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espace Mars 2006 > March 2006 n°43m
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qualité
Aide à la décision :
quels outils, pour quoi faire ?
Decision-making aids:
which tools
and what for?
Quality Assurance at CNES: renewed impetus for 2006-2010
The multi-annual contract between CNES and the French Government, which wassigned in April 2005 by the Minister of National Education, Higher Education andResearch, the Minister of Defence, the Minister Delegate for the Budget andAdministrative Reform, the Minister Delegate for Higher Education and Researchand the President of CNES, brings renewed impetus and direction to CNES'sactivities for the years 2005 to 2010, while at the same time giving theorganisation new channels of communication with the Ministries under which itfalls and a tool for continually measuring the extent to which it is attaining itsobjectives.
CNES's Quality-oriented culture is an intrinsic source of dynamism and QualityAssurance should enable it to honour its commitments and achieve itsprogrammes, while adapting the organisation and its operations to meet currentchallenges and prepare for the future.
One of CNES's most important Quality Assurance objectives is to consolidate itsposition as a European reference in terms of Space quality. Following the ISO9001-V2000 certification, awarded to CNES for all of its activities in 2005, theQuality Assurance system should now be matured even further, with the help ofthe entire organisation, for the period from 2006 to 2010. We must ceaselesslystrive to ensure that our programmes are a success (and thus satisfy those whobelieve in us, particularly the Ministerial authorities), as well as to demonstratethe efficiency of our management system in order to get our ISO 9001certification renewed in 2008.
Measuring a company's Quality performance is also of concern to industry. Two ofthe articles in this issue show how our industrial partners and suppliers are nowmeasuring the maturity of their organisations and working practices.
CNES uses a recognised tool to continually improve its management processes. Thegoal from 2006 should be to provide the highest possible levels of performanceand customer satisfaction. An article in the following pages discusses the lessonslearned from the successful certification in 2005, to which we should add theprogress made in modernising and simplifying operations at CNES as a result.
The risk management approach, which had already been developed to a greatextent to reinforce programme dependability, was applied in 2005 to risks inherentin all areas of CNES activity. By generalising this approach from 2006 onwards CNESshould be able to prepare for any strategic risks it may face, by working closelywith the Board of Directors and its audit committee (created in December 2005).
As in any other field of activity, the Quality Assurance team has to maintain its owntechnical skills and innovate if it wishes to enhance its reputation. Furthermore,preparing for the future requires strategically sound objectives which will enableQuality Assurance personnel to efficiently support CNES activities in thetechnological environment we can expect in 2010.
Quality Assurance is only meaningful if it is applied during the preliminary phasesof statements of needs, specifications and design and if know-how andfundamental technologies are systematically managed (as emphasised by thearticle on new bonding methods); moreover it can only prosper by integratingfeedback and ensuring that technical data continues to be available (as illustratedby the article on the preservation of Space data).
Obviously, dynamic progress requires more than mere improvisation for instance,trying out new methods (for management and technical evaluation, etc),searching for efficient and independent expertise and embracing promising newapproaches and practices. Quality Assurance personnel at CNES will be betterprepared if they can learn from the analysis and experience of other Spaceagencies, industrial partners and industrial sectors.
A new 'Space Act' is expected to become law in 2006-2007. This will offer CNES amajor opportunity and challenge, as it will define the provisions that the Frenchgovernment wishes to implement for authorising and certifying Space activitiesand vehicles.
I would like to conclude by paying a glowing tribute to Yves Trempat, who kindlyaccepted to be interviewed for this issue and by thanking him warmly for hiscontribution to CNES, particularly through his involvement from 2003 to 2005 asInspector General and Director of Quality. Lastly, I would like to wish him everysuccess in his new role at the Conseil Général des Ponts et Chaussées (GeneralCouncil for Road Construction and Maintenance), which falls under the Ministry ofTransport, Infrastructure, Tourism and the Sea.
EDITORIAL
2 > q u a l i t é e s p a c e n ° 4 3 Mars/March 2006
Signé en avril 2005 par le ministre de l’Educationnationale, de l’Enseignement supérieur et de laRecherche, le ministre de la Défense, le ministredélégué au Budget et à la réforme budgétaire, le ministre délégué à la Recherche et le Présidentdu CNES, le contrat pluriannuel Etat-CNES impulseune nouvelle dynamique et oriente les actions du CNES pour la période 2005-2010, tout endotant l’établissement d’une nouvelle capacité de dialogue avec ses tutelles et d’un instrumentde mesure continue de sa performance dans l’atteinte de ses objectifs.
Le contexte Qualité du CNES s’inscrit toutnaturellement dans cette nouvelle dynamique etla contribution Qualité devra être pleine etentière en matière de tenue des engagements,de réussite des programmes, d’adaptation del’organisation et du fonctionnement aux enjeux,et de préparation de l’avenir.
Un des tous premiers enjeux pour la Qualité du CNES est de s’affirmer comme étant unacteur européen de référence en matière dequalité spatiale. Pour la période 2006-2010,après la certification globale du CNES ISO 9001-V2000, obtenue en 2005, l’élévation constantede la maturité Qualité doit rester unepréoccupation majeure de l’ensemble du CNES.La réussite de nos programmes et donc lasatisfaction de ceux qui nous ont fait confiance, à commencer par nos tutelles, ainsi que ladémonstration de la performance du système de management, et donc le renouvellement de la certification ISO 9001 dès 2008, doiventêtre notre obsession. Cet enjeu de mesure de la performance Qualité d’une entreprise estégalement une préoccupation industrielle. Deuxarticles ci-après montrent que nos partenaires etfournisseurs industriels s’attaquent à la mesurede la maturité de leur organisation et de leurspratiques. Le CNES dispose d’un outil reconnu demanagement par processus, dont l’améliorationcontinue doit viser dès 2006 la meilleure desperformances et la satisfaction des clients. Un article sur le retour d’expérience de ce succès2005 est par ailleurs proposé au lecteur enpages suivantes, auquel il convient d’ajouter les progrès engrangés en 2005 en matière de modernisation et de simplification du fonctionnement du CNES. Déjà fortement développée dans le cadre de lasûreté de fonctionnement de nos programmes,la démarche de management des risques a étéappliquée en 2005 aux risques encourus partous les domaines d’activités du CNES. Lagénéralisation de la démarche devra dès 2006prendre en compte les risques stratégiquesauxquels le CNES doit faire face en étroite liaisonavec le conseil d’administration et son comitéd’audit créé en décembre 2005.
Comme tout autre domaine d’activité souhaitantêtre reconnu comme un des meilleurs, la Qualitédoit entretenir sa propre technicité et cultiver son
innovation. Cette problématique de préparationde l’avenir de la qualité devra être un axe fort etstructurant, afin de mettre en œuvre les actionsvisant à définir et à développer les moyensd’intervention de la Qualité dans unenvironnement d’activités et un contextetechnologique qui seront ceux de 2010. Il ne peut y avoir de qualité sans maîtrise desspécifications/exigences et des conceptions, sans maîtrise des savoir-faire et des technologiesde base (comme le souligne l’article sur lesnouvelles méthodes de collage), sans retourd’expérience et mémoire technique (commel’illustre l’article sur la problématique de la préservation des données spatiales). Bien sûr, concrétiser une telle dynamique deprogrès ne s’improvise pas. Cela passe par la recherche de nouvelles méthodes (demanagement, d’évaluation technique), demoyens d’expertise performants et indépendants,de nouvelles approches, de nouvelles pratiques.La Qualité au CNES sera encore mieux armée si elle se nourrit des réflexions, des expériencesdes autres agences spatiales, des partenairesindustriels, et des autres domaines industriels.
Une nouvelle « Loi spatiale » devrait voir le jouren 2006-2007. Elle représente une opportunité etun challenge de première importance pour le CNES. Elle définira les dispositions que l’Etatfrançais souhaite mettre en place en matièred’autorisation et de certification d’activités etvéhicules spatiaux.
Je termine volontairement mon propos enrendant un hommage appuyé à Yves Trempat,qui a bien voulu s’exprimer dans ce numéro. Je tiens à le remercier chaleureusement pourson investissement au sein du CNES et sonengagement de 2003 à 2005 commeInspecteur Général et directeur de la fonctionQualité, et je lui adresse mes meilleurs vœuxde réussite pour sa nouvelle responsabilité au Conseil Général des Ponts et Chaussées, au sein du ministère des Transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer.
Par Alain Cuquel,Inspecteur Général et directeur de la fonction Qualité CNES
By Alain Cuquel, CNES InspectorGeneral and Director of QualityAssurance activities
La Qualité au CNES : une nouvelle dynamique pour les années 2006-2010
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EDITORIAL page 2
FACE À FACE FACE TO FACE
Yves Trempat, l’espace-passion page 4Yves Trempat, a passion for Space page 5
MANAGEMENT DE LA QUALITÉ QUALITY MANAGEMENT
Un label ISO unique pour l’ensemble des activités et centres du CNES page 10A single ISO quality standard for all CNES activities and centres page 11
Snecma renforce son plan de progrès « Qualité fournisseurs » page 18Snecma bolsters its Supplier Quality Improvement plan page 19
MÉTHODES ET OUTILS METHODS AND TOOLSUne dynamique normative au service du cœur de métier page 22Increasing standardisation of our core activity page 23
Aide à la décision : quels outils, pour quoi faire ? page 30Decision-making aids: Which tools and what for? page 31
CMMI® : un vecteur d’amélioration incontournable du spatial page 40CMMI®: a indispensable lever for improvement in the Space Sector page 41
RETOUR D’EXPÉRIENCE EXPERIENCE FEEDBACKPour des données numériques durables page 48For sustainable exploitation of digital data page 49
Quand l’industrie spatiale adhère au collage page 56When the Space industry adheres to bonding page 57
SOMMAIRE SUMMARY
3 >
Qualité EspaceMagazine de la fonction Inspection Générale et Qualité du CNES2, place Maurice Quentin - 75039 Paris cedex 01Tel +33 (0)1 44 76 77 30Cette revue est membre de l’Union des journaux et journalistes d’entreprises de France (UJJEF).Directeur de la publication : Yannick d’EscathaDirecteur adjoint de la publication : Alain CuquelRédacteur en chef : Claude Bezou Tél : +33 (0)1 60 87 72 [email protected] éditorial : Nathalie Journo [email protected] des abonnés :Marie-Françoise Espagnet (CNES), Tél : +33 (0)1 44 76 76 64 marie-franç[email protected]
Ont collaboré à ce numéro :Alexia Attali (Snecma), Serge Bellut (CNES), Jean-Claude Benech (CNES, Hubert Biondi (CNES), Djemil Chafaï (CETEGE), Luc Chambelland (CNES), Jean-Claude Fromenteau (Alcatel Alenia Space), Claude Huc (CNES), Pierre Moriceau (PM Management) Jean-Marc Payssé (Alcatel Alenia Space),Christian Puig (EADS-Astrium), Jean Renaud (ENSGSI-INPL Nancy), Pascale Snini (CNES), Georges Vallet (CNES), Brigitte Vergé (CNES), Bernard Yannou (Ecole Centrale Paris), Éric Verdière (Snecma), Roland Verdin (EADS-Astrium).Support rédactionnel : Hervé de la Giclais.Site internet : http://www.cnes.fr rubrique médiathèqueTraduction : Coup de Puce Expansion (SARL)Réalisation : Ogham n°7488 05 62 71 35 35Impression : Imprimerie Delort, ZI de Vic,31321 Castanet-Tolosan cedex. Février 2006. N°ISSN : 1556 - 6558
Nicole nous a quittésNicole Mare avait rejoint la Direction Centrale
de la Qualité en 1990 pour prendre encharge les relations avec la communautéindustrielle. Toujours de bonne humeur,
souriante et disponible, elle a organisédurant de nombreuses années les rencontres
CNES – Industrie sur le thème de la Qualité. Rédactrice en chefadjointe de Qualité Espace de 1999 à 2001, elle avait quitté leCNES en 2001, au terme d’une carrière bien remplie, pours’occuper de sa famille et jouir d’une retraite bien méritée. Safin injuste et douloureuse laisse dans le cœur de tous ceux quiont travaillé avec elle un grand vide et un profond chagrin. Quesa famille et ses amis reçoivent ici les condoléances attristéesde ses collègues du CNES.
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Nicole is no longer with usNicole Mare joined the Quality Assurance Directorate in 1990to handle relations with the industrial community. Always ina good mood, smiling and helpful, she organised meetingsbetween CNES and industrialists on Quality issues for manyyears. After acting as assistant Editor of Qualité Espace from1999 to 2001 she left CNES after a long and fruitful career tospend more time with her family and enjoy her well-deserved retirement. Her unjust and painful end has been agreat loss for all those who worked with her and mourn herpassing. On behalf of her colleagues at CNES we would like toconvey our sorrow and sympathy to her family and friends.
Pourquoi avoir choisi de consacrervotre carrière à l’espace ?Il se trouve que j’ai fini mes études supérieures
dans les années 68-70. C’était la grande époque
Apollo : l’Homme sur la Lune, le grand
démarrage du spatial… Comme il fallait choisir
une voie, j’ai préféré aller vers quelque chose
qui paraissait alors neuf, à défricher. C’est un
peu comme ça que je me suis mis dans la tête
d’entrer au CNES. Quand on est jeune ingénieur,
on passe du temps à examiner les différentes
possibilités. Or, le CNES avait été créé 7 ou 8 ans
auparavant, avec déjà une ambition clairement
affichée. L’aviation étant « sur les rails »,
l’espace me paraissait un peu plus aventureux,
dans le sens positif du terme. Quarante ans
après, je n’en éprouve aucun regret, même si
l’activité est aujourd’hui en butte à des
difficultés, en Europe et dans le monde.
Quand vous repassez le film de vos40 ans de carrière, quels momentsforts vous ont marqué ?J’ai vécu des moments forts à peu près tous
les 2 ou 3 ans : Kourou, Toulouse, la première
participation à un satellite lancé, qui a
d’ailleurs eu un problème parce que le
lanceur n’a pas bien fonctionné et qu’il a
fallu investiguer, grâce au système que
j’avais contribué à mettre au point, en tant
que jeune ingénieur. C’était très gratifiant
pour moi, malgré le fait que ledit système
servait à quelque chose qui n’était pas prévu
au départ... Jusqu’en 1986, j’ai eu la chance
de faire partie d’un grand projet
emblématique du CNES : Spot. Puis je suis
allé faire un tour en Guyane. Ensuite, j’ai
approché le monde des lanceurs, encore une
autre aventure, avant d’assumer pendant
quelque temps la fonct ion de chef
d’établissement qui est un métier plus
traditionnel : management avec les partenaires
sociaux , entret ien d’un site, gest ion
administrative de la vie quotidienne des
agents. Ce n’est pas aussi grandiose que
d’œuvrer dans le cœur de métier du CNES,
mais je trouve qu’on y puise une richesse
indéniable. Cette fonction touche à l’homme
lui-même, ce qui est parfois beaucoup plus
difficile que ce qui touche la technique : les
équations ne sont pas là pour vous guider.
Autres moments forts: l'organisation des
30 ans du Centre Spatial de Toulouse,
ainsi que du colloque de l’International
Astronautical Federation (IAF) en 2001. Et la
dernière partie de ma carrière, en tant
qu’inspecteur général de la qualité, m’a
permis d’utiliser toute mon expérience pour
contribuer au bon développement du CNES.
« La certification ISO a pourvertu de fédérer l’ensemblede l’Etablissement »
La certification ISO 9001:2000 que le CNES vient d’obtenir est-elle un palier important ?Oui. Certes, cette norme a pour but de satisfaire
le client, etc. Mais elle a aussi la vertu de
fédérer l’ensemble de l’Etablissement en
luttant contre les divergences entre directions
ou structures hiérarchiques qui ont parfois
tendance à travailler en autonomie. On essaye
de travailler ensemble d’un bout à l’autre du
CNES. Cette norme met à plat les processus
classiques de réalisation des satellites ou
lanceurs, mais aussi les processus de
management et de soutien (achats & ventes).
Nous achetons, nous vendons, nous sommes
Yves Trempat, l’espace-passion
FACE À FACE
Après une carrière bien remplie auCNES, Yves Trempat a récemment
fait valoir ses droits à la retraite.Qualité Espace se devait de
marquer dignement l’événement,d’autant qu’il en était le directeurde publication. Avec simplicité et
la gentillesse qu’on lui connaît,Yves Trempat a accepté
de se livrer, une dernière fois, au jeu des questions/réponses.
Morceaux choisis.
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Yves Trempat : “j’ai vécu des moments forts à peu près tous les 3 ans”
Yves Trempat: “There were high points about once every three years”
Yves Trempat, a passion for Space
Why did you decide to devote your career to Space?I completed my higher education in 1968-
1970. This was the era of Apollo: the Man on
the Moon, a time when Space exploration
was really taking off. I had to choose my
career path and decided I would prefer to go
into something that seemed brand new and
pioneering. This is pretty much how I made
up my mind to join CNES. When you are a
young engineer, you spend time looking into
many different possibilities. CNES had only
been founded seven or eight years earlier
and already had a clearly stated ambition.
The aviation industry was quite well
established, whereas Space seemed to me a
bit more adventurous and enterprising. Forty
years later I don't regret anything, even if
the industry is today facing certain
difficulties, both in Europe and elsewhere.
When you replay the movie of your40 years in the business, whichevents do you particularly remember?There were high points about once every
two to three years: Kourou, Toulouse and the
first time we participated in a satellite
launch. Incidentally there were problems
with the latter, as the launcher had not
functioned correctly and an investigation
was required. This was carried out using a
system I had helped to develop as a young
engineer. I found it very gratifying, even if
this particular system was being used for
something different to what it had been
designed for. Up until 1986 I was lucky
enough to be involved in the Spot project:
a major effort and very symbolic for CNES.
Then I spent some time in French Guiana.
I subsequently became involved in launchers,
yet another adventure, before becoming
Director of the Toulouse Space Centre (CST)
for a while. This was a much more traditional
role, involving liaison with both management
and labour, site management, as well as
routine staff administration. Although not as
high-flying as working in CNES's core
business, I still feel that it was rewarding
work. Dealing with people can sometimes be
much more challenging than technical issues:
equations cannot help you! Other highlights
included organising the 30th anniversary
celebrations for the CST, as well as the
International Astronautical Federation (IAF)
Congress in 2001. The latter part of my career,
as Inspector General for Quality, has given me
the opportunity to use all my previous
experience to keep CNES moving in the right
directions.
“ISO certification has theadvantage of uniting thewhole Establishment”
Regarding the ISO 9001:2000 certification that CNES has just obtained: is this an important step? Yes. Obviously this standard is primarily
aimed at satisfying our customers, etc.
However, it also has the advantage of uniting
the whole Establishment by reducing
divergences between the various directorates
and management structures which
sometimes tend to work independently of
each other. It tries to get everyone in CNES to
work together. The ISO process reviewed the
conventional processes used to produce
satellites or launchers, but it also looked at
the management and support processes
(purchasing and sales). We all buy and sell
FACE TO FACE
Yves Trempat recently retired after a long and fulfilling
career at CNES. Qualité Espacedecided to mark the occasion,especially as he had been our
Publication Manager. Withcharacteristic modesty and
generosity, Yves Trempat agreed to participate,
one last time, in a question and answer session.
Here are the highlights.
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Décollage du lanceur Ariane 5 ECA vol 164 le 12 février 2005
depuis le Centre spatial guyanais. Le lanceur a placé en orbite
les satellites XTar-Eur et Sloshat.
Liftoff of the Ariane 5 ECA launcher, flight 164 on 12 February
2005 from the French Guiana Space centre, the laucher placed
the XTar-Eur and Sloshat satellites in orbit.
gérés en terme de ressources humaines, de la
même façon, quelle que soit notre entité
d’appartenance au CNES. Même si ce n’est pas
le cas au CNES, il y a eu dans l’industrie des
schémas d’organisation par business unit, où
chaque structure a son autonomie financière,
doit rendre des comptes, faire des bénéfices, ce
qui tend à exacerber l’esprit « J’ai mes objectifs,
je les remplis coûte que coûte, malgré les
éventuels impacts négatifs sur d’autres
secteurs de l’entreprise ». Il faut bien
contrebalancer ce risque de travers par un
esprit de solidarité à développer entre
managers et entre structures. Au CNES, il n’est
pas rare que certaines structures se trouvent en
difficulté de façon conjoncturelle et aient
besoin du soutien et de l’aide des autres.
Faire en sorte qu’une culture d’entrepriseunique prenne définitivement le pas surdes cultures de direction disparates ?Exactement.
Sans parler des bienfaits en matièred’approche de la gestion des risques…Oui. Même si pour l’instant, au CNES, cette
perspective est encore balbutiante. Nous
commençons à l’intégrer dans la démarche des
projets et des activités. Mais il va falloir la
généraliser et cela va prendre du temps.
Il y a aussi le volet économique de lanorme, avec d’importantes économiesd’échelle sur les achats, etc.Oui. Justement, le deuxième volet de la
norme ISO vise à améliorer la politique des
achats, du système d’information et de
vente, de façon à en tirer le maximum de
bénéfices. Au CNES, le budget est alloué par
le gouvernement. Plus nous réalisons des
économies sur les activités de soutien grâce
à des politiques d'achats ciblées, plus cet
argent sera disponible pour lancer d’autres
programmes ou des actions de recherche.
Dans le précédent numéro de QualitéEspace, l’article sur Déméter faisait bienressortir le fait qu’une politique d’achatbasée sur la norme ISO permettait degénérer d’importantes économies…Oui. Avant, nous n’étions pas au point en
termes de politique d’achat et de système
d’information associés. Donc, chaque direction
ou structure s’était fait son opinion, achetait son
propre matériel et se le maintenait alors qu’à
l’évidence une politique groupée permet de
rationaliser les achats de matériel comme de
maintenance. Cela fait beaucoup d’économies
qui sont mises à profit pour accroître nos
activités dans notre cœur de métier.
« Le principal atout du CNES a toujours été sa très haute technicité »
Finalement, aujourd’hui, comment analysez-vous les atouts et les faiblessesdu CNES ? Le spatial est-il à la croisée des chemins ?C’est dans le domaine des lanceurs et des
vols habités que les enjeux sont les plus
lourds. Il y a un ensemble de facteurs que le
CNES ne maîtrise pas, notamment la
stratégie spatiale des Etats-Unis. Le
principal atout du CNES a toujours été sa
très haute technicité qui lui a permis d’être
en Europe, par rapport à d’autres
organismes ou agences spatiales, le fer de
lance en terme d’inventivité et d’idées
nouvelles. Cet atout a toujours été un de
nos points forts. Savoir respecter les délais,
les objectifs, les coûts, les projets, est aussi
très important pour le CNES. De plus, la
politique actuelle de renforcer les
investissements dans les études amont et
les avant-projets devrait renforcer le poids du
CNES et sa reconnaissance. Jusqu’à présent,
la faiblesse interne du CNES résidait dans son
mode de gestion un peu enthousiaste
du style : « l’intendance suivra ». Or, dans le
monde moderne, l’intendance a du mal à
suivre, le danger étant de se faire
rattraper… par l’intendance dont les coûts
explosent. C’est la raison pour laquelle nous
avons été confrontés en 2002 à une sur-
programmation non maîtrisée.
Lors de ces turbulences, avez-vouségalement senti le vent du boulet ?Oui, parce que c’était l’avenir du CNES qui était
en jeu. Et si les instances politiques avaient à
cette époque décidé que l’espace n’était plus
d’actualité ? Nous avons eu au contraire la
chance de bénéficier de leur soutien total. La
volonté actuelle du gouvernement est de
stabiliser, voire d’augmenter, nos ressources,
plutôt que de les diminuer. En France, la
politique spatiale a toujours été considérée
comme prioritaire par les instances politiques.
Une fois cette confiance réaffirmée, il a été
possible d’envisager à nouveau l’avenir avec
un peu plus de confiance. Le nouveau
président du CNES a « serré les boulons », en
mettant en place un système de gestion qui
commence à fonctionner efficacement.
Galiléo, est-ce une chance à ne paslaisser passer pour le CNES ?
Le choix de Toulouse pour abriter le siège du
concessionnaire Galiléo est une excellente
nouvelle pour Toulouse et pour la France. Cela
vient renforcer le Pôle de compétitivité
Aéronautique-Espace-Systèmes Embarqués
dans son volet espace, face au poids formidable
de l'aviation. Le CNES, et son centre technique
toulousain, resteront ainsi au coeur des échanges
techniques et opérationnels. Le choix de Toulouse
s'est imposé en toute logique, car Toulouse est la
capitale européenne, et de loin, en terme
d'emplois spatiaux, et a toujours été le creuset
des idées techniques en matière de navigation
par satellite. Par ailleurs, nous pensons que
l'installation à Toulouse est un facteur clé de
succès pour favoriser l'émergence de nouveaux
services et applications pour la mobilité, ce qui
représente un formidable potentiel de revenus et
d'emplois. Maintenant, c’est au CNES et à son
centre spatial de Toulouse de jouer...
Yves Trempat, l’espace-passion
FACE À FACE
6 > q u a l i t é e s p a c e n ° 4 3 Mars/March 2006
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Un satellite de la constellation Galiléo : “Toulouse a toujours été
le creuset des idées techniques en matière de navigation.
A satellite in the Galileo constellation: Toulouse has always been
a crucible of innovative technical concepts for navigation systems.
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Yves Trempat, a passion for Space
FACE TO FACE
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something, we are all managed as human
resources in the same way, regardless of how
we fit into the CNES structure. Although
not the case at CNES, certain industrial
organisations are structured into individual
'business units' . These have financial
autonomy, meaning they must produce
accounts and make a profit, which tends to
affect their thinking and behaviour: "I know
what my objectives are, I will meet them one
way or another, even if this has a negative
impact on other parts of the company." This
attitude must be countered by encouraging the
development of a spirit of solidarity between
managers and between different departments.
Sometimes at CNES, departments find
themselves in difficulty and need support and
help from others.
So you have to ensure that a singlecompany culture overrides any disparate management cultures?Exactly.
Not to mention the benefits withrespect to risk management?Yes, although at the moment, this kind of vision
is still in its infancy at CNES. We are beginning to
integrate it into the approach used for projects
and activities, but it needs to become more
widespread and this will take time.
There is also an economic factor associated with this standard, involving significant economies of scale in purchasing, etc. Yes. In fact, the second part of the ISO
standard aims to improve our purchasing,
information systems and sales policies, in
order to gain maximum benefit. At CNES, our
budget is allotted by the government. The
more we can economise on support activities
by using targeted purchasing policies, the
more money will be available for initiating
other programmes or research activities.
In the previous issue of QualitéEspace, the article on Déméteremphasised the fact that a purchasingpolicy based on the ISO standardcould lead to significant savings.
Yes. Our previous purchasing policy and the
corresponding information systems were not
quite up to scratch. Each directorate or
department made its own decisions, purchased
its own equipment and had it maintained,
whereas it was clear that a common policy
could rationalise equipment purchasing and
maintenance. This has saved a lot of money
which has been put to good use by increasing
the activities in our core business.
“CNES's main asset hasalways been its high levelof technical expertise”
In the end, what about today? Howwould you analyse CNES's strengthsand weaknesses? Is the Space business at a crossroads?The stakes are highest in the field of
launchers and manned flight. There are a
whole range of factors that CNES does not
control, namely the United States' Space
strategy. CNES's main asset has always been
its high level of technical expertise, which
has enabled it to be the leading light in
Europe in terms of creativity and new ideas,
compared with other establishments or
Space agencies. This asset has always been
one of our main strengths. Being able to
meet deadlines and to manage objectives,
expenditure and projects: these are also very
important to CNES. Moreover, the current
policy of increasing our investment in
preliminary studies and pilot projects should
add to CNES's influence and recognition.
Regarding CNES's internal weakness, up to
now this has lain in its somewhat optimistic
management method, whereby "all material
support will be provided". Except that in the
modern world, it is very difficult to provide
"all material support" without being
overwhelmed by escalating costs. This is why
in 2002 we were faced with a programming
situation which was out-of-control.
During this turbulent period, did youalso feel that you had narrowly avoided catastrophe?Yes, because the future of CNES was at stake.
What if the political authorities had decided at
the time that Space was no longer relevant? In
fact the opposite was true, we were fortunate
enough to gain their full support. The current
position of the government is to maintain, or
even to increase our funding, rather than to
reduce it. In France, Space policy has always
been given priority by the political authorities.
Once this faith had been reaffirmed, we could
begin thinking a bit more confidently about
the future again. The new President of CNES
'tightened a few screws' by setting up a
management system which is now starting to
work efficiently.
Galileo, is it a must for CNES? Toulouse has been chosen for the
headquarters of the future Galileo operator
which is excellent news for Toulouse and for
France. This will give the Space part of
the triangular hi-tech concentration of
Aeronautics, Space and Onboard Systems
more punch with respect to Aviation, the
traditional Toulouse heavyweight. CNES and
its Toulouse technical centre will thus once
again be at the centre of technical and
operational exchanges. Toulouse was of
course the logical choice as it is the leading
European capital, by far, in terms of Space-
related jobs and has always been a crucible of
technical innovation in satellite-aided
navigation. Furthermore we believe that its
being in Toulouse is a key to the successful
emergence of new services and applications
for mobile technology which holds enormous
potential for income and employment. Now
it's up to CNES and the Toulouse Space Centre
to do their part….
“CNES must be theEuropean leader for GMES”
Should tomorrow's Space objectivesbe more visible to the general public?There are several issues. Firstly, the strategic
aspect: should Europe retain its own access to
Space? The answer to this very political question
is yes. Then there are the scientific aspects:
exploration of the Universe, climate change,
disaster prevention, etc. On these issues,
we have always received full support from the
scientific community. As far as the general
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« Le CNES doit être leadereuropéen pour GMES »
Est-ce que l’enjeu du spatial demainest d’avoir une visibilité grand public ?Il y a plusieurs choses. L’aspect stratégique :
l’Europe doit-elle conserver un accès à l’espace ?
A cette question très politique, la réponse est
oui. Il y a ensuite les aspects scientifiques :
exploration de l’Univers, évolution du climat,
prévention des catastrophes, etc. Sur ces questions,
nous avons toujours été très soutenus par la
communauté scientifique. Côté grand public, la
visibilité de ces enjeux est forte, et la crédibilité de
cette communauté scientifique est reconnue au
plan européen. Là, il y a un formidable enjeu.
L’Europe a mis en place le programme Global
Monitoring for Environment and Security (GMES) où
l’espace jouera un rôle déterminant, avec le CNES en
tant que leader européen dans ce domaine-là.
Concernant le grand public, il y a également un
métier traditionnel, la diffusion de programmes
télévisés par satellite, qui fonctionne bien même si
les opérateurs ont déclenché des programmes de
rationalisation et d'économies d'échelle.
L’accès au haut débit via l’espace constitue-t-il également une perspective d’avenir ?Nous sommes en train d’explorer la diffusion
d’Internet à haut débit par satellite, afin de
réduire la fracture numérique. Pour le réseau
européen qui est relativement bien distribué,
l’intérêt du satellite est discutable. Mais pour les
pays n’ayant pas de structures très développées,
cela permet d’aller beaucoup plus vite. Bien sûr,
Galiléo est également un projet grand public :
localisation des voitures, bateaux, camions, etc.
Autre secteur essentiel : la Défense. Si un pays
veut jouer un rôle international en terme de
capacité de Défense, de projection de force
d’intervention, même dans le cadre du maintien
de la paix, il me semble que les satellites ont
une utilité incontestable. Les Américains en ont
tiré la leçon en tissant des liens étroits entre
espace et forces classiques, mais en Europe,
nous n’en avons pas encore tiré toutes les
conséquences. Or, pour projeter les forces, il est
nécessaire d’avoir une vision globale système.
En France et en Europe, nous sommes sur ce
sujet encore balbutiants.
« Le créneau des lanceurs« gros porteurs » a toujours sa place »
Quel avenir pour la génération des lanceurs Ariane ?Avec Ariane, nous déplaçons le débat sur le
secteur de l’accès à l’Espace qui est non
seulement très concurrentiel, mais au sein
duquel la concurrence agit de façon
désorganisée. En effet, les Russes concourent
avec des lanceurs qui ne sont pas au prix du
marché. Du coup, les Américains réservent leurs
lanceurs made in USA pour la Défense des Etats-
Unis et les programmes gouvernementaux. Pour
les aspects commerciaux, ils ont passé des
accords avec les Russes. Maintenir des
ingénieurs « spatiaux » au travail en Russie, cela
permet d’éviter qu’ils partent travailler ailleurs,
en particulier pour des « Etats voyous », ce qui
est intéressant au plan stratégique pour les
Etats-Unis et qui, de plus, leur permet de
concurrencer très efficacement Ariane. Il faut
essayer de sortir de cette logique. C’est pour cela
que la France a passé des accords avec Soyouz
pour lancer à Kourou, afin que la gamme de
lanceurs européens reste concurrentielle.
Finalement, le retour en vol d’Ariane5 ECA est un succès, mais est-ce le « bon cheval » ?Je crois que c’est en effet le « bon cheval »
parce que ce lanceur est techniquement bon,
même s’il est plombé par cette concurrence
que je qualifierais de « limite ». L’enjeu est le
suivant : est-ce que l’Europe veut jouer un rôle
stratégique dans l’espace ? Or, pour être maître
de son destin, il faut qu'elle soit autonome.
A partir de là, comme cela coûte cher, l’idée,
pour alléger la contribution du contribuable, est
de développer une activité semi-commerciale.
Pourquoi pas ? De plus, cela maintient
la compétence, l’emploi et les lignes de
production. Envisager une activité semi-
commerciale constitue donc un bon
raisonnement. Pour autant, comme ce sont des
systèmes très pointus, il faut en assurer le
succès… Or, des engins de la dimension
d’Ariane sont à la limite de la faisabilité. Malgré
l’ampleur du défi technologique, je reste
convaincu que le créneau des lanceurs « gros
porteurs » a toujours sa place. Le fait de pouvoir
embarquer deux satellites d’un coup permet à
chaque client de financer la moitié du ticket de
vol, ce qui est commercialement attractif.
D’autre part, les gros lanceurs sont nécessaires
parce que les satellites grossissent de plus en
plus. C’est un peu la course à l’échalote…
« La qualité est d’abord un état d’esprit »
En guise de conclusion, revenons sur la certification unique du CNES.Que répondez-vous aux détracteursqui disent que ce n’est que de lapaperasse, que cela ne sert à rien ?La qualité, c’est d’abord un état d’esprit.
Personne n’est obligé de faire de la paperasse
pour la paperasse. Si une procédure est toute
simple, pas la peine de l’écrire. La démarche
qualité apporte un bénéfice certain en terme
d’esprit d’entreprise. Par exemple, lorsqu’un
agent du CNES change d’entité ou de direction,
grâce au référentiel unique généralisé dans
tous les centres du CNES, il se retrouvera dans
son nouveau poste dans un contexte de
fonctionnement familier et cela permet
d'effectuer des économies d'échelle ! Pour
illustrer la pertinence d’une telle démarche, je
vais prendre un exemple dans l’actualité
spatiale. Lors de la fusion récente entre deux
grands groupes du secteur spatial, un des
premiers objectifs fixé par le management est
de certifier l’ensemble du nouveau groupe
dans les deux ou trois ans qui viennent, sur un
périmètre unique, de manière à donner au
personnel un référentiel commun et une culture
d’entreprise commune ! Dans ce cas précis, la
norme ISO poursuit un objectif prioritaire de
performance interne, en parallèle des objectifs
externes, tels que la satisfaction du client. De la
même façon, la norme ISO améliore fortement
les modes de fonctionnement : mise en réseau,
processus transverses, etc. Toute notre ligne
hiérarchique se trouve maintenant dans la
bonne posture : se placer au service de
l’entreprise et de ses processus, avec le but
d'essayer d'améliorer en permanence le
fonctionnement et la qualité de nos produits.
Propos recueillis par
Hervé de La Giclais
Yves Trempat, l’espace-passion
FACE À FACE
8 > q u a l i t é e s p a c e n ° 4 3 Mars/March 2006
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Yves Trempat, a passion for Space
FACE TO FACE
9 >
public is concerned, these objectives are highly
visible and the scientific community's credibility
is renowned at a European level. The stakes are
very high. Europe has set up the programme for
Global Monitoring for Environment and Safety
(GMES), in which Space will play a decisive role,
with CNES as the European leader in the field.
Regarding the general public, there is also a
more traditional application, satellite television
broadcasting, which is working well despite
efforts by companies to rationalise and
introduce economies of scale.
Does satellite broadband access alsohave a future?We are in the process of exploring satellite-
based broadband Internet provision, in order to
reduce the digital divide. Its importance in
Europe, where the infrastructure is relatively
well established, is debatable. However, for
less-developed countries, satellites enable
progress to be made much more quickly.
Obviously Galileo is a project whose applications
will serve the general public: for tracking and
locating cars, boats, lorries, etc. Another
essential sector is Defence. If a country wishes
to play an international role in terms of its
defence capability, with the rapid deployment
of forces, even for peacekeeping purposes, it is
clear that satellites offer undeniable
advantages. While the Americans have learned
this lesson and have developed strong ties
between their Space industry and conventional
armed forces, we in Europe have not yet drawn
all the conclusions. When it comes to deploying
armed forces, a system with a global view is
necessary. In France and Europe, our knowledge
of this subject is still rudimentary.
“There is still a niche for the 'heavy' launchers”
What are the future prospects for theAriane generation of launchers?With Ariane, the debate shifts to the business
of access to Space, which is not only very
competitive, but also very disorganised. The
Russians offer launchers whose prices do not
reflect market reality. This means that while
American-built launchers are reserved for US
defence and other government programmes,
for their commercial needs, the Americans
have signed agreements with the Russians.
This serves another strategically important
purpose for the United States: if 'Space'
engineers are continuously employed in
Russia, they don't need to look for work
elsewhere, particularly in 'rogue states'.
Moreover, this enables the Russians to
compete very effectively with Ariane. We
must try and change this situation. This is
why France has signed agreements to enable
Soyuz vehicles to be launched from Kourou, in
order to keep the European launchers
competitive.
In the end, the Ariane 5 ECA return to flight was a success, but are webacking the right horse?I do think that Ariane is the 'right horse',
because technically the launcher is good,
even if it is hampered by the competition I
have just mentioned, which I consider to be
'borderline'. The question is this: does Europe
want to play a strategic role in Space? If it
wants to control its own future, it has to be
autonomous. Once this decision has been
made and with the cost being so high, the
idea is to develop semi-commercial activities
in order to ease the burden on the taxpayer.
Why not? This also ensures that the skills, the
jobs and the production facilities are
maintained. Considering semi-commercial
activities therefore makes good sense.
However, as these involve very specialised
systems, there is no room for failure. Vehicles
the size of Ariane push the limits of feasibility.
Nevertheless, despite the scale of the
technological challenge, I am convinced that
there is still a niche for 'heavy' launchers.
Being able to carry two satellites at the same
time means that each customer only has to
finance half of the flight ticket, which is
commercially very attractive. In addition,
heavy launchers are necessary as satellite
mass is constantly increasing. It's all about
one-upmanship!
“Quality is above all a state of mind”
To wrap up, let's return to CNES's single ISO certification. How do yourespond to the detractors who saythat it's just more paperwork, that it doesn't help?Quality is above all a state of mind. Nobody is
obliged to do paperwork for its own sake. If a
procedure is simple enough, it doesn't need to
be written down. The quality approach can
really benefit company spirit. For example,
when a CNES employee moves to a different
organisation or directorate, because the same
reference documents apply to all CNES
centres, he begins his new position in a
familiar working context, which also enables
considerable economies of scale! To illustrate
the relevance of such an approach, here is a
topical example from the Space industry.
During the recent merger of two large groups
in the Space sector, one of the first objectives
set by management was to certify the entire
new group within the next three years, within
the same sphere, in order to provide the
employees with a common reference
structure and company culture! In this
particular case, one of the priority objectives
of the ISO standard is internal performance,
together with external objectives such as
customer satisfaction, also advocated by the
ISO standard and which should never be
overlooked. In the same way, the ISO standard
greatly improves operating methods such as
networking, transversal processes, etc. Our
entire management structure is now in good
shape and capable of serving the company
and its processes, in order to continue
improving the operation and quality of our
products.
Interview conducted by
Hervé de La Giclais
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