7
Ann. Kinésithér., 1994, t. 21, nO 4, pp. 183-189 © Masson, Paris, 1994 NOTE DE TECHNIQUE Comportement dans le temps d'une contention souple de genou J.-P. CORDIER (1), G. PIERRON (2). (1) M CMK., CR.F. Flavigny-sur-Moselle, F 54630 Flavigny-sur-Moselle. Institut Régional de Réadaptation, CR.A.M du Nord-Est. Enseignant à l'École de kinésithérapie de Nancy, F 54000 Nancy. (2) M CMK., enseignant à l'École de kinésithérapie de Saint-Maurice, rue de Val-d'Osnes, F 94410 Saint-Maurice. Les contentions adhésives élastiques sont très souvent prescrites en traumatologie sportive. Si leur efficacité mécanique n'est plus à démontrer, qu'en est-il de leur efficacité dans le temps? Nous proposons dans cette étude de tester le comportement dans le temps d'une conten- tion souple de genou lors d'un exercice dynamique et sur une période de 24 heures. Il ressort de cette êtude effectuée sur 30 sujets, que la contention souple perd plus de 65 % de son efficacité initiale au bout de 24 heures. Il semble donc judicieux de la renouveler quotidiennement pour optimiser les effets mécaniques dans le cadre d'un traite- ment curatIf ou préventif. Introduction Les contentions souples adhésives, très utili- sées en traumatologie sportive, ont un rôle essentiel dans la protection et le traitement des lésions articulaires et musculaires. Leur efficacité est due à des actions mécaniques, extéroceptives, proprioceptives, psychologiques (5). De nombreuses techniques de pose ont été décrites (2, 5, 7) et plusieurs d'entre elles testées comparativement, notamment au niveau de la cheville (3) et du genou (1, 6). Dans ce travail de recherche, nous reprenons les travaux de Ribreau (6) qui a mis en évidence le meilleur bandage limitant le valgus et la Tirés à part: J.-P. CORDIER, à l'adresse ci-dessus. rotation externe du genou. Cette contention associe un X double à un hauban double. Ce hauban reproduit l'action du couturier, muscle réalisant à la fois la rotation externe et l'abduction de hanche, et « l'adduction» et la rotation externe du genou. Ces différentes actions le rendent particulièrement protecteur du valgus et de la rotation externe du genou. Parmi les nombreuses questions restant à éclaircir au sujet de l'efficacité des contentions souples adhésives, celle de leur comportement aux sollicitations dynamiques lors des mouve- ments et dans le temps est des plus importantes. Cette question se pose aussi bien pour l'utilisa- tion de cette technique dans le domaine du sport que dans celui de la rééducation classique. Nous nous proposons donc d'étudier l'évolu- tion de l'efficacité de cette contention dans le temps, en la testant : - immédiatement après la pose, - après un effort calibré de 15 minutes sur vélo ergométrique, - et après 24 heures, durant lesquelles le sujet mène une ativité normale. Matériel et méthode POPULA nON 30 sujets, 18 filles et 12 garçons, âgés de 19 ans à 44 ans et pour la plupart étudiants en première année de kinésithérapie. Ces sujets ne présentent aucune pathologie du genou droit. MATÉRIEL Pour la contention - des bandes adhésives extensibles Bip1ast (6 cm de large) des laboratoires Thuasne, 1 t

1994, 21, 4, pp. 183-189 Masson, Paris, 1994

  • Upload
    others

  • View
    4

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 1994, 21, 4, pp. 183-189 Masson, Paris, 1994

Ann. Kinésithér., 1994, t. 21, nO 4, pp. 183-189© Masson, Paris, 1994

NOTE DE TECHNIQUE

Comportement dans le temps d'une contention souple de genou

J.-P. CORDIER (1), G. PIERRON (2).(1) M CMK., CR.F. Flavigny-sur-Moselle,F 54630 Flavigny-sur-Moselle. Institut Régional de Réadaptation, CR.A.M du Nord-Est.Enseignant à l'École de kinésithérapie de Nancy, F 54000 Nancy. (2) M CMK., enseignant à l'École de kinésithérapie deSaint-Maurice, rue de Val-d'Osnes, F 94410 Saint-Maurice.

Les contentions adhésives élastiques sont trèssouvent prescrites en traumatologie sportive.Si leur efficacité mécanique n'est plus àdémontrer, qu'en est-il de leur efficacité dansle temps?

Nous proposons dans cette étude de testerle comportement dans le temps d'une conten­tion souple de genou lors d'un exercicedynamique et sur une période de 24 heures.

Il ressort de cette êtude effectuée sur30 sujets, que la contention souple perd plusde 65 % de son efficacité initiale au bout de24 heures. Il semble donc judicieux de larenouveler quotidiennement pour optimiser leseffets mécaniques dans le cadre d'un traite­ment curatIf ou préventif.

Introduction

Les contentions souples adhésives, très utili­sées en traumatologie sportive, ont un rôleessentiel dans la protection et le traitement deslésions articulaires et musculaires.

Leur efficacité est due à des actions

mécaniques,extéroceptives,proprioceptives,psychologiques (5).

De nombreuses techniques de pose ont étédécrites (2, 5, 7) et plusieurs d'entre elles testéescomparativement, notamment au niveau de lacheville (3) et du genou (1, 6).

Dans ce travail de recherche, nous reprenonsles travaux de Ribreau (6) qui a mis en évidencele meilleur bandage limitant le valgus et la

Tirés à part: J.-P. CORDIER, à l'adresse ci-dessus.

rotation externe du genou. Cette contentionassocie un X double à un hauban double.

Ce hauban reproduit l'action du couturier,muscle réalisant à la fois la rotation externe etl'abduction de hanche, et « l'adduction» et larotation externe du genou. Ces différentesactions le rendent particulièrement protecteurdu valgus et de la rotation externe du genou.

Parmi les nombreuses questions restant àéclaircir au sujet de l'efficacité des contentionssouples adhésives, celle de leur comportementaux sollicitations dynamiques lors des mouve­ments et dans le temps est des plus importantes.Cette question se pose aussi bien pour l'utilisa­tion de cette technique dans le domaine du sportque dans celui de la rééducation classique.

Nous nous proposons donc d'étudier l'évolu­tion de l'efficacité de cette contention dans letemps, en la testant :

- immédiatement après la pose,- après un effort calibré de 15 minutes sur

vélo ergométrique,- et après 24 heures, durant lesquelles le sujet

mène une ativité normale.

Matériel et méthode

POPULAnON

30 sujets, 18 filles et 12 garçons, âgés de 19 ans à 44 anset pour la plupart étudiants en première année dekinésithérapie.

Ces sujets ne présentent aucune pathologie du genoudroit.

MATÉRIEL

Pour la contention

- des bandes adhésives extensibles Bip1ast (6 cm delarge) des laboratoires Thuasne,

1

t

Page 2: 1994, 21, 4, pp. 183-189 Masson, Paris, 1994

184 Ann. Kinésithér., 1994, t. 21, nO 4

FIO. 1. - Matériel pour l'installation du sujet.

- des bombes de spray protecteur et collant des mêmeslaboratoires,

- un peson étalonné,- un mètre ruban, une paire de ciseaux, un feutre à

pointe fine.

Pour l'installation du sujet (fig. 1)- des barres parallèles réglables en hauteur, dont une

réglable latéralement, permettant de modifier leurécartement,

- entre ces barres, est fixé un plan vertical en bois(fig. 1),

- une large sangle d'appui,- une sangle étroite de traction reliée à un système

poids-poulies (fig. 3),- un pèse-personne,- un goniomètre fixé à 30 degrés,- un vélo ergométrique (Bodyguard : Ergometer 990).

Pour les mesures (fig. 2)

Le système se compose :- d'un montant vertical sur lequel glisse un coulisseau

bloquant,- d'une réglette horizontale solidaire du coulisseau et

perpendiculaire au montant, sur laquelle glisse undeuxième coulisseau,

- d'une deuxième réglette horizontale perpendiculaireà la première et solidaire de ce coulisseau,

- d'une pointe située à l'extrémité de cette réglette quipeut donc se déplacer dans les trois plans et s'alignerprécisément sur un repère.

FIO. 2. - Système de mesures (d'après Ribreau, (6)).

FIO. 3. - Installation du sujet avec le système poids-poulies.

MÉTHODE

Installation du sujet (fig. 3)

Le sujet se place entre les barres parallèles, le pied droitposé et aligné sur un repère du pèse-personne situé entreles barres. Ceci permet d'avoir toujours la même positiond'appui lors de chaque mesure. Les barres parallèles sontréglées en hauteur, au-dessus des grands trochanters, etla barre réglable latéralement est serrée afin de bloquerle bassin dans le plan frontal.

Le sujet s'appuie contre un plan vertical en bois placéentre les barres et fixé aux montants de celles-ci. Nous

lui rappelons de bien maintenir cet appui pelvien afin defixer le bassin dans le plan sagittal et horizontal.

Le membre inférieur gauche, à environ 90 degrés deflexion de hanche et de genou, est placé sur une sangletendue entre les deux barres parallèles.

Nous demandons au sujet de maintenir le genou droità 30 degrés de flexion (amplitude contrôlée avec ungoniomètre), d'exercer un appui sur le membre inférieur

Page 3: 1994, 21, 4, pp. 183-189 Masson, Paris, 1994

droit égal à 80 % du poids du corps (appui contrôlé avecle pèse-personne) et de maintenir le membre inférieurgauche relâché.

Système de traction

Le sujet étant installé entre les barres parallèles, nousplaçons une sangle étroite, reliée à un système poids­poulies, au niveau de l'interligne articulaire du genou droit(fig. 3). Le poids du système sollicite le genou en valguset rotation externe et est égal au tiers du poids du corps.

Prises de mesures

Avant insjallation du sujet, nous repérons, à l'aide d'unfeutre à pointe fine, quatre points sur le membreinférieurdroit : .

- l'épine iliaque antéro-supérieure,- le milieu de la base de la rotule,- le milieu de la tubérosité antérieure du tibia,- le milieu de la ligne bi-malléatoire.Lors de la première installation entre les barres

parallèles, le sujet est en appui unipodal droit, mais songenou n'est pas soumis à la traction.

Nous effectuons alors la première mesure, qui est lamesure de référence, nous l'appelons mise à zéro, enpositionnant la pointe de la deuxième réglette en regarddu repère situé sur la tubérosité antérieure du tibia. Nousnotons la graduation correspondante en millimètres.

Cette mesure est répétée sur le genou soumis à latraction. La différence entre les deux graduations nousdonne la valeur du déplacement latéral du genou qui estsignificatif de la variation en valgus et rotation ext:érnedu genou (6).

Ce principe de mesure est répété à chaque étape duprotocole.

Réalisation de la contention

Préparation des bandes

Nous utilisons les bandes adhésives élastiques Biplast(6 cm de large) des laboratoires,Thuasne.

Dans le but d'obtenir une effièacité comparable auxbandes utilisées par Ribreau (6), nous avons testé latension nécessaire pour obtenir un allongement de 50 %par rapport à la longueur initiale de nos bandes, en« cassant » leur élasticité.

Cette tension, évaluée avec un Myostat 2, est de l'ordrede 50 kilogrammes et s'avère incompatible avec une posefacile des bandes.

C'est pourquoi nous choisissons de suivre les conseilsdes laboratoires Thuasne (8) qui préconisent de poser cesbandes sans tension préalable. Toutefois, nous optons pourune tension de 5 kilogrammes au moment de la pose quiest ainsi plus facile; elle est contrôlée avec un pesonétalonné nous permettant d'avoir une constante dans laréalisation de la contention pour chacun des sujets (fig. 4).

Ann. Kinésithér .. 1994. t. 21. nO 4 185

FIG. 4. - Pose et réalisation de la contention sous tension contrôlée

objectivement par dynamomètre.

Pose de la contention

La contention se pose sur le sujet en charge, en fenteavant droite, pour permettre une meilleure fixation surdes muscles contractés. Le genou droit est déverrouilléen varus et rotation interne.

Sur la peau, préalablement rasée et dégraissée à l'éther,nous appliquons le spray protecteur et collant.

Dans un premier temps, nous posons les embases,bandes circulaires et perpendiculaires à l'axe du membre,qui servent de points d'ancrage pour les bandes longitudi­nales. Elles permettent également de déterminer lalongueur de ces bandes qui doivent être les plus longuespossible pour avoir le maximum d'efficacité (5) :

- l'embase supérieure se place à égale distance del'épine iliaque antéro-supérieure et du milieu de la basede la rotule,

- l'embase inférieure se place à égale distance de latubérosité antérieure du tibia et du milieu de la lignebi -malléolaire.

Dans un deuxième temps, le X double est réalisé. Ilest constitué de quatre bandes :

- une qui part de l'embase inférieure, face antéro­externe, se dirige en haut et en dedans, croise l'interlignearticulaire du genou au niveau du condyle interne, et setermine face interne de l'embase supérieure;

- l'autre part de la face interne de l'embase inférieure,se dirige en haut et en dehors, croise également l'interlignearticulaire du genou au niveau du condyle interne, et setermine face antéro-externe de l'embase supérieure;

- les deux autres bandes doublent ce bandage, chacunecroise son homologue au niveau du condyle interne, maisest décalée de moitié par rapport à celle-ci à son origineet à sa terminaison.

Dans un troisième temps, nous réalisons le haubandouble :

Page 4: 1994, 21, 4, pp. 183-189 Masson, Paris, 1994

186 Ann. Kinésithér., 1994, t. 21, nO 4

RÉSULTATS SUR LA POPULAnON TOTALE

Résultats

Ils sont reportés sur la (figure 5).

FIG. 5. - Moyenne + écart-type des déplacements latéraux dugenou au cours des différentes étapes de l'expérimentation :VRI mesure sans contention;VR2 mesure immédiatement après contention;VR3 mesure après 15 mn d'exercice calibré;VR4 mesure après 24 h de pose de la contention.

VRE4VRE3

ŒJ = MOYENNE

T = ECART-TYPE

VRE2VREI

30

20

10

o

60

50

40

mm

Les données individuelles concernant les

valeurs des déplacements latéraux sont compa­rées à l'aide de l'analyse de multivariance pourmesures répétées (Manova : Multiple ANalysisOf VAriance) utilisant la correction deGreenhouse-Geiser (4).

Le seuil significatif retenu est de 0,05.Quand F (Fischer) est significatif, un test t

pour séries appariées est réalisé afin de détermi­ner les valeurs significativement différentes.

L'utilisation de cette méthode d'analyse nouspermet de déterminer les effets des facteursinter-individuels et intra-individuels, ainsi queleurs interactions.

Pour cette étude, un facteur inter-individuel,le sexe (S) et un facteur intra-individuel, le temps(T) sont utilisés. Nous traitons cette analyse avecle logiciel C.L.R. Anova.

Pour étudier le degré de liaison entre lesdifférentes mesures, nous procédons à desrégressions linéaires simples. Les deux variables·sont considérées linéairement corrélées, lorsquele test F d'analyse de variance pour régressionlinéaire est significatif au seuil 0,05.

Exercice calibré sur vélo ergométriqueAfin de tester l'efficacité de la contention après

sollicitations lors de mouvements dynamiques,nous demandons au sujet de s'installer sur unvélo ergométrique et de pédaler.

Auparavant, nous réglons la hauteur de laselle de manière à ce que le sujet ait la hancheet le genou en extension, alors que le talon estposé sur la pédale en position basse.

L'exercice est le même pour chaque sujet:il dure 15 minutes et la puissance de travaildemandée est de 50 Watts.

Protocole

Les étapes se succèdent comme suit- nous prenons les repères cutanés,- nous installons le sujet dans les barres

parallèles et nous faisons la mise à zéro dusystème de mesures. Suivent ensuite quatremesures effectuées dans les mêmes conditions :

sujet dans les barres parallèles et genou soumisà la traction, nous mesurons le déplacementlatéral du genou, significatif du valgus et de larotation externe (V.R.E.). Aucune consigne n'estdonnée au sujet quant au contrôle de son genou,

- nous effectuons la ;)remière mesure, nousl'appelons V.R.E. 1,

- nous posons la contention et prenons ladeuxième mesure, V.R.E.2,

- le sujet pédale sur vélo ergométriquependant quinze minutes et nous prenons latroisième mesure, V.R.E. 3,

- 24 heures plus tard, nous prenons ladernière mesure, V.R.E.4.

Analyse statistiquePour chaque série de mesures, les résultats

sont moyennés et l'écart-type déterminé (fig. 5).

- la première bande part de la face antéro-externe del'embase inférieure, se dirige en haut et en dedans, cravatela face interne du genou le plus possible en avant de l'axede flexion-extension, sans toutefois appuyer sur le bordinterne de la rotule. Elle se dirige ensuite en haut et endehors, et se termine face antéro-externe de l'embasesupérieure;

- la seconde bande double la première en la chevau­chant de moitié aux extrémités, mais se superpose presquetotalement à celle-ci au niveau du condyle interne.

Dans un dernier temps, nous « fermons» la contentionen doublant les embases.

La bande est posée sous tension contrôlée objectivementpar dynamomètre comme le montre la figure 4.

Page 5: 1994, 21, 4, pp. 183-189 Masson, Paris, 1994

ANALYSE STATISTIQUE

Analyse de multivariance

Une condition d'utilisation de ce logiciel nousimpose d'avoir des groupes égaux en nombrelorsque nous voulons les comparer.

C'est pourquoi dans un premier temps, nousfaisons une Manova pour analyser l'influence desdifférents facteurs, sexe et temps, et de leurinteraction sur les mesures du déplacementlatéral du genou avec deux groupes, masculinet féminin, comportant chacun 12 sujets(tableau 1).

Nous constatons une valeur du F, pour lefacteur S et l'interaction ST, non significative.Il n'y a donc pas de différence dans les mesuresselon le sexe.

Nous pouvons maintenant, sur l'ensemble dela population, faire une Manova en ne tenantcompte que du facteur intra-individuel T.

Nous obtenons F(3,69) = 52,683, p < 0,001.Comme F est significatif, nous effectuons destests t pour séries appariées afin de déterminer lesvaleurs significativement différentes (tableau II).

Tous les tests t sont significatifs, les moyennesde chaque mesure V.R.E. 1., V.R.E. 2, V.R.E. 3,

Ann. Kinésithér., 1994, t. 21, nO 4187

TABLEAU III. - Régressions linéaires. N = 24. F(1,28)

p

VRE 1 VRE2

23,135< 0,001

VRE 1 VRE 3

5,20,03

VRE 1 VRE4

12,9140,001

VRE2 VRE 3

10,9920,003

VRE2 VRE4

20,675< 0,001

VRE3 VRE4

40,759< 0,001

V.R.E. 4, sont significativement différentes entreelles.

Corrélations

Les valeurs des F de l'analyse de variance,ainsi que celles de leur probabilité correspon­dante, sont données pour chacune des corréla­tions testées dans le tableau III.

Toutes les corrélations ont une probabilitéinférieure au seuil 5 %. Les mesures effectuéesavant contention et aux différents temps aprèscontention, sont donc toutes linéairement corré­lées les unes avec les autres.

TABLEAU 1. - Manova 24 sujetssur les mesures du déplacement latéral du genou.

DiscussionFacteurs F p

TABLEAU II. - Résultats des tests t. (S: significatif). N = 24.

VRE1 *

VRE1

F(1,16) = 1,899

F(3,48) = 40,317

F(3,48) = 1,600

EFFICACITÉ DE LA CONTENTION APRÈS LA

POSE

Lorsque le genou est soumis à la traction sanscontention, le déplacement moyen V.R.E. 1 estde 38,5 mm.

Après pose de la contention, le déplacementV.R.E.2 est de 17,40 mm en moyenne.

Le gain observé est de l'ordre de 55 %. Il esthautement significatif (tableau II) et V.R.E. 1 etV.R.E. 2 sont linéairement corrélés (tableau III).

Ces résultats sont différents de ceux trouvés

par Ribreau, qui obtient une valeur moyennepour V.R.E. 1 de 69,03 mm et un gain aprèsla pose de la contention de l'ordre de 42,5 %.Ces différences peuvent s'expliquer de la manièresuivante :

*

VRE4

N.S.

N.S.

p < 0,001

*

S

VRE3

*

s

s

VRE2

s

S

s

s

T

ST

VRE3

VRE4

VRE2

11

1

)1.

Page 6: 1994, 21, 4, pp. 183-189 Masson, Paris, 1994

188 Ann. Kin ésithér. , 1994, t. 21, nO A

- d'une part, pour chaque mesure effectuée,nous ne donnons au sujet aucune consignerelative au contrôle de son genou, alors queRibreau donne une consigne de relâchementcomplet à ce niveau. Il y a donc une part decontrôle actif dans le déplacement latéral dugenou qui est variable d'un sujet à l'autre et quiexplique en partie cette différence ainsi quel'importance de l'écart-type (11,60) ;

- d'autre part, au niveau de la contentionelle-même, le montage est différent puisqu'il estentièrement doublé (X et hauban) et le matérielest \également différent, Ribreau ayant utilisé del'Élastoplaste.

Ces deux points expliquent en partie le gainobtenu, sans pouvoir cependant attribuer à l'unou à l'autre cette amélioration.

Une partie de ce gain revient également aurôle proprioceptif de la contention élastique.

EFFICACITÉ APRÈS EXERCICE DE 15 MINUTES

L'efficacité a diminué, elle n'est plus que de42 %. Bien que cette différence soit significative,nous considérons que la contention remplittoujours son rôle. Mais la corrélation entreV.R.E. 1 et V.R.E. 3 est la moins marquée etindique que toutes les variations ne se font peutêtre pas dans le même sens.

En effet, si nous analysons les résultats, 12sujets ont une meilleure réduction aprèsl'exercice.

Cet exercice est supérieur aux 10 minutesd'échauffement minimum et nous supposonsqu'il y a une augmentation de la vigilancemusculaire.

Constatant ce fait au cours de l'expérimenta­tion, nous avons demandé à ces sujets s'ils sontsportifs ou pratiquent un sport régulièrement.

Il ressort que la plupart d'entre eux l'esteffectivement, mais cet interrogatoire est insuffi­sant pour dégager une sous population significa­tive, d'autant plus que d'autres sujets, n'apparte­nant pas à ce groupe, sont également sportifsmais n'obtiennent pas ce résultat.

Nous pouvons tout de même supposer que lapose d'une contention souple, associée à unéchauffement musculaire, se justifie avant un

entraînement ou une compétition, car son actionse trouve renforcée.

Il nous semble que cette hypothèse pourraitfaire l'objet d'une étude plus approfondie, avecun protocole plus précis, permettant des prisesde mesures rapprochées dans le temps, etdifférenciant une population sportive et nonsportive.

EFFICACITÉ APRÈS 24 HEURES

Au bout de 24 heures, l'efficacité de lacontention n'est plus que de 19 %. Statistique­ment, cette mesure est significative par rapportà V.R.E. l, c'est-à-dire que la contention atoujours une action mécanique, mais elle noussemble insuffisante pour maintenir efficacementle genou.

Ainsi, dans le cas d'un traitement parcontention souple et dans le but d'optimiserl'efficacité de celle-ci, il nous semble indispensa­ble de la renouveler toutes les 24 heures.

Conclusion

Cette étude permet dans un premier tempsde confirmer l'efficacité de ce type de contentionmis en évidence par Ribreau avec cependant desmatériaux différents. La réalisation d'un exercice

de quinze minutes ne réduit l'efficacité dumontage que de 13 % environ, ce qui permetde justifier son utilisation dans le cadre d'acti­vités sportives. De plus, une quinzaine de sujetsprésentent une meilleure réduction après exer­cice, sans qu'il soit possible pour le moment d'endéterminer l'origine.

Par contre, au bout de 24 heures de port enactivité normale, l'efficacité mécanique toujoursprésente est très faible et ne semble pas être enmesure de protéger efficacement l'articulation.

Il nous semble donc nécessaire de renouveler

quotidiennement une contention souple lorsquenous voulons obtenir le maximum d'efficacité

mécanique.

Page 7: 1994, 21, 4, pp. 183-189 Masson, Paris, 1994

Références

1. CADET J. - Influence de l'application de bandes adhésivesinextensibles sur la rotation externe du genou. Mémoire pourle certificat national de Moniteur Cadre en Masso-Kinésithéra­pie. Lamorlaye, 1981.

2. CECCALDI A., LE BACH B. - Les contentions souples.C.LC.F., 1971.

3. DESIAGE 1. - Les contentions souples limitant le varus del'arrière-pied. Étude comparative. Mémoire pour le certificatnational de Moniteur Cadre en Masso-Kinésithérapie. Lamor­laye, 1989.

MASSON ID

Ann. Kinésithér., 1994, t. 21, nO 4 189

4. GEISER S., GREENHOUSE S.W. - An extension of Bor'sresults on the use of the F distribution in multivarianceanalysis. Ann. Math. Stat., 1958, 29, 885-891.

5. NEIGER H. - Les contentions souples adhésives. Applicationen traumatologie du sport et en rééducation. ]e édition, Paris:Masson, 1988.

6. RIBREAU L. - Influence de contentions souples adhésives surla limitation du valgus et de la rotation externe du genou.Mémoire pour le certificat national de Moniteur Cadre enMasso-Kinésithérapie. Lamorlaye, 1990.

7. ROUILLON O. - Les contentions adhésives appliquées aumembre inférieur, tome 1. Paris: Vigot, 1987.

8. THUASNE - La nouvelle contention adhésive. Saint-Étienne:Laboratoires Thuasne.

DOSSIERS DE KINÉSITHÉRAPIE

Sous la direction dIE. VIEL et F. PLAS

N° 12. Rééducation en traumatologie: La région de la cuisse, genou, jambe

par A. Berthe

Le kinésithérapeute se trouve confronté à des problèmes spécifiques en rééducation post-traumatique du fait des

divers types de traitements possibles et des diHérentes phases de consolidation. Les connaissances de base in­

dispensables sont traitées dans cet ouvrage: biomécanique de la région, méthodes de traitement, élaboration

d'un programme rééducatif, applications pratiques manuelles et instrumentales. Les principales indications, les

aspects pratiques (notions utiles) de la rééducation sont indiqués, de même que les principales méthodes em­

ployées. Constitué de chapitres indépendants et doté d'un plan thématique, il permet une lecture à diHérents ni­

veaux, ainsi que l'actualisation des connaissances techniques. Le professionnel peut ainsi "fabriquer" sa séance

en fonction de l'acte thérapeutique et de la période de son intervention ...

1994, 128 pages,

89 figures,

(21 x 27),145 F

Ouvrage en vente enlibrairie ou à la M.L.S.