioË:, éd. A. J\rriller,Le.Caire, 1882, r . " I , p. 69, 27_?i : -5- . -a ' ' \ 'v w"vwq '

,,_o^. f-.r n petits écrits > (=. euaestiones) d,Alexandre d,Âphro_ûrs€, concernent, en grand nombre, des'queet iono d;ph; ; i ; ; ; .5 . I b i d . , t . I , p . Bà .

Page 17: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

xxxvl INTRODUCTION

ô) Alexandre d'Aphrodise et Galien'

Les biographes arabes nous fourniraient des aperçusnouveaux sur la vie d'Alexandre d'Aphrodise : unséjour à Rome, des rencontres avec Galien dont i l

crit iquait le caractère. Mais l ' information devientsuspecte quand on s'attache aux développementsfournis par Al-Muba35ir et lbn Abi Ugaybi'a. Ceux-cien elÏet complètent d'une manière inquiétante lenom d'Alexandre d'Aphrodise : a le Damascène n.

Nos sources grecques ne mentionnent jamais la cité

syrienne à côté du nom de I'Exégète. En revanche,nous connaissons, par Galien, un Alexandre de Damasqui pourrait bien avoir été un philosophe à peu près

contemporain, mais difÏérent d'Alexandre d'Aphro-dise, comme on I 'admet couramment. La question

mérite un examen détail lé.Dans deux ouvrages de Galien : le llepi &vacopr,lxôv

èlXerploecov 1, et le flepl roù æpoyr,vôo-xelv æpàç 'Eæl-

yêvz;v s, on retrouve presque textuellement une partie

des notices de nos biographes arabes : c'est en efÏet

1. Galien, II 218, 6 sq. K : nctpdvto6 orùtQ del pr.èv Eù8f1g.oute toû æepræat1tr,xoû xal

'Atre(civôpou roÛ Àa6ra^ox1voÛ,^toÛ vÛv'A0zlvfi orv'&[r.ouptévou coû neplnatlttxoùç À61ouq ô18Éoxer,v ô1çr.oo[ç.Ain i i , "Alexandre de Damas enÀeigne, mainlenant, c 'est-à-di reau moment où Gal icn écr i t , à Athènes. On notera que I 'arabe de

MubaÉëir, voir p. xxxrv et n. 1 ci-dcssus, au lieu de vro.v, mainte-nant , écr i t r qâd uhhi l " f i {â l ika ' l -waqt, açai t -déjà été d ' igne.en ce temps-lài co--" s'il avait Iu liô4 au lieu de vÛv.- Quoiqu' i l en s-oi t , i l convient de s i tuer cet te réf lex ion vers 177, ce que

l ;on admet, en général pour la composi t ion des deux premiers

l ivres (voir n. 1-p. xxxvrr) , ce qui cst vraisemblablc, puisque

la foràule utilisèe paraît bien désigner un enseigne-ment oJh-

ciel, tel que celui qui a eté institué par Marc Àurèle en 1?6-

177 .Sur I ' in terprétat ion dc ôlu.ooiq, on consul lera M'-O. Goulet-

Gazé, u L 'Éôle de Plot in > ' , in Porphgre, La Vie de Plot in, I ,

Par ie, Vr in, 1982, p. 244-246.2. XIV, 627,3-$i8,4 K. Une longue narrat ion met en re l ie l

ls mnuvais caractère d 'Àlexandre de Damas, maie ausgi la

s r r sccp t i h i l i t 6 de Ga l i cn .

ALEXANDRE ET GALIEN XXXVII

i

û

Ia source de ces informations. Mais le texte grec deGalien parle d'Alexandre de Damas, ,AÀé[orvgpoç

L,æpæoxr1vôq, sans jamais nomrner Aphrodisias. iesdeux premiers livres du Ilepi d,uocolrtxôv è^11elp{oecovayant été écrits vers 177 1, i l paraît nécessaire dedistinguer deux personnages ayant porté le mêmenom d'Alexandre : I 'un de Damas, ayant fréquentéGalien

.e] deve11, par la suite, professeur de philo.o-

ptrie péripatéticienne à Athènes, I 'autre d'Aphrodi_siasr n-ommé par Septime Sévère et Caracalla, unevingtaine d'années au moins après son homo.ryme,sans doute à Athènes, comme professeur dans la ^êmechaire. Ainsi deux professeurÀ de philosophie aristo_télicienne a.uraient porté le môme norrr. Là fréquencedu nom d'Alexandre, à cette époque rend ie faitassez vraisemblable.

Et cependant, i l reste des questions.La notice la plus ancienne, celle d'Ibn Nadim. donne

le norn d'Alexandre d'Aphrodise, sans plus ; l 'épithète< Damascène D n'apparait qu'au milieu du *rd siècle.avec al-Muba5Ëir. On peut interpréter Ie fait de deuxfaçons. Ou bien la source grecque d'Ibn NadTmdonnait le nom d'Alexandre, .u.r. autre précision,et on aura, en raison du renom de I'Exégète, déjàconnu des milieux philosophiques, arbitrairementajouté < d'Aphrodise r. Qq bierr on aura substitué,pour la même raison, dans une notice venue de Galien.à I 'adjectif <t Damascène >, l 'épithète n Aphrodisien n,en pensant au péripatéticien mieux connu, ou seulconnu 2.

1gââ.Cf Ch. Singer, Galen, On anatomical proceilures, Oxlord,

. 2. . C'est .à co-ug sûr lc renom de I 'Exégète qui a fa i t at t r ibuerà Alexandre d'Aphrodise des fragmen-ts de proclus traduitsen,arabe, et ident i f iés, de façon indépendante, par S. p inés{( une versron arabe de_ trols prop_o-sitions de la Xtollel<oolç0eo),oyrxf1 de Proclus n, Oriens g; i955, p. 195-208) et B.'iewin(q Notes Bur un texte de Proclue en traduction arabe r, Oricntalia

Page 18: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

XXXVIII INTRODUCTION ALEXANDRE ET GALIEN XXXIX

Si Alexandre * dit < de Damas u - avait été nomméprofesseur de philosophie péripatéticienne à Athènesau moment où Galien rédigeait le second livre de sontraité surles disse ctions anatorniques (IIepi dvocropr,r,xôvè'yXetpdoeov) , vcrs 5.77 , on ne saurait le confondreavec I 'Alexandre - d'Aphrodise -, {ui rédige entre198 et 209, mettons en 198, I 'envoi d'un traité parlequel i l remercie les Empereurs auxquels i l doit sanomination. La chronologie oblige à distinguer lesdeux personnages. La confusion viendrait doncd'Al-MubaË5ir, ou de sa source ; elle est l iée à I ' igno-rance de la chronologie ; elle est I ' indice du renomde I'Exégète, qui semblait être le seul digne repré-sentant de l 'école péripatéticienne.

On écarterait donc comme sans valeur tout ce queles sources arabes nous disent d'Alexandre d'Aphrodisepour le restituer au Damascène, qui aurait enseignéla philosophie d'Aristote à Athènes verc 1"77. i l auraitété le premier titulaire de la chaire d'enseignementpéripatéticien. Mais cette façon de résoudre la dilf i-culté est-elle pleinement satisfaisante ? Qu'i l y aiteu, dans la même chaire d'enseignement, deux per-sonnages du même nom, Alexandre, à vingt ansd'intervalle, n'est peut-être pas tout à fait invrai-semblable, en raison de la fréquence du nom en AsieMineure r I mais s' i l en eût été ainsi, on peut supposerqu'i l en serait resté des traces. Et nous n'avonsaucun écho d'un enseignement philosophique et de

al ternat ives et ôquivalentes. l l n 'y a aucun l ien entre Damas,en Coelé-Syrie, et Àphrodisias de Carie. On ne saurait voir non

ll^":-,9":i_.11é1:{f:^'Aspoôror,eùç Aaçr,aoxr1v6ç un exemplede l r ta nomtna, romarns .

1. Faut- i l mett re cet te vogue du nom en rapport avec tecul te d 'Àlexandre, qrr i va retrouver sous les Sévèrég une v igueurnouvel le ? Voir A. t l r i ih l , r Le souvenir d 'Alexandre Ie Grandet les Romains n, MéIanges d'Archéologie et d'Histoire de I'Écolefrançaise ile Rome, 1r7, 1830, p. 202-221 lcl, p. 274, Dion Casgiug75, t3l.

II est clair, comme on le voit d'après le texte d'Al-

MubaÉSir, que I ' information vient de Galien r, à

I'exception de l 'épithète r Aphrodisien rr, al-aÎrùdisi

(: 'AgPo8lor,eÛç), que ne donne pas le texte grec'

Quelle est I 'origine de l 'association, surprenante, des

deux adjectifs ? S'i l est vraisemblable que I 'une des

sources d'Al-MubaËËir est, comme on le pense, -

directement ou indirectement - Porphyre 2, et son

Histoire philosophique, on n'a aucune raison de penser

que les informations sur Galien et Alexandre d'Aphro-

dise puissent avoir cette origine' puisque aussi bien

eetre Histoire philosophique ne s'étendait pas jusqu'à

la seconde moitié du rro siècle. En outre iI est tout à

fait improbable qu'un auteur grec ait pu ainsi juxta-

poser les deux ethniques, ô'Agpo8loteùç ô Aapaoxlvdq,

dans la désignation d'un seul et même personnage 3.

Suecana 4, 1555, p. 101-108). I l n'est pas vraisemblable, ene{Iet, qu'on ait substitué, en milieu syrien ou arabe, à Damar,ville célèbre, Aphrodisias, qui était peut-être alors totalementoubl iée.

1. Les deux ouvrages de Gal ien ont été t radui ts, d 'abord

en syriaque, et par A-yub, et par lfunayn ibn Isâhq. Le llepl

d,vcrtôguxôv êqetpdoecov a été corrigé par Tunayn pour

Yuhannâ ibn Niàsà*ayh (no 21 de la l is te des écr i ts de Gal iendécrite par Ilunayn; cî. G. Bergstrasser, t Ilu_nayn ibn Isltâq

ùber die syrischen und arabischen Galen-ùbcrsetzunge.n -))'Abhandlungen fiir die Kunde des Morgenlandes,lT, Nr 2, -Leipzig1925). Le lÏepl toû zrpolvdrcxerv npèç

'Errr1év1v (no 69_-de lal is te 'de Hunayn) a été i radui t en arabe par c lsâ ibn Yabyâ'pour Abû 'l-Hasân. - Ibn Abi Llsaybica a consacré son ouv.rageàux biographies des médecins, il est de Damas- : la p-récisionqu'ajoute i la notice venue d'Ibn Nadim et d'Al-Qifti le refletdu texte de Galien que donne Al-MubaÈÈir, a dtr flatter sonattachement à sa v i l le natale.

2. Voir, par exemple, F. Rosenthal, < Aralische Nachrichteniiber Zeno-den Bleâten r, Orientalia 6, 1937, ori les articlesZénon d 'Élée, p. 30, et sur la v ie de Solon, p ' 40, contenus dansI'ouvrage d'Àl-NIubaÈËir, viennent en totalité ou err partied.e I'Histoi.re philosophique de Porphyre.

3. On pourrai t c i ier Diogène r le l3abylone, ou de Séleucie;cf. DL VI 81 : rêraptoç ot<oTx6ç, yévoç EeÀeuxeÛç, 6 xal' pa6u).<6vlo6

xzloûpooç ôrè <lv lettovlcv (p. 283, 17-19 Long)' et StrabonX IV l : SVF I I I , ' no 2 D iog . ) , ma i s l es deux e thn ies son t a l o r s

j

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I

Page 19: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

XL INTRODUCTION ALEXANDRE ET GALIEN X L I

et des additions 1. Ce serait à I 'occasion de cettedernière révision que la mention concernant la fonc-tion remplie à Athènes par Alexandre aurait étéajoutée dans le texte du l ivre II. En ce cas nousaurions un indice qu'Alexandre - d'Aphrodise -

a été nommé à Athènes, sous le règne de SeptimeSévère, vers 198, au moment où l 'Empereur asso-ciait à I'Empire son fils aîné 2.

S'i l en est ainsi, i l faudrait admettre que le textegrec de I'ouvrage de Galien est fautif : Galien auraitconfondu entre Alexandre d'Aphrodise et Alexandrede Damas. Il aurait cru que le maître de philosophiepéripatéticienne qui venait d'être nommé à Athènes,au moment de sa dernière révision du llepi d,vacopr,uxôvè1Xelp{oecov était l'Alexandre qui avait suivi sesleçons à Rome. Mais alors, la notice biographique laplus ancienne, celle d'Ibn Nadim, dépendrait d'uneautre source que de Galien, et c'est en corrigeantmaladroitement Galien à I 'aide de cette informationque les biographes suivants, comme Al-Muba5Éir,auraient a créé r Alexandre d'Aphrodise le Damascène.

Mais il y a une di{liculté plus grave. Galien nousdit ail leurs que Flavius Boethus avait recours, pourétudier les doctrines péripatéticiennes, aux leçonsque lui donnait Alexandre le Damascène 3. Une tellefonction suppose que lors du premier séjour de Galienà Rome, Alexandre était un homme en qui un person-nage consulaire pouvait avoir assez confiance pour

1. Galien so relisait volontiers. Un auteur qui a composé,sans doute à dix ans d'intervalle, deux ouvrages sur son æuvre,Ilepl ti6 rdt$etoç rôv lô[,<,rv pr6À[<ov et flepl côv l8[ov Br6][tov,doi t avoir éprouvé un certa in p la is i r à re l i re ses écr i ts .

2. Il se peut que la nomination ait été quelque peu antérieureà la désignation d'Antonin comme Auguste, car il laut tenircompte des délais de transmission, Àlexandre aura asgociéles deux Empereurs dans sa dédicace, a lors que sa nominat ionpouvait avoir été décidée quelques mois, ou même un an aupa-ravant.

3. Gal ien, XIV, 627, 2-4 K.

commentaires de l'æuvre d'Aristote par le Damascène 1'

Dans son article de I'Encyclopédie d'e l'Islam,

2e édition, consacré à Galien, G. Strohmaier admet

l ' idée que I'Alexandre de Damas cité par Galien, et

Alexanàre d'Aphrodise seraient un seul et même

personnage 2. L'une des diflicultés de I'identification,

,rons I'avons vu, tient à la date à laquelle Galien

aurait écrit Ie livre II du flepi d,vatopr.txôv è'yleupd-

oecov 8. L'ouvrage entier n'a pas été composé en une

seule fois, et depuis les recherches de J. I lberg a,

on sait que Galien, après avoir rédigé les deux pre'

miers l ivres lors de son premier séjour à Rome (162-

166), avait repris son travail sous Marc-Aurèle (169-

180) et I'avait alors poursuivi jusqu'à la fin du livre V ;puis, sous Commode (180-192)' i l aurait écrit sans

àoute les six l ivres suivants ; et ce n'est que sous les

Sévères (193-199) qu'i l aurait complété I 'ouvrage,

avec les l ivres XII à XV 6. I l n'est pas invraisemblable

qu'alors Galien se soit relu, et ait introduit dans les

parties déjà rédigées de I 'ceuvre des modifications

1. II est arbitraire de vouloir attribuer à Àlexandre de Damas

les Àla8o1cl rôv gtloodgcov, comme le fait A'. Gercke, R.'--'E'

att. Alerïnder çon'Damaskos (no 93). ll est vrai que I'attribu-

t ion à Alexandre d 'Aigai ou à A. Polyhistor n 'a pae davantage

de fondement.2. G. Strohmaier, art. < Al-Iskandar al-Afrùdisi t, .E.I,r t' IV,

Levde 1973 . p . 134 -136 .i. G"li"n,'IÏ 218, 6-7 K : toÛ vÛv

'A0i1v1or,v &(r'oup.évou toùç

reorrcrt'nttxoùc À6youq àlSdoxetv ôlpoolq CeB mots sont,

"" i t " r , a ' ime"" t t t t d"

""o* qu'emploie Àlexândre dans- le De f ! !9,

et cependant i l est tentant de- les rapprocher des l ignes -164,t3-15 :'ÀprototéÀou6... oÛ

"iq gtLoooglaç îPoÏ6ro.pat.' ' ôtÙÉ-

oxa).o6 aùtfrç xexlpulptévoç4. J. Ilbeig, n Uéber'die Schriftstellerei dee Klaudios Galenog r,

Rheinîsches îv[ur"u^ 44, 1889, p. 207-239 i 47, 7892, p' 489-

514 I 51 , 1896 , p . 165 -196 ; 52 ,1897 , p . 591 -623 '5. Sur la composition du flepl

-dvatoplxôv -è'y1er,pf1oeov

cf . K. l lardot g, , i l le i t "âge zur Hippokrate,s- und Galenfors-

churrg r, Naciirichten voi dt Akààemie der Wissercchaften

in dôt t in7en, Phi l . -h ist . Kl . 1942, 7, p ' 577-640; notamment

p. 604-606; 631-632, ct lo tablcau terminal .

i

!

À

Page 20: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

XLI I INTRODUCTION

lui demander des lecons. Or, on peut dater cette

expérience sur l 'émission des sons vocaux' que devaitfaire Galien à I ' invitation de Flavius, de I 'an 163 1.

Il devient alors fort peu vraisemblable que le même

personnage ait pu avoir assez de maîtrise et de répu-

tation en 163, et être nommé professeur trente cinq ans

plus tard 2.

On pounait envisager de surmonter cette di{Iicultéde deux façons. D'abord, en faisant I 'hypothèse quele personnage dont Galien parle ici, Alexandre de

Damas, maître en péripatétisme choisi par Flavius

Boethus, est bien un personnage dilÏérent d'Alexandred'Aphrodise. En revanche, c'est de ce dernier qu'i lserait question dans le llepi d,vacopr,rxôv èyXerp{oecov.Galien, vieil l i , aurait inséré dans son texte I ' informa-tion concernant l 'Alexandre - d'Aphrodise - récem-ment nommé professeur de philosophie aritotélicienneà Athènes. Ou bien on admettrait l 'hypothèse qu'Alex-andre de Damas ne f ait qu'un avec Alexandred'Aphrodise ; on supposerait d'abord, de la partde Galien, une erreur constante sur I 'ethnie (Damas

au lieu d'Aphrodisias) ; ensuite on distingueraitdeux étapes dans I 'enseignement d'Alexandre. I laurait été nommé une première fois, à Athènes, commeprofesseur dans l 'enseignement municipal, qui existaitantérieurement à la création des quatre grandeschaires de philosophie par Marc Aurèle, et c'est decette nomination que Galien se ferait l 'écho. Peuimporte alors que I ' information ait été contemporainede la rédaction première du l ivre II, ou d'une révision

1. C'est la date établ ie par J. I lberg, < Àus Galen Praxis.Ein Kulturbild aus der Rômischer Kaiserzeit n, Neue Jahrbuch15, 1905, lp. 276-312), p. 289.

2. I l faut a jouter que la note de Gal ien, roû vûv'40{v1or.vdlroupévou roùç rrepr,rrcrc4rcxoù6 trd1ouç 8càdoxerv àIlr,oolq, II 218,7-8 K, paraî t impl iquer une nuance admirat ive qui serai t moinsoompréhensible e i la nominat ion avai t concerné un t rès v ieuxprofceeeur,

ultérieure de I'ouvrage. De la nomination par lesSévères, Galien ne dirait rien. L'objection reste que,même alors, c'est un personnage plutôt âgé quiremercierait Septime Sévère et Caracalla dans ladédicace dt De fato.

Une autre indication de Galien, à propos d'Alexandrede Damas, pourrait sembler rendre difl ici le la confu-sion entre les deux Alexandre. Alexandre de Damas,en e{ïet, connaissait les enseignements de Platon,mais i l était davantage attaché à ceux d'Aristote,nous dit Galien 1. Est-i l vraisemblable qu'on ait puainsi attribuer à I 'Exégète par excellence d'Aristoteune compétence dans les questions platoniciennes ?II est vrai qu'Alexandre d'Aphrodise réfute, à I 'occa-sion, Platon ; mais i l lui arrive d'en invoquer le témoi-gnage 2. En réalité, iI fait montre d'une connaissanceprécise du texte p latonic ien, auquel i l ne manque pasde recourir 3. Errfin Simplicius signale le recours àPlaton, chez Alexandre comme une habitude a ; i lIui fait cependant grief des mauvaises raisons qu'i l

- 1. Ga!ie_n, flepl to6, zrpoyrvôoxerv zrpôç 'Enu1év1v. ch. 5, 627,q-5, t. XIV E. : ôr,ôaoxci,Iqr 8' ê1piro tôv æeprrucrr4trxôvôoyg.dr<ov 'Ale[civôpqr

tQ Acrg.aoxlvQ, .1,r,"yvôoxovrr, 1,rèv xcrl tà

noû LlÀcircuvoç &).Àù toî6'AprororéÀouç rrpooxecpr.évàp pr&D.ov...2 . Da r i s l esQuaes t i ones I 18 ,32 ,1 / r - 19 ; I 1 , 4 , l 0 -11 . L rau then -

t ic i té de ces textes reste encore douteuse. i l est vrai .3 . Un s i gne impo r tan t : dans l e commen ta i r e à l a Mé taphu -

sique, les références précises à Platon se t rouvent pr incipal i -ment dans les l ivres À à ^ . les-seuls qui soicnt authcrr t ique-ment d 'Alexandre d 'Aphrodise. C'est a insi qu'on t rouve onzeci tat ions avec ré{érences à un dia logue (douie, s i l 'on comptel-a référerrce ar. Protagoras, 318,7 Hùd.

' alors qu'il conviànt

de lire Théêtète\, tandis que dans la partie du -commentaire

concernânt lcs autres l ivres, et dont on at t r ibue la rédact ionà l l l ichel d 'Éphèsc, on ne t rouve aucune c i tat ion avec sa réfé-rcnce. En outre, dans le commentaire des l ivrcs A à Â on l i tt ro is c i tat ions àr Phèdre 247a 7 (18, 3) , d, t T inrée, 28c 3-4(59, 29-30J, de la Let t re I I , 312e ' l -2

159, 30-31), conrre uneseule c i tat ion, Timée 30a 3-4, qui ne soi t pas repr ise des premiersI i v res , à ^ 6 ( 690 , 31 -32 ) .

4. Simpliciue, In Phyt. M, 560, 11-12, clo0côç, qui a'étonnequ'en cet endroi t Alexandre ai t omis de c i ter Platon.

ALEXANDRE Eî GALIEN XLII I

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I

Page 21: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

XLIV INTRODUCTIONALEXANDRE ET GALIEN xLv

Il I'appelait n maître de la définition >, xega$ ôpr,xri,au l ieu de lui appliquer le sobriquet ( tête de mulet r,xeçcùi1 ôplx{, que la tradition arabe nous transmet r.

Une telle conclusion s'accorde-t-elle avec ce quenous savons par ail leurs d'Alexandre d'Aphrodise ?La dédicace dt De /ato souligne l ' impossibil i té oùse trouve Alexandre d'aller lui-même à Rome pouro{Irir I 'ouvrage qu'i l dédie aux Empereurs. Faut-i lconclure que I 'auteur n'a jamais eu I 'occasion d'allerà Rome et d'y rencontrer Galien ? Le texte ne suggèrerien de tel, mais i l dit seulement que l 'auteur est,au moment d'ofTrir son l ivre, hors d'état d'être enpersonne présent à Rome, à I 'occasion des festivitésqui s'y déroulent 2. Rien n'empêche d'admettrequ'Alexandre d'Aphrodise avait pu voyager jusqu'àla capitale de I 'Empire, y séjourner quelque temps,y rencontrer Galien. Bn revanche, i l semble qu'ondoive exclure qu'i l ait pu, déjà, jouer le rôle de pro-fesseur de philosophie auprès du consulaire FlaviusBoethus vers 163. I l faudrait donner à Alexandred'Aphrodise un trop grand âge lors de sa nominationpar les Sévères. I l est raisonnable d'admettre qu'un

1. P. Donini, Tre Stuîli, p. 149, relève comme surprenantel 'épi thète que Gal ien aurai t reçue d 'Alexandre qui , par a i l leurs(même si quelque source arabe montre avec quel le duretéAlexandre traite son adversaire), juge les thèses de Galien dignesd'une réfutat ion cn règlc. - L 'hypotbèse proposée de la mélec-ture de I 'adject i f ôpr.x{ é l imine cet te surpr ise. El le est just i f iée,Aristote lui-même, Itéf. Soph. 20, 177b 2-4, signale la confusionpossible, donsl'écriture, entre 6poq, montagne, et 6po6, iléfinition(mais le passage est douteux, il se peut que le Stagirite aitseulemeni distingué dpo6 et ôp6ç, petit-lail - Àristote, Ilisl.anim. III 20, 527b 27 - en ce cas rcpooo8lctdésignerait I'accen-tuation tonique, æcpcicrrlpcr I'accent, et non I'esprit) : en I'absenced'espr i ts et d 'accents dans le texte de Gal ien, les t raducteursdu grec en syr iaque et en arabe, auront spontanément lu ôpl-x6ç, adjectif qui leur était pcut-être plus familicr que ôprx66.Par a i l leurs la ment ion de Gal ien par Àlexandre parmi lesphilosophes de premier râng - voir n. 1, p. xr,vr - s6nfi1rns1ai1la lecturo ôprxd.

2. Voir la traduction proposée.

tt,

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ù

oppose parfois aux thèses de Platon 1. Ce n'est donc

pà* t"t. vraisemblance qu'on aurait pu attribuer

à Alexandre d'Aphrodise la connaissance des doctrines

de Platon. Toutefois, si le personnage dont i l est

question dans le Ilepi toÛ TlpoYtvôaxew æpàç 'Erw";'év1v

n'est pas Alexandre d'Aphrodise - lequel, en revanche

serail celui que dissimule l 'ÀIexandre de Damas du

flepi &,vacopr.r,xôv èl1er,pdoeov - cette comPétence

particulière en platonisme ne sâurait en aucune

façon constituer une objection.

Quelle conclusion pouvons-nous tirer de cet exa-

men ?Deux textes de Galien citent Alexandre de Damas.

Dans l'un, le flepi d,vætopr,xôv Èylelpfoeov' on pour-

rait sans inconvénient remplacer < de Damas ) par

<r d'Aphrodise )) - et I 'on mettrait la confusion au

compte d'une révision par Galien vieil l i d'un texte

trois fois repris ; la mention que I'Alexandre en ques'

tion enseigne actuellement à Athènes la philosophie

aristotélicienne, conviendrait à I 'Aphrodisien, et c'est

I ' information qui aurait été ajoutée lors de la révision.

L'autre texte, celui du l lepi toÛ æpoYùvôoxetv æpôç'Eær,.1évr1v, qui précise le rôle d'Alexandre de Damas

auprès de Flavius Boethus, et son invitation par ce

personnage à une leçon d'anatomie en 163, fait

obstacle à I ' identi l ication. On devrait donc admettre

que Galien parle bien alors d'un personnage dilÏérent :

Alexandre rle Damas.Du coup, sans doute, est perdu un élément qui nous

renseignait sur le caractère d'Alexandre : la suscep-

tibil i té dont térnoigne Alexandre de Damas n'appar-

tient plus à I 'Aphrodisien. Mais d'un autre côté,

I 'hypothèse qu'Alexandre d'Aphrodise pouvait avoir

porrr Calien quelque estime redevient acceptable.

1. Simpficius, in De callo I 10, 297, 7'298,22; II 7' 377,20-:t4.

Page 22: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

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XLVI INTRODUClION

autre Alexandre, de Damas, a init ié Flavius Boéthusà la phi losophie d 'Àr is tote.

Est-i l vraisemblable d'admettre qu'Alexandred'Aphrodise a connu et fréquenté Galien ? Le nomde I' i l lustre enfant de Pergame n'apparaît qu'uneseule fois dans l 'æuvre de notre auteur conservé engrec ; i l est vrai que c'est dans une énumération detrois personnages cités comme exemples d'autorités :les détenteurs d'idées admises de caractère défini,ôplog,évoç ëv8o[,oc, Platon, Aristote, Galien 1. Un telvoisinage paraît bien être le signe de I 'estime enlaquelle Alexandre devait tenir Galien.

Quant à I 'absence de citations, elle pourrait s'expli-quer par le fait que les deux auteurs étaient presquecontemporains : à I 'exception des ouvrages de polé-mique, i l semble que les (euvres antiques ne mention-nent que fort exceptionnellement les contemporains.

Si même Alexandre et Galien n'ont pas exactementle même âg" - mettons qu'i ls aient une di{Ïérenced'âge d'une génération, d'une trentaine d'années -

i ls n'ont pas été sans relations, Les sources arabesnous apprennent qu'i ls ont été les disciples du rnêmernaitre. Herminos 2. Point n'est besoin d'ail leursqu'i ls aient été condisciples au même moment. Onsait qu'une très minime correction de S. Pinès à laversion arabe d'un écrit d'Alexandre apporte uneautre mention, par I 'Bxégète, de ce maître en péripa-tétisme s. I l s'agit cette fois d'un traité où Alexandre

7. In Topic, 549, 24 : ôpr,cpér<oq ô' Ëvôo(a tà tÇrôé tr,vr tôvèvô6[ov êrr6g,eva, olov flÀdtorvr, |

'Aprorotétrer. I lcl4vr[ fl xcl

aùtô tô dæoxouvouév<,r2.' Voir ci-dessuÀ, p. vrrr et n. 3. - Si Herrninos a été à la fois

rnaitre de Galien et rnaître d'Alexandre, ce n'est pas nécesgaire-rncnt à la même époque. L 'enseignement d 'Herminos peuts 'êtro étendu sur une assez longue pér iode. On peut penser qu' i la été donné en Asie l\{ineure, bien que rien ne permette deI 'uf l i r rncr .

3. S. l ' inàe, q Omne guod movetur nocetso eet ab al io mover i :À Rofutat ion ol Galen by Alexander of Àphrodis ias on the

ALEXANDRE ET GALIEN XLVI I

se propose de réfuter Galien - en passant, i l nousapprend qu'un personnage anonyme avait déjà écrità Herminos sur le même sujet r. Si l 'attribution estcorrecte, nous aurions là un traité spécialement écritpar Alexandre d'Aphrodise pour réfuter Galien surIa question du mouvement 2. Un manuscrit arabeattribue aussi à notre auteur un traité oîr i l réfutela théorie de Galien sur le possible 3.

De ces relations avec Galien, Alexandre aurait-i lpu acquérir un intérêt particulier pour la médecine ?Sans doute, dans ses commentaires, I 'Exégète reprend-il et explicite-t-i l parfois les exemples qu'Aristotelui-même emprunte à la médecine I mais le Commen-tateur ne manifeste pas plus de curiosité ou de com-pétence médicales.

On ne peut faire état des Questions médicales, donlle titre grec est : iarpmà. &æopi1p.aræ xal guor,xà zrpo6Àd-

1,raca, attribuées faussement à Alexandre d'Aphrodise l.

Theory of llotiorr >, lsis 52, 1961, p. 21-54. Le cod.. Constan-t inopol i tantæ Jarul lah-n ' l i l le t 7279, fo 671 28, paraî t donner lenom de 'armyùs i \ un personnage auquel Gal ien aurai t écr i tà propos de I 'argument d 'Ar istotc sur le Premier l \ {oteur ;Pinès a proposé r le l i re Arminus, ar t . c i té, p. 23. En fa i t , le ms.paraî t b ien porter le noun, dont le copiste a omis le point ;sur le fac-s imi le, le jambagc qui représente d 'abord le yâ ' meparaî t b i f ide, et i l est p lus conforme aux habi tudes des t raduc-teurs de lire Arminû"s, Avec un i long - gâ'. Le cod. Scoria-lensis ar .798, Io 66b 23, dans un autre passage du même textsci te à coup sfr r le même nom : i l omct le rd ' , mais écr i t net tementle noun.

1. Le texte est ambigu. S. Pinès, ar t . c i té. , p. 23, comprendque c 'cst Gal ien lu i -même qui aurai t écr i t à Herminoe.

2. q Trai té d 'Alexandre d 'Àphrodise répondant à la cr i t iquede Gal ien contre la thèse d 'Ar istote que tout mobi le est mtpar quelque chose r , édi té et t radrr i t par-N. Resher et M. E. Mar-mula, voir p. vrr , n. 2 c i -deseus.

3. De ce t ra i té nous n 'avons que le début, dans le cod.Scorialensis ar. 798, fo 59v. La traduction en est donnée parN. Resher et M. E. Nlarrnura, op. c i t . , p. 69-70; fac-s imi ledu rns . p . 153 .

4. Cî. L L. Ideler, Phytici et nredeci graeci minnrer, Borlin,1841, t. I, p. 3.

Page 23: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

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XLVIII INTRODUCTION

Une recherche patiente pourrait apporter quelquesindices des compétences médicales d'Alexandre. Oncitera, dans le Commentaire aux Analytiques premiers I,un passage dans lequel Alexandre invoque un exemplemédical pour i l lustrer un texte d'Aristote sur lespropositions portant sur les faits contingents 1.

Aristote n'évoque aucunement la médecine à ce propos,ni dans le contexte, c'est donc I ' init iative personnelled'Alexandre qui, même s'i l a recours à une sollrce,insère ici l 'exemple médical. L' indice n'est pas décisif,mais on ne peut exclure des relations personnellesd'Àlexandre d'Aphrodise avec Galien.

Rassemblons les conclusions que permettent d'attein-dre les données dégagées ainsi des auteurs arabes.Alexandre d'Aphrodise aurait séjourné à Rome, oiri l aurait fréquenté Galien auquel i l reconnaissait unehabileté particulière à donner des définit ions. C'està Athènes qu'i l a été nommé professeur de philosophiearistotélicienne. Mais i l convient sans doute d'écarterI ' information selon laquelle i l aurait enseigné, enprivé, la philosophie d'Aristote au grand personnageromain Flavius Boethus ; sur ce point, i l faut sansdoute en croire Galien, qui attribue le rôle à un certainAlexandre de Damas. La susceptibil i té, Ie mauvaiscaractère sont des traits qui n'appartiennent peut-être pas à l 'Âphrodisien. l, 'accusation de scepticismeque paraît prononcer Galien à l 'égard d'Alexandreviserait également le Damascène 2. La confusion

1. I l s'agit d'Anal. Pr. I 3, 25b 14-18; voici I 'exemple qucdonne Àlexan dre, in Anal. Pr. I 39, 31-40, 5 : ).a6ôv 1ùp ô lcrcpàçrè tàv oûtco6 voooûvtcr ôq êrrl tô ætreîotov ùæô n).dOoug èvo1-Àeïc0ar xcl tô côv rirô toô æ)."fi0ouç êvofloûprevov ôq èrl tôrçleiotov 8rà g).e6otoptctç Oepaneûeo0ær ouvdyet tô tôv oûrtoçyoooûvta Èv8é1eo0ar ûrrà g),a6otop.[orç Oepctneu0fivar, ô ].a6ôv

lpitau rfr g).e6otopr,[ç. Àuà :tai ëorr,v Èv ou].].o1otr,xfr Xpe[ç.2. Sur ce point , voi r les réf lex ions de R. B. Todd, Aletander

of Aphrodisias on Stoic Philosophy, p. 9-11, Elles ont pourpr incipo I 'accrrs:r l ion &. ;porxorruppdvelor formulée par Gal ien,

ALEXANDRE PROFESSEUR XLIX

aura eu pour origine le travail de révision auquelGalien a soumis certaines de ses ceuvres, et la tradi-tion gréco-syro-arabe aura ajouté un peu à cetteconfusion. I l convenâit de tenter de débrouil lerl 'écheveau : en distinguant entre les deux personnagesI'Alexandre de Damas et l 'Àlexandle d'Aphrodise,on doit reconnaître qu'une partie des informa-tions de Galien concernant le premier reviennent ausecond.

4. - Àlexandre professeur.

C'est pour sa nomination comme professeur dephilosophie péripatéticienne qu'Alexandre remercieles Empereurs. L'envoi de I 'ouvrage, à Rome probable-ment, suppose qu'Alexandre est alors dans la citéoir i l enseigne, et c'est sans doute Athènes. Nossources grecques ne précisent pas la cité où a éténommé Alexandre, et les données clui nous viennentdes documents arabes ne permettent de désignerAthènes que si I 'on accepte d'identi{ier Alexandred'Aphrodise avec Alexandre de Damas 1. Si mêmeon ne tient pas compte de ces documents, on peutcependant formuler I 'hypothèse de manière fortvraisemblable : c'est à Athènes que Marc Aurèle ainstitué un enseignement o{Iiciel des quatre grandesécoles de philosophie 2, et il est assez raisonnablede penser qu'un professeur nommé directement parI'Empereur 8 n'a pu être installé que dans I 'une des

eu moment de la manifestation de mauvaise humeur d'Àlexandrede Damas; cf. Ilepl toû rrpoyr,vôoxerv npô6 'ErcryÉv1v

VIII,711 K ; c f , op . c i t . , p . 5 e t n . 1 .

1. Voir c i -dessus, p. xr . -x l - r et n. 2 p. xr- r .2, On trouvera, en dernier lieu, lcs références dans

R. B. Tod[, Aleaander of Aphroilisias, p. 6-7 et n. 29-30.3. Àlcxdndre remercie les Empereurs de < I'avoir mie à la

tête r de l'enseignement de la philosophie aristotéIicienne :npototcrpat, p. 2, 7, ce qui ost probablement un termo techni-

Page 24: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

INTRODUCTION

grandes chaires d'État fondées par I 'Empereur-philosophe 1. Ainsi, Alexandre est devenu une sortede fonctionnaire de I 'Empire e, ce dont i l sait gré à

ÀLEXANDRE PROFESSEUR I , I

III

*

*t'

I

que, du vocabulai re administrat i f . Cela n 'a sans doute r ien à voiravec le rô lc du diadoque, du chef d 'école qui éta i t cooptépâr son prédécesseur, ou qui tenai t son t i t re de I 'est ime de seeôol lègues et d isc ip les. La fonct ion de professeur rendai t enquelque laçon le titulaire de la chaire responsable de la formationde ses élèves; c 'est ce à quoi doi t se ré{érer I 'usage du verbe.- Les nominat ions di rectes par I 'Empereur éta ient rares et nepouvaierr t concerner que des personnages favorablement connus.Philostrate, lties des Sophistes, II 2, 566, nous apprend gueThéodote - et iI emploie le même verbe æpototco0at - futnommé le premicr à la chaire de rhétor ique créée par MarcAurèle, rpoÙor4 ôè xct rlq 'A04va[ov vedr4toç rrpôto6 èæl tcî6èx gaollé<oç p.uplalq, et par I'Empereur lui-même, alors quelcs nominat ions des professeurs de phi losophie furent conl iéesà Hérode Att icus ; celu i -c i réurr issai t sans doute une commis-s ion pour procéder à ce choix, car Lucien, Eunuque, f r . 3, d i tqu 'après la d ispar i t ion d 'un profcsseur, son successeur est é lu

$". d.r notahlci Soxrpao0évca ,lrf ç<p tôv dploe<ov . Il est probableque ces rôglcs se sont mainl .enues après Marc Aurèle (m. en 180)e1 sous les Sévères. En tout cas, Diodore de Tarse (m. en 394),dans son Ailçersus fatum, paraît encore désigner les quatreécoles; cf . Phot ius, BiàI . cod. 223,2l8 l r 15-18' t . IV ' p. 37Henry; et cod. 165, 109a 4, t . l l , p. 1/r0, or i i l nous di t quele soohiste Himère < fut mis à la tôte ) - - âvec le même vs1!s -

de l 'écolc de rhétor ique d 'Athèncs : toû Èv '40{v1ou xctùôrtooe[av æpoiiocn ôtôaoxatre{ou.' '1 . 'sept ime

Sévère a cherché à imi ter ses prédécesseurs,Pert inax et XIarc-Àurèle. On peut penser qu'on désignant a insilu i -même un professeur de pl r i losophie à Athènes, i l avai tle sent imerr l . d 'exercer un Douvoir de nrême nâture '

2. Dion Cassius, LXX\t I , 31, 3, précise que I \ {arc-Àurèle,lors de sa v is i tc à Àthèncs, insta l la, pour le b ien de tous,des profcsscurs de toutes Ies disc ip l ines ; i ls recevaient untraitôment annuel : É8coxe 8à xal æ&orv dvOpôzvouq 8uôaoxdÀouçèv raîç

'A0tvar,q ùà n&onç l6yov rratôe[46 ptro0ôv gépovcaq.Lucien, Eu,nuque, {r. 3, précise que les maitres des quatreécoles phi losophiqucs, stoîc ienne, p latonic ienne, épicur ienne,sans oubl ier l 'école pér ipatét ic ienne, recevaient un t ra i tementsur le budget impér ia l , i l é ta i t de dix mi l lc drachmes par an :uûoral xaçd tôv èvlaurdv. C'est aussi la somme dont fa i t étatPl i i l , ,s t"atn à propos de Théodote, professeur de rhétor ique(vo i r n . 116 c i - r l c ss r r s ) . Ce n ' es t pas ce qu ' on l i t dans Ta t i en ,f ) iscours dufr Grecs, $ 19; p. 20, 27-30 Schwartz, qui nous di tqrr ' i l cst dce phi losophes < qui reçoivent dc I 'Empereur e ix centsyi iè"en J ' r r an setrE ut i l i t6, pour ne paN mêmo la ieeor pousser

ceux gui I 'ont ainsi désigné. Qu'Alexandre ait séjournéà Athènes peut également s' inférer d,une allusion à lastatue d 'Ar is tote 1.

On aimerait savoir si cette nomination avait confiéI'enseignement des doctrines d'Aristote à un philo-sophe assez jeune, ou s'i l y avait là comme le couron-nement d'une carrière déjà assez longue, au coursde laquelle I 'Aphrodisien aurait pu dispenser sonenseignement dans diverses vil les, et acquérir ainsi,avec quelque renom, une certaine maîtrise du com-mentaire. Selon toute vraisemblance, Ale,,<antlre n,étaitplus tout jeune lorsqu'i l fut nomrné : qu'on ait songéà lui confier une telle fonction rrpporu une notoriéiéqu'i l n'avait pu s'acquérir que par un enseignementou des publications. Qu'i l ait été I 'un des àisciplesd'Flerminos, qui a été également I 'un des maîtres deGal ierr impl ique aussi qu 'Alexandre éta i t t i 'un âgemûr au moment de sa nomination, vers 198, ou peuaprès.

L'importance des commentaires, et I 'ensemble despetits textes qui peuvent recevoir I 'appellation deQuaestiones - même si les diverc

".".,.i1* qui nous

Ies font connaître ne portent pas ce titre, et même si,parmi eux, se sont glissés quelques apocryphes -sont des t races d 'une longue et sér ieuse étude ; t d 'uneactivité d'en-seignement dont l 'écho a retenti long-temps après la disparit ion de leur auteur, dont aucuntémoignage ne nous permet de préciser la date.

l eu r_ba rbe g ra tu i t e rnen t > : l oo re napè roû .popa l<ov 0aocÀéocér4o[,ouç Xpuooûq é(ax.oolouç^].apr6d,ver.v tr.vùç elq'oùôèv Xpilorg.ov,1r1) ,ortoç FlùèJô yêverov..à-_<opeciv xcrOelg,évov cirtôv Ë1c.rouv(t raduct ion À. Puech, p. 132). Six cent i p ièces d 'or j l

de 20drachrnes - font .douze mi l le drachmcs. I \ la is Tat ien, m. après{,73. , ne par lp pas des_chaires crééeg à Athènes par l {arc Àuràle:l t s agrt , sarrF duute dc < pensiorrs r impér ia les.

_ 1A lex31d r , i n Me ta . 415 , 29 -g l . ' L ' i nd i ce es t e i gna lé pa rR. B. Todd, op. c i t . , p. 1, n. 2.

Page 25: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

LI I INTRODI}CTION

B. - Les æuar6 d,'Alexand,re d,'Aphrodke.

1. - Nos sources d'inforrnation.

Les manuscrits qui portent copie des ceuvresd'Alexandre donnent, avec le titre, le nom de I'auteur,Mais, comme on le sait, les intitulés rencontrés dansles copies médiévales ne sont pas toujours dignes defoi, et i l faut s'attendre, parfois, à de fausses attri-butions. Ce peut être le cas pour les manuscritsdonnant le texte en langue originale - en grec -,et la méfiance doit être plus grande encore lorsqu'i ls'agit de textes que nous n'avons qu'en traduction,arabe ou latine.

L'auteur a parfois pu laire référence, dans l 'un ouI'autre de ses écrits, à un ouvrage auquel i l renvoie,ou même qu'i l envisage de rédiger - ce qui ne garantitpas qu'i l I 'ait réellement écrit.

Des auteurs postérieurs peuvent mentionner destitres, ou faire des citations d'ceuvres d'Alexandre ;on en trouve, en particulier chez les commentateursd'Aristote, qui ont beaucoup tiré profit de l 'æuvrede I'Exégète, même là où i ls refusent ses interpréta-tions.

Enfin, on peut espérer rencontrer des l istes d'ou-vrages, soit sous lorme de r,i;vuxeç rédigés par quelquebibliothécaire ou copiste, soit comme éléments d'unebiographie d'Alexandre, ou de I 'auteur qu'i l a com-menté, d'Aristote.

Ces di{ïérentes sources se rencontrent e{Iectivementdans le cas d'Alexandre d'Aphrodise.

On a couturne de distinguer, dans l 'æuvre deI'Exégète, les Commentaires et les écrits personnels.Nous adopterons cette distinction, et nous ferons lepartagc, dans chacune de ces classes, entre ce qui

COMI{ENIAIRES EN GREC

nous egt parvenu et ce qui est perdu ; mais, commeil existe, en version arabe, des textes dont le grec estdisparu, nous distinguerons, parmi les æuvres conser-vées, celles qui subsistent en grec de celles qui nenous sont connues que par la traduction arabe r.

C'est comme Exégète 2 qu'Alexandre d'Aphrodisea connu la renommée, et ses commentaires ont étéun modèle et une source pour des siècles de commen-tateurs d'Aristote et d'autres auteurs. A-t-i l vraimentété novateur en ce domaine ? Il est di{Iicile de lesavoir 3. Logique, physique, et en particulier æuvrespsychologiques a, métaphysique, il commenta unepartie importante de I 'ceuvre du Stagirite. Ce qu'i ly a de sûr, c'est que cette @uvre de commentateurparaît étroitement l iée à I 'enseignement, et i l fautvoir dans ces ouvrages la trace de l 'activité d'unmaître.

2. - Les Commentoires.

a) Dans le texte grec,

L) Premiers Analytiques,l ivre L Édité par M. Wallies(C.A.G. II l). i l est probable qu'Alexandre a commenté

1. On trouvera dans E. Zeller, Die Philosophie der GriechenI I I 1 , 4e éd . , Le i pz i g 1909 , p .818 , n . 2 e t 819 , n .2 , une p résen -tation des cÊuvres d'Àlexandre et des rélérences aux auteurgqui fournissent des indicat ioDs sur les ceuvres perdues.

2. Simpl ic ius, notarnment, use f réquemment de l 'expressionô toû 'Apuototélouç è[11ry4ç, ou d'une formule équivalente,à quoi il ajoute parTois Ie nom ô

'Alé[avôpoq, 6 è[

'ÀgpoSuordôog'Alé{av8po6. Voir in PhEs. 707, 33-34 ; {170, 2-73 ; 1176,321'avec parlois une nuance laudative : tôv .p1or.ôtepov tôv

'Apro-

toré),ouq è(112pôv tàv 'A).é(av8pov 80, t5-16; ô gulonovcÂtato6tôv aùtoû (sc. 'ApuotoréÀouq) è[r111rôv ô ê[ 'Agpoôr,or,ci,ôo6'ÀIé[avôpo6 795, 33-35; in De anima 52, 27-28. Syr ianus,in Meta. appclle Alexandre ô ùnopvqpatrotriç 53, 12; 122, 77 i795,72; À 54, t2-13: ô gr ,Àonov<i tatoç 'A).é{avôpo6. Voir aussiPhi lopon, lDe aet . muwl i 797, 20; 211, 28.

3. Voirlsur ce point, R. B. Todd, Alctond,q of Aphroilisio^*on St.oic Physics, p, 12-15,

4. Ib id. , p. 74-75, et n. 71.

L I I I

I

I

I

Page 26: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

LIV INTRODUCTION

De intarprelatione.Premiers Analytiques.Secorul,s Analytiques.'I'o p iqu.es.Physique.De coelo.

I'ouvrage en entier, et un anonyme en donnerait des

citations r. Les biographes arabes nous donnent une

information assez trouble sur le commentaire d'Alex-andre < jusqu'à la fin de la figure prédicative (: I 7)'

en deux commentaires dont I 'un est en meilleur état

que I 'autre , '. I l y a là une confusion : Alexandre a

commenté I 'entier l ivre I, et sans doute aussi le l ivre II,

mais cette partie du commentaire est perdue'

2) Topiques. Éaite par M. Wallies (C'A.G. II 2).

I l aurait existé une version arabe de ce commentaire.Ibn Abi Usaybi'a signale I 'existence d'une partiedu l ivre I, et des l ivres V à VIII (no 5) 3.

1. M. Wallies, Aleaandri in Aristotelis Analgticorum priorumlibrum I Commentariunr (C.A.G' II 1), Berlin 1883, Praefatio,p . Y .'

2. On sai t que lcs Syr iat l r rcs, pour des ra isons , re l ig ieusee,lirnitaient la lùture dei Anolytiques Premiers à la fin de I 7 ;cf. lI. Ileycrho[, < Von Alcxaldrien nach Baghdad r' ,ldlzulgs-

b er icht dei P r e us s i s c I rc n Ak a de mi e iler W i s s enschaften' P hil.-hi st.

K l asso , 23 , 1930 , p .374 .3. Voic i la l is fe dcs ouvragcs d 'Alcxandre d 'Àphrodise

donnée par Ibn Abi Uçaybica, dàns ses'Uyûn al-onbô' , ar t ic lo< A l - I s kanda r a l -A l r ûd i s i I :

1, Cornmentaire atrx Catégor ies.

3 .4.5 .6 .7 .

i

t

8. De generatiotte et corruptione.

9. Mété.orologiques,70. De anima ( t l ivre) .ll. De la conçersion iles prémisses.12. De la Proçid.ence.13. De la diffëren'ce entre la rnatière et Ie genre.

14. Itéfutaùài ile qtti sotttient que rien ne vient que de quelque

chose.15. Que Io vision ne se foî! pas pol des rayons venant d,e I'aiI,

it réfrrtation tlc ceur qui sortticnnent-cette thèse.16. I)c Ià roulrrû : sa na[rre selon Ie Philosophe.17.

'l 'raité ù lo différence spécifique : sa nature selon Arietote.

18. 7 ' ra i té I )e la rnélunchol ie {s ic) '19. I)es genres et des asPèces.

ù

(EUVRES D'ALEXANDRE LV

20, Réfutation ilc Galien, au VIIF liçre ile Eon baitl ilc lo

dëmonstration.n.7iif"iiti."i d'e la critiçæ- ailressée par .Galien

à la thèse

d'Àristote que tout mobile eæige un moteur'ZZ. naiuit;.o"'d,e Galien sur la luestion du possible'23. Des diffêrences entre les corps'24. De I'intellect selon Aristote.,i'. T); mortde, et si ses parlies ont besoin de persistonce el ile

conlinuité pour rêgir d,'autres partrcs'26. De I 'UrLité.27. Des principes du Tout, selon Aristote'28. Opinions des philosophes sur l'Unité'

29. De ta genèse iles formes à partir d'u néant'

30. Que lei quatités ne sont pas des corps'

31. De lo liberté.32. Des controires, et t1u'ils sont les prin'cipes des choses'

selon Aristote.33. Du temPs.34. De la matière, et qu'elle est effet et passivité'

35. Qu'une n'ême ptTissance reçoit les contraires ensemble'selon Aristole.

36. De lo ilifférence entre la matière et le genre'

37 . De la màtiAre, de la privation, de Ia générat.ion.' Solution des""

trint""iiii i,ii ar' Âncirns qui refusàient ainsiIa généra.tiott

11:;ii; ;"; I'erpose) te liçre d''Aristote sur Ia Phvsique'

38. ôes n ïo**unt, it iles tt unipersaur >' qu'ils ne sorl"t pq's

iles essences éternelles.3n. Réfufafion de qui prétend que les .genres sonl .comPosés

d'àspèces, puisque les g,enres se dlersent en.especes'

40. Qui les différerces en lesquelles un 8,?nre se diçtse ne doiçent'-' ;;;

-iitiii!"tirrrr"t se tiotoer dani ce seul gen.re qu'elles

'a;ih'rnt, mais qu'elles peueent iliviser plus d" un genre'

41. D'un entrait ile |ouurogi d'Arislote intihilé.en grec < Théo-

logie > - ce qui signif ie sur I 'unicité de Dieu'

+2. Qite aoute cause séparée est ilans toutes les choses' et non

Àas dans une seulement.43. be I'enistence des formes spirîtuelles immotérielles'

44. Des malailies qui surviennent au cardia'45. Du genre'46. Traté qui contient un entrait ilu second livre d'Aristote

sur l'â.tne'47. Trdité su, l,h' puissance qui s'eaerce à partir -du corps-"

âi i i i r tr t td "orpt

soumis'à la génération et à Ia corrup-tion. I\

Il est évident qu\ cctte liste devrait être soumise à -critique :

" t te- n.esente des' d\ublons, et cont ient dcs apocryphes ; cer '

ta ing' t i t res sont peut 'êt re aussi des var iantes de textes connut

Ë; i ; ; g"ec soi t 'en arabe) sous une autre désignat ion'

Page 27: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

LVI TNTRODUCTION

3) Météorologiques. Édité pa" M. Hayduck (C.A.G.I I I 2) . Les doutes émis sur I 'authent ic i té de ce com-mentaire sont, sernble-t-i l , sans fondeme nt : lesparticularités du vocabulaire s'expliquent aisérnentpar la nature du sujet. I l est signalé par l 'AnecilotonhierosolymitanurnL, $ II, no 9. Ce commentaire aexisté en version arabe (I.A.U. no g).

4) De sensu et sensato. Édite par P. Wendland(C.A.G. III 1). Signalé comme étant dû à 'AÀé{roq

(:'4tréEav8poç) dans l 'Aneciloton hierosolyrnite.num,

S I I no 12. I .A.U. n 'en s ignale pas de vers ion arabe :de son silence on ne saurait conclure que le commen-taire n'a jamais été traduit en arabe. Un ms. de I 'Escu-rial, Scorialensis ar.794 (Casiri), 798 (Renaud-Deren-bourg), Fos 74v-77v, contient la version arabe d'uncommentaire au De sensu attribué à Alexandre ;Gérard de Crémone I'a traduit en latin 2.

5) Metaphgsique. Êdrté par H. Bonitz, puis parM. Hayduck (C.A.G. I), seuls les commentaires auxlivres A-A sont d'Alexandre. On s'accorde à voir enMichel d'Éphèse I'auteur des commentaires des

l, CeT Anecd,oton hierosolgtnitanum est cité dane la préfacedu commentaire du Pseudo-Alexandre au De sensu (C.A.G.I I I 1) édi té par P. Wendland, p. xv-xrx. Le no 9 at t r ibuo À'Alé[av8poç un commentaire elç tù p.eté<opa rô 6trov tôv 'Até[av-

ôpov.2, Le latin a été édité par G. Théry, Autour d,u décret de 1210 :

I, Alerondre d.'Aphrodise, Paris, Vrin, 1926, p. 86-91. M. Grab-mann se demandait s'il ne fallait pas y voir une traductionfaite sur le grec par Guillaume de llloerbeke ; cf, M. Grabmann,q Mitteralterliche lateinische Uebersetzunsen von Schriftendcr Ar istote les-Kommentatoren Johannes Phi loponos, Alexandervon Aphrodisias und Themistios n, Sitzungsberichte der Bage-rischen Akad.emie der Wissenscha,;ften, Philos.-hist. Kl., 1929,7, 1929, p. 17 sq. Voir notre De foto, vers ion lat ine, p. 29, n.2(r id. l )ar is , Vr in 1963). I I s 'agi t eu la i t de laQuaest io I I I3, édi téepar I . I l r r rns. La vcrs ion arabe en a été édi tée, accompagnéedc l : r vcrs i r r r r lat ine, par I I . -J . Ruland, Die arabische Ueberset-zung, dcr Schrift l)cs Alcrand,er von Aphrodisias ilber ilie Sin-ncsrvohrnel tmu ng, Naclr r ichtcn der Akademie der Wissenschaftenin Gi i t t ingerr , I . l 'h i l . - l r is t . Kl , 1978, Nr 5, p, t59-225,7-67.

COMMENTAIRES EN GREC LVI I

l ivres B-N, qui accompagnent lee cing premiers dansles manuscrits comme dans les éditions. La questionse pose de savoir si Alexandre a commenté toute laMétaphysique. Syrianus, in Meta. (C.A.G. VI 1, éditépar G. Kroll), cite, sous le nom d'Alexandre, deslignes des commentaires de l ivre M et N, et en certainspassages, oir i l ne nomme pas sa source, on retrouvetextuellement, ou presque textuellement, des l ignesdu commentaire tardif. Comment I 'auteur des com-mentaires qui complètent I 'æuvre - inachevée oumutilée - d'Alexandre peut-i l avoir eu connaissancede ces l ignes ? L'hypothèse la plus vraisemblable,c'est qu'i l a lui-même uti l isé le commentaire de Syria-nus I. I.A.U. ne mentionne pas le commentaired'Àlexandre à la Métaphysique, bien qu'Ibn Nadim,dans son Fihrist, signale qu'i l existe, en grec, un com-mentaire du l ivre I\ z ; i l ajoute que le l ivre  a ététraduit par Abu BiSr Matta avec le commentaired'Alexandre. C'est cette version qui a été uti l isée parAverroès dans son commentaire à la Métaphysiques.Des discussions ont été soulevées autour de I'attri'bution à Alexandre du commentaire ainsi uti l isé,et cité, par le Commentateur de Cordoue, et qu'ontfait connaitre les pages que lui a consacrées J. Freu-denthal a. Cdr discussions sont clairement résumées

\l. Voir sur \e point, les pagee de P. Moraux, Aleaandre

d'Aphrodise, p. &-19.2. Fihrist I, 251\27-28, mais le texte n'est pas sûr.3. Le texte du càqrmentaire d'Avemoès a été édité par

M. Bouyges, Àverroes, fisîr md ba'd al'!abî'at, 3 vol' Reyrouth :I 1938; l l 1942; I I I 1948 f Notice 7952. Le l ivre  se l i tdans le t. III, p. 7235-1736. Le commentaire d'Àlexandreétait mutilé _. dans la copie arabe ? dans la copie grecqueou la version syriaque ? - et le manuscrit arabe nous apprendqu' i l ne se poursuit pas au delà de la p. 1683, 2 (: À 8' tOTaa3 1 ) .

4. J. Freudenthal, < Die durch Averroes erhaltenen FragmenteAlexanders zur Metaphysik des Àristoteles; untersucht undùbersetz, mit Bcitragen Lur Erlaùterung des arabisches Textesvon S. Frânkel >, Abhanillungen dcr Berliner Akailamie dcrWissenschaften, 1885.

Page 28: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

I

Ëa

]

1 rAI

LVIII INTRODUCTION

par P. Moraux 1, qui doute ( qu'Averroès ait pu avoirconnaissance du texte original d'Alexandre, dontne disposaient plus les commentateurs grecs bienantérieurs > z. Mais, i l y a là un jugement trop pessi-miste. et i l convient de voir dans le commentaireau livre  uti l isé par Averroès une ceuvre authentiquede I'Exégète : la crit ique se rall ie aujourd'hui à cetteopinion s. L'Anecdoton hierosolymitanum signale, sousIe nom d' 'AÀé[,r,o6, un colnlnentaire de I 'ouvrageentier, $ II, no 15 - mais i l peut se référer, i l est vrai,au commentaire tel qu'i l se présente à nous, asso-ciant aux cinq premiers l ivres dus à Alexandre, lesneut suivants cornpilés par Michel d'Éphèse.

à) Commentaires perdus.

L) Catégories. Util isé par Simplicius, Dexippe,Elias, ce commentaire a été traduit en arabe. I.A.U.le cite (tto 1), mais Averroès, a dt l ' ignorer, puisqu'i ln'en dit rien dans sa Paraphrase - ou Commentairemoyen - aux Catégories a. Abû Zakariya Yabyâb. 'Adi, selon lbn Nadim 5, avait demandé à Abû

1. P. l\Ioraux, op. cit., p. 14-19.2, P. Moraux, id. , p. 19. - Contre I 'object ion de P. Moraux,

on peut faire remarqucr que le commentateur arabo disposaitd 'une t raduct ion arabe fa i te au xe s iècle, sur une vers ionsvr iaque antér ieure - Abù BiSr Mattâ, en ef fet , ignorai t legi . " - : , laquel le avai t été fa i te d 'après un exemplaire en oncia lee.Cf. R. Walzer. r On the Arabic Versions of books A, or and Àof Aristotle's Metaphysics >t, Ilarvard Stud,ies in ClassicalPhilotogy 63, 1958 (p. 217-231\, p. 229 - repris in Greek intoAr abic, Oxford, 1 962 (p. 71 4-L28), p. 127 .

3. C'éta i t I 'av i r ds M. Bouygei , Averroes, Tafs i r mâ ba'daÊtâbt 'at , - lVot ica E, d 4, p. cr ,xvrrr , La possib i l i té d 'étudierl 'édi t ion cr i t iqrre rn ise désormais à la d isposi l ion des chercheursr lovrai t pôr 'n)ct t le dc reprendre à nouveaux f ra is I 'enquêter lo J. Frcu<lenthal (voir n. 4, p. r .vrr ) , et de t rancher déf in i -t i v cn ren t l a < l ues t i on .

/ r . Le t rxt .c arabe t r r a été édi té par M. Bouyges, AçerroesTalkhîç l;itâb al- !\[ûqo.{ldt (Bibliotheca arabica scholasticorum,t . I V ) , l l e v r o r r t h , 1 9 j 1 2 .

5. lbn Nut l im, l ' ' ihr is l , p. 248. Cf . F. Peters, Ar i i lo tc lctA r o b u s , p . 7 .

COMMENTAIRES PERDUS LIX

Sulaymân (as-Sij istâni) de traduire le commentaired'Alexandre d'Aphrodise - environ 300 folios -,

mais la requête n'a pas dû être suivie d'effet. Cependant,Ibn Nadim attribue à Yahyâ ibn 'Adi des doutessur l 'existence d'un commentaire de Jamblique auxCatégories; Yalryâ, en e{fet, y aurait vu la mentionc Alexandre a dit... r - mais, ajoute al-Qift i : < i ln'est pas impossible que quelques écrivains posté-rieurs aient ajouté le nom d'Alexandre à d'autresnoms r 1.

2) De interpretu,tione. uti l isé par Ammonius. I lest cité par I.A.U. (no 2). Le Fihrist signale que lecommentaire d'Alexandre n'existe pas (en arabe) 2.

3) Premiers Analytiques. Philopon cite, d'Alexandre,un commentaire qui ne semble pas avoir été connudes Arabes.

4) Seconils Analytiques. Attesté par les référencesde Philopon et d'Eustrate, le commentaire n'auraitpas été traduit en arabe, selon Ibn Nadim, Fihrist,p. 249, et Yalryâ ibn 'Àdi le cite sans cloute à traversPhilopon, bien qu'i l ait déclaré en avoir vu un exem-plaire complet (en grec ?) 3.

5) Réfutations spphistiques. On sait que le commen-taire édité par M. $all ies (C.A.G. II 3) est inauthen-

\.l. Id., ibid. - On voit dç I'hypothèse que le nom d'Alexandre

d'Àphrodise ai t pu être subàt i tué (ou associé ?) à un autre nommoins connu, a déjà été soulovée, au moins au xrrre s iècle.I l est donc prudent de poser la quest ion de I 'authent ic i té àchaque occurrence du nom d'Alexandre d 'Aphrodise,

2. Ibn Nad7m, Fihr is t , p. 249. Cf . ! ' . Pcters, op. c i t . , p.72.Àl-Fàràbi, Cornmentary on Aristotle's t De interpretatione n,éd. W. Kutsch et P. l \ Iarrow, l3eyrouth, 1960, c i te le nomd'Àlexandre, p. 188, 22, mais i l renvoie à son commentairedes Premiers Analytiques.

3. Ibn Nadim, Fihr is t , p. 252. - On peut désorrnais con-naî t re I 'ensemble des f ragments et des vest igcs du texte grecde ce commentaire, grâce à P. t r {oraux, qui en a donné uneédition : Le Commentàire d'Alesand,re d'Aphrotlise a,ufr < SeconilsAnalyt iquec r d 'Ar isto le (Per ipatoi Rd. 13), Bert in, N.-Y. 19?9.

Page 29: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

INTRODUCTION

tique, comme l'éditeur lui-même le montre dans saPréface. Cependant , b ien qu ' I .A.U. n 'en fasse pasmention dans sa l iste, i l aurait existé un commen-taire attribué à Àlexandre. En efïet, une note d'Al-Hasan ibn Suwar, à la {in de la version arabe desRéfutations Sophistiques, dans le cod. Parisinus ar.2346, de la Bibliothèque Nationale, fo 380v, signaleI'existence d'un ntttn.uscrit grec du commentaired'Alexandre de ce traité, mutilé du début, et dontil est di{f ici le de tirer quelque chose 1. Naturellement,i l pourrait s'agir d'une fausse attribution. Mais i l yaurait eu de ce commentaire incomplet une versionlatine, dont Richard de Fournival possédait unecopie, vers le milieu du xrrro siècle 2. On ne peut donctotalement exclure qu'Alexandre ait aussi commentécette dernière partie de I 'Organon.

6) Physique. Util isé abondamment par Simpliciuset Philopon, ce commentaire contenait de nombreusescitations des philosophes présocratiques. Une versionarabe des huit livres existait au xo siècle, comme entémoigne Yahyâ ibn 'Adi; i l est cité par Jabir ibnHayyàn 3 et Al-Birùni a.

7) De caelo. Util isé par Simplicius dans son groscommentaire. I.À.U. (no 7), signale une version arabedu début de ce commentaire : une partie du l ivre Iet l ivre II ; AbU BiSr Mattâ traduisit une partie du

1. CI. A. R. Radawi, I l lantiq -4ristû, t. III, Le Caire 1952,p. 1018; et R. Paret, < Notes bibliographiques sur quelquestravaux récents consacrés aux premières traductionJ arâbes

flce-n-vrgq grecclues. - I. (Euvrei phitosophiques n, Bgzantion29-30, 1959-60, p. 403.

2. L. tr{inio-Paluello, < Note sull'Aristotele latine medievale,IX. Gt i < I i lcnchi sophist ic i > : redazioni contaminate con laignota vcrs ione di Giacomo Veneto (?) , f ramment i del lo ignotocomrnouto d 'Alcssandro d 'Alrodis ia t radot t i in lat ino n, Rlv istadi^ Filosofia nco-scolastica 46, 7954, p. 223-231 (voir p. 229-231 ) .

3. P. Krarre, J6,bir ibn I.Iagydn, t. II, p. 327, a,2.4. Àl-l l irùni, Indio, rrad. Sachau, p. 163-f64.

COI\IMENTÀIRES PERDUS LXI

livre [, d'oir sans doute la mention d'Ibn Nadim,Fihrist, p. 250, 29, qu'Alexandre commenta une partiedu l ivre I de ce traité d'Aristote.

8) De Generatione et Conuptiorzc. Util isé par Philo-pon;s ignalé par I .A.U.r eui en a vu une copie (no 8) .I l aurait été traduit en arabe par Abù giÉr Mattâ,selon Ibn Nadîm r. I l est cité par Jabir ibn Hayyân 2.

Il en existe un fragment dans un manuscrit arabe s,

Les catalogues de mss grecs signalent parfois descopies d'un commentaire d'Alexandre ; mais i l nes'agit pas du commentaire d'Alexandre d'Aphrodise a.

9) De anima. Util isé par Simplicius, Thémistius,et par le pseudo-Philopon (: Étienne d'Alexan-drie ?) 5. I.A.U. ne signale pas ce commentaire. Descitations en sont données par Philopon, et Alexandrelui-même y fait allusion (Quaest. I l ta, 2I, L8; 11b,22r 26). I l y a eu, de ce commentaire, une traductionarabe 6.

1, Ibn Nadim, Fihrist, p. 251.2. P. Kraus, Jdbir ibn flaggdn, t. II, p. 322, r.7.3. I ls'agitducod. ChesterBeatg 3702, Io 168v, que R. Walzer

signale dans son articlÇ Aristûtâlis, -El3, t. I, p. 653.4. C'est le cas des Qatalogues des manuscr i ts de la Bib l io-

thèque d 'Athènes, nos t \73 et 1301, et du couvent de Vatopedide l'Athos, no 20 ; ils co\tiennent le commentaire d'ÀlexandreMavrocordato at De gen'qalione et corruptione, Cf. ma note,< Les manuscrits srecs d'AÈistote... >, Bulletin d,e I'AssociationGuillaume Budé, 7963, p. 35à'et.355.

5. Le commentaire du l ivre I I I dt De anima, édi té parM. I {ayduck (C.A.G. XV), n 'est pas de Phi lopon, et i l est incom-p le t ; i l e s t a t t r i bué à E t i enne d 'A l cxand r i e pa r R . Vancou r t ,Les derniers commentateurs alcnandlins d'Arislote. L' Ecoled,'Olgmpiodore. Êti"nne d'Aletandrie. Lille, 7941. M. de Cortea découvert et identifié une partie de la version latine du com-mentaire de Phi lopon au l iv ie I I I , qu ' i l a édi tée d.ans Le Com-mentaire de Jean Philopon sur le troisième lipre ilu Traité de l'ômed'Ar istote, Par is, 1934. Les f ragmente du commentaire d 'Alex-andre citée par ces textes 6ont édités par P. Moraux, Alezan-ilre il'Aphrodise, p. 207-221.

6. Voir F. Peters, Aristoteles Arabus, p. 42-L3, Ibn al-Qi1i3par lc d 'un r ta l [ ig > d 'Alcxanclre, p. 41, 11 .

I

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Page 30: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

LXII INTRODI]CTION QUAESTIONES LXII I

La question reste posée de savoir si Alexandred'Aphrodise a commenté d'autres ceuvres d'Aristote.En l 'absence de témoignages posi t i fs on ne saurai tI 'a l l i rmer r . L ' impression que donne cet te l is te, c 'estque l ' intérêt d'Alexandre se portait surtout sur lesquestions de logique, dc physique - qui comprendla psychologie - et de métaphysique. I l ne semble pass'ôtre attaché aux problèmes éthiques et polit iques 2.

3. - Les æLteres personnelles,

a) Dans le texte grec.

L) De anima. Éai tO par I . Bruns (C.Â.G. Suppl . I I l ) .Ci té par LA.U. (no t0) , qui préc ise que le t ra i té necompte qu'un seuJ l ivre.

2) De fato. Édi té par I . Bruns (C.A.G. Suppl . I I 2) .I l en existe une version latine médiévale s. L'ouvrage

_ .1. C'cst à- tor t que R. -À. Pack s ignale un contmentâire parAlexandre d 'Aphrodisc dns guoroyuôpovrxd, d ' [Âr is tote l dànsson art ic le < A P-assage in Àicxar 'âer 'of Aphro'd is ias Rl lat ingto the^Theory- of Tragedy , , American Journal of Phi to logl i ,58, 1937, o i r i l at t r ibue, en ef Ïer , p. 427, n. 16, 'à Foersù-r ,Scr ip, tores physiognornonic i , t . I , p. xxxrrr , une indicat ionrelat ive à ce commentaire. C'est une erreur : Foerster a montré,p. xxxrv, précisément, que le manuscr i t o i r Assemani s iqnalai tune vers ion arabe de ce commentaire. ne contenai t r ien d,autreque le passage physiognomonique du Secretum Secretorurt.L'erreur survit encore dans tr{. Ullmann, Die Meilizin irn Islam(H-andbuch de r O r i en ta l i s t i k , I . Ab t . , E rgân2 .6 ) , Leyde -Cologne, 1970, qui s ignale, p. 96, Ie Laurent iânus Médiceui ar .59, cornme renfcrmant ce Commentaire d'Àlexandre auxPhysiognomoniques, suivant en cela I'ancien catalogue doS. E. Assemanus, Florence, 7742.

2. Les Quaesliones qui constituent le livre IV, sous le titreEthica Prohlemata, êdi t6s par I . Bruns (C.A.G., suppl . I I 2,p. 117-163), soulèvent, b ien s i r r , le même doute sur leur authen-t i c i t ô , Vo i r c i - ap rès , p . L ( r r r - Lx r v .

3. La vr . rs ion I : r t i r re est conservée dane t ro is manuscr i ts ,eans l e no r r r r l u t r a r l r r c t eu r , en qu i j ' a i p roposé de vo i r Gu i l l aumedo l \ Iot : r l rekc. Voir nron ôr l i t . ion, Aleaândre d 'Aphroi l isc, Defato ad imperalores, I )nr is , Vr. in, 1963.

n'a paa été traduit en arabe r, et I.A.U. n'en fait paa

mention.3) De miatione. Êditê par I. Bruns (rlbid.). Inconnu

des arabes, i l n'est pas mentionné par I.A.U. La

tradition manuscrite du texte grec est di{Iérente

de celle du De aniîna, du De fato et d'es Quaestiones 2.

4) Quaestiones. Sous ce titre, je classe ensemble

des textes très divers, en général courts' attribués

à Alexandre d'Aphrodise. D'abord les 'Aæopi,al xq.l

1,r5oeu6, éditées par I. Bruns (C.A.G. Suppl. II 2)'

en trois l ivres ; Ethica problemata (ibid.); et vingt

sept courts traités t qti constituent le prétendu

Di anima liber alter, ou Mantissa, édités également

par I . Bruns (C.A.G. SuPPl . I I t ) .

Pour I 'ensemble de ces écrits' la question se pose

de savoir s' i ls sont l 'æuvre de I 'Exégète. Ce n'est pas

le l ieu de la résoudre. Disons seulement qu'i l y a là

d.es recueils fcr,ctices d'écrits attribués à Alexandre

d'Aphroclise : le problème de leur authenticité devrait

être posé pour chacun d'eux séparément.P. Moraux met fortement en doute I 'authenticité

de ces Quaestiones, l iant leur sort à celui du flepivoÛ a'

1. I l faut , sur ce poi i l t , donner to l t à G. Fur lani qui , dans< Le Questioni filosôfic\ di Abi Zakariyâ Yalryâ. !.

',A-di I'

Rivistà degti Stuili Orienta\i.,8, 1919-20, p. 757-162, identiliant,

o. 161 . t . 1, la maqâlat f i \ inàvat , Trai té de la Providence,àt e" l " De fato, p"nsô q, te ce t ràï t ia été t radui t en arabc. I la is

De foto et De providenlia sont deux textes distincts.2. Une t raduct ion anglaise, précédée d 'une longue étude, eet

due à R. B. Todd, Aleoaniler of Aphrodisios on Stoic Philosophy,Leyde, Br i l l , 1976.

5. Il s'agit de la numérotation qui se lit dane le manuscrit V,

ori Ie flepl voû est eubdivisé en trois.4. P. ÙIoraux, Aleaanilre il 'Aphrodise, p. 1"40-142, discute

de I'attribution à Alexandre du flepl voÛ, pour des raisone de

cohérence doctr inale. Toutefois, son jugement est nuancé,car i l est prêt à admettre I 'authent ic i té dc la dernière part iede ce pet i t t ra i té, p.163, Sans reprendre la quest ion en détai l ,d isons-qu'à mon avis les ra isons invoquées ne sont pas décis ives :

i'admetiraie volontiers I'authenticité du texte e-n eon entier.b. C. Bazân. q L'authenticité dwDe intellectu attribué à Àlexandre

l riI

Page 31: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

LXIV INTRODUCTION

t:

QUAESTTONES LXV

qui appartient à la Mantissa. Rejeter a priori tous les

textes de ce recueil comme inauthentiques' ou' à

tout le moins, comme n'étant que des exercices

d'élèves, est peut-être une solution trop facile, et

dangereuse : elle risque de nous entraîner à suspecter

des écrits authentiques.Bn efTet, le Ilepi eip,appr.év1e æpàq coÛq uôroxpdcropcç

dont nul n'a jamais mis en doute I 'authenticité * et

qui est le seul écrit à fournir un élément précis sur

là date de I 'auteur - est copié, dans lc cod'. Venetus

Illarcianus 258 (coll. 668), sigle V, immédiatement

à la suite du court traité llepi elpr,app'évr2e qui clôt

le De anima liber alterrl 'Opusculum; or, i l y est a{Tecté

du no 28 (KH) comme s'i l s'agissait d'un autre traité

de la même collection, et du même ordre 1. Si la suspi-

cion manifestée à l 'égard dt De intellectu par P. Moraux

doit s'étendre à tout le recueil, en bonne logique, elle

devrait atteindre aussi le De fato.Par ail leurs, parmi les t7 traités attribués à Alex-

andre, contenus dans un manuscrit de I 'Escurial,

et parmi les t0 traités d'un manuscrit d'Istanbul

pareil lement attribués à I 'Exégète 2, on trouver outre

le De intellectu s el certaines des Quaestlorles connues

d'Aphrodise t, l7evue philosophique d'e Loucain, 77, 1973,p. l *Og-ag7, développe une argumentat ion pour montrer .queies di{Iiculiés soulËvées pa" P. Moraux contre l'authenticité

ne sont Pas di r imantes.1. Conime le cod. V est unc copie d 'un archétype en oncia les,

comme i l est montré plus lo in, i l -se pourrai t que cet te numéro-

tat ion ai t apDartenu à son modèle, auquel cas ces numéros

d'ordre aurâiènt une importance capi ta le.2. Sisnalô par Ibn Àbi Uravbi 'a, le De inte l lectu porte le

uo 13 dins le tod. Scor ia lensi i t i r . ,798 IoB 113v-118r ; et le no 6

dans le cod. Constantinopolitanus Millet-Jarullah 1279' foe 58v-

60v .3. I 'a I )c intc l lectu a été édi té par I . I3runs (CAG' Suppl ' I I 1) '

r ) . l 0 { i . l 8 -1 l : t , 24 . La vc r s i on a rabe a é té pub l i ée pa r J ' F i nne -

guu, i ' lé l , t r11r i dc l 'Uniçers i lé Soinl -Joseplr , .33, 19-56' p. 159-

IOZ. U"" vcrs i . , t t ln t i r rc, fa i tc sur I 'arabc par Gérard de Crémone,

a ôtô ér l i t i : r pnr ( ) . Thôry, Alerandre à 'Aphroî l ise" ' p ' 74-82'

en grec, un traité De Proç'id,entia. Cyrille d'Alexandrienous a conservé des citations de ce traité 1, qui paraîtbien être authentique 2. Faudrait-i l rejeter commeinauthentique le De Prouii lentia, en invoquant lesraisons qui font douter de I 'authenticité du De intel-Iectu ?

Il convient donc de manier avec prudence lesargurnents crit iques pour juger de I 'authenticité deces petits textes : leur collection disparate mêle,cer tes, des apocryphes à d 'autres æuvres qui sontdes écrits d'Alexandre. On ne saurait prononcer unjugement d'ensemble 3.

No 21 Dietr ich, van Ess (sur cet te lumérotat ion, voir la note 2,p . r xv t ) .

7. Le I)e Prouùlentia, no 8 dans le -\corialensis ar. 798, for87r-100v, no 1 dans le Consta.nt inopol i . tanus M.-Jarul lah 1279,fos 44v-50r, a fa i t I 'objet d 'une édi t ion, dans urre Dissertat ionde I 'Univers i té de la Sarre, par I I . - , I . Ruland, f ) ie arabisch.enFassu.ngen von zs,ei ,Schriften d,es Alotande.r von Aphrotlisiasiiber d.ie Vorsehung und tber d,as liberunt arbttrium, Saarbrùcken,I 976 .

2. Sur I 'authent ic i té du De Proçident ia, voi r c i -après p. Lxvrr ,n .1 . La p reuve a é té f a i t e que ce r t a i ns des t ex tes du t ype( quaest iones l , at t r ibt rés, darrs leur vers ion arabe, à Alexandred'Àphrocl ise, ne sont pas r le lu i . Voir l r s t ravâux c i tés c i -dessus,p. xxxvrr , n. 2. Voir égaloqnent, de S. I ' i r rès, r l ,a Théologied'Àr istote et le L iber I )e cauf is r , ( ionrnrupicat ior au xxve Con-grè.s International des Orirnlahsleg, 1\{oscou, 1960. L'aul.eurrn 'a commu.iqué une copie c le son iËi ie l .n russe, et le regrct téG. Vajda a bien voulu m'en fa i re la t raduct ion : qu ' i ls en soientremerciés.

3. Sigrralorrs, saus détails, les textes du type < Quaestiones tconnus en grec, et t radui ts en arabe. Après la réîérence à I 'édi -t ion du texte grec (L I l runs, Suppl . gr- I I 2 pour les Quaest iones iI I 1, pour le.De anima l iber a l ter : Mant issal , j ' indique lenuméro dans la l is te dressée par A. Dietr ich (- D), complétéepar J. van Ess ( : v .E) dans les ar t ic lcs dont référence estdonnée n. 2 p. suiv. Lc numéro c lans la l is tc d ' Ibn Abi Usavbi 'a(" . 3, p. r . rv sqq.) , tgure, quar.rd i l v a l icu, entre palenthèscs.

Quaes t i ones | 2 : 12 D ( IAU no 14 ) , ôd i t é n t r r ad r r i l pa lH. Gat je, < Dic arabische Uebersetzurrg dcr Schr i t l t . r l r s \ tn- .n1;çr .von Aphrodisias ùl,rer die Farbe >, Nachricltten der Akademieder Wissenschaften in Gôttingen, 1967, p. 341-382; I 8 : 32v . E ; I { 1 : 7 D , v . E ; I 1 1 a : 3 D t l 1 2 : 5 D , v . E : I 1 5 :

it

I

Page 32: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

LXVI INTRODUCTION QUAESTIONES EN ARABES LXVII

l

1çt

I

b) Versions arabes de textes dont I'original grecest perdu.

Certaines des < æuvres personnelles > d'Alexandred'Aphrodise sont, nous l 'avons vu, conservées aussien version arabe. Les manuscrits où nous les l isonssont des recueils qui rassemblent, dans un ordrearbitraire et variable, de petits textes comparablesà ceux des Quaestiones. Parmi eux, à côté d'écritsconnus en grec - mêlant des traités du De anima,liber alter et des Quaestiones, au sens étroit, on trouveun certain nombre de textes perdus en grec. I l estprématuré de prétendre en vouloir dresser un inven-taire complet 1, je me bornerai à en présenter quelques-uns 2.

6 D , v .E ( IAU no 35 ) ; I 16 : 22D , v .E ( IAU no 32 ) ; 124 :20 D, v.E (IAU no 37) ; II 3 : 34 v.E (IAU no 471 ; II 19 :33 v.E (IAU no 25) ; II 3 : 14 D, De sensu, édité, ainsi quela version latine rnédiévale par H.-J. Ruland, cÎ. n. 2 p. r-vr.

.,De animo liber alter, 106-113 (: flepl voû) : 21 D, v.E(.IA! nf 24) ; 127-130 : 13 D (IAU no 15), édité parA. R. Badarvi, Comrnentoires sur Aristote perilus en greé etoutres épîtres, Beyrouth, 1977, p. 26-30 i 772-t74 (: . IIepl toûè9 ' l g . î v ) : 25 D , v .E ( IAU ;o 31 ) . - Ceux des t ex tes qu imanquent dans la l is te de A. Dietr ich, et qui sont a joutés parvan Ess, et dont la vers ion arabe est contenue dans un às.de Taschkent, ont été édités par A. R. Badawi, op. cil. ; c'estle cas dee numéros 31, 36, 37 v.E.

Dues à des traducteurs diIÏérents, faitcs parfois, peut-être,sur des textes provenant d'une autre recension que

-celle que

nous a conservée la tradition grecque, ces versions peuventcependant, en certains cas, être utiles à l'émendation du textogrec.

1. Malgré les recherc!es poursuivies dans les bibliothèques,et en particulier dans les bibliothèques d'Orient, il rest1, àcoup-sûr, encore beaucoup de travail à faire, et on peut escompterdes découvertes. Bien des codices arabes sont deè recueils c-om-posi tes, dont les tables - quand el les existent - ne sont pastoujours complètes. Les catalogues n 'ont pas tous été édiaés.Enf in i l ex iste dc nombreuses bib l iothèques pr ivées, impor-tanl .es ou minuscrr lcs, dont les r ichessee en manuscr i tg gontcomplètemont igrrorées.

2. Pour no par alourdir cotte liste, je no signalorai que certainatoxtor, pour une raigon ou pour unc autre considérés comme

L) De Provii lentia. Connu par quelques citationsde Cyril le d'Alexandrie, ce traité ,r '"rt gul". mentionné

ryi" l_.-. auteurs qui traitent d'Alexandre t, bien qu,Ibn

Abi Usaybi'a en ait donné le titre dans sa l isie desæuvres d'Alexandre d'Aphrodise (no 12) 2. Une versionarabe, par Abt BiÉr Mattâ, est conservée dans deuxmanuscrits (no 18 D, v.E).

2).De Tempore. Mentionné par t.A.U. (no 33), lavercion arabe a été conservée B. Une traduction laiine

importants; j ' indique, s' i l y a l ieu, édit ion, traduction, étudee.Un pourra. en.connaître davantage à I 'aide des inventairegsuivants.: À Dietrich, c Die arabisËhc Version

"i"e" "nllt arrrr_

ten Schrift des Alexander von Aphrodisias trber die Differentiasp-ecifica (Risâla fi 'l-lasl) n, Nachrichten der Akailemie ilerw.Lsjenschaften-in Gôtt ingen,^phi l ._hist. Kl. , 1964 (2), (p, gS_148) p. i2-100,. réunissant B0 titres. On ie comiléieil pa"J. van.Ess, r Ueber einige neue Fragmert" J.; 'Ai; ; ;" [ ; ;von fphrodilias- und des proklos in araËischer U"l"r.etz,rrrg o,Der Islam,42, 1966, (p. 148-{68), qui donne des informati6nsc-omptêmentatres et ajoute 7 t i trcs, p. 150_ib4. Voir aussiH, Gâtje, -, , _Zur arabischen Ueberl iéferung des Alexanderv_on -Aphrodis ias r, Z eits chrift iler ileutsch"n'M o, g"nldni;rin"iGesellschaft, 116, 1966, p. Zi4-275. On indiquera."s' i l v a l ieu.le numéro de la l iste d' lAU (voir n. g, p. r*). On ^ui"""- ir iD et v.E le numéro des deux. inventairËs q"'â"

"pnïàï" i I" .1. L'authenticité de ce traité peut être inféree/des citationsg,l_"".do,T".". Cyrille d'Àlexandûï, Contra Jylianum (p.G. t;,tfilgnel. ll crte en elïet, com-me venant du flepl rrpovolcr6 d,Alex_lî9,"",_:"Jr"

le passage b96B_ (Cf. lgland, oi. ci t . , 'p. 2àe-zJbl, .quetques phrases en 62SC et 7048. On l i t ces'ci iat ionsoans r 'arabe, pespectivemcDt,p.T, l0_9, Z ( le texte g, I est:i lé,t*ti.t"r Rrillnd) ; 5, 1-e'; ts, t-6 iss, i-s. c*, f";;;u;;;tont srgna.IeE par H. ltl. Grant, c Greek Literature in thè Trea_:r": !:

tr.inilate and C_yril^Contra J-ulianum n, Journal of Thco-Iogrca. ètud.es, n.s. 15, {964 (p. 265_2i9lr, p. 2Zb_229,'ori i lsportent les numéroq !, B (derrx t i .1, f . Oes pri" i tat", avec d,autrertextes attribués à Alexandre, signalés par Grant, une similitudede méthode er de conten.r, auù lc ù fato ajoltent d" poiJ,cn faveur de I 'authcntici té.

2. E. Zeller ne le mentionne pas parmi les çerlarcn Schriftend'Alexandre.

3. Dans deux manuscrits, i ) Taschkent, 23g5/g7 (cat. lgg7l :t! _{. 9upelov, Sobranie vostotnyck ruko'pisei-iiaà-;ii i;iriUzbckc!9j_ls!, t. III, r ^P^hilosop"hie ,, Târ"t"Là"t {955, ;. it_24 et 73-7L (nor iB84-1898 et l i6g) ; 2) T+hÀran, lr let[r i t affI

Page 33: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

LXVIII INTRODUCTION

en a été faite par Gérard de Crémone 1. C'est à cetexte que renvoie probablement le De Principiis 2

(no 31 , v . I l ) .3) De Pr inc lp i is . La l is te d ' I .A.U. (no27) ment ionne

un traité sur les Principes d'u Tout (ou de l 'Uniç,ers),selon Aristote. Le cod. Dam,ascenus BibI. publ.4871 3 porte une note qui nous apprend que le textegrec en a été traduit en syriaque par f{unayn ibnlshâq, et du syriaque en arabe par le chrétien lbrahim'Abd Allah. Avenoès cite cet écrit a, qui se présentecomme une réponse à un correspondant anonyme(no 1, D, v .B) . Le texte arabe a été édi té et t radui tpar A. R. Badawi 5.

4) Réfutation de la crit ique de Galien contre lathèse d,'Aristote que tout mobile ne peut se mouçoirque pa,r un moteur . Ment ionné par I .A.U. (no 21) ,

QUAESTIONES EN ARABES LXIX

ce traité a été édité et traduit par N. Ruscnpn etM. E. Menr ' rune, 1 (no 28 D, v .E) .

5) Réfutation d,e Xénocrate, sur la (question) qu"l 'espèce est antérieure au genre, et antérieure à lui i l , 'uneantériorité naturelle. Ce texte est signalé par I.A.U.(no 39), sans la mention du nom de Xénocrate (no 4 D) ;édité par A. R. Badawi, et traduit par S. Pinès 2,qui étudie la portée de cette réfutation.

6) Réfutation de Ia thèse d.e Galien sur Ie possible.Mentionné par I.A.U. (no 22), ce texte n'est conservéque par son début , dans le Scor ia lensis ar .798, fo 59v.La page est t radui te par N. Reschser et M. E. Mar-mura 3 (no 11 D).

7) De Ia conçersion iles prémisses. Dans la listed ' I .A.U. (no 1t ) , le texte est édi té par A. R. B.rorwr a,

d'après la copie de Taschkent 5. L'hypothèse deJ. van Ess (nô 36), qu'i l s'agirait d'rrn i""gr.rent duCommentaire aux Premiers Analytiques 0 n'est pasconfirmée.

,r/

1, Yoi" p. vrr, n. 2. Une étude en a été faite pay.,S. Pinès,art , c i té, p. x lvr , n. 3.

2. Cf . A. R. Badawi, Ar istû ' inda ' l - 'Arab, p. 2&1-282. S. Pinèe,t A New Fragment of Xenocrates and its Implications r, Tran-

lactigns of the Arnerican Pltilosophical Soiiety, New Series,5t (2) , 1961, p. 1-34. Une t raducf ion al lemande a été donnéepar J. van Ess, en appendice à. I . Krâmer, r Ar istote les und dieakademische Eidolehre t, Arahie fûr Geschichte d,er philosophie,55, 1973, (p. 119-187), p. 188-190. Ksanùkrât is se l i t dans lems. - contrairement à ce quc transcrit Badawi : Ksûkrâtis- , seul le point d iacr i t ique marquant le ( n ) manque, remarqueJ. van Esi. Voir ma

"ei-rarq,re à p"opos d'Herminoi, p. *rït,

n . 2 .3. N. Rescher & M. B. Marmura, op. c i t . , p. 69-?0. On notera,

à ce sujet I 'erreur de la l is te de À. Dietr ich, p. 96, no 11. Lamauvaise pagination vient de I'absence du àébut du trait6suivant i<Iu j es1 le quatr ième de cet te l is te (voir p. r .xvr , n. 2) .

4. Voir A. R. Badawi, Commentaires sur Alistote perdusen grec -et autres épî t res (Recherches, n.s.A. 1) , Beyrouth, ' 1g71,p. 55-80.

^^1.- 4, A. Semënov, op. ci t , cidessus (p. r-xvrr, n. 3) cod.2385/99 (cat. 1963).

6. J. van Ess, < Ueber einige Fragmenta... D (voir p. r-xvr,

I

iJ

(cat . 452) ; c Î . M. T. DâniSpazùh, Fihr is t - i Ki tâbfâne- i ihdà' iy i Âqâ-yi Saiy id Muhammad MeÈkât be-k i tâbhane- i DâniË-gËt- i t 'uË"a", I i t r , Tèt 'o"an, 733217914, p. 365-b73 (noE 450-461, | .

f. Éaite par G. T}'éty, Alexandre il 'Aphrodise... p. 92-97.Cl . R. W. Sharples, r Alexandcr of Aphrodis ias On Time r ,Phronesis 27, 1982, p. 58-81.

2. Le texte arabe ist édité par A. R. lladawi, Àristû 'inda' l - 'Àrab, Le Caire, 1947, p. 253-27'1 . La ment ion du De tempore,f i ' l -zamàrr , se l i t p. 264, 4-5.

3. L 'édi t ion de Radawi est Ia i te d 'après cet te seule copie.On connaît aujourd 'hui d 'autres copics de ce texte : Scor ia lensisar. 798, fos 103v- l13v ; Taschkent 2385/92 (cat . 1889) i Constan'tinopolitonus Millet-Jarullah 7279, los 54r-58v. Voir égalementJ . van Ess , r Uebe r e i n i ge F ragmen te . . . ) ( vo i r p . 60 ' n . 2 ) 'p. 150, qui renvoie à I 'hypothèse de S. Pinès, selon qui uneàutre veis ion du même texte, par Abû Ulman al-DimaÈqi ,pourrai t ex ister ; c l . S. Pinès, ls is 52, 1966, p. 42-43' et n. 1.-

4. Averroès, Tafsïr mâ ba'd a!- !abi 'at ( : Grand Commen-tai re sur la Mêtaphgsique), l ivre À, p. 1405, 1 Rouyges.

5. Texte : A. R. f ladarv i , Àr is tû ' inda ' l - 'Arab, p.253-277,

Tradrrctiorr : À. R. Badawi, La transmission d'e Io philosophiegrccque art monde arobe, PaÂs, Vr in, 1968, p. 121-139. Le textepourrai t ôt re amél ioré par le col lat ionnement des autreg manus-cr i t8, et on corr igerai t , de cet te façon, les Passages de la t raduc-t ion qui font contre-sene,

Page 34: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

tr

LXX INTRODUCTION

8) De Ia d,ifférence spécif,que. Le titre figure dansla l is te d ' I .A.U. (no t7) ; le texte n 'en est conservéque dans un manuscrit de Bursa : Prrrsensr.s, HûseyinCelebi 823, los t36r-137v ; édité, traduit (avec rétro-vers ion en grec) par A, Drrrnrcu, 1.

9) Du goueernement d,es sphères. Fi tadbirâti'l-fala-kiya. Le texte est conservé dans deux mss.: Scorialen-sis ar. 798, 1os 77v-82v, Constantinopolitanus L[iIIet-J arullah L279,ioe 5tr-53r (no 15 D). I.A.U. ne mentionnepas ce titre ; A. Dietrich cependant le rapproche dest i t res I .A.U. no 25 ( : 33 v.B) et 47 ( : 34 v.E) ,mais l 'hypothèse n'est pas confirmée. Ce qu'i l y ade str, c'est qu'un certain nombre de passages dece texte ont leur parallèle dans le De Proçid,en-tia z.

n. 2), p. 1, renvoie en effet alux Prenriers Analytiques, ed,P. Wendland, p.29,1sqq., avec un ?, mais lc texte de la quest ionarabe est très différent do celui du commentaire. - .Ie croisd 'a i l leurs qu'aucrrnc de ces quaest lones, même lorsqu'e l les seprésentent cornme I 'cxégèsc r l 'une pl rase ou d 'un court f rag-ment de texte, ) ,é!r ,6, n 'est t i rée textuel lement d 'un commen-tai re. I l se peut qu' i l y a i t des correspondances - l ' in terpré-tation n'étant pas nécessairement di{Iôrente - mais il nes'agit pas d'extraits. Les courts textes ainsi conservés - s'ilsne soDt pas des exerc ices d 'école, comme lc pense P. Moraux(et ce pourrai t êt rc le cas de certa ins) ou des morceaux fausse-ment attribués à Alexandre (comrne les fragments de Proclus)- ces textcs répondcnt probablement à une tnalité différentedo cel le des commentaires. Les quaest iones sont des textescirconstanciels, destinés à résou<lre des di{ncultés limitées,proposées par un auditeur ou un couespontlant. Ils entrentdans I 'act iv i té pédagogigue d 'uu maître soucieux d 'être ent ière-ment compris pâr ses disc ip les.

1. À. Dietr ich, < Die arabische Version. . . r (voi r p. r .xvr , n. 2) ,édition p. 722-729; rétroversion (en grec) de Karl Deich-grabcr, p. 132-135. On t rouve aussi à la f in de ce t ravai l , p. 136-143, une comparaison de ce traité avec un autre traité surles différences (IÀU no 40), édité par A. R. Badawi, Arislù' inda ' l 'Arab p. 295-308 ; t radui t par A. R. Badarvi , La Traru-n r i s c i on . . . p . 155 -165 .

2. Co pnral lé l ierne est mis en évidonce par H.-J. Ruland,op. c i t . , o i r i l 6di te les deux textes cn v i r -à-v is. - Le t ra i té

QUAES'L'TONES BN ARÀBES LXXI

t0) De eoce. Fi 'ç-gaut (: I lepi g16vtç). Ce courttraité a été édité par A. R. Badawi 1, d'après le ms,de Taschkent 1385/91 (cat , lSgl ) , no 37 v.E. Onaurait pu I)enser. qu'i l pou\.âit apporter quelquetérnoignage sur l ' intérêt rnanifesté pàr I 'auteur €luxquestions d'anatomie de I 'appareil vocal qui inté-ressait Flavius Boettrtrs 2. I ln fait rien ne faii penserà l 'anatomie dans ces l igncs, qui seraient plutOt arapprocher d,e Quaestiones III IL, p. 100, 2b-101, gBruns_ : "Orl çûoel rù ôvôçr,ccto(, encore qu'i l n'y aitpas identité entre ie grec et I 'arabe. J. van Bss eétait d'avis de rattacher ce texte aux problèmesméd,icauc - attribués faussement à Alexandre d'Aphro-dise -, mais i l ignorait alors le contenu du texie, etje pense qu'i l renoncerait aujourd'hui à eette hypo-thèse.

Il serait aisé d'allonger cette l iste ; mais le choixdéjà fait paraît autoriser une conclusion. Dans leurdiversité les æuvres dites rr personnelles r d'Alexand'râd'Aphrodise se rattachent clairement à I 'activitéde I 'auteur. On trotrve en ellet, d'une part, des traitésq-ui paraissent prolonger l 'ceuvre du Stagirite, enélucidant, d'après les principes mêmes d;Aristote,des questions qui n'avaient pas encore un statutphilosophique au rve siècle avant notre ère : ainsile De fato eI le .De Propid,entia I on notera qu'i l s,agitlà de problèmes fondamentalement physiques. Ensuiie,les Quaestiones peuvent se distinguer en deux caté-gories, Les uncs prolongtrnt lcs Commentaires, etparaissent répondre à dcs diff icultés de détail, sans doutesoulevées par quelque auditeur. D'autres ont un carac-tère polémique ; clles se rattachent, certes, à I ' i l lustra-

flepl toû è9' {;rîv, 25, D, v.E {IAU no 31) cst éealemenr édit6et t radui t < lans le mêrne vol . p. 1g3-210.

^1. 4. R. I lada.rv i , Commentàires. . : (voi r p. Lxrx, n. 4) p. 81.2. Voir c i -dessus, ,p. xLr-xLrr , et Gal ien, XIV, OiZ,g-6bt i , i K.3. J. van I Iss, < [Tcbet e in ige Fragmente. . . r , no bZ, p. ' ib4.

Page 35: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

**è

(EUVRES PERDUES LXXI I ILXXII INTRODUCTION

t ion ct cléfensc dc I 'aristotélisme à laquelle se consacre

I'Aphrodisien ; mais la polémique n'est pas absente

d'autres textes : ainsi le De ntiatione est'- i l destiné à

réfuter la doctrine stoicienne du mélange total, et

le De fato, tout en essayant d'élaborer une doctrine

du destin et de la l iberté selon les principes d'Aristote,

s'attache à ruiner un déterminisme dangereux pour

I'action. Alexandre appartient à une époque où la

diatribe est encore à I 'honneur - et les Ennéad,es

de Plotin en porteront encore la marque -, mais

elle est devenue un élément de méthode.

c) CEuvres perdues.

L) De Ia différence concerna'nt les < mélanges >> entre

Aristote et ses d,isciples. I l est ici question de la validité

des conclusions de syllogismes qui mêlent des prémisses

nécessaires et assertoriques. Alexandre aurait donc

écrit un traité pour montrer le désaccord sur ce

point entre certains aristotéliciens et le maître lui-

même. Il y renvoie 1. Bt c'est peut-ètre à ce même

traité que Jean Philopon fait allusion, ëv tr,vr, pr,ovo-

6i6À<p 2.

2) De ilaemonibus. Dans son commentaire au

De diçinatione per sontnuln, dans les Parça naturalia,Michel d'Éphèse cite un llepi Socrp6v<,rv, qu'il attribue

à Alexandre 3. Mais I 'attribution est suspecte a'

3) Contre Zénobe l 'Epicurien. Cité par Simplicius,à propos des directions de I 'espace' dont i l est question

en relation avec la thèse, refusée par Alexandre, qu'i l

1. Le titre grec : flepl rî1ç xarà. tric pt[el6 ôta9op&ç (velàtag<,rv[eq) 'Aproco,éÀouç tE xal tôv êcaf'p<'rv aùtoÛ cf. .4nal.p r . I 125,30-31 ; 249, 38 : 250 ' 1 ''

2 . , 1 . P h i l o p o n , i n A n a l . p r . 7 2 6 , 2 0 ' M ' W a l l i e s { C ' A . G .X I I I 2 ) .

3. N{. ichol d' I1phèse, in Parça natural ia, 83, 27; 84, 26,P. Wrrnr l l ; rnd (C.A.G. XXI I l ) .

4. Cî. R, lt. 'todd, Aletander of Aphrodisias on Stoic Physict...p , 1? , " . 1 ;n thc t rca t ise u On Sp i r i t s > . . . i s a lmost cer ta in lyEput tou l D .

peut y avoir un l ieu pour un corps infini r. Ce traité,s' i l s'agit d'une ceuvre, serait à classer avec les Quaes-tiones et les < æuvres personnelles r de caractèrepolémique. Cette fois l 'adversaire n'est phrs ni leStoicisme, ni Galien, mais un Bpicurien.

4) Quaestiones. Parmi les courts traités dont Ibn AbiUsaybi 'a nous a la issé la l is te 2, cer ta ins sont perdus.Mais on ne doit pas penser que tous ces titres désignentdes æuvres authentiques d'Alexandre d'Aphrodise.Seule une connaissance du texte pourrait permettrede conjecturer l 'authenticité ou de suspecter la fausseattribution.

Sans fa i re preuve d 'un opt imisme i r réel , 'qn peutpenser que les recherches, ou le hasard, di\ deschercheurs, bien souvent, permettront encor\ derencontrer dans quelque copie grecque tardive \-compilation l,ryzantine - ou dans un recueil rnanuscr\tarabe, tel ou tel des écrits perdus d'Alexandre.

1. fIpô6 tàv 'Ercr,xoûpelov

Zzlvô6rov, Simplicius, in Phyt.489 , 21 , t . I , H . D ie l s (C .A .G . IX ) .

2. Voir la l is te donnée p. r . rv-Lv. Les æuvres dont lest i t res correspondent aux numéros suivants n 'ont pas encoreété retrouvées : 18, 20, 23, 25, 26, 28, 29,30, 38, 41, 43, 44,45 ,46 . A p r i o r i , on pense ra que l es t r a i t és 26 : De l 'Un i t é i28 : Opinion d,es philosophes sur I'Unité ; 41 : Eatrait de I'ouvraged'Ar istote, int i tu lé en grcc < Théologie >;42; Que toute causeséparée est dans toutes les choses, et norl pas d,ans une seulement,ne sont pas d 'Alexandrc, r : t qu ' i ls appart iennent à une t radi-t ion néoplatonic ienne. 78 : De Ia m.élancol ie, s i le t i t re est exact -mais on pourrai t y voir une faute pour r théologie r (?) - pour-ra i t t ra i ter d 'une quest ion re lat ive au caractère, ou plutôt ,peut-être, d 'un problèmc médical (?) , comme le no 44: Desmaldies qui eurviennent au cardia. Ën ce cas aussi, on est endroi t de mettre en quest ion I 'authent ic i té.

Page 36: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

DATE DU DE FATO LXXV

Cne.prrne I I

LE DB FATO AD IMPERATORBS

A,. - Authenticité et date.

t. - Àutlrenticité du De fato.

De I'authenticité du De fato, i l n'est pas possiblede douter. L'attribution à Alexandre d'Aphrodisefigure dans tous nos manuscrits. Eusèbe de Césarée,Cyril le d'Alexandrie, Méthode et tous ccux qui I 'ontcité l 'attribuent expressément à Alexandre d'Aphro-dise, et jamais aucunc crit ique n'a été élevée contreeette attribution.

On peut ajouter à ces remarques, comme indicesen faveur de I 'authenticité, les parallèles qui se ren-contrent dans le De an,ima. Iiber alter 1, et les corres-pondances doctrinales avec le De Provii lentia 2,

Alexandre ayant à cceur de se répéter, imitant parlà consciemment un procédé de méthode qu'i l déclaretrouver chez Aristote 8.

Le passage De fato 3,5-4, 1", a son parallèle dansL'Opusatlum (De anitrta l iber alter no 27) 1"79,26-180, t.

1. On sait que Paul illoraux, Aleoand're il'Aphrodise,,, p. 28et 142, examinant surtout les traités psychologiques, a émiedcs doutes sur I'authenticité des petits textes qui constituentle prétendu De onima liber alter, or Llantissa, ainsi que les

Quaest ioncs. Sans qu'on puisse I 'a{ I i rmer pour chacun d 'euxâ\ 'cc unc ég:r le cort i t r rde, ces t ra i tés, dans leur major i t6 - cari l y a qrrc lqucs at t r ibut ions inducs - , pourraient b ien êtreI 'ceuvlr ' d 'Âlcxandrc lu i - rnôme. Voir c i -dessus, p. Lxrrr -Lxv.

2. L 'orrvrage cst perdu en grec, mais sa vers ion arabe, édi téeot t radui tc cn al lcmand, eet accessib le, voi r c i -dessur p. r ,xv, n. 3,

3. De. Proridrnlia, LexLc arabo 91, 5-6,

De fato, 10,3-L1",7, a son parallèle dans le mêmoOpusculwn, L85, 1,4-33.

De fato, 47,L2-LB, a son parallèle dans le Defortu.na dt De anima lib. alt. (no 26), L77,95-L7g, S.

De fato, 57,1,-4, a son parallèle dans le De proçi-d,entia, dont nous n'ayons plus que la version arabe 1.

2. - Date de la composition du De fato.

Le traité est daté, comme nous I 'avons vu, pgl ladédicace aux deux Empereurs Septime Sévèyé etA_ntonin Caracalla, ce qui situe la compositiory'entre198 et 209. C'est probablement à Rome eue pe l ivre-présent doit être envoyé. Il se peut qu'A'Ielandre nesache point dans tous les détails les déplacementsde I 'Empereur. On sait que Septime Sévère est rare-ment à Rome ; mais i l revient d'Afrique du Nordvers 203 2. Cela ne signifie pas que le De fato n,aitpu être antérieur à cette date, et cela ne permet pasdavantage de dater la nomination d,Alexàndre a lachaire de philosophie péripatéticienne s.

On ne peut donner une date précise pour la rédactionùu De fato. Mais le vrai problème est celui de la data-tion relative, à I ' intérieur de l 'æuvre d'Alexandred'Aphrodise. Nous ne savons rien de la date de compo-sition des autres ceuvres de I 'Exégète ; i l conviànt

7. Id., 75, t-5.2. ̂ 4. Birley, Septinrius Severus, Londres, 1g71, suqeère

que Sept ime Sévère, après avoir passé I 'h iver à Lept is Màina.est rentré en l ta l ie < pcu avant le 10 ju in 209 D (p. i21).

3. Àu début de I 'année 1g8, Sept ime Sévère est en Méso_potamie (4. Bir ley, op. c i t . , p. 20)) , d,or i i l passe ensuire àtp lT f " l . pou r a l l e r , en 199 , en É ,gyp te ( i d . , i . 208 e r n . l ) .En.20.2, i l est à Ant ioche, avec Àntoi in, son nt . â i "O 1;a. , p. i t i i - ,mais il retourne sans doute à Rome dès avant le mois lt'a.r"ii,car le 9 avril est le début de la dixième année de .or,

"èÉme.Lss dccennalia lurenr célébrées à Rome (fd. p. 2i5), "t

SdiÀruropart i t t rès v i te pour l 'Àfr ique

a

I

Page 37: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

LXXVI INTRODUCTION DATE DU DE FATO LXXVII

pas le premier ouvrage d'Alexandre 1. Ce n'est pasnon plus un ouvrage de jeunesse : la rigueur de ladémonstration - malgré les crit iques qui en ont étéfaites 2 -, l" technicité de Ia langue montrent queI'auteur est un maître. Tout nous incline rnême àpenser que I 'ouvrage appartient au moins à la périodede pleine maturité de son auteur. Certains argumentspeuvent être invoqués.

Quelques notations, dans le premier chapitre, con-firment le caractère tardil du traité. Remerciant sesbienfaiteurs, Alexandre leur attribue des faveursnombreuses et répétées 3. Sans doute, l 'æuvre est-elle présentée comme les < prémices r 4 des fruits deI'activité de leur auteur. Mais cela signifie seulementqu'i l s'agit du premier ouvrage rédigé par Alexandredepuis sa nominat ion ; de p lus, i l s 'ag i t là d 'unecomparaison qui se poursuit, et iI ne faut pas attacherau mot un sens chronologique. D'ail leurs, le traitéainsi dédicacé n'est qu'un ouvrage parmi d'autresdont Alexandre est aussi I 'auteur, et i l le laisse enten-

l . C 'est ce qu'on l i t , sans arguments, dans la Biographiegét térale de Didot , Par is, 1857.

2. A. A. Long, ( Stoic Determinism and Alexander o lÀphrodis ias De Fato ( I -XIV) >, Archiv fùr Geschichte derPhi losophie 52, L9"10, s ignale pét i t ions de pr incipe (p. 250,253), c l i t ique superf ic ie l le (p. 252]r . P. Donini de son côtéinsiste sur l ' incohérence d 'Alexandre dans le De fato, ou i ldécouvre une double at t i tude à l 'égarc l du caractère : expr i -mant la nature innée, hêrédi ta i re et donc déterminé, dans lapremière part ie, ch. 2-6, i l est montré avcc insistance commeperméable à l 'éducat ion et modi{ iable, darra toute la srr i te dutra i té ; voi r Tre Studi . . . , de la p. 158 à la f in. I l nous fatrdrarevenir p lus lo in sur ce jugernent.

3. ro),).d,xuç I,6. Il ne faudrait toutefois pas exclure Iaf lat ter ie court isane de la part d 'Alexandre, encore que de lapart d 'un homme mûr et est imé on puisse assez mal comprerrdreune at t i tude de ce genre.

4. &ttapyil 1,12. Le texte du cod. V, d.n' &91iq, quel isai t aussi le t raducteur médiéval (a pr incip io\ a é1é corr igéen dæapf iv par l3essar ion. C'est le mot qui a probablementamené à juger que le De fato pouvait être la première æuvred'Alexandre. Voir c i -deseus n. 1.

d'essaver de déterminer à quelle époque de ea vie

Alexandre a Pu écrire soî De fdto'

C'est I 'un de ces < traités personnels ' par lesquels

Alexandre complète I 'enseignement d'Aristote' Le

De anima, le De^Provid,entia,le De rniationet comme le

De fato, traitent en effet de problèmes qu'Aristote

n'a pas complètement élucidés (De .anima), ou do-n-t

i i " 'à

p". euï traiter, parce qu'i ls n'ont pris d'acuité

qu'après sa mort, soit à I ' i .ttérieur de son école' soit

"-',.".' l'^pp"rition d'autres écoles, en particulier du

Stoîcisme.Alexandre fut avant tout un professeur de philo-

so;hie péripatéticienne' donc un cornmentateur d'Aris-

toie. Son enseignement lui valut le surnom d'Exégète 1'

I l est, pa" srri ie, vraisemblable qu'i l n'a composé ses

o,rlr."gË, ( personnels > qu'après avoir. fait l ' inventaire

à. t 'Ënrrr" d'Aristote, après I 'avoir commentée 2'

I l est vrai qu'Alexandre n'a sans doute pas commenté

io,,, t., orrl ""g",

du Stagirite' On peut accorder qu'i l

a donné une ;égèse de tous les traités del'Organon'

et qu'i l s'est iniéressé de près aux enseignements

pfryËq".t du Stagirite. Il est moins sûr qu'il ait

i"*"iJ pris le teàps de commenter les questions

ethiqu.s et polit iques. La rédaction des commen-

t"i.r, "

dû -être

contemporaine de I 'enseignement'

Bt s' i l est vrai que la nomination par le pouvoir

impé"ial à la chàire d'enseignement péripatéticien

à Athènes récompensait une carrière déjà

féconde et renommée, on doit penser que le De fato

a été écrit après la plupart des commentaires'

I l n'est pas déraisonnable d'a{Iirmer que le trâité

Du d,estin àt d'e ta liberté dédié aux Empereurs n'est

1. Voir ci-dessus, ch. I, p' r-rrr et n' 2'i. P. Mo"urr*, Alenanilrà d'Aphrodise"' p' 21' a justement

-J"t.o ;;l;b; onima ne pôuvait-.être que poetérieur au

commentâiro, perdu, du Dc dnimo d'Aristoto'

Page 38: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

l ;

À

LXXVI I I INTRODUCTIONINTENTIONS ET STRUCTURE LXXIX

des arguments contre les partisans de thèses alorscombattues, sur le plan polit ique, par le pouvoirimpérial r.

B. - Intentions et structure d,e l'ouvrage.

l. - La finalité du De fato.

Il faut voir plusieurs motifs dans la rédaction de ceTraité du Destin adressé aux Empereurs.

1) Intention didactique.

Aristote a été considéré par Alexandre comme unmaître à penser 2. I l est clair qu'aux yeux de sonExégète, la doctrine du Stagirite est la plus complèteet qu'on y trouve plus de vérité qu'en tout autre.Cependant, I 'examen attentif auquel a dt se l ivrerle commentateur montre qu'un certain nombre dequestions n'ont pas reçu du maître une solutioncomplète. Ainsi les théories aristotéliciennes de l 'âmeet du mélange laissent subsister des obscurités, aussiI'Exégète écrit-il un llepi t]uX!ç et un llepi p,t€ecoç.Par ailleurs des problèmes nouveaux ont fait émer-gence dans I 'horizon philosophique depuis la mortd'Aristote : ceux du destin et de la providence. Cesproblèmes, Alexandre les aborde avec les principeset les méthodes d'Aristote, pour tenter d'en donner

1. Il y a un climat anti-stoicien sous les Sévères, bien queSeptime-Sévère lui-même ait pu se réclamer de Marc-Àurèle,ou du moins de Pertinax, qui se voulait I'imitateur de l'Empe-reur-philosophe. En tout cas, rhéteurs et philosophes soutien-nent, par leurs critiques, une politique eu fait anti-stoicienne.Voir ci-après, p. Lxxxvr et suiv..

2. Et cela reste vrai, même si I'on n'admet pas notre exégèeede la formule ô ôrôdoxcr).oç N., p. xxr-xxrv, qui n'est pas appli-qu6o À Àristote. Notons qu'Àrietote a porté le titre de Pre-nier Maître chez les Arabee, al-mu'allim ol-'awwol.

dre 1. Si I 'auteur dédie cette æuvre aux Empereurstc'est parce qu'i ls lui ont fait I 'honneur de le placerà la tête 2 de la section péripatéticienne de l 'écoled'Athènes 3. Une telle promotion suppose que sonbénéficiaire enseignait depuis quelque temps déjà :cet enseignement et les commentaires qui le perpétuentI'avaient rendu célèbre et digne de cet honneur qui nepouvait être accordé qu'aux maîtres reconnus.

Peut-on aller plus loin et préciser une date pourla composition du De fato ? Rien, jusqu'ici, ne permetde fixer ce point. A titre d'hypothèse' on pourraitadmettre que cet ouvrage, oîr est réfutée la thèsela plus pernicieuse des Stoïciens ne saurait être debeaucoup postérieur à 198 a : Alexandre apporte là

t. r6v flpr,erépcov xaprrôv 164, 10 Bruns ; 1, 12.2. Bntendons par là que æpototap,ar,, 764, 14, désiglerait

plutôt une < promot ion - ,

qutune s imple_ nominat ion. I l estvraisemblable qu'il n'y avait pas qu'un seul maître pour assu-rerI'enseignemcnt de chacune dcs quatre grandes écoles de philo-sophie. Les études comportaient probablement' comme c€seia le cas plus tard, par exemple dans I'école platonicien-ne,et comme ôe devait être le cas dans les études médicales,plusieurs degrés qui s 'adressaient à des < étudiants I de niveauxàifférents. Les néôessités pédagogiques imposaient une pluralitéde maîtres, et d'assistants. N'était-ce pas le rôle qu'avaitjoué Àristotc lui-même, dans l'Àcadémie de Platon,_ lorsqu'iliut clrargé d'enseigner la rhétorique, postmeridianis scholis(Quint i l ien, Inst . o i . I I I , 1, t4) ? Voir ma note sur Gryl los,Reçue Phi losophique,1957, p. 354.

Diogène Lacrcc, V 37, nous dit que I'enseignement deThéophraste avait été suivi par environ deux mille disciples :&rcilvi<ov c' ei6 tlv àaortpr6lv aùtoû çr,a04tal rrpôç ôro1'),['ouç(215 , 12 -13 Long ) .

3. Qu'Athènes ait été la ville oir enseignait Alexandred'Aphrodise, c'est ce que nous disent les biographes arabes'Voir c i -dessus, ch. I , p. xr- rx et suiv. .

4. Qu'Antonin-Caracal la eût été a lors t rop jeune pour l i reavcc intérêt un t ra i té de phi losophie - né le 4 avr i l 188, i lavai t r l ix ans seulemcnt quand son père l 'associa à I 'Empire,r :n lc fa isaut proclamer Auguste - ne peut const i tuer uneobjcct ion À I ' l iypothèse d 'uno date ancienne : une dédicaceof l ic ic l le ne pouvai t omottre d 'agsocier l 'Àuguste à sonpèro.

Page 39: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

LXXX

une solution more ar;stotelico ; voilà pourquoi i l écritun flepi elprappév1e et un IIepù æpovoiaç r.

C 'est dotrc t rès préc isément pour cornpléter I 'ensei -gnernent d 'Ar is tote qu 'Alexandre d 'Aphrodise a écr i tce traité De fato.

2) Intention doctrinale.

A quelle partie de la philosophie doit-on rattachercette question ? Aristote avait soin de toujours biendistinguer les < genres ), et, en particulier, de classerles problèmes dont i l traitait. Ce souci, on preut leprésurner, a dû ôtre encore beaucoup plrrs grand chezun professeur et cornntentateur.

Le problème du dest in n 'a pas été posé par Ar is-tote 2 : i l n 'a pas reçu de p lace dans son aporét ique.Selon Hamelin, rr aux yeux des Péripatéticiens alexan-

1. Peut-être peut-on suggérer une date re lat ive pour cestra i tés. Avant de ies rédiger, I 'Exégète a di r rôsoudre certa inesdes apor ics apparues au cours de ses recherchcs, ou plutôtsoulevées par des audi teurs à l 'occasion de son enseignement.Les Quaest ioncs pourraient être, en part ie, des éléÀents decet t .e réf lex ion. C'est a insi qu'on pourrai t voi r comme des essaispréparatoires au De fato les morceaux de la Llantissa, nol 22-25 , e t l e s Quaes t i ones I 4 ; I I 1 r . 5 ; I I I 13 .

2. Le mot mêmc par lequel le dest in est habi tuel lementdésigné dans ce t ra i té, et dans Ie t i t re d 'abord , i e lgapg.év1,ce substant i f n 'apparaî t qu 'une seule fo is dans l ;ceuv"à , i ' i . iJ-tote. Alexandre lu i -même ci te, .dans l 'Opusculum, deux passagesor) figure le participe elçr.apçr,Évo6 (p. 186, 15-17lr, Météorilo-giçtes I - 1!, 35.2928 : 6t "llverut 8r,ù Xp6v<.rv el;r.crpprév<,rv(p. tSg, 21-22\, Physique \ 5, 230a32 : d.p' oûv xæi yevéoer6eioi pl,rror fxal où1 elpappÉver. ; Tandis que, Poétique IB-,7455a17, Àr istote, évoqrrant une t ragédie inconnue, lcs Phi-nér ldes, écr i t que certa ines femmes, ayant vu le l icu or \ on lesenfcrmait (?) en in<luisircnt leur destin : ouveloyloavto rlve[pcpg.év1v. P. Donini , qui s ignale cet exemple, Tre Studi . ' . .p. _159, n. 58, en rcmarquârr t qu 'Alexandre ne c i te pas cetunique ernplo i du substant i î | e l ,pcrppr.évr ; chcz le Stagir i te,se demanr le s i Alexandre connaissai t le texte d,e la Poët iq i te. -Rappclons, à co propos, quc A. f ) iet r ich s ignalc, dans der ix mssar:rbes, un < écr i t de remarques sur la poésie par Ar istote,l t phi losopho r (no 30 D) ; voi r I 'ar t ic le s ignâté c i -dessus, p. Lxvr,n. 2, à la p. 100; I 'a t t r ibut ion à Alexandre eqt , selon Dietr ich.f o r t dou t cuso .

INTENTION DOCTRINALE LXXXI

drins, la question du destin intéresse à la fois la moraleà cause de la responsabil ité, la physique puisqr.r ' i ls 'ag i t de savoi r s i tout est nécessai re dans le monde,la logiqu,e lruisque le sens et la portée du principede contradiction sont engagés dans la question desavoir si de deux propositions concernant le futurI 'une déterminément est vraie, I 'autre fausse ; enfinla philosophie première puisque la contingence de nosactes l imite peut-être la prévision et la providencedivines > 1.

En lisant le De fato, on serait prêt à admettrequ'Alexandre a voulu t ra i ter du problème sous tousses aspects : physique, moral, dialectique, métaphy-s ique, et envisager un p lan d 'étude selon ces d is t inc-tions. Ce serait une erreur. Ce mélange dcs genresdémentirait I 'adhésion à I 'aristotélisme. La questiondu destin est, pour Alexandre, essentiellement unequestion physique, qui se pose de façon dialectique,et qui a des inc idenccs prat iques, donc morales.

Lorsque, dans son commentaire aux Topiques 2,

Alexandre donne des exemples de problèmes d ia lec-tiques 3, i l cite ceux du destin, de I ' immortalité del'âme, de I ' infini, du vide. Or, ce sont tous là desproblèmes de physique : le premier, comme les sui-vants, appartient à ce même domaine.

1. Déjà c i tée par À. Yon, dans son Introduct ion à Cicéron,De fato, Par is, I le l les-Let t res, 1933, p. xxxrv-xxxv, cet te phrasedu cours d 'Octave Hamel in, Sur le < De fato l , peut êtrc lue dansl 'édi t ion duc à Marcel Conche, édi t ions de Mégare, Vi l l iers-sur-l \ ' Ier , 1978, p. 12. J 'a i soul igné.

2. Àlexandre d 'Àphrodise, in Topic. 76, 26-28 P. Wendland :éxdrepol 8è éautoi6 èvavt[,<oç ôo[d(ouor,v, èv p,èv toiç oogoiçrrepl t!6 e[,p,appév1q, æept riç dOavaolcrq

"ic ,[,rXic, rrepl dnel-

POU, reP[ XElrOU.3. La nature dia lect ique du problème du dest in cst soul ignée

par Alexandre, qui le donne comme exemple de quest ion oùI'argumentation court Ie risque d'être viciée, in Topic. 566,27-23. ( Celui qui, en elïet, soutient que tout existe confor-mément au deetin, omel. de parler des faits contingente et dece qui dépend de nous, qui le contredisent >,

INTRODUCTION

l i

It

Page 40: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

LXXXII INTRODUCTION

L'opinion qu'on peut se {aire du destin, de sonextension, de sa nature, influe sur le comportementde I 'homme 1, certes, mais le fond du problème n'estpas pour autant éthique : i l s'agit bien d'une questionde physique, qui se trouve avoir une relation avecI'ordre de ce qu'i l faut choisir ou refuser 2. Toutefoiscet aspect éthique ne caractérise pas le problème enlui-même, xa0' ocr1r6v, iI en est comme un corollaire,æpôç rô æpo6l10év 8, comme le rappelle Alexandre a.

Par conséquent le De fato est fondarnentalementun traité physique, comme la plupart de ceux parlesquels Alexandre a complété l 'enseignement d'Aris-tote.

3) Intention polémique.

Au souci d'apporter un complément à l 'enseigne-

ment physique d'Aristote s'ajoute enfin une intentionpolémique. Le De fato n'est pas simplement un exposédidactique : i l vise à ruiner I 'une des thèses fonda-mentales du Stoîcisme.

En dchors des chapitres 2 à 6, où Alexandre donne,en raccourci 6, la conception a péripatéticienne > dudestin, i l dénonce, à chaque page, les absurdités de la

croyance au destin, sans cependant jamais nommerune seule fois les Stoïciens u. Il y a une polémiquecontinuelle contre un anonyme ; on a l ' impressionqu'Alexandre évite d'évoquer, par une désignation

7. Ci. Da fato (164' 17-20, Brune)' 2' 5-9.2. Ci. In Topic. 95,7-12 P. Wendland : Ëotr, ôé rwci æpo'

6),i,pma xo:l îpor&.oer.q xal èv to[6 quctxo!ç < æpôç cttpeowx.a['guy]1v l <]1v'dvaqopàv É1ovta 'tô lip << rr6tepov ndvta xa0'etpaipévr1v xcrl xar4valxaopévo:q 1lvetcrr ; l guotxôv ôv dv dva-oooùv Éïel tr æpôç cripeorv xal quyilv >'

f . C'" l t la dist inct iorr lai te par Aristote, Topiques VIII 11,161 b 38 .

4. C,1. in Topic., 570, 4-17 P' Wendland.5. ôç èrt xegatra[tov ehreiv, De fato (771,17, Bruns), 11,2l-22.6. Lôs mots irod, Xt<oTxot n'apparaiseont pas dans lo De fato,

qui ne citc aucun nom -de Stoicie,n. C_e.pendant, Alexandrey .to--" Ànaxagore, Êpicure, Héraclite, Socrate, Z6non

INTENTION POLÉMIQUII LXXXII I

précise, I 'ennemi qu'i l combat, le monstre qu'est pourlui l 'école stoïcienne.

Cependant on peut se demander si c'est vraimentle Stoïcisme qui est visé par cette polémique. L'adver-saire d'Alexandre nc serait-i l pas plutôt le < détermi-nisme )rr en général, sans qu'i l s'agisse d'une thèsesoutenue par une école précise ? C'est I 'opinion qu'aexposée A. A. Long 1. Et P. Donini partage, ce semble,I 'opinion de son collègue sur ce point 2. Auquel casil conviendrait de considérer qu'Alexandre, ayantclairement conscience d'élargir sa crit ique à I 'ensembledes partisans d'un déterminisme rigoureux, compre-nant, naturellement, les Stoïciens eux-mêmes, maisaussi Galien et les aspects déterministes de l 'éthiquearistotélicienne 3, n'aurait pu désigner ses adversairesautrement qu'en uti l isant de vagues pronoms 6.

d'Élee, et les Péripatéticiens. Le silence sur le Stoicisme est,en effet, étonnant. R. Pack, < A Passage in Alexander of Aphro-disias Relating to the Theory of Tragedy t, Americon Journalof Phi lo l .58, 1937, (p. 418-36), p. 419 n. 9, a, par inadvertance,pensé que Zénon, 50, 13, éta i t Ie . fondateur du Stoic isme,alors qu' i l s 'agi t év idcmment. de I 'Eiéate.

1. Cf . A. A. Long, < Stoic Determinism and Alexander otAphrodisias De fato (I-XIV) r, Archiv fùr Geschichte d.er Philo-sophie 52, 1970, (p. 247-2681, p. 247-248. Le propos de cetar t ic le est de montrer que nombre des thèses examinéeg etréfutées par Alcxandre ie sont pas conformes à la doctr inegtoic ienne. Àlexandre y détend la l ibcr té dans l 'act ion humaineet procède à q une ât taquc général isée contre ie déterminierne r(p. 267). A. Gercke avai t déjà noté que le De fa lo n 'éta i t pas unesource digne de conf iancc pour les thèses dc Chrysippe ( id. ,p. 248, n.4) . J . B. Gould, ' Ihe Phi losophy of Chrysippus (Phi lo-sophia ant iqua, lT) , Leyde, Br i l l ,1970, ne t ient compte d 'aucunedes citatiols du De fato quand il expose la doctrine chrysip-péenne du dest in (sauf , p. 144, n. 1, o i r cependant i l ne voi tpâs unè c i tat ion dr : Chrysippe).

2. P. Donini , Tre Studi . . . , p. 185 et n. 1.3, Voir P. Donini, ibid,. Cet auteur montre que Galien a

soutenu un déterminisme psychologique qui inspire la thèsealexandriste développée dans la première partie du De fato(chap. 2-6) ; le caractère étant le produi t de Ia nature et du< tempéramont r des humeurs échappe à l 'éducat ion et à tout€tentative do réformation.

4. On pourrait laire I'inventaire de ces pasragee, oir ariro[

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LXXXry INTRODUCTION

I l faut toutefois remarquer que le même anonymatse retrouve dans un autre traité De fato, celui duPseudo-Plutarque 1. La ra ison en sera i t -e l le la même ?Bien qu 'on ne connaisse pas la date de la composi t ionde ce dernier traité, i l se pourrait qu'i l ait été écritpendant le règne de Marc-Aurèle 2 : i l n'était pasopportun de prendre ouvertement parti contre leSto'icisme, alors que l 'Empereur prof essait cettephilosophie. Ceptudant, aux yeux d'Alexandred'Aplrodise, unc tt ' l le motivation n'aurait plus eu lamêmc importânce, sauf à admettre de la part deSeptime Sévère, une volonté a{fichée d'imitation deMarc-Aurèle - à travers Pertinax a, si l 'on veut -

désigne lcs adversaires, part isans de cet te nécessi té universel lequ' i ls confont lcnt volont icrs avcc lc dcst in universel . Ce qu' i ly a de sûr c 'ost que lcs adversaires d 'Alexandre ne sont pas lesgens qui , à un momcnt ou à un autre de leur existence, pour desraisons c i rconstancic l les, accrrsent le dcst in de leur malheur ouinvoquent la nécessi té pour excuse, mais ce sont des gens quion t l a p ré ten t i o r r d ' ê t r e des ph i l osophes , l 2 , 3 -8 , e t qu is 'at tachent à I 'opin ion quc tout se produi t nécessaircment etfatalement, ci à6€l ril n&vtu èl &vdtyxrlç re xui xa9' e'i.çtup-pr,év4v 'ylveoOal Àeyoûo1 ce ne sont pas gens sans culture,lôu<ocal 12, 9.

1. J,e De fato du Pscudo-Plutarque a êté édi té parE. Valgig l io, Romc 1964. Lcs Stoic icns n 'y sont nul le partnommés. E. Valgig l io note le fa i t , p. xxvr l r , sans s ' interrogersur cet tc abscnce. I l se oout oue la ra ison s 'en t rouve dans lan . l 7 : I ' au t cu r

" ' o , , . . i t , t l n i S to i c i ens , qu ' une con r ra i ssance

indirecte. L 'argumcnt ne paraî t pas t rès probant, et i I est d i l l i -c i lc à v i r r i f ier , dans l ' ignorance oi r nous sommes dc I 'auteur -en tout cas, cc n 'ost pas un argument qui vaudrai t pour Alex-andre d 'Anhrodise.

2. E. Valgig l io, o1t . c i t . , p. xxxv-xxxvr, admet, commeépoquc pour cet ouvragc, la seconde moi t ié du rre s. ap. J. -C. ,ct i l donne qutr lqucs argumcr l ts en laveur de cet te datat ion.Sarrs doute, dans son compte rendu, D. Babut serai t en faveurr l e I ' a t t , r i bu t i on à P lu ta rque de Ché ronêe , R .E .G . 78 , 1965 ,p. 711-712, - rnais a lors, pourquoi Plutarque, qui a s i v ive-rr r r : r r t réfr r l -ô les thèses stoîc iennes dans dcs écr i ts spécia lemcntpollrrrrirlrrrs -- I)es contradictions des Stoîciens, bes notionscottlnt).tt.(s, ronlre lcs Stoîcîens - se serait-il abstenu, iei, de faireurônre al lus io l r urr I )or l . ique ?

3. l , ) rnpr. r r , r r r après I 'assassinat de Commode, du 1er janvier

TNTENTION POLÉùTIQUE LXXXV

telle que dans l 'écrit dédicacé I 'auteur aurait crudevoir éviter de désigner avec précision I 'adversairestoïeien. Si la réserve n'a pas sa source dans I 'optionphilosophique de I 'Empereur, on pourrait penser alorsque I'existence d'une chaire de philosophie stoïcienneà Athènes pouvait amener à quelque prudence de lan-gage, puisque, aussi bien, dans le même De fato,Épicure est cité, mais sans être violernment prisà partie 1, et i l y a justement à Athènes une chaired'enseignement de la philosophie épicurienne.

L'absence de toute référence explicite au Stoïcismene saurait non plus s'expliquer par l ' ignorance d'Alex-andre, auquel on n'accorderait de la doctrine duPortique qu'une connaissance indirecte, par ouï-dire,sans les textes. Alexandre, en effet, connaît les doc-trines des Stoiciens, qu'i l cite dans ses cornrnentaires 2.

En rcvanche, c 'est dans ces textes auxquels on donnele nom d' < écrits personnels r, depuis Zeller, qu'i lparaît éviter de nommer les Stoïciens. Leurs nomsn'y apparaissent que rarement. Bruns avait déjà

au 28 mars 193, ou i l fut à sor tour assassiné, I ter t inax vou-la i t restaurcr la pol i t ique de l larc-Âurèlc, dont i l cherchai tà imi ter la sagcsse. Or, I 'un des premiers actcs de Sept i rncSévère fut de div in iser Pert inax, lors de cérémonies grandioses.Bu proclamant a insi son intent ion de suivre I 'exenrple t lc cetEmfereur d 'un t r imestre, Sept ime Sévère se réclam:r i i , indi rec-t .ement, de l \ îarc-Aurèle. À. R. I l i r ley, op. c i r . , a justementmis I 'accent sur le rô lc paradigmat ique de Pert inax enversla personne et la pol i t ique de Sept ime Sévère.

1. Voir 203, 70-72 Bruns; 61, 13-15.2. S' i l est exact qu' i l fa i l le rat tacher les commentaires à

I 'act iv i té pédagogique, on aclmett ra que dans l 'école on < l isai t rdes textes sto ic iens - et on pouvai t les cr i t iquer. Peut-onIai re I 'hypothèse qu' i l y a i t cu, au temps d 'Alexandre encore,une sorte de surv ie de la d ist inct ion fa i te au temps d 'Anistote- ou du moins at t r ibuée à Àr istote - entre les enseignements< ésotér iques D ou ( acroamat iques >, réservés à l 'éco- ie, et lesécr i ts < exotér iques D contenus dans des ouvrages publ iés ?Mais le Iïepl g.t{etoq, expressérnent dirigé contre les Stoîcienset leur théor ie du mélange, semble bien appartenir à ces q écr i tepersonnels >, ce qui l imi te la valeur de I 'hypothèse.

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LXXXVI INTRODUCTION

remarqué le fait, dans sa préface à l 'édition d,u Deanima : alors qu'Alexandre argumente contre lesStoïciens (multos ad,c,ersarios inter quos primurn StoiciIocum obtinent), nulle part i l ne cite un seul nom (itapugna,t, ut nomina eorurn taceantur) ; le mot Xrod, n'yapparaît que deux fois 1. Aucun des textes qui consti-tuent le prétendu De arLima liber alter ne donne lenom d'un Stoïcien. A peine peut-on mentionner,parmi tous les autres textes de cette nature, le nomde Chrysippe, cité dans le De mistione 2, celui deZênon de Citt ium, dans le De Proçid,entia!.

I l n'y a pas, ce semble, de raison cloctrinale ausilencc d'Alexandre : la doctrine stoïciennc cst bicnvisée dans le De fato, mêmc si la réfutation, d.vrd\o1[,a,peut avoir une portée plus étcndue. Une précaution,l iée au respcct de la pcrsonnc impériale, au moinsdans l ' image de son prédécesseur Marc-Aurèle, estvraisemblable. On pcut égalcment fairc I 'hypothèserl 'un motif polit ique qui, pour n'êtrc pas cohérentavec I 'att itudc à l 'égard dr' la pcrsonne dc I 'Empereur,trouverait sa justif icat.ion dans un trait presque

1. Alexandre d'Aphrodise, De anima (Suppl. ar. II 1),P. x.vr.

2. De mirtiona, ed. Bruns, 273, 7 i 216, 8-9. 14; 218, 9.10.Ce traité, il est vrai, est expressément consacré à la réfutationde la théoric stoicienne d1 u mélarrge total r, xp&,or,6 tr,' 6lcov.On remarquera toutefois que la tradition manuscrite de cetra i té est indépendante dc cel le du < corpus r qui nous donne laplus grande part ie des autrcs ( écr i ts personnels ) - à l 'except iondt De Provid,entia eI de quelques Quaestiones -, à savoir lecodex Vcnetus Morcionus gr. 258 (coll. 668).

3. Passage c i té par Cyr i l le d 'Alexandr ie, Contro Jul ianuml l ,col. 596 l\ligne : gavepôç ôè Zilvr,rv te ô Krrtr,eùç xal o[ &rcàtiç Eto&ç æpeo6eÛouor ô6ypa toûto. Que cette phrase appar-tienne à la citation d'Alexandre, contrairement à I'interpréta-t ion qu' impl ique la présentat ion typographique de l 'édi t ion, estconl i r rné par la vers ion arabe ; malheureusement, H.-J. Ruland,op. c i t . ,9, 1, n 'a pas su l i rc le texte. Je comprends : a i l estévidcnt que partagent cet te opin ion Zénon de Ci t ium et lesStoÏc ione r . Comme souvent, loe copietes arabes n 'ont pes sutrantct i re lcg norns propres.

INTENTION POLÉMIQUE LXXXVII

constant de la polit ique impériale au cours des pre-miers siècles dc notrc èrc.

Que les Stoîciens aient pu apparaître comme desopposants à I 'Empire, et, comme tels, être I 'objetd'une certaine méfiance de la part des responsablesde I'administration impériale sous les Sévères, on peutI ' induire de quelques pages de la Vie d,'Apolloniosd,e Tyane que Philostrate rédige pour I ' impératriceJulia Domna 1. Philostrate évoque longuement levoyâge de Vespasien en Égypte, et rapporte un entre-tien que I 'Empereur aurait eu, en présence d'Apollo-r)ius, avec Dion et Euphrates. Vespasien, après avoirpassé en revue la polit ique des mauvais empereurs,Tibère, Galba, Claude, Néron, Vitell ius, demande àses interlocuteurs des conseils sur la gestion de l 'Em-pire, 6æoç 8eï &pXer,v. Lc premier à prendre la paroleest Euphrates, qui termine son propos en conseil lantà Vespasien de mettre fin au gouvernement d'un seul,à I 'Empire, et de rendre aux Romains la démocratie,afin de restaurer la l iberté 2. Or cet Euphrates estun Stoïcien, comme le montre Ie vocabulaire quePhilostrate place dans sa bouches. I l s'agit en elïet,selon toute vraisemblance, d'Euphrates de Ty",mort en 118, dont Pline le jeune fait un éloge dithy-rambique 4, et connu pour avoir été disciple de Muso-

1. Philostrate, The life of Apollonius of Tyane - tù èC tèvTudvea 'Arrol,lôvr,ov - ed. Ir. Conybeare, Londres, Loeb Series,1948, I 3, p. 10, 2-10.

2. Id, y 33, p. 540, 26-542,3 : naûe g.ovcrpl[crv, nepl {ç totclûtcrelpnxuq, ral ôlôou 'P<og,cr[ol6 p.èv tô coû 8{lpou xpdtoç, oclurQôè tô è).eu0eptaç eùtoiç ôltpfar.

3. Les mots 6pg.{, 9r,Àdv0pôno6, xexoop4prévo6 (cf. Sy.F III82, 8), èIeu0epla, sont peut-être à considérer comme des indicesdu stoieisme du personnage. Plus loin, ch. 37, Euphratesoppose la < phi losophie selon la nature r, qui a sa préférence,à cel le qui < prétend faire parler les dieux >; I guloooglar) xcctà grlolv est une manière de viser le (iv xatù gûolv desStoiciens.

4, Pr.rxe, Epist. I 10. On notora cepondant les jugomentsopposés ds Pline et do Philoetrato sur lo oaractèrs d'Euphratea,

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LXXXVIII INTRODUCTION

nius Rufus. Cependant, alors que Dion n'est pas loind 'approuver ce que d i t Euphrates, i l n 'ose pas enaccepter la conclusion. Mais Apollonios de Tyaneréfute avec force l 'exposé d'Euphrates, et engageVespasien à garder I 'Empire. Ainsi la thèse stoïcienneest-elle réfutée.

On pourrait se contenter de penser qu'i l y a làun récit historique qui rapporte simplement un événe-rnent du passé ; et i l vrai qu'une bonne part des faitsrelatés par Philostrate, dans cette Vie d,'Apolloniosile Tyane, sont des relations véridiques, qui ont toutle caractère des récits de I 'histoire. Mais, si I 'on con-sidère que dans le cas présent, i l s'agit d'un d,iscoursmis dans la bouche d'un Stoïcien, et qu'i l est invrai-semblable que ce discours soit intégralement reproduit,si I 'on tient compte de la destination de I 'ouvrage r,

on sera conduit à interpréter le contenu de I 'exposé,mis au cornpte d 'Euphrates sous Vespasien, commeayant la même portée au temps de Septime Sévère.La doctrine stoïcienne, qui a pour conséquencespolit iques une apologie de la démocratie, dont laIinalité est une restauration de la République romaine,se désigne comme une ennemie de I 'Empire.

L'Bmpire s'est opposé aux philosophes à plusieursreprises, en particulier âux Stoïciens. Sous Vespasienlui-même, en 7L, les philosophes furent condamnésà I'exil, et si Musonius Rufus fut exempté, à titrepersonnel, de cette mesure, ce ne fut que d'une façonprovisoire. Une vingtaine d'années plus tard, Domitien,en 92 ou 95, chasse de Rome les philosophes 2. Les

( 'ncoro ( lue, ch. 39, Phi lostrate montre Euphrates capable der lomirrcr s: r colèr 'e, en vrai Stoïc ien qui sai t dominer ses passions.

1. XIôrrrc s ' i l cst vr t r i que Phi lostrate n 'a i t achevé son ouvragec1u 'np rès l r r r l i sp : r r i t i o r r do . I u l i a Domna .

2. Orr ryui_rrous a pcrmis de conset 'ver une part ie de I 'ensei-

lanornr] r l r l ' l l )p ictète qui , ret i ré à Nicopol is , eut comme audi teurÀrr ierr , arrqrrc l r ror ts dt ' r 'orrs leg I int re l iens.

TNTENTTON POLÉMTQUE LXXXTX

Stoîciens inquiètent, parce que leur doctrine conduità condamner les inégalités qui fondent la hiérarchie,et I 'esclavage, dont l 'économie ne saurait se passer,d'une façon plus immédiatement dangereuse, lesStoïciens refusaient de voir dans I 'Empereur autrechose qu'un homme 1. Tout au long de ses Pensées,Marc-Aurèle insiste sur son humanité 2, et refuse det< césariser ,3 ; i l place les philosophes au-dessus dessouverains n. II y a là une attitude singulière. Ene{ïet, une véritable mystique impériale s'est développéeà partir d'Auguste 5, et Septime Sévère, quant à lui,se montre fortement partisan de ce dogme du caractèredivin de l 'Empereur 6 - cette attitude est loin d'êtreconforme à I ' a imitation ) de Marc-Aurèle, et à I ' imagedu < philosophe )) que son visage a{Iiche. Dans letexte de Philostrate que I 'on vient de citer, le Stoïcien

1. Le temps n 'est p lus or i Sénèque - nol l sans peut-êtreun élément de f lat ter ie court isane - associa i t dc façon indisso,luble l 'Bmpereur et la Républ ique romaine, De Clement ia I 4-3 : olim enim ita se induit rei publicae Oaesar ut seduci alterumnon posset sine utriusque pernicie; ndm et illi çiribus opus estet huic capi te. Et I 5, \ : nam.. . lu animus re i publ icae es, i l lacorpustuLlm, Cette dernière formule revient à fa i re de I 'Empereurla providencc de l 'État ; c f . Plutarque, De comm. not . , ch. 36,7077e ( : Sy ,F I I no 1064 , p . 312 , 35 -36 ) .

2. Voir par exemple, Marc-Aurèle, Pensêes IV 3, 94-5 Trannoy.IV, 3, 4 p. 52, 77-78 Farquhalson; V 15.

3. Id. , VI 30, 1r Tr . p. 108, 17 F. : y . i1 &rroxaroap<,r0fr6.4 . . I d . . V I I I . 3 .5. Sur ce point, cf. F. Kampers, VomWerdegange der abenil-

kinder Kaiser-mgstik, Leipzig, 1924 ; V. Valdenberg, n Lathéor ie monarchique de Dion Chrysostome D, R.E.G. 40, 1927,p. 742-162.

6. Les statues d 'Héral i lès et de Dionvsos encadrent le t rôneimpér ia l . Sur une monnaie, Géta est représenté portant lacouronne rar l iée du dieu sola i re, levant la main droi te devantson père, dans un geste d 'aclorat ion à l 'égard du dieu. Cf .A. Al fô ld i , < Insignen und Tracht dcr Rômisclrer Kaiser r ,Mitteilungen des deutschen Arch.tiologischen Institute, RômischeÀbtei lung, 1935 (p. 1-171\ , p. 107-108 et f ig. 9. I l ex iste denombreuses autres al lus ions à cet te d iv inat ion rccherchée narSept ime Sévère, pour lu i -même et pour . Iu l ia Domna ; voi rI ' index du t ravai l d 'Al fô ld i .

ù

II

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XC INTRODUCTION

Euphratos, opposant la philosophie - c'est-à-direle mode de vie - conforme à la nature, à la a philoso-phie r qui prétend ( entrer en contact avec les dieux r 1,

exprime netternent son opposition au caractèredivin de l 'Empereur

Ainsi s'explique peut-être I 'arnbiguïté du traitéd'Alexandre : contre les Stoïciens dont la d,octrinerisque d'avoir, pour le pouvoir inrpérial, des consé-quences dangereuses, i l doit taire le nom même desStoïciens, dont le ntoile ile lie individuel - à traver.sI'exemple de Marc-Aurèle, l 'Empereur-philosophe -

est un modèle pour Septime Sévère. Le De /ato prenddonc, par delà sa signification doctrinale et polémique,une portée polit ique. Par là sans doute peut se justif ierI ' idée que le traité d'Alexandre est autre chose qu'unexercice d'école, ou qu'un ouvrage de caractèresemi-populaire 2.

2. - Structure de I 'ouvrage.

Le traité De fato et d,e eo quod, in nostra est potestate- pour donner la traduction du titre selon Grotius 3- est consacré à I 'examen d'une thèse qui a{firmel'universalité du destin. Selon Alexandre d'Aphrodise,une telle position a pour conséquence la négationde la l iberté : si tout est fatal, rien n'est au pouvoirde I 'homme, par suite i l n'y a plus de responsabil ité,louanges et blâmes, récompenses et punitions n'ontplus aucun sens. Bien mieux, i l n'est plus possiblede croire à l 'existence de dieux bons et providentiels,piété et prière sont inuti les et vaines. I l convient

1. Plrilostrate, The Life of Apollonius of Tyane, ed. Cony-brarc, p. 5l-r8,3 : tiv ôè 1sc. gt).ooog[,cv) Oeox],ureïv gaoxoûoav.

2 . Vo i r c i - : r p rès , p . c xv .3. Ilugo Grotiue, Philosophorum aententiac ilc Fato et dc eo

quod in noslra est potcstdte, Par is 16118.

STRUCTURE DE L'OUVRÀGE XCI

donc de montrer que cette proposition ruineuse :< tout est soumis au destin > est fausse.

Le plan da De fato, qui peut sembler peu satisfai-sant, se comprend mieux si I 'on retient d'abord qu'auxyeux d'Alexandre la question du destin est un pro-blème physique, qu'ensuite i l ne s'agit pas de nierla réalité du destin. Le mot existe, i l a une significa-tion que les interlocuteurs comprennent, i l corres-pond à un signifié. Ce qui est en question, c'est lana,ture du destin, et ce sont les lirnites de son action,s'i l est vrai que le destin est un agent ou une cause.Il s'agit bien, par conséquent, d'une questionthéorique:.définir une nature, en préciser les l imites. Le pointde vue pratique, qui paraît motiver la question, est,en fait, secondaire. C'est le contenu théorique de lanotion qui détermine attitude et comportements.

D'où les deux parties du plan 1. Dans une premièrepartie, Alexandre va donner une définit ion du destinconforme à la doctrine d'Aristote, et pour ce faireil va rechercher dans la réalité physirlue où peut sesituer le clestin. D'évidence, pour lui le destin ne peutêtre que de I 'ordre des causes dont le physicien faitle principe des explications. Bt c'est tout naturelle-ment le l ivre II de la P/r.ysique d'Aristote qui es[ lepoint de référence lors de ce traitement < aristoté-l icien > de la question du destin.

La seconde partie sera consacrée à justif ier la con-ception exprimée dans les chapitres 2-6. Mais laméthode misc en ceuvre paraît déconcertante, etI 'auteur lui-mème semble être conscient de cet aspect.Peut-être n'y a-t-i l pas là une démarche tout à fait

1. On trouvera des analyses, sur certains point détaillées,dr De fato, dans G. Verbeke, < Âristotélisme et Stoicisme dansle De foto d'Alexandre d'Aphrodise t, Archiv fiir Geschichtcder Philosophia, 50, 1968, p. 73-100 ; A. A. Long, r Stoic Deter-minism and Àlexander of Aphrodisias Do fato (I-XIV) r, dd.52,7970, p.247-268; P. Donini , Tre Sndi . . . p. 158-185.

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XCI I INTRODUCTION

neuve, elle ne paraît pas, en tout cas, aristotélicienne.Le lecteur en a été aver t , i dès l ' in t roduct ion 1, et lespremièr'es l ignes du chapitre 7 rcprennent des motsdéjà ut i l isés 2, en apportant des précis ions. I l s 'ag i tde rnont.rcr la solidité de la doctrirre exposée rnodoaristotelico dans la prernière partie, en lui opposantla fa ib lesse et les absurdi tés de la thèse contre laquel leel lc s 'a l l i rnre. En mêlant à I 'exposé des ra isons lesopinions contraires, Alexandre pense à la fois rendreplus manifeste la vérité de la conception aristotéli-c ienne, et év i ter des redi tes. I l y a là , sans doute,un héritage de la diatribe, car Alexandre n'hésitepas, en p lus ieurs passages, à donner, pour a ins i d i re,la paro le à I 'adversai re, en exposant ses arguments.Toutefo is , le t ra i té étanb une ceuvre écr i te avecsoin ne présente nrr l lement les t races d 'un d ia logueou la v ivaci té d 'une d iscussion qui sera i t rapportéeou imaginée. Par sui te, les t ra i ts qui f rappent lelecteur des Enlretiens d'Épictète ou des Ennéad'esde Plot in sont absents de la seconde par t ie àu De fato,Mais peut-êt re est- i l inexact de voi r là une inf luencede la diatribe sur Ale-xandre. Ne serait-i l pas plusexâct de considérer cet aspect du t ra i té comme lamarque du type même de problème t ra i té ? Et s ile problème physique du dest in n 'éta i t pas un problème< scientif iqrls u, mais rrn problèIne < doxique l ? Laméthode a lors ne sauraiL êt re la démonstrat ion sv l lo-g is t ique r igoureuse reqrr ise dans cet te perspect ive;i l faudrait appliquer la méthode dialectique, celleque définissent les Topiques d'Aristote. Et i l semble-rait que ce soit là la rnéthode du De fato, oir la réfé-rence fréquente aux a notions comlnulles rr 3 détermine

t . Voi r De fa lo (p. 165, 1-1r , IJruns) 2, 11-77.2. l ' . 177, 18-22, I lruns, 11, 23-12, 2. Les mots ><araoxevî1 (2,

11) gavepr,rrépt 12, 12\.3. L 'expr lss ion xolval Ëwoual se l i t 13, 5-6; { xolv l np6-

I r ,Û t c , : 1 , 19 -20 ; 28 , 10 -11 ; 50 , 2 .

STRUCTURE DE L'OUVRAGE X C I I I

le champ de la réflexion comme celui des ëv8o[a r.

En ce cas I 'ceuvre aurait un caractère plus rhétoriqueque phi losophique. La quest ion sera à poser z .

On notera d'ail leurs que I 'opposition entre lathèse soutenue par Alexandre - et qu'i l rapporte àAr is tote - et les opin ions combat tues s 'estompequelque peu s i l 'on remarque que le vocabula i re estsouvent commun. En par t icu l ier le vocabula i restoïcien est très fréquemment uti l isé pour exprimerdes thèmes aristotéliciens. I l est vrai que la questiorrdu dest in , dont Ar is tote n 'avai t pas t ra i té , pouvai texiger le recours à une terminologie spéciale. Cepen-dant, même lorsqu'i l s'agit de décrire les procédésde la connaissance, de la perception - gavrao',.a. -

ou de I 'action, tels qu'Âristote les entend, le vocabu-laire stoïcien est souvent mis à contribution. Le< mélange , t qr i caractér ise cet te méthode n 'est doncpas sans danger, et risque, par{ois, de ne pas permettrede bien distinguer ce qui appartient à la thèse et cequi appartient à I 'opinion réfutée.

Introduction.

Quelques l ignes dédicacent le traité aux Empereurs,en donnant les raisons de I 'o{Irande. C'est un ouvragede philosophie péripatéticienne qui traite de la ques-t ion importante du dest in et de la l iber té. Alexandreins is te sur le s i r ieur de I 'ouvrage, grr i n 'est point undiscours d 'apparat (ch. 1) .

1. Les Év8o(a comme objet de la méthode dia lect ique, rnTopic. 3, 3 elc.

2. Voir c i -après, Problèmes posés par ce texte, p. cr et sui -vantes.

3, Alexandre désigne sa néthode commc un c mélange r ,pr ,yvûvteç, p. 11, 26; i l ue v iso pas par là I 'emploi du vocabu-la i re eto ic ien pour I 'expression de concepts ar is toté l ic ieng, maiele rapprochement des al f i rmat ions dcs advelsaires des thèsesr pér ipatét ic iennes ) opposée8.

Page 46: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

XCIV TNTRODUCTION

Première partie. Le destin, selon les principes d'Aris-tote.

1. Le destin existe, quoi qu'en ait dit Anaxagore.Ce qui est en question, c'est sa nature, ce sont seslimites (3, 5-4, 19), sur quoi I 'opinion commune estvariable. Ce qui impose une étude philosophique duproblème (ch. 2).

2. Le destin est cause.

a) Analyse aristotélicienne des causes (ch. 3) .

à) La f ina l i té : Nature et technè (6,24-7, L7)Ifasard et spontanéité (7, t8-25)(ch. a) .

3. Destin et l inalité. Le destin est cause finale(ch. 5) .

4. Destin et nature. Le nécessaire et le naturel.L'exemple de Socrate (ch. 6).

Deuaième partie.

Alexandre pense justif ier et renforcer les a{Iirma-tions de la première partie en exposant et réfutantles arguments de ses adversaires. La thèse qui con-siste à a{Iirmer que tout est fatal ne s'accorde pas avecles évidences, elle échappe également à la démons-t rat ion, et ses conséquences prat iques sont mauvaises.D'ori la méthode : à la thèse Alexandre oppose desfaits, aux arguments i l répond par des raisonnements,enfin i l dénonce avec conrplaisance les dangers de lafausse croyance pour la conduite de la vie.

Problème et méthode sont précisés : la thèse deI'universalité du destin heurte les évidences, ce quedissimule I 'usage des mêmes noms, avec un senspa r t i cu l i e r ( ch .7 ) .

Une séric de faits résistent à la thèse : on les con-nait sous les noms de hasard, contingence, possible,( le c l r . 10 reprend et développe I 'exemple fameux de la

STRUCTURE DE I, 'OUVRAGB XCV

< batail le navale >, dont Aristote a fait usage , De int.9),délibération (ch. 8-11).

La liberté. Qu'il y ait des actions à notre disposition(êg' f lpr,iv), voilà en quoi consiste la l iberté, dont ladélibération est le signe. Pour Alexandre elle estessentiellement un choix entre des contraires (ch. t2) .

Pour les adversaires, la l iberté est autre chose :elle est I 'expression de la nature propre de chacun.Ils pensent, en montrant qu'i l existe une <t tendance >,ôpp,i1, propre à chaque être, rnontrer qu'i l y a là leprincipe d'une action l ibre, chez l 'être capable d'assen-timent, ovyxæt&ïeotç (28, 3-7). Pour Alexandre,une telle opinion heurte les notions communes. Car,en quoi peut-on distinguer la tendance, ôppl{, danslaquelle on voit le principe de mouvement d'objetsinanimés (la tendance vers le bas est principe de lachute des graves), de la < tendance r qui serait leprincipe de I 'action de l 'animal ? Ou bien on doitadmettre la l iberté de la pierre qui tombe, ce quiserait absurde, ou bien i l ne faut pas parler de l ibertédans le cas de I'action tendancielle.

Il en va de même chez le vivant : on ne sauraitconfondre I 'animal et I 'homme. Il convient de distin-guer entre I 'animal chez qui I 'action procède immédia-tement de la représentation comme de sa cause,et I 'homme dont I 'assentiment à la représentationpeut être réfléchi. Assentiment et délibération nesont pas identiques. La l iberté n'est pas dans latendance, mais dans la délibération, cà pouÀeûeo0ær,.I l faut bien que la délibération ait une fonction, sansquoi elle serait inutile - or la nature ne fait rienen vain. C'est l 'élément rationnel qui, dans la délibé-ration, est principe de I 'acte l ibre. Mais la délibéra-tion elle-même n'est pas fatale (ch. La).

Qu'on n'ail le pas dire qu'une telle conception heurtele principe fondamental de la physique, qui exclut qu'i lpuisse y avoir un effet Bans cause. Certes, I 'action l ibre

Page 47: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

xcvl INTRODUCTION STRUCTURE I ]E L 'OUVNAGB XC\I I I

Stoïciens, comme le montrent bien des rapprochementsavec d 'autres sources.

L 'uni té du monde impl ique la chaîne des causespar quoi les advcrsai res déf in issent le dest in . Alexandreic i s 'expr ime cor)n l le s i les événements pouvaientà la fo is êt re e{ Iet et carrsr , , ce qui , sans doute, n 'estpas conforme à la stricte doctrine stoicienne 1, ettendrai t à rapprocher la thèse d iscutée avec une repré-sentat ion d 'un déterrn in isme mécanic is te proche decehr i quc la sc ience lnoderne a contr ibué à former ;en tout cas, cette rnanière de présenter les choses,la concaténation causale, facil i te singulièrement lacr i t ique. Rien n 'est sans cause, et tout êt re, toutévénement dépeld d 'une cause, et , f ina lement , expr imele dest in , la nature, la ra ison universel le , Dieu (ch. 22) .

A quoi on peut objecter qu'i l y a des faits qui ne sontpas causes, la chaîne causale n 'est donc pas in f in ie;et c'est un faux-fuyant que de parler d'e{Tets incon-nus ( ch . 23 ) .

Un être actuel - du moins dans le monde du deve-ni r - a nécessai rement urre cause, mais i l n 'est paslu i -même pour aubant nécessai rement une cause.f) 'ail leurs, i l convient de distinguer entre câusesessent ie l les et causes accidente l les (ch. 24) .

La succession des événements n ' impl ique pas quecelu i qui précède soi t cause de celu i qui su i t : a ins idu jour et de la nui t , qui ont la même cause. Parail leurs, i l y a des êtres qui ne sont pas produits :i ls n'ont pas de cause. I l n'est donc pas nécessaire deposer une série de causes qui remonte à I ' infini.I l faut s'anêter à une cause première, à un principe,

1 Seuls des corps peuvent être causes (Sy,F I I nog 326;339 ; 340; 341). Les é;énements ne sont pas des corps, i ls népeuvent donc être à leur tour dcs causeJ. On voi t à insi soi tqrr 'Àlexandre ne par le pas des Stoic iens, soi t qu ' i l a recourEà des textes de a f l iss i4" t 1s >, soi t enf in qu' i l in tèrorète -- hr i -même ou sa source - la thèso en vue d;en faci l i tàr la réfuta-t i ou .

est indépendante de toute cause extérieure à I 'agent,

elle n'a pas sa cause dans les circonstances, mais elle

a justernerrt I 'agenL lui-même pott principe (ch' L5-)'-Dangers pratiqttes dc Ia thèse de I 'universalité du

d,estin (ch. I6-2L). Une telle croyance' selon Alexandre,

ne peut que contluire à un bouleversement total

de la vie l iumaine. Les valeurs éthiques et religieuses

(providence, p iété, d iv inat ion) sont bafouées (ch ' 16-

l l ) .D 'a i l leurs, les tenants mêmes de cet te thèse

ne tiennent pas compte de leur propre doctrine dans

leur pratique (ch. 18). En particulier, i ls admettent

qu'i l y a des actions mauvaises qui méritent punition,

.o**" si leurs auteurs étaient l ibres (ch. t9). La thèse,

soutenue contre les évidences' aurait pour conséquence

de rendre I 'existence invivable (ch. 20). C'est que, à

supposer même que la l iberté soit une hypothèse

i.rr.r.rttottt"ble, c'est du moins, du point de vue de

I 'ex is tence, la moins dangereuse (ch. 2t ) .

Les considérations qui précèdent paraissent' aux

yeux de certains, traîner en longueur et être répéti-

t ives 1. Et cependant , Alexandre procède pas à pas '

en changeant de point de vue et d'argument, et s'e{Torce

de montrer que totrs les moyens Par lesquels ses adver-

saires prétendent concil ier leur doctrine de I 'univer-

selle fatalité avec le langage de la l iberté ne sont que

faux-fuyants sans valeur.

I)estin et causalité.

Reprenant la question physique du destin, en préci-

sant ses rapports avec la causalité, Alexandre, dans

les cl.rapitres 22 à 25, s'en prend manifestement aux

1 . Du ch . 15 au ch . 21 , l a po lém ique es t condu i t esu r l e r y t hme

irrs ist i r t r t <b I 'anaphora, selon E. Valgig l io, < I l fato nd.pens- iero

i r r r t ico r l . I l i " i .s ta i l i s tudi c lassi i i 15, L967, p. 318' Pour

Â. A. Long, u Stoic I )eterminism and Alexander -of Àphrodis ias

l ) c f a t o ( l -X IV ) , , . 4 .G . Ph . 52 , 1970 , p . 247 , t l t c r i t i que des

t . f éterrn i r r is t ls n, pal Alexandrc, < est répét i t ive ad nouseam t ,

Page 48: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

XCVIII INTRODUCTION

condition et du réel, et de la science (49, 17-25). En

fait la solidarité des causes qu'all irment les adver-

saires n'a nullement la rigueur qu'i ls imaginent :

un désordre local n'entraîne point la ruine du tout

(ch. 25) .

Liberté h,um,aine.

L'init iative d'un agent, qui est cause ( principale u

de son action, ne risque pas de compromettre I 'ordre

du monde, et on peut I 'admettre sans violer le prin-

cipe fondamental de la physique. Les adversaires

prétendent conserver la l iberté, mais i ls refusent de

ia considérer coûIme possibilité de choix entre des

contraires (ch. 26).La nature, certes, l imite la l iberté, qui ne peut

s'exercer qu'en fonction d'aptitudes ; mais ces apti '

tudes, nous sommes libres de les faire fructi{ier ou

non, ce qui déf in i t la l iber té à son pr inc ipe (ch.27) '

Bt tous les humains sont en mesurer au principe,

de devenir vertueux : la rareté des sages n'est pas

fatale (ch. 28).La l iberté consiste dans le fait, pour I 'homme, d'être

le principe de ses actions. Mais i l possède des aptitudes

que I'exereice va transformer en dispositions : son

action sera désormais déterminée, comme vertueuse,

ou comme vicieuse, dans sa forme générale, non dans

le détail. Mais là aussi, elle est fonction de la l iberté

qu'i l a assumée au principe. Si I 'action présente quel-

que < flottement ) possible, c'est que nous sommes

dans un univers qui présente de la contingence, I 'ac-

tion est de I'ordre du ôç èæi cô æotrÛ (55, 22-56,5). Cette

variabil ité des actions est la raison pour laquelle

les devins ne précisent pas dans le détail ce qu'i ls

anrroncent, en particulier en évitant de préciser les

temps (ch. 29) .

STRUCTURE DE L'OUVRAGE XCIX

Préilestination et liberté.

Mais les dieux ne prévoient-i ls pas I 'avenir ? Onne saurait ôter la prescience aux ôtre divins. Alexandrecependant ne pense pas qu'i l appartienne à I 'essencedivine d'être toute-puissante : i l y a des l imites, enquelque sorte logiques, à la puissance divine. Ainsi,l ' impossible existe pour les dieux comme pour nous-mêmes : i ls ne peuvent faire que la diagonale ducarré soit commensurable avec le côté, que deux etdeux fassent cinq, que ce qui a été n'ait pas été (57,1-5). Or, les adversaires estiment impossible qu'i ly ait du contingent, c'est-à-dire ce qui a égale possi-bil i té d'être ou de ne pas être, par suite la presclencedivine ne peut concerner que le nécessaire-. La pre-science divine est donc l imitée. Si I 'on refuse cetteconséquence, i l faut admettre que les dieux connaissentla mesure de I ' infini, et admettre qu'i l y a là un pos-sible. Par suite, admettre que les contingents sont telsdans la puissance divine, et que par suite tout n'estpas nécessaire I tout n'est done pas fatal. AinsiI 'argument conduit à des contraclictions la thèseadverse elle-même (ch. 30).

l l y u certes prescience divine, qui n'implique pasuniverselle nécessité, mais aussi uti l i té ae la àivina-

lion - qui permet à I 'homme de se prémunir contre

l 'éventuel. Tandis que I ' interprétation que les adver-saires donnent de la tragédie de Laiui et d'CEdipemontre, et que la divination ne sert à rien, et qu,Apol-lon n'a pas été seulement un avertissen", ,rrais arrssiun agent, et comme tel qu'i l a été à I 'origine desactions les plus abominables. Les fables ainsi inter-prétées donnent des- dieux une image plus impieque ne le font les Épicuri.rr. urr*-rnàrrr"* (.h. Bl).

Les dieux sont incapables de mal faire, car i ls nesont pas vertueux au même sens que les humains.La ver tu d iv ine est I 'essence même des d ieux. e l le

Page 49: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

C INTRODUCTION

n'est pas, chez eux, acquise. La l iberté est de I 'homme( c h . 3 2 ) .

Dans une d,ernière partie, Alexandre met en cÊuvreune autre méthodc : i l examine successivernent lesarguments de ses adversaires (stoiciens), par quoiits pensent justif ier leur conception de la l ibertécomme expression de la nature propre de I 'agent,les actes l ibres s'insérant cependant dans le déroule-ment fatal de tous les événements.

Le premier argument, déjà évoqué, est cette foisen situation polémique : la notiorr de tendance, ôppil,est le principe de I 'acte l i l ire, ce que ne comprennentpas les sots qui ne voient pas que seules sont en notrepouvoir les actions faites selon la < tendance r, ôpp,i1,qui est nôtre.

Mais ne faut-i l pas, demande Alexandre, distinguerentre les actes faits par tendânce irrationrrelle, etceux qui procèdent de la tendance rationnelle, c'est-à-d i re de la dél ibérat ion et du choix ? (ch. 33) .

Les adversaircs semblent accorder cette distinction,mais veulent sournettre la bendance au destin, touten conservant louanges et blâmes, châtiments etrécompenses, qui lont par t ie de I 'ordre fata l . Là aussi ,i l convient de dénoncer I 'er reur : s i tout est soumisau destin, les actions, même rationnelles, seront I 'e{Tetdes c i rconstances, par sui te tout sera nécessai re.Comment alors louer ou punir ? Nous ne louol.ls oublâmons que celui qui avait choix entre le bierr et lemal. Même I'action fortuitement bonne n'est paslouée. Quant aux d ienx, i ls sont au-dessus deslouanges;auteurs des b iens, i ls sont incapables de mal agi r( c h . 3 1 r ) .

Le raisonnement composé par lequel i ls veulentnrontrer que le destin est principe de la loi, d'actionscorrectes et de fautes, récompenses et châtiments,louanges et blârmes, remplit tout le chapitre 35.ScuL' la longrrcur des argurncnts et I 'accumulation

LA QUESTION DES SOURCES CI

des mots peuvent faire i l lusion. Mais en fait, commentassocier dest in et lo i ? Le dest in suppr ime la l iber téd 'obéi r à la lo i . Puisqu' i l y a des louanges et desblâmes, i l faut rejeter la thèse qui al)irme I'universa-lité du destin (ch. 36).

Autre argumentation : ( sans destin, i l n'y a pasde monde I sans monde, i l n'y a pas de dieux. Mais lesdieux sont principes de la vertu, de la sagesse, desactions correctes... Tout cela disparaît si I 'on nie ledestin >. A cela on objectera que la vertu humainen'a rien de commun avec celle des dieux, qu'elleest science de ce qu'i l faut faire et ne pas faire, ce quiimplique la simple possibil i té ; et par conséquent,i l faut nier l 'universalité du destin (ch. 37).

On ne peut réduire la l iberté à la tendance propreà chaque être (ch. 38).

La conclusion (ch. 39) s'adresse aux dédicataireset rappelle que la l iberté, telle qu'Aristote I 'entend,est principe de piété, de respect des empereurs, devertu,

C. - Problèmes posés par Ie tente.

1. - La question des sources.

a) G,rr.rsx.

Paul Moraux avait déjà souligné, Alenanilre d,'Aphro-d,ise, p. 30-34, la différence entre la théorie alexan-driste de l 'âme, dans le De anima, et celle d'Aristote.Le caractère < matérialiste r de cette théorie consisteen ce que < l 'âme naît du mélange des éléments r,ou plus exactement a du mélange des forces de ceséléments qui constituent le corps , t. I l y a là un pointde vue qui n'a rien d'aristotélicien. Mais P. Moraux

|. P. Moraux, Ale.randre d'Aphrodise, p. 32 et n. 3, qnirenvoie à I)e anima 8, 22-9, 3. oi 10, 14-19.

Page 50: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

CII INTRODUCTION

n'a pas recherché s'i l y avait une source à cette thèse r.

I l revient à P. Donini d'avoir découvert et identif ié

un texte qui contient des ressemblances avec celui

d'Alexandre, à côté de di{Térences. C'est le traité

de Galien u que les facultés de l 'âme découlent du

tempérament du corps > 2.

Or, c'est également Galien que P. Donini retrouve

comme I'une des sources dt De fato. L'ideotification

du destin et de la nature est, certes, d'origine aristo-

télicienne, et sur ce point, i l n'y a pas à faire intervenir

une influence stoicienne 3. Aristote en fournissait le

motif, et Théophraste est sans doute celui qui, le

premier après le Stagirite, a développé ce point a.

l l résulte, de cette identif ication que tout ce qui

est fatal n'est pas, Pour Alexandre, nécessaire, puisque

I'ordre de la nature, pour lui comme pour Aristote,

n'est pas celui de la nécessité, mais celui du < plus

souvent n, ôç èzri tà ætreÏocov 5. C'est pourquoi i l

peut y avoir du < contre-destin >, æapù civ e[g.apçr.év1v,

comme il y a du < contre-nature ,, zrapà 9Ûor,v.Ce par guoi cette thèse est i l lustrée est notable :

les événements subis par le corps sont conforrnes à

sa constitution, oÛotaouç, le plus souvent' mais non

1. Ceoendant. dans sa conférence de l ' l in ivers i té Laval ,P. Moraux rapproche la théor ie d 'Àlexandrc de l 'âmc, commepuissance issuè'du mélange des éléments, des thèscs de Gal ien.Cl . D'Ar istote à Bessorîon, Laval , 1970' p. 3?.

2. P. Donini, < L'anima e gli elemente nel d,e anitno di Ales-

sandro di Afrodisia r, Atti ilella Accademia ilei scienze di Torino,I I , {05, 7977, p.98-107, analyse le t r -a i té de Gal ien, 6t -caiqtoù oô1.r,crcoç-xpdo"o,u nl tlÇ- tl.,uxiç SuvctpeLq^ 8æovtar, ed' I'

Mûl lcr , ' Galeni Scr ipta minora, I I , Leipzig 1891.3. L;hypothèse ai G. Verbeke, < Âiistotélisme et Stoicisme

dans le -De

fato d'Alexandre d'Aphrodise >, Archiç fùr -Ges-chichte i ler Phi losophie,50, 1968, p. 81, est justement refusécpar P. Donini , Tre Studi . . . , p. 158-159.

4 . Vo i r c i - ap rès , Théoph ras te , p . c r v - cv r .5. La formule d 'Ar istôte ôc êiL tà r roÀÛ, souvcnt réPétée,

par oxemplc, Boni tz, Ind. ar .618a 60-b11, devient , chez Alox-

àndre, ô i Èæl tô rçteïotov dans la p lupart t les ooeurrences,

i!

IrT&

I!

GÀLIEN ET LE DE FATO C I I I

pas nécessairement I de même les comportementsexprimant le caractère viennent de l 'âme, confor-mément à la constitution naturelle de I 'agent 1. I ly a là, selon P. Donini, une trace évidente des thèsessoutenues par Galien 2 : le parallèle entre les qualitésnaturelles et celles de I 'âme, l ' insistance sur I ' idéed'une constitution naturelle de l 'âme, propre à l ' indi-vidu, l 'al l irmation enfin, selon Héraclite, que lecaractère de chacun est la nature de I ' individu. Cettenature doit être comprise, conlme chez Galien, commela constitution innée, antérieure à I ' influence de lavie sociale et de l 'éducation 3. C'est d'ail leurs ce queconfirme le dernier exemple donné par Alexandre,celui du physiognomoniste Zopyre et de Soerate.

Si nos sources grecques ne permettent pas de pré-ciser I ' influence directe de Galien sur Alexandre,on peut, à partir de sources arabes, admettre qu'Alex-andre a au moins lu et crit iqué certaines des æuvresdu médecin de Pergame a I et même, i l a pu avoiravec lui des relations personnelles 5. Toutefois, faut-i limputer à I ' influence de Galien sur le point précis durôle de la nature-destin dans le caractère de l ' individu 6

une certaine incohérence dans le De fato, comme le

7. Dc foto 70, 73-77 : xatù ôà ràv aûtèv tpdrrov xal èæltîC {-uXîC eûpor, ttç d.v æapù dv guorxlv xcrrocoxeuiv Sr,agdpouq1r,vog.éraç éxctot<1r, rû.ç te rpoar"pêoe,.ç xo',l, tù.ç r.pd.,\e,.ç xal toùçB[ou6. "HOoç 1ùp &vOpôæ<ov ôalpr.cov xar& rôv

'Hpdx]srrov, toût'

èotr gÉorv. On notera qu'ici æcpd I acc. n'a pas le mêmo sensqu'en d 'autres occurrences dans la même page.

l. tLa pagina tradotta semberebbe tratta di peso da Galeno r,P. Donini , Tre Studi . . . p. 163.

3. P. Donini , i i l . , p. 164.4. P. Donini donne sur ce point l 'essent ie l de ce qu'on peut

connaître, en utilisant les textcs publiés et traduite ; cl.. Trcsrudd, p. 148-150.

5, Voir ci-dessus, p. rxxvr-xlrrr,6. Dans le De fato les exemplcs qu'Àlexandre donne à la

gui te du paslage c i té c i -dessus,70,73-77 (voir n. 1) , sont ceuxde typca : .glloxtvSuvoç, dx6l.coto6, (xapreprx6ç), dveleû0epo6,dælqotoç (10, 18-11, 4) ; mais dans I'Opucculum, qui olïre,

Page 51: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

cry INTRODUCTION

pense P. Donini ? La thèse de la première partieparaît, à ce savant italien, donner une importanceexcessive aux éléments innés du caractère r, ce quine s'accorde pas avec la thèse aristotélicienne que lecaractère résulte de l 'éducation, et qu'i l permet à laliberté, cô èg' {pr.îv, d'être au principe des actionshumaines.

ô) TnÉopnnlsrp.

On peut penser qu'Alexandre n'a pas été le premierpéripatéticien à avoir tenté d'appliquer les principesaristotéliciens à la question du destin. I l semble bienque Théophraste a déjà abordé le problème, sanstoutefois que le titre llepi elçr.orpg.évr1e figure dans sabibliographie. C'est à lui qu'Alexandre doit sans doutequelques traits de son De fato.

Lorsqu'Alexandre, après avoir montré que le destinest cause, identif ie destin et nature z, i l suit là uneinterprétation qui lui vient de Théophraste. LeDe fato, certes, ne cite pas le nom de l 'Érésien. Maisun autre texte, attribué à Alexandre, l 'Opusculumd,e fato 3, apporte la précision suivante : < C'est defaçon tout à fait claire que Théophraste a montrél' identité de ce qui est selon le destin et de ce qui

pour tout ce passage, un texte voisin (rapprochons ainsi, De

fato 10, 5-11,7, et Opusculum 185, 15-33), après avoir établ ila thèse exposée dans le chapi t re 6 du De fato, 8, 28-9, I ,I ' ident i té du dest in et de la nât l r re, sous une forme un peudifférente, ÀelzcEcar d,pcr rlv elpr.appr.Év1v p1ôer d,IÀo I rlv olxelavgûor,v éxd,otou, Àlexandre ajoute : ( car ce n'est certes pasdans I 'universel et le génêral que se mani feste le dest in, rôr!6 el,p,appév1ç, par exemple simplement I'animal, l 'homme,mais r l : r r rs los êtres part icul iers, dans Socrate et dans Cal l ias r .

1 . C f . I ' . I ) on i n i , T r c S tud i . . . p . 172 .2 . Da f a to 169 , 18 -20 , R runs ; 8 , 28 -9 , 2 .i ] . ( l 'cst lc l . i t rc quc j 'a i adopté pour désigner le court l fepl

e[pzppév1ç r l r r i applr t ient ar t préterrdtr l ivre I I dt De anima,manl issa, édi té par I . Bruns, Suppl . ar is t , I I , 1, 1887, p. 179,24-186, 31.

ÂLEXÀNDRE ET THÉOPHRASTE

est selon la nature, dans son Call isthène, de mêmeaussi Polyzélos, dans I 'ouvrage intitulé Du ilestin >L.Il est donc sûr que Théophraste, dans son fameuxCallisthène, avait posé cette équation destin: nature.

Peut-on aussi faire remonter à Théophraste d'autrestraits du De fato ? Après avoir a{firmé cette identité,destin : nature, Alexandre renvoie au thème aristo-télicien de la constance des espèces : I 'homme vientde I 'homme, le cheval du cheval, mais ce n'est passeulement par conformité à la nature seule, le destinintervient aussi. Tout se passe comme si, isolément,et nature et destin ne pouvaient être considérés commeagents de la génération. On se souviendra en eflet que,dans la génération des vivants, les astres exercentune causalité motrice. Aristote le suggère dans laPhysique, et i l le précise dans la Métaphysique 2.Les astres sont causes du destin, comme ils sont causesde ce qui se produit selon la nature, xoctù grSotv.

On pourrait, dès lors, penser que le destin s'attacheà l 'espèce, de la pérennité de laquelle i l serait legarant. Cependant, un peu plus loin, Alexandreprécise que le destin intervient dans la déterminationd.u caractère. I l donne alors des exemples qui montrentque le caractère est principe de comportements quiappartiennent à un type. Ce sont le téméraire, le débau-ché, I ' intempérant... 3 De cette typologie, i l est assezvraisemblable de penser que Théophraste est, sinonI'auteur, du moins le modèle. On retrouve là, en efÏet,la même démarche intellectuelle que celle qui se

7. Op..c i t . , 186, 29-31. Sur Ie caractère théophrast ien decette assimilation destin : nature, il convient cependant denoter la réserve de O. Regenbogen, dans I'article Theophrastos

{e !a 1] . - .E. .suppl . VI I , 1940, col . 1483; réserve que-signaleP. Donini , Tre Studi . . . p. 160, n. 60.

2. Phys. Il, 2, 794b13 ; Méta. It 5, 7071a74-17. Àlexandrenote brièvement cette action : 9, 5-9; 48, 24-2().

- 3. Voir n. 6 p. cru ci-dessus, qui renvoie à De lato 10, 18-tl, 4,la même typologio se t rouvant dans I 'Opuoculuml85,26-31.

f

{

Page 52: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

CVI INTRODUCTION

manifeste dans les fameux Caractères, non pas' certestla mise en æuvre pittoresque qui signale cet ouvraget

mais le souci d'une typologie 1. Le caractère déterminedes cornportements qui se manifestent le plus sou-

vent, ôç èæi tà rÀeîotov, mais non pas de façon

absolument déterminée. Car, de même que la forrne

spéci{ique ne se réalise pas parfaitement, et parfois

même échoue à dominer la matière, de même le carac-tère n'impose pas un comportement parfaiternentidentique chez tous les représentants du mêmc type ;parfois même un comportement inattendu, opposé,peut être seul manifeste, qui rend inexacte la prévisionde la conduite individuelle, comme le montre I 'exemplede Socrate 2.

On ne peut assurer que Théophraste soit la sourcede tout le développement, et en particulier du Passageconcernant Socrate, qui est cité par ail leurs, commeon le sait 3. I{ais iI n'est pas invraisemblable de penserqu'avec la typologie i l lustrée de quelques exemples,quelques considérations sul'des aspects insolites aientpu être aussi exprimées dans le Cull isthène - à proposdu comportement de Call isthène, ou de celui d'Alex-andre ? on ne sait.

c) Cnnvsrnrr .

Bien plus délicate est la question de savoir siAlexandre a uti l isé Chrysippe, directement ou indi-rectement l.

1. 1,'introduction, apocryphe, des Caractères, souligne qu'ils 'agi t d 'un exposé, Éx0eol6, ( par genres >, zatà yévoç. Le motyévoç ici ne doit pas être pris au sens technique de < genre rpar rapport à < espèce r .

2. Voir De fato, 171, 7-77, Bruns; 8, 20 c iaprès.3. ( ) icôron, ? 'usc. IV 37, 80 ; De fato 5, 10.4. Orr considérera comme connaissance di rocte cel le qui

provient d 'urrc copie, complète ou non, d 'un ouvrage de Cbry-r ippo; indirocte, cel lc qui est due à des c i tat ious ou rôsumés àI ' in tôr i r :ur t l 'æuvrce d 'autcrrrs pour qui les nrotceaux de Chry-

ÀLEXANDRE ET CHRYSIPPE CVII

On penserait d'abord chercher des traces des écritsde Chrysippe dans ce qui nous apparaît comme descitations textuelles d'arguments formés de proposi-tions hypothétiques. Or, i l y a de tels arguments dansnotre De fo.to.

On a généralement admis, avec von Arnim 1,qu'étaient des citations textuelles de Chrysippe desraisonnements recueillis dans les Stoicorum VeterumFragmenta,; en particulier les fragments du vol. IInos 984, 1003, 1005 2. Alexandre, conformément àI'anonymat de ses sources, qu'i l semble avoir érigéen principe, les donne sans les attribuer à un auteurparticulier. A. Gerche ne les a pas insérés dans lellepi eipr,app.év1q de Chrysippe 3, et J. B. Gould ne lesmentionne pas dans son ouvrage sur -L@ Philosophied,e Chrysippe 4. Certes, ces raisonnements composés,qui mettent en æuvre des propositions hypothétiques,

sippe pouvaicnt être soit des témoignages ou des confirmationsde leur exposé, soi t I 'objet de réfutat ion.

1. On sait que Von Arnim, dans les Stoicorunt Veterum,Fragrnenta, a_ cru pouvoir donner uue place importante àChrysippe, .qui est .dèvenu pour lu i , rne .o. ie de porte-drapeaude la doctr ine, at t i tude qu' i l at t r ibue à Alexandrè d 'Aphrôdiselui-.même. 11 s'en justi.fie dans sa préface : < ubi vero daia operaetoicorum doctr inam impugnat (sc. Alexander Àphrodis ieni is) ,Chrysippum sibi adversarium diligit, cujus âoctrin"- uibomnibus lere suae aetatis Stoicis receptam summa auctoritateflorere- intellegeb_at >. D'ori une sorte d'impérialisme chrysip-péen dans les SZF : < i taque non tcmere facere v idebimu-^r ,s i omnia Alexandr i de Stoic is test imonia, quae cum Chrysippeadoctr i r ra non pugnant, ad ipsum Chrysippum ret tu ler imûs n.

2. Il s'agit des fragments imprimés en caractères droitsde grand corps, dont Von Arnim, Praefatio, t. I, p. V, a faitdes r citations textuellcs ,. II 984, p. 286, 42-29tt, B : De fato

"1,. ?6, 50, ,0-51, 5; I I- 1003, p. 295, 27-296, 10 : De fato9 ! . q 5 , 6 ? , 1 7 - 6 8 , 1 3 ; I I 1 0 0 5 , p . 2 9 7 , 8 - 2 3 : D e f a t o c h . ' 3 6 ,72. 79-73. 74.

3. A. Gercke, Chrysippea, Jahrbuch fùr Classical philo-logie, Suppl. XIV, Leipzig, 1885.

_ 4. J. B. Gould, The Philosophg of Chrysippus, Leyde, 19?0.Il est-vrai_que I'au_teur lpplique avec rigueui le principe qu'ils 'est donné dans I ' Introduction, p. 1.

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Page 53: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

CVI I I INTRODUCTION

*

$r DESTIN ET NÉCESSITÉ cIx

deont tous les caractères de raisonnements stoïciens.

Toutefois, tels qu'Alexandre nous les présente' avec

cette conrplexité et ce rôle, aucun autre témoignage

ne nous confirme que Chrysippe pourrait en être

I'auteur. On pourrait en faire I 'hypothèse, mais i l se

pourrait aussi qu'i ls viennent d'un stoïcien postérieur.

En I 'absence de parallèles, ou de fragments de ces

arguments expressément attribués à Chrysippe, i l

n'est pas possible de voir dans ces longs raisonnements

formés de propositions hypothétiques des citations

chrysippéennes.D'une manière générale, d'ail leurs, on ne rencontre

pas de textes rigoureusement identiques à ceux du

De fato dans les fragments rassemblés par von Arnim,

et expressément rapportés à Chrysippe' On ne saurait

donc, sans manquer à la prudence, a{Iirmer qu'Alex-

andre a uti l isé directement des écrits de Chrysippe

en composant son De fato.Cependant, d'autres æuvres antiques fournissent

de Chrysippe des citations textuelles, avec référence

à des ceuvres ou à des parties d'æuvres 1. C'est ce qui

peut permettre d'identif ier, dans le De fato, même en

I'absence de citations strictement textuelles, du moins

des indices de l 'uti l isation des textes chrysippéens -

sans qu'on soit en mesure d'apprécier si I 'Aphrodisien

a eu en mains les textes mêmes dont i l montre qu'i l a

eu connaissance, ou s'i l se contente de citations.Lorsque Alexandre évoque Ia théorie (stoïcienne) du

possible, qu'i l discute, p. 19, 3-15, i l donne là, en

substance, une thèse stoTcienne qui est probablementccllc de Chrysippe lui-même. C'est du moins ce quirésulte de l 'étude à laquelle s'est l ivré P. Donini,dont I 'argumentation est convaincante 2'

1. Je rr :nvoir : i rux références donnôes d 'abord par H. vonÀr r r i r n , . sY I r I I I , p . 196 , 9 -16 .

2. I ) . f ) , r r r i r r i , u Cr is ippo e la nozione del possib i le >, 1 l i f is to d i F i 'Io logia e d i is tn lz ion.- i [assica,50,1973, (p. 333-361), p.349-350.

D'autres détails pourraientChrysippe, le commàntaire les

d ) Au rnns sounc rs (? )

fort bien provenirsignalera.

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_ Il est très probable que le De fato de Cicéron uti l ise,

plus abondamment qu'i l ne le signale. des textesprovenant de la Nouvelle Académie-. Rien ne permetde p_enser qu'Alexandre ait pu alimenter ,"

""it iq,rudes Stoïciens à des sources dË cette nature. Des réfu-tations comme celles de Carnéade et de Clitomaquene. devaient guère lui paraître pouvoir étaver le*thèses r aristotéliciennes r. Or, là méthode âont i luse vise précisément à mettre en valeur la doctrined'Aristote, et non pas simplement à ruiner la thèsede I'adversaire. Le caractère constructif de I 'examenauquel Alexandre prétend soumettre la doctrine dudestin lui interdit de s'égarer dans les voies purementnégatives où s'enlise I 'att itude sceptique.

2. - Destin et nécessité.

C'est une question de savoir si les Stoiciens faisaientune distinction entre destin et nécessité, qu,Alexandreparaît parfois confondre dans l,exposé qu,i l attribueà ses adversaires. A en croire Cicéron, Chrysipperejetait la nécessité, cunt et necessitatent irrpro\or)it,ce.pourquoi i l s'e{Iorçait de distinguer entreles causesprincipales et parfaites, et les *,r.". auxil iaires etprochaines, mais i l prétendait en même temps con_server le destin 2. Cicéron range dans ,r.,

""-p dif ié-

rent, d'une part Ies philosophes qui parlent du destinau sens de nécessité, comme Démocrite, Héraclite,Bmpédocle, Aristote 8, d'autre part Chrysippe qrri

1. Cicéron, De fato, 78, 47.2. Id., ibid.: ut et necessitatem.effugiat et retineat fatum.

..3., !d.t17., 39.:-una (sc.. sentential 'àoium qui censerent omniaL.d lato ferl, ut ttt l{tttûL çim necessitalem a.dferrat, in qua sentcn_

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trI

$4I

CX INTRODUCTION

veut allranchir les âmes de la nécessité r. Mais Cicéronlui-même reconnaît que Chrysippe, malgré lui, retrouvela nécessité du destin, necessitatem fati2. Faut-i lpenser que ce refus de I ' identif ication destin-nécessitén'est attribué à Chrysippe par Cicéron, ou sa source,que pour tenter de comprendre la doctrine chrysip-péenne de la liberté ? Alexandre paraît exprimer lamême distinction lorsqu'i l attribue à ses adversaires,à propos de leur doctrine du possible, que les événe-ments fatals, bien qu'inexorables, ne se produisentpas nécessairement, leur contraire étant en e{Ïetde I 'ordre du < possible > 3.

Mais, nombreux sont les témoignages qui laissentpenser que les Stoïciens, et Chrysippe lui-même,n'avaient pas le souci de faire cette distinction. Ainsi :pr,ecaÀorg,6d,ver, d,vci toû trdyou cilv tiÀ{0er,c,v, tiv aici,av,riv gûor,v, rlv civrilxlv, æpoorr,0eiç xai ârê,pæç ôvoprcr-

tia Democritus, Heraclitus, Empedocles, Aristotelcs fuit. L'aItti-bution de ce nécessitarisme à Aristote paraît étrange à quiconnaît le rôle de la liberté du choix dans la vie morale. Cepen-dant la physique d'Aristote a semblé impliquer unc telle doc-trine. Je citerai, pour m'en tenir à celles-Ià, deux phrases deThéodoret, Thérop, : c<i 1ùp 8è prÉ1pr. oe),{vqç l0Ûverv Ë9r1 tôvOeôv, tti ôé 1e &)ùct Ûrà clv elpapg.Év1v ærû'A9al.; Thérap. Y47, p.242,

'12-13, Canivet ; et : côv ôè pecù tcuc)1v (sc. r lv

oe),fv1v) ôædvç<,rv i1pr,e).qxéval xal rfr riç elprappr,évr;ç &v&7x1æctpcrôe8coxévar clv toÛt<,rv ènr'rpoæelav Il y a là I'expressiond'une interprétat ion, certes, tardive. Mais on t rouve, encoreaujourd'hui, des auteurs qui tendent à placer Aristote dansle

'camp des nécessitaristes. Ainsi S. G. Etheridge, t Àristotle's

Practicàl Syllogism and Necessity >, Philologus 112, 1968'(p. 20-42) p. 20-21, dont P. Donini fait mention, Tre Studi...o . 184 . n . 101 .'

1. Cicéron, De fato {7,39. Chrysippe, empruntant < une voiemoyenne, se rapproche plutôt de ceux qui veulent que lesmouvements de l'âme soient affranchis de la nécessité I :necessitate motus onimorum liberatos volunt.

2 . I d . , i b i d . , 17 , 39 .3. Alexandre, De fato 20, 3-4. P. Donini, comme nous le

verrons plus loin, pense que cette distinction du nécessaireet du fafal n€ vaut que Pour I'homme ; elle est relative à lafa ib leseo do I 'eapr i t humain, pour qui i l y a du possib le. r Fatoe voluntato umàna in Crisippo n, p. 226.

DESTIN ET NÉCESSITÉ cxI

otq.ç... Stobée, Ecl. I, 79 (: SI/F II no 913, p. 264,2t-23). Et : g,r28èv 8r,agéperv eïæe (ô Xpûor,zræoç) roùeipr,æppr.évou "cb xarry æyxcropévov, T héodoret, T her ap. Y IL4, r . I , p . 258, 11-12 Canivet ( : ^Sy,F I I no 916,p. 265, 29-31) . Voi r aussi SVF I I no8 923; 926. . .Alexandre lui-même, dès le moment oir i l annoncela thèse de ceux dont i l va opposer la doctrine fata-l iste à I ' interprétation aristotélicienne du destinqu'i l a exposée dans les chapitres I à 6, lcs présentecomme ceux qui enseignent que tout se produit néces-sairement et selon le destin 1.

Qu'en est-i l exactement ? Jfst-ce que les Stoïciensidentif ient destin et nécessité ? est-ce qu'i ls lesdistinguent ? E. Bréhier, qui penchait probablementpour la distinction 2, pensait éviter le problème ensoulignant que ( la t nécessité' est un concept fortvague dans la philosophie antique r 3. Mais la théoriestoicienne du clestin n'est pas plus claire, car le destinest défini comme la concaténation des causes, concep-tinn tr qui correspond assez exactement à ce que nousappclons aujourd'hui le principe de causalité , o ;toutefois, ( malgré les premières apparences, la théoriedu destin (de Chrysippe) reste éloignée de notre déter-rninisme u 5, car chaque événemerrt n'est pas tout

7. De fato 72, 7-8 : æ&vtæ èl &v&^ytrt1ç re xo;| xo;î' elprcrppév4ç1iveoOct. C'est l'une des formules qui ont suscité I'idée que leDe fato d 'Âlexandre ne metta i t pas en cause la doctr ine sto i -cienne, mais une attitudc déternriniste plus générale et moinsthéor ique. C'est I 'opin ion qu'expose A. A. Long, r Stoic Deter-minism and Alexander of Àphrodisias De fato (I-XIV) n, Archiv

ftir Geschiclte tler Philosophie 52, 1970, p. 277-268. Sur cepoint , P. Donini , Tre Studi . . . p. 185, montre son accord.

2. E. Bréhier , Chrysippe et I 'ancien stoîc isme,4e éd. , Par is1950, p. 187 : Chrysippe, pour montrcr que nos actes sont ennotre pouvoir , a chois i < de nier quc la nécessi té découle dudest in, et de rnontrer que le dest in s 'accordc avec la maît r isede nous-mômes r .

3 . Op . c i t . , p . 179 .4. Op. c i t . , p. 183. Et Rréhier renvoie ic i à Àlexandre, Da

fato 22,192, 8, Brunr ; 43, 19-20.5. Op. c i t . , p. 192. A la formule c i tée n. 1, Bréhier a justement

I

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CXII INTRODUCTION

entier déterminé par des causes antécédentes : ainsil ' impulsion qui met en lnouvement un cylindre estsa cause antécédente, rnais la rotation est déterminéepar la nature du cylindre, cause parfaite et principale.Ce secorrd type de causalité, dans le phénomène< rotation du cylindre r, pourrait être rattaché aumême déterminisme : la forme du cylindre dépendaussi de causes antér ieures, t ravai l dc l 'ouvr ier , e tc .1.Mais une telle réflexion n'est pas faite par le Stoïcienqui < arrête son analyse aux êtres individuels etqualitativement indivisibles dont le concert composele monde r... les corps restent pour lui les sujets etprincipes des actions 2. En somme, c'est parce que lacausalité ne peut appartenir qu'à des corps, et queceux-ci sont des ind"ividus, qu'on peut penser queBréhier justif iait la thèse qu'i l attribue aux Stoïciens.Le destin est concaténation, c'est-à-dire sympathieuniverselle, qui constitue I 'unité du monde. Mais dansce monde, i l y a des individus, des corps définis parleur qualité propre, i8i<,rç æor,6v, et de ce point de vueils sont parfaits et parfaitement indépendants deroute nécessiré extérieure.

Cette notion de < concaténation l est, pour nous'une cause d'ambiguité. Certes, Alexandre lui-même

compare la succession des causes aux anneaux d'unechaîne 3, ce qui évoque des élémenhs distincts et

subetitué, dans son Histoire ile la Philosophie, t. I 2, 4e éd,Par i s , { 942 , p .314 : < I l ne f aud ra i t pas con fond re ce des t i navcc notre déterminisme scient i f ique D, et p. 315 : < En un mot,le dest in n 'est pas du tout I 'enchaînement des causes et deseffets, mais beaucoup plutôt une cause unique qui est en mêrnctemps Ia l ia ison des causes, e l l ce sens qu' i l comprend en sonuni té toutes les ra isons séminales dont se développe chaqueêtre particulier I'

1 . bp. c i t . , p. 193.2. Nouvel le c i tat ion d 'Alexandre, De fato 73, 26, 19 sqq.3.

'A).ûoeoç 8tx1v, De fato, 48, 21-22. Nombreux sont lestextee où il est question de I'c enchaînement dea causeg I :syF I I 91?, 918, 920, 921, 932, 933, 946. . .

DESTIN ET NÉCESSITÉ C X I I I

cependant rattachés les uns aux autres. Mais I ' imageest à interpréter non pas comme notre pensée méca-niste nous le suggère, en nous représentant des causesdont les e{Ïets sont à leur tour causes. I)ans la chaîne,les mail lons sont chacun, au même titre, des choses,des corps, et le premier n'est pas la cause du suivant 1.

A cet égard l ' image du câble 2 risquerait moins de nouségarer : i l s'agit d'un tout continu, dont le déroule-ment n'est dû qu'à notre point de vue d'individupartie du monde. A parte Dei, l 'ensemblc des causes,I 'ensemble des êtres, constitue un rnonde un, qui estun seul corps. Les parties du monde sont des corps,et les causes elles-mêrnes sont des corps. E. Bréhiera eu raison de souligner la valeur de la forrnule deClément d'Alexandrie : les êtres < ne sont pas causesles uns des autres, mais i ls sont causes les uns pourles autres de certaines choses r> 3. Ces e{Tets, rlaçë7ov'ca.,sont des a attributs >t, des incorporels. La concaténa-tion ne crée pas des corps, elle fait apparaître des< événements r>. La seule e{ficace vient du À61o6 ou duTcveûH,d, propre à chaque corps, à chaque individuqui, comme le germe de la plante ou de tout autrevivant, détient en lui-même tout le développementde l 'être, avec ses l imites et ses caractères.

On peut donc dire que le destin est inscrit dans lanature de chaque être, mais, puisque le monde est un,son destin est également inscrit dans sa nature. I l y

1. On ne pourrait invoquer en ce cas que le rôle transmetteurde la traction exercée sur une extrémité de la chaîne, chaqueanneau - en raisorr de la structure de la chaîne comme unensemble - étant I'intermédiaire de la cause motrice.

2. Pour I'image du câble, cf. Cicéron, Diç. 1 56, 127 Erasirud,entis enpl icat io (: .Syf ' I I no 944, p.272,35). La conti-nuité est mise en relie{ dans la formule de Théodoret, Thérap.VI 14, p. 258, 72-13 Canivet, attribuée à Chrysippe : x[,v1or,vdtStov ouveXfr xcd terayprév1v (: SZ.p'II no 916, p. 265, 31).

3. Clément d'Alexandre, Stromates VIII 9, p. 932 Pott.(: SyI ' I I no 349, P.721,4), ci té par E. Bréhier, La Théoriedea itæorporcls dans I'ancien stoicitme,2e éd. Paris, 1928, p. 11.

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cxlv TNTRODUCTION

a donc une même nécessité fatale et pour le mondeet pour I ' individu. On le voit, cette nécessité n'estnullemcnt la néccssité de concaténation qui inscriraitla totalité de l 'être individuel dans un réseau depuissances qui le contraindraient du dehors - cen'eet nullement cette nécessité mécanique contrelaquelle se battent les crit iques du stoicisme. Certes,il est diflicile de voir comment peuvent se concilieret le thème de I 'unité du monde et celui de l 'autonomiede I' individu, dans cette sorte d' a harmonie prééta-blie n dont Leibniz développera I ' idée. La théoriedes incorporels, des exprimables , lrexrd'., paraît êtrele moyen de rendre intell igible la doctrine stoiciennede la l iberté - ce que les adversaires des Stoiciens,et Alexandre parmi eux, n'ont à aucun momentsoupçonné 1.

Tout est conforme au destin, pour les Stoiciens,cela veut dire que nécessairemen, le monde se comporteselon son ).6yoq, nécessairement I ' individu se comporteselon sa nature propre, selon l ' iàicoç æor,6v qu'i l est,en tant que corps individuel. Mais cela exclut toutecausalité de transition, telle qu'une cause puisseavoir un e{ïet mécanique qui serait à son tour unecause, L'expression < concaténation des causes D,dans de nombreux témoignages, ne doit pas êtreprise en ce sens. Pour les Stoiciens, cela signifiel 'unité profonde de I 'univers, la coincidence du ).6yoçde chaque être individuel avec le À6"yoç divin 2. Et

1. . Ie renvoie, sur ce point , à I ' importante contr ibut ion deY. Jlelaval, < Sur la libcrté stoicienne r, "I(ant-Stuilien 67,7976,p. 333-338. Dans ces pages de for te densi té, I 'auteur soul ignecomme une < or ig inal i té c lu sto ic isme.. . d 'avoir ident i f ié mat ièreet act ion causale D (p. 335) ; la d ist inct ion entre les causes,te l le quc Cicéron I 'expose dans son De fato 18-19, 41-43.

2. A. ^ . Long, < Stoic Determinism and Alexander of Aphro-disias I)c fato (I-XIV) >, Archiu fiir Geschichte der Philomphie52, 1970, p.247-268, est d 'avis que les termes dvdyxzl et e[pr ,cp-pév4 no sont pa8 Bynonymes. En quoi i l a ra ison, e i I 'on 'voi tdans la nécosei té cet te nôces6i té de consécut ion mécanique

UNITÉ DU TEXTE cxv

par là s'explique que la souvcraine sagesse consiste,pour I ' individu, à coincider avec le Àôyo6 universelen pleine conscience, en lui donnant son assentimentsans réserve.

3. - Unité du texte.

N'y a-t-i l pas, entre la première partie d.u De fato,chapitres 2-6, et la secondc partie, chapitres 7-38,une certaine incohérence ? La première partie, enefÏet, traite cJe la ruthoe ilu destin, du point de vrrearistotélicien. Dans la seconde partie, en nrême tempsque la réfutation de la thèse de I 'universalité dudestin, i l y a des développements relatifs à la l iberté,rà èg' fpîv, telle qu'on doit I 'entendre en suivant,de I 'avis d'Alexandre, la doctrine d'Aristote.

Bntre ces deux parties, d'intention simple, et dedimensions di{Iérentes, P. Donini a vu et soulignéune incohérence, et même une contradiction r. Alorsque, dans la première partie, en suivant Théophraste,Alexandre établit I ' identité du destin et de la nature 2,

et montre, par des exemples, que la vie de chaqueindividu est ainsi déterminée dans ses comportementscomme dans sa fin par sa nature 3, son caractère,

que les adversaires des Stoic iens projet tent sur la doctr incqu'ils rélutcnt. Il a sans doute tort, si cette nécessité est celledu dynamisme immanent, soi t au mondc, soi t à chaqrre être,à chaque corps.

1. P. Donini , Tre Stud, i . . . p. 171, écr i t : < la seconda parte dcltrattato esiste e si giustifica unicamente perche la dottrinaesposi ta nel la pr ima parte è da Àlessandro abbandonata econtraddetta >,

2. Ident iûcat ion qui a pour corol la i re que le dest in n 'est pasla nécessité. De même que la nature est I'ordre de l' < ordinaire-ment D, ôç êrl tô æotrr5, le destin, selon Alexandre, exclut lanécessité : il est I'ordre du ôç èrl tô æ),eiorov.

3. De fato, 10, 3-20. Le caractère, toutefois, n 'est pasontièrement donné par la nature. Il n'est pas héréditaire, mairil eo constituo pendant la croissance, en lonction du milieu,de l'éducation, des habitudos imposées par les circonetances.

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CXVI INTRODUCTION

dans la seconde partie, en polémique contre les parti-sans du destin, Alexandre se propose de montrer quel'homme est l ibre. L'homme qui possède la vertuparfaite, le sage, la possède non par don de nature,mais pour I 'avoir acquise. De la nature, i l n'a reçuque l 'aptitude à acquérir cette sagesse. On ne peutplus parler, comme dans les exemples antérieurementdonnés, d'un être plus ou moins doué par la nature :I 'acquisit ion des vertus est en notre pouvoir, carc'est par lui-même que I'homme fait choix de cetteacquisit ion et agit en conséquence 1. D'ou la légiti-mité des sanctions : l ' individu avait le choix entreIe vice et la vertu.

Le De /ato associerait ainsi deux conceptions incon-cil iables : celle d'une nature qui détermine totalementchaque individu, dont le caractère est le destin -et celle d'unc l iberté de choix entre vertu et vice.I)e cette contradiction, Alexandre cependant seraitinnocent : i l I 'a héritée d'Aristote. C'est en e{Tet lathèse mênre de l 'acquisit ion volontaire des vertus, telleque la décrit le Stagirite, qu'expose Alexandre ;tandis que, par ail leurs, c'est déjà Aristote qui insistaitsur le rôle de l 'éducation et des habitudes dans laconstitution clu caractère chez I 'en{ant, qui seraitainsi façonné par le milieu, sans être lui-même auprincipe de cette constitution dc sa personnalité 2.

L'homme en formation qu'est I 'enfant est en effetincapable de choix réfléchi, de rcpoæipeorç, de l 'aveu

Sa formation, comme le souligne P. Donini, Tre Studi... p. 172-173, échappe à I ' indiv idu.

l. Id. 53, 22-23 : 8r' aùtoû æpoorr.0elç tô &vayxaîov èvôéovlpôv rfr prloer.

2. Àristote décrit, -Elù II 1-3, I'acquisition des vertus commedépelidant, < dans unc large mesure >, tà rrleîov, de l'éduca-t ion, èx àrôaoxoùla6 (pour les vertus inte l lectuel les) , deshabi tudes, È[ é0ou6 (pour les vertus morales) . La contradic-t ion, chcz Ar istote, est soul ignée par R. A. Gauthier etJ. Y. Jol i f , Ar is tote, l 'É, th ique à-Nicomaque,2e éd. 1970, t . I I 1,p. 215-216 - que c i te P. Donini , Trc Studi . . . p. 175, n. 81.

UNITÉ DU TEXTE

d'Aristote lui-même 1 I on ne saurait doncpour responsable des actions constitutiveshabitus, Éler.ç, eI de son caractère.

CXVl I

Faut-i l mettre en avant cette dualité de point devue pour imputer à Alexandre une inconséquence,qui est à la fois contradiction dans la doctrine, etmaladresse dans la méthode ? 2 La première partiedu De fato a pour propos positif de préciser la naturedu destin, et ses l imites : le destin-nature qu'Alexandredécrit laisse place pour le hasard et la contingence.La seconde partie est polémique : elle vise à dénoncerles arguties par lesquelles les partisans du destintentent de montrer qu'ils maintiennent la liberté.Il convient de souligner I 'ambiguïté du mot ( nature )).Les di{Térents ( types r de caractères qui entraînentles destinées particulières, tels que les présente Alex-andre, découlent, certes, de la constitution parti-culière de chacun 3. Mais iI faut retenir deux aspects.Tout d'abord. cette fatalité de la destinée individuelleest de I 'ordre du <r plus souvent r - qui se distinguetout à fait de la nécessité 4. En second lieu. s' i l est

1. Aristote, ,EiV III 4, 71L1b 8-9 : roû p.èv 1ùp éxouo[ou xalæai8eç zal t&r).a (Qa xolv<lveï, æpoarpéoeoq 8è où.

2. P. Donini écr i t , Tre Studi . . . p. 195 : < Comunque s i d iciô, il de fato non puô essere annoverato fra le opere piir lelicid i Alessandro r .

3. De fato 19, 6-8 : xal êrl dC {uXtc eiipor, trç dv æapàc|v guouxilv xcrtcroxeuiv ôlagôpouç luvopr,évcrç êxrltoc<'p r&.q re æpoan-pêceq xal rù.q rprlletç xaù toùç plouq.

4. Ce qui découle de la const i tut ion naturel le n 'est pas deI'ordre dri nécessaire, 10, 10 : où prù1v è[ &vdtyxr'1ç; et la fôrmuleôç èr l cô æ).eiotov est répétée :10,17.27;Ll ,2-3. I l n 'y a pas( fata l i té r absolue. De même qu' i l y a remède aux v ices de laconstitution du corps, 70, 70-12: l,xaval 1â.p èxxpoûoal cilvtotdvôe cd[tv èær6r,élewt ce xai dépov '5æal]a1al xal zcpoo-r&letç r6n lccpôv xal oupr,6ouÀal Oeôv..., de même I'individupeut échapper aux conséquences de la pervers ion de son âme,r0, 24.

L'exemple de Socrate, 11,8-20, n 'est peut-être pas à inter-préter comme exceptionnel. C'est I'interprétation de P. Donini,Tre Stud,i.., p. 164 : a il caeo di Socrate dove essere considerato

le tenirde ses

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CXVIII INTRODUCTION

vrai qu'i l peut y avoir des natures plus ou moinsbien douées, c'est-à-d-ire-dont les aptitudes sont plusou moins présentes r, Ies actions dont les diverscaractères, typés en quelque sorte, expriment unenature seconde, les actions, :r,p&ler,ç, découlent deIa < d isposi t ion > acquise, ë&e. 'Ce sur quoi ins is teI'auteur, dans la seconde partie d.u De /aà, c'est surce fait que, de telles actions, tout en exprimantle caractère, dont elles sont des signes, ont pourprincipe un choix ré.flgc-hi, rpouLpec4, i, à

"" conipte,

elles peuvent être l 'objet dtun j,rge*ent. I l ,.t ù,rià fait conforme à la doctrine diAristote d,a{firmerque le caractère, quel qu'iI soit, seconde nature,n'obnubile pas la capacité de choix. Aristote écriique Ie rt choix réfléchi r provient d'une disposition 2 ;mais cela nc signifie nrrl lement que ce o choix u soii

ecce_zi ,urra le , . Ce que veu! rnct t re en évidence cct exemple.c esro af ,ord qu'on l ic pcuI at ta, j l ler dc cer[ i tude aux prédict ibns- des dev)ns r le loute sorte, sal ls doute des astro lo-guce, maieaussi des ph; 's iognomonistes , - , car e l les r re peorre.r t -q. . , . r r r ron_cer ce.que lcs c levi r rs l iscnt . t_ lans des s jgnes, 'qui ne sont nul le_r'ent des ca,ses. Ensuitc I'exenrple *o.r"t"" i"'À1" for..l.rrr"rrt.ld r r cho i x e t r l c I ' c x t ' r c i c c : l a r é i l c x i on , q , r i c . " ac rô " i r o uu -o t r .haut poir r t I ' r r . r i rudc du. phi l r rsoph_c, p""r i . " t Jhgl ; ; ; ; " - ; "Ë;_vérer dans cerr ta i r res act ions c lu i réformcrr t r tne rr 'ature médiocreou mauvaise.

1. Ar istote t l is t ingu, ; .dos di {16""r l "es de nature : cer ta ins

, î1r : ._" ," i ,^y"" une.apt j r r rde à s; , . is i r la { in vér i table _ le b ien _,

r l8 ont cc borr naturc l , eùg_u!1,_11uc ni l 'éducat ion, n i I ' instrucit ion,ne peuvent procr-"*" ,_I iN I l ' I 7, l7I4bE-1i . Àr is tote -u"orr"p1 . t " qy : c t r aqu r : i nd i v i du r r e r ep rodu i t pas l , espèce , ma i s dà i t1,11-Tlr , " : " 9.ue sf . lo , l1e. s1réci f i r1ue détermine, ôe qui le carac_, . : " , r : "

u" , tant . qu uld lv idrr . - \ lexandre partage avtc Ar istote,_t1:" .yu",1 ( ( i ln ture I première peut êt_re plus ou moins q douée I ;ma rs l r l t e I auL .p t s en tend re que ce don de na tu re es t dô jà l ccaractèrc ; celui-ci sera seulerrrent facilité .larrs sor. acquisitiont l 'une.q disposi t ion ) ver tueusc. Lcs di f férences < naturel les rentre les humains sont évoquées par Alexandre, be provident io,p. . 85, 4-7 de l 'édi t ion de- l ,arabe : n certa ins hom^.. ,or , iï t_î I

d_1*.- !ue Ç'autres, er-mei l leurs en ra lents et en apt i tudes,

tandrs que certa ins sont , dans leurs apt i tudes, t rès 'arr iérésjd 'arr t res t rès avancés r .

2. Âr istotc, ,EN VII I 7, 71b7b 31 : i rpoalpeorç &g'é{ecoç.

II

UNITÉ DU TEXTE CXIX

I'e{fet nécessaire de la disposition, mais que les moyensde I'action sont proposés par cette disposition, é{r,6 1,

qui est la seconde nature.Comment cette seconde nature est-elle acquise ?

Alexandre le rappelle, en se conformant très exacte-ment à Aristote : la < disposition u, é{r,ç, est le faitde l 'habitudc, de l 'éducation, qui ont développé lescapacités et les aptitudes. Cette activité formatriceimplique Ie < volontaire >, cô éxouolov. Mais commeI'enfarrt n'est pas doué de capacité de choisir ration-nellement, îpoclipeorÇ - non plus que de poûÀqorç -,la tl isposition se cor)stitue par le moyen de ces actesvolontaires, à ras de la première nature, C'est volon-tairement, éxôv 2, que l ' individu s'exerce d'abord àdes actes qui deviendront le principe de son carac-tère - et c'est alors qu'i l pourrait agir autrement.l\ ' lais, en I 'absence de clairvoyance rationnelle, com-rnent pouruait-i l envisager une autre voie ? Il luifaub un conseil, pou).{1, qui ne peut venir que d'autrui.L'errfant a besoin du secours de qui possède la fonc-tion de choix rationnel. D'où l ' importance fonda-mentale de la pédagogie, dont Alexandre laisseentendre qu'i l en sait le prix 3.

On voit donc qu'i l convient de bien distinguer

{. C'est pourquoi, selon Aristote lui-même, I 'homme injustene pour la de ple in grô, devenir jus ic, pas plus que le maladene peut devenir b ien portant , EN I I I 7, L7\4a 13-14, du moinsinstantan6ment.

2. Voir Àr istote, EN I I i 7, l l l4a l l -21.3. I )ans lc De fato,25,22-26, t , comme dans I 'Opusculum782,

28; 183, 31-33, Alexandre insistc sur le rô le des consei l lers,oûp.6ouÀor,. Il s'agit d'ailleurs alors non pas de former le carac-tèrc de ) 'enfant , homme en cours de format ion, const i tuantses < disposi t ions r , €{etq, mais d 'apporter secours à qui chercheà échapper à unc seconde nature v ic iéo, En ce cas, la person-nal i té n 'a pes assez de rcssources en el le pour rect i f ter le carac-tère. Socrate, en ce sens, est un exemple : c 'est la phi losophiequi l r r i a été ce secours, Iu i tenant l ieu de maître et ds con-s ei t lcr .

Page 59: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

cxx INTRODUCTION

deux sens du mot n nature > : i l y a la nature première- à laquelle on peut donner le nom de tempérament- qui ne fournit que des aptitudes, plus ou moinsfaciles à éveil ler. I l faut penser que ces di{Térencesont pour origine la matière, le corps. Cette naturepremière est, certes, principe d'actions, æpd,{er,ç, quirelèvent de I 'ordre du < volontaire r, rô êxouoiov,mais ou I 'agent n'a pas le rôle de principe rationnel.Puis i l y a la nature seconde - qu'on peut nommercaractère, tr0oq -, qui est le fruit des habitudes,Ë01. Cette nature seconde, constituée dans I 'homme,est a habitus r, é[,r,ç, principe d'actions, æp&ler,ç,qui, cette fois, sont vraiment choisies, et exprimentla æpoaipeor,ç.

Ce qui vient compliquer le schéma, c'est que laseconde nature n'ellace pas totalernent la premièrenature - elle ne fait que la compléter, sur certainspoints. L'acte de vision continue d'exister chezI'homme formé par la vie sociale et l 'éducation :i l est du même ordre que chez l 'enfant qui s'éveil leà son entourage. I l y a là une activité toute ( natu-relle >, au premier sens - et elle tient ses caractèresde ce que le tempérament la fait. Toutefois, I 'exer-cice de la vision peut créer certaines habitudes quivont constituer dans I ' individu ses goûts et ses préfé-rences.esthétiques. Dans le même domaine de la vision- {ui, comme sens, est une ( disposition o, éEtÇ,naturelle - peuvent ainsi coexister deux natures,ou, si I 'on veut, l 'homme c naturel r et I 'homme< culturel n. On peut ainsi comprendre que, selon lepoint de vue auquel s'applique la réflexion, on saisirasoit le < tempérament naturel >, soit le r< ssractère )),naturel aussi. [ l convient, je pense, d'apprécier defaçon analogue les deux parties du De /ato. Alexandreanalyse le même homme, et dans la première partieet dans la seconde partie. Mais dans la première partie,c'est la ( natrlre r, en tant que donnée et principe

UNITÉ DU TEXTB CXXI

de l 'être humain, qu'i l décrit comme < destin rr r.

Dans la seconde partie, c'est la ( nature r seconde,en tant que constituée par une < culture )), natureseconde et proprement hrrmaine, principe de choixréfléchi, qui engage I'homme, non plus sirnplementdans des ( actes volontaires r, qui ne sont que I 'expres-sion spontanée du sujet, mais dans des actions prémé-ditées, fruits de cette fonction de choix, ttgoai.peotç,qui devrait toujours porter la marque du À6yo6. Dece point de vue I 'homme est l ibre, et totalementresponsable.

Si l 'on admet, comme le fait Alexandre, les thèmesen hiérarchie de la doctrine d'Aristote, on admettraégalement que le De fato présente une unité réelle.Les incohérences n'apparaissent que si I 'on ne tientpas compte des niveaux.

I1. I l convient de soul igner que les exemples donnés sont

ceux de ( types r, et les actions conformes à chaque caractèresont désignées par des catégories qui n'en précisent nullementles détails. Il faut penser que le caractère ne détermine chaqueaction que dans sa finalité, et non pas dans scs particularitésqui sont moyens d 'adaptat ion aux c i rconstances. On peutdi re, par exemple, que l ' in tempérant , 10, 22, a certa inementle choix entre plusieurs moyens de mener la vie conforme àson caractère : celui-ci n'est que le principe d'une vie dissolue,mais dont les détails ne sont pas prédéterminés par une néceseitérigoureuse. Car le sage - 6 gp6vlptoç - devrait, à ce compte,être également le jouet du dest in. Mais s i le sage, en tant quetel, ne peut manquer la ûn conforme à son caractère, la vertu,il a toujours le choix entre diverses modalités d'action qui luipermettront sans doute, les unes et les autres, de mener lavie conforme à son caractère. C'est ce qui ressort de ce qu'écritAlexandre, p. 55, 22-56, 8, oir il rappelle que les actions nesont pas prédéterminées, et qu'e l les sont I 'objet d 'un choix,d 'un l ibre choix, au point que le sage lu i -même pourrai t déeevoirles prédict ions d 'un devin. Une te l le manière d 'expr imer saliberté ne paraît pas, aux yeux d'Àlexandre, être < malice r,mais sans doute une sorte de démonstration pratique, et humo-ristique de la libert6. Bien qu'Alexandre n'en dise rien, il pensocertainement que lo sage ne perd pes pour autant Ea sagelre.

Page 60: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

CXXII INTRODUCTION

4. - La signification de la question du destin.

Le I)e fato est-il un exercice d'école ? On le ratta-cherait ainsi à un type de l ittérature qui s'est développésous la seconde sophisticlue. Et cela pourrait égale-ment s'accorder avec I 'opinion, suggérée par lespremières l ignes du traité, que I 'ouvrage serait untravail de débutant. Une longue série de traitésconsacrés au même problème æepi eiuapçr.évr;ç nousest connue 1. On peut toutefois noter que I 'ouvraged'Alexandre présente quelques traits qui - sanscompter ce que nous avons essayé de montrer sur laplace de I 'ouvrage dans la chronologie de I 'Exégète- permettent d'écarter l 'hypothèse.

Tout d'abord, le traité apparaît comme un ouvragede circonstance, et paraît avoir été écrit dans uneintention précise : offert en hommage aux Empereurs,I 'ouvrage a un contenu en harmonie avec les l ignesqui l ' introduisent et le terminent 2. II est vrai qu'i l

1. On se r6férera à I'ouvrage ancien de P. F. Arpe, TheatrumFati, sive notitia scriptorum de Providentia, Fortuna et llato,Rotterdarn, 7712, o. . , mieux, à I 'ar t ic le de W. Gundel , P. W.,A.-8. VII 2, 79L2, col. 2622-2645, qui énumère lcs écrits fleplelg,appr.év1ç, col. 2624-2625. - Si I'on connaît un assez grandnombre d'ouvrages consacrés au destin par des auteurs anté-rieurs à Alexandre, on n'a conservé que lort peu d'entre eux.Le De fato de Cicéron, dont le début nous manque, abordela même quest ion qu'Alexandre, cc l le de la possib i l i té de lal iberté dans I 'hypothèse du dest in. Sa perspect ive est à la fo islogique et éth ique. I l d iscute des thèses sto ic iennes d 'un pointde vue < sceptique >, et donne des arguments qui provicnnentde la Nouvel le Académie. Le De fato du Pseudo-Plutarque,qui pourrai t êt re, lu i aussi , antér ieur à I 'ouvrage d 'Alexandre,situe le destin dans la perspective cosmique, et en relationavec la Providence. Il emprunte les principes de son analyseau platonisme.

2. L ' int roduct ion précise à la lo is le sujet , la méthode et Ieoaractèrr : dc la thèse. La conclusion rappel le I ' in tent ion fonda-mentnlo: iust i f ier la l iber té, et montrer la nécessi té de croi reÀ la l iber tô. I l convient de soul igner I ' importance de ce l ienint ime eutrc loc é lémcrr ts dc la d6dicace. l i t térai remcnt exté-

LA QUESTION DU DESTIN CXXIII

était loisible à I 'auteur d'ajouter ces éléments à unécrit composé dans une toute autre intention r.

Toutefois I 'absence totale de référence expresse auxStoïciens tout au long de I 'argumentation s'accordesi bien avec le caractère de I 'ouvrage, qu'on doitpenser qu'i l a été composé pour être o{Tert aux Empe-reurs 2.

Si I 'on compare le traité d'Alexandre avec les deuxtraités antérieurs qui nous sont parvenus, on noteracombien i l s'en distingue. Tout d'abord, le destinn'est nullement envisagé comme une force cosmique.En identitant destin et nature, c'est de la nature dechaque individu qu'Alexandre traite, et non pas dela Nature. Dirigeant ses crit iques contre ceux pourqui tout ce qui se produit se produit fatalement 3,

Alexandre, hormis quelques très brèves notations 4,

rieurs à I'argumentation proprement dite, et lc contenu deI 'ouvrage. En la i t , la décl icace est étro i tement associée à ladoctr ine exposée.

1. Dans ce cas, un faussaire pourrait aussi présentcr un textecomme une épître. On renvcrra, par exemple, à la Rhétoriqueà Aleaondre, dont les élôments de la dédicace,7420a 3-t42lb 5,et 7446a 17-1447b 8, paraissent artificiellement encadrer letexte d 'Anaximène do Lampsaque.

2. Voir c i -dessus, p. Lxxxvr-xc.3. L ' intent ion est t rès c la i rement précisée dès le début,

2, 5-8 : < c 'est qu'en ef fet i ls nc se comportent pas de la mêmemanière ceux qui sont convaincue que tous les événcmenlssont nécessaires et soumis au dest in, et ceux pour qui certa insévénernente semblenl se produire sans rnôme qu'il y ait de tousdes causes prédéterminantes r .

4. Dans le De fato, les astrcg sont notés comme causes de ladest inée de chacun, ce qui est la base de I 'astro logie, 9, 6-9.C'est de leur révolut ion que le monde t ient son uni té, 48,24-26; eI cet te révolut ion bien ordonnée ct éternel le n 'est enr ien inf luencée par lcs malheurs des humains, 62, 1-6. -

Sur le caractère astro logique du dest in, cf . Saint-Àugust in,Ciç. Dei V I : < quid d ixer i t fatum,?. . . id hornines qr tandoaudiunt , usi tata loquendi consuetudine rron intc l lc6Junt n is ioim positionis siderum, qualis et quando quis nascitur siveconcip i tur . . . r . Mnxirno de Tvr n 'évoque pas dnvantagr ' I 'astro-rogro.

Page 61: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

cxxlv INTRODUCTION

néglige le point de vue astrologique, pourtant fréquentdans la l i t térature consacrée au fata l isme 1. Envisage-t-i l Ie desti n a parte h.ottt irt is, son objet est t l 'abordla relation entre destin et action individuelle, et laquestion est : I ' individu est-i l soumis au destin aupoint de n 'êt re pas l ibre ? Cependant , là aussi , A lex-andre est fort loin d'imiter la démarche qu'on ren-contre chez Cicéron. Ce qui préoccupe d'abord Alex-andre, c'est Ia nature du destin et ses l imites, carle destin est, pour lui, un concept de la physique.Cicéron se soucie du problème éthique et dialectique2.

Sans doute Alexandre n'est-i l pas sans toucherà des aspects dialectiques du problème. Toutefois,évoquant la question des futurs contingents, i l seplace dans la perspective proprement aristotélicienne,et c'est sur I 'exemple de la batail le navale qu'i ll 'é tudie 3.

Alexandre d'Aphrodise semble également s'astrein-dre à suivre un ordre traditionnel lorsque, aprèsI'examen des thèmes du hasard, du possible et de laIiberté, i l cite la Providence divine. Cet ordre seretrouve dans le De fato du Pseudo-Plutarque, eti l était peut-être déjà celui selon lequel Chrysippeavait abordé les questions dans son Traité d,w Destina.Mais cela ne signifie pas qu'Alexandre respecte unordre qu'impose le sujet traité : i l est conduit par lecaractère polémique de son propos.

1. Voir , sur ce point , les cr i t iques de Favor inus d 'Àr les,auxquel les fa i t a l lus ion Aulu-Gel le, N. ,1. XM.

2. Le début dt De fato de Cicéron nous manque, i l est vrai ;et l'hypothèse a été faite que Cicérou y traitait de la questionphgsique du dest in. I I semble qu' i l n 'en ai t r ien été, et lesarguments de À. C. Clark, Tfte Descent of Monuscripts, Oxlord,1918, p. 324 et suivantes, semblent décis i fs .

3 . De f a , t o , p . 177 ,7 -178 ,7 , B runs ; 20 ,7 -21 , 17 .4. La remarque a été faite par E. Valgiglio, r Il fato nel

pensiero classico antico r, Ripisto di Studi clossici 15, 1967,p . 3 1 2 n . 3 .

CARACTÈRES DE L'OUVRÂGE CXXV

En évoquant I 'embauas ou les insufl isances de

I'argumentation, peut-on penser' avec R.-A' Pack,

quele braitê, De fa'to a tn caractère ( semi-populaire > ? 1

Il est vrai qu'Alexandre ne développe pas tous les

arguments qu'i l a I 'occasion, ail leurs, d'uti l iser'

Aùsi, ne montre-t-i l pas dans Ie De fato, alors qu'i l

le fait dans une d,es quaestiones qui constituent le

De animrr, l iber alter, que la l iberté humaine a pour

principe le non-ètre 2. Mais i l laudrait tout d'abord

àérrrontt". I 'authenticité de ce petit texte I ensuite,

le propos d'Alexandre, dans le De fato, -est dil lérent

de celui du De animtt Liber aher. Le De fato n'aborde

ni la question de I 'astrologie, ni celle des rapports

dn mottd" sublunaire avec le moncle supra-lunaire'

ou le Prenrier lVloteur' Car la recherche ne vise pas à

mettre à jour des principes' mais elle porte précisé-

ment sur un problème physique, et Alexandre l imite

intentionnellement son propos à ce problème physique,

et à ses corollaires pratiques immédiats. Les l imites

de la perspective adoptée justif ient probablement

I'absencc des considérations proprement < ontolo-

giques r dans le traité.

En réalité, pour Alexandre cornme pour beaucoup

de ses contenporains, i l apparaît que la l iberté est

tn fait que la philosophie doit justif ier - même si,

comme ii semble que ce soit le cas dans la perspective

péripatéticienne, cette l iberté n'est qu'une façon

àe remédier à des défauts de la nature' à la faiblesse

de la nature humaine.

1. R. Â. Pack, < A Passage i r r Àlexandcr,of A-phrodis ias-

Relat ins to the Theorv of Tragedy t , Americon Journal o l

Phi to lo{y 58, 1937 (p ' 4 i3-436) p.431r. Ce.q.ue s igni f ie ce carac-

tère n 5Ëmi-populaiîe r, c'cst que le traité est <t exotérique I

et que la d i 'scùssion reste < part ie l le r , c 'est-à-di re qu'e l le. est

, r r r" ' " "gu*"ntat ion

puremeni d ia lect ique' Eans approfondisse-

ment ontologique.2. Cl . Deâi ima l ib. c l t , p ' 169, 33-172, 16' O' I {amel in,

Lc Sgslèma d'Ar istote,2e éd. Par is, 1931' p. 391, n. 1 '

Page 62: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

Cn lp r rn r I I I

LA I 'RADITION DU TEXTE DU De fato

L. - Le terte grec.

Dix-huit coilices qui portent le texte grec du De

fato, dalables du xve au xvrr€ siècle, sont des copiesqui semblent toutes dépendre d'un prototype durxe siècle : le cod. Venetus l l larcianus gr. 258 (coll.668) .

Voici l 'énumération de ces exemplaires :

V : Marc ianus gr . 258 (col l .668) , f f . 22L-260, parche-mln, Ix s .

B : Marcianus gr. 261, (coll. 725) ; {T. L77v-260,papier , xv s .

S : Marc ianus gr . c l . I \ r , 10 (col l . 833) , l I . 88-111,parchemin, xvê s.

E : IV lut inensis Estensis ( I I I G 6) a.v .6.12 (no 210),fî. 273v-295v, xvle s.

H : Havniensis R.V.H. 88 Fabr. , f l . 64-94, papier ,xve s.

C : Parisinus gr. 13.N. 2049, f l. L2'l.v-1.44, papier,xve s.

A : Parisinus gr. 1868, {T. 822-1082 (3, 25 ad Ênern),papier, xve s.

Parisinus, suppl. gr. 292, f i. 79-103 (ab init. ad3, 25 (( ex Aldino impresso transcriptum r,inde usque ad f inem, ex cod. A) , papier ,xv l re s .

D : Lei r lensis Vossianus Q 25. f i . t r r9-163 v (des. 27, 6) ,papier , xve s.

LES MANUSCRITS CXXVII

T : Bernensis 402, ft. L27-L37 (des. 27, 6), papier,xve g .

K : Vaticanus Urbinas gr. 54, IT. t05v-136v, papier1.61.4.

Ambrosianus gr. 431 (H 43 sup.), {T. 94v-[09v,papier, xv ex.

Ambrosianus gr. 348 (F 88 sup.), fT. 20v-54v,papier [462.

Bononiensis BibI. Univ. 2294, papier, xvte s.

Parmensis Palatinus Rossianus 6, f'f. 1,-42, papier,xve s.

Oxoniensis T. I. 18 (Misc. gr. 196), ff. 48-79,papier, xvre s.

Vaticanus gr. 1694, {I. 98-124v, parchemin, {495.

Vindobonensis phil. gr.36, ff. 174-188v (196, t9-204, L0), papier, xvre s. in.

Vindobonensis phil. gr. 110, encerpta in rnarg.fI. 303-308 et 309 r-v, papier, xvre med.

La description de ces manuscrits est donnée ailleurs 1.

B. - La çersion latine ntéd,iéç'ale 6.

Dans trois manuscrits latins, on l it une versiond,u De fato 2 :

Parisinus lat. B.N. 16096, IT. t39v-149, xtrle s. ex.

Scorialensis lat. V.III.6, {I. 230v-240v, xrrre s. ex.

Oxoniensis Corp. Christi Collegium 24, {1. 64v-77v,t423.

1. Un article sur I'Histoire du texte dt De fato est à paraîtredans la Revue d'Histoire d,es Testes,

2, Cf. P. Thillet, Aleaondre d,'Aphrodise, De fato ad impera-torcs, version do Guillaume de Moerbeke, édition critique avecintroduction et indox, Parie, Vrin, 1963.

Page 63: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

CXXVIII INTRODUCTION

Les particularités de traduction permettent d'attri-buer à Guil laume de Moerbeke cette version, quireprésente, à mon avis, une tradition diflérente decelle dont le codex Marcianus gr. 258 est le proto-type. Je propose d'appeler I la copie grecclue, vrai-semblablement perdue, qui a servi de modèle à lavers ion la t ine t tJ . I l y a là une hypothèse qui , comnretelle, peut être contestée, d'autant plus que Guil laumede Moerbeke, auquel la version peut être attribuée,a été propriétaire du codex grec V 1. Mais la compa-raison détail lée du latin avec le grec de V, la connais-sance des procédés de traduction et des scrupuleshabituels du traducteur qu'était Guil laume de Nloer-beke, permettent de penser que le dominicain flamanda fait son travail à partir d'une copie du grec diffé-rente de celle que contient le cod. V. On peut estimerqu'i l n'est devenu propriétaire de ce codex qu'aprèsavoir traduit le De fato.

Le premier folio de V précise que Guil laume étaitpénitencier du pape, cette mention ne peut avoir étéportée qu'entre L272 et L278. On admettra par consé-quent que la version d,u De fato esT, antérieure à L272,sans qu'i l soit possible de préciser davantage 2, et quele modèle uti l isé par le traducteur, l, est à distinguerde V. On verra donc dans I un archëtype, au mêmet i t re que le modèle, en oncia les, A, du cod. V 3.

1. Cf. Lotte Laborvsky, < Bessarion Studies III >, Medioevoland, Renaissance Studies,-5,1961, p. 155-762. Le cod. Marcianusgr. 458 (col l . 668) porte, Io 1r , malge infér ieure : r L iber f ratr isGui l le lmi de Moôrbeka, ordi r r is

-predicatorum peni tent iar i i

domini papi r .2. La date d.e I'ea libris, non antérieure à 7272 (nomination

de G r j l laume cornme péni tencier du pape : L. t r I in io-Paluel lo,art. < William of Moerbeke >, Dictionaiy-of Scientilic Biography,t . 9, N.-Y. 1974, p. 434-40), conf i rmerai t l 'hypothèse,

-que

suggùrcnt , lcs part icular i tés de langue, d 'une vers iôn antér ieureà ce t t e dâ te .

3. L Rruns, dans la Préface de son éd. , p. xvrr , soul igneqtre le uor l . V a ôté copié srrr r rn modèle en oncia les.

LA TRADITION INDIRECTE CXXIX

C. - La tradition inilirecte.

a) Les eûraits d,'Eusèbe iJe Césarée (ca. 265-340).

Lorsque l'auteur de la Préparation évangéIiqueaborde le problème du destin, dans son examen cri-t ique des doctrines païennes, i l a occasion de citerlargement le De fato d'Alexandre d'Aphrodise. C'estainsi qu'i l nous donne environ 1/6e du texte - plusde 1,7 o/o - dans le l ivre VI, chapitre I 1.

On doit à Eusèbe un certain nombre de leconsqui ont le mérite d'améliorer la lecture du texte,et certaines d'entre elles remontent vraisemblable-ment à la t radi t ion ancienne du De fatoz. 5,2ô 0eîoq Bus. : dir',.uç V ; 5, 9-10 roooûcolv aid,covàeîrat, àùri t& ye æÀe[,6rtov 8e6g.eva add. Eus. ; 5,26 0e6v Bus. : r lvoç codd.0eoû6 c j . Bruns, an recte ?;16, 16 6æoid. æepi.ænrc( Bus. : 66r,or,æ æepiucra Y.

Parfois Eusèbe résurne quelques l ignes de l 'auteu

1. Le texte d.e la Praeporatio Evangelica est à consulterdans la monumentale édi t ion de K. I l ras (Die Gr iechischenChrist l icher Schr i f ts te l ler der ersten Jahrhundert , VI I I 1) ,Eusèbe dc Césarée, Proeparat io Evangel ica, vol . I , IJer l in,1954, p. 328, 17-334, 72.

2. Eusèbe nc pouvai t avoir à sa disposi t ion qu'un exemplaireen oncia les, et , par là, i l pcut avoir conservé des leçons anté-r ieures à des fautes dues à la copie de te ls exemplaircs, et enpart icul ier i l peut avoir évi tô certa ines des erreurs dues à I 'opé-rat ion de t ransl i t térat ion. I l est intéressant de remarqucr qu'à7 ,21 , l es codd . R O N D d 'Eusèbe o { I r en t l a l ec tu re : r p6ç ,là o i r i l convient dc l i re æp6 avec le cod. I ; rcp6 est d 'a i l leursla leçon des codd. dt De fato. Cette faute, dans une part ie de latradi t ion du texte d 'Eusèbe, témoigne probablement de I 'ut i l i -sat ion de l 'abréviat ion rq : æp6( l ) dans la copie d 'Alexandrequ'Eusèbe avai t sous les yeux, et . qu ' i l aura f idèlement repro-dui te, Lors de la t ransl i t térat ion du texte d 'Eusèbe, uno part iede la t radi t ion aura eu un texte cn minuscule ou le < décryp-tage r de I 'abréviat ion étai t erroné. Nous avons, t lans lc De

fato, cod. V, en un autre endroi t du texte, 45, 71, un témoinimportant : æp6 y est écr i t r t r , s igne que le modèle  abrégeai ta in i i æp6, a lors que I 'abréviat ion est mise d 'ordinaire pour np66.

!

Page 64: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

cxxx INTRODUCTION

qu'il transcrit par ailleurs 1. Ces résumés ne sont pasnégligeables. Busèbe, en e{Iet, conserve parfois levocabulaire même du texte qu'i l contracte, et sonrésumé peut ainsi guider le choix entre des leçonsdiverscs, ou suggérer une conection là où le texteest gravement corrompu, ou lacuneux. Voici deséléments d'un passage résumé, qui reste en rapportavec le texte conservé ; 21 , 22 p.,!mp dvOpoæoç eïrl

BouÀeucr,xdç V : {v 8' â,v eiç g,érr2v pouÀevttxiç 333, 7Eus.

Plus loin, 38, 22-41,, 5, est résumé par Busèbe,

SS 30-31 (334, 5-L2), et l 'éditeur peut sans douteemprunter au résumé pour tenter d'améliorer letexte corrompu,

Certaines des c variantes r d'[us6be résultent peut-être d'interprétations de l 'excerpteur. Ainsi, p. 7, 18,rpirov 8é êocrv, semble emprunté au langage descommentateurs, afin de corriger un texte fautif paromission.

Une longue addition, à la l in d'une citation tex-tuelle d'Alexandre, p. 10, 16, a été considérée, parl 'éditeur d'Eusèbe, comme appartenant à la citation.Après B[ouç, Eusèbe ajoute en e{Iet : èl &oxiloeaç xui&æà g,a,O1pdcov xai riæô ).61ov xper,rropévcov pe).cl-oug,évcov Il faut sans doute voir dans ces mots unetransition imaginée par Eusèbe : elle anticipe sur I 'ex-emple de Socrate, que le texte va ensuite citer : lL,13-20.

1. A. C, Clark, Tâe Descent of Manuscripts, Oxlord, 1918,a noté, p. 147-153, la relation frappante qu'il y a pafioia, mêmedons les teûtes en prose, entre la mise en lignes d'une copie,et les omissions volontaires faites par un abréviateur. II m'aparfois semblé - indépendamment de cette remarque deClark que je ne connaiseais pas alors - que les omissiongd'Eusèbe impl iguaient une mise eu l ignes de 12174 let t res ;maie ce n 'est là qu'une impression gue sa subject iv i té rend peuprobanto ; et je m'abstiens de fairo état do nombroux calculsefrectrrée dans cette porspective.

LA TRÀDITION INDIRECTE CXXXI

La. tradition représentée, indirectement, par cesextraits d'Eusèbe, ne paraît pas avoir eu d'in{luencesur la tradition manuscrite du De fato. Là où descod,es d.onnent la même leçon, i l s;agit peut-être,comme le pensait Bruns, de conjectures

- qui, par

hasard, coïncident avec Ie texte d'Eusèbe, ou encored'éléments de la tradition qui auraient pu cheminer,à travers quelques corrections interl inéaires ou mar-ginales. Le premier contact vérif iable entre Eusèbeet le texte du De fato se rencontre dans l,éditionanonyme de Londres, 1658.

b) Cyrille iJ' Aleaandrie (ca. 396-444).

Dans son Contra Julianum, ce Docteur a cité despassages dt De Proçid,entia perdu en grec 1 I i l donneégalement une citation d,e De fatoz.

Tirée du chapitre 27, ceLte citation présente quel-ques_ variantes, qui restent sans beaucoup de signi-fication. Voici ces variantes : b3, 20 àelxvûet Cyr. :Selxvuor,v V ;53, 22 àr' crùroû Cyr. : àr' c.ûtoû Bruns 6 ;&uæyxaitr4 Cyr. : dvayxorîov V ; bJ, 24 èorr,v Cyr. :ré èorr,v codd. ri êorlv Lond. ; g&rutor. Cvr. :g-,irlu V ; 54, L ai npàç cù BeÀri<o Cyr. : æpàç p""f.rû.uV ai:rpôç péÀcrov E H; 54, 1,-2 uî.8r,,i ... ri1<o1rri Cy.. ,f1 àrù ... fu^^çlt codd. {81 ... &t.r4 (sic) 6.

_ 1. Voir sur ce point R. M, Grant , < Greek Li terature in the'freatiso De Trinitate and Cyril Contra Julianum n, Journal

of Theological Studies lb, 1964, p. 265-279, et Ia noie B do lap. 58 c i -dessus.

2. La citation est ainsi introduite : Ëv ôé ye tô æeol eîuuouévncë91 æ&), tv, PG 76, col . 621. On voi t q,r" i " , ,b- 'd 'Ài" l ; " ; ; ;n'est pas noté, mais et les autres citations du même philosophe,dane le.flepl npovo[0r6, et le contenu même de cetîe citaïio;du lfff i,^Êl,pc.pp.é\r4ç, qui coincide avec le texte du De fato198,. 1.9-26, permette-nt à_ coup er)r d'agrurer que Cyrille titeprécisément Alexandre d 'Aphrodise.

Page 65: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

cxxxII INTRODUCTION

c) Bessarion (r.402't '472).

Le Cardinal Bessarion a longuement travail lé le

De fato d'Alexandre d'Aphrodise' comme en témoi-gnenù les corrections qu'i l a apportées, de sa main,sur le codex Marcianus gr. 258 (coll. 668) : V r.

En outre, i l s'est intéressé personnellement à la ques-tion du destin. Sur ce point, i l a interrogé celui qu'i lconsidérait comme son maître en philosophie ancienne,

Georges Gémiste Pléthon. Bt la question no 4 d'unelettre qu'i l a adressée à ce célèbre maître en est unéclatant témoignage 2. Cependant, bien que cettelettre fasse allusion à plusieurs auteurs antiques :Simplicius, Olympiodore, Épictète, Platon, Ammo-

nius, Damascius, Jamblique, Aristote, Platon, ellene donne pas le nom d'Alexandre d'Aphrodise.

Dans sa réponse, Pléthon 3 part d'une citationd'Aristote, empruntée à la Métaphysique, et il citePlaton et les Stoïciens. A son correspondant quiévoquait l 'astrologie, i l parle des horoscopes et desfables. Et la lettre se termine par des testimoniadans lesquels on peut voir des conseils de lecture. Parmiceux-ci, des citations de Platon, Cratyle et Epinomis.Iln'est pas davantage fait allusion à Àlexandre dans Iaréponse qu'i l n'en était question dans la demande.

Doit-on en inférer qu'au moment ori les deux hommeséchangeaient cette correspondance, Bessarion nepossédait pas encore un exemplaire du De fato d.ans

l. Voir I'article mentionné p. cxxvrr, n. 1 ci-dessus.2. Cl. PG 161 Migne, col. 716-718, pour la Iettre de Bessarion

à Georges Gémiste Pléthon, et col.720-722, pour la réponsede co dernier. Orelli a édité ces deux lettree, avec des variantesqui améliorent la lecture en quelques endroits.

3. Pléthon a consacr6 un chapitre de see trois - chapitrequi appartient à ceux qui ont été conservés - au problèmodu dest in. CÎ . l 'édi t ion de Pléthon par Àlexandre, 1858, p, 64-78. Il n'y a, danr ces pages du Sage de Mistra, aucune mentiondu nom d'Alexandre d'Aphrodise, ni citation du Dc fato,

BESSARION CXXXI I I

sa bibliothèque, ou que, du moins, i l n'avait pas encoreeu loisir de l ire ce texte ?

Par ail leurs, nous avons de Bessarion un grosouvrage, In calumniatorem platonis r. Le Cardinals'y intéresse aux questions de I ' intellect a et de laProvidence I I mais i l cite aussi textuellement leDe fato. Et d'abord, à propos de I 'anecdote relativeà Socrate et au jugement qu'en faisait Zopyre. Voicison

-texte : y,r18èv 1}p è{,,eûo0at Zc!æupov . {v yùp êvror,oûco6. 6oov .1e êrcù tfr grloer, ei pù grà rlv èxgr,),ooog[cç d,oxrlor,v d.p,eivcov èyev6p,r2v ric çûoeoc r.

Un peu plus loin, Bessarion donne'un très brefrésumé de la thèse a aristotélicienne l sur le destin,telle qu'elle est exposée par Alexandre d'Aphrodise,dans les chapitres 2 à 6 du De fato, Al"*and.u qrriest, pour Bessarion, I 'exégète d,Aristote, ô èElnrncaûtoû 6. Les mots par lesquels le Cardinal t".*i"à .oïexposé sont presque textuellement ceux du De fato6.-_QueI que soit I ' intérêt de ces citations de Bessarion,

elles ne peuvent en rien être auxil iaires de l 'éditiond.u De fato. Nous possédons en ellet les correctionsque Bessarion fit sur le prototype de la tradition,le codex V. Que ces corrections soiànt des conjectures,ou qu'elles aient pour origine d,autres témoins de latradition directe du texte, la part de Bessarion dans

t. {dit ion Ludwig Mohler, paderborn. 1927.,-?:,t l ""t

notable,qu,alors Bessarion aborde la question duoestrn en partant de Ia thèse aristotélicienne de î,unicité del ' intel lect. Plot in, Enn. t f i i , 4, i - t ; ; i lpïà"iàit ta nécessitéd'un destin compris _c_omme "rrch"îrr"*"rri-d" lr"r", du thèmec uDe âme unique. I l a Ià une problématique commune.

3. Dont i t soui isne ou'Aristote r i ' " p". trait i , I I O, Z; p.- ieO,84-35.

4. In calumniatorem platonis II, g, I ; p. 166, 22_23. La::T:t:^.i1t:i

à .la première personne est, avèc q""iq.,urïepl"lcements cte mots, la seule variante notable.

1. I_d-. I_! 70, 12; p. 194, g9-196, 9.6. Id. ll 70, i2:

-n. f ge, g-9. : ;gt tcûr1v elvcrr xctù toù6

*f_à .og_æeprndtou ôç xegcrtcr[ç .fi"i"-i"Ëi "ir.aeà*.'ôr.'îJ''i"iî"Ëf, i6-12, 8,,,,,, i p. ri,2r;!!Pt'évre elot

Page 66: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

cxxxlv INTRODUCTION

cette tradition est trop grande pour qu'on puisseattacher de l ' importance à ce qui, dans l 'æuvre duCardinal de Nicée, peut être considéré comme traditionindi recte.

d) Plotin (ca. 205-270).

Le traité que Plotin a eonsacré au destin auraitpu révéler une influence du De fato d'Alexandre.Toutefois, cet écrit peut-i l être considéré comme unde ces (( commentaires ))r ùæop,v{g,ocra, qui étaient lusau début des leçons de Plotin, selon I ' informationque nous donne Porphyre I ?

On sai t que Plot in n 'a pas I 'habi tude de donnerdes citations textuelles ; on ne peut donc repéreraisément l ' influence directe d'un texte sur l 'une ouI'autre de ses leçons. On ne peut davantage voir dansles Ennéud,es une sorlrce < indirecte )) pour l 'éditiond'un texte. Toutefois, quelques signes d'une lecturedu De fato d'Alexandre d'Aphrodise pourraient êtreentrevus. Le rappel de la définit ion stoïcienne dudestin, III 1,, t*, 3-5, pourrait provenir du De fato 2.

Quand, après avoir évoqué la théorie de la représen-tation, gævræoLa, dans la perspective fataliste, Plotinreconnaît qu'alors la l iberté n'est plus qu'un mot 3,i l semble reprendre une idée exprimée dans le De fato a.

Mais i l y a là des indices si ténus qu'on n'ose voirdans le texte de Plotin un témoin du De fato6.

1. Voir Porphyre. Vita Plotini 14, 70-74.2. De fato 795, 3-4, Bruns ; 48, 5-8 (: SyF II no 948).3. Enn. IIII,7,13-15 : ai te yùp gavrcofcr, toîç nporl-

llocrptévor,ç crl te ôppal xarà. rær5caq écovrcl.4. Enn. I I I 1,7, t5: dvog,ci, te p6vov rà è9'fpr, iv éoro,t Ci. De

fato 29,27-30, | : p1ôèv ætréov toù êæ'cûtoïç ôv6pr,octo6 tlpoùvccrçarlroTe .

5. P. Henry et H.-R. Schwyzer notent également, dans leurédit ion : Enn. l l 8, t , 33-34 : De lato 183, 27-30 (30, 11-15)o t 185, 13 (33 , 2 -3) ; Enn. l I 8 , 2 , 6 -9 : De la to 183, 30-184, I(30 , 15-31 ,7 \ i Enn. V I 8 , 2 , 21-25 : De la to 184, 15-19 (31 ,I 6 -21 \ .

e) Colcid,ius (rve s. p. J.-C.).

Dans son commentaire du Tinté^ Calcidius abordele problèrne du dest in (SS 142-127), et i l formuleun certain nornbre de propositions qui sont en accord- parfois presque à la lettre - avec des formulesde- notre De fato. J. I-I. Waszink a, dans son édition,soigneusement noté ces références r . Cependant lecommentateur latin n'a vraisenrblablernent pas uti l isédirectement le texte grec, ou même une versionlatine du De fato. P. W. Switalski pensair déjà qu'i ln'y avait pas, dans le commentaire de Calcici,rs,d 'emprunt d i rect aux textes de I 'Exégète 2I c 'est làune cer t i tude por l r Waszinh, qui propose de voi r dansPorphyre I ' inter.rr.rédiaire entre Alexandre et Calcidius s.A ce compte, on ne peut songer à faire usage duCommentai re du Timéc pour l 'éd i t ion du Delarc a.

CALCIDIUS cxxxV

, , -1. J.o i r I 'apparar de la magni f ique écl i t ion àu pla lo Lat inuslv, 'Ilmaeus

a Calcidio translahts commentarioque instrtrctus,i l societatem oper is coniuncto p. J. Jensen, edi t i i t J . H. Was-z i nk , Lond res e t Leyde 1952 , $$ 159 à 17b - Les chap i t r es duDe. ld. to, rapprochés de 19 passagcs du cornurentai re, sont lcse u i v a - n r s : 7 , q , 9 , 1 6 , 1 7 , 2 5 , 3 0 , 3 1 , 3 4 , 3 5 , 3 6 ._.2. lJ. W. Swirnlski, Des Chalcictius Kimmentar zu plato's' l ' imaeus,

Bei t râgc zur Geschichto der phi losophie des Mit te l_al ters, Texte und Untersuchungen, Bd. I I I , Éef t 6, Mùnster ,1902, p. 94-95.

_ 3. .J . H. Waszink, op. c i t , , p. Lxrrr et xc, est d 'avis quePorphyre, source de Némésius, a pu être aussi I ' in termédiai reentre Alexandre et Calcidius. proôlus, in Tim. Ill 272, 76_20ci te une opin ion de Porph-yre, sur le dest in, opin ion qui pâurrai tprovenir d 'un t ra i té De fato, dont A. Gerckï avai t 'soinconnéI 'existence [Cf . A. Gercke, u Dine platonische Ouel lc d, ig 'Neà-platonismus. 2. Chalc id ius und pseudoplutarcb n, RheiniechcsMuseum, 1.S.41, 1886 (p. 269-275) p.2 ig l ; H. Krausc, Sral icNeoplatonieo, Leipzig, fbOA, p. aa' , a lust ine cetre opin ion deGercke.

4. Àucun dos 17 passages du De fa lo d 'Alerandre auxouslsai t référence I 'édi t ion de Calc id iu i n 'est c i tat ion textu 'e l le.

Page 67: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

Csrprrnn V

ÉDITTONS ET TRADUCTIONS DU DE FATO

N.B. Ce chapitre aurait pu faire I'objet de longs dévelop-pements sur les imprimés grecs d'Alexandre d'Aphrodise,leurg sources et leur présentation. Cela pourrait faireI'objet d'une étude séparée. Il ne semble pas que ce soitle lieu de ce travail. L'édition présente n'implique nulle-ment les résultats d'une telle réflexion.

l. - Les éd,itions d,u texte grec du llepl eipapg.Évr2q'

1534. - La première édition du De fato esr, l'æuvre deVictor Trincavelli. Elle est éditée par les Alde, à Venise,avec les Paraphrases et les Discours de Thémistius.Le titre en est : Tà, toù @ep,r,odou eùgpaàor5ç &æ*vræ,rouréorr æapægp&oeç xcri tr6yol' 'A),e{dv8pou 'Agpo8r-

oré<,rç æepi tluXfrç pl6lia 8r5o xal æepi eig,appuÉv4ç év'Bruns a relevé les leçons de cette édition, sigle al.

1536. - Seconde édition, par le même Victor Trincavelli.Zryrfiiæu'Ale[d,v8pou roù'AgpoSuoué<oç guouxd,, nepi

Ûrlic, èOsxé. Elle est imprimée par Bartolomeo Zanetti.

1588. - Chez Mylander, à Rostock, une nouvelle édition,par J. Caselius : 'Ale(d,v8pou 'AgpoSrorécoç æpàç tori6c,ùroxportdpaç æepi e[g,apg,év4ç xai roù èg' fprîv.

i.658. - Un Anonyme donne, chez Roycroft, à Londres,une édition, accompagnée d'une version latine. Pourla première fois, les extraits d'Eusèbe de Césarée sontutilisés pour l'émendation du texte d'Alexandre.

L824. - Orelli, à Zurich, donne le texte grec du De fato,avec d'autres traités ou extraits concernant le problèmedu destin. Il accompagne son édition de la versionlatine de Grotius. Caspar Orelli ajoute de nombreusesconjectures sur le texte.

1892. - Édition I. Bruna, Suppl. gr. II 2, Berlin. Premiôro

TRADUCTIONS CXXXVII

édition qui tienne compte à la fois des mss. grecr et deséditions anciennes.

1931. - A. FrrzGsn x-o, Aleaander of Aphrodisias onDestiny, addressed to the Emperors, translated inEnglish, Londres, Scholartis Press.

Cette édition posthume donne un Leseteot, qui repro-duit l'édition de Bruns, avec ses fautes (ainsi xclQopQoùvde 206, L2-13, p, 142, 6), pages paires, de 10 à 162.La version anglaise est très étroitement dépendante dela traduction française de J. F. Nourrisson (voir ci-après).

Il. - Les traductions l,atines ilu De fatnt.

xrrro siècle. - Une traduction latine, restée longtempsignorée, est conservée dans trois mss. Vraisemblable-ment due à Guillaume de Moerbeke, elle ollre I'intérêtd'avoir été faite sur une copie grecque en onciales,présentant une tradition dillérente de celle qui estreprésentée_par le prototype de la tradition grecque,le cod. V. Editée en 1963, â Paris, chez Vrin.

1516. - Hieronymus Bagolinus, donne à Vérone, chezAndrea 8., une traduction latine du De fato d'Alexandred'Aphrodise. Cette traduction, revue, sera plusieursfois rééditée au xvre siècle.

1541. - H. Bagolinus et J. B. Bagolinus, rééditent chezScott, à Venise, la traduction de 1516, modifiée quelquepeu.

1544. - G. Hervet, publie chez A. et J. Huguetan, àLyon, une traduction latine 2.

t546. - Réédition de la version de Bagolinus.

1. On consultera I'article de F. Cranz, < The Prelaces to theGreek Editions and Latin Translation of Alexander of Àphro-disias, 1450 ro 1575 >, Proceedings of the Arnerican philolôgicatSociety 112, 1958, p. 510-546.

2. Voici I'intitulé de cette édition : Alesandri AphrodisacîDc fato et de eo qund est in twstra potestate, libcr unrn d GentianoHerçeto Aurelio ecrau.s et christianiecimo rcgi dicatus, Lugduni,75tr4.

Page 68: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

cxxxvlII INTRODUCTION

1549. - Réédition de la version de Bagolinus, chez Scott,Venise.

L552. - Réédition de la version de Bagolinus (?).

1555. - Nouvelle édition chez J. Gryphius, à Venise,de la traduction de Bagolinus.

1559. - H. Scott, publie à nouveau, à Venise, la versionde Bagolinus.

L624, - H. Grotius édite sa traduction latine du De fato,dans son Philosophorunl eeterum de fato et d,e eo quod.in nostra est potestate collectae partim et de graeco eersae,Paris 1624.

1648. - Réédition, chez Elzevir, Leyde, de la versionde Grotius.

1658. - L'Anonyme de Londres édite une version latinetrès voisine de celle de Grotius, avec le grec dont ildonne une édition très neuve 1.

1679. - Réédition de la version de Grotius à Londres.1 824. - Orelli donne, à Zurich, un ouvrage contencnt :

Alexand,ri A phr od,isiens is, A mmonii H er miae filii, Plotini,Bardesanis Syri, et Georgii Gemisti Plethonis De fatoquae supersunt graeca,,, où la traduction de H. Grotiusest éditée.

IIL - Les trad,uctions d,u De fato en langues mod,ernes.

L782. - J. G. Schulthess, dans sa Bibliothek d.er Grie-chischen Philosophen, publiée à Zurich, donne, p. L5L-240du t. IV, une traduction allemande du De fato.

1870. - J.-F, NounnrssoN, accompagne d'une traductionfrançaise, faite sur l'édition d'Orelli, son De la Liberté

1. L'édition de Londres a un double titrc : 'A).eEd,vôoou'Agpoàrcré<,rç

rrpà6 roùç uôcoxpd..ropa.ç æepl elpapprév16 xat toûè9'f19.îv.

Alexandri Àphrodisiensis ad Imperatores de fato et de eoquod nostrae poiestatis est. Cui accessit, 'Appr<alv[,ou

toù 'Epp,elou

elç tô toù 'Aprotorélou6

zrepl êppr.r;ve[a6 rg,!pr,a Seutepov ôn6p.v4p.cr.Londini , Typis Thomas Roycrof t , Impensis Jo. Mart in, JacobiAllcal.rye, & Tho. Dicas, ad insigne Cempanao in CoemiterioD . Pau l i , { 658 .

et d,u Hasoril, essai sur Alexandre d'Aphrodisias. (Toutesles éditions ne donnent pas I 'avant-pràpos, de

"rri pug.r,

qui lrecise que cet essai à été lu aux séan.". d,, 22 ;â"i l" iet du 5 février 1870 par I 'auteur) r.1931. - Traduction anglaise, posthume, de A. Fitz-

Gerald, à Londres, par les soi.rs de A. So,.rter.1961. - N. I. Boussoulas, n Alexandre d,Aphrodise,

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"t^à l: <, responsabilitê t (Opusculum-,M_antissa 169, B4-L72, IE; 17f,, 16_175, 82,' Quaestiones111..5; III 13) avec correcrions, et rrot"r'ci it iq,r.s àI'édition de Bruns 2.

1. Sur Jean-Fél ix Nourr isson, cf . la b iographie .hagiogra_

Bliï".*ï: à, Henry rhédenat, U", C;;i;;; un.eersûa,ûe,.rean .r ètrx Nourrjsson, membre de I ' Inst i tut, lg2b_iggg;P a r i s , 1 9 0 1 .2. De cet important travai l , paru.alors que le présent ouvrageétait soue presie. i l m'a éré impossible d"- i ; ; i r : ;"-pte autanrqu' i l eût éié souiraitable.

TRADTJCTIONS cxxx tx

*Tç:rrÉ"

Page 69: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

CsrptrnB VI

La préænte édition.

L'édition du æepi eig,apçr.év46 qui est ici présentée, neprétend pas remplacer l'édition donnée par I. Bruns dansle Supplementum Aristotelicum de I'Académie de Berlin.Le savant allemand avait utilisé tous les manuscrits delui connus - mais dont, pour certains, il n'avait qu'uncollationnement partiel, et de seconde main - auxquelsil avait adjoint les éditions antérieures : les deux éditionsde Trincavelli, 1534 et 1536, l'édition anonyme de Londres,1658, et celle d'Orelli, 1824. Il avait tenu compte de laplupart des codex du xve et du xvre siècle, tout en sachantque beaucoup de Ieurs leçons n'étaient que conjectures(c'est le cas de B1).

Les principes de la présente édition sont tout autres.On a vu que le cod. V était un exemplaire de translitté-1q1isn - ce que Bruns avait déjà reconnu. Cette particu-larité doit permettre, en cas de fautes textuelles, de tenterde remédier à cette faute en en cherchant la cause dans lefait que le modèle était une copie en onciales. Par chance,le cod. V révèle, à qui cherche à le voir, que son modèle,que j'ai appelé A, était copié en lignes d'environ 16 lettres,ce qui peut, en certains cas, fournir un principe d'expli-cation des fautes du copiste qui translittérait en minusculele texte olÏert par ce modèle. En conséquence, la tâchede l'éditeur est d'essayer de publiet ce rnodèle perdu,I'archétype A.

La découverte d'une version latine médiévale, dont lesigle 6 représente Ie texte critique, établi à partir destrois manuscrits actuellement connus, ouvre, dans unedirection nouvelle, le travail de l'éditeur. Une lecturerapide permet de constater que Gl est indépendant de V,et de son modèle A. Un exâmen plus approfondi révèleque 0 est une version faite sur un modèle en onciales.J'ai appelé | cet archétype perdu, qui a servi de bage à latraduction latine. Indépendamment du fait quo 6 con-

t-*,

#;îe

i

LA PRÉSBNTE ÉDITION C X L I

firme la mise en lignes de 16 lettres de I'archétype Â,les caractères de la version latine permettent, dans laplupart des cas, de reconstituer avec précision le grecde I'archétype f. La tâche de l'éditeur est de chercherà reconstituer le grec de cet archétype, et de tenir comptede ce deuxième manuscrit perdu pour améliorer le textegrec donné par le cod. V.

Àinsi, primitivement, cette édition ne devait comprendreque les deux textes de V et de 0, et viser à donner, àI'aide des deux archétypes perdus, un texte aussi lisibleque possible. Mais, ce projet n'est pas totalement réal i-sable : il reste des passages qui résistent à l'intelligibilité,des fautes qui échappent à I 'expl icat ion. C'est pourquoion a cru devoir tenir compte, également, d,es recentiores,c'est-à-dire des manuscrits qui dépendent de V. Peut-être la pureté de la tradition grecque n'est-elle pas aussigrande gue Bruns I 'avait imaginé. Un certain nombrede leçons des recentiores, en particulier de 82, sont enconsonance avec O, et pourraient provenir d'une conta-mination avec la version latine elle-même, D'où I'impres-sion que la tradition de certains d.es recentiores est mêlée.

Un essai de stemma est ici présenté, qui permet de sereprésenter les rapports entre les codea et les premièresédit ions.

Seuls les Marciani (V B S) et les Parisini (A C), ontété col lat ionnés sur place - et souvent revus sur micro-films. Les autres manuscrits ont été collationnés sur micro-f i lms fournis par I ' Inst i tut de Recherche et d' I{ istoiredes Textes.

L'apparat utilise les sigles de Bruns, auxquels il ajoutele sigle qui représente l'édition de la version latine : 0.

Ce m'est un devoir de remercier mon réviseur dontla di l igence acribie a remédié à bien des fautes del'éditeur ; A.

'Wartelle n'a aucune responsabilité dans

les eneurs qui subsistent dans ce travail.

i&

Page 70: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

C X L I I INTRODUCTION

Versions latines Tradition grecque

200 o)

300

L534r536!541

1588 Caselius .,'"

1658

Brsuocnepurn

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Bagolinor'

j . l i' r l i

t :I i "di| . . ;l ' i il i i 'l j j

lt'lit

^ " ' t iLondon

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-B I tsL IOI }RAPHIE cxLv I l

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TABLE DES SIGLES

Venetus l\{arcianus gr. 258 (668), parchemin, rxo s.

Venetus Marcianus gr. 261 (725), papier, xve siècle.

Hauniensis BVH 88 Fabricius, papier oriental, xve siècle.

Bernensis 402, papier, xvo siècle.Mutinensis Estensis III G 6 (a.V.6.12), papier,xvre siècle.Vossianus Q 25, papier, xve s.

Venetus Marcianus gr. App. M0 (833), parchemin,xvr€ g.

K Vaticanus Urbinas gr. 54, papier, 1614.

A Parisinus gr. 1868, papier, xvlê s.

C Parisinus gr. 2049, papier, xvts s.

6 Version latine de Guillaume de Moerbeke, éditioncritique (l est I'archétype).

Trincavelli I V. Trincavelle, Aldes 1534.

Trincavelli I V. Trincavelle, Zanetti 1536.

Cas. Édition de Caselius 1588.

Lond. Édition de I'Anonyme de Londres, 1658.

Bruns. Éditiott de' Ivo Bruns, 1892.

Sont notées également des conjectures de

A. Grncre, Chrysippea, Jahrbuch fûr klass. Philol.suppl. 14, Leipzig 1885.

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Page 79: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

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l1ALEXANDRE D'APHRODISE

AUX EMPEREURS.

Du destin et de la liberté.

1. J'avais souhaité, très grands Empereurs Sévère

et Antonin, venir auprès de vous pour vous voir,

vous saluer et vous remercier pour les faveurs quej'ai souvent reçues de vous : j 'ai toujours obtenu

tout ce que j 'avais demandé, avecr en substance,

cette attestation que, présentant de pareil les demandes,j 'étais digne de me les voir accordcr. Mais puisqu'i l

est permis, à qui ne peut of[rir un sacrifice en étant

présent aux cérémonies sacrées, de sacrif ier à leur

occasion de n'importe où et en n'importe quel l ieu,

et d'r.nvoyr r Lrs ollrandes qu'i l est dans I ' incapacité

de préscntr r lui-même, je me suis autorir.é à votre

égard de la l ibt 'rté dont on use cnvers la divinité,

et je vous adresse en prémiccs de nos fruits une

ofirande qui vous convient le mieux entre toutes.

Quelle o{Irande en eIlet conviendrait mieux à ceux

qui honorcnt sincèrement la philosophie et la mettent

au premier rang qu'un l ivre ayant pour objet une

étude de philosophie ?Ce livre contient la doctrine d'Aristote concernant

le destin et notre l iberté; c'est de la doctrine de ce

philosophe que je suis maître pour avoir reçu publi'

AAE=ANÂPOY AOPOAI>IEO: NPOI TOY> AYTOKPATOPA:NEPI EIMAPMENH:.

1. 'Hv pèv ôr'eù1ffs por, péyroror cùtorpôropes lepfiprrcai 'Avr<ovîve,

cûtQ yevopévtg rrop' ùpîv iôeîv re ûpôçroi rpooerreîv roi xc0opoÀoy{ocr;1ôprv ôv0' 6v ËrroOoyeû norp' ûpôv rroÀÀôrcrg, cri,ei tu;1ùv rrôvtrov 6v {fiocc perèpcprupi<rg (toroûr)r1s ôirorog elvcr tuyléverv tornûrc<ritoûpevos. 'Errei ôè èSeîtor, xoi ei pi1 ncpôv rrs roîsie poîg Oûerv 6ûvcrrcr, tô Oûer. cùtoîs novto,160ev t:rci rrovto;çoû xoi néprrerv ôvc0ripoto ô pi1 ropilervcritàs oÎôs re, èOôpo1oc rrpàs rlpôs tfi rrpôs rà 0eîovê$oucig, xai nvc rircrpyr)v ûpîv tôv ripetêprov rcrprrôvôvôOr1po rréprlcr oirerdrorov tipîv ôvo0r1pôrorv érrôvtrov.Ti yàp ôv oirer6tepov toî5 yvlcltos ôrÀo<roôiov rrpôoiv tcrai rrpoôyouorv &v&0r;po yévor,to prpÀiou ùrtrclvoupévou0eop(crv {rÀéoo{ov ;

llepÉ1er te tô pfÀiov t{v ôri$cv rilv 'AprcrtoréÀous

fiv Ë1er rrepi re eipoppév1s rq.i toû ê{' {pîv, oû rffs {rÀo-

, Trrvr.vs 'AÀe[dvôpou 'Agpoôr,or,é<,rq æpô6 toùç aùtoxpdtoporç naplelg.app.évqç xcrù toû è9' t1p,iv VBECS Parm. Ross. 6 Ambr.F 88 sup. Oxon. Àuct. T. I. 18. 'Atre[civôpou

ro6 'Aqpo-àrcr,é<,rç ... K 'Ale(civôpou 'AgpoôroÉto6 zrepl el,pcrppév1ç

'xal

toû èg' lpciv T npôç toùç c.ùtoxpcttopaç rrepl e[papp.évr16 xaltoû è9' flpiv H ll 3 Xe6ipe : oeuipe E ll 6 zto)r),crxri (sic)V ll 7 torcrûr46 ego cx 6 tali : tc Vff ri6 Bs ôv Emg Hmgôç Lond. ll 8 ègeîrar, VIIE : êvcéÀtrerar Vmg HGI proàcipiturll 11 crùrôç I aùtol6 ci. Lond. ll 12 è[ouo[q VB : g,r,s.i1oer. Btéfouotcrq E ll 12 <ircrpXilv B HES : &tupyiç Vr dn' dpric BKa principio g ll 1? nepr.êaet 82 0 : nepr{erv VBE Trindàvelli r.

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Page 80: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

164,14-L65,71 DU DESTIN 1

quement, grâcc à votrc attestation, mission de I 'en-

seigncr. Cc sujet n'est cn rien inférieur à aucun des

sujcts dont traite la philosophie; son uti l i té, en c{fet,

s'étend partout ct à tous les domaincs (car i ls ne se

comportcnt pas dc même façon, ceux qui sont con-

vaincus que tous lcs événements sont nécessaires et

sournis att dcstin, ct ccttx potrr qui certains événe-

rnents semblent sc produire sans même qu'i l y ait

de tous des causcs prédétcrminantes), en même

temps la découverte de la vérité à ce sujet est des

plus diff ici les parce quc, à I 'encoutre de chacune dcs

opinions, paraissent s' inscrirc en faux de nombreux

témoignages manifestes.Mais puisque la structure de certaines doetrines

devient plus claire grâce à la contradiction apportéeà ceux dont I'enseignement est dillérent, et parmi

eux surtout ceux selon lesquels il serait possible de

dire quelque chose de plus ample que selon la doctrine

d'Aristote 1, je construirai mon argument contre

ceux qui n'ont pas professé sur ce point les mêmesidées que lui, afin que, par ce rapprochement d'ensei-

gnements, la vérité soit pour vous plus manifeste.

Le choix de notre propos ne vise point à I 'ostentation,

mais à une recherche et à un enseignement du sujet

plus exacts, en y apportant le même soin que celui

qu'on peut voir être habituellement le vôtre dans

tout ce que vorrs faites. Car on ne peut, dans vos

actions, en trouver absolument aucune que vous

ayez accomplie en préférant le paraître à la vérité.

Si, dans votre lecture à loisir, il vous semble que

quelque chose ait besoin d'ôtre exprimé de façon

I C'est-À-dire n de parler de sujete qui dépassent la doctrined'Arietoto r. En suivant 6 : différent], o noue qui auivonr ladoctr ine d'Aristote, nour construirons'. . )

1 5

20

2 TTEPI EIMÀPMENHX I 164,14.165,11

co$log rpotctcpar ûnà rffs ûpcrÉpos poptuplag ô16&o-roÀos oùrîs rerlpuypévos. "Ean Eè oùôevàs ôeûrepovtôv xctù {rÀoco{icrv ôoypéttov rouri tô ô6ypc .

ff ".yàp &rr' oùtoû lpeio rcvto;1oO te rcoi êrri trôvto ôrcreiver(où yôp ôpoito5 rrepi ràg rrpô$ers ëlouorv oî te rrôvtoêf ôvôyqs rci rco0' eipcppév1v yiyveoOar rrerrrcreuxdreçxoi ols ôoreî yiveo0ol trvo xoi pi1 tôv rrôvr<,rv ëceoOcrrrpoxot<rpepÀ1pévcrs <riric5 [ëloucrv]), { re eûpecrs tffsôÀr1Oeios rfls êv aûtff 1crÀerrotôtr1 tQ ôoreîv tôv ôofôvérorépc noÀÀà èvtrpcr.prupeîv rôv êvopyôv.

'Errei ôè êviorv ôoypôrov (rj) rcotcrorceuil ôrà rilv npèg

toùs pi1 ôpoit'rs Àéyovtos ôvtrÀoyicrv yivetor {crveporépcôv êv roîs pôÀrotc rccr' cùroùg otdv t'eî1 tr peilro fixctà t{v 'AprototéÀou5

ô6fov elneîv, æonioopor tôvÀ6yov npôg roùg où1 ôpoito5 èrceivrg trepi toûttov eiprl-rdrtrg, 6rrars êv tfr rôv Àeyoprévorv rropcrOécer {ovepôrepovripîv tèÀr10ès yév1tar. "Eotr ôè { rôv Àôyrov tôv ripreréporvrrpoolpeor5 où rpàs ètl(6er$rv veve urcuîo, ôÀÀù rrpàgê$étcroiv re rci ErôoorcÀiav rôv rrpoxerpévtov ôrprBeo-répcrv iiv rci ripôg rrôorv o15 rrpôocete ôpôv ëveotrvètqÀorcdtos. OùEepiov yoûv rpôfrv ûy.ôv ëonv eùpcîv

fi tù" $ovtcroiav rrpô tffs ôÀr10<icg oxonôv rrerroilror.Ei ôÊ tl rcctù o1oÀ{v êvtuy;1ôvouorv ripîv tQ prBÀig

ôeîoOcrr ô6fer pr1Ofrvor yvtoprpôtepov, ,&frô trpq0ffvcr

l_æpototay.at ] è-nlocag,ar E (npo[ in mg). ll ? rôv zcdvtcov egoex të onnlunù : toû rrdvr<oç VB ll 8 ëlouotv VE seclusi : Élovior^Vl BH oT. 6 ll 9 aùcfr V : cùt{r ci. Orelli dpso 6' (an9{rp".r vel_potius el,g,ctp.pr.év1 : fatà ?). ll 11 tr aâ<I. Diels ;;12 pf .s.v. \6 non.@ in ras. B : om. VE &vtrÀoltcrv V6 :d,vtr,Io1[a_V ll. -13 qctÀr,o.ra] a in ras. V xac' orùtoù6'conjici ;xaç'aùroù codd. x&v aùtô Àrnim xal aùtô Hackforih oÂ. Oxrt' .tltoû oùôèv. olpar..Lond. Trincavclli I olév t,el4 tl pel(col_ .cjrliici : teielev. pe[,(o et (sic) V (tr in mg.) il, .t"u itHS2 Trincavel l i .( l pro el) t i elev E' (etp1x6rËi in mag. l i14_rot lo_gp1.codd...: norzjoog.ev 6 fa,ciàni,ts ll 1Z ùptiv i !t1pïv B 0 Trincavelli Lond. li 18 vevéuxuîz B :'veuveuxuia \' ll8 1 1 t v l o . û l E f l V i . v . : è v f i E i l Z B s . o m . H l l 2 d E e i o 0 a rom. E ô6[er VoB : t6(,ar, VE.

Page 81: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

165,11-166,2 DU DESTIN 2

plus intell igiblc, j 'estimc devoir être honoré et parcette appréciation dc votre part et si vous m'écrivezpour des dcmandcs d'explications. I l n'est pas facileen elïct de rendre tout intell igible dans un scul l ivre :et le sujr:t lui-même, et ce qui peut être uti le à soninterprétation.

2. Tout d'abord, que le destin soit, et qu'i l soit causeque des événements se produisent selon lui, l 'opinioncommune l 'établit sufl isamment - car elle n'est pasvaine, ni hors d'état de saisir le vrai, la communenature des humains, en vertu de laquelle i ls s'accor-dent entre eux sut certaines choses, ceux d'entre euxdu moins qui ne sont pas contraints, en raison decertaines opinions antérieurement adoptées par eux,de parler difléremment pour en vouloir sauver lesconséquences logiques I c'est pourquoi Anaxagore deClazomènes lui-même, quoiqu'i l soit, du reste, parmieeux qui se sont occupés de philosophie de la nature,loin d'être I 'un des derniers, n'est pas digne de con-fiance quand il s' inscrit en faux contre la croyancecommune au destin ; c'est bien lui en e{ïet qui ditqu'aucun événement ne se produit en vertu du destin,et que c'est là un mot vide de sens -, mais, s'agit-i lde la nature du destin et des domaines ou s'exerceson action ? elle ne sulfit plus. Non seulement, en efÏet,tous les hommes ne sont pas d'accord entre eux,mais l 'opinion commune n'est pas su{fisante pourI' interpréter. Car non seulement les uns avec les autres,mais encore chacun en soi-même ne pense pas toujoursles mêmes choses à son sujet. Car selon les momentset selon les occasions circonstancielles, on changeégalement d'opinion relativement au destin. Ceuxd'entre eux en efiet qui professent que tout se produitselon le destin soutiennent que le destin est une cause

t0

3 IIEPI EIMÀPMENHE 2 165,11-166,2

rcri toûtg tfi npfl rpôs ùFôv x<ri ypo{ffvoi por nepirôv tr;toupévov

' où6è yàp p,iôrov rrôvro yvôprpcrrorflocr ôr' êvàs BrBÀiou oùrô re rà rrporceipeyo rclots trs 1pfftot rrpèg tilv ptivucrv <rùtôv.

2. Tô pèv otv elvci tr t{v eipcppév1v rcoi citiov etvorroû yiveoOcl lrvo rct' oùd;v irovôs ri rôv ôv0p6rrovcuviorlcrv zrp6Àr1lrs (où yùp r<evàv oùô' ôorolov rôÀ1goûgri rorvil rôv ôv0pôrarv Sûorç ro0' fiv rrepi trvorv ôpo6o-

foOcrv ,ùÀÀriÀor5, 6oor ye crùtôv pi1 ôrô nvo5 rrpoKoro-peBÀ1pévos ôrifos û{' oûtôv ôrà tô oôlerv poûÀeo0or

tùv rpôs oùtàs ô,roÀouOicv ëÀÀros ôvcyr<ôlovtcrrÀÊyerv ' ôi fiv oiticv oùEè 'Avotoy6pcs

ô KÀolopévros,xairor r&ÀÀc ôv êv roîs tdv {ucrxrjv {rÀooo{icv $rÀooo-{ric<rorv oùr ônepprppévo5, oùx ô$r6rrroro g ôvllp<rptupôvrfl rorvff tôv ôv0p<6rrtov nioter repi eipoppÉvt1s . Àéyeyùp oûrds ye pr1ôèv tôv yrvopévrov yiveo0or ro0' eipcp-pËv1v, ôÀÀ' etvor rcevôv roûro roùvopo), ri ôé rrot' Êorivri eipappévq roi êv riow ; oùrên . où yàp pôvov oùrèÀÀriÀors &rrtrvte s (oup{r,rvoûorv), àÀÀ' oùôè r] tôvùv0ptirrtov rorv{ rrp6Àr1*rs ircovù roûro p1vûocr.r. Oûreyèp ,ùÀÀriÀors &rrovtes, ôÀÀ' oùôè c.ùrôg oûtQ te zreplcùrffs oiei fcrùtQ] rù. cùrù ôofôler. flpôs yùp toùs rcr-porig re xoi tùs nepreotôocg rû;çog rcci r{v rrepi rfiseipcppév1s ô6fov petc$épouorv. "Ooor pèv yàp cùtôvrtôvtc r<r0' eipcppévr1v yiveoOcrr Àéyouorv, rilv eipoppêv1v

. .r .rglc YB Hyp : æap'HE.Lond. l l 2 pdôrov V6 HBE : paàr<ov(sic) V ll 7 o.rvtor4crv I ouv/1or4or E ll'tcil10oû6 I dlr0oûq E ll13 xa[çor.. . dæepplpelolç glossa suspicatur : om. 0' l l td). i .àôv èv coî6 V6_ P , d).).cr- tov auroîç (sic) V om. O 11 fednepprg.pévo6 VBH ll 18 oùxérr ego ex. 6 rutn odhuz BH :orlxé0' V où xa061ou ES oupgcovoûoiv ego add. ex @ concor-rJant om. codd.. ll !Q__xo1vl2 om. E p,1ùoar VBH ll ZZ a$tipcecl. Brune : aùtQ VH cûrQ B.

Page 82: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

#i.

;9766,2-22 DU DESTIN à8

insurmontable et inévitable, tandis qu'i l y en a auxyeux de gui tous les événements ne se produisent passelon le destin, mais qui soutiennent qu'i l y a aussid'autres causes aux événements ; i ls vont mêmejusqu'à soutenir que le destin lui-même n'est pasimmuable et insurmontable, mais que certaines deschoses qui naturellement se produiraient selon ledestin peuvent ne pas se produire selon lui, maiscontre le sort, comme disent les poètes, et contre ledestin. I l y en a d'autres pour qui parfois tous lesévénements ont l 'air de se produire selon le destin,surtout si la fortune leur est contraire, mais, réussis-sent-i ls dans leurs projets, i ls soutiennent qu'i ls sonteux-mêmes les artisans de leur succès, comme si cequi survient normalement n'eût pas dû survenir sieux-mêmes n'avaient pas agi dans ce sens phrtôtque dans tel autre, comme s'i ls étaient l ibres égale-ment de ne pas agir de la même manière.

En raison de ce désaccord, i l est nécessaire auxphilosophes de procéder à une recherche sur le destin,à savoir non pas s'i l existe, mais quel i l est et dansquels événements et dans quels êtres on rencontreune telle nature.

3. Que donc le destin soit une cause pour les événe-ments, ce que disent tous ceux qui disent quclquechose du destin, c'est facile à comprendre, car i lsle définissent en disant qu'i l est cause du fait que lesévénements se produisent de la manière dont i ls seproduisent. Mais puisque le mot cause se dit en plu-sieurs sens, i l est nécessaire pour ceux qui étudienten ordre ce problème, d'établir d'abord sous quelleespèce de cause il convient de mettre la notion ded,'stin. Rien dc ce qui sc dit en beaucoup de sensn'cst bicn conrpris sans cxpliciter à quelle subdivi-s ion par t ieu l ièrp i l appart ient ,

{0

NEPI EIMAPMENHE %3 166,2-22

ûnoÀcppôvouorv d,nop&pct6v tvc attl<rv clvcr roi

èvcrrôEpcorov, eici E' ots oû névrc tù yrv6peva yivecOor

Eoreî ra0' eipoppÉvr1v, ôÀÀ' elvoi tvos rlrroÀoppôvoucrv

tôv yr.vopÉvr,rv roi &ÀÀas citios ' ôÀÀ' oùEè t{v eipop-

pév1v oùd1v tô rréyr6v te rcot ôrcpôporov ë1er,v tiOevtor,

ôÀÀù yiveo0oi trvo roi rôv xc0' eipcrppÉvr1v yivecr0or

rte,fiurôrorv où rot' oûtriv, ôÀÀ,ir ncrpè poîpov, ôg oi

rrorltoi {oorv, roi rropà d1v ripoppÉv1v. 'Eot

ô' ots

rrorè rr&vro yiveoOcr tè yrvdpevo Eoreî ro0' eipcppév1v

xcl pôÀur' ôv cùtoîs rà tfls tû1qs ôvtrrrirrrn, Korop-

Ooûwes ôè èv toîs trporcerpÉvot5 cûroùs critioug elvor

tôv rctop0opôrov ûrroÀoppôvoucrv, ôs oùr< ôv ôrr<rv-

t1côvrov tôv ôn1vt1r6trov, ei p{ oùtoi tôEe pôÀÀov

Ërrpo$cv àvti rôvôe, ôg Ë;lovres roi roû pi1 rrpôrterv

oùtù #1v èfouoicv.

Ar' fiv ôrc{r,rvicv èvcyrcric roî9 $rÀo<ro{oûcrv n

[ritrlcrs { rrepi tfis eipoppévlç, oùr ei ëcrrv, ôÀÀù ti

rror' êstiv roi èv riorv rôv yrvopévov te xoi ôvtorv êodv ri

toroûrr1 {ûors.

3. "On pèv oûv <ririov trvù r{v eipoppévqv toîs yrvopévor,g

etvor Àéyou<rrv rrôvreg oi rrepi eipcppÉv1s Àéyovrés tr,

yvôpr.pov ' toût1v yùp àrro8rôôoaiv re rc,i {oorv ciricrv

efvcr roû yiveoOor rù lrvdpevc ôv rpdrrov yiveror, 'Errei

ôè rtÀeovc1ôs Àéyetar tà cïtc, ôvoyroîov toîg èv

rô$er tà rrpdpÀ1po petoûorv npôrov Àopeîv, ûrrô tivc

tp6rrov rôv airiov 1pi1 rûévo r{v eipoppév1v ' oùôèv

yùp rôv noÀÀc1ôs Àeyopêvorv yvriprpov Xr,rpis rîs

oireiog ôrorpéoetog Àe16pevov.

4 tôv lrvoptévov om. II 'ouôe' lsic) Y nequ.e 0 ll 7 xat'

aùrlv V H1p : r.acù taÛrqv H ll 8 elpepptévz1v ] qv in ras. V ll11 arlroùç H ll 21 ante elvar 6v \ qwrum 0 : del Vo om. BHEll 18 re V6 B: tt V 0 ll 98 ylvetcr V6 : T[vco0ar V B 6 ll26 rp6tov Va B 0 : rrpôt1v V.

15

Page 83: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

i5aYIc

166,2-22 DU DESTIN à8

insurmontable et inévitable, tandis qu'i l y en a auxyeux de qui tous les événements ne se produisent passelon le destin, mais qui soutiennent qu'i l y a aussid'autres causes aux événements I i ls vont mêmejusqu'à soutenir que le destin lui-même n'est pasimmuable et insurmontable, mais que certaines deschoses qui naturellement se produiraient selon ledestin peuvent ne pas se produire selon lui, maiscontre le sort, comme disent les poètes, et contre ledestin. I l y en a d'autres pour qui parfois tous lesévénements ont l 'air de se produire selon le destin,surtout si la fortune leur est contraire, mais, réussis-sent-i ls dans leurs projets, i ls soutiennent qu'i ls sonteux-mêmes les artisans de leur succès, comme si cequi survient normalement n'eût pas dû survenir sieux-mêmes n'avaient pas agi dans ce sens phrtôtque dans tel autre, comme s'i ls étaient l ibres égale-ment de ne pas agir de la même manière.

En raison de ce désaccord, i l est nécessaire auxphilosophes de procéder à une recherche sur le destin,à savoir non pas s'i l existe, mais quel i l est et dansquels événements et dans quels êtres on rencontreune telle nature.

3. Que donc le destin soit une cause pour les événe-ments, ce que disent tous ceux qui disent quelquechose du destin, c'est facile à comprendre, car i lsle définissent en disant qu'i l est cause du fait que lesévénements se produisent de la manière dont i ls seproduisent. Mais puisque le mot cause se dit en plu-sieurs sens, i l est nécessaire pour ceux qui étudienten ordre ce problème, d'établir d'abord sous quelleespèce de cause il convient de rnettre la notion ded,.stin. Rien dc ce qui sc dit en beaucoup de sensn'cst bicn conrpris sans cxpliciter à quelle subdivi 'sion partieulière i l appartient,

4 IIEPI EIX{APMENHE 2-8 I 66 ,2-22

ûrroÀcppôvouorv ôrtopépct6v tvtr clt(<rv ctvct rci

ôvcrrrdôpoorov, eici ô' ots où n&vto tù yrvdpevc yiveoOar

ôoxeî rcr0' eipoppév1v, &ÀÀ' elvoi nvos rirroÀoppôvouorv

tôv yrvopévorv xci &ÀÀos oit(os ôÀÀ' ori6è t{v etpop-

pévt1v oùti1v tô nôyr6v te xoi ôtopôpcrrov ë1erv ti0evtor,

ôÀÀà yiveoOoi trvo roi tôv ro0' eipcrppévr1v yiveoOcr

rre{urdrrov où r<ct' oùtriv, ôÀÀà rrcrpè poîpov, ôg oi

rorltoi {oor.v, roi nopà t{v eipoppévqv. 'Eon ô' otg

rrotè nôvto yiveo0crr tù yrvdpevo ôoreî xoO' eipoppËvqv

roi pôÀror' ôv oùroîs tà tfls rÛ11s ôvtrnirrtg, xotop-

0oûvtes ôè èv toîs rporcerpÉvorg crriroùs oitioug elvar

tôv rctopOopôrov ûrroÀoppôvou<rrv, ôs oùr ôv ôrrcrv-

t1côvtr,rv tôv àrr1vt1rôtov, ei p{ oùtoi tôôe pôÀÀov

ërrpo$<rv ôvti rôvEe, ôg ë;lovteg rcr.i roû pil zrpôrterv

oùtà tilv ètouoicrv.

Ar' fiv ôro{arvicrv ôvcyrcoic toîs {rÀoco{oûcrv i

Itltlors ri nepi rfis eipcppév1S, oùr ei ëcnv, ôÀÀà ti

rrot' èoriv roi êv tiorv tôv yrvopévov te rcai ôvtov êotiv ti

toroût1 {ûcrs.

3. "Otr pèv oOv aitiov tr.vù t{v eipoppév1v toî5 yrvopévor5

elvcl Àéyoucrv rrôvtes oi lrepi etpoppév1s Àéyovtés rt,

yvôprpov ' toût1v yàp àroôrôricoiv te rcr'i {crcrv oiricrv

etvcrr toû yiveo0or. rà ylvdpevc ôv tpdrrov yivetor, 'Errei

ôè rrÀeovcr;çôg ÀÉyetar tù crTtrcl, èvoyroîov toîs Èv

tôfer tà np6pÀ1po petroûorv rrpôrov Àopeîv, ûnô tivc

rp6nov rôv ciri<,rv 1pi1 n0évor tilv eipcppév1v ' oùôèv

Vùp tôv rroÀÀo1ôs Àeyopévrov yvôprpov Xtopis rîs

oireias ôrcrrpéoero5 Àey6pevov.

4 tôv 1r,vopév(ov om. H 'ouôe' (sic) V neqræ @ ll 7 xa.r'aùrùv V Hyp : xatù taÛqv H ll 8 elg.ocppév1v ] 1v in ras. V ll11 cùtoù6 H ll 21 ante elvocr ôv Y quorum 0 : del VG om. BHEll 1E te V6 B: tr V O ll 28 yl,vetct V6 : y[vcoOcrr V B 6 ll26 æpôtov V6 B @ : æpôt1v V.

15

Page 84: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

166,22-167,12 DU DESTIN 8

On sait que les causes des événements se divisenten guatrc espèces de causes, selon I 'enseignementdu divin Aristote. Parmi les causes, en e{Iet, les unessont efl icientes, les autres se définissent commernatière ; une dc ccs espècrrs est aussi la cause selonla forme ; outre ces trois causes, est encore causale,parmi ccs espèces, Ia fin en vue de quoi aussi l 'événe-rnent se produit.

Telles sont donc les distinctions entre les causes.Par suite, quelle que soit la cause d'un fait, on trou-vera toujours qu'i l s'agit de l 'une de ces causes. EnefÏet, si tous les événements ne requièrent point autantde causes, cependant ceux qui en requièrent le plusne dépassent pas le nombre indiqué.

La distinction entre les causes deviendra plusfacile à comprendre si on la voit sur un exemple.Prenons ainsi une statue r pour rnontrer la distinctionentre les causes. Eh bien, de la statue comme cause

-e{ficiente i l y a I 'artiste qui I 'a façonnée, nous I 'appe-Ions le stat.uaire. Comme matière, i l y a l 'airain

-ou

la piene, ou quoi que ce soit à quoi I 'artiste a donnéforme selon son art, car c'est là aussi une cause de laproduction et de l 'être de la statue. I l y a encoreIa forme qui est donnée à ce substrat par l 'artiste,et c'est là aussi pour la stâtue une cause grâce àlaquelle elle est représentation d'un discobole, d'unlutteur ou de toute autre figure déterminée. Mais cene sont point là les seules causes de la productionde Ia statue. En efÏet, à aucune de ces causes de saproduction n'est inférieure la fin pour laquelle ellea été produite : honorer quelqu'un ou, envers un dieu,acte de piété, car sans cette dernière cause la statuen'ex is tera i t pas du tout .

.1. L 'oxemple de la etatue n ' i l lustre jamais les quatre caurerchez Ar istote. Cf . S. Sct t is , RFIC 50,1973, p. 303.

5 JIEPI EIMAPMENH> g 166,22_t(:)?,12

Arcrr.peîtar ô{ rù rôv yrvopêvorv oîno eig tp6rrou5oitiarv téoocrpos, rcr0ôs ô Oeîoç 'AprcmotéÀ1s

ôi8.,1.r,.Tôv yùp cititov tà prév êot norqrrrcô, rà 6è ùf1s e"rE.,À6yov, ëotr ôé trs êv oùtoîç r<oi ri rcotà tô elôo5 aitio .

5 rropà ôè rùs rpeîg rclr3ros oiricts êariv citr.ov èv oûtoî5rcri rà réÀos oû 1ôprv rci tô yrvdpevov yivetcr.

Kci tocoûtor pèv oi rôv oitiorv Ero{opoi. "Otr yùp ôvcritrov fi trvog, ûrrô roûrtoy rr rôv oititov ôv eûpeOrjoe"orKcri yùp ei p{ zrôwc tà yrvdpevc toqorittov oitirov 6eîtcr,

10 'ùÀÀô tô ye rÀeÉottov ôedpevo oû1 ùnreppoiver tôv ôprOpôvtàv eipqpévov.

l-vtoprptotépo yàp ôv cùrôv ri ôrc{opà yiyvorto eiê,ni rrcpcrôeiypcrôg trvo5 rôv yrvopévov ôpcrOei1. 'Ecttr

yùp èr' àvôprôvto5 "ipî" i rôv oitirov ôerrcvupévr1 ôroipeorg.r5 Toû ô{ ôvôptévtos ôs pèv rorqrrr<ôv aTnov ô rronioog

relvirls ôv ôvôprovronorôv roÀoûpev, ôs ôè i ûÀ1 ôùnoreipevo5 pÀrcôs fl Ài0os ii 6n ôv fi rô ùrrô toû relvirouollpctrldpevov rorà ri;v ré1v1v . cîtrov yùp xoi roûrotoû yeyovÉvc.r re roi elvor rôv ôvôprôvro. .Eat

ôè rcri rèz0 el8os rô êv tQ ùrroretpév<,r toût<,r yevdpevov rlrrô toû

relvirou rcoi aùrô roû ôvôprôvtog oîrrov ôr' 3 èotr,veÎôos ôr,cxeûtov fi ôrovri(orv ii êrr' ôÀÀou trvôs ôpropêvoucripcrtos. Où p,5vcr ôê taOto tfls toû ôvôprôvro5 y.r!o.r5aitré èonv . où6evôs yùp tôv cititov rffs yevéoeos cùtoO

25 Eeûrepov rà tÉÀos of 1ôprv yeyovdg êon, ff npri trvogfi eig Oeôv eùoéperô ng. "Aveu yàp roroûtr1s cirias oùô'êv d1v ôp1{v ô ôvEpùs èyévero.

2 xaOôc lxaO'd.c E ô-0eioc Euseb. Lond. : o:, l ; iuq V U D9,11; Jî "-.-BH. 1i e "i__eù-v o-:;-br ii-;;",j".; .:

i; ],,i,ii: Ë: Ë :.';: ;"::f I u$; "ii îi,ï,ffi:i3î.,*?; ,l;codd. 0 : ôl 9useb._ l l lb ôù cotld. Gj , 5é L,r."rr. l l 20 roùt<oyÊvolrevov om. -ri ll ?q^y*p s.v. V ll p6 elç del R2 om. 0 OeàiEuseD. : ttvo6 codd. 0eor)6 Bruns ll 26_27 oûô' êv V6 B @ : oùrôp v.

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Page 85: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

167,12-168,6 DU DESTIN 8.46 IIEPI EIMAPMENH' 8.4 167,12-168,6

"Ovtorv toivuv rocoûtov tôv siti<ov xci r)v rrpôg

ëÀÀ1Àcr ôro{opàv ê16vt<ov yvôprpov rilv eipcppév1v

Ëv roîs toroûtors ciriorg ôrroios ôv rctopr0poîpev ôvo-

Àoyiov côlouoov rrpôg rù yrvdpevo ror' cùtilv rQ roû

ùvôprôwos ôqproupyQ te1vit11.

4. Toûtou ô' oût<'rs ë;lovrog ôréÀou0ov ôv ei1 repi tôv

rror;trrcôv oititov norrlocoOor tàv Àôyov. Oûtos yèp ëoror

yvôprpov eI te nôvrov rôv yrvopévrov 1pl tlv eipcppév1v

oitrôoOcrr, ei re ôeî rcci ËÀÀor9 nciv rrcrpù rrivôe ouy;to-

peîv ôg oûorv rrorqrrroîg trvov oiriors.'Artôvtorv ôr\ rôv yrvopévov 'ApratotéÀr1g noro,3pevoç

tilv ôroipeclv rù pèv crrltôv tvog ;1éprv yiveoOcr Àéyer

ororrôv trvo rcoi réÀos tôv yrvopévov rtporeipevov Ë;çovros

roû roroûvros trùtô, r& Eè oùôevds. "Ooo yàp où rorà

trpô0eoiv nvc ùrrà roû rroroûvtog yivetcr oùE' êrri t€Àos

ôpropévov ë1er t{v ôvo{opôv, toroûtc ôrroîô èon rcp{ôv

té trvov Ercrporrioerg xcri reprorpo{oi rcri tpr;1ôv êrr<rScri

re xoi èrrôoerç roi 6oo roûtorg ôpoir,rg yiveror, ô 6rr pèv

yiveror rcoi oùrù yvdrprpov, où pilv ë1er tr\v rcrtà tô réÀos

roi rrvog ;16prv oiriov, Tù pèv oûv oUtog yrvdpeva èor<ôrrros

Tc KCri ônÀôs yrvdpevo oùôepriov eûÀoyov ë1er ôrcipeorv,

tôv 6è êni tr tilv ôvo{opùv è;16vrov roi, nvos yrvopév<,rv

;1éprv rà pèv rcrtè r{v {ûcrv, rù ôè xctà tôv Àéyov

yivetcr.

Ti re yàp SÉorv oitiov ë1ovto rffs yevéoeos rcctô

trvog ùpr0g,oùg rcoi tô{rv ôpropév1v rrpôerorv eis tr

téÀos èv Q yevdpevo toû yiveo0cr no.ûetor, ei pri tr cùroîs

8 roroÛtouç VH 0 : rror.4ttxoiç Vfp. B Hyp. Bruns ll 12 ÀéyerVo B 6 : Àé1erv V Il 16 totcrûtcr del' Br xapgôv Euseb. Hyp. :xcrpnôv VBH 6 fructuum l l 18 ôptotcoç]6pc,r.aHlp.& 6tr, V :6ttEuseb. 8rôtr ci. Diele ôFro[<,rç.., ph (19] 1[,verat ] 6por,c 6tr p]voûv 1[,vetct E ll ZZ c om. E ll 27 tetoç (sic) V.

Puis donc que les causes sont en tel nombre et

gu'elles ont cntre elles cette distinction facile à com'

prcnd"e, nous compterons à bon droit le dcstin au

,',omb"e de tellcs causes, parce qu'i l cst avec les

événcmcnts qui procèdent de lui dans un rapport

comparable à celui de l'artiste avec la statue dont il

est I 'auteur.

4. Cela établi, i l convient de poursuivre I 'exposé en

traitant des causes ellicientes. En e{Iet, il sera de cette

manière facile dc savoir, et s'il faut considércr le

destin comme cause de tous les événements, et s' i l

convient d'admettre aussi d'autres causest outre

celle-là, comme causes e{ficientes de certains événe-

ments.Aristote, faisant la distinction entre tous les évé-

nements, dit que les uns arrivent en vue de quelque

chose, celui qui les produit ayant d'abord en vue Lrn

but et un" tn à réaliser, les autres sans finalité. Ce qui

en e{Iet ne se produit pas en fonction d'une intention

de I'agent n'a pas non plus de rapport avec une fin

déterminée, tels sont, par exemple, le fait de tenir

des fétus de paille et les tortiller' de se lisser ou de se

tirail ler les cheveux, et toutes actions de ce genre;

de tels faits se produisent, ccla cst bien connu, i ls

n'ont cependant pas pour cause une fin ou un but

quelconque. Les actions de ce genre, faites sans but

ei simplement, ne comportent donc aucune distinc-

tion plausible, tandis que de celles qui ont rapport à

quelqne shose, qui se produisent en vue d'une fin,

les unes se produisent selon la nature, les autres

selon la raison.Celles qui ont la nature pour cause de leur produc-

tion procèdent selon une certaine harmonie et un

ordre déterminé vers une fin : après l'avoir atteinte,

elles cessent de devenir, à moins que ne surYienne

t 5

Page 86: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

168,6-25 DU DBSTIN ,r-5

quelque obstacle éventuel qui s'oppose à elles dans lavoie où leur nature les conduit vers la l in proposée.Bt ccllrs qui sc produiscnt selon la raison ont égale-ment une fin. En e{Iet aucune des productions de laraison ne se fait au hasard, mais toutes se rapPortentà quelque but. Se produiscnt sclon la raison toutesactions qui sont lc fait d'agcnts qui ont réfléchi àleur sujet et qui ont combiné la manière dont i ls lesferont. Ainsi naissent toutcs les ceuvrcs des techniqueset les actions clui dépendent d'un choix ; or, elles di{Tè-rcnt de celles qui se produisent par nature en ce queces dernières ont en elles-mômes le principe et la caused'une telle genèse (c'est cela, en e{Ïet, la nature) :clles se produisent bicn selon un certain plan, etpourtant la nature, leur auteur, ne se sert point, àleur égard, de réflcxion, à la manière de ce qui a l ieudans les techniques ; tandis quc les choses qui arriventpar la techrrique et le choix ont en dehors d'cllcs leprincipe de lcur rnouvcment et lcur cause clf iciente,et non pas cn cllcs-mêrnes, et dans leur générationintervient, de la part de leur agent, une réflcxion.

Il y a enfin, parmi les choses qui se produisent envue d'une fin, celles qu'on pense arriver par hasardet spontanément, di{Térant de celles qui se produisentprincipalement en vue d'une fin, en ce que dans cesdernières tout ce qui arrive avant la réalisation dela fin se produit en vue de cette fin, tandis que pourcelles-là, ce qui arrive avant la l in se produit pourautre chose que cette fin, et comme elles se produisenten vue d'autre chose, i l arrive que, relativement à laIin, on prétend qu'elles surviennent spontanémentet par hasard.

5. Cela établi, et tous les événements ayant été répar-tis en ces modalités, i l convient de poursuivre en exami-nant à leur sujet dans laquelle des causes efl icienteson doit placer le destin : sera-ce parmi les événements

7 TIEPI EIMAPMENHX +5 168,6-2lr

rrot' d,v Ëproôùv yévorto rfi xotà {ûcrv oùtôv êrrl rôrrporeipevov téÀos ôEQ, ôÀÀù rcci tù rcrù À6yov yrvô-pevc ë;çer tr tÉÀos. Oùôèv yùp ôs ëru1ev tôv rcrrè À6yovyrvopÉvov yivercn, ôÀÀ' êrri trvo ororrôv { ôvo{opù

rrôcrv orltoîg. "Eotr ôè rotù À6yov ylôpevo 6ca ûnôrôv rroroûvtrov cùtà yiveror ÀoyrtopÉvov te rrepi oùtôvroi auvtr0évtov ro0' ôv ôv rpônov yévorvro. Oûtos yivetcr

tô te rarù rôg téXvcrg yrvdpevo t&vrq roi (tà) rctù

npooipecrv ô ôro{éper tôv yrvopévrov $ûoer tQ rù pèv

{ûoer yrv6pevo èv oùroîs ËXerv t{v ôppiv te rcoi citicrv

rfls toroûr1s yevéceos (toroûrov yùp r] $ûor5)' roi yivec0or

pèv xotù rô$rv tvô, où pilv tfls rroroûc1s crùrè {ûceogôpoir,tg taî5 té1vors ÀoyropQ rrepi cùrôv lptopÉv1s,rà ôè yrvôpevo rorù, té1vr;v te rai rrpooipecrv ëfoOev

ë1er tilv èp1i1v {s rrvriceo5 roi d1v oiticv rilv rroroûccv

ôÀÀ' oùx èv oùroîg, roi tfls yevécreog oùrôv toû rroroûvtog

yivetor nepi cùtôv Àoyropdg.

"E<rtr ôè Êv roîs Ëver<ô tou yrvopévor,g rai rù ,inô dpls

te rci toùtopôtou yiveo0cr rre,rroteupévc toûrp rôv

rporlyoupévtog Ëvexô tou yrvopévov ôrcl{Épovro, fi èrr'è-

xeivrov pèv rrôv tà rrpô toû téÀous yrvdpevov toû réÀoug

;1ôprv yiveror, êrri ôè torit<ov rù pèv yrvdpevo npà roûrÉÀous ôÀÀou 1ôprv yivetor, ônovtÇ ô' oûroîç ËÀÀou

;ôprv yrvopévors ôs téÀos tô cùtopôtrog te rol ènrô rûy1syiveo0or Àey6pevov.

5. Toûtov ô' oûtars ê16vrov roi rrôvrov tôv ylopévov eig

toûroug toùg rpdrroug veveplpévtov â.r6Àou0ov èrri toûrors

1 ror' &v ego ex @ aliquand,o: Èor' dv VHE del V6 om. Bêvotàv Euseb. Bruns Emg. tfr ] çùu E ll 7 ytvetcrr ] 1Évorto E(1t- in mg.) æ om. E l l 8 tù ex @ quoe Bueeb.'addidi :om. codd. ll 17 1lvercrr V (1 in ras.) : f11eîrcrr Euseb. ll 18 Ëotrôè ego ex 0 sunt autem : Éotlv codd. tpttov ôé tocv Euseb,Brune ll 20 rcpolloupévco6 Br Euseb. : rpo4youpévorv V 0 B.

t 0

t5

25

Page 87: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

168,26-169,20 DU DESTIN 5 .6

gui se produisent sans l inalité ? Ce serait, certes'tout à fait absurde. C'est en elÏet toujours à proposd'une lin quelconque que nous employons le motn destin r, quand nous disons que telle chose a étéproduite par le destin. C'est pourquoi i l est nécessairede placer le destin au nombre des événements quiont une finalité. Et puisque, des événements qui ontune finalité, les uns sont les æuvres de la raison, lesautres de la nature, ou bien i l est nécessaire de placer ledestin dans I 'une et I 'autre de ces classes, en sorte qu'onpourra dire que tous les événements se produiscntselon le destin, ou bien dans I 'une dr-'s dcux seulement.

Mais quant aux æuvres de la raison, elles semblentêtre produites par raison en tant que leur agentavait aussi la l iberté de ne pas les faire. I l sembleen effet que les ceuvres des artisans sont produitespar leur technique sans que ce soit en vertu de lanécessité. I ls font certes chacune de ces productionsde telle sorte qu'ils ont aussi une égale liberté de nepas les faire. En outre, comrnent ne serait-i l pas absurdede dire que la maison et le lit sont des produits dudestin ? ou que la lyre a été accordée par le destin ?Et bien str aussi les actes dont le choix volontaireest maître - et c'est tout ce qui est accompli selonla vertu et le vice - cela semble bien être dépendantde nous. Or si ces actes dépendent de nous, dont i lnous semble que nous sommes maîtres qu'ils soientaccomplis ou qu'ils ne soient pas accomplis, il n'estplus possible de dire que le destin est leur cause niqu'i l y a, en dehors de nous, des principes et descauses antécédentes déterminantes par lesquellesde façon absolue telle chose se produit ou ne se pro-

duit pas, car aucune de celles-ci ne dépendrait plusde nous si elle se produisait de cette façon.

0. Il ne reste donc maintenant qu'à dire que le destinse trouve dans les événements de nature, en sorte

8 fIEPI EII\{APMENHE 5-6 168,26-T69,20

iôeîv êv rroi<g tôv rorryrrôv citi<'rv ypil tr0évor. rilv elpcrp-

pév1v. 'Apô ye èv toî5 oùôevàs yrvopÉvors 1ôprv ; i toûro

pèv trovtônclotv ôÀoyov ' oiei yàp èni téÀous trvàg rQ tfls

elpappévqs ôv6pon ;1ptipe0c xc0' eipcr.ppévr1v oùtà Àéyov-

teg yeyovévcrr' ôrà êv toîs Ëvercô tou yrvopévorg ôvoyrcoîov

rr,Oévor tilv eipcppév1v ' roi êrrei rôv Ëvercé rou yrvopévtov

rù pèv yivercrr xorù À6yov, rà ôè rotà {ûcrv, { êv ,ùp{o-

tépors oùtoîs tilv eiproppévr1v d.voyr<cîov elvor tiOeo0or,

ôs rrôvto rù yryvdpevc rca0' eipoppÉv1v yiveoOor Àéyerv,

fi êv 0otép9.'AÀÀù tù pèv rcot& À6yov yrvôprevcr. toÛro Eorceî yivec-

0or xcltù, Àôyov tQ tàv lroroûvto oùtà rcoi roû pr\ noreîv

ë1erv èfouoicv. T6 re yàp rirrà tôv re;1vrtôv yrv6pevc

xorù té1v1v oùrc èf ôvôyr1s Ûrr' oùtôv yiveo0or ôoreî '

oûtoç yoûv Ërcostov rroroûorv cr.ùrôv ôs rcoi toû pl rroreîv

cùtà tlv iorlv ë;çovre s ê$ouciav. "Etr te nô5 oùr< &rorrov

li1v oirciov roi tilv rcÀiv1v r<o0' eipcppévr1v Àéyerv yeyo-

vévcr fi d1v Àûpov ipp6o0crr rcoO' eipoppév1v ; ôÀÀà

p{v roi ôv rrpooipecr5 rcupio (toOro ô' èoriv 6oo rct'ù-

perriv te xoi rcarclov rrp&retor) rat tcûto êS' {pîv

elvor ôoreî. Ei è{' {pîv ôè toûto 6v xoi toû npa;10ivor

xoi toû pi1 rpol0frvcrr {peî5 elvor ôorcoOpev rÛprot,

toûrorv ôè oùy olôv te Àéyerv oiticv rlv eipoppévqv

oùôè àp1ùg elvoi rrvos rccr.i aitios ËfroOev rrPoK<rfo-

pepÀ1pévos toO rôvtos fi yevéo0crr tr oùtôv ii p{ yevéoOal'

oùrén yùp ôv eiq n toÛtov è{' {pîv' ei yévorto toûtov

tàv tp6rrov.

6. Âeûrreror ôi1 Àorrràv dlv eipoppév1v êv toîs {Ûoer

ywopévor5 elvcrr Àêye rv, ôs elvor toùtôv eipcppévqv

te xai $ûorv. Td te yàp eipoppévov rorà $Ûorv xcri tà

1not<ol tlvr Euseb. ll 5. tou '.' (ti) tr,0évcru ] tôv ytvoprévovvtvor.révoii tv&yxn tuOéval E ll 6 êzrei VBII : èæt ($ in ll 12 xaiàm.' 0 l i zS i" âm. E l l 80 xatù... 9,1 elpappévov V6 mg I l :om. V 0.

15

Page 88: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

169,20-170,7 DU DESTIN 6

que destin et nature sont identiques. Car le produitdu destin est par nature, et ce qui est nature estprodui t du dest in . Dans ces condi t ions ce n 'est paspar nature quc I 'homms est le produit de I 'homme,et le cheval du cheval, non plus que par destin, maisces causes concourent l 'une avec I 'autre comme sielles n'avaient de distinction que de nom. Voilàpourquoi les causes premières de la génération natu-relle de chaque être - ce sont alors les êtres divinsavec leur révolution régulière - sont aussi causesdu destin, à ce qu'on dit. De toute génération, eneffet, le principe est telle disposition particulièredes êtres divins dans leur mouvement par rapport auxêtres d'ici-bas.

Puisque le destin se trouve dans de tels faits, etde cette manière, i l faut qu'i l en ail le exactement demême et pour ce qui se produit sclon la nature et pource qui se produit selon le dcstin. Toutcfois les choses quise produiscnt selon Ia natrrre trc se produisent pasnécessairement, mais la génération dcs choses qtri seproduisent ainsi peut être empêchée parfois I c'est pour-quoi pour la plus grande partie, les choses qui seproduisent par nature se produisent bien, mais noncertes nécessairement. I l y a place, en e{Ïet, dansces choses pour ce qui est contre nature, et cela seproduit lorsque la nature est empêchée par une causeextérieure dans son æuvre propre. C'est pourquoice n'est pas nécessairement que I'homme vient deI'homme, mais le plus souvent, de même aussi pourles événements se produisant par nature suivantune loi qui semble les déterminer à I'avance : chaquechose qui se produit ainsi ne se produit pas toujours.

Puisqu'i l y a dans les faits naturels du contre nature,comme aussi dans les produits des techniques, i l doitégalement y avoir place, dans les événements produits

15

9 IIEPI EIMAPNTENH> 6 169,20-170,i

rarè {ûorv etpoppévov, Où yà.p rorè {ûorv pÉv êotrv

ËvOprorrov êf ôvOpônou rol inrov ê$ irrnou yiveoOor,

ro0' eipoppév1v ôè oû, àÀÀù cuvoôeûer rà oitr.a roûtc

ôÀÀriÀors ôs ôv ë;lovtcr rorà toûvopo p6vov tilv ôro{opôv.

Ârô xci tù npôtc tfls rorù {ûorv ércôctorç yevÉoerog

oitrc (Ëctr 6è tôre tà Oeîc x<ri ri toûtov eûrcrrroç rrepr-

{op6) xoi rfls eipoppÉv1s oinc Àêyouorv. Ilôo1s yùp

yevéoetog ôpXù i tôv 0eiov rorà rilv rivlorv rrorà o;1éorg

rrpôs tù rflôe.

Oûo1s ôè {s eipoppévr1s èv tororitor5 te xoi torcrûr1s

ôvoyrcîov ôs ôv ë11 rù yrvôpeva rccrà {,3orv oûtog

ë;1erv xoi tâ, rc,O' etpcppévr1v. 'AÀ^à pilv rà yrv6pev<r.

rctè {ricrv oûx êl èvéyrr1s yivetcr, àÀÀ' ëorr,v ri yévecrg

tôv oûro yrvopévorv èprroôrtopév1 r.orê' ôrô [pèv] ôs

èni rà rrÀeîorov ylveror rà yrvdpevcr rcctù {ûorv, où

pù" ê6 èvôyrqs ë1er. Xrôpov yùp Êv crùtoîs Ë;1er roi tô

rropà $riorv rci yiveror, û116 trvog citiclg ëfo0ev êprro-

ôloOeicqs t{s {ûoeos ei5 tà ëpyov tà êoutffs. Arô oûre êf

èvôyxqs ôvOporzros êf àv0pénou, èÀÀ'ôs Êrri tè rtÀeîotov,

oûre rcoi rorà tilv ôpioOor ôorcoûoov npo0eopiov roîç yrvo-

pévolg rcrtà $ûorv Ërccotov rôv oûrog yrvopévov àei yivetor.'Ovrog ôè toîs yrvopévors xorù {ûorv xoi (roû) rropù

{ûorv, ôicrrep roi èv toîs xotù ré;1v1v, 1ôpov ôv ë1orroi èv toî5 rcorù t{v etpclppév1v yrvopÉvors tô nopà

I xct0' elpr.cppév4v ôè où Trincavelli I : où xaQ' elpaopévnvôé V non autem secundunr fatum 0 ll 6 crdtr.cr èotu ôè idçà'eqo',causas aliquando 6 ulrtaq ëorlv o8e taurcr (sic) Y alcr.u tÈ reV-6 P gtfg_$ ll. 7 ante-adtr,a add. 8è V6 BH post ),éyouolv add. tàcrrirci V6 BH ll I {rôe V : rfr8e E toû E1p ll i0 ôè om. Dto.roûtorç ego ex @ t-alibu,s : toûrorç V (ri.v.) te om. E ll 11 Ë1oi(sic) E ll 74 r6te ' àr.ô ô6 êzrl rô ci. Diels : ôrô rcotè uèv ènl'ïôV 0 BH ôtdnep èæl tô B: [| 16 æIeîorov g,èv V : pèv dr,lcviom. 0 E ll 16 É1er, V 0 hobent E : dei. V6 om.' IlIl st'cl.Rrune ll 17 xal s.v. Vô ll 19 è[ V6 s.v. 6 BsH ôq Vo Gl I] :o, lx V-l l 2O olne Rodier:6ocE V (U II 60ev B l l 22 toû add.s.v. Bt ll 24 èv toîc I aùtoîç E.

Page 89: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

170,7-171,1 DU DESTIN 6

par le destin, pour Ie a contre-destin >, de sorte que

i' i l y "

place pour le contre-nature, et si ce n'est pas là

un mot vide de sens, i l y aura également place, dans les

événcmentsr pour le contre-destin' C'est aussi pourquoi

on aurait raison de dire que la nature propre' principe

de chaque être, est aussi cause de l 'ordre de tout ce

qui se produit naturellement en lui. C'est d'elle en

e{Iet que, le plus souvent, la vie et la mort des hommes

tiennent leur ordre. Nous voyons bien que Ie corps

aussi, parce qu'i l est de telle ou de telle nature, se

comporte dans les maladies et les déchéances confor-

mément à sa constitution naturelle, non point certes

nécessairement ; car sont capables de le faire sortir

d'un tel ordre les soins, les changements d'air, les

prescriptions des médecins et Ies conseils des dieux.

De la même manière pour l 'âme aussi on peut recon-

naître qu'i l y a, pour chacun, conformément à son

organisation naturelle, des di{Térences dans les préfé-

Tences, dans les comportementst dans les modes

de vie. Le caractère des humains est lcur démon,

selon Héraclite, c'est lertr nature. C'est le plus souvent,

en e{let, qu'on peut voir leurs actions, leur mode de

vie et leur mort se conformer à leur organisation

et à leur tempérament naturels' C'est ainsi, par exem-

ple, que pour celui qui aime le danger et qui est

audacieux par nature, la mort aussi est le plus souvent

violcnte : c'est en e{Tet le destirr de cette nature.

Au débauché par nature' de son cô[é, appartient

de passer la vie dans des plaisirs de cet ordre et I 'exis-

tence des intempérants, à moins que quelque qualité

meilleure ne survenant en lui ne I'ait fait sortir de

son vice. Â ceux qui sont par nature maîtres d'eux-

rnêmes, i l appartient de supporter les fatigues et de

subir des sou{Trances. Et certes la fin de la vie de tels

gens est encore conforme au destin. Aux avares

IIEPI !]IMAPMDNHX 6 170,7 -77 |, l

r{v cipcrppév1v, ôor' ei ;ôpov ë1<r tà rrcrpù {ûcrv roi

pi1 revdv èctrv ôvop<r ëyor ôv èv roîg yrvopévorg lipovroi rà rrcrpô tilv eipappévqv. Arà roi Àêyor lls ôv eùÀô-

ytog tilv oireiov {ûorv àp1i1v êr<ôorou rci citiov elvor

tfis rôv ytvopévov êv cùtQ rctà $ûorv tôfe<og. 'A,rrà

toûtr1s yàp ôs êni tô rrÀeîstov oi re pior rôv èvOpô-

rrrov tilv rôfrv roi crl rotootpo{ci ÀcpBôvouorv. 'Opôpev

1oûv 6tr rci rô côpc tQ toîov { toîov etvor rlv {ûorvrci Êv vôoors rci Ëv {0opoîs àxoÀori0os tô {uorrff ouo-

rôoer yivetor, où pilv êf ôvôyqs ' irovoi yàp èrrpoO-

oor tilv rorôvôc rôfrv èrrrpéÀeroi te roi àéptov ûzrcÀ-

Àcyoi roi npocrtôfers icrpôv roi ouppouÀcri Oeôv.

Kctù 6è tôv oûràv tpdnov rci ètri tfrs {u1fls eûpor n5

ôv rropù dlv {uorxilv rotooreuilv ôror}ôpouç yrvopÉvos

êxôorrp tôg re rrpoarpêoe rg rcri rùs rrpô$e rg xoi roùspioug, 'H0og yàp ôv0pôntov ôoiporv rcorù rôv 'Hpér<Àertov,

toutéotr {ûcr5. 'Og êrri tô rrÀeîorov yùp toîg {uorrcoîs

rorooreu<rîg te roi ôrclOéoeorv tôg te rrpôferg roi toùgpioug xcri tès rorcctpo$ùs oùtôv ôroÀoû0os iôeîv

ëon. TQ pèv yèp frÀorrvôûvrg xoi Opcoeî $ûoer piarô5

tr5 roi ô Oôvoros ôs èrri tà nÀeîorov, oût1 yùp { tffs

{ûoeo5 tipcppév1 ' tQ ôé ye ôrcoÀôottg rilv {ûorv t6 re

êv {ôovcîg toroûtors rorct{v roi ô tôv &rcpcrrôv pio5,

ôv p{ n rôÀÀrov èv <rùtQ yevdpevov èrrreoô rffs rco(ricr5'

xoi toîg xcpteprroîg xo)tà {ûorv, ai rôv nôvov ûrro;ro-

voi roi oi roror&0ercr ' roi pèv roî9 roroûtor5 toû Biourcrcorpo{oi rrôÀrv eioi ro0' eipcppévqv. Koi roîs ôveÀeu-

? d,vaorpogcrl B' ll 8 coiov { toîov H Bruns : rorôv '}torôv VB ll 11 tord,vôe (sic) V ll 22 c6 te I t{r ce E ll 2a dv ptTldl7r' el E aùrQ BH : crutÇr (sic) V levdp,evov ego ex @ factumH19 ESK : 1ev6g.evoç VBH ll êxæeoff ciç ego : eiciat ob eoquod @ Èxnroqc4o (sic) VB Èxorfr t!ç H1p E Èpro8t(1 Brune llù*-25 rfiç xuxtuç 'xul eo!ç xcrpteprxolç xatù gûor,v ego : cQ 8Àxcrptepr.xQ xarù grlorv Bruns xcrtù gûccv codd. ll 26 pev rorç(eic) V quidem rah'ôus 6 : p,€vror toiç Vo pêvtot toîç IIII ll27 r&)'tv om. 0.

10 10

10

25

Page 90: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

77t,1-21 DU DESTIN 6.7

par nature, à ceux qui sont avides d'acquérir desrichesses, i l échoit également ce qui est en accordavec leur destin : c'est en e{Iet dans les injusticesque la vie de tels hommes se passe le plus souvent,et la fin de leur vie est en accord avec leurs actes.C'est aussi pourquoi I 'on a I 'habitude de dire de telsgens, lorsqu'i ls se trouvent dans les dif l icultés quisont les conséquences de leur genre de vie selon le

destin, qu'i ls ont été eux-mêmes causes des mauxqu'i ls subissent.

Qui voudrait examiner pourquoi ceux qui fontprofession de prédiction ne réussissent pas danstous les cas, pourrait en donner cette raison : toutne suit pas aisément la voie de la nature et du destinde chacun, mais i l y a aussi des événements quivont à I 'encontre, et les devins sont les indicateursdes événements conforlnes au destin, comme aussien fait les physiognomonistes. C'est ainsi guele physiognomoniste Zopyrc tenait sur Socrate, lephilosophe, des propos absurdes et très éloignés dugenre de vie dont avait fait choix celui 'ci, proposdont les disciples de Socrate se moquaient fort.Socrate déclara que Zopyre ne se trompait nullement :i l eût été tel par nature s'i l n'était devenu, par I 'exer-cice de la philosophie, meil leur que sa nature.

Telle est donc, pour ainsi dire résumée, la doctrinerelative au destin d'après les Péripatéticiens.

7. La structure de ce que nous venons de dire serarendue plus claire si nous présentons parallèlementaux démonstrations prineipales des thèses qui précè'dent, les absurdités qui résultent de la doctrine deceux pour qui toutes choses proviennent du destin.Mêlant en eflet de cette façon notre propos à I 'exposé

IIEPI EIMAPMENHX 6.7 771,1-21

0épor9 ôè t{v {ricrv xai ônÀ{otore rtepi rtfforv ;1p1pôtr,rvrai tù t{s eipoppévqs cuvgôô èv àôrricrrs yàp ôs êrri

rô rrÀeîorov ô tôv roroûttov pioç, roi { toû piou ôè rccto-

mpo{i1 toîg rorè rclOrc rrpôtrouorv ôrc6Àou0os ror3torg.

Koi êrnÀéyerv ei60oorv toîg roroûrorg, Srov êv rcrîs ôro-

ÀoûOors toû Biou xc0' etpoppËvqv rreprot&oeorv ôorv,

ôs Éoutoîs yeyovdcrv oiriorg tôv nopôvrr,rv oùroîs rcorôv.

Koi toûr'Ëv ng rropioroo0or pouÀôpevog roîg ràg pov-

reicg èrrcyyeÀÀopévorg toû p{ rrôvtrog aùtoùs êrrrruylôverv

{épor tô crltrov, pi1 rtévto r{v $ûorv êrôotou xcrt r\v

eipoppév1v eùoôeîv, ôÀÀà yiveo0oi rrvo rcoi nop' oùtriv,

elvcrr ôè roù9 pôvrerg plvutù5 tôv yrvopévrov ro0' eipcrppé-

vr1v, ôiorrep otv rai toùs {ucroyvôpovog. Eirrdvrog yoOv

Zotrûpou toû $uoroyvôpovos nepi l,rrpôroug roû $rÀo-c6$ou ëtoné rrvcr rcri TrÀeîotov ù{eorôto rfls tpoor.-

pêoetog oùroû tffs rotù ràv Biov roi èrri toÛrotg rirrà tôv

repi tôv lorpôq rcotoyeÀorpévou où6èv elnev ô lorcpôt1s

êrleûo0or rèv Zônupov fiv yùp ôv roroûrog ôoov êri

tfr Sûoer, ei p{ ôrù t{v êr {rÀocro{ics d,crlorv ôpeivrov

rfis $ûoetos èyéveto.

Kci aûr1 pèv { nepi eipcppÉvr1s ôs èrri xefoÀoiorv

eirreîv rotù toùs ànà toû flepr,rrôtou ô6fo.

7. 'H ôè rcorocre u{ tôv eiptlpÉvorv ëotcu {ove porrépo

rrcpotr0évrtov {pôv toîs npolyoupévcrrç tôv rerpÊvov

ôrroôeifeorv rè êrrdpevo ôtortc roîs nd,vto ro0' eipop-

pév1v yivec0ct Àéyouorv ' pryvûvre5 yèp oûtro rôv Àôyov

tff [te] rôv ôofôv rrop' ôÀÀriÀos Oéoer yvorprpôrepov

1 <iæÀdororç V6 B2H : &æletotor,ç VB Il 2 ouvçôû BsH :oûvauôa V ll 4 toûtoq 6 ES : toûcou6 V àrô V6 BH roroûcotçVH : toûrole 0 islos ll &xoloû0or6 te V : dxotroû0or.ç 1eV2ÉI te seclusi post p[ou add. *o1 y6 (s.v.) BH xaO'elg.crppévr1vH 6 : xa0' elg.apg,évauç VB xaOeup,appévau6 V6 (an recte ?l llTleydvoorv V l l 14 Zar$pov lnore Euseb. l l 17 Ecoxpdrav B l l18 êrl.,eûoOar I ècadl0al Euseb. ll 20 è1ev6p1v B' ll 21 post æepladd. r i6 H l l27 te secl. Bruns.

t l 11,

t0

1 5

Page 91: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

171,21-L72,73 I ) U D E S T I N 7

des opinions qui s'y opposent terme à terme, nousrendrons sa vérité plus facile à saisir et, en outre,nous ne serons pas contraints à de fréquentes redites.

Il scrait ainsi raisonnable de poser cette question :comment des gens qu'on dit philosopher et rechercherla vérité des êtres (eette vérité, i ls soutiennent que,plus que tous les autres, ceux qui pratiquent la philo-sophie la possèdent et, pour cette raison, i ls engagentaussi les autres à suivre cette voie) ont-i ls pu s'aban-donner à I 'opinion que tout se produit nécessaire-ment et fatalement, opinion à laquelle nous voyonsseuls recourir ceux des profanes qui, prenant cons-cience que rien ne leur est favorable, mettent aucompte du destin et non d'eux-mêmes la cause desmaux qui les assiègcnt, opinion qui ne s'accorde pasavec les évidences, t lont aucune démonstration con-vaincante ne rnontre qu'i l en est ainsi, et qui, en outre,supprime qu'i l y ait quelque chose en notre pouvoir,quel plus grand dommage peut-i l y avoir que d'ycroire sur paroles ?

Que ce soit, en effet, contre les évidences, c'est ceque rnontre le fait que presque tous les hommes,profanes aussi bien que philosophes, sont convaincusqu'i l y a des événements fortuits et dus à la fortune,ainsi que des événement,s contingents, et qu'i l y aplace aussi dans les ôtres pour le < pas plus ceci quecela r. Or, de cela rien n'est conservé par ceux quiprofessent que tout arrive nécessairement, si du moinsc'est conserver les choses elles-mêmes que de ne paschanger les noms d'après les significations desquelson a I 'habitude de les nommer ; car croire qu'enmettant d'autres signi{ications sous les noms, parcequ'on garde ces noms on garde également ce quiétait désigné auparavant, c'est en réalité ne pasgarder les significations des mots conservés. Caron ne conserve pas le fait que les choses anivent parforturre si, ayant enlevé à de tels événements leur

IIEPI EIMAPMENH> 7 177,21-772,73

Ë$opev ôvôyr<1vt&Àr10ès norrloopev roi rpôs toûtg où1pepvffoOcr rôv oùtôv troÀÀôrr.s.

EûÀrôyog yà.p ôv trs ôzropljoor, rrôs {rÀooo$eîv nveg

Àéyovtor r<ci rilv ôÀri0erov t{v êv toîg otorv petép;1eo0or

(rcci toûrqv rôv ôÀÀorv àv0p6rrrov rrÀéov ë;çerv toùs {ùo-co{oûvrcg ûrroÀoppôvovreg, rcri ôr.ù toûto roi toùg ôÀÀous

êrri toOro npotpénovres) èrrÉôocov crùtoùs tfr ô6fn { rrôvto

èf èvôyqs te rcoi rcc0' eipoppév1v yivecr0cr Àeyoûo1, è{'

fiv pévoug ôpôpev rcorc{eÛyovtcr.g tôv iôr<,rtôv toûg oùôèv

ctitoîs <ruvetô6ros ôefràv èrri tilv eipoppévz1v ô{' cùtôv

tilv oitiov rôv rrepreotôtr,rv airtor)g rccr.rcôv peto$épovtog,

ô6fg oûre roîg èvcpyécr ouvoôoÛo1 oÛte nvù.s rrrotàg

ôrroôeiferg toû oûtos ë1erv è1oûog rrpooétr re ôvorpoÛog

rà elvci tr è{' rjpîv of rrroteuOévtos ris ôv èiÀÀr1 pei(ov

èr Àôyov yévoro lqpicr ;'Ot pèv yùp rropà rù, êvcrpyfl, ôffÀov èr toû rrenroteûo0cr

pèv o1eôôv rirrà rrôvtcov iôrrorôv te rai {rÀoo6{t'rv tô

yiveo0oi trvo roi aùroprôtrog rot ôrrô tûp1s, e?vcl ôé trvo

tôv yrvopévov roi èvôe1opévors yrvdpevo xoi ë1erv trvù

lbpcrv êv toîg otorv roi rà p18èv pôÀÀov r6ôe toûôe,

rorittov ôè pqôèv c6tec0or xotà toùs ê$ èvôyrc1s rrôvtc

yivec0or Àéyovtog, ei ye oôler pèv oùtù tô ê{' ots olpcrrvo-

plévorg tù ôvdporo toOta reîo0cr rrerrloteuror, toûto pil

rrveîv ' où yàp tô ëÀÀa trvù ûtoÇôÀÀovto olporvôpevo

roîs ôvôpoorv ôrà toû péverv èreîvo péverv {yeîo0or rcoi tù

npoerpqpévc oorldvtrov êoti rù xeipevcr. Où yùp oô[,etor tè

yivecOai nva ôrrà rû1qs ôv ôveÀrôv trs t{v rôv oûtos yrvo-

1 ante td,),40èq add. crùtè G) ipsrrm ll 3 &nopioar V : dnopdoeueV6 BH ).eyovtar (sic) V ll 6 Ûrolapt6évovceç (uorv s.v.) V :ùæo),ap.6d,vouow Q) putant BH Il 11 eùcoùç ] otùtoTç H perorp-épovta6 ] &va- H (p.etcr- mg) ô6[n ] add. re GJ ut. vid. ..inEtam ll 14 t om. BT ll 22 ca(et @ salvat l,ond. : oô(er.vV oc6(erv BH post arlrù add. s.v. êocr V6 BI.IE ll 25 ih.Ia rtvdr\.ô BH : ifÀ1aç tcvor6 V punctis 6 notat Vô ll 27 oô(etar Vo (UH : orÂ(eo0o V ll 28 êv V6 GJsi BII : om. V.

72 l2

1 5

Page 92: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

172,14-173,1 DU DESTIN 7.8

nature, on donne semblablement pour nom auxévénernents nécessaires Ia fortune elle-même, maissi on est capable de montrer que ces choses mêmespeuvent êt re maintenues qu 'on a I 'habi tude de dési -gner du nom de < fortune >.

8. I l est dit, par tous ceux qui respectent les notions 1

communes et naturelles, que ces choses se produisentlortuitement et par hasard, qui se produisent à lasuite de causes antécédentes efl icientes pour d'autreseflets. Chaque fois, en elÏet, qu'un événement quiavait une certaine finalité ne produit point la {in envue de quoi i l était mais une autre, qui n'était absolu-ment pas attendue, on dit que cela anive fortuitement,puisque cela a été produit en soi sans cause, maisâyant eu, par accident, comme agent causal ce quise produit pour la genèse de quelque chose d'autre.

Que c'est bien cela que tout le monde veut dire parl 'événement fortuit, c'est évident d'après les signi-fications que supposent ceux qui disent qu'i l y a desévénements fortuits. C'est ainsi que d'un trésor ondit qu'i l a été trouvé fortuitement si quelqu'un,creusant dans une autre intention, mais non pourdécouvrir un trésor, est tombé sur un trésor - celuien e{Iet qui creuse dans cette intention ne le trouvepas fortuitement : c'est justement ce pourquoi ila creusé qui s'est trouvé devant lui; tandis qu'aucontraire celui qui ne se préoccupait aucunement dela découverte d'un trésor, mais qui agissait dansquelque autre intention, auquel cette découvertes'est présentée comme si elle avait été son but, celui-là a trouvé le trésor fortuitement : tout le monrle lereconnaît - I aussi bien dit-on également de quel-

rIEPI EIMAPMDNHE 7-8 172,74-173,1

pévov {ûcrv (ôpo{<oe) ôvopc Ofitar toîg yrvopévore êf ôvôy-

r1s (aùri1v) dlv rû1qv, ôÀÀ' (ô) cùrù Eeî(ar ôuvôpevo5

<rôleo0cu ê$' ôv tà tQs rûp1s ôvopcr rcrtlyopeîrar

rrerrioteutcr.

8. Âéyetcrr ôi1 npàg ôrrôvrrov &vOprôrrorv xorvaîs te xoi

{uor,roîg êwoiorç êppevdvtorv raOrc ù.rô ri,;11s te rcci

ro0 cùtopôtou yiveo0cr, ô aitiors ôÀÀov rrvôv rrorqtmoîg

rrpolyoupévcrs èrrryivetor. "Orcrv yàp ôÀÀou rtvàs ;1ôprvyrvopêvg trvi pi1 toûto ôrrclvrrjop oû 1ôprv èyévero,

ôÀÀo ôè ô t{v ôp1igv pr1ôè {Àniteto, roûr' ôrrô rû11s

Àéyercr yeyovÉvcr rcoO' oûrà pev yeyovà5 ôvortiorg,

xotà cuppepqràs ô' êo1qrôg citrov tô yev6pevov êrr'

ëÀÀou yevéoer trv69.

Kcri, 6rr roroûtdv tr Àêyouorv rrôvres tà yrv6pevov

ônù r,iyqs ô{Àov èf ôv ùrropéÀÀou<rrv olparvopÉvtov

of ôrrô tû11s {ooiv rrvc yiveoOor. 9rlcroup6v re yôp

$ocrv &nà rû11s eùp1rcévor trv&, rôv &ÀÀou 1ôprv ôprio-

ctov rig trvog, àÀÀ' où toû Orlccupôv eùpeîv OlooupQ

rreprrécg (ô pèv yàp roûtou 1ôprv ôpûoocov oùr< àrrô

r,i11s ' oû yùp 1éprv ôpuooev, roûro ôrrrjvtlcev c.ùtQ '

r| Eè rrôÀrv p1ôèv rffs eûpêoer,re toO Orlooupoû (1éprv),

rroroûvn ôè ôÀÀou trvàs 1ôprv rj eûpeor5 ôrrrivtqoev

ôs téÀos èreivou, toOtov ôrrô tû11s ràv Oqocupôv

eriplrévcrr rrôvte s ÀÉyouorv), ôÀÀù roi rà ôpyûprov

1 ôg,ot<oç ego ex 6 simîliter : om. V dvop.ot Oitar, VB :6vopa 0oiro Br ôvopa(ircrr, @ nominet (forsan recte) 2 ô egoex @ qui : â,v V6 s.v. BH àuv&p.evoç ego ex @ potest :ôuv&pevcrq Vôuvq0fr V6 BHBxcc4yopeîcar V 0 H :xdt.nyo-peioOar V6 B ll I èpr,pr.ev6vrov I xeupévo:6 tôv ro (sic) E ll 7 & om.E ll I npo4youg,évcrr,q V6 BE rporlyoupr.év<oç V @ E : ll I lvo-pÉvq Vo (S BEr (<o s.v.) : y,vog,évou VE yevoprévqr Euscb. ll10 p.1ôè VB : oùôè Euseb. ll 16 ol cgo ex 8l : oIç codrl. rtvcego ex $ aliqua )l 17 x&,v V : û'v V6 B Gl 6rav Euseb. ll 18 t[6rr,vo6 onr. Euseb. trvoç om. H dll' où ] di.Iù pl liuscb. ll 21rcdlrv add. ex @ rursum ll 2l yû.pl ego ex 0 grolia : r&\wVE ËpeÀe Vd ËU.etÀe BH ll 28 ôc I etc H.

131g

20

1. Ces notions eont ici appeléee Ëwor,ardont i l eet queation p. 3, ?; 22,13.

; ce Bont les npoldtfer,ç

Page 93: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

113,1-20 DU DBSTIN 8 l 474 TIEPI EIMAPMENH> 8 773,1-20

&rtô rûp1s xexopic0ar trvè Àéyoucrv, ôt<rv ciç tilv àyopàv

npoeÀ0ôv ëÀÀou tr.vôs 1&prv ôpyûprov Ë;1ovtr rreprrreoôv

tQ lpeiôorn rô ô{eù6pevov oûtQ Àôpn. TQ yùp rrpoeÀ06vtr

eig d1v ,iyopùv ô,ÀÀo n rrpolyoûpevov réÀos ë;1ovt tà

rè rrpoo{er.À6pevov Àopeîv &rrr]vtloev ôs rÉÀos ratà

ouppeplrôg oùtQ yevôpeyov ' tà pèv zrorltrrôv aTnoy

tà Eè roÉrou téÀos ' où yàp ôrrô rû11s ë1. Àéyeta( trg

rà ô{erÀdpevov eiÀr;{évor, ei toûtou 1ôptv eis dlv ôyopàv

rrpoffÀOev, 6tr tô rrporeipevov cùtQ téÀos { np6o6o9

Ëc1ev.

Koi ô irrnog ôè cûtopôtog trciv Àéyetor oeoôo0or,

Stcv tpo{fls pèv êÀrri6r ii ôÀÀou tvàs ;1ôprv àtro{ûyp

tori5 rcrré1ovtclg oùrdv, èrrovtriog ôè oùtoû rî {rVûrcri rQ ôp,6pg tô roî5 ôeorrdtorg treprtreceîv. Kci ti ôeî

ripîv rrÀeior ropoôeiyporo rcororiOeo0or i) àr<prpoÀo-

yeîo0or lrepi tôv npoerplpévov; irovàv yàp ô9 zrpôg

rù rrporeipevo tô ôeîfor è{' ôv oîForvoF.Évr,rv tà ôv6-

Jr(tr(r lcofllyop€îrar rà eiplpévo.'Ovt<ov ôi1 rôv ôrrô tripls re roi oùtopôrtoç lvopÉvrov

rorc{rrrov, ôg pi1 yiveoOor xorà npolyoupév1v cr.iriov (tôv

yùp orrcr.viarS ètri toîs rrpà oùtôv yeyovdorv àrravtôvtorv t6

te oùtdpotov roi ri tû11), nôs ôv oô(ortd n tôv npoerpl-

pévr,rv rco0' oûs rrôvto rrpolyrloclpÉvorg lrciv oiriol5 (rai

npolyoupêvorg èf &.vôyr1s) Ëonrerè ôvro roi tà yrvdpevo

yivercr êrôorou rôv yrvopÉvorv citrdv tr rrponoroBepÀq-

pévov ë1ovro5, oû ôvtos ii yeyovdto5 àvôyrq roi crùtà flelvor fi yevÉc0or, tQ p1ôèv pèv oôlovros tôv rpoer.prlpÉv<ov,

3 aùrQ V 6 ipsi BH : orût$ Bruns ll æpoe).06vrr, cgo ex6 procedenti : rcpoetrOeiv V (roû) æpoe),Oeîv Bruns ll 4-5 to to(sic) s.v. !0 ll I aùtÇ: V 0 BI{ : a.ùtôv Vô ll 13 &rcuv'c\o'ç1 Euseb.6 (?) B : &zrcvdoer, VHT ll 14 8ei 6 B2HT : ôeîv VB i1pîvego ex @ noùis 82 : ûpr, iv VBH (û in ras.) l l 16 post 1ùp arl , l .dptiv 6 noôis ll 2l dw Hyp : t<ov (sic) V rôv [I tô T èæt Iêctl s.v. E ll 21 toTç Vô : tôv VE &navr6vs<ov tdte Trincavelli r :&rævçcov td (sic) V dztavtôv tô,te Vr Il ll 27 rô Vtl i.v. 0le o g w d B : t à V H t o ' 5 6 8 .

qu'un qu'i l a recouvré sa dette fortuitement, lorsque

étant allé sur la place publique dans une autre inten'

tion, i l est tombé sur son débiteur pourvu d'argent,

et a recouvré sorr dû. Lorsqu'en effet quelqu'un se

rerrd sur la place publique guidé par une autre inten-

tion, le recouvrernent de l 'ancienne dette lui surviendra

comme une fin née par accident. La première est

I 'agent causal e{Iicace, le second est la l in réellement

atteinte par lui. En efTet, on ne dira pas non plus

de quelqu'un que c'est fortuitement qu'i l a recouvré

sa dette si c'est pour cela qu'i l est allé sur la place

publique, parce que c'est justement le but qu'i l se

proposait que sa démarche a atteint.

On dira également d'un cheval qu'i l a été sauvé

par hasard lorsque, à la recherche de la nourriture

ô., darrs tottt autre but, i l a échappé à ceux qui s'en

étaient emparé, et qu'i l lui est arrivé dans sa fuite

et sa course de tornber sur ses maîtres.

Qu'avons-nous besoin de donner davantage d'exem-

ples et de faire une analyse minutieuse des idéesjusqu'ici exposées ? Il sulfisait, en e{Ïet, pour notre

propos, de montrer quelle signification on donne aux

mots utilisés.Les événements fortuits et de hasard étant donc

tels qu'i ls ne peuvent se produire selon une cause

principale - car Ie hasard et le fortuit font partie

de ces faits qui surviennent rarement en se ratta-

chant aux événements antérieurs -' comment pour'

rait-on conserver quelque chose de la thèse énoncée

plus haut selon laquelle c'est par des causes prinei-

pales - et nécessairement principales - et que tous

les êtres sont et que tous les événements se produisent,

chaque événement ayant un agent causal antérieur

déterminant, lequel étant ou se produisant i l est

nécessaire que lui aussi soit ou se produise, alors qu'i ls

ne conservent rien des faits exposés plus haut, tout

en ayant décrétô d'appliquer le nom de < fortuit >

10

Page 94: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

173,20-774,17 DU DESTIN 8

à quelque chose d'autre ? Car prétendre que ce nomn'est pas supprimé par qui pose que tout arrivenécessairernent et que le fortuit n'est pas supprimé,c'est là procédé de sophistes par lesquels nos adver-saires se trompent autant eux-mêmes qu'i ls trom-pent ceux qui les écoutcnt I cc faisant, i ls n'empêchentaucunement de dire que dcstin et fortune sont idcn-tiques, et i ls sont si loin dc supprimer la fortune,qu'i ls peuvent dire égalerncnt que tous les événementssont des faits fortuits I ce n'est pas alors à propos dunom qu'i ls conservent, ccltri de fortune, qu'on lesaccuserait, mais i ls méritcnt I 'accusation en ce qu'i lssuppriment ccrtx des événcmcnts qui se produisenten cette façon qu'on les dit fortuits et de hasard.Car que font d'autre cetrx qtti définissent la fortune etle hasard conlme causcs irlconntt, 's pour la raisonhumaine 1 qrre d'introdtrire comme par décrr:t une signi-fication particulière du terme fortunc ? Util iser, enelÏet, pour justif i ' . :r cette signification, I 'expression< tels gens sont malades par hasard n, chaque fois que Iacause de Ia maladie leur est inconnue est tromperiemensongère. Ce n'est pas en e{Iet quand il y a cause- mais qui reste inconnue - qu'on parle ainsi,mais c'est à propos d'événements dont on est con-vaincu qu'i ls sont sans cause, qu'on parle de hasard.Personne assurément, d'un fait dont on cherche la

cause, dans la pensée qu'elle est réelle, ne dit qu'i ls'est produit au hasard, non plus que de ce dont on est

persuadé que c'est un fait fortuit on ne cherche la

cause. C'est pourquoi les médecins eux-mêmes neparlent pas ainsi de ces maladies, même s'i ls se trou-vent encore en ignorer les causes.

1. La lormule est attribuée À Ànaxagore et âux Stolcienspar Âet ius (Plae. 1,29, 7) . Th6odorct (Therap. VI , 15) a joutebérnocr i te. Ps.-Plutarque : dee ancieng (De fato 7\ .

TIEPI EIMÀPMENH> E 173,20-774,17

rcr' ôÀÀou Eé trvog tô rffs tû1qs vopo0emtoovtcg ôvopcr ;tô yùp pi1 ôvor.peîoOor êrceîvo ùnô roû rrôvttr èf àvôyx1s

yiveo0cr nOepévou p1ôè d;v trip;v èvorpeîo0or Àéyerv,

oo{rlopévov êctiv ôpoiros cûroûs re rcol roùs ôroûovto5

oùrôv oûttos pèv yùp oûôèv rcoÀûcovreg Àéyerv toùrôv

eipoppÉv1v te etvcr rci tûp1v rcri rocoûrov ènoôeriocrv-

te5 roû d1v tû11v èvorpeîv, ôs rcri tâ.vto. rù yrvôpevo

ylveo0cr ÀÉyerv [oùr<] ôrrô rû1t1s, [ôÀÀ'] êrri rQ toûvopcr

cdr(erv rô tffs tûp;s el1ov t{v <riricv, àÀÀ' èrri tQ

ôvorpeîv rô oûtog yivec0<ri trvc ôv rô ônô rû11s re

roi rè oùropôto5 yiveoOor rcotlyopeîrcr. Ti yùp ôÀÀo

rtoroûorv oi t{v tû;11v rcr.i tô cùrôporov ôpr.ldpevor

ciriov ëôt1Àov ôv0prorrivgr ÀoyupQ fi rûy1s 1r olFcrl-

vôpevov i6r,ov eioôyouqlv re rcai vopoOeroûorv ; Tô yàp

eig rilv roûtou oriorcorv lprloeo0or tQ Àéyerv trvùg

oùtopôtog voceîv, 6rov ëôqÀos fi oùtoîg { oitic tffs

vdcou, rleûôos. Où yùp ôs oùoqs pév nvos oitia5, àôrjÀou

ôè atrroîs oûtro Àéyouorv, &ÀÀ' ê{' ôv &vor.rir'rs yeyovévcr

rreiOouorv oûroûg, èrri roûrarv rô <rùrôpcrov Kcrtr1yo-

poûorv oùôei5 yoûv, è{' of llroûorv ri;v oitiov ôg

oûc1s, oùtopôrro5 oùtô yeyovévor Àéyer, ôÀÀ' oûô'

6 rrérreroroi trç oùtopôt<,rg yeyovévcrr, roûrou lqteî d1v

aitiav. Arè oùrcéO' o[ iorpoi rrepi ro,3r<ov oûto Àéyouor,v,

rôv (toroûrcr) ruyyôvarorv oùrôv Ëtr tàs oitiog ôyvooûvteg.

1 dvog.cr V : ôvog,d(eo0ar (?) 0 nomen dici ll 2 cô fùp pùego ex 6 quod jam conj. Orelli: : tô prù V tQ yèp p.l V0Lond. p.i; E èxeivol ê:<eïva Lond. ll 4 ooqr(oçr.év<ov alt. o in ras.V cùro'5i ego ex 6 se ipsos quod jam corij. Orelli: crûco')qV Lond. ll 5 xr'r),ûaavrec V Cti : xtoÀûoer V2 xo).ûoavrac E ll 6V Lond. ll 5 xor),ûocrvreç V 6 : xorÀrioEr V2 xo).ûoævtaç E ll 6d,æoôelloavre6 ego @ concedenles : &rco8eïv codd. ll 8),éyeuv I ilicon-tur 6 ll 8 oûx secl. V6 Bruns : oùx V 0 d').),' seclusi : &.1' 0irung : oùx V QJ d,).),' seclusi : &.1' 0

t ô V 6 o m . V l l 9 t Q V 6 0 : t ô v V l ld,).) . ' oùx Vs B tQBr : tô V6 om. V l l 9tQ V6 0 :tôv V l l11 ar)top.dtor6 0 Donini : aùrdpr.atov codd. ll 18 post loyropÇradd. ôpro1rôç tiç tûxlc xal toû aùtog,dtou E (quod est titulus)11 aùtop.citorq (9 Donini : arirép,atov codd. ll 18 postadd. ôpropôç tic .ûXlc xal toû aùtoy,dtou E (quod eslû V6 O qnom BHT E (s.v.) : om. V ll 14 tô rùp V :

151 5

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\ ! a @ g w m15 tô I raû15 t<i I raû (supra otù : ôr) V ll 19ipsi ll 22 (r1tei 0 BrH : (1teiv VB Il 2(st tûl ia : om. codd..

v . ) : o m . V l l 1 4 t ô 1 ù p V : o m . 6 l l: ôt) V ll 19 aùtoù6 I ariroùc V @I ariroù6 V @

r eso ndd. ex(1teîv VB ll 24 totcûta ego ndd. ax

.ii0 : om . codd . .

Page 95: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

174,17-28 DU DESTIN 8

Car ce n'est pas à propos de ces événements dontnous avons d i t auparavant qu ' i ls sont d i ts , de I 'av is

de tous, for tu i ts , que cer ta ins d isent que leur cause

est inconnue, mais c'est à d'autres événements dont

personnc n'a jarnais dit qu'i ls sont fortuits queserait plus proprement appliqué ce terme de hasard.Car de la découverte du trésor et du recouvrementde la dette, les causes ne sont pas inconnues àla raison humaine ; elles sont au contraire évidentes et

bien visibles : de la découverte, c'est le fait d'avoir

creusé, du recouvrelnent de la dette, le fait d'être

allé sur la place publique. Si celui-là en e{Tet n'avait

pas creusé, i l n'aurait pas trour'é, si celui-ci n'était

pas allé, i l n'aurait pas recotlvré sa tlette. tr{ais parce

que les causes prine-ipales de ces événements n'étaient

pas {ixées cl 'avance, les réstrltats ont été di{Iérents

du but , c 'est pourquoi i ls sont présumés se produirefor tu i ternent . Tandis que les causes inconnues por t rla raison hurnaine sont plutôt celles des événementsqu'on croit se prodtrire en fonction de certaines

antipathies, la cause réelle cle ler.rl production restant

ignorée, comme les secours qu'apportent ce rtaines

amulettes 1, eui n'ont attcutte raison vraisemblable et

plausible de faire eela ; et aussi comme ce qui résulte

des incantations et t les pratiques de sorcellerie. Dans

ces cas tout le monde est d'accord pour reconnaîtreque la cause est incortnue I c'est pourquoi on les dit

aussi sans cause assignable; tandis que personne ne

dit ces faits fortuits parce qu'on est persuadé que ce

qui est produit I 'est selon une cause déterminée,convaincu que ce qu'on clit {ortuit ne se produit pas

de cette façon, en raison de l ' ignorance de la cause'

mais en raison de I ' inelficacité de la cause principaleet au sens propre.

1. Platorr ddjà, nép. IV 426 b, c i to arnulet tes et i r tcantat ionr '

TIEPI EIMAPI{ENH' 8 174,77-28

Où yùp è{' 6v npoerptlrcrpev ôs èrri tévtov &tô tri11s

yivco0or Àeyop€vov ôv ôô1Àog ri citio Àéyetcr rirré trvov

elv<rr, ôÀÀ' ên' ËÀÀov trvôv rupr<otépog ô roroûtos À6yos

rfrs d11s ôv xarlyopoîto, trepi ôv oùôeis ôs ùnô tri11s

yrvopév<,lv elrrév rrote. Tffs pèv yùp eripéoeog toû Oqccrupoû

roi roû tô ô{eù6pevov Àapeîv oùr< ëô1Ào ôv0ponivg

Àoyr.cpQ rà oitol ôÀÀè {ovepù rccr.i npôôqÀc. Tfls pèv

yàp e,ipéoer,rs tô ôpûfor, roû ôè tà ô$erÀ6pevov Àcpeîv

rô eis tilv ôyopùv npoeÀOeîv. OÛre 1àp ôv èreîvog pi1

ôpûcoov etpev oûte oÛtog pi1 rrpoeÀOùv rô ôSerÀdpevov

ëÀopev, èÀÀ' 6t pù rrpolyo6pevc toÛrotv citro

npoerprlpévo, èÀÀù &ÀÀou tvôg ;1ôprv Êyivero, 6rù toûro

ôrrà rû1qs yiveo0crr rrpoeiÀryrtor. "4fuÀa ôè tù oitro

ôv0pr,rnivqr ÀoyrcrpQ êreivov pôÀÀov ô rctû' trvoç ôvtr-

rroOeÉos yivec0or rrerrloteutor, d,yvooupévr;s rffs oitios ôr'

fiv yiveror, ônoîcr tepicrté té trvo rrpoceiÀqntcrr oùôe-

picv eûÀoyov rci n0cvilv oitiov toO toûro toreîv ë1ovro

ëtr ôè êrroorôoi roi trveg rorcûtor poyycveîor. ToÛtov

yùp ôpoÀoyeîtor pèv ûrrè rrôvtrov iiôqÀos elvor tl oiric'

ôrô xoi ôvtrrtoÀ6y1to Àéyouorv oÛtô. Oùôeis ôè ôtrô

tû1qs to0tc rroreîv Àéyeq 6tr' rr.etior€ur<rr tcotô trvc

ôprcpév1v oiticv ô rroreî noreîv, ôg tôv ôrrô tÛ11s où

ôrè tô rffs critios ËôqÀov oÛtors yiveoOor Àeyopév<ov,

èÀÀô ôrôr tà ôvoitrov tffs rrporlyoupévr1s te rot nupitos

citios.

2-3 ôv dôr1loç ... eTvar add, in mg. V : quorum immanilestuntcausa ilicitur a quibusdam (in vers.) 6 om. BFI ll 3 xuplcocépcoç@ prirrcipoliter ci. Orelli : xupt<ôcepo6 VBH ll 4 â.v $luligue H : "v(sic) V a pullaturn esse 7n444ls aquae oidelur ôv B ll b pèv VH :om. 6 ll 7 post atcrcr add. tô Bt ll 16 6æoiu reptuætd. Euscb. :6pow æanr&. (supra nr : e') V 6p.or,a reptaæra B ô. tepl ôncaH o{cr rrepf.a;ttoc H1p 4, dvaætct 6quoe inatlingibilio ll tÊ or)r.Euseb. post rwcr add. noteïv Euseb. ztpooelÀzrrtar ] æpoe[].1nrar,Euseb. ll 77 rdi:ra ego ox 6 hacc : toût<ov VB où8èv toûtorvBr ll 23 tîtc J ,nc (sic) Y.

1 616

10

20

. IT

Page 96: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

71tr,29-176,20 DU DESTIN 9

9. Voilà donc ce qui est dit par ces gens-là au sujetdu fortuit, et de quelle manière cela s'accorde avecIeurs principes. Que d'ail leurs, et le contingent etce qui peut arriver d'une manière ou d'une autre estsupprimé par ceux qui professent que tout arrivenécessairement, cela va de soi de toute évidence, sidu moins ce qu'on appelle essentiellement contingentc'est ce qui a égale possibil i té de se produire et de nepas se produire, comme le rend facile à comprendremême < ce qui peut arriver d'une manière ou d'uneautre ), tandis que les faits nécessaires ne peuventpas ne pas se produire. N{ais j 'appelle < nécessaire lnon pas ce qui se produit par contrainte - quepersonne n'ail le me reprocher I 'emploi de ce motsous ce prétexte ! - mais ce qui est produit naturelle-ment sous I 'action de certaines causes dont i l seraitimpossible que Ie contraire provienne.

Toutelois comment ne serait-i l pas absurde etcontre l 'évidencc de professer que la nécessité s'étendsi loin qu'on ne peut faire un mouvement quelconque,ni remuer une partie de soi-môme sans qu'i l soitaussi possible de ne pas faire alors ce mouvement -

mais I ' inelinaison fortuite du cou, le fait d'étendreun doigt, de lever les paupières ou tout mouvementanalogue dépendant de causes antécédentes, nepourrait jamais être fait autrement par nous - etcela alors qu'i ls voient parmi les êtres et les événe-ments qu'i l y a une grande diversité d'actions d'aprèslaquelle i l serait facile de remarquer que toutes nesont pas assujetties à de telles câuses ? Certes, nousvoyons parmi les êtres certains n'avoir aucune possi-bil i té de se transformer dans le contraire de ce qu'i lssont, tandis que d'autres ont égale possibil i té d'êtredans l 'état contraire de celui dans lequel i ls sont.Âins i tandis que le feu, par exemple, est incapablede recevoir le froid, qui est bien I 'opposé de sa chaleurnature l le , pas p lus que la neige ne peut recevoi r la

77

1 0

L7 IIEPI EIMÀPMENHX g 174,29-175,20

9. Koi tor,oûto pêv tà êrrl rfis tûp;s rirr' cûtôv Àcy6pevc

rcci oûtrog toîg rerpévorg ouv{ôovro . 6tr ôè xci rô êv&-

16pev6v re rci rô ôrr6rep' ëru1ev yiveo0oi rwo ûrrà rôy

râlto ê$ ôvôyr1s yivec0crr Àey6vtrov &vcrrpeîtcr, oùr60evrrp6EqÀov, ci ye toOro pèv rcupitos èvôelopévos yiveo0trr

ÀÉyet<r.r, è{' ôv xoi tô êv6é1eo0cu p{ yevéoOor 1ôpovË1er, ô9 rcr'i oûtô rô ôrrôtep' ëtu;1ev Àeyôpevov rroreî

yvriprpov, t,ù E' êf ôvôyr1s yrvdpevo oûx êv8Ë1etcn

pi1 yevéoOcr. Âéyar ôè tà ôvcryxoîov oùr êrri toû piç

yrvopévou FIEè rotà roûtou "rs

e ù0uvétr,r toûvo;ro,ôÀÀ' èrri tôv $ûoer yrvopévr,rv ù116 nvr,rv 6v rà ôvrrrei-

pevo ôôûvotov (ôv) eiq yivec0or.

Koitor rrôs oùr â.torrc rcri rropù tè èvcpy{ roi pÉ1pr

roûtrov d1v ôvôyrcqv rrpoeÀr1ÀuOévor Àéyerv, ôg prire rrvrl-

Oflvoi nvo Erivo,o0or rivloiv trvc prite rrvffoci æ tôv

oôroû pepôv flv rivlorv xoi pil xrveîoOtrr t6re olôv te {v(ôÀÀù rilv tuloûocv toO tpopiÀou neprorpo{{v rci d1v

ôcrtÛÀou trvôs Ërtcr,orv rcci rô èrrôpcr tà pÀé{opo ff n

rôv toroûtov rrpolyoupévcrrg tloiv oiticrs Érrég,evov, &ÀÀ'ôç

ù{'{pôv pil Eûvoo0o.r yivecOoi rrote) xoi rcûto ôpôvtae êv

toîs oûaiv re rcl yrvopévorg rroÀÀi1v otocv 6ro{opùv rôv

npaypôrrov èÊ is ô,ûô,ov fiv pcOeîv 6t p{ rôwcr êvôé-

ôotcr roî9 rolorircrg oiriors ; 'Opôpev yoûv rôv ôvrrov

tè pêv trvc oùôepiov ë;lovtcr ôûvcrprv tffs eis rô èvtr-

relpevov roû êv Q êon pcrapoÀfis, tà E oûôèv pôÀÀov

cùtôv êv tQ ôwrrerpévg fi èv Q êctrv elvor Euvôpwc.

Ilûp pèv yùp où1 oÎôv tc ôéfco0or {u1pôtr1to {tr.s êotiv

èvcwicr oùtoO rfi oup{ûtrg Oeppdrp, &ÀÀ' où6è pôv

6 èv8â1eo0cr om. Euseb. ll 12 ante &àrJvatov add. oûx Brdv etzl : et-'i1 p1_(sic) V etrl pt1 BT etrl @ erit EHS (* pù HtpS1^p) yevéo0ct IIp ll 1a post xwl0ivas add. îotÈ H (quodHr exp. ) ll 16 crùtoû I aûcoù H t6te I æotè H yp ll 1? ràv@ (? ) Br : rè VBH rlv toû Eureb. ll 22-28 èvôéôotcrt @ ùiaount : èv8É8ercr VBH l l 2t n VoB: tgV 6 ai (: tÇr_?).

1 5

25

Page 97: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

175,20-176,12 DU DESTIN 9

chaleur et rester neige, I 'eau, bien qu'elle soit froide,n'est pas hors de possiLil i té, en perdant sa froideur,de recevoi r cet te chaleur qui est son opposé. De lamême manière, puisqu' i l est possib le à qui est ass isde se lever, à qui est en mouvement de s'arrêter, àqui parle de se taire, et que, dans une infinité de cas,on pouÛait trouver impliquée cette capacité de rece-voir les opposés, tous ces états - s' i l est vrai queceux qui sont nécessairement dans I 'un de ces étatsn'ont pas la capacité de recevoir I 'opposé de celuioù i ls sont -, re seraient pas nécessaires là oir peutêtre admis le contraire. Si ce ne sont pas des faitsnéeessaires, ce sont des faits contingents. Or, ce qu'i ly a de contingent en quelque chose s'y trouve detelle manière qu'i l n'y est point survenu nécessaire-ment, mais de façon contingente ; ce qu'i l y a decontingent pouvait donc aussi bien ne pas survenirdans ce sujet. Err e{Iet, chacune de ces choseségalement se trouve être dans I 'état oir elle est,parce qu'i l était impossible qu'elle fût dans l 'autrede ces états opposés ; mais l 'état dans lequel elle estmaintenant, ce n'est pas de façon absolument néces'saire qu'elle y est, en raison de sa capacité à l 'égarddes contraires. Mais, certes, les états qui existentainsi dans quelques sujets n'y sont point par I 'efÏetdes causes antécédentes déterminantes les amenantlà nécessairement. De sorte que si toutes les chosesqui sont de cette {açon susceptibles de recevoir lescontraires étaient, de façon contingente, ce qu'elles sontet ne sont pas, de façon contingenter ce qu'elles nesont pas, innombrables seraient les êtres et les événe-ments contingents. Car i l est absurde de dire égale-ment nécessai res dans une chose et les états quine peuvent recevoir les contraires de ce qu'i ls sontet ceux qui sont égalelnent caltables, à n'importequcl mornent , d 'êt re cela ou le contra i re. Si en ef Ïetsont nécessaires dans une chose les états qui ne peu-

1 8 18 NEPI EIMAPMENHE S 175,20.176,12

ôéfort ôv Oeppôt1to;1ràv pévouoo, ûôop ôè rôv fi rpuXpàv

oûx ôEûvorov àrropoÀàv tcr.ûtt1v ôéfooOor r{v êvcvtiov

oùtff Oeppôrr;to. 'Opoiros ôè roi roûror ôuvotôv roi tôv

ro0e(6pevov ct{vor r<oi rôv xrvoûpevov ripepfloor rci

ràv ÀcÀoûvro olyfioor xoi êrri pupirov etipor rr5 ôv ôûvopiv

trvo êvunôpxouaov rôv èvovtirov Eerctrrcriv, ôv (ei rà

è$ &vôynr1s ôvro êv 0otÉpro oùx ë1er ôûvoprv roû ôé(oo0or

toû Ëv 6 èatr rô êvovtiov) oùr èf ôvôyr<1s ôv ei1 èv olg

èorr rù rcoi toû èvovtiou oùroîs ôercrr.xô. Ei ôè pù Èg

ôvôyx1s, êvôe1opévog. Tà ôè êvEe;1opévors ëv trvr oûtoç

ècriv êv oùrQ ôs oùrc èf ôvôyxqs ôÀÀ' ôs êvôe1opévr,rg

êv oùrQ yeyovôtcr. Tô ôè èvôe1opévos yeyovàs ëv trvr

rot pr1 yeyovévcr.r êv oùrQ oi6v re fiv. "Eotl pèv yàp ëxoorov

roi roûrov êv Q ôv tuylôver, ôr6n (ôEûvorov) frv èv

Ootép<o oùtôv èvtrxerg,évr,rv etvor ' èv ti ô' Ëcrr vûv, oùx

êf ôvôyqs ôrrÀôs èonv êv toûrrg ôrà r{v rrpôç rô ôvn-

xeiprevcr ôÉvopr.v. 'AÀÀù p{v tù oûrog ôvro ëv trcr,v où

ôr' q.irios tvàs rporotopepÀ1pévos êg ôvôyrr1s eis

rcOtc ôyoûocg êcriv êv oùroîs. "(lot' ei nôvto tù ôpoiog

tôv ùvtrrerpévtov ôvto ôe rctrrcà èvôe1opévr,rg rÉ èonv

êv ots êctrv xot oùr ëatrv èv ot5 oùx ëcn, pupic iiv eir;

rù Êvôe1opév<'rg ôvto re xoi yrvdpevo. 'Arotrov yùp ôpoitog

ê( ôvôyx1s etvor Àéyerv ëv trvr tô te ô,veniôerctq. rôv

èvovtiov roûtorg êv ols èqtr rcri tù p1ôèv pôÀÀov rcoO'

ôvtrvoûv ;lpdvov roûtorv fi rôv êvovriov oùtoîg ôexrrrô.

Ei yùp rù. êf &vôyx1s ôvto ëv fivr àverriôerctcl roû èvovtiou

1 ôé{art' V6 6 B : ôé[Er' V ll 3 pr. xcrl V 0 B : del. Br ll6 ô v e l v 0 B : e l o û v B 2 l l 8 t o û è v V G t B : r à è v B 2 a l t . é v(sic) V l l 10 rù ôè V 6 : cà 8è BH l l 13 yùp om. 0l l l 14 d8.lvarov@ impossibi le: om. codd. l l 14-15 èv 0atép<o 0J dn al lcra l l l l :ev0' atep<p (sic) V l l 17 oûtoql dvcor6 B l l 18 antr 'èf arl t l . te Vquod del Yo . o.rr. BHT ll 19 ôptor<oç (sic) \I ll 20 tôv rivtr,xerpév<ovdvtcr V6 6 ,B : coi6 dvaxerg,evorç <ov (sic) V té écrtv (Il cuntadd. s.v. Vô.

Page 98: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

t76,12-177,2 DU DESTIN 9-10

vent recevoir le contraire de la chose, ceux qui peuventrecevoir le contraire ne seront pas nécessaires dansla chose où i ls sont .

10. Dire que ne sont pas supprimés, alors que touteschoses se produisent selon le destin, Ie possible et lecontingent, parce que est possible de s'être produitcela même qui n'est empêché par rien de s'être pro-duit, même si cela ne se produit pas, et des chosesqui se produisent selon le destin, les contraires nesont pas empêchés de se produire, c'est pourquoibien que ne se produisant pas i ls sont cependantpossibles, et du fait que ceux-là n'ont pas été empêchésde s'être produits en apporter pour preuve que pournous cela-même qui les empêche d'être serait inconnu,bien qu'i l y ait absolument certains empêchements- car ce qui est cause du fait que se produise leurcontraire selon le destin, cela même est aussi causepour ceux-ci de ce qu'i ls ne se produisent pas -, carce n'est pas, disent-i ls, qu'i l soit impossible, les cir-constances restant les mêmes, que les contraires seproduisent, mais parce que ce qu'elles sont ne nousest pas connaissable, pour cela i ls disent que la non-production de ces contraires est sans obstaclecertes, soutenir de tels arguments, comment n'est-cepoint le fait de gens qui plaisantent dans des proposoù il ne faudrait pas de plaisanterie ? Notre ignoranceen ellet ne signifie rien à l 'égard de I 'existence ou deIa non-existence du réel. I l est clair ainsi pour ceuxqui tiennent un tel langage que le possible n'existera,selon eux, que pour notre connaissance. Car pourceux qui sont capables de connaître les causes deces événements - ceux-là seraient les devins -, iln'y aurait pas de possibles, les possibles existantpour ceux-là qui savent que ces choses ont été empê-chées, tout en ignorant par quoi elles sont empêchées.Sauvegardant donc Ia nature du possible de la manière

19

10

19 IIEPI EIMAPMENHI È10 176,72.177,2

cùtQ, tà €nrôertrrà. roû èvovt{ou oùr êf ôvôyrr1s 6v

èv r.i èotlv eir1.

10. Tà Eè Àéyerv pi1 èvorpeîo0or nôvrov yrvopÉvorv rcO'

eipcrppév1v tô ôuvardv re rcri êvôe;1ôpevov tQ ôuvctôv

pèv elvor yevêo0cr roûro 6 ùrr' oùôevôg rcoÀûercr yevÉo0or,

xôv pil yév1rcr.r, tôv ôè rco0' eipoppév1v yrvopévov où

xerôÀuror tè àvnxeipevcr yevéo0or, ôrô roitor p{ yrvrS-

pevcr Spog Ëoti ôuvctô, xoi roû g,fi xexroÀûc0cr yevéc0crr

oùrè &trdôerfrv {éperv tô {pîv tù roÀriovto aùrà ôv

d,yv<,roro elvcrr trôvr<oç pév trvo ôvro (ô yôp êctrv oitro

toû yivec0or rà ôvtrxeipevo cûtoîs xo0' eiprcppévr1v,

rcrOto xoi roû pi1 yiveoOor roûtorg oirro), où yùp ei,

6s {corv, ôôûvctov tôv aùrôv ttepreorôtov yivec0or

tà ôvtrreipevo, &ÀÀ' 3rr pi1 ripîv êmr yvôprpô trvc 8,

Ëctr, Er.ù çoûto &rôÀurov cùrôv rô pi1 yiveo0or Àéyouorv,

tà ô{ tcûro Àéyerv rrôs où rrcrlôvrrov èoriv êv où narôrôg

Àôyors ôeopévors ; tô yèp ipôs ôyvo.îv, où6èv rrpôg

rô elvor fi pi1 elvor tô rrpôypotc ' ôfrÀor yôp eiorv oi

Àéyovres oûtos ôs rfl {petépç yvopioer rà Euvotôv Ëoror

rot' oùror35. Toîs yùp yvropi(erv oùtôv tà oino ôuvcpé-

vorç (oûror 6' ôv elev oi pôwerç) oùr ëoror ôuvorù ôvrc

ôuvo(tà) roîs eiô6orv pàv cùrù rceroÀûc0or, àyvooûorv

ôè ùô' lifr]ôu rorÀudpevo. Iô(owes ôè dlv toû ôuvotoû

1 a'5t<9 V : crritoû èi.pa @ ipsius igitur 3 pl Vo B : 11(sic) V $ 0 aul ante ædvtov vid. add. ùrà aô 0 ll 6 8è Vo OB : om. V l l I çéperv I 9éper , Hcrù tà , dv Y 0 :dvde l .V6om. BH ll 10 rrva I êorlv H ll 12 où 1tp 6l ego ex 6 nonenim si : ouerye (sic) V où 1ùp et ye Vs e[1e V6 B ll 1a pù 0BH : gtl (sic) V ll 16 æcrt(6vr<ov VB : 1e),o[,<ov ut vid. 6 ridi-culorum où om. O Il 19 ô6 s.v. V ll p<optoer, V6 QJ B :yvcopl(er. ab eo loco desunt correctioncs V6 ll 21 oûtor ] oût<oE post ôuvcrrù ci. tà Langerbeck ll 22 ôuvarà roîç Langerbeck ;ôuvcrtoi6 VBE ôuvapr,évoq (?) 0 potenlibus xcx<olùo0ar Langer-beck : xexcoÀuxévau codd. dlvooûorv V : d,1vooûvteç 6 ignorantctJl 23 riç' ôv ego : ùg' fptôv V (9 xtrludpc.ror ego : x<oÀûovta6V 0 x<olûowctr, Langorbcck.

I J

Page 99: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

177,2-22 DU DBSTIN 10

que nous avons rapportée, i ls disent en conséquenceqtre lcs événcmcnts fatals, quoiqu'i ls se produisentd 'unc rnarr ière inéluct ablc , nc sc produisent pasnécessaircrncnt, car lcur contrairc a aussi la possibil i téd 'ôt re, possib i l i té au sens que nous venons de d i re.Mais ce sont là des enfanti l lages, comme je l 'ai dit,et non propos de philosophes qui défendent unedoctrine.

Pareil lement aussi, dire : tr La proposition: < i l y aurademain une batail le navale l peut être vraie, maiselle n'est certes pas nécessaire. Car est nécessairece qui est toujours vrai, tandis que cette proposi-tion ne reste plus vraie une fois que la bataillenavale a eu l ieu. Or, si cette proposition n'est pasnécessaire, ce qui est signifié par elle ne l 'est pasdavantage, à savoir qu'i l y aura nécessairementune batail le navale. Si donc, qu'elle doive avoir l ieun'est pas nécessairement vrai, bien qu'i l soit vraiqu'i l y aura une batail le navale, mais par ail leursnon pas nécessairement, c'est manifestement dc façoncontingente. Si c'est de façon contingente, les événe-ments contingents ne sont pas supprimés par I 'afl ir-mation que tout est fatal. r Mais parler ainsi est denouveau à la fois gamineries et le fait de gens qui nesavent point ce dont i ls parlent. En e{Ïet, ni tout cequi se produit nécessairement n'est nécessaire, sidu moins le nécessaire est perpétuel, tandis que l 'événe-ment produit par la nécessité, du fait qu'i l se produit,est, par là-même, empêché d'ôtre tel, ni la propositionqui l 'exprime n'est nécessaire, bien que ce qui estsignifié par elle soit tel. Toute proposition, en elÏet,qui enveloppe le nécessaire n'est pas nécessaire pourautant, si toutefois ce n'est pas par là que la propo-sition nécessaire se définit, mais parce qu'elle ne peutpas passer de vraie à fausse. Si donc i l n'y a pasnécessité, rien n'empôche qu'i l y ait vérité de la propo-

IIEPI EIMAPMENHX 10 177,2-22

{ûorv oûtog ô9 eipriropev, Erù roûtô {ocrv p1Eè tà

yryvdpevo ro0' eipoppév1v x<ritor ôrrcrpopôtos ylvdpevc

è$ ôvôyr1s yiveo0ot,6tr èoriv aùtoîg Euvotôv yevéc0crr roi

tè ôvtr,rceipevov Suvotôv oûrog ôg rrpoeipqtor. 'AÀÀà

5 toûro pèv rror.tôvtov r5otrep elrrôv èotrv, èÀÀ' où îtrpr<r-

ropévarv ô6ypot.

"Oporov ôè toûrrg xcri tè Àéyerv << tà ô$iopc tô 'Ëotor

aûprov vcrupclic' èÀ10ès pèv elvor ôûvco0or, où pévror rcri'ôvcyr<oîov ' ôvoyrcoîov pèv yùp rè àei àÀr10ég, toûto ôè

10 oùxét' ôÀ10ès pèv ènelôàv { voupclicr yÉv1rar. Ei Eè pr\

toûto ôvoyrcoîov, oùôè rô ùn' aùtoû olpr.arvôpevov

tà êf ,&vôyr<1s ëoeo0or voupoliov. Ei ôè Ëotor pèv oùr

ê$ àvôyqs ôÀ10és, àÀ10oû5 ôvtos toû ëoeoOor vou-

pc;1io.v, oùr< èÊ àvôyx1s EÉ, ÊvEelopévtoç ôr1Àov6t.

15 Ei ôè êvôe1opÉv<os, oùr àvorpeîtor tô êv6e1opévrog tvù

yevéo0or ùrrà roû rrôvto yiveo0or rco0' eip,oppév1v >> rrôÀrv

ôè roi toûro ôpoO (pèv) no{6vrov ôpoû ôè àyvooriv-

trov nepi ôv Àéyouor,v. Oûte yàp rôv tô êf ôvôyqs

yryv6pevov ôvoyroîov, ei ye rà pèv ôvoyroîov ôiôrov,

20 rô ôè èf àvôyr1s yrv6pevov ûn' oùtoO toû yiveo0or

toroûrov elvcrr rer<ôÀutor, oûre tà àfiopo rà toûro Àéyov

ôvoyxcrîov, ôv te tà [frù] ,:tt' cùtoû olporv6prevovroroûtov.

Où yàp tôv ô$iopo, Èv Q tô ôvoyroîov nepré;1etor,, ôvcry-

roîov iiôr;, ei ye pril toût1 tà &voyrcoîov àfitopcr rcpivetcr,

2s ôÀÀù rQ pi1 peroninterv ôûvcoOor eiç rpeûEos è$ ôÀ10oûs.

Ei roivuv p{ ôvoyr<oîov, oûôèv rerôÀutor ôÀqOès elvor

20

I

4 d,vtrxerg,evov (sic) V ll 8 ailprov (sic) V ll 10 alt. g,év \ 6 quidemH : pÉver ci. Usener ll 15 èvôe1opévoç tlvù 6 contingenteraliqua : èvôeldprevov r,rç crvù (sic)V èv8e16prevov rSore Br -ov dôçrr,vcr H ll 16 æcitrrv f ei zt&.vea H yp ll 17 pr. ôè cgo ex @ outen :'yctp codd. ptàv Bz : 1dp V @ enim R ll 22 6v te cgo ex (I)sitque : eile VBH pr.i1 del. B2 Trincavelli' , pù V Trincavellilante rà Lond. ll ante ,ror,oûrov add. ptl Bz ll 24 {ô1 et p prilego ex 0 B2 mg. : {84 e[ 1e ptlv V om. E anto rcûr71 add.où 1ùp V om. 0 del. 82 dvayxciov orn. E,

Page 100: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

777,22-178,15 DU IJESTIN 10.11

sition : < i l y aura demain batail le navale r. Si en efÏet,

en tant que l 'événement est nécessaire, ce n'est pas

par la quali l ication de nécessaire que la proposition

est vraie, si elle ne devient pas nécessaire par I 'adjonc-

tion du rr nécessairement >, elle continuerait cependantà être vraie si on la formulait sans cette quali i ication.Mais si cela est vrai, alors, sera vraie, le lendemain

venu, la proposition : < la batail le navale a nécessaire-

ment eu l ieu r. Or, si elle était nécessaire, elle n'étaitpas contingente. Bt, en fait, si la proposition < i l

y aura demain batail le navale > est vraie, I 'existence

d'une batail le navale sera toujours fatale, si du moins

tous les événements sont fatals. Mais s' i ls sont fatals,

i ls sont inévitables ; or, s' i ls sont inévitables, i ls ne

peuvent pas ne pas se produire, et ce qui ne peut pas

ne pas se produire, i l est impossible que cela ne se

produise pas ; et ce qu'i l est impossible qu'i l ne se

produise pas, comment dire que cela peut aussi ne

pas se produire ? Car ce qu'i l est impossible qu'i l ne

se produise pas 6e produit nécessairement' Donctous les événements fatals seront nécessaires, selon

eux, mais non pas du tout également contingents,comme ils disent, parlant comme des enfants.

11. I l résulte de ce que tous les événements découlent

de causes antécédentes déterminantes, définies et

préexistantes, que les hommes délibèrent aussi en

vain de leurs actions. Or, si délibérer est vain, c'est

en vain que I 'homme est doué de réflexion délibéra-tive. Pourtant, puisque la nature ne fait rien en vain

de ce qu'elle fait d'essentiel, le fait que I 'homme est

un animal doué de réflexion délibérative essentielle-ment par I'e{Tet de la nature, mais non point qu'illui soit survcnu comme une, conséqut:nce accessoire et

un accident d'événements essentiels, devrait avoir

pour conséquence que ce n'est pas en vain que leshommes sont doués de réflexion délibérative. Qr.t"

ITEPI EIMAPMENH> 10.11 I77,22-178,75

[ôs] tà "ëorar oûprov vcrupol{o". Ei yùp ô5 &vayroîov

yrvépevov ôrù tt\v toû ôvoyroÉou npocOrjxlv oùx ôÀ10és,

ei pl yivorro ôvoyroîov tff roû 'ê$ ôvôyrcqs' rrpoo0éoer,

àÀ10ès ôv pêvor ôpoitos tQ xopis ticôe tffs rrpoo0rirtls

Àeyopévrg.'AÀÀ' ei toût' ôÀq0És, èÀt10ès ëotor, èvotôoqs

tffs oûprov, ôfiropcr. rô êf àvôyrcr;s yeyovévor voupo;1iav.

Ei ôè êË èvôyrr;s, oùrc êvôe;1oy.évos. Koi yàp ei àÀtg0és

èorr tô 'oùprov ëoror vclup<rXio', ôei yevéoOor voupolçicrv

rcr0' eipoppÉv1v ëotor, ei ye Trôvrc rù yrvôpevc xc0'

e ipcppévr;v. 'AÀÀ' ei ro0' eipoppÉv1v, d,ncpcpôt<os,

ei ô' àtrcpcpôrtos, oùr èvôé1eror pi1 yevÉo0cr, ô ôè oùrc

êvôé;1ercr p{ yevéoOcrr, roûro èôrivotov p{ yevéoOor,

ô ôè àEûvotov pù yevéo0or, tôs ot6v te toûto Àéyerv

êvôé1eoOor roi pi1 yevéo0or ; Tô yàp ùôûvntov pl yevÉo0or

ôvcyxoîov yevéo0or.. llôvrc &po tù rc0' eipoppév4v

yrvépevo è$ ôvôyr1s ëoror ror' oûroûs, ôÀÀ' où1i xoi

èv8e;çopêvos, ôs rroilowes Àéyouor.v.

11. '.AroÀou0eî ôè tQ Trôvtc tà yr.vépevo rrpoxorcpe pÀr1-

pévors xol ôpr.opévorg xoi rrpoûtcr.p1oûocrrç rroiv citiorg

ëoeoOar rô rcot pouÀe riec0or roù5 ôv0pôrroug pôr1v

rrepi tôv rrpoxtétov oùtoîs. Ei Eè rô pouÀcûeo0crr pôt1v,

pôr1v ëv0porrros ei1 pouÀeutrds. Koiror ei p1ôèv p&t1v {

$ûclg rroreî tôv rrpotlyoupévov, rô ôè pouÀeutr,xôv elvcr

lQov rôv ëv0prorov npolyoupév<og rirà ris {ûoetog,ôÀÀ' où rcct' êrroxoÀoûfupô rr xoi cûprrropo roîg rrpoq-

youpévorg yrvopévor5 yivorto, ouvôyorto ôv pi1 elv<rr

pôr1v roù9 ô'v0pônouç pouÀeutrroirs. oon ôè tà pou-

1 ôç secl. Bruns oriiplov (sic) V ll 3 post zrpooOéoer. add. mg.&tr).' el coûco &Ir;0éç E ll 6 crÛprov (sic) V'yey6var V ll 10 postelpr.agpév4v vid. add. y[verau 6 fùmt l l 11 ô' CJ autemlT ci. IJrurre:om. VB l l 14xodadd. s .v . Vô : om. 6 l l 22 an te d iv0ponoçadr l .&'v B ante pouleutrxôç add. êv H.

21

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15

2 5

Page 101: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

t78,75-779,2 DU DESTIN 11

ce serait en vain qu'on délibérerait si toutes chosesse produisaient nécessairement, c'est ce dont serendront corn[)te f acilement ceux qui connaissentI 'usage de la dél ibérat ion. En fa i t , tout le monde estd'accord pour reconnaître que, sur tous les autresanimaux, l 'homme tient de la nature cette supérioritéqu'i l ne suit pas ses représentations de la mêmemanière qu'eux, mais qu'i l a reçu d'elle comme jugedes représentations qu'i l reçoit, pour décider les-quelles peuvent être choisies, la raison; par son usage,si, soumis à un examen, les objets de la représenta-tion sont bien tels qu'i ls s'étaient montrés dès I 'abord,i l donne son assentiment à la représentation et decette façon il suit ses objets, tandis que s'i ls se mon-trent di{ïérents, si quelque chose de plus souhaitablese montre alors, i l choisit celui-r, i, abandonnant cequi lui paraissait d'abord pouvoir ôtre choisi.

Beaucoup d'aspects nous étant donc bien apparusdilÏérents des premières représentations ne restentplus attachés à la prénotion, la raison les rejetant.C'est pourquoi les actes qui auraient été accomplisà cause seulement de la première représentationvenue de ces choses, grâce à la délibération à Iaquelleelles ont été soumises, ne sont pas accolnplis, puisquenous sommes maîtres et de délibérer et de choisiren fonction de la délibération. Voilà donc pourquoinous ne délibérons point et au sujet des choses éter-nelles, et au sujet des événements manifestementnécessaires, parce que nous n'aurions pas de profità délibérer sur ces objets. Mais sur les événementsqui nc sont pas néccssaircs, rnais qui dépcndcnt desautres, nous nc dél ibérons Das lon p lus, parco qu ' i ln 'yaurait aucune uti l i té pour nour ' d

' l ibéri.r à leur rujet.

Enfin nous ne délitérons pas davantage sur nospropres actions passées, parce que la délibérationà leur sujet ne nous apporterait rien qui ftt à pro-pos. Nr-rus délibérons sur les seules actions accomplies

22 MEPI EIMAPMENHX 11 I?8,15.1'19,2

ÀeûeoOcrr pôt1v rrôvtrov yrvopévtov êf ôv&yqs, Ê{Erovyvôvor rr)v roû BouÀeûeo0or lpeiav eiô6orv. .OpoÀoyeîror

ôi1 npôs ôrrôvtrov tô rôv ôÀÀr,rv !{ov ràv ôv0prorrovroOto rrcpà tffg {ûoec,r5 ë1erv nÀéov rô pil ôpoir,rg êre(vor5

s toîs {avrcoior5 ëlreoOcr, èÀÀ' ë1erv ncp' oùrfis rprtilvrôl lr.poorrtrrrou<rôv {ovtaolôv rrepi rrvrov ôs cipetôvrôv À6yov Q 1pôpevog, ei pèv ê$ero!6pevo tù Sovrcr.-oOévro, otcr, t{v àp1{v ê{ôv1, xoi ëorr, ouyxcrroti0etoire rfi {ovrooicl roi oûtos pÉterorv oùré, ei Eè àÀÀoîc

10 {oiveror, ii ôÀÀo n oû olpetr,lrepov, èreîvo clpeîtor rotc_Àeirrrov rà t{v ôpXùu ôs oipetàv crùrQ Sovév.

lloÀÀù yoûv roîs rrpôrors {cvrcloiors fpîv àÀÀoîcôôfovto oùrét' ëpervev èrri t{s npoÀ{rfeos èÀéyfovtos oùràtoû À6you. Ar.ô npoyOéwo ôv Soov êrri rfi oùrôv npôrn

15 yevopêv1 {cvtoolo [yevopévr1l, Ed, tà BouÀeûocro0ornepi oùrôv oùr< èrrpô7ç01, {pôv toû re pouÀeûocr,c0crroi r{s oipéoer,rs tôv êr rfis pouÀfis ôvrrov rupiorv. Arùtoûto yoOv oûre rrepi tôv ôrôjrov pouÀeudpego oûte rrepitôv ôpoÀoyoupévr,rg yrvoprévr,rv èf ôvôyr<1s, grr p1ôèv

zo {pîv êr toû rrepi oûrôv pouÀeûeo0or rrepryivetor nÀéov.'AÀÀ'

oùôè nepi rôv èf ôvôyx1s pèu pù yrvopévov, Êtt'ôÀÀors ôé trorv ôvtr,rv pouÀeuôpe0o, 6rr p1ôè ônô rffsrrepi êxeivc,rv pouÀ{s ô$eÀôs rr, rjpîv . ôÀÀ' oùôê nepitôv {pîv pêv rrporrôv, rropeÀr;Àu06r<ov Eè pouÀeu6pe0c,

25 6tt p1ôè rfr nepi roritrov BouÀfl ôÉov rr rjpîv yivet<rr.BouÀeu6pe0o ôè rrepi p6vov rôv ûf' {pôv re rrporropévrov

- 2 Boutreueo0ar {sic) V ôù VB : tè 6 autem Lond. ll 4 ËycovEuseb.. l l cà V 0 :

"g_gl]Lg ce om. n"seb. f ù";t" Êt" i l

1-0..1 q -a.utBz ES :et VBH_xat Lond. l l 13 èÀ?y6";; ; iy;, j :V ll 14 ùcô... gavraciq .om. Euseb. ll æpd:q y"ro1rÉun ,iirl"àt"ego :, yevopêv1 gtrvtaol,a . levopr,év1 . (sic) V Ïvog.év71 9orrooteyevopevn r; TÊvopêvil g.y. B" gau-caotq rrpôt12 6 prinain fanta'_slam ^(L,lo7.êrn gav-tao[a _1_evog,év4 H levopr,év1 gavrao[c'E. ll^17 6vtrov xuplov Vô 0 BH : dvr<oç xupi<rq

'V li'1ô Bou;,eu6se0ai0 in ras. V il 21 p{ del. Bz ll 2E

"oû..,ru'vB H :

-";;;;;;"ôJ

talibus ôé6v tr, VH : æIéov tr, Lonrt. -

22

Page 102: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

179,2-27 DU DESTIN 11

par nous et à venir, avec l 'évidente pensée que nousretirerons par là quclque profit cn ce qui concerneleur choix et leur exécution.

Si, en e{Iet, dans les cas otr ne doit résulter pour nousaucun prolit de la délibération qu'elle-même seule,nous ne délibérons pas, i l est évident que, dans lescas oir nous délibérons en escomptant quelque prolitdu fait de délibérer, en plus du fait d'avoir délibéré,nous délibérons sur ces choses, puisque même alorsle fait d'avoir délibéré apporte aussi quelque profit àceux qui délibèrent au sujet de ces autres choses dontnous avons parlé ci-dessus.

Quel est donc le résultat de la délibération ? Lefait que, parce que nous avons liberté du choix desactions, ce que nous n'aurions pas fait si nous n'avionspas délibéré, parce que autre chose eût été fait pouravoir cédé à la première rcprésentation vcnue, ceque la raison fait apparaître comme évidemmentpréférable cst choisi et fait au l ieu de I 'autre. C'estce qui doit se passcr, s' i l est vrai que nous ne faisonspas tout poussés par la néccssi té.

Mais si nous accomplissons toutes nos actions envertu de certaines causes antécédentes déterminantes,en sorte que nous n'ayons aucune liberté de fairececi ou de ne pas le faire, mais que nous accomplissionstoutes nos actions de manière rigoureusement déter-minée, de façon presque comparable à la manièredont le feu chaulÏe, dont la pierre tombe, dont lecylindre descend en roulant sur la pente, de quelprofit nous serait, pour agir, la délibération sur ceque nous avons à faire ? Ce qu'en e{Ïet nous aurionsfait si nous n'avions pas délibéré, c'est cela mêmequ'avec la délibération nous ferions nécessairement,de sorte qu'avoir délibéré ne nous apporte rien deplus que le fait même d'avoir délibéré. Et pourtant,ce que nous sommes aussi capable de faire concernantles choees qui dépendent de nous, nous le rejetons

2S 23 IIEPI EIMAPMENHE 11 179,2-21

rcl peÀÀ6wov, 6ffÀov ô9 8$ovtés tr 6rà toûtou rrÀ{oveig t{v aipeoiv te rol npôfrv cùtôv.

Ei yép, èv ols où6èv ripîv nÀéov êr< toû BouÀeûco0crroùroû p6vou nepryivetcrr, où BouÀeu6pe0c, ô{Àov ôgèv ots pouÀeu6pe0c rrÀéov tr Ëfovtes èrc roû pouÀeûeo0crr

rropà tà pouÀeûooc0nr pouÀeu6pe0c nepi crùtôv, êrcir<cri t6re tô pouÀer.ioccOcr rrepryivercr roi rrepi tôv ôÀÀovpouÀeuopévorg nepi r$v rpoerp.rixcrpev.

Ti no,r' otv rà rrepryrvdpevov êr tffs pouÀffs ;Tà ëlovtcg

{pôs è$ouoicrv t{s cripéceos rôv rrpcxréov ô orh ôvèrrpôfcpev pi1 BouÀeucôpevor tQ ôÀÀo rrpôfor ôv ôràtô elfor tff rrpoorrecoûoq $ovrtroiç, roûro oipetôtepovùrrô À6you {cvèv oipeîoOoi re rai rrpôrrerv npô êrceivou .

ô yivorr' ôv ei pi1 rrôvto rrpôrroprev K<rrïlvoyKtrûpévtog.

Ei 6è eilpev trôvtq, ô rrpôrtopev npôtrovreg Erô nvogcitics rrpoxoropepÀqpÉvos ô9 p1ôepriov ëlerv ê$ouoicvroû npôfor r6ôe tr roi pri, àÀÀ' ,&sropopévco5 ërootovrrpétre rv ôv trpôrtopev, rrcrpcrrÀ1oiro5 rQ Oeppoivovttupi roi tQ Ài0r9 rQ rcôrco {epopévrg rccri tQ rarè roûrrpovoûs rcuÀropévg ruÀivôpg, ri rrÀéov ripîv eis rô rrpôt-r€rv èr toû pouÀeûooo0or rrepi toû opo101oopÉvou

yiverar; "O Vàp ôv ènpôfcrpev p{ pouÀeucôpevor, roûroroi perà rô pouÀeûoco0or rrpôtter,v ôvôyr1, rïot' oùôèvr]pîv rrÀéov êr roû pouÀeûoo<r0ar aùtoû roû pouÀeûooo0or

rrepryivetcr. 'AÀÀà pilv roûto xoi èrri tôv ê$' f1pîv ôuvôpe-

10

15

25

.4 nepl1l,vercn orn. H ll 6 pou).eûeoOar]pouleûocrcOcc H ll 6d Bt :tôu V (eic, supra u -punctum) .toû BH l l 6-7 Bou).eu6pe0c...Bou),eûoao0crr, om. E èrcel xai r6te cgo cx (i} quoiiant et turtt' :èn' ctûté æ VBH alt. xtll om. H ll 11 dIIo @ aliud Br :dllou (eupra u punctum) V di),),ou B èv om. H fl 19 cl[crt(sic) V.

Page 103: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

I 79,21-180,1 5 DU DESTIN 11.12

comme inuti le ! La délibération est donc inuti le, mêmedans lcs cas o i r r rous pourr ions en fa i re usage, dans lapenséc qu'i l en poun'ait résultcr pour nous quelqueutil i té. La conséquence de cela, c'est que nous aurionsété en vain doués par la nature de réflexion délibé-rative. Par là le principe qui paraît avoir été admispar les Stoïciens eux-mêmes et généralement parpresque tous ceux qui s'occupent de phrlosophie, àsavoir que la nature ne fait rien en vain, serait sup-primé ; en conséquence c'est en vain que nous aurionsréflexion délibérative.

Ce serait là la conséquence du fait que nous n'aurionspas, dans les actions faites par nous, une liberté telleque nous soyons en mesure de faire les contraires.

12. Supprimant, conrme il a été montré, la délibéra-tion, ces gens supprinrent également notre l iberté, c'esttout à fait évident. Cette l iberté, en elÏet, tous ceuxqui ne se soumettent pas à une thèse, admettentqu'elle consiste dans le fait que nous sommes maîtreset de faire et de ne pas faire, sans avoir à suivre descauses qui se situeraient en dehors de nous et sansnous abandonner à elles, là où elles conduisent, et lechoix délibéré qui est le propre de I 'homme concernela mêrne chose. Le choix délibéré en effet est la ten-dance vers ce qui a été préféré à la suite de la délibé-ration accompagnée de désir rationnel. C'est pourquoii l n'y a choix délibéré ni à l 'égard des événementsnécessaires, ni à l 'égard de ceux qui, sans être néces-saires, rre passent pas par nous, pas même dans tousles actes qui passent par nous, rnais seulement dansceux dt,s évérrcmt'nts passant par nous, que noussommes maîtres de faire ou de ne pas faire. Qui, eneflet, délibère au sujet de quelque chose, délibèreou bierr pour savoir, s' i l doit le faire ou ne pas le faire,ou bien, visant ce qu'i l considère comme un des biens,i l recherche par quels moyens il pourra l 'obtenir.

24 24 IIEPI EIMAPMENH> 11-12 179,21.180,15

vor noreîv ôg &1p1otov ôv tropnroûpe0o, ô1pr;orov ôpo tàpouÀeûocr.o0ar, rcoi êS' ôv oùrô riis n 1p{orpov {pîv ncrpe-yopévo 1pôpe0o.

oflr eitreto tà pd,t1v {pîv ùrrà r{s $ûoeorgrô pouÀeuttxoîs elvor ôeôr5o0or. "Or rrpooreOévtog to0 oùroîgye toûtorg roi xorvôg rrôor.v c1eôàv toîs {rÀoco{oûor.vôoroûvtog, rà pr1ôèv ùrrô rffs {ûoeros yiveo0or pôr1vôvorpoîro ôv r$ eirrero rô pôt1v rjprôg elvor pouÀeutrxorig.

Eireto Eè toûto rQ tôv nporroprévov ri{' {pôv pi1 ë1ew

ipôs toroût1v êfouoiov, ôs ôûvao0or rè ùvnrceipevo.

12. 'Avor,poupévou ôè ôs êôei10q toû pouÀeûooo0or rct'

oùtoùs àvorpeîtor xoi tà ê{' {prîv, rpoôriÀos. Toûto

Vàp êô' riprîv rrôvte5 6oor pi1 Oéoer trvi toptotovrot,rropeùrj{corv etvor, of {peîs pèv roi roû trpo;Oflvcrr<oi toû p{ rrpol0frvor rûpror, où1 êrrdpevoi rtcll ë$o0evr]pôs neprotôorv aitiors oùôè Ëvôrôdvtes oùroîs, fi èxeîvoôyer, xoi rj rrpooipeorç, rô iôrov ëpyov tôv ôvOp<ôrrrov,rrepi roùt6 '

i Vàp êrri tô rrporcpr.0èv êr r{s BouÀfis petùôpéfet'rs ôpp{ rpooipeors. Ârô oùôè êrri toîs ôvoyxcriorgyrvopévorg { rrpooipeorg oÛte èrri toîs p{ èvoyxoir,lg

Fév, Fil ôr' ripôv ôé ' àÀÀ' oùôè èv nôorv toîs ôr' {pôv,,iÀÀ' èv roriror5 toîs yrvopévors ôr' {pôv ôv {peîg xoiro0 npôfor roi toû p{ npôfor rûpror. 'O yàp pouÀeud-

pevog rrepi rrvog fitor rrepi roû ôeîv oùrô rrpôrterv fl pi1rrpôrterv pouÀeûetcr, i) crrouôô(ov ôg trepi àyo0ôv tr

Itpeî ôr' ôv ôv toûtou tû;1or . rcôv pèv ôôuvôrg trvi

2 aôcQ om. 0 æcrpe1op.évçp V 6 : rrapelôprevor Vô H (bYu I _8, i.a€-!_n ll 4 tè E, : toû VH ô Va GJ it'U : ac vn ll6 tà V 0 BH : toû Bz ll 7 ô Br'H : ôç V tU ir t; i i15 aùtoî6_BII : crùtor6 (sic) V ll i6 ,i1er. B2 : tiyn V {prrnctrrrrieupra,r l) B -d;y1 H l l Z9 frù ôr ' lpôv ôé (J non'auten per nol82.: {pr.rqv -ô1' zigpv- (sic) V_.pi1-ôl' i1pôv l{ ll 22 posr xûpr,oradd..èop,év H ll 24 drycr06v 6 82: ô1cr0<ov (sic. punôtum suprar> Vl.

10

20

Page 104: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

I 80,1 5-t 81,4 DU DESTIN 12

Si, dans sa recherche, i l rencontre quelque impossi-bil i té, i l y renonce, de la même manière qu'i l renonceaussi aux possih les, à ceux du moins qui ne sont pasen son pouvoir, tandis qu'i l poursuit la recherchede ce qu'i l se propose, jusqu'à ce qu'i l rencontre cevis-à-vis de quoi i l est persuadé avoir la l iberté, aprèsquoi, mettant f in à la délibération, dans la penséequ'i l a conduit la recherche à ce point même qui estle commencement de I 'action, i l se met à agir pourle but proposé. En outre, on se met à cette rechercheavec I ' idée qu'on a l iberté de faire aussi les actionscontraires. I l n'y a pas de doute, relativement àchacun des objets de la délibération, la recherche con-siste, pour qui délibère, à se demander : a Est-ce celaou son contraire que je dois faire ? n, même s'i l pro-fesse que tout se produit fatalement. Car la réalitépratique contredit lcs opinions erronées relatives àcette pratique. Qu'i l y ait là une il lusion par laquellela nature égare généralement tout le monde, i l esttout à fait absurde de le dire. Que nous ayons biencette l iberté dans nos actions, nous I 'avons déjàdit, à savoir que nous somrnes capables de déciderdu contraire. Et, que tout ce que nous choisissonsne dépende pas de causes antécédentes déterminantesqui nous mettraient hors d'état de ne pas le choisir,c'est ce que su{firait à prouver également le repentirqui naît souvent à la suite de nos choix. Convaincusen e{let qu'i l nous était possible de ne pas choisiret de ne pas exécuter telle action, nous nous repentonset nous nous reprochons notre négligence dans ladélibération. Mais si c'est d'autres que nous voyonsne pas décider correctement de leurs actions, nousleur faisons des reproches estimant qu'i ls sont dansl'erreur, et nous jugeons bon d'avoir recours à desconscil lt 'rs de telle nature qu'i l dépr:nd de nous de lessuivre, parce qu'i ls sont des conseil lers, ou de ne pasles suivre, comme si nous avions liberté, grâce à la

25 25 IIEPI EIMAPMENH> 12 180,15-181,4

lrlrôv êvtû11r ro0 pèv ô$icrrcror, è$iotcrtcrr Eè ôpoloç

rci tôv ôuvorôv pév, oùx ôvrrov ôè ètr' cùtQ, péver ôè èv

tfr rrepi toû rrporerpévou tryrioer, Eo5 ôv èvtû;1g rrvi

oû rilv ètouoicr,v crùràg Ë;1erv r'êr,etorot, pe0' ô rrouoô-

pevos toû pouÀeûeo0or ôç ôv<rycr,yôv dlv lritlorv êni

toûto 6 êotrv ôp1i1 tôv rrpôfeorv, dpleror r{s npôç rô

rpoxeipevov rrpôfeo5. Fivetor. ôè rccri rj [rit1ot5 crùtQ

ôg è$ouciov ëlovrr toû rrpôrterv xai tà àvrrreiy,evc.

Ko0' Ërco<nov yùp tôv ûrrà d1v pouÀ{v rj l{qcrs pou-

ÀeuopÊvqr yiveror, n6repov roûro fi rà ôvnrceipevov oùrQ

rrporcrÉov por, xôv nôvtcl Àéyg yiveo0or ro0' elpoppévqv.'EÀêyyer

Vùp { êv toîs trportoîs ôÀriOerc rùs nepi oùrôv

r]poptrlpévcs ô6Ëcr.s ' fiv rrÀôv1v rorvôs rrôvtos ôv0pô-

rroug ûrrô tfis {ûceo5 nenÀcrvio0or tôs oùr ôtorrov

Àéye rv ; "Otr yèp toûr1v Ëye rv dlv êtouoiov èv toîs rrporroîç

rrpoerÀri{apev, ôs ôûvclo0crr oipeîc0or tô ôvrrrelg.evov,

rcri pip nôv ô otpoûpe0o ë;er,v nporotopepÀ1pévog oiricg

ôr' ôs où1 o16v re ôfrôs frù toûto oipeîc0or, ircov{ ôeîfcr

xoi ri êrri roîg oipe0eîorv yrvopév1 noÀÀéxrs petôvorc.'Os yàp èvôv {pîv roi pi1 fpfro0or rcoi pi1 nerrpolôor

toûto petcvooûpév re xol pep{6pe0o oûroîs ris rrepi

d1v pouÀ{v ôÀryopioe. 'AÀÀù xôv ëÀÀous iôr,rpev pr\

roÀôs rrepi tôv rrpoxrér,rv ôroÀoppôvovrog, rôxeivorg

èrrrxcÀoûpev ôg ôpcprôvouorv, ôf,roûpev ôè ouppoûÀorg

toroîcôe 1pffoOcrr ôs êô' {pîv ôv tô te rrcpoÀcppéverv

cùroùs ouppoûÀous ôvtoe fi pi1 rrapoÀoppôverv, (ô9

Ë1owes è$ouoiov) toû rrpô(cr ôv Erà rilv tôv toroûturv

1 èvru11 6 superoeniat ci. Casp. Orelli : a5Xn VBH ll 2 préverBt : el V 0 si BH ll 5-6 ènl roûto ego ex6 : èp' aùtôv Vfl 11 xa0' (punctum supra x) V ll 16 al,peîoOat ego ex @ eligeroci. Bruns in app. crit. : Srar.peïo0ar VBII ll 19 lwopév1 om. Hll 21 aûtoi6 H ll 23 æpaxtécovl rpcr s. v. V ll 24 ô6 B in ras. :olc VHT om. 6 lpioOoa toroi6ôe trânsp. E ll 26-27 ôq ë1ovre6ê(ouolorv ego add. ex 6 tonquam hobentes polostatem ll 27anto æpô(ar, tcripsi toû ex @ agand,i ES : toù6 VII tQ Brrotorirc,rv ] roûrorv E.

25

Page 105: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

181,4-24 DU DESTIN 1à18

présence de tels gens, d'agir aussi autrement, et nonpas précisément comme nous agissons,

Mais que ce qui dépend de nous se d ise de ce casoir nous avons la l iberté de choisir les contraires, celase comprend de soi-même, et ce que nous venons dedire le rappelle sufl isamment.

13. Cela étant, montrer que cela peut être soutenupar ceux qui prolessent gue tout se produit fatalement,i ls ne le tentent point dès I 'abord - car i ls saventbien qu'i ls entreprendraient I ' impossible -, mais de lamême manière qu'à propos de la fortune, ayant donnéune autre signification au mot fortune, ils s'e{Ioroentd'amener leurs auditeurs à penser qu'i ls soutiennent,eux également, qu'i l y a des événements de fortune,de même aussi font-i ls à propos de la l iberté. Bne{Tet, tout en supprimant le fait que l 'homme a l ibertéde choisir et de faire les contraires, i ls professent qu'esten notre pouvoir ce qui est accompli par le destinet cn même temps à travers nous. Puisquc, en fait,disent-i ls, les natures des êtres et des événcments sontdiverses et di{Iérentes (en efÏet, cclles des êtres animéset des êtres inanimés ne -qont pas les mêmes, mais pasdavantage celles de tous les êtres animés ; les diflé-rences de formes entre les êtres mettent en évidenceles di{Térences de leurs natures)r ce que chaqueêtre produit est conforme à sa nature propre : lesellets d'une pierre sont conformes à la nature de lapierre, les effets du feu à la nature du feu, ceux d'unanimal, à la nature de I 'animal ; rien de ce qui seproduit conformément à la nature propre de chaqueêtre ne peut, disent-i ls, être autrement, mais chacunedes choses faites par eux se produit de façon néces-saire - selon une nécessité qui n'est pas celle tr parviolence r, mais qui provient de fait qu'i l est impossible

IIEPI EIMAPMENH: 12-18 1 81,4-2(

topouoiov xai ôÀÀo tryù roi pi1 rcûrcr ô rrpéooopev.'AÀÀ' 6tr pèv tè è{' ripîv èni toûtov xotrlyopeîtor ôv èv

ipîu i ê{ouoio toO êÀéoOar xoi tè ùvtrrceipevo, yvôpr,pov ôvroi è$ crùroû, irovà ûnoprvfloor r<ri tà trpoerpqpévc.

13. Tor.oûrcu ô' ôvto5 oùto0, rô pèv ôerxvûvor toûto oto!6-pevov rotù toùs rrôvrc Àéyovtcg yiveo0crr rcoO' eipop-pévqv oûôè êrrrlerpoûcrv d1v ôpplv (iooolv yàp èy1er-prjoovres àôuvérors), ôs Eè êrri tis tû11s ëÀÀo rr o1-porvdpevov ûrro0évres tQ tfls d11s ôvdporr ropôyervrrerpôvtor roùg ôxoûovtog oùtôv ôg o<itovreg rcai crûtoirà ôrrè tûxr1s yivec0cri nvo, oûrr,rs ôè xci èrri roû ê{'ripîv rroroûorv. 'Avorpoûvteg yàp tô èfou<ricv ë1erv tàv&vOprorrov rQs oipéoeôs te rol rrpôfe<,rg rôv ôvnrcer-pévr,rv ÀÉyou<rrv ë{' rjpîv elvor tô yrv6pevov [xci] ôr

{pôv, 'E,rei yôp, {oolv, rôv ôvttov re rcrl yrvopÉvtov ot

{ûoers Ëtepoi te roi ôrô{opor (où yùp oi oùroi tôv êpr}r3-

Xtov r€ xoi rôv ôr!û1orv, ôÀÀ' oùôè rôv êpr|û1tov ôrrévrovoi oùtoi rr&Àrv ' <ri yàp rcot' eÎôog tôv ôvtrov ôrcrsopcitàs rôv r$ûoeorv oùtôv ôrofopàg ôerrvûouorv), yivetorôè rà ûS' êr<ôorou ylvdpeva rotà t{v oireiov {ûorv,tè pèv ùrtô ÀiOou xorà rî1v Ài0ou, rà ô' rinô rrupô5 xotù

t{v rrupôs xoi tù ûrrô lrirou xotù rilv (r!ou, oùôèv pèvrôv rar& ti;v oirceiav $ûorv rl{' êxôotou yrvopÉvov ôûvoo-Ooi rfocrv ôÀÀtos ë1erv, ôÀÀ' Ëxoarov rôv yrvopévovûrr' oûtôv yivco0crr xctqvcyroopévog (ror' ôv6yxr1voù t{v êx pios, ôÀÀ' êr< toû p{ Erivcro0or tô g,l ne{ur<ôg

1 xal &}),a @ et alia : &À].a xal V (xal per compendium)xcrl om. H rr,vù... ztpdcoopev] tr,vaç npd,ooop.ev-(sic) D tautcr (siciV ê s.v. V ll 3 post êÀéoOal add. ce H Il 10 oô(eoOcrr. xri.crùtoiç I I .yp ES -l l 14 d 0 Bz : te V (prrncto notarrun) I l l Ixctl seclusi om. 0 del Ba [o<o6 8eî ],éyelv iéyouor,v êo' ùrrîveïva-u rô ûæére ti6 el,ptappévr16 l,v6pevov'xal ôr'-ipôv B! rn[. 1116 ùrctgopor I ôr.dgopcrr (eic) V ll 22 anta (<ôou add. ûæù VBII il26 post tà add. pù 8.v. V8 non habent 0J II dcl. Rodior.

26 26

15

Page 106: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

181,24-182,14 DU DESTIN 18

qu'il n'en soit pas par nature ainsi - : les circons-tances étant telles, i l lui est impossible de les subiralors d'une autre manière et de ne pas se mouvoirainsi.

La pierre, en efÏet, si on la lâche de haut, ne peutpas ne pas tomber, si rien ne lui fait obstacle - parle fait qu'elle a en elle pesanteur, laquelle d'ailleursconsiste dans tel mouvement naturel, et quand, enoutre, les causes extérieures qui contribuent aumouvement naturel sont données à la pierre, néces-sairement, la pierre tombe comme il lui est naturel -,

en outre, dans tous les cas et nécessairement, doiventlui être données ces causes par lesquelles elle se meutalors, non seulement la pierre ne peut pas ne passe mouvoir, ces causes étant présentes, mais encoreelle se meut dès lors nécessairement, et un tel mouve-ment est accompli par la pierre sous I 'action du destin.On raisonne de même dans les autres exemples, etce qui se passe pour les êtres inanimés se passe aussipour les êtres vivants, à ce qu'ils disent. Les ani-maux en c{Iet ont, eux aussi, un mouvement naturel,à savoir le mouvcment par tcndance. Car tout ani-mal qui se mcut cn tant qu'animal se meut partendance d'un mouvemcnt e{ïectué par l 'animalsous I 'action du destin. Dans de telles conditions. etpuisqu'i l y a des mouvements et des aetes qui procèdentdu destin dans le monde : ceux qui sont elÏectuéspar la terre, si tant est qu'i l y en ait, ceux qui sonte{ïectués par I'air, ceux qui sont ellectués par le feuou par tout autre chose, comme aussi certains deceux qui sont e{Iectués par les êtres vivants - telssont les mouvements qui procèdent de la tendance -,i ls professent que les actes e{Iectués par les animauxsous l 'action du destin sont au pouvoir des animaux,mais également qu'i ls se produisent de façon néces-saire, comme dans tous les autres êtres, parce qu'i lfaut aussi pour les animaux que nécessairement

ITEPI EIMAPMENHE 18 181,24.182,14

oûr<oç, ôvtarv tôv rreprectdltrov toroÛtov) ô6Ûvorov

cùtQ rrepreotévor t6re &ÀÀos rorg, xoi p{ oûtrog rrvl0Qvcr.

Mrjte yôp rôv Ài0ov, ei èrrô ûrlous &$e0eiq tv6s, ôûvoc-

Ocn pi1 $épecOcr xôtro, plEevà5 êprroôilovtos (rQ pcrpût1to

pèv ë1er. cùrôv êv oritQ, toût1v ô' elvcr rffs torcÛtqs

rrvrtoetog xctè {ûorv, Stov xoi tù ëfroOev oinc tè rrpàg

r{v rtrrà {ûorv xivtlcrv rQ Ài0rg cuvteÀoûvto rropfr,

èf ôvéyrcls tôv Ài0ov ôs né{urcev {épeo0or) nôvrors

ô' oùtQ roi èf ôvôyr1s rropeîvor toûtcr tù critrc Er' ô

rrveîror r6te, où p6vov pù ôuvo.pévqr Fi ruveîoOor

toûtov [p{] rop6warv, ôÀÀù roi ê$ ôvôyxqs xrveîo0or

rôre, xcrl yiveoOor tilv torcrÛtr1v r<{vrlorv rirrô tfis eipcrp-

pév1s ôrù roû Ài0ou ' 6 ô' oùrôs xai èrri tôv ë.ÀÀov Àéyos.'Os ôè êrri rôv àr!û1ov ë1er, oûtros ôè xoi êri rôv tril,rvë;1elv {ooiv. Elvor y&p trvo rol roîg !{rorg xlvlorv rctà.

$ûorv, toûr1v ô' elvcr r{v ro0' ôpptiu ' nôv yùp lQovôg lQov rrvoûpevov rrveîoOor ro0' ôppi1v rcivlorv rirrô

tfis eipcppérzrls 6rù t{ou yrvopév1v. Oûrr,rs Eè toûtrov

ê;1ôvrrov, rcoi yrvopévrov ùrrô tfis eipappév1s rrvricreôv

re xoi èvepyerôv èv rQ r6oprg, rôv pèv ôrà yffs, ôv oûto

tûy1, tôv ôè ôr ' ôépos, tôv Eè 6rù' rrup6s, tôv Eè Er'&ÀÀou

trv69, yrvopévov ôé rrvov rol ôrè lrirtov (totcrûtcrr Eè

cr.i xcr.0' 6ppi1v rcvri<rers), rùg ôù tôv [tirov rità tffs eipop-

pévqs yrvopévos êrri toîs t{1orç etvor ÀÉyouorv, ôpoirog

ôè ôç rrpàg tô ôvoyrcoîov toîs ôÀÀor9 yrvopêvo5 &rrcrcrv,

tQ ôeîv rcoi ror3torg è$ ôvôyqs tù ë{ro0ev citro rropeîvor

27 q n

2 post cùtô add. pl (punctum supra 6r,) V : pl om. 6 tdteom.- 0 z t6,' te (sic) H ll 6 post gÛor,v add. altlav Br BruIrell7 rdpît Vô : ncpiv V ll fO Suvcrpévg 6 potente H : Suvctpév<,rvV (r supra v) B -ptÉvou Bt l l r t pl eecl. Brunr l l 1? portxrveîoOal add. rlv Br.

Page 107: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

182,15-31 DU DESTIN 18.14

les causes extérieures soient alors données, de sorteque ceux-ci elïectrrent en quelque façon nécessaire-ment le mouvement qui procède d'eux-mêmes et dela tendance.

Mais parce que ces mouvements procèdent de latendance et de l 'assentiment, tandis que les autresprocèdent de la pesanteur, de la chaleur, ou de quelqueautre puissance ou cause, i ls professent que celui-làest au pouvoir des animaux, tandis que chacun deceux-ci n'est ni au pouvoir de la pierre, ni au pouvoirdu feu.

Telle est donc leur doctrine relativement à laliberté, en résumé.

14. I l est possible de voir si, tenant ce langage, cesgens maintiennent les prénotions communes de toutle monde relativement à la l iberté. Ceux qui leurdemandent : < Comment est-i l possible, si touteschoses sont fatales, de sauvegarder la l iberté ? >ne demandent pas cela en considérant le seul mot deliberté, mais aussi sa signification, la l iberté elle-même.

C'est en e{ïet parce qu'i ls sont convaincus qu'i lexiste quelque chose de tel que la l iberté qu'i ls crit i-quent ceux qui professent que tout se produit nécessai-rement. Mais eux, alors qu'à partir de là, i l leur fallaitdire qu'i ls ne sauvent pas la l iberté, et de ce qu'i lsne la sauvent pas, rechercher et exposer les raisons,puisqu'i ls voyaient qu'i l y a là quelque chose de toutà fait invraisemblable, et parce que beaucoup dechoses pour eux aussi relèvent de la l iberté, c'est enmontrant que tout cela est identique et s'accordeavec la doctrine du destin, dn trompant leurs audi-teurs grâce à l 'équivoque, qu'i ls pensent échapperaux absurdités qu'entraîne la thèse de ceux pour quila l iberté n'est rien.

TIEPI EIMAPMENH> 13.14 1 82,1 5-31

r6te, State cùrù #1v èf Êourôv te rcol rtrO' ôppi1v rivr;orv

Ë$ ôvôyqs oûror rros èvepyeîv.

"Om ôè cûtor pèv ôr' ôppfis te roi ouyrcotcOéoet'rç,

êrceivrov ôè ci pèv ôtà pcrpûtqtc yivovtar, ci ôè ôrù Oeppô-

r1ro, oi ôè ror' ôÀÀt1v trvù $ûorv, tcÛr1v pèv Ërri toî5

ttlors Àéyovteg, oùrétr ôè èreivov-êxôot1v, tilv pèv êni

tQ ÀiOrp, tilv ôè êrri tQ rrupi.

Kai toroûtq pèv <rùtôv f1 rrepi roû è{' {pîv ôéf<r ôs

ôr' ôÀiyr'lv eirreîv.

14. "Eveon ô' ôpôv ei toOto Àéyovteg oôlouorv tàs xor-

vùs èrri roû Ë{' {pîv nôvrtov àvgpdrnov rrpoÀrir}e 19.

Oi yùp ôrrortoûwes oùtoûg, rrôs o16v te rôvtorv ôvtrov

rtr0' eipoppév1v tô èô' ipin oriteoOclr, oùx ôvop<r pdvov

roû ê{' ripîv trOévteg toût' àrtcrrtoûorv, ôÀÀà rcci olpor-

vdpevov èreîvo tô oùte$oûorov.

Arù yùp rô toroûtov elvar tô è{' {pîv rrerrroreûo0<r.r,

(ôrù toûr') eùOûvôuorv toùs êf ôvôyqs rrôvto yiveoOor

Àéyovtos. Oi ôè ôÉov cùr60ev p! otileo0or Àéyerv rci

toû pi1 oôteo0or lryeîv te rcoi rropé;çeoOor tàg oiticrs,

ènei roûto êôpr,rv rrovtôrroorv ôôof6v tr ôv roi noÀÀù

rôv xol oùtoîs toû ê{' {pîv (ôvto), rrôv (toûro) tcrùtà

ôerrcvùv ouvoôeûov rQ rfls eipoppÉv1s À6yrg, (rQ) ôrà

rffs ôpovupios ropoKpoûeo0or. roùs ôroÛovtos {yoûvtor

Seûyerv tô d,torro ôoc Ënetor toî5 pr1ôèv ê{' {pîv elvor

Àéyoucrv.

3 oulxataOéoeco6 H1p Trincavelli : ouv0étreor6 V (supra v punc-tum) HIJES @ placitum ll 5 gûor.v ego ex 0l naturom : orn. Valriav ci. Rodier ll 8 repl 0 de Bt : ènl V Il ll 17 ôlù ço[a' ,'goex 6 per hoc : om. V et codd. l l 18 o[ V : el (U sr l l 20 ruconjici : te codd. ll 21 ante roù add. rrepl l}z tjvra additli :ôoxoûvt<ov dvatpetr,x6v add. Bs æ&v toûto corrjici : zrôodv te Vomne vcl esse 0 ôe êv Lond. ll 22 ouvoôeûcov E ),6yrp orn. li)rQ add. Schwartz probavitquo Bruns.

28 28

1 5

Page 108: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

1 82,31-1 83,1 I DU DESTIN 14

Voilà donc leur doctrine. Et d'abord, i l seraitraisonnable dc leur demander : < Pourquoi donc,puisque le destin s'exerce dil léremment dans les di{Té-rents événements dus au destin, puisqu'i l agit parla nature propre de chaque être, pourquoi n'attri-huent-i ls pas la l iberté à aucun des autres êtres, maisaux seuls être vivants ? > Parce que, ce qu'i ls pro-fessent au sujet des animaux, des actes elÏectuéspar I 'animal, peut se dire aussi de chacun des autresêtres.

Puisque, en e{fet, les actes e{fectués par I 'animalne se produiraient pas sans cette condifion, si I 'animalne manifestait pas de tendance, mais parce que I'ani-mal donne son assentiment, la tendance aussi semanifeste, tandis que sans assentiment elle ne seproduit pas, ces actes sont, disent-i ls, au pouvoir deI'animal : devant dépendre nécessairement de lui- car i l ne peut en être autrement - par Ie faitqu'i ls ne peuvent se produire par un autre que lui,ni autrement, pour ces raisons, i ls pensent qu'i lssont au pouvoir de I 'animal.

Mais on peut dire aussi cela de chacun des autresêtres. En e{ïet ce que produit le feu ne saurait êtreproduit par rien d'autre, et le feu ne peut rien pro-duire d'autre que ce que produit l 'échauIÏement, desorte que, puisque les eflets du feu ne se produisentpas d'autre façon que sous l 'action d'échau{Tementdu feu, s' i l échauffe i ls seront, s' i l ne chau{Te point,i ls ne seront point, ces e{Tets seraient donc au pouvoirdu feu. Bt cela pourra également être dit pour cha-cun des autres êtres. A quoi bon s'étendre davantagesur un point que l 'exposé rend très facile à com-prendre ?

Sur les mots, donc, i l n'y a aucune diff iculté, maiscroire qu'on donne un privilège aux animaux, dansles actions par eux effectuées, par rapport aux autresêtres par lesquels aussi i l arrive quelque chose, en ne

IIEPI EIMAPMENH' 1{ 182,31-183,19

Toûtcr 6è Àéyovtog oùroùs rrpôtov plv ôv ônart'ricor ts

eùÀ6yos, ti ôri rrorc d.ÀÀt'rv ôr' ËÀÀov yrvopévov ûrrà rfis

eipcppév1s, xoi 6rà rfls oixeics ,fûoer.rs tôv ôvrtov éxôorou

tffs eipoppévqs êvepyoûorlsr êd pèv rôv ôÀÀrov oùôevôs tô

êrr' oùtoîs elvcrr rotlyopoûorv, êni ôè tôv trirtov p6vov ;ôr' ô yùp Àéyouorv êni tôv lr.i,tov tù. ôrù roû trirou yrvri-

pevo, toûr' Ëveon rcol êrri rôv ôÀÀov êxôotou ÀËyerv.'Errei yà,p oùr d,ÀÀros yévorto rô ôrô roû l{rou yrv6pevo,

p{ ôppriocvtog toû lr.irou, ôÀÀà ôrà rà ouyrctoti0co0cr

pèv tô [Qov roi ôppfioar yivetor, pil ouy'<oto0epévou

Eè où yivercr, tcOro êrri rQ l<[rg {coiv clvcrr, èf d,vôyx1s

pèv êodpevo ûn' oùtoû (oû yùp otdv re ëÀÀros), rQ ôè

p{ ôûvco0or ôr' ËÀÀou trvàs fi ôrà roûtou yevéoOor,

pr1ô' ËÀÀroç fi oûtors, 6rù toûto elvor cùtù êrri tQ l{rgoi10évtee.

'AÀÀù roût6 ye rci èrri tôv dÀÀov éxôcrou Àéyerv

ëotrv. Oûte yèp tô ôrà toû rrupôs yrvdpevov ûrr' ôÀÀou

tvôs ôv yÊvorro oûï' ôÀÀos ôrù roû rrupôs ii Er.ù roû

0epg.ffvor, dior', èrrei p1ô' ôÀÀ<os yévorro rè ôrè roû

rrupôg yrvôpevo fi 0epprivcrvrog roû rrup6s, rcci Oep-

p{vovros pèv cûroû ëotor, pil Oepprivcvro5 ôè oùr ëoror,

ei1 ôv êrri tQ rupi roûro. Tù ô' oùtà rcoi ê{' êxôotou rôv

ôÀÀov ëoror, ÀÉyerv. Ti yèp ôeî pcrcpoÀoyeîv yeyovdtog

toû Àeyopévou yvropipou ;'Ovopôt<ov pèv otv oùEeis ô06vos, tô ô' rjyeîcOor

rrÀêov tr toîs l{or9 ôrEdvor êv toîs yrvopévor.s Er' cûtôv

nopù t&ÀÀc ôr' ôv tr rol oùtôv yivetcr, pt1ôèv nÀéov

29

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1 Mlovra6] -taç in ras. V ll 2 pr. d.).lov ego ex 0 aliis :dllou VB d)'tr<oç V0 H '6,vog.évcov ] 1,vog,évou ES ll 8 antc 1évortoadd. êv Arnim ll 14 ôrè roûro 0 propaer lroc : ôr.ù roûrou tÇrV (ou in ras.) H ôtà torirou tô Br ll 24 ),c1opÉvou I inter o ctg, ras I l i t t . V l l 26 oùv V :1ùp 0 enimH yp I lS.

Page 109: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

I 83,1 9-184,4 DU DESTIN 14

conservant rien de plus, pour eux, que le mot < enleur pouvoir r, c'est cela même qu'i l faut leur reprocher,parce que, ou b ien i ls sont t rompés eux-mêmes à causede I' identité du rnot, ou bien i ls se proposent de tromperautru i .

En outre on pourrait s'étonner de ceci de leur part :qu'ont-i ls pensé pour dire que la l iberté consiste dansla tendance et I 'assentiment, par suite de quoi i lsla maintiennent chez tous les êtres vivants ? En e{Ietla l iberté ne consiste pas, lorsqu'une représentationest présente, et à céder de nous-mêmes à cette repré-sentation, et à suivre notre tendance vers ce quiapparaît; sans doute cela su{Iirait peut-êire à con-firmer I 'existence de I 'acte spontané et à le démontrer.Toutefois i l n'y a pas identité de l 'acte spontanéet de la l iberté. Car spontané est l 'acte qui résulted'un assenliment non contraint, tandis qu'est l ibreI'acte qui s'accompagne de I 'assentiment conformeà une raison et à un jugement. C'est pourquoi, s' i l ya acte l ibre i l sera aussi spontané ; mais tout actespontané n'est pas l ibre. C'est bien spontanémentque même les animaux dépourvus de raison fonttout ce qu'i ls font selon la tendance et l 'assentimentqui sont en eux, mais le fait de mettre certains desactes faits par lui au compte de sa l iberté est propreà I 'homme. C'est qu'en e{Tet i l possède la quidditédu raisonnable, qui consiste à avoir une raison, jugedes représentations qui s'o{Trent et init iatrice, géné-ralement, de ce qu'i l faut faire ou non. C'est pourquoi,tandis que les autres animaux qui cèdent à leursseules représentations ont celles-ci comme causesdes assentiments et des tendances qui commandentleurs actions, l 'homme, lui, a la raison comme jugedes représentations qui lui viennent de I 'extérieuren fonction de ce qu'i l doit faire; par l 'usage de cetteraison i l examine chacune de ces représentations,non pas' seulement pour savoir si elle paraît bien

TIEPI EIMAPMENHX 14 183,19-184,4

toû èrr' cùroîg ôvôpotog rqpoûvrog oùtoîç, roût' cùrè

citrcrtéov, ôs cùtôv ônarurpévov ôrà tlv toû ôvdpatog

rorvorviov û ôs toùs ôÀÀous ôncrôv ,npocr.rpoupévorv.'Erri roûrr,r Eè èrceîvo &v tr.g oùrôv 0oupôoerev, ri

rrc06vre5 èv { ôppff re xoi ouyr<crc0éoer tô ê{' r]pîv

{aorv elvor, ôr,' ô roi ôpoi<os êv rrôorv toîs t.lo,srlpoûorv cùt6. Où yùp tô ê{' {pîv êv tô {cvrooicrerrpoorreooûot1s elfoi re èf Êoutôv rfr {<rwcoig rcoi ôpprioor

êni tô {cr.vÉv, ôÀÀù toûto pèv ôv ioors ei1 toO êxouoiou

rtrrtltrr€utl'<rnr<év te rci ôerrnr<6v. Où p{v tcùtôv tô

te êroûorov roi rô ê{' {pîv. 'Eroûorov pèv yàp tà è(

àprôotou yrvdpevov ouyrcotc0éoeog, êô' ipîu ôè tà

yrvdpevov perù rfls rcorù À6yov te xoi rplorv ouyrcrtcr-

Oécer,rs. Ârè ei tr. pèv èS' {pîv, toûto rcoi êrcoûorov, où

pilv rrôv tà éroûorov èô' ipiu. 'Ercouoiorç pèv yàp rcai tè

ëÀoyo lQo 8oo rccrrà. rlv ôppriv te xoi ouyrotôOeorv

tilv èv oûtoîg rroæî, tô ôè êrr' oùrQ n0évor rôv ytvopévorv

rirr' cùroû iôrov èv0pônou. Toûro y&p êotv oùtQ tô

elvor, Àoyr.rcQ rô ë;çerv èv oùrQ À6yov tôv rrpoorrrzrtoucôv

Sovrcorôv roi 8Àos rôv rrpor<rÉov te xol p{ rcprmiv te

roi eriperiv. Ârô tà. pèv ôÀÀo tQc ô eirer roîs {owcciorgpôvorg, xat' oùrà9 ë1er, tôv ouyrcctc0éoeôv re rcoi tôv

rorù tàs rrp&fere ôppôv oirios, ô ôè Êiv0porros Ë1er tôv

fipocrîrrrrou<rôv ëf<o0ev {ovr<rorôv oùtQ rrepi rôv rporcré<,rv

xprtr\v tôv À6yov, Q lp6pevos êr&ot1v crùrôv êferô-

30

10

1 5

I toùç KES : toû VB æpoarpoupr,évouc E ll 13 À6yovl 16 inras. V ll 17 tr,9êvor, VH 6 ponere i tu efvcr H yp ll 18 tôV B2H : tQ B Lond. ll 19 êv aùtQ V @ in ipso BI-I : êv aût{rBrune ll 21 e'5pér4v (sic) V &ÀÀal ll),o1a lI ll 22 xorc' aùtù61xal ræinuç H yp ES ll 23 æp&la4 Vô O H : t&(a.ç V ES ll24 npoonrrtouoôv] côv s.v. V ll 26 ante xpr,clv add. tc II.

Page 110: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

184,4-24 DU DESTIN 14 37

telle qu'elle paralt, mais aussi pour savoir si elleest réelle.

S'i l découvre, au cours de I 'examen rationnel,que l 'être de cette représentation est différent duparaître, ce n'est pas parce que I'une paraît telle qu'i llui donne son consentement, mais, dans la mesureori elle n'est pas réellement telle, i l s'oppose à elle.C'est donc de cette manière que, même de ce qui peutlui paraître agréable, l 'homme s'abstient, quoiqu'i len ait le désir, dans la mesure où i l n'a pu accorderla raison avec I 'apparence, et de la même manièredes choses qui lui paraissent uti les, la raison en ayantdécidé.

Si notre l iberté consiste dans l 'assentiment ration-nel, lequel résulte de la délibération, tandis qu'i lsdisent qu'elle consiste dans l 'assentiment et la ten-dance, parce qu'elle se trouve aussi dans I 'activitéirrationnelle, i l est évident, d'après leurs propos,qu'en analysant trop à la légère la notion de l iberté,i ls ne disent ni ce qu'elle est ni oir elle réside. Laquiddité du raisonnable n'est rien d'autre que lefait d'être le principe des actions. De même en elïetqu'i l y a une diIÏérence caractéristique en chaqueêtre dif lérent : pour I 'animal elle consiste dans I 'ac-tivité tendancielle, pour le feu dans la chaleur et lacapacité de réchau{Ier, et pour chaque être dans unecaractéristique di{Iérente, de même aussi pour I 'hommeelle consiste dans le don de raison qui équivautau fait d'avoir en soi le principe et de choisir et derefuser une même chose. I l y a identité entre I 'un etI 'autre, de sorte que supprimer cela c'est supprimerI'homme. Ils paraissent, pour avoir négligé la raison,placer dans la tendance la l iberté, parce qu'i ls nedisent plus que la l iberté consiste dans la délibération :i l en découle leur sophisme. En e{Tet, en ce qui con-cerne la tendance, i ls peuvent bien dire que les actionsellectuées par la tendanco sont au pouvoir des ani-

IIEPI EIMAPMENH' 14 I 84,5-24

1.,, pù pévov el ,fcl{vctor toroûr1 ôrro{o rfclvetcr, ôÀÀà

rci ei ëotr.

Kôv eûp1 t1tôv ratù rôv Àôyov &ÀÀoîov aùrffs roû

{oiveo0or tà elvor, oû Erôtr tol&ôe tlg {o{vetor ouve-

1ôp1oev cùrfi, ,ùÀÀ' 6tr pi1 rcoi Ëort rorcrûtr; èvicrotor

npèg oùrrjv. Oûrtos yoûv xoi. riôéov tvôv $crvopévtovrroÀÀôxrs ôré;1eror, xoitor ôpefrv ë;gov crùtôv, En pi1

ràv Àôyov Ëo1ev rQ {orvopÉvrg ouvôôovrcr, ôpoito5 ôè

xoi cup{Épovrc $ovévtc tlvà rroppriooro, tQ Àôyg

roûto ô6tov.

Ei ôè tô ê{' {pîv èon êv tfl Àoyrr<ff ouyxotoOêoer

fltrg 6ô toO pouÀeûeo0or yivetcr, oi ôè êv rfi ouyra-

rcr.Oéoe te rci ôppô {oorv elvor. 6tr rcri àÀ6yog yiveror,

ôfiÀor 6r' ôv Àéyouorv pg0updrepov rrepi toû è{' {pîvôrcrÀoppôvovteg, oûte 6 rt nor' êotiv cùt6, oûte êv tivr

yivetor, ÀÉyouorv. Tà yàp elvcn ÀoyrxQ oùôèv êiÀÀo

èoriv fi rô &p1i1v rrpôfetov elvcr. '(ls yàp ôÀÀos &ÀÀr9

tô etvcr.r, tQ pèv lÉg êu rQ ôpp1rr.rcQ, tQ ôè nupi Èv tQ

0eppQ te xoi 0eppcvtxQ, ôÀÀ<g 6è êv êiÀÀ<g, oûrros ôè

rQ ,&v0prônrp êv tQ ÀoyrrQ ô ioov èori rQ èv oùrQ àpXùu

ë1erv toO roi êÀéo0or tr roi pri ' xoi rô oùtô ôp{r,r, ôotc

ô toûto èvcrpôv ôvorpeî tôv d,v0pr,rrrov. 'Eoircclor.v ôè

rropcrÀeÀorrrdteç tèv À6yov èv "î

ôppû tô ê{' {pîvr(0eoOor, 6n p1r<ér' èv tQ pouÀeûeo0or Àéyouorv oùtoi

tô ê{' rjpîv etvor. rrpo;1orpeî tô c6fropc. 'Erri pèv yùp

{s ôppffs Ëlouorv Àéyerv tô êrri toîs (<irors elvor rà

yrvdpevo xc0' ôpp{v, 3t pi1 o1ô tc lopis ôppffs tô ôr'

I (rôvl (4 s.v. V ll 6 iôé<ov V : l8éo:v 6 ydeis (sic) ll7 Ë1<ov dpe[rv 0 appetitum habeat B2 : dpe(rv É1cov EHS 6pe[rvVB ll I ouva'ôovtcr (sic) V ll 13 6tl V 6 BH : 6rrep 82 jl 15 cùtdV 6 ipsurn B'H : aùrQ B ll 20 cÛtQ Bruns : tQ V 01 aùtQ Lorrd.Orelli ll 21 é).éo0ar, ci. Brune : É1eoOer V QJ H èvepyeîv 83\? ll22 dvarpei om. 6 ll 23 rrapaletrrrrdteç V ll 24 a,itol cgo ex @ipci : cùto[ç V ll 25 post elvar vid. add, xal oûtc,r Gl el aic, forsanrecte ll 27 pt1 0 non B in rae. HS : g.lv (tréma supra v) V.

31

15

25

iII

J

Page 111: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

184,24-185,12 DU DESTIN 1'I.15

maux, parce que les animaux ne seraient pas capablesd'ef lectuer lcs actes qu ' i ls font sans tendance; tandisque si I 'on fait consister la l iberté dans le fait dedélibérer, alors i ls ne seraient plus obligés de conclureà I ' impossibil i té que les actes faits par I 'homme soientautrement parce que I'homme, bien que doué deréflexion délibérative, ne fait pas tous les actes qu'i le{Iectue en délibérant. De fait, tout ce que nous faisons,nous ne le faisons point après délibération, mais sou-vent, quand I'urgence de ce qu'i l faut faire ne nouslaisse point de temps pour la délibération, nousagissons sans avoir même délibéré, comme souventaussi nous agissons par paresse ou pour un autremotif. Si donc certains de nos actes sont délibérés,tandis que d'autres ne le sont pas, i l n'y a plus l ieude dire que les actes faits par délibération sont aupouvoir de I 'homme par le fait qu'i l ne peut pas yavoir pour lui quelque autre manière d'agir, de sorteque si nous agissons tantôt après avoir délibéré,tantôt sans avoir délibéré, de cette manière nos actesne sont pas simplement produits, comme ceux quisont e{Tectués par les animaux, ou par le feu, ou pardeux corps pesants. Si nous avons ainsi par la natureIa l iberté de faire quelque chose après avoir délibéré,i l est évident que nous aurions l iberté aussi, par lemoyen de la délibération, de faire quelque chosed'autre, ct non pas cela que, même après avoir délibéré,nous voulions déjà.

15. Le fait de gens qui se laissent convaincre par ceraisonncment : rr Parce que, dans les cas de mêmeespèce, on agira tantôt d'une façon, tantôt d'uneautre, c'est introduire un mouvement sans cause,et par là môme dire qu'i l est impossible à quelqu'unde faire le contraire de ce qu'i l fera r, i l est à craindreque ce soient là aussi les mêmes il lusions que cellesque nous avons rapportées auparavant. Car ce n'est

IIEPI EIMAPMENHX 14F16 184,24-785,72

oùtôv yrvdpevo rroreîv, ei ô' êv tQ BouÀeûeo0cr tà ê{'

r]pîv, ëv0ev oùrér' oùtoîs eirreto tô pù ôûvoo0ar tà

ôr' àvOpôrtou yrvôpevo êiÀÀos yevéo0cr, tQ rôv ôv0prorrov

ôvto pouÀeurxàv piy rrôvto rà yrvdpevo ôr' cûroû pou-

Àeudprevov roreîv. Où yùp nôvto ô noroûpev pouÀeucô-

pevor noroûprev, èÀÀà rroÀÀôrrs pév, ori cuy;1opoûvtos

roû xorpoû tôv npol0Qvor Eedvrarv tQ pouÀeûcoo0or

;1pôvov, rci pi1 pouÀeuoôpevoi tr,vo rroroûpev, rroÀÀôxrs

6è rcoi ôr' èpyiov ii rrvc ôÀÀqv oiriov. Ei ôè tà pèv pou-

Àeucopévov f1pôv, rù ôè rcoi pi1 pouÀeuoopévr,rv yivetor,

oùrén yôpcv Ë1er rô Àéyerv rô rù ôrà toû pouÀeûeo0or

yrvdpevo èni tQ àvOpôrrrg etvor, tQ pr{ ôûvooOcr ôÀÀr,rs

tr ôr' oùtoO yivecOor, ôiot' ei rè pèv BouÀeucôpevor,tù ôè p{ pouÀeuoôpevor zroroûpev, oùr<é0' oûtos tà. Er'

r]pôv yrvdpevo ônÀôs yiveror, ôs rà yrvôpevo ôù rôv

l,âru t ôrà toO rupàs ii ôrè tôv pcpéov Eûo coçlôt<ov.

Ei ô' ë1opev roi roô pouÀeuoôpevol n noreîv rropà tfls

{ûoetos t{v êfouoiov, ôflÀov ôs ëlorpev èfouciov roi

toû ôrà toO pouÀeûooo0or ëÀÀo tr rrpôÇor, roi pi1 rrôvttog

toûto ô xoi pouÀeuoôpevor iiôr1 ôv pouÀoipeOo.

15. Tô ô' êrroloupévr,rv rQ'(ôtà tô èv toîs tQ crù)tQ eiôer,

rôv oùtôv rrepreordrrov, ôtè pèv otitos ôtè ôè ilÀÀor5 êvep-

yrjoer, trg, èvoitrov xivrlorv eioéyeo0crr, (xoi) Erà toOro

Àéyerv pil ôûvooOar of npôfo trç npôtor tô ôvtrreipevov',

prirrore rci oùrà tôv ôpoiog roîg npoer.plpévors nopo-

ptopévolv. Oû yùp nôvrros ôei rù yrvdpevo rcr.rù oiticv

2 {pr,v {sic) V ll I &pyr,av (sic) V ll 12 tQ &v0p<ônç Lond.Bruns : tôv rivOp<ôæov V @ H toi6 &v0pônorçBz ll 20 pou-Ieuodptevorl pù p. E fiâq &v pou).olpe0a ego : ilBou).6pe0a utvid. @ çolebamus r)v av pouleuolpe0a (sie) V flv dv B.EII 1v &vp. (sic) B ll 2l èrroloupév<ov om. GJ ôrd tô èv toîç r'go cx (Uproplcred quoil in hi is: om. V tÇ: aùtQ e1ôer t 'go ox ( l l r :Jrus-dem speciei : tcoreu8er (sic) V tQ e[8er H rQ el ô] ci . Schrvartzt{r el Casp. Orel l i l l 28 xal @ el Bt : om. VBII l l 24 ttç (sic}YH z aliquis @.

a o32

75

Page 112: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

185,12-186,1 DU DESTIN 16

pas absolument tou jours d'une cause extérieureque lcs événcrncnts tir:rrrtent la cause de leur pro-duction. En fait, grâce à cette l ibcrté, i l y a quelquechose qui dépcnd de nous, parcc que rlous sommesmaîtrcs dcs actes qui s'ellectucnt ainsi, mais i l n'ya pas de cause extérieure. C'est pourquoi les actesqui se produisent de cette façon se produisent sanscause, puisqu'i ls ont leur cause en nous. L'hommeen e{Tet est principe et cause des actes faits par lui;et c'est la quiddité de I 'homme d'avoir en lui-même leprincipe de ce qu'i l fait de cette manière, comme c'estla quiddité de la sphère de se mouvoir en roulant versle bas. C'est pourquoi, alors que chacun des autresêtres cède aux causes qui agissent sur lui de I 'extérieur,I 'homme ne cède point, parce que sa quiddité consiste àavoir en lui-même principe et cause, de sorte qu'i lne suit pas dans tous les cas les causes qui lui viennentdu dehors. En e{Tet, notre jugement à propos de cequ'i l convient de faire n'envisagerait qu'un seul but,peut-être alors y aurait-il quelque raison de penserque nos jugements relatifs aux mêmes choses sonttoujours les mêmes. Mais puisqu'i l n'en est pas ainsi- car nous choisissons ce que nous choisissons tantôtà cause de quelque bien, tantôt à cause de I 'agréable,tantôt à cause de I 'uti le, et ce ne sont pas les mêmesmobiles qui commandent ees choix - i l nous estpossible de nous mouvoir maintenant vers le bien,étant données les circonstances actuelles, ensuite,dans d'autres circonstances, c'est en référence àI'agréable ou à l'utile que nous jugeons. De mêmeen efiet que nous ne cherchons point une autre causepar laquelle la tene se porte vers le bas en fonctionde la pesanteur qui est en elle, ou une cause parlaquelle I'animal fait par tendance ce qu'il fait, par'ce que chacun de ccs êtrcs tir:nt de soi-même cettecause pour ses e{Iets puisque telle est sa nature, dela même façon cn ce qui concerne ce que nous faisons

IEPI EIMAPMENH> 16 185,12.186,'

lfroOev ëyer toO yiveoOor tilv cit{ov. Âù ytp tilv toroûr1v

ê(ouoiov èoti rt ê{' rjpîv, 8tr, tôv oûto5 yrvopévov {peîgêopev rûpror, ôÀÀ' oùrc ë$o0év ns oiricr.. Arà &vorticos rà

oûtro yrv6pev<r yivetor, rrop' ripôv tilv oiriov ë;1ovra.'O

yàp ôvOponog àp1i1 roi oitio tôv ôr' cûroû yrvopévr,rv

rtpôf,etov, roi toût6 êon tô elvor ôv0pôrrar tô toû rrpôrterv

oûtros ti;v ôp1i1v ë1erv êv oûtQ, ôs tfl osoipg tô rotè

toû npovoûs rcuÀropévg $épeo0or. Ârô tôv pèv &ÀÀov

Ërccrorov Ërrerar roîg ëfor0ev oùtô rrepreorôoorg oiricrrg,

ô ô' &vOporros oû;ç, 6n êotiv oùtQ tà elvcrr êv tQ ë1erv

ôpXti" re rci oitiov èv <rûtQ, pù rr&vtr,rg Ërreo0crr roî5

rrepreorôorv ëfo0ev oùtQ (oitÉors), xoi yàp frv fpîv

{ rrepi rôv rrpoxtéov rpiorg rrpàg Ëva yrvopévr; oxorrôy

icos, ei ôé trvo À6yov (e11e) rô àei rrepi tôv oùtôv ôpoiog

ripîv yiveo0cr ràs rcpioerg. 'Etrei E' où1 oûtr,rs ëXer (oipoû-

peOo yùp ô oipoûpe0c, rrorè pèv Erà rà rcoÀ6v rr, rtorè

ôè Erù rà {Eû, rrotè Eè ôrù tà oup{épov, xoi où toùtù

toûtov norrprré.), êvôé1eror vûv pèv êrri rà roÀàv rrvrl-

0évros r]pôs tôôe rôv nepreorôtov rrporceipevo, cûOrg

Eè êiÀÀo, rrpôe tô iôù ii rà oup{Êpov t{v èvo{opàv

ris rpioecos rroroupévous. 'fls yùp où tltoûptev ëÀÀ1v

nvà oitiov ôr' flv rcr,tù pcpût1to t{v èv oùtff { yff {épetcrrôt<o, { ôr' fiv citiclv ô rrp&ocer tô tQov, rrpôooer rco0'

ôpt tir, rQ tcrût1v Ërootov oùrôv tilv criticv êf oùroû

rrpôg rù yrvdpevo ouvreÀeîv, toroûrov ôv tilv {ûcrv,ofitros oùô' êrri tôv &ÀÀot' ôÀÀos ri{' {pôv ylopévov

1, ÉXer,l Xel in ras. V habent 6 ll 4 rùv s.v. V ll 7 aùrQ H llI aùtQ VB : aùrô Bt ll 11 ante g.l ci. ô6 Bruns 0 ui : toûE tè H rô S ll 12 ui'rLor,ç ego add. ex 0 couscs ante yà,padd. el Orel l i post .1èp add. el Brurrs. l l 13 d om. E Trincavel l il l 14 el 8é V 0 si outem : eTyé Lond. Orcl l i Bruns elre hicaddidi tôv om. H tà dei om. O ll fZ cupgépov H : oupiopov(sic) V oûpgopov B l l 19 tù 8è V l l 22'ârr ie pcrpûr4tcr 'aàd.çùv B' ll 24 6pçqv (sic) V ll 26 ùp' dp.ôv post tôv V ubi persigna transp. post d)J,orç.

3333

Page 113: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

186,1-27 DU DBSTIN 16.16

tantôt d'une manière, tantôt d'une autre, dans descirconstances diverses, i l ne faut pas davantagedemander une autre cause en dehors de l 'hommelui-mêmc I car c'cst là, disions-nous, la quiddité del'homme, d'être en fait le principe et la cause des actionse{Tectuées par lui. Dire aussi que ceux qui ont délibérédonnent leur assentiment à ce qui apparaît, et que, parsuite, i ls strivent leur représentation de la mêmemanière que les animaux, n'est pas vrai: car tout ce quiapparaît n'est pas représentation. La représentation ene{fet, simple et irrationnelle, vient des circonstancesextérieures, modelée sur les activités sensorielles,et c'est pourquoi aussi elle a sa plus grande force chezles animaux sans raison, tandis que certaines don-nées tiennent évidemment la cause de leur appa-rit ion de la raison et d'un raisonnement, mais dontpersonne ne dirait qu'elles sont des représentations :celui en e{Tet qui, par le raisonnement e{Tectué parlui-même dans la délibération, donne son assentimentà quelque chose est lui-môme, pour lui-même, agentcausal de son assentiment.

16. Mais que ceux qui professent que tout se conformeau destin ne conservent pas notre liberté (en elÏetl 'objet de notre recherche dont nous nous demandonss'i l est conservé par eux, i ls ne le conservent pas, euxqui, en fait, s'e{Iorcent de donncr une raison de I ' impos-sibilité radicale de ce fait) et la raison qu'ils donnentpour la suppression d'une telle l iberté n'est pas vraienon plus, puisqu'elle n'a rien de raisonnable, celaest facile à comprendre, d'après ce que nous avons dit.Mais ce qu'i l y a de sûr c'est que ceux qui supprimentune réalité telle que notre l ibcrté, par voie de consé-quence maintiennent, et tout à la fois bouleversent,autant qu'i l est en eux, la vie de I 'hommc. Si en e{Tet,les choses étant ce qu'elles sont (car i l n'y a pas mêmeà persuader quelqu'un d'entre eux qu'i l est capable

34 IIEPI EIMAPMENH> 15.10 I 86,1 -21

Èrti rrepr,eotôor toî5 d,ÀÀors ôÀÀ1v trvè airicv ôrrcrtrpéovnop' oùtôv tôv dvOpr,rtrov. Toûro Vàp fr" tà èv0pôn<oelvor, rô [Vùp] ôpXù roi oitic elvor rôv ôi oùtoû yrvo-pévrov rrpôfeorv. Tô ôè Àéyerv roi toù5 pouÀeuoopévoug

tQ rficrvopévo <ruyK<rrtrri0eo0or, rcoi ôlè toûro rai tô,f<rvtocio ôpoirog toîs d.ÀÀors tôorg Ëneo0or, oùr ôÀ10és.Où yàp {ovtooio tà {orvdpevov rrôv. 'H pèv yàp $cvtooicôrrÀi te rcri 1<opig À6you ûnô tôv ë$<o0ev rrpocrnrrrt6vturvyivetor, êorruîo roî5 oioOltrxoîg èvepyeicrg, ôrà xoi tilvicryùv èv toîg èÀ6yors ttirors ë1er prôÀroro, Scrivetorôé trvo roi ôrù Àôyou re rci rropù ouÀÀoyropoû tilvoiticv roû {oiveoOor Àcrppôvovto ô oùrcér' ôv trg {crvtcciogÀÉyor. 'O yàp ôù tàv yrvdpevov nop' oùroîs êv tQ pou-

ÀeûeoOor ouÀÀoyropôv ouyrcoto0épevdg trvr cùrôs critQtffs <ruyroto0éoetos oitrog.

16. 'AÀÀ' 8tr pèv oûte oôlouor tô ê{'{pîv oi ÀÉyovtegrévrc ro0' eipoppév1v (où yàp nepi oû llroûpev eicôteoOor rcr' cùroûg, toOro oôlouorv oi ye xci oiricvôrroôrôôvar rrerpôvtcrr toû p"lôè

"ùv àpXùu ôuvarôv

elvor tà rrpôypc), oùôè fiv èrroôrôôoorv ciricv êrr' èvcr-péoer rffs torcûr1s èfouoios, ôÀ10ris, pù ë1ouoô treûÀoyov êrc tôv eiplpév<'lv yvôprpov. 'AÀÀà

pilv roîgôvorpo0orv tô elvoi tr oût<og è{' {pîv Erretor rô ouvé1ervte rcl àvctpérrerv, Saov èrr' cùroîç, ràv rôv ôvOpôrrovpiov. Ei yép, ê1ôwtov pèv oûtros rôv rrpoypôtov ôsë1er (oùôè yàp oùtôv tvo rreîc<rr ôuvotàv p{ rpôrerv

^ I t,ip seclusi- : om. 6 suspic. Orelli ll b-6 rfr gcrvtcol,ç ci.Schwartz @ fantasiam : dv gavtorolav VBH" ll' Z æAJ tàgarvdpevov gavcaolc transp. H ll

'11 ouÀ),oyr,cpr.oûl âlt. o e.v. V

!J 12 to_u (sic) V ll 13 æap' aùtoîç VB : t op' àùi6 Lond. om. (U llf! ^opÇo9ory ego ex -@ .salçant : ccô(eo0ar. VH oô(erar Bt Ii?O:?1 èrc: d,vcr,péoer, @ .in interemptione BH : èæavarpéoer, Vlf 28,.ouvé1er,v Y @ continere : ouveleiv (sic) V ouyleiu iJ

'l'"ir,-cavelli Rruns cuvé111erv H ll24 po.t 6oov arld. rô H"il 26 rcioarl' f IACIN' (sic) 6."-

34

i

1 0

1 5

Page 114: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

186,21-187,9 DU DESTIN 16

de ne pas faire ce qu'i l fait, dans la pensée qu'i l a bienIa l iberté de faire ceci ou de ne pas le faire, et encoremoins quelqu'un d'autre, tant est grande la forcede la vérité 1, ct évident le témoignage des faits),si donc, la réalité étant bien telle, leur doctrine prenaitune telle force que les hommes en arrivent à croireque nous ne sommes maîtres de rien, qu'au contrairenous ne faisons toujours que nous laisser conduirepar les circonstances, en nous y abandonnant et enleur accordant notre assentiment, et nous faisons ceque nous faisons parce que nous sommes absolumenttenus de le faire (car i l ne nous est pas possible,les circonstances étant telles, de faire autre chose),et tout aussi bien, nous n'agissons pas en sens con-traire, parce que nous serions incapables d'aller àI'encontre des circonstances ainsi définies, qu'enseront les conséquences ? Tout le monde, par suitede cette croyance, rclloncera à tout ce qui exigce{Ïort et souci, et choisira les plaisirs faciles. Parceque, puisque dans tous lcs cas les choses qui cloi-vent être sont obligées de se produire, i ls ne feraienteux-mêmes rien de bon à l 'égard de ces choses. Étantdonc dans de telles dispositions, et puisque leursactes sont en conformité avec leurs préférences -

car manifestement, par suite de leur fausse croyanceà leur égard, les choses ne pourront être autrementqu'elles sont - qu'en pouna-t-i l résulter sinon unmépris de tous à l 'égard du bien, parce que l 'acquisi-t ion et la conservation de tout ce qui est de cet ordreexigent un efÏort, tandis que le choix du mal se faitavec facilité et même avec plaisir ?

Quels reproches pourront être faits contre eux par

1. Le vrai exerce3 8 4 b 9 ; D e p a r t . a n .inhérerrte lcawo suil.

une contrainto : Aristote, Meto. L 3,I l, 642 a 18. Cette forcs du vrai lui est

TIEPI EIMAPMENHE 16 186,21-187,9

rpôtrouorv, ôg Ë;lovteg roû rol rp&ttew oùtè rci

pi1 rrpôtterv rilv Êfouoiov, pi "i

ye tôv ôÀÀr,rv trvô

tocrcrûr1v io1ùv ë1er rôÀ10ès xoi rilv rropù tôv yrvo;.r,évorv

poprupicv èvopy{), ei ôè toûttov oûros è16vttov ioyùv

oùrôv { ô6fo toooûr1v Àôpor, ôs n&vrag ôv0pôrroug

rrroreûoor, 6tr fpeîç pèv où6evàg xûpror, ên6pe0o ôè roîs

rrepreotôcrv &ei, toûrorg èv6rô6wes re xci <ruyKtrrtrn-

0épevor, roi rrpôrropËv te ô rrp&ttopev tQ rrôvtarg ô{ei-

Àerv tcûr11 npôtterv (frù Vùp elvor Euvotàv fpîv ôvrtov

rôv rrepreotdrtov roroûrov &ÀÀo rr rroreîv), où rrpôtto-

pév re rrôÀrv ôpoi<os ôù tà pl ôûvoo0crr ùvnpoiverv

roî5 rrepreorôqrv otorv roro{rtor5, ri ôÀÀo fl cruprprioetar,

rrôvtos d.v0pôrroug ôrà dlv torôvôe trte.rw tà pèv 3oo

perà rrdvou rrvôs roi $povtiôog yiveror, rorirorg pèv

loiperv Àéyerv, oipeîo0clr ôè tùs petè pcotrôvr1s {ôovés ;ôg, rrôvrrog èoopévov rôv ô{eù6vtov yevéo0crq pqôèv

oùtoi nepi cùtôv (rror,)ôorv rcrÀôv. Oûtos ô' oùrôv

ôrorerpévov rccri tôv rrportopévrov ôroÀouOoûvtov tcîg

cipécecrv cùtôv (où Vùp ôi ôrù d1v nepi oùtôv èrleuopévr1v

rrtorw ôÀÀos rrr,rs ë$er rà npôyporo ôs ëyer) ôÀÀo rr

ii tôv pèv xoÀôv rropù rrôvtr,rv ôÀryropio ts ëotcrr' rrôvtov

yôp { rtffcis re roi nopouoio tôv roro{,rorv petà r<opôtou

rrepr,ylvetor, rôv ôè rcorôv oip<org &re yrvopév<,rv petà

pootôv1s re roi rjôovffs iIlpèg oûg tis ôv ô rropà toûrov ei1 À6yos, ôv tero-

4 ôÈ ego 6 autem Lond. : ôù VB ll 5 f1 ô6{,cr 0 Br : 86Eav(eupra v punctum) V | ô6(av BH ll 5 trd6or,l ).a6eiv H ll 6 xûprorér6p.e0cr] pr,or ên6 in ras. V ll 8 tQ Br : tà V 0 quae tô Bô9e[Àetv] o9ltrev (sic) V ll I taûcn ego ex @ sÙc : tcrur4 (vsupra q) V'ccûtc B2 (alt . a in ras.) l l 15 1ar,peî ).eyei (sic) Vll ôè 6 autem B : ôe (sic) s.v. Vô ll 16 ôqr.I6vtov (sic) Vpr.r1àèv V : xêv pr;ôèv Br ut (sic) 0 ll 17 7çotô6tv ogo : ôouvVBH rovôcrv B8 OCIN (sic) 6 xa).6v cxp. Bâ l l 19 ôl l ôè l ,orrt l .l l 20 ante ôC add. t BtH l l 25 rpôç or)6 tt6 dv ô ci. l l runs :npooourlow ô (sic. V) IPOTOTTHEIN 0 rpà6 o$orv ô Iinpôe o6 trorv ô H.

3535

10

75

20

Page 115: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

I 87,9-28 DU DESTIN 16

ceux dont les doctr ines les auront convaincus d 'erra l r iver l i r i ) l ls lcr r r r t !Jrondraicnt en ef fet justemcnt ,au cas où i ls leur fera icnt des rcproches, qu ' i l ne leurétait pas possible, les circonstances étant telles, defaire autre chose. Comment pourraient-i ls raisonna-blement les blâmer, eux qui ont été leurs maîtres ences doctrines. Mais bien plutôt, ni reproches, ni châ-timents, ni encouragements, ni récompenses, ni riend'autre de cet ordre ne conservera, à les suivre, sanature propre, mais par là-même chaque fait s'accom-plira de façon nécessaire, commc les actes mêmes quileur donnent prétexte.

Comment en eflet Alexandre, {i ls de Priam, pour-rait-i l être encore accusé d'avoir commis une fautepar I 'enlèvement d'Hélène ? Comment Agamemnonpourrait-i l raisonnablement se faire des reproches àlu i -même en s 'écr iant : <t je sui r ; coupable, je ne leniepoint r ? Si en elïet Alexandre avait eu la l ibertéde passer outre les circonstances qui I ' incitaientalors à I 'enlèvement, ou Ménélas à celles qui I 'exci-taient à s' indigner, ou Agamemnon à celles au sujetdesquelles i l s'accablait lui-même d'invectives commes'i l en ett été innocent, c'est raisonnablement qu'onleur ferait des reproches. Mais si, en revanche, depuislongtemps, depuis toujours, avant qu'aucun de cesévénements n'ait commencé, était vrai de chacunde ces personnages chacun des actes que nous venonsde dire, que nous le blâmons d'avoir accompli, com-ment pourrait-on également expliquer que les vertuset les vices sont en notre pouvoir ? A supposer ene{fet que de cette manière ceux-ci soient l 'objet delouanges, les autres de blâmes ? Bn e{ïet cette doctrinen'apporte rien d'autre qu'un plaidoyer pour lesméchants. En tout cas nous ne voyons personne

36 IIEPI EIMAPI\TENHT 16 187,9-28

0évtes roîs ô6ypocrv fiÀOov êrri toûto ; ÂÊyor.ev ôv

yàp ôrroir,rç rrpàg oùroÛg, ei cr'itrQvto oùtoÛ5, ôtr pi1

o16v te fiv crùtoîg tôv rtepleorôtov ôvtov toroÛtov

ôÀÀoîriv "rt rpâtrer'v. Ots zrôs êrrltrprioouorv e ùÀéyog

oi ôù rôv ôoypôtov toÛtov oùtoîs ôrôôoxcrÀor yeyo-

vdtes ; MôÀÀov ôè oÛte ènrtrptjoerS oÛre xoÀéoetg oÛte

rrporporril oÛte trpil oÛt' ôÀÀo tr rôv roroÛtorv tilv

oir<eio,v o6oer rccr' oùtoùs $Ûorv, àÀÀ' ëator roi toÛtov

Ërccrov ylv6pevov Ktr'rïlvoYKoopévro9, riiorre p xôreîvo

ê{' ots tcrûto yivetcr.

Ilôs vùp Ëtr 'AÀéfovôpo5 ô flptôpou èv oit(ç ei1 ô5

ôrcr.poptùv rrepi rilv rfls 'EÀév1s ôptoytiv ; [lô5 ô' ôv'AyopÉpvrov eùÀôyr,rs oûroÛ rotorlrl{i[orro ÀÉytov " oùE'

<rùtôs àvcivopor " ; Ei pèv y&p el1ev ètouoiov Ûrrepr-

ôeîv ii 'AÀéfov8pos tôv rôte rrepreotôtov oùtàv roi

rroporoÀoÛvttov êni "ùt

ôpnoyriv, ii MevêÀoo5 rôv

ôyovorreîv êrrotpdvtov, il 'Ayopépvatv è{' ols ôs ôvo-

poprtioos crritoO xotorpé1er, eùÀ6yr,r5 ôv ficcv êv oitiç.

Ei ô' fiv tôÀcrr xoi tpéncÀor roi npô toû tilv ôppiv trvcr

oùrôv yevéo0ot àÀqOès nepi êr<ôotou rpoÀey6pevov

roritorv Ërcotov êf' otg zrorrjocr'ç eùOÛvetct, rrôs ôv ët'

oùrôv rôv yevopév<ov rilv oitiov ë;1orev ; Ilôs ôé trs

èfqyrjoetor roi rô è{' {pîv elvot tôs te àpetàs rci rùs

rorios, et 1àp oÛtos ëtr ôr' {pôv ; llôs ët' ôv eùÀéy<og

of pèv elev êv êtoivors, oi ôè êv r!61or.5 ; Oùôèv yàp ôÀÀ'

ii ouvr;yopiov roîs rcroîg tô ôôypo toûro npo$eveî.

2 alrtcovto (sic) V ll 5 ol, in ras Bs : èÛ (sjc) V eÛ H om'6 ll 6 ènctru.itoer,q V g HE : èntttplorç HYP E1p xoldoerq V :x6Ààorç 0 Hyp Eyp ll 8 toÛtcov @ horumBz : toÛcqr VB. li11 posi rùp aàd. "; '32 (sed non V 0 H) l l 12 ôtcrptcptôv (sic)V du oni. '0 l l 13 xcrterlqqt(ortol t ct or. s.v. V l1 17-18 dvcr-uaorhadc V2 i civapctptn"oi vBH 6 sine culpn &v tipaprilocrçbi. 'B",r" i l l 22 aùàv (crùtoi I I 1p) côv 1tv<,pévov I l l l 24 etyôp oûtc.rç Ëtr ôt' lpôv V 0 : èr[ 1e oÛtc,rç Ùworv lpôv Dèré[ p o. d. t]. Trincavelli t.

36

1 0

Page 116: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

187,28-188,t5 DU DESTIN 16-17

imputer au destin ou à la nécessité les bonnes et lesmauvaiscs nctions, tarrdis que lcs méchants prétendentquc c'est à ces causcs qu'i ls doivent d'être tels. S'i lsont Ia conviction que les philosophes discnt aussi cela,comment cux-mêrnes n'abonderont-i ls pas en touteliberté le langage dans ce sens, et comment n'y pousse-ront-ils pas les autres ?

17. Comment sauvegarder, en soutenant de tellesdoctrines, la providence qui vient des dieux à l 'égarddes mortels ? Si en e{Tet les manifestations des dieuxqu'on dit se produire en faveur de certains hommes,se produisent en vertu d'une cause antécédentedéterminante, de sorte qu'avant même que fussentnés ceux-là il était vrai qu'un tel aurait le privilègede la soll icitude divine, tel autre non, commentpourrait-on encore dans ces cas parler à bon droit deprovidencce, qui ne serait pas fonction d'une valeur,mais d'une nécessité antécédente déterminante ?

Comment sauvegarder aussi la piété envers lesdieux, dont témoignent ceux qui sont pieux, parcequ'i l ne dépendrait pas d'eux de ne pas faire ce qu'i lsfont en agissant de cette manière ? Il leur viendraitdonc aussi des dieux, ce privilège de ceux qui I'ontreçu sur tous les autres, parce que les principes enauraient été antérieurement déterminés avant mêmequ'ils fussent tels ? Comment ne supprimerait-onpas aussi la divination, puisque I'utilité qu'on tirede la divination serait supprimée ? A quoi serviraiten effet d'être informé, ou bien par le fait d'êtreinformé par les devins, à quoi servirait de se protéger ?C'est que nous ne pouvons apprendre d'eux, et ceux-cine peuvent nous révéler que ces seules choses dont lefait que nous les apprendrions et que nous ferionsou ne ferions pas telle ou telle d'entre elles était, bien

37 IIEPI EIMAPMENH> 1O-17 187,28-188,15

'Opôpev yoûv rôv pèv &yo0ôv re xci roÀôv rrpôfeov,

oûôévo tilv eipoppév1v oùôè d1v ôvôyr<1v cltrôpevov,

toùg ôè roroùg ôr' êxeivlv toroûtoug elvor Àéyovrog.

"O rrroteûocrvtes xoi toùg $rÀoo6$oug Àéyerv rrôs où

perè noppqoias oùroi ye èni toûto êÀeûoovrcr toûg

re &ÀÀous rrpotpérfrouorv I

17. Ilôs ô' ôv côlorev roroûto Àéyowes tilv rirtô tôv

Oeôv yrvopÉv1v tôv 0vryôv rrpdvorov ; Ei yàp cri te

tôv Oeôv èrrr{ôver,cr &g ,ùc<rlv yiveo0tri torv rccré nvo

yivovror nporcotopepÀ1pévqv critiov, ôs rrpà roû yevé-

o0cr trvè oùrôv ôÀr10ès elvor rô toûôe pèv ëoeo0oi nvc

èr Oeôv r<1ôepoviov, roûôe Eè pri, rrôs ôv ëtr toûto rrp6-

vorôv trs ôrroiarg ÀÉyor, #1v où rcor' ôfiov ylopÉv1v,

ôÀÀè xcrô trvo ôvôyr1v rporcotopepÀ1pévqv i l'lôs

ô' ôv cô(orro roi { rrpôg roùs Oeoùs eùcéper,o rôv eùoe-peîv ôoroûvtov, ôr6tr pù êr' oùroîg fu tô toûto ;ri1rroreîv, oûrtog ror,orivrov ; fivorro ô' ôv xoi rropù tôv

Oeôv eis oû5 yivetci t ropù roùs &ÀÀous rrÀéov, 8tl

rcol torirrov {oov oi ôp1oi rcoi rrpô roû roroûtoug elvor

nporotoBeBÀ1pévor. Ilôs ô' oùr ôvorpoîev (ôv) roi

povnrriv, rîs ètrà pcvtrrffs 1peio5 ô,vorpoupév1s iTi yàp ôv { poOeîv fi Erù rô pcrOeîv rropù tôv pôvretov

{uÀôforr' Ëv trs i ô pôvc roûtc rlpîv re pcr.0eîv êrei-

voùs r€ F1v0oar ôuvot6v, 6v toO poOeîv {pôg rci rrorfiocr

fi p{ rrorflcoi rr Ëxcorov fiv roi rrpô {s {petÊpcs yevé-

1 yoûv tôv VB : 1ùp côv HE 1àp 6vr<,rv 6 enim esistentibw ll 5 rapprlolcr6] alt. p s.v. V : æcpouotcrç B ll I gr1otv(c aupra 1) V : glolv H rlorv] trç H zrpoxctcr6e6Àr1;r.év4vl rc,s.v. V ll 19 coroûcou6 ego ex @ tales : roûrouç codd. ll 20d,varpoiev &v Casp. Orelli : dvcnpoîcrv (eic) V interinent Q)(: &vcrupoiev) dvclpei(oi) ëv B ôvcr,poî dv I{ ll 22 tôl toû E ll23 t V 6 au, BHE : EL Br Lond. Cas. ll 24 ôuvcrtdv... (25)norlocrr om. E ll 25 zrpà 0 anto B Trincavolli : :rpè6 VII.

37

Page 117: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

I 88,15-189,10 DU DESTIN 17.19

avant notre naissance, déterminé nécessairement,et nous ne sommes pas maîtres de respecter les aver-tissements des dieux, par le fait que les causes desactes que nous ferons sont prédéterminées.

18. En tout cas, que cette doctrine soit principe debouleversement de la vie humaine, tout le monde,je pense, le conçoit facilement I qu'en outre elle soitfausse, en est une preuve su{Iisante le fait que mêmeses défenseurs ne peuvent croire à leurs propresparoles. C'est ainsi, en e{fet, que dans tous leurs proposils conservent le < libre rr et I' rt autonom€ ))r comme desgens qui n'auraient jamais entendu formuler parautrui une telle doctrine; tantôt i ls cherchent àexhorter certains, dans la pensée qu'ils ont eux-mêmesla l iberté de le faire ou de ne pas le faire, et commesi ceux qu'ils exhortent par leurs discours étaientcapables de faire quelque choix, i ls agiraient à l 'opposéde ceux qui gardent le silence ; tantôt ils font reprocheset réprimandes à des gens, sous le prétexte qu'i lsne font pas ce qu'i l convient. Bien plus, i ls laissentde nombreux ouvrages r et en composent, par lesquelsils prétendent instruire les jeunes gens, non pointparce qu'i l leur est échu de les écrire, en raison detelles circonstances qui s' imposaient à eux, maisbien parce qu'i l dépend d'eux d'écrire ou non, aussichoisissent-i ls d'écrire par amour pour le genre humain.

19. On aurait pu faire cesser cette rivalité des doc-trines et admettre le fait qu'existe notre liberté, indé-pendante et autonome, maîtresse du choix et de l'exé-

38 TIEPI EIMAPMENH> 17-10 188,15-189,10

<r€ros Korlvoyxocpévov, roûto èppéverv roîg ûrrà rôvOeôv npooyopeuopévor5, où1 {peîg rcûpror rQ rôv èoo-pévrov riS' r]pôv npoxcrtopepÀffo0or tùs oitios.

18. 'AÀÀ' 6tr pèv tô ô6ypcr toûto ôvarporrfls critrov ncv-

tôs roû tôv ôvOpôrrrov piou, rrcvrl lrou po0eîv p{6rcv, 6tôè rcci rleûôog, irovôv poptûprov tô prl8' cùroùs toùs rrpoc-tôtos oùtoû ôûvoo0or rreiOeoOcu roîs û{' oûrôv Àéyo-pévorg. Oût<o yàp êv nôcr toîs À6yors {uÀôooouorvrè èÀeriOepriv te rcoi oùre$oûcrov, ôg pù ôxoûocvtégrrote rrop' èiÀÀou toroûrou nvôg ô6ypotoç, toûto pèvrrporpérrerv trvùg rrerpôpevor, ôg ro0 re rroreîv fi pi1 rroreîvtoûro tilv èfouoiov ë;lovteg oùroi, xoi tôv rrporpetro-pêvov ôrù toù5 rrcp' oùtôv À6youg cripeîo0oi trvo ôuvcr-pévov ërrpofov ôv tôvovtio tôv ar<,lrrôvtorv, roûto ôèèrrrtrpôvre5 rci êrrlrrÀritrovrég rrorv ôs où tà rrpoorircovtc

rrpôrrouorv.'AÀÀù rot ouyypôppcrto nÀeirrr roroÀeirrouoiv

te roi ouyypô{ouorv ôr' r$v ôfroOor,v rrorôeûec0or. toù5véous, où)( ô9 rerÀ1pr,rpévor roûro ouyypô{erv ôrà tôrà rreprecrrôro criroîg elvor toroOto, ôÀÀ' ôg ôv pèv

èn' oùtoîs ouyypû'$erv te rcri pri, aipoûpevor Eè rô ypô$erv

ôù {rÀcrvOproniov.

19. 'Enoûoovto ô' ôv tffs èv roîs À6yorç SlÀotrpiog xcr,i

cuve;çrôpqoov tQ elvor rô ê$' {pîv êÀeû0epdv re rcol oùte-

lxutr,væyxaopévov V : rrpoxata6e6lrlpévov @ (praefiawn)xarlva.yxaoprévclç E toûco 1'/ 6 hoc H : toû te TrincavelliB-runs roriror,6 F èvg,éverv (sic) V ll 2 æpocr,lopeuçr.évorç] 6 s.v. Voô1 del. E qui praebet ôv in mg. ll 10 p,èv s.v. V,

-: ôè V 0

autem ll 72 ëyovceç aûrot V 0 BH : Blovtcç aùtoûç D2 tôlvæporpeæopévorv _6 provocatis Lond. cQ æpotpeæog,év<p VII tàæpocpenog.évr.p E ll 13 coù6 @ Lond. : tôv VH aùtôvl crùt,,ïçTrincavel l i2 l l 14 ol<oæôvtov] pr. o) s.v. V (an lcgr,rrdrrrr ioryrJrvtcov ?) ll 15 oùl pù E ll 16 æIe[o V : zrleîora l,)useb. plura6 ll 17 te xcrl ouyypdgouorv om. Euseb. ll 18 xexllpopéuor ,,,,rr-jjci : xexcotrupéror codd. 1gût-o] toû Br ante ou^1,.ypdgerv ci. plBluns .ll 20 cd,poug.évor,ç II Sratpoûgevor E,ll 23 ouvrlôprloovrQ ci. Bruns : ouylroplodvtov V GJ concedcntibus.

38

10

15

1. L'allusion à la multitude des écritg lait penser à Chry-rippo (D.L, VII 189). Inetruire les jeunes est un devoir pourÀiigton de Chio {SYF I, 387).

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189,10-t90,1 DU DESTIN 19

cution des contraires, pour peu qu'on ait remarquéqu'un homme, commetLant une in just ice poussé pardes causes circonstancielles, peut être reconnu hon-nête par des particuliers aussi bien que par des juges.

C'est pourquoi on juge dignes d'être pardonnés ceuxqui ont accompli involontairement quelque chosede tel, dans la pensée que la peine n'est pas définieen fonction de I 'acte efÏectué, mais en considérationde la manière dont I 'action a été accomplie, choseque précisément personne, ni même ces gens-là,n'allégue comme n'étant pas bien.

Mais quoi ! en quoi seraient-i ls moins dignes depardon que ceux qui agissent et fautent par ignoranceou sous la contrainte, ceux qui, sachant ce qu'i lsfont sans en avoir la l iberté (en raison des circonstancesoù ils sont et qui doivent de toute façon et nécessaire-ment s' imposer à eux), de faire autre chose que cequ'i ls font, parce que leur nature est telle, et elleest de faire tout ce qu'i ls font selon leur nature propre,fatalement, comme celle des graves qu'on laissetomber est de descendre de haut en bas, et celle descorps de section circulaire, si on les lâche sur unepente, de se mouvoir d'eux-mêmes ? Ce serait en elïetcomme si on jugeait bon de châtier le cheval sousprétexte qu'i l n'est pas homme, ou tout autre animal,parce qu'i ls se trouvent avoir reçu ce lot du hasardet non un meilleur !

Mais il n'est pas de Phalaris à ce point cruel etinsensé qui juge bon de châtier l 'auteur d'actesaccomplis dans de telles conditions. A quels actesdonc les châtimcnts s'appliquent-ils raisonnable-ment ? A nuls autrcs qu'à ceux qui sont accomplisconformément au choix mauvais qui en a été fait.En considération de cela en efÏet ceux qui ont laliberté du choix, qui omettent de poser comme but

39 IIEPI EIMAPMENH> 19 189,10-190,1

foûcrov xcl rûprov tffs tôv &vtmerpévov cipécerig trxcri rrpô$eros (ei rrpocégçov ôn ng ôôrxos ôv) êni rcprc<r-

tôorv oitiorg Eiroros yiveoOor rrerrrore upÉvog ôpoiog

iôrdrrcrg re rai vopo0érorg. "Eotr ôè toûto tô ouyyrvôcreo-

0crr pèv ôfioug elvor, roùg ôrouqi.os toroûtév tr npôfcrvtog,

où1 ôs Êrri tQ yryvopÉvg rrpôypon rfrs roÀôoeos ôprto-

pév1sr ôÀÀ' èrri tQ tpôn<p rffs rrpô(eos ' Slrep oùre rôv

ôÀÀov trg oûre oùtôv torirorv ôs où xoÀôs Ë1ov citrôror.

Koitor ri tôv ôr' ëyvorcv trpctrôvtov (re xoi) ôpcptc-

vdvtov fi pig frrov ôv elev cuyyvtôpqs ôfror, eiôéteg

pèv ô rrpôrtoucrv, oùx ë;1ovre5 ôè êv cùroîs tilv è$ouoicv

toû (toûrr,lv aûroîs rrepreorôtov ô rrôvro5 cùtoîs rcri

êf &vôyr1s rrepreotôvor ôeî) ôÀÀo n (rrpôrrerv) rop'

ô rrpôrtoucrv, rQ ti;v {ûorv oùtôv elvor rororjtr;v, rci

elvor tô xorù tilv oixeiov oùroîs {ricrv Ërocto rrpôtrerv

6v rrp&rtouorv xo0' elpcrppév1v, ôs toîs pcpécrv &{e-

0eîorv ôvorOev rà {épeoOcrr rôro, rci toîg rrepr$epéor rô

rcrtà toû rrpcrvoûg, ei ô{eOeîev, ô{' oùtoû rrveîcOor ;"Oporov yàp toûtg tôv ïrrrrov r<oÀôlerv ôfroûv 8tr pi1

ëotrv ôv0porrog, rcrl rôv ëÀÀov lrfrov Ërootov 6tr tcûrr1s

t{g tû11s rci pi1 peÀriovog tetu;girooiv nvos.'AÀÀ' oùôeis QôÀoprs oûto5 ôpés re xcri ôvdqtos ôs êrri

nvr rôv oûro5 yrvopévov xoÀôlerv (ôfroî) tôv noniocrvtc.'Enl tiarv otv ol roÀôoerg eûÀoyov I oùr êrr' &ÀÀorg noiv

fi êni toîç rropà t{v oûrôv po101pùv oipeouv yrvofvors.'E{' ôv yàp oùtoi rilv êfouoÉcv tfls cipéceos Ë;1owes,

Z-el tpocêo7ov 6tr, trç &ôr,xo6 ôv conjici : lac. ci. Bruns ll8 orlctor,6 ego : dvor,ç Y horninibus 0 ll ôl,xaloç om. K zrerroteuipévorç H ll 8 oû xa,Iôç @ non bene Trincavelli Brune : ouxal' À.<o6 (sic) V orix tlil).<,rç HE ll I æparrdvrcov ego @ agentibuc :æporrrop,év<ov codd. te xal addidi ll 10 i 6 vel z i1 Y ol in ras.B' fi H ante el86reç add. o[ Bruns ll 12 aùtoîç] cutoîç (nic bie)V ll 1.3 rpdrterv ego add. ex @ agendi Br : post ztpdttouorvadd. Bruns om, V_ll 18-&g' aûtoû \ i ab ipso (il dg'crûtôv Bllf 19 ær5tç ego ex 6 huic t rb toû V toû dcl. Br toûiou tôv (oic)E ll 22 9élaprç om. @ ll 28 d,{'roî ego ox (U volrl : orn. codd.

39

10

t5

Page 119: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

190,1-18 DU DESTIN 19 t 0 40 IIEPI EIMÀPMENHE 19 190,1- t 8

xotcrÀnrôyres rôv ororrôv tôv rrpcrttopévov rir$' orJrôv

rroreîo0or td re rcÀôv roi ràv v6pov, répôoug 1ôprv

fi {ôovfls trvosr rSrrepopôvte9 êreivov, rrpôttouor tù

$o.ûÀo, to,itous ô{ioug {yoûvtor roÀôcer,rg rr&vteg

ôv0pornor, ouyyvôp1v ôr,ôôwes roîs oùX oÛtos ôFop-

tôvouarv.

"Opo Ei1 rrôarv toîs xoroîs rô 0crupootôv ô6ypc toûto

rropà rôv $rÀocr6r$tlv pc0oûorv ôrôôoxer.v toùs ErEôo-

Kov"cs ôn eioi xci oûtoi ouyyvdrpls (ôfror) oùôêv

ëÀcrrov tôv ôrouoir,rg &poptovôvtov. OÛ yùp Û116 rlvog

ëfroOev xorovoyxôtovzog oùtoùs rroroûorv ô Toroûol

ôv icors êvffv oùtoîs rcoi $uÀôfoo0or, ôÀÀ' Ûnà tfls

{ri<reog tfis êv oùtoîs oùôèv otdv t' êotiv poOôvtosTrorficor,

roi tis oùx ôv crûroîs roîs ôpaptcr.vopévorg citrog eirl ;

Ei ô' oûr' ôÀÀos ns oùô' o0tor oi toû ôôypotoS rorjtou

r<ûpr.or ouyyvôp1v EoîÉv twr tcûtr1v tôv ôpoprovopévov

,{Épovt t{v <ririov ôs rleû6ôs rr xol rleuôeî Àéyovt,

ôflÀov ôs ûrrà toûrolv xoi Ûrrô tôv iiÀÀtov ôrrôvtrov ôpoit'rgTrerrloreutor tà etvor tô ê{' {pîv où1 olov rirrô toÛrov

rrÀâooetor, Stov eig tà npôpÀ1po peÀetôvteg Àéyo-

cr.v, ôÀÀ' otrg elvor ctùrQ ôeî ôrù. tôv ëpyorv oûtoi re

aùtoi roi rtôvreg ôvOpr,rrtot poptupoûorv. Ei yàp fioov

oûtorg ëyew rrerrrcteurôteg, ouveyiyvoorov ôv rrôcrv

1 xcralelrrdvteq (r supra er) V ll Ûg' crÛt6v noleioOal om. 0aùrôv BrHyp Trincavelli 2 aùtoû VH B ll 7 6pcr ego- ex _0tenxpus Bt :'6pa VB H ll I &6ro1 0 digni H Trincavelli 2 : add.Rs

-post &p.crptav6vrcov (10) om. V ll 11 xatavayx&(ovtoç 0l

B2 Trincavelli 2 : -(ovtc6 VB ôv orn. E : 6 in ras. B'8 ll 12post èvfrv add. yùp oùx Emg. xal om.0 ll 13 pa06wa,ç conjici ;).a06vraq codd. Gl latentcs &}tr<oç ci. Orelli êxdvtcrç ci. Casp.Orelli ).a16vra6 Gerclie ll 14 oÛ x&v (sic) B ll crltroq eÏr1 r'gr' ;atrrov VB alcr.oq 0 (?l causa H Trincavelli ll 15 oirtou r,[ \'oi (pcr comp. s.v. curn puncto) toû add. IJ 'z l l 16 ttvt V :qvad,am 0 (sc. +,enia) : tlvct taÛt1vVô GJ : tautl V gépovttV : pépovteç (9 lerentes ll 17 post ôç ltld' xal IJr tr. V te llrom. (U'tfeuôer (sic) V : {eu8i B? I{ lÉyovtr V : drcrntco (\l ll21 otçl olov E ôei] ôeiv Lond. del. Ilruns.

de leurs propres actions et le bien et la loi, mais qui,passant outre à ce but, agisscrrt en vue d'un profit oud'un p la is i r , font lc mal , ceux- là tout le monde lesjrrgc dignes d'une peine alors qu'on accorde Ie pardon àceux qui ne commettent pas de faute de cette nanière.

Il est temps pour tous les méchants qui ont appriscette doctrine extraordinairel des philosophes, à;en-seigner à leurs maîtres gu'i ls sont eux aussi dignesde pardon, non moins que ceux qui commettent unefaute involontairement. Ce n'est pas en elÏet sousI'action de quelque chose qui les contraint du dehorsqu'i ls font les actes qu'i ls font, contre lesquels iI leurétait possible sans doute cle sc prémunir aussi, maissous I 'e{ïet de la nature qui est en cux, i l ne leur estpas possible de faire quoi que ce soit pour I 'avoirappr is ; qui , dès lors, nc ser .a i t pas responsable de sesfautes mêmes ? Or, prr isque n i quelqu 'un d 'autre,n i même ceux qui .cont les pr inc ipaux par t isans de cet tedoctrine n'accordcraient le pardon à quiconquejustif ierait scs fautes de cette manière, p".c" qrr' i ldirait un mensonge et parlerait en menteur z, if estévident que ceux-ci comme tout le monde sont égale-ment convaincus de I 'existence de notre l iberté, nonpas telle qu'i ls I ' imaginent lorsqu'i ls parlent quand ilstraitent de la question, mais tclle qu'elle doit êtreen elle-même, ct telle qu'eux-mêmes et tout le mondeen témoignent par leurs actes. Car s' i ls étaient vrai-ment convaincus qu'i l en est ainsi, i ls pardonneraient

. 1. I-a_formule n'est pas une lo-uange. Alexandre l,emploiedaL1 Ie.pe miatione à p_"9pol de_la thé-orie gtoicienne du mélàngequ' i l rélute (De mirt. 227, 4 i 238, 23).

2. On peut dire un melsonge par accident, on-parle enm€nteur par nature; cf, Sextus Êmp., Math. VIII 44_4b.Àlexandre retourne coutro seg adversaires une de leurs distinc-t ions.

15

Page 120: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

190,18-191,5 DU DESTIN 19-21

à tous les coupables, vu qu'i ls n'ont pas l iberté de ne

pas commett re de fautes du tout '

20. Mais qu'i l y ait bien quelque chose qui doive

être appelé notre l iberté, et que ce qui se fait en vertude cette l iberté n'est pas sans cause par le fait queI'homme est l 'agent causal des actes e{Ïectués de cettefaçon, étant lui-même principe de ce qui est fait parlui, c'est ce que suffit à montrer ce que nous avons clit Ibien plus, cela sull irait aussi à convaincre ceux qui

s'eflorcent d'y contredire, s' i ls consentaient moins àfaire tout ce qu'i ls font avec I ' idée qu'i ls véril ientce dont i ls parlent, persuadés qu'i ls sont de ce querien de ce qui est fait par certains n'arrive de tellemanière qu'i ls aient aussi la l iberté de ne pas le faire

alors. Pour qui en elÏet a admis cette doctrine i l n'estpas possible de faire des reproches, ni d'adresser des

éloges à qui que ce soit, ni de conseil ler, ni d'ex-

horter quelqu'un, ni de prier les dieux, ni de leur

rendre grâce pour quelques bienfaits, ni d'accompliraucune des obligations qui peuvent raisonnablement

être faites par ceux qui sont convaincus d'avoiraussi la liberté de faire chacune de leurs actions 1-

Et pourtant, privée de ces possibil i tés, Ia vie humainecesse d'être vivable et n'est absolument plus humaine.

21. l l ne faut pas non plus laisser hors d'examen la

question suivante : si I 'on suppose qu'i l n'est pas plus

vrai qu'i l y ait une l iberté (de cette manière quenous, nous le prétendons et de I 'existence de laquelle

la nature semble témoigner) qu'i l n'est vrai que tout

1. Les 6videnceg de la liberté ici donnéee 8e rotrouvont,av€c d'autres, I)e an. lib. alter, p. 135, 2-7 Brune.

4I I]EPI EIMAPMENHT 1È21 190,T8.1$1,5

roîç ôpopt&vouorv ôs oùx ë;louorv roû pi1 nôvt<r npôr-

terv è$ouoicv.

20. 'AIÀ' 8tr çrèv roi ëotr tr è{' {pîv ôvopôccr.r., roi où

ôrà t{v èfoucicrv tclût1v ôvoriog tr yiveror, tQ rôv

oûro9 yrvopévrov cirrov tôv ôv0porrov elvor, àpXù,

cirrôv ëvtcr rôv yrvopévr'rv û{' oùroû, ixcvà prèv ôeîfcrr

xoi tà eiplp€va, ircovôs ô' ôv èneioOrloov xoi oi ôvtrÀéyerv

rrpàg oùrè rrerpripevor, ei r<ôv trpôg ôÀiyov rôvto ô rrpôttou-

cr,v rlrrÉpetvcv rrpô{crr ôs àÀ1Oeûoweç rrept 6v Àéyouorv,

rrroreûoovtes tQ pr1ôèv tôv ylvopévov ûrrô trvov o[irorg

yivecOcl ôg roi toO pi1 rrpérterv oùtô rilv è$ouoiov

ë1ovte5 tdte. TQ yàp ro0ro rrerrrcreupÉvg oùr ènrtrpfro<rl

trvr, oùr êrrcrvÉqor trvo, or) ouppouÀeûoot t l t , où nporpÉ-

rloc0oi trvc, oùr eûfcro0or 0eoîs, où ;çôprv oùroîs yvôvcr

repl trvorv, oùn ëÀÀo tr rroteîv otôv te rôv ô$eùopévov

eriÀôyrog yiveo0or ûrrà rôv roi toû rroreîv Ërcootov ôv

rroroûory d1v è$ouoiov rrerrrqreur6tcov. 'AÀÀù pigv ëfro

toûtov ôpiotos ô rôv èv0pôrr<ov (pios) rct oùôè d1v

ôp1{v ôv0pônorv Ëtr.

21. Mr1ôè êreîvo ôè ripîv ôvefétootov rrcrpoÀeÀei{Oo,

ci æs ùrro0oîro, plEèv pôÀÀov ùÀ10Q elvor rô elvci

tl oûtos è{' {pîv ôs ripeîs re ôlroûpev xoi { rôv îpoy-

pérov {ûcrs ôoreî pcptupeîv roû rrôvtcr êf ôvôyxqs

8 tr, 6 aliquid Br Trincavellit -:_ t16 V ll 5 oùr<,rç (sic) Vaùtôv] cùtôv E ll 7 xod om. 0 ù'dv èæel,oOr1ocv Bruns :â'&vene[,o01oorv V ôè xal dvenef,oO1oav 6 aulem etiam per-suûd,ent l l Setxà,v (el puncto notato) V 0 etsi ut ique: { xdvl i otpù dv Lond. ll 10 ùro (sic) V ll 12 É1ovteç cgo ex 0l habentasTrincavelli2 : ËXovroç V ll post rreæroteupr.év<1r vid. adrl. Ielnercrr6 restat ll 16 ante æoteiy add. ci. p,{1 Long 17 port noroûorv ntlrl. ci.d g. i1 æoæiv ë1erv Bruns (app. cr i t .) l l 18 Ê[oc adrl. (s.v.] l ]r l lTrincavelliz : om. V @ ll 21 dlz10! V : di10eï I( ll 23 ôoxeigrcrptupeïv e_go- ex 6 çid,etur_testcri : ë1erv pcrprupeîv V Ë1crlr,cprupeiv H $garv porporpei B.

47

15

Page 121: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

I 9t,5-25 DU DESTIN 21

arrive nécessaircmcnt et par destin, mais que I 'une etI 'autre thèses soit égalcrncnt ou vraisemblable ouinccrtairrc cn soi, à laqut' l lc dcs dt:ux opinions est-i lplus str ct moins risqué pour les humains d'accordcrleur foi ? Quelle cspècc tl 'erreur faut-i l préférer ?Faut-i l supposer, alors qtr'en réalité tout sc produit pardestin, qu'i l n'en est pas ainsi, mais que nous sommeségalement maîtres de faire ou de ne pas faire quelquechose, ou bien, alors qu'i l y a réellement une liberté,au sens que nous avons dit plus haut, se persuaderque c'est là une eneur, tandis qu'aussi tous les actesque nous faisons en exerçânt notre l iberté se produi-sent de façon nécessaire ? Certes, iI est facile à con-naître que ceux qui, alors que tout se produit selonle destin, se persuaderaient qu'i ls ont la l iberté de faireou de ne pas faire certaines de leurs actions, necommettraicnt nullc faute dans leurs actions du fait t lecette croyance même, parce qu'i ls ne scraient absolu-ment maîtres d'aucun des actcs eflcrctués par eux, desorte que le danger de leur totale errcur sur ce pointn'irait pas plus loin quc les mots. Mais si précisément,alors qu'i l y a qutlquc chosc en notre pouvoir et quetout ne sc produit point néccssairement, nous sommespersuadés que nous ne sommes maîtres de rien, nousnégligeons beaucoup de ce qui poumait être faitpar nous correctement, et en délibérant sur cela eten assumant de bon cceur les elÏorts pénibles en vuede nos actions, rendus plus paresseux à l 'égard dece qui est à faire par nous-mêmes, en raison de lacroyance que, même si nous ne nous donnons aucunepeine pour ce que nous devons faire, ce qui doit arriveranive. I\{ais s' i l en est ainsi, i l est tout à fait évidentque le choix préférentiel pour ceux qui s'occupentde philosophie doit être celui de la route la moinspéril leuse où i ls se vantent de conduire aussi lesautres.

IIEPI EIMÀPMENIIX 21 I 91 ,5-25

re yivec0cr rcl r<o0' eipoppév1v, ôÀÀ' elvar èrt' îor1sêrôtepov fi nrotèv ff &ô1Àov oùtd, notépç ôô$p rrei_Oso0cr toîs èv0p<ôrrors ôo$oÀéotepdv te rcrt &rrvôuvé-tepov, r<oi rroîov rleûôos olperôtepov, rrdtepov rô rrôvttov

5 yrvopévr,rv ro0' eipoppév1v li)] pi1 oûrr,rs Ë1erv ùrroÀop_pôverv, ôÀÀ' elvor rci ripô5 toû n npô$or fi p{ rpôfcrrupioug, ii ôvtos trvàg rcoi è+' ipîv oûtos ôs rrpo€r-prlrcpev, rrerreîoOor tà roûro pèv rleûôog elvor, rôvzcôè roi tù û{'ripôv npcrtdpevc, rotà r{v rjpetépov ê$ouoicrv

10 yivercr KorïlvtryKo<lpévos i "H yvôprpov 6tr oi pèv ôrrôvl,rvyrvopév<'rv xc0' eipcr,ppév1v cùroùg neiOovtes ôs êÊou_

ciov ë;1owôg trvorv toû te npôtte rv oùtù xoi 1.ri1 oùôèv ôv nopèrrivEe rilv riiatl êv roîs rrpottopévor5 ôpôptorev, rôp16è t{v àpr)v rôv yrvopévov tr,vôs ri$' orjtôv e?vcr

15 rripror, ôo0' ô rciv6uvos tîs rotù toûro 6ropoprioçrrpderorv pé1pr p1pôtov. Ei ôé ye, ôvros nvàs rcoi è{'rjpîv xoi pt\ rrôvrov yrvopévrov èf ôvéyxqs, rrei0eoOcrpèv p1ôevôs {pôg etvor rcupious, rroÀÀà nopoÀeir}opevtôv Eedvtr,rs tiv rrpo10éwov ùf' {pôv roi Erà tô pou-

20 Àericcc0or nepi cùtôv roi ôrù roû roù5 èrri toîs rrporro-pévors rop&toug rrpoOûpors ùSiotoo0or, ôpydtepor yev6-pevor rrpàg tà ôr' oùrôy tr toreîv ôlù r)v rriorrv ro0,rcri p1ôèv ripôv rrp<rypoteuopévorv zrepi tôv nporctéorv,tô ô{eîÀov yevéo0or. Oiitros ôè roûtov ê;16vtrov np6ô1Àov

25 ô5 oipezôrepov zoîg SrÀoooSoûorv, tilv ônvôuvotépcvôôôv oùtoùg ênoipec0crr rcci toùg &ÀÀous (ôrà tilv roroû-t1v) &yerv.

l-Èr_tqqc 9_ lt +-S t&,vloç pv6pevov Hyp I dcl. na : i V (ltuelIJl l 6 cc V: re E l l ante y.vopév<ou., ià. .a, I I l l 1?_i8 ne{_0eo0crt g.èv.V : æelo0eû1g,ev 3r 11

'18 rapaÀel{,rpev "\\l lerdin-

Q]leyltr 82_: ncrpa).tæopev V napaÀe{,nopev Ii 1; ZO tr; V9 5 , tô Lond.-ll 2l-22 yev6,Vevtr,l yr'r61reu,,r. l,t il 26 cr,li,,ùCF-Y_i cutor)6 (sic) V èrualpeoOar.\ l 0Jl] i I , ," éi ioOo, l i t - i i28-27 8ù. rlv torc,ût4v addidi ex 6 per talcnr: our. V Il.

42 42

Page 122: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

797,26-792,15 DU DESTIN 22

22. Mais i l serait bon, à la suite de I 'examen que nousvenons de faire, et après avoir exposé leurs propresdéclarations au sujet du destin, de voir si elles ontassez de force pour qu'i l soit raisonnable, par soucide la vérité, de faire fi à ce point même des évidences.D'ail leurs nous n'en traiterons qu'autant qu'i l estuti le pour notre propos.

Ils disent donc que ce monde-ci, qui est un, ren-ferme en lui tous les êtres, est gouverné par une naturevivante, raisonnable et intelligente I I que I'organisationdes êtres s'y trouve procéder éternellement selon unenchaînement ordonné, de sorte que les événementsantérieurs sont causes des événements postérieurs,et toutes choses sont l iées les unes aux autres de tellefaçon qu'i l n'y a aucun événement dans I 'universqu'un autre inévitablement n'en résulte et ne s'yrattache cornmc à une cause, non plus inversementqu'aucun événement conséquent ne peut se séparerdes événements antérieurs en sorte qu'i l ne soit laconséquence de I 'un d'entre eux comme s'i l lui étaitl ié. Bref, de tout événement un autre découle qui luiest l ié nécessairement comme à sa cause, et toutévénement est précédé d'un autre, auquel i l est l iécomme à sa cause. Aucun être. aucun événement dumonde n'est sans cause, parce que rien en lui n'estsans l ien avec la totalité des événements antérieurset séparé d'eux.

Le monde en e{Tet serait disloqué, divisé, et neresterait plus éternellement un, gouverné selon unordre uniquc et par un principe organisateur unique,si I 'on y introduisait un mouvement sans cause ;et ce serait introduire un tel mouvement que de sup-poser que tous les êtres et tous les événements puissentne pas avoir de causes antécédentes dont i ls procèdent

1. Les éléments do la description du monde montrent àl'6vidence gu'Alexandre vieo lee Stotcions; cl. SZ-F' II, p. 170-794.

43 IEPI EIMAPMENH> 22 791,26.792,15

22. On 1eîpov 6É, toûrtov npote0cropqpévov, rot cûtù rù

rrepi tfis eipoppévt1s ùn' oùtôv Àe16p<vo rrcpo0epévous

iôeîv ei nvo toroût1v Ë1er piov ôg eûÀoyov elvot ôrè

tilv npôs tà èÀqOèg oixerérqtcr rci rôv êvcpyôv oûtr,r5

ritrepopôv. "Ector ôè {pîv rcoi ô rrepi roûrtov À6yos èrri

toooûrov ê{' Soov êoti 1p{or.pog rrpàg rà rrporeipevc.

Ocroiv ôi1 tôv r<6cpov t6vôe, Ëvo ôvro xoi rrôvrcr rù ôvrc

èv oùtQ rreprÉ;1ovto, roi ûrrô {ûoeog Erorroûpevov lotx{sre roi Àoylx{s roi voepôg, ë1erv d1v tôv ôvr<,rv ôroirlorv

ôtElov xotà eippdv trvo roi rôflv rrporoûcov, tôv rrpritr,rv

roî5 perà toûtcl yrvopévorg crit(tov yrvopévov rai toûto

tQ rprirrrp ouvôeopévrov ôÀÀr1Àorg ôrrôvrorv, rai prire

oûrtos trvôs èv cùtQ yrvopévou ôs pit rrôvros ènaro-

Àou0eîv crùrQ rcoi ouvff$Oor ôç clitirg Ërep6v tr, p{t' ot

tôv Èrtryrvopévrov trvôg àrroÀeÀûo0or ôuvopévou tôv

rpoyeyovôrtov, ôs pri trvr ë$ oùtôv ôrcoÀouOeîv rionep

ouvôeôpevov, ôÀÀè rr.ovri, re rQ yevopévrg Ëtepdv tr êrroxo-

ÀouOeîv, {pqpévov oùroû êf ôvôyrqs ôs citiou, rcai

rrôv tô yrvdprevov ë1erv tr rrpô crùroû Q ôç oit(<g ouvrip-

rpor. Mr;ôèv yùp àvcrtir,rs p{te elvcr prite yiveoOcr

tôv êv tQ rdoprrg ôrù tô pr1ôèv elvor rôv èv oùrQ ônoÀe-

Àupévov re roi re;ppropévov rôv rrpoyeyovôtorv ôrtôvrov.

Aroqnôa0cr yàp rcoi ôrorpeîoOor. roi p1rét ràv r6opov

Ëvo préverv oïei, rcorà piov tôfrv re roi oirovopiov Erorrcoû-

pevov, ei ôvoitrds trg eiod,yorro r<Évr;or5 iiv eioôyeoOcr,

ei pi1 rrôvto tà ôvta re roi yrvdpevcr. ë;1or trvù oitrc rrpo-

yeyov6to ots è$ &v&yr1s ënetor ' 8por6v te elvci rficorv

4 xcl om. 6 ll 6 è96oov (sic) V ll 8 aùtÇr V 01 ipso II :arSrQ Bruns ll 12 ouvôeôepr.évov H yp ll 14 aû tôv V : aùtôv@ ipsorum H ll 17 rravc[ 0 omni Bz : nÉvr11 V ndvr4 l] IIl l 18 ante aùtoû add. ê[ Orel l i : om. VI]I I cc (t r ied vid.comment. ad loc. post ë1er,v vid. leg. Iéyouorv (Jl dicunt ll19 æpôl êt H (tpô mg.) aûtoû V : ariroû Gl ipcurn I{ ll 20 port1[veoOcrr lcgit quaei qczclv 0 aiunt ll 26 el r.v. V.

1 5

Page 123: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

192,15-193,3 DU DESTIN 22.28 & 44 IIEPI EIMAPMENH> 22-28 192,15-193,3

rcri ôpoi<oç ôôûvcrrov tô àvarrirog (yive<r0oi rr ôorrep

tà) yiveo0cri rr èr< p{ ôvtoç. Tor,oûr1v 6è oûocv tilv ro0

rravtàs ôroirlorv è$ &neipou eig ôrre rpov èvepyôg te

rai èrccrtostpôôrs yivecOcrr,

Oûo1s ôê nvos ôro$opôs èv roîs oitiorg fiv èrcti0evtcrt

(opffvog yàp cririov rcrcÀéyouorv, rù pêv rtpoxcrropxtrxô,

tè ôè auvoitrcr, tà ôè ôxtrxô, rà ôè ouver<trxô, tù ôè ôÀÀo

t ' oùEèv yàp Eeî tàv Àôyov p1r<ûvetv rrôvto tà Àeydpevc

rropotOépevc rà poriÀ1po oùrôv ôeîfor roû trepi tfls

eipcppév1s ôôypcro5), ôvrov ôr) rrÀer6vtov oitiov, èn'

ioqs êrri rrôvrqrv crùrôv ôÀ10és {corv elvcr rà àôrivatov

elvor, tôv cùtôv ôrrôvttov trcpr€orrlKôtov rtepi te tô oitrov

roi {r èotv oltrov, ôtè pèv pù t ôtè ôè pi1 oûttos ei rrorg

ouppoiver, ôtè ôè oûtroç. 'Eoetr0crr

yôp, ei oûtog yivorto,

èvcitrdv lvo x(vqcrv.

Tilv ôè eipcrppév1v cùd1v xoi tilv {ûcrv xoi tàv À6yov

xoO' ôv ôrorxeîtor tô rrôv, Oeàv elvoi $oorv, oûoov êv

toîg oûoiv re xci yrvopévorg &rroorv xoi oûtr'rç ;1propêv1vônôvtov rôv ôvrov tff oirceig ,fûoer, rrpôg tr)v toû rtcvtàg

oixovopiov. Kci roroûr1 pèv ôs ôrù ppcléorv eirrcîv rl

rrepi tfls ei;tcppÉv1s ûrr' aùtôv ratcpepÀ1pév1 ôéfc.

23. 'Eott 6è tà $eûôos rôv Àeyopévrov oû À6yov tvôv

oùôè èÀéy1ov ëto0ev ôeôpevov, àÀ)\' crùtô0ev yvôpr-

1 ltveo0crl, tr doonep tà addidi ex 6 fieri aliquiil lsine causafsicut id quod est : r<,rr s.v. V (incerta manu) tÇr H ll 3 èvep1ôçci. Usener : èvapyôç V O ll 4 &xara.ctg69r,:6] d,çr.eraotp6qo6 B3ll 5 èxr[0evtar Hfp E : èxtr.OÉweç VBH 0 ll 6 optivoq E Cas.Bruns : prlvà6 VH T^HO> (ut vid.) 0 alt lov E Cas. I l runs :ctçlov V @ causam H ll 7 &rcr.xtir VBH O ducliça : ëxtu&.Trincavelli edd. d,pxtuxé E ll 10 post ô61patoç adrl. s.v. potr-Iog,év<,rv Bs ll 13 ôtè pr.èv pt1 fl ôtà ôè p.l oût<,r6, el æoq oupijalvet,ôtè 8è oûrcoç correxi ex @ : ôtè ôè pi1 1 ore Ee pI ourtoç e[ 7çoÇoupr.6c[ver ôtè ôè o6torq V (accent ' spir i trrsqut ' t l r ' l . t i suprn 1ore Fl ou e[,) ôcè ptèv ôcè 8À F.ù oiiroq e[ rr<,16 oup6crlvet' ôtè ôèoûtoç H ll 18 1p<lpévr2v ego ex @ utenlnnt r:i. Trincavolli od.Brune : lpopévz1ç VH.

nécessairement. C'est, disent-i ls, pareil et pareil le-ment irnpossible qu'un événement se produise sanscause, et que quelque chose provienne du non-être 1.

Telle qu'elle est, I 'organisation de I 'univers s'étendde I' infini à I ' infini avec efl icacité, et sans fin.

Bien qu'i l y ait dans les causes une certaine di{Ié-rence, qu'i ls exposent - i ls énumèrent en e{Iet unessaim de causes : les unes principales, les autresaccessoires, les autres e{ncaces 2, d'autres ayant enelles-mêmes leur principe, d'autres enfin d'autresorte : car i l ne faut point allonger le discours, toutce qu'i ls disent nous I 'exposons, qui montre I ' intentionde leur doctrine du destin, - quoiqu'i l y ait, certes,un plus grand nombre de causes, i ls disent qu,i l estégalement vrai de toutes, quand les circonstancessont les mêmes et pour I 'agent causal et ce par quoii l est cause, Çu'i l est impossible tantôt qu'i i n'y- aitpas d'efiet, ou, si un effet survient, qu'i l soit tantôtdifférent, tantôt lui-mênre. l l y aurait en elÏet, au casoù l 'ellcctuation se fcrait ainsi, un mouvement sanscause.

Le dcstin même, la nature, la raison par laquelleest régi l 'univers, c'est Dieu, disent-i ls, puisqu'i lse trouvc dans tous los êtres et dans tous les évé-nements, ct qu'i l uti l ise la nature propre de tousles êtres en vue de I 'organisation de I 'univers.

Telle est donc, brièvement exposée, la doctrineétablie par eux concernant le destin.

23. La fausseté de ces afl irmations est connue sansqu'i l soit besoin de raisons ni de réfutation extrin-

1. C'est un axiome partagé par tous les physic iens, noteAl , .xandrc, in l l le ta, 213, 6-13.

2. J'accepte .&xy.x&. un lrapax, maie êxcm&, n'apparaîtqu'ici et ost redondant avec ouvExrlxd.

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193,3-23 DU DESTIN 28

sèques, mais de soi-rnême. En effet, quelle réfutationplus éc latante d 'un propos que le fa i t qu ' i l ne s 'accordepas avec son objet ? La première énonciation, certes,à savoir que l.ous les ôtres étant produits par descauses, les faits qui les suivent s'enchaînent les unsaux autres de cette façon parce que les seconds serattachent aux premiers à la manière d'une chaîne,ce qu'i ls posent comme essence du destin, commentne serait-elle point en désaccord manifeste avec lesfaits ? Si en e{Tet les pères sont les causes des enfants,et qu'il faille exiger des causes des e{Iets conformesà leur nature propre, de sorte que d'un homme c'estun homme qui soit cause, et d'un cheval un cheval 1,

de qui sont causes, dans Ia postérité, ceux qui ne sesont jamais mariés ? de qui les enfants morts avantI'adolescence ? En fait, de nombreux événements,par suite de leur a{Iaiblissement à un certain degré,ou bien ne sont pas mis en mouvement, ou bien ontdisparu avant de parvenir à quoi que ce soit qui eûtété conforme à leur puissance constitutive. De quoisont causes, demandera-t-on, les excréments quise forment dans ccrtains organes du corps ? de quoisont causes les monstres et les faits contre naturegue nous voyons incapables de subsister dès le début ?Si l 'écorce existe dans les plantes pour le tégumentdu fruit, et celui-ci pour le fruit, si on les arrose pourqu'elles croissent, et si elles croissent pour porter desfruits, du moins trouve-t-on en elles également beau-coup de faits qui ne sont pas de cet ordre. Qui, en e{Iet,pourrait dire de quoi sont causes les fruits pourriset desséchés par la suite ? et de quoi est cause ledédoublement de certaines feuilles ? De ces exemplesil ressort avec évidence, pour qui veut voir la vérité

1. Lo principo de causalité asgocio cause et elfet dang lamêmo erpèco (Soxtus Ernp. Mar[. IX 202).

ttï 4ô IIEPI EIMÀPMENH' 28 193,3-23

pov. T{s 1ùp ëÀey1os À6you $ovcgirepos ro0 pù tô"p-

pdlerv roûtors 1r€pi 6v Àéyeror I tô yoûv rrpôtov eiplpÉvov

ôs rrd,worv tôv ôvrov cr,irl<'rv trvôv ylvopévrov tôv petà

roûto xoi roûrov tôv tpdnov è1opévov ôÀÀriÀov tôv

rrpoypôtr,rv tQ 6irr1v ôÀûoeos roîg rrpôror5 cuv1ptffo0cr.r

rà ôeûrepo, ô rionep oûoiov tffs eipoppév1s ùrrotiOevtor,

rrôs où {cvepôç àrrrl8er tôv rrpoypâl,rv ; Ei yàp tôv

rérvalv oi rtctépeç oTtror rcri, Eeî xot' oixerétr1to tùg

oirios ônrorreîv, ôs àvOpôrrou pèv ôv0pconov oitrov

elvcr, izrrrou ô' irrrrov, rivos ainor rôv pet' oùtoùs oi

r{v ôp1i|v p1ôè yripoweç, tivos ôè oi naîôe5 oi rrpà

rffs riÀlrios ôroS0opêvreg ; floÀÀù y&p tôv yrvopévr,rv

rinà rfis xcrà rô rrooôv êÀÀeirleog i) p{ rrvl0évtc fi

{0opéwo rrpdtepov, oùôevôs ë{01 yevdpevc xctô rlv

ûnôp;louoov ôûvoprv oûtoîs crItc. Tivos ôè êpoûcrv

oirrc tà ëv rrorv pépeolv toû cô;r.oro5 {udpevcr rreprtrô-

pcrta ; Tivos ôè r& réparô re rcol yrvdg.evo nopè Sriorvô dlv èp1i1v oùEè ôlapéverv otô te etôopev ' et (pèv ô)

{Àorôs êv toî5 {uroîg ëve xcr toû reprrcopniou, tô ôè

rreprrcôprrrov roû ropnoO ;1ôprv, xai àpEerietor pèv ivc

tpé{1tor, rpé{etor, ôè ivo rcoprro$opfr, ôÀÀ' Ëotrv ye

rroÀÀà êv cùtoîs eripeîv r<ri pl toûtov yrv6pevo ràv

rp6rrov, Tivos y&p ôv rrs eirror. rù oeolrrôto rcoi tà f1pùtôv roprrôv oirrc rôv perà toûro ; Tivo5 ôè triv trvrov

{ûÀÀov ôrôupdrryc ; 'Ef ôv {ovepôv toîs ôpôv tôÀq0{

pouÀopévorg re x<ri ôuvcpévorg 6tr, ôorrep où rrôvtc

1 gavepôtepoq V 0 B H mg. : lvcopr,pôtepov H ll 2 toûtorç82 Trincavelli Bruns : toûrov (v.s.v.) V coûto vel toûto 0l ftocroÛro (totç e.v.) B toûto H ôvl oû H ).é1etar Vo f i l ' l t : l l :trélovrcr VB ôq rrdvtov tôv] ôorcep t<ov tôv (sit:) Il ôq tôvnpcôtc.rv B'1 li 10 irrov (sic) V li 11 rav cipT.iv (sic) lt ll .liprvtcqV : TÀINANTEC Qt npôl ô V ll 13 èD,etiecoç ll : dtfrturtt6 êxle[rle<oç V ll 14 ante xcrrô deleçi tit : tr] V I] ll ,rrrr.@ del. 82 I lrurrs l l 18 tr lv (sic) B l l eïôopev e[ V (\1 I I : clô 'ô p rèv B (e l de l . ras . ) l l pèv 6 add id i : onr . V 0 t l l l l l i 20Fè" VH : 8è @ outem ll 23 etnor.l etrcn A 4lpcrl [r]pevOévte (\lsiccata H yp D l l 26 i l twa] rr&v tà ci. Sr ' l rrr ' ;rr lz cr l . l l l t tns.

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{ 5

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193,23-194,8 DU DESTIN 28-24

et en est câpable que, de même qu'i l n'est pas possibleque tout soit en acte, de même tout ce qui pourraitêtre agenù causal n'a pas d'ell icacité causale actuelle,ou n 'en a pas eu ou n 'en aura pas. Davantage encore,tout e{Iet, par le fait qu'i l est actuellement n'est pasaussitôt agent causal d'un être à venir.

Mais en venir à dire causes ces faits eux-mêmes, touten prétextant, comme faux-{uyant, le fait qu'on ignorede quoi - de la manière, bien sûr, qu'i ls sont souventcontraints de le faire aussi à propos de la Providence- est le fait de gens qui fabriquent, pour des problèmesdi{fici les, une solution de facil i té. En fait, en uti l isantun tel procédé, i l est possible d'afl irmer des chosesles plus absurdes et qu'elles sont, et qu'elles ont descauses rationnelles, mais qui nous sont encore incon-nues.

24. Si donc i l en est bien ainsi, pourra-t-i l se produirequelque chose sans cause, et cela notre raison I 'accep-tera ? ou bien pourra-t-on continuer à maintenirqu'aucun événement ne survient sans cause, les faitsétant par ail leurs tels que nous les disons ? Si, enelÏet, après avoir abandonné I'analyse 1 des causeset I 'objection que des premiers événements découlenécessairem<rnt, dit-on, qu'i ls doivt'nt devcnir causes,sous prétcxte qu'i ls cnvr loppt:nt dans leur essenceI'e{ficacité causale, nous donnons I 'explication descauses à partir des faits et de leurs conséquenceset si, en outre, nous recherchons les calrses maîtressesdes événements, aucun événcmcnt n'arrivera sanscausc ni, par là-même, ne sera entièrcment I 'eIÏetnécessaire d'un tel destin. Car i l n'est pas nécessaire

1. Le textc n 'a pas à être corr igé: i l s 'agi t de renoncer àI'analyse des causes qui est proposée, et de lui en substitueruno autrc (cL Quoest . I 7, p. 4, 4-71.

fIEPI EIMAPMENH: 28.24 193,23-194,8

ôuvorôv èvepyeîv, oûros oùôè rrôv ô ôv yévorro oltrov,

roi ëonv citrov fi81 fl yéyovev i] yevrjoetor. 'AÀÀ' oùôè

rrôv tô yeyovôs eùOùg rQ elvcrr iiô1 rcoi oitrdv êanv êoo-

pévou trv6g.

Tô ô' ôpéoe lorpoûvroç pèv Àéyerv rcrl tcrût<r, xcrc-

$eûyerv ôè ërri tà ôô1Àov elvor tivo5 oinc (ôionep ôpéÀer

roi êrri tfrs rrpovoios tflg rot' oùtor)s ôvoyxô(ovror

rroreîv lroÀÀôrrç) eùnopiov èori roî5 ôrtdpors plxcrv<,l-

pévtov. Toûttg yùp yptopévous èvÉator rrepi rrôvttov tôv

èrorrotôrov Àéyerv ô5 xai ôvrtov xcri eûÀôyoug è;16vtov

nvàs <ritioe, {pîv ôè ôôriÀous ëtr.

24. 'Ap'oûv roûrov oûtar5 ê;çôvrov ôvorritog tr yevrioeror

rci toûO' tipôv ô Àôyo5 npo$eveî ; "H ôûvotar oôleoOcr tà

p1ôèv &vor,tiros tôv yr.vopÉv<ov yivro0tu roi toûtov ràv

tp6rrov è;ôvtrov ôs ip.îs Àéyopev tôv rrpoypét<'rv;

"Av yàp rrcucôpevor tffs ôvoÀûoears rôv oitirov rcri toû toî5

rrpôtors yevopévors Àéyerv êf ôvôyxrls ËrreoOcr rô oiriors

{ûoer ôSeiÀerv yivec0cr ôs èv tfl oùoig <rûtôv tà critov

reprÉ1ouorv, ôrrà rôv yrvopÉvtov re xoi ûorÉprov dlv è116ôo-

orv tôv oitiorv nolôpe0c ëtr te tôv yrvopêvrov rcupiog t1rô-pev tèg critiog, oùte ô,vcrrrios n tôv yrvopévrov yevrioetor

oûte ôrô toûto êf ôvôyrcrls no0' eipoppévr1v toroût1v

rôvto0ev yr,vôpevov ëcrtar. Oùr< è$ ôvôyr1s pèv yùp ô

8 eùOùq (ç in ras. V) : eù0ù B ll 5 tô ô' ôg.6oe V : TOAEOMOCE 0 post lcopoûvccrç add. æirsa Arnim pèv del. Bapost xal add. pèv Br post taûte add. elval a[cta I|2 ll 6 elvorrtlvoç ego ex 0 essa cujus H ci Arnim : elvat rlvo6 V ll8eùæoptav... pr,11orvopr,évov V : AIIOPEIN '/. TOIC. AIOPOI(;.MHX^NOMHNQN (sic) 6 ante toïç add: èæl Bs (ubi (tlpraebet èotr per compend.) ll 13 roû0' lpôvl toû xct0' lprôv IIÀ6.1oq] o in ras. V zrpo{evei \ H : çena,ur (U (an rp6(1ter. i')ff 14 tôv s.v. Vo ll 17 léyelv Vo B : l4yer V dicitur ($ post rlrrorlvid. leg. rà @ sci l icat post ÉneoOar, add. tr 0 ul iquid (vcl l r .gittr pro tô) l l 18 qricee Br :91orv V (supra u ct er) I ] orn. (I1 I Ipoat ô9eh,etv add. gûow H ll 19-20 éntôoorv II ll 23 nd.vto0rvY H :

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t0

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194,9-28 DU DESTIN 2/.25

que Sophronisque, du fait de son existence actuelle,soit père et cause de quelqu'un de ceux qui viendrontaprès lui. Si cependant Socrate existait de façonnécessaire, de sa naissance Sophronisque eût étécause nécessaire. De même en effet que, s' i l y a desfondations, i l n'est pas nécessaire que la maison soitconstruite, tandis que si la maison existe, i l est néces-saire qu'i l y ait fondations, de même faut-i l com-prendre que, pour les faits naturels aussi, les causessont nécessaires : non pas que les premiers soientnécessairement suivis de ce dont i ls sont causes, maisau sens où les faits postérieurs ont nécessairernentleur cause parmi les faits antérieurs. Mais certainsdes faits peirvent être tels qu'i ls ont bien une cause,non certes propre et principale, mais, comme nousavons I 'habitude de dire, acciderrtelle. Le trésor, enefÏet, qui a été trouvé par qui creusait pour plantera bien pour cause I 'action de creuser, mais ce n'estpas une cause propre, ni mise en ceuvre pour lui.C'est que Ies unes, causes maîtresses, ont leur efletou bien seulement nécessairement, comme il leursemble, ou bien qui les suit le plus souvent, tandisque les causes qui sont de cette façon par accidentdeviennent rarement causes de tels e{Iets. De tellesorte que, pour ceux qui professent une telle thèse,il s'ensuit à la fois qu'on affirme que rien ne se produitsans cause et qu'en même temps on maintient I 'exis-tence d'événements dus à la fortune et au hasard,I 'existence d'une nôtre l iberté, et du possible, dansles faits et non pas simplement dans les mots.

25. Comment en fait ne serait-il pas ér'ident qu'il estfaux de dire que tout ce qui suit quelque chose tientde cette chose la cause de son être, et que tout ce quiprécède quelque chose est agent causal de cette chose ?Nous voyons en ellet que les êtres qui se succèdentdans le temps ne proviennent point tous des événe-

+ l 47 IIEPI EIMAPMENH' 24.25 I 94,9-28

Iro{povioros rQ elvar {61 rot nonip èotr rol aitds

tvr rôv pet' cùtdv. El péwor lorpôr1s ei1 èf ôvriyqs,

orirQ tffs yevéoeoç lo{poviorog ê$ ôvôyqs aitlos,'Os yàp 0epeÀiou pèv ôwog oùx àvoyrcoîov oiricrv yevé-

cr0or, oir<icrs ôè oûo1s rrporatopepÀffo0or rôv 0epéÀrov,

ôvôyx1 oûnos ëXerv ûnoÀryrtéov roi êv roîg yrvopévorg

{ûcer tà cino êf èvéyx1s, où toîs rrpôtors ê$ èvôyx1s

êrrépevov tô citiors elvoi nvov, ôÀ)r,à toîs ûoréporç

yrvopÉvorg rô è$ ôvôyrls ë1er,v n rôv rrpà oùtôv oinov,

"Eotr ôé trvc tôv yrvopÉvr,rv xcr.i rorcûro ô9 Ë1erv pèv

crTtrdv n, où p{v oireîov oùôè rrpolyoripevov, ôÀÀ' ôs

r]prîv ë0oç Àéyerv xarù cuppepqrcds. 'O yùp eûpeOeis 01ooupàç

tirrè toû ôù tô {ure,ielv or<ôrrtovrog ëyel pèv tô cr<ôrrterv

oirrov, ôÀÀ' oùrc oireîov oûôè yevôpevov Er' oùr6v. Tà

pév y&p rupiors oitro fi Êf ôv&yr1s pdvov, ôs roûrors

ôoreî, roi ôs èni tè noÀù êrrdpevov Ëyer tô oirr,orév,

rù ôè xorù ouppeplxôg o[irtos oino onoviro5 yivercr,r,

rôv toroûttov oitrcr.. "flate toîg toûrov rôv tpdrrov ÀÉyoucw

6pcr pèv ër'eran rô pq6èv d,vorriros yivec0or Àéyerv, &prc

ôè rô oôlerv 16 re &rrô rû1qs rci oùtopôtorg yiveo0oi

trvc roi elvcr xoi rô ê{'{pîv xoi rà Èvôe16pevov èv roîs

rrpôypocrv ôÀÀ' où $orvilv p6vov.

25. Ilôs yùp où {ovepôs tô Àéyerv rpeû8os rrôv rô êrrépe-

vév tlvr èf êreivou rilv oitiov toû etvor ë1er,v roi rlôv rà trporl-

yoûpevdv tvos oTtov ûrrôp1erv êreivqr ; 'Opôpev yùp 6rr rà

ê{effls ùÀÀriÀors ôvto rQ 1p6v<9 où r6.vtc. ôrà rà ëprrpooOev

2 e[4] s.v. V ll I ante oorgpovtoxoç add. crttroç 6 cctrsaBs è( &.v&yx4ç om. H del. Donini attro6 del. B' l l 4 post 1ùp add.0eg,éÀroç H tpoxura6e6).io0ar,l alt. 6 add. s.v. Vô ll 7 è[ &vd1x16del. 82 ll où roiç np<irtor6 Vô 6 Bs : aùroiÇ rpôt1ç, V oùr',ïçrrgôrorç H B (sine spir.) aùtoiç lpcôr4oev Ii ll 14 o,ix V : or'rô'6 neque où plv H ll 15 p,èv om. 0 ll 16 altlardv llr : crlttrrv\ @ cousa B ll 21 rlva 0 quaedanr' Ilr : rtvaç V (prrtrot.rupra ç) B H ll 28 '{.,eûôo6 rô té1erv I-|| II Arrrinr ll 28-84éæ6pev6vl yevdg.avdv H (ên- mg.) ll 28 tùl tà E.

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194,28-195,18 DU DESTIN 25

ments antérieurs et qui lcs précèdent immédiatement.Ains i on ne rnarchc I )as parce 11u'on s 'est mis debout ,i l n 'y a pas la nui t parce qu ' i l y a eu le jour , le concoursdes jeux is thmiqucs parce qu ' i l y a eu celu i des jeuxolyrnpic lues, pas p lus que c 'est parce qu ' i l y a eul 'h iverqu ' i l y a l 'é té. De là v ient qu 'on pourra i t s 'é tonner deles voir donner des causes une telle explication quetoujours i ls font du premier produit la cause de cequi vient après lui, el construisent un enchaînementcontinu des causes, et i ls en donnent cette justif icationà partir du fait que rien ne se produit sans cause.

Nous voyons en eflet dans de nombreux cas qu'i ly a une même cause pour les événements antérieurset postérieurs. C'est ainsi que se mettre debout etse promener ont la même cause, car ce n 'est pas semettre debout qui est la cause qu'on se promène,mais de I 'un ct dc I 'ar r l re c<, lu i q t r i s 'cst mis dcbout , etson propre choix. Nous voyons aussi que de ce guela nuit et le jour manifestent une certaine loi d'alter-nance, i l y a une seule et même cause 1, comme d'ail leursaussi du changement des saisons (car ce n'est pasI'hiver qui est cause de l 'été) mais de ceux-là commede celles-ci, le mouvement et la révolution du corpsdivin et I ' inclinaison de l 'écliptique selon lequel lesoleil se meut, de tout ce dont nous avons parlé,voilà la cause. Et quc la nuit ne soit pas cause dujour, ou I 'hiver de l 'été, et que ces phénomènes nesoient pas l iés les uns aux autres à la manière desmaillons d'une chaîne, cependant i ls se produisent,et s' i ls ne se produisaient pas de cette façon, I 'unitédu monde et des événements et des êtres qui s'ytrouvent serait rompue. En efÏet les êtres divins etleur révolution su{Iisent pour sauvegarder la conti-

1. Cette cause unigue impliquo deux mouvements : la rota-t ion du sole i l autour de la terre, et la révolut ion zodiacale duoÀ I 'obl igui t6 de l 'éc l ipt ique.

48 48 nEPI EMAPMENH> 26 194,28-195,18

rci rrpô cûtôv yeyov6to yivetor. Oùre yàp tô po8iccrr ôrà

tô ôvccrflvor, oûre vù$ ôrà tilv ripépcv, oûte ô tôv 'lc0pir,rv

ôyôv ôrù ràv rôv'OÀupriov, ôÀÀ' oùôè ôrè tôv lerpôvotô Oépog. "O0ev rai Ocrupôcerev ëv trs aùtoùs tlv tôv

cirir,rv àrdôoorv toûrov rroroupÉvoug rôv rp6rrov ôg

ciei rà rrpôrov yeyovôs crirrôc0or ro0 petà toûto ral

rroreîv èrrrorivôeqiv trvcr xcrl ouvé1e rcv tôv oiti<ov, r<cri

rairrqv toû p1ôèv ôvorrior5 yiveo0ar ,fÉpovtor rlv oitiov.'Opôpev yàp êrri rroÀÀôv tà cùtô xai toîs npôtors roi

toîg riorépors yrvopévorg ôv oinov. Toô yoûv ôvcrotflvor

roi toû rrepnrotffcor tô oùtô cTrrov, où yàp rà àvaotfrvcrr

toû rreprrorffocr, ôÀÀ' èp{otÉpov ô ôvocràs roi rrepr-

rtotôv oitrog roi { roûtou rrpocipeors. 'Opôpev ô' 6t

rcl vurtôs roi r]pépog t&frv trvù È;1oucôv rrpàe èÀÀriÀcg

êv roi tcùrôv crltrov, ôpoito5 ôè r<ot tfls tôv rorpôv peto-

poÀfls (où yàp ô 1er.pùv oinos toû 0épous) ôÀÀ' êrceivov

te ral toûtrov ({) toû Oeiou côpotog rivqoig te xoi nepr-

{opù rci ri rotô rôv Àofôv xûr<Àov ëyrcÀror,s, xo0' iiv ô

fiÀro5 rwoûg,evoç ônôvt<,rv ôpoirog rôv rrpoerpqg.évrov

oinos. Koi 8n pù (i) vùf {s {pépcs ciric { ô 1eçùvtoû 0épou9 p1ôè êprrénÀerctcr toûto ôÀÀriÀors &Àûoeog

ôir1v, t <rv Ëo9 toûto yivetcr, il ei p{ oûtog yivorro,

Ercorrco0rioercr f1 ro0 r<6opou te rcci rôv èv oùrQ yrvo-

pévtov re rcoi ôvtr,rv ëvtocr.g. '!rovù yùp tè Oeîa rci r! roûtov

repr{opù rilv tôv yrvopévov Êv rQ rcdopqr ouvé;1er,crv

{uÀ&ccerv. 'AÀÀ' oùôè tà rreprrcteîv ôvcritrov, ênei pi1

2 oUte vr5t... lp.Épav om. H ll 5 clttov 83 : lo0g.[,<,rv V GJ RIIlf Tzror,eivVoH: æolei Y faciunt 0 ll 8 pépovtar, V H : redduril6 9épec0ar 82 pépovra6 ci. Hackforth i gépovteç lt2 rng. ll9 tù aùtô @ id ipsum B8 : aùrô VBH rô E l l 11 ro s.v. rr iclVô ll 13 8'ôcrl ydp E ll 14 vuxtôç V : vûxreç (Il mrtes {plpcrçVH : flprépat @ dies è1ouoôv 82 Lorrrl. : Élrruotv Vll (llhobent H ll 17 toûc<,rv ego ex 0 ipsonnr : toûro V roritorr Vô lll II add. B'zl l 20 { add. I}runs l l 22 av É,aç tcrûta (sir:) \ ' l t : dvé<oç tcûtc @ utique donec haec d).À' 6p.oç rcûtc tr.rrrgrttvi troçêv rcrûtcr Casp. Orelli (où ôrd toût) &vctt[<,rç taûtc r:i. llrtrrrr.

1 5

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1 95,1 8-1 96,8 DU DESTIN 25

nuité des événements du monde. Mais le fait de sepromener n'est pas non plus sans cause, bien qu'i ln'ait pas sa cause dans le fait de se mettre debout.De sorte que la chaîne de ces causes professée par euxaurait raisonnablement sa justif ication du fait querien ne survient sans cause. De même, en efÏet, queles mouvements et les temps ont bien une cause -

mais à coup sûr, le mouvement n'a pas pour cause lemouvement précédent, pas plus que le temps n'a pourcause le temps antérieur -, d. même aussi en ontune les faits qui se produisent en eux et par eux. I ly a bien une cause de la continuité des événements,cause par laquelle le monde, un et éternel, est gouvernétoujours selon la même loi et de la même manière, i lconvient de chercher et de ne pas négliger cette cause,non point qu'i l convienne de I ' imaginer telle que leplus récent provienne du plus ancien, comme nous levoyons se produire dans la génération des animaux.Mais, i l est aussi raisonnable de dire qu'i l y a un prin-cipe aux causes, principe qui n'a plus avant lui unautre principe ou une autre cause. Car s' i l est vraique tout ce qui se produit a une cause, i l n'est cepen-dant pas nécessaire pour autant qu'i l y ait des causespour tout. Tous les êtres en e{Tet ne sont pas produits.Comment ne serait-i l pas absurde d'enseigner que lescauses, et leur chaîne et leur l iaison vont à I ' inl ini,en sorte qu'i l n'y ait ni commencement ni f in ? Soutenir,en e{Tet, qu'i l n'y a pas de première cause, c'est sup-primer la cause, car le principe supprimé, i l est néces-saire que soit également supprimé ce qui en dépend.Bn outre, serait aussi supprimée la science, selon ceraisonnement, si du moins la science est essentielle-ment la connaissance des premières causes. Or, i ln'y a pas, selon eux, parmi les causes, de première.Et toute violation d'un ordre n'entraîne point ladestruction des choses entre lesquelles i l existe. I lse peut, en e{Iet, qu'il y ait des événements contraires

IIEPI EIMAPMENHE 26 195,18.T96,8

èr toO ôvocrflvcrr t{v oir{crv lpr. "Oot' ô toûtov tôvcririr,rv eippàs ûn' oùtôv Àeydpevog cùÀ,ôyr'rs ôv toûpqôèv &vorriog yiveo0cr $éporto t{v criri<rv. 'Os yùp

oi nvrioers roi oi lpdvor Ë;ouor pÉv tva oitiov (où pilv

oûte r] rivlors rilv rrpà cùtffs oûte ô lpdvog rôv rrpô

crùtoû ;1p6vov), oûtos ë1er rci tù êv oùtoîg rc roi tà

6r' crùrôv yrvdpevo rrpôypotc. Tffs pèv yùp ouveleicg

tôv yrvopévrov èori rrg oiric ôr' flv ô x6opog ets re rcri

ôi8roç rctù tô aùrô te rtri ôooûtal5 ôei Erorxoûpevog,

rcci ôeî roûtqv [r1teîv re roi (p{) rropcÀrrreîv tfrv oiriov,

ori pilv ;1pi1 toroûtqv ùrroÀoppôverv ôs êr toû rrpeoButé-

pou yiveoOcrr rà veôtepov, ôg ôpôpev yrvdpevov èni tffs

rôv ({lov yevéoerog. EûÀoyov ôè rcci ôpXtiu trv<r èv roî9

<ririors elvor ÀÉyerv, oùxÉt' ËÀÀqv rpô cùtffs èp1i1v xoi

citiov Ë;çouccv. Où yôp, ei [rrôwcr] rè yrvdvevo rrévrc

oitrc Ë1er, {E1 roi rrôvrov elvcl trvoç oitioç àvôyr1.

Où yùp rrôvto tù ôvta yivercr. t'lôs yàp oùr ôtorrov tôÀéyerv èrr' drrerpov etvcrr tù aTtrcr roi tôv eippàv crùrôv

roi tilv èrrroûvôeclv ôg prjte lrpôtôv t elvtrr p{te ëo1o-

tov; tà yùp p1ôèv etvcr trpôtov oitrov ÀÉyerv ôvcr-

peîv êotr tô oitov ' &vcrpoupévls yùp ôp1fis ôvcrpeîo0cr

roi tà per' cùd;v ôvôyrr1. 'Avarpoîto ô' ôv roi ênrcrtlprl

xorù ràv Àôyov roOtov, ei ye êrrutrlprl pév êot rupirog

ri rôv rrpôrorv citi<ov yvôorg, oûr ëotr ôè rot' aùtoùs

èv toîs oitiors tô rrpôtov. Où rtôoc ôè rôteog rropôpcorg

&v<rrpetrril tôv êv ots yivercrr ' yivecOor yùp Ëvro rcri

1 ô toritov tôv ego ex 0 dpsorurn : ôuX ôrh,rç (sic, u1punctis not.) V oûX oûr<oq ô tôv Bs ll 2 aûtôv Va 6 Bt : aùtoûVB ll 10 alt. xcrll crl in ras, V pt1 add. B2 rcrpatrr,æeiv B Trin-cavelli : æepelræerv (sic) V zrapa),læetv E ll 11 ôç @ tanquamB' IIE : 8oç VB ll 15 ëloucav B O H Trincavelli : ÉlouocrV où om. 6 pr. æd.vtcr seclusi : 'rud.vta.'(sic) V ndvra E om. 0del. Bs alt. æd,vta om. E ll 18 èædæer,pov (sic) V ll 19 pr. p{tc(punctâ sup, te) s.v. V : gdæ @ ræqtn <tm. B elvcrr

-om.

Lond. ff 92 E' êv V : 1ùp 6 ll 94 El outcm : tc codd. ll 80ytvetcr] vetar in ras. V.

49 49

10

Page 129: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

196,8-28 DU DESTIN 26.28

à I'ordre du roi, qui cependant ne provoquent pas la

ruine totale de la royauté. Et si quelque événement

eemblable se produisait dans le monde, i l ne détruiraitpas davantage entièrement le bonheur du monde ;de même aussi celui d'une maison et de son maître

ne serait pas détruit si par hasard les serviteursétaient négligents.

26. Venons-en aux dilficultés qu'ils soulèvent contre

I'existence de la liberté telle que la prénotion de tout

le monde l'admet I soulever ces diflicultés n'est pas

déraisonnable, mais s'attacher à ces di{ficultés comme

à des choses qui font I 'unanimité, c'est supprimer

ce qui est à ce point évident, et en même temps

montrer que la vie humaine est vaine apparence etjeu d'enfant, tandis que combattre en faveur des

di{ficultés qu'on a soi-même soulevées est, certes,

tout à fait sans valeur. I l n'est pas non plus vrai, en

e{Tet, que celui qui ne peut résoudre I'un des argu-

ments de Zénon contre le mouvement doive désormais

supprimer le mouvement. Car la force des faits con-

vient mieux pour I'assentiment que toute la vraisem-

blance des raisons par lesquelles on cherche à les

supprimer.Et peut-être aussi n'est-i l pas mauvais pour noust

en prenant en mains celles des dilficultés qu'ils sou-

lèvent, auxquelles ils tiennent le plus, de les soumettre

à examen pour savoir ce qu'il en est. Peut-être en e{Iet

verra-t-on qu'il n'y a pas de di{Iiculté en cela même.

L'une des di{ficultés qu'ils proposent est à peu près

ceci : < Si, disent-i ls, la l iberté consiste à pouvoir

faire aussi I 'opposé, et si c'est à des actions faites dans

ces conditions que s'adressent louanges et blâmes,

conseils et défenses, punitions et honneurs, la sagesse

et la possession des vertus ne seront pas au pouvoir

de ceux qui les possèdent, parce qu'i ls ne sont plus

capables des vices opposés aux vertus, et les vices

IIEPI EIMAPMENHX 26-26 196,8-28

rropù tilv toû BcrorÀéo5 rôlrv oùr ôôrivcrrov ô où rôvtros

tffs BoorÀeios fiô1 yivetcrr {0cptrcô, oùôè ei n toroOtov

Êv tQ x6op<9 ylvorro, nôvrtog flEr; roûto Àûer d;v eùôcr-

povicv toO xdcpou, rco0ôrrep oùôè t{v toû oirou xoi tilv

roû ôeon6rou ri tu;1oûcc tôv oiretôv pgEroupyic.

26. "A ôè ôrropoûcrv rrpàg rô etvor toroûrov tô ê{'ripîv,

ôrroîov ri xorv{ rrp6À1}rg rôv ôv0pônrov trerrloteurev,

ôrropeîv pèv oûx ËÀoyov, rô ôè toîs àrropoupévors êrro;1ou-

pévoug ôg ôpoÀoyoupévor5, ôvorpeîv pèv rù oûttog èvcp-

yff crroypc{iov té trva rccri rror8rùv ôrro{crivov tôv

rôv &v0pôrov Biov, ouvoyrovileo0ar ôè roîs &rropou-

pévorç rcO' otitôv êori ôi1 ôg rrovrôrroorv ôÀiyov. Oùôè

Vôp tQ pi1 ôuvopévrg Àûerv nvù tôv Zrivtovos Àôyrov

rôv rcrè tfis rrvrice<os iôl rlvlorv ôvcrrperéov. '!rco-

vorêpc Vèrp i roû npôyporos êvépyero rrpôg ouyror&-

Oeorv rrôoqs tfis ôù À6yrov ôvarpoûo1s oùtô rrr0ov6r1tog.

Où 1eîpov ôè ioors rcoi r]pôg rôv à.nopoug.évrov ûnr' crritôv,

otg pôÀrotc Ocppoûcrv, tcrûro rrpolerpropévous Èfetôccr,

rrô5 ë1er. "lorog yôp oùôè ôycrv {cveîtor ei5 oùrô.'Ectr ôri rr tôv ôrropoupévrrrv rirt'cùtôv xcr.i toroûtov. << Ei,

{ociv, roOtô èonv êS' ripîv 6v rci rà àvtrreipevo ôuvô-

pe0c, rci ènri toîg toroûtorg oi te Ërrcrvor xci oi r!6yor,

r.potporoi te roi d,rrotporroi, xoÀôcer5 re xol trpol,

oùr Ëorcr tô {povlpors elv<rr rai tùs &peràg ë1erv êrri

toîg Ë1ouorv, Etr p1rét' eloiv tôv ôvtrrerpévov rorrôv

1 ætvrcaq Vô 6 B : rr&vr<,rv V ll 7 rrenloævxst @ crcdilTrincavelli : rreæroleuxeycu, (sic) V ll I tô 0 Br HE : ôV ll 10te0 : 8è codd. ll 11 post B[ov add. xal VBH ll ôè O eero : orn.codd. ff 12 xa0'crùtôv om. (U èotlôù ôc 6 cst utiquevelut : ztc\çoûv (sic æ s.v.) V H ôç oùv B nôq où 82 Emg. ô).|,'yov V 6 BH :ô).[1<,rpov Br &Àoyov E-9. il 13 tÇ: pù 6 ei qui non Br : p] tôrV transp tQ ptl Va ll 19 yÀp V : ôè 6 autem oi\ù, \ @ ncEæ :oùôèv VoB &1ol) dificultas (sic) 6 oû8è Suoxollav rdpêaewtemptaverim ll 25 ltrpc:.

'elotv Vr @ non odhuc sant Br : y.lôàtrol (sic) V prlxétror, (eic) B xaxrôv Vô O Br : x&xewdrv Vxaxgtvov B.

5050

10

15

Page 130: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

196.28-197,t7 DU DESTIN 26.2?

ne seront pas davantage au pouvoir des méchants, caril n'est pas cn krur pouvoir de n'être plus méchants.Mais assurément, i l est absurde de dire que les vertus etles vices ne sont pas en notre pouvoir, et en mêmetemps que les louanges et les blâmes s'y attachent.

Ce n'est donc pas de cette façon que se déÊnit laliberté r.

2?. Ceux-là admettent que les vertus et les vicessont ineffaçables, d'une manière peut-être plus facile à

comprendre, nous dirions à ce propos que les disposi-tions sont au pouvoir de ceux qui les ont, dans la

mesure oir avant de les acquérir, i l leur était encorepossible de ne pas les acquérir. Car ceux qui possèdentles vertus, ayant préféré le meil leur plutôt que denégliger le meil leur, se sont faits eux-mêmes causesde I'acquisition de leurs vertus ; pour ceux qui ontdes vices, i l en va à peu près de même. Le mêmepfopos peut être aussi tenu au sujet des techniques.Chaque artisan en e{Tet, avant d'acquérir sa technique,avait la liberté de ne pas le devenir, tandis qu'unefois devenu artisan, il ne sera plus maître de n'êtrepas devenu tel et de n'être point tel l. La genèse detelles qualités dépend de nous, et c'est pourquoi i l

n'en va pas réellement de même en ce qui concernece qui doit être, et en ce qui concerne ce qui est' ouce qui s'est produit, parce que ce qui est et ce qui s'estproduit ne peut pas ne pas être et ne pas s'être produit,tandis que ce qui doit se produire peut bien ne pasarriver. C'est pourquoi, avant de posséder la vertuil était vrai qu'un tel avait aussi Ia possibilité de ne pasdevenir vertueux, mais celui qui devient . vertueux,une fois qu'il I'est devenu, il est vrai de dire qu'ilest devenu tel. Si donc I'homme sensé était tel depuis

1. Le corps d'habitudes qui constitue Ie métier n'ort parrculoment un avoir : toroÛtà6 a ioi lo aens fort (ol. Platon'Gorg. L60 b 71.

51 IIEPI EIMÀPMENHE 20.27 196,28-197,17

tcîg ôpetoîg Eertroi, ôpoitog ôè oùôè ci rcxiar lli roîs

raxoîg ' oùôè yàp èrri roûrorg tô prlrét' etvcr roroî5 '

èÀÀ& p{v ôtonov rô p{ Àéyerv rùs ôperès rtri tùs ror{os

ê{' r]pîv p1ôè toùç êroivous xci to,)s r}6yous èrri toûtov

yiveo0or ' oùx ôpo rô ê$' ripîv roroOtov >r.

27. [Oi] ouy;çtopriccrvtee ôè ôvcrropÀrirous rùs àpetés tr

xoi tùs rorciog elvcr, ioto5 rrpo;lerpdtepov Àcppcr,vdpevov

Àéyor.pev ôv rcotà roûro tùs Ëferg êrrt roîg ëloucrv elvcrr,

ro0éoov npô toû Àopeîv oùrôs ën èrr' oùroîs fiv xtri pri

Àopeîv. Oi te yùp ràs ôpetàs ë;lovtes èvri toû rôv BeÀ-rrdvov ôpeÀeîv êÀdpevor rù peÀtio cûtoîs cinor rffs rôv

ôpetôv èyévovto rctrioeorg, oi te tàg rcoricrg ë;lovreg rrtrpo-

nÀ1oi<og. 'O E' oùtôs xci êri rôv relvôv Àôyos ' rcri yàp

rôv telvrrôv ëroaros npà pèv roû tilv té1v1v Ë1erv ellev

rci toû p{ yevéo0crr t{v è{ouo(ov, yevdpevos ôè oùxét' ëcrorrûpro5 toû pi1 yeyovévor te roi etvcr toroûtog. ,Al yàp

ycvéoerg tôv toroûtr,rv è{' {pîv, rcci Erà roûto où;1 Sporovrà àÀ110è5 èni re tôv peÀÀdvtr,rv rcci êni rôv ôvrtov te r<cri

yeyovdrov, 6tr (rô) pèv ôv re xat yeyovôs où;1 otdv rc

ii pi1 elvcr ii pr\ yeyovévor, rô ôè péÀÀov yiveo0crr êv6É-

letar roi pil yiveoOcru Aô rrpà pèv toO ti1v èperilv ë1erv

t6vôe trvù ôÀ10ès {v rà êv6é1eo0or rccri pi1 yevéo0or

toroûrov, ô ôè roroOtov yivetor, toûro xoi yev6pevov

ôÀ10ès oûtarç Àéyerv yeyovÉvor. Ei pèv oûv frv Êr yevetiis

1 ôextrxol Va 6 82 : ôextr,xctl VB Il 2 oùôè yèp êæt V 6 Br Iqù!è.rÈp êrel pl VH où8'ènl Hrp ll 6 o[, eeclusi :'{g,eî6 ôè Br olcE 6 vel où ci. Gercke fl ci. Bruns ôè inserui ll ? àhte [o<,rç vid.add. ô vel tà 0 guod' Àcpr,6av6p.evov VH : Àcrg,6avdpevor, vel).ag.6dvouor 6 accipiunt ),crg.6avdpevor, ci. Gerckà ll 9 étt èzr'aùtoig 0 adhur in ipsis Bs : Étr aùtoîç VH ;l 10 dvtl ci. Dorrini :xal codd. toû tôv D Bruns : toû rcor (sic) V toûtqr BI-I ll11 dg.etreîv om. Gl ante dpeieîv add. mg. è[,ouolctv lt rl 19 tôprèv ôv H Jp Bruns : g,évov Vo @ maruns Rl{ pôvov \' ll 21 xct}s.v. V lf 24 fv om. 0 B Èx yevcriç $l a natiritata H (',ûvèx in rae) : êyyeverlç (sie) V.

5l

10

ti

75

I

t

Page 131: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

197,18-198,7 DU DESTIN ZI

sa naissance et qu'il détlnt cette qualité, en plus detous les autres dons innés, pour I 'avoir reçue de lanature, sans avoir eu absolument en lui la possibil i téd'être tel, pas plus qu'i l n'a la possibil i té d'être bipèdeou raisonnable, on ne le louerait pas dès lors d'êtretel, mais on s'émerveillerait qu'il ait reçu de la naturedivine un don aussi important.

De la même façon en eIlet que, parmi ceux quise portent bien, tous ceux qui, bien qu'ayant étémaladifs par nature, sont devenus bien portantsgrâce à des soins appropriés, ceux-là nous les louonsd'avoir pris vis-à-vis d'eux-mêmes les précautionsconvenables grâces auxquelles i ls ne sont pas desmalades, tandis que ceux qui de nature sont bienportants et qui le sont visiblement sans peine et sanssoucis, ceux-là nous ne les louons pas, mais nous lesestimons heureux d'avoir obtenu sans effort ce quiserait bienvenu pour les autres, dussent-i ls I 'obteniravec elÏort ; de cette même manière, ou même encoredavantage, ferions-nous à l 'égard des vertus, au casoù elles viendraient à appartenir à certains par nature,ce que précisément nous faisons à l 'égard des dieux.Mais puisque c'est là, pour nous, chose impossible,et qu'i l ne faut pas demander I ' impossible à la nature- car elle est elle-même une mesure pour le possibleet I'impossible ; la vertu en elIet est un achèvementet le point le plus élevé de la nature propre de chacun Ior, i l est impossible que ce qui est inachevé soitparvenu à son achèvement, et ce qui est devenu estinachevé tout simplement par le fait mêmo qu'i l estdevenu -, i l n'est donc pas possible à I 'homme d'avoirla vertu d'une manière innée. Certes la nature n'estpas sans lui être une aide pour I 'acquisit ion de cettevertu, c'egt même d'elle qu'i l t ient I 'aptitude et toutce qui peut aider à son acquisit ion, qualités quin'appartiennent à aucun autre animal. C'est grâce àcette aptitude, d'ail leurs, que l 'homme se distingue

52 TIEPI EIMAPMENHE 2|'' 19?,18-198,?

ô {pdvrpos roroûtog roi toûto rrpô5 toîg ôÀÀors toîsùrrà tfis {ûoeos cùtQ ôeôopÉvors elxev nop' êre(v1sÀcpôv, oùô' 8Àos ôv fiv ên' crùrô rà elvcr toroûtrg, ôorrepoùEè tô elvcr Einoôr i) ÀoyrxQ, oùô' ôv êngveîto Ëtr èrlitô toroûros elvcr, ôÀÀ' ê0oupôteto ôs ë1ov ncpà tfis0eio5 $ûoeo5 ôôpov t1Àrroûtov.

'Os yàp tôv ùyrorvdvttov, Soor pèv èoOeveîg ôvreg tilv

{riorv ôrô tflg oireicg ènrpeÀeiog eioi roroûtor, roûroug pèvèrrorvoOpev ôs Ëoutôv rrpdvorcv d1v rrpoorirouocy rrolou-pévoug, ôr' iiv rrpdvorov oûx eiorv èv rô vooeîv, roùs Eèêx $ûceog ûyrervoùg xoi tori5 ôoroûvrcrg ôveu rpcypcrteiogrci $povtiôrov oûréæ pèv êrrcrvoûpev, pcropilopev Eè ôg

lopig ropôrtov roûro ëyovtcrg ô xct roîg ëÀÀors ôyorrrltdv,ei roi petù xopérou rropeil, tàv crùtôv tpdrrov [el] rot ëtpôÀÀov Êrri tôv àpetôv êrroroûpev ëv, ei fioav êr r$ûceôgtrcrv nopoûcor, 6rrep &péÀer rroroOpev êrri tôv Oeôv. 'Errei

ôè ôôûvotov rlpîv roûro, roi oùôèv àôûvotov ôeî rrcrpà tfis

{ûceors ànorreîv (oût1 yàp ôuvotQ te rai ôEuvôrg pÊrpov .

reÀerdrls pèv yùp { ôpeti1 rcai [{] ôrp6rr1s tfls oireios

$ûceos êxéctou, èôûvctov Eè ôteÀég tr ôv êv reÀerdtryrelvor, ôreÀês ôè tô yevdpevov eû0ù tQ yevéc0or), oùôètilv ôperr\v oÎév re tôv d.v0ponov ë;lovrcr {ûvor. Où pilvôorippoÀos ri {ûors cûtQ npôs rilv rtffcrv ôpctffs, àÀÀ'ë1er ncp' oùrfrs ôûvcr,piv te rcoi êrrrt1ôerdrryc ôertxilvorir{s {v oùEèv tôv ôÀÀtov lrirorv Ë;er. Koi ôrù rrivôcr{v ôûvaprv ô Èiv0porros tôv ëÀÀov ltirrov {ûoe ôrc{êper,

? tôv ùyr,arv6vt<ov B2 Gl (alio loco, post roroûtor 8) Emg.:rôv êæcrtvoûvtov VBHE ll .11 poet toùç add. ptl b Loi a.ôoxoûvtcrç ego -: vooouvrcrç (sic) V voooûvtcrç BIl ioàguentca (&leùextoûvtcr6 B8 ll 14 pr. xcrl \8 @ etiom BII : tlrl. Ilr rtseclusi : om. @ | Bs ci. Casp. Orel l i l l 16 ttorv V : trvr (Uolicui èÀl napù E'(corr. mg.)

- l l 1? t içl s.v. V. l l 10 | rr.ct.

Schwartz ll 21 eù0u.ç (eic) H ll 22 éaovru. I]t habcra (14 : onr.cod.d._ff 23 tper'rtç ego cx 0 pirtutis lcudç (ric) V fl 26 audç(sic) V.

62

10

75

Page 132: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

198,7-24 DU DESTIN 27

des autres animaux, bien qu'i l soit distancé par denombreux animaux en ce qui concerne les avantagescorporels. Si vraiment nous tenions de la natureI'aptitude à acquérir la vertu de façon à la recevoiren avançant en âge et en nous acheminant versnotre fin, à la rnanière dont nous acquérons la marche,la pousse des dents et de la barbe, et tout autre carac-tère qui se développe en nous naturellement, lesvertus ne seraient pas plus de cette manière en notrepouvoir que ne l 'est l 'un quelconque des caractèresqu'on vient de dire. Mais puisque nous ne les acquéronspoint de cette manière - car si, comme les autrescaractères, intelligence et vertu étaient pareillementinnées en I 'homme, tous, ou du moins la plupart,de même qu'i ls se trouvent avoir par nature les autrescaractères, n'auraient pas de même la seule aptitudeà acquérir les vertus, mais aussi nous recevrions dela nature les vertus elles-mêmes, et i l ne serait en rienbesoin de louanges, de blâmes ou autres choses scm-blables, puisque pour les vertus et les vices on auraitun prétexte.et une essence plus divines de leur pré-sence - mais puisqu'i l n'en est pas ainsi - car nousne voyons point que tous les hommes, ni même laplupart, aient des vertus, ce qui est le signe des faitsnaturels, mais réjouissons-nous si par hasard nous entrouvons un seul 1 qui soit tel qu'i l montre, à forced'exercice et d'enseignement reçu, la supériorité natu-relle de I 'homme sur les autres animaux, ayant ajoutépar lui-môme ce qui manque nécessairement à notrenature voilà pourquoi I 'acquisit ion des vertusest en notre pouvoir, et pourquoi ne sont ni inuti lesni vains les louanges et les blâmes, de même aussi les

53 IIEPI EIMAPMENH> 27 198,7-24

roitor rroÀÀôv l{rov &rroÀerrrôpevog lv toîg corponroîg

rrÀeovertripoor.v. Ei pèv oûv oûtorg eilopev rrop' oùrQs

rlv Eûvoprv r{v rôv èpetôv ôextrrcriv, ôg rrpor6vreg

rci reÀeroûpevor roi toût1v Àoppôverv, ôs rô r€plir<r-

teîv, ô5 rô ôô6vtos, ôs tô yÉverc {ûerv, ôs ËÀÀo tr tôv

èrrryr.vopévov {pîv rcrà {ûorv, oùô' oûtros ôv ê{' ripîv

fiocv oi ôpetci ôicrrep oùôè rôv rpoerplpévtov tr. 'E,rei

ôè pl toûrov rôv tpdnov crùrùs xrôpe0a (ei yôp fiv ôiorrep

rà ôÀÀa, oûto5 lôè] xoi $pôvrlois te xci ôpedl roîs

àv0pônorg ouyyevfl, rrôvtes ôv ii oi ye rÀeîoror ôiorrep

tôv ôÀÀov rcrè {ûorv oùtoîg tuylôvouorv (oûtto xci

roût<'rv) ' oûrtos oûv rilv ôûvoptv tilv rôv àperôv ôerctrxilv

pôvr;v, ôÀÀà xoi rà5 &perùs oùràs rrop' êrceivls ôv ë1opev

xoi oùôèv oùô' oûtros ôv ë6er êncivarv ii rp,ôyt'rv fi tr.vog

tôv tororitov ' èni Eê toîs ôpetoîs re xoi rorciolg Oerorépov

npôSociv re roi oùoiov rfls rtopouoiog oùtôv ë;loucrv),

èrei E' où;1 oûtars ë1er (où yàp toùs rrôvros oùôè toùs

rrÀeiotoug 6pôpev ràs àperùs ë1ovtas, ô tôv rotè {ûcrvyrvopévtov clpeîdv Èotrv, ôÀÀ' ôyorrrltôv Ëvo rrou Àopeîv

toroûtov ô9 ôr' ôcrrjcreôs te rci ElôoarccÀios ôeircvuorv

rlv tôv ôv0pôrr<ov rrpàs tù d,ÀÀcr lQo $uomilv rrÀeove-

fiov, ôr' cûro0 rrpootr.0eis tà èvcyrcoîov èvôéov ripôv

rff {ûoer), ôrù toûro È$' {pîv ré Êonv ri tôv ôpetôv

rcrflorg xoi oùr &1pr;ctor oùôè pôqv oûre oi ërrcrvor oûte

2 ely.oper Bs Casp. Orelli : é1oy,ev V O BH ll 8 ôè pttl Vp.c. : 8è Va.c. 0 ll et 1àp {v Ql si enirn essent Lond. : où lipfiv VBH fi yùp ,*v tu Bt ll I 8è seclusi om. 6 ll 10 ante rrdvteçadd. s.v. xal Bs ll 11 ante xatù add. aùroi6 H add. aùtoiçæpoc4xdvr<rv 6 quae conveniu,nt ipsis arlroÏ6 om. Gl a,ltoiçru.11d,vouorv VB : ôv aùtôv êcuyXavov xai I32 ll 11-12 r,Ûtarxai,roûtcov addidi ex 6 i taetlros : om. codd. l l 72ootroç tùv V 01BH : o{ito6 où 82 Bruns ll 13 ëlorpev V Qt IIII : el1opcv I]lÉ1opev E ll 16 oùo[,av VB OsuDstantiatn : alstdv ci' Gtrrckr', ProbVa lg ig l io l l 17 ô 'où1 V 0 au lem non: oùv o ' ' r / in ra r . l l r l l20 ôc GJ quiR : ô (-F ro s.v.) V l l 22 ainoTt 0l sa iprrr l t l l rr trrr :crlroû V.

53

1 0

t5

1. Annonco du développoment du chapitre suivant : lararot6 du eage est un thème stoïcien connu.

Page 133: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

198,25-199,13 DU DESTIN 2f.28

exhortations au mieux, non plus que la conduiteconforme aux meilleures coutumes imposées parles lois.

En fait, certes, rien de ce qui existe par naturechez certains n'est susceptible d'être totalementtransformé par une habitude - ainsi ce n'est pointparce que le corps grave aura été souvent lancé enI'air qu'i l prendra I 'habitude de monter par sa proprenature -, mais les caractères des humains deviennenttels en raison de la différence des habitudes. En cequi concerne les activités de nature, i l y a des apti-tudes primitives que nous avons reçues, en fonctiondesquelles nous agissons dans tel sens - ce n'estpas, en ellet, pour avoir vu souvent que nous acquéronsla disposition à voir, mais parce que nous possédonscelle-ci, nous voyons de telle manière -, tandis que,en ce qui concerne les activités non naturelles, c'estpar I 'exercice que nous en acquérons les dispositions.Il n'y a pas en e{Iet d'autre manière de devenir menui-sier que de pratiquer les exercices du menuisier enappliquant les règles du maître. En conséquence'puisque nous acquérons aussi les vertus de cette

manière - c'est en ellet en pratiquant des exercicesde tempérance que nous devenons tempérants -t

c'est qu'elles ne nous seraient point données par

nature.

28. Quant à ceux qui a{Iirment que nous sommes telsnécessairement, ou que nous le devenons nécessaire-ment, sans nous accorder la l iberté de faire ou de nepas faire ce par quoi nous deviendrons tels - et par

là-même il ne serait possible, ni aux méchants de nepas faire ce que précisément faisant les rend tels,ni aux bons - comment donc ne conviendraient-ilspoint alors que le plus méchant de tous les animauxpar nature est I 'homme, pour gui, disent-i ls, toutesles choses ont été créées en vue de contribuer à gon

54 tIEpI EIMAPMENHX 27-28 198,25-199,13

ol r|6yor oûtc (oi) rpôs rù BcÀtio rrpotporol oû0'{1 6nrrôv BeÀtôvrov è0ôv rcrù roùs vdpouç ôVrVti.

Tôv pèv yùp {ûoer æoiv ûrrop;16vrov oùôèv ot6v rcrirré trvo5 ë0oug ôÀÀoîov yevé<rO<rr (oùô' oût<os roÀÀ&rrs tôpôpos ë1ov ôvoppr{0ricercr, ôs èOro0ffvar xcrù rilv oùtoû

{ûcrv ôvo {épeo0cr), rè ôè {0r1 tôv ôvOpôroy toînroi roîc ôrù rôv ôrcr{ep6vr<ov è0ôv yivetcr. Kci èrrt pèvtôv {û<rer rpôtcç tàs ëferg rrlcépevor oûtrog Èvepyoû-pev xot' oùtés (où yùp iô6wes roÀÀôxrs t{v ôpcrrxilv

Ëfrv rctôpeOo, ôÀÀ' ë1ovreg oùr{v oûro9 ôpôpo), irriôè tôv où $rioer èr tôv èvepyeôv ràç Ë$erç rctôpe0o. Oùyùp ôÀÀos rérrov ts ôv yévorto pi1 rroÀÀôxr5 êvcpyri-

ocrg ràg toû tértovog èvepyeios rorù tùs rirtoOrircrg roûôrôécxovtog. ol0ot' êrrei xoi tàg ôperùç oûtrog rtôpe0c(êvepyoûwes yùp roi rà o<,r{povrrcù yrvdpeOo côr$poves),

oùr ôv r]pîv rlnôp1or,ev {rioer,

28. Oi ôè {ôoKovr€s ê$ rivôyqs ripôs elvci te roi yiveo0cr

toroûtou5, rci pi1 rco,roÀr,rrdvres {pîv d1v èfouoicrv roû

roûtc rrpôtrerv re rc.i p{ Ei ôv ôy toroûtor yevoipeOo (roi

ôrô toûto prite toîs roroîg yrvopévorç èfeîvcr pl rcûtoorpéttew ô rrpéttovres yivovror roroOtor, prire roîg ôyc-

0oîg), nôg où1 6poÀoyrlcouorv rôxrorov yeyovévcr tôv(<irr,rv ôrôvtov ûrrô tffs $ûoet'rg tôv ôvOporrov Er' 3v $oorvrrôvtc rllÀÀc yevéo0cr ôs ouvreÀéo<rvro rrpôg tr)v torirou

54

1 0

1 oùre ai, rrpèç tù peÀt[or 0 Br : où rrpôç petrtlcov V odtcr!. P. Vt oûre crl, npàç BéÀtuov H il a oû8' ego ex Ql ci. Gerche :où1 B ll 6 dvaplgOi1oetar, (sic) V ll 6 rôv d,v0p6æ<ov otn. 0 ll 6-? torô(bir) V ll 10 É{rvl 6pe[r,vH ll 15 postlùp add. tè ô[xdrc yrv6sc0o.ô[xc-rgt -Br xal om. O ll 20 lvopévoq VB : lcvogévorç-ci. Crr.Orelli forsan legit 0 lacti eunt (an recte ?) tcûtc (punotrrrneupre ù) V il 24 ouvrc}éoovta H.

Page 134: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

199,1 3-200,1 I)U DBSTIN 28.29

salut ? Si en e{Iet, d'après eux, seule la vortu est unbien, seul le vice est le mal, et si aucun des autresanimaux n'est capable ni de I 'une ni de I 'autre,si d'autre part la plupart des hommes sont méchants,ou plutôt, à vrai dire, devenus bons i l y en a un oudeux, à ce qu'i ls racontent, comme quelque animalextraordinaire ou surnaturel, plus rare que le phénixchez les Éthiopiens, si donc tous sont méchants ettellement égaux en méchanceté qu'ils ne di{Ièrenten rien les uns des autres, et que sont tous égalementinsensés tous ceux qui ne sont pas des sages, commentI'homme ne serait-i l pas, de tous les animaux, le plusmisérable, puisqu'i l posséderait en lui de manièreinnée le vice et I ' insipience, comme assignés par lesort ? Mais l 'examen des propos extraordinairescontenus dans leurs enseignements, par lesquels i lssont en désaccord avec la vérité, exigerait un exposéplus développé que celui-ci ; revcnons donc à ce dontnous nous étions écarté.

29. Nous avons donc montré que de cette façon il estau pouvoir de l 'homme sensé d'être tel, parce qu'i lest lui-même cause d'une telle disposition et de sonacquisit ion du fait qu'i l possède tout d'abord laliberté de ne point devenir tel. La disposition n'estdonc pas plus en son pouvoir qu'i l n'est possible àqui s'est jeté de haut de s'arrêter, bien qu'i l ait eula liberté de se précipiter ou non, tandis que des actionsdont i l a la disposition, i l est en son pouvoir d'enellectuer certaines ou de ne point les faire. En e{Iet,s' i l est des plus raisonnablc que l 'homme senséaccomplisse des actions conformément à la raisonet à la prudence, tout d'abord ce n'est pas de façondéterminée que certaines sont exécutées telles oujusqu'à telle l imite, mais tous les événements qui se

55 IIEPI DIMAPMENHE 28-29 199,13-200,1

<rronlpiov ; Ei yàp { pèv ôpet{ te rcl { rox{o p6vor rot'

<rùtoùs { pèv ôyc06v, rl ôè ror<6v, rcri oùEèv rôv ôÀÀtov

(rirov oùôetépou roûtov êotiv êrrr8ercnrdv, rôv ôè èv0pôrrtov

oi rrÀeîotor rorcoi, pôÀÀov ôè ôyo0ôs pèv ets fi &ûtepog

rirr' oùtôv yeyovévor pu0eûetcr, 6orrep n rrcpôôofov

[Qov rcoi rropà {û<nv orrovuirrepov roû {oivrrog toû

nop' Ai0iorlrv, oi ôè n&vteg rcroi roi èrriols ,ùÀÀrjÀorg

toroOtot, ôs p1ôèv ôroSéperv ôÀÀov ôÀÀou, pcriveo0cr

ôè ôpoirog rrévrclg 6oor pil oo{o(, rrôg oùr ôv ô0Àrôtcrtov

tQov ôzrôvtov ô ôvOpr,rrrog ei1, Ë1orv rriv te rcxiav xoi

rô poivec0or oûp{utcl orirQ rco.i ouyrer<À1p<^rpévc ; 'AÀÀà

tè pèv tàs nopoôofoÀoyicrg cùrôv ràs èv roîs ôôyp<rorv

è$etô(erv ôr' ôv rrpôg rôÀ10fi ôro{tovoûorv, rrÀeîorov

rroporteîror toû vûv ' êncvrtéov ôè 80ev è$erpcr6pe0o.

29. 'Eôeifop.ev ôè 8tr oûtos èn' aùrQ rQ {poviptg rô elvar

roroûrrg 8n tQs rorcr.ûtr1s ëfeog rot tffg rrrioeog crùtffg

oùtôs oinog tQ roi toû pi1 yevéo0or toroOrog Ë1erv

rrpdtepov t{v êfouoicv. Tilv pèv oûv ëfrv pqrét' Ë1erv

ôs èn' oùrQ ôorrep oùôè tQ oûtôv ônô ûrlous ô{éwr

rà ctffvor xoitor toO pîrloi te xcri pi1 tlv êfouoicv ë1ovn,

êrr' oùtôv ôè tôv êvepyetôv ôv rilv ë$rv Ë1ov êvepyeî

rol pi1 rrorffooi trvc. Kcr.i yà.p ei 6tr pôÀrorc eûÀoyov

tô rôv {p6vrpov rotè tôv À6yov roi tilv ,fp6v1orv èvep-

yeios èvepyeîv, rrpôtov po, où1 ôprcpêvols ciôe nvès

roroûtor i péXp, toOôe èvcpyoripevcrr, ôÀÀ' ëqtrv êv

tl pèv eIç | om. 6 ll 72 rùç rcrpaôo[,o].oy[a6 Vr Br H :napù tàç ôo(oloytaç YB de opinionibus (sic) 6 ll 14 naparæirar@ eapostulat : æclpcrrc4téov V toû] tù in ras B ll 16 ôè om. Gdo{icorq del. Br post gpovtg.qr add. èorl B'|(sil 0) ll 16 t(rr,rç6 haôitus B'!H : èE,'et&"o'etoç (eic) Vê[etdoe<,rc Bl l 17 toû (I f(?1 H : d VB ll 18 g,1xét' SXeuv VBH : pl xaté1erv (l nonobtinere pzlxÉt'é1er Bruns l l 19 ôç V 0 u, B (?) :oùx IJr orrr.Lond. ll 21 Êæ'aùtôr codd. 6 : êrr crùtQ -Druns port lvrpyrladd. èæ' aùt<ir Br ll 28 ante xctà add. tàc Rr ll 24 nntc nplitovadd. ôrlù s.v. Br.

55

t0

15

20

Page 135: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

200,1-20 DU DESTIN 29.80

produisent de cette même manière présentent delégers flottements, et le fait d'abandonner un peu dansces actes ne supprime point ce qui est proposé. Ensecond lieu, ce n'est pas contraint par la nécessitéque I'homme sensé fait I 'un des aetes qu'i l a choisisde faire, mais bien en tant qu'il est maître lui-mêmede ne pas le faire. Car il pourrait parfois paraîtreraisonnable à I 'homme sensé, pour montrer la l ibertéde ses actions, dc ne pas faire ce qui, cn d'autres occa-sions, serait choisi par lui raisonnablement, si, parexemple, un devin lui a prédit qu'i l ferait justementcela nécessairement. Et c'est bien ce qu'on ditque les devins redoutent quand ils fuient les réfuta-tions immédiates : ils ne prédisent rien de tel à ceuxqui sont en mesure de les réfuter ; mais, de même qu'ilsse gardent bien de déterminer le temps des événementspar eux prédits comme devant arriver, parce que c'esttrop facilement démenti, de même renoncent-ilsaussi à dire quelque chose et à prophétiser à ceux quisont capables de faire immédiatement le contrairede ce qui est prophétisé.

30. Dire qu'i l est vraisemblable que les dieux pré-voient l'avenir, car il serait absurde de dire qu'ils igno-rent quelque chose de ce qui doit être, et parce qu'onadmet cela, s'elïorcer de montrer qu'il en résulte quetout se produit nécessairement et fatalement n'est nivrai ni raisonnable. En elÏet, si vraiment la nature desfaits pouvait admettre cela, personne plus raisonna-blement que les dieux ne pourrait connaître I'avenir,mais puisque la nature en est incapable, que les dieuxreçoivent une telle prédiction et prescience n'estpas non plus raisonnable; en outre surgit la questionde connaître quelque chose des impossibles. Lesimpossibles, par leur nature propre, conservent à

56 56 IIEPI EIMÀPMENHE 2È80 200,1-20

rrÀ&ter trvl rrôvrc rà ytvdpevo roûtov tàv tpdrrov, rol

rà rrcpà prrpôv &v toritors oùr &vcupeî tô nporcipcvov '

ërrerc ôè où xcrlvoyrcopévr,lç ô {pdvrpos 6v ctpcîtci

tt rr'p&rre4 &ÀÀ' ôs xoi toû p{ rrpôfci tr toÛr<ov oùtàs

ôv xûpros. EûÀoyov yùp ôv 66$cr rrotè tQ {povipg rci

ûnèp toû ôeî$or rà tôv êvcpyerôv èÀeû0epov rcri p{ norffoai

rrote tô Àcy6pevov ôv eùÀ6yog rirt' oùtoû, ei rrpocirror

trg oùtQ p&vtrs êf &vôyqs cùtôv roûto rrpô$erv. Toût6

ror rcrl oi pôwer5 elvcn Àéyouorv ù{op6pevor (re xci)

{eriyovtcS toùg nopà rrdEcg êÀéy1ou5 oùôèv roroOto

rrpoÀéyouorv roîg èÀéyfor Euvopévorg, ôÀÀ' ricrrep tô

roùs ;lpdvoug ôpiterv tôv rrpoÀeyopÉvrov Ûrr' cùtôv

ô5 êcopévov ô5 eùéÀeyrctov {uÀôooovrcr, oût<o {eûyouorvrcoi rô Àéyerv tr rci povreûeo0or toîs ôuvopévorg rrcpclpfl-

po rô ôvnreipevov rrorficor toû povreÛpotos.

80. Tô Eà ÀÉyerv eûÀoyov elvcr toùs 0eoùs tù êc6pevo

rrpoerôévor, ôtorrov yùp tô ÀÉyerv èxe(voug &yvocîv n tôv

êcopÉvt'rv, rcl toûro Àcrppôvovtos xorccxeuôf,erv nerpôoOcr

ôr' cùroû rô rrévta êt ôvd.yr1s te yiveo0or xci r<r0' eipcp-

pév1v oûre &ÀqOès oûre eûÀoyov. Tfis plv yàp {ûoeogrfls tôv rrpcypôrtov roûto lopoûo1s, oùôévc [pôÀÀov]eùÀoyôtcpov elôévcrr pôÀÀov tôv Oeôv tè péÀÀovtcr,

&ôuvôtou ô' oûcr1s tr\v toroÛt1v rrpdpplorv rci rrpdyvoorv

ôé1eo0or, oùôè toùs Oeoùs eûÀoyov Ët yivetor tà eiôévor

tr tôv èôuvôrorv. Tô yàp ôôÛvcro tff oûtôv {Ûoer roù

1 ante toûrov add. xortù H ! 2 æctpù] derelinquwe (eic) 6(ncrprévat ?) ll I ôè om. 0 ll 4 xcrl om. 6 ll 5 fàp om. 0 ll6 xal e.v. 'V : om. 6 l l 7 feydptevov codd. 6 qwd dici lur :yrvdg,cvov Lond. Bruns ll 0 tor xall tamen Gl an pévtor ? otVB' : of ci. Casp. Oreili Bruns lé^youorv] Iel6pevor llt portIéyouorv habent tl vBH : del Bt Valgiglio te xcrl ndd. Itr Vnl'gidtio ll 14 alt. xal om. B ll 21 1<opoÛo4ç (U Rll'rinorvclli :icopoûorv VBH oùôévaç V (sine acc.) @ nullos ll pâtrIov orn. (Uâe[ nr ll 23 æp6pp1or.v ES ]lrune : æp6op4orv VIJII datarrndna'tbwm @ ll 24 rè secl. Brune.

10

15

Page 136: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

200,20-201,7 DU DESTIN 80

l'égard des dieux également cette même nature.Ainsi est i l impossible aux dieux eux-mêmes ou defaire que la diagonale soit commensurable avec lecôté, ou que deux fois deux fassent cinq, ou que cequi a eu l ieu n'ait pas eu l ieu, car i ls n'ont absolumentaucur vouloir à l 'égard des impossibles. C'est ainsi,en e{Iet, qu'il y a une difficulté dans leurs dires, euxpour qui est semblablement impossible égalementce qui a dans sa nature propre la possibilité de se pro-duire et de ne pas se produire, de le prévoir ou commedevant être absolument ou comme ne devant pas êtrede cette façon absolue. Si en effet la prescience concer-nant des faits, avant I 'existence de ces mêmes faitssupprime ce qu'il y a en eux de contingence, il est évi-dent que, au cas oir I'on conserverait cette contingence,impossible serait la prescience les concernant. Qu'enfait, selon eux aussi, i l en soit bien ainsi, c'est évidentparce que, ayant admis que les dieux connaissent àI'avance l 'avenir, i ls supposent par là-même que cetavenir doit se produire nécessairement, avec I ' idéeque, s' i l ne se produisait pas ainsi, i l ne saurait êtreconnu à l 'avance. Si donc la nécessité découle de laprescience et de la prédiction des dieux, selon eux,s'i l n'y avait pas de nécessité dans les événements,pour eux-mêmes non plus les dieux ne connaîtraientpas à I 'avance I'avenir. De sorte qu'eux aussi réser-vent aux dieux la même impuissance, si du moinsil convient d'appeler impuissance et faiblesse le faitde ne pouvoir Iaire I'impossible I alors certes ils neconfèrent point à la divinité un surcroît de pouvoiravec la prévision, mais en préjugeant cela i ls sontamenés à professer une nature des choses telle qu'ellene découle nullement de l 'évidence des faits avecquoi elle ne s'accorde pas. Car en allant plus Ioindans cette argumentation, il sera possible de rendremanifestes tous les impossibles, pour la raison qu'i lest raisonnable que les dieux ne les ignorent point.

57 IIEPI EIMAPMENHE 80 2OO,2O.2OI'7

rrcpà roîs 0eoî5 d1v oùt{v {uÀétter {Ûcrv. 'AôÛvotov

yàp rcri toîs 0eoîs fi rè rilv ôrôperpov rror{oor tfl nÀeupQ

orippetpov fi rà ôis ôÛo rrévre elvor fi tôv yeyovéturv

tr pi1 yeyovévor oùôè yàp tilv ôpXi1v poÛÀovtcrr êti

tôv èôuvôtov. OÛros Vàp iu èv toîs Àeyopévor5 6uc1o-

pic olg ôpoios ôôrivotov rcoi tà èv tfr oireig $ricrer ë1ov

rà Eûvoo0or yevéoOor te xcri Pù (ô) ô5 êoôpevov rrôvtr,rs

îj ôs pù êo6pevov oÛtos rrpoerôévcr. Ei yàp { rrepi crùtôv

rrpè cùrôv rrpdyvto<rrg àvcrupeî tè êv oùtoîs èvôe1ôpevov,

6{Àov ôg, ei oôtorto toûro, ôôÛvotos ôv f rrepi oùtôv

rrpéyvroorg ei1. "Otr yàp rcoi rotà roÛtous toûro oÛrr,rs

ë1er, ôffÀov èr toû Àopdvtos cùtoris, 6tr ol 0eol rrpoyryvri-

sKoudrv rù péÀÀovrc, Et' oùtoû rcotoorceuôlelv tà êf

ôv&yrcqs oùtù yiyveoOar, ôs oùr< ôv ei pi1 oÛrors yiyvor,ro

rrpoyvrooopévrov. Ei ôè tfr tôv Oeôv rrpoyv<ôoer te rci

rrpooyopeûcer tà ôvcyrcrîov €rtet<rr, [rccri] xot' aùtotis,

ei pr\ tô ôvoyraîov êv toîs yrvopévors eir1, où6è rct'

oùroùs oi Oeoi npoyrvôororev tù ;léÀÀovto. "Oote rcct

oùroi tilv oùd1v ôôuvopiov toî5 0eoî5 {uÀôo<rou<rrv'

eî ye rcot' ôôuvopicrv 1pi1 xoi ôo0éverov Àéyerv yive<r0cr

tô tù ôEûvot<r pù ôÛvoo0or. Où ôil tQ 0eiqr tÀéov n

ôûvao0or ôrà tfls rrpoppr]oeor5 ôvôrrtouorv, ôÀÀù ôù

roû TrpoÀcppôverv toûto tilv {Ûcrv tilv rôv tpolpétorv

toroûr1v eioôyoucrv oùEcrpô5 ôrcôÀou0o roi cuvrgôù

roîs yrvopévors tG rcoi êvcpyéorv Àéyovte5. ToÛtrg yàp

4-5 ètt tôv V : èni rhv B tt tôv Br ll 5 post lv add' { ESÀYCKOPIA 6 l l Z I cgo cx Gl uet l l 8 post èo6g.evov.add'ædvroç ontnino l l t i V's Àg I l g rpà V Gl ante B :.rrpàç.Brll 11 pôst xcri habei el superscr. o Y' : el BH om. (sl IJS xal ctàet Bà 11 14 curà (sc) Vô oÉù1ù BH 0 ipsc : autôc (sit:) .V nav, a c't'B"rrt t i i 15-16 te xai zrpoaYopeÛoer, om' 0) l l 16 xcl s.r ' l r tsi orrr ' ( \ l

.rrrp. È".tnt l l 1? oùôà @'neque Br : où'1ùp Vll t l r , ' ix dv LoIrr l .Bruïs l l Z0 vË V : @ autem YoÛv ci. I l runs l l 21 post t tr ;rr lr l . toirc0eoùc Qj di i 'ôÛva.o0ct V Br-: ylveo0at B Oelto V :0e<î; (t l r l ro l l2g npo),a1r6dvetv codd. 6 pracsuppontrnl : rPoclagf,dvtrv ci.Bruns.

D I

t 5

Page 137: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

201,7-26 DU DESTIN 80

Car on pourrait, en considérant comme absurdeque les dieux ne sachent point quelle est la mesurede I' infini, admettre en outre ceci : la possibil i téde connaître quelle est la mesure de I ' infini ; dansces conditions, i l serait possible que I ' intni aitune mesure définie, sinon, en elïet, les dieux eux-mêmesn'en connaîtraient pas la nesure. Ensuite,si connaltre à I'avance les futurs c'est les connaîtretels qu'ils sont réellement - car prévoir est autrechose que faire - 1, il est évident que qui connalt àI'avance les contingents les connaît à I 'avance commetels ; car a prescience )) n'est pas le fait de dire que lecontingent sera comme devant arriver nécessairement.De sorte que les dieux aussi connaîtraient à I'avanceles contingents comme contingents, par oîr I'on voitque la nécessité ne résultera absolument pas de laprescience ainsi définie. Bt c'est bien ainsi égalementque nous comprenons les pronostiqueurs. Ceux qui enelÏet, en manière de conseil, disent d'avance à quel-qu'un ce qu'il convient de choisir et de faire ne pré-disent pas comme si ce qu'ils disent devait arrivernécessairement. D'une manière générale si l'on soutientque tout est possible pour les dieux, les impossiblesmêmes seront pour eux des possibles I cependanton ne montrera pas pour autant, en invoquant leurprescience à l'égard de I'avenir, que tous les événementsse produisent de façon nécessaire2. Mais si I 'on concèdeque les impossibles sont bien des impossibles pour lesdieux aussi, i l convient d'abord de montrer qu'estpossible la prescience en question, et ensuite, sous

IIEPI EIMAPMENHE 80 207,7 -2t)

rrpoc;1popêvous èvéarcu rrôvto tù ôôÛvottt ôerrvÛvcr,

rQ eûÀoyov elvor pi1 ôyvoeîv aùtà toùs 0eoris. AÛvcr'ror

yôp rrs, Àcpôv tà ôronov elvar toùs Oeoùs pi1 ei8€vor

rô &rrerpov rr6oorv êori pétporv, fOépevog] toûto tpoo-

Àoppôverv tè ôuvorôv elvcrt yryvôoreoOor tè Ënerpov

rrdotov èoti pérprov. Ei ôè toûto, ôuvotôv elvor tô ôrrerpov

ôpropévrov trvôv pétpr,rv. Ei yàp pù d", oùô' ôv oi 0eoi

fiEeoov oùtô rrdorrrv êori pérpox. 'Enei ôé, ei tô tpoyrvô-

orcerv rô péÀÀovt& êotr tà ôrroîô êorl toraûto orltù

yvopiletv ôvto (iiÀÀo yôp tà rrpoyrvôcxerv toû rroreîv),

ôffÀov 6t rù êvôe16pevc rrpoyrvôoxov ôs torcrûrc rpo-

yvrôoetor. Où yàp rrpôyvocrs tô tà êvôe16pevov ôs èo6-

pevov &vcr.yrcoir,rç ëoeo0o.r À€yerv. "Oote rccl oi 0eoi tà

èvEeldpevo ôv ôs êvôe1ôpevc rrpoyryvôcrcorcv, Q où

rrôvtr,rg &roÀou0rioer rô àvoyroîov ôrà t{v rot<rûtr1v

rrpôyvr,rorv. Oûros ôè roi rrpoÀeydvttov ôroÛopev. Oi

yèp petù toû ouppouÀeÛerv trvà oipeîo0oi te ral rrpôrterv

ô Xpù rrpoÀéyovtes où1 ôs è$ ôvôyx1s êoopévr,rv rrepi

6v Àéyoucr rpoÀéyouol. Kc0ôÀou ôè ei pèv rrôvto toîs

0eoîs Euvcrtô {crcrv etvclr, ëotor ôè roi tè èôÛvatc èreivorg

ôuvcr.rô, où p{v ôer1O{oetcrr ôrù rffs èxeivrov tepi tôv

peÀÀdvttov rpoyvdroeoç tô rrôvro è$ èvôyr1s tà yrv6-

peva yiveoOol. Ei 6è ouy;çtopo0orv tà àôrivcto roi toî5

0eoîs elvar rotoûro, npôtov pèv oùtoùg 1pi1 EetxvÛvcl

ôuvcrilv e?vor r{v rorévôe rrpdyvororv, elO' oÛtog cùt{v

ôvotr0évor roîs 0eoîs. OÛte yùp èvopyès oÛte ûrrà tôv

1 Ëveotar (sic) V ll ôetxvûvar H ll 2 ôrlvatct exp. Br ante 1tppraeb. el VBH : om. 6 Trincavelliz Bruns ll 4 Oép,evoç eeclusiom. 0 del. Schwartz post g.étpov collec. Caep. Orclli llrunsll 7 fùpl ùè 6 autem post {v add. oÛrc'rç H Trincavcllir ll 8 ênttôè et V 6 qtnniam autem si : el del. 82 rà]rcl srtJrt:rscr. ùV l l 11 post 6tu add. ô Bruns post rù praebct I V l l 14 ôvom. 6 Il 19 trÉ1ouol æpolé1ouor,v ego cx Q) dicunl prucdicurrt :ci. Casp. Orelli : IÉlouorv VH rrpolÉ^louorv Ii npoÀ4youorv).âyouorv Bruns ll 79 r&wa ES : rrdvta tà V ll 21 tiç r.v.V : om. ES l l post æepl add. r ic ES.

58 58

t5

1. Distinction importante : les adversaires Ia méconnaissent,qui font dee dieux les auteurs de ce qu'ils ont prédit (p. 61,4-121.

2. Portant eur dee événemente de la nature, la prénotionne eaurait êtro nécessaire.

Page 138: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

201,26-202,11 I ) I I DESTIN 30.81

cette forme, de I 'attribuer aux dieux. Car i l n'est niévident, ni confirmé par les faits que les dieux prati-quent une telle prévision à l 'égartl des futurs.

31. Quant à nous, rappelons-le, nous ne supprimonsni la divination, ni Ia prescience des dieux, en soute-nant que c'est selon ce que les choses tiennent de lanature que les dieux prédisent à leur sujet, mais nousne dénions point non plus I 'uti l i té que les humainspeuvent tirer de la divination, uti l i té qui résidedans le fait qu'on en amive à pouvoir éviter une chosequ'on n'aurait point évitée sans le conseil de quelqu'un Itandis que ceux qui vantent avec emphase 1 la divina-tion, qui prétendent que seule leur doctrine permetde la maintenir, qui en usent comme d'une preuveque tout se produit fatalement, outre qu'i ls ne pro-fessent riun de vrai, cc sont des propos déplacés, ettout à fait inconvenants aux clieux, que ces gens ontI 'audace de proférer. Comment en effct ne seraientpas absurdes les doctrines qu'i ls soutiennent à leursujct ? On lcrrr opposc cn r:lÏet des di{f icultés : pour-quoi donc, si tous les événements se produisent néces-sairement, pourquoi lcs oraclcs qui vicnnent des clieuxprennent-i ls la formc de conseils, comme si ceux quiles écoutent étaient capables, par le fait même de lesavoir entendus, de prendre certaines précautions etd'agir en conséquence ? C'est ainsi qu'on invoqueI'exemple de l 'oraclc rendu à Laius, par lequel lePythien I ' infornre qu'i l ne lui convient point d'en-gendrer un enfant :

< Si tu engendres un fi ls, ton r:nfant tc tuera< Et toute ta maison s'en ira dans le sang r 2,

rIEPI EIMAPMENH)] 8G81 201,26.202,11

yrvopévrov 6poÀoyoripevov tô roroûfllv t{v repi rôv

peÀÀdvtov rrp6yvrocrv rror€îo0or roùs 0eoûs.

81. 'Hpeîç pèv otv oûte ôvcrpoûpev pcvtrrilv oûte ri;v

rrpdyvroorv rôv 0eôv, ôg ë1er {ûcerog rù rrpôyparc oûrrog

oùroùs rrepi oùtôv rpoÀÉyerv Àéyovtcç, èÀÀ' oùôè ô{<rpoû-

peOc rôv ôv0p6rtov tà ôrrô pcvtrxffs lpriorpov ô yivetcr tQ

6ûvca0<ri tvcr rcri {uÀôfoo0ci rr, Fù {uÀc$&pevov &v

pi1 cuppouÀeûoovrds rrvos ' oi ôè ûpvo0vre5 tr\v pcrv-

trxilv roi rorù tôv oûtôv À6yov pôvov côleoOor Àéyoweg

oùrriv, xcri roût1. fr rriorer roû rôvrc xcO' eipcppËv1v

yiveoOor ;1pôpevor rrpôs rQ prlEèv ôÀ10ès ÀÉ1erv rpooêrr

roi ôtorrô trvc xcl èÀÀôrprc tcvténcrorv Oeôv rrepi

cùtôv toÀpôcrr Àéyerv. llôs yôp oùr ôtorc rù rrepi

torltorv ùrr' cùtôv Àey6pevn ; 'Arroporiwov yôp trvr,rv

rrpôs cùroris, ti ôrirrote, ei rrôvto tà yrvdpevo ê$ ôvôyrr1s

yivercr, oi ropè tôv Oeôv ptrweîcr pèv yiyvovror ouF-

pouÀoîs èorruîor ô9 Euvopêvorv Ei I {rouoov rci {uÀô-

$co0oi n roi rrorffocr rôv ôrcoucôvrorv, rol 6i1 roi rôv

tQ Âct<g ôoOéwc lp1opôv rtcpelopévov, ôi of Àéyer

rrpàg oùtôv ô llû0rog rrepi toû pi1 ôeîv rrorôorroreîo0cr

<r ei yàp {ureûcer9 rroîôo, ôrrorcreveî c' ô $ûçrai rrôg oôs okos prioeror Er' oipctoS, n

59 59

10

1 5

^^1. Diogêlien,. qu-e cite Eusèbe (Prép. év. IV 3 : SyF' II,939),rt tr ibue à Chrysippe léloge de- la mantique.

2. Euripide, P!(1. 19-20. Le texre même de i 'oracle re l i t ,en part ic, ,4.P. XM7. Chrysippe cite plutôt lee Tragiques.

2 æoreîoOcr,rV:Ë1er,v 6 (?l hobean l l aôqV: æôç 6 qunmodoll 6 ôl &r ci. Orelli ll 7 ante tr' add. dÀ),o 6 aliutl pq (sic) V ll8 rr,vo6 ego ex @ alicujus : æû Oeoû codd. glossa suspic. o[ ôèS Lond. Orelli : I' VBHB 0 el ô' H yp ll I crùtôv DS Lond.Bruns : crùtoù V g BH ll 10 tarlql fi ego : rcrûr4v VB rcrûrp0 H Lond. ll 11 1pôpevor @ utentes Bt H Trincavelli : lptirpavoçV (r, supra C) B ll 12 æépr, Brunr ll 13 dtoæal cr in rar. V rÀ r.v.Vs ll 16 pavteTca V : pdvterg 6 diçinatores pùv V @ quidem : dol,Br l l 17ôl tH l l 2O repl toû om. H l l 21 ô 9ûç VB: 6916 (r ic)6 ecrpcru.

Page 139: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

202,12-203,1 DU DESTIN 81

ils répondent, comme le font connaitre leurs écrits :le dieu I 'a avcrti ainsi non point en ignorant qu'i lserait obéi - car i l le savait mieux que personne-, mais parce que, s' i l n'avait nullement donnéun tel oracle, rien n'aurait pu arriver de I 'aventurede Laïus et d'CEdipe. Laïus, en elïet, n'aurait pointexposé I'enfant qui lui était né, comme il l 'a fait,I'enfant n'aurait point été adopté par Ie bouvieret n'aurait pas été donné en adoption au roi de Corinthe,Polybe, enfin, amivé à l 'âge d'homme et ayant rencon-tré par hasard sur son chemin LaTus, sans le connaître,et inconnu de celui-ci, i l ne I 'aurait point tué. Ett-i lenfin été élevé à la maison en qualité de fils en restantauprès de lui, i l n'aurait pas ignoré ses parents, aupoint de tuer l 'un et d'épouser I 'autre. Afin que toutcela ftt maintenu et que ftt accomplie la tragédiedu destin, le dieu présenta à Laius, par le moyen deson oracle, une représentation, comme s'i l étaitcapable de se prémunir contre ce qui lui était annoncé,et lorsqu'il eut engendré un fils après s'être enivré 1,

il exposa le bébé qui lui étair né I c'est cette expositionqui fut I 'origine d'histoires abominables. Après cela,comment donc qui t ient un tel langage pourra-t-i l oubien sauver la divination, qui cnscigne des prénotionsrelatives au culte des dieux 2, ou bien montrer quela divination a une utilité ? La divination paraîrbien être la prédiction des futurs, tandis qu'eux,i ls font d'Apollon I 'auteur de ce qu'i l prédit. Ce qui

60

1.. L'ivresee n'excuso pas celui qui n'agit pas par ignorance,mais en ignorant (Aristoie, E.N. I i I 2, l{ I0 È 2b:22), "c" que oéferait pas l 'animal (Porphyre, De dbst. I I I 10)._-2. !e_a pr6notions, selon lee Stoiciene, sont acquiees (Aetius,lhg. I I , 11 et I ,6), ot la mantique est une science (SyF' I I ;654) .

60 IIEPI EIMAPMENH' 81 202,12-203'I

{oolv, ôs rqpÛtrer tù <ruyyp&ppora, oùtQ oÛtros oùtôv

;pflccr (frù) ôs oùr ei66tcr. 8tr [p{] rreo0ricetcr (nowè5

yàp pôÀÀov fiôcr), &ÀÀ' 6t p16èv pèv criroû roroûtov

lpriocwog où6èv ËpeÀÀev tôv rctù tilv neprrrÉrercv

r{v rrcpi rôv Âôi6v re rol ràv Oiô(Trouv yevopêv<ov yiveo0or'

Oûre yàp ôv ê$ê01rev ô Âôlos tôv yevdpevov cùtQ rroîEc,

ôs èÊé0nxev, oÛt' èvarpe0eis ô noîs Ûrrà toÛ pouxdÀou

roi ôoOeis npàs eiorroirlorv tQ Koprv0irg floÀÛpg' ôvôpo-

0els r<ri rreprtulôv rQ Âcirg xctà tilv ôôôv àyvoôv tr

roi &yvooÛpevos ôrrÉrtervev oùt6v, Où yàp ôv rtorr

ôs uiôs ëvôov rrop' oùtQ tpe{dpevos rjyvdrloe roù5 yoveîg,

ôs tôv pèv oùtôv ônoxteîvor, dlv ôè &ycyéo0<rr rrpàs

yôpov. oOrr<os otv rrôvtc roûto oroOff rcci nÀ1pt'rOff rà

rffs eipcrppévr1s ôpôpo, Sovtooictv ô Oeôs ôtà toû 1p1o-poû tQ Âoig nopéo1ev ô5 ôuvopêvg {uÀô(oo0nr rè

Àcydpevo, roi êrrei ;re0uoOeis èncrrôorror'riooro, êléOr1rev

rà yevdpcvov ncrrôiov ôs ôrcr{0epôv, fitlg ër0ecrs citic

tôv èvooitov pÛOr,rv êyéveto. Etro ris roOtcr Àéyr'rv rrog

{ odrler powrxtiv, ff rrepi Oeôv eùcepeics Erôôorer rrpoÀri-

ù.,s, t 1p{otp,ôv tr Eeirvuorv ëlouoav rlv povtmriv ;'H pèv yùp pcvnx{ Eorceî rôv peÀÀdwrov rrpooy6pcuorg

rtvor, oi ôè tàv'Art6ÀÀr,r rorltilv 6v rrpooyopeÛer rroroÛsrv'

2 ante gaotv add. o0 -nr9ne-.x1e.ufer, Bs : .t:tlPYTtt: y Onff

"ritO'O dps!$ : aùtôv V (iibi rup' v.vid'"l) P T"l".9i:BH aùtô'6 dpsi H : aùtôv V (ubi eup' v vid' r') B Trinca-

velli ff 2'lpioar VB: lpivar' ut "id.-q

opoilerc.P'ù hic tcrrp-tr

"r'tto iotfl'ôc oûx V O H où1 ô6 B-t rù--s9.c^lusl;tq"i.ôf J^9oùv ôc Br Éù seclusi navtôç V 0

' fr R-: nsi V SDer H ^HAOPIAV d ô e r H À(sic) V &).IlB 3 H : & v

omni B n&vt<,rç Vô H ll I fiEet Va B : lEr Y- |ôe-t- g ^HAOPIA(eic) 6 dÀI'6tc 6 seàqiio B :.ôù'otc (L"i-J &L)6.^o H.li iau St : tô VBH ll e au è[é01xev Br H : dvé0r1xev -V-Lve€ê}nxe Vô &véOnxev vid. @ roposuit ll lev6g.evov cùtQ om' llll 8:9 ;nte &vôp<obelç vid. add. xqi .@ e! xal n-rtd'.s'v',Va ll

à iau B' : tQ VBH ll 6-.ôv&ve[é0r1xe Vô

il où"ô "co

: àÛ-ôv- codd' aùtôv Schwartz ll 12 clv ôè orn'0 taûia æ?vtor transp. BH ll 1? ôra90epov (sic). VÛ ôtcrgepov

1sic1 V moriturum. O--ôragépov- ES- -ll f.e...t-c^O,grri'r Br, : tr'c ^V

tr.J "eo

ex 6 aliqualiter- :. rrî,>Ç V Rr ll 19 alt' I V (prrnctrr-^*'^.,i-,t ^,,^" til . L Rr .i'-o6rlar V IIII : eùce6eic IiS nooblÙ:rc""àt"irt

ou* 6 :ï Br eùoe6elac v ntl : eùoe6eiç llS npo]l{:rçVr BH :'rço6Àa,!r i @ praecumptioll 22 tiv V : orn. Ql ôv llV; BH :'i96).1,!q i @ pr*tu^ptio ll 22 r'ov V : .rn' (t| ôv llô V O B : e l B i .

Page 140: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

209,2-20 DU DESTIN 81

en efret ne Be serait pas produit do cette façon si ledieu n'avait point rendu un oracle de cette forme -et c'est pourquoi il a rendu son oracle de telle sorteque les événements se produisissent dans ces con-ditions mêmes -s comment ne scrait,ce pas làI'ceuvre de I 'auteur de l 'oracle, mais non pas simpleannonce des futurs ? Mais si , en outre, il convientque les dieux aient un privilège sur tous les devinsen ce sens qu'i ls contribuent aussi à la naissance desfuturs, i l est raisonnable qu'i ls coopèrent à quelque bien(et c'est justement cela en effet que les poètes passentleur tcmps à vanter quand ils parlcnt des dieux, endisant qu'i ls sont les dispcnsateurs des bir:ns) ; maisd'après les a{firmations de ces philosophes, pource qui est du bien, le Pythien n'est d'aucune aidepour Laïus, bien au contraire i l fait tous ses ellortset met tout en æuvre pour que sa maison n'échappeà rien de ce qu'i l y a de plus abominable et impie.

Qui donc, à entendre ces propos, ne dirait que lanégation de la providence professée par Épicureest plus respectueuses r du divin qu'une providenceainsi conçue ? Et puis, comment concil ier l 'une avecI'autre, d'une part la thèse qui fait du destin un dieuqui uti l ise les êtres et les événements du monde pourIe salut de ce même monde et de I 'ordre qui s'y mani-feste, et d'autre part Ia thèse qui soutient, cn mômetemps, à propos dc, ce même destin, des énormitéstelles qu'i l se sert, pour les actions les plus abomi-nables, r 'n raison de I ' intérêt qu'i l y prend, de l 'aidedu Pythien lui-même ? Diront-i ls en e{Iet en vuedu salut de quoi lc destin a uti l isé le meurtre d'unpère par son fi ls, l ' inccstueux mariage d'une mèreavec son fi ls, et la naissance d'enfants d'un frèrc

1. Velleiug opposo, avec plue do lavour oncore, Épicuro auxStoïciens; Cic6ron, Nat, daor. I 16, 43.

NEPI EIMAPMENHE 81 203,2-20

"O yùp oùr ôv oÛtor5 lytveto p?1 toOtov tàv rpérrov 1p{-

ocrrros toû 0eo0 (rcl 6rè toûto oÛtros llplcev Ertros

y€vrpor tà Êrr' oùloîs yevdpeva) tôs oùr Ëpyc toû lpri-

oovros, ôÀÀ' où privuolç tôv loopÉvrov I 'AÀÀ' ci rci ôcî

rtÀêov tr tôv ËÀÀov pôvreiov ë1erv toùs OeoÛs, ôs rci

oupnp&coerv roîg Êoopêvorg rrpô5 tà yiveoOor (àyo06v

n cùroùs) ouyepyeîv (eÛÀoyov) (roi yùp oi rorrltci

roûré ye nepi Oeôv ûpvoûvteç ôrcrtcÀoÛcrv, 8t dpo rici

ôr,rpryffpeg è&ov) ' rotù ôè rù rirrà rotttorv Àeyôpevc eig

riycOôv pèv oùôev ô llÛ0ros tQ Âciqr ouvreÀeî, ôyrovl-

leror ôè rci rôvtc tpôtter rrpô5 tô p1ôàv rôv ôvooro-

rôr<ov te roi ôcepeotôttlv tcpeÀOeîv tàv okov aùtoû''Ov &roûoc5 tis oùr ôv eùcepectépcv einor t{v Àe1o-

pêvr;v rirô rôv rrepi'Eniroupov ô'tpovor;oiov tQs roroÛr1s

trpovoios ; Ilôs ôè cuvqôù ,ÀùÀ{Àor5 tà ôpoû pèv Oeèv

Àéyerv rilv eipoppêvqv roi 1pffc0or toîs oÛaiv te rcrl

yrvopÉvorç èv tQ rc6opql êrri orortlpiç cùroÛ te toû rôcpou

roi tfis tôv êv cùtQ tôfetos, ôpoû ôè torcrûto rrepi crùt{s

Àéyerv ôg nopoÀoppéverv rrpôg tù5 rpéferg tès ôvoar'or-

tôtos ôrù t{v rrepi oùtù cnrouôlv roi tôv llÛOrov ouvepy6v I'Erri tivorv yùp cottlpig êpo0cr lpicOcrr r{v etpcppevlv

notpàs ûtô norôôs ôvcrp€cet xci yépr.o Fqlpès xci

rcr8ès &vocirg roi yevÊcer noiôov ôôeÀ{Q xoi notpi ;

Ti tffs tôv êv rôoprg ôrorrrioeog èr toritov Ë1erv eÛÀoyov

r{v oarrlpitrv, ôç roi tàv 'A116ÀÀ<o

{opeîcOor pri tr

,l &û' où edd. : &À},ou (sic) V dl).ou @ olterius &Àlà ES om.K ll O-? &ya06v tr aùtoùç ouvepleÏv e6lolov ego ex Donini (quiscripsitrô &yaOèv) : ouvepyor5pivôv VBH ouveploÛvtaç & coope-ranies qnod etiâm ci.'Casp. Orelli toîç &1a0oiç crritoù6 ôci6uy.oyÊiv e. v. Bt Il 8 dpc edd. : &pc, V lortc (sic) @ ll I ô<,rpryipc6lStor'ioLe Br èéovl ECMON ut vid' 6 ll 10 ouvtelri Caa' : ouvtÉllrVBII- ouvcpyeï

-H tp ll 15 ôè codd. 6 uutem- i 1ùp..Lorrrl'

arlvtaSa (8id)'V ll 181iosi ôè add. xal @ et ll 28 dôal.g{r tb frutriBt H : dôeÀpdv V-(eupra v add. t \:E) B ll %-!rc- tô-v- -ci.Brung : tôv Ù corum giro. @ t!ç Va B toÛt<ov Rr lllp tlS :corlto V 6 BH toûto K.

61 61

75

Page 141: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

203,20-204,9 DU DESTIN 81.82 62

et père ? En quoi est-i l raisonnable de croire queces événemcnts contribuent à la sauvegarde deI'ordre du monde au point qu'Apollon lui-àême aitdt craindre que I 'un d'eux reste inaccompli ? Eussent-i ls été des obstacles, au cas ou i ls ne sà fussent pasproduits, à l 'établissement des humains dans àesvil les et selon des lois, ou à la conservation des élé-ments du monde, ou à la révolution ordonnée etéternelle des êtres divins, ou à I 'un de ces principesdont est composé le monde et qui le gouvernentrationnellement ? Il est évident que s'ils apprennentune autre légende d'un auteur tragique doni c'est lemétier d'écrire de telles fictions (par exemple unefemme qui, par jalousie, cherche à nuire aux enfantsd'une autre et tue ses propres enfants, ou bien unThyeste, infortuné vieillard, qui mange la chairde ses propres enfants parce qu'un Atrée, son frère,lui a servi un tel plat), ils sont convaincus que lesfaits légendaires ainsi rapportés se sont réefementproduits, et i ls y voient une justif ication du destinet de la providence, comme s'i ls s'appliquaient àdétruire ce qu'i ls veulent démontrer parleurs preuvesmêmes. Certes, i l ett été de beaucoup préférableet plus avisé de renoncer aux principes fondàmentauxen raison de I 'absurdité de leurs conséquences, plutôtque de consentir aux conséquences aussi absurdesde ces principes. Mais eux donnent aisément créditaux- histoires les plus absurdes, et même, qu'i l yait là des faits eonformes à la raison, i ls n'hZsitentpoint à en donner des justif ications.

82. Mais assez sur ces questions - il suffit en elletd'avoir montré dans chaque cas I 'absurdité de cettedoctrine - ; d'ailleurs je crois avoir suffisammentfait ressortir comment on peut dire qu'i l est au pou-voir du sag_e d'être sage, bien qu'i l ne soit plus

""pàblude no pas l 'être ; car, ce n'est pas maintlnant, alors

62 IIEPIEIMAPMENH'sl-82 203,20-204,e

topéÀ01 torlt<ov ërtp<rxtov I lldtcpov êpn66rcr prl 1v6-pevo tff rôv &vOpôrov rcrè n6Àes te rci vôpoug oirrlcer,

fi tfr rôv ororleiorv roû xdcpou crorrlpiç, { tfl rôv Ociov

cùtôrrrp re roi ôïEiqr rrepr$opQ { rrvr rôv è$ Ev tôv rcôcr-

pov cruveorôvcr re rci ôrorreîc0or rotù À6yov cuppé-prpev ; ÀffÀov ô' 8tr, rôv dÀÀov tvà pûOov rréÀrv &roÉ-

oarcrv rrcrpd, trvos tôv rpoyrp8orrorôv, o1ç ëpyov tù rorcOro

rrÀôcp<rrc, fi yuvoîré trvcr ôrù lr1Àotunicrv ênrpouÀeri-

<ro<rov Fèv &ÀÀotp(org rÉxvorg, èrrorreivcrcoy ôè tù

êcur{s, fi Ouéoqv tvè ôuoru;1fr yépovrc tôv ocprôv

tôv rroiôtov oùroû êa0iovtc 'AtpÉos trvôs àôeÀ{oû

rorcrûr1v rrapo0évrog oùrQ rpôrrclcrv, rrroreûouoi r.

roîs pûOors ô9 yeyovdor rcri rilv eipoppÉv1v re xoi rrpô-

vorcv ôr' cùtôv rotcroreué,toucrv, ôorep ëpyov rror-

oripevor ô poûÀovror rotocrceuôterv ôr' oùtôv rôv rccro-

areuôv ôvorpeîv. Koitor parpQ péÀtov {v rcai eùyvto-

povéorepov ôvcrpeîv rù9 rirro0Éoers Erà ti1v tôv érro-

pévrov oùroîg ttonicr.v, fi roîs oûr<os ôtdrrorg Erù rù5

ûnoOéoers rrapioroc0cr. Oi ôè ral nrateûouorv toîg ôrorrr,r-

rôtors pgôios roi ro0 xctù Àéyov oùtà yevécr0ar cirios

tvùç Àéycrv oùr< ôrvoûorv.

82. 'AÀÀù rôv pèv toroûtrov &Àrs (ircvôv yèp èS' êrôotou

tà èvEei$co0or d1v tis ô6fqs èrorriov), ircvôs ô' olpcr 6eô1-

Àô<r0or rrô9 Àéyetcr tô êrri rQ {poviptg elvor rô {poveîvrcitor pî1 Euvopévrp pi1 {poveîv

' où yôp 8t vûv, 6re èori

1 èpæ6ôtal èpæo8æi H mg ES ll 2 vog,oùç Lond. Orelli ll 8 postr)'toydtu. vid. add. ætrdooerv 6 fngere ll (qÀorrr.ræ[,cv (sic) V ll10 0uéor4v] sacrificantem (sic) 0 ll 11 crùtoû V 0 crrorunrhpêcl,ql atroce (sicl @ ll 12 te VE 6 -que B' : àe (sic) V ôàB ll 16 d,vcapeiv] &v s.v. V8 ante {v add. dv l}rrrns ll 18 I (ttquam Lond llrune : ou (u s.v. Vo) V où BH ll 24-25 tà gpovcîvxcltotl ô9 in ras. V poveiv xa[ror V *S ll 26 pl ôuvaplvqr pfBrune : p.ù1 ôuvclpévcov rô VBH Suvcpévou tô pl Br pl Suvcplvrptô orj Lond. êv pqôevl ôv tà gpoveiv gûocr [I 1p p1ôcvt ûv gûrxrtà gpoveïv E 6rr del. Br 6té (eic) H mg.

{ 0

15

Page 142: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

204,9-26 DU DESTIN 82 6363 IIEPI EIMAPMENH> 32 20/r,9-26

{pdvrpos, êrr' cùtQ tô elvar toroûrco (iu Vàp Ë'v roi toû vûv

pl {poveîv rcripr.os), d'ÀÀ' 8tr npà toû roroûtos yevéo0crr

cl1ev ôionep toû yevéo0cr oÛtars ôè xoi toû p{ yevéoOor

roroûros r{v êfouoiov ôr' iiv rrpoerprjxopev oitiov npôs tà

yevéoOor toroûros ouvrjpyloev oÛtQ. 'Erri ôè rôv Oeôv

oùrêt' ôv (eir1 èrr'oùtoî5) rà elvor toro{rrors (ôtrep fiv xcri

crùtô èv toîg ûrr' cùtôv àropoupêvors), 6tr yôp èotrv cùrôv

èv rff {ûoer roroOrov, oùôèv ôè tôv oÛtos Ûrropl6vrrov

èrr' oùtQ. Arè toûto yùp tà pèv èrceivov àyoOà tiprô

te xoi parccprorô, peîfdv tr rôv êrrorvetôv àyo0ôv Ë1ovto,

6t tilv ôpXù" ti {ûors oùtôv àverriôext65 èottv, flpeîg

Eè ètri rff xrrioer tôv èpetôv ènolvoÛpe0<r ôtr rfls {Ûoeog

{pôv ênrôexru<ffs oÛoqs xoi roû ;leipovos, oùx ôrcvriocpev

rrpôg tà peÀtio, roi tôv pèv lerpdvrov èvr,ôpori rcoi yopig

ropôtorv nepryiveoOor ôoroÛvtorv, {s ôè àpetfls petà

rr6vov te roi petà rcpétov roi toÀÀôv iôpdrrtov. "Eyer

pévror roi ô {pdvrpog êni tôv raOérctroto tpô$e<ov toû

rci pil rrpôtte r,v oùrà9 rilv èfouoiov, eiye r<ôrceivor,g

rrpôferg trvèg yivor.vto rrepi tù èvôey6pevo xol ôÀÀ<,rs

Ë1erv. Où yàp ,&{fpltor tr\v èfouoiav oÛte ô [IÛ0ros

ro0 oùrQ 1pfio0oi te rcl pri, oÛre ô AorÀryrràg roû

rrpoiotooOor, Jlôvres yoûv o1eôôv ëv0porror rorc{eÛ-

you<rrv èrr' oùtôv, ëvOo ôv êrrt{ovéotcrto5 fi, rrerrroteurcdte s

qu'i l est sage, qu'i l est en son pouvoir cl 'être tel(car alors i l serait aussi bien maître de n'être pas actuel-lement sage), mais avant de dcrvcnir tcl i l avait aussibien la l iberté de devenir que de ne pas devenir tel ;pour la raison que nous avons dite antérieurement, i la travail lé lui-même à devenir tel. Quant aux dieuxil n'était pas en eux l iberté d'être tels 1 - ce qui étaitaussi le cas dans les di{I icultés qu'i ls soulèvent -,puisqu'en fait i l appartient à leur nature d'être detel caractère, et rien de ce qui appartient à la natured'un être n'est en son pouvoir. C'est pourquoi en e{Ietles bonnes qualités des dieux leur valent dignitéet béatitude, et possèdcnt quclque caractère supé-rieur aux bonnes gualités dignes de louangc, dufait que lcur nature cst ab,"olrrmlnt incapable derecevoir celle-ci. Mais nous, on nous lorre d'avoiracquis les rrttus parcc que, notre nature étant sus-ceptible cle recevoir aussi le pire, nous n'avons pascraint de viser au meilleur, alors que les défautsparaissent acquis sans sueur et sans efforts, tandisque la vertu I 'est avec peines, avec e{Iorts et beaucoupde sueur. Cependant le sage également a, relative-ment à chacun de ses actes, la l iberté de ne pas lefaire, s' i l est vrai que, même en ces cas, certains actessoient.accomplis à l 'égard des contingents qui peuventaussi être autrement. Car le Pythien n'enlèvà pas laIiberté de le consulter 2 ou non, ni Asclépios àe sepréserver de la maladie 3. En tout cas, presque tous leshumains ont recours à lui, là où i l est le plus visible.

l . < Tels gu' i ls sont r (cf. p. b1, n, i) . La phronèsis eer en efÏetvertu humaine (p. 74, 151.

2. Surls eene de lpioOai eu moyôn, cf. G. Rédard ; Rachll:chec.q Xp l . . . Par ie , 1957, p .14-16.

3. flpotorao0at, au sone absolu : ,, se protéger ).

15

8 post lôonep add. ôe is ic) V ôè HB yùp H1p oIn. 0 del . Bl l l4 anle ôr . ' f lv add. xal @ Lond. l l 5 aÛt(r @ sib i ips i Bruns :aùtô V Il 6 oùxét' ôv V 0 BH : oÙx éot' dv ES oÛx etl d,v Rrungetq èæ' aùtoîç add. I{ackforth ll 8 ante totoÛtov add" tô IIBruns l l 0 èæ' om. H yùp coûco t tansp. H l l 11 post èot tv adr l 'tôv èvavcl<,rv B' -g ll 13 post oÙo1ç add. toÛ peltlovoç (11

mel ior is l l 14dvrôpcot lxal om. 6 l l 18 e[ le Q\ s iquidam:el tc V l l lelæote Vô BH ll 21 toù ctùtQ ego : toù tQ aùcQ V llll to'itr,raùtQ ES toù G} ll Xplo0crt te xal V6 Q\ ct respondt'ndi tt lll l :yottoeret xai V Tpioal te xai, Schrvarlz Iltuns ll 22 ngr;t<traalldrôà. ia. t t "oototâà0at e i orel l i ed. Bnt t ,x l l 23 ' r ' i tàv Vt l :aritôv (U iisonnt.

t

Page 143: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

204,26-205,17 DU DESTIN 82.88

convaincus qu'i ls sont que c'est à ceux qui cherchentavec ferveur à I 'avoir pour médecin plus qu'à ceuxqui ne font pas d'eflorts qu'i l se donne.

38. Dire que sont à tenir pour sots ceux qui ne croientpas que parce qu'on conserve l 'activité tendancielledes animaux on conserve dès lors aussi notre l iberté.parce que tout ce qui se produit par tendance est aupouvoir dc ceux qui sont mus par cctte tendance, etpour cela, demander s' i l n'y aurait quelque actionen notre pouvoir, puis avant admis cela, dernanderensuite de surcroît s' i l ne semble pas que, entre lcsactions, les urres sont selon la tendance, et les autresnon selon la tendance, ce qu'ayant admis, ajouteren outre que, des actions qui ne sont pas selon latendance, i l n'y en a aucune qui soit en notrepouvoir, cela aussi étant accordé, admettre en outreque tout ce qui se produit selon la tendance est aupouvoir de ceux qui agissent de cette manière, puisquecela ne se trouve chez aucun de ceux qui agissentd'une autre manière, et pour cela dire que, d'aprèseux, est aussi conservé lc l ibre pouvoir défini commepossibil i té d'agir ou de ne pas agir et que par con-séquent, les actions ainsi faites appartiennent àla catégorie des actes accomplis par tendance, com-ment ne serait-ce pas le fait de gens qui ignorentcomplètement ce contre quoi ils construisent lcursraisonnements ?

Si, cn efret, on a admis qu'i l existe un l ibre pouvoirchez ceux qui agissent par tendance, ce n'est pointpour la raison que déjà tout acte fait par tendanceserait en notre pouvoir. Car celles-là seules des actionsfaites selon la tendance possèdent le l ibre pouvoirqui sont eflectuées selon une tendance rationnelle.Or, est rationnelle la tendance qui se manifeste dans

TIEPI EIMAPMENH> 82€8 204,26-205,17

ôtr toîs orouEô[,oucrv oùtôv ë1erv lotpôv pôÀÀov tôv

oû crrouô<rldvr<ov lrr6iôroarv crùr6v.

33. Tô ôè Àéye rv (Àripous) riyeîc0crr toùç où;1 r]youpÉvoug

èv tQ oôleo0or d1v ro0' ôppî1v rôv ltirtov ËvÉpyercv ffôr1oôlecOor xci tô ê{' rjpîv tQ rrôv tô ro0' ôppi1v yrv6-

pevov êrri roîs ôppôorv elvcrr, rci ôrà toOto êpr,ltôv ei

p{ èvépy1pô t [tà] è{' {pîv êotr, roi Àopdvtcre êrri

roûlg nôÀrv êpr,rtôv, ei pl rôv èvepyrlpôtarv tà pèv

elvor ôoreî ro0' ôpp{v, tù ô' où rccr0' ôppriv, ô ÀcrBdvtog

rr&Àrv rrpootrOévor roûtrg tô pl tôv êvepylpôtorv pév,

pi1 rcO' 6p;r.i1v ôè elvcr t ê{' {pîv, oû roi oùtoû ouy;1o-

poupévou èni toritorg Àoppôverv tà rrôv tô r<r0' ôpp{v

yrv6pevov êrri roîs oûtros êvepyoûcrv elvor, ènerôi1 Êv

pqôevi rôv ôÀÀtos èvepyoupÉvcov êoti, roi 6rà roûto

Àéyerv orirteo0or rot' cùtoùg xcri tà roroûtov êr[' rlpîv ô

ôuvorôv û{' {pôv yevéo0or te rcol pri, elvcrr ôr\ rcoi rè

oûrrog yrvôpeva èv toîs ra0' ôppi1v yrvopévorg, [èctr]rrôs où rrcvrôrroqrv ôyvooûvrrrlv tcrûtcr rrpôg ô rroroûvtcr

roùç À6yous ;Où yùp ei êv roîs rcoO' ôppi1v èvepyoupévors tô ê$'

rjpîv elvor cuyxelôp1tcr, ôrù toO À6you ffôq rrôv tà

rcO' ôpplv êvepyoûpevov è{' {pîv" Toûre yèp p6vo

rôv ro0' ôpp{v yrvopévorv tô êô' ipiu Ë1er 6cc rctù

Àoyxilv ôppi1v èvepyeîtor. Âoyrr{ ô' êotiv ôppi1 êv

2 où Vs 6 tr.rn B ôc V èrsr8t86aorv vid. 0 corwcdunt aitcùvY 6 ipcurn BH : aûtôv Bruns ll 8 Àdpouç addidi : om. codd.omnes @ itaque l: 8rl ? ) dpîoOat V : om. @ varia coni. vid.adnot, ad loc. lorsan è{eùo0al Hackforth rrtrcvâ,o0ar, Br toùç'où1' floupé.rouç (sic) V coùç <oX).zlyouprevouç ut vid. t ll 4èvéplercrv rôv (dcov transp. H ll ô post tÇr praebet pl V BH :om.'GJ del. Bruns l l 6 poet toiq add. oÛt<oç 0 eic l l 7 tôseclusi om. 6 ll 8 ptl tôv Heine Bruns : p.{te tôv VBIIp1ôèv tôv B' ll 11 tu del' Bt oÛ xal aùroû Br (xcl' prr cotn-pend.): ôûx crùroû (sic) V oùx aùtoû @ non... ipto I I l l 17 lotriecl. Brune ll 18 æôc où Vt B : rrôç oùv V rr<oÇ o[v ll quidanr1: pàv oùv ?) @ d,yvoorlwov V : -oûvrc6 R tcutcr (llo) V fl24 ante ôppl add. d Brunt forran rocto.

6464

15

{

Page 144: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

205,1 7-206,5 DU DBSTIN 38.84

les êtres capables de délibération et de choix, c'eat'

à-dire la tendance proprement humaine, quand elle

se produit à ces conditions. Chez les autres animaux

en e{Iet, les actions selon la tendance ne se présentent

pas de la même manière parce que chez eux, i l n'y a

pas l iberté de ne pas faire I 'acte inspiré par la tendance.

C'est pourquoi dans les actions qui procèdent de la

tendance, i l y a l ibre pouvoir, ce qui, certes' ne signifie

point que toute action qui se produit selon la tendance

relève du l i l ire pouvoir.

34. Comment ne serait-ce pas le fait de gens qui

ignorent leurs propres actions que de faire emploi de la

réalité même des faits, réalité qu'ils nient dans leur doc'

trine, pour établir la doctrine qui nie cette réalité ? En

e{Iet, ayant admis que chaque réalité naturelle est ce

qu'elle est en vertu du destin' comme s'i l y avait iden-

tité entre ce qui est par nature et ce qui est en vertu du

destin, i ls ajoutent ceci : < C'est donc en vertu du

destin que sentiront les animaux et qu'i ls manifes-

teront leurs tendances; de ces animaux, les uns ne

feront qu'agir, les autres accompliront des actions

raisonnables I parmi ceux-ci les uns commettront

des fautcs, les autres agiront correctement. Ces actions,

en e{Iet, appartienncnt aux animaux par nattrret

mais puisqu'i l y a des fautes et des actions correctes,

et que les natures ainsi caractérisées et leurs propriétés

ne sont pas méconnues, on admet aussi louanges et

blâmes, châtiments et récompenses ; tout cela en efIet.

se trouve faire partie d'une organisation et d'un

ordre >.Cependant tout cela ne s'organise plus de la même

manière pour ceux qui ramènent la nature et les

événements conformes à la nature au destin et à la

nécessité. C'est bicn en ellet conformément à leur

65 IIEPI EIMÀPMENHE 88-84 205,77.206,5

roî9 pouÀeunxoîç te roi npoorpetroîg yrvopÉv1, rou-

ré<rtrv rj tôv ôv0pôrr<ov Stov èrri toûtors yivltor, Tôv

yàp ôÀÀtov lri,ov of xoO' ôppilv èv€pyeror où roroûtcr,

6tr ptpét' èv èxeivorç êfoucio toû rol pl rror{ccr rà

rc0' 6ppi1v êvepyoûpevov. AÈ èv roîs xo0'ôpp{v èvepyei-

arg rô è{' {pîv, où pilv 6rù toûto nôocr ro0' ôpp{v èvép-

lerc yrvopÉvr1 rà è$' rlpîv ë1er.

34. flôs ô' oùr ôyvooûvtov tà ûS' aûtôv yrvdpevo rè tfr

ôÀq0eig tôv yrvopévorv fiv ôvorpoûorv Erà roû ô6ypotos,

cûtff rrpocrelpffoOor trpôg rotcor<eui1v toû ôvorpoûvtog

cùd;v ôôypctog ;Âopôweç yàp tà Ërcootov rôv auveotôrorv {ûoer ro0'

eipcrppÉvqv elvor toroûrov ôroî6v êctr, ôg rtrùroû ôvto5

toû te {ûoer roi toû xcrO' eipoppÉv1v, rrpootrOécorv tà'oùroOv rotà tilv eipopprév1v rcoi oic0rloetor tà lQo roi

ôpprloer, rcai tà pèv tôv l{rrov êvepyrjcer pdvov rà ôè

rpô(er tà Àoyrré, roi tù pèv ôpopnioeror rù ôè xcrop-

Oôoer. Toûto yàp toûtor5 xotô {ûcrv pév, ôvt<'rv ôè rcri

ôpoprlpôrorv roi rorop0orpôtorv, roi tôv toroûrov

{ûceov rci rror.otrirov pù ôyvooupévov, (pévouor) roi

ërrcnvor xoi r!6yor rai roÀôcerg xoi trpoi. Tc0to 1àpoûlo9 Ë;1er ôxoÀou0hs re xoi rôferog',

Où p{v ôrcoÀougeî taûto ën toûtov yivec0or tèv tpdnov

toîs r{v {ûorv re roi rà yrvdpevo rotù Sûorv eig rilv elpcp-

pév1v te xci d1v èvôyxqv peto{Épouol. Kotà Sriorv piv

I oùl a[ Trincavellis ll 4 tou (sic) V ll 8 oûx] u in roe V ll10 aùrfr Vô H : aùd1v VB del. 82 om. @ post cùrfr sccll rrpàçtà Bruns om. @ Lond. del. Br : 'npôç tô'(eic) V npôç tè I IDSll zrpooxelpffoOar ci. Hacklorth : xelpio0ct codd. lpio0cr ci.dubitante Bruns ll 18 ôç tcrùto$ @ tanquam eodcm : <,tç'autoû (sic) V 6ot'aùcoû H ll 18 1èp VBII : ôè Gt outam ll20 pévouol ci. Arnim sed post Ënarvor ll 21 lncrtvot xcrl Qf ll :èrrcrvoupevou (sic) V 0 Ërçcrtvot Vô trçatvot ptv II ll ttpcl xclxoldoer,ç trensp. H 'yàp VB : ye Gl quiilam ll 88 ltt trrûtatransp. B ll 26 crvci.yxqv (sic) V.

l l )

65

1 0

Page 145: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

206,5-24 DU DESTIN 84 66

nature que, pour les animaux capables d'agir raison-nablement, découle la possibil i té dc commettre desfautes et d'agir corrcctemcnt, parce qu'aucune deces modalités d'acti<ln le leur est inrposée nécessaire-mcnt, voilà ce qui cst vrai et ce qui a l ieu récllcment,mais non pas certes pour ceux qui professent que toutce que nous faisons c'est nécessairement que nous le fai-sons, ajoutant qu'entre ccux qui agissent raisonnable-ment, les uns agissent correctement, les autres com-mettent des fautes. Et c'est nécessairement que nousfaisons tout, selon ceux pour qui i l est impossible, cescirconstances-là étant données, que nous n'agissionspas ; or, nécessaircmcnt, ces circonstanccs en vertudesquelles nous agissons seront toujours données. Onne dit point, en efÏet, que celui qui fait quoi que cesoit qui lui plaisc agisse correctemcnt, mais pasdavantage ne commct une faute celui qui fait quoique ce soit de vil, mais c'est seulement si quclqu'unest l ibre de faire quoi que ce soit de pire et choisitde faire le meil leur, que nous disons que celui-là a agicorrectement. Cependant celui qui fait cxactemcntles mêmes choses par hasard, nous ne disons plusqu'i l agit correctemcnt, parce que le jugement rela-tif à la correction de l 'action n'est pas porté d'aprèsla considération des seules actions, mais davantageet d'abord en fonction de la disposition et de I 'aptitudequi sont à l 'origine de l 'action. On peut dire la mêmechose dcs fautes.

Ceux dont la l iberté d'agir autrement qu'i ls agissentest ôtée du fait des circonstances, ceux-là ne contri-buent en rien à cela même qui s' impose à eux pour lesfaire agir : comment dès lors pourrait-on dire d'euxqu'ils commettent une faute ou qu'ils agissent correc-tement ? Car à l 'égard d'une telle disposition delaquelle, étant données certaines circonstances, unetendance poussant à agir dans tel sens naît, celui-làrr'est point l ibre, pas plus qu'à l 'égard de ces mômes

i

66 fIEPr EIMAPMENHX 34 206,5-24

yùp toîg nportmoîg te xoi Àoyrroîg lrirorg Errcrcr ôpop-

tôverv roi rotop0oûv ôûvco0or rQ pr1ôétepov oùtôv

rroreîv KarlvcryKo'opévrog, rccrt toût' ,&Àq0és êotr xcrt

(rotà) toOrov Ë;1er rôv rpôtov, où pilv roîs nôvto ô

roroOpev Èf ôvôyr<1s {pôg rroreîv Àéyouorv' ërrerro roùs

pèv roropOoûv rôv Àoyr,r<ôg êvepyoûvrov, roùg ô' ôpcp-

rôverv. 'E$ ôvôyr<1s 6è rrôvto rroro0pev ro0' oûs ô.6ûvotov

pèv tôvôÉ rrvûrv ir€pr€orôr<ov pi1 rrpôccerv ipôs, rè

ô' êf ôvôyr<1s ipôs èei rrepror{oetor roûto ôr' ô trpéaoo-

pev. Où yùp rôv ôrrorcoûv lopiev (tr) rroroûvro Ktrlop-

Ooûv trs Àéyer, àÀÀ' oùô' ôpaptéver,v rèv ôrroooOv {oûÀ6vtr rrpôtrovto, àÀÀ' ei ônorooûv èv êfoucig trs ôv rôy

;lerpdvrov oipeîtar roi npôooel tô peÀtior roOrov Àéyopev

rotop0oûv. Tôv yoûv tù oùtà roûto ôrrô rûp1s rroni-

oovro oùr<étr Àéyopev rcoropOoûv ôs toû rorop0oOv ti;v

xpiorv oùx àtrà tôv rrpottopévov ë;lovtog p6vov, èÀÀù

rroÀù rrpdrepov ôzrô rffs Ëfeôs re xci ôuvôpeog ôô' ûsrrpéooeror. Koi ô oùrôs Àôyog êrri rôv &pcr.pt1pôtrov.

tflv ôè { è$ouoio toû npârrerv ôÀÀo rlvù rrop' ô rrpôrrou-

arv rirrà tôv rrepreordrtov ô{fip1tor, oùôèv oùtoîg <ruvr€-

Àoûor,v eig tà toûto cr'ùroîg rreprectôvcrr ôr' ô npôrrouorv '

nôs ôv ët torirou5 trs ii ôpoprôverv ii xcrropOoûv Àéyor ;Oûte yàp tfls toraûr1s Ë€eos, ôô' ts rôvEé trvtov nepre-

otôtov rrepi tà tôEe trvà rrpôrrerv ôppi1 yiveror, oùrô9

èotr,v êv è(ouoig oûre roû rà rrepreotôro toroûtc elvar.

I Elrceral ego ex @ consequitur : rô xod VBH ll 4 xatù 0cecundurn : om. codd. ll plv roiç V : pévtor, 1e ES pÉvtorye toTç Trincavelli2 ll 6 ante tôv add. xu\ @ et ll 8 cvc,rv orn.6 ll 10 tu addidi ex @ aliquoil : om. codd. ll 11 ôgr,crptdvetv tùvV (add. v per comp. cum puncto Vr) 6 B H l l 12 el s.v. VE82 : om. H t[6 VH ll 13 tù peÀtlco Vo @ meliora Bt II : f1tù pe).r[ ,<ov ( i et v punctis notat is) V l l 16 tou (sic) V l l 18c<rv (sic) V ll 19 ôv (\) quorum H : Nprôv (sic) V i1;rôv lt ct .1ùpBz ôè dnl. B' ll 19-20 rrpd.rrouolv V GJ Il : rrpdtr,,pev llr ll 20aricoiç 0 ipsis B : aùrolç (sic) V aùrol l l rrrrrr l l 2l rzûtc 0lhaec ci, Diels : tù VBH om. l , lS nrrtc nrorcotdvcrL nrlr l . r lcartold-peva Rr ll 23 rôv8é] torôvôe $t talibus..

10

15

Page 146: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

206,24-207,11 DU DESTIN 84-86

circonstances. C'est bien pourquoi on ne songe pasà attribuer aux animaux dépourvus de raison cesqualif ications. Quiconque donc est poussé à agirpar une constitution donnée et certaines circons-tances n'est en rien maître qu'i l n'en soit pas ainsi,dès lors on ne peut pas dire qu'i l a commis une faute

ou qu'i l a agi correctement en agissant comme il I 'afait. Mais, puisque louanges et blâmes, châtimentset récompenseg sont relatifs, les uns aux fautes, lesautres aux actions conectes, comme eux-mêmes enconviennent, i l est évident que, si I 'on nie I 'existencede celles-ci, on supprime aussi ceux-là. Quant aubien agir, au sujet des dieux, on ne le saurait dire ausens propre, mais bien en lui donnant le sens qu'i lssont les auteurs des biens, si du moins c'est chez desêtres qui agissent comectement qu'on trouve aussila possibil i té de cotnmeLtre des fautes; or, l 'êtredivin n'est pas capal-rle de fautes. Voilà donc pour-quoi nous ne louons pas lcs dieux, parcc qu'i ls sontau-dessus des louanges et dcs actions correctes aux-quelles s'adresst'nt les élogcs.

35. Cependant n'ommettons pas ce fameux raisonne-ment par lequel i ls ont confiance qu'i ls montrerontqu'i l y a quelque chose de valide dans ce qui a étéexposé plus haut. Voici ce qu'i ls disent : tt S'i l n'yavait pas ce destin, i l n'y aurait pas de fatalité ;s' i l n'y avait pas de fatalité, i l n'y aurait pas dedestinée ; s' i l n'y avait pas de destinée, i l n'y auraitpas de justice distributive ; s' i l n'y avait pas dejust ice d is t r ibut ive, i l n 'y aura i t pas de lo i ; s ' i l n 'yavait pas de loi, i l n'y aurait pas de droite raison

commandant d'une part ce qu'i l faut faire, interdisant

d'autre part ce qu'i l ne faut pas faire. Or, en fait,les fautes sont interdites et les actions correctes sontcommandéeg. Si donc i l n'y avait pas ce destin, i lr r 'v arr ra i t pas non p lus de fautes r r i d 'act ions cor-

IIEPI EIMAPMENH> 84.35 206,24.207,17

Ârù roûto yàp tôv ôÀôyow (<irov oùôèv roûr<ov r<<rrrlyo-

peîror. 'Aydpevo5 ôi1 èrri tà npôtrelv û116 te Ë(ec,r5 xai

rreprotôoeôv rrvov pqôè ôv rûprog oùrôs roû p{ roOtov

ë1erv ràv tpôrrov, oùô' ôv ôpoprôverv Ëtr fi rotop0oûv

èrri roîs oûtor5 rrpotropévorg Àéyorto. 'Errei ôè oi te Ënorvor

rci r!6yor, xoÀécerg te r<al trpoi êrrt toî5 ôpoptripc<riv

te xcl rcotop0ôpocrv, ôç roi aùroi Àéyouorv, ôffÀov

ôg &volpoupévtov torirov ôvorpoîr' ôv rcôr<eivcov Ëxootov.

Tà ôè rcoropOoûv êrri tôv Oeôv où xupiurs ôv Àéyorto,

,&ÀÀ' ôs icov rQ tà àyoOè rrorcîv, ei ye èv ots pèv rè

xorop0oûv, èv roûtorg xoi tô ôpoptôverv, ôveniôertov

ôè ôpopqpritrov rè Oeîov. Arà roûro yù.p oùôè ètrorvoû-

pev roùg 0eorig, 8tr. rpeittoug eioiv ii rot' èrrcrivoug rcoi

rù ê{' ols oi ërrq.rvor rotopOtôporo,

35. M1ôè êxeîvov ôè rropoÀirrt'rpev tàv Àôyov Q Ocr.ppoûorv

ôg Eerrvûvor ôuvopévou tôv nporcerpévov rr. Âéyouorv yèp'où yàp ëon pèv roroûr1 { eipoppévq, oùrc ëon ôè nerrpopév1,

(oûôè ëon pèv nenporpévr'1), oùrc ëon ôè oloa, oùEè Ëorr

pèv oloo, oûx ëon ôê vépeors, où6è ëat pèv vépeors,

oùr ëatr ôè v6pog, oùô' ëorl prèv vdpoç, oùô' ëotrv ôè

À6yog ôpOàs r'poor<rKtrxôg pèv ôv torltéov, àrrcyo-

peun.rà5 ôè 6v où norrltéov. 'AÀÀù ôrroyopeûeror pèv

rà ôpoptovôpeva, trpoorôrreror Eè tà xcrropOôporo.

Oùr ôpcr ëctr pèv torcûrr1 ri eipoppévq, oùr ëorr ôè ôpcp-

2 ô| om. 6 ll 3 pz1ôè ôv ci. Donini ex 6 et non est : p1ôevô6VBH ll 5 o[ te V8 0 otite V ll 6 ante xo].cioer6 add. xal Hr4ta'll t s.v. V ll 11 poet &paptéver,v praebct 'èv tor5tcrç' (sic)V quod om. 0 BH ll 13 { Vo 3z II Gi : oû vB ll 16 pt1ôèlg, add. s.v. Vô æapcrtrlæcopev VB : -].e[- EK ll 17 oùx Éotr ôèVB : or)8è Éotr, V8 mg @ BH oùx éorl ES ll 18 où8è éotr g,èvæeæpopr.évz; add. Ba : om. codd. ll 19 oùx VB : où8' GJneque pèv add. s.v. Vo 0 82 : om. VBH ll 20 pr. 8è VE Br :pèv V @ B om. HES p.èv Va Br : ôè V (3, IlIl onr. DS où8'ëotrv ôè V : oùô' éotr 0 ES oùô'éotc uàv VE BI{ oùx lotr 8è Btl l 2s ôèl æ O ct (?).

6767

r5

Page 147: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

207.11-208,2 DU DESTIN 86-86

rectes. Mais s'il y a des fautes et des actions correctes,i l y a vertus et vices, et s' i l y a ceux-ci, i l y a du bonet du mauvais. Or le bon est louable, le mauvais estblâmable. Si donc i l n'y avait pas ce destin, i l n'yaurait ni louable ni blâmable. Mais les actionslouables, méritent récompense tandis que les actionsblâmables méritent châtiment. S'il n'y avait pas cedestin, il n'y aurait ni récompense ni châtiment ;or la récompense est une marque d'estime du mérite,le châtiment est une correction. Mais si cela est,ce qui a été dit, subsistent aussi, toutes choses seproduisant selon le destin, bonnes actions et fautes,récompenses et châtiments, marques d'estime dumérite, louanges et blâmes >.

36. Tout cela, si c'est poussés par quelques causescirconstancielles qu'i ls sont contraints de le dire,i l est juste qu'i l leur soit pardonné; et dans ce casnous n'avons pas à nous occuper de ce qui est professépar eux sous I 'emprise de la nécessité, pas plus qu'euxn'ont à s'occuper de ceux qui professent des doctrinesdifÏérentes - car, pour I 'une et l 'autre des doctrineset pour chacun de ceux qui ont exprimé une opinion,i l y a une cause : la force des circonstances - ; i lne faut pas non plrrs accuser ceux qui soutiennentces thèses de n'avoir en rien contribué à ce qu'i lsprofessent de cette façon, si du moins ni des circons-tances ni de la disposition dans laquelle i l leur arrived'être placés par ces circonstances la cause ne setrouve en eux-mêmes,

Mais, si nous avons liberté de dire quelque chosede moins bien ou quelque chose de mieux, qui doncn'admirerait pas I'arrangement de leur argumentation,parce qu'i l est plein d'enflure et à partir d' idécs admises

68 68 IIEPI EIMAPMENHX 85.86 207,17-208,2

trlpatcr ral xatop0ôpcto. 'AÀÀ' ci ëotrv ôpaptripctc

roi rotop0tipcra, ëotrv ôperi1 rai xori<r, ei Eè toOto,

ëorr rccrÀàv roi ciclpôv. 'AÀÀè tô pèv rccÀàv Êrrarvct6v,

tè ôè ciolpôv rfrerrèv. Orix ôpo ëon pèv torcÛr1 ri eipcrp-

pév1, oùr< ëctr 6è èrorvetôv rcai {ert6v. 'AÀÀù rà pèv

èrrorverè trpfis ëfro, tà ôè rlert& roÀôoeog. Oùr ôpa

Ëon pèv tor.oûr1 { elpoppév1, oùr< ëotr 6ê tpl rai 16Ào-

ors, ôÀÀ' Ëotrv pèv np{ yÊpto5 à$icocts, rj Eè rôÀoorg

ênovdp0roorg. Oùr ôpo Ëon pèv rorcrût1 rl eipoppév1,

oùr ëot (ôè) yéptos ô$ioorç xoi èrrov6p0roor5. Ei ôè

roOto &rrep eipryor, péver rcri rrôvtov yrvopévov r<r0'

eipoppêvqv ratop0ôpotô te rcol ôpcrprripctc rctri trpni

roi roÀôoerg rci yépr.rg &$rôoers xoi ërcrvor roi {6yor'.

86. 'AÀÀà tcûté ye ei pèv Ûcé nvov oititov rteprectdttov

aùroîs oûrog ôvoyrd,lovtcr Àéyerv, cuyyrvtôcxerv arltoîs

d,frov, roi oùôèv ôeî oû0' ripôg nepi tôv rir' êrcelvorv rot'

ôvôyqv Àeyopévrov rroÀurrpoypoveîv, oÛte êr<eivoug rrepi

tôv où;1 ôpoios oûroîs Àey6vtov (êrôotors yùp tôv

Àeyopévr,rv te xol ôo$c{6wov wù (citic) { tôv rteprec-

tôtrov Eûvcprç), rci oùôèv 6cî toùs Àéyovtcg crinôc0crt

oùôèv eis rà oûtros Àéyerv auweÀoûvtcs, ei yc prire tôvTreprcorôtorv pritc rffs ëfetog rcO' fiv ôr'rè tôv teprcotrôrrov

oûnos cùtoîs rrveîaOcr ouppÉB1rev t{v citicv ë;louorv

èv oùroîs.

Ei ôè êtoucicv Ë1opev rci 1eîp6v n roi péÀtrov eircîv,

ris oùrc ôv oùtôv 0oupôoor tilv cÛvOeorv roû À6you

ôs ôv rreprrrilv roi êf ôpoÀoyoupévrov rcoi èvopyôv

108è add. Br S : om. V O BH el, V 0 : où Vt H l l 11 posttaûta add. oùr 88 &ruep elp4tat ES Hackforth : d,tel,p1tcrt Và.qfiprpa:r, Lond. pévet xal Arnim : g.èv elvcrt codrl. (ti p| eÏvarBt l i tg ctt la 0 causa Lond. : om. codd. practer IJr quiadd. port 8ûvapr6 (20) ll 24 èv VE 0 B! : oTn.VBHKES crùtoi6V Bf : crltoîç 0 ea dprir aùdv (sic) B 27 tv raprrdv ego cr6 utiqua superfluam : ôréprttov VBH ncpttr4v (ric) ci. Orolli.

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Page 148: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

208,2.21 DU DESTIN 86 69

et évidentes ? Ils n'ont donc tiré aucun profit deleur long travail concernant les syllogismes. Ainsi,après avoir admis que lc destin se sert de tout cequi cxiste et de tout cc qui se produit fatalementen vue de I 'actualisation sans obstaclc de ses e{Ïetsde la façon dont chacun cxiste ct selon la naturequi lui appartient : d'une piene comme d'une pierre,d'une plante comme d'une plante, d'un animalcomme d'un animal (si c'est comme d'un animal,aussi comme d'un être doué de tendance) par le faitde poser que le destin se sert de I 'animal en tantqu'animal et en même temps en tant qu'être douéde tendance, et parce que les actes qui se produisentd'eux-mêmes par les animaux se produisent selonla tendance des animaux, bien que ces actes découlentaussi des causes, quelles qu'elles soient, de ces circons-tances nécessaires qui sont alors les leurs, pensantqu'en gardanl l 'agir dt's animaux -"clon la tendance,ils gardent égal mcnt, dans un univcrs où tout seproduit fatalt.m, nt, I ' idée que la l iberté est uneréalité, Lrref torrs l, 's raisonnr.rncnts qu'i ls rnettent cnforme, et r n particr' l i , r c, lui que je viens de rapporter,i l mr. semble qu'i ls ne sont persuadés de leur véritéqu'autant qu( , ( n raison dc la longueur et de la multi-plicité des mots, r,t de leur obscur arrangement, i lspenscnt qu'i ls trompr:ront lcurs auditeurs.

Voyons donc ce qui est dit par là, négligeant,quant à nous, pour le moment la plupart des nomsdonnés, sans tenir compte de la Fatalité, et la Destinée,de la Justice distributive, mots dont i ls se servrrntavec les significations qu'i l leur plaît, examinons lesautres termes. I l vaut la peine, cn r:{Tet, d'avoirremarqué la nécessité de cette relation : < S'i l n'y a pasde destin, i l n'y a pas de loi >. Si, cn c{Iet, les événe-ments fatals découlent cles causcs nécessaires quifont pression sur eux, et s' i l est irnpossible à celui qui

69 TIEPI EIMAPMENH> 86 208,2-21

ouvôyouocv ; M1ôèv ôv1vto ôpo rffs zrcpi toùg suÀÀo-

yrcpoùs ào1oÀios pcrpôs. Oépevor yèp rô t{v eipoppÉ-

vrlv 1pffo0cr rrôorv toîs yeyovdor te roi yrvopévor5 ro0'

eipcppévr1v rrpàs tùv ôxôÀutov rôv ritr' oùrfis yrvopé-

varv êvépyercrv oûtrog ôg yéyovev Ëraorov crùtôv roigûoeos ë1er, ÀiOqr pèv ôe Ài0r9, {utQ ôè ôs {utQ, t{qrEè ôs [{rr9, ei ôè ôs lÉ9, *oi (ôs) ôppryrQ, èv tQ tr0évo

rô ypffo0or cùr{v rQ lée ôs l.i,q t. roi ôppltlrQ rci

yivec0cr tà ù{' cùtôv ôrù tôv ({tov yrvdpevc rcotù t{v

tôv !(rrov 6pF iu, êrropÉvov roi toûrr,rv toîs ê$ èvéy-

r1s rreprecrôorv oùtù t6re oitiorg &trvo ôv fr, riyoûpevor

Erù toû rô rc0' ôpplv êvepyeîv rù (Qo tlpeîv êv tQ &rrcwo

yiveo0or rccr0' ei;roppévr1v xcri rô è{' {pîv elvcri n tqpeîv,

rorig te ôÀÀous oûs êprotôcrv À6youg rcri ô{ rci tèv

rrpoerprlp.évov èpoi ôorceî ôs oûr ôÀ10eî rrrareûovres

roooûtov cûrQ Soov ôrù pfixô5 re xcl rrÀff0os ôvo;.rôrov

roi ôcc{fl ariv0earv rropô$erv {yoûpevor toùs èroûovto5.'lôr,rpev ôè rô Àey6pevov r]peîs ôr' oùroû rà noÀÀù tôv

rerpêvov ôvopôtov nopcrrrqoôpevor rô vûv, d1v Eè rtcîpût-

pév1v rci rilv olcov roi rilv vépeorv r1$eÀ6vteg, olg

ôvdpoorv ê{' ôv oûtoîs ôoreî olporvopêvov 1pôvtor,êrri tôv ëÀÀov êfetôocopev. "Afrcv yùp pa0eîv rilv ôvôyrqv

rfis ôroÀou0ios tîs 'où yàp Ëotr pèv rororitl ri eipcp-

pêvr1, oùr ëon Eè vôpo5'. Ei yàp rà pèv yrvôpevo ro0'

eipoppÉv1v Ërretor roîg è$ ôvôyrqs oùtù rrepreorôorv

1 p1ôèv ego : tô g,l ôeîv codd. I d g,r;àèv Arnim ll ôvr2vroci. Àrnim : ôv {v tô V ôv frv tor, (sic) B' ll 7 ôç add. Brunsôpp.rltrxQ Vô B2 : ôppzltr,xl VB 1i 10 toïç ego ex 0 : rôv Vll 11 æepr,eotôoùv ego ex (U : nepleotôtov V alrlorç 0 B :crltlotq V ubi supra o16 scripsit ov Vl airl,<ov H fi arldidi : onr.codd. et 6 æpci.tc1,l ci. Heine toû rô V : toûto (il Àoc IIKESll 18 xcrl tà Trincavelli forsan 0 : tô xal VIIII ll 14 oûc IJ :'oûç' V oûv Lond. secl. Bruns om. GJ I l l l tàv V v supra oguscr. Vr ll 17 r'o,pdlewl æapé(erv E tapd('er,v Lorrd. ll 18 ôt'crùtoû(aù s.v.) V: ôrù toû BH del. Br ^OYIOT (sic) U l l 2g alt .rie om. ES torûr4ç ci. Cas. ll 24 8è 83 : 1ùp V 0 II.

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Page 149: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

208,21-209,15 DU DESTIN 88

agit par tendance d'échapper à ces causes, la cause

qui vierrt de lui-nrôrne éùanl, absolument l iée à ces

derri ières causes, de rnême qu'i l est impossible à la

pierre qu'orr laissc tomber de haut de rte pas être

portéc vcrs le bas, ou à la sphère le long d'une pente

de ne pas rouler si on l 'abandonne sur cette pente,

quelle sera dès lors I 'uti l i té des lois ? De même en

e{Iet que la pierre ne pourra jamais être retenue

d'être portée vers le bas par qui lui dirait qu'il ne

le faut pas, parce que telle est sa nature et qu'en

outre les causes extérieures se trouvent contribuerà ce mouvement. de même aussi aucun d'entre nousne saurait être persuadé par un raisonnement oupar une loi qui prétendrait qu'i l est bon d'agir autre-

ment, à I 'encontre de la nécessité des circonstances.Bn elÏet, nous n'avons rien à gagner à tenir comptedes prescriptions des lois si nous dépendons de causesantécédentes déterminantes dont la tendance doitsubir la contrainte nécessairement. De cette façonserait réduite à néant l 'uti l i té qu'on tire des lois, sidu moins les lois sont impératives de ce qu'i l convientde faire et prohibitives de ce qu'il ne faut pas faire,mais en réalité il ne découle pas de la prescriptiondes lois que nous agissions selon la tendance quandles causes circonstancielles nous meuvent et nousportent nécessairement à quelques autres actions.

Puis donc gue, grâce à ce destin ainsi conçu, estréduite à néant l 'uti l i té qui résulte des lois, les loisaussi seraient supprimées. Quelle est donc I'utilitédes lois si, par le destin, nous est ôtée la l iberté de leurobéir ? En conséquence, de I 'existence d'un tel destinne se conclut point l'existence de la loi. Destin et loisont en elïet des contraires, s'il est vrai que la loicommande les actions qu'i l faut faire et ne pas faire,comme si les actions pouvaient obéir à la loi quiordonne - c'est aussi pourquoi elle punit commecoupables d'une faute ceux qui ne lui obéissent pas,

70 nEPI EIMAPMENHE 80 208,21-209,15

oiriors rci où1 otév te tôv rc0' ôppr\v êvepyoûvrc pil

ôroÀouOeîv roûtors toîs oitiors rilv ciriov tfiv ê$ où-

roû rrévt<og êreivorg cuvcrrdv, ôs oùôè tôv ôrrà ûrloug

ô$e0Évrc Ài0ov pil réto r$ÉpecOor { tilv o$oîpov rotà

toû npcvoûs pi1 ruÀiec0or è{eOeîocrv Kcrl' oùtoû, rig

Ërt lpeio vdpov I 'fls

yùp ô Ài0os oùr< ôv rirrô ro0 ÀÉyovrog

pi1 6eîv xôror $Épeo0or xr,rÀuOei1 lror' ôv rQ <rùrôg te

d1v ,$ûcrv elvor toroûtog tô re ë$o0ev Ë1erv oittr ouvepyà

rrpôg toûro, ofitos oùôè {pôv trç nero0eiq nor' ôv Àéyqr

i ",it g ôÀÀos ô{roOvt rrpérterv n<rpà d1v rôv rreprec-

tôrov ôvôyrqv. Où yùp nÀÉov n r]pîv èr toO ouvrévcr

rôv rpooroccopévov rirrô tôv vdprov Ë;louorv îpoKtrttr-

pepÀ1pévog oitics cts rrepreorrôoor5 ùxoÀouOeîv tùv

ôppi1v ôvôyr<1. Oûtos ôè d,vcrrpoîr' ôv tà êr tôv vdprov

;lpriorpov, ei ye oi pèv v6por lrpo<rroKtr.Koi pév eior tôv

rrorryéorv, ôrroyopeutxoi Eè rôv où rrorryérov, oû;1 ëreror

ôè rff rôv vôprov rrpoot&fe tà xoO' ôppi1v rjpôs êvepyeîv,

Stov tè rrepreorôto cino ê$ àvéyr1s {pôs ên' ËÀÀc

rrvù rrvfi te rci $ép1.'Avorpoupévou ôè Erà t{v rorcûr1v eipoppév1v roû ôrô

rôv vdptov ;1p1oipou, ôvorpoîvr' ôv rcri vripor. Ti yàp

ô{eÀos vdporv o15 rrei0eo0or #1v èlouoiov ûrrà rfls eipcp-

pévqs ô{npripeOc ; Oûr< ôpo rQ torcrût1v elvor rilv eip<rp-

pév1v ërretor rà vôpov elvar. 'Evcvrio yàp eipcrppév1 te roi

vôpog, ei ye ô pèv v6pog rrpoorc.rnrôs ècn rôv rrportéorv

te rcri pr], ôs rôv rportopévov Euv<rpÉvov côrô rrciOeoOor

reÀeriovn (ôrô roi roùs p{ rer0opévous ôs ôpcrprôvovtcs

3 ouvarrtdv ego : ouvdrrov VBH ouvdrtrovrct BiB"uns copulans0 ôc H : ôç ce (sic) V loonep Bz ita ut 6 ll 4 dge0évtd (V demi-csum ci. Gercke : &gévra V ll I oûtoc oùàè Vo @ sic rwquc iouroç 18è (sic) V ll ztor' ôv om. 6 post trdyqr add. tt6 V tlç (sic)H ll 10 &Àf<oc om. II 1l 11 post ipïv add. Èorcn 82 ll 17 npootd[er]npoot&leot @ (?lpreecepta tùl tô BPc H l.lrurrs ll 18 rà s.v. !' ll18-19 èr' d,),Ia trvôl èr' dIÀ' dtrvc I{r ll 21 &vcttpoivt' (alt. vr,v.) V 0 : &vcnpoir' KS ll 26 npattopévov] npcrtt6vtov IIESaùtÇr VE 0 : c'itôv V.

70

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Page 150: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

209,15-31 DU DESTIN 86

tandis qu'elle récompense ceux qui lui obéissenten tant qu ' i ls ont agi correctement - , tandis que ledestin I dit que tous les événements se produisentnécessairement et par des causes immuables, par suite,d'événements qui se produisent par des causesimmuables, on ne peut dire qu'i ls sont des fautes oudes actions correctes. Car si on disait que la loi setrouve aussi dans les causes qui sont rendues néces-saires et antécédentes par le destin, i l serait évidentalors qu'aussi pour ceux qui accomplissent par ten-dance les actes conformcs à la loi sous la pousséede causes circonstancielles, la loi serait nécessitante,tandis qu'elle ne pèserait point sur ceux qui accom-plisscnt des actes qui nc se conforment pas à la loi.Ceux auxquels on pourrait faire ce reproche de ne pasagir selon les lois, i l est tout à fait évident qu'on neles saurait blâmcr. Comment en eflet mériteraient-i lsle blârne ? C'est que la formule 2 < dans les causes cir-constancielles néccs-*itantes auxqucllcs i l est impos-sible qu'échappe la tcndance r n'enferme pas unecause venant des lois, car elle est empêchée par unequelconque nécessité et par le dr:stin. Mais dans ce casil n'y aurait plus de loi ayant des gcns qui lui obéi-raient, si du moins i l faut encore appelcr obéir qued'être entraîné par la nécessité, et des gens qui ne luiobéiraient pas, que quelque nécessité empêcheraitd'obéir. En sorte que serait beaucoup plus exacte,comme raisonnement, la formule suivante : ( S'i ly a un tel destin, i l n'y a pas de loi r. Q1, si la loi estsupprimée, et avec elle les fautcs ct les actions cor-rectes, seraient supprimés aussi, comme eux I 'admet-taient également comme conséquencc conforme à la

t. C'est la < doctrine r du destin qui est ici personnifiée.2. Lo texte a donn6 lieu à diverses corrections.- On a tont6

de maintenir la leçon des meg pour le début.

71 IIEPI EIMAPMENHE 86 209, I 5-31

lrlproî, trpôv toùg nerOopÉvoug ôg rotopOoûvtcg), { ôl

eipoppévq trôvro tà yrv6;.revo ôvoyxoiroS re rol Er'ôpoing

oirios {1ci yivecOor,, tôv 6è Er' ôpoiog yrvopévov oiricg

ori;1 o[6v re tà pèv ôprcpriporc Àéyerv, tà ôè rorop0ôpctcr.

Ei yùp Àéyor trg roi tôv v6pov êv toîg ôvoyroior5 re

xoi rrpoxcrcpepÀ1pévors ritrà tîs elpcppév1s airiors

elvct, ôflÀov ôs roi toîs rrpôooouorv rco0' ôppi1v rù rot'

criràv év toîg rrepreotôcrv oitiorg roi crirôs ëotcll rcrrl-

vcyrcopévog, où rreprctrjoetor ôè toîs rrpôtrouorv rù

pi1 rot' orlt6v. Oi ôè tcûr1v toû pi1 .npôcoerv rù rcotè roùs

v6poug ëlovteg rdv oiriov np6ô1Àov ôs oùr< ôv r|téyorvto.

tlôg yàp ôfror ; Tà yoûv êv roîs rrepreotôcrv rcor' èvôy-

r1v oitior,s ots Fù Ërreo0or t{v ôppi1v où1 ot6v te, oùr

fiv êx rôv véptov oirio, rot' ôvôyx1v trvù xoi eipoppévr1v

rropeîvcr ner<oÀupévq, 'AÀÀù oûrros ye oùô' ôv v6pog

ën eiq Ë;çrov roi nerOopévoug oûrQ, ei y€ Xpù toûtto nei-

Oeo0or Àéyel èf ôvôyr1s êrropévoug, rci toù5 p{ rrer0o-

pévoug rirrô ôvriyrc1s trvà5 ne iOeoOcr rexarÀupÉvoug.

"(lcre noÀù ôv ôÀr;0éctepov eiq ouvrlppévov rà 'ei ëcn

toroût1 eipoppév1, oùr< ëotr v6pog'. 'lAvorpoupévou ôl

v6pou roi oùv oùrQ ôpoptrjpords te rcoi xoropOriporog,

ôvorpoît' ôv, ôs xoi crùroi ôr,à. tffs ôroÀouOics èÀéppo-

8 tôv... .pvopévcov 0 Lond. : rQ... yr,vopéve VBH ll 7 xalom. @ æpdcoouorv Vô @ B : rrpooouow (sic; V ll 7-8 xcrd cùtôvLond. [fruns : xa0' aritoïç VB xar' cr,ùroù€ 6 secund,um ipsosB'H ll 8-9 xar4voryxaop,évoç 6 coadw H : xcr4vorylr.évoç (sic)V eupra (ô scr. o Vr ncr,c4va1g.élo6 (eic) B xorr4vclxcog,év<o6KES ll 10 xat' aùrdv Lond. Bruns : >rat' cùroù6 -V O BH ll12 tô'yoûv codd. : 6tr, 1oûv Lond rére .yoùv ci. Éruns ,lrdyouel ci. Hackforth ll 15 xexor),ug,évq Lond. edd. : xex<o)r.ug.év4vV 0 xexotruprévlç ES -or,6 EaSz ll 16 xal Hyp St : xcrl,rrep V om.@ ante ner0optévouç add. toùç Hackforth rreu0og,évouç HypS3 : 0epévouç Y 6 ponentes rrepr,0epévou6 H aùrQ llruns :aôtôv VB aûcôv dpeam @ Br aùtQ H toût<p H Ilrtrns : toûro (sic)V qui supra o scripsit <,> om. @ rrel,0eo0crr VH : ner0opôvou6(?l @ obedienles ll 19 ouvlpp,évov ego cx (S l- conseqwnsJ :ouv'eù'r1g,ptévov (eic) V ouver,l1p,pévov B.

7l

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Page 151: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

21Q,7-17

raison, vertuI'homme dumable, ct cement.

DU DESTIN 86-37 1.1 TIEPI EIMAPMENHX 86.87 210,1-17

vov rffs rcarà tàv À6yov, û'penl te rol rcxl<r r<ri rà elvar.

ll Èv ôv0pôrror5 oio;1pôv te roi xoÀôv rcoi ètorvetdv te

rcoi rler<tôv xoi rrpffs te rcoi roÀôceor5 Ëfrov.

Oùôèv ôipo pêver toû ùrrô toû perà toooûtr1s ré1v1s

{porrlpévou À6you tcoteorceucropêvou, àrcoÀouOrioer ôè

oûroîs ôp$<rpévors xd.rcoOev èxoÀou0icr ijv Ërreo0c,r Àéyouctv

toîe ôvorpeîv trerpopévors tô è{' ripîv [elvcrr] ôs oùtoi

trlpoûvre9 ôpoÀoyoupÉvos oùrô ôtà roû npoÀopdvrog

ëÀÀors èzrr{Éperv oùtà [tà] pi1 6oxeîv èÀéo0or (toùrà) rci

toî5 ôro$eûye tv {youpévors. Ei yàp p{ eior npct pr1ôè rcoÀé-

cers, oùôè ërrorvor oùEè r!6yot' ei ôè pril tcrûto, oùEè

rcotop0ôpotô re rcoi ôpopr{poto, ei ôè pr\ rcrûtcr, où-

ôè àpeti1 rcoi xoxio, ei ôè pi1 toûtcr, {ooiv, 3t p1ôê 0eoi.'AÀÀù p|v tô rrpôtov, tà pi1 elvor p{te trpàs prite rcoÀ6-

oerg, ëtreror tô rrôvtc yiveoOot ro0'eipoppév1v, ôg ôéôerr-

tol. Tô reÀeuzaîov ôpo, ô ôtorrov roi ôEÛvcrov, ôvor-

peréov, rà rrôvro yiveoOor rco0'eig.oppév1v Q roût' elrreto.

37. "lôropev Eè xoi êrri roût<g À6yov {porlpêvov, ei pl tù9

ôpoics ôvôyrccç ë1er. Âéyer ôè otiros 'Où rrôvto pèv

ëotr rca0' eipoppÉv1v, oùx Ëotr ôè ôr6Àutos rccri ônopep-

trôôrotos { toû r<6opou ôroirlors. Oùôè ëot pèv toûto,

oùx ëol ôè r6opo9, où6è ëotr pèv x6opoç, oùrc eioiv

1 alt. xal s.v. V li 5 xateoxeucrop.évou B Bruns i ,ta'îa- V antehoc verburn add. xal 82 S rng 8à 6 : æ VH ll 6 dp[crpévorçincipientibus 82 : dp[crpévcov VBH ll 7 elval seclusi : om. QJarrte elvar quod servat add. tr. Ârnim ôç \2 @ çelut : rr<,1ç (sio1V rrô6 BH ll 8 post toû add. tô Arnim rcpo).aQ6vtaç V :apoÀcr66vto6 KES rrpola66weç Hackforth rrpôtou ).à66vta6 ci.Ârninr l l I tô VBH seclusi : tô Hyp E Lond to (sic corr. in,rco) S èÀéc0ct conjici : Bleo0ar \ @ habere ÉrreoOat IIyp KEStaùcù addidi : tô codd. om. 0 del H'1p ll 1a tô pti 0lscilicet non 82 I-ID : pl tô VB tô p1àè S ll 16 arrtc tù add.xal B2 ll 76-77 &var4eréov] dvarpeiear. FIIiS dvar,peréov dipa l}l ll18 post xctl add. ràv Ilruns ll 19 oÛtoç Vô (i, H : oÛtoç VIIS' fortasse rccto' Bruns ("pp.) l l 27 ëart. s.v. V pèv toûro ( i lquidem hoc BIL : çr.ev

'toûto' (sic) V.

et vice, et la possibil i té qu'i l y ait chezmal c t du b icn. du louable et du b lâ-qui peut mériter récompcnsc ou châti-

I l ne reste donc rien de ce qui a été établi par I 'argu-m€ntation construite avec tant de métier, et la consé-quence en sera, pour eux, si on la prend par la {in r,

celle qu'ils prétendent découler pour ceux qui s'e{Tor-cent de supprimer la l iberté, comn)e si cux-mêmesconservaient indiscutablemcnt celle-ci, en prenantles devants pour accuser lcs autrcs de ces erreurs,afin de ne pas paraître avoir choisi le même partipour eux-mêmes qui pi:nscnt y échappcr. < Si, r:n e{ïet,i l n'y a ni récompenses ni châtimcrrts, i l n'y a plus nilouanges ni blâmes ; si ces dernicrs n'existcnt pas, i l n'ya plus ni actions correctes ni fautcs ; si cclles-ci n'exis-tent pas, i l n'y a plus ni vrrrtrr ni vice ; et si ces dcrnicrsn'existent pas, disent-i ls, i l n'y a pas même de dieux r.Mais, certes, la première proposition <t i l n'y a nirécompenses ni châtiments )) est déduite du principeque tout se produit par le destin, comme on I 'a montré Iet par conséquent la dernière, qui est absurde etimpossible, doit donc être rejetée, à savoir que toutse produit par le destin, duquel cela découlait.

37. Voyons aussi, outre celle-là, une argumentationproposée pour voir si elle ne comporte pas les mêmesnécessités. Voici ce qu'on nous dit : r Si toutes chosesn'étaient pas selon le destin, I 'organisation du mondene serait pas sans obstacle et sans entraves. Or, sanscela, il n'y aurait pas de monde I s'il n'y avait pas demonde, i l n'y aurait pas de dieux. Mais s' i l y a des

1, Tout lo paragraphe est dillicile. On a corrigé au minimum6n erreyant do restituor la critigue dont Alexandro nous indiquela m6thodo.

I O

r 5

Page 152: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

210,17-2t7,7 DU DESTIN 87

dieux, les dieux sont bons I dans ce cas la vertu existe ;mais si la vertu existe, la sagesse existe ; et dans cecas existe la science de ce qu'i l faut faire et de cequ'i l ne faut pas faire. Mais ce qu'i l faut faire, ce sontIes actions correctes et ce <1u'i l ne faut pas faire cesont les fautes. Si donc tout ne se produit pas selonle destin, i l n'y a ni actions correctes, ni fautes. Maisles actions correctes sont des biens tandis que lesfautes sont des maux ; et les biens doivent être louéstandis que les maux doivent être blâmés. Si donc toutne se produit pas selon le destin, i l n'y a ni acteslouables, ni actes blâmables. Mais s' i l y a louangeset récompenses ? Les actes que nous louons, nous lesrécompensons, tandis que ceux que nous blâmons,nous les punissons. Celui qui récompense honore,celui qui punit corrige. Si donc tout ne se produisaitpas selon le destin, on ne pourrait ni honorer, ni corri-ger )).

Or, ce raisonnement aussi, venu de la même école r,

i l est évident qu'i l pourrait, par les mêmes arguments,être réfuté comme faux. En e{Iet, tout d'abord, onadmettra facilement ceci : ( Si toutes choses n'étaientpas selon le destin, l 'organisation du monde ne seraitpas sans obstacles et sans entraves r, eu égard au faitque certains événements sont nécessaires, d'autrescontingents, et parmi ces derniers, les uns sont con-formes à une nature, les autres à une volonté et àune raison, ou encore à une tendance, ou viennentdu sort ou du hasard: mais toutes les autres causessont supprimées si I 'on admet le destin I car alorsI'organisation du monde ne serait plus sans obstacleset sans entraves. Mais, admis cela et l 'existence dumonde: si le monde existe, i l y a des dieux - quoique

1. C'oet r l'école de lutts r. L'auteur du Traité ilu Sublimc(4, 4) omploie le mot pour désignor l'école socratigue.

7373 IIEPI EIMAPMENH> 8? 2IO,I7-217,7

t o

ôè 0eol. Ei ôê etor geot, eloiv ôycOoi oi 0eo(' &ÀÀè etroOto'

ëctrv ôpetri, ôÀÀ' ei Ëctrv ôpetri, ëott Spdvqors' èÀÀ'

ci toûto, ëottv ri ènrctripl norltÉrov te rct oÛ torltér'rv'

'AÀÀù rrorqréo pÉv êcrr tù xcrtopOôpotc' où rrotltéo ôè

5 rà ôpopttiPoto. Oùr ôpc nôv pèv yivetor rccO'etpoppév1v,

oûr ëotr ôè ôpôpqpo rci rctép0opc' 'AÀÀà tà pèv KoloP-

0ôpcto rcrÀé, tù ôè ôpoprripoto oiolpô' xct tà pèv

roÀù èrrarv:tô, tà ôè roxà rlerrô' Oùr ôpo rrôvtc pêv

èctr xoO' eipoppÉv1v, oùrc ëotr ôè èrrorvetù' xcri rlercté'

'AÀÀ' ei [toûto] eiaiv ëTrcrvor rol r[6yor ; 'AÀÀ' ô pèv êncr-

voûpev t,pôp.n, I Eè r!éyopev roÀôtopev, roi ô pèv

trpôv yepciper, ô ôè roÀôlov êrrovop0oî' Oùrc &po rrévtc

pèr, yi"."o, xoO' eipoppév1v, oùr ëotr ôè yepoiperv rci

èrrovop0oÛv'.t5 Kcri oûtos ô{ ô À'5yo5 ônà rfis oùtffs rra}roiotpoç

ôv ôiÀov ôs ôù tôv oùtôv ôv rleuôds ôv èÀéy;1orto'

Ilpôtov pèv Vàp Ëv rrs cuyloprioere rrpoleipros rQ 'où

rtôwc pév èotr ro0' eipoppÉv1v, oùrc Ëon ôè &rôÀutos

roi à.nopeprrdôrotos f1 roû xô<rpou EloirrlorS' èv tQ

zo yiveoOcr'rù pèv è! èvôyrcr;s, tù ôè èvôe;çopÊvro5' xoi

totitt, tà pèv rotù $Ûorv, rù ôè rotù npooipeoiv te

xoi Àôyov, tà ôè rcrO' ôPptîn, tù ô' ànô tÛ11s te roi

cùtopôrtog. 'Avorpeîtor ôè nôvto tè ôÀ[c ûtô rfis eipop-

rrê"tls. Oùr Ëpo ôrropepnd8totos oùEè àr6Àuros ri toû

", *6opou E@irlor,g pévol' 'AÀÀ' ei roi cuy1topr10eil toÛt6

t *oi rà rôopog elvor rai rdcpou ôwos 0eoÛs' rc{tor

1 et ôé... o[ 0eo[ om' O ll DJ'ù el] d])"&et S toÛto Vô @ àoc

II ' ; (.ili î J;i S;9-.; (àic) ! qui'scripsit.s'v' oeotôe ll 2 Ë91ty

âr* g i"''apt"1 Vo Off : &pc''.V 9p6v4roi6.(sic) V ll 3-tou-ro (sic)

Tï îË't-Jcl[ '0

er 11 8 xirxù] aiolpù ci' Ârni-m ll^19 toÛto

;"if';^liiiï; -";. "6 ou11'opdol-ie. @.concedet Br llruns :

l:yÈEtffi "TTr"îH';lJ.:'"i;iillil"%"'îi;iiïih?'À?lâ[.""'fî"'i"iicavelli oùx dv Diels .Brun-s &napepn6ô,r'oto.çl

tJ,t"os1.""l v ll 26 tel 1e E tô xdopoçl tà x'lopov H tàv

;#;;;"i;;;à. ùviocl êvtài ôi Dierr'

Page 153: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

21t,7-28 DU DESTIN 87

selon É,picure, ceux-ci soient en dehors de celui-là -

et les dieux sont bons. I l s'ensuivrait donc que lavertu appartient aussi aux dieux ; comment, du faitque la vertu des dieux existe, pourrait s'en déduirel 'existence de la sagesse ? Que pourrait ôtre, en e{Tet,la nécessité de cette conséquence ? Car, si I 'on avaitadmis I 'existence de la vertu hurnaine, conclurait-onpour cela qu'i l y a aussi une sagesse ? Puisque aussibien c'est à partir de ce qui a été établi qu'on a concluà I 'existence de la vertu divine, comment dès lorspourrait-on passer par déduction de la vertu des dieuxà la sagesse, qui est vertu humaine ? Il n'est paspossible en e{Ïet de dire que ce sont les mêmes vertusqui appartiennent et aux hommes et aux dieux. Caril n'est pas plus vrai de soutenir que les perfectionset les vertus d'êtres qui di{Ièrent tellement en natureles uns des autres sont les mêmes, que n'ont de valeurrationnelle les propos que ces gens tiennent à leursujet. La sagesse est une vertu humaine, qui est,disent-i ls, la science de ce qu'i l faut faire et de cequ'i l ne faut pas faire. Là en e{fet où i l y a possibil i téde faire ou non quelque chose de ce qu'i l faut faire,la science de ce qu'i l faut faire ou ne pas faire a saplace. Mais si tout se produit par le destin, la connais-sance de ce qu'i l faut faire et ne pas faire sera inuti le.De quelle utilité en elïet pounait être une telle connais-sance pour des êtres qui ne seraient en rien capablesde se prémunir à l 'égard de ce qu'i ls font ? Mais si cettescience n'était d'aucune uti l i té, la sagesse seraitréduite à néant, parce que la conséquence la plusréelle, au cas où le destin existerait, serait qu'i l n'ya point de sagessc. Car d'après le même raisonnementselon lequel la loi serait supprimée si I 'on admettaitle destin, la sagesse aussi serait supprimée ; celle-cisupprimée, i l est évident que seraient suppriméeségalement I 'une après I 'autre les notions qui ont étéadmises comme conséquences de la sagesse.

IIEPI EIMAPMENH> 87 211,7-28

rot' 'Erixoupov êrràg ôvtos cùtoÛs, rci toùs 0eoùs

&yc0oùg elvor, ei1 ôè rai tô ôperilv elvcr toî5 0eoîg

êrrdpevov, nôç rQ d1v tôv Oeôv d,petilv elvor Ërrort' ôv

tô elvar ,$p6vr1orv ; Tis yùp { rffs ôrcoÀou0ios toÛt1s

àvôyxr1 ; Ei pèv yùp fi" eiÀqppévov rô tlv ôv0ptôrrrov

àpetilv elvor, ëtrort' ôv toÛtqr roi ri {p6v1cr9, êrrei ô'

èx rôv rerpévov eiÀrprtcr tô tilv tôv Oeôv ôper{v elvor,

rrôs ôv ët Ërrorto rfi tôv Oeôv àpetff {pév1or5, ôv0pônrov

oûoo àpett] ; Où yàp tàs cùtàs ôpetàs ot6v te Àéyerv

elvor rôv re àvOpôrov rccl tôv 0eôv. OÛte yàp ôÀÀos

ôÀ10ès tà tàs rôv toooûtov ôÀÀriÀtov xctà t{v $Ûorvôreorôtorv tàs oùrùs teÀerdtqtôs te xoi ôperàg Àéyerv,

oû0' oi rrpôs oùtôv nepi oùtôv Àeydpevor À6yor eÛÀoy6v

tr èv oùtoîs ë;1ouorv. 'rÀv0prôrrou ôè { Sp6vlors àpeti1

ff êotrv, 6s $oorv, êrrromipl rrorltérov te r<r.l où rrorl-

téorv. 'Ev ots yùp o16v te rrpo10flv<ri n xoi (pi1) tôv norl-

rérov, êv torltorg { tôv rrorryéorv te xoi où rrorqréorv

êrurtriprl 16pcrv ë1er. 'AÀÀà. pilv rrôvtorv yrvopévrov ro0'

etpoppév1v ôlpqotos ri yvôcrg tôv rrorltéov te roi

pti. Ta yùp ô{eÀos tfis toroÛt1s yvôoeroe toîs p1ôèv

ôv rrpôttouor rfuÀ&fooOor ôuvcpévors ; Ei ôè p1ôèv {

to,ittov èrrrorlpl lprlor.pov, ôvorpoîr' iiv rj ,f p6vrlorg'

ôs elvor tilv ôroÀou0iov ôÀr10eorépov tilv ei ëotrv e[p'crp-

Éu1, t it etvcrr $p6vr1arv. KoO' ôv yàp À6yov ô vôpog

ôvppeîto rerpÉvr1s tfrs eipcppévqs, rotù toûtov ôvcrr-

peOricetclr roi {pôvqors fis ôvcrrpoupév1s ôffÀov ôs noi

tôv ôÀÀtov Ëv Ërcootov ôvorpoît' ôv tôv rotà rilv ôroÀou-

0icv ti1v rrpôs tilv {p6vr1orv nOepévr,rv.

6 el s.v. Vô ll 7 tôv Oeôvl d,v0p6ncov Lond. ll 11 ôltri1lcov om. Hll 13 ante eùtroydv add. otj0' Lond. ll 14 dpec)1 t O BH : d,per4ç$6 (puncta supra 6) V l l 16 tt ] te H pù ego ex 0 non ci.Schwartz : où ci. Valgigl io om. VBH l l 18 plv V8 0 B :p.ù V ll 22-24 ù qp6v4otç... 9p6v1orvl tôv xctd. r|v dxoÀouOtcvçlirv cl Ëotrv d etpcrpptév4 p.l elvar gpdvrlor,v d,Il0eotépcrv H ll95 toùtov @ honc Bt H Brunc : toÙto VB toÛtqp K ll 20 antogp6vr1or6 add { K ll 27 &v om. 0.

74 74

I O

r 5

25

Page 154: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

211,29-212,12 DU DESTIN 8E.80 75l o fIEPI EIMAPMENH'8&89 211,28-272,12

88. "Otr ôè pq8è of èx toû ôerrvûvcr rilv rc0' ôppi1v rivl-

orv roîs ltirorç pévouocy rrôvt<ov yrvopÉvrov ro0'eipoppÉvqv

oôloucrv rà è{' ripîv, ei pi1 BoûÀorrô ns ôrrÀôs tà rirrô

trvog rcrtà ti;v oirei<lv yrvdpevov {Éorv èrr' êrceivo Àéyerv,

ËÀÀo æ <rqporvdp€vov toû ê{' r]pîv eioôyov zropà rà rr€nr<r-

teupÉvov te rci rrpoerÀ1ppévov I {cpev etvor ôrù rô

ë1erv ripôg êfoucicrv tôv êv roîs rrporropêvorg ôwrrer-

pévrov, {0ôver ôrù rôv npdrrov nÀeovôrrs eipflc0oi re

rai 6eôeî10or,. IloporrÀricror. ôè toûtors roi 6oous ëÀÀous

eig cûotocrv toûôe ro0 ôôypcrog Àôyoug rrcrpcti0evtcrr

êrri nÀéov roi pé1pr p1pôtov rilv rop,|leicv ë;1ovres,

ôÀÀ' oùr êr tfls rrpôs rà rrpôyporo rrepi ôv Àéyovtor

cup{arvlcç rilv rricnv Àoppôvovreg.

89. Toûro ûpîv, ô Oerôtotor oùroxpôtopesl rffg 'Aproto-

téÀous ôô$1s nepi re eipoppÊvr;s roi ro0 ê{' r]pîv rot'

êpi1v ô6fcv rà re{ôÀor'o, rcrO' fjv ôofé(owes eis te 0eoùs

eùoep{copev, tà pèv eiôdtes oùroîs 1ôprv ôv0' 6v {0ô-vop€v rirr' oùrôv et rretrov0ôteg, rà ôè oiroûpevor rrcrp'

oùrôv ôs ëvtov rci toû ôoûvor roi toû pi1 rupiarv ' êcô-

pe0o ôè roi rrepi toùe fipîv ôpoious d,p;lovtos eù1ôplotor ftoûto rrpôtrercrr eis flpôs re rcl,i ri nepi xt(t ûpôv oix€ia

trpoaip€ars rpdrtew ûpôs olpéoer roû BeÀdovoç kai

toû nepi rilv xpiorv oùtoû {povtilel rtoroûvrog ô rroreîte,

1 of Oqui : o[ VBH. secl. Bl Bruns ll 5 rcapercd,l<ov H (rapexp.) l l 6-ôrù V 6 proptereo quia: susp. Bruns (app.) l l T lpAC(sic) V ll 10 post æapatl0evtcn vid. add. toûtotg 0 hiis ll 11 êæltÀéov] ênrndlcttov ci. Schwartz, prob. Ilruns (app') xal p$1plpzlprctrcov om. 0 ll 12 dI]" codd' : xa| @ et ll 14 ùp,iv BrH : ûg.eïç VB ùpeï6 qflv @ eos igitur \p.iv ES pèv ùpeiç K ll15 te om. E post elp,crpg.évr1ç add. te E ll 18 Ûzr'ctùr<ov (sic) V ll19 xup{,<ov Br : xup[ou6 VBH 8oûvar xuptor,ç ES 8oûval xuptou6 0 Srfl 20 ôpotouç] ôpo[<oç E ll27-23 ruitto... noreTtel locus corruptusof rù xa).ù npdttouorv (sive toùç tù xald, rrpéttovtaç) et6 {gr.dçolxetç æpocrpéoer toû petrr[ovo6 vid. Ieg. 0 qui ornisir 22-23xcl... noreitè ll 22 crtpéoet] ctpeor,ç ES ll 28 crùtoû V B : crùtôvBr gpovtl(arv (punctum eupra v) V ll 28 rroreite Vô : æoùeitar V.

38. Que donc, en montrant que l,on conserve I 'acti-vité tendancielle des animaux, si tous les événementssont dus au destin, ces gens ne sauvent pas Ia l iberté,à moins qu'on ne veuil le simplement dire que ce quiest accompli par un être en vertu de sa propre natureest au pouvoir de cet être, introduisant une nouvellesignification de la liberté, opposée à celle qui estreçue et qui a été admise jusqu'ici, que nous disonsconsister dans le fait que nous avons l iberté des con-traires dans nos actions, c'est la première conclusionqui s' impose par ce que nous avons souvent dit etdémontré dès le début. Sont tout à fait semblablesà ceux-ci également tous les autres raisonnementsdont ils usent pour établir cette doctrine, bien qu'ilsaient davantage d'élégance jusque dans les teimesmêmes, sans torrtefois recevoir la confirmation deI'accord avec les faits dont i ls parlent.

- 39.^ Tels sont pour vous, très divins empereurs, de ladoctrine d'Aristote concernant Ie destin et la liberté,à

-mon avis, les points principaux. Si nous pensonsselon cette doctrine, nous manifesterons de ia piétéenvers les dieux, tantôt leur sachant gré de ce qu'i lssont allés au-devant de nos v(Eux en nous accordantun bienfait, tantôt en les soll icitant par nos prières,dans la pensée qu'i ls sont rnaîtres de donner ou non r.Nous serons également reconnaissants envers ceuxgur nous gouvernent de semblable façon, faisantce. dont votre préférence personnelle à notre égardf.ait montre aussi que vous le faites par un choixdu. meil leur,^et parce que vous prenez beaucoup desoin pour discerner ce meilleur en faisant ce que

1. Y aurait-il liberté ou caprice chez les dieux ? On ne traitoplus {e doctrino : ici c'est le p-oint de vue.de I'orant. t" p";;i;des dieux est lo paradigme ïu pourroir impérial. On eidresreeux r,mporeurs avec les mots qui valont pourlea dioux (p. t , g).

I O

r 5

Page 155: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

212,72-79 DU DESTIN 89 76 76 IIEPI EIMAPMENH> 39 2t2,12-19

ùÀÀ' où rtporcroftpÀr1pêvorg tloiv clitior5 êlopÉvouç

otg ôvoyrcîov Erreo0cr fi ôv èreîvc Ëyn. Ilowlo6pe0c

ôè rci ôpetQs èrtrpéÀercv ôs ôvtes oùtoi xÛprot roû peÀ-

rious fi ltipoug yevéo0cr ' 1oÛ1ov 1ôp p6vov rÛpr65

trg ôv roi toû pî; rrpôrrerv cùtàg ë1er d1v èfouciov.

Kct tà ôÀÀc 6è 6cc rpôropev xorà tôv piov ôtr p6vog

eùÀôyto5 npé'trcw &v ôorcoîpev, ei rtrtè t{v 'Aprotoré-

Àous ôôfov nepi oùrôv èrroE6oilpev tèe citios' (flv)

ôrù rrcvtôs êterpô0r1v ûpîv rropcctfiocr toO À6you.

7 xandtpoxæra6e6h1p,évorç (sic) VH ll 2 Éæeo0ar] &yeo0arHvo ES ll'3-4 9eÀttouclÊeLtlovoÇ E ll 4 pdv<ov] g.6vov vel g.6vr,rç6'solurn ll 5 dh codd. et 6 <lv Orelli Rruns aùtô6] crritùLond. ll 6 6trl oÛr<o Br ll 8 post dnoôtôol1prev add' ùptiv 6 çobistv eqo ex 6 quom (ec. ô6Eav) : &ç 82 HES Bruns om' V ll Idra [sic) V

-ûpiv (v in ras.] V 0 Lond : lptiv K.

vous faites, mais non pas poussés par des causesantécédentes déterminantes qu'i l serait nécessairede suivre -ori qu'elles puissent conduire. Nous pren-drons également soin de la vertu si nous sommespersuadés que nous sommes maîtres de devenirmeilleurs ou pires. On n'est en efret maître que de cedont on a soi-même aussi l ibcrté de ne pas le faire.Et tout ce que nous faisons tout au long de notrevie, la seule manière de montrer que nous le faisonsraisonnablemcnt, c'est d'en rendre compte selon ladoctrine d'Aristote : doctrine que je me suis ellorcéde vous montrer tout au long de ûlon propos.

Page 156: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

IfI

IT

TNDEX

Note sur la présentation des index :

L'iniles verborum n'est pas exhaustif. Il rcnvoie aux Pagetet lignes du texte grec. Le numéro de la page est suivi d'unovirgule, un point sépare, s'il y a lieu, les nurnéros des lignesd'une même page. On a mis cntre crochets droite des motsqui se lisent dans I'apparat critique, soit parce qu'i!s avaienté1é adoptés par les éditeurs antérieurs, soit parce.qu'ils figurentdans le codèx I/. L'astérisque signale une conjecture, ou larestitution d'un mot de la tradition dans le texte. Pour la préci-sion, on a noié les dcux lignes quand le mot a été coupé en finde ligne (exemple 33, 75'76) ; lorsque la coupure du mot eefai t âu changement de page, on I 'a noté ainsi : 37, 25-38, I(c 'est le seul cas oi r les indicat ions des pages à I ' in tér ieur d 'unerubrique ne sont pas séparées par Ie point et virgule).

L'iniho nnminum est exhaustif. Il mêle les noms de personnee,de divinités et de lieux-

Page 157: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

INDEX VERBORUM

d,

&6tdo'coç, 30, 72.ô6[cotoç, 41, 18.ôyc06ç, 24, 24; 37, | ; 54,

2 l -22 ; 55, 2.4 ; 61, 6 ' .10 ;63, 9.10 ; 67, l0 ; 73, 7 ;74, 2.voir d,p.el,vov, pelrlcuv,xpetrl(ùv.

&yov, 50, 79.&ydvaxté,a, 36, 17.&yarqt6ç, 52, t7 ; 53, 79.dlvoéto, 15, 24 ; 19, 77.22 i

2 0 , t 7 - 1 8 ; 5 6 , 7 7 ; 5 8 , 2 ;6 0 , 9 . 1 1 ; 6 4 , 1 8 ; 6 5 , 8 .êyvoo'5pcvoç 16, l5 ;60,70 i66, 20.

d1vor,cr, 39, 9.dyvorotoç, 79, 10.&.yopd., 7tl, 7.4.8 ; 16, 9.&.yco, 78, l9 ; 24, 16 ; 42,

2 7 ; 6 0 , t 2 ; 6 7 , 2 ; 7 6 , 2 .&yroy f i , 54 ,2 .&y6v, 48, 3.&y<rvt(opr,cu, 61, 70-ll.&ôe).p6q, 61, 23 ; 62, 71.d84Àoç, 75, 13.76.77 ; L6,

2 ' .6 . t3 .19 .23 ; t$ , 6 .71 .app. à nr,or6ç 42, 2,

à}r,xtæ, 71, 2.&ôur<oç, 39, 2',d8o(o6, 28, 20.dôuvcrpr[a, 57, 2.&ôûvcrco6, 78, 14' ; 79, 73

21, 12.13.14 ; 24, 252 6 , 8 ; 2 7 , l i U , l t 760, I i 52, 17 (bis) .18.20

19.23 ;

Page 158: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

80

17, 23.38, 3

; 48, 2063, 42 ; 7 1

1 8 -

3 6 , 7 L . 1 8 .rI0, 77 ; 48,

18 .20q , 2 "

68, 20.

elpp6q, <19, 2.

5 , 1 5 ;14, 6.

43, 26-

INDEX VERBORUM

42,

35 , 78 ;65, 23 ;

., c)

1 8 ;7 5 ;5 .

t t

i t ,7 2 , 6 .27 ; 71,

10 .10; ' 28,1 6 ; 5 9 ,

; 62, 6-7 ;

70, 23.&xpt6êcrepoq, 2, 79'

743,13 .

11, 15.7 , 2 ; 1 3 , 2 4 ;

5 ; [46' 16]

19 (b is ) ., 25, 13.2tl

29,,o

7 2 ;1 0 ;

74,

72,4 ;

7 .

48,

39,

INDEX VERBORUM

48, 72.

r 0 ; 4 6 , 7 ;

+ tô Ptçq

18.19 I 58 ,

d 8 , 1 6 - 1 7 ;

70, t0-

17,47,69,72,

t , 1 0 . 1 3 ( b i e ) . 1 5 .{ l l o n r ù r o ) . 3 6 , 7 4 -

Page 159: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

82 INDEX VERBORUM INDEX VERBORUM 83

a t l , 5 8 ,24.

21, 24 ; 24, 761' 26, l3 ;30, 18.23 ; 31, 20.22 ;32, 3 (b is) ; 33, 5.6.20 ;53, 21 ; 54, 6.

- variét6 parmi lee humains7 2 , 5 ; 5 5 , 3 . 1 0 .

&vOpcorroç èE dvOpôæouytvetat, 9, 2.79 ; 45, 9.

xdxsorov tôv (dcov ôrrdvtcov,541, 23.

xatè n6Àer6 te xal v6p.ouç,62, 2.

&vrôpotl,, 63, 4.&vtcrqp.t, 48, 2.70.77.12 ; 49,

7 .&v61toç, 39, 22.d,v6oroç, 60, 18 ; 61, 23.

dvoorôraroq, 61, 11-12.79-20.

&vtt, 7, 5 ; 4, 74; 51. l0* ;75 , 77 .

dvrr6aiv<,r, 35, 71.cïvtl,xetpal] rb &vexelpevov,

11, 77-72 ; 18, 75.16-77 .20 ;1 9 , 7 . 1 7 . 1 4 ; 2 0 , 4 ; 2 5 ,8 .10 .16 ; 26 , 13-74 ; 39 , I ;50, 2r.25 ; 56, r5 ; 75,7 - 8 .

&vtt\êyo, tll, 1.&vcr,\oyid, 2, 12.dvtr,papopéco, 2, 70 ; 3, 74.&vtnd9et,z, 16, 74-75.&vtvctætro, 4, 10.&v.o, 5<1, 6.&vro0ev, 39, 1'1 .&Eta, 37, 73.&lrÂrarroq, 3, 14.èiltoç, 39, 5.10 ; <IO, 4.9' ;

68 , 6 .16 : 69 , 22 ; 71 , 12 ;.ro e

&Er,ô<o, 1, t' ; 2, 24 ; 25, 24 ;3 8 , 1 7 ; 3 9 , 7 9 . 2 3 ' ; 4 1 ,22 ; 70 , 10 .

&lttlsu, 20, 7.21.23.24 i 27, 6.&ltrocr<, d8, 8.10.13.dnayopeutrx,Sç, 67, 27-22 ; 70,

1 6 .dncyope'i<o, 67, 22 ; L68, 111.&rri}ro, 45, 7.dæarré<o, 28, 12.14 ; 29, | ;

3 < 1 , 7 ; 4 5 , 9 ; 5 2 , 1 8 .

1 0 -

7 .

f2, 6.

67, 12.

53, 20.

43, 14.

ditïère dee animaux.

Page 160: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

84

9.

Tà crùtcfor5orov,

1 5 - 1 6 . 1 8 ;

(b is ) .

53,

; 51, 10.17 i1 6 ; 6 3 , 1 4 ;25 ; 75, 22

INDEX VERBORUM

11.27-22.23.2{ (bir) ; 24,2.10.22-23.24 ; 25,5,9-70 ;31, 12.23 ; 32, 1.4.5.5-6.7 .8 .9 -10 .10 .11 .13 .17 .19 .20 ;34, 4.73-14.

pouÀeutr,x6ç, 2.1, 22.23 ; 2tl,4 .7 ; 32 , 4 ; 65 , l .

po,y\i1, 22, 77.23.25 ; 23, I ;ZtI, 77 ; 25, 9.22.

pov)'qgtd, :14, 9.porlÀog,ar,, 3, 70 ; 11, 8 ; 32,

20* ; 45, 26 ; 57, 4; 62,751' 75, 3.

pprxûc, 44, 20.

7, 18.20 ;

47, 14 ;

1vcôpr,poç, 44, 23-

70, 877, 23

45, 266, 74

20.

17.7 3 ; 6 1 , 2 2 .

74.2 0 ; 5 8 ,q .

INDEX VERBORUM 8 5

17, 27 ; 70, 1 . r , 7

28, 79.

t6 ; ' 13 , 75 ;

5, 141' 6,

7 ; [25, 76) ; 43,

3 1 , 7 5 .

Page 161: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

8 6 INDEX VERBORUM

ëyx).rorç, 48, 18.èyXerpéor, 26, 7-8.è1<ô] gr.or, 7, 3 ; 3, 7 ; 25, 11.

èp.ot, 69, 75.è9t(a, 54, 5.é0oç, 47, 72; 54, 2.4.

ass. à fi0oç, 54, 7.e l ye , 72 ,22 i 11 ,5 ; 119 ,721 ;

20, 19.122).24 ; 27, I ; tl9,23; 57, 20; 63, l9 t ; 67,lO ; 68,21 ; 70, 15.25 ; 71,16.el ôé ye, 42, 16.

clôoç, 5, It. 20.22 ; 26, 78 ;32, 27i.

e[xa, 23, t2; 30, 8.21.

elpcppÉv4, rrepl e[,pr,crpg.év1ç xaltoû è9'lp.iv, -1, 18,xa0'el,pcrpptév4v aBB. à êt

ù t&yx1ç , 2 , 6 ; 21 , 75 ;42, 1.

- ass. à xæc'dv&yxnv, 77,14 .

- elvcn, 10, 27 ; 28, 73.tcrirôv elg.crppévr; xal gûo16,

8, 30 ; 65, 74.elpappr,év4 : alrlæ, 3, 5.

2 5 ; 6 , 2 ; 8 , 2 3 .ædvccr xc0'el,g,cppévz1v 1{,veo

0 u , 2 , 6 ; 3 , 2 5 ; 7 9 , 420, 76; 21, 75 ; 25, l126 ,6 -7 ; 34 , 77 ;42 , 5 .1159, l0 ; 68, 721' 69, 7371 , 2 ; 72 , 75 ;74 , 79 .

æapù rlv el,g.appév4v, 4, 8.ûrrô riç elçr.apprév1ç, 21, 12-

13 .18 .19 .23-2r+ ; 70 , 22-23 ; 71, 76.

tà "ic

elpappévr16 ôpd,pr.a,60. 14.

el. ass. à æpdvola, 62, 13.el,. ass. à vdpoq, 70, 23-24.

24.elp,l, Ëot<o, â, 13.

tè lrvdg.wa xal tù. 6vræ, 4,l 8 ; 1 4 , 2 4 ; 7 f , 2 l ; 1 8 ,22 ; 43 , 26 ; 44 , 18 ; 48 ,23-24; 67 , 16 .

cù leyovdtcr xul 6vru, 57,1 8 - 1 9 .

elvar I y[veo0ar, 741, 26.tù rreplectôtcr ëvra, 35, 9 ;

36, 3.æ&vta rù. dvra êv tQ x6og,qr

'ttePtéaovrq,, 43, 7.cb p\ 6v, 4tI, 2.

elrçov, drortep ell,7'ov, 20, 5.8r,'ôÀ[y<,rv elrraïv, 28, 9.ôrù BpcrXé<ov ehteiv, 44, 20.

e[æote, [63, 18].elpp6ç ass. à rdfrç, 43, 70.

altl<ov e[., 42, 2,78,elpop.crr] elp{pevo6, 7./, 23 ;

14, 18.c I 6 , 3 , 3 ; i 1 3 , 4 ; 5 3 , 1 9 .

116 ô x6opoç, 13, 7.24 ; 49,L

INDEX VERBORUM

æpô6 ëvc oxondv, 33,73,eïç fl 8eûrepoç, 55, 4,8v xal rorùtdv, 48,75,Ëv êxcrotov, 74, 27.

eio&'y<'t, 15, 14 ; 32, 23 ; 13,2 5 ; 5 7 , 2 4 ; f 5 , 5 ,

elozrctqor4, 60, 8.elcd, 58, 25 ; 60, 18.e{coOa, //, 5.êx&.tepoq, 2, l0 ; 42, 2.èxeivoç] fi èxeivcr &yer,,24, 15.

fi ôv èxeîva &g, 76, 2.ëx04otç, 60, 77.èxxpoÛo, 10, 10-77.éx).er,Qrç, 145, 137.éxor5otoç] tà êxoûolov, 30, 9.

1 1 . 1 3 . 1 5 .où tarltàv rà êxoûor.ov xal

rù ê9''[pïv, 30, Ll.éxouol,c,r6, 30, 75.ëxtactç, 6, 18 ; 17, 18.èxtfO1pr,, 44, 5 ; 60, 6.16.êxttx6q, 144, 71.èxt6q, 7tl, 1.èxtgérr<o, 55, 74.ê).dtrov, 40, 10.Ë).eyXo6, lU, 23 ; 45, 7 ; 56,

10 .è).éy1o, 22, 73 ; 25, 72 ; 56,

7 l i 73 , 76 .è).eû0epo6 ass. à aùte(oûoroç,

38 , 9 .23 .tà èleûOepov, 56, 6.

ëItrer{rç, 45, 73'.èÀrrf,(<r, 13,70.è\rctq, 14, 12.èp.pévco, 13, 6 ; 38, 7.êg.r).é:tco, 48,21.èptzroô|,(<o, 9, 74. 77-78 ; 110,

2 4 1 ; 2 7 , 4 .èptc68zoq, 62, 7.èpr.æo8ôv, 7, l.ëprrpoo0ev, 41, 26.Ëp.tlu1o6, 26, 16.17.èvJ èv alr lç elvar, 36, 11.18.

èv ê[ouo[,ç elvur,, 62, 72.25.êv èna.tvorç... Èv rl,,6yor,ç elvar,

36, 25.tv rfi ôppfl clvcrr, 30, 5 ;

31 , 13 .

Page 162: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

88 INDEX VERBORUM

18, 2.6.8.

18.20 ; 8 , 5.6 ; 45,

26.2 1 , 5 .

; 55, 16.

t 7 .67, 2.

18 ; 36, 77 ; 42,

43, 15 ;

INDEX VBRBORUM

èæ[8el[r,6, 2, 18.èærDentrxdç { gén., f9,

5 5 , 3 ; 6 3 , 7 3 .èær8[,ô<opr, 72, 7 ; 64, 2.èærxalé<o, 25, 24.èrvr,).éyco, I f ,5.èærpé).ercr, 10, 17; 52,

7 6 , 3 .ènr,æÀi;ttco, 38, 75.ènto'r1e, 55, 7 .ênr.ot-fpr.1, <19, 22 ; 74, 22,

è. : ù rôv rrpôt<ov alclov1vôor.ç, 19, 23.

è. rror.lcéov ce xal oô nolrl-té<,rv : gpdv1ocq, 73, 3 ;74, 75.18.

êær.oûvôeorç, 48, 7 ; 49, lg.êært1ôeu6r16, 52, 24.èrcurr,pr,d<o, 36, 4 ; 38, 15 ; ill,

72.ènntprlor,ç, 36, 6.èær:uvyadvo, 77, 9.èær4&vew, 37, 9.ènr4avêordcoq, 63, 23.ènpÉgo, 72, 9.èntaer,pêa, 26, 7.Éæopr,ar,, 77, 25 ; 22, 5 ; 24,

3 .7 .8 .74 ; 28 , 24 i 32 , 2 i33, 9.7L ; 416, 77 ; t I | , 8.76.29.23-241' 57, 161' 62,77-18 ; 66, l ' ; 69, 10.25;70, 76.24 ; 71, 13.17 ; 72,6 . [11 ] .15 ; 74 , 3 (b is ) .6 .876, 1 .2 .

ëpyov, 40, 27 ; 67, 3 ; 62, 7.L 4 ;- r i6 gûoecoq,9, 18.- côv dv0p<ôæcov, 241, 76.

Ëp1oplar èn[ * acc., 36, ! ;37, 5.

èp<,rrd<'r, 64, 6-8; 69, 74.èpcorfpr.evoç \6yoç, 72, 5.18.

èo9tto, 62, 11.ëo1crtov, 49, 79-20.ërepoç, 8, 10 ; 18, 7.75 26,

7 6 : 4 3 , 7 3 . 1 7 .ér , 14 , 7 ; 15 , 2h ; 16 , 18 ;

3 6 , 1 1 . 2 1 . 2 4 ( b i e ) ; J 7 , 1 2 ;4 1 , 1 9 : 4 6 , 1 1 ; 5 1 , l l ; 6 2 ,4 .14 ; 56 , 24 ; 65 , 23 ; 86 ,

t ;

8 ;

Page 163: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

90 INDEX VERBORUM

16-17.

28, t7 ; 36,

4 q .

78 ,72.

10,

75 ; 60,

INDEX VERBORUM

3.

I

IIII

0

0dvaro6, 10,27.0appéc,r, 1, 17 ; 50, 18 ; 67,

1 5 .Oaup.É(to, tI8, 4 ; 52, 5 ; 68,

25.0avp.a.cr6q, 4O, 7 .Oeioe, ôr0,e:o6 'Apr.ocoré116, 5,

tô 0eîov, -1, 71 ; 57'2l ; 67, 72.

tù 0eïcr, 9' 6.8 ; 48,24 : , 62 , 3 .

tè Oeiov oi'>1td, 48, l7'd Oeia gÛorç, 52' 6.

0er6tepoç, 53, 15.8et6"curoÇ, 75, 74.

Oep.é).roç, 47, 4.5.0 e 6 ç , 5 , 2 6 ' ; 7 0 , 7 2 ; 6 0 , 7 4 i

61 , 2 .15 .ô lé toc 0e66 êo t t ,4141,76 .ïeo t . ' 10 , 12 ; 37 , 8 .9 .12 '

15 ; 41 , 14 ; 52 , 76 .22 .24; 57, 12.15.18.79 ; 60,19 ; 61 , 5 .8 ; 63 , 5 ; 67 '9 . 1 3 ; 7 2 , 1 3 ; 1 3 , 1 ( t e r ) ;74 , 1 .2 .3 .

i tôv Oeôv æP6Yvcoorç, 57,1 5 .

2o' ; :1676 ; 50,

12.

16.18 (b is ) .5 ; 47, 72.

larp6ç, 10, 12 i 75,23 ; 6t l , l .tôroç, 15, 7L ; Zt l , 16 ; 30,

1 8 .lôr,<ir4ç, f2, 9.

opp. I gù,6ooso6, l?, l7'opp. à vopoïêr4ç, 39, 4.

l tpôç, 63, 16.iep6ç, 7, 9.lxev6s, 3, 20 ; 10, 70 i ltl,

1 6 ; 2 5 , 1 8 i 2 6 , 4 ; 3 8 , 6 ;t l1, 6 ; 48, 24; 62, 22.lxcv<irtepo6, 50, 74'75.

[xevôç, 3, 6; 41, 7 ; 62, 23.tvd, :15, 20,27.l ,ræoç, 9, 2 i 14, 17 ; 39, 19 ;

45 , 10 (b is ) .tooe, 8, 76 ; 31, 20 ; 67, 70.

ên'Ior1ç, 42, t ; 44' 70'tl,êætor1ç, 52, 76.

lofltu;t, 78, 4.la;r[c, 34, 7O ; 35, 3.4.lécoç, 30, I i 33, 14 ; tl0, 12 ;

50, 17.79 ; 51' 7.

xaÛd,r'ep,50, 4.xa0é(opcrr,, 18, 4.xa0'8xcrota, 63,77.xa06l,ou, 58, 79.xctOopoloyé<o, f, 5.xc06oov, 5f, 9.xa06ç, 5, 2.

Page 164: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

g2

1 8 ; 6 9 ,

1 7 , 1 ; 3 5 , 2 3 i

8 .

22 ; 52 ,

1, 72; 16, 76) ; 45,

INDEX VBRI]ORUM INDEX VBRBORUM

14, 7 .

toû xdoprou,

*ô'

1 6 .

L

93

27,43,

1 ù ,

68 ,

46, 17'

23, 19 ;

Page 165: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

94

;i, 1[:' lovrxQ, 30, le ;

loyrxf oulxar&îeotç, 31. 11.loyrxil ôppf, 64, 24 lbis).a rs , à ô l , rou6, 52 , 4 . '- à. (cotr,x6ç et voep6ç, 43,

- à zrpaxtr,x6ç, 66, l.Loyr,xôç, 66, 6.Ào1ropr.66, 7, 73.77.

q,lrta &Àn),ocd81).o6 dv0pozc{vqp

l l lyô, '15,73; i6, o- i .).6y^oç l ' rat io 6 ), 12, 15 ;

22 , 7 .74 ; 23 , lS : 27 . tB ir io 6 ), 12, 75 :2 3 , ! 3 ; 2 7 , 7 3 'ro', i!.: 3l: ïd.;i';'iî,

l3.2rt ; 75, 70.

tr

payyorvelcr, 16, 78.pcrlvog,crr, 65, 8,11.p,cxap[(<,r, 52, 12.1rr:xaprot6ç, 63, 10.

( : s e r m o 6 ) , 2 , I 5 . I 7 ;6 , - 7 ; 1 7 , 2 6 ; 1 6 , l ;1-9,, 77 ; 35,

'25 i J8',

8 . 1 3 . 2 2 ; 4 3 , 5 ; 4 4 , 8 ;{ , 7 - ; 46 , 13 ; 64 , '19 i68! 26 ; 69, 74; 76, 9' .

xatri rùv ).6yov t' xolù,rfv gûorv, 6, 23; 8, 7,

xatù ).6yov ass. à xatùxptaw, 30, 13.

aes. à æpoc.[peo4, 73, 22.ass. à gpdvqor.ç, 35, ZB.pa.vqoja Xorpl6 tdyou, J4, 8.or,d, ^ôyou te xai, ou),Ào_

ylopr.oû, 34, 71.o[ Zdv<,rvoç À6yol, ,50. 13.ôp0ùç ),6yo6, 67, 21.161o6 ilpcor4pêvoç, 72, 5.18.léYo6 : x?nûÇ, 30, 25.

),orz6ç, 8, 28.)tol6q, iI9, 78.lûpc, 8, 18.hior, 50, 3.13.

44,64,72,

t 41 61 4

, q

217 ;

50,69,74,

231 8t 5

49,66,73,

INDEX VERBORUM

te xal

INDEX VERBORUM

vcgya4tq , ^20 , 8 .10 . t2 .7J . I r t ;.27 , 1 .6 .8 (b is ) .

vépeorç, 67, 19; 69, 20.véga, 7, 27.v é o ç , 3 8 , i 8 .

ve<ôrepoç, 49, 12.verio, 2, 18.voep6ç, 43, g.vo1.roOeté<u, 15, I.14.vopo9erfiç, 39, 4.u 6 * 3 c , 9 , 2 ; 5 4 , 2 ; 6 2 , 2 ;

9i, .2.0 (bis) ;6e, 24 : 7b, {.12;!4.1:r . !7.? I (bis). zz. is ;71, 74.15.20.21 ; 74, 24'.vooÉcr , -15 , 16 ; 52 , 10 . [11 ] .t6ooç, 70, I ; 15, 17.vûv,.18-, 75 ; 33, lB ; 66, ih ;62, 25 ; 6J, 1.vv l , 48 , 2 .14 .20 .

(lpcrtvor, 146, LJl.lq96ç, 4,5, 2:t.

Page 166: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

96

70,36,52,

INDEX VERBORU]II INDEX VERBORUM 97

55,

39,

20.22.23 ; 65, 3.5.6 ; 69,I0-L2 ; 70, 1.77 ; 71, 7 i73 , 22 ; 75 , 7 .

Io'ytxf ôppd, 64, 24 (bisl.ôpprqrtx66, 37, 1.8; 69, 7.8.ôpûooco, 13, 77-78,19 , 16,

8 .10 .6oo61 6oot , 3 , 9 .24 ; 6 , 18 ;

2 4 , 7 2 ; 5 2 , 7 ; 5 5 , 9 ; 7 5 ,9 ; 7 6 , 6 .6oov èn[ * dat. 11, 781'

22, 14 ; 341, 23,toooûsov 6oov, 69, 76.xa06oov, 5-1, 9.

6orcep, 39, 7 ; 52, 76 i 63, 6.ïouç , 77 , 27 ; 37 , 12- 60 ,

1 7 ; 6 9 , 1 1 .8.cav, 77, 5 ; 73, I ; 74, 7.12 i

1 5 , 7 6 ; 2 7 , 6 ; t M , 2 0 ;6 5 , 2 i 7 0 , 7 8 .

6re, 62, 25.ôre g.év ... 8ê, 32, 2 ; ô pr,év ...

8é .. . ôé, 43, 73114.h t p i1 , 19 , 74 ; 39 , 19 ; 48 '

20.où pi '1v, 6, 19 ; l , 12 ; 9, 15-

76 ; 10, l0 ; 30, 10.14-75 i49 , 4 .77 ; 52 , 221. 58 , 2 l ;65, 6.23 ; 66, 4.

oùàocpôç, 57, 24.o ù 8 é t e p o ç , 5 5 , 3 .oùxécr , 3 , 78 ; 8 , 26 ; 15 ,23 i

20 , 70 ;22 , 73 ; 28 , 6 ; 32 ,2.11.74 ; 7tI , 72 ; t l9, 14 ;5 1 , L 5 ; 5 2 , 1 2 1 , 6 3 , 6 i 6 6 ,1 5 .

oùxoûv, 65, 15.oia|a, 46, 78 ; 53, 76.

où. eipr.appév1ç, 45, 6.oût66 1e, 3, 16.

tov:'t, 2, 3.rout6 rot, 56, 9.

o(traç, 53, 77'.ôpetlco, J5, 9.10.16 ; 41, 15 i

42 , 24 ; 46 , 18 .tà ôgeù.6plevo.v, 7tl, 3.8 i 76,

6 . 8 . 1 0 .ôge),oç, 22, 23 ; 10, 22 ; 74

20.

Page 167: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

98

1 6 .23.

24, t3 ; 25,

77 ; 69, 19-

4 .

INDEX VERBORUM INDEX VERBORUM

a ç -

77 ,

10.18 ; 55,

10 , 25 ; 35 , 14 ; 63 ,

1 '

. 6 .,8 ;

25,46,

r7 -18.

20.22 ; 70.7 3 , 3 ( b t u ) .

15 (b ia ) .15-(b ia ) . 19 .

9T

3 3 , 8 ; J 9 , 1 8 ;

20... 39, 73... 76,

1 9 .

74,

25.1 9 ;

totoûtoç y[veo0ar,

1 6 ; 6 0 , 2 7 ..).)

Page 168: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

100 INDEX VERBORUM

trpoôtÀn6, 24, 77.rp6erg,r, 6, 26 ; 42, 76 ; 63, 3.t!poeinov, 56, 7.npoép1opr .a t , 74 , 2 .3 .9 ; 16 ,

9 . 1 0 ; 1 7 , 1 4 .rrpo11éopar] æpo11oûpr,evoç, -l-1,

24 ; 13, 8 ; 7tI, 4.20.24 :16, 17.24 ; 17, 79 ; 21, 23 ;47, 11.24-25.

npoqyoug.évcoç, 7, 20 ; 21,24.25.

rg60eo4, 6, 15.rpo\eop.ta, 9, 20.tc1o9eogê.a, <13, 7.npo0ûpro6. .trz, 21.æpototag.ar, 2, I ; 63, 22'.npoxcrtcr6d,).).<,r, 38, 3 | tI7, 5.

æpoxaca6e6Àr7;.révo6, 2, 8 ;3, 9-10 ; 8, 24-25 ; 7i l ,25-26 ; 18, 78 ; 21, 78-19 ; 23 , 76 ; 25 , 17 ; 37 ,70.74. 20 ; 70, 72-13 ;7 1 , 6 ; 7 6 , 1 .

rcpoxatapxttxôc, tl4, 6.tpdxerçrar,] ,c6 tpoxetp.evov, 2,

1 9 ; 3 , 3 ; 4 , 7 l ; 6 , 7 3 ;7 , 2 ; 1 4 , 9 . L 7 ; 2 5 , 7 ; 3 3 ,7 9 ; t 1 3 , 6 ; 5 6 , 2 ; 6 7 , 1 6 .

tpoxp[vor, 241, 77.npo).açr.6dvco, 16, 13.[16] ; 25,

75 ; 57 , 23 ' ;72 , I ; 75 , 6 .rcpolé1<,r, 12, 27 ; 14, 16.22-

23.27 ; 16, 1.22 ; 20, 4 ;2 3 , 8 ; 2 6 , 4 ; 3 2 , 2 5 ; 3 6 ,20 ; 42, 7-8 ; 48, 79 ; 53,7 ; 56 , 7 .11 .72 ; 58 , 16 .1 8 . 1 9 ; 5 9 , 5 ; 6 3 , 4 ; 6 9 ,7 5 .

ztp6Àz7rlrq, 3, 7.20 ; 22, 13 ;2 8 , 7 7 ; 5 0 , 7 ; 6 0 , 1 9 - 2 0 .

npdvora, 37, 8.72-13 ; 46, 7 ;52, 9.10 i 61, 75 ; 62, 1.3-7 4 .

npo(evéo, 36, 26; 46, 13.zrp6o8oç, 11, 9.npooiùor, 56, l7 ; 5f, 8.rrpooge[,].co] rà æpoo get].6çr,evov,

14 , 5 .rrp6rta).cn, 36, 19.

g é n . , 3 , 1 ; 1 3 , 5 ;

157,

7 2 ;

12.

53 , 22 ;

l ; 6 5 , 1 0 .55, 7g ;

67 , l 5 ; 62 , 241 , 66 , 22 ;71, L2 ; 71, 3.8.rôq où, 8,76 ; 79, 16 ; 25,

74 ; 37, 4.20 ; 45, 7 ;4 7 , 2 3 ; 4 9 , 1 7 ; 5 t 1 , 2 2 ;5 5 , 9 ; 5 9 , 1 3 ; 6 1 , 2 ; 6 4 ,1 8 ; 6 5 , L

zrp6pp4or6, 56, 23 ; 57, 8.

INDEX VERBORUM

Page 169: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

r02

7 6 ; < 1 5 ,

INDEX VERBORUM

27 (b is ) ;

12.73 ;

60,

75,25,17 .

16,17.20.23 ; 74, 1.1975, 8t 76, 1.13.21.2226, l l ; 47, 20; 66 ' 1473, 22.

56, 6,

74,76,39,

18.24 ;6.10.15.

I

@cÉtvoÉctt, 22, I ; 23, l3 ; 31,' 1 (b is ) .4 (b is ) .6 .9 ; 31 , 5 .'1

; 50, 79.

INDEX VERBORUM 103

Page 170: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

104

23 ; 74, t t ,6.8,

52, t2.

8,22-26,39,46,

o o .

69,

i0oc... dv0p6rrov,(Hérac l i t c ) .to , t l

INDEX VERBORUM

toÛ ôuvaæÛ g'3otç, 20, 1.f1 tôv zcpcr1p,d,..oùv g. 47, 22-

23.p1ôèv g.ciqv ûrà t!ç 9r5oe<oç

yLvec9ur., 24, 3.c[ 9ûoer.ç Ltepar., 26, 16.

gureûcù, t17,73 ;59, 21 (Euri-pide ).

guc6v, 45, 19.q , S t o , 4 , 7 ; 2 6 , 6 ; 2 7 , 8 ;

45, 76 ; 52, 22; 53, 5.6 9 [ç , 59 , 27 (Eur ip ide) .

gc'rv\ + ftp&lu;q., 417, 22.

t t

66, 73

inï. 43, \

43, 6 ; 59,70, 15.21 ;

INDEX VERBORUM 105

16 .3 5 , 1 9 .

20, 25 ;42, 4.9 ;

tf61oç, 36, 25 ; 50, 22; 51,3 i 5 3 , 1 4 ; 5 < 1 , 1 ; 6 5 , 2 t ;67, 6 ; ?2, 17 ; 73, 20.

,luyfi, 10, 13.{uxp6q, 18, 1.Ùu1p6t4q, 77, 27.

dr, 75, 14.6p.6ç, 39, 22.6v voir eiprr.ô,gu, 40, 7*.ôpropév<o6, 55, 24.ôç, f gén. absolu, i I , 12 ;

15, 17.20 ; 30, 2.3 ; 45, 3 ;47, 4; 57, 741, 59, 17 ; 65,13 ; 66 , 15 .

ôoaûcor6, 49, 9.{ôorcep, 9, 23 ; 77, 73

9 1 t l3 , 16 ' , 44 , l '6 . 2 6 ; t I ô , 6 ; 5 2 , 38 .10 ; 55 , 5 .19 ; 56 ,62 , 141, 63 , 3 .(rotep ehov, 20, 5.

6tote, 70, 1 ; 18, 79 ; 23, 2328, t ; 29, 19 ; 37, 2L32, 73 ; t l?, 15 ; 47, 7849, 7.5 ; 54, 14; 57, 7858, 13 ; 77, 19.

36,45,53,

17 :.

Page 171: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

*-.b'.-.-.k"

INDEX NOMINUM

'A1apég,v<,rv, 36, 77.

Al0[or.l.r, 55, 7.'Alé[avôpoç

ô 'Agpoôr,or ,eû6,a reçu des bienfaits desEmpercurs dæa0ov 1, 5 ; oseuser de < liberté r à l'ésarddes dédicataires è0cipoqàa,t,1 l ; désigné comme respon-sable de l'enseignement d'Aris-tote zçpototdpo L, 2, I ; réfuteraceux qui parlent autrementæot{6og.crù, 2, 14 ; juge hono-rable d'êtrc questionné dfr6co,2, 24; dislingue q nécessaire ret ( contraint r ).é1or, 17, 17:,renvoie à un jugement anté-rieur (19,16) eïrov, 20, 5 iestime avoir correctement dé-montré ol1p"u,, 20, 5 ; s'estefforcé d'exposer la thèsed'Aristote èæerpd.Oqv, 62, 23 ile pronom de la premièrepersonne renvoie à Alexandre1 , 3 ; 3 , 7 ; e x p r i m e s o nopinion sur I 'argumentat iongu'il critique 69, 15.'41é{av8poç,

ô IIptd,pr,ou J6,t 5 .17 .'ItvdÇayâpuç, 3, 12.'Awtovl,-vo6, 1, 4.'Andllcov, N, 22 ; 61, 25.'Àprototétr4ç, 1, 77 ; 2, l4 ;

5 , 2 ; 6 , 7 l ; 75 , 14-15 ;76, 7 -8.

'Aox).21ær66, 63,21.'Arper!ç, 62, 71.'Atpeûç, 62, 77.'Agpoùloleûç, -2, 1.'EÀévq, 36, 72.'EæÉxoupoç, 61, 74 i 14, 7.Z{1vav, 50, 73.Z6m;poq, 11, 74.78.

@uéot46, 62, 70."Io0pr.to6, 48, 2.5'.Ktra(og,évuo6, .3, 12.Kop[,v0ro6, 60, 8.Iuitoq, 59, 19 ; 60, 5.6.9.15 ;

6 7 , 1 0 .Mevé),,ao6, 36, 16.Ol8[nouç, 60, 5.'Olûg,nra, 48, 3.fleptæutoç : ol, &æô roû

fleprrc&tou, 77, 22.II6).u6oç, 60, 8.flp[apr,o6, 36, 77.IIûOuoç, 59, 20 ; 61, 70.20 ;

63, 20.Xe6ipo6, -/ , 3.Ioxpdr4ç, 11, 14.17 (bie ) ;

47, 2.E<'rgpovloxoç, 47, 7.3.Od} 'c rp rç , 39 ,22 .

Page 172: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

*1 i r . " - . r , , . .1 ; ru . - , ._ - - . . , - . . , , ,_ _ - , , - ,

TABLE DES MATIÈRES

fxrnooucrrox

Chapitre I : Vie et ceuvres d'Alexandre d'Aphro_dise . .A. - Élements d'une biographie.

1. La dédicace du De fato. . .2. Les maîtres d'Alexandre.3. Les sources arabes et leur portée.4. Alexandre professeur.

B. - Les æuvres d'Alexandre d'Aphrodise . .1 . Nos sources d ' in format io" . . . . .2 . L e s c o m m e n t a i r e s . . . . . .3. Les æuvres personnelles.

C. - Problèmes posés par le texte1. La question des sources2. Destin et nécessité.3. Unité du texte.4. La signification de Ia question du destin.

Chapi t re I I : Le De fato ad. Imperatores. . . . . . . , .A. - Authenticité et date. .

l. Authenticité du De fato.2. Date et composition du De fato...

B, * Intentions et structure de l,ouvrage. .. . xr,ur1 . L a f i n a l i t é d u D e f a t o . . . . . . . . . . L x x r x2. Structure de I'ouvrage xc

C I

( : I X

c x v

C X X I T

C h a p i t r a I I I : L a t r a d i t i o n d u t e x r o d u I ) e f a t o . .A . - Le tex to g rec . ( ;x x v r

V I I

V I I

V I I I

XXXI I

X L I X

LI I

L I I I

LXI I

Page 173: Alexandre D'Aphrodise - Traité du Destin

110 TÀBLE DES MÀTIÈRES

B. - La vergion lat ine médiévale.. . cxxvrrC. - La tradit ion indirecte. cxxrx

Chapitre V : Éditions et traductions du De fato. cxxxvr

Chapitre VI : La présente édition. cxr.

Stemma cxlrr

B r e r , r o c n . l p n l E . . . .

Auteurs anciens. cxlrrrDocuments, -articles, auteurs modernes cxlvrtr

Table des sigles . rx

Trx re ET TRÀDUcrroN. . . 1 -76

rNDEx . 77

Index verborum .. 79

Index nominum. . . I07

T. l ,n r , r ons ur r rÈnEs. . . . 109