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8/13/2019 A.doz - Poslude Sur Descarte http://slidepdf.com/reader/full/adoz-poslude-sur-descarte 1/12 POSTLUDE SUR DESCARTES Author(s): André Doz Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 186, No. 1, D'HOMÈRE A PLOTIN (JANVIER-MARS 1996), pp. 133-143 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41097607 . Accessed: 01/10/2013 21:25 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp  . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].  . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger. http://www.jstor.org This content downloaded from 186.125.44.154 on Tue, 1 Oct 2013 21:25:24 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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POSTLUDE SUR DESCARTES

Author(s): André DozSource: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 186, No. 1, D'HOMÈRE A PLOTIN(JANVIER-MARS 1996), pp. 133-143Published by: Presses Universitaires de France

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POSTLUDE SUR DESCARTES

A la suitede la publicationde mesQuatreÉtudes brèvesur Des-cartes n 19841,plusieurs ecteursont bienvoulu, répondant l'in-vitationque j'y avais exprimée,me fairepartde leursobservationsou

questions.En rassemblant mes

réponseset

quelquesautres

réflexions,e me propose d'apporterune nouvelle contributionl'interprétation exacte» de la penséede Descartes.

Concernantma première tude (Réalité etfaçond'être),on medemande de clarifierncore, i possible, 'explicationque j'ai don-née de la phrasede Descartes « Or, afinqu'une idée contienne netelle réalitéobjectiveplutôt qu'une autre,elledoit sans doute avoirde cela quelque cause,dans laquelle il se rencontre u moinsautantde réalitéformelle ue cette dée contientde réalitéobjective. 2Jene pourraimieux le faire,me semble-t-il,u'en reprenant 'un des

exemplesde Descartes,celui de l'idée d'une pierre.Supposons que la pierre,dont j'ai l'idée, existe. La cause del'idée de la pierredoitavoir au moins autant de réalitéformelle uela pierre.

Supposons que la pierren'existe pas. La cause de l'idée de lapierre oitavoir au moins autantde réalitéformelle u'en aurait apierre i elle existait.

Mais certains ecteursne parviennent as à comprendre ue lesperfections espectivesdes modes d'être objectifet formel le pre-

1. Les Études hilosophiques,984, 3,p. 321-335.2. AT, X, p. 32-33 VII, p. 47.

Revue hilosophique,° 1/1996

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mier étant de loin plus imparfait ue le second) n'entrent n riendans la réalité elle-même que le mode d'être n'est pas un facteurde la réalité.En vérité, 'est qu'ils persistent comprendrea réa-lité objective comme si elle était une sorte, inférieure, e réalitéformelle.

Certes, perfection peut êtresynonyme e « réalité , et c'estplus d'une fois e cas dans la TroisièmeMéditation.Mais toutes es« perfections ne sontpas de même ordre.Ainsi l se peut que, toutse passant dans l'ordrede l'êtreformel, ne cause ait exactement e

même degréde réalité que l'effet c'est là le minimum xigiblenéanmoins,Descartes dit bien quelque part que la cause en tantque cause a une dignitéde cause (dignitas ausae) et,par comparai-son, l'effet une indignitéd'effet indignitaseffectus) la traduc-tionde Clerselier it« dignitéd'être cause» et « imperfection'êtreeffet*. Cette différence e dignitéou de perfection 'entrepas enligne de compte lorsqu'il s'agit d'estimer es «réalités ou perfec-tions respectives e la cause et de l'effet ce sont deux dimensionsdé perfection otalementdifférentes,on du même ordre.Et lors-que la cause est de l'ordre de l'êtreformel t l'effetde l'ordre de

l'êtreobjectif, ' « indignité , 1' « imperfection de l'effet e cons-titue elle-même elon une modalité particulière, t, si l'on veut,aggravée,mais cela n'entrepas davantage dans la lignede comptede la réalité.

Usons de quelques analogies. Supposons que des pièces d'or sereflètent ans un miroir. e mode d'être de ces « piècesen modedereflet , si l'on peut dire,est de beaucoup moinsparfaitque celuides piècesréelles mais leurforme,eurgrandeur,eur couleur ontles mêmes et pour qu'il y ait troispiècesd'or en modede reflet,lfautqu'il y ait au moinstroispièces d'or réelles il peut avoir des

piècesréellesqui ne se reflètent as). Or certains aisonnent ommesi les piècesenmodede reflet taientencoredes piècesréelles,mais,par exemple,des pièces d'argentdoré et l'on imagine lorsque, surun plateau d'une balance on mettrades pièces d'or, et sur l'autretrois pièces d'argent; il ne faut pas, pense-t-on, ue la balancepenchedu côté des piècesd'argent or la masse volumiquede l'ar-gent est inférieure celle de l'or; il suffiradonc qu'il y ait surl'autreplateau, disons,deux piècesd'or (qu'on veuille bienme don-ner icencede ne pas respectere rapportexact des massesvolumi-

ques ).Mais

l'analogiede la balance

est,sous cette forme, ber-

1. Quatrièmeséponses, T, X, p. 187 VII, p. 242.

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Postlude urDescartes 135

rante les piècesen mode de reflet e se mettentpas sur le plateaud'une balance, et leur imperfectione refletsn'a rien à voir avecl'imperfectionui estcelle de l'argentrelativement l'orquant à lamassevolumique.

Ce qu'il ne faut amais perdrede vue, c'est que l'idée, en tantqu'elle est «comme l'image d'une chose», est véritablement neprésence, n un entendement, e la chosemême dont elle se donnecommeétantl'image,que d'ailleurscette hose xiste u non horsdel'entendementcar,si cette chosen'existepas, sa réalité à savoir, a

réalitéqui serait a sienne i elle existait)est présente minemmenten une autre chose qui, elle,existe et peut produiredans un enten-dement a présencede la chosequi n'existepas1.

En toutcela, ce qui n'estpas aisé à comprendreusqu'au bout,c'est,sans doute,d'une part a notion de réalité,d'autrepart 'ana-logie de l'idée et de l'image mais essayer de l'expliquer seraitentrer ans le domaine de la « signification rofonde . Je n'excluspas d'y venirun jour,mais ce seraittrop ongpourun postlude.

Les pointssuivantsconcernentma troisièmeEtude (Par rap-port notre erception)

On medemande si e ne suispas allé un peu vite en considérant(certes avec l'appui de Descartes lui-même) la premièreet ladeuxièmepreuvedel'existencede Dieu dans la TroisièmeMéditationcommeformant nseulbloc,que j'opposais à la preuve prioride laCinquièmeMéditation.J'enconviensvolontiers si 'ai procédéde lasorte, 'estbienpourallerplusvite,et aussi pourn'avoirpas à faireétatd'unenouvelle aisonde désaccord vec Gueroult, arelle-mêmedepeud'intérêt.Mais 'y viensmaintenant.

De cette secondepreuve,Gueroult ffirmeu'elle est condition-néepar la première (...) parce que l'un de ses principes ondamen-taux estqu'aucune faculténe peut être en moisans que je puisseenavoir la connaissance. Ce principe mplique que je ne puis être ensoi autre que je me connais,et que de la connaissance à l'être laconséquenceest bonne.Or cettepropositionn'est valable que si jesais que Dieu existe et qu'il ne peutme tromper, e que démontre

1. Jenepeuxdiscuterci e très ntéressantrticle 'AlexandreMatheron,« Descartes,e principe e causalité t la réalité bjectivedes idées , in Scep-ticisme texégèse, es Cahiersde Fontenay,1995.Je remarqueraieulement

que l'auteur st conduit parler e la réalité 'une réalitécf.p. 141),ce qui,àmesyeux,traduitune confusion on peut toujoursremplacer réalité par« perfection, mais 'inversen'estpas vrai,et,si l'on peut parlerde la « per-fection 'une réalité , et donc de la « perfection'une perfection , on nepeut parlerde la « réalitéd'une réalité .

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la première reuve *. Or, que Dieu ne puisseme tromper, 'est ceque Descartesne tirequ'à la fin de la TroisièmeMéditation, prèsl'exposé de la seconde preuve. L'ordre des raisons,mis en avantavec tant d'éclat, n'est guèrerespecté CertesDescartes auraitpu,s'il l'avait voulu, affirmera véracité divinetout de suite après lapremièrepreuve; mais il ne Va pas fait, et cela prouve que lasecondepreuven'en a pas besoin.

Je m'étonne,en revanche, qu'aucun lecteurne m'ait signaléune autre simplification ue j'ai faite et qui se rattache à un

point plus intéressant.J'ai, en effet,mputé à Gueroult a thèseselon laquelle, même après le cogito,a garantiedivine est néces-saire non seulementaux déductionsassez longues pour empêcherqu'on ait l'évidence simultanéede tous les chaînons,mais aussiaux évidences actuelles2.La réalité est un peu plus compliquée,sans d'ailleurs que cela change rien à l'essentiel du problème,comme on le verra.

En effet,quelques pages après celles où Gueroult tente derésoudre sa manière a questiondu prétendu cerclecartésien ,le lecteurdécouvrequ'un certainnombred'axiomes (qualifiéskan-

tiennement 'à priori) sont« soustraits u doutemétaphysique 3que ces « éléments priori sont plus nombreuxdans la seconde

preuveque dans la première,mais tout de même,donc,présents ncelle-ci4;et l'on comprend,plusieurspages encoreplus loin, que« les propositions our penser l faut être,e néantn9apointdepro-priété, out unecause, ly a au moins utantde réalité ans la cause

que dans l'effet,tc.», ont une évidence « invulnérableau MalinGénie,puisque par elles aucune existencen'est affirmée5. Il fau-drait donc dire que selon Gueroultce ne sont pas toutes es évi-

dencesactuellesquisont

suspectéesd'être

privéesde « valeur

objec-tive» (comme il tient à le dire, toujours kantiennement),maisseulementcelles qui prétendentnous procurer a connaissancede

quelque chose qui existe6.Et de la sorte on pourraitsans doute

interprétera notedes Nouvelles éflexionsù Gueroult se soutenir

que Descartes,en affirmantue le méditant st certainde nepas se

tromper propos des axiomes parce qu'il y portetout son atten-tion,n'auraitpas répondu orrectement l'objectiondu cerclefaite

1. Descarteselon 'ordre esraisons, , p. 265.

2. Quatre tudes...,p. 329.3. Op. cù., I, p. 266.4. Ibid.5. Op. cit.,p. 274-272 cf. l, p. 79-80.6. Cf.Descartes, rincipes...,, art. 10 Gueroult,p. cit., I, p. 79-80.

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par Burman1 ces axiomes devraientbien, selon Gueroult,êtrejugés indubitablespar Descartes,mais non pour la raisonalléguéepar celui-ci. Mais en fait la suite de la note, comme les pages duDescartes uxquelles e faisaisallusion, aisse penserque la positionde Gueroult n'était pas, sur ce point, fermement rrêtée. Peuimporte u demeurant, uisque de toutefaçon l est inadmissible ene pas s'en tenir la réponsede Descartes.

Tout cela nouspermet e mieuxcomprendre ne desprincipaleserreurs e Gueroultqui, bien au-delà de l'emploi,certesregrettable

mais par lui-même ans gravité,d'un vocabulairekantien,kantia-nise effectivementa problématiquede Descartes. Les axiomesontologiques, ors mêmequ'ils ne nous procurentpas la connais-sance de quelque chose qui existe,n'en concernentpas moins ladimensionmême de l'être,de la rei veritas. i le problèmekantiende la « valeurobjectivedes représentations se pose, il se pose aussibienpour es axiomesontologiques ue pour n'importe uels autresjugements. Et si les axiomes ontologiques sont «soustraits audoute métaphysique»,toutes es autres évidences actuelles e sontaussi et le problèmekantienne se pose pas.

Concernant récisémenta validité des évidences ctuellesaprèsle cogito, n me faitpartde quelques hésitations.J'ai écrit « Tantque je perçois (percipio) clairement t distinctement,a "valeurobjective" - si l'on tient vraiment cette locution- de ce que jeperçoisainsi n'est plus en question,sinon celle du cogito t de maconnaissancede moi-même ommechosepensante e serait ussi,cequi ne se peut.»2On m'objecteque Descartesécrit, ncore u débutde la TroisièmeMéditation « Dans cettepremière onnaissance àsavoir que je suis une chose qui pense, il ne se rencontre ien

qu'une claireet distincteperceptionde ce que je connais laquellede vrai ne seraitpas suffisante ourm'assurer u'elle estvraie,s'ilpouvait jamais arriver u'une chose que je concevrais insi claire-ment et distinctement e trouvâtfausse et partantil me sembleque déjà je puis établirpour règlegénérale,que toutes les chosesque nous concevons fort clairement et fort distinctement onttoutesvraies. 3Or,medit-on, es lignes laquelle de vrai... se trou-vât fausse montrent u'une menacepèse encore sur a perceptionclaire et distincte.Mais non Ce texteest précisément elui que jerésumais dans le passage cité Ces lignesde Descartes n'exposent

1. Nouvelleséflexions...,. 44 cf.mesQuatre tudes...,p. 331.2. Op. cit.,p. 332.3. AT, X, p. 27 VII, p. 35.

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rien d'autre qu'un très simple raisonnement ar l'absurde si laperceptionclaire et distincte n'était pas digne de confiance, aconnaissanceque j'ai de moi-mêmene seraitpas certaine or cettedernière onnaissance est certaine donc il est faux que la percep-tion claireet distinctene soitpas dignede confiance.

Mais allant plus loin,et comme à l'appui de son interprétationdes lignes«laquelle de vrai... se trouvâtfausse», mon correspon-dant me faitremarquer u'à proposde la règle généraleDescartesdit seulement il me semble... (videor). En effet n peut ici poser

à Descartes a mêmequestion que Burman à proposd'un autrepas-sage, où figurea locution videre idemur Sed curvidemur, ubita-tionis ignum « Mais pourquoi "nous paraissons", qui est signededoute ?»x

Remarquons d'abord que videri n'implique pas toujours lecaractèredu douteux.Ainsi Descartesdit,dans la TroisièmeMédi-tation,que je conçois moi-même t une pierrecomme des chosesfort ifférentesertes,mais qui in ratione arnen ubstantiae identurconvenire,toutefois (elles) semblent conveniren ce qu'elles sontdes substances 2 (la traduction elles semblent affaiblit 'ailleurs

la valeurpositivedu mot).Et lorsqu'il répond Burman,Descartesne reprendpas le mot «doute»; il admet cependant que viderilaisse ouverte a possibilité ue quelqu'un nie ce qui nous apparaît,en l'occurrence,e faitque nous« voyons ; etpourtant, joute- -il,dans le cas présent, e videre e résoutdans le videri,de sortequecela suffit notredémonstration.

Il resteque, de soi, videricomportebien une atténuationparrapport , par exemple,patere, ui dirait 'évidenceà laquelle per-sonne ne peut se soustraire sauf à vouloir,par un coup de tête,

refuser'évidencepour affirmeron librearbitre, e qui, notons-leau passage, est tout autre chose que de douteret suspendresonjugement)3.Comment xpliquercette atténuation

Avant de répondre, rrêtons-nousncoreun instant sur le mot« règle . Parlerde règle, 'est direque la proposition tout ce quenous concevons, tc.» n'est pas envisagée pourelle-même t quantà sa visée théorique,mais en fonction e Yusage qui pourraen êtrefait à propos d'autres propositionsqu'il s'agira d'assumer ou derejeter et c'est en raison de cet usage qu'il y a lieu de parlerde la

généralité e la règle.En touterigueur l fautdistinguera proposi-

1. EntretienvecBurman, 1,éd. J.-M.Beyssade,p. 104-105.2. AT,VII, p. 44 IX, p. 20.3. Lettre Mesland, février645,AT, V, p. 173.

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tion en questionen tant que conclusionmplicite u raisonnementpar l'absurde et cette même propositionformuléeexplicitementcomme une règle, e dirais même transformée n règle.Or, un rai-sonnement ar l'absurde ne donne pas la raison ou la cause de lavalidité de sa conclusion.La généralitéde la règle est donc enquelque sorteaccrochée à la particularité u cogito partirduquella règle été établie en l'absence de l'actualité de celui-ci,ma per-suasion concernanta règlepeutêtrebattue en brèchepar les argu-mentsde celuique j'appelle l'avocat du diable c'est exactement a

situationqui va être décrite une page plus loin («Toutes les foisque... Et au contraire outes es foisque... »). Aussi serais-je mpru-dent si, muni que je suis présentement e la règle générale, ecroyaisêtre définitivementiré d'affaire.Et ainsi s'explique aisé-ment a légère tténuation ue comportee mot videor mais notonsbien encoreque cette atténuation n'affecte n rien la validité duraisonnement ar l'absurdeet de sa conclusion mplicite, aisonne-mentet conclusion ui précèdent'établissement e la règlegénéraleproprement ite; et que l'hypothèse«s'il pouvait jamais arriverqu'une choseque je concevrais insi clairement t distinctemente

trouvât fausse appartient ntièrement u raisonnement ar l'ab-surde et n'est nullementune annonce des phases défavorablesdel'alternance ui va peu aprèsse présenter.

Faut-ilajouter que ce qui est ditdans le Discours de la méthode,à savoir que nous ne sommes assurés de cette règle que par leconnaissancede Dieu1, ne présente pas de difficulté lus redou-table ? Faut-ilrappelerque l'explicationen est entièrement onnéepar DescartesdansYEntretienvecBurman « Si en effet ous igno-rionsque toute vérité vient de Dieu, pour clairesque fussentnos

idées,nous ne saurionspas qu'elles sont vraies et qu'elles ne noustrompent as, cela bien sûrlorsque nous ne nous tournerions asverselles et quand nous nous souviendrions eulementde les avoirclairement t distinctementerçues.Autrement, n effet,même sinousignorons ue Dieu existe mais quand nous nous tournons erselles,nous ne pouvonspas en douter; sans quoi nous serionsdansl'incapacitéde démontrer'existencede Dieu »2?

Mais revenonsaux Méditations.Dans les pages que je viensd'évoquer, j'ai soutenu qu'il s'agit d'une alternance entre deuxtypesde considération e poids égal etnonpas, comme 'a cru Gue-

roult,d'une différencee niveaux entreun plan « psychologique

1. AT,VI, p. 38-39.2. Op. eu.,p. 146.

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et un plan métaphysique upérieur.Mais n'y aurait-ilpas un indiceen faveurde l'existence d'un plan « psychologique ? Toutes lesfois,dit Descartes,que je me tourne vers les choses mêmesque jejuge percevoir lairement t distinctement,je suis tellement er-suadé par elles que je me laisse emporter cesparoles (ut sponteerumpamn has voces) Me trompequi pourra,etc.»* n'est-cepaslà le langage de quelqu'un qui est entraînépar une forcequ'il nemaîtrise as, force ui exprimeraita naturede sonesprit, ujet queserait celui-ci à la «fascination de l'évidence», cela même que

dépasse le plan métaphysique Or il ne fautpas tirerde ces lignesune conclusion excessive. L'alternance des considérationsne vacertespas sans m'affecterles mots«je me laisse emporter»tradui-sent à la fois une impatiencebien compréhensible evant l'insis-tance de l'avocat du diable, et une confiance n moi quelque peuexcessivedès lorsque je penseêtre définitivementiréd'affaire.

On me demande enfinune précision ur ce que j'ai énoncé audébut de mon Étude en posant la question « La garantiede lavéracitédivineest-elle, elonDescartes,nécessaire ...) aussi,mêmeaprès le cogito, ux évidences actuelles (...)?>>2 On sait que ma

réponseest négative; mais on me demande ce qu'il en est, selonmoi, avant le cogito, t commente comprends e que déclareDes-cartes dans les SecondesRéponses proposdes évidencestrèssim-ples « Nous n'en pouvons jamais douter. 3 Cela ne vaut-ilqu'après le cogito u déjà avant celui-ci

Remarquons pour commencer ue cette question n'entrepastout à fait dans mon sujet. Je vois chez Descartesmoinsde doute,après e cogito,ue beaucoup d'interprètes,ont Gueroult à suppo-serqu'avant le cogito'en voie encore rop,monargumentation ré-cédenten'en serait

pasmiseen

danger.Toutefois e ne peux laisser

la questionsans réponse.Tout d'abord remarquons que je ne peux que m'interdire

l'échappatoireque pourrait ffrira positionde Gueroult nrappor-tant le «nous n'en pouvons jamais douter» au plan «psycholo-gique» jugé inférieuru plan « métaphysique . Mais remarquonsaussi à quoi Gueroultest conduitconcernant a PremièreMédita-tion à savoir,que les douteshyperboliques, ontraires la naturede notre esprit,sontfeintset distinctsdu doute véritable4.Mais

1. AT, X, p. 28 VII, p. 36.2. Op. cit.,p. 329.3. AT, X, p. 114 VII, p. 145-146.4. Op. eu., I, p. 42.

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peut-onfeindre e douter, 'agissantde feindre ses propresyeux?Cela n'a guèrede sens. De fait,on n'en finirait as de citer es pas-sages où Gueroultvoit le doute métaphysiquefonctionnerommeun doute réel et véritable et s'il n'étaittel,ses effets ourraient-ilsêtrece qu'ils sont ? Sur sa réalité, n tout cas, Descarteslui-mêmene laisse aucun doute « La méditationque je fishier m'a remplil'espritde tant de doutes, qu'il n'est plus en ma puissance de lesoublier. l II faut ci dissiperune confusion lefeindre ortesur lesraisons de douter,mais ces raisons produisentun doute réel et

véritable.Il serait tentantde penserque la formule e Descartes «nousn'en pouvons jamais douter» ne doive pas s'entendre en touterigueur,mais comme sous-entendant « après la SecondeMédita-tion . En effet,u début de ce passage, Descartes dit « Mais d'au-tant que je remarque ci que vous vous arrêtezencoreaux doutesque j'ai proposésdans ma PremièreMéditation, t que je pensaisavoir levés assez exactement dans les suivantes, 'expliquerai iciderechefe fondementur equel il me sembleque toute a certitudehumaine peut être appuyée.»2 Reste que la formule usdite ne

semblepas admettre 'atténuation. Et de fait,Descartes,au débutdu passage, ne dit pas tant « Relisez les Méditations uivantesque : « Je viens vous rejoindre à où vous êtes.» L'interprétationstricte araîtbien (videtur...)s'imposer.Mais comment oncilier e«nous n'en pouvons amais douter» et ce doute universel ui est,nous l'avons vu, réel et véritable

Il faut ici tirerparti de la précieusecontribution 'AnthonyKenny3.Relisonsquelques passages de la PremièreMéditation.Labonté de Dieu ne semblepas devoirexclure que je metrompe ou-jours»4 « d'autant moinspuissantsera l'auteurqu'ils attribuent

mon origine, 'autant plus sera-t-il robable que je suis tellementimparfait ue je metrompe oujours»5 «je suis contraint 'avouerque de toutes les opinions que j'avais autrefoisreçues en macréancepourvéritables, l n'yen a pas unede laquelle je ne puissemaintenantdouter 6. Avec A. Kenny il faut souligner a note de

1. AT, X, p. 13 VII, p. 18.¿. AT, X, p. 115; Vil, p. 144 (remarquons n passant1usage du mot

videtur,ilme semble ).

á. Descartes A study ) hisphilosophy,968,p. 172-199, t «The carte-sianspiral , Revue nternationaleephilosophie,983,n°146,p. 247-256.4. AT, X, p. 16 VII, p. 21 (c'estévidemmentmoiqui souligne).5. AT, X, p. 17 VI, p. 21 (ibid.).o. loia.

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généralité ui s'attache à toutes ces formules: es opinions sontenvisagéesen général,obliquement, t non pas une à une et direc-tement; les évidencesne me sont plus présentes,e me souviensseulementd'avoir eu des perceptionsqui se donnaientpour évi-dences. En revanche,présentement,'ai une raison de douterdemanièregénéraleet indifférenciéevoilà constitué e doute,réeletvéritable. Autre chose est de pouvoir dire à certainsmoments« Tout ce que je crois amais trouver vident est en faitdouteux»,autre chose seraitde pouvoirdire « Cela, que je reconnaismainte-

nant commeévident, st douteux.»*Mais alors où est la différencevec la situationd'alternancedécritedans la TroisièmeMéditationuste après l'établissement ela règle générale C'est que, disposantde la règle générale, e suisdéjà en mesurede répondre quelque chose à l'avocat du diable« Me trompequi pourra... ; certes, e ne suis pas en mesurede lefaire taire définitivement,ar je ne connais pas la raison qui faitque la perception claire et distincte est tout à fait digne deconfiance, t il en profitera ès qu'il le pourra; mais c'est assezpour que je puisse, à partird'une évidence présente,progresser

quelque peu, et ce peu va se révélerdécisifpuisque je vais très vitedémontrer'existence de Dieu. Tandis qu'à l'étape de la PremièreMéditation, ommedit Descartes«je n'ai rienà répondre 2,et celasuffit ourmeparalyser je me barremoi-même'accès à ces chosestrès implesdont« nousne pouvons amais douter», e faisen sortequ'elles soientpourmoi commesi elles n'étaientpas.

Il me faut nsister ncore sur ce rôle du temps,si constammentméconnude tous ceux qui restentpersuadés qu'il existe un vraiproblèmedu « cerclecartésien . Jusqu'à l'établissement e la véra-cité divine, dit-on, «la lumière naturelle est disqualifiée», «les

mathématiques lles-mêmes ontdouteuses , etc. Qu'est-ceque ceprésent « estdisqualifiée , « sontdouteuses ... ? Le méditant 'en-tendcommeunprésentdurable,mais c'estpendantun certain emps

1. A. Kennycomprometuelque peu la distinctionapitale qu'il a faite,lorsqu'il a retraduitndistinguantne certitude psychologique d'une cer-titude« métaphysique ; la locution certitude sychologique est pourlemoinsambiguë,de mêmeque la locution douteimplicite ; cettedernièrepeut aisserpenser ue l'implicite ourrait 'explicitermais l ne le peut pas,et A. Kennyen convient or qu'est-cequ'un implicite ui ne peut s'explici-

ter? Il faudrait ireque le doutegénéral eprésenteommeoncernantmpli-citementespropositionsarticulièresvidentesdemême elles-ciont enséesêtre mplicitementontenues ansla proposition énérale les perceptionsedonnant ourévidentes ontdouteuses .

2. AT, X, p. 17 VII, p. 21.

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qu'il en juge ainsi; et certes,pendant ce temps, c'est pour desérieusesraisons; mais lorsqu'il n'est plus tournévers ces raisonsmais vers l'indubitable, e jugementen questiontombe,et le pré-sent durable visé est entraînédans sa chute et si maintenant parimpossible) e méditant 'y cramponnait, 'est alorsqu'il pécheraitcontre a saine méthode. Malheureusement lus d'un commenta-teur, ujourd'hui, s'y cramponne, ensant qu'il s'agit d'un «droit»auquel s'opposerait e «fait» du cogito u d'une quelconque évi-denceactuelle.

Aucune observationne m'ayant été faite sur la distinction ueje proposais entre évidencecomplèteet évidence incomplète,quiconstituaitpourtant a pointede ma troisièmeÉtude, je ne peuxprésentementien direde plus à ce sujet.

André Doz.