12
(synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE Le rapprochement de la traduction officielle de l’Eglise de France et de la version araméenne conservée par l’Eglise d’Orient (PESHITTA) permettent de consolider la compréhension. Les points identifiés dans la synopse sont explicités ici article par article (la traduction officielle de l’Eglise de France figure en bleu foncé ; la traduction directe de l’araméen figure en mauve) Comme l’annexe A, la présente annexe a pour socle les travaux de Monsieur Pierre PERRIER. Elle s’appuie également sur les traductions directes de l’araméen en français du Père Frédéric GUIGAIN (La récitation orale de la nouvelle alliance, Cariscript) et de Joachim Elie et Patrick CALAME (Les évangiles traduits du texte araméen, Desclée de Brouwer). En fin d’annexe sont rapprochées les versions française et araméenne du Symbole des Apôtres article 1- prologue de l’évangile de Jean : en Jean 1 9 , au lieu de ‘’le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en ve- nant dans le monde’’, l’araméen dit ‘’le Verbe était la vraie Lumière, qui illumine tout homme venant au monde’’. en Jean 1 14 , au lieu de ‘’Fils unique plein de grâce et de vérité’’, l’araméen dit ‘’Fils unique plein de grâce et de rigueur’’. article 3- annonce et naissance de Jean Baptiste (Luc 1 13 ) article 7- Joseph assume la paternité légale de Jésus (Matthieu 1 21 ) article 9- huitième jour – circoncision et nom de l’enfant (Matthieu 1 25c ) : à l’inverse de ce que suggèrent les traductions occidentales, et comme le dit l’araméen, c’était la mère qui nommait son enfant : cf. en ce sens l’Annonciation, l’ange Gabriel y dit à Marie ‘’tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus’’ (Luc 1 31 ). article 4 : Annonciation : Luc 1 27 , en araméen le nom ‘’Marie’’ ressemble à celui de ‘’Seigneur’’ (Mâryâ) et en dériverait ; ce qui en ferait ‘’Dame’’, ‘’princesse’’, ‘’maîtresse’’. l’araméen complète comme suit le verset 1 28 de Luc : ‘’je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi, bénie entre toutes les femmes’’ ; en araméen, l’ange Gabriel et la cousine Elisabeth prononcent les mêmes paroles (cf. Luc 1 42 ). en Luc 1 34 , au lieu de ‘’comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’hom- me’’, l’araméen comprend ‘’comment cela sera-t-il reconnu par mon fiancé comme ve- nant de la Sagesse ?’’ : il signifie par-là que Marie, dans sa totale confiance (et à la différence de Za- charie en 1 18 ), ne pose aucune question à Dieu, mais s’inquiète seulement de ce que pourra souffrir et penser son fiancé en sa droiture ; et il souligne la réponse de l’ange, qui explicite l’action de l’Esprit Saint sur Ma- rie – première révélation de la Sainte Trinité –, mais ne dit mot de Joseph, sug- gérant qu’il soit, comme elle, laissé seul, libre en sa conscience d’accueillir l’en- fant Jésus et d’assumer la paternité légale en accomplissement des écritures. article 6- naissance et circoncision de Jean Baptiste : en Luc 1 80 , au lieu de ‘’l’enfant grandissait et son esprit se fortifiait’’, l’araméen dit ‘’grandissait et se fortifiait dans l’Es- prit’’. article 7- Joseph assume la paternité légale de Jésus : en Matthieu 1 19 , au lieu de ‘’Joseph… décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur…’’, l’araméen dit ‘’réfléchit à la répudier en secret. Or tandis qu’il y ré- fléchissait, l’ange…’’, signifiant par-là que Joseph ne savait pas discerner par lui-même la ligne de conduite juste : d’ailleurs, que signifie ‘’répudier en secret’’ ? Il était torturé par la situation dans laquelle ils allaient se trouver, lui-même mais surtout Marie, sa fiancée très respectée et aimée, et l’enfant à naître : il mit sa confiance en Dieu, assez pour s’endormir, et s’endormir assez paisiblement pour bien discerner et ac- cueillir la solution que l’ange lui indiqua. article 8- Nativité : en Luc 2 14 , le chant des anges ‘’gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’il aime’’ est en araméen ‘’gloire à Dieu au plus haut des cieux, et bonne espérance pour les fils d’homme’’. article 10- 40 ème jour – purification de Marie et présentation de Jésus au Temple : en Luc 2 22 , au lieu de ‘’quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification’’ (de Marie), l’araméen dit ‘’leur purification’’. en Luc 2 35 , l’araméen voit l’âme de Marie transpercée non pas d’un ‘’glaive’’ mais d’une ‘’lance’’ (en correspondance avec le coup de lance dans le côté du Christ). article 11- Epiphanie – fuite en Egypte – massacre des saints Innocents : en Matthieu 2 11 , au lieu de ‘’ils lui offrirent leurs présents’’, l’araméen dit ‘’offrandes sacrées’’ : c’est le ‘’korban’’, ce que l’on offre à Dieu dans le Temple (cf. article 81, Marc 7 11 et Matthieu 15 5 ) ; l’or, l’encens et la myrrhe sont effectivement employés dans la liturgie du Temple ; et les mages reconnaissent donc ouvertement Dieu en Jésus. En Matthieu 2 13à15 , la racine araméenne du terme ‘’Egypte’’ est l’oppression / angois- se : Joseph fuit dans l’angoisse ; et, à l’image du peuple d’Israël opprimé en Egypte, il y reste, jusqu’à ce que l’ange l’avertisse de rentrer en Israël (en reprenant les paroles du prophète Osée 11 1 : ‘’d’Egypte, j’ai appelé mon fils’’, celui qui sauve de l’angoisse). En Matthieu 2 16 , l’araméen précise qu’Hérode fait tuer les garçons. 1

1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

(synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE

Le rapprochement

de la traduction officielle de l’Eglise de France et de la version araméenne conservée par l’Eglise d’Orient (PESHITTA)

permettent de consolider la compréhension.

Les points identifiés ○dans la synopse sont explicités ici article par article (la traduction officielle de l’Eglise de France figure en bleu foncé ;

la traduction directe de l’araméen figure en mauve)

Comme l’annexe A, la présente annexe a pour socle les travaux de Monsieur Pierre PERRIER.

Elle s’appuie également sur les traductions directes de l’araméen en français

du Père Frédéric GUIGAIN (La récitation orale de la nouvelle alliance, Cariscript)

et de Joachim Elie et Patrick CALAME (Les évangiles traduits du texte araméen, Desclée de Brouwer).

En fin d’annexe sont rapprochées les versions française et araméenne du Symbole des Apôtres

article 1- prologue de l’évangile de Jean : 1° en Jean 19, au lieu de ‘’le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en ve-nant dans le monde’’, l’araméen dit ‘’le Verbe était la vraie Lumière, qui illumine tout homme venant au monde’’. 2° en Jean 114, au lieu de ‘’Fils unique plein de grâce et de vérité’’, l’araméen dit ‘’Fils unique plein de grâce et de rigueur’’. article 3- annonce et naissance de Jean Baptiste (Luc 113) article 7- Joseph assume la paternité légale de Jésus (Matthieu 121) article 9- huitième jour – circoncision et nom de l’enfant (Matthieu 125c) : à l’inverse de ce que suggèrent les traductions occidentales, et comme le dit l’araméen, c’était la mère qui nommait son enfant : cf. en ce sens l’Annonciation, l’ange Gabriel y dit à Marie ‘’tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus’’ (Luc 131). article 4 : Annonciation : 1° Luc 127, en araméen le nom ‘’Marie’’ ressemble à celui de ‘’Seigneur’’ (Mâryâ) et en dériverait ; ce qui en ferait ‘’Dame’’, ‘’princesse’’, ‘’maîtresse’’. 2° l’araméen complète comme suit le verset 128 de Luc : ‘’je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi, bénie entre toutes les femmes’’ ; en araméen, l’ange Gabriel et la cousine Elisabeth prononcent les mêmes paroles (cf. Luc 142).

3° en Luc 134, au lieu de ‘’comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’hom-me’’, l’araméen comprend ‘’comment cela sera-t-il reconnu par mon fiancé comme ve-nant de la Sagesse ?’’ :

il signifie par-là que Marie, dans sa totale confiance (et à la différence de Za-charie en 118), ne pose aucune question à Dieu, mais s’inquiète seulement de ce que pourra souffrir et penser son fiancé en sa droiture ;

et il souligne la réponse de l’ange, qui explicite l’action de l’Esprit Saint sur Ma-rie – première révélation de la Sainte Trinité –, mais ne dit mot de Joseph, sug-gérant qu’il soit, comme elle, laissé seul, libre en sa conscience d’accueillir l’en-fant Jésus et d’assumer la paternité légale en accomplissement des écritures.

article 6- naissance et circoncision de Jean Baptiste : en Luc 180, au lieu de ‘’l’enfant grandissait et son esprit se fortifiait’’, l’araméen dit ‘’grandissait et se fortifiait dans l’Es-prit’’. article 7- Joseph assume la paternité légale de Jésus : en Matthieu 119, au lieu de ‘’Joseph… décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur…’’, l’araméen dit ‘’réfléchit à la répudier en secret. Or tandis qu’il y ré-fléchissait, l’ange…’’, signifiant par-là que Joseph ne savait pas discerner par lui-même la ligne de conduite juste : d’ailleurs, que signifie ‘’répudier en secret’’ ? Il était torturé par la situation dans laquelle ils allaient se trouver, lui-même mais surtout Marie, sa fiancée très respectée et aimée, et l’enfant à naître : il mit sa confiance en Dieu, assez pour s’endormir, et s’endormir assez paisiblement pour bien discerner et ac-cueillir la solution que l’ange lui indiqua. article 8- Nativité : en Luc 214, le chant des anges ‘’gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’il aime’’ est en araméen ‘’gloire à Dieu au plus haut des cieux, et bonne espérance pour les fils d’homme’’. article 10- 40ème jour – purification de Marie et présentation de Jésus au Temple : 1° en Luc 222, au lieu de ‘’quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification’’ (de Marie), l’araméen dit ‘’leur purification’’. 2° en Luc 235, l’araméen voit l’âme de Marie transpercée non pas d’un ‘’glaive’’ mais d’une ‘’lance’’ (en correspondance avec le coup de lance dans le côté du Christ). article 11- Epiphanie – fuite en Egypte – massacre des saints Innocents : 1° en Matthieu 211, au lieu de ‘’ils lui offrirent leurs présents’’, l’araméen dit ‘’offrandes sacrées’’ : c’est le ‘’korban’’, ce que l’on offre à Dieu dans le Temple (cf. article 81, Marc 711 et Matthieu 155) ; l’or, l’encens et la myrrhe sont effectivement employés dans la liturgie du Temple ; et les mages reconnaissent donc ouvertement Dieu en Jésus. 2° En Matthieu 213à15, la racine araméenne du terme ‘’Egypte’’ est l’oppression / angois-se : Joseph fuit dans l’angoisse ; et, à l’image du peuple d’Israël opprimé en Egypte, il y reste, jusqu’à ce que l’ange l’avertisse de rentrer en Israël (en reprenant les paroles du prophète Osée 111 : ‘’d’Egypte, j’ai appelé mon fils’’, celui qui sauve de l’angoisse). 3° En Matthieu 216, l’araméen précise qu’Hérode fait tuer les garçons.

1

Page 2: 1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

article 15- Jean-Baptiste prêche : en Luc 314, au lieu de ‘’ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort’’, l’araméen dit ‘’ne brutalisez ni ne torturez personne’’. article 16- Jean baptiste témoigne de l’arrivée du Messie : en Jean 127, après ‘’c’est lui qui vient derrière moi’’, et avant de continuer ‘’et je ne suis pas digne de délier la cour-roie de sa sandale’’, l’araméen comporte en sus : ‘’et il était avant moi !’’. article 18- origine humaine de Jésus selon Luc : 1° en Luc 323, au lieu de ‘’quand il commença, Jésus avait environ trente ans’’, l’ara-méen dit ‘’quand il commença, Jésus avait [juste] trente ans’’ ; le baptême, au cours du-quel Jésus apparaît pour la première fois en public, a lieu en décembre 26, date précise de son trentième anniversaire, au moment de la fête de la Dédicace du Temple : son baptême étant la dédicace de son propre corps à sa mission de Rédemption. 2° en Luc 323 également, au lieu de ‘’il était, à ce que l’on pensait, fils de Joseph’’, l’ara-mén dit ‘’il était reconnu / établi fils de Joseph’’ (avec enregistrement de l’acte d’adop-tion au registre de Bethléem). 3° en Luc 333, ‘’fils d’Aminadab, fils d’Admine, fils d’Arni, fils d’Esrom’’, l’araméen ne com-porte pas ‘’Admine’’, conformément à ce qu’indique Matthieu 117 : ‘’depuis Abraham jus-qu’à David, quatorze générations’’ (alors que la version française en compte 15). article 19- jeûne et tentation au désert : 1° en Luc 42 et Matthieu 41, le ‘’diable’’ est désigné en araméen de manière concrète et imagée comme l’accusateur, celui qui dévore, disloque, défigure le visage de sa ressem-blance avec Dieu. 2° en Luc 43-4, après ‘’l’homme ne vit pas seulement de pain’’, l’araméen comporte un sus ‘’mais de toute parole de Dieu’’, comme dans l’évangile de Matthieu. article 20 : appel des premiers disciples : 1° en Jean 142, ‘’tu t’appelleras Képhas – ce qui veut dire : Pierre –’’ : en araméen la pierre est très précisément en forme de boule que l’on peut tenir dans la paume de la main, comme la boule que tient le Christ dans de nombreuses images ou statues. 2° en Jean 151, au lieu de ‘’vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et des-cendre au-dessus du Fils de l’homme’’, l’araméen dit ‘’auprès du Fils de l’homme’’ car il est à, la fois en haut et en bas, et les anges montent et descendent vers lui (cf. l’échelle de Jacob : Genèse 2810-17). article 21- noces de Cana : en Jean 24, au lieu de ‘’femme, que me veux-tu ?’’, l’ara-méen dit ‘’en quoi, femme, tout cela nous regarde-t-il ?’’, le terme ‘’femme’’ ayant une consonnance très respectueuse (cf. également ci-après art. 108). article 25- Nicodème : 1° en Jean 313, après ‘’nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme…’’, l’araméen comporte en plus ‘’celui qui existe dans les cieux’’. 2° en Jean 315, au lieu de ‘’afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle’’, l’ara-méen dit ‘’afin que tout homme qui croit en lui ne périsse pas et ait la vie éternelle’’ (texte repris exactement dans les mêmes termes au verset suivant de la version française).

article 26- dernier témoignage de Jean-Baptiste avant son emprisonnement : en

Jean 328, dans la version française comme dans l’araméenne, Jean-Baptiste dit : ‘’moi, je

ne suis pas le Christ’’ et désigne donc ainsi de fait Jésus comme le Messie. En revanche, en Jean 333, Jean-Baptiste ’’certifie que Dieu est vrai’’ alors que l’ara-méen dit ‘’le Messie est vraiment Dieu’’ : Jean Baptiste dit explicitement que Jésus est le Messie et que le Messie est vraiment Dieu ; donc que Jésus est Dieu. Affirmation renforcée par les deux versets suivants (Jésus est ‘’Fils de Dieu’’ ; et ‘’qui croit au Fils a la vie éternelle’’), ainsi que par la position de ces versets dans le ‘’filet’’ de Jean l’évangéliste (dernière colonne de la 1ère ligne, cf. ANNEXE A7 : c’est l’ultime témoignage public de Jean Baptiste sur Jésus avant d’être emprisonné ; et il doit être parfaitement clair). Cet écart de compréhension est-il imputable à l’inversion dans les versions gréco-latines du sujet et de l’attribut et à la transformation de l’adverbe en adjectif ? En tout cas, la même formule est employée lors de la Résurrection, et le texte français est alors simi-laire à l’araméen : ‘’le Seigneur est réellement ressuscité’’ (Luc 2434 : art. 239). article 27- emprisonnement de Jean Baptiste : en Marc 620 ‘’Hérode avait peur de Jean ; il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait en-tendu, il était très embarrassé ; cependant, il l’écoutait avec plaisir’’, l’araméen dit : ‘’il le protégeait, l’écoutait sur beaucoup de choses, et les faisait. Il l’écoutait avec plaisir’’. article 38- 1ère controverse : remise des péchés – le paralytique de Capharnaüm : 1° en Luc 519, l’araméen ne fait pas allusion au fait ‘’d’écarter les tuiles’’ pour faire des-cendre la civière. 2° en Marc 21, au lieu de ‘’quelques jours plus tard, Jésus revint à Capharnaüm…’’, l’a-raméen dit ‘’de nouveau Jésus entra à Capharnaüm pour quelques jours’’. article 46- 1° les béatitudes : - Matthieu 54, ‘’heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés’’ : la tradition orientale n’y voit pas ceux qui pleurent sur leur malheur ou leur souffrance, mais ceux qui pleurent sur l’horreur des péchés et font Miséricorde (c’est-à-dire les pleurs de Jésus à Gethsé-mani, ou face aux filles de Jérusalem sur le chemin du calvaire) ; - Matthieu 56, ‘’heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés’’ : la tradition orientale ne voit pas la ‘justice’ dans le sens qui lui est aujourd’hui habituelle-ment conféré en occident, celui de justice distributive et de l’égalité ; mais dans le sens du désir de s’ajuster constamment et en tout à la volonté de Dieu, aux commandements et surtout au premier d’entre eux, le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain : c’est la ‘’justesse de vie’’ de l’homme ‘’juste’’, sa droiture de comportement, sa rectitude, c’est-à-dire la recherche de la sainteté et de l’amitié avec Dieu

(cf. également Luc 16 à propos de Zacharie et Elisabeth, Matthieu 119 à propos de Joseph, Luc 225 à propos de Syméon, Matthieu 315 lors du baptê-me de Jésus, Luc 2350 à propos de Joseph d’Arimathie) ;

- Matthieu 57, ‘’heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde’’ : en Hébreu la miséricorde c’est ressentir dans ‘’ses entrailles’’ (à proprement parler : dans l’utérus ma-ternel) la souffrance des autres, comme une mère la ressent chez son enfant et ne peut s’empêcher de faire tout ce qu’elle peut pour lui.

2

Page 3: 1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

2° les malédictions : Luc 624, ‘’quel malheur pour vous, les riches, les repus, qui riez !’’ ; la tradition orientale veut écarter tout risque d’interprétation vindicative ou vengeresse au bénéfice d’une intonation de compassion : elle préfèrerait l’expression ‘’hélas pour vous’’ ou ‘’quel dommage pour vous’’, qui ne prenez pas part à la béatitude de Dieu et passez à côté de son amour (cf. aussi art. 119 et 181). article 47- je ne suis pas venu abolir mais accomplir : en Matthieu 517, ’’ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir’’ ; dans la tradition orientale il s’agit d’accomplir la Loi et les Prophètes au sens le plus plein : de les amplifier jusqu’au point de déchirer le vieux vêtement et de faire éclater les vieilles outres ! (cf. art. 40). En Matthieu 522, au lieu de ‘’tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement’’ l’araméen précise ‘’se met en colère contre son frère, pour rien,…’’. En Matthieu 527, ‘’tu ne commettras pas d’adultère’’ : l’araméen comprend ‘’errer / tourner en rond’’, pratiquer une sexualité errante qui empêche toute relation vraie devant Dieu, et empêche d’accueillir la vie de façon responsable. En Matthieu 532, au lieu de ‘’tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illé-gitime, la pousse à l’adultère’’, l’araméen dit ‘’hormis le cas de prostitution’’. En Matthieu 544, ‘’aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent’’, est com-plété comme suit en araméen : ‘’bénissez celui qui vous maudit, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous dominent et vous persécutent’’. article 53- ‘’témoignage de Jean-Baptiste’’ : en Luc 719-20 et Matthieu 112-3, au lieu de ‘’Jean-Baptiste nous a envoyés te demander : ‘es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?’ ‘’, l’araméen dit ‘’Jean-Baptiste nous a envoyés auprès de toi, et il dit : ‘es-tu celui qui vient ou attendrons-nous l’autre ?’ ’’. 1° le Précurseur lui-même doutait-il que Jésus fût le Messie ? L’araméen ne laisse aucun doute à cet égard : Jean-Baptiste envoie ses disciples pour qu’ils se convainquent d’eux-mêmes de la véritable identité et messianité de Jésus ; le ton est : ‘’allez-donc voir par vous-mêmes’’. Et le Christ comprend la méthode persuasive de son cousin en les in-vitant à constater par eux-mêmes l’accomplissement des prophéties, notamment celles d’Isaïe, et comprennent qu’Il est bien l’époux et Jean-Baptiste l’ami de l’époux. Pour l’Eglise d’Orient Jean-Baptiste n’a jamais douté de la divinité de Jésus-Messie (cf. ANNEXE A7) : son père Zacharie l’avait clairement affirmé dans le ‘benedictus’ (art. 6) ; tel est aussi son témoignage devant les prêtres, lévites et pharisiens envoyés à lui (art. 16), puis lors du baptême du Christ (art. 17), et à nouveau le lendemain en lui adressant deux de ses disciples (art. 20), puis encore lorsqu’il avait été interrogé sur les baptêmes auxquels Jésus procédait concurremment à lui (cf. note sur l’art. 26)… Ici, il réaffirme la divinité de Jésus et incite tous ses disciples à aller vers le seul vrai Maître. 2° seconde interrogation sur la personnalité possible d’un autre Messie ? Au lieu de ‘’ou devons-nous en attendre un autre ?’’, l’araméen dit ‘’ou devons-nous attendre l’autre ?’’, désignant clairement par-là le choix fondamental et constant à faire…

- entre Jésus Messie, juste et miséricordieux, qui appelle spirituellement au salut é-ternel et céleste, - et le messie du monde, prétendant à la victoire, la domination et la gloire terres-tres, toujours tentant et trompeur, issu de toutes les formes d’illusions, mensonges et hérésies, jusqu’au ‘’sur-humanisme dit post-moderne’’ ou à l’Islam réactivé.

… et soulignant l’exactitude de la question suggérée par Jean-Baptiste à ses disciples et chacun d’entre nous, celle qui va s’attirer la réponse de vérité de Jésus, celle de la jus-tice et de la miséricorde : ‘’les aveugles retrouvent la vue… les pauvres reçoivent la Bon-ne Nouvelle’’ ; avec ce souhait et cette admonestation ultimes : ‘’heureux celui pour qui je suis pas une occasion de chute’’, celui qui voit et suit en moi le Messie céleste, et se garde de dériver vers un messie terrestre. article 57- parabole du semeur : elle est dite ‘parabole des terrains’ dans la tradition orientale car elle ne porte pas tant sur celui qui sème la Parole – le Christ – que sur les hommes qui reçoivent cette semence et la laissent pénétrer plus ou moins profondément dans leur cœur : le Seigneur sème des graines adaptées à chaque terrain et ce n’est point son fait si elles se perdent ; si la récolte est mauvaise, c’est le terrain qui est en cause, le cœur de l’homme qui s’est durci, desséché ou laissé étouffer par les préoccu-pations du monde. article 58- pourquoi Jésus enseigne en paraboles : Matthieu 1315, cf. art.182. article 60- rien ne sera caché – écoutez : à la fin du verset 424 de Marc, l’araméen pré-cise : ‘’la mesure que vous utilisez sera utilisée aussi pour vous, et il vous sera donné encore plus, vous qui entendez’’. article 70- guérison de la fille de Jaïre : en Marc 541 ‘’il saisit la main de l’enfant et lui dit : ‘Talitha koum’, ce qui signifie ‘jeune fille, je te le dis, lève-toi !’ ’’, phrase conservée dans sa langue maternelle araméenne pour signifier l’extrême douceur du Christ face à l’enfant et ses parents ;étant précisé que l’araméen dit ‘’Talitha koumi’’ car il s’agit d’une fille : ‘’koum’’ désigne un garçon. article 71- Jésus chassé de Nazareth : en Matthieu 1355, ‘’n’est-il pas le fils du char-pentier ?’’ ; en araméen, ‘’charpentier / artisan’’ a pour racine ‘’être patient / prendre le temps de bien faire les choses’’, le même verbe qu’emploie saint Paul dans ‘’l’amour est patient’’ (1 Corinthiens 134) ; Joseph fait dans son métier œuvre d’amour et patience… Et, de même Jésus, dans le même métier, est-il l’Amour patient et créateur (Marc 63). article 72- l’infirme de la piscine de Bethzatha : à la fin du verset Jean 516, l’araméen comporte en sus ‘’et cherchaient à le tuer’’. article 73- instructions pour la mission des douze : en fin de verset Marc 611, l’ara-méen comporte en plus ‘’amen, je vous le dis : au jour du jugement, Sodome et Go-morrhe auront plus de calme que cette ville (Capharnaüm])’’, ce qui rend homogènes les deux évangiles de Marc et Matthieu. article 75- mort de Jean Baptiste – interrogations d’Hérode à propos de Jésus : en Marc 614, ‘’on disait : c’est Jean, celui qui baptisait ; il est ressuscité d’entre les morts’’, selon l’araméen, c’est Hérode lui-même qui pense et croit cela. article 79- discours sur le pain de vie : 1° par ailleurs, en Jean 647, ‘’il a la vie éternelle, celui qui croit’’, l’araméen précise ‘’il a la vie éternelle, celui qui croit en moi’’.

3

Page 4: 1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

2° ‘’celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle’’ (Jean 654). a) la ‘’chair’’ : l’araméen distingue au moins deux termes pour désigner le ‘’corps’’ : - ‘pagher’ désigne le corps capable de vie spirituelle (en puissance de ressusciter) et est utilisé dans le discours sur le pain de vie (Jean 651-58), pour la Passion (Jean 1933-42 en art. 230 à 232), ou à propos de la venue du Fils de l’homme (Luc 1737 et Matthieu 2428 en art. 153) ; cette notion de corps porteur de vie jusqu’à la gloire future est malaisée à traduire car en grec le ‘’corps’’ n’est pas capable de vie :

dans le discours sur le pain de vie, la traduction officielle emploie ‘’chair’’, parce que celle-ci semble plus vivante (de fait, des hosties consacrées sont à maintes reprises miraculeusement apparues sous forme de chair palpitante) ;

en revanche, lorsqu’il s’agit du corps consacré du Christ, lors de la Passion ou de la venue du Fils de l’homme, elle emploie ‘’corps’’ :

l’approximation de traduction et l’usage de deux termes différents peuvent éventuelle-ment être un obstacle à la bonne compréhension en français.

[NB : Matthieu utilise ‘pagher’ pour énoncer que les ‘’corps de nombreux saints res-suscitèrent’’ au moment de la mort de Jésus (2752-53)].

- ‘goushma’ désigne en revanche le cadavre en décomposition, celui que les saintes femmes vont aromatiser au Sépulcre le matin de Pâques (Marc 161), comme Marie-Ma-deleine embaume par avance le ‘’cadavre’’ du Christ lors de l’onction de Béthanie (Marc 148 et Matthieu 2612) : expression très crue, employée à dessein… pour accentuer a posteriori son absence de fondement du fait de la Résurrection ;

[NB : comme indiqué ci-après dans la note relative à l’art. 153, en Matthieu 2428 le corps du Christ est traduit par ‘’cadavre’’, bien que l’araméen utilise le mot ‘’pagher’’].

b) la ‘’chair’’ et le ‘’sang’’ : Jésus propose aux disciples de participer à sa vie,

. par incorporation à son Corps en mangeant sa chair (le pain)

. et par imprégnation de son Amour et sa Miséricorde en buvant son sang (le vin) ; réalités que Jean emprunte au 1er chapitre de la Genèse, selon lequel Dieu crée l’homme ‘’à son image et à sa ressemblance’’, deux termes très concrets en hébreu et araméen : - ‘’l’image’’ renvoie au corps façonné par la main de Dieu – le squelette et les os –, et à l’incarnation du Christ exprimée par le pain et la ‘’chair’’ ; - ‘’la ressemblance’’ a pour étymologie le ‘’sang’’ et exprime la consanguinité avec le Christ, l’unité et la vie du corps. Et la tradition orientale lie tout cela intimement aux faits que ‘’les soldats ne brisèrent pas les jambes… aucun de ses os ne sera brisé’’ (l’image reste intacte) et ’’un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau’’ (jusqu’à la dernière goutte, pour garantir la ressemblance) (cf. art. 230). article 81- la vraie pureté : l’araméen complète comme suit Marc 78 : ‘’vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes, les immersions des coupes et des pots, et bien d’autres choses semblables’’. article 82- Jésus exauce la Cananéenne : après Matthieu 1328 ‘’les petits chiens man-gent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres’’, l’araméen comporte en sus ‘’et ils vivent’’.

article 83- Jésus guérit un sourd-muet dans la décapole : en Marc 731, l’araméen dit ‘’à la frontière de la décapole’’ en lieu et place de ‘’en plein territoire de la Décapole’’.

article 88- la confession de Pierre : 1° en Marc 829, après ‘’tu es le Christ’’, l’araméen comporte en sus ‘’le Fils du dieu vi-vant’’, ce qui rend ce passage homogène avec celui de Matthieu. 2° en Matthieu 1618, au lieu de ‘’je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l’em-portera pas sur elle’’, l’araméen’’ dit ‘’et les portes du Shéol ne la forceront pas’’. article 89- 1ère annonce de la Passion et de la Résurrection – prendre sa croix : 1° en Luc 922, Marc 831 et Matthieu 1621, au lieu de ‘’il faut que le Fils de l’Homme souffre beaucoup, soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, soit tué…’’ , l’a-raméen dit : ‘’le Fils de l’Homme a à souffrir / se doit de souffrir’’, craignant l’interprétation suivant laquelle Jésus devrait se plier à une contrainte externe alors qu’il fait volontai-rement don de soi et accepte consciemment et librement d’être ‘la’ victime par excellen-ce, par amour pour les pécheurs : aucune confusion possible avec la notion gréco-latine de ‘fatum’, et avec cette idée, reprise dans l’Islam, que la volonté de Dieu peut être ou doit être considérée comme une fatalité… 2° en Marc 832 et Matthieu 1622, au lieu de ‘’Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches’’, l’araméen dit ‘’Pierre l’emmena’’, au sens de le conduire comme l’on conduit un troupeau ou un agneau : Pierre prend la place de son maître, ce qui rend très naturelle la répartie de Jésus : ‘’passe derrière-moi’’. article 90- la Transfiguration : dans Marc 93, ‘’ses vêtements devinrent resplendissant, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille’’, l’araméen précise ‘’comme neige’’. article 91- Elie ou Jean Baptiste ? : en Marc 912, ‘’mais alors pourquoi l’Ecriture dit-elle, au sujet du Fils de l’homme, qu’il souffrira beaucoup et sera méprisé ?’’ est à la forme interrogative, contrairement à l’affirmative retenue dans Matthieu 1712, ainsi qu’en ara-méen : ‘’et, comme il est écrit du Fils de l’homme, il souffrira beaucoup et sera rejeté’’. article 92- Jésus guérit un épileptique possédé – la foi, la prière, le jeûne : 1° en Luc 938, au lieu de ‘’Maître, je t’en prie, regarde mon fils’’, l’araméen dit ‘’tourne ta face vers moi’’. 2° en Marc 929, après ‘’cette espèce-là, rien ne peut la faire sortir, sauf la prière’’, l’ara-méen comporte en sus ‘’et le jeûne’’, ce qui rend homogène ce passage avec celui de Matthieu (ce point n’est pas présent chez Luc). article 98- le sel de la terre : en Marc 949, ‘’chacun sera salé par le feu’’, l’araméen com-porte en sus ‘’et tout sacrifice sera salé par le sel’’ (cf. ANNEXE A5 : allusion à la pe-tite brûlure que cause l’effort amoureux, même dans les plus petits actes quotidiens).

4

Page 5: 1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

article 99- Jésus prend la route de Jérusalem : mauvais accueil des Samaritains (Luc 951-56) : - ‘’comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel’’ ; l’araméen n’emploie pas le mot ‘ciel’ et fait simplement allusion aux ‘’montées’’ à Jérusalem organisées lors de chaque grand pèlerinage ; - ‘’Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem’’ ; l’araméen évoque une déci-sion personnelle nécessitant une volonté et une détermination telles qu’elles en sont per-ceptibles sur les traits du visage ; - ‘’Jacques et Jean dirent : ‘veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise’ ’’ ; l’araméen ajoute expressément ‘’comme le fit aussi Elie’’ (cf. 1 Rois 1820-40) ; - ‘’Jésus, se retournant, les réprimanda’’ ; l’araméen dit simplement ‘’Jésus les apaisa’’ ou ‘’les fit s’apaiser’’ [le même terme est employé lorsque Jésus apaise la tempête (art. 68) ou explique comment réagir ‘’si ton frère a commis un péché’’ : ‘’apaise le’’, au lieu de ‘’fais lui de vifs reproches’’ (Luc 173b en art. 148) ; - enfin l’araméen comporte deux versets supplémentaires :

‘’vous ne savez pas de quel esprit vous êtes inspirés, car le Fils de l’homme n’est pas venu pour faire périr les âmes,

mais pour qu’elles vivent !’’ (versets manquants dans les versions occidentales récentes, mais présents dans de nombreuses versions occidentales anciennes). article 101- instruction pour la mission des soixante-douze : l’araméen dit ‘’soixante-dix’’ (nombre symbolique de toutes les nations du monde, pour lesquelles était quotidien-nement offert un sacrifice dans le Temple de Jérusalem). article 102- retour des soixante-douze : en Matthieu 1128-29 : ‘’venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger’’ : l’araméen y voit notamment que l’enseignement du Christ est aisé d’accès, de compré-hension, d’apprentissage et d’application, car concentré dans un Evangile de taille res-treinte, par opposition au très vaste et très lourd savoir inhérent à l’Ancien Testament. article 105- Marthe et Marie : ‘’Marie a choisi la meilleure part’’ ; l’araméen dit : ’’Marie a choisi une meilleure part’’ ou ‘’la bonne part’’, signifiant par là qu’il n’y a pas une unique façon d’être en relation avec Dieu, mais simplement une priorité à la recherche de la proximité dans l’Amour,… sans oublier d’assurer l’humble service de la communauté dans la crainte amoureuse de Dieu ; et signifiant par là que les attitudes de Marthe et Marie sont étroitement complémentaires. article 107- Jésus enseigne dans le Temple – annonce des fleuves d’eau vive : en Jean 739, dans ‘’en effet, il ne pouvait y avoir l’Esprit, puisque Jésus n’avait pas encore été glorifié’’, l’araméen précise : ‘’l’Esprit, en effet, n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié’’.

article 108- la femme adultère : 1° en Jean 810, Jésus dit ‘’femme, où sont-ils donc ? personne ne t’a condamnée ?’’ : le terme ‘’femme’’ est en araméen est empreint de respect, le même respect que le Christ montrait à sa Mère à Cana (cf. art 21) ; 2° en Jean 811, cette femme ne se contente pas de répondre ‘’personne, Seigneur’’, mais dit, selon l’araméen, ‘’personne, Seigneur Dieu’’. article 110- Jésus guérit l’aveugle né : en Jean 913, au lieu de ‘’on l’amène aux phari-siens, lui, l’ancien aveugle’’, l’araméen dit ‘’celui qui avait été aveugle dès le commence-ment’’, en réutilisant le premier mot de la Genèse ‘’richit’’, à l’image de l’humanité, aveu-gle depuis le péché originel. article 112- Notre Père : l’araméen comporte en plus en fin du verset Matthieu 613 : ‘’puisque sont à toi le Règne, la Puissance et la Gloire pour les siècles des siècles’’. article 113- parabole de l’ami importun – la prière toujours exaucée : 1° en Luc 118, ‘’il se lèvera à cause du sans-gêne de son ami’’ ; l’araméen dit : ‘’il se lève-ra à cause de son insistance’’, le voisin n’étant pas plus à blâmer que la veuve qui casse les oreilles du juge (cf. art. 154). 2° en Luc 1111, l’araméen comporte la demande du pain / pierre, de telle manière que les trois doublets pain/pierre, poisson/serpent et œuf/scorpion y figurent effectivement, con-tre les deux premiers seulement chez Matthieu. article 118- la lampe sur le lampadaire – la lampe du corps, c’est l’œil : en Luc 1134 et Matthieu 622, ‘’l’œil limpide’’ correspond en araméen à ‘’l’œil simple’’, simple comme un enfant, qui peut contempler la lumière divine directement ; d’où le terme ‘’Peshitta’’, ver-sion simple de la Bible. article 124- les oiseaux du ciel, le lis des champs : tant en Luc 1225 qu’en Matthieu 627, au lieu de ‘’qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la lon-gueur de sa vie ?’’, l’araméen dit ‘’qui peut ajouter à sa stature une coudée ?’’. article 127- parabole du serviteur que le maître trouve à son ouvrage : Luc 1246 et Matthieu 2451 : ‘’il lui fera partager le sort des infidèles / des hypocrites’’ : cf. article 132. article 128- Jésus apporte le feu sur la terre : Luc 1249-50 : ‘’Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli !’’ : selon l’Eglise orientale, l’idée exacte est celle d’une tension de toute la volonté humaine du Christ pour accomplir quelque chose d’urgent et difficile ; il ne s’agit pas de la peur de souffrir le supplice à venir, mais de la crainte de voir se perdre les enfants de Dieu, qu’ils ne soient pas convaincus de leur salut par sa Miséricorde et son sacrifice dans la Passion. C’est l’angoisse par-delà la souffrance physique : l’eau qui sort du cœur transpercé est le signe d’une extrême angoisse, l’intensité et l’immensité de son souci que tous viennent partager le festin des noces de l’agneau, avec les publicains et les pécheurs qui se sont laissés toucher.

5

Page 6: 1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

article 132- la femme voûtée : Luc 1315 : ‘’le Seigneur répliqua [au chef de la synago-gue] : «hypocrites !»’’ ; l’araméen dit ‘’imposteurs / trompeurs volontaires’’, ceux qui re-vendiquent et exercent indûment une charge, à l’image des pharisiens, auxquels s’adres-se d’ailleurs particulièrement cette parabole, qui ont usurpé le rôle des Lévites dans les synagogues pour régenter la vie d’Israël. La maladie de la femme courbée est le ‘’signe’’ de la paralysie qui atteint la com-munauté d’Israël depuis dix-huit ans, soit depuis l’an 10, date du décès du président du Sanhédrin, Hillel, défenseur d’une religion miséricordieuse – qui avait dû se trouver peu avant face à Jésus lors de son recouvrement au Temple –, et de son remplacement par Shammaï, légaliste rigoriste opposé à toute miséricorde pour les pécheurs, appuyant les pharisiens et appuyé sur les grands prêtres – Hanne et ses successeurs – pour placer leurs sectateurs dans les fonctions de chefs de synagogue qui revenaient normalement aux Lévites. article 133- la porte étroite – la porte fermée : en Matthieu 722, ‘’n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé,… que nous avons expulsé les démons,… que nous avons fait beaucoup de miracles ?’’ est susceptible d’être à double sens en araméen : par exemple ‘’que nous avons suscité les démons ?’’ : ne se seraient-ils pas laissés aller à la magie et à l’invocation démoniaque ? article 142- parabole de la brebis perdue : 1° l’araméen ne dit pas spécifiquement ‘’brebis’’, mais indistinctement ‘’moutons’’ ; et, comme un bélier ne s’égare pas et qu’une brebis reste surveiller ses agneaux au sein du troupeau, celui qui s’égare est un jeune bélier – un ‘antenais’ (qui tient un an) –, adoles-cent impulsif, parti batifoler hors du lieu de pacage, qui a pris ses premières cornes dans un buisson (ou s’est blessé, puisque le berger doit le prendre sur ses épaules) ; mais les traductions occidentales privilégient ‘’brebis’’, de consonance plus affectueuse, et surtout plus gratifiante car le mouton est perçu chez nous, surtout depuis Rabelais, sous le sens très péjoratif d’animal grégaire et nigaud ; L’araméen utilise le même terme pour désigner le ‘’bélier’’ sacrifié par Abraham à la place d’Isaac (Genèse 2213), l’’agneau’’ immolé lors de la sortie d’Egypte (Exode 123-5), la ‘’brebis perdue’’ et le Christ ‘’agneau’’ sacrifié lors de la Pâque, là où les traductions occi-dentales utilisent plusieurs termes (la présente remarque est valable pour l’ensemble des quatre évangiles : cf. toutefois art 242). 2° l’araméen dit que l’animal s’est ‘’égaré’’ plutôt que ‘’perdu’’ : il s’est laissé aller à un péché d’adolescent ; il n’est pas encore en perdition, comme nous le suggère la défor-mation de sens du terme ‘perdu’ ; mais il est effectivement en risque de se perdre car, sans aide, il ne pourra revenir à la bergerie ; 3° l’araméen ne déprécie pas les quatre-vingt-dix-neuf autres brebis, parce qu’il n’est dit nulle part que le berger les abandonne (il les laisse très naturellement aux soins des chiens ou d’autres bergers), et qu’il moins insisté sur ‘’plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit que pour les quatre-vingt-dix-neuf justes’’ (la comparaison n’est d’ailleurs pas reprise dans la parabole sœur suivante de la drachme perdue). article 142- la drachme perdue : 1° l’araméen comprend que la femme ainsi évoquée est l’épouse du berger, et donc, analogiquement, l’Eglise épouse du Christ, qui doit être soucieuse de ne perdre ni aucun de ses membres ni rien de son enseignement ;

2° l’araméen fait allusion au diadème de dix pièces que les jeunes femmes portent comme dot pour leurs noces, sans préciser la valeur des pièces ; l’important est qu’elles soient toutes là, à l’image du soin que chacun doit prêter à transmettre la parole : comme une dot, sans rien en omettre. article 143- paraboles du fils prodigue et du fils aîné : en Luc 1522, l’araméen ne dit pas ‘’apportez le plus beau vêtement pour l’habiller’’, mais ‘’sortez la robe du commence-ment et revêtez l’en’’ ; la première robe, la robe portée avant la faute, blanche et imma-culée, du baptême et de la Rédemption. article 144- parabole de l’intendant malhonnête : 1° en araméen il ne s’agit pas d’un ‘’gérant’’ mais d’un ‘’intermédiaire’’ entre le maître et ses débiteurs ; il ne dilapide pas les biens de son maître mais extorque aux débiteurs à son profit au-delà de ce qu’ils doivent ; et ce n’est donc pas la ‘’honte’’ qu’il craint, mais la perte de toute crédibilité auprès desdits débiteurs qui, s’ils apprennent avoir été spoliés, ne l’accueilleront bien sûr pas chez eux. 2° ‘’le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté’’ (Luc 168) ; l’araméen dit ‘’Notre Seigneur fit l’éloge de ce gérant malhonnête…’’ : ce n’est plus le maître du gérant qui parle ; la parabole est terminée ; Jésus en présente lui-même la morale : il est impossible d’être initié à la Miséricorde dans les affaires de ce monde si l’on n’a pas été d’abord confirmé dans la simple amitié et honnêteté. 3° En Luc 1611, au lieu de ‘’qui vous confiera le bien véritable ?’’, l’araméen ouvertement ‘’qui vous fera confiance / qui vous confiera la vérité ?’’. article 148- corriger son frère, absoudre : en Luc 173b, au lieu de ‘’fais-lui de vifs repro-ches’’, l’araméen dit ‘’reprends-le’’ ou même ‘’apaise-le’’ (cf. ci-dessus art 99). article 153- la venue du fils de l’homme – le règne de Dieu est au milieu de vous : 1° en Luc 1721, au lieu de ‘’le règne de Dieu est au milieu de vous’’, l’araméen dit ‘’le règne de Dieu est au-dedans de vous’’. 2° ‘’là où sera le corps (ou le cadavre), là aussi se rassembleront les vautours’’ (Luc 1737 et Matthieu 2428) ; l’Eglise d’Orient dit positivement : ‘’là où est le Corps vivant du Christ (‘pagher’), là sont les aigles’’, c’est-à-dire ceux qui, comme saint Jean, sont les spirituels et mystiques, capables de voir et comprendre que le retour du Christ est dès à présent réalisé dans la Présence Réelle de son Corps Eucharistique. Et, par une sorte d’antithèse, la traduction gréco-latine évoquant ’’cadavre’’ et ‘’vau-tours’’ s’en trouve puissamment revigorée… dans la désignation prophétique des sacri-lèges qui, pour détruire le Dieu honni, s’acharnent depuis des siècles à détruire le corps eucharistique du Christ : charognards athées et scientistes empressés à n’y dénoncer qu’un cadavre en décomposition dont, pour le prétendu bien du monde, il faut d’urgence se débarrasser (cf. également note sur l’art. 79). article 155- le pharisien et le publicain : ‘’Mon Dieu, montre-toi favorable’’ ; l’araméen dit : ‘’O dieu, fais-moi Miséricorde’’ ; seul emploi de ce terme dans le ‘’collier’’ de la Misé-ricorde de Luc (cf. ANNEXE A6), tout à la fin, après l’avoir été cinq fois dans les canti-ques de Zacharie (Benedictus), de la Vierge (Magnificat) et de Syméon (Nunc dimittis).

6

Page 7: 1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

article 156- indissolubilité du mariage : 1° à la fin du verset Matthieu 199, l’araméen comporte en sus : ‘’et qui prend l’abandon-née est adultère’’. 2° en Matthieu 1912, l’araméen dit familièrement : ‘’il y a des eunuques depuis le ventre de leur mère ; il y a des eunuques à cause des hommes ; il y a des eunuques qui l’ont choisi à cause du royaume de Dieu’’ (la racine du mot étant la même que pour ‘’amen’’, les hommes auxquels on peut faire confiance). article 157- Jésus accueille les petits enfants : en Luc 1815, Marc 1013 et Matthieu 1913, l’araméen précise que ‘’les disciples rabrouaient ceux qui présentaient les enfants’’ et non pas les enfants eux-mêmes. article 158- le jeune homme riche : 1° l’araméen complémente comme suit le verset Marc 1021 : ‘’va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres, puis prends la croix et viens, suis-moi’’ (ce complément n’est présent ni chez Luc ni chez Matthieu) ; 2° en Marc 1023, ‘’comme il est difficile à ceux qui possèdent des richesses de pénétrer dans le royaume de Dieu’’, l’araméen précise ‘’combien il est difficile pour ceux qui s’ap-puient sur leurs richesses d’entrer dans le royaume de Dieu !’’ (cette précision n’est pré-sente ni chez Luc ni chez Matthieu) ; et, en araméen, la racine du mot ‘’richesses’’ est celle de ‘’massacrer / sacrifier / faire des victimes’’ : ce sont des richesses de mort ; 3° de l’image des chameaux devant passer par le chas d’une aiguille, on pourrait conclu-re que Jésus exige des apôtres un complet dénuement,… inaccessible ; mais, en ara-méen, il s’agit

- de se contenter des seules richesses utiles à l’entrée dans le royaume de Dieu et à la conquête des âmes, celles qui peuvent passer par le trou de la grosse aiguille, pres-qu’une navette, qu’utilisent les pécheurs du lac pour ravauder leurs filets, - et donc de réduire à l’épaisseur du brin de ravaudage des filets la grosse corde du chamelier, celle qui, par extension, désigne toute la ’cordée’ de chameaux de la cara-vane, cet encombrement de richesses et de confort dont on gagnerait à se défaire.

4° l’araméen complémente comme suit le verset Matthieu 1927 : ‘’celui qui aura quitté… des maisons, une femme, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants ou une terre…’’, ce qui l’aligne sur Luc (Marc étant donc le seul à ne pas citer l’épouse). article 159- parabole des ouvriers envoyés à la vigne : en fin de parabole, l’araméen comporte en sus ‘’beaucoup sont appelés, en effet, et peu sont élus’’. article 160- résurrection de Lazare : 1° en Jean 1113, au lieu de ‘’les 2 sœurs envoyèrent dire à Jésus : ‘Seigneur, celui que tu aimes est malade’ ’’, l’araméen dit ‘’(Lazare) envoya ses deux sœurs auprès de Jésus’’. 2° en Jean 1133, au lieu de ‘’Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé’’, l’araméen dit ‘’Jésus se fortifia en son esprit et s’émut en son âme’’ ; de même, en 1138, ‘’s’étant fortifié en lui-même’’ au lieu de ‘’repris par l’émotion’’ ; de même encore en Jean 1321 à l’article 192 (la trahison de Judas) : ‘’il se fortifia en son esprit’’ au lieu de ‘’fut bou-leversé en son esprit’’. 3° en Jean 1134, ‘’Seigneur, viens et vois’’ correspond en araméen à ‘’Mârane thâ’’, le ‘’Maranatha’’ de 1 Corinthiens 1622 et de l’Apocalypse 2220.

article 164- prétentions des fils de Zébédée – offrir sa vie en rançon : en Matthieu 2022-23, à ‘’pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ?’’, l’araméen ajoute ‘’et être bap-tisé du baptême dans lequel je vais être plongé ?’’, ce qui aligne Matthieu sur Marc. article 167- parabole des mines et des talents : en Luc 1917et19, au lieu de ‘’puisque tu as été fidèle en si peu de chose, reçois l’autorité sur dix villes / cinq villes’’, l’araméen dit ‘’dix ou cinq villes fortifiées / place-fortes’’. article 168- l’onction de Béthanie : en Marc 145, au lieu de ‘’et ils la rudoyaient’’, l’a-raméen dit ‘’et ils étaient en colère contre elle’’. article 169- Jésus entre solennellement à Jérusalem : ‘’Hosanna au fils de David !’’ ; en araméen ‘’Hosanna’’ – par-delà l’expression de la joie et de la louange, plus précisé-ment rendue par ‘’Alleluia’’ – exprime l’allégeance, littéralement ‘’élève-moi, prends-moi dans ton royaume à une place de responsabilité et de prestige’’ ; dans le même esprit que les fils de Zébédée demandant à Jésus de ‘’siéger, l’un à droite et l’autre à gauche, dans sa gloire’’ : - adressé à Jésus, ‘’Hosanna’’ inquiète les prêtres qui craignent pour leur pouvoir ; - pour les Juifs d’alors, ‘’Hosanna’’ est une demande d’élévation terrestre à la gloire de Dieu ; pour les Chrétiens, ce doit être une demande d’élévation à la Croix. article 182- pourquoi certains ne croient pas en Jésus : l’araméen termine le verset Jean 1240 (= Isaïe 68-10) comme indiqué en mauve : ‘’Il a rendu aveugles leurs yeux, il a endurci leur cœur, de peur qu’ils ne voient de leurs yeux qu’ils ne comprennent dans leur cœur, et qu’ils ne se convertissent et que je ne les guérisse’’, au lieu de ‘’ et moi, je les guérirai’’ (même remarque pour Matthieu 1315 en art. 58). article 184- la fin du Temple et le temps des païens : Marc 1314 et Matthieu 2415, ‘’l’a-bomination de la désolation’’ ; l’araméen dit ‘’abomination de la désacralisation’’, carac-téristique des fins des temps spirituelles, lorsque les hommes ne reconnaissent plus le sacré et profanent ce qu’il y a de plus signifiant de la présence de Dieu dans le monde : - la ruine du Temple ancien – invasion et incendie du ‘’Saint des Saints’’ par les soldats de Titus –, comme avertissement visible et compréhensible par tous ; - et surtout la crucifixion du Christ – condamné contre toute justice, avec tous les hom-mes injustement souffrants –, crucifixion continuée depuis dans la profanation de l’Eu-charistie. Le ‘’coup de lance’’ dans le Temple sacré qu’est le Corps du Christ est le véritable et ultime objectif de ceux qui le condamnent, et réellement l’abomination de la désolation : rendre son martyre le plus hideux possible aux yeux de tous ; rendre la religion catho-lique la plus repoussante possible dans son acceptation de la souffrance ; commettre le geste le plus odieux possible, profaner le cœur du Christ pour profaner celui de l’homme. Le ‘’coup de lance’’ – comme le déchirement du rideau du Temple – préfigure la multi-plication des profanations de l’Eucharistie, Corps du Christ présent dans le monde dès avant son retour à la fin des temps : d’où l’ambivalence de l’expression ‘’là où sera le Corps (l’Eucharistie), là seront les aigles (les mystiques)’’, qui désigne aussi par retour-nement les pires opposants à Dieu et à l’homme, les vautours charognards, dans leur prétention et leur rage de la mort de Dieu, tournant en dérision la présence réelle, l’avilissant comme cadavre, s’acharnant à le détruire (cf. art 153).

7

Page 8: 1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

article 185- le retour du Christ et la fin des temps : en Matthieu 2429, au lieu de ’’les puissances célestes seront ébranlées’’, l’araméen dit : ‘’les puissances du ciel / armées du ciel s’ébranleront’’ (le choix entre actif et passif est moins net pour Luc et Marc). article 187- parabole des vierges sages et des vierges folles : en Matthieu 251, là où elles sortent ‘’à la rencontre de l’époux’’, l’araméen dit ‘’à la rencontre de l’époux et de l’épouse’’ (comme d’ailleurs la Vulgate). article 188- le jugement dernier : au début de la parabole, en Matthieu 2532-33, au lieu de ‘’comme le berger sépare les brebis des boucs’’, l’araméen écrit ‘’comme le berger sépare les brebis des chèvres’’ ou ‘’les agneaux des chevreaux’’. article 191- la Cène : … lavement des pieds… : à propos de l’Eucharistie, en Jean 1320 : ‘’Amen, amen, je vous le dit : si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé’’; l’araméen dit : ‘’celui qui a part à ce que j’offre, a part en Moi, et qui a part en Moi, a part en Celui qui m’a envoyé’’. article 192- trahison de Judas : en Jean 1321, l’araméen dit ‘’il se fortifia en son esprit’’ au lieu de ‘’fut bouleversé en son esprit’’ (cf. article 160, 2°). article 194- Jésus promet aux apôtres sa présence, celle du Père et celle de l’Es-prit-Saint : ‘’levez-vous, partons d’ici’’ (Jean 1431) ; cette formule, courante en araméen oral, marque le passage d’un mode d’enseignement à un autre : - un premier enseignement a été donné autour de la table (l’Eucharistie) ; - ‘’levez-vous’’ pour chanter le psaume final ; - ‘’partons d’ici’’ revient à dire ‘’quittons cette position-ci’’ en vue d’un second enseigne-ment, au cours duquel les disciples se tiennent en cercle autour du maître (la vigne, la venue de l’Esprit, la prière sacerdotale). articles 194 à 196- Esprit saint (Jean 1416, 1526 et 167) : ‘’le Défenseur’’ ; l’araméen utilise le mot grec ‘’paracletos’’ mais avec le sens d’’inspirateur / conseil’’, et non pas au sens commun d‘’avocat’’ : le droit hébraïque exclut que l’assistant de l’accusé puisse plaider ou témoigner à sa place : il n’est là que pour soutenir, conseiller, voire consoler son client. article 199- Gethsémani : en Luc 2244, au lieu de ‘’sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient à terre’’, l’araméen peut aussi dire ‘’sa sueur était comme des caillots de sang ! Et il tomba à terre !’’. article 206- interrogatoire de Pilate : en Jean 1836, ‘’en fait, ma royauté n’est pas d’ici’’, l’araméen dit ‘’or, maintenant, mon royaume n’est pas d’ici’’. article 213- Pilate cède aux Juifs : en Jean 1913, au lieu de ‘’Pilate amena Jésus au de-hors ; il le fit asseoir sur une estrade au lieu dit le dallage – en hébreu : Gabbatha’’, l’a-raméen dit ‘’Pilate fit sortir Jésus et s’assit sur la tribune’’ ; le mot Gabbatha n’apparaît pas en araméen.

article 215- la voie douloureuse : en Jean 1917a, ‘’et lui-même portant sa croix’’, en em-ployant le terme ‘’zeqiph’’ l’araméen suggère que ,Jésus a porté la croix entière : de ‘’zeqaph’’, crucifier en dressant ce qui a d’abord été joint, et non pas de ‘’tselav’’, crucifier en élevant ou en pendant sur un pieu préexistant. article 223- le bon larron : en Luc 2341, au lieu de ‘’lui, il n’a rien fait de mal’’, l’araméen dit plutôt : ‘’lui n’a rien fait d’abject’’, terme beaucoup plus fort, peut-être mieux en phase avec l’horreur des exactions crapuleuses et tortures auxquelles il s’est lui-même adonné. article 224- 4ème parole de Jésus en croix (Eloï) – pourquoi m’as-tu abandonné : le cri ‘’Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?’’ rapporté en araméen est pres-que exactement le même chez Marc ‘’Eloï, Eloï, lema sabactani ?’’ (1534) et chez Mat-thieu ‘’Eli, Eli, lema sabactani ?’’ (2746) : ce cri, conservé en araméen dans les textes grec et latin, prouve bien que Jésus parlait araméen ; sur la croix, il a crié sa douleur dans sa langue maternelle. Il n’y a pas de confusion sonore possible en hébreu ou en araméen entre El (Eli : ‘’mon Dieu’’) et Eliya (le prophète Elie) : sans doute Jésus, à court de respiration, a-t-il pronon-cé El avec un râle qui laisse entendre un ‘’ah’’ final. En ce qui concerne Matthieu, la ‘’peshitta’’ ne dit que le cri ; en revanche, en ce qui concerne Marc, elle traduit curieusement de l’araméen par de l’araméen : ‘’Il, Il, Imana shvaqtany’’ c’est-à-dire : ‘’Mon Alâhâ, mon Alâhâ, pourquoi m’as-tu abandonné ?’’ : appa-remment la forme abrégée du nom de Dieu – Il ou El – semble ne pas avoir été familière à l’auditoire pourtant ‘’aramaïsant’’ et a donc été rendue aussi dans sa forme araméenne développée. article 225- 5ème parole de Jésus en croix (sitio) – j’ai soif : en Marc 1536, l’araméen distingue explicitement un des soldats ; il fait boire Jésus, et ce n’est pas lui qui dit ‘’at-tendez ! Nous verrons bien si Elie vient le descendre de là !’’ : ses compagnons ricanent, tandis qu’il est compatissant et miséricordieux (comme c’est aussi le cas selon Matthieu). article 234- Nuit et matin de Pâques – les saintes femmes au tombeau : 1° en Matthieu 281, au lieu de ‘’après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre’’, ce qui peut suggérer que cela se passe à l’aurore du dimanche ; l’araméen dit clairement ‘’le soir du sabbat,…’’, au coucher du soleil, lorsque les étoiles apparaissent, début de la nouvelle journée pour les Juifs : Marie-Madeleine se précipite au tombeau dès que les interdits du sabbat sont levés… et c’est également dès la fin du sabbat qu’elle va faire les achats pour l’embaumement (Marc 161), auprès de commerces qui ont immédiatement ré-ouvert. 2° le verset 241 de Luc comporte en araméen un membre de phrase complémentaire : ‘’et il y avait avec elles d’autres femmes’’. article 235- Matin de Pâques – Pierre et Jean au tombeau : en ce qui concerne ’’les linges posés à plat’’ que ’’Jean aperçoit en se penchant’’ de l’extérieur du tombeau, et que ’’Pierre aperçoit en entrant dans le tombeau’’, l’araméen dit - ‘’linge (la longue pièce de lin précieux qu’est le Linceul de Turin)

8

Page 9: 1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

- retombé à plat’’ (affaissé sous son propre poids, sans avoir fait l’objet d’aucune inter-vention humaine de pliage, après que le corps de Jésus s’en est retiré en traversant la toile, comme il visite et quitte les Onze toutes portes fermées au soir de la Résurrection). En ce qui concerne ‘’le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place’’, aperçu par Pierre puis vu par Jean lorsqu’ils sont dans le tombeau, l’araméen dit - ‘‘linge (la mentonnière de tissu courant destinée à maintenir la bouche fermée) - qui avait été noué autour de la tête - non pas retombé comme l’autre linge - mais encore noué, à sa place, au fond’’ (ce linge est toujours torsadé et forme donc une bosse sous le linceul, à la hauteur de la tête, à l’extrémité de la banquette mortuaire, également sans qu’il y ait eu intervention humaine). article 236- matin de Pâques – apparition à Marie-Madeleine : ‘’Rabbouni’’ est con-servé en araméen car il s’agit d’un diminutif affectueux de ‘’maître’’, peut-être trop affec-tueux et trop possessif dans la bouche de Marie-Madeleine. articles 238 et 239- soir de Pâques – les disciples d’Emmaüs à Jérusalem : 1°- ‘’Deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem’’ (Luc 2413) : - ‘’ils faisaient route’’ : l’araméen dit ‘’se sauvaient’’, fuyaient la colère possible des grands de Jérusalem, fuyaient sans comprendre que, bien au-delà de leur seule espé-rance d’un Messie terrestre, ils étaient ‘’sauvés’’ de leurs péchés par la Miséricorde et la souffrance du Christ,… ainsi que le monde entier ; l’araméen insiste sur le fait qu’en annonçant ainsi la grande nouvelle de la Résurrection, les deux disciples voulaient humblement reconnaître leur peur et leur refus de comprendre ; - ’’à deux heures de marche de Jérusalem’’ (aussi traduit ‘’à soixante stades de Jérusa-lem’’) : là où la phrase gréco-latine est considérée comme faisant allusion à la distance qui sépare Jérusalem d’Emmaüs, l’araméen vise clairement l’endroit où débute l’évène-ment raconté : les disciples étaient à cette distance de Jérusalem au moment où le Christ s’approcha d’eux ; et, si l’on se rend sur les lieux, on constate qu’il s’agit d’un véritable coupe-gorge et l’on comprend l’angoisse que Simon et Cléophas pouvaient y ressentir. 2°- ‘’Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres’’ (Luc 2413) : pourquoi onze et non dix, puis-que Judas n’est plus et Thomas est absent ? Luc précise qu’il y avait aussi ‘’leurs com-pagnons’’, parmi lesquels certainement Matthias, qui rejoindra les douze à la Pentecôte : le texte ayant été cristallisé après cette date, il est normal que Matthias soit compté, car l’araméen oral donne toujours le titre connu ou en usage au moment de la récitation.

[NB : de même, en art. 8, en ce qui concerne le titre de gouverneur de Syrie conféré à Quirinius, alors qu’au moment de la naissance du Christ il ne l’était pas encore, mais simplement l’organisateur du recensement auquel il est fait allusion et qui conduit Joseph et Marie à Bethléem].

3°- Il y a incohérence apparente entre - Marc 1613 (‘’ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus’’) - et Luc 2433-35 (‘’ils retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : «le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre». A leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain’’).

Selon Luc, ce sont les apôtres qui annoncent aux deux pèlerins la Résurrection ; et, selon Marc, c’est l’inverse : les textes grec et français mettent en contradiction les deux évangélistes ! Tandis qu’en araméen, ce sont indubitablement Simon et Cléophas, les deux pèlerins d’Emmaüs, qui témoignent et qui parlent. a) L’incohérence résulte d’abord d’un doute sur l’identité de Simon, un prénom fré-quent chez les Juifs (‘’celui qui écoute la parole de Dieu’’) : - s’agit-il de Simon-Pierre, chef des apôtres, comme le retient la tradition gréco-latine ; - ou d’un autre Simon, comme le retient la tradition araméenne, qui y reconnaît le second disciple d’Emmaüs, compagnon de Cléophas (dont le nom est cité en amont : ‘’celui qui garde tout ce qui lui a été confié’’) ? Dans sa concision, l’araméen ne cite un nom que lorsqu’il est strictement nécessaire ; et celui de Simon ne l’est que lors de sa déposition : ‘’le Seigneur est réellement ressus-cité’’ ; déposition immédiatement cautionnée par Cléophas : ‘’il est apparu à Simon’’. Cléophas parle en second, car il est le plus jeune et doit seulement conforter le té-moignage de son compagnon : il le désigne comme principal témoin et s’efface derrière lui (dans le monde hébraïque, il n’a pas à dire qu’il a vu aussi, mais seulement à agréer le témoignage du plus ancien). Dans la tradition araméenne, il n’y a pas d’incohérence entre Marc et Luc : - Luc rapporte l’exclamation joyeuse et essoufflée de Simon, puis la confirmation de Cléophas ; une fois énoncés ces deux témoignages lapidaires, il indique comment les deux disciples racontent dans le détail ce qui s’est passé dans l’après-midi et la soirée sur le chemin d’Emmaüs ; mais il ne dit rien de la réaction des onze apôtres, et il n’a pas à le faire car la scène est à l’instant même interrompue : ‘’comme ils parlaient encore [le Seigneur] fut présent au milieu d’eux’’ ; - Marc, quant à lui, précise que les onze ne crurent pas et qu’il fallut la présence du Christ lui-même pour qu’ils croient ; Marc seul, parce qu’il écrit sous l’égide de Pierre, peut affirmer que ce dernier, à ce moment encore et malgré la déposition qui vient de lui être faite, ne croyait toujours pas à la Résurrection. L’épisode des disciples d’Emmaüs prend ainsi tout son sens de déposition de témoins qui affirment, face à la ‘’cour’’ des onze apôtres, après une course précipitée et haras-sante de plusieurs heures, que le Christ est ressuscité : ce qui est le cœur de la foi chrétienne et a besoin d’être solennellement et indubitablement affirmé ; avant d’être démontré, dans l’instant suivant, par la présence du Christ lui-même. Dans le monde hébraïque, - pour être reçue et valide, la déposition doit être donnée en parfaite concordance par au moins deux hommes n’ayant pas de lien de parenté, et appuyant si possible leurs dires sur une preuve matérielle irréfutable : Simon et Cléophas font des dépositions rigoureu-sement complémentaires et en donnent pour preuve les deux morceaux de pain que le Seigneur leur a rompus et qui s’ajustent précisément et symboliquement l’un et l’autre ; - la manière qu’ont les témoins de se renvoyer la balle constitue un procédé classique : ainsi, au cours de la Passion, pour exprimer sa royauté, Jésus ne dit pas à Pilate ‘’je suis roi’’, mais reprend ses paroles : ‘’c’est toi qui dis que je le suis’’. b) L’incohérence résulte ensuite de l’insertion du pronom relatif ’qui’ – ‘’leurs com-pagnons, qui leur dirent’’ –, conséquence logique de la confusion sur le prénom, mais aussi construction étrangère à l’araméen.

9

Page 10: 1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

article 240- soir de Pâques – apparition aux apôtres en l’absence de Thomas : en Luc 2442, au lieu de ‘’ils lui présentèrent une part de poisson grillé’’, l’araméen dit ‘’une portion composée de poisson frit et d’un rayon de miel’’. article 242- apparition au bord du lac de Tibériade – 2ème pêche miraculeuse : en Jean 2115-17, dans le triple échange entre de Jésus et Pierre, l’araméen n’emploie qu’un seul de ses verbes aimer (‘’re’ham’’, aimer dans ses entrailles, alors qu’existe également ‘’ ’hab’’, aimer d’un amour brûlant employé en Luc 1249 : ‘’je suis venu apporter un feu sur la terre’’) alors que le grec emploie ses deux formes d’aimer (‘’philein’’ et ‘’agapein’’) ; pour ménager la gradation des sentiments, l’araméen utilise de manière plus concrète les trois désignations des ovins : au lieu de ‘’agneaux, brebis, brebis’’, il dit

1° ‘’pais mes agneaux’’, de la racine ‘’emar’’ : dire ; 2° ‘’pais mes moutons’’, de la racine ‘’ ‘erbaï’’: être témoin / promettre solennellement ; 3° ‘’pais mes brebis’’ , de la racine ‘’neqâ’’ : se donner / se donner en offrande.

(Marie étant la brebis qui fait don de soi à l’agneau qui est la Parole).

article 243- parcours de remémoration en Galilée – envoi en mission : 1° ‘’certains eurent des doutes, Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles…’’ ; l’araméen dit très factuellement et sensiblement : ‘’certains eurent des doutes, Jésus se laissa toucher par eux et leur adressa ces paroles’’. 2° au verset 2818 de Matthieu, ‘’tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre’’, l’a-raméen ajoute ‘’et comme mon Père m’a envoyé, je vous envoie’’.

10

Page 11: 1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

LE SYMBOLE DES APOTRES en version officielle de l’Eglise de France et en version araméenne [Maïminan (nous croyons) des apôtres] :

1er

doub

let

pouc

e ga

uche

Je crois en Dieu le Père tout-puissant, Je/nous croyons en Un Dieu le Père tout-puissant,

créateur du ciel et de la terre. créateur du ciel et de la terre.

est

mo

nté

au

x ci

eux,

es

t m

on

té a

ux

cieu

x,

est assis à la droite est assis à la droite

de Dieu le Père tout-puissant, de Dieu le Père tout puissant,

pouc

e

droi

t

2ème

doub

let

inde

x ga

uche

Et en iiJésus Christ, Je/nous croyons en Un son Fils unique,

son Fils unique, notre Seigneur, Jésus le Messie, notre Seigneur,

d’où il viendra d’où il viendra

juger les vivants et les morts. en Seigneur des morts et des vivants.

inde

x dr

oit

3ème

doub

let

maj

eur

gauc

he

qui a été conçu du Saint-Esprit, qui a été conçu du Saint-Esprit,

est né de la Vierge Marie, est né d’un sein vierge,

Je crois en l’ iEsprit-Saint, Je/nous croyons en Un Esprit-Saint,

à la sainte Eglise catholique, à la sainte Eglise catholique, m

ajeu

r dr

oit

4ème

doub

let

annu

laire

ga

uch

e

a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, a souffert ii , a été crucifié,

est mort et a été enseveli, est mort et a été enseveli,

à la communion des saints, à la communion des saints,

à la rémission des péchés, à la rémission des péchés,

annu

laire

dr

oit

5ème

doub

let

auric

ula

ire

gauc

he

est descendu aux enfers, est descendu au shéol,

le troisième jour est ressuscité des morts, le troisième jour s’est relevé,

à la résurrection de la chair, au relèvement des corps,

à la vie éternelle. à la vie éternelle. au

ricu

laire

dr

oit

a) Le symbole des apôtres – table des matières 1, résumé doctrinal 2 et signature 3 des ‘’Mémoires des apôtres’’ – est composé très tôt autour de la Vierge Marie pour faire face à l’afflux de pèlerins à Jérusalem pour l’année sabbatique 33-34 4 et pour adosser les premières missions apostoliques vers la diaspora juive.

1 Comme l’est le prologue de Jean pour tout son évangile (au sens d’une ouverture d’opéra, dans laquelle sont esquissés tous les thèmes musicaux qui y sont développés). 2 Comme le sont les dix commandements de l’Ancien Testament : l’Eglise naissante, soucieuse de sa bonne organisation, compose très vite un condensé dogmatique de la Parole du Christ, comme il était de solide et constante tradition dans le monde hébraïque. 3 Comme les versets 2030-31 et 2124-25 de Jean sont la signature de son évangile lors de son pre-mier départ de Jérusalem pour Ephèse, puis après l’Assomption de Marie. 4 Le ‘symbole’ est considéré comme de composition tardive sous prétexte qu’il n’y en a pas de trace écrite précoce… mais c’est oublier - qu’il s’imposait au plus tôt pour s’assurer que les candidats au baptême étaient bien formés ; - qu’un résumé dogmatique de ce genre ne doit justement pas être écrit (cf. st Ambroise ci-après) ; - que l’impétueux Jacques le Majeur n’a pas pu raccompagner les juifs de la diaspora d’Espagne à l’été 34 vers l’extrémité occidentale du monde sans disposer d’un tel vade-mecum ; - qu’aucun écrit de cette époque n’a été conservé… et que l’origine et la datation doivent se fonder sur des copies tardives et sur des critères objectifs, tel que les questions doctrinales traitées ou non (si le ‘symbole’ ne dit mot de l’arianisme c’est qu’il précède le concile de Nicée de 325), ou tel que la terminologie présente simultanément dans le ‘symbole’ et les ‘’mémoires des apôtres’’. A cet égard, deux copies du ‘symbole’ postérieures à Nicée, l’une latine et l’autre araméenne, montrent une telle cohérence que cela implique une source commune, datable des premières

b) Sa structure très concentrée et quasi-parfaite, ainsi que sa conservation orale, en ont – assuré la stabilité dans le temps i– et limité les dérives de forme et de fond entre l’Orient et l’Occident : - le symbole est transmis oralement en araméen par l’Eglise catholique d’Orient 5 ; - il en est de même en Occident, conformément à ce qu’indique saint Ambroise à la fin du

4ème siècle : ‘’c’est vraiment notre trésor le plus intime, là où la foi est entière, les en-seignements des apôtres suffisent, le symbole ne doit pas être écrit, il faut le rete-nir… Je veux que vous soyez bien avertis de ceci : le symbole ne doit pas être écrit : ce que vous écrivez, en effet, sûrs que vous êtes de le relire, vous ne le repassez pas chaque jour en le méditant ; au contraire, ce que vous n’écrivez pas, vous craignez de l’oublier, vous le repassez chaque jour’’ (Explanatio symboli S.C. 25bis et 27) 6.

années de l’Eglise judéo-chrétienne : l’araméen, tout en étant homogène avec le latin, y exprime l’Esprit Saint, de deux manières complémentaires et indissociables, l’une masculine (l’amour don-né par le Père : naissance du Christ, don gratuit de Dieu aux hommes), et l’autre féminine (l’ac-cueil par Dieu de l’amour que lui rapporte Jésus, avec toute la création et tous les rachetés). 5 L’araméen quasi-original est conservé dans le Houdra (livre des heures de l’Eglise d’Orient). 6 Le symbole est transmis aux catéchumènes le samedi veille des Rameaux (traditione symboli) et récité par eux huit jours plus tard, lors de la veillée pascale, avant leur baptême (redditio sym-boli). Seuls ses éventuels commentaires pouvaient être portés par écrit. C’est le signe de reconnaissance du Chrétien. : « le symbole que garde l’Eglise romaine, celle où a siégé Pierre, le premier des apôtres, et où il a apporté la sentence commune » (S Ambroise, symb 7, cité par le catéchisme de l’Eglise catholique, 194).

11

Page 12: 1 (synopsevangile) ANNEXE B COMPREHENSION DU TEXTE...1° en Luc 2 , au lieu de quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification¶¶ (de Marie), laraméen

c) La structure du ‘symbole’ est évidente, et elle est usuelle en oralité : 2 volets de chacun de 5 propositions 7 organisées en 5 doublets à cheval sur les 2 volets : - le 1er volet descend de Dieu à l’homme et s’étend de la Création au Shéol, pour s’ouvrir sur la Résurrection du Christ ; le 2ème redescend de Dieu à l’homme pour s’ouvrir sur la Résurrection de l’humanité ; - quant aux doublets, les trois premiers affirment la Sainte Trinité,

1er (pouces) pour le Père 2ème (index) iii pour le Fils 3ème (majeurs) pour l’Esprit-Saint, par qui est fécondée la Vierge Marie, héritière de l’Arche d’Alliance de l’Ancien Testament, et Mère de l’Eglise, notre Mère ;

. le 4ème (annulaires) affirme la Passion du Christ, la Miséricorde jusqu’à la souffrance et la mort par amour, avec pour produits notre incorporation mystique dans la commu-nion des saints et la rémission de nos péchés ; . le 5ème (auriculaires) affirme la Résurrection du Christ, la ‘’kénose’’ extrême où Dieu rejoint miséricordieusement les hommes les plus pécheurs au shéol, en dernier re-cours, et leur propose Résurrection et Vie éternelle.

d) Selon cette structure, le ‘symbole’ est aisé à mémoriser, et se récite sur les deux mains jointes 8, chaque doigt pressant successivement son correspondant, sur un rythme respiratoire lent. e) Selon cette structure tous les constituants du ‘symbole’ sont indissociables 9. f) Deux ajouts postérieurs à la composition originaire sont identifiés : la référence à Ponce Pilate, non pertinente en 34, car il est encore en fonction ; et la citation de Marie, incompatible avec humilité, et qui n’est possible qu’après son Assomption vers 51. Hors ces deux ajouts le texte prend en araméen une forme rythmique quasi-parfaite, ce qui fait encore ressortir la précocité de composition du ‘symbole’.

7 Double difficulté : - l’araméen exprime chacune des 10 affirmations en deux mots seulement ; une telle concision exige de prêter la plus extrême attention à l’adéquation des termes, expressions et tournures, de façon que la compréhension soit la même en araméen, grec, latin et français : d’où les quelques notes développées ci-après sur certains des écarts relevés. - une certaine confusion a résulté dans l’Eglise constantinienne puis latine d’une surinterprétation de l’origine apostolique du ‘symbole’ et de l’attribution d’une affirmation à chacun des douze apô-tres (passage impossible de base 10 en base 12, et occultation de la construction en 5 doublets). 8 Dans l’Eglise d’Orient, toute l’assemblée fait ce geste, et il est immédiatement appris aux enfants. Parce qu’initié par la Vierge elle-même, Mère de Mémoire (dans ses apparitions reconnues, elle le fait systématiquement au début de la récitation du Symbole précédant le rosaire). 9 D’où le nom grec de ‘’symbole’’ : toutes les affirmations de foi doivent être tenues ensemble (syn) et coïncider exactement, à la manière des deux moitiés de pain remises par le Christ aux pèlerins d’Emmaüs et qui attestent de la véracité de leurs témoignages respectifs. Selon l’araméen, le ‘symbole’ est ‘’canonique’’, par analogie avec les segments étroitement et so-lidement soudés entre eux d’une tige de bambou (qanoun) (et dont l’adjonction lors de chaque poussée annuelle est significative de l’ordre chronologique du déploiement du plan de Dieu). Et saint Irénée, au IIème siècle, le qualifie de ‘’canon de Vérité reçu au baptême’’ (Adv. Her. chap. 3).

g) Il y a donc peu de différences formelles entre les versions occidentale et orien-tale du ‘symbole’, mais certaines nécessitent d’être éclairée soigneusement : - quand à l’affirmation de la Sainte Trinité dans les trois premiers doublets : l’araméen emploie une expression intraduisible assimilable à ‘’je/nous / je reconnais

conjointement à l’assemblée’’ ; affirmation de ma foi et reconnaissance qu’elle est partagée avec toute l’assemblée (et ‘’rappel de ce que chacune des personnes de la Trinité peut aussi bien dire ‘’je’’ que ‘’nous’’ : cf. le chêne de Mambré) ;

l’araméen insiste fortement sur les trois affirmations relatives aux trois personnes de la Trinité en répétant à chaque fois ‘’je crois / credo’’, alors que l’Occident ne le fait que pour le Père, et plus loin pour l’Esprit-Saint (par souci d’élégance stylistique ?) ;

l’araméen emploie une seconde expression intraduisible pour insister sur l’unicité de Dieu en trois personnes : ‘’ènâ maiminan nâ 10 Père... Fils… Esprit’’, assimilable à ‘’Un Dieu Unique Père… Un Dieu Unique Fils… Un Dieu Unique Esprit’’ ;

l’araméen commence la désignation de chacune des trois personnes de la Trinité par ‘’le Père’’, puis par ‘’le Fils’’, puis par ‘’l’Esprit’’, contrairement à la version occidentale qui met ‘’Jésus-Christ’’ en tête ;

tel est le centre du dogme – Paternité, Filiation et l’Esprit d’Amour – face aux hérésies et surtout celle du coran ; le ‘symbole des apôtres’ présentant à ce dernier point de vue une version plus appropriée que le symbole de Nicée-Constantinople, à condition d’être bien compris avec toute la richesse conservée par l’araméen.

- quant à ‘’né d’un sein vierge’’ (majeur gauche), l’araméen ne vise pas seulement la naissance mais aussi le fait d’avoir été élevé, ce qui est malaisé à traduire brièvement ;

- quant au ‘’shéol’’ plutôt qu’’enfers’’ (auriculaire gauche), pour désigner tous les morts qui attendaient la Résurrection du Christ quel que soit leur devenir pour la vie éternelle (‘’enfers’’ étant tout de même au pluriel, avant de disparaître dans le symbole de Nicée) ; - quant à l’expression araméenne ‘’en Seigneur des morts et des vivants’’ (index droit), au lieu de ‘’pour juger les vivants et les morts’’ (cf. Jean 524 et ss) ; ce qui ménage la place de la Miséricorde par-delà le ‘’jugement’’ (les ‘’morts’’ en premiers parce qu’ils se-ront plus nombreux que les ‘’vivants’’ à la fin des temps, et parce que le Christ est des-cendu chercher les morts au Shéol avant de lancer l’évangélisation des vivants). - quant à ‘’sainte Eglise catholique’’ (majeur droit), ‘catholique’ est un terme araméen et non grec (que Jésus a prononcé), signifiant ‘’je/nous’’, ‘’toutes les Nations et Israël’’ ; - quant à la ‘’communion des saints’’ (annulaire droit) : selon l’Eglise d’orient, image de la barque de l’Eglise et du compagnonnage des marins ; tous participent à la ma-nœuvre pour faire route tous dans la même direction et parvenir tous à bon port. - quant à la ‘’rémission des péchés’’ (annulaire droit) : selon l’Eglise d’Orient, renvoi direct au collier / évangile de la Miséricorde ; - quant aux ‘’corps’’ plutôt que la ‘’chair’’ (auriculaire droit), pour désigner très concrète-ment ce qui manque au Shéol et est en réserve du jugement dernier (cf. ci-dessus notes relatives aux articles 79 et 153).

10 Ce qui donne, après décomposition des racines : ‘’ena + min (amen) + na’’.

12