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Contexte pétrolier 2014 et tendances La décision du 27 novembre des pays producteurs de l’OPEP de ne pas intervenir sur le marché nous fait entrer dans un nouvel ordre pétrolier mondial. L’Arabie saoudite a refusé d’être (pratiquement) le seul État à modérer sa production pour soutenir les prix. Ainsi, dans un contexte d’excédents pétroliers et en l’absence de gendarme sur le marché pour réguler l’offre, c’est le prix qui doit s’ajuster, ce qui explique le recul de 44 % du Brent entre juin (111 $/b) et décembre (63 $/b). En 2015, sous certaines hypothèses, un prix d’équilibre de 60 à 80 $/b paraît envisageable. Cette fourchette de prix devrait avoir pour effet d’atténuer la progression de la production d’huiles de schiste américaines (tight oil) mais dans des proportions encore incertaines. Cela aura aussi pour conséquence de réduire les investissements du secteur pétrolier, ce qui fait peser des risques à moyen terme sur l’approvisionnement. La chute des prix en 2014 En moyenne mensuelle, le prix du Brent a évolué sur les six premiers mois de 2014 entre 107 et 112 $/b, soit des niveaux poches des moyennes annuelles observées depuis 2011 (111 à 108 $/b). Il a été affecté ponctuellement par les tensions géopolitiques, par exemple en février, quand la Russie a mis en alerte ses troupes le long de sa frontière avec l'Ukraine, ou en juin avec les conflits du nord de l'Irak. Mais l'absence d'impact sur la production a permis d'éviter des pressions sur les prix. Il y a même eu de bonnes nouvelles avec la relance de la production libyenne à partir du mois d'août, relance qui reste fragile compte tenu du contexte intérieur très instable. À partir de juillet, le marché est entré dans une phase d'ef- fondrement rapide des cours du pétrole qui sont passés, en moyenne mensuelle, de 112 $/b en juin à moins de 100 $ en septembre (97 $) pour atteindre 80 $ en novembre et moins de 70 $ début décembre (fig. 1). Cette évolution résulte de plusieurs facteurs qui se sont combinés en un temps très court, d'où cet emballe- ment. En dehors du contexte géopolitique instable mais sans effet sur la production, il convient de citer les élé- ments suivants : l’influence croissante de l'effet huiles de schiste (ou tight oil) sur le marché international qui s’est concré- tisée par le rapprochement du prix américain WTI et du Brent. Cet écart est passé de 16-17 $ en 2011 et 2012 à 11 $ en 2013 et 6 $ en 2014 (3 $ en novembre) ; les inquiétudes économiques confirmées par des révisions à la baisse de la croissance mondiale entre janvier (3,7 % anticipés par le FMI), juillet (3,4 %) et le point sur Fig. 1 – Prix annuel et mensuel du Brent et du WTI – 2011-2014 Source : Reuters 120 110 100 90 80 70 60 J F M AM J J A S ON D 2014 2011 2012 2013 2014 $/b WTI Brent

1-Panorama-2015 VF ContextePetrolier2014etTendances (1)

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  • Contexte ptrolier 2014 et tendances

    La dcision du 27 novembre des pays producteurs de lOPEP de ne pas intervenir sur lemarch nous fait entrer dans un nouvel ordre ptrolier mondial. LArabie saoudite a refusdtre (pratiquement) le seul tat modrer sa production pour soutenir les prix. Ainsi,dans un contexte dexcdents ptroliers et en labsence de gendarme sur le march pourrguler loffre, cest le prix qui doit sajuster, ce qui explique le recul de 44 % du Brententre juin (111 $/b) et dcembre (63 $/b). En 2015, sous certaines hypothses, un prixdquilibre de 60 80 $/b parat envisageable. Cette fourchette de prix devrait avoir poureffet dattnuer la progression de la production dhuiles de schiste amricaines (tight oil)mais dans des proportions encore incertaines. Cela aura aussi pour consquence derduire les investissements du secteur ptrolier, ce qui fait peser des risques moyenterme sur lapprovisionnement.

    La chute des prix en 2014

    En moyenne mensuelle, le prix du Brent a volu sur lessix premiers mois de 2014 entre 107 et 112 $/b, soit desniveaux poches des moyennes annuelles observesdepuis 2011 (111 108 $/b). Il a t affect ponctuellementpar les tensions gopolitiques, par exemple en fvrier,quand la Russie a mis en alerte ses troupes le long de safrontire avec l'Ukraine, ou en juin avec les conflits dunord de l'Irak. Mais l'absence d'impact sur la production apermis d'viter des pressions sur les prix. Il y a mme eude bonnes nouvelles avec la relance de la productionlibyenne partir du mois d'aot, relance qui reste fragilecompte tenu du contexte intrieur trs instable.

    partir de juillet, le march est entr dans une phase d'ef-fondrement rapide des cours du ptrole qui sont passs, enmoyenne mensuelle, de 112 $/b en juin moins de 100 $ enseptembre (97 $) pour atteindre 80 $ en novembre et moinsde 70 $ dbut dcembre (fig. 1).

    Cette volution rsulte de plusieurs facteurs qui se sontcombins en un temps trs court, d'o cet emballe-ment. En dehors du contexte gopolitique instable maissans effet sur la production, il convient de citer les l-ments suivants :

    linfluence croissante de l'effet huiles de schiste (outight oil) sur le march international qui sest concr-tise par le rapprochement du prix amricain WTI etdu Brent. Cet cart est pass de 16-17 $ en 2011 et2012 11 $ en 2013 et 6 $ en 2014 (3 $ en novembre) ;

    les inquitudes conomiques confirmes par desrvisions la baisse de la croissance mondiale entrejanvier (3,7 % anticips par le FMI), juillet (3,4 %) et

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    Fig. 1 Prix annuel et mensuel du Brent et du WTI 2011-2014

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    octobre (3,3 %). Cela a abouti un ajustement desprvisions de hausse de la consommation mondialede ptrole pour 2014. De 1,4 Mb/j en juin, l'Agenceinternationale de lnergie (AIE) a rvis ce chiffre 0,9 Mb/j en septembre puis 0,7 Mb/j en octobre. Cettecorrection drastique, conjugue lafflux de la pro-duction amricaine, a amplifi l'ide d'un excdentptrolier venir sur le march. Il convient de souli-gner que le contexte conomique a galement eupour effet de faire chuter lourdement les marchsfinanciers europens en aot et septembre, accen-tuant la pression sur le ptrole ;

    la forte progression du dollar partir de juin, qui ainduit une pression baissire sur le prix du ptrole enraison d'une corrlation ngative attribue au coupleptrole/dollar. Les tendances rcentes sur le dollar etle ptrole pourraient aussi tre le rsultat de facteurssurvenus simultanment : hausse des taux attendueaux tats-Unis et craintes sur la croissance euro-penne et des pays mergents ;

    le coup de grce a t donn par la dcision du 27 novembre de l'OPEP, ou plutt des monarchies ptro-lires (Arabie saoudite, mirats arabes unis, Kowet,Qatar), de ne pas intervenir sur le march. Ce choix abien entendu accentu l'effritement des prix du ptrolepuisque, dfaut de gestion de l'offre par l'OPEP, c'estdsormais au march d'assurer l'quilibre.

    Les raisons de la dcision OPEP, dicte parl'Arabie saoudite

    Certains pays OPEP comme l'Algrie, lIrak, l'Iran, laLibye ou le Venezuela taient favorables un accordpour rduire la production, mais n'taient, pour la plu-part, pas en mesure de le faire. Ainsi, la productionlibyenne (0,2 0,8 Mb/j en 2014) demeure bien en dede son potentiel (1,5 Mb/j) depuis les troubles intrieurssurvenus en 2011. L'Iran est soumis un embargo qui arduit ses dbouchs de 1 Mb/j environ depuis juillet2012. L'Irak a des projets importants de dveloppementde sa production, qui pourrait atteindre, d'aprs l'AIE,4,6 Mb/j en 2020 et 6,7 Mb/j en 2030 contre 3,1 Mb/j en2013. Le Venezuela est dans une situation budgtairesous tension, et sa production est de plus en replidepuis dix ans.

    Sur la base des anticipations (incertaines) de dcembre,l'quilibre offre/demande montre que l'ajustement bais-sier aurait d porter sur 2 Mb/j au premier semestre2015 et sur environ 1 Mb/j au second. Il s'agit devolumes consquents, comparer une production deptrole de 9,5 Mb/j en 2014 pour l'Arabie saoudite, soit

    30 % du total OPEP. Le pays n'a pas voulu porter ce far-deau seul sans soutien au sein de l'organisation etencore moins en dehors, que ce soit de la part de laRussie ou des tats-Unis. En marge de la runion OPEP,le ministre saoudien du ptrole Ali Al-Naimi a claire-ment voqu cette ide : Why should Saudi Arabia cut?The US is a big producer too now. Should they cut?

    Au-del d'une absence de soutien, une raison plus pro-fonde explique certainement ce choix radical. Il s'agit dela monte en puissance extrmement rapide des tightoil amricains. Le soutien des prix par l'OPEP aurait eupour effet de favoriser leur dveloppement, ce qui auraitcontraint l'organisation raliser chaque anne de nou-velles coupes de production. L'Arabie saoudite se trou-vait donc face un dilemme : soutien des prix avec effri-tement progressif de sa production ou stabilit de saproduction mais effondrement des cours.

    Cette deuxime option est peut-tre la plus rationnellepour l'Arabie saoudite face l'expansion des tight oil. Laproduction de ces ptroles non-conventionnels pro-gresse de 1 Mb/j chaque anne depuis 2011, ce qui cor-respond peu prs la hausse annuelle de la demandemondiale. Les scnarios du Department of Energy amri-cain n'anticipent pas une progression aussi forte pourles annes venir, mais le DOE semble faire preuved'une grande prudence dans ses prvisions de rfrencequi sous-valuent rgulirement l'volution relle.L'Arabie saoudite n'a pas voulu prendre le risque d'at-tendre un hypothtique ralentissement naturel des tightoil, annonc par certains mais dmentie par les faits. Endcembre, la production de tight oil atteint dj 5 Mb/j,en phase avec le scnario haut du DOE (fig. 2).

    Fig. 2 Production amricaine de tight oil (Scnario de rfrence etscnario haut RH-) 2011/2020

    Source : US Energy Information Administration (US EIA)

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    Parmi les autres facteurs d'explication, les enjeux go-politiques peuvent, en partie, justifier la position del'Arabie saoudite. La baisse des prix provoquera l'vi-dence un affaiblissement des voisins chiites, irakiens etiraniens mais aussi de la Russie, soutien du pouvoir enplace en Syrie... Ces considrations ont peut-tre joudans la dcision, bien que le poids croissant des tight oilsuffirait la justifier. Pour ce qui est de la thse d'unestratgie concerte entre l'Arabie saoudite et les tats-Unis, voque par certains observateurs, elle paratassez peu crdible. Les producteurs amricains vont eneffet fortement souffrir de cette situation.

    Consquences envisageables pour lemarch ptrolier

    Si l'OPEP avait dcid de rquilibrer le march enajustant son offre, un prix d'quilibre de 90-100 $/b taitenvisageable (hors crise gopolitique) comme nousl'avions indiqu dbut 2014 (voir fiche Panorama 2014Contexte ptrolier 2013 et tendances).

    Ce n'est pas le cas et le march doit dsormais dter-miner un prix qui permettra d'absorber les surplus, enpesant sur trois paramtres : la demande de ptrole, laproduction existante et les investissements amont pourinflchir la production future. Les impacts sont extr-mement difficiles cerner, mais il est au moins possiblede dcrire dans les grandes lignes trois consquencesenvisageables :

    sur la demande : les publications concernant le lienprix/demande (lasticit prix) donnent des rsultatsassez divergents et sont donc peu fiables. En premireapproximation, il est nanmoins possible de retenir larelation propose par le FMI dans une note datant de2011 (Oil Scarcity, growth, and global imbalances). Unehausse de 10 % du prix du ptrole impacte ngative-ment la demande mondiale de 0,2 % environ (lasticitde court terme de 0,019). En retenant la corrlationinverse, 20 % de baisse du prix du ptrole ( 80 $)entranerait une progression de 0,4 % de la demandesoit 0,4 Mb/j (demande 2015 : 93,3 Mb/j d'aprs l'AIE endcembre). 60 $ ( 40 % environ), le gain atteindrait0,8 % soit 0,7 Mb/j ;

    sur la production en cours : pour arrter des unitsde production, il faudrait que le prix du ptrole soitinfrieur aux cots opratoires sur une priode assezlongue pour peser sur lquilibre financier des pro-ducteurs. Aux niveaux des cours du ptrole de 60 70 $b atteints dbut dcembre 2014, on est loin decette situation, ce qui signifie que les impacts sur laproduction seront minimes sur les bases actuelles ;

    sur les investissements : la baisse des cours va vi-demment conduire les oprateurs rduire leursdpenses d'investissement en raison de la diminu-tion de leurs marges et du fait d'une moindre renta-bilit attendue des projets futurs. Fin septembre,alors que le prix du baril tait aux environs de 90 $,l t u d e I F P E N s u r le s i n ve st i ss e m e n t s e nExploration-Production prvoyait dj un net ralen-tissement de la croissance des investissements,avec en particulier une baisse pour les majors. Lahausse (lgre) des investissements envisage dansce mme rapport pour les indpendants et les NOCn'est en revanche plus d'actualit. Aujourdhui lescartes sont rebattues, les indpendants ajustentaussi leurs investissements. Les effets sur la pro-duction ne seront pas immdiats sauf dans un cas,les tight oil, qui ncessitent d'investir trs rgulire-ment pour maintenir la production. Cela est d auprofil de production qui dcrot trs rapidementdans le temps. Pour les autres types de ptrole, il yaura une remise en cause des projets en fonctiondes anticipations de prix et des capacits financiresdes entreprises. Les units les plus coteuses,huiles lourdes du Canada ou offshore trs profond,devraient tre les plus affectes.

    Globalement, la baisse actuelle des prix aura deuximpacts significatifs : une hausse de la demande1 dansdes proportions non ngligeables, value entre 0,6 et0,9 Mb/j, comparer un surplus doffre compris entre1 et 2 Mb/j en 2015 ; une baisse des investissements etdonc un recul de la production moyen terme, avec uneffet pour les tight oil plus ou moins consquent enfonction du niveau de prix rel observ.

    Quel impact pour les tight oil et les huileslourdes ?

    La plupart des analystes du secteur ptrolier, l'imagedu consultant IHS2 par exemple, voque des cots deproduction des tight oil compris entre 40 et 80 $/b, ensoulignant que 80 % de la production se situerait endessous de 70 $/b. Sur cette base, au niveau des coursactuels, une baisse de l'ordre de 20 % des investisse-ments est donc crdible en 2015. Certains oprateursamricains estiment que des baisses plus substan-tielles sont envisageables en raison du recul desmarges des entreprises ptrolires, et donc de leur

    le point sur

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    (1) La hausse de la demande lie l'effet prix est susceptible d'tre annihile par un contexteconomique dgrad

    (2) Tight oil test : US Production Growth Remains Resilient Amid Lower Crude Oil Prices 20 novembre 2014

  • Contexte ptrolier 2014 et tendances

    capacit d'emprunt. Aux tats-Unis, le mois de novembreserait dj marqu par une forte baisse des demandesde permis de forage hauteur de 40 % d'aprs Reuters.

    Si l'on retient une baisse des investissements de 20 % 40 %, la production de tight oil stablirait en 2015 res-pectivement 4,9 Mb/j et 4,2 Mb/j, comparer une pro-duction de 5,6 Mb/j prvue dans le scnario de base duDOE. Pour 20 %, l'impact serait donc assez modeste avecune diffrence de seulement 0,7 Mb/j. Pour 40 %, le reculserait plus consquent hauteur de 1,4 Mb/j, ce qui abou-tirait un flchissement de la production en 2015 (fig. 3).

    Fig. 3 Production amricaine de tight oil suivant des hypothses deforage contrastes ( 20 % et 40 %)

    Source : IFPEN, base US EIA

    Cette simulation est bien videmment entoure de nom-breuses incertitudes. Ainsi le scnario de rfrenceretient lhypothse dune stabilit du niveau de forageentre 2014 et 2015, ce qui ne constitue pas un scnariode base excessivement optimiste. De mme, le niveaude rcupration sur la dure de vie d'un puits est estim la moyenne de 2013, soit 170 000 barils. Il s'agit d'unratio prudent alors qu'il ne cesse d'augmenter depuis2009 (57 000 barils) sous l'effet des amliorations tech-nologiques. Globalement, cela signifie que, mme si lesinvestissements dcroissent, la production pourrait nepas tre affecte autant que ce qui est simul ici.

    Le bilan sur les huiles lourdes est moins difficile faire.En effet, dans ses dernires prvisions datant de 2014,lAssociation canadienne des producteurs ptroliers(CAPP) n'anticipe pas la mise en production de nou-veaux projets d'ici 2017. Les effets de la baisse descours du ptrole sur la production ne seront donc pasimmdiats comme pour les tight oil. En revanche, il estprobable que des remises en cause de projets soient

    annonces en cours d'anne 2015. Le potentiel des pro-jets envisags ce jour porte sur un total de 2 Mb/j sup-plmentaires d'ici 2030 (fig. 4).

    Fig. 4 Production canadienne dhuiles lourdes 2013/2030

    Source : CAPP

    Quel prix d'quilibre en 2015 ?

    Sur la base des donnes de march disponibles endcembre, une fourchette de prix compris entre 60 80 $/b constitue un scnario crdible en moyenne pour2015. Cest ces niveaux de prix que lon parvient rduire les excdents envisageables sur le march enrenforant la demande et en rduisant loffre de tightoil. Lquilibre est atteint pour un prix de 50 60 $/b aupremier semestre et de 70 80 $/b au second. Il estintressant de noter que la correction des prix obser-ve entre juin et dcembre 2014 est cohrente aveccette estimation. Ce n'est donc pas la spculation quiest en cause mais bien la perception de l'quilibreoffre/demande du march ptrolier.

    contexte quivalent, des ajustements significatifs nesont cependant pas exclure au fur et mesure que leseffets des prix bas sur lvolution de la production destight oil amricains seront mieux connus, dans un senscomme dans lautre : remonte des cours si les opra-tions de forage sont fortement impactes, ou au contrairebaisse si les progrs techniques se poursuivent, notam-ment si le ciblage des formations forer samliore et lesefforts pour accrotre la productivit moyenne des puitscontinuent de porter leurs fruits (tab. 1).

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    le point sur

    Tableau 1

    Bilan offre demande 2015 par trimestre avec et sans effet prix

    Source : IFPEN base AIE OMR, dcembre 2014

    Mais le contexte lui-mme peut changer et voluer. Ilconvient en particulier de mentionner les facteurs d'incer-titude suivants :

    lOPEP et notamment lArabie saoudite, sous la pres-sion, de ses partenaires, peuvent revoir leur positionpour favoriser une remonte des prix. Lhistoire montreque lOPEP, aussi bien en 1986 quen 1998 et 2008, afini par ajuster sa production ;

    le niveau effectif de la croissance conomique mon-diale, toujours marque par des inquitudes pourlEurope, le Japon et certains pays mergents, estsusceptible d'tre revu la baisse. L'effet ptrole surla croissance devrait tre modr du fait des effetspositifs pour les pays importateurs mais trs ngatifspour les pays exportateurs (voir encadr page 6). Ilexiste mme des risques importants de dstabilisa-tion pour certains pays producteurs trs dpendantsbudgtairement du ptrole ;

    le contexte gopolitique pourrait peser la hausse ou la baisse sur la production de certains pays, l'imagede la Libye, l'Irak ou l'Iran (embargo lev en juillet ?). Leconflit russo/ukrainien pourrait de son ct affecterl'offre ptrolire russe (effet investissement) ou aucontraire, en cas de rsolution, donner un signe cono-mique positif au continent europen ;

    le taux du dollar pourrait poursuivre sa progression enraison de la hausse attendue des taux d'intrt amri-cains. Cela contribue accentuer leffet baissier sur leptrole.

    Il existe donc de nombreuses incertitudes mais l'ided'un prix du ptrole moins de 80 $/b constitue dsor-mais une hypothse crdible, compte tenu d'un contexteconomique morose et mme inquitant pour certainspays mergents. En dehors de l'volution du contexteconomique, ce scnario est susceptible de durer sousrserve de plusieurs conditions. La premire concernela poursuite de la stratgie nouvelle de l'OPEP visant dfendre sa part de march au dtriment du prix. Laseconde est lie la possibilit de rpondre l'accrois-sement futur de la demande ptrolire mondiale cesniveaux de prix. Cela implique une stabilit dans lespays de l'OPEP afin de pouvoir assurer les investisse-ments ncessaires et une matrise drastique des cotsde production au niveau mondial. L'un des enjeux por-tera sur la poursuite de l'accroissement de la produc-tion des tight oil mme moins de 70-80 $/b.

    Guy Maisonnier [email protected] remis le 15 dcembre 2014

    Bilan O/D en Mb/j 1T15 2T15 3T15 4T15

    Demande D 92,5 92,5 94,0 94,4

    Offre non OPEP 57,3 57,7 57,9 58,4

    GNL OPEP 6,6 6,7 6,7 6,7

    Ptrole OPEP 30,3 30,3 30,3 30,3

    Offre O 94,2 94,7 94,9 95,4

    carts O/D 1,7 2,2 0,9 1

    Stocks 0 0 0 0

    Surplus 1,7 2,2 0,9 1

    Effet prix 60 $/b 60 $/b 80 $/b 80 $/b

    Sur demande 0,7 0,7 0,4 0,4

    Sur tight oil 1,4 1,4 0,7 0,7

    Bilan O/D 0,4 0,1 0,2 0,1

    Addendum 20 janvier 2015Les estimations de prix prsentes en fvrier la confrence Panorama (50 70 $/b pour le Brent en 2015)sont infrieures de 10 $/b environ ce qui tait envisag dans cette note. Ceci sexplique essentiellement parla rvision la baisse en janvier de la croissance conomique mondiale en 2015, et une hausse de la demandeptrolire plus faible que prvue.

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    le point sur

    Contexte ptrolier 2014 et tendances

    le point sur

    Impact de la baisse des prix du ptrole sur...

    Si la baisse du ptrole se confirme, de nombreuximpacts sont attendre, en particulier sur :

    le secteur ptrolier via la baisse des marges descompagnies productrices, entranant une matriserenforce des cots ;

    les socits paraptrolires par le biais du ralen-tissement des investissements ;

    le prix de vente des produits ptroliers, l'imagedu gazole ou de l'essence en France. En passant de112 $/b en juin 80 $/b en novembre, le ptrole aperdu 32 $/b soit 20 ct$/l (1 baril = 159 L). Labaisse de l'euro (8 %) a attnu ce recul exprimdans cette monnaie : 11 centimes d/L. C'est leniveau de baisse observ sur le prix des produitsptroliers aux effets march prs ;

    le secteur gazier avec des diffrences rgionales :une moindre rentabilit des gaz de schiste amri-cains quand ils sont produits conjointement avecdes produits ptroliers ; des prix long terme duGNL asiatique plus faibles (environ 9-12 $/MBtu 60-80 $/b contre 16 $/MBtu 110 $) ce qui pserangativement sur les projets d'exportation(Australie, tats-Unis dont la comptitivit du GNLsera moins attractive). En Europe, la pression surles prix spots sera rduite du fait de la baisse desprix indexs (environ 6-10 $/MBtu 60-80 $/bcontre 13 $/MBtu 110 $/b) ;

    les marges des secteurs fortement consomma-teurs d'nergie l'image de la ptrochimie ou destransports, qui seront amliores ;

    la croissance conomique par pays, avec desimpacts bien sr positifs pour les pays importa-teurs et ngatifs pour les pays exportateurs et unbilan mondial plus ou moins neutre. Ce derniersujet est explicit plus en dtail ci-aprs.

    ... la croissance conomique mondiale

    L'impact sur l'conomie d'un pays de la baisse duprix du ptrole doit tenir compte des effets positifspour les consommateurs (aux ajustements ventuelsdes taxes prs) et ngatifs pour le secteur de la pro-duction ptrolire. C'est donc le solde via les importa-tions ou exportations nettes qui constitue l'indicateur prendre en considration.

    Fig. 5 Effet d'une baisse de 100 80 $/b sur la croissance par zone

    Source : IFPEN

    Ce calcul, fond sur les changes ptroliers, montrequ'une baisse de 100 80 $/b du prix du ptrole estquivalent un transfert de 250 milliards de dollars(G$) des zones exportatrices vers les zones importa-trices. Pour les pays importateurs, cela reprsente enmoyenne un surcrot de 0,4 % de croissance du PIB,valeur attendue pour les tats-Unis ou l'Europe, quiatteint 0,6 % pour la Chine et 0,8 % pour le Japon.

    Pour les pays exportateurs, cela reprsente enmoyenne un recul de 1,4 % du PIB, avec des effetsparticulirement marqus pour le Moyen-Orient( 5,2 %) ou la Russie ( 2,3 %). En valeur, cela repr-sente des montants de 145 G$ en moins pour leMoyen-Orient et de 55 G$ pour la Russie.

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