· RTF file2015-01-21 · Vimont a fait un cours particulier de phrénologie pour le prince royal, le duc d'Orléans, qui suivit ses le-roiis avec beaucoup d'intérêt. Sa collection

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Fossati, Giovanni Antonio Lorenzo, Manuel pratique de la phrnologie : ou Physiologie d'un cerveau d'aprs les doctrines de Gall, de Spurzheim, de Combe et des autres phrnologistes. Paris, 1845.

This and other texts provided here from Gallica, the extraordinary website of the Bibliothque nationale de France, are the uncorrected output of an optical character recognition (OCR) programme. Hence they are many illegible passages. Nevertheless, the many thousands of legible and hence searchable pages are deemed worth providing in this condition rather than not at all.

John van Wyhe, The history of phrenology on the web. (http://www.historyofphrenology.org.uk/) 2002.

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Fossati J.

Manuel pratique de phrenologie.

Germer Bailliere

Paris 1845

PREMIER OKDltE. F VU Mb! UlICflM-.

Genre l. Pb>ciiA>TS.

A Alimenthit.

1 Gnration.

2 PliilORniture.

5 Habitathil. 4 Attachement.

3 Ufeiisivite.

6 Destruclivil.

7 SecretiMte.

8 Proprit.

9 Con>trucli\ it.

Genre II. SmniE'STS.

10 Indpendance.

11 ApprobJtmte.

12 Circonspeciion.

15 Bienveillance. \k Vnration. 13 Fenncl.

17 E-peruioe. ntrtien e4 pour l'esprit de profondeur, pour le principe de l'imagination (vors-tdlungsvermogen}, pour les diffrentes sortes de jugement, etc. J'ai mme parfois t trop ngligent dans la dfinition prcise des ides, mon intention tant de faciliter pour le moment l'intelligence de l'objet important de mon ouvrage beaucoup de lecteurs.

Tout l'ouvrage se divise en deux parties, qui forment ensemble environ dix feuilles.

panire partie. Elle co n tie n t les principes. Je commence, avec mes lecteurs, l o la nature s'est arrte avec moi. Aprs avoir rassembl mes expriences pnibles, je me suis fait un difie des lois de leurs rapports. Je vais vous exposer brivement les principes fondamentaux.

.1. De facults et des peucbauts sont ions dans l'homme et chez les

animaux.

Vous n'tes pas assurment de ceux qui peuvent me contredire en ceci; mais, fils de Minerve, vous devez tre arm pour dfendre sa cause. S'il arrivait que l'on conclt de mon systme que, par ces qualits innes, nous serions plutt les esclaves que les matres de nos actions , et par consquent livrs nos impulsions naturelles, et que l'on vous fit La demande i que deviendra alors la libert ? et comment p ou ira-t-ou nous allribuer le bien et le mal que iiouts

APERU HSTOtlQJJfi DE LA PBRNOLOGIE. 25

ferons? permettez-moi d'extraire littralement la rponse de mon prodrome ; vous pourrez ia fortifier de vos connaissances morales et thologiques. Ceux qui voudraient se persuader que nos qualits ne sont pas innes, les font driver de l'ducation. Mais n'avons-nous pas galement agi passivement dans tous les cas, soit que nous ayons t forms d'une certaine manire par nos qualits innes, soit que nous l'ayons t par noire ducation? Dans cette objection l'on confond les ides de facults, de penchants et de simple disposition, avec la manire d'agir elle-mme. Les animaux mmes ne sont pas tout--fait involontairement soumis leurs dispositions et leurs penchants. Quelque puissant que soit l'instinct qui porte le chien chasser, et le chat prendre les souris, des punitions ritres empchent cependant la manifestation de leurs instincts. Les oiseaux rparent leur nid lorsqu'il a t gt, et les abeilles couvrent de cire une charogne qu'elles _ne peuvent loigner. Mais l'homme possde, outre les qualits animales, la facult de la parole et de l'ducation la plus tendue, deux sources inpuisables de connaissances et d'action. Il aie sentiment de la vrit, et de l'erreur, du juste et de l'injuste ; il a la conscience d'un tre indpendant; le pass et l'avenir peuvent diriger ses actions; il est dou d'un sentiment de moralit et d'une conscience

24 * principes

vidente, etc. Arm de ia sorte, l'homme peut combattre ses penchonts. Ceux-ci, la vrit, sont toujours des attraits qui l'induisent en tentation; mais ils ne sont pas tels qu'ils ne puissent tre vaincus ^t subjugs par d'autres pins forts ou qui leur sont opposs. Vous avez le penchant la volupt; mais les bonnes murs, l'amour conjugal, la sant, la dcence sociale, la religion, etc., vous servent de prservatif, et vous rsistez la volupt. Ce n'est que de celle lutte contre ses penchants que naissent la verlu, le vice et la responsabilit des actions. Que serai t l'abngation de soi-mme, tant recommande, si elle ne supposait pas un combat avec notre intrieur? Donc; pins on multipliera et Ton fortifiera les prservatifs, plus l'homme gagnera en libre arbitre ou en morale. Plus leg pen-

chants intrieurs seront forts, plus devront tre forts les prservatifs. De l rsultent la ncessit et l'utilit de la connaissance de l'homme, de la thorie de l'origine de ses facults et de ses inclinations, de l'ducation, des lots, des peines et des rcompenses, de la religion. Mais la responsabilit cesse, mme d'aprs la doctrine des plus svres thologiens, si l'homme, ou n'est pais du tout excit, ou ne peut absolument r-sister une trop violente excitation. Est-ce qu'elle est de quelque prix la continence de ces eunuques, qui sortent pour ainsi dire mutils.du

APERU msTOBIU DE LA PHHIVOLOGIE. 25

eorps de leur mre ? Rush cite l'exemple d'une femme qui, quoique doue de toutes les autres vertus morales , ne pouvait absolument pas rsister au penchant voler. J'ai connaissance de plusieurs exemples pareils, entre antres de celui d'un penchant irrsistible tuer. Quoique nous conservions le droit d'empcher ces malheureux de nous nuire , toute punition exerce sur eux n'est pas moins injuste qu'inutile, et ils ne mritent en effet que notre compassion. J7espre un jour pouvoir rendre la dmonstration de ce fait rare, mais triste, plus familire aux juges et aux mdecins (i).

Maintenant que nos adversaires sont traquil-liss, passons ces questions : De quelle ma-

(1) Gall a dvelopp et Justifi celte pense dans son grand ouvrage (voy. section iv et v du 1er vol., dition in-8). Les moralistes et les jurisconsultes ne peuvent pas se dispenser de lire et de mditer srieusement ce trait : ils y puiseront la rfutation ds injures et des calomnies que Ton continue de prodiguer la physiologie du cerveau relativement au principe des dispositions lunes. Nous regrettons de ne pouvoir citer des pages entires de cet crit admirable. Dans l'endroit o Gall traite de l'application de ses principes l'homme eonsidr'comme objet d'ducation et de punition, aprs avoir prouv que tous les hommes ne sont pas moralement libres un degr gal, et que lorsqu'il est question de culpabilit intrieure, ils ne sont pas coupables au mme degr, quoique l'acte matriel et la culpabilit extrieure soient les mmes, il conclut que toute sage lgislation doit renoncer la prtention d'exercer la justice ; qu'elle

5

2fi PRINCIPES

nire les facults et les penchants des hommes et des animaux sont-ils lis l'organisation? Sont-ils des expressions d'une fore de l'me purement spirituelle et agissant par elle-mme? Ou bien l'me est-elle lie quelque organisation particulire? et quelle organisation? De la solution de ces questions nous tirons le second principe.

II. Les faduils et les penchants de l'homme oat leur sige dans le

cerveau.

J'en donne les preuves suivantes :

1 Les, fonctions de l'me sont dranges par la lsion du cerveau ; elles ne le sont point immdiatement par les lsions des autres parties du corps.

2 Le cerveau n'est point ncessaire a tie ; mais, comme la nature n'a rien fait d'inutile , il faut bien que le cerveau ait une autre destination, c'est--dire que :

5 Les qualits de l'esprit et de l'me (gemulh),

$ doit te proposer un but qu'il soit possible d'atteindre, et

qui assure le bien des citoyens en particulier et de la socit en gnral. Ce but doit tre de prvenir ls-dlits et let trime* , de corriger lt malfaiteurs, et de mettre la socit en sret contre ceux qui sont incorrigibles. C'est tout ce que Ton peut riger raisonnablement des institutions hemaiheE.ii Gall indique ensuite le moyen de mettre en pratique PRINCIPES liNHUX.

distingu a t Spurzheim, qui avait assist pour la premire fois aux leons de Gall en 1800 ; il devint plus tard son lve, son collaborateur, et l'un des plus actifs propagateurs de ses doctrines. L'autorit Vienne, dfendit au professeur la continuation de ses cours, sous prtexte que ses doctrines tendaient tablir le matrialisme. Gall, contrari et fatigu de la perscution sourde qu'il endurait, quitta Vienne au commencement de l'anne 1805, et, pendant deux ans et demi, accompagn par Spurzheim, il parcourut le nord de l'Europe, et vint en octobre 1807 s'tablir Paris.

Plusieurs ouvrages parurent en Allemagne jusqu' cette poque. Le docteur Froriep publia, en 1800, dans le deuxime volume du Magasin physique, rdig par Voigt, une Exposition de la doctrine de Gall, qu'ensuite il imprima part et avec augmentation. Une traduction franaise en fut faite peu de temps aprs.

Charles Villers, Allemand, dans une Lettre Georges Cimier sur une nouvelle thorie du cerveau, par le docteur Gall, et qu'il publia Metz en janvier 1802, donna un aperu de la doctrine de Gall, trs incomplet videmment, mais suffisant pour veiller l'attention des savants.

Les professeurs Walter, de Berlin, et Ackermann , de Heidelberg, furent les adversaires de Gall les plus prononcs ; mais d'autre part les

APERU HISTORIQUE DE LA PHRNOLOGIE, \~i

clbres, Lder, Reil, Smmering et d'autres se prononcrent avec plus ou moins d'enthousiasme en sa faveur.

A Berlin, le professeur Bisehoff publiait en 1805 la deuxime dition de son Exposition de la doctrine de Gall sur le cerveau et le crne, et le docteur Berbeguire, un an aprs, en publiait la traduction, en la faisant suivre des Remarques sur cette doctrine par le docteur Hufeland et d'un Rapport de la visite de Gall dans les prisons de Berlin et de Spandau,

Gall mme, en 1806, publia Halle, sous le nom d'un lve de Gall, une Rponse aux attaques du professeur Ackermann contre la doctrine de Gall, et il alla faire des cours Heidelberg, o Ackermann rsidait.

Le docteur Blode publiait Dresde, en 1805, la deuxisA dition de la Doctrine de Gall sur les fonctions du cerveau; et Carlsruhe, en janvier 1807, il imprimait un livre ayant pour titre : Crnologie ou Dcouvertes nouvelles du docteur Gall, concernant le cerveau, le crne et les organes. Une traduction fut publie Paris la mme anne, et fut suivie d'un Examen critique e la rfutation^du docteur Ackermann, des erreurs de Gall sur la structure du cerveau.

En Italie, en 1808, le docteur Mayer, de Naples, publiait une Exposition de la, doctrine de Gall, d'aprs les publicalions failes Dresde en

48 PRINCIPES 'GNRAUX.

i805, et les enseignements particuliers qu'il avait reus de l'auteur. Il ajouta la rponse aux objections faites la doctrine de Gail par Hufeland, o ce dernier dclare cependant avoir adopt les principes fondamentaux de la thorie de Gali.

A peine arriv Paris, Goll ouvrit des cours sur sa doctrine, et aussilt le Journal de l'Empire et le Courrier de l'Europe publirent des articles plus que svres pour le combattre; tandis que les Archives littraires, la Gazette de $ant, le Journal de Mdecine pratique et le Bulletin des Sciences mdicales se portrent leurs dfenseurs.

M. Adelon, en 1807, donna dans la Gazette de France plusieurs articles sur le mme sujet, qu'il rimprima, en 1808, en un volume ayant pour litre: Analyse du docteur Gall? ou

Physiologie et anatomic du cerveau d'aprs son systme. M. Adelon, actuellement professeur l'cole de mdecine de Paris, expose dans ses cours la doctrine de Gall, comme il l'a fait convenablement dans sa Physiologie.

Le docteur Nacquart, son tour, publia dans la mme anne un Trait de la nouvelle physiologie du cerveau, ou Exposition de la doctrine de Gall sur la structure et les fonctions de cet organe.

Finalement, M. Demangeon fit paratre galement, dans l'anne 1808, deux ditions de la

APERCU HISTORIQUE DE LA PHRNOLOGIE. 40

Physiologie intellectuelle, ou Dveloppement de la doctrine du professeur Gall sur le cerveau et ses fonctions. Une nouvelle dition de ce mme ouvrage a paru tout rcemment Paris (1842) avec additions, etc.

Nous ne citerons pas plusieurs autres crits de celle poque, noire but n'tant que de faire connatre les crils principaux qui furent publis avantqueGall lui-mme se charget de prsenter au public, dans un grand ouvrage, le rsum complet de ses travaux et de ses mditations.

Gall commena par prsenter l'Institut de France, le 14 mars 1808, un mmoire intitul : Recherches sur le systme nerveux en gnral et sur celui du cerveau en particulier, qu'il publia en 1809, .avec des observations sur le rapport qui en a t fait par les commissaires de l'Institut.

circonstance, a associ son nom celui de Spurzheim. Il ne tarda pas faire suivre la publication de son grand ouvrage infolio, quatre volumes, avec un atlas dcent planches. Pour le premier volume et une partie du deuxime, Gall avait permis au docteur Spurzheim d'y joindre son nom comme collaborateur; m$is l s'arrta la collaboration. Par la suite, Gall publia tout seul son travail. Les six volumes de l'ouvrage de Gall, in-8, publis de 1822 1825, ne sont que la rimpression de son grand ouvrage, moins l'anatomie, et en y joi-

50 PRINCIPES GNRAUX.

gnant la rfutation des nouvelles attaques faites sa doctrine. Sous, la Restauration, pendant le ministre Decazes, le gouvernement accorda Gall une indemnit pour des cours publics qu'il fit aux lves de mdecine. En mme temps, il fit prendre vingt exemplaires du grand ouvrage de Gall pour les bibliothques publiques.

Gall cessa de vivre le 22 aot 1828. Au moment o il fut atteint de la maladie dont il mourut , il faisait encore sur sa doctrine un cours l'Athne royal, que nous avons eu la douloureuse et honorifique mission de terminer.

Spurzlieim se spara de Gall au commencement de d815* En 1814, i! se rendit en Angleterre o il publia ses premiers crits, et il fit des cours publics Londres, Dublin, Edimbourg. 11 contribua considrablement rpandre les connaissances phrnologiques dans la Grande-Bretagne. Ala suite del connaissance qu'il fit avec des philosophes cossais, il modifia la doctrine de son matre, particulirement par une nouvelle nomenclature des organes.

Le premier ouvrage de Spurzheim est : The physiognomical system of doctors Gall and Spur" zheim; ensuite il publia, soit en anglais, soit en franais, ses Observations sur la folie ({); Observations sur la phrnologie, ou la connaissance des rapports entre le physique et le moral de

(1) 1 vol. in-8, 1818.

APERU HISTORIQUE DE LA l'HRJVOLOGIE. 51

l'homme; Essai philosophique sur la nature morale et intellectuelle\,e l'homme (I); Essai sur les principes lmentaires de Vducation (2) ; The anatomy of the brain, with a general mew of the nervous system f etc,

Spurzheim, en 1832, partit pour l'Amrique; il y fut trs bien .accueilli, et dj il exposait avec succs la doctrine phrnologique, quand, hlas ! peu de temps aprs, le 10 novembre de la mme anne, il mourut Boston d'une fivre typhode. Il venait de publier un Trait de phr-nologie qui contient des changements de quelque importance pour la science.

La phrnologie, avant comme aprs la mort de Gall et de Spurzheim, a eu ses fervents dfenseurs. A Copt-nhague, M. le professeur Otto publiait, en 1825, un Trait de phrnologie et un Journal sur la mme doctrine. Ces crits nous sont rests inconnus, tant publis en danois. M. le docteur Hope, de Copenhague, est aussi un phrnologiste d'un grand mrite.

A Edimbourg, en 1820, grce la haute intelligence et au zle de MM. Georges et Andr Combe et du rvrend docteur Welsh, on fondait la premire socit phrnologique.

Cette socit publia, peu de temps aprs, un volume de Transactions et un Journal phrno-

(1)1 vol. in-S", 1820. (2) 1 vol. in-8, 1822.

,V2 NlLXCll'ES (JNKAUX.

logique, rempli d'articles 1res intressants el de faits 1res instructifs'. Les socits pbrnologiques se multiplirent, depuis ce temps-l, dans toutes les villes principales de la Grande-Bretagne, et des savants d'un mrite suprieur publirent un trs grand nombre d'crits sur la phrnologie. Nous nous Bornerons citer quelques noms, lels que ceux de MM. les docteurs Elliotson et Engledue, de Londres; Mackintosh et Andr Combe, d'Edimbourg ; Marsb, de Dublin ; Bar-low, de Bath ; Macuish, dcGascow; etc.

M. Deville, de Londres, possde une des plus riches et des plus intressantes collections de phrnologie. Trs habile dans les applications pratiques de la science, il a contribu singulirement la faire adopter et la gnraliser dans Londres mme.

Le savant qui se distingua entre tous les autres dans la Grande-Bretagne, et qui a consacr sa vie entire au progrs et la propagation de la phrnologie, est, sans contredit, M. George Combe, d'Edimbourg. Il publia plusieurs ouvrages, principalement le Systme ou trait de phrnologie (1} ; lments de phrnologie; Esquisse sur la phrnologie; Essais sur la constitution de l'homme, etc. Tous ces ouvrages

(1) Trait complet de phrnologie, traduit de l'anglais, avec des notes, par Lebeau, mdecin de S. M. le roi des Belges ; 184*. 2 vo!. avec 102 fig.

APERU HISTORIQUE DK LA PHRNOLOlE. 55

ont eu plusieurs ditions, et on en a vendu plus de trente mille exemplaires.: On en a fait des traductions en France, en Allemagne, et ailleurs. M. Combe, en aptre zl, est all aussi faire des cours publics en Allemagne et en Amrique.

Aux tats-Unis, et en gnral en Amrique, la phrnologie est cultive avec enthousiasme. Il y a des socits phrnoogiques dans les villes principales. De nombreux ouvrages s'y publient continuellement; mais nous ne les connaissons presque pas, cause de la distance qui nous spare, de leur prix excessif, et

DES DISPOSITIONS INNES. 105

gn de tous ses prdcesseurs : il observe justement que toutes les Cacults de l'me, qu'elles soient une, quatre, cinq, sept, n'importe le nombre, ne sont que des abstractions. Aucune de ces facults ne dsigne ni un instinct, ni un penchant, ni un talent, ni toute autre facult morale ou intellectuelle dtermine. Nous verrons tout--1'heure comment il s'y est pris.

Origine ds facults. Les philosophes, les moralistes et les mtaphysiciens ont cherch expliquer par des causes diffrentes l'origine de nos ides et de nos facults. Examinons rapidement celles qui ont eu plus de poids dans leurs discussions. La plupart d'entre eux se sont accords attribuer cette origine ^influence des cinq sens. Mais les fonctions des sens extrieurs se bornent recevoir les impressions du monde extrieur, f * et produisent dans le cerveau les sensations et les ides de ces impressions. Avec les mmes sens extrieurs, les animaux et l'homme ont des instincts, des penchants et des talents bien diffrents; elles femelles, dans la mme espce, ont aussi des qualits bien diffrentes des mles. Les idiots, avec leurs cinq sens, cessent-ils d'tre idiots? Les industries et les talents ne sont pas non plus en rapport direct avec la finesse des sens.

L'ducation et l'instruction. Elles ne peuvent pas faire natre une facult, un talent, nu

404 PRINCIPES GNRAUX.

chant quelconque, ni le dtruire; mais elles peuvent perfeetionneru comprimer les qualits que la nature a donnes aux diffrents individus, et qui sont inhrentes aux diverses espces d'animaux. Jl n'y a pas moyen d'apprendre chanter un moineau comme l'on fait un serin, et l'on n'apprendra jamais un faisan chasser de petits oiseaux comme on le fait un faucon. Remarquons, propos de ce que nous venons de dire, que la nature a toujours mis en harmonie les instincts des animaux avec leurs instruments ou appareils extrieurs : et cela devait tre ; mais les instruments d'excution ne peuvent pas tre en mme temps la source des instincts et des penchants. Ceci nous prouve seulement que, de toute manire, c'est toujours en vertu de leur organisation que les animaux ont des aptitudes iadustrielles, -des et des talents d-

termins. Lorsque les dispositions innes ne sont ni trop faibles ni trop nergiques, l'influence de l'ducation sur l'individu est trs considrable : c'est la condition sous laquelle se trouve place la gnralit des hommes ; toutes leurs qualits peuvent gnralement se modifier d'une manire remarquable. Mais il faut convenir qu'il y a des individus, en petit nombre, qui ont des facults fondamentales trs nergiques : pour ceux-l , l'ducation ne peut presque rien ; il en est de mme pour ceux qui ont des facults excessive-

DES DISPOSITIONS INNES. 105

ment faibles. Les hommes tie gnie sont aussi le rsultat de l'activit de quelque facult prdominante trs nergique. L'ducation ne peut pas en crer; il faut, avant tout, que l'organisme les prdispose, et ce n'est que sur ceux-l que les circonstances extrieures etl'ducation, en rveillant les facults puissantes qui sont en eux, peuvent donner des rsultats d'action tonnants.

Le climat et la nourriture modifient et n'engendrent pas non plus les instincts, les penchants et les facults de l'homme et des animaux.

Les besoins ne peuvent pas davantage tre considrs comme la source de ces facults. En effet, ou ces besoins viennent du dehors, comme le froid, le chaud, etc., et alors ils agissent comme toutes les causes extrieures^ en mettant en activit les facults intrieures dj existantes; ou l'on entend par besoins les sensations intrieures qui portent l'animal et l'homme chercher quelque chose hors d'eux pour se satisfaire, comme le dsir vnrien , l'ambition, etc., et alors il est vident que ces mouvements sont le rsultat de l'activit de l'organisation intrieure. On a cru toujours que les objets extrieurs faisaient natre les instincts, les penchants et les facults diffrentes : c'est une erreur, une ide fausse, que l'on a confondue avec le pouvoir rel que les circonstances extrieures ont de mettre en activit, de rveiller les

106 PHWCIPES GNRAUX

facults iiilirenles 4a nature de l'houinie ou de l'animal.

La nature a tabli des rapports entre le monde extrieur et les instincts, les penchants et les qualits des animaux. Chaque tre vivant a certains points de contact avec des objets extrieurs dtermins. L'attention est l'acte dans lequel se trouve l'homme ou l'animal lorsqu'il est excit par le rapport qui existe entre lui et son objet corrlatif. Chaque instinct, chaque talent ou facult a son attention propre : donc l'attention elle-mme ne peut tre qu'un attribut d'une facult inne prexistante. Point d'attention l o il n'y a pas d'instinct, de penchant ou de facult dtermine. C'est pour cela que chaque animal et l'homme son tour fixent leur attention sur des objets diffrents; mais il faut toujours cependant que ces objets soient en rapport avec leurs dispositions innes. L'attention ne peut donc pas donner origine aux facults : elle les manifeste, les fait ressortir.

On peut dire la mme chose relativement au plaisir et la douleur, au dsir et Y aversion. Il faut d'abord avoir des penchants et des qualits innes, et l'on aura alors des dsirs quand on sera port les satisfaire, et des plaisirs quand on les satisfera : de mme on prouvera de Y aversion ou de la douleur pour tous les objets qui sontcn opposition nos dsirs et nos plaisirs.

DES DISPOSITIONS INNES. 407

Les passions furent considres par quelques philosophes nrodernes comme la source de toutes les qualits de l'me et de l'esprit. Mas combien de personnes ont la passion d'tre poles, musiciens, sans qu'ils puissent jamais tre que d'insupportables mdiocrits ! Le fait est qu'on ne peut avoir des passions que pour les facults pour lesquelles on est organis. Une passion n'estautre chose que l'tat d'activit permanente d'une ou de plusieurs facults prexistantes, c'est--dire d'un ou de plusieurs organes du cerveau : on peut avoir consquemment autant de passions qu'il y a d'organes crbraux ou de facults diffrentes. Ordinairement la force des passions est en rapport avec la puissance de l'organisation ; mais il se peut qu'un organe , quoique faible, se trouve vivement excit par des circonstances extraordinaires qui auraient agi sur lui. Il n'est pas en notre pouvoir de nous donner des passions, si nous n'y sommes pas prdisposs par notre organisation, comme il n'est pas en notre pouvoir de nous faire des hommes de gnie, si la nature ne nous a pas prpars.

Certains philosophes ont regard la w> $o-ciale comme la source de beaucoup de nos facults et de beaucoup de nos vices ; et ils ont pens que l'homme dans l'tat de nature devait en tre priv. L'tat de nature de l'homme

108 PRINCIPES GNRAUX.

est l'tat de socit, comme il l'est pour les fourmis, les abeilles, les corbeaux, etc. L'homme dans l'tat sauvage manifeste les mmes penchants, les mmes talents , les mmes facults que nous : seulement il les exerce sur des objets diffrents, et ds lors ses facults se trouvent diffremment modifies : voil tout. Ainsi, nous pouvons conclure qu'il n'y a point d qualit primitive, acquise ou factice, et que chez l'homme, comme chez les animaux, toutes leurs facults sont innes.

Attributs gnraux, qualits fondamentales. Nous avons dit plus haut que Gall s'est pris diffremment que les autres philosophes pour rechercher les qualits fondamentales de l'esprit : c'est qu'il ne les a pas cherches dans les livres, mais en observant la nature. Si, dans une famille, disait-il.vous engagez le pre rendre compte das qualits de ses enfants, il vous dira, par exemple, que celui-ci n'aime qu' se battre avec ses camarades, que celui-l fait toutes sortes d'ouvrages sans qu'on lui ait rien appris, que ses cahiers sont remplis de dessins ; que cette fille ne fait que chanter, et qu'il lui suffit d'avoir entendu une ou deux fois un air pour qu'elle le sache par cur, etc. Si vous entrez dans une cole, l'instituteur vous dira peu prs que l'un est menteur, l'antre poltron, l'autre insensible aux distinctions , et que, sous le rapport des talents, l'un

DES DISPOSITIONS INNES. 109

excelle dans la posie, l'autre dans les mathmatiques, un autre dans la gographie, etc. Entrons dans une socit d'hommes de gnie, et nous y trouverons des musiciens, des peintres, des mcaniciens, des philologues, des acteurs, des potes, des orateurs, des gnraux, des astronomes, t. Les biographes s'attachent remarquer de la mme manire les qualits dis-tinctives des grands hommes. Mais o trouve-t-on qu'un individu se soit rendu clbre par l'entendement , la volont, l'attention, la comparaison, le dsir, etc., qualits que les philosophes ont regardes comme fondamentales de l'me? Ces rflexions auraient d suffire pour ramener les philosophes de leurs abstractions favorites dans le monde des ralits, au risque mme de se rendre intelligibles la gnralit des hommes. galement, nous dsignons nos animaux par des qualits positives, et nous disons qu'un chien est attach, courageux ou poltron, qu'il a une bonne mmoire locale, et qu'un cheval est ombrageux, doux ou mchant ; qu'une vache o une chatte sont de bonnes ou de mauvaises mres; qu'un animal est carnassier ou frugivore ; que l'un construit, l'autre migr, l'autre chante ; que l'un est rus, l'autre circonspect, l'autre sanguinaire, etc. Il n'est jamais question pour eux de volont, d'attention, de raisonne-

10

1|D PRINCIPES GNKAUX.

ment, de libert, et cependant ils font beaucoup de choses comme nous.

En admettant donc les qualits reconnues par les philosophes, nous ne les regardons que comme des gnrales, des attributs

gnraux, et nous n'admettons comme qualits primitives et fondamentales que celles qui d= terminent la diffrence entre les 4fverses espces d'animaux, et constituent une diffrence essentielle entre les individus. En physique, on distingue de la mme manire les proprits gnrales des corps de leurs proprits particulires. L'or et le charbon ont de la pesanteur, de retendue, de l'impntrabilit ; mais l'un .est jaune et l'autre est noir; l'un est mallable, l'autre ne l'est pas, et ce n'est que par ces qualits spcifiques que l'on peut distinguer un eorpg d'an autre. Il , par consquent,

entendre par dispositions innes aux qualits fondamentales les aptitudes industrielles, les instincts, les penchants, les talents et les facults intellectuelles dtermines, telles que rinsliucJL de la propagation, l'instinct carnassier, le talent de la musique, de la posie, du calcul, etc. Ce n'est que pour ces qualits qu'il doit y avoir un organe crbral propre, capable de donner l'individu une force, une impulsion particulire, d'aprs laquelle il ma-

DES DISPOSITIONS JNNES. 111

nifestera des qualits d'une nature plutt que d'une autre.

Il est dmontr Jfu rieri ne peut subsister sans certaines proprits. La matire que l'on appelle morte est active : elle a de la pesanteur, des affinits, et elle peut donner origine , par le mlange de ses molcules, des corps inorganiques trs "diffrents. Parmi les vgtaux, u en est de mme : le germe porte en lui les qualits ncessaires pour acqurir par son dveloppement des proprits analogues celles de l'individu qui l'a produit. La mne chose a lieu pour les animaux : ils ont des instincts, des aptitudes industrielles, et des qualits qu'ils manifestent au moment mme o ils voient le jour: l'araigne, peine close, tisse sa toile ; le poulet, au sortir de l'uf, court aprs les graineS, et le caneton s'achemine l'eau ; l'enfant nouveau-n, comme le veau, le petit chien, etc., s'attache au sein de sa mre. Tous ces tres, comme l'observe Gall, agissent ainsi, non parce qu'ils ont calcul que ces procds sont ncessaires leur conservation, mais parce que la nature est venue au-devant de leurs besoins, et en a uni intimement la connaissance leur organisation. Dans tous ces cas, point d'habitude pralable, point d'instruction, point d'exprience. Voyez plus tard comment toutes les espces des animaux manifestent les diffrents

I'12 PRINCIPES GNRAUX.

instincts qui leur sont propres : l'oiseau construit son nid. et le castor sa cabane ; la fourmi, comme le hamster, fait des provisions;le chien de chasse poursuit le gibier sans aucune instruction pralable; les uns migrent, les autres posentdessentinelles , les autres vivent en socit, et ainsi de suite.

!f

Les sensations et les affections se font en nous sans le concours de la volont : le plaisir, la joie, le dsir, le chagrin, la crainte,la honte, etc., sont autant d'tats de notre intrieur que l'animal et l'homme ne dterminent point, mais que l'un et l'autre ressentent avant d'y avoir song. Il y a un arrangement en nature, d'aprs lequel l'organisation des animaux est calcule et mise en rapport avec le monde extrieur. La raction de nos sensations et de nos affections a galement lieu involontairement et sans conscience. La pa-thognomonie est fonde sur la connaissance de ce qui se passe en nous extrieurement d'aprs Flt de noire intrieur. L'homme a des qualits en commun avec les animaux, comme l'instinct de la gnration, l'amour des petits, l'attachement, la douceur, la cruaut, etc., et pour les uns comme pour les autres l'origine est la mme : seulement chez l'homme elles sont plus ennoblies et prennent un caractre moral. L'homme, en outre, a des facults qui lui sont propres, mais il ne faut pas conclure pour cela

MANIFESTATION DES FACULTS. 115

qu'elles soient l'ouvrage de son invention, ou de Faction accidentelle du monde extrieur. Le crateur lui a trac le cercle dans lequel il doit agir; il lui a assign, au moyen de son organisation , les qualits et les facults qui caractrisent l'humanit, et en vertu desquelles l'homme est et sera toujours ce qu'il est. Admettons donc que les dispositions primitives des facults des animaux et de l'homme sont innes.

CHAPITRE VII.

LE CERVEAU EST l'ORGANE POUR LA MANIFESTATION DES FACULTS.

Dans ce chapitre, nous avons prouver deux autres propositions fondamentales de la physiologie du cerveau, savoir : premirement que l'organisation est indispensable la manifestation des facults de l'me; et en second lieu que le cerveau est l'organe exclusif pour la manifestation de ces facults. Nous avons runi ces deux propositions dans le mme chapitre, parce que les preuves que nous avons produire pour dmontrer l'une servent aussi bien pour prouver Vautre,

10.

114 PRINCIPES GNRAUX.

Le lecteur n'aura pas grand'peine comprendre la vrit de la premire proposition, et il serait presque inutile de l'noncer, si nous ne nous tions pas fait une loi de procder avec la logique la plus svre. Aussi, qui pourra s'imaginer ou croire qu*une qualit quelconque de l'me ou de l'esprit puisse se manifester indpendamment de l'organisation ou en dehors de l'organisme? Qui pourra s'imaginer qu'il puisse y avoir quelque part manifestation de bienveillance, de courage, de prudence, de fermet, de mmoire, etc., s'il n'y a pas un corps vivant pour produire ou faire paratre ces qualits? Un corps organis et vivant est donc ncessaire pour la manifestation des facults. Nous ne disons pas (qu'on le remarque bien) qu'elles sont.le produit de l'organisme, et qu'il n'y a pas une cause qui produise dans l'organisme les facults ; nous soutenons seulement que l'organisation est ncessaire leur manifestation.

Nous laisserons consqnemment aux thologiens et ces philosophes profonds qui connaissent parfaitement la nature de l'me, considre comme une substance purement et essentiellement spirituelle, le soin d'expliquer quels sont ses attributs en dehors de l'organisme ; comment elle agit sur la matire ; si les mes originairement sont toutes semblables, ou si elles sont diffrentes; si aprs la mort les

MANIFESTATION DES FACULTS. 115

mes restent telles qu'elles taient quand le sujet de cette me a cess de vivre, et alors s'il y a des mes idiotes, stupides, en dmence, etc., ou si elles deviennent toutes gales aprs la mort; si les mes des hommes de gnie qui meurent dans la dcrpitude seront aprs leur mort ce qu'elles taient ce dernier moment, ou si elles seront ce qu'elles taient l'ge de quarante,cinquante ou soixante ans, etc. Toutes ces questions si curieuses, qui ont occup les loisirs de nos .pres, et qui leur ont souvent mis l'pe la main pour soutenir la solution que chacun leur avait donne, ne regardent pas le physiologiste, et nous devons modestement nous contenter d'examiner quelles sont les conditions indispensables pour la manifestation des facults.

La premire observation que nous avons prsenter est que toutes les qualits morales et les facults intellectuelles ne se produisent pas en mme temps dans leur plus haut degr de puissance et de force; mais qu'elles se manifestent, augmentent et diminuent suivant que l'organisme se dveloppe, se fortie ou s'affaiblit. Quelle diffrence, en effet, n'observe-t-on pas entre l'tat physique et l'tat moral de l'enfance , de la virilit et de la vieillesse !

Les talents et les penchants prcoces, les gnies extraordinaires, l'idiotie, la folie, sont

416 PRINCIPES GNRAUX.

subordonns l'tat de l'organisme. Tout ce qui change sensiblement, affaiblit ou excite l'organisme , et surtout le systme nerveux, produit aussi des altrations considrables dans l'exer- J cice des facults intellectuelles. Personne ' n'ignore le dsordre qui s'opre en nous, c'est- ; -dire dans l'tat moral et intellectuel de i l'homme, soit dans certaines maladies, soit la : suite de l'usage des boissons spirilucuses, des j Barcotiques, etc. s

L'tat de veille, de sommeil et les rves prou- ' vent aussi que l'exercice des facults morales et intellectuelles est subordonn l'organisation. Le sommeil est le repos du corps, et l'me ne * devrait pas se fatiguer ni avoir besoin de repos, i si elle pouvait exercer ses fonctions indpen- | dmmen t de l'organisme. ]

II est donc prouv que la manifestation des 4 facults de Fam dpend de l'organisation. El ici nous rpterons avec Bonnet et Gall que ce n'est que par le physique que l'on peut pntrer le moral de l'homme, et que la base de toute k philosophie de l'esprit humain est la connaissance des fonctions du cerveau. \ Nous voici arriv la seconde proposition. ; Examinons donc quelles sont les fonctions du cerveau, et voyons comment l'on peut tablir d'une manire solide la physiologie d'un organe ' si important^ et dont Ja structure est si complj-

MANIFESTATION DES FACULTS. 117

que. Nous regardons comme une vrit fondamentale que e cerveau est le sige des penchants, des instincts, des talents et des facults morales et intellectuelles ; que lui seul est l'instrument destin la manifestation des facults de l'me.

Nous ne suivrons pas dans notre examen les opinions des philosophes et des physiologistes qui placent les affections, les passions, les instincts et les penchants dans le sang, dans le temprament, dans les viscres du bas-ventre et de la poitrine, dans les ganglions et dans les nerfs ganglionnaires : nous savons parfaitement, et nous l'avons dj indiqu prcdemment, que toutes ces parties ont dans l'conomie animale des fonctions propres, et bien diffrentes de celles qu'on a voulu leur attribuer. La nature a destin ces dernires parties aux oprations de la vie automatique ou vgtative : elles ne peuvent pas tre cousquemment le sige des facults de Fam ou de l'esprit. Les observateurs, physiologistes ou philosophes, et tous ceux qui se sont occups de ces questions, ont videmment confondu l'influence, qui est relle, et les modifications que le temprament, les sympathies nerveuses des viscres du bas-ventre et de la poitrine, leur tat de sant ou de maladie peuvent exercer sur les facults elles-mmes, c'est--dire sur les organes du cerveau, avec

118 PRINCIPES GNRAUX.

l'origine ou le sige de ces mmes i'aeultes; mais si l'on tient compte de celte distinction, tout le monde se trouvera d'accord.

Dans le chapitre prcdent, nous avons fait sentir comment les mtaphysiciens, et presque tous les philosophes leur suite, cherchaient dans l'essence de l'me elle-mme l'explication des phnomnes de l'instinct et de l'intelligence. Ceux-l n'avaient pas besoin de cerveau pour tout expliquer leur manire ; ils taient parfaitement leur aise, car ils n'avaient qu'ajouter hypothse sur hypothse pour sortir d'embarras dans toutes les questions obscures rsoudre : les abstractions pour eux tenaient lieu des vrits de fait. Il faut dire cependant qu'en change de cette ngligence rechercher les faits, ils se donnaient beaucoup de peine pour nous faire connatre comment l'me pouvait agir sur le corps, et le corps sur l'me ; quel tait le point imperceptible o l'me immatrielle avait son sige dans le cerveau: s'il y avait une substance intermdiaire entre l'me et le corps, etc. Les hommes qui s'garent la poursuite de pareilles chimres n'ont rien faire avec nous, et ils n'ont absolument rien nous apprendre.

Il en est de mme pour ceux qui n'ont vu dans le cerveau qu'une pulpe, une substance mdullaire, une masse informe non organise et sans

MANIFESTATION DES FACULTS. 119

aucune destination spciale. Ceux-l ne pouvaient ni conuevpir les fonctions importantes que nous attribuons cet organe, ni se livrer des recherches pour s'clairer sur deg questions de cette nature. Les philosophes ou physiologistes qui avaient adopt de telles opinions taient de mauvais observateurs; se tranant la suite des ides qu'ils avaient reues, ils ne firent qu'embrouiller la science et en retarder le progrs.

Laissons donc de ct les questions oiseuses, et attachons-nous prouver par des faits et des observations quelles sont les fonctions vritables du cerveau.

Qu'on se rappelle ce que nous avons dit en traitant des nerfs et du systme nerveux, qu'il y a pour l'homme et pour les animaux deux ordres de functions bien diffrentes entre eUes, les fonctions de la vie vgtative et celles de la vie animale proprement dite. Les fonctions de la vie animale sont accompagnes de conscience et de perception. Ainsi, depuis la sensation la plus simple jusqu' l'opration la plus complique de l'entendement, toutes ces fonctions rentrent dans le systme d'activit de la vie animale ? et doivent tre considres comme des phnomnes auxquels le cerveau prend plus ou moins de part. En voici les preuves.

Les sensations et la perception, chez l'homme,

420 PRINCIPES GNRAUX.

ont lieu dans le cerveau, et par lui se font les mouvements volontaires : il en est le centre. En effet, si on serre ou si on coupe un nerf, il perd aussitt la facult de donner des sensations, et quand mme on l'irriterait au-dessous de la ligature ou de la lsion, l'on n sent plus rien. Une compression l'origine d'un nerf produit le mme phnomne : ainsi une compression l'origine du nerf optique produit la ccit ; une compression l'origine de la moelle pinire produit la 'paralysie, etc.; si la compression cesse, les facults suspendues reparaissent. La compression du cerveau, par un panchement d'un liquide dans la cavit du crne, par une tumeur interne, par le seul gonflement des vaisseaux sanguins, peut entraner la perte de l'usage des sens : du moment o la pression du cerveau cesse, les leur activit.

Les personnes amputes d'un membre croient, aprs la gurison, sentir encore la douleur dans l'endroit o le membre qui n'existe plus tait attaqu. Toutes ces sensations ne peuvent avoir lieu que dans le cerveau : done il est le sige des sensations.

Quant aux mouvements volontaires, on sait que nous sommes dans l'impuissance de mouvoir un muscle lorsqu'il y a une forte pression au cerveau. Lorsqu'il est irrit par la prsence d'un corps tranger, il se manifeste des convul-

MANIFESTATION DES FACULTS.

siens dans les membres et la face, lesquelles cessent aussitt que cette cause est enleve. Les mouvements des muscles, produits par la pense, par la volont, ne peuvent partir que du cerveau , parce que seul il en est le sige : c'est l qu'ils commencent, et ils sont effectus au moyen des nefs qui se trouvent en communication avec cet organe.

Les mouvements du tronc et des membres que l'on observe aprs la dcapitation de l'homme ou des animaux et que l'on a crus volontaires, ne sont que des phnomnes de la vie vgtative, de la simple irritabilit, qu'il ne faut pas confondre avec ceux qui sont le rsultat du sentiment et de la volont (1).

Cependant nous devons dire que parmi les animaux appels imparfaits, chez lesquels on

(i) Des physiologiste^ distingus ont observ chez les dcapits des mouvements expressifs de la face, qu'us attribuent la douleur. L'on va mme plus loin : ils croient que le dcapit conserve pour un instant le pouvoir de manifester, soit par le regard, soit par l'expression de la physionomie, ce qui a Heu dans sa pense. A la rigueur, on pourrait le croire, par la raison que les muscles oculo-moteurs et ceux de la fuce reoivent leurs nerfs directement du cerveau, et le cerveau n'est pas mort l'instant mme ; mais il nous parait bien extraordinaire, sinon impossible, qu'un cerveau spar du tronc puisse conserver le pouvoir de la volont! N'est-il pas plus naturel d'attribuer pareilles expressions au stimulus de l'air et du sang mis en contact avec la moelle pinicre et nut nerfs qui l'accompagnent ?

H

422 PRINCIPES

ne rencontre aueun cerveau, il y a des tiong t4es mouvements volontaires : il parat done que chez eux les ganglions et leui?s nerfs remplacent sous ce rapport le systme crbral. Nous devons aussi faire observer que cbz l'homme il y a des raisons pour croire que la manire d'agir de chaque sens, de chaque nerf destin aux mouvements volontaires, est circonscrite dans ce nerf, dans ce sens, et que le cerveau n'a d'autre part cette action que de recevoir ces impressions et de les laborer d'autres fins. L'activit ou la force des sens extrieurs de la vue, de l'odorat etc., n'est jamais en proportion de la masse crbrale, mais bien de l'appareil nerveux propre chaque sens. L'aigle a un petit cerveau et un nerf optique trs gros ; le chien a un petit nerf optique et un gros nerf olfactif: l'aigle a la vue trs forte, comme le chien un odorat trs fin. Il y aurait plusieurs questions examiner sur ce sujet, mais nous ne pouvons entrer ici dans aucune discussion. nous ne tenons pas rsoudre tous les points encore obscurs de la science ; il nous suffit de faire observer que rien ne peut infirmer la vrit de notre proposition, savoir, que I cerveau est l'organe exclusif des forces instinctives, morales et intellectuelles. Les preuves pour la dmonstration de cette vrit nous seronl fournies par Gall, qui les a recueillies

MANIFESTATION J)ES FACULTS. 125

dans ses ouvrages et les a dveloppes avec tous les dtails ncessaires.

La premire preuve rsulte donc du perfectionnement graduel des instincts, des penchants, des talents des animaux, qui est en rapport direct avec le perfectionnement graduel de leur cerveau. Que Ton examine les zoophytes, les insectes les poissons, les amphibies, les oiseaux, les mammifres, et l'on verra que leurs instincts, leurs penchants et leurs facults intellectuelles sont plus nombreuses et plus nergiques mesure que l'on remonte dans l'chelle du perfectionnement, que leur systme nerveux s'tend et se multiplie, et qu'il existe un petit cerveau, ou que leurs cerveaux sont de plus en plus composs. A la fin , on arrive l'homme, qui est fourni de parties crbrales concdes lui seul, et l'on reconnat ainsi, par cette disposition, la condition physique qui le place au-dessus de tout le rgne animal, par rapport ses facults morales et intellectuelles.

Une autre preuve bien frappante, c'est que la manifestation des facults morales et intellectuelles n'est possible qu'avec le dveloppement et l'nergie du cerveau et de ses parties. Il est de fait que nos penchants et nos facults se manifestent , augmentent et diminuent suivant que les parties crbrales qui leur sont propres se dveloppent, se fortifient et s'affaiblissent. Chez

124 PRINCIPES UiNKUX.

les enfants nouveau-ns, les fibrilles nerveuses sont plus tt visibles dans les lobes postrieurs et moyens du cerveau que dans les lobes antrieurs; et dans les lobes antrieurs, les fibrilles se manifestent la rgion infrieure avant que de paratre la rgion suprieure : tout le reste n'a que l'apparence d'une pulpe. Aussi les fonctions de l'enfant, cette poque, sont trs imparfaites , et se bornent celles des cinq sens, du mouvement volontaire, la faim, la sensation de bien-tre et de douleur, et le besoin du sommeil. Chez les petits des animaux, qui manifestent ds leurs premiers moments de naissance des instincts dtermins, la formation de leur cerveau est plus complte et correspond ces dispositions.

Au furet mesure que le cerveau de l'homme se dveloppe et prend de la consistance, les facults dans l'individu s'tendent, les talents et les penchants se manifestent, jusqu' .ce qu' l'ge de trente quarante ans, il ait atteint sou accroissement relatif chaque individu. Les facults alors ont acquis leur maturit. Le cerveau reste dans un tat peu prs sta-tionnaire de l'ge de trente quarante ans jusqu' l'ge de cinquante soixante, et il en est de mme pour les forces morales et intellectuelles. Enfin toute la masse crbrale diminue, et ces mmes forces baissent dans la mme pro-

MANIFESTATION DES FACULTS. 25

portion. Arrive la dcrpi tudet et alors il ne reste plus que la dmence, la faiblesse d'une seconde enfance.

Lorsque le dveloppement du cerveau en gnrai ou d'un organe en particulier ne suit pas l'ordre graduel ordinaire, la manifestation des fonctions s'carte aussi de l'ordre ordinaire. Quelquefois toutes les facults intellectuelles se manifestent dans toute leur force ds l'enfance : chez quelques individus, cette activit prcoce n'a lieu que pour une seule facult. Les talents prcoces sont toujours accompagns d'un dveloppement prononc du cerveau ou d'une de ses parties. L'on observe des individus dont les facults ne se dveloppent que trs tard. Pour ceux-ci, cette manifestation tardive provient ordinairement d'une faiblesse de l'encphale.

L'organisation crbrale des deux sexes explique parfaitement pourquoi certaines qualits sont plus nergiques chez l'homme, et d'autres chez la femme. L'homme a, d'ordinaire, le front plus haut et plus large ; la femme a la tte plus allonge la rgion suprieure de l'os occipital, et son cervelet communment est plus petit que celui de l'homme. Par cette disposition organique, on conoit pourquoi l'homme possde des facults un degr plus eminent que la femme, tandis que la femme l'emporte sur l'homme sous

II.

126 PRINCIPES GENERAUX.

le rapport de certaines autres qualits et facults.

Le cerveau n'est pas ncessaire pour la vie automatique. Des enfants naissent forts et bien nourris, quoique entirement privs de cerveau. Si cette partie du systme nerveux, la plus volumineuse, ne devait pas servir aux fonctions de la vie organique, n'est-il pas naturel d'infrer que sa destination doit tre la plus noble, la plus leve, celle de raliser les qualits et les facults qui ne trouvent leur explication dans aucun autre systme?

Toutes les fois que la structure du cerveau , pour l'essentiel, est la mme, les facults de Fanimai sont essentiellement les mmes. On peut tablir comme rgle certaine que le nombre des proprits s'accrot avec celui des parties du cerveau. La diffrence d'individu individu dpend du diffrent des mmes

parties du cerveau, et elle n'est en proportion ni avec les sens, ni avec les viscres, ni avec les autres parties du corps. Ainsi, lorsque les *ea= fants prsentent la mme organisation crbrale que leurs pres, ils leur ressemblent par leurs qualits morales et intellectuelles. Cette mme observation est applicable aux frres et surs et tout autre individu. Si la conformation de la tte est diffrente, les qualits diffrent entre elles, malgr la ressemblance de leurs physionomies.

MANIFESTATION DES FACULTS. 127

Une trs grande contention d'esprit fatigue, puise et irrite le cerveau. Il s'ensuit des insomnies, des maux de tte, des vertiges et des apoplexies. Dans les maux de tte, la moindre application devient pnible et augmente la douleur; lorsque le cerveau est affaibli ou rendu trop irritable par suite d'une lsion, d'une maladie ou d'une commotion violente, la moindre application cause des cphalalgies.

Lorsque les organes crbraux ont acquis un grand dveloppement, il en rsulte, pour ces organes, la possibilit de manifester leurs fonctions avec beaucoup d'nergie. Il n'y a qu' comparer les ttes des idiots, des hommes mdiocres et des hommes grand talent pour reconnatre l'norme diffrence qui existe entre elles. Les anciens avaient dj pressenti cette vrit. Quelle diffrence entre la tte d'un athlte, d'un Silne et celle d'un Apollon, d'un Jupiter !

L'organisation du cerveau incomplte ou dfectueuse entrane l'imperfection des qualits morales etintellecluelles. Les imbciles ou idiots de naissance ont le cerveau infiniment plus petit que les hommes ordinaires. Lorsque la dfectuosit est moins marque, l'imbcillit est moins complte dans les mmes proportions. Quelquefois il y a imbcillit avec un cerveau bien dvelopp ; mais alors il y a maladie du cerveau,

'128 PRINCIPES GNRAUX.

ramollissement, hydropisie crbrale, etc. Nous rpterons donct ce propos, pour l'instruction de nos adversaires, qu'il y a idiotie de naissance, ncessaire, invitable, quand il y a dfaut de dveloppement du cerveau ; mais qu'il y a aussi idiotie par suite de maladie crbrale, et qu'il ne peu! pas y avoir, cousquemment, une forme de (tte particulire pour toute sorte d'idiotie; aucun phrnologisle n'a jamais soutenu une proposition contraire celle-ci, et cependant nos critiques nous en gratifient gnralement.

Pourvu que le cerveau reste intact, toutes les parties du corps peuvent tre lses ; la masse nerveuse de la colonne vertbrale mme peut tre comprime ou altre une certaine distance du cerveau, sans que les fonctions de l'me et de l'esprit soient ananties ou en souffrent immdiatement. L'on voit quelquefois dans la rage et dans le ttanos, lorsqu'il est caus par des blessures, les facults intellectuelles et les qualits morales exister dans toute leur plnitude jusqu' la mort, quoique tousles systmes nerveux autres que le cerveau soient affects de la manire la plus violente. Les organes de la vie automatique, comme sont les poumons, l'estomac, le foie, etc., peuvent tre profondment altrs par les maladies, sans qu'il y ait le plus petit dsordre dans les facults de Tes

MANIFESTATION DES FACULTS.

prit, pourvu toujours que le cerveau ne participe pas de la maladie dominante.

Si le cerveau est comprim, irrit, ls ou dtruit, les fondions intellectuelles sont modifies et dranges en totalit ou en partie, ou mme elles cessent tout--fait. L'homme qui prouve ces accidents s'endort, devient insensible, stupide ou fou; une inflammation crbrale produit la frnsie ou la stupeur. Si le vice de l'encphale disparat, la connaissance et les facults renaissent l'instant. Une grande quantit de faits prouvent la vrit de cette observation.

La manie a son sige dans le cerveau. Si le drangement des facults de l'me a lieu dans cet organe, il faut bien admettre qu'il est aussi l'organe de ces mmes facults dans leur tat d'intgrit!

Les mdecins sont presque entirement d'accord pour admettre que le sige de la folie est dans le cerveau : il y en a cependant quelques uns qui n'en paraissent pas encore convaincus. Depuis les travaux de Gali, de Spurzheim, de Georget, de Faret, de Voisin et de tant d'autres, il ne doit plus rester de doute sur ce sujet : nos connaissances pathologiques nous font voir aisment les traces des altrations souffertes par l'encphale dans les alinations mentales, particulirement quand elles ont dur

130 PRINCIPES GNAUX.

longtemps. II est lacie, du reste, de se Convaincre de ia vrit de noire proposition, si Ton rflchit que les Causes des alinations mentales sont celles gnralement qui agissent directement sur le cerveau, soit physiquement, soit moralement.

Par toutes les preuves que nous avons rapportes ci-dessus, nous croyons donc avoir dmontr jusqu' l'vidence que le cerveau est l'organe seul et indispensable pour la manifestation des facults de l'me.

Nous ne nous arrterons pas a rfuter les objections spcieuses que l'on fait encore pour combattre cette grande et trs importante vrit. Plusieurs auteurs ne manquent pas de citer des faits qui paraissent en opposition ceux que nous avons rapports. Beaucoup de ces faits ne sont pas mme vraisemblables, et ne sont dus qu' la crdulit assez commune des observateurs , leur impritie, et aux erreurs d'observation. Et, la vrit, comment croire l'existence des ttes sans cerveau, la dissolution complte du cerveau dans l'hydrocphale, aux prtendus cerveaux ossifis ou ptrifis, et en mme temps l'existence et la manifestation de toutes les facults intellectuelles?

La cause des erreurs ou des illusions de la plupart des observateurs, qui n'admettent pas avec nous que le cerveau est nort seulement le

MANIFESTATION DCS FACULTS, 45l

trs mince, et la dure-mre,

Nous empruntons S l'buvrop ffime de Gall la petite descripdit ff s $1, eu ce qui concerne les phriiologistes :

Du sphnode M W feaJptffti 118 partie infrieure de cet os h JM&t poiit Mlffer en considration. Il est en vrit eri contact avec une petite portion des lobes moyens; inala ou ne peut reconnatre sa forme qu'aprs la Mort. Une petite portion de cet os est place .entre la partie suprieure externe des orbites, et contribue pour quelque chose dterminer leur forme. Une porlion de ses ailes touche au bord suprieur du frontal, ainsi que le bord antrieur du temporal, et l'angle antrieur infrieur du parital.

Des temporaux. Les temporaux s'tendent depuis^ le bord suprieur des ailes du basilairc jusqu'au bord infrieur des paritaux, et jusqu' une partie du bord antrieur et latral de l'occipital. Les temporaux renferment l'appareil auditif. Derrire le mat auditif, se trouve le procs mastodien, qui est rempli de cellules.

De Ftcipit&l. L'occipital commenc derrire le bsilaire, a fcltsedu cerveau ; il forhi le trou

DU CBANJ2.

occipital qui donne passage la moelle pijiire, et s'tend vers Je bas en descendant en arrire, et vers le haut en remontant; l, il touche les postrieurs des paritaux.

Fig. 6.

tig. . Face infrieure de la base du crne. I. Vote palatine. 2. Trou palatin antrieur. 5. Trou palatin postrieur, 4. Portion hoiizoutale de l'os du palais et pine nasale postrieure. 5. Vomcr, formant la cloison postrieure des fosses nasales. 6. Aile interne do l'jpopkyse ptrygode. 7.' Fosse navicnlaire, 8. -Fosse pterygoide et aile terne de l'apophyse. 9. Fosse zygomatique. 10. Apophyse hasilaire. H .'Trou occipital. 12. Trou ovale , ou maxillaire intrieur. 15. Trou petit rond , ou sphno-pineux. 14. Cavit glnoide. 15, Trou auditif externe. 16. Trou dchir antrieur.

17. Trou Carotidien. 18. Trou dchir postrieur 19. Apophyse styloide. 20. Trou stylo-mastodien. 2l. Apophyse mastoide.

22. CoBilyie^de l'occipital.

Des paritaux. Les paritaux se touchent dans la partie suprieure de la ligne mdiane; ils s'-

144 PRINCIPES GNRAUX.

tendent latralement en descendant jusqu'aux temporaux, en arrire jusqu' l'occipital, et en avant jusqu'au frontal.

Du frontal. Le frontal s'tend, en remontant, depuis la racine du nez et lu partie suprieure des orbites jusqu'au bord suprieur antrieur des paritaux, et latralement jusqu'au sphnode.

De l'elkmode ou os cribl. Cet os ,* tant recouvert en entier par le bulbe du nerf olfactif, ne se trouve pas en contact avec le cerveau, et ne peut pas intresser l'organologie.

Formaiiondu crne.

Dans le ftus, le cerveau existe avant qu'il y ait un crne : il y a seulement en dehors des

* f$b

mninges une membrane cartilagineuse, destine tre change en os. Dans a septime ou huitime semaine de la conception, il se forme dans cette membrane autant de points d'ossiliea-tion qu'il existe d'os du crne ; ces points s'tendent ensuite en forme de rayons par la juxtaposition de nouvelles molcules osseuses, jusqu' ce qu'il en rsulte des os solides, dont les extrmits s'engrnent entre elles, et forment les sutures. Il faut distinguer dans la structure du crne deux lames osseuses compactes, une extrieure et une intrieure, et une substance spongieuse (le diplo] qui les spare, mais d'une

nu crane; 145

manire un peu ingale, ce qui fait qu'il n'y a pas de paralllisme absolu entre ces mmes lames. En suivant la formation du crne, nous devons remarquer que la dposition de la substance osseuse, s'effectuant sur la membrane cartilagineuse dont nous avons parl, et celle-ci tant moule sur le cerveau, il faut de toute ncessit que le crne soit moul sur ce viscre : c'est donc la masse du cerveau qui dtermine l'tendue du crne, et c'est le dveloppement de ses diffrentes parties qui en arrte la forme.

Celte forme varie depuis l'enfance jusqu' la dcrpitude, et suit les changements qui se succdent dans le cerveau. C'est une chose bien dmontre, et sur laquelle il ne peut y avoir de dfmle, que, dans le ftus, les formes futures de l'individu, ou pour mieux dire la tendance aux formes que les parties adopteront par la suite, sont dtermines dans le moment mme de la conception : aussi, non seulement les formes des diffrentes parties du corps varient originairement d'un enfant l'autre, comme les physionomies, la taille, etc., mais la forme future de la tl mme lui est originairement empreinle par la tendance naturelle du dveloppement diffrent des diverses parties crbrales.

On a prtendu que, dans les accouchements

i5

146 PRINCIPES GNRAUX.

difficiles, et par l'application des instruments, on pouvait fair varier la forme du crne. Il est facile de se convaincre que de pareilles objections ne sont pas fondes, si on rflchit que les changements de la forme des ttes des enfants nouveau-ns n'existent ordinairement que pour les parties molles, pour les enveloppes du crne. Mais, quand mme les parties osseuses et le cerveau auraient t obligs de cder momentanment une compression violente, leur lasticit ragit aussitt que la pression cesse, et les parties reprennent, au bout d'un certain temps, leur forme naturelle. Si le rtablissement des os comprims n'a pas pu avoir lieu , on verra que les fonctions du cerveau seront proportionnellement altres. Nous avons rpt les expriences de Gall et d'auff es physiologistes sur ce sujet, et nous nous sommes coq* vaincu de l'exactitude de leurs observations. l\ n'est donc pas donn un accoucheur, comme on Ta prtendu, de varier la forme des tls que nous apportons en naissant, pas plus que de changer la ressemblance de nos physionomies.

Du crne dans l'ge aditlte.

Quand les os, aprs la naissance, ont acquis de la consistance, et que tous les intervalles membraneux ont t ossifis, c'est encore l'en-

MI CHANE. 14!

ephale qui imprime sa forme au crne. Le cerveau d'un enfant de huit ans est plus volumineux que le cerveau-d'un enfant nouveau-n, et le cerveau d'un adulte est plus volumineux que celui d'un enfant de huit ans. Or, de quelle manire le cerveau aurait-il pu tre contenu dans la cavit crbrale, si celle-ci n'avait pas cd en proportion du dveloppement de ce viscre? Si l'on observe la surface interne du crne d'un adulte, on verra distinctement l'impression des vaisseaux sanguins et l'impression des circonvolutions crbrales, particulirement sur le plancher orbitaire, dans les parties infrieure et antrieure du frontal et dans les temporaux.

Il ne faut pas croire, comme certains physiologistes l'ont pens que l'extension du crne a lieu par une sorte de pression que le cerveau contre sa surface interne, 1 se passe ici la mme chose que pour toutes les autres parties du corps ; usure, scrtion, nutrition. dcomposition et recomposition. Les molcules osseuses sont absorbes, et d'autres sont scrtes et dposes leur place, mais avec les modifications dtermines par la croissance du cerveau.

Il parat prouv que, par une action permanente d'un corps dur et inflexible, on peut Changer avec le temps la forme naturelle du crne, comme on l'observe particulirement

148 PRINCIPES GNRAUX.

chez les Carabes ; mais, outre que ce dplacement forc des parties crbrales peut altrer plus ou moins profondment les fonctions du cerveau, on doit regarder ces cas, par rapport la crnioseopie, comme des cas pathologiques dans lesquels ou ne pent pas appliquer les principes que nous admettons pour l'tat physiologique du crne et du cerveau. Ce.qu'on observe pour la totalit du crne, relativement au dveloppement du cerveau, a lieu pour ses diffrentes parties en particulier. Le front d'un enfant nouveau-n est petit; au bout de trois mois, il commence se bomber, et continue garder ses formes jusqu' l'ge de huit dix ans, poque laquelle les autres parties du cerveau commencent leur toi|r se dvelopper davantage, et le front perdre sa convexit. Les mmes variations s'oprent pour les diffrentes parties du cerveau, et le crne se modifie de mme. A l'ge indiqu, le crne n'a pas plus d'une ligne d'paisseur, et on peut avec certitude reconnatre la forme du cerveau par la forme extrieure du crne. Quoique les deux laines du crne ne soient pas exactement parallles, et qu'on ne puisse pas la rigueur dterminer, par l'inspection extrieure du crne, les nuances les plus minutieuses qui peuvent exister dans les circonvolutions du cerveau, il est certain cependant que cette circonstance n'est

DU CUKB. 149

pas un obstacle qui empche d'observer et de juger convenablement le dveloppement marqu des diffrentes parties crbrales. Ceux qui ont l'habitude de faire de pareilles observations ne sont point sujets errer sur ce point.

Du crne dans la vieillesse.

Au dclin de l'ge, les nerfs se rapetissent, le cerveau diminue, et les circonvolutions crbrales s'affaissent. Dans cette circonstance, la substance osseuse du crne vient remplacer les parues du cerveau qui disparaissent, et le crne entier devient, dans la plupart des cas, pais, lger et spongieux : c'est la lame interne seule qui s'carte d'ordinaire de la lame externe, et fait que la cavit crnienne, dans la dcrpitude, est beaucoup plus petite que dans Tage adulte. Dans certains cas, les fosses occipitales et celles des lobes moyens disparaissent, les sinus frontaux s'largissent, et la lame suprieure du plancher orbitaire se spare considrablement de sa lame infrieure. Tous ces faits prouvent jusqu' l'vidence l'norme diminution de la masse crbrale dans l'ge le plus avanc, et nous amnent faire l'observation que, sur de pareils individus, on ne peut plus juger avec prcision de l'tat de la masse du cerveau et de ses diffrentes parties par l'examen de la forme

15.

150 PRINCIPES GNRAUX.

extrieure du crne et consquemmeiit de l'tat actuel de leurs facults morales et intellectuelles. Faisons une autre 'fflexion : c'est que rien ne pourra empcher qu'avec la croissance de l'ge il n'y ait diminution et affaiblissement des penchants et des facults intellectuelles. L'me de l'homme est donc encore ici subordonne l'tat de son cerveau.

Du crne dans les maladies.

Les maladies, soit du crne, soit des mninges ou du cerveau, produisent des changements plus ou moins sensibles dans la forme extrieure du crne. Une exostose, une fracture ou une altration accidentelle du crne, ne seront pas confondues, par les praticiens, avec es protubrances produfies par un dveloppement partiel des organes crbraux, parce que les lvations que ceux-ci produisent dans le crne se font insensiblement avec la croissance de l'individu^ et on les trouve des deux cts en mme temps, s'ils ne sont pas sur la ligne mdiane. Les lvations dans le crne causes par maladie se font plus ou moins rapidement et sont accompagnes de symptmes propres la maladie qui les produit. Un cerveau originairement dfectueux laisse le crne dans un tat incomplet de dveloppement, comme Q Tob-

DU GRASE. 151

serve chez les enfants acphales ou chez certains idiots. On a vu cependant des acphales chez lesquels le crne tait rempli d'eau; mais ces individus sont mort-ns, ou ils n'ont vcu que fort peu d'instants aprs leur naissance.

Dans l'hydrocphale, le crne au contraire cde peu peu l'panchement d'eau qui se fait dans les cavits des hmisphres du cerveau et quelquefois il acquiert un volume considrable. Il y a des ttes trs volumineuses que l'on prendrait pour celles de personnes doues d'une grande capacit, si l'on ne savait pas que, dans la cavit du crne, la place du cerveau, il y a une quantit plus ou moins considrable d'eau.

Un autre genre d'altration a lieu dans les maladies mentales. Quand l'alination est r-, on ne trouve encore aucun changement dans le crne} mais, quand elle a t de longue dure, le cerveau d'ordinaire s'affaisse, et le crne, comme dans la vieillesse, remplit le vide que la diminution del masse crbrale y laisse, avec cette diffrence pourtant que, dans ce cas, au lieu d'tre lger et spongieux, il devient pais dur, compacte, pesant, comme l'ivoire Dans le suicide, quand il est le rsultat d'un penchant intrieur existant depuis longtemps, le crne prsente les mmes altrations que chez les maniaques ; il est ordinairement dense.

152 PRINCIPES GNRAUX.

pesant, pais ; ce qui prouve que la tendance se dtruire est5 en gnral, une vritable maladie du cerveau. V,

Du crne chez les animaux.

L'tude de l'anatomie et de la physiologie compares a t d'un grand secours pour tablir les principes de la physiologie du cerveau chez l'homme. Il est vrai que le crne des animaux exige une lude toute particulire de la structure des ttes des diffrentes espces; mais il existe des lois gnrales de conformation qui frappent l'esprit le plus superficiel, pour peu qu'il soit dispos l'observation. C'est ainsi, par exemple, qu'on voit constamment des crnes trs larges sur les cts chez tous les animaux carnassiers, soit mammifres, soit oiseaux, tandis qu'au contraire les crnes des animaux non carnassiers sont trs troits. Que l'on compare le crne d'un loup avec celui d'un mouton, le crne d'une belette avec celui d'un livre, le crne d'un aigle avec celui d'un cygne, et ainsi de suite, et l'on sera bientt convaincu de leurs diffrences essentielles, quoique les masses des cerveaux compars soient peu'prs les mmes. Chez beaucoup d'animaux, on ne peut pas dterminer la forme du cerveau par la configuration extrieure du crne. Les sinus

DU CRANE. 155

frontaux s'tendent chez les uns aux vastes cellules existant entre les deux lames osseuses du crne, et qui se prolongent mme dans tout le crne ; chez les autres, il n'y a pas de sinus frontaux. Chez certaines espces, les muscles couvrent presque tout le crne; chez d'autres, il n'y en a pas plus que chez l'homme. Le cervelet des oiseaux n'occupe que la ligne mdiane de l'occipital; chez certains animaux, au contraire , le cervelet est recouvert par les lobes nostrithirs du cerveau, et chez d'autres il est plac dcouvert derrire les lobes. On ne peut donc pas tablir de rgle gnrale sur la forme du crne des animaux ; mais, cependant, si l'on compare les crnes provenant d'animaux de la mme espce, et appartenant des sujets que l'on aura tudis pendant leur vie, sous le rapporte kurs instincts et de leurs penchants 4-termins, on reconnatra aisment que la grande diffrence qui a exist entre un individu et un autre est due des dispositions organiques crbrales, et non pas des causes accidentelles.

Par tout ce que nous avons expos jusqu'ici, nous pouvons regarder comme dmontr cet autre principe physiologique, que la surface interne et externe du crne offre, dans l'tat ordinaire, chez l'homme, l'empreinte fidle de la surface extrieure du cerveau.

154 PRINCIPES GNRAUX.

/

CHAPITRE X.

CBABIOLOGIE , CRAKIOSCOPE.

Par les notions que nous avons donnes jusqu'ici , et surtout par les faits que nous avons rapports nous pouvons nous expliquer maintenant sur ce que Ton doit entendre par crnio-logie ou crnioscopie, et quelle est au juste l'im* portance qu'il faut attacher celle partie de la physiologie du cerveau. Dans noire second chapitre, eu faisant l'historique de la science, et plus particulirement dans la lettre de Gall, nous avons dj touch cette question : prsent nous allons nous expliquer plus catgoriquement.

Toutefois, avant de passer outre, nous de* vons rpter ce que nous avons dit en parlant des organes en gnral, savoir : que la puissance d'un organe t circonstances gales, est en raison directe de son dveloppement. C'est encore un principe physiologique qu'il faut admettre, et qui est aussi vrai et aussi applicable aux organes du cerveau en particulier, qu'il est vrai

CRANIOLOGIE, CANIOSCOPIE. 455

et applicable tous les organes du corps en gnral. En vain a-t-on cherch attaquer ce principe avec les armes de l'esprit, du ridicule et du raisonnement, il a rsist toutes les attaques. On a toujours soigneusement cart la condition indispensable de toutes circonstances gales d'ailleurs ; et M. Jeffrey lui-mme a t jusqu' dire que les phrnologisles reprsentent le volume absolu comme une mesure de puissance absolue. Mais la proposition phrnologi-que est fonde sur la nature et la raison , et est soutenue par l'analogie universelle. Les os, toutes les autres conditions tant les mmes, prsentent une rsistance relative leur volume. 11 en est de mme des muscles. L'action musculaire ou le mouvement a besoin d'un nerf pour donner l'impulsion, et d'un muscle pour agir ou obir. Dans ce cas, une forte impulsion et un moteur modr, ou une impulsion plus faible et un moteur plus grand produiront de semblables rsultats. Un homme dou de forces musculaires modres, sous l'influence puissante de la rage ou du dlire, dploiera un aussi grand appareil d'action musculaire qu'un homme plus vigoureux, lorsqu'il n'est pas excit. Mais ici la condition de toutes choses gales d'ailleurs n'a pas lieu ; et si l'individu fort est excit un gal degr , il l'emportera sur le premier de tout le dveloppement plus considrable de ses muscles.

156 PRINCIPES GNRAUX.

Les exemples de cette modification sont admirables dans la nature Les poissons vivent dans n milieu d'une pesanteur spcifique presque gale celle de leurs corps. Ils nagent naturellement par leur propre lgret ; ici l'augmentation du volume n'ajoute point la pesanteur relative, de manire leur faire obstacle eu leur nuire, et chez eux consquemment une grande puissance musculaire est lie avec des muscles trs larges et de petits nerfs. Les oiseaux, au contraire, comme l'aigle, s'lvent de grandes hauteurs, dans un milieu plus lger que leurs corps ; l'augmentation de la masse musculaire ajouterait beaucoup leur poids, et les empcherait de s'lever dans l'air : aussi chez ces animaux une grande puissance musculaire est-elle lie avec des nerfs trs gros et des muscles d'un volume modr. On peut donc considrer la proportion de la puissance relativement au volume comme une loi de la nature.

C'est d'aprs les mmes principes que Desmoulins tablit que les nerfs du sentiment allant au bras et la main (les principaux instruments du toucher), sont dans l'homme cinq fois plus gros en volume et en surface que ceux qui se rendent aux muscles. Dans le cheval et les autres animaux, dont le toucher est imparfait et la force musculaire considrable, les pro-

CRANIOLOGIE, C.RAN10SCOPIE. 57

portions sont si compltement renverses, que la masse des nerfs du mouvement l'emporte d'un tiers sur ceux de la sensibilit.

Si l'on examine les cinq sens, on trouve que le volume des nerfs est toujours proportionn, toutes choses gales d'ailleurs, l'intensit de la fonction. Monro, Bumeubch, CuvieretMa-gendie reconnaissent celte proportion. Dans les poissons, Desmoulins a trouv le nerf auditif vingt fois plus gros, relativement an volume de l'ammal, que dans les mammifres et dans les oiseaux, Veau tant moins propre que l'air la transmission du son. Les animaux qui ont un odorat trs fin sont remarquables par le dveloppement des nerfs olfactifs. Par exemple, l'ours, le mouton , le chien et la vache ont dans les cavits nasales une surface immense couverte defibrilles nerveuses; de gros nerfs du got dmontrent galement, dans les espces ou dans les individus, la supriorit de cette fonction. La mme proportion entre le volume de l'organe et l'intensit de la fonction se montre bien videmment dans la vision. Dans les aigles, dont la vue est trs perante, les ganglions d'o par. tent les nerfs optiques galent le volume d'un tiers du cerveau ; tandis que chez le hibou, dont la vue est imparfaite, ils galent au plus le vingtime du cerveau. Dans les oiseaux de proie, l'expansion nerveuse de la rtine est plisse

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158 PRINCIPES GNRAUX.

d'une manire curieuse et double sur elle- mme, afin de contenir un gros nerf dans un petit espace. Ces plis disparaissent lorsque ces oiseaux ont t longtemps renferms dans une cage, et que par consquent la vision a t pour eux trs borne. Ainsi se trouve dmontre la connexion du volume de l'organe et de a puis-sauce de la fonction. .

Le cerveau ne fait point exception cette r-ge, et la plupart des physiologistes admettent que l'nergie des manifestations de l'intelligence est en proportion du volume du centre nerveux, toutes choses gales d'ailleurs. Cuvier et Magen*, die sont d'importantes autorits. En parlant des lobes crbraux comme du sige o toutes les sensations prennent une forme distincte et lais sent des impressions durables, Cuvier ajoute que l'anatomie compare ne laisse aucun doute sur la proportion constante qui existe entre le volume de ces lobes et le degr de l'intelligence des anir-maux; proclamant ainsi l'influence du volume des organes crbraux aussi distinctement que Gall lui-mme l'avait fait. Il faut remarquer que dans ce cas Cuvier exprime les sentiments de Portai, de Berthollet, de Pinei et Duuiril, qui formaient avec lui une commission, en 1822, pour examiner les travaux de M. Flourens et eu faire un rapport l'Acadmie, des Sciences. En vrit, tous les essais antrieurs faits pour dcou-

CRAiNIOtOlE 5 CBAIOSGOP1E. 159

vrir les fonctions du cerveau confirmrent l'vidence de ce principe. L'angle facial de Camper fut invent pour montrer que plus l'angle se rapproche de l'angle droit, ou, en d'autres termes, plus le front est'vasle et prominent, plus les facults intellectuelles sont dveloppes. La mthode de l'examen comparatif da volume absolu du cerveau dans les diffrents animaux, comme indice de leurs capacits, repose sur la mme supposition. Les exprimentateurs qui estimaient le volume du cerveau relativement la masse des nerfs, de la moelle pinire et du cervelet, partaient tous du principe que l'nergie de la fonction tait uniformment proportionne, toutes choses gales d'ailleurs, au volume de l'organe.

Le principe de la masse comme mesure des facults, presque gnralement admis par rapport an cerveau, est galement applicable aux parties qui le composent ; ce sujet est au moins digne des recherches du philosophe, et tout le systme phrnologique repose sur les connaissances de cette nature obtenues par l'observation.

C'est pourquoi le phrnologiste compare le dveloppement crbral avec la manifestation des facults intellectuelles , dans le but de dcouvrir les fonctions du cerveau ainsi que les organes de l'esprit. Celte mthode d'investigation est conforme aux principes de la philoso-

160 PRINCIPES GNHAUX.

phie d'induction, il est exempt des objections qui accompagnent les recherches nalomiques et mtaphysiques.

Nous admettons donc comme une chose de fait, et que les bons observateurs et les physiologistes intelligents ne manquent pas de reconnatre avec nous, que plus un organe crbral a de niasse ou de volume, plus il y a de tendance, d'aptitude, de prdisposition dans l'individu exercer nergiquement la facult qui en dpend.

Nous avons dit circonstances gales, et cette condition est trs importante pour bien conclure dans les observations et les applications pratiques de la physiologie du cerveau. Le lecteur s'apercevra immdiatement qu'il n'est plus question, comme on le croit gnralement, de comparer ia force d'un d'un individu un autre

individu, mais bien d'tablir dans le mme sujet quelles sont les parties de son cerveau qui sont plus ou moins dveloppes. Quand on compare un individu un autre, les circonstances ne sont plus les mmes; car il peut y.avoir, et il y a gnralement diversit de temprament, d'ge , de sant, sans compter l'influence que les circonstances diverses qui ont agi sur chaque individu doivent avoir exerce pour modifier l'activit de ses organes. Par ces considrations seules, nous rpondons dj une quantit d'objections

URANIOSCOl'lE. 161

que l'on ne cesse de faire mal propos ^Ia cr-nioscopie. '

En traitant du cerveau, nous avons dit que les deux hmisphres, sans tre exactement symtriques, se correspondent-gnralement pour la forme elles fonctions; il y a donc deux organes pour chaque facult, un par*hmisphre. Pour viter des circonlocutions, on se servira de l'expression organe d'une facult, mais par l on entendra les deux organes. Chaque organe s'tend de la moelle allonge, ou partie suprieure de la moelle pinire, la surface du cerveau ou du cervelet; et chaque individu possde tous les organes un degr plus ou moins fort.

Lorsque les deux organes d'une facult sont situs immdiatement sur les cts de la ligne mdiane qui spare les hmisphres crbraux, is reprsentent ne seule lvation , et ils sont runis en un seul sur les bustes et sur les gravures organographis.

La puissance de manifestation de chaque organe , avons-nous dit ci-dessus, toutes conditions gales d'ailleurs, est en rapport avec le volume des organes. La puissance et l'activit sont deux choses distinctes. Le volume parat indispensable la puissance, car ou n'a jamais trouv un trs petit cerveau avec un esprit trs remarquable. On commet frquemment l'erreur

14.

462 PRINCIPES GNRAUX,

de supposer que le volume absolu e'est**dire le volume indpendant de la sant, *rde la consti* tution et de l'exercice, est une mesure de puissance; mais les phrnologistes ne professent point cette doctrine.

Le volume d'un organe se mesure par sa longueur et sa largeur. Sa longueur se calcule par ia distance de la moelle allonge, la surface extrieure du cerveau. Une ligne tire travers la tte, d'un conduit auditif l'autre, passerait presque au milieu de la moelle allonge, mais un peu en avant : ainsi la longueur d'un organe se mesure de la ligne de l'oreille la circonfrence. Sa largeur est indique par son expansion sa surface. On peut comparer un organe un cne renvers, dont le sommet est la moelle allonge, et la base la surface du cerveau:-plus la base sera large, plus la distance entre celle-ci et le sommet sera grande, plus le volume ou la quantit de matire qu'il contiendra sera considrable.

Il y a des parues la base du cerveau, au milieu et dans les rgions postrieures, dont le volume ne peut tre dcouvert pendant la vie, et dont, par consquent, les fonctions sont encore inconnues. Par analogie et d'aprs quelques faits pathologiques, on suppose, qu'ils sont les organes des sensations de la faim, de la soif, du chaud, du froid, et de quelques autres facults

CRANIOX06I CBAWSGOT1E. 65

affectives de l'esprit, dont les organes crbraux n'ont point t dcouverts ; mais l'vidence dmonstrative manque ici, et cette conjecture n'est tablie que pour engager faire des re* cherches.

Aprs que l'on aura bien reconnu et bien saisi toutes les vrits que nous avons dmontres prcdemment l'on comprendra facilement que le crne, parlui-uime, ne peut aucunement tre considr comme une partie du corps destine la manifestation des facults de l'me : il est passif, et dans sa formation, et dans sa configuration; il est subordonn la croissance, la dcroissance et aux modifications qui ont lieu dans le cerveau ; il n'a et ne peut avoir que les fonctions propres au systme osseux. Nous ne devons donc le considrer que comme un moyen suffisamment exact pour juger du dveloppement de la masse du cerveau, pris dans sa totalit ou dans ses diffrentes parties.

Tous les auteurs, parmi lesquels nous citerons Cuvier et Monro, conviennent que le crne se moule sur le cerveau. On a object, il est vrai, que la surface extrieure du crne ne correspond pas exactement sa surface interne. L'objection n'est pas fonde, si l'on observe des individus bien portants et qui n'ont pas dpass l'ge moyen de la vie. Le sinus frontal a t regard aussi, mais sans

164 PRINCIPES GNRAUX.

fondement, comme un obstacle insurmontable la dlimitation de l'tendue des organes crbraux. Ce sinus consiste dans un cartement des surfaces externe et interne de l'os du front, la racine du nez. Il n'existe point, en gnral, avant l'ge de douze ans ; mais aprs cette poque, il s'tend souvent le long des espaces marqus 22, 25, 24 et 26 sur l'organographie cr-rable, et jette de l'incertitude sur le dveloppement des organes indiqus par ces nombres. Vans la vieillesse, et pendant certaines maladies, le sinus frontal devient frquemment beaucoup plus large, et s'tend sur un certain nombre d'autres organes; mais ces cas forment des exceptions la rgle gnrale, et ne sont pas propres l'observation. Dans les autres'parties du cerveau indiques comme dsignant la situation des organes, les surfaces externe et interne sont parallles, ou si existe quelque diffrence, elle est borne une ligne, un tiers de ligne, un huitime de ligne, suivant l'ge et la sant des individus. La diffrence du dveloppement entre un large et un petit organe des penchants et certains organes des sentiments, est d'environ vingt-cinq millimtres ; elle est de six millimtres dans les organes de l'intelligence, qui sont naturellement plus petits que les autres.

Le sinus frontal, comme on vient de le dire, ne parat pas, eu gnral, avant l'ge de douze

CttANIOLOGIE, CRAMOSCOl'IE. 165

ans, tandis que quelques uns des organes qui l'avoisinent sont trs nergiques avant cet ge (l'individualit, par exemple) : aussi, avant cette poque, il n'y a pas de difficult pour l'examen de la tte. Aprs cet ge, jusque vers le milieu de la vie, le sinus est mdiocre, et rarement assez large pour induire en erreur; mais, mme alors, il y a des cas qui prsentent un aplatissement ou une dpression l'extrieur, indiquant un trs petit dveloppement du cerveau plac derrire, et consquemtnent une faiblesse de la facult concomitante. Si cependant le sinus existe, il s'tendra en dedans, et donnera alors au cerveau des proportions plus petites que celles qui lui sont attribues par les phrnolo-gistes, et le rapport entre la diminution de l'organe et celui de la facult sera encore plus frappant. On passe gnralement sous silenee l'vidence de cette preuve ngative; niais elle est rellement si forte, que si l'on pouvait citer un seul exemple de la manifesta lion nergique d'une facult, sans le dveloppement de l'organe, nous abandonnerions l'instant tous les organes convaincus de faux. En rsum, le sinus offre une difficult pour appliquer la phrnologie chaque cas individuel, mais il n'tablit point l'impossibilit de dcouvrir la fonction des organes qui lui correspondent.

166 PRINCIPES GNHAUX.

Arrivs ce point de la doctrine, il nous reste encore quelque chose connatre de la plus haute importance, et qui est le point capital de la physiologie du cerveau; il nous faut savoir comment parvenir reconnatre la place respective des organes divers du cerveau, et quelles sont les facults pour lesquelles il doit exister un organe spcial.

Les dissections an atomiques seules ne rvlent les fonctions d'aucun organe. Personne, en dissquant le nerf optique ou celui de la langue, n'a pu dire que l'un ft l'organe de la vision et l'autre celui du got. Les anatomistes n'ont jamais pu, par la simple pratique de leur art, dcouvrir les fonctions du cerveau. Ni les mutilations , ni la pathologie, ni mme l'anatomie compare, n'ont pu tre utiles cette recherche, tant que Ton a march sur les traces de l'ancienne philosophie, et que l'on a mconnu les vritables facults fondamentales. Nous ne sentons pas que c'est par le moyen des organes que notre esprit agit: aussi les philosophes mtaphysiciens qui, en tudiant les phnomnes de l'intelligence, se sont borns l'examen de la conscience, n'ont-ils pu dcouvrir les instruments matriels ncessaires la manifestation des facults. Avant Gall, c'tait une opinion gnralement admise, quo les fonctions du cer-

CRANIOLGIE, CRANIOSCOPIE. 107

veau taient inconnues. On peut consulter ce sujet les crits des docteurs Roget et Thomas Brown.

C'est aux longues et pnibles recherches faites par Gall sur les crnes et sur les ttes , en les comparant avec le degr d'nergie des penchants, des sentiments et des diverses facults, que nous devons la connaissance des fonctions des diverses parties crbrales. C'est un moyen empirique, mais c'est ce moyen qui a t mis en usage par Gall, et qui lui a valu les dcouvertes admirables qu'il a faites sur les fondions du cerveau et les organes spciaux dont il est compos. Il le dit lui-mme dans ses ouvrages, et voici comment il s'exprime ce sujet dans l'introduction de son second volume : J'ai constamment dclar que les recherches sur les crnes et sur les ttes avaient t ncessaires pour arriver, par la voie d'observation, la connaissance des fonctions des diverses parties crbrales. C'est cette partie de ma doctrine qui doit tre dsigne sous le nom de crnioscopie. Et plus bas : C'est pourtant cette crnioscopie, ces recherches si pnibles, si multiplies et si coteuses , que vous devez enfin une physiologie, et par consquent la partie la plus essentielle de la pathologie du cerveau ! Il n'existe pas d'autre moyen possible pour