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DESTINATION LE FRONT

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DESTINATION LE FRONT

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Paul Van HeesVelde MicHelangelo Van MeertenPaul Pastiels Bart Van der Herten

LES CHEMINS DE FER EN BELGIQUE PENDANT

LA GRANDE GUERRE

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Bart Van der Herten

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LE RAIL EN BELGIQUE 1835-1913

Introduction

Belgique 1835 : première nation industrielle sur le continent, mais une économie encore perfectible

Politique des transports pendant la période 1830-1914

Les chemins de fer comme moteur du développement industriel belge

Première phase : la construction du réseau central de chemins de fer (1835-1843)

Deuxième phase : la poursuite du développement du réseau ferroviaire par les sociétés privées

Troisième phase : nationalisation et formation d’un monopole d’État

Avant-propos Introduction

CONTENU

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CHEMINS DE FER ET OPÉRATIONS DE GUERRE. UN MARIAGE DE RAISON ?

ENTRE REMISE EN ÉTAT ET RÉNOVATION : LES CHEMINS DE FER APRÈS LA GRANDE GUERRE

La reconstruction Les Allemands paieront les pots cassés Une aventure ferroviaire belgo-française en Rhénanie et dans le bassin de la Ruhr

Les chemins de fer comme stabilisateurs de l’économie nationale

Bibliographie et sources

Introduction

1835-1870 : un faux départ ?

La Commission civile et militaire des transports

Transports de mobilisation et guerre de mouvement : août-novembre 1914

Guerre de positions et transports de troupes au front

Les chemins de fer belges à l’ armée de campagne et sur le pied de guerre international

Une mini-diaspora : le personnel cheminot en zone alliée

« La navigation fluviale est à l’ arrêt, les trains aussi. » Les chemins de fer en Belgique occupée La Belgique libérée

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AVANT-PROPOS

Au cours de la Première Guerre mondiale, les chemins de fer ont constitué un enjeu majeur des combats. Pour la première fois, le train est ainsi employé dans un conflit armé à grande échelle, aussi bien par les Alliés que par les Allemands.

Un siècle après le début de la Grande Guerre, le moment est à présent venu de jeter un regard apaisé sur les années parmi les plus sombres de notre histoire et sur le rôle joué par le train dans les combats.

Le mérite de “Destination le Front” est de participer à cet indispen-sable travail de mémoire qui permet de découvrir un pan entier de l’histoire de la Belgique: celui des chemins de fer durant la Première Guerre mondiale. Ce travail d’analyse se trouve encore renforcé par la riche iconographie – quelque 100 photos et cartes postales d’époque – qui nous permet de saisir par l’image la place de premier plan du transport ferroviaire durant la Grande Guerre. Des photos récentes montrent également les traces laissées dans le paysage par les che-mins de fer et par la guerre. Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, les chemins de fer consti-tuent la plus grande entreprise de Belgique avec 80 000 travailleurs. Cette guerre fera plus de 2 100 victimes dans les rangs des cheminots.

Les dégâts causés par la guerre sont énormes: sur les 4 300 km de ligne, 1 500 km sont détruits ou inutilisables, presque 400 ponts sont en ruine et les plus grandes gares de triage, hors services. Quant aux 1 450 gares et points d’ arrêt, 593 sont inaccessibles. Il ne subsiste plus que 1 700 des 4 370 locomotives, tandis que le nombre de voitures est tombé de 8 129 à 1 068 et celui des wagons a chuté de 94 700 à 33 300.

Au nom de la SNCB et de son personnel, je tiens à remercier les au-teurs pour les recherches effectuées dans le cadre de l’élaboration de ce livre.

Je souhaite au lecteur de ce livre une découverte passionnante d’un chapitre peu connu de l’histoire de la Belgique.

Jo Cornu Administrateur délégué de la SNCB

p. 2 La locomotive 122 de la Société des Chemins de fer de la Flandre Occidentale stationnera à Kaaskerke pendant toute la durée du conflit. Le pont sert de poste d’observation. Voir aussi les photos en pages 79 et 140. (Bruxelles, collection P. Pastiels)

Les Allemands ont abandonné d’importants stocks à Anvers. La population affamée les pille allègrement, novembre 1918. (Bruxelles, collection P. Pastiels)

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La Grande Guerre constitue la clé de voûte d’un long processus au cours duquel les conflits deviennent, sur une échelle industrielle, le théâtre d’ affrontements de plus en plus massifs. La violence explose, les moyens pour s’entretuer se multiplient, de nouvelles techniques sèment la mort et la désolation. Soldats et civils meurent par cen-taines de milliers.

L’effort logistique pour transporter hommes et moyens, nécessaires à la conduite de cette guerre, représente un aspect oublié. La mobilisa-tion de l’ armée belge, le déplacement des troupes et le ravitaillement des combattants nuisent au fonctionnement du système ferroviaire. Le moyen de transport qui au XIXe siècle fut loué comme un superbe instrument de rapprochement des peuples et un facteur de paix en Europe, tout en contribuant au progrès social et économique, devient indispensable au ravitaillement de la guerre de positions.

Le présent ouvrage aborde pour la première fois l’utilisation des chemins de fer en Belgique de part et d’ autre du front. Nous ne nous contenterons pas de restituer l’histoire officielle du chemin de fer. Nous approfondirons également le rôle que le transport ferroviaire joue dans la vie de tous les jours, le vécu des cheminots exilés en France, comment l’horizon de la population civile se rétrécit à la suite des restrictions de déplacement imposées par l’occupant. En outre,

nous mettrons en lumière les lendemains du conflit et la façon dont on s’y est pris pour remettre progressivement le réseau en état.

La Grande Guerre devient sans doute le premier conflit à avoir été aussi abondamment photographiée. Il va de soi que les chemins de fer se taillent une place de choix dans cette iconographie, vu leur rôle crucial dans le ravitaillement à grande échelle du front et leur ubiqui-té dans le paysage. Tout au long des années de guerre, des gares seront réduites à néant et des locomotives détruites : témoins tragiques de la souffrance humaine sur et autour de la ligne de front.

Aujourd’hui encore, des éléments dans le paysage rappellent les che-mins de fer pendant la guerre. Le photographe Philippe Debeerst part à la recherche de ces derniers témoins, dont certains sont encore à peine reconnaissables comme sites ferroviaires. Cet ouvrage restitue ainsi les deux facettes de l’histoire : les mots et les images d’un chemin de fer révolu.

Paul Van Heesvelde Michelangelo van Meerten Paul Pastiels Bart Van der Herten

INTRODUCTION

Un train blindé prend position sur la ligne Bruxelles-Denderleeuw-Gand, Alost, septembre 1914. (Bruxelles, collection P. Pastiels)

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Un vestige de signalisation oublié lors du démantèlement de la ligne 63. Cette ligne était cruciale pour le ravitaillement du front allemand. (Photo Philippe Debeerst)

Le bâtiment de gare de Westrozebeke, gravement endommagé au cours de la Première Guerre mondiale, a été reconstruit par la suite. La ligne sera démantelée en 2005. (Photo Philippe Debeerst)

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Une borne kilométrique subsiste le long de la ligne 63, à Kortemark. Le paysage paisible contraste du tout au tout avec les fiévreuses activités de ravitaillement de l’armée allemande le long de cette voie ferrée. (Photo Philippe Debeerst)

L’ancienne ligne de chemin de fer 62 entre Ostende et Torhout constituait un maillon très important de la chaîne de ravitaillement allemande vers le front. (Photo Philippe Debeerst)

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Témoin silencieux, cette centaine de mètres subsistant de l’ancienne ligne 63 à Staden ; c’est via cette ligne que les troupes des chemins de fer allemandes assuraient le ravitaillement d’une partie du front occidental. (Photo Philippe Debeerst)

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Bart Van der Herten

LE RAIL EN BELGIQUE 1835-1913

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p. 16 Le personnel de la remise de Saint-Martin (Nord-Belge) en 1888. (SNCB, Archives et Photothèque)

Inauguration en grande pompe de la ligne Bruxelles-Malines, gare de Bruxelles-Allée verte, le 5 mai 1835. (Malines, collection G. Bertrand)

Introduction

Lorsqu’en 1914, la Belgique est entraînée dans la Première Guerre mondiale, le pays est à la pointe du développement économique en Europe. Depuis l’indépendance officielle en 1831, la Belgique a connu une évolution fulgurante. Celle-ci s’ appuie sur les richesses du sous-sol, une position commerciale stratégique au nord de l’Europe occi-dentale, l’ouverture aux nouvelles technologies et au commerce, une politique économique dynamique, ainsi que – cerise sur le gâteau – une véritable révolution dans le monde des transports et des chemins de fer. En 1913, la Belgique s’enorgueillit d’un réseau de chemins de fer extrêmement dense, d’une infrastructure routière de très bonne qualité et d’un grand nombre de voies navigables. Dans le présent chapitre, nous esquisserons le développement de l’infrastructure de transport belge. Dans le chapitre suivant, nous verrons que celle-ci n’ avait pas vraiment été pensée comme soutien à l’ activité militaire.

Belgique 1835 : première nation industrielle sur le continent, mais une économie encore perfectible

La situation de la Belgique vers 1830 se caractérise par un certain nombre de facteurs qui, au cours du XIXe siècle, influent positivement sur la révolution industrielle et le développement économique en général. En premier lieu, l’on assiste à une mécanisation poussée de branches de l’industrie telles que le textile, le charbon et la métallur-gie. Deuxièmement, l’extraction des matières premières, présentes en nombre, s’opère avec une efficacité accrue. Parallèlement à cette

mécanisation, des pôles industriels – Gand, Liège, Charleroi, Mons – voient le jour, flanqués de deux centres tertiaires : Bruxelles en tant que capitale et Anvers comme ville portuaire. N’oublions pas une agriculture hautement développée, surtout dans la partie flamande du pays.

Le bond économique est stimulé par la présence d’une classe ouvrière qualifiée et d’une réserve de main-d’œuvre à la campagne. Des entre-preneurs industriels importent des technologies de l’étranger et font preuve d’une grande capacité d’innovation. � cela s’ ajoutent des inno-� cela s’ ajoutent des inno- cela s’ ajoutent des inno-vations dans l’entrepreneuriat et le secteur bancaire et financier. Suite à l’ augmentation réelle des revenus depuis la fin du XVIIIe siècle, la demande de produits industriels décolle, une évolution qui est boos-tée par la croissance économique dans d’ autres pays européens. Lors de l’indépendance en 1830, beaucoup de conditions sont réunies pour réaliser une expansion économique.

Un aspect important de ce développement industriel précoce est la problématique des transports. � l’époque de l’indépendance, le transport n’est pas intégré, sur le plan interrégional ou national, aux réseaux dans lesquels ses divers modes – transport routier, navigation intérieure et ultérieurement les chemins de fer – sont appelés à se compléter. Certaines régions sont d’ accès difficile, surtout l’hiver. Les relations avec l’étranger sont peu nombreuses. Le potentiel écono-mique de l’ agriculture et de l’industrie ne peut dès lors être exploité à plein. S’il est vrai que la Belgique, comparée aux autres pays euro-péens, est relativement bien dotée en routes et en voies navigables, elle ne l’est pas encore suffisamment pour pouvoir déployer toutes ses ressources économiques sur le plan international.