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Energies positives 23 DOSSIER / 9 janvier 2015 Coordination du dossier Christian Nicolas (Chambre d'agriculture de Bretagne avec Paul Jegat (Terra). Rédaction Chambres d'agriculture de Bretagne : Coline Brame, Elodie Dezat et Christian Nicolas (pôle aviculture). Terra : Claire Le Clève. La production de volaille est très énergivore, le constat préoccupe depuis longtemps les éleveurs qui ont vu leurs factures d'électricité et de gaz flamber ces dernières années. Au choix des solutions permettant de réduire le coût énergétique, la plus immédiatement abordable et la plus évidente consiste à rénover et à isoler des poulaillers souvent vieillissants et, beaucoup plus rarement, à construire des bâtiments neufs. Mais une nouvelle approche émerge peu à peu, à mi-chemin des préoccupations de coût et du potentiel qu'offre la production d'énergies renouvelables sur l'exploitation agricole. Du solaire photovoltaïque à l'éolien, en passant par la valorisation des déjections animales et la production de bois plaquette pour le chauffage, de multiples solutions alternatives sont désormais à la portée des éleveurs pour abaisser les consommations d'énergies tout en réduisant le recours aux énergies fossiles (gaz, fuel...et électricité) tout en produisant soi même une part de l'énergie consommée. La formule a désormais un nom : BEBC comme bâtiment d'élevage basse consommation ou mieux encore BEBC+, soit un élevage qui produit plus d'énergie qu'il n'en consomme. A l'image du concept BBC dédié à l'habitat, l'élevage n'est donc pas en reste. La formule n'est sans doute pas à la portée de tous les éleveurs mais, au cas par cas, elle vaut d'être étudiée, calculée et mise en œuvre. Ce dossier réalisé sur la base des travaux portés par les instituts techniques (Itavi, Ifip et Idele) en lien avec les chambres d'agriculture des Pays de la Loire et de Bretagne fait le point sur cette approche BEBC.

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Energies positives

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Coordination du dossierChristian Nicolas (Chambre d'agriculture de Bretagne avec Paul Jegat (Terra).Rédaction● Chambres d'agriculture de Bretagne : Coline Brame, Elodie Dezat et Christian Nicolas (pôle aviculture).● Terra : Claire Le Clève.

● Chambres d'agriculture de Bretagne : Coline Brame, Elodie Dezat et Christian Nicolas (pôle aviculture).● Terra : Claire Le Clève.

La production de volaille est très énergivore, le constat préoccupe depuis longtemps les éleveurs qui ont vu leurs factures d'électricité et de gaz flamber ces dernières années. Au choix des solutions permettant de réduire le coût énergétique, la plus immédiatement abordable et la plus évidente consiste à rénover et à isoler des poulaillers souvent vieillissants et, beaucoup plus rarement, à construire des bâtiments neufs. Mais une nouvelle approche émerge peu à peu, à mi-chemin des préoccupations de coût et du potentiel qu'offre la production d'énergies renouvelables sur l'exploitation agricole. Du solaire photovoltaïque à l'éolien, en passant par la valorisation des déjections animales et la production de bois plaquette pour le chauffage, de multiples solutions alternatives sont désormais à la portée des éleveurs pour abaisser les consommations d'énergies tout en réduisant le recours aux énergies fossiles (gaz, fuel...et électricité) tout en produisant soi même une part de l'énergie consommée. La formule a désormais un nom : BEBC comme bâtiment d'élevage basse consommation ou mieux encore BEBC+, soit un élevage qui produit plus d'énergie qu'il n'en consomme. A l'image du concept BBC dédié à l'habitat, l'élevage n'est donc pas en reste. La formule n'est sans doute pas à la portée de tous les éleveurs mais, au cas par cas, elle vaut d'être étudiée, calculée et mise en œuvre. Ce dossier réalisé sur la base des travaux portés par les instituts techniques (Itavi, Ifip et Idele) en lien avec les chambres d'agriculture des Pays de la Loire et de Bretagne fait le point sur cette approche BEBC.

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Ex : Terra-coédités
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Si l’énergie ne pèse que 3% du coût de production d’une volaille de chair, c’est néanmoins le principal poste de charges variables. Ainsi, un élevage de 3 000 m² consomme environ 21 tonnes de propane pour le chauffage, 45 000 kWh d’électricité principalement pour le fonctionnement de la ventilation et de l’éclairage et environ 3 000 litres de fuel pour le groupe électrogène et le matériel motorisé. Au total, la facture énergétique de cet élevage moyen s’élève à 26 000 € par an. Dans ce contexte, les bâtiments d’élevage à basse consommation (BEBC) ont pour objectif de réduire leur consommation de 45% !

Si l’ensemble du parc breton parvenait à ce résultat, l’économie réalisée serait de 232 GWh, soit l’équivalent de la consomma-tion d’énergie de 34 000 foyers.Le bâtiment d’élevage BEBC peut égale-ment produire de d’énergie renouvelable au travers du photovoltaïque ou de l’utilisa-tion d’une chaufferie biomasse par exemple. Lorsque sa production est supérieure à sa consommation, on peut alors le qualifier de bâtiment d’élevage à énergie positive (BEBC+)

Un bâtiment à énergie positive, c’est quoi ? Un bâtiment qui produit davantage d’énergie qu’il n’en consomme. Voilà la défi nition du bâtiment de demain dit à "énergie positive" ou BEBC+. S’orienter vers ce type de bâti-ment nécessite tout d’abord de réaliser un bâtiment d’élevage à basse consommation d’énergie (BEBC) et de compenser les consommations d’énergie restantes par la production d’énergie renouvelable en lien avec le bâtiment d’élevage 1 .

Première étape : être BEBCPour être qualifi é de BEBC, les bâtiments doivent, à travers leur structure et leurs équipements, permettre de minimiser les consommations d’énergie en des-sous d’un certain seuil. Ce seuil est basé sur des références de consom-mation de l’année 2009 et il est exprimé en kilowattheure (kWh). Pour les volailles de chair standard, il est établi à 65 kWh/m²/an, soit 45% de moins que la consommation de référence de l’année 2009 2 .

A savoir :• 1 kg de propane = 13,8 kWh• 1 litre de fi oul = 9,85 kWh

En raison des écarts de consommation importants liés au climat, ce seuil peut être ajusté par un coeffi cient (µ) de correction. Dans la région Ouest : µ = 1, région Nord-

Nord Est : µ = 1,2 et dans le Sud : µ = 0, 8. Selon la zone où se trouve le bâtiment d’éle-vage, il faut donc multiplier le seuil par le coeffi cient µ.

Comment réduire la consommmation d'énergie ?

production d’énergie renouvelable en lien

65 kWh/m²/an, soit 45% de moins que la consommation de référence de l’année 2009

fuel (groupe électrogène, engins motorisés)

électricité (ventilation, éclairage, alimentation...)

gaz propane (chau�age

2 Objectifs de résultats pour obtenir un BEBC

Consommation de référence actuelle

Consommation maximale pour obtenir un BEBC

Unité Pourcentage d’économie à atteindre

Volaille de chair en bâtiment fermé* 120 65 kWh/m²/an 45%

Volaille de chair avec parcours* 85 65 kWh/m²/an 25%

Le bâtiment à énergie positive

1 Les énergies consommées en volailles de chair

fuel (groupe électrogène, engins motorisés)

électricité (ventilation, éclairage, alimentation...)

gaz propane (chau�age

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25DOSSIER

La qualifi cation BEBC en élevage passe par diverses solutions, depuis l’organisation du bâtiment jusqu’aux équipements.

L’isolation des bâtiments : un point clé pour réduire ses consommations Les moyens de réduire les consommations d'électricité et de fuel étant limités, un effort particulier doit être porté sur le poste chauf-fage. Le seuil d’un BEBC ne peut être atteint que si l’isolation du poulailler est parfaite-ment maîtrisée.Le but de l’isolation thermique est de dimi-nuer les échanges de chaleur entre l’inté-rieur et l’extérieur par interposition d’un matériau ayant la résistance thermique la plus forte. Le coeffi cient U s’exprime en W/ (m².K). Il correspond à la quantité de chaleur qui tra-verse en une heure une surface d’un mètre carré d’une paroi composée d’un ou plu-sieurs matériaux. Plus il est faible, meilleure est l’isolation.Pour une bonne effi cacité, toutes les parois du bâtiment doivent être isolées. La toiture qui représente 70 % de la surface des parois est l’élément le plus important du bâtiment suivi des soubassements, des longs pans et du sol 3 .

Comment isoler efficacement mon bâtiment ? Cela commence par un bon drainage du sol en périphérie du poulailler. Des gouttières ou fossés peuvent permettre de collecter et d’évacuer les eaux de toiture et périphé-riques. Si le sol est en terre battue, il faut privilégier des matériaux drainants plutôt que l’argile. Si le sol est bétonné, un fi lm

polyane doit être disposé sous la dalle, afi n d’empêcher les remontées d’humidité. Le béton devra également être isolé en péri-phérie sur un mètre de large. Pour le sou-

bassement (longrines béton par exemple), la partie enterrée devra impérativement des-cendre au-dessous du niveau du béton, ou du sol en terre battue, ceci afi n d’éviter les perditions de chaleur et les phénomènes de condensation 3 . Précisons que pour les bâtiments avicoles, le choix des matériaux doit également por-ter sur leurs caractéristiques de résistance au feu et d’humidité, aux dégâts des ron-geurs et des insectes et à la pression lors des lavages.

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Comment réduire la consommmation d'énergie ?

fuel (groupe électrogène, engins motorisés)

électricité (ventilation, éclairage, alimentation...)

gaz propane (chau�age

3 Coefficients d'isolation visés pour atteindre le seuil BEBC en production de volailles de chair

Partie du bâtiment concernée Cœffi cient U maxi en W/ (m².K)

Plafond < 0,40

Longs pans et pignons < 0,60

Soubassements (sur 0,40 m haut et 0,20 m dans le sol) < 0,90

4 Exemples de matériaux isolants utilisables en toiture pour atteindre le seuil BEBC en production de volailles de chair

Matériaux et épaisseur à mettre en œuvre Coeffi cient U

Panneaux de mousse de Polyuréthane de 60 mm d’épaisseur (λ=0,024) 0,38

Association de panneaux de 40 mm de mousse de Polyuréthane (λ=0,024) et de 100 mm de laine de verre (λ=0,035) 0,21

Association de panneaux de 40 mm de mousse de Polyuréthane (λ=0,024) et de 180 mm de laine de verre (λ=0,035) 0,14

La régulation pour faciliter la gestion de l’ambiance et diminuer ses facturesLes conditions d’élevage des volailles sont très variables selon l’âge. Les tempé-ratures peuvent ainsi varier de 34 à 18°C entre le début et la fi n du lot, alors que le renou vellement d’air peut passer de 0,8 à 200 m3/heure/m² sur la même période. Le contrôle de l’ensemble des paramètres (température, hygrométrie, dépression…) peut donc s’avérer diffi cile à gérer pour l’éleveur. Ainsi, les boîtiers de régulation pilotent simultanément les différents équipements de gestion d’ambiance (chauf-fage et ventilation) et limitent les interventions manuelles qui requièrent une forte présence de l’éleveur. Pour disposer d’informations fi ables, les différents capteurs doivent être placés cor-rectement dans le bâtiment. Il faut par exemple éviter les courants d’air ou à l’in-verse la proximité d’une source de chaleur. Les capteurs de température doivent être suspendus à la bonne hauteur (juste au-dessus de la tête des volailles). Le capteur hygrométrie est très sensible, il faut le protéger du contact direct avec l’eau et éviter les niveaux d’empoussièrement élevés. Note : pensez à vérifi er une fois par an les différents capteurs reliés au boîtier de régulation. Ils sont en effet placés en milieu agressif et peuvent se dérégler (humi-dité, pous sière et ammoniac). En plus de faciliter la gestion de l’ambiance, les boitiers de nouvelle génération enregistrent les consommations électriques et de gaz. Ces données permettent de mieux comprendre le fonctionnement du poulailler et d’identifi er les postes qui inter agissent sur les consommations d’énergie. A partir de ces informations, il devient alors possible de modifi er certains réglages et de réduire la facture énergétique. Ces équipements, aussi performants soient-ils, ne remplacent cependant pas l’œil avisé de l’éleveur. Ce dernier doit rester très vigilant au comportement des volailles, afi n d’adapter les réglages.L’isolation du bâtiment et la régulation des paramètres d’ambiance sont deux leviers majeurs pour diminuer les consommations liées au chauffage. D’autres solutions comme l’éclairage basse consommation, les récupérateurs de chaleur (air/air, …), le démarrage en poussinière peuvent également participer à améliorer les perfor-mances des bâtiments d’élevage.

fuel (groupe électrogène, engins motorisés)

électricité (ventilation, éclairage, alimentation...)

gaz propane (chau�age

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Si l’intérêt du bâtiment à énergie positive sur le plan environnemental n’est pas à démontrer, sa rentabilité peut poser question. Pour y répondre, une simulation a donc été réalisée à partir du cas réel d’un éleveur souhaitant agrandir son atelier avicole.

Dans ce projet, l’aviculteur souhaite construire deux poulaillers neufs de 1 700 m²

chacun. Trois choix s’offrent à lui : des bâti-ments classiques d’un bon niveau technique des BEBC ou des BEBC+. Les principales caractéristiques des bâtiments sont présen-tées 1 . Pour la suite de la simulation, nous considérerons un bâtiment obscur avec sol en terre battue.

Des coûts variant presque du simple au doubleLes coûts sont inspirés de devis fournis-seurs. Le niveau d’investissement pour le bâtiment classique est de 230 €/m² compre-

nant les études préalables, terrassement, maçonnerie, raccordements, coque, maté-riel… hors coût du foncier et investissements annexes (hangar, stockage ou traitement des effluents, télescopique…). Dans ces conditions, le surcoût du bâtiment BEBC est de 25 €/m² et celui du bâtiment BEBC+ est de 170 €/m², amenant le prix de construc-tion du bâtiment à 400 €/m²).

Des gains énergétiques incontestablesLe passage en bâtiment BEBC génère près de 50% d’économies d’énergies directes (gaz, fi oul et électricité). La principale éco-nomie est réalisée sur la consommation de gaz avec un gain de 55% limitant également la production de CO2 et d’humidité dans le bâtiment. La consommation de fuel ne change pas, la consommation d’électricité est par contre réduite de 30% (environ 50% d’économies sur l’éclairage et 30% sur la ventilation).Dans le cas du bâtiment BEBC+, la produc-tion est estimée à 40 kWh d’énergie ther-mique (chaudière) et 74 kWh d’électricité produite par les panneaux photovoltaïques. Dans ce cas, la production d’énergie permet d’obtenir un solde énergétique positif de 49 kWh/m²/an.

Un bâtiment à énergie positive est-il rentable ?

1 Description des choix s’offrant à l’éleveur

Ventilation mono latérale (Colorado) Trappes discontinues sur un côté, tubes fl uorescents Isolation du plafond U=0,49 et des parois U=0,48 Chauffage aérothermes propane

Ventilation longitudinale extraction pignon, ventilateurs progressifs. Trappes discontinues sur un côté, éclairage LED, échangeurs de chaleur Isolation du plafond U=0,13 et des parois U=0,39 Chauffage aérothermes propane

Chauffage aérothermes à eau chaude produite par une chaudière à biomasse 300kW. Panneaux photovoltaïques 249,9 kWc (822m² de panneaux sur le pan Sud de chaque bâtiment, renforcement de la charpente)

Ventilation mono

Bâtiment classique

Ventilation

Bâtiment BEBC

Chauffage

Bâtiment BEBC+

230 €/m2

255 €/m2

400 €/m2

-150

-100

-50

0

50

100

150

consommation

production

bâti

men

t cla

siqu

e

BEBC

BEBC

+

Bilan de la consommation et la production d’énergies selon les hypothèses retenues.

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Un bâtiment à énergie positive est-il rentable ?

PRATIQUE

Ce dossier s’inspire des guides techniques et économiques BEBC, livrables d’une étude conduite par les instituts techniques et les chambres d’agriculture des Pays de Loire et de Bretagne et fi nancée par le compte d’affectation spéciale de développement agricole et rural (Casdar).Ces guides sont disponibles en téléchargement gratuit sur www.synagri.com

Type

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en

€/a

n

Bois déchiqueté exploitation 3 300 45 1,36 100 4 500 14 500

Bois de bocage acheté à l’extérieur

3 300 90 2,73 100 9 000 10 000

Miscanthus produit sur l’exploitation

4 700 90 1,91 70 6 300 12 700

Propane 13 800 950 6,88 20 19 000

Tableau comparatif du pouvoir calorifique, de la consommation et des coûts de différents combustibles utilisés pour le chauffage d’un atelier d’élevage de volailles de chair

Simulation sur l’énergie photovoltaïque : mise en gardeAttention, les tarifs de rachat et les prix des panneaux sont évolutifs dans le temps et variables d’un projet à l’autre en fonction de la surface à équiper, des négocia-tions… Il faut également bien mesurer l’impact des fi nancements élevés nécessaires sur le fonctionnement de l’exploitation. Le chiffre d’affaire lié à la vente d’électricité peut également avoir des conséquences fi scales. Enfi n, au niveau technique, il est indispensable de veiller aux conséquences d’une installation photovoltaïque sur la production avicole et vice-et-versa (limiter les émissions de poussières et d’ammo-niac par exemple). L’association des agriculteurs producteurs d’électricité photovol-taïque, l’Apepha peut vous aider : 02 23 48 27 19.

Les chaudières à biomasse peuvent être une bonne alternative pour s’affranchir du gaz propane. Elles produisent généralement de l’eau chaude qui est véhiculée jusqu’aux bâtiments via des réseaux de chaleur souterrains et isolés. La diffusion de la chaleur dans les bâtiments avicoles est assurée par des aérothermes à eau chaude (2 à 4 par bâtiment selon la puissance, les caractéristiques du bâtiment et les besoins des animaux produits) ou par le biais d’un plancher chauffant (surface bétonnée isolée et équipée de canalisations). Le choix sera fonction de la production mais aussi des capacités d’inves-tissement de l’éleveur.

Avant de se diriger vers ce mode de production, il est important d’évaluer les ressources en biomasse disponibles autant en termes de quantité que de qualité. L’idéal est de valo-riser la biomasse de l’exploitation. Pour une bonne gestion de la ressource en bois, la mise en place d’un plan de gestion de bocage est indispensable. Il faut également tenir compte de cette nouvelle activité et intégrer le temps de travail supplémentaire qu’elle va générer. Ce dispositif s’adresse plutôt aux ateliers de taille impor tante (supérieure à 2 400 m²) car plus les besoins en chaleur sont importants, plus l’installation d’une chaudière bois est rentable. Pour un élevage avicole, l’investissement total représente entre 40 et 70 €/m² de poulailler selon la tech nologie, le dimensionnement de la chaudière, la taille et l’agencement de l’atelier avicole. L’ambiance des bâtiments équipés de chaudière à biomasse est en général plus sèche (-20% d’hygrométrie relative en moyenne en période de chauffe). Des économies de litière sont donc à attendre. Par ailleurs, la limitation du risque incendie peut permettre de revoir à la baisse les coûts d’assurance.

Produire de l’énergie renouvelable

Un investissement rentable à moyen termePour le calcul de la rentabilité, nous ne tien-drons compte que des économies et la pro-duction d’énergies. Nous ne parlerons pas d’éventuelle amélioration des performances ou de gains sur d’autres postes de l’élevage comme la litière ou les dépenses de santé.Les hypothèses de prix sont les suivantes : pour la première année, le prix de la tonne de propane est de 900€, le prix du kWh électrique payé de 10 cts d’€, la tonne de bois sec est achetée 80€ et le prix de rachat d’électricité est fi xé à 15,19 cts d’€/kWh. Ces tarifs évolueront sur vingt ans à raison de 3 ou 5% par an. Enfin, le financement est un emprunt à taux fi xe de 2,8% sans apport personnel sur 12 ans pour les investissements BEBC et la chaudière. Pour l’installation photovol-taïque, un emprunt sur 15 ans est prévu dans des conditions équivalentes au précédent.Pour le bâtiment BEBC, le solde est posi-tif dès la première année avec 1,34 €/m²/an. Par la suite, tout dépend de l’évolution du coût de l’énergie. En vingtième année le solde atteint de 6,70 à 9,66 €/m²/an. En BEBC+, concernant la production d’élec-tricité seule avec les panneaux photovol-taïques, le solde est positif dès la première année et atteint 16,24 €/m² en vingtième année. Si l’on intègre en plus la chaudière à biomasse, le solde est négatif les premières années et redevient positif après 10 à 12 ans selon les hypothèses d’évolution des prix d’énergie retenues. Une fois les annuités remboursées, le solde se situe en vingtième année entre 18,69 et 22,73 €/m²/an. La construction de bâtiments avicoles BEBC ou BEBC+ semble donc rentable à moyen terme mais entraîne des surcoûts importants lors de la construction, allant de 11 à 83% par rapport à un bâtiment de référence. Pour la production d’énergies renouvelables, la rentabilité peut-être plus longue à atteindre, mais génère un gain plus important dans le temps.

PRATIQUE

Un élevage de 2 600 m² consomme environ 100 tonnes de bois ou 70 tonnes de miscanthus par an. Pour 100 tonnes de plaquettes sèches, prévoir au minimum 10 km de haies bocagères (10 à 20 selon la productivité) avec une coupe tous les 10 à 20 ans.

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Jean-Michel Choquet aurait pu rénover les 4 000 m2 de ses 3 bâtiments âgés de 15 a 20 ans pour tenter de réduire sa facture énergétique. Il a préféré augmenter sa production de dindes et y ajouter celle d'énergie avec toitures photovoltaïques et chaudière à fumier de volaille pour réchauffer 2 futures poussinières de 3 400 m2 supplémentaires. Un élevage novateur, à énergie positive.

28 000 euros de facture annuelle de chauf-fage qui tomberont à 5 000 euros pour continuer à chauffer le bâtiment éloigné de Plaudren. C'est une division par 6 que projette de réaliser, dès 2015, Jean-Michel Choquet, aviculteur à Trédion (56), adhérent de la Cecab, en ajoutant 2 poussinières de 1 700 m2 chacune à ses 3 bâtiments de pro-duction de dinde. "J'aurais pu rénover mes vieux Louisiane en les transformant en bâti-ments à ventilation dynamique avec échan-geurs de chaleur. Mais ce coût se serait traduit par une grosse annuité sans aug-mentation de la production et aurait abouti à une baisse de revenu". Alors, celui qui est aussi président du Cravi (Comité régional avicole) a imaginé les choses autrement. En cause ? La difficulté du démarrage des lots dans ce type de bâtiments qui se révèlent, par contre, adaptés dès le premier mois du volatile atteint. Mais avant, "pour obtenir une chaleur et une hygrométrie tip-top, c'est très énergivore". Or, les résul-tats dépendent de la qualité de la phase de démarrage.

Poussinières et chaudière à fientesAlors, deux poussinières de 1 700 m2 vont donc sortir de terre fi n 2015. Les toitures seront couvertes de panneaux photovol-taïques, comme pour l'existant. Soit une production de 250 kWcrêtes (vendus 0,1594 euros du kWh) qui se rajoutent aux 200 kWc

déjà produits et 200 autres à construire (plate-forme). Pour régler le problème d'épandage de ses fi entes de volaille, l'éle-veur a prévu de les composter puis de les brûler dans une chaudière (de 300 KW de marque Vali) dont le prototype sera testé grandeur nature dès l'an prochain sur son exploitation. Une première ! Cette solution présente l'avantage d'offrir à ses nouvelles poussinières des consignes de chaleur et d' hygrométrie choisies pour des résultats optimums. "Cela va amener aux animaux un maximum de confort dans le premier mois et donc de meilleures performances tech-niques. Et la chaleur produite excédentaire sera utilisée pour accélérer le séchage de bois bûche".

Un cercle vertueux"Je ne vais plus avoir aucune charge d'éner-gie mais des recettes !", apprécie déjà l'éle-veur pour qui l'intérêt du projet est aussi de régler le problème des déjections. Et l'enjeu est de taille. "La force de la Bretagne réside dans ses productions animales".Une force qui est aussi une faiblesse. "La Bretagne produit 5 milliards de litres de lait. On prévoit une augmentation de 20%. Les producteurs de lait vont avoir besoin de récupérer leurs terres et nous risquons de perdre nos plans d'épandage", projette ce responsable syndi-cal. "Pour régler ce problème de déjections, il faudra soit fermer des élevages, soit trou-ver des solutions pour garder notre potentiel agricole et agroalimentaire tout en conser-vant notre qualité d'eau". La solution ? "Traiter les déjections, redonner de la valeur à un produit qui est une charge". En com-postant les fi entes puis en les brûlant, l'éle-veur récupérera un produit riche en phos-phore et potasse. "Cela tient dans 4 camions et s'exporte contre un volume équivalent à 60 camions pour des fi entes compostées. Et puis les cendres se valorisent mieux, c'est plus facile à épandre donc plus attractif pour l'utilisateur", défend-il. Un projet qui est, d'ores et déjà, soutenu au travers du plan bâtiment du conseil général du Morbihan, l'Adème, le conseil régional et l'Agence de l'eau... Une économie tout aussi circulaire que vertueuse qui redonne ses lettres de noblesse au bon sens paysan mais dont le coût ne pourrait s'envisager que dans un cadre spécialisé.

Claire Le Clève

Plus de dindes et d'énergie produites à Trédion (56)

Jean-Michel Choquet envisage de construire deux poussinières de 1 700 m2 chauffées via un réseau de chaleur alimenté par une chaudière qui brûlera les fi entes de volailles produites sur l’exploitation.

A terme 650 kWc seront produits dont 250 kWcrêtes (vendus 0,1594 euros du kWh) sur les poussinières qui se rajoutent aux 200 kWc déjà produits (bâtiment et hangar) et 200 autres à construire (plate-te forme...)