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1 AFRO DESIGN & CONTEMPORARY ARTS JUIN / JUILLET / AOUT N° 5 AFRO FUTUR —ISM

Afrofuturism final

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AFRO DESIGN & CONTEMPORARY ARTS JUIN / JUILLET / AOUT N° 5

AFRO FUTUR —ISM

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Couverture:From the “C-stunner’s”, 2011 Cyrus KabiruCrédit photo: Shiramwangi

Merci à tous ceux qui ont contribué à ce numero:Jay One Ramier, Julie Crenn, Anna Djigo, Cecilia Tripp, Cyrus Kabiru, Anne Gregory, Kapwani Kiwanga,Julie Crenn, Emily Goedde, Edem Allado, Yinka Shonibare, Jean-Ulrick Désert, Mohamed Bourouissa, Jean Pierre Bekolo Obama, Chassol, Janluk Stanislas, Mamadou Cissé, Holly Bass, Kool Koor, Ntone Edjabe, Paul D. Miller (DJ Spooky), Landry Mbassi, Paul Sika, Mukwae Wabei Siyolwe, Marion Louisgrand Sylla

Direction de publicationCarole DiopPascale Obolo

Rédactrice en ChefPascale Obolo

Direction de projet Louisa Babari

Direction Artistiqueantistatiq™

Graphismeantistatiq™

Comité de rédaction Frieda EkottoKemi BasseneOlivia AnaniCamille MoulonguetMichèle MagemaPatrick de LassagneDjenaba Kane Sonia Recasens

Photographe AfrikadaaJean-Michel Quionquion (makrovision.carbonmade.com)

Tous droits de reproduction réservés.Contact: [email protected]

Juin 2013

www.afrikadaa.comwww.facebook.com/Afrikadaapagewww.twitter.com/afrikadaa

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EDITO!:Le mouvement AFRO-FUTURISM est-il un mirage artistique adressé aux communautés noires pour fuir un espace corrompu qui les a enchaînés physiquement et mentalement sous forme d’Alien-nation vis-à-vis de la société occidentale!? Chercher d’autres planètes comme le musicien et artiste Sun Ra, "ls de Saturne, qui voulait se désaliéner de son passé tout en y inscrivant son immortalité.Ce numéro restitue un éventail de médiums et d’artistes qui ont une vision novatrice des expériences afro diasporiques révolutionnaires et avant-gardistes d’un futur réel et imaginaire. Les articles témoignent de l’ère numérique, de fragments d’histoire, essais "ctifs et mythes, sous une perception immersive en 6.0 des arts contemporains.L’Afro-Futurisme serait - il un mythe ou une métaphore avec laquelle nous irions à la rencontre de la légende de Sun Ra avec Frieda Ekotto, Anne Gregory et Kemi Bassene en passant par le Next narrative de Jean-Pierre Bekolo Obama et la plateforme Pananafricanspacestation de Ntoné Edjabe fondateur de la revue Chimurenga à Johannesburg.Nous tenterons ainsi d’explorer l’élargissement des( im)possibles! grâce aux travaux d’ artistes rencontrés dans ce numéro. Essayons de penser l’Im-possible en interrogeant la notion d’Afro-futurisme!? Nous avons voulu à travers le temps et l’espace révéler une épopée surprenante où les éléments visuels et les récits liés à la science-"ction, aux voyages interstellaires, interplanétaires et à l’identité noire comme étant un «!alien!» traversant le mouvement des droits civiques, des luttes décisives contre l’esclavage et le colonialisme sur des milliers d’années pour nous conduire vers de nouveaux espaces spatiaux temporaires. Cherchant dans les di#érentes disciplines artistiques, l’histoire et les mythologies, nous voilà à la re- découverte d’un monde fantastique et futuriste dans lequel l’artiste fusionne avec la machine pour recréer un imaginaire singulier, en rupture avec tout e#et de réalité. L’espace se substitue au ghetto, le voyage interstellaire au récit des origines. Le futur comme allégorie politique pour revisiter l’histoire de la diaspora africaine et redé"nir par la même occasion le devenir de l’espèce humaine.Dans ce numéro, interrogeons la notion de l’Im-possible,!qui pour Sun Ra conduit! à la déréalité! de son être et à la mythi"cation de la réalité pour rationaliser un futur "ctif.! «l’impossible m’attire car toutes les choses possibles ont été faites et le monde n’a pas changé.»Ces bouillonnements hétéroclites du passé à l’aune du futur ne peuvent manquer de trouver un écho dans la production artistique contemporaine.La thématique Afro-futuriste est une occasion de fouiller le passé, d’explorer le présent, et d’imaginer le futur grâce à la sélection d’artistes que nous avons choisis dans ce numéro spatialement cosmique..Dans l’univers globalisé, AFRIKADAA réinvente son imaginaire et propose une relecture futuriste de l’art contemporain. Sun Ra, Alice Coltrane, Lee Scrach Perry, Rammelzee, Afrika Bambataa!sont les artistes qui m’ont porté dans l’écriture de ce cet édito.

The AFRO-FUTURISM movement is an artistic mirage addressed to black communities as an escape from a polluted world that physically and mentally enchains them in an alien-nation vis-à-vis western society. In his search for other planets, musician Sun Ra, son of Saturn, wanted to alienate himself from his past even as he wrote his own immortality.This edition displays a spectrum of genres and artists, all of which demonstrate innovative visions of African-diasporic experiences, a revolutionary vanguard of real and imaginary futures. We discover their work through articles in the digital age, fragments of history, which test !ctional myths in an immersive 6.0 perception of contemporary art.Afro-Futurism is a myth or a metaphor wherein we discover the legend of Sun Ra with Frieda Ekotto, Anne Gregory, Kemi Bassene, via the next narrative with Jean-Pierre Bekolo Obama and the pananafricanspace station platform with Ntoné Edjabe, the founder of the South African magazine Chimurenga. Through the work of the artists interviewed in this issue, we propose to explore the expansion of the (Im)possible. Can we contemplate the impossible by questioning the very concept of Afro-futurism?By moving across time and space, our intent is to reveal an unexpected epic of visual elements and stories linked together by their a"nity to science !ction, to interstellar and interplanetary journeys, and to black identity as “alien.” We travel through diverse and pivotal human and civil rights movements, as well as struggles against slavery and colonialism; we travel for thousands of years and traverses countless miles, ultimately leading us to new spaces and temporalities.Searching within di#erent artistic disciplines, histories and mythologies, we have re-discovered a world of fantasia, of the future. Here artists merge with machines creating singular imaginaries without a trace of reality. Space replaces the ghetto; interstellar travel takes the place of stories of origins. The future becomes a political allegory through which to revisit the history of the African diaspora and rede!ne the future of the human species.In this issue, we interrogate for ourselves the concept of impossibility just as Sun Ra rejected the fantasy of his being as that of an American myth, which had been imagined by the oppressor-other: “The Impossible attracts me because everything possible has been done, and the world did not change.”All the disparate bubblings of the past in the future cannot fail to !nd an echo in contemporary artistic production.With the works of the artists we have chosen to travel with in this spatially cosmic issue, the theme of Afro-futurism can be an opportunity for us to dig into the past, to explore the present and imagine the future together.AFRIKADAA must reinvent its conceptualization of globalization in order to propose a new futuristic re-reading of contemporary art.Sun Ra, Alice Coltrane, Lee Perry Scrach, Rammelzee, Afrika Bambataa are the artists who inspired me to concoct this editorial.

Pascale OBOLO

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AFRIKADAA AFROFUTUR—ISM

ART TALK06 AFROFUTURISM!: UNE DÉCONSTRUCTION MÉTAPHYSIQUE, UNE ÉQUATION ORIGINELLE - PAR KEMI BASSENE08 WHO RA!? - BY ANNE GREGORY10 THE MYTH OF SUN RA!: SPACE IS THE PLACE CRIES AFROTURISM - BY FRIEDA EKOTTO14 THE NEXT NARRATIVE - BY JEAN PIERRE BEKOLO OBAMA18 WHAT ACHEBE CONTINUES TO TEACH US - BY EMILY GOEDDE20 PEUT-ON PARLER D’UNE PRATIQUE FUTURISTE DE L’ART CONTEMPORAIN AU CAMEROUN? - PAR LANDRY MBASSI22 YINKA SHONIBARE!: A(RT)LIEN - PAR JULIE CRENN28 DESTINS NOIRS – DYNASTIES BLANCHES - PAR PATRICK DE LASSAGNE32 CHASSOL, DANS CETTE VIE ANTÉRIEURE - PAR CAMILLE MOULONGUET 34 UTOPIE... ANONYME - PAR LOUISA BABARI40 REMIX AFRICANA: COMPUTATIONAL CODE IN THE GENERATION OF “ART” - BY MUKWAE WABEI SIYOLWE42 LOWTECH SOLUTIONS FOR HIGH TECH CHALENGES - BY OLIVIA ANANI 44 LA PHOTOGRAPHIE AFRICAINE - PAR CAMILLE MOULONGUET48 LES PARTICULES PICTURALES D’ EDEM ALLADO - PAR PASCALE OBOLO52 THE MAN WHO DISCOVERED THE WORLD - BY LOUISA BABARI58 KOOL KOOR LOOKING FOR THE PERFECT BEAT - BY JAY ONE RAMIER62 TRAFIK D’INFO : FROM THE SLAVE SHIP TO THE SPACE SHIP - BY CECILIA TRIPP

PLACES66 PANAFRICANSPACESTATION, DEMATERIALIZED ART SPACE - BY PASCALE OBOLO

CONCEPT68 TRIBUTE TO A SHOOTING STAR - BY HOLLY BASS72 DUPLICITY!: «!VISIONS COSMIQUES!» - PAR MICHÈLE MAGEMA

PORTFOLIO74 MARC JOHNSON!: L’ALCHIMISTE - PAR CAROLE DIOP

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78 PAUL SIKA!: LE PHOTOMAKER 2.0 - PAR ANNA DJIGO

FOCUS82 KAPWANI KIWANGA!: UNE ARTISTE STELLAIRE - PAR CAROLE DIOP

ARCHITECTURE86 MAMADOU CISSÉ!: CITIES UPGRADER - PAR CAROLE DIOP

DESIGN90 YRUS KABIRU: FROM DREAMER TO VISIONARY

EXHIBITION REVIEW94 THUS SPOKE WANGECHI - BY ANNE GREGORY98 ROM BIRTH TO I-DENTITY - PAR SONIA RECASENS100 SAMTA BENYAHIA TRANSCENDE «!LE DRAP!» - PAR SONIA RECASENS102 POLITIQUEMENT INCORRECT!? - PAR SONIA RECASENS

CARNET DE BORD106 DJ SPOOKY THAT SUBLIMINAL KID - PAR CECILIA TRIPP

AFRIKADAA’S LIBRARY108

AGENDA 110

AFRIKADAA PLAYLIST! 119

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Aucune dé!nition n’est !nalement valide pour sonder les contours d’un mouvement qui pratique la distanciation comme en philosophie ou encore refuse les codes industriels artistiques pré dictés par le marché.Le penseur afro futuriste est par dé!nition un traumatisé culturel en construction qui très souvent se renomme comme pour mieux choisir sa naissance. Il regarde le monde tel un postulat mathématique et choisit la formule logique adéquate pour trouver ses “vérités esthétiques”.

Les cosmogonies africaines, notamment antique égyptienne et yoruba sont empruntées pour résoudre les “équations” posées par les conditions d’existence. Cette distance par rapport aux valeurs préétablies telles la philosophie occidentale ou son esthétique écarte les religions et laisse à la place, dédiée à la foi, un empirisme rationnel. L’approche métaphysique se retrouve ainsi dans l’imaginaire et les créations qui en découlent.

Afrofuturism: une esthétique de résilience ?Il n’est cependant pas véri!é d’attribuer ce concept sociologique uniquement à une partie des communautés noires. En quoi les troubles émotionnels subis par Abel Meroopol, enseignant juif à New York,

AFROFUTURISM!"#$%&'(")*+!'*,("$-&*./01),2!#3

!"#$&2!.*,("$(+,4,"#55#6 Texte et photo de Kemi Bassene

ART TALK

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lorsqu’il vit des photos de lynchage de noirs et répondit par le poème Strange Fruit, di"érent des troubles qui ont conduit Sun Ra à repenser son immortalité et à quitter sa condition d’homme ? De même, la musique de John Cage avec qui il partage l’approche abstraite et métaphysique pourrait alors être renommée euro futuriste et résiliente.

De la même façon que les musiciens de la renaissance se sont émancipés de l’église, Sun Ra a bousculé les compositions classiques orchestrales en doublant certains instruments ou en rajoutant des sonorités électriques et parfois «chaotiques»: un double madrigal futuriste.

“Celui qui contrôle le passé contrôle le futur!; celui qui contrôle le présent contrôle le passé.” Georges Orwell

Sun Ra, l’ange venu de SaturneDu bateau qui accoste à la navette spatiale qui s’apprête à décoller, la théorie chez Sun Ra investit une destination future pour mieux visiter le passé. L’exode par la pensée et par l’esthétique est le remède pour sortir du mythe et de l’aliénation mentale. L’espace remplace la terre et son in!nité est à l’image de la créativité.

«I came from somewhere else.» Sun Ra

Le mouvement Afrofuturism est-il une dérision adressée aux communautés noires elles-mêmes pour questionner leur peu d’intérêt pour les sciences !ctions ? Un domaine exploité quasi exclusivement par des auteurs blancs et qui, comme le décrit le critique d’art Samuel R. Delaney dans Racisme et Sciences Fiction écarte toute possibilité de changer leurs conditions aux

communautés noires. Si tel est le cas le conservatisme serait le ver qui ronge le fruit de la pensée#? Les troubles émotionnels issus de la Seconde Guerre Mondiale combinés aux sévices subis en Alabama ont été déclencheurs d’une conscience nouvelle: une vision et une volonté de se défaire des chaines invisibles qui contiennent la créativité et entretiennent le mythe. Comme Jean-Michel Basquiat ou Fanon, Sun Ra déconstruit les codes de la pensée pour trouver les remèdes de l’esthétique et de la sociologie de demain. Le silence devient une musique. Le chaos trouve son harmonie et l’espace est une terre promise.Une troisième composante s’invite au côté des éternelles corruptrices de la pensée que sont la vie et la mort pour Sun Ra#: l’immortalité.

Le concept Afro futuriste incarne t-il la branche abstraite, !ctive du Black Art Movement ?Le modèle assimilationniste américain a trouvé avec les artistes qui ont inspiré le Black Art Movement des résistants contre la pensée unique et l’esthétique imposée.

«Une !ction spéculative qui traite des thèmes africains américains et qui implique les intérêts des africains américains dans la technoculture du vingtième siècle#», Mark Dery.

Au Ghana, la foi en la continuité de l’activité après la mort conduit à préparer le défunt de sorte qu’il ait ses outils pour poursuivre son existence. Il n’existe nulle dernière demeure, la vie étant éternelle. Le personnage mythique de Njeddo Dewal dans les contes initiatiques Peuls de Amadou Hampaté Ba témoigne de la richesse africaine en

cosmogonies et en sciences !ctions. Cette philosophie de prolonger l’existence humaine dans le futur ne peut s’assimiler avec l’héritage colonial et o"re tout comme la réincarnation bouddhiste ou la renaissance afro futuriste une nouvelle palette de créativité et de rupture, quant aux formes d’asservissements esthétiques inhérentes aux peuples minoritairement représentés, de par leurs cultures.

Le deejaying, un acte de déconstructivisme au service des musiques urbaines ?Le futurisme artistique moderne bien que gangréné par l’industrie transporte le passé à travers le futur par le remix musical. La technologie moderne est la clé de l’évasion esthétique. Cependant les festivals de créations afro futuristes sont de nos jours sponsorisés par de grands groupes industriels, pour parfaire son image auprès du large public qu’ils déplacent. En littérature ou en cinéma, les mythes du passé o"rent des situations de chaos modernes libérées de toute forme de restriction. Un samouraï devient ainsi afro, un Thor devient noir. L’antinomie de la théorie afro futuriste réside dans la projection vers le futur de peuples en en recherche de leur passé occulté. Comment penser le futur tout en ignorant le passé est encore l’axiome de départ de l’application Afrofutiriste ?

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Long before Jean Michel Basquiat

wowed the art world with his

trademark bad boy, Afro centric,

sly, self e"acing, emancipating

paintings; before George Clinton

could say “Parliament” and

“Funkadelics”; before Rammellzee

suited up to battle the Word;

before Renee Cox $ipped the

script with her disturbingly

beautiful photographs that de/

reconstruct the socio cultural

myths sti$ing black females; even

before Octavia Butler wrote her

!rst sci ! story (at age 12) and

all the books that eventually

followed (which earned her a

Macarthur genius grant); and way

before house music, hip hop, and

rap; there was Sun Ra.

Who was Sun Ra? For starters,

he was a brilliant jazz keyboardist,

composer, pioneer of electronic

music, and bandleader

extraordinaire, categorically

o" the chain. Like a court jester,

he vacillated between zany

and profound usually in the

same sentence. A freethinking

intellectual, Ra rejected textbook

history and created an Astro

Black Mythology connecting

ART TALK

WHO RA?

.$"#7$*.8#$("$."$(5%$)*.+

Par Anne Gregory

“Sun, the pope of Afrofuturism” Design © Peter Dennett. Art Yard Ltd 2013

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ancient Egypt with outer space. He

concocted a fate of the universe based on

the Bible, the Quran, and Flash Gordon

comics and concluded “the only way this

world can be saved from being completely

destroyed is through music.” 1 So he

proceeded to make music that was out of

this world for 60 years.

“The only way this world can be saved from being completely destroyed is through music.”

1 Cotter, Holland. (2009, April 30).

Beamed From Tomorrow, New York Times.

A quote attributed to Sun Ra. attribute

Born Herman Poole Blount, in Birmingham,

Alabama, in 1914, he discarded his past

like some ill-!tting suit, got rid of his slave

name, too. He claimed to be from Saturn

and he was here with a message from

higher beings. “Space is the Place” was

his mantra. He touched down in Chicago,

New York, and Philadelphia and spread

that message through his music. Known

for his wacky Afro/techno attire, sparkly

robes and bedazzled crowns with whirly

gigs were worn as a uniform. Behind this

amusing façade (Ra had a wry sense of

humor and said he was the biggest joke

ever played on the world) there was a

sincere man on a serious moral mission.

The Sun Ra phenomenon can be

viewed as a metaphor for liberating

the African Diaspora from its

history of oppression into a future

of cosmic possibilities and in!nite

freedom. Indeed, Sun Ra felt the

burden of saving all humanity. He

said he hated people because he

loved them so much. That if they

weren’t in such a mess he could

have skipped his earth gig and

been a free spirit $oating around

the universe. But he shared the

love through his music and his

musings. The 1959 letterhead for

his Le Saturn Records label read:

“Beta Music For Beta People for a

Beta World”.

Once in a while you come across

an artist who blows your mind and

touches your spirit -- someone

who reaches for the highest human

potential instead of aiming for

commercial success. That’s Sun Ra.

His example inspires me to make

paintings that send out strong positive

energy – like his music. In my painting

“Of the Sun” a radial pattern suggests an

o"beat version of a mandala – an ancient

motif that represents the universe and

gives a symbolic o"ering.

Like Ra, artists across all media tell and

retell events as a way of revising the past

and holding the present accountable in

order to !x the future. After all, the survival

of the planet may depend on it!

Anne Gregory is an artist living in Durham NC, USA.# Currently she is working on a series of paintings called#Uprising#which explores con$ict and resolution in the context of world events focusing on Africa, the Arab Spring, and Wom-en’s Issues.##

“Of the Sun”, acrylic on canvas. !Sending it out to Sun Ra. ! © 2013 Anne Gregory

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“If we continuously allow white people to de!ne our space as artists - we don’t deserve to occupy that space as artists.”Mtume The Cricket

This re$ection by Mtume illuminates a fragment of Afrofuturist philosophy that is embodied in Space Is the Place, an 82-minute !lm produced by Jim Newman in 1974.1 The product of a course, which Sun Ra taught in 1971 at the University of California, Berkeley entitled: “The Black Man in the Cosmos,” the !lm stresses the importance Sun Ra placed on the transmission of knowledge to young people. Two scenes crystalize this: Sun Ra’s discussions with teenagers on the concept of reality and his !nal selection of the people who will travel with him in space in order to learn about the cosmos and the future.The !rst scene goes like this: A middle-

1 This "lm was directed by John Convey

and written by Sun Ra and Joshua Smith. It featured

the musician Sun Ra with his group, the Arkestra.

aged black man, dressed extravagantly in $owing robes and a gilded crown and $anked by two attendants in Egyptian masks, appears suddenly, materializing

out of nowhere, in the middle of a teenage youth center in Oakland, California. One of the teenagers, out of the many who regard the man with a mixture of disbelief and I’ve-seen-everything indi"erence, steps up and asks the only question that makes sense: “Are you for real?” He gets more than he bargained for, however, with this yes-or-no question. After all, he is asking Sun Ra, who, even if we describe him as musician, poet, philosopher and activist, we don’t begin to say it all. This is what he replies:I’m not real; I’m just like you. You don’t exist in this society. If you did, your people wouldn’t be seeking equal rights. You’re not real. If you were, you’d have some status among the nations of the world. So we’re

both myths. I do not come to you as a reality, I come to you as a myth, because that’s what black people are, myths. I come to you from a dream that the black man dreamed long ago. Sun Ra’s answer presents some of the central issues that his work considers. The !rst being, “What is reality?” This might sound trite, but Sun Ra was extremely serious in his approach to the real. For him “real” is a creation of racist and classist ideologies. And it need only be reality if you accept it as such—he does not. In this deep skepticism, we !nd resonances with another post-war artist and thinker from the francophone sphere, namely Jean Genet. Both he and Sun Ra worked intensely towards a total revision of our assessment of reality and other abstractions that are taken as givens but which are actually creations of racist ideologies. As I’ve written elsewhere, “Genet profoundly intervenes into the question of race by introducing it within the

THE MYTH OF SUN RA)9:;<$=>$?@<$/A:;<$;B=<>$.CBDCE?EB=>F

By Frieda Ekotto Professor of Afroamerican and African Studies - French and Comparative Literature - The University of Michigan, Ann Arbor

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framework of the philosophical skepticism of postwar European thought” (9). In Genet’s work Les Nègres we !nd “a critique of rational thinking that took the form of a critique of the tyranny of abstractions” (12).2 Sun Ra essentially does the same. In his music, political work, as well as in the history he created for himself, Ra dismantles Enlightenment-driven practices of reason and truth, instead insisting upon opening up reality. The fact that he claimed not to be earthly at all, but a member of the Angel Race from Saturn, only seems crazy until we stop and think about the way black men are constructed in dominant discourses. But Sun Ra was doing more than deconstructing, he was creating a new history as part of his cosmology, both of which were Afro-centrist at their cores. “I come to you from a dream that the black man dreamed long ago” reminds us that history, just like reality, is constructed, and Sun Ra is going to have to create a new history too, one that he draws

2 Ekotto, Frieda. Race and Sex Across

the French Atlantic: The Color of Black in Literary,

Philosophical and Theater Discourse. Lanham,

Maryland: Lexington Books, 2011.

from a powerful African past. In this way, Ra, like many other black activists since the 50s, demonstrates how black history and culture have been erased from o%cial histories. There is no such a thing as a black culture or history unless they create it.

“ I do not come to you as a reality, I come to you as a myth, because that’s what black people are, myths.”

It is in his creative work that Sun Ra’s philosophical approach is made manifest. Taking what white dominant culture o"ered, and completely rejecting its power over his reality, he transforms its historical and creative apparatuses by intentionally misusing them, bending and melding them into his own creative vision. We !nd this is his music, of which he wrote, “The only way this world can be saved from being completely destroyed is through music.”3 And we !nd

3 Cotter, Holland. “Beamed From Time.”

New York Times. April 30, 2009.

this in Space is the Place (1974) itself, which challenges the notion of genre by mixing di"erent genres such as documentary, science !ction, Blaxploitation, musicals and biblical dramas. Therein lies the power of Sun Ra’s work: the ability to simultaneously reject and to create, to expose and destroy the constructed power at the heart of dominant discourses. He combines music, writing and !lm and takes the disempowerment of slavery and turns it into a creative situation in which the absolute identity of African Americans is unknown to anyone but African-American themselves. As Brent Edwards writes, music helps black people to rede!ne themselves all the time: “the true voices of Black Liberation have been the Black musicians...the history of Black Music is a history of a people’s attempt to de!ne the world in their own terms.”4

4 Edwards, Brent Hayes. “The Race For

Space: Sun Ra’s Poetry.” The Immeasurable Equation:

The Collected Poetry and Prose of Sun Ra. Eds. James

L. Wolf and Hartmut Geerken. Norderstedt:

Waitawhile, 2005:29-57

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Sun Ra’s approach to reality, to history, to cosmology and to creativity has come to be called afro-futurist (the term was coined retroactively in 1994 by the critic Mark Dery). 1 Ra’s use of mixture as a source of power was surely prescient if not completely revolutionary. In Space is the Place, we !nd, for example, that his future, in addition to being created by his music, which plays with multiple genres, is also multi-cultural. This is exempli!ed by his !nal selection of people for the future, which includes, in addition to African Americans, a young Latina woman. This selection is powerful: he’s demonstrating what reality actually is, multitudinous, and what the future could be if we are brave enough, creative enough, and maybe even crazy enough to entirely reconsider our present and our historical realities.

“Sun Ra was doing more than deconstructing, he was creating a new history as part of his cosmology, both of which were Afro-centrist at their cores.”

Further Reading

Corbett, John. “Brothers From Another Planet: The Space Madness of Lee “Scratch” Perry, Sun Ra, and George Clinton.” Extended Play: Sounding O" From John Cage To Dr. Funkenstein. Durham: Duke University Press, 1994: 7-24.

Lock, Graham. Blutopia: Visions of the Future

1 We "nd this beautifully illustrated in John

Akomfrah’s 1996 "lm The Last Angel of History.

and Revisions of the Past in the Work of Sun Ra, Duke Ellington, and Anthony Braxton. Durham: Duke University Press, 1999.Szwed, John. F. Space is the Place: The Lives and Times of Sun Ra. New York: Pantheon, 1997.

Szwed, John. F. “Sun Ra, 1914-1993.” Crossovers: Essays on Race, Music, and American Culture. Philadelphia: University of Pennsylvania Press, 2005: 209-210.

Zuberi, Nabeel. “The Transmolecularization of [Black] Folk: Space is the Place, Sun Ra and Afrofuturism.” O" the Planet: Music, Sound and Science Fiction Cinema. VII (2004): 77-95.

Exhibition Catalogue: Pathways to Unknown Worlds: Sun Ra, El Saturn and Chicago’s Afro-Futurist Underground, 1954-68, ed. Anthony Elms (2007). This book documents an exhibition presented at the Hyde Park Art Center in Chicago from October 1, 2006 through January 14, 2007.

Sun Ra syllabus (according to this person who claims Jim Johnson gave him this information):https://sites.google.com/site/intergalacticresearch/coursesyllabus# Blog post about Sun Ra’s syllabus:#http://worldwithwords.blogspot.com/2009/03/sun-ras-syllabus.html Websites about Sun Ra:#http://weblog.liberatormagazine.com/2011/01/space-is-place-val-wilmer-photographs.html,#http://sensitiveskinmagazine.com/professor-sun-ra/

Recommended !lm: The last Angel of History by John Akomfrah (1996)

For the Sun Ra fans ‘Look out for the forthcoming Sun Ra release#In The Orbit of Ra#presented by Marshall Allen Director of The Sun Ra Arkestra and the extended release of Sun Ra’s cult Philly Jazz album#Lanquidity#cut from the original master tapes’ plus some amazing previously unknown and unreleased recordings from Sun Ra’s !rst tour of Europe in 1971, Intergalactic-ly Art Yard.

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We are narrative-beings. Our past, present and future lives are narratives. In the same way that we are oppressed by narratives, so are we liberated by them. What if living were just producing a narrative? This is not an easy task, as we can be led astray in the process by parasite narratives that distract us from connecting with our real identity—if there is such a thing. Is it a quest, or just

the transmission of a narrative written by others for you? The world is full of wrong-narratives. I am not sure that there is another place that has been the victim of wrong-narratives as much as Africa. Imagine all the narratives produced to make slave trade and colonialism possible. Imagine all the clichés and stereotypes. How can we continue to live with them? How do we make our way

through them?

“Our past, present and future lives are narratives.”

In the same way that there are individual narratives and destinies, so are there collective narratives. Some are passive;

THE NEXT NARRATIVEBy Jean Pierre Bekolo obama Pictures courtesy of!: Eyidi Nicolas & JPBekolo

ART TALK

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others call for action. France, for example, has been clear about its “civilizing mission,” its role in bringing culture to other parts of the world. A. Renan says: “Perhaps one day France, having completed its role and having now becoming an obstacle to human progress, will have to disappear.” We are now aware of dysfunctional-narratives, but we must become narrative savvy and rewrite the narratives in which we live when they doesn’t produce the results we expect. We see this in many African countries today where, for example, the State—the independent state, which people fought for and liberated from the colonizer, oppressor etc.—didn’t produce the narrative of well being Africans expected once the “white man” had been kicked out! There must be something wrong with the narratives of these African states that is not being addressed and that is crippling the dreams of Africans running their own countries. It is the same kind of wrong-narrative we might !nd between brothers or sisters who were separated by force and who cannot !nd a way to connect now that the constraints are gone. There is also the narrative of black people who leave aside their causes because the

president is black, but who would return if a white president again took o%ce. Because novelty and innovation come from the unexpected, we must leave behind old narratives and begin to generate ones that will help us produce a great future.

“There must be something wrong with the narratives of these African states that is not being addressed and that is crippling the dreams of Africans running their own countries.”

African Cinema of the FutureIn my book Africa For the Future1 I talk about the fact that Africa is its own narrative. Do you remember Stanley going to Africa looking for Livingstone and sending all those articles to the equivalent of the New York Times? Stanley’s articles created the Africa that still exists in Europeans’ minds today.#How di"erent is Stanley’s Africa from the

1 I write in French, although I have chosen an

English title.

Africa being portrayed in the media today? Since his time, Africa has been a place to be interpreted, a story to be translated for (and by) Europeans and Americans. So when we make !lms on Africa in Africa, we still work in translation, interpreting what is happening.As with most narratives today, Stanley speaks “for” an audience while Ntone Edjabe (editor of Chimurenga) tells “from” a place and “from” the people living there.The African cinema of the future shouldn’t be about translating, interpreting or explicating. Nor should it be about speaking to “ourselves,” as this doesn’t produce what Ntone is looking for; it is just another manipulation of language.African cinema of the future will be about places with people living in them. Telling “from” somebody and not telling “for” somebody.African cinema of the future will be a cinema of the unknown, the unfamiliar and the unexpected. It won’t be about bridging to the new with the familiar as an escort to the unknown.#Films now do not bring us tastes of the unknown; they rely so heavily upon explanations, translations and interpretations that there is no quest for meaning. They train

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us to only accept content whose meaning we know in advance. This comes from our tendency to bend everything to the reality we know by using metaphors and similes, like when we say: “It tastes like chicken.” Why can’t we accept the idea of di"erent tastes? We must learn that there are many places from which we can experience the world. Cinema as we practice it leads to the distrust of any adventure of understanding that could involve the slightest risk of di%culty and failure. Each !lmmaker should be asking his audience this question: “Will you understand me?” Nothing is assured from the outset, nothing is initially given. Everything is to be taken, or at least understood. We must#make e"orts to learn about characters and predict their behavior. What initially was unknown and perhaps disturbing becomes a place of recognition.Predictability is the problem of cinema today because it is used for seduction. This kind of cinema diminishes human#boldness, the courage and the desire to follow meaning constructed by someone else. It has insidiously#installed cultural expectations

that act as a kind of insurance against all risks of ambiguity, misunderstanding or disagreement. All of this prevents cinema from becoming a human adventure.

“African cinema of the future will be about places with people living in them. Telling “from” somebody and not telling “for” somebody.”

Biography:Jean-Pierre Bekolo Obama: writer, producer, director, editor, lecturerBekolo Obama has won a number of international awards for his directing and editing. His debut !lm Quartier Mozart received the Prix Afrique en Creation at the 1992 Cannes Film Festival. His second !lm Aristotle’s Plot was commissioned by the British Film Institute to celebrate the 100th anniversary of cinema. Other works for this event were created by Martin Scorsese,

Jean-Luc Godard, Bertolucci and George Miller, among others. His new book Africa for the Future#was published by Editions Dagan, Paris in 2009. He recently released the !lm Les Saignantes, which#premiered at the Toronto !lm festival, and which won the#Silver Stallion#and the Best Actress Awards at Fespaco 2007 in Ouagadougou. His#video installation An African Woman in Space#was exhibited at the Musée du Quai Branly in Paris in 2008. He has studied !lm semiotics in Paris with Christian Metz and has taught at the University of North Carolina, Chapel Hill and Duke University. While at The Clinton School of Public Service, he developed a media teaching method called “Auteur Learning,” which has been used at the Philander Smith College in Arkansas. He’s also the Secretary General of the Guild of African Filmmakers and founding member of the World Cinema Alliance.

Linkshttp://www.jeanpierrebekolo.comhttps://www.facebook.com/pages/Le-President/417533488266249

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This past February—Oscar season—a piece in the New York Times by !lmmaker and critic Nelson George caught my eye. It reminded me of Chinua Achebe’s classic essay “An Image of Africa: Racism in Conrad’s Heart of Darkness,”1 although George’s piece, “Still Too Good, Too Bad or Invisible,” was focused upon a few of the !lms that had been nominated for this year’s Oscars. “For the !rst time in recent memory race is central to several Oscar conversations”, George writes, but because the black charac-ters are only imagined as either very good or very bad, “Their humanity is hit or miss. These !lms raise the age-old question of whether or not white !lmmakers are ready to grant black characters agency in their own screen lives.” This “age-old question,” was, of course, one that Achebe !rst brought to our attention in his biting critique of Conrad’s rendering of

1 - Published in 1977 as “An Image of Africa” in The Mas-

sachusetts Review it was !rst delivered as a lecture at the

University of Massachusetts, Amherst, in 1974.

Africans: Either silent or frenzied, they were inarticulate and therefore inhuman. This, Achebe writes, is racism disguised as literature, and reading the novel without fully appreciat-ing this is to continue to ignore the harm this causes to the present (344). Achebe draws our attention to the racist inaccuracy of the gaze and implies how it obscures at least two impor-tant kinds of knowledge. First, of course, the dichotomy between silence and frenzy is false. Was it not Achebe’s project in his own novels to make sure that we see this fact? Second, in seeing African people as silent and frenzied we miss the actual complexities of real people—in other words, their humanity. Conrad’s Marlow misses them because he is too busy thinking about himself, but also because it never occurs to think of them otherwise. But the real trouble is that the ignorance is not limited to Marlow or even to Conrad. As Achebe makes clear by opening his essay with two examples in action, racism continues to be

created and perpetuated by assumptions that cloud our use of language and our practices of reading. In the !rst, a friendly, elderly gentle-man remarks that he’d never thought of Africa as having either literature or history—that “kind of stu"” (336). What it does have, we implicitly understand, is articulated by the sec-ond example, wherein an earnest high school student thanks Achebe for writing in Things Fall Apart about “the customs and superstitions of an African tribe” (337), a comment which, Achebe points put, only suggests the young man’s ignorance “of his own tribesmen in Yon-kers.” This is important, because not only does the young man read Achebe’s novel in such a way that it can !t into his own narrow world view—thereby missing the point of the work entirely—he also fails draw from it, as we can from all great literature, something new about the world that immediately surrounds us. This pair of men, despite their goodwill—Achebe makes clear these aren’t stereotyped

What Achebe continues to teach us By Emily Goedde

ART TALK

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racists, just the ordinary, unre$ective kind—remains caught with Marlow in a web of ignorance, one that is perhaps, but not neces-sarily, willfully created. And Achebe is deeply aware that its sticky power will not lose its grip anytime soon:In my original conception of this essay I had thought to conclude it nicely on an appropri-ate positive note in which I would suggest…some advantages the West might derive from Africa once it rid its mind of old prejudices and began to look at Africa … simply as a conti-nent of people. But as I thought more about the stereotype image… I realized that no easy optimism was possible. And there was, in any case, something totally wrong in o"ering bribes to the West in return for its good opin-ion of Africa. Ultimately the abandonment of unwholesome thoughts must be its own and only reward. (348)If the West were able to face its own history and the recurrent fantasy that Africans are

somehow not human much could be gained. Because without Africa and its forms and modes of knowledge, there is no complete sense of the world as it is. As Achebe puts it, “Travellers with closed minds can tell us little except about themselves” (347). Which makes me wonder what Achebe’s old man and high school reader could learn from the Oscar !lms this season. I’m afraid not much. It seems we continue to travel heedlessly through both the present and our collective history.

Note : Chinua Achebe was a Nigerian novelist, poet, professor, and critic. He was best known for his !rst novel and magnum opus, Things Fall Apart, which is the most widely read book in modern African literature.

* PhD Candidate, Department of Comparative Literature, University of Michigan, Ann Arbor

Works Cited :Achebe, Chinua. “An Image of Africa: Racism in Conrad’s Heart of Darkness. Heart of Darkness. Ed. Paul B. Armstrong. New York: W.W. Norton & Company Ltd., 2006. 336-349. Print.

George, Nelson. “Still Too Good, Too Bad or Invisible.” The New York Times. 13 February 2013. Web. 3 April 2013.

“Black characters are only imagined as either very good or very bad their humanity is hit or miss”

“We continue to travel heedlessly through both the present and our collective history”

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La question de la divergence du $ux de la

création dans l’art contemporain gagne de plus

en plus du terrain. Soutenue par des avis de

plus en plus contraires, parfois complètement

réfractaires aux techniques dites traditionnelles

(au pro!t des arts dits moteurs). Tant au niveau

des établissements tels que les galeries qui en

in$uencent très souvent la tendance – quand

elles n’en créent pas la «#référence#» le temps

d’un règne, selon qu’elles aient pignon sur rue

ou non - qu’au sein même des foyers artistiques

(collectifs, squats, espaces-laboratoires

d’expérimentations…etc.) et autres lieux de

production-di"usion culturels, la physionomie

que donnent à voir les divers partis pris

esthétiques - somme toute complexes - actuels

de production de «#pièces#» ou d’œuvres

d’art connaît en e"et une considérable

explosion. Comment appréhender ce total

branle-bas quand on est un artiste vivant sur

le territoire africain#; sous l’emprise de forces

socio-économiques incommodes et donc

bien en marge de toutes ces ré$exions qui

nourrissent les débats (intellectualistes) sur

le contenu de l’art contemporain aujourd’hui

mais encore, détourné des réalités profondes

et souvent ignorées du marché#(mondial) ?

Pourrait-on, par exemple parler d’une certaine

notion de futurisme dans l’art contemporain

camerounais. Quel le place faut-il !nalement

accorder au «#jeu du marché#» qui suppose

assez souvent de suivre la tendance#?

Il est assez escarpé de dire, en prenant

l’exemple du Cameroun - un environnement

en général, pourtant assez bien imprégné

de l’avancée technologique ambiante et de

tout ce qu’elle permet - que les artistes sont

en harmonie, de part leur pratiques et les

questionnements qu’ils soulèvent, avec la

notion de futurisme telle qu’elle est appliquée

aujourd’hui à travers le globe. Il convient

déjà de souligner que l’art contemporain au

Cameroun, quoique jouissant d’une côte de

célébrité non négligeable à l’international

grâce aux artistes de la diaspora, peine encore

à s’exprimer via les canaux «#usuels#» qu’o"re

le vaste univers de la créativité. Faute d’une

certaine implication tant revendiquée des

pouvoirs publics, l’art contemporain sou"re

d’un vide pressant en matière de contenus

esthétiques et techniques et d’absence de

véritables formations. Le milieu est caractérisé

par une carence criarde de plateformes de

discussions où artistes et critiques – quand

il y en a - pourraient échanger leurs points

de vue et amender leurs positions. Il est

ainsi assez exceptionnel de trouver, lors des

rares occasions d’expositions, des créations

artistiques traduisant une plus ou moins

assimilation des arts dits moteurs.

Néanmoins, certains artistes, incités par les

rencontres, les voyages et une désormais plus

nette ouverture au monde, se démarquent

par les choix et les propositions esthétiques

qu’ils soumettent à des regards, pas toujours

convaincus par ces prouesses technico-

cérébrales, mais somme toute charmés par tant

d’ingéniosité. Au rang de ceux-ci, se trouvent

aux premières loges, Em’kal Eyongakpa et

Joël Mpah Dooh, deux artistes – et deux

générations distinctes - dont les démarches,

antithétiques mais saisissantes, font

l’unanimité, autant pour ce qu’elles dégagent

comme émotions que pour leur capacité à

rentrer dans le moule du marché.

Mais pour tenter de saisir et de mieux cerner

PEUT-ON PARLER D’UNE PRATIQUE FUTURISTE DE L’ART CONTEMPORAIN AU CAMEROUN?

Par Landry Mbassi

A suivre! (2012 - 2013), video installation © Em’kal Eyongakpa

Sans titre ©Joel Mpah Dooh

ART TALK

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cette situation, il ne faut pas simplement

s’en tenir à cette présentation sommaire des

faits, la réalité ayant des souches encore plus

complexes et profondes que cela. En e"et, au

Cameroun, comme dans certains pays dits du

Sud, les arts en général sont essentiellement

longtemps restés et le demeurent, perçus

comme un instrument de dénonciation des

maux qui minent la société dans laquelle

évoluent les artistes. Les artistes plasticiens,

pour parler de ceux-ci, sont très souvent

associés à cette notion de «#justiciers#» qui,

de part les thèmes (paix, égalité sociale,

pauvreté et bien-être…) récurrents dans leurs

travaux, se voient souvent attribuer le rôle

de détracteurs, de «#haut-parleurs#» de ces

malheurs qui n’ont point de bouche. Rendant

par conséquent presque inconcevable aux

yeux du public, le fait que l’art puisse aussi

être le moyen d’exprimer des thèmes, des

sujets ou des faits moins graves, mais avec

autant de sérieux et beaucoup de poésie. Par

le moyen de canaux inhabituels tels que la

vidéo, la performance ou l’installation. C’est

ce que nous pourrons quali!er de pratiques

reacto-situationnelles à l’opposé de ce que

l’on a la possibilité d’observer dans le monde

occidental#où règne plutôt aujourd’hui

le média, l’information – consommée et

consumée à la vitesse du 4.G - qui prime sur la

situation, même si en substance, l’une – l’info -

a l’aptitude de modi!er/contenir l’autre.

L’art contemporain au Cameroun est donc aussi

et surtout teinté de cette identité là, bâtie sur

une longue tradition de «#manières-de-faire#»

et de «#manières-de-voir#» qui ont consolidé les

pratiques de plus d’un et légitimé des acquis

aujourd’hui di%cilement critiquables – selon

le contexte - mais pas forcément compatibles

justement et on le dénote bien, avec la

perception de l’art actuel tel qu’il se consomme

aujourd’hui à travers le monde. C’est ainsi qu’à

une exposition, on observera qu’une attention

sera plus largement accordée à une œuvre

dont le contenu et la forme rappelle tout de

suite quelque chose de communément (dans

le sens de vulgaire) partagé, une réalité qui

prend racine dans la mémoire collective. Un

fait divers, le portrait (bien réussi, donc à la

limite, hyperréaliste) d’une personnalité, un

paysage pittoresque soigneusement exécuté

sur une magni!que toile et etc. Les artistes, la

plupart du temps, conscients de cet enjeu, ne

s’essaient pas ou plutôt, ne se donnent pas la

peine de franchir ses frontières esthétiques,

de peur de ne plus être appréciés (à leur

«#juste valeur#») et d’êtres ainsi, bannis de la

«#communauté artistique o%cielle#».

“Au Cameroun, les arts moteurs sont parfois perçus comme une déloyauté vis-à-vis de l’art traditionnel.”

Dès lors, au Cameroun, les arts moteurs ou

les pratiques artistiques qui s’y rapprochent,

sont parfois perçus, et c’est Paul Virilio1 qui

s’en réjouirait, comme une déloyauté vis-à-vis

de l’art traditionnel. Il en résulte une situation

de catalogage (au sens souvent péjoratif) des

artistes au sein même de la communauté.

Mais, objectivement, cet état de choses ne

saurait pour autant discréditer la pertinence

des dynamiques collectives et des démarches

plurielles déployées sur le terrain par ces

1 Paul Virilio, écrivain philosophe et urbaniste,

co-auteur de «#Discours sur l’horreur de l’art#».

artistes, pour juguler avec le contexte, somme

toute exécrable.

Landry Mbassi est un artiste plasticien dont

la pratique est essentiellement orientée

aujourd’hui vers la photographie, la vidéo,

l’installation et les nouveaux médias.

Créateur multifacettes, manipulateur

infatigable du concept, il développe au sein

du collectif ATAC (autres territoires de l’art

contemporain) depuis 3 ans, une action

militante pour le développement de nouveaux

lieux d’expression, de création et de di"usion

de l’art contemporain.

En 2011, il participe à la création du collectif

Kamera (un regroupement de jeunes

photographes camerounais) avec pour objectif

de promouvoir cette discipline peu en vue

dans les réseaux de di"usion au Cameroun.

Actif dans le milieu des arts visuels et du

secteur culturel camerounais de manière

générale, il co-crée en 2010 l’association

Cultures Tous Azimuts dont il est le directeur

artistique, dans le but de mener des activités

de démocratisation de la Culture et d’intéresser

les populations locales souvent écartées des

problématiques de développement par l’art à

la chose culturelle.

Landry Mbassi est commissaire associé des

RAVY (rencontres d’Arts Visuels de Yaoundé)

et l’initiateur des Journées Photographiques

de Yaoundé (Ya-photo). Il anime également la

plateforme Art’frica-curate (sur facebook), un

espace virtuel qui se veut un lieu de rencontres

et de partage d’informations sur des projets de

jeunes artistes-curateurs d’origine africaine.

Performance à la fondation Blachère ©Joel Mpah Dooh

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Depuis les années 1990, Yinka Shonibare produit des sculptures, des installations et des vidéos mettant en scène une période historique!: le XVIIIème siècle en Europe. Pour cela, il s’attache à la reconstitution des costumes, du mobilier et des objets extraits d’une époque symbole non seulement d’un âge d’or économique, mais aussi d’une expansion coloniale. Au socle historique s’ajoute une lecture de son expérience personnelle. Né au Royaume-Uni en 1962, il grandit au Nigeria et revient faire ses études à Londres au début des années 1980. Depuis les années 1990, il développe une pratique artistique s’appuyant sur une utilisation des stéréotypes liés au continent africain pour produire un discours critique, politique et poétique.

Yinka Shonibare .GB?HA=<I

Par Julie Crenn, docteure en histoire de l’art et critique d’art

ART TALK

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Lorsqu’il revient au Royaume-Uni, Shonibare éprouve un véritable choc de civilisation. Il subit de plein fouet la séparation, découvre les notions d’altérité et de discrimination. Aux yeux des «#autres#» il incarne la di"érence. Il est l’étranger. Il est alors confronté à des problèmes liés à la couleur de sa peau, à ses origines et à une certaine idée de «#l’authenticité africaine#». C’est d’ailleurs cette dernière notion, que le jeune artiste va extrapoler. Sa ré$exion sur la question de l’identité débute alors qu’il est étudiant à la Byam Shaw School en 1984 où il suit une formation en peinture. Ses professeurs lui suggèrent de mettre en avant ses racines africaines pour ainsi «#africaniser#» son style. Ils attendent de lui un art qui soit «#authentiquement#» africain. Voyaient-ils en lui un représentant de «#l’authenticité africaine#»#? La couleur de sa peau, sa double nationalité font-elles de lui un «#pur produit africain#»#? Pourquoi devait-il se conformer aux attentes de l’expression d’un exotisme#? Une posture à laquelle il se refuse, pour ne pas être piégé dans une catégorie prédé!nie

et pour conserver son indépendance critique. L’artiste renverse et déconstruit avec pertinence et non sans humour le concept d’altérité. Il pose la question#: Qui est cet «#autre#»#?Shonibare se tourne alors vers le Dutch Wax, un tissu résistant imprimé de motifs variés et colorés. Un tissu qui a une histoire singulière. S’il est, dans l’imaginaire collectif, immédiatement associé au continent africain, il est au départ une invention hollandaise. Initialement fabriqué pour inonder le marché indonésien, les marchands hollandais ont dû se rabattre sur le marché ouest africain. L’appropriation a été immédiate et fulgurante. Les tissus, dessinés et fabriqués en Europe, sont devenus un symbole africain. Ce qui devait être une marchandise imposée par les colons s’est adaptée et s’est transformée en un bien continental, national, en un symbole culturel et identitaire fort. Shonibare croise ainsi une iconographie victorienne avec un tissu généré par une politique marchande et coloniale. Il ne l’achète pas en Afrique, bien

au contraire il se fournit à Brixton, un quartier multiculturel de Londres. Un quartier comme un miroir à la fois de son identité multiculturelle et de ses aspirations sociales#: un vivre ensemble sans stigmatisation et une décomplexi!cation par rapport à l’histoire coloniale. «#Dessinés et produits par des gens en Hollande et dans des usines anglaises, vous réalisez que c’est cela détruit complètement la méthodologie de ce séduisant objet africain. Cependant, c’est important, je ne vais pas en Afrique pour les acheter, de cette manière toute implication exotique devient fausse. Et, en fait, j’aime cette fausseté.#»1 En les introduisant pour la première fois dans son travail au début des années 1990, Shonibare s’approprie les valeurs esthétiques, symboliques et historiques, de tissus considérés comme «#authentiquement#» africains.

“Yinka explore le passé, les utopies et le futur pour en extraire les contradictions, les aberrations et les failles.”

AliénationsÀ travers une ré$exion sur l’histoire coloniale européenne et ses conséquences actuelles, il développe un questionnement autour de la !gure de «#l’autre#». Si «#l’autre#» est un étranger pour soi, il est alors considéré comme un inconnu, un être provoquant toutes sortes de peurs, de réticences. Cet «#autre#» va se matérialiser de manière à la fois ironique et radicale sous les traits d’êtres extra-terrestres. Depuis la !n des années

1 GULDEMOND, Jaap ; MACKERT, Gabriele.

Yinka Shonibare : Double Dutch. Rotterdam : NAI

Publishers!: Wien!: Kunsthalle, 2004, p.41.

‘Alien man on $ying machine’ 2011, Steel, aluminum, brass, batik and rubber, 250 x 450 x 450cm

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1990, des aliens ou bien des spationautes peuplent son univers foisonnant. Il explore ainsi un vocabulaire futuriste, où l’espace, l’inconnu, est entré dans notre quotidien. Les humains se déplacent entre la terre et l’espace, les extraterrestres s’humanisent, les di"érences s’estompent. En 1998, il réalise deux installations, Alien

Obsessives, Mum, Dad and the Kids et Dysfonctional Family (1999). Huit individus sont mis en scène, deux d’entre eux sont placés au centre et en retrait, ils sont remarquables du fait de leur plus grande taille. Il s’agit de la mère et du père d’une famille nombreuse puisqu’autour d’eux gravitent six individus de plus petite taille. Nous notons immédiatement qu’il s’agit d’êtres extra-terrestres, tels qu’ils sont pensés de manière collective. Une !gure devenue universelle qui s’est développée à partir des années 1950 dans la bande-dessinée, le cinéma, le dessin animé ou encore la publicité#: une tête proéminente,

un regard vide, des antennes, des membres longs et maigres. L’extraterrestre est l’être exotique par excellence, il est inidenti!able et il se situe en dehors de la Terre et en dehors du genre humain. Il est l’étranger absolu. Les membres de cette famille venue d’ailleurs, sont chacun recouverts de Dutch wax constituant leurs peaux multicolores,

imprimées de motifs géométriques et végétaux. Les personnages extraterrestres de Shonibare nous ramènent à des questions liées non seulement à l’altérité mais aussi à la recherche d’une place dans la société. La !gure extraterrestre est une métaphore de la menace que peut représenter l’étranger dans les sociétés occidentales. Si

nous nous référons aux discours politiques actuels et les scores grimpants des partis nationalistes (en France comme partout en Europe et dans le reste du monde), les familles immigrées ne sont pas les bienvenues. L’étranger serait la cause de tous les maux de nos sociétés. Des politiques et mentalités e"rayées par une soudaine invasion d’une horde de personnes immigrées qui viendrait mettre en péril la sécurité, l’économie, l’emploi ou le logement.

Dysfonctional Family met l’accent sur l’absurdité et l’hypocrisie liées à cette peur de la di"érence. Gilane Tawadros et John Gill

expliquent que dans l’imaginaire collectif des années 1950-1960, la peur de l’«#autre#» était incarnée par des !gures monstrueuses et fantaisistes, des extraterrestres hollywoodiens et autres personnages issus de la science-!ction. Aujourd’hui et plus particulièrement depuis le 11 septembre 2001, cette peur collective est associée «#à la !gure du migrant, le chercheur d’asile#», le terroriste ou encore le kamikaze.2 Dans une totale aliénation collective, nous avons assisté à un déplacement de nos propres peurs, amenant une série de décisions politiques prônant une exclusion intolérante. Jens Ho"mann écrit#:“En tant que membre d’un groupe minoritaire

au Royaume-Uni, je me suis souvent identi!é

aux extraterrestres dans le cinéma populaire.

[…] Je suis fasciné par l’anthropomorphisme

de l’extraterrestre. Au cinéma et dans les

photographies de mises en scène de rencontres

extraterrestres, les extraterrestres nous

ressemblent et pourtant sont distinctement

di"érents#: longs cous, grosses têtes, gros yeux

etc. L’idée de l’espace est liée à l’instinct humain

pour l’exploration à des !ns économiques ainsi

qu’à la curiosité. […] L’étrangeté est aussi la

source de ma créativité, elle est donc un atout

valable#: la di"érence est géniale.”3

Un instinct d’explorateur que Shonibare développe avec Vacation (2000), une installation présentant une famille humaine composée de quatre personnes#: deux adultes et deux enfants, tous vêtus de combinaisons spatiales fabriquées à partir de Dutch wax. Ici, ce sont les humains qui

2 TAWADROS, Gilane!; GILL, John. «!We Are

The Martians!», in Alien Nation. London : ICA : inIVA,

2006, p.11.

3 HOFFMANN, Jens. « The Truth is Out

There », in Alien Nation. London : ICA : inIVA, 2006,

p.39.

‘Dysfunctional Family’ 1999. Wax printed cotton textile. Four "gures (w x h x d)Father: 52 x 148 x 37cm, Mother: 40 x 150 x 36cm, Boy: 54 x 89 x 46cm, Girl: 36 x 69 x 30cm

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partent en vacances dans l’espace. L’artiste fait aussi référence à une nouvelle forme de colonisation. Il explique#: «#L’exploration de l’espace est l’expression d’une nouvelle forme de colonialisme tant qu’elle fournit une profusion de nouvelles possibilités, de la même manière que l’ivoire de l’Afrique au XIXème siècle a fourni de nouvelles possibilités de richesse. Les gens sont gourmands et veulent des territoires à explorer pour trouver de nouvelles ressources qu’ils peuvent changer en argent et en capitalisme.#»4 Il est intéressant de retourner le discours et de penser que lorsque Christophe Colomb a accosté sur les rives du Nouveau Monde avec son équipage, ou bien lorsque les premiers missionnaires européens se sont installés en Afrique, ils ont été perçus comme des extraterrestres par les populations autochtones. Nous sommes tous les étrangers de ceux que nous considérons comme les étrangers. Avec humour et subtilité, l’artiste inverse les points de vue en déplaçant le regard du prétendu «#dominant#» et ouvrant le champ de la perception a!n qu’il ne soit plus envisagé d’une manière unilatérale.

En 2002, il réalise Space Walk, une installation composée de deux spationautes dont les combinaisons sont conçues à partir de Dutch wax, ainsi que d’une capsule spatiale sur laquelle est inscrit le nom de Martin Luther King. Les deux personnages sont reliés par deux cordons en Dutch wax à la capsule. Ils portent des casques totalement noirs et opaques, empêchant le

4 BRUSCHI, Valentina. «!Interview with

Yinka Shonibare!», in Yinka Shonibare : Be-Muse.

Roma : Galleria Nazionale d’Arte Moderna e

Contemporanea : Museo Hendrick Chrtistian

Andersens, 2001, p.101.

regardeur d’identi!er leurs visages et leurs expressions. L’œuvre est présentée accrochée au plafond, surplombant le public qui se doit de lever la tête pour observer l’étrange scène $ottante. L’installation aérienne interroge le besoin insatiable des hommes de conquête et d’une fascination pour l’ailleurs. Pourtant, le fait que les combinaisons et accessoires matériels soient fabriqués à partir de Dutch Wax, nous laisse penser que ces futures conquêtes ne seront pas irrémédiablement

blanches/occidentales. Les personnages portent des casques spatiaux dont les visières noires et opaques, ne nous permettent pas de les identi!er (âge, race, sexe, traits de personnalité). Des indices auxquels il nous faut ajouter la capsule qui porte le nom du célèbre pasteur Africain-Américain, ce dernier implique la disparition des barrières raciales entre les hommes. À travers une iconographie futuriste et un héritage (historique, culturel et théorique), Yinka Shonibare réclame un avenir multiculturel, ouvert et libre. Être visible et ne pas être considéré comme un étranger

tel est son souhait le plus cher. Pour cela, il explore le passé, les utopies et le futur pour en extraire les contradictions, les aberrations et les failles.

Julie Crenn est docteure en histoire de l’art et critique d’art. Elle collabore régulièrement avec les revues Artpress, Africultures, Laura, Ligeia, Inferno, N. Paradoxa, Slicker ou encore Inter-Art-Actuel.

Various installation images from the ‘Invasion, Escape; Aliens Do It Right!’ exhibition at Anna Schwartz Gallery, Sydney.

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‘Space Walk’ 2002. Screen printed cotton fabric, "breglass, plywood, vinyl, plastic, steelAstronauts each: 212 x 63 x 56cm. Spaceship ca. 370 length x 153cm diameter

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(Toutes ressemblances avec des faits ou évènements s’étant produits seraient purement fortuites…)

Je fus le premier Prince Nègre régnant d’Occident. Je règne sur une principauté sise sur un rocher. Il n’y a aucun précédent d’un Prince Nègre dans l’Histoire. Bien sûr il y eut des rois nègres, mais ils ne furent pas a%liés aux grandes familles royales d’Europe. La constitution de ma principauté fut modi!ée à mon avantage en 2033 (j’avais 33 ans… 33 ans, cela ne vous rappelle rien#?), lorsque mon père, âgé de 75 ans et#sans descendance masculine autre que moi-même, dut se résoudre à me légitimer et me désigner comme son successeur. Mon père revenait ainsi sur la décision de son propre père. En e"et celui-ci avait fait modi!er la constitution en faveur d’une éventuelle succession par les femmes (ses deux !lles) en cas d’absence d’héritier mâle légitime qui serait issu de mon père. A l’exception de certaines dynasties (anglaise notamment) depuis Clovis, la loi salique a toujours prévalu. C’est-à-dire la descendance par les mâles et leur sang. Ainsi que la primogéniture#: le droit d’aînesse pour schématiser.

Je suis né hors mariage, donc bâtard comme on disait autrefois. Et ma mère est

noire et africaine. Je suis donc mulâtre. Mais ce terme, disons cette nuance n’a plus cours depuis Obama. En e"et, considéré comme noir aux Etats Unis, Obama était assimilé à un mulâtre en Europe. En accédant aux plus hautes fonctions en 2007, il a brisé un tabou concernant la condition noire. Que peut bien faire la couleur de la peau dans toutes ces matières#? Comme le dit alors un journaliste, certains virent en Obama un noir sublimé, quand d’autres voyaient un blanc bronzé. Et puis regardez tous ces visages d’enfants si divers et variés dans les cours de récréation de maternelle de nos années 2050, vous me comprendrez j’en suis sûr. A ce titre vous pourriez me reprocher de me dire prince nègre alors que je suis métis. Mais vous remarquerez que je dis nègre et non noir. Et bien je m’explique#: il fut un roi, l’un des plus grands peut-être, dit Guillaume le Conquérant, !ls de Robert de Normandie et d’Arlette sa maîtresse. Né en 1027, Guillaume perdit son père lors de sa huitième année lorsque celui-ci partit en pèlerinage à Jérusalem pour se recueillir sur le tombeau du Christ. Avant son départ pour le Saint Sépulcre, le duc Robert de Normandie avait fait jurer aux barons sur leur honneur que Guillaume serait l’héritier du Duché de Normandie. Ce !ls lui succéderait donc s’il venait à mourir. Mais

après la mort de Robert de Normandie, les barons trahirent. Ils tentèrent d’assassiner Guillaume, ce petit Duc de huit ans. Ils le jugeaient illégitime, car bâtard, puisque né hors mariage d’Arlette, la maîtresse de Robert.

Guillaume, vous vous en doutez fut choqué par cette tentative de meurtre orchestrée par les barons félons, et à laquelle il réchappa miraculeusement. D’autant que son père Robert de Normandie, avait aussi pris la précaution de mettre son !ls Guillaume sous la protection d’Henri 1er le Roi de France. La vengeance de Guillaume contre les barons fut implacable. Maintenant rendez vous compte que ce bâtard, allié au puissant Comte de Flandres par son mariage avec Mathilde de Flandres, fut couronné trente et un ans plus tard Roi d’Angleterre à l’abbaye de Westminster lors du Noël 1066#! Il devint ainsi le fondateur de l’empire anglo-normand.

J’en viens donc au fait#: Guillaume fut surnommé#: «#Guillaume le bâtard#». Et il l’assuma. Car ce mot bâtard, qu’on lui avait jeté à la face avec mépris et pour l’humilier, il le ramassa dans le ruisseau pour en tirer la plus grande gloire. Et ce mot, nègre, dont Césaire disait qu’on le lui avait jeté à la face comme un crachat, et bien à mon tour, moi bâtard, mais aussi nègre, à l’image de

DESTINS NOIRS/DYNASTIES BLANCHES

Par Patrick de Lassagne

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Guillaume et de Césaire, je les revendique pour ma plus grande !erté. Mais je veux surtout conférer ses lettres de noblesse au mot nègre. Car Guillaume pour qui le mot bâtard fut le problème de l’Histoire (autant que l’histoire du problème) s’est plus que bien occupé de ce mot. Il lui a légué sa noblesse et son propre prestige. Puis, avouons-le, ce mot n’a plus vraiment cours de nos jours. J’ai donc contribué à mon tour et à ma manière à dorer le blason du mot nègre. D’où #Prince… Nègre#!#N’est-ce pas deux beaux mots accolés l’un à l’autre#?

“Ainsi avec cette terminologie, Prince Nègre, j’aidais donc le noir, grâce aux forces du blanc qui sont en moi”

Cependant que l’on me comprenne bien#: personne n’est vierge de l’autre. Pas plus vous que moi. Donc je ne suis pas sans ignorer le blanc qui est en moi, et qui n’est autre que mon père… Et voyez-vous, du noir et du blanc, j’aide tantôt l’un, tantôt l’autre. En tout les cas celui qui est le plus opprimé des deux. Ainsi avec cette terminologie, Prince Nègre, j’aidais donc le noir, grâce aux forces du blanc qui sont en moi. Et par conséquent le nègre, qui est donc mon descendant par ma mère. Ne peut-il s’aider lui-même#me direz-vous#? N’a-t-il pas assez de puissance et de forces pour cela ? Et bien moi je vous répondrai simplement que l’union fait la force.Donc l’inverse est tout aussi vrai#: lorsqu’on opprime le blanc, et bien avec les forces du noir qui sont en moi, je l’aide.

Mais cela peut-être tout aussi bien l’indien ou le russe qui sont en mon !ls#ou en ma !lle! Puisque ma femme, la Princesse, est née d’une mère de l’ethnie Lakota d’Amérique du Nord et d’un père russe.

Bref, il fallut donc à cette si petite, et pourtant si célèbre principauté de bord de mer vieille de sept siècles, admettre l’inadmissible#: un prince nègre. Mais tout cela est déjà du passé…

(Toutes ressemblances avec des faits ou évènements s’étant produits ne sont pas fortuites…)

Pouchkine est en quelque sorte le prototype du personnage précédent. Il fut aussi un prodigieux visionnaire…

Né en 1799, Alexandre Pouchkine, russe et noble par son père, descendait par sa mère d’un camerounais, Abraham Hanibal. Ses riches contrastes !rent de lui une extraordinaire synthèse#: organique, sociale, intellectuelle, entre Afrique et Europe, Orient et Occident. Pouchkine est sans conteste le plus grand poète russe. Devant ce soleil noir de la littérature, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, Tourgueniev, Gorki, Tchéckov s’inclinèrent. Sa poésie révolutionnaire et sa prose unique créeront littéralement la langue et la littérature russe moderne.

Sa vie fût une tumultueuse odyssée#: noceur, joueur, séducteur, débauché, buveur, solitaire, mondain, bretteur, révolté… Rien n’arrêta Pouchkine. Pas même de dé!er le pouvoir en la personne

du terrible tsar de Russie Alexandre 1er. Condamné à l’exil, puis gracié par Nicolas 1er, il en reviendra auréolé de gloire. Mythe vivant, Pouchkine achèvera d’écrire sa légende au pistolet, durant ce fatal duel contre un o%cier français où il perdra la vie à 37 ans pour sauver l’honneur de sa femme. La mort de Pouchkine a&igera la Russie. Comme le dira l’un de ses proches#: «#Le soleil est percé d’une balle#».

Pouchkine, par son métissage racial, social, culturel était un trait d’union, un passeur entre les extrêmes. Entre sa vaste culture française (celle des Lumières, nec plus ultra pour l’aristocratie et l’intelligentsia russes de l’époque), base de son instruction, et sa connaissance du petit peuple russe auprès duquel il vécût en exil, deux extrêmes se rejoignirent, s’a"rontèrent et s’unirent en lui pour forger sa création littéraire. Comme il l’a%rme#:«#Je veux que chacun me comprenne,du plus humble jusqu’au plus grand.#»

“ Pouchkine est en quelque sorte le prototype du personnage précédent. Il fut aussi un prodigieux visionnaire…”

Tout en intégrant ces oppositions de classe, Pouchkine eût au plus haut point une conscience de race. Par ses recherches sur sa !liation africaine (Hanibal, son aïeul camerounais était le favori du tsar Pierre le Grand) son écriture s’enrichit de ses racines

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nègres et de sa communauté d’esprit et de sensibilité avec le peuple noir luttant pour son a"ranchissement. Exprimant son appartenance à l’Afrique, Pouchkine parle de «#ses frères nègres#» dont il souhaite «#la délivrance d’un esclavage intolérable#».

Dans la Russie autocratique et blanche d’alors, Pouchkine sait aussi se jouer des pièges tendus. Extrait#:

- A propos Mr Pouchkine, vous et votre sœur vous avez donc du sang nègre dans vos veines#?- Certainement, répondit le poète.- Est-ce votre aïeul qui était nègre#?- Non il ne l’était plus.- Alors c’était votre bisaïeul#?- Oui, c’était mon bisaïeul.- Ainsi il était nègre. Oui, c’est cela… Mais alors, qui était donc son père à lui#?- Un singe, Madame, trancha pour !nir Pouchkine.

La dé!nition de Victor Hugo#: «#Un poète est un monde enfermé dans un homme#» s’applique tout particulièrement au poête russe. Elle est l’exact re$et de son cosmopolitisme inné, de sa faculté à unir le divers, de sa propension à élaborer une vision universelle. Pouchkine contient le monde parce qu’il le «#comprend». Il le perçoit comme un tout dont il faut unir les parties. Accomplir sa mission de poète, consistait à saisir le singulier et l’universel, à tendre vers la totalité, à rêver une authentique communauté humaine.

L’oralité africaine, les régionalismes russes, les langues slave et latine, les dialectes locaux, l’histoire antique, les contes africains, la culture de l’aristocratie

pétersbourgeoise, la connaissance des serfs des provinces reculées, leurs folklores, ses origines mêlées, les luttes de classes, de races, blanche, noire et jaune etc. furent autant d’in$uences contradictoires qui nourrirent, enrichirent et bâtirent la savante dialectique de cet extra-ordinaire métissage oriental et occidental.

Ce melting-pot forgera une fulgurante transmutation littéraire. Dostoïevski dira#: «#Pouchkine, a toujours été, pour ainsi dire, un organisme intégral et achevé, portant en lui intrinsèquement tous ses principes, sans avoir à les recevoir du dehors. L’extérieur n’a fait qu’éveiller en lui ce qui était déjà latent au plus profond de son âme». Cette vision se doublait de l’acuité de sa conscience de classe et de race. L’alchimie pouchkinienne, synthèse singulière, unique et originale était une vision organique et aigüe du monde. Mais si Pouchkine eut la conscience de son temps, il eut aussi celle des temps à venir. En e"et, comment ne pas songer, déjà, ne serait-ce qu’à l’Europe,#lorsqu’on lit sous la plume de Dostoïevski#:#«#Pouchkine seul, parmi tous les grands poètes universels, possède la capacité de se réincarner totalement dans une autre nationalité. Il devenait bourguignon dans Le Chevalier avare, espagnol dans Le convive de pierre, anglais dans Le banquet pendant la peste, italien dans Angelo, arabe dans les imitations du Coran, allemand dans la scène du Faust. Il n’est pas d’autres poètes qui ait eu la capacité de résonnance universelle de Pouchkine, la faculté de réincarnation de son génie dans le génie des autres peuples#».

Eloge et exemple à méditer…

Nombres de personnages emblématiques des poèmes, nouvelles et pièces de théâtre, romans en vers ou en proses de Pouchkine deviendront les icônes du patrimoine littéraire et populaire russes. Ils seront repris par les plus grands auteurs qui immortaliseront et prolongeront la postérité du plus grand des hommes de lettres russe.

Au panthéon de la littérature mondiale, le mulâtre Pouchkine, ce héros national russe, se tient aux côtés de Goethe, Dante, Cervantès, Shakespeare ou Rousseau…

Laissons à Pouchkine le mot de la !n#:

Comme la lampe qui pâlitDevant l’aurore éblouissanteAinsi le faux savoir palpite et se consumeDevant le soleil de l’esprit.Que vive le soleil#! Et que meure la nuit.

Patrick de Lassagne est écrivain et scénariste. «#Périph’#» son dernier roman paraîtra !n Septembre aux Editions de La manufacture de livres. «#Sang bleu, sang noir#» son prochain roman est en cours d’achèvement.

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Le compositeur Chassol joue entre l’image et le son, et crée une oeuvre pénétrante et puissante dont les inspirations de notre époque ouvrent un monde inclassable, non-fantasmé mais dont les obsessions rejoignent tous les mondes possibles.

AFRIKADAA!: Dans tes "lms musicaux tout se passe comme si tu utilisais l’image comme un instrument de musique et la musique comme un instrument d’image. Comment vois-tu cette relation entre l’image et la musique ?

Chassol#: J’utilise l’image comme un matériau musical, bien plus que l’inverse. Lorsque j’ai commencé mes ultrascores, mon souci était tellement musical que je ne me souciais parfois absolument pas de la qualité du montage ou des accidents de l’image. D’un mauvais zoom en !n de loop pouvait justement naître l’intérêt d’une séquence. J’ai su que je voulais être compositeur de musiques de !lms vers l’adolescence. Les westerns de Sergio Leone, les séries

télévisées américaines et leurs scores avant-gardistes, mélanges savants de musique contemporaine, électronique, jazz, disco ou funk, les Walt Disney et autres mangas, West Side Story et sa synchronisation parfaite image-danse-chant-orchestre symphonique m’y ont largement poussé. Je suis né en 76 et j’imagine que j’ai très rarement vu une image sans son. D’ailleurs, cela existe t-il#? Lorsqu’en 1952 Cage nous dit que le silence n’existe pas, cela nous dit aussi qu’aucune image (même muette) n’est regardée dans le silence#: les bruits environnants sont toujours là. La relation image / musique ou si l’on préfère vision/audition existe toujours, je la vois comme une permanence. Michel Chion décrit l’audio-vision comme un illusionnisme dont le cinéma, l’art vidéo et le clip ont su exploiter les 1000 ressources. J’essaie de créer de nouveaux rapports, de nouveaux liens, de nouveaux «#trucs#» dans ce rapport permanent, multidimensionnel et transversal.

A: La Nouvelle Orléans, puis l’Inde, territoires divers mais dont les musiques sont dans une puissante continuité, t’ inspirent. Est ce de la pop ? De la musique contemporaine ? Comment les dé"nir ?

C: Interessant, c’est que les sujets !nissent souvent par nous trouver...Et non l’inverse. Pour «#Nola Chérie#» et la Nouvelle Orléans, c’est le musée d’art contemporain de New Orleans qui est venu me trouver. J’ai réalisé des mois plus tard le lien que je pouvais entretenir avec la créolité, le fait que mon père dirigeait deux fanfares aux Antilles et même l’idée que la ville soit un berceau du jazz. Pour l’Inde, même si j’aime la musique indienne depuis mon adolescence (via Shakti et John mac Laughlin), j’ai réalisé après le tournage que ma mère m’avait dit avoir ' de sang indien et à quel point elle ressemblait à une indienne…Comme une

Par Camille Moulonguet images courtesy of Chassol

Chassol, dans cette vie antérieure

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couli. Il y a toujours beaucoup plus de nous dans notre travail que l’on ne le pense et le lien ou le liant entre ces deux !lms est pour moi une chose assez simple#: mes obsessions harmoniques. J’ai depuis l’adolescence, voire l’enfance les mêmes envies d’entendre, les mêmes addictions harmoniques et elles sont très semblables de Nola Chérie à Indiamore. Je veux dire que j’aurais pu !lmer n’importe où, les suites harmoniques, les grilles d’accords auraient sans doute été les mêmes…. Ces deux mondes m’ont apporté de connaître un peu mieux encore mes obsessions et de les enrichir de nouvelles propositions apportées par les di"érents protagonistes (sitaristes, brass bands, chanteurs, poètes, danseurs etc…). Cette musque que j’essaie de développer est j’imagine un mélange de tout ce que j’aime... Du jazz (Miles Davis, Chick Corea) à la musique classique française (Ravel/Debussy) américaine (Bernstein, Copland), minimaliste (Reich, Riley) à la pop (The Cure, Beach Boys...) au Hip-hop (Busta Rhymes, Jay-Dilla), à la soul (Minnie Ripperton, Marvin Gaye, D’Angelo…) etc…

A : Le psychédélisme de Sun Ra t’inspires-t-il ? Et celui d’Andre 3000 ?

C: Lorsque j’entends ce terme, je pense évidemment à Sun Ra que j’écoutais pas mal adolescent et surtout à George Clinton dont j’ai eu la chance de faire l’ouverture il y a 10 ans au festival de Montreux dans le Hall Strawinsky (j’étais alors clavier du

groupe Phoenix). À l’époque du lycée (j’ai grandi dans une banlieue blanche ) tout le monde écoutait Parliament-Funkadelic et mes amis montaient des groupes comme Frisco ou Jam et 203 inspirés de nos aînés

de Sèvres la Mano Négra, la Malka Family ou 13 NRV… Je me souviens avoir été un peu en retrait de ces groupes, n’ayant à cause des tenues extravagantes de Bootsy Collins ou Clinton jamais pris cette musique au sérieux…un élitisme qui m’a poussé vers d’autres négritudes musicales comme Herbie Hancock et les headhunters, Miles Davis électrique, Tony Williams Lifetime par exemple. J’avais à l’époque l’impression qu’on ne pouvait être déguisé sur scène et être pris au sérieux (j’écoutais pourtant Zappa, les Béruriers noirs etc..).J’ai depuis revu mon jugement, heureusement. Sun Ra me semblait bien di"érent à l’époque et même si je n’ai jamais réellement plongé dans sa musique, je le respectais car il dégageait quelque chose de profond qui fédérait et son souci du beat n’était le même que dans le P-funk. Pour ce qui est de Paul Miller (Spooky)…J’avoue ne pas trop comprendre sa démarche, même si j’aime bien la personne. J’ai l’impression qu’il n’y a pas grand chose de futuriste dans ses collages de beats et de quatuors à cordes sur des images de Martin Luther King. Son travail m’apparaît plutôt comme une célébration du passé, une sorte d’Afro-Passéisme. Par ailleurs, et pour dire vrai, le psychédélisme ne m’inspire pas vraiment…À part peut être pour trouver de nouveaux rapports d’Audio-vision en ayant ouvert les portes de la perception. Quant à André 3000…Je le trouve beau et classe…Mais ne connais pas vraiment son œuvre à part Hey Ya et

quelques morceaux d’Idlewild.

A : Quelle serait ta vision science "ction du peuple noir dans le futur?

C: Je n’ai jamais pensé qu’il y avait un «#peuple noir#». C’est la vérité.

A: As-tu déjà un autre projet en tête?

C: Oui. L’adaptation au Brésil de «#Narcisse et Goldmund#» d’Herman Hesse en ultrascore d’animation (avec orchestre) et les idiomes de la musique symphoniques américaines que l’on trouve dans «#Rodéo#» ou «#Billy the Kid#» d’Aaron Copland.

Chassol sera prochainement en concert!:

Le 20 juin 2013à New York (USA)-#River to River#- Pear 15Les 28,29,30 juin 2013à Montréal (CA)-!Montréal Jazz!- Musée d’Art Contemporain de Montréal - Berverly-Rolph- WebsterLe 21 septembre 2013à Lyon (FR) -#Festival Les SubsistancesLe 07 novembre 2013à Bordeaux (FR) -#Rocher de PalmerLe 11 novembre 2013à Bruxelles (FR) -#BozarLe 28 novembre 2013à Paris (FR) -#Les Bou"es du NordLe 12 décembre 2013à Colombes (FR) - L’avant Seine

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Choisissant d’inscrire son travail dans une relation à l’oeuvre du photographe allemand du XIX e siècle, August Sander, Mohamed Bourouissa crée un protocole artistique qui consiste à réaliser des statuettes en résine de personnes en recherche d’emploi et af"liées aux Pôles emploi des villes et de leur banlieues. Un fab-lab mobile, permet à Mohamed Bourouissa de numériser la silhouette de ces anonymes à l’aide d’un scanner et d’une imprimante 3D et de produire une nouvelle représentation de cette population catégorisée. La production de cette statuaire questionne autant le statut des demandeurs d’emploi que le rapport que la société entretient avec la communauté des anonymes. Une partie de la production sera vendue par l’artiste sur les marchés des quartiers. Né à Blida en Algérie, Mohamed Bourouissa vit et travaille à Paris. Il est représenté par la galerie kamel mennour.

Par louisa Babariphotos : tous droits réservés à Mohamed Bourouissa et la galerie kamel mennour

Portrait de Mohamed Bourouissa Par Jean-Michel Quionquion

L’Utopie (De l’anglais utopia, mot inventé, en 1516, par Thomas More dans son livre Utopia construit avec le pré!xe grec ( - ou- de sens privatif et noté à la latine au moyen de la seule lettre u, et )*+(,, t*pos («#lieu#»), signi!ant donc «#(qui n’est) en aucun lieu#»). Anonyme (XVI e siècle) Du latin anonymus («#sans nom#») issu du grec ancien -.-/0(,, anônymos («#sans nom#»).

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AFRIKADAA: “ L’utopie d’August Sander” donne l’impression d’entrer dans une dimension futuriste de la représentation de l’Homme notamment dans un rapport ambigu à l’individualité et à la production de masse.

Mohamed Bourouissa: Je ne sais pas dans quelle mesure elle aborde une thématique futuriste, mais il y a une ré$exion autour des procédés techniques qui sont des procédés qui coûtent assez cher comme la stéréophotographie, procédé qui, dans les années 80, était hors de prix et qui servait à réaliser des sculptures. Aujourd’hui, la technique part sur l’impression 3D à très bas coût, disponible pour tous et accessible à chacun. Cela touche dans un sens une dimension contemporaine ou future de cette technologie liée au plus grand nombre.

Cette technique va beaucoup se développer. Le projet en soi parle aussi de cet aspect, de ce “non-travail”, avec de plus en plus de gens qui ne travailleront pas. Il y a donc deux lignes phares dans ce travail.

AFRIKADAA!: Vous avez travaillé le médium photo pendant des années et l’on entend souvent dire que cette nouvelle génération d’imprimantes, cette technique de reproduction représente une mutation de la photographie.

Mohamed Bourouissa: C’est une mutation de l’image. Je viens du monde la photographie, puisque j’ai commencé mes travaux en tant que photographe. Mes expositions ont été liées à ce médium et j’ai été reconnu avec lui. Quand j’ai pu accéder à cette technique, notamment avec les scans et les

imprimantes 3D, il y a eu un rapport direct à la photographie qui m’a tout de suite parlé. Une sorte de genèse comme pouvait l’être une genèse de la photographie, il y a un siècle et demi. J’ai été évidemment séduit et intéressé par ce médium, dans la mesure où je pouvais toucher au portrait et aux personnes par le volume. Il peut e"ectivement y avoir une sorte de mutation, mais je ne pense !nalement pas que cela en soit une. Nous sommes sur cette même idée de la naissance de la photographie puis du cinéma, comme une mutation de l’image !xe à l’image en mouvement.C’est juste un médium de plus qui s’intègre aux possibilités de création. La photographie a des spéci!cités que la représentation en volume n’a pas. C’est un amoncellement de plusieurs médiums, comme pourrait l’être le moulage, la photographie et tout d’un coup

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il y a cette énième possibilité.

Afrikadaa: Votre travail sur cette statuaire 3D rend hommage à des individus anonymes qui sont a#liés à une agence de recherche pour l’emploi. Ce travail ne crée t-il- "nalement pas un pro"l type d’individus, deux fois catégorisés, puis dans une vision d’anticipation, clonés à l’envi, comme les fameux “répliquants” de “ Blade Runner “ le "lm de Ridley Scott ? Cet hommage ne produit-il pas à son insu un homme - type déshumanisé ?

Mohamed Bourouissa: Ce travail est très lié à l’expérience. C’est vrai que j’ai pensé au début à mettre en place une certaine typologie liée à cette représentation. Mais ce qui m’intéressait c’était de rendre lisible la violence de la catégorisation des personnes. Rendre lisible la mécanique produite par le Pôle Emploi. Parce que tout d’un coup, il faut archiver, rentrer des types d’individus, des types de représentation. En numérisant les gens et en travaillant directement avec eux, on se rend très vite compte que chaque sculpture, chaque pièce représentée dans le projet a sa propre spéci!cité. Chaque pièce est unique et ne ressemble à aucune autre. Quand elles étaient revendues au marché, elles étaient vendues comme pièces uniques. Evidemment, c’est un projet très contradictoire. Très négatif par la catégorisation des personnes que je numérise mais qui a rendu hommage à chaque personne stéréophotographiée comme étant un individu à part entière. En aucun cas la machine, ou le système que j’ai produit rendra la complexité d’un individu. Il rend compte d’un instant «#t#» dans un lieu particulier qui est le Pôle Emploi. Des éléments qui sont inscrits dans un même

projet, peuvent aussi rentrer en contradiction ou dialoguer entre eux.

AFIKADAA!: Il y a dans le mouvement afrofuturiste, une relecture du passé à l’aune du futur. Pourquoi avoir intitulé le travail sur la statuaire 3D «!L’utopie d’August Sander!», August Sander étant l’un des pionniers de la photographie au XIX ème!? Quel est donc dans votre travail, ce lien entre passé et futur!?

Mohamed Bourouissa#: Il y a déjà une dimension a"ective et personnelle vis-à-vis de ce photographe. Je trouvais dans sa pratique, les mêmes prémisses liées à une technologie naissante. Ce qui s’est passé pour la photographie est en train de se rejouer pour ce type de technologie. C’est une technique qui va se développer et qui va prendre de la place un peu partout. Quant à la question de l’anonymat, plus le coût de fabrication est élevé plus ce qui va être représenté va avoir de l’importance. Si les coûts sont moindres et la technique plus facile à aborder, des sujets plus anonymes vont être pris en compte. Quand August Sander photographie des anonymes, ce qui fait œuvre c’est la photographie et non plus simplement le modèle. Ce qui n’était pas le cas, trente ou quarante ans avant ses débuts, quand on photographie essentiellement les sujets de la bourgeoisie. Dans mon travail, c’est la sculpture qui fait œuvre et non ce qui se place autour d’elle. Il y a donc un aspect similaire entre ce qui se faisait à l’époque et ce qui se produit aujourd’hui et ce qui va se retrouver plus tard. Des ponts, un parallèle se construisaient entre August Sander et mon travail. S’il faut parler d’Afrofuturisme en ce sens, il y a e"ectivement une construction qui se joue là.

AFRIKADAA!: August Sander voulait créer une cartographie de «!L’homme allemand!». A-t-il été dans cette mesure un précurseur, un pionnier avec le début d’une photographie conceptuelle au sens où l’idéologie du concept était plus importante que la production artistique elle-même!?

Mohamed Bourouissa: Oui, il y a le début d’une conceptualisation et surtout le début de toute une histoire de la photographie allemande. D’une école de la photographie allemande très forte. Il a été le premier à dire que la photographie servait davantage un propos qu’une esthétique. Ça n’enlève rien à la beauté et à la force de ses photos.

AFRIKADAA!: Dans ce projet utopique, ce qui vous intéresse en tant qu’artiste, est-ce l’antichambre du projet, sa conceptualisation ou la production de l’œuvre en elle-même!?

Mohamed Bourouissa: Ce qui m’intéressait le plus c’était ce qui était «#en devenir#». Concept et production sont de même nature. Les éléments que je présente en!n sont des comptes-rendus. Je les appelle des hamburgers parce que ce sont des empilements d’idées, de choses posées qui n’ont pas une !nalité de l’ordre du discours. Ce sont des éléments qui sont ouverts dans le projet. Ni temps, ni futur, ni passé. Un élément constamment «# en cours de#».

AFRIKADAA!: J’ai regardé l’ensemble de votre œuvre et notamment le travail photographique que vous avez intitulé «!Temps mort!».

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Il y a certains éléments de ce travail qui m’ont fait penser à des passages de «!Solaris!», le livre que Stanislas Lem a écrit en 1962. Dans cette oeuvre, vous utilisez fréquemment la notion d’espace-temps. C’est aussi une notion bidimensionnelle qu’aborde Lem avec la description de cette planète, qui est une base de recherche située entre deux soleils et qui reste une énigme pour les scienti"ques. Il décrit la présence d’une entité intelligente (l’océan Intelligent) qui conditionne l’espace-temps et le cerveau des hommes. Le dispositif mis en place dans ces photographies produit à mon sens un e$et semblable de conditionnement très fort du temps, des lieux et des sujets. Une matière intelligente et autonome qui échapperait à toute représentation et qui transpose les contenus vers un ailleurs, un espace-temps totalement dématérialisé.

Mohamed Bourouissa#: Cette notion de matière intelligente, je la conçois en terme de «#grille#» et je crois que le choix dans ce projet est un choix de surface même de l’image. C’est cette grille qui donne cette lecture de l’image. Je me suis retrouvé face à deux choix. Sur un projet réalisé en prison, il y a un type de grille o%cielle, lié à la qualité de l’image, avec laquelle je pourrai avoir une image très photographique ou le !ltre, la grille de lecture sera liée à la censure d’une autorité. J’avais choisi pour ce projet un autre type de grille, qui était pour moi davantage émancipateur, celle de la technologie du téléphone portable. Cette matière que tu dé!nis comme intelligente est liée à l’outil même de réalisation du projet et à deux temps di"érents. Le temps extérieur, qui s’aborde di"éremment du temps de la prison. La technologie du téléphone

portable donne cette transversalité aux deux temporalités, le temps intérieur d’un espace d’enfermement et le temps extérieur. Ces images sont la jonction entre ces deux dimensions .

Sans titre (Temps mort), 2008-2009. Photographie couleur, 98,5 x 80 cm, © Mohamed Bourouissa

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Pages 35, 38 et 39 : “L’utopie d’August Sander”, © Mohamed Bourouissa

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There is no debate when it comes to the in$uence of Africa on modernity. In the art world, this is most evident in the Cubist movement of the School of Paris – especially in the works of Picasso and Matisse. Africa inspired early modernism. The !rst “Modern Art” was previously something of African origins that had ritual, spiritual, or decorative signi!cance. Paris manipulated the originals, stripped and re-con!gured them. Remixed.

In his essay, The Work of Art in the Age of Mechanical Reproduction (1936), Walter Benjamin makes me ask what is African futurism when what is considered modern and new was already there in a previous manifestation in Africa? Have we completed a full circle several times over? What does computer generated art re-present and

replace? Is hyper-reality the grandest of magical illusions. Or is it the ghosts and shadows of the ever-present past? The ultimate remix could be the encounters with Ogotemmêli, a blind, hunter Griot from Mali, who told the French anthropologist Griaule (1965), that there were rings on Saturn, moons orbiting Jupiter, and that Sirius, the brightest star in the sky, had at least one companion star. He knew these things without ever having seen or heard of a Hubble telescope! This remix has spun countless UFO conspiracy theories and pieces of art.

According to Marxist political theorist Jameson [1991], we have completed Post-Modernisms “spatial turn”. The !nal frontier, the colonization of space is predicted by

the sci-! genre Star Wars and Star Trek. Avatar, with its virtual blue people with braids, who have languages, customs and landscapes with limitless boundaries, are to my de-colonized mind, simply appropriated constructed images that hold no fascination. These narratives tell us we have indeed crossed over, but from where ? Africa perhaps? The implication suspiciously smacks of a remixed colonial project. We can take the development of interface back to the phantasmagoric force of alchemy, Al-Chemi of Kemet or ancient Persian visionaries like Alghebra. We can look at how the internal drama of allowing a number, a beat, to replace a letter has unfolded over time into programming and computational code. The future western messianic trope tells us that there is no going back since an apocalypse

Remix Africanaby Mukwae Wabei SiyolweAll images © Mukwae#Wabei#Siyolwe

'DF9E?:?=DI:A$'DJ<$=I$?@<$4<I<B:?=DI$DC$K.B? L

Makishi Unmasked by!Mukwae!Wabei!Siyolwe

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is coming -- take cover and be very afraid. No going back not even to analog, vhs, for goodness sake, even cd’s are already obsolete. But wait...they will come back. Like the platform heel or the bustle, we cannot resist taking what was already there and remixing it even if that manifests as silicone buttock implants thanks to the Hottentot Venus. The market insists it will come back and be remixed.

Even if the science of computer code has traditionally been associated with western, modern, post-industrial, time-based statistical techniques that allow the extraction and addition of de!ned $ows of information to be drawn, allowing for the con!guration of coherent systems and structures. This is what the authorities say yet we all know it all started with a drumbeat. Code has always been a $exible, $uid yet complex structure founded on ancient philosophical and aesthetic principles. The resilience of code shows us it is a far more open reality and o"ers participatory action creating opportunities to build real communities. We go from being consumers to producers and narrators of or own worlds and realities through barcodes, micro chips, instagrams, twitter, facebook, blogs, websites, pod casts, posts, likes, shares, hash tags and more. All are evidence of code as a democraticising tool.To many, including the author, code is seen as emerging from its former cognitive knowledge base in oral mythology from drum rhythms whose symbolic world stood in for realities known only to the participants. Perhaps this code came about out of ecological necessity to signal the annual imminent $ood for the Barotse during Kuomboka or as a way of marking time for

them or heralding rites of passage or just for passing into a trance on a long hot night in the bush for the !Kung of the Kgalahari. Or is it something that just sprang from itself, from the genius of the western mind? I don’t think so. Who would have thought that the simple movement of a hand with a stick could become what we now know as a digital code and is now the dominant system of communication that mediates all exchanges and expresses some sort of meaning for all participants?

What is happening when an artist like me is moved to impress her vision on a previous piece of utilitarian or ritualistic object like a Makishi mask from Barotseland or maybe even a nuclear fallout on a kids t-shirt by the Lyambai (Zambezi River)? Reproduce it. Such is the logic and imperfection of generating art in the digital age. Every image has a reference of something else, nothing is original. It’s all a remix.

“What is African futurism when what is considered modern and new was already there in a previous manifestation in Africa?”

Mukwae Wabei Siyolwe is a Princess from the Kingdom of Barotseland, an artist and a social scientist who likes to travel, compose music, meditate, write, create hybrid experiences, cook, dance and live in the moment.

Unf#$k the W@rld by!Mukwae!Wabei!Siyolwe

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What can we say about digital arts in Africa?#First of all, we have no intention of rambling on about whether the average farmer on the continent, or even the young IT student can a"ord the west’s latest digital toy. We know most of them cannot. But we can state with assurance, that the inability to purchase new, high technology equipment and update it regularly through global distri-bution channels, does not in any case, imply that the continent’s artists would not be able to play a part on the global digital scene.

Indeed, one thing we do know for sure about the continent, is it’s people’s ability to sail beyond limitations of all sorts to discover through creativity a new, unique and e%-cient way of doing things. The work of Jean Katambayi Mukendi for example, illustrates that idea very well. Born to an electrician father and a mother from whom he learns the art of DIY (Do It Yourself), the young man found his inspiration and earliest experiences with cardboard, mathematics and electronic systems not in school, but at home. Recipi-ent of the “Prix de la Découverte” – Best New Artist – hosted by the Blachère Foundation at the Dakar Biennial in 2010, the young artist creates impressive electric systems, calcula-tions and educational machines addressing the question of power supply and life in Congo.

Just like him, many artists working with digital technology are self-taught, and for producing their craft they have to rely on cre-ativity over technical or academic training. Consequently, their practice often involves technology, materials and mediums that are easy to !nd in their immediate environment. They come from IT schools, Internet cafes, classic !ne art academies and even electric engineering…

Luckily, creativity doesn’ t have to be an individual pursuit and as a result, digital collectives, art spaces, festivals and resource centers have been critical in hosting work-shops, sharing skills, raising resources and creating exposure for young and more established artists. Among them, Kër Thios-sane in Dakar and its Afro-Pixel Festival, the Trinity Session in South Africa, the E-Fest in Tunis, the African Digital Art website and platform based in Kenya are some of the most active on the continent. Inter-national platforms in the !eld such as the TED Conference on innovation, the magazines MCD (Digital Music and Culture) and Digitalarti have also shown their support to the continent’s booming digital art production. The number of academic institutions in Africa o"ering speci!c training on the use of digital and technological tools

for artistic purposes is also increasing. While we believe that the self-teaching culture will remain a strong trend, these collectives, schools and institutions are already the breeding ground of new talent.

Just like Emeka Ogboh’s work on the sounds of Lagos, Africa’s new digital artists have made the deliberate choice to maintain a close relation with Africa’s daily concerns and contribute their unique view of the places they live in, all while exploring aesthetic pursuits of their own. In the near future, art and innovative applications using smart phone technology, widely available to urban as well as rural populations, will also be a big trend. In a non-$ashy way, Africa has already crossed the technology divide by using low-tech solutions to solve high tech chal-lenges… it’s own way.

LOW-TECH SOLUTIONS FOR HIGH TECH CHALENGESBy Olivia Anani

Right page : atelier Defko Yaw Rek - Usinette Afropixel #3 2012Below : Hobss Neustetter et en légende “Entracte - Afropixel 2010”

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PRINCIPAL ACTORS OF DIGITAL ART IN AFRICA :

Trinity Session (Joburg, South Africa) - http://www.onair.co.za - founded by Stephen Hobbs and Marcus Neustetter,

The E-FEST festival (Tunis, Tunisia) - http://www.lefest.org – First digital art festivalin Maghreb founded by A!f Riahi ;

Kër Thiossane, House for multimedia art (Dakar, Sen-egal) - http://www.ker-thiossane.org

RAVY (Yaounde, Cameroon) - http://ravy2010.blogs-pot.com – Visual arts festival in Yaounde;

Jepchumba (Naïrobi, Kenya) : Kenya artist, founder of the platform African Digital Art (http://www.africandigitalart.com)

The network Upgrade! International - http://www.

theupgrade.net -With Upgrade! Dakar and Upgrade!

Joburg. The international network on art, technolo-gies and culture. International Festival of Visual art and new medias (Casablanca, Maroco)

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Le marché de l’art africain a une histoire très singulière. Après n’avoir existé que pour ses objets rituels, l’art contemporain africain a littéralement surgi sur le marché entre 2002 et 2007, période durant laquelle sa cote augmente de 370% selon les chi!res de Artprice. Depuis 2010 elle a augmenté d’un peu plus de 20%. Dans ce contexte pour le moins singulier, où se situe la photographie"? La photographie africaine n’a pas tout à fait la même histoire puisque son existence a commencé totalement en dehors du marché international. Les photographes comme Malick Sidibe, Seydou Keita, Jean Depara vendaient leurs clichés à la population locale, des portraits de rue ou en studio. Le marché

de la photographie africaine commence avant tout en Afrique, avec une o!re et une demande cohérente. Seydou Keita avec sa chambre 13x18 réalise des dizaines de portraits par jour pour les habitants de Bamako et aujourd’hui les tirages grands formats signés de sa main se vendent à 60 000#. C’est dans les années 90 que le marché de l’art international commence à s’intéresser à cette photographie jusqu’à décerner le prix Hasselblad en 2003 à Malick Sidibe, en 2007 il recevra le Lion d’Or de la biennale de Venise. Et c’est à partir de là que son histoire a rejoint celle du marché de l’art contemporain africain, avec des cotations qui n’ont cessées d’augmenter depuis 10 ans.

La photographie africaine dans le marché de l’art internationalAuteur : Camille Moulonguet

Sammy Baloji, Femme Urua sur fond d’acquarelle de Dardenne (Luba woman against watercolor by Dardenne), Série : Congo Far West: Retracing Charles Lemaire’s expedition, 2011, épreuve numérique archivique sur papier Hahnemühle PhotoRag, 308 gr/m3, 100 x 231 cm, Courtesy de l’artiste et Imane Farès.

ART TALK

Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand de la galerie-Magnin-A

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Pour les collectionneurs cyniques ce marché est une aubaine! Pourtant s’il s’est ouvert aux portraitistes des années 50-70, le marché a du mal à donner une place forte aux jeunes photographes du continent. Il y a Baudouin Mouanda, jeune congolais originaire de Brazzaville, dont le travail le plus connu sur la «#sapologie#» lui a donné une certaine visibilité sur la scène internationale. Et puis le camerounais Rodrigue Mbock présente sa vision de l’Afrique avec une sensibilité et une intelligence qui présagent d’un travail très fécond. Les autoportraits troublants du très jeune Kinois Alain Polo placent d’emblée son travail dans une démarche artistique puissante. Mais !nalement celui qui s’en sort le mieux du point de vue du marché c’est Sammy Baloji, représenté par la galerie sud-africaine Momo Gallery et dont le travail suscite beaucoup l’intérêt. La galerie n’a d’ailleurs aucun tirage disponible à la vente de cet artiste.Le marché de la photographie africaine existe, mais il reste très fermé avec une petite dizaine de noms qui tournent en boucle dans la bouche des marchands et des collectionneurs. Sa perspective est dans sa diversi!cation et son ouverture.

Sammy Baloji, un discours et une œuvreIl arrive souvent que l’œuvre ne soit pas à la hauteur du discours qui l’accompagne et une démarche passionnante qui n’est pas sublimée par l’œuvre manque le champ des arts plastiques. Chez Sammy Baloji, l’œuvre transforme la pensée avec une puissance exceptionnelle. Né en 1978 à Lubumbashi en République démocratique du Congo, Sammy Baloji vit et travaille entre Lubumbashi et Bruxelles. Il réussit à faire vivre l’histoire de sa région, le Katanga,

autour des thèmes de la colonisation et des mutations qu’elle a entrainé dans ses montages photographiques qui mêlent archives et photographie actuelle. Son œuvre a été présenté en Afrique, aux Etats-Unis, en France et est présente dans de nombreuses collections privées et publiques à travers le monde. Ses tirages récents sont vendus à 18 000 euros et sont exposés jusqu’au 30 Juin 2013 à la galerie Imane Farès à Paris.

Samuel Fosso, lui-même comme un autreSamuel Fosso est né à Kumba au Cameroun en 1962, il commence son travail artistique en !nissant les pellicules entamées pour ses clients dans son studio de Bangui qu’il avait ouvert à l’âge de 13 ans. Profondément immergé dans la photographie de studio, il pousse le genre à l’extrême jusqu’à transformer son studio en espace de

théâtralisation et d’idéalisation. Il réalise des auto-portraits dans lesquels il incarne des personnages familiers ou publics. Au cours de ces prises de vue Samuel Fosso

disparaît littéralement et surgit alors le personnage qu’il évoque. «#J’emprunte une identité. Pour y réussir, je me plonge dans l’état physique et mental nécessaire. C’est une façon d’échapper à moi-même. Un passage solitaire.#» explique Samuel Fosso. Il réalise notamment une série intitulée «#African Spirit#» où les grandes icones de Césaire à Lumumba en passant par Malcolm X traversent son corps, le temps de la mise en scène.

Le point de vue de Jean Loup Pivin co-fondateur de la Revue Noire et de la Maison Revue Noire.

Afrikadaa!: Pouvez vous nous parler de l’évolution du marché ces vingt dernières années concernant la photographie africaine!?Peut-on parler de marché de la photographie africaine quand on voit les quelques ventes spécialisées sur la photographie africaine faire de si piètres résultats#! Et de voir se réduire la connaissance de la photographie africaine à moins de 10 noms. Pour le “marché” et son public elle n’existe pas encore.#

Afrikadaa!: La création contemporaine africaine et la photographie ont elles eu le même parcours!?Oui et non. Néanmoins leur reconnaissance a été simultanée dés le début des années 1990 avec la conjonction du travail de Revue Noire qui a révélé plus de 3500 artistes en dix ans dont 600 photographes, la création de la Biennale de Dakar «#Dak’art#», puis plus tard, en 1994 la création des Rencontres de Bamako et deux premières tentatives de Biennale à Johannesburg. Au même moment, la

Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand “Walther Collec-tion”

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collection pionnière de Jean Pigozzi avec le travail d’André Magnin se concentrait principalement sur l’art actuel et inspiré africain. Dans la lignée de l’exposition «#Les Magiciens de la Terre#», l’exposition itinérante “l’Afrique par Elle-Même” associée à son catalogue «#Anthologie de la Photographie Africaine#» montée par Revue Noire et dont le périple mondial a commencé à la MEP à Paris en 1998 reste fondatrice d’une histoire de la photographie africaine et de sa pluralité, ne la concentrant pas uniquement sur la photographie de studio.#Ensuite se sont agrégés d’autres acteurs. Les années 2000 seront marquées par l’ambitieuse et itinérante exposition «#Africa Remix#» du Centre Pompidou de Paris, puis au Musée de Dusseldorf en passant par le Mori Museum de Tokyo et par le premier pavillon africain de la Biennale de Venise.

Afrikadaa!: Quels sont les artistes qui sont pour vous les plus prometteurs!?Pour les anciens, il y a malgré sa rareté, probablement le plus grand et celui qui aura eu une in$uence dans toute l’Afrique de l’Ouest : Mama Casset. Et puis Jean Depara, le pendant de Kinshasa de Malick SIdibé. Pour les jeunes il y a Alain Polo avec sa photographie d’auteur ambigüe et intime et Sammy Baloji qui présente une photographie de montage prenant parti.

Afrikadaa: A la Maison Revue Noire, quel est votre rôle dans ce marché!?Le continent africain ne peut se résumer à moins de dix noms #et deux tendances “exotiques”. Notre travail est de continuer à promouvoir la diversité de la photographie africaine dans son invention avec aussi notre fonds constitué de plusieurs

milliers d’image de plusieurs centaines de photographes qui représentent tout le spectre qualitatif des photographes africains, a!n qu’un jour il y ait une place plus grande qui leur soit réservée dans le marché.

Le point de vue d’Imane Farès, fondatrice en 2010 de la galerie Imane Farès qui représente des artistes du Moyen-Orient et d’ Afrique.

Afrikadaa!: Pouvez vous nous parler de l’évolution du marché ces vingt dernières années concernant la photographie africaine!?La photographie africaine a reçu beaucoup d’attention ces dernières années. Depuis peu, il est apparu une nouvelle vague très intéressée par la photographie africaine. Les nombreux festivals de photographie (Les rencontres d’Arles#; Mois de la Photo#; etc.) se sont également ouvert aux artistes provenant du

continent africain, et puis les rencontres de Bamako ont joué un rôle prometteur. Tout cela a contribué à la reconnaissance des photographes africains en Europe.

Afrikadaa!: La création contemporaine africaine et la photographie ont elles eu le même parcours!?Leur parcours est un peu di"érent.#Néanmoins, je pense qu’il y a de plus en plus des artistes africains qui trouvent leur place dans le monde de l’art occidental, à la fois des photographes africains et des artistes plasticiens. En plus il y a aussi une nouvelle génération des chercheurs et des commissaires africains qui sont spécialisés dans l’art africain d’aujourd’hui. Pour l’art contemporain, le commissaire Okwui Enwezor a joué un rôle important avec la Documenta XI en 2002 et plus récemment il était le commissaire général de l’édition de la triennale d’art contemporain qui a eu lieu au Palais de Tokyo. L’exposition «#Africa Remix#» (Centre Pompidou, 2005) était précurseur, elle a voyagé à plusieurs institutions européennes dont la Hayward Gallery de Londres, et à Tokyo au Mori Art Museum. Ensuite plusieurs expositions de

Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand de la galerie-Magnin-A

Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand de la galerie Baudoin Lebon

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l’art africain contemporain ont vu le jour. L’ouverture du Musée de Quai Branly qui présente également des expositions d’art contemporain thématiques ou dédiées aux artistes du continent africain est devenu un lieu de rencontre et de dialogue.

Afrikadaa!: Quels sont les artistes qui sont pour vous les plus prometteurs!?Sammy Baloji (1978, vit et travaille entre Lubumbashi, RDC et Bruxelles), Younès Rahmoun (1975, vit et travaille à Tétouan) et Mohamed El baz (1967, vit et travaille à Casablanca)

Afrikadaa!: Où se passent les transactions pour ce marché, Paris, Londres, Dubaï, Hong-Kong ?Paris, Londres et Dubaï et même Hong Kong sont tous des centres très importants, mais aussi à New York où il y a plusieurs collections d’art africain et des musées dédiées aux arts africains, comme par exemple The Museum for African Art. Lors

de la dernière édition de la foire d’art Dubaï par exemple, les pays africains étaient à l’honneur.

Afrikadaa!: Avec votre galerie, quel rôle jouez-vous dans ce marché!?Je suis très heureuse de pouvoir présenter mes artistes du Moyen-Orient et de l’Afrique à Paris, une ville qui à mon avis reste un centre de l’art contemporain. Le milieu de l’art contemporain à Paris est à la fois très développé et très dense et tout le monde se connaît. J’ai inauguré la galerie à Paris en mai 2010, cela va faire maintenant trois ans que la galerie existe. La galerie devient de plus en plus connue et j’en suis ravie. Je présente à la fois des artistes émergeants et con!rmés, comme entre autres James Webb (1975, vit et travaille à Capetown), Younès Rahmoun. Ils font partie d’une jeune génération déjà très établie, reconnue et exposée dans des grandes institutions. Younès Rahmoun expose

actuellement au 40 ans du CAPC, musée d’art contemporain de Bordeaux et au National Museum of African Art à Washington. James Webb qu’on montre actuellement à la galerie dans une exposition de groupe dédiée au thème de NO LIMIT 2 avec Sammy Baloji et Mohamed El baz, représente l’Afrique du Sud à la Biennale de Venise cette année.

Maison Revue Noire8 rue Cels 75014 Paris

MAGNIN-A 32 boulevard Voltaire 75011 Paris

Galerie Imane Farès41 rue Mazarine 75006 Paris

Jean-Marc Patras8, rue Sainte-Anastase 75003 Paris

Galerie du Jour44 rue Quincampoix75004 Paris

Fondation Blachère384, avenue des argiles84400 Apt

Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand de la Maison Revue Noire

“Publié dans le magazine Fisheye de juin 2013”

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Edem Allado “ le physicien de la peinture particulaire”, est un artiste aux multiples facettes issu de la région parisiènne. Je le rencontre pour la premiere fois à la Gaité lyrique avec son agent pour parler de sa nouvelle performance au sein du projet collectif Play me I’m yours. le 15 Juin 2013 au Forum des Halles, l’artiste revisitera dans la mouvance du “Particularisme” l’un des 40 pianos exposés. C’est dans un cadre temporel numérique que je vais découvrir l’ univers artistique de ce jeune peintre qui se considère plus comme un plasticien-graphiste.

Les particules picturales d’ Edem Allado Par Pascale Obolo

images courtesy of Edem Allado

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Afrikadaa!: Quel est votre parcours!? Je suis un artiste autodidacte ayant eu une solide formation scienti!que et médicale. J’ai commencé par des expositions mineures puis de !l en aiguille aux détours de rencontres j’ai été amené à me professionnaliser. Néanmoins, J’ai surtout toujours apprécié expérimenter et organiser les formes dans l’espace comme un enfant et ainsi m’étonner des résultats obtenus.Sinon je ne pense pas être devenu à proprement dit artiste. De mon point de vu, j’ai juste accepté le fait que j’exprimais par le visuel, avec plus d’aisance qu’à l’écrit, mes émotions.

Afrikadaa!: Pourquoi avoir choisi la peinture!?Je me considère plus comme un plasticien–graphiste, qu’un peintre. La place accordée à la composition de mes images est très importante. Il en découle une obsession à rendre ces dernières toujours plus épurées. Ainsi la gestion de l’espace prend une place prépondérante dans mon approche, plaçant de ce fait la couleur sur un second plan – d’où mon a%nité pour le graphisme.

Afrikadaa!: Depuis combien de temps exercez-vous votre art!? Comment avez-

vous découvert vos aptitudes artistiques!? Il m’est impossible de dater cela. Je dirais que ceci s’est fait naturellement. De réalisations en réalisations. Ayant eu la chance de pouvoir conserver la plupart de mes travaux, j’ai très rapidement pu faire un retour sur mon travail et ainsi construire ma personne à partir de ces bases. Je pratique aussi la photographie ainsi que la scénographie, cependant faute de temps je dirais que j’ai plus une passion juvénile pour ces arts. Peut être un jour, je l’assumerai.

Afrikadaa!:! Où travaillez-vous ? Depuis 2 ans dans un atelier.#

Afrikadaa!: Pouvez-vous nous parler de votre travail artistique - Parlez nous de votre concept artistique. Mon paradigme artistique est le particulisme. Vu comme une simple condensation de particules ne cherchant qu’à se di"user, cette série utilise une répétition de points, visant à véhiculer des sensations d’ordre et de désordre.#Se développant sur plusieurs années, ce projet a pour dessein de retranscrire une vision d’un microcosme basé sur les principes de la physique particulaire. De ce fait découle les divergences de conception avec le mouvement pointilliste

du XIXe siècle mettant en avant la couleur et la force optique du point, de la touche.

Ces particules représentent ainsi les plus petits éléments graphiques et physiques, constants et indivisibles, propres à chaque échelle de notre environnement. Des entités trouvant à travers une temporalité et un espace, un contexte de mouvement et par cela une certaine liberté.#

Afrikadaa!: Comment décririez-vous votre style!? Quel est l’objet de votre travail!? Je décrirais mon approche comme étant expérimentale et conceptuelle. Je me placerais plus dans un style d’art théorique où le particulisme se présenterait comme la vision spatio-temporelle de particules, dans un espace précis, à des instants ‘t’#donnés. Les particules, étant par analogie, l’univers, les atomes, les hommes se mouvant sous la contrainte d’une force#: la société, ses valeurs, sa culture… Afrikadaa!: Quelles sont vos!sources d’inspirations!?! Ayant eu le plaisir de découvrir de par mon cursus#: la physique particulaire et quantique

Par Pascale Oboloimages courtesy of Edem Allado

Annihilation 65 x 50 cm

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ainsi que la thermodynamique#; je fus frappé par la force et l’écho que ces propos eurent sur moi. Modélisant une représentation de la statique et du mouvement à l’échelle de l’in!niment petit, ces domaines se trouvaient être capables de représenter en partie les comportements humains en société.

Afrikadaa!: Parmi vos œuvres laquelle préférez-vous!? Surpeuplement – (2009). Tout d’abord pour sa valeur symbolique car elle représente la première réalisation déclinant le particulisme. Mais également pour son dynamisme prenant, entrainant, m’emportant à chaque regard. Cela est un peu comme une illusion d’optique dont je n’arrive à me défaire.

Afrikadaa!: Êtes-vous libre dans votre travail ? Totalement libre, du moins libre de jouer avec mes limites. Je me permets d’o"rir à chaque réalisation les dimensions qu’elle mérite a!n d’exprimer au mieux son message.

Afrikadaa!:Quelle est!l’étape que vous préférez dans la réalisation d’une œuvre!? La mise à plat des idées en croquis. Les études. En quelques mots, l’élaboration de la réalisation. À mes yeux c’est le moment le plus intense#… La sensation de voir les lignes les points s’imposer à nous, quel plaisir#!

Afrikadaa!: Utilisez-vous les nouvelles technologies ? Je pense que les nouvelles technologies nous o"rent une surface supplémentaire d’expression à l’image d’une dimension s’ajoutant aux ‘3’ de notre espace.

Afrikadaa!: Si vous deviez envoyer un morceau de musique dans l’espace, quel serait ce morceau!?Black Canary de Mister Bibal du projet “Beat Heroes volume 9”. Assez cosmique il m’a toujours fait voyager. Un voyage spatial en solitaire. Un vrai coup de cœur.

Afrikadaa!: Et si c’était une oeuvre picturale!? Quelle serait-elle?Carré blanc sur fond blanc de Malevitch a!n de construire une nouvelle forme d’art

pictural plaçant la réalisation en axiome. Cette peinture audacieuse possède à mes yeux une des visions les plus proches de la représentation de l’origine de l’art pictural.

Afrikadaa!: Qu’ y a t-il de meilleur quand on est artiste!? Les rencontres.

Afrikadaa!: Qu’ y a t-il de pire quand on est artiste!? Ne susciter aucune émotion.

Afrikadaa!: La vie d’artiste est-elle solitaire!?Je ne pense pas qu’un artiste doit être solitaire. Certes, il est important de s’accorder des moments particuliers, intimistes de création. Toutefois si on part du principe que l’art puise son énergie dans l’étude du «#moi#» du «#toi#» (autrui) et du «#nous#» (environnement). Ce dernier se doit d’être en interaction avec ces éléments que se soit en synergie ou en opposition. Au fond nous réagissons toujours à un contact extérieur à notre univers.

Surpeuplement 65 x 50 cm

Etude de l’état d’équilibre 3 fois 220x90 cm

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Afrikadaa!: Qu’est ce qui vous déplait dans le monde l’art aujourd’hui!?Ce «#Fast Food artistique» où on ne prend plus le temps de sentir, de s’enivrer de l’essence de l’art. Cette surconsommation des images pousse ainsi le public à une boulimie, non où partiellement consentie. Cela représente à mes yeux une perte de qualité, de substance dans le milieu, malgré le fait que ce processus décuple les possibilités d‘échange.

Afrikadaa!: Sans contrainte de temps, de lieu et de moyens, comment envisageriez-vous votre prochaine oeuvre ?Certainement l’œuvre d’une vie, représenter chaque instant de mon existence par des particules sur une route. En cette œuvre unique je vois un témoignage, un abandon complet pour l’Art, loin des spéculations, un don de soi à l’environnement, notre espace.

Afrikadaa!: Que signi"e pour vous être créatif!? Quel est selon vous le rôle de l’artiste dans la société!? Etre créatif représente pour moi, la capacité à exprimer les di"érents aspects d’une idée et ses associations à l’état brut. En e"et, si on admet qu’une idée est un cube, la créativité serait la capacité à retranscrire les six faces de ce cube dans di"érentes associations. L’artiste devient ainsi une interface, un traducteur entre l’idée et la société.

Link#: http://www.edemallado.com/

Fuite des cerveaux 65 x 50 cm

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AFRIKADAA: You were part of Who More Sci-Fi Than Us,$the "rst exhibition in the Netherlands to present contemporary Caribbean art and artists. It focused on “shared identity, shared history and shared socio-economic conditions: a combination of factors that has produced a certain surreal way of communicating, both in words and images. Or, as Dominican-American writer and Pulitzer Prize-winner Junot Diaz so beautifully puts it, ‘It might have been a consequence of being Antillean”. (Who More Sci-Fi Than Us)!! Jean-Ulrick Désert: The curator Nancy O"man, who developed this exhibition, borrowed the term from a text by Juno Diaz in which he asks, who can be more alien in America than we are. When I was asked to be in the exhibition, its funny title prompted me to think of a project that I was working on, which had to do with science and !ction with a question mark at the end. It was a perfect moment to create this particular piece of art. Fiction and non!ction, or I might also say narration or narratives, interest me very much, as does science—science through the eyes of an artist not a scientist.

AFRIKADAA: In “The Science of Beauty”, “Piece”, “Codex”, “Metamorphoses” and “The Goddess

Constellation/5:00.12.04.1975.48°51N2°21E”, you use scienti"c terminology. Is this a means for you to question and anticipate your relationship to the future ?

JUD: I am not a scientist but an artist, and I am very invested in using research from both analogue libraries and digital libraries. I want to make a connection between the things that we see as being old and historical and our new ways to access information. #“Science of Beauty” is a project that stems from having been asked to participate in an exhibition on the topic of being transgender. This was a rather surprising and new topic for me to

look at. I needed to investigate di"erent ways of looking at beauty and de!ne it for myself. But in a way it was also not very new, because it is already there in philosophy and literature. One can look at Hugo, who has a conversation about beauty and ugliness in The Hunchback of Notre Dame, for instance. This is a way of reentering into something that is alien from yourself, if you are not transgendered and wish to consider it—enter into it—without prejudice. The simplest thing for me seemed to be to access my school experience—scienti!c charts you normally see when you are a child show you $owers, maybe frogs, but they do not show you transgendered sex! I felt that something

“ THE MAN WHO DISCOVERED THE WORLD ”

By Louisa BabariAll Images courtesy of Jean-Ulrick Désert

Negerhosen 2000

ART TALK

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was missing, and so I began to create it. I tried to present what I think is obvious and what is perhaps also missing.

The “Codex” piece that you mentioned, also called “Codex Testimoniorum Amoris”, is an artwork that is created digitally. It copies very old book-like conventions, but it takes its text from digital research by presenting di"erent people from di"erent parts of the world who perform self-confessions on the internet in a sort of semi-anonymous way. I wanted to bring what technology from the digital world o"ers and return it to a form that is hundreds of years old. It is this mixture of old sciences and new sciences in an artistic way that interests me in some of my work.

AFRIKADAA: I noticed in your art a very futuristic back-and-forth between the elements of the past and the element of the future. This is, I think, a very modern aspect of your artistic process. Does your relationship to the future encourage the birth of a new identity? A new human gender ?

JUD: I would say no, in the sense that I am very old fashioned, and I think that it’s not that there are new genders, it’s has more to do with recognizing what has already existed for hundred of thousand of years. The new thing is to engage with emotions and empathy as well as scienti!c understandings of the reality around us, whether it has to do with human gender or the rest of the natural world, of which we are only a piece. My vision of the future has to do not with newness but with considering what already exists but which we have not been able to see—essentially to expose our nearsightedness. There is a great deal

of this. As individuals, we have it in lives; it is also present in our cultures, in our world. In my artistic practice, I try to put my !nger on what I think is the most obvious. It’s really a large piece of my work, this e"ort to !nd the obvious. For me a successful piece of art is so obvious it looks easy. The hard part is in fact trying to !gure out what don’t we see and then expressing it in a way that awakens the ability to see it.

AFRIKADAA: Thinking about what you just said in terms of “what is obviously already there”, have you heard about the scientists from the University of Texas who recently discovered an “Invisibility Cloak”? Researchers have developed a cloak that is just micrometers thick and can hide three-dimensional objects from microwaves in their natural environment in all directions and from all of the observers’ positions. The researchers have created a new, ultrathin layer called a “metascreen”. Researchers say the same principle could be transferred to a range of perceptible light. You said, “My work may be viewed as a desire to reconstruct and defy "xed identity in my artistic practice—to be ‘present’ and to be invisible by choice and circumstances”. The description of the “metascreen” discovery sounds to me like a piece of Jean Ulrick Desert art! (Laughter)

JUD: I do remember this. It was, of course, big news in the science world. You can be 100% sure that it will be used for warfare.

I created one artwork in 2002, which was very important to me—not for the world, for me personally. This was “The Burqua Project: On the Borders of My Dreams, I

Encountered My Double’s Ghost”. This piece was important because like so many people I experienced the attacks on New York through the media. I was living in France at that time. Because the attacks were !ltered through the media, it had a very profound and very di"erent type of e"ect than other things that happen out of sight. I felt this was a very serious moment for me and my artistic practice. I need to interrogate the relevance of my work. Was I creating decorative art or was I creating art that echoed details of the world in which we live? Because I grew up in New York, and because as a teenager I saw the World Trade Center being built, I saw it go up and then I saw it go down, I knew instinctively that making a piece of art about those buildings was silly. This was not the real story. The real story was much more invisible. How might this be expressed in a neutral way? If we believe in the possibility that History can be neutral. I am not sure that it can. This particular piece that I created was very much about relatively invisible History, but it was also in the form of what one could consider a “mask of invisibility”. Each of the pieces are made with national symbols, $ags,

Codex Testimoniorum Amoris

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which themselves are ephemeral things. We have a funny expression in English about immateriality, “There is no there there,” which in the context of this artwork means you must have this material in order to access this idea of invisibility. Very few people have been allowed to try on these burquas. The experience of actually wearing them is extremely profound for those who do, because when they look in the mirror, !rst, they can’t see themselves. Second, because it’s not a normal burqua, they also don’t see a normal costume. But they see the symbols that they are made highly aware of, whether it is Great Britain, the United States, France or Germany, each of which suggests other things. There is this kind of complicated double invisibility thing going on. They look in the mirror and they have a kind of vampire moment when they see nothing. It was a way for me to express complicated ideas of colonial history, of empire, which are outside the standard narratives that we read in grade school. Is this about the West entering into the corner called East? Or is it the East entering into the West? Or is it, in this particular case, actually happening somehow simultaneously? The moment that we in the West “discover the East”; they have also simultaneously conquered us. This is a dialogue or narrative that is not often really talked about. We are touched by the other as much as the other is touched by us. It’s a double highway in this regard. This is often never really presented to us by teachers, by our parents, by our governments and so on. This piece was an e"ort to create a “concrete ambiguity”, if I can use a bizarre mix of words.

My intention was not to create an artwork about women. Some people have been

surprised that this piece was not made by a woman. That is why I say that it’s not an artwork about women. I ask them if they would really, really believe that in the last ten, !fty, hundred years a person who didn’t have a vagina actually spent some time wearing a burqua. I would think that it’s probably more than once, twice, more than a hundred times. These skins that we wear are not always compelled to be part of social rituals that are connected to gender. There always have been and always will be excep-tions. We all saw James Bond movies, and we know that there are many complex results in biology. It is not about being !xed but about being very $uid, and the topic of invisibility is very much at the top—at the forefront of this particular artwork. Some kinds of invisibility we already intuitively know, you don’t need a PhD to sense this. You just need to stop thinking in the very !xed ways that the society in which you live is forcing you to think. We must not hold onto any one way of thinking, whether you are from the West, the East, or Christian, Muslim. It doesn’t matter, as far as I am concerned.

AFRIKADAA: We clearly can now say that you discovered the Invisibility Cloak!long before the scienti"c community!

JUD: That’s a sweet thought! (Laughing) Though, I imagine that what I created will not be able to be exploited in the same way that unfortunately other scientists’ works have been, whether it’s Einstein or even the great Leonardo da Vinci, whose brilliant mind was contracted by the French king for creative war a"airs.

AFRIKADAA: Do artists have a role to play in building an image of the Future Imaginary? Do artists contribute to our understanding of this invented notion of the Future?

JUD: The role of the artist is continuously in $ux, in change. I think that the role of the artist necessarily must change, particularly if we look at the last#eight years and the cur-rent world !nancial mess in which we !nd ourselves. This is not of course the fault of artists, but artists, like farmers, are tangled within it. There is no choice—the roles of

!e goddess constellations / sky above port-au-prince Haiti 12 january 2010, 21:53 utc

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artists must change. How will they change? I am not exactly sure, but what I am abso-lutely 100% sure about is that artists do need to be relevant to the environments around them. The romantic notion of the artist, like the madness of the genius of Van Gogh and many others, is an antiquated model that will continue to be used and abused by multi-ple powers, whether the power structure of some sort of social construct or by even artists themselves. “There is#no copyright,” I like to say, “on stupidity or brilliance”. So you will have many artists who will choose the path of Judas. I do think that the role of the artist in any case is a dangerous one. And it’s one that is recognized as being danger-ous by the multiple “gate keepers” that are out there. This is why fundamentally it’s a questionable issue when artistic practice becomes hijacked by corporate power, when a corporation or even a government is pay-ing for artistic production. This is not to say that I don’t believe in funding for art produc-tion, but there is a complicated dance going on. It’s like the journalist who is paid by the

government or by a corporation. What kind of journalism do you get? To some degree the roles of the artist, and the methods by which they create, continuously change.

Their role is constantly important, but in the same way that we cannot de!ne the empires of the future by the empires of the past. What they look like will not necessarily be clear to us, from our perspective today, in terms of what they will be in the future. One can easily argue that there is a certain type of artistic practice today, maybe mine included, which would not be understood by many people here in the West 300 years ago. Just imagine how Duchamp or even the Modern-ists would have been viewed 300 years ago. It wouldn’t register.

Artists will always be an important !gure because they will somehow transmit com-plex ideas. Some of the work will be hired by di"erent organizations, institutions, etc. We don’t know where that will go. Through art, whether it’s poetry, music, there is a con-

nection to something very human in all of us, and it’s precisely the qualities of art that allow the ideas and emotions to be accessed in strong and powerful ways. This kind of artistic practice in the future will hopefully keep illuminating us. The more irresponsible will perhaps be in support of propaganda.

AFRIKADAA: In regards to what you said about the status of the artist and how it’s di#cult to be considered properly if you come 300 years before or after, how can you escape from being a product of your time and background ?

JUD: It’s a very interesting question. My instinctive answer would be this: the way to escape is not to escape but to go deeper into the moment and epoch, to understand the DNA of that period. To develop and create the tools and ways of seeing, hearing and feeling that are inside of this soup that you are in! To enter deeply is a way to escape by understanding. It’s as if you become the therapist for your own time. This is the great, complicated e"ort that is necessary. I think a good example of this, I don’t like him as a person because I met him a number of times, was Andy Warhol. He was a product of his time and was a part of what created that time. I know that he is celebrated in France and of course he is celebrated in America, but this is also because he became a prod-uct himself. He recognized at the moment when newspapers would have car crashes so he will put these disasters on his canvas. He was repeating and creating these images that were from the newspapers, when in fact we should have been concerned with these disasters, he was turning it into decoration, and making it very much something not to worry about and not to deal with. He was

!e burqa project: on the borders of my dreams I encountered my double’s ghost, exhibition view at the Brooklyn Museum

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also recreating what was happening at that moment, which was that society was becom-ing very “blasé” in terms of the horrors that were occurring right in its midst. Where I dif-fer from him is that the horror he would look at is di"erent from the horror I would look at. He may have shown an American civil rights worker being attacked by a police dog or an electric chair. I would be interested in things that looked like decoration, which in fact were very profound. I am opposed to using things that are profound and turning them into decoration—hence my own method of looking at the reality around me. What seems super!cial in fact is not.

AFRIKADAA: In your work “Goddess Project” there is a triangular relationship between the earth, science and prophecy. Do you believe in prophecy ?

JUD: I believe in prophecy and I believe in luck. I can clearly say that there are many corners of the world in which there are geni-uses who are born, who mean a great deal to the planet and the global reality in which we live. Except that these future artists, geni-uses, scientists are born in situations where perhaps members of the family have AIDS or no money. They will essentially starve that baby by mistake, by chance, by bad luck. Before that child is even three-years old and has ever having the opportunity of knowing what the prophecy would have o"ered. I think that mixed within this idea of prophecy is random chaos and luck. I am a person who was born on a little island in the Caribbean, which 200 or so years before violently liber-ated itself from its oppressor. This is part of my history. As a part of the Haitian “middle class”, I would then become a refugee in the United States, and eventually I would go to

very elite, Ivy League level schools. I am very privileged. I am very lucky. Because, if there are any pieces of my life that are connected with any destiny and prophecy, it’s sheer luck that I have been able to do this! If my family had stayed in Haiti, judging from what was happening to a certain part of the mid-dle class in Haiti in the 1960s, there a great chance we would have been murdered. I want to constantly recognize this piece of my invisible reality—I am privileged. I may have my own !nancial struggles, but I prioritize and know that the passion that I have is my artistic practice, and there is a great e"ort to constantly !nd relevance in what I do and how I do it. It’s not a luxury; it is a privilege. We all loose in situations where there is someone somewhere whose prophetic future is never allowed to express itself to us as a species on this planet. It’s kind of like this strange thing of white privilege. There has been for a certain amount of time a kind of white, Eurocentric domination, and there are so many people who are just unwilling to recognize this, because they don’t realize they are privileged, they don’t want to. Most people behave like sheep.

AFRIKADAA: You said, “We accept racial exclusivity with white culture or Negri-tude”.

JUD: It’s a very complicated subject. Negri-tude in the English-speaking world is basically equal to “Blackness”. It’s in that direction. It served a critically important historical function to react to the global situation. Unfortunately, both sides also have abused it. And many people who are deeply invested in this concept have been too. To me it’s become very problematic. If we decide to have this conversation, because this is a bit like a laboratory, a scienti!c con-versation, within the context of this idea of Blackness, then we have to turn the table in this binary situation to look at Blackness and Whiteness. Then the argument goes, that what is not within Negritude and Blackness is the opposite of the other, of the Whiteness. If you have in your DNA an intuitive rhythm and dancing (laughs) and singing and etc., I am the boring mathematician, a scientist of imperial and empiric logic. You stay in your territory as the entertainer, Michael Jackson etc., and I stay in my corner and everybody is happy. This is ultimately bullshit. I refuse to accept that. I also refuse to accept that you don’t think that you have any rhythm and

Codex Testimoniorum Amoris

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that you can’t dance and there is no poetry in your body and in your soul. That is abso-lute madness as well. We should all embrace each other in our full humanity. This is why I take issue with these ideas. I understand it functions strategically as a reaction to a very deep oppression that was happening at a certain moment in time. There was a need to articulate this idea that James Brown says so well, when he sings, “I am black and I am proud”. He is bene!ting from an idea that came from the twenties, the time of Césaire and Senghor, but it isn’t until the !fties and sixties that you’ve got an American which is able to express that through the language of pop culture, and who now has so much power to send out that message thanks to new technologies and media. But what often happens and what has happened with Negritude and Blackness is that it’s become fossilized. It has been fossilized and is used against people of color because it relegates them to that corner. When someone sees my face they are not willing to look at me as either a scientist or a banker or a whole list of things. Ultimately, that time has passed, and we need to begin to say, “Yes, it worked; it was important, but we now must continue to move forward into the future”. And going into the future means bringing the whole human family, so even this binary of black/white needs to essentially to be destroyed because the human family is much more diversi!ed than that. We have to recognize, through those strange logics of love and lust, the wonderfulness, which can become what the French call “metissage”. This is the kind of richness we need to embrace, to celebrate. There never has been a reason to have to de!ne the opposite of Negritude or Black-ness. It emerged out of a reaction against something that was pervasive and powerful.

I am not sure whether it’s a good thing or a bad thing that people now can get their PhDs in Whiteness studies. It has a name but it’s always existed. You cannot go profoundly into Hegel or Kant without basically eth-nologizing Whiteness studies. It was there. It is good that things are named, but of course those names need to be constantly questioned, because the dialectic between Blackness and Whiteness leaves everybody else out. The argument doesn’t stay strong when it leaves two-thirds of the world out. It’s productive to a certain degree and then it’s unproductive. I remember when I studied calculus in college. I was really bad at it, but one of the most fascinating concepts within higher mathematics was this concept of de!ning something that was unde!ned, beyond algebra. I remember loving this idea of as H = 0, goes towards zero. This idea of a number that is constantly not !xed. This is for me is the way in which we need to understand how large ideas function in order to work through math-ematical problems. But we are still on a road, on a journey that has to continue. I view my art practice a bit in this way as well. I have a series of art projects that I created, which are like a constellation connected to each other in a relatively unpredictable way. There is “The Codex”, “The Gender”, “The Burqua”, “Negerho-sen 2000”. They all have a connection to each other, but it’s not linear. It’s like a kind of spider web. It’s nevertheless a journey of I myself, a human being, and I am learning on the way. The successful projects are the ones that create ele-ments that are greater that anything I could consciously think about.

Born in Port-au-prince Haiti, Jean-Ulrick Désert

received his degrees at Cooper Union and Colum-

bia University (New York). He has lived in Paris and

currently works in Berlin.

Désert’s visual-art spans many mediums and

methods. Emerging from a tradition of concep-

tual-work engaged with social/cultural practices,

his artworks vary in forms such as billboards,

actions, paintings, site-speci!c sculptures, video

and objects. Known for his “Negerhosen 2000”

and his provocative “Burqa Project”, he often

combines cultural iconographies and historical

metaphor to disrupt, alter and shift pre-supposed

meaning.

He has said his practice may be characterized as

visualizing “conspicuous invisibility”. Désert has

exhibited widely at such venues as The Brooklyn

Museum, Cité Internationale des Arts, The NGBK

in galleries and public venues in Munich, Amster-

dam, Rotterdam, Ghent, Brussels.

He is the recipient of awards, public commis-

sions, private philanthropy, including LMCC, Villa

Waldberta/Muenchen-kulturreferat and Cité des

Arts (France).

Désert represented Haiti and Germany in the 2009

Havana Biennial.

Negerhosen2000 / Paint-by-Numbers

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When I was teenager, my older brother used to scare me a night by using that high modulatory note you may hear on radio to signify the end of the stations. I still don’t know why he was doing that. Cause I was indeed scared. Or maybe he was trying to create some music out f that high pitchy sound. My mother used to think He was “crazy” or on drugs or something. He would listen to Heavy Metal one day and Kraft-werk the next day or Return to Forever and Headhunters. He was trying to catch the British radio station to expend is knowledge of modern music _ That’s when just before going to sleep he would play with the high frequency sound and safer me. That’s dur-ing one of his audition that I !rst heard a Rap song, The Sugar hill Gang >>> Rapper’s Delight. Frightening and frightened. Since I always identify rap music and Hip Hop to the Avant-garde expression of everything “Future”. Electrifying sounds of the turnta-bles, the scrrr! scrrrr!! cut of the scratches, Kids dressing and dancing like Robots, wearing cyborg glasses. and the writers/ gra%ti artists painting on trains, with spray-paint who seems as their super power rays, just like super-heroes. That is still my out-look of this movment. I had the chance to meet many actor of that early scene. those I was the most impressed by was those com-ing from the Bronx. They had that energy and creativity of those teenagers in Africa

that would create from nothing something incredibly unexpected. Kool Koor is one of these artists who witnessed the birth of this ubër-culture, he is also a disciple of the Afro-Futurism movement who manage to carrying the legacy musically and visually— let’s listen to his perfect beat…

In the South Bronx in the 70s and 80s? Look-ing back at some images the area seemed pretty devastated, quite apocalyptic in some parts ?

Growing up in the south bronx in the 70s and 80s was very over stimulating for me. The neighborhood where I grew up was a cultural melting pot. My best friends were Latino, African American, Greek and Irish. So you can imagine the sounds drifting in the air every evening as various fami-lies rounded up their children for dinner. Especially in the summer time. Parents conversing and laughing outside of their

buildings sitting on benches while the kids ran around having fun playing inner city street games and learning about life the old fashioned way…. (the hard way!) I loved every moment of it.

Did the end of the world seem close?!Espe-cially!with the 20th Century’s!end nearing ?

It’s funny you ask this because in the media the talk was of this imminent end of the world due to this or the other country threatening our democratic way of life. As a kid I indeed did think the world would end in an atomic explosion during a new world war.#The perspective was clear for me. I wanted something di"erent. As a youngster I somehow thought that one day I would be an architect. My days where !lled with long hours drawing very technical crea-tions. Interiors of cars futuristic space ships and mobile homes. I wanted to be part of the creation of something very unique and new. I was a direct product of the race for (outer) space. Science was my favorite subject in school. However the most impact came from the inundation of science !ction on TV. I used run home every day to see my favorite programs after school.

Pre- 2000 was the moment in time when I asked myself lots of questions about who I am and where am I going. What is my rea-

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Kool KoorBy Jay One Ramier

Photos courtesy of Chuck Koor Hargrove and Jay One Ramier

ROBOT (drawing) / 1978

ART TALK

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son for being here on this planet and why should I care.On an artistic level I was pushing to !nd myself. The real core of Kool Koor. This was not easy because at the same time there was this ECO conscious state of mind developing world wide. My artistic materi-als where not very ECO friendly. As a result I started recycling in as many projects as pos-sible. My subject matter remained cosmic but there was a change in the making. A change on the inside and the outside. It was starting to become more and more clear that I would be taking again another impor-tant turn in my way of working and seeing the big picture.

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“Computer Age" (Push the Button) “ Newcleus

Were you familiar with previous con-cepts!such as Sun Rah’s cosmology or any other writings,! books (be it comics), movies and how popular were!these concepts in the community ?

As a youngster Sun Ra was not on my radar, but Star trek was! The idea that other worlds may exist was enough to get my wheels turning. I started asking questions and doing the research. Media helped in open-ing the doors.# It was a taste thing. If your family was into jazz then you knew about Ra early. I got into him when I was about 17. Again the hunger to know more got me to the point where I was absorbing info from many di"erent sources. Movies on the big

screen at that time kept us all looking to the heavens waiting to catch that falling star of better yet that UFO $ying in the night sky.I wanted to be able to explain realistically what I was painting and drawing. So,#over the years#I developed my own language and symbols to exist in my art work. This translated seamlessly into my sound as a

composer and lyricist. My music was a mir-ror of my paintings. The topics and choice of words are meant to take the audience on a voyage through time and space.#You are one of the few artists that kept building on those concept? Is there a reason for that? is it because you’re still into writing music?!The theme of Futurism was much addressed in!early Hip Hop records ?

I think I am what I am, an explorer. I’m always looking for something new to do and sound is a major part of this process. Music is in everything around us. Every sound in nature and our surroundings can be described as an element in a huge orchestra. Every day we are the blessed with a new composition. A master work. All we have to do is stop, breath and discover.Futurism was for sure a way of letting the people know that the musician was “awake” and “aware” of the bigger picture in our daily lives. It was their role, their obligation to transmit this needed info to help wake up the mentally dead out there just listening to music for fun. Yeah the fun was in there, but the key to success was knowing the down-falls to avoid. African American music of the 70’s and 80’s spoke to the masses about being the captain of their own “space ship” into their own personal future. Through the use of political, social economical and cultural topics of the time. In the mid to late 80s the birth of consciousness in Hip Hop opened a new arena. The game again was changing and a few artist devoted their careers to being a tool for uplifting and enlightening the masses. The number one poet of this arena was and is KRS One.# #

Capture from Looking for the perfect beat video courtesy of Jay One Ramier

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“Looking for the perfect beat”Afrika Bambaataa & the Soulsonic Force.#How in%uential was Planet Rock to modern music? ( Chicago House, Detroit Techno,Latin Hip Hop, Miami Bass…)! Why did Hip Hop artist ( BDP, T la Rock,excepted) neglect the genre ?

Planet Rock gave birth to electro music (with a Rap voice in it)# in my opinion. The beat was there the voice was there. The only thing missing was the bridge.# “PLANET ROCK” was that bridge! Like I said before KRS One with his crew (BDP), Stayed true to the streets of the inner cities.# They wanted to get the youths to open their eyes and ask questions. Daily questions that might change their future outlook on life and the choices they are truly free to make. Afrika Bambaataa was bringing us a sound that helped us take that journey while in party mode. His message was more subliminal. Again, he was the bridge. He got di"erent cultures together on the dance $oors of

clubs around the world. During and after the dance it was up to you to decide what you wanted to do with this new found musical common ground.

How did the Gothic Futurism theory come about? Who was part of the project, was it a crew?! Was it also a musical project? Can you break down the di$erent pseudonyms for me ?!

Gothic Futurism was a theory written and architected by The Rammellzee. He was busy creating his theories and formulas as a young teenager in the Far Rockaway section of NYC. It was and is what it is. A realm where things happen exactly as they should. It’s all documented. Tag Master Killers was the name of his crew. Created with the aim of eventually having every letter mastered by a di"erent artist. To be a member !rst you had to be asked by The Rammellzee. Then you had to draft a perfect letter that you wanted to master. His demands were simple. Perfection = election. If you fail you have to try again. But if you still can’t get it you just might not get another chance. The original members of this crew was “A-One” who designed a letter A and myself “B-One” who designed a lefter K. This was interesting because with

the title B-One I held the B,R and the letter K. I added the 13 to complete the cipher. C-One was the third member of this crew and designed a C. Music was an important part of Gothic Futurism for The Rammellzee. His compositions where also mirrors of is artistic worlds.#

I thought Ghetto Vets was an extension of Gothic Futurism.!

It’s all connected. Ghetto Vets was for me like a visual arts/urban equivalent of the early Parliament albums. I was not involved in the Ghetto Vets album but I did compose the last three soundtracks The Rammellzee performed on. They will come to light in the not too distant future.

Tell me about your music, what is your source of inspiration? is there any message or intention of any sort in your music ?

The future has no date for me. It has already happened and is about to. Today I still build in the same direction. I am trying to !nd the source of it all, the “essence”, of my mission here. Symbolically my wore has become more pure. If you take a look at what I created back in the 70’s and 80’s those ele-ments are there. They were always there. I just needed 30 plus years to turn the key

Capture from Jonzun crew - Pack Jam video courtesy of Jay One Ramier

The return of Dr. Octogon

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and unlock the next door. Musically I have the exact same sources for inspiration, the cosmos and it’s endless possibilities. When I compose I imaging giving sound space to breathe and interact with others. They intertwine and blend into something di"er-ent sonically each time you listen to them. Optimism is what I am trying to transmit. Even in the most simple tracks you can always !nd something in it that gives it that signature Kool Koor sound.

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“Violet Stars Happy huntig”Janelle Monae

Black artist seems to be unable to stop refer-ring to the past…#Many artist do refer to the past. Those are the humble ones that understand that without the blood sweat and tears of our musical predecessors, there would be no “us”. Knowing where you are is knowing where you came from and where you want to go is a thought… a dream. Indeed we have to live in the present moment. and build from the things we already lived and experienced.#

Is space a better place for blacks or any struggling group of people ?

That is the $64,000 question. No one really knows. We are all dreaming of that better place where things are a lot nicer, cleaner and safer. A place where opportunities are easier to grasp because we think it will be about pure talent and merit. Through struggle comes strength. Strength to survive, strength to see a brighter day on the horizon. That being said, space is that

unknown place. So, who knows?..

To "nish can you name !a few!avand-Garde Futuristic! artists ?!

That would be a very long list and I will upset people by not listing everyone so…

Top The Symbolian / 2009

BottomKnight Night / 2009

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Tra!K d’info

“Penser la pensée revient le plus souvent à se retirer dans un lieu sans dimension où l’idée seule de la pensée s’obstine. Mais la pensée s’espace réellement au monde. Elle informe l’imaginaire des peuples, leurs poètiques diversi"ées, qu’à son tour elle transforme, c’est à dire, dans lesquels se réalise son risqué.” 1

CT: Ton "lm Tra"k d’Info fait partie des

1 !"#$$%&'()*+,-%.+/)0,1'#2-3)+3)"%)43"%'#,&()!%""#5%.+)6778

rares "lms de science-"ction caraïbéens. Est-ce que tu vois un lien entre le mouvement afro-futuriste et les Caraïbes ?

JS: Bien avant les premiers voyages des esclaves d’Afrique vers les Amériques, qui vont contribuer fortement à l’établissement d’une société caribéenne, les di"érentes îles Caraïbe étaient déjà fortement marquées de l’empreinte des civilisations précolombiennes et de leurs coutumes. La terre, soi-disant découverte par Christophe Colomb, détenait déjà son propre esprit et l’air qu’on y respire a ses propres moeurs et coutumes. Cet espace

caribéen avait déjà sa propre spiritualité, à laquelle s’ajouteront des histoires de vies di"érentes. Depuis les premiers voyages d’esclaves (captifs,#arrachés de force à la terre d’Afrique), une ré$exion#s’opère dans les esprits des premiers africains rescapés; survie, adaptation, compréhension, transmission et renaissance sont les thèmes qui font partie de la création d’un «#esprit caraïbe#». Le tumulte et la mixité culturelle qui forment les sociétés, les histoires de vie qui ont poussé l’être caribéen à se réinventer, la nécessité existentielle de s’auto dé!nir dans un espace de création perpétuel, contribuent à l’établissement d’un courant de pensée, d’un mouvement

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ART TALK

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culturel, d’une esthétique caribéenne qui s’apparentent au mouvement afro-futuriste. Le simple fait que des esclaves africains s’o"rent des perspectives de vie dans des territoires inconnus forme déjà les prémisses d’une pensée afro-futuriste.

CT: Dans ton "lm, la transmission du savoir et de la mémoire s’e$ectue par des %ashs disons «!cosmiques!». Y-a-t-il une philosophie afro-futuriste derrière ce choix ?

JS: Tra!k d’info s’appuie sur la maxime “Nonm jòdi, sé yè a nonm dèmen” (L’Homme d’aujourd’hui est l’homme d’hier qui devient l’homme de demain). C’est un !lm qui a été réalisé en 2005 et qui s’inscrit dans le travail de mémoire, engagé depuis1998, lors du cent cinquantième anniversaire de l’abolition de l’esclavage. C’est un manifeste qui cristallise la nécessité de transmission de la mémoire collective et qui questionne le devenir des identités futures.#La découverte, en Guadeloupe, de faits historiques et la commémoration du bicentenaire de la guerre de Guadeloupe de

1802, (suite au rétablissement de l’esclavage dans les colonies par Napoléon Bonaparte) sont les points clés du !lm. Son premier lien avec le concept d’Afro-futurisme se trouve#dans son écriture futuriste, écriture qui#incite à un questionnement du présent.#C’est avant tout une quête pour comprendre la société guadeloupéenne, comme étant une création de l’histoire. Une quête permettant de questionner et de réexaminer les fondements de cette histoire de la Caraïbe francophone. Le lien spirituel avec la matrice africaine, l’appartenance à cette zone géographique où la nature est abondante, ainsi que l’in$uence des héritages culturels multiples ont été des sources d’inspiration, de ré$exion et de projection pour la création du !lm. Tra!k d’Info s’inscrit avant tout dans une quête de re-connection avec les énergies du passé, dans une optique de liberté, dans la recherche d’une esthétique caribéenne, qui nous interpelle sur la globalisation du monde et son impact sur nos consciences et nos esprits.

CT: Comment vois-tu la pensée

archipélique d’Edouard Glissant dans ce contexte? Est-ce que le “moi”, jusqu’ici con"né dans notre espace -temps terrestre peut trouver son écho dans une in"nité ?

JS:#La Caraïbe est un espace qui regroupe en lui-même di"érents territoires, anglophones, hispanophones, francophones, créolophones. La pensée archipélique -vision de Glissant est une invitation à la mobilité de pensées en opposition à la verticalité et à la rigidité des blocs. La pensée de Glissant traite, selon moi, la question du moi, l’identité première et l’interactivité des di"érentes cultures. L’espace Caribéen – création de l’histoire - est, en ce sens, un vaste terrain d’investigation psychologique, philosophique, artistique et économique. Cet espace nous invite avec humilité à une ré$exion sur l’être en perpétuel mouvement et sur sa capacité à se ré-inventer.

CT: Est-ce que tu peux nous parler de ta bande sonore qui est explicitement futuriste ?

JS: La musique de Tra!k d’Info a été composée par Exxòs et Staniski, deux compositeurs guadeloupéens de musique#électronique. Il est intéressant de constater que ces deux compositeurs ont été beaucoup in$uencés par le mouvement Hip Hop et par les in$uences musicales de la zone. Nous avons été bercés, dès notre plus jeune âge par toute une palette de musiques caraibéenes avec le Gwoka, la Cadence, le Compas, la Salsa, le Reggae, le Calypso et le Zouk ainsi que par les mouvements musicaux d’Amériques du Nord avec les Negro spiritual, Blues, Jazz,

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Soul, Funk, R&B, et Hip Hop sans oublier les musiques du continent africain (notamment l’Afro-Beat et le Soukous) et les musiques de variété#françaises. Je pense que cela fait partie de notre proximité avec la zone et de la particularité de la France pour les cultures du monde. Ces di"érentes in$uences ont forcément nourri l’esprit de ces deux compositeurs au niveau du mélange des sonorités et de la combinaison des formes musicales. La combinaison de ce qui relève de la tradition et des techniques de composition modernes, o"re un inouï champs des possibles. Le genre science-!ctionnel du !lm nous a permis de pénétrer cette exploration, vers un monde tant fusionnel et ancré qu’expérimental. Exxòs continue ses#recherches en ce sens, et il est à l’origine d’un mouvement original qu’il a nommé “Kako Mizik”. D’un parcours di"érent, Staniski est l’un des compositeurs les plus fusionnels de sa génération.

CT:!Est-ce que tu vois une relation avec la musique de Sun Ra ?

JS: Il m’est di%cile de trouver des relations avec la musique de Sun Ra et celle de Tra!k d’Info. Certes, elles sont futuristes dans leurs sonorités mais la musique de Sun Ra est emplie d’une virtuosité d’improvisation, d’une énergie de groupe et surtout d’un aspect “musique live”. Exxòs et Staniski sont des compositeurs de musiques électroniques, des compositeurs “Home Studio”. Nous pouvons peut être trouver des liens par la volonté de vouloir transcender la musique au niveau des rythmiques, de bousculer les formats établis et dans le format de recherche#qu’o"re le monde de l’électronique. Sun Ra, lui - même était l’un des premiers adeptes du “Keyboarding”

à son époque. Il est encore di%cile pour certains de voir des musiciens jouer de la musique sur des claviers d’ordinateurs surtout quand ils ont été éduqués à la musique traditionnelle. Mais nous devons croire en la capacité de fusion sonore de l’art musical.

CT: Merci Janluk pour cette interview et "nissons avec cette citation de Sun RA:“The satellites are spinning,a better day is breaking.The galaxies are waitingFor planet Earth’s awakening”.

SYNOPSIS

«#tra!k d’info#»#: court métrage de !ction, 11 min.

En ce 21 siècle l’information est l’enjeu de tous les tra!cs. Dans une petite ïle de la Caraïbes vivant au rythme de la mondialisation, l’information circule sous toutes ses formes et se deale à coin de rue, ce malgré la censure imposée par le haut conseil, détenteur de l’information o%cielle.La milice de ce haut conseil est chargée de démanteler un réseau d’opposants à l’information o%cielle. Jouwa, le jeune o%cier de cette organisation rebelle doit livrer en cette nuit de pleine lune une information capitale. Traqué par la milice, il essaye de dissimuler son «#info#»

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How was born Panafricanspacestation ?

The project follows our work with Chimurenga Magazine. Initially every issue of Chimurenga was followed by a performance of the ideas and histories discussed in the issue. For instance, we launched the issue titled “We’re All Nigerian” with a tribute to Fela Kuti called “Felasophy”. To launch the issue titled “Everyone has their Indian”, we re-presented Duke Ellington’s#“Afro-Eurasian Eclipse”. For our sci-! edition we revisited Abullah Ibrahim’s “African Space Program”, etc.Eventually we decided to create an ongoing platform for this performance

work – artists and musicians would be invited from all over the world to present their work annually. In addition we set up an online radio to document and broadcast the process. This is how PASS1 (panafricanspacestation) was born in 2008. The acronym refers to the dompass, the document that controlled the movement of black people in apartheid South Africa, as well as to an inclusive platform for experimentation through nostalgia for the space age, which promised new knowledge of the self and the world.

How does PASS!work ?

In its !rst years, PASS took the form of a

month-long music festival, usually from September 12 to October 12, in venues across Cape Town and on the internet. Now, in an attempt to move away from the predictability of festivals, we’ve progressively re-centred the project around a freeform radio station, which streams word-sound live online 24/7. We stream live performances from ‘studios’ at Tagore’s Jazz Bar in Cape Town as well as satellite studios in Limbe, Cameroon and Kisangani in the DRC. Throughout the year we also host themed, live performances in Cape Town and abroad.

What is your role ?

PLACES

PANAFRICANSPACESTATION%<F:?<B=:A=[<J$:B?$>9:;<By Pascale OboloPictures courtesy of Chimurenga

“PLACES” is a space in which we talk about new areas of artistic creation.In the near future, online platforms will embody new sites for creation. By virtue of its operating mode and its ingenuity, Panafricanspacestation is a place for dematerialized art; it is another way to live and support art, to consume it and to disseminate it. But “PASS is also the cross-cultural and cyber-spatial exploration, bringing together diverse pan-African sounds from ancient techno to future roots. Panafriacanspacestation play the roles of a living archive as well as generate content and act as a valuable platform for interaction for music communities around the continent.” The project is an initiative of Chimurenga and is curated by Ntone Edjabe and Neo Muyanga.

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I program the live performances and invite artists and musicians to submit content for the online radio.

What type of music do you defend on this station ?

I look for genre-busting music from Africa worldwide and music dedicated to exploring new aesthetic territory, from Sun Ra to kuduru concoctions from Luanda.

“Futurism in black music has often been about addressing an experience of alienation.“

How do you use new technology ? And are they important in your creations ?

I am more interested in ‘black secret technology’— the way the street !nds its own uses for things. Historically this is how musical language has expanded across the black world, whether it’s in the use of the mixing console as instrument in Kingston in the 60s or the turntable in the Bronx in the 70s or the cellphone in Abidjan and Luanda today. When initially confronted with administrative and !nancial barriers we imagined PASS as a ‘radio’ by simply broadcasting music via live speakers on all 3 $oors of the Pan-African Market where

we’re based. People would physically come to the space to listen, creating a sense of community long before we decided to stream on the Internet. We deconstructed the ‘radio studio’ from an inaccessible glass cage to an open space where everyone who walked in the building was part of the performance—they were both the performer and the audience. This is not done with new gadgets but through the desire to break out of structural and infrastructural limits. Give us the name of the artist you referred to, your mentor ?

Fela Kuti

what do you think about Sun Ra the father of Afrofuturism ?

I imagine that Alabama, where Sun Ra came of age in the 1930s, was a stranger place than Saturn – a place that would make Saturn feel as his home. Futurism in black music has often been about addressing an experience of alienation, uprootedness, the irretrievability of home. The whole body of Sun Ra’s work, from writing, performing and recording is so uni!ed that it’s di%cult to pick out highlights. However my favourite Sun Ra

albums are “Angels and Demons at Play” (1965) and “Landiquity” (1978).

How do you see Africa in a distant future ?

I live and work on the continent, so I cannot see the whole of Africa. Africa is something one only sees from the diaspora.

PASS: Panafricanspacestation

Ntone Edjabe, originally from Cameroon, is a Cape Town based publisher, journalist, writer and DJ. In 2002 he became founder and director of the maverick#Chimurenga Magazine#and co-curator of PASS in 2008. In 2011 Edjabe won the Principal Award of the Prince Claus awards with Chimurenga plateform.

www.chimurengachronic.co.zawww.chimurenga.co.zawww.chimurengalibrary.co.zawww.africancitiesreader.org.zawww.panafricanspacestation.org.za

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CONCEPT

TRIBUTE TO A SHOOTING STAR

Holly Bass is a writer, performer and director. Her performance work, which combines dance, theater and creative writing, has been presented at respected regional theaters and performance spaces such as the Kennedy Center in DC, the Whitney Museum in New York and the Seattle Art Museum and the Smithsonian. At Sarah Lawrence College she studied modern dance under Viola Farber and creative writing before earning a Master’s in Journalism from Columbia University. A Cave Canem fellow, her poems have appeared in Callaloo, nocturnes (re)view, Role Call, Beltway and The Ringing Ear. She has received several grants from the DC Commission on the Arts and was one of twenty artists nationwide to receive the Future Aesthetics grant from the Ford Foundation/Hip Hop Theater Festival. In 2011, she was named one of the “Top 30 Black Performance Poets” in an international list compiled by The Root. She was voted 2012 Best Performance Artist in the Washington CityPaper. For this Issue of Afrikadaa she proposed 2 poems as a tribute to Betty Davis*

*Note: Betty Davis is a funk musician and ex-wife of Miles Davis, for whom she was a signi!cant musical in#uence.

By Holly BassArt work © Holly Bass (www.hollybass.com) photo#: Rosinna photography

Picture extracted from Holly’s performance «!African futures DC. This performance highlights the form and function of the black body in space.

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the mic is terri!ed and ecstaticright now, she could easilytake the head into her loud mouthswallow it whole, python-likelet the mic amplify her womblet the mic slip down her love canala newborn soundamniotic and complete

she kisses its tangled headcoos baby, babythere’s a mess on the $oorblood and sweat and something unnamedshe reaches down, !ngers the cordgives a good hard tugthen cuts it with her teeththe mic, exhausted, drops between her breastssuckling sound that leaksfrom her twisting nipplesstereo dials turned high as they can go

the air has left the roomthe light got up and walked out

three hours agoin the corner, a blown speaker

hisses staccato morse codeissss… thissss… mussssic?

mussssic?

a hush falls over the roomthe $oor is still a mess

for the !rst timethe mic knows

what it feelsto be alive

and deeply loved

there is no applause

>DEIJ$>R>?<F“Aretha Franklin is a singer. I consider myself more of a projector. I’m into sound.” –Betty Davis, 1975

betty steps to the miclaunches into soundthe device can’t handle herfull, grown woman moansthe mic politely lowers its headbut she grabs it by the necktears it from the stand

she drops low, knees spread widecord dangling between her legsshe doesn’t care who seesscreams, I don’t want to love youher lips halo the head, pulsingsound hurtles down into the wire meshsnakes through the trembling cordemerging out the other sideampli!ed

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.$ADQ<$>DIN$a stylus skips o"with a groove(whereabouts unknown)

love takes many formsdesire can’t account for everythingsometimes luck is tough

do I regret the recordsthat’ve slipped through my handsthe signature warp of soundsleft too long on the back seat

the slick sensationthe broken repeatreading between the lines!ngernails sliding along memory,needling the barely scratched surfaceI played you one time, two timeheavy rotation

was it ever meturning tables, ineluctably spunyou got me going in lyrical elisionring this alarmanother sound is

leaving the buildingwhen I hold you in my armsyou turn to dustyour vinyl ashescovering me with gilt

I sparklesounds bounce o" my skinsinners genu$ect at my feetBetty Davis is a starfourteen-hundred light-yearssouthwest of PlutoI’m a star, tooin my royal suit of armormy body of soundAnd it’s all because of you.I owe you one.Next time I’m in the boothslip me your request,a torn scrap,anythingI promise to play our song

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Betty Davis, They Say I’m Di#erent, 1974, cover designed by Ron Levine

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CONCEPT

DUPLICITY

Par Michèle MagemaAll images are courtesy of Gallery MOMO (www.gallerymomo.com)

«"Duplicity"» est un espace d’expression ou Michèle Magéma propose à un artiste, un échange autour de la thématique du numéro en cours. Michèle donne son point de vue et l’artiste invité s’exprime par trois propositions visuelles. Pour “Afro-futurism”, Michèle a invité l’artiste Vitshois"Mwilambwe à nous faire partager «" ses visions cosmiques"»

Silence, 2011 Mixed media on canvas

\,),(")$'()-,2!#)

Dé!ni comme futur en devenir,#l’afro futurisme,##fait le pont entre technologie et racines. Ce courant #a un lien étroit avec la science – !ction.##En e"et, Mark Dery#auteur, conférencier et critique culturel américain, premier à avoir employé l’expression “Afro-Futurisme”, fait un parallèle entre les esclaves enlevés par des êtres “étrangers à leur propres#terres#» et#les extras terrestres qui enlèvent les humains.##De ce fait, là où les#afrocentristes#proposent un retour à la terre originelle#l’afro#futurisme prône un retour vers Jupiter.Sans conteste, je suis interpellée#par l’afro-#futurisme,#car il réinvente

l’histoire##de «#la communauté noire#» dans son#acception#métaphysique.#L’afro futurisme insiste donc sur la “modernité” dont les diverses cultures noires font sans cesse preuve.#S’il s’agit d’avoir un regard#constamment##tourné vers le futur, comment cette vision futuriste peut-elle se manifester pour un artiste#dans les arts visuels#?

Le mot extra, associé à terre, m’évoque l’idée##d’un hors sol, d’un##déracinement et d’un déplacement. Aussi, je tente, pour ce numéro, de déplacer mon regard vers des#œuvres#que je perçois comme futuristes.##C’est pourquoi, j’invite l’artiste#Vitshois#Mwilambwe#à nous faire

partager «# ses visions cosmiques#». En e"et, l’artiste réalise de grands collages sur toiles,##de créatures étranges. Ces corps composés de têtes, d’ yeux, de bouches découpées apparaissent suspendus dans l’espace du tableau, comme une vision d’êtres en mutation. En#apesanteur,#elles sont hors temps. L’artiste propose un travail où le#spectateur#fait l’expérience d’un##métissage organique fantastique.#Ainsi,#je me laisse séduire par ces visions et##je rêve de ce##futur où tels les étoiles scintillantes dans le ciel,##«#les artistes Afros#», se#rependront#et scintilleront##de milles feux dans le monde.

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Untitled2011Mixed media on canvas200 x 180 cm

De haut en bas :CRASH2011Mixed media on canvas160 x 130 cm

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Sa carrière n’en est qu’à ses balbutiements, mais déjà Marc Johnson impressionne par son parcours. Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et de L’École Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Malaquais en 2012, il fut également lauréat du prestigieux Prix LVMH des jeunes créateurs. Ce jeune artiste de 27 ans à plusieurs cordes à son arc et la sculpture et les performances sont ses modes d’expression privilégiés. A la fois artiste, architecte et danseur, il sait mettre cette polyvalence à profit dans ses œuvres. Caractérisation de l’artiste et de son œuvre en six termes.

Alchimie #: Phénomène qu’il crée, à partir

d’une formule dont lui seul a le secret, réunissant dans ses œuvres les domaines qu’il affectionne. Arts visuels, mausique, danse, arts martiaux, architecture, littérature, anthropologie, histoire naturelle, biologie et mathématiques.

Inspiration : Influence qu’il puise dans ses voyages, ses lectures mais aussi dans l’oeuvre d’artistes référents#: Albrecht Dürer, le sud africain William Kentridge, le photographe Santu Mofokeng, Janet Cardiff & George Bures Miller et leurs installations sonores ou encore Anri Sala pour ne citer qu’eux.

Atlas (personnage de la mythologie grecque)#: Désigne ici une impressionnante

construction réalisée au moyen de dix kilomètres de bambous attachés avec quinze kilomètres de chambres à air, oeuvre avec laquelle le jeune artiste prenait possession de la cour vitrée des Beaux Arts en 2011.

Île : «#L’île déserte Acte 1, Fondation#» est le nom donné à la performance qui dialogue avec l’oeuvre Atlas. Cette performance est un savant mélange de danse, musique, jeux de lumière et de poésie. Ce ballet fugace interprété par des danseurs du Conservatoire National de Danse de Paris lui a été inspiré par Gilles Deleuze. Il y répond à une question célèbre :#“Qu’emporteriez-vous sur une île déserte et quels êtres y vivent ?#“Rêve de fondation, de#séparation#et

Marc JohnsonA’ :A;@=F=>?<

Par Carole"Diop Crédits": Oeuvres © Marc Johnson

PORTFOLIO

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de!récréation!; car l’île déserte est avant tout comme l’écrit Deleuze:! «!!Re-commencement. Elle est l’origine mais l’origine seconde. A partir d’elle tout recommence. L’île déserte est le minimum nécessaire à ce recommencement, le matériel survivant de la première origine, le noyau ou l’œuf irradiant qui doit suffire à tout re-produire […] Une telle créature sur l’île déserte serait l’île déserte elle- même en tant qu’elle s’imagine et se réfléchit! dans son mouvement premier. Conscience de la terre et de l’océan, telle est l’île déserte, prête à recommencer le monde. »

Surface de Boy!: Inventée par Werner Boy en 1902, la surface de Boy présente une topologie régie par la géométrie différentielle qui trouve sa principale application physique dans la théorie de la Relativité où elle permet la modélisation d’une courbure de l’espace-temps. Cette figure génératrice a servi de base au diagramme créé pour l’acte 1 du ballet, et sera réinvestie dans l’acte 2 : L’ile déserte /Acte 2/ Séparation en 2014, est un pavillon monumental!en dialogue avec un court-métrage multimédia et numérique expérimental.

Expérimenter!: Johnson s’empare des nouvelles technologies. Il a récemment produit une série d’artefacts à l’aide d’une imprimante 3D.L’artiste enchaîne les projets. Un livre, qui sera accompagné d’une exposition itinérante et un projet de film documentaire qui le mènera sur les traces des «!Hommes

hyènes!» au Nigéria, sont en cours de préparation. L’architecture n’est pas en reste puisqu’il travaille sur un projet d’aménagement d’espace public à Los Angeles. Mais ce dont, ce passionné d’histoire rêve par-dessus tout, c’est de créer

une performance au Louvre avec les œuvres du musée. Un rêve inaccessible!? L’avenir nous le dira.

Page de Gauche : « Tinnitus », Atelier Marc Johnson. 2013.Ci- dessus : Portrait de l’artiste en totem

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Ci- dessus : Détail de « #L’île déserte Acte 1, Fondation# », Cour vitrée, Beaux-Arts de Paris, 2011. Page de droite: ATLAS, Installation in-situ, 18m x 18 m x 16m, Cour vitrée, Beaux-Arts de Paris, 2011.

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Entrer dans l’univers de Paul Sika, c’est découvrir une œuvre artistique d’un tout autre genre!: celle d’un «!photographe-conteur!» des temps modernes. Photographie-cinématographie-storytelling, Paul Sika nous offre le tout, telle une invitation-mystère dans son imaginaire. Un imaginaire qui nous transporte vers un ailleurs, où la primeur va à l’instinct, aux sensations visuelles, à l’éveil des sens… Tout cela, dans ce délicieux mirage technicolor!qu’il appelle le «!photomaking!».

UN POP1CULTURISTE, INFLUENCÉ PAR SON ENVIRONNEMENT Paul Sika. Artiste, photographe, mais surtout «#maker#» créateur. Un artiste de son temps, qui s’approprie les médias et technologies qui l’entourent pour donner voie à sa voix, à son regard. «#Si la technologie en place ne me permettait pas de matérialiser mon imagination dans sa plénitude, je n’aurais pas fait de la photo#» explique-t-il. Son univers à lui, c’est celui d’un pop-culturiste, avec pour in$uence première, son environnement. Tout ce à quoi son regard a été exposé, tout ce qui a éveillé sa curiosité visuelle, son imagination : des jeux vidéos et BD de Miyazaki,

en passant par les contes et séries télévisées de son enfance (Les Contes de la Forêt, Mensonges d’un soir), aux !lms des réalisateurs cultes de son adolescence (Spielberg, Lucas). Paul Sika se nourrit de tout, il observe tout, il emmagasine tout… «#Je suis comme une éponge » dit l’artiste, avec un sourire. Son imaginaire est, en e"et, le fruit d’in$uences multiples qui ont contribué à ce qu’il appelle son «#canon de la beauté#». Paul Sika n’a pas de modèles, plutôt de l’admiration pour le talent de création de ceux qu’ils considèrent comme des maîtres dans leur domaine respectif. Avec une a"ection particulière pour ces créations de la Pop Culture qui

dé!nissent sa génération. Des sources d’in$uence colorées qui peuplent son esprit, se nourrissent, se parlent, se font écho… Et qui contribueront, plus tard, à la naissance de Paul Sika, le «#Photomaker#». Il n’est pas un fruit de l’école Warhol, et pourtant…

UNE CURIOSITÉ POUR L’IMAGE, SOUS SES MULTIPLES FACETTESNé à Abidjan en 1985, après un l’obtention de son baccalauréat, Paul Sika se rend en Angleterre pour y réaliser des études en informatique à l’Université de Westminster. Et c’est au cœur de cette ville cosmopolite, dans cette capitale de la mode connue pour sa jeunesse ultra-branchée que le photographe qui sommeille en lui fait son entrée sur la scène de son imaginaire. Une «#scène#», oui, car l’œuvre de Paul Sika, c’est avant tout, un travail de mise en scène, en image statique. Et pourtant, si vivante. Cette énergie que l’on retrouve dans son travail, elle découle de

son amour pour le cinéma. Une passion qui mûrit durant ces années universitaires où il se plonge dans l’univers du grand écran. De ces séances interminables de !lms, émerge une sorte de fascination pour l’image, sous ses multiples facettes. Une fascination qui l’emmène à développer une connaissance poussée de l’art de la mise en scène, du storytelling… telle que perçus, exprimés, à travers l’image.

LE DÉCLIC QUI MET AU PREMIER 2#CLIC#3. Il survient dans les rues de Londres. Un moment spécial entre l’homme et son regard. Un regard intrigué par des campagnes de mode visuellement attrayantes, mais lassantes, car pour lui, limitées à un palier créatif, et… la vision d’une séquence du !lm «#The Matrix Reloaded#» qui elle, le saisit et captive son jeune esprit de techno-intello-rêveur. Paul Sika est immédiatement séduit

Paul Sika5<$/@D?DF:M<B$]6^ Par Anna Djigo (Culture Concepts)

œuvres © Paul Sika

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par l’ingéniosité avec laquelle ce !lm semble repousser les limites du réel. Puis, une voix#: #«#Paul, c’est moi que tu cherches depuis si longtemps#! ». Et en!n, le déclic#: «#J’avais envie de faire du cinéma sur photo#». Naît ainsi «#l’éveil artistico-visuel#» du jeune photographe, avec une envie presque instinctive de capturer son environnement, de le représenter et surtout, de le remodeler, de le mettre en scène.Pour faire son entrée dans le monde de la photographie, Paul Sika choisit le numérique. Et le jeune homme qui avait, un temps, souhaité réaliser des études de cinéma, se voit très vite surpris par le vaste champ de création qu’o"re la photographie.

FROM BLACK & WHITE… TO COLORFUL DREAMS. «#A mes débuts, je shootais tout#; j’étais un photographe ‘trigger-happy’#» explique Paul Sika, en riant. Il commence par le noir et blanc, puis évolue, naturellement, de la monochromie à la couleur… Comme un «#appel#» se souvient-il. La couleur, élément intrinsèque à l’œuvre de l’artiste#; la couleur qu’il s’approprie et transforme…Car avec Paul Sika, la couleur est en perpétuelle mutation. Celles qu’il aime sont au-delà

du réel, dans un autre registre, comme celles des BD et jeux vidéos de son enfance#; elles virevoltent dans son imaginaire et se posent dans ses créations. Pur autodidacte, Paul Sika ne se !xe ni règles, ni limites#; il y va à l’instinct. Son processus de création, c’est toujours celui d’une aventure, d’un voyage au cœur de son imagination où, dit-il, il se surprend lui-même, ne connaissant jamais la «#destination !nale#». «#Je suis

comme un enfant qui découvre une nouvelle attraction…Where are we going today#? Show me something great#!#» se dit-il, à chaque fois qu’il retrouve son !dèle compagnon - son appareil photo, of course.Parlant de sa vision de la créativité, il explique que pour lui, «#c’est la science de l’imprévisible#». La liberté totale. Et cette liberté, il la traduit par un concept original, comme lui#: celui de «#l’imagination plastique#». «#Plastique#»

parce que «#malléable#» … «#Expansible#» … «#Aux possibilités in!nies#». Et c’est en cela que l’image le séduit car pour lui, même statique, dans son résultat, elle demeure «#malléable ». Et ainsi prend forme l’idée d’un «mix». Un mix de médias, de genres. Le jeune photographe fait alors appel au graphisme, à l’illustration, pour traduire sa vision.Et naît ainsi, Paul Sika, le

«#Photomaker#».

PHOTOGRAPHE. METTEUR EN SCÈNE. CONTEUR…2#PHOTOMAKER 3.Inventif, curieux, Paul Sika nous invite dans un univers ultra-visuel, où mise en scène, imagerie et émotions se parlent dans un langage qui est sien#: le «#photomaking#». Son art#: celui de mêler photographie, graphisme et conte, en images. Cet artiste des temps modernes n’est cependant pas amoureux

du processus photographique dans sa forme traditionnelle. Ce qui importe pour lui, c’est le résultat, l’habileté à pouvoir retranscrire sa vision. Et la photo, constitue pour lui, ce qu’il appelle la «#matière première du mix#». Sa dernière exposition, «#L’Appel de Lillian#», à la Galerie Cécile Fakhoury d’Abidjan (!n 2012), témoigne de la maîtrise de «#son#» art par l’artiste. A travers cette série, Paul Sika nous o"rait, en e"et, dans ce genre de pop-surréalisme qui lui est propre, des œuvres photographiques tout à la fois captivantes, séduisantes et intrigantes… Des photographies où le sujet participait activement à la vie de l’œuvre – les poses, hautement expressives révélant un dialogue entre des sujets incarnant des personnages, et donc, devenus «#acteurs#» et Paul Sika, non pas photographe, mais metteur en scène. Car Paul Sika, le «#photomaker#» applique les règles du cinéma à la photographie#: scénario, acteurs, travail de mise en scène et vernaculaire. Comme il l’explique, il ne «#traite#» pas ses photos, il les «#édite#» comme en postproduction, au cinéma; Car il n’est pas simplement photographe, Paul Sika. Et son art, le «#photomaking#» re$ète parfaitement cela.

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UN JOYEUX RÊVEUR, ANIMÉ D’UNE QUÊTEOptimiste, passionné, rêveur, Paul Sika est un artiste qui se sent animé d’une quête#: découvrir « le sens de la vie ». «#Ce qui m’intéresse, c’est de vivre selon le ‘bien universel’. Quel est le but de la vie#? C’est ça qui m’intéresse, au-delà de tout#». Et cette quête se traduit dans son œuvre. Une œuvre qui, comme l’a révélée sa dernière série, contient un message. Car il s’agissait, là, d’une histoire que nous contait l’artiste. Chaque photographie faisant le lien avec la suivante. Chaque détail participant au travail de narration. Tel un conte photographique avant-gardiste, Paul Sika, dans la série «#L’Appel de Lillian#» nous présentait, dans un savant mélange d’imagerie, de narration et de commentaire social, un regard tout à la fois inquisiteur et inventif sur notre société, telle une interrogation-observation sur les codes et mœurs de la jeunesse urbaine abidjanaise. Tel un appel quelque peu spirituel, donnant une dimension autre à l’homme et à son art… Comme pour nous faire partager sa quête, ses découvertes. Et c’est cette démarche de partage qui

contribue à faire de Paul Sika, un artiste de son temps.

“Si la technologie en place ne me permettait pas de matérialiser mon imagination ... Je n’aurais pas fait de la photo”

PAUL SIKA, 2.0Artiste de son époque, la technologie l’accompagne en tout. Des réseaux sociaux à son site Web, Paul Sika échange avec son public et use de la toile comme outil de transmission. Constamment, librement. Pas étonnant qu’il soit le chouchou des jeunes, des amateurs d’art et des médias#: de CNN (qui l’a interviewé après que le public l’ait voté leur artiste africain contemporain favori) à Amazon.com où le premier ouvrage photographique de l’artiste, At the heart of me, paru en Mars 2013, est déjà No. 1 des ventes dans sa catégorie. Son objectif, que son travail «#appartienne au plus de personnes possible#». D’où le prix abordable

de son livre, que notre joyeux rêveur a publié lui-même. «#Ma discussion se fait avec la masse. Je ne conte pas mes histoires en privé#» dit Paul Sika, avec un sourire. A travers cet ouvrage, Paul Sika souhaite, en e"et, créer un dialogue avec son public#- un ouvrage où l’artiste se dévoile dans cette forme d’expression qui lui sied si bien#: celle de l’image et du storytelling. Le tout, avec une générosité qui n’en rend que plus belles son imaginaire et ses créations. Et une touche d’optimisme telle qu’on en ressent toujours, après une conversation avec lui - toujours très lumineuse… comme ses œuvres. Paul Sika est un joyeux rêveur qui nous fait du bien. Et son imaginaire sans limites, nous réserve, c’est certain, de délicieuses surprises. Let’s continue dreaming with him.

Pour entrer pleinement dans l’univers de Paul :

www. paulsika.com

Ci- dessus, de gauche à droite : Mister tout mignon, 2012 / Mami - Mommi, 2012Page précédente : La barbe d’Alphabet , 2012Page de droite: Dandelia, 2012

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Quel est votre parcours!? Comment avez vous démarré votre carrière d’artiste!?Je suis née au Canada, dans la petite ville de Hamilton, une petite ville ouvrière au sud-ouest de Toronto. J’ai fait des études d’Anthropologie et de religions comparées à l’Université McGill (Montréal). Au cours de mes études, j’ai réalisé que je ne souhaitais pas rester dans le circuit académique car c’est un milieu trop restrictif, pas su%samment démocratique et très élitiste. Je me suis tournée vers la réalisation de !lms documentaires. Je suis partie pour L’Europe ou j’ai commencé en free-lance pour des chaines comme BBC et ITV en Ecosse. A ce point de ma carrière, j’ai réalisé que le format télévisuel était trop limité, j’avais envie d’explorer de nouveaux formats. En 2005, je suis donc venue à Paris pour participer à un programme de recherche (le programme «#La Seine#» de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris ). L’idée de devenir artiste a ainsi commencé à germer en moi. Ce n’est qu’après 3 ans de ré$exion et de

recherche que je me suis progressivement éloignée du format documentaire, sans pour autant l’abandonner, pour explorer d’autres formes d’expressions (Installations, performances, …). Le documentaire est aujourd’hui pour moi un medium de ré$exion parmi d’autres.

Pourquoi avoir choisi Paris!?C’est une succession d’opportunités qui m’ont conduites à Paris. J’ai eu la chance d’intégrer le programme «#La Seine#» qui n’existe plus aujourd’hui et c’est comme ça que mon aventure parisienne a commencé.

Vous utilisez

di$érents médiums (vidéos, installations, performances) où va votre préférence ?Ça dépend du moment. Actuellement ce sont les performances, les vidéos et les projets basés sur des notions que j’ai étudiées auparavant (sciences sociales, anthropologie) qui priment dans mon travail.

FOCUS

C’est dans un café parisien que nous avons rencontré Kapwani Kiwanga. La jeune artiste (sa carrière débute en 2008) vit et travaille à Paris depuis une dizaine d’années. Kapwani a développé une pratique artistique très personnelle empruntant ou détournant des méthodologies scienti"ques au service de réalités alternatives.

Kapwani Kiwanga!I<$:B?=>?<$>?<AA:=B<

Par Carole Diop Oeuvres © Kapwani Kiwanga

Video still / The sun Ra Repatriation Project (2009)Video, color, Sound 43 minutes

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L’Afrofuturisme a été une source d’inspiration pour le docu-"ction «!The Sun Ra Repatriation Project!.» Dites nous en plus sur ce projet!?«#The Sun Ra Repatriation Project#» (Ndlr#: Le Projet de Rapatriement de Sun Ra) est un «#document vidéo#» réalisé entre 2008 - 2009 qui fait partie d’un ensemble comprenant installation sonore, textes et vidéo. A travers ce !lm j’essaie de trouver une forme de rituel contemporain, une manière de rendre hommage à Sun Ra, cet artiste mythique qui prétendait être un extraterrestre venu de Saturne. Sa légende a été une source d’inspiration pas seulement pour moi mais pour toute une communauté. Et quoi de mieux pour honorer sa mémoire que de le renvoyer symboliquement sur sa terre d’origine. Pas à Birmingham (Alabama) où il serait né mais sur Saturne sa «#vraie#» patrie. Ce projet a été le fruit d’une longue ré$exion et m’a conduit à faire beaucoup de recherches notamment en astrophysique et en radio-astronomie , a!n de trouver comment communiquer avec Saturne. J’ai commencé par recueillir les témoignages de musiciens qui ont côtoyé Sun Ra et sur la base de ces témoignages j’ai fait réaliser

un portrait-robot par la gendarmerie de Lille. Chose surprenante le portrait-robot obtenu été loin de ressembler à Sun Ra. J’aurais pu montrer au gendarme une vidéo ou une photo de Sun Ra, j’aurais ainsi obtenu un résultat plus proche de la réalité. Mais ce qui m’intéresse vraiment c’est l’oralité, la manière dont

une information est transmise, la di"érence entre notre perception, le souvenir que l’on conserve et la réalité. Je cherchais à savoir qui était vraiment Sun Ra et à rester !dèle au souvenir qu’en avaient ses proches. Le portrait-robot a ensuite été traduit en un code binaire pour être transmis sous forme d’ondes radio vers Saturne le 16 mai 2009.Des personnes d’horizons di"érents ont été réunis autour de ce projet (musiciens, scienti!ques …). Réunir des personnes que tout oppose de prime abord, c’est ce qui motive mon travail.

Pourquoi avoir choisi Sun Ra!?Si j’ai choisi de travailler sur Sun Ra c’est parce que je m’intéresse aux mythes contemporains. C’est au cours de mes recherches pour un autre projet que j’ai découvert Sun Ra. Ce qui m’a plu chez ce personnage c’est son charisme.

En créant son propre mythe, il a trouvé sa propre façon de parler de ce qu’expérimentait la communauté noire au Etats-Unis. Il poussait les gens à croire à l’impossible, à voir au-delà de leur présent pour imaginer un futur plein de promesses.

En 2011 vous avez produit « Afrogalactica: un abrégé du futur!» une performance là encore d’inspiration afrofuturiste.Pour cette lecture performative de 45 minutes qui prend la forme d’une conférence, j’endosse le rôle d’une anthropologue du futur. J’ai créé ma propre «#Bio-mythologie#» où la vie vient d’un futur lointain. Dans cette performance je «#recompose#» notre présent mais aussi notre passé. J’ai travaillé sur la base d’archives, tous les évènements que j’évoque sont factuels hormis bien entendu les projections dans le futur qui appartiennent à la !ction spéculative que j’ai créé. Afrogalactica est un projet composé de plusieurs chapitres, le premier était en quelque sorte une introduction où je revenais sur l’Afrofuturism.

Video stillThe sun Ra Repatriation Project (2009) Video, color, Sound 43 minutes

Creation of composite sketch of Sun Ra based on testimoniesVideo still / The sun Ra Repatriation Project (2009)Video, color, Sound 43 minutes

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Je travaille actuellement sur le deuxième chapitre où j’aborderai la question du genre, la sexualité et la reproduction. La première lecture ne m’avait pas laissé le temps de traiter ces sujets qui sont pourtant présents dans la science-!ction.J’ai choisi de faire ces lectures performatives sous la forme de conférences tout en restant simple je voulais que ça ressemble à une conférence académique durant laquelle je réciterai mon texte avec mes notes à la main. Car mon propos est bien évidemment moins «#sérieux », j’y apporte beaucoup d’humour et de dérision. Les archives utilisées proviennent de l’imagerie populaire funk et

de l’Afrofuturism, mais aussi les mouvements politiques du 20e siècle.La série Afrogalactica permet de s’interroger sur la production de connaissances. Qui crée la connaissance#? Qui la di"use#? Qui a autorité pour parler#? Comment se transmet le savoir#? Ce sont toutes ces questions qui ont guidé ma démarche.

Que pensez-vous du mouvement afrofuturiste!?Je ne pense pas que l’on puisse quali!er l’Afrofuturisme de mouvement, selon

moi il s‘agit plus d’un mélange éclectique de personnalités, qui travaillent dans des domaines di"érents, mais qui partagent une certaine esthétique.

La science-"ction est également une source d’inspiration, quel est votre "lm SF préféré!? Mon travail est plus inspiré par des faits historiques que par la science-!ction en réalité. Ce que j’aime dans la science-!ction c’est que c’est un format qui permet de revisiter l’histoire et le présent et d’imaginer le futur, cela o"re une liberté totale. Je suis une grande fan de !lms et livres de science-!ction, j’ai beaucoup lu Octavia Butler, un auteur américain décédé il y a peu. J’apprécie aussi occasionnellement de regarder de !lms de genre allant du classique !lm de vampires aux !lms de zombies. Pour moi ce sont des mythes et contes contemporains.

Utilisez-vous les nouvelles technologies ? Sont-elles importantes dans votre travail ?Pas beaucoup en fait. J’utilise ce dont j’ai besoin quand j’en ai besoin. Je travaille avec ce que j’ai sur mon ordinateur ce que je peux me procurer facilement.

Où travaillez-vous ?Partout où je peux utiliser mon ordinateur le plus souvent chez moi dans mon salon. Actuellement je suis en résidence à Bourges et il y a un studio à disposition et c’est particulièrement agréable pour moi de travailler dans ces conditions car je n’ai pas toujours cette chance.

Vous sentez vous libre dans votre travail!?La plus grosse contrainte pour moi c’est le temps, j’aimerai avoir plus de temps, autrement je me sens plutôt libre.

Parmi vos œuvres, laquelle a votre préférence!? Afrogalatica, car ce travail m’a permis d’allier mon goût pour la recherche et mon envie de partage.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre vie d’artiste!?Le fait d’être en perpétuel apprentissage. Je rencontre beaucoup de monde, d’autres artistes, des gens d’horizons divers et cela m’enrichit énormément. La notion de partage est très importante pour moi.

Votre travail a- t-il été di$usé en Afrique!?Mes !lms ont été projetés Au Rwanda, en Tanzanie, en Algérie. En revanche, mon travail artistique n’a jamais été exposé hormis à Dakar au mois de mars dernier, dans le cadre d’une exposition de groupe organisée par le collectif On the roof.

Sans contrainte de temps, de lieu ou d’argent, quel serait votre projet rêvé!? Dans ces conditions de liberté absolue j’aimerai mener à bien un projet !lm en Tanzanie sur lequel je travaille actuellement. Il portera sur la#rébellion des Maji-Maji, un soulèvement de plusieurs peuples d’Afrique orientale allemande contre les autorités coloniales, entre#1905#et#1907.

En 2009, vous avez envoyé un portrait robot de Sun Ra vers Saturne. Si vous le pouviez aujourd’hui qu’enverriez vous dans l’espace? Si c’était un jour possible, j’aimerais aller moi même dans l’espace et y créer une oeuvre.

Link : www.kapwanikiwanga.org

"Je ne pense pas que l’on puisse quali!er l’Afrofuturisme de mouve-ment"

Afrogalactica: Un abrégé du futur, 2011 - Lecture performative à Paris Photo, 2011

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Haut : “The Sun Ra Repatriation Project” (installation view), 2009

Bas : Afrogalactica: Un abrégé du futur, 2011 Texte extrait de la performance

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Par #Carole#DiopCrédits#: œuvres de#Mamadou#cissé,# photos# de Umberto#Appa

MamadouCissé

Les villes, voilà plus d’une dizaine d’années que#Mamadou#Cissé#les dessinent.# Ce «#jeune#» artiste arrivé en France en 78 a toujours dessiné aussi loin qu’il s’en souvienne, mais c’est en 2001 qu’il a eu, comme il le dit lui même «#le déclic#».# Après avoir reçu en cadeau un cahier et des feutres, il entreprend de reproduire le pont de#Normandie#à partir d’une carte postale, et n’a eu de cesse depuis de remplir des feuilles blanches, de façon quasi obsessionnelle.#Agent de sécurité de son état,#Mamadou#Cissé#pro!te de ses longues heures de veille pour dessiner.#C’est à l’aide de feutres, de stylos#et de crayons que cet artiste autodidacte créé «#ses#» villes qu’il veut denses, colorées et vertigineuses. Pour lui la verticalité est une nécessité. Il rêve de villes «#intelligentes#» pour les générations futures. Ses dessins s’inspirent de ses voyages et des cartes postales collectionnées.#Dakar, Paris,#Amsterdam,#New#York,#Moscou, Le#Caire, ou encore#Sidney#se glissent dans ses œuvres. Il se les approprie a!n, de les «#améliorer#», «#d’en corriger les erreurs#».#

Les dessins de#Cissé#bien#qu’utopistes#et disproportionnés sont d’une incroyable précision, chaque bâtiment y est unique et se distingue des autres par sa couleur. Même si leurs habitants ne sont pas représentés, les villes de l’artiste vivent, en témoignent le $ux de véhicules qui noircissent leurs artères.

!

«#Il faut#des#monuments#aux#cités#de l’homme,#autrement#où#serait#la di"érence#entre la#ville#et la#fourmilière#?#» disait#VictorHugo. Une citation que l’artiste sénégalais fait sienne, accordant dans ses créations une place prépondérante aux monuments. Quand on lui demande son avis sur l’avenir des villes

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“ C’est à l’aide de feutres, de stylos"et de crayons que cet artiste autodidacte créé ses villes qu’il veut denses, colorées“

ARCHITECTURE

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africaines,#Mamadou#Cissé#est optimiste. «#Afro- optimiste#» dit-il. Tout est à faire. Il est persuadé#qu’architectes#et urbanistes sauront un jour trouver le moyen de créer des villes, modernisant des concepts existants, villes agréables où les gens vivraient en harmonie. Et ne lui dites pas que c’est impossible.Mamadou#Cissé#a été exposé l’an dernier à la Fondation Cartier et a participé à de nombreux évènements internationaux parmi lesquels la Biennale de#Dakar#2012, Art Paris, Art#Fair#2013,#Draw#Now#2013, salon du dessin contemporain. Il sera prochainement exposé à la galerie Bernard#Jordan#à#Zurich#et participera à la prochaine Biennale de#Lyon.

##

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Élements en vert = chapeau (à voir selon mises en page choisie) légendes des images : “cheacked” : pour la photo 8901 “kenyan boobs” : pour la photo 8912 “facebook” : pour la photo 8930comoros boobs : pour la photo 8933photographe : AMUNGA

“big mouth” : pour la photo 0172photo by ANTONY WASHIRA

Cyrus KabiruZBDF$JB<:F<B$?D$

Q=>=DI:BR

Artist Cyrus Kabiru, 28, was born in Nairobi, Kenya. He is a visual artist who explores the mediums of painting, sculpture and recycled items.He completed high school, but he never studied art. He is a self-taught artist. He shared a small house with his parents and "ve brothers and sisters until he was 22. Their crowded three-room house was surrounded by trash. “Every day, I woke up, the "rst thing I would see is junk”. His father wanted him to be an electrician. However, Cyrus refused. He wanted to study art so he went to art school brie#y. He didn’t want to study or to follow the teacher’s point of view. He deeply wanted and needed to follow his own way to be creative. Consequently, his father told him to move from their home to "nd another place to live.Cyrus developed his art and creativity thanks to his ability to remain optimistic in spite of many trials. Those dif"culties changed into a source of motivation. Since 2006, he has maintained a studio in KuonaTrust (kuona means “to see” in Swahili) which is an art incubator for the promotion of Kenyan visual artists. This talented, forward-thinking, nonconformist artist is always on the lookout for innovation. He wants to push aside the rules. As he likes to say, it’s important to «!think out of the box!».

By Djenaba Kane Art work © Cyrus Kabiru Photos : Amunga and Antony Washira.

DESIGN

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Why and how did you "nd the way to become an artist ? Sincerely, I#don’t#know exactly how I became an artist; I just started being one. I think I have always been very sensitive to what surrounds me. I am inspired by walking, it develops and liberates my imagination and I allow myself to think about crazy things. My paintings are joking: the humor takes an important place in my work and my life…I am shy, but my family and my close friends know me also as a joker! I didn’t grow up in a family of artists, and when I started I didn’t know any Kenyan artists. I think it’s more a state of mind. Indeed, since I was young I didn’t follow what people wanted. I do what I want because I have always wanted to go my own way. Although my entourage didn’t understand what I was doing, I prefer to live in harmony with myself.

When did you "rst discover your creative talents ?

I grew up being a good toy maker: I used to trade for everything with my art...Indeed, when I was at school, I was like a rebel. I didn’t do homework, or exams. All my class-mates were more clever than me, so I made a deal with them; “You do the exam for me and I will pay you in a sketch, sculpture or glasses”. I never thought what I did was art since I thought real art is portraits. So, in time, most of the people used to call me msanii (Swahili word for artist) whereas I never understood why they considered me an artist.For a long time, my art was like a hobby. When I sold my !rst painting I realized I could be an artist. I noticed that people

were interested in my work, so I worked on it harder and harder. Now, I can’t imagine living with-out my art…It’s my life!

Why did you choose this kind of expression ? Most of my work is made with recycled materials. This is an important choice for me because I really love and respect nature. Working with recycled materials is a way to save nature and above all it ‘gives trash a second chance’. I don’t consider rubbish trash or waste; on the contrary, I just see it as an opportunity to be creative. You are a talented sculptor and painter, but you are especially well known for your whimsical “C-Stunners”. Could you tell us their story ?

My inspiration came from my dad who used to wear glasses when he was young. One day, he inadvertently crushed them. He was beaten by my grandmother who had bought him these expensive glasses. From that day forward, he has hated wearing glasses.I became obsessed with eyewear because of this episode. But my father wouldn’t buy me glasses. He said to me “If you want glasses, !nd a way to make your own”. From that moment, I was about seven years old, I decided to put his advice into practice.I got the idea to name them “C-Stunners”: the “C” is for Cyrus and “Stunners” is of

course because they are stunning!Some of these glasses have a story behind them like the “Mandela Prison” ones. Consequently, I choose speci!c materials that !t the story.Even though there is increased interest in my C-Stunners, I prefer to make only one to three pairs a month. I don’t want to mass produce them or sell them at an exorbitant price.I just aim to live in normal conditions. I don’t want to be a rock-star! My purpose is to be a good model for Kenyan youth.I don’t want to be changed because of being rich; I want to keep my state of mind and have a normal life. What memorable positive reactions have you had during your career ?

First, I was very proud to be invited, in April, to the TED 2013 Fellows talk, in California. This program aims to bring together young innovators from around the world to

By Djenaba Kane Art work © Cyrus Kabiru Photos : Amunga and Antony Washira.

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promote their projects and activities.Then, I was also invited the last month to the Afrofuturist exhibition during the Milan#Fashion week.

Do you use new technologies in your work, are they important ? No I#don’t#use new technology. They aren’t so important in my work. I like to do it my own way with#normal#tools (scissors, wire, gloves, plastic, bottle caps…) in order to be in touch with my art.

How do you market your work ? I use traditional tools for my work, but in order to promote it on a large scale, I think we absolutely have to use the internet. So, I have a website, a Facebook page, and a Tumblr page.This way I can present my work to tourists who come to the KuonaTrust art center.Also, I have more invitations to international events -- an exhibition in Los Angeles and in Holland.

What about your distribution network ?

I do everything on my own. For international sales, people view my portfolio and place an order. Then I send it by DHL. I can also make paintings or glasses on demand.

Are Kenyan people interested in your work ? Not really. I think that is because it’s di%cult to explain the purpose and the importance of having art

in Africa. I am taking part in an “Outreach” program that promotes and teaches grandmothers creativity and ecological issues in our country.Next year, I plan to organize a residence in Kenya to gather local young designers.African artists have two important responsibilities: we have to “educate” local people about our art because it totally takes part in our culture and history. Then, we have to show to natives and foreigners that in Africa there is something unique and good existing.In my case, I have received at least ten requests to form foreign designer partnerships, but I refused these o"ers because I only want to work with Kenyan designers. What does your government do for the promotion of arts ?

Our government plans art programs and gets !nancial support from di"erent corporations. However, the artists never get these funds. So we can’t rely on them.

We still don’t have a large annual event that celebrates our art.

Could you inform us about your upcoming projects ?

In June, I am going to participate in a three week residency in Nigeria. Then in August I will attend a TED talk in Vancouver.

To "nish, what does the theme “AFROFUTURISM” evoke to you ?

According to me, Afrofuturism evokes the feeling of#excitement#to#be able to discuss#challenges within the African#art and design context. Moreover, it’s also the idea of bringing top#African#artists and designers together to have critical conversations and to show that our work is worthy.

“ African artists have two important responsibilities: we have to “educate” local people about our art because it totally takes part in our culture and history.“

We would like to thank you for your time…It was sawa sawa (Swahili word for cool)!

For further information on Cyrus’ work, please visit these following websites:http://www.ckabiruart.daportfolio.com/

http://cyruskabiruart.tumblr.com/

https://www.facebook.com/pages/Cyrus-

Kabiru-Art/136040723101586

http://kuonatrust.org/

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EXHIBITION REVIEW

THUS SPOKE WANGECHI

By Anne Gregory, artist, Durham, NC USA

Originally from Kenya, and now based in Brooklyn, Mutu uses her singular Afrofuturist vision to confront issues of race, colonialism, consumption, and the objecti!cation of the black female body. Her large scale collages combine images clipped from fashion and porn magazines, medical books, hunting catalogs and machine manuals, as well as found objects, bling, and her distinctive paint splotched paper. The emotional content of these mixed media works can be overwhelming. She serves rage, female sexploitation, brutality, indulgence, and repulsion in unbearably large doses. Her work is not easy to look at; however, it’s impossible not to stare.

The End of eating Everything (still), 2013. Animated video (color, sound), 8:00 minute loop, edition of 6.Courtesy of the artist. Commissioned by the Nasher Museum of Art at Duke University, Durham, North Carolina. © Wangechi Mutu.

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In the diptych Yo Mama, Mutu gives a shout out to Funmilayo Ransome-Kuti, the trailblazing Nigerian women’s rights advocate who fought against British colonialism. A female with luminous, mottled skin, kneels, legs splayed, on a planet. She holds the body of a white snake entangled on a distant sphere. Her stiletto heel jabs its decapitated head. Little black orbs, representing the African Diaspora, $oat o" into the pink sky. She knows how to tell a story.

Family Tree is a series of 13 collaged portraits arranged to show the lineage of a couple. In this family, all the members are female – including the original parents. Behind these strange amalgamated faces the message is loud and clear -- a feeling of empowerment is palpable.

Mutu explores the theme of over consumption in two !lms. The video Eat Cake shows her sitting in a swamp setting. Her hair is wild. Her !ngernails are like claws. She eats a chocolate cake with her hands.

Viewing this video is like watching a feral animal consume something it doesn’t need.

In her !rst animation, The end of eating Everything, an Egyptian–eyed woman (played by recording artist Santigold) with medusa hair and a body as big as an island, lumbers through space. Her characteristic mottled skin glows like molten lava. Straining from her bulk, she gorges on a $ock of birds until she explodes into lots of little heads that spiral away. Is it the end of a cycle or the exponential beginning of more?

Wangechi Mutu’s work can be read as an epic Afro-feminist manifesto. Wrestling with one political and cultural stereotype after another she rewrites the script and the victim becomes the victor. We are not spared the terrible struggle, the blood, the anguish, but in looking we share in the triumph.

WANGECHI MUTU : A FANTASTIC JOURNEY, will run at the Nasher Museum of Art at Duke University, March 21, 2013 – July 21, 2013. The exhibit travels to the Brooklyn Museum of Art in September 2013, the Museum of Contemporary Art, North Miami in April 2014 and the Mary and Leigh Block Museum of Art at Northwestern University in September 2014.

The Museum of Contemporary Art, Sydney, Australia will host the largest international survey of Mutu’s work May 23 – August 14, 2013.

From left to right

1 Family Tree, 2012. Suite of 13, mixed-media collage on paper, 41.28 x 31.12 cm. Collection of the Nasher Museum of Art at Duke University. Image courtesy of Susanne Vielmet-ter Los Angeles Projects. © Wangechi Mutu. Photo by Robert Wedemyer.

2 Once upon a time she said, I’m not afraid and her enemies became afraid of her The End, 2013. Mixed media, dimensions variable. Courtesy of the artist. © Wangechi Mutu. Image courtesy of the Nasher Museum of Art at Duke University, Durham, NC, USA. Photo by Peter Paul Geo#rion.

Artist Wangechi Mutu in her Brooklyn studio, 2012. Photo by Kathryn Parker Almanas.

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Yo Mama, 2003. Ink, mica $akes, pressure-sensitive synthetic polymer sheeting, cut-and-pasted printed paper, painted paper, and synthetic polymer paint on paper; overall: 150.2 x 215.9 cm. The Museum of Modern Art, New York.. © Wangechi Mutu. Digital Image © The Museum of Modern Art/Licensed by SCALA/Art Resource, New York. Photo by David Allison.

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Le 14 mars 2013 célèbre les 1 an de la revue Afrikadaa et pour l’occasion le collectif d’artistes convie les lecteurs à un acte éditorial live organisé au Lavoir Moderne Parisien. Intitulée From Birth To I-Dentity, la soirée met à l’honneur les plasticiens, vidéastes, photographes, écrivains, musiciens et performeurs qui rythment les pages des

4 premiers numéros. Placé sous le signe de la création, de la poésie et de l’engagement, l’acte éditorial live se fait plateforme de dialogue entre les arts et les territoires, à l’image de la revue qui a su s’imposer sur la scène culturelle contemporaine comme référence et force de propositions artistiques et critiques.

La programmation, aussi riche que vivante, éclectique que vibrante, élaborée par le collectif Afrikadaa se déroule en deux actes. Dans un premier temps «#Images en mouvement#» fait la part belle à une sélection exigeante de !lms. Au premier rang desquels !gure le très hypnotique Rebirth. Ce dernier est extrait du !lm musical

FROM BIRTH TO I-DENTITY.;?<$_J=?DB=:A$A=Q<$:E$5:QD=B$-DJ<BI<$/:B=>=<I$$

Par Sonia RecasensCrédits photos : © Pascale Obolo

EXHIBITION REVIEW

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réalisé à la Nouvelle Orléans par Christophe Chassol, Nola Chérie, Fanfharmonization of a city. Rebirth nous entraîne dans une spirale labyrinthique de notes et d’images formant des boucles samplées à l’in!ni. Pianiste et arrangeur de talent, Christophe Chassol compose une partition originale et multisensorielle de sons et d’images répétées, superposées, sublimées. Quant au très poétique et touchant !lm de Louisa Babari, Père, il nous entraîne sur un chemin tortueux d’images et de sons empruntés au cinéma et à la musique. L’artiste russo-algérienne met en image un paysage sonore d’une grande sensibilité qui enveloppe le spectateur pour le plonger dans un voyage allégorique et philosophique sur les sentiers

de la mort, du deuil et de la !liation. La deuxième partie de la soirée met à l’honneur Les performances et lectures performatives avec notamment une lecture très passionnée et enlevée de Gérard Bloncourt. Ce poète, peintre et photographe, né en 1926 à Haïti embrase le public avec sa verve fougueuse et chaleureuse en interprétant deux de ses poèmes Le Rebel et Je Hurle à la lutte, qui crie son amour pour une Haïti meurtrie. De meurtrissures, il en est aussi question dans la performance de l’artiste franco-gabonaise Myriam Mihindou. Comme toutes les performances de l’artiste, No Sensibility est une action corporelle soigneusement ritualisée pour questionner de manière radicale le corps. Dans une

puissante mise à l’épreuve des limites physiques et psychique, le corps de l’artiste exulte les tabous et stéréotypes opprimant le corps de la femme.

Transcendant la dématérialisation du digital, l’acte éditorial live From Birth To I-Dentity imaginé par Afrikadaa s’inscrit au cœur d’une actualité créative et donne in situ la parole à une scène artistique bouillonnante et plurielle tissant avec poésie des liens entre intimité, politique, identité, mémoire et corps.

Haut : Gérald Bloncourt Bas : Patrick de Lassagne

Haut : Kemi Bassene et Jean-Michel QuionquionBas Christiane Prince

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C’est en mars dernier que se tenait à la Galerie Martine et Thibault de la Châtre, l’exposition Le Drap de Samta Benyahia. Née à Constantine, l’artiste explore ses racines multiples à travers notamment des signes et symboles ancestraux berbères, arabes, andalou. Au moyen des principaux leitmotivs de son langage plastique, que sont le moucharabieh et la rosace Fatima, l’artiste d’origine algérienne sonde les mémoires et les imaginaires de ces motifs sculpturaux, pour les déplacer et les détourner. Elle se plaît à jouer inlassablement avec ces symboles pour habilement subvertir les limites établies entre hommes/femmes, intérieur/extérieur, plein/vide, jour/nuit. De cette façon, de nouveaux espaces architecturaux et mentaux se font jour comme dans l’exposition Le Drap. Constituée d’une installation textile, d’une installation vidéo et de toiles sérigraphiées, l’exposition reproduit les motifs du moucharabieh et de la rosace Fatima sur un drap, mettant en exergue la connivence de ces objets. Le drap comme le moucharabieh renvoie à

l’univers clos du gynécée ou du harem. Transcendé de ses fonctions domestiques et décoratives, le drap de Samta Benyahia trône au milieu de la

première salle de la galerie créant ainsi de nouvelles modalités de circulation et de perception. Le spectateur est invité à pénétrer dans l’intimité du drap, et à voir au travers du moucharabieh. Les frontières entre visible/invisible, public/privé s’estompent et se troublent Samta Benyahia explore avec poésie les entrelacs mythologiques, symboliques et historiques dont sont imprégnés les multiples plis du drap. Enveloppe textile, enveloppe charnelle, le drap accompagne des générations de femmes dans leurs rites de passages : de la naissance à la nuit de

Par Sonia RecasensCrédits : © Samta Benyahia et la Galerie Martine

et Thibault de la Châtre, Paris.

Samta Benyahia transcende

“Samta Benyahia explore avec poésie les entrelacs mythologiques, symbol-iques et historiques dont sont imprégnés les multi-ples plis du drap”

5<$%B:9

EXHIBITION REVIEW

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noce, de la maternité au repos éternel. Étendard de la science du !l, le drap entretient une complicité millénaire entre intimité, féminité, sexualité et tissage. Activité diurne et savoir faire matrilinéaire, le !l du drap tisse rêveries, mémoires et paroles in!nies des femmes. Cette sublimation du matriarcat est d’autant plus criante que des toiles sérigraphiées avec le portrait de la mère de l’artiste rythment les deux

espaces d’exposition. Dans l’installation vidéo située dans la deuxième salle, les youyous résonnent pour célébrer une nouvelle histoire du drap#: non plus celui tâché de sang qui scelle la femme à son destin d’épouse, mais le drap témoin du savoir faire de générations de tisserandes et !leuses, héritières de Pénélope. Ces traditions habituellement cachées au regard, cantonnées à l’espace domestique et

dénigrées, sont ici réhabilitées et honorées.

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Un an après la première édition de leur exposition au Centre d’Art Vivant de Tunis anciennement lieu de censure et de corruption sous le règne de Ben Ali, le collectif d’artistes tunisiens Politiques à pris ses quartiers à la Galerie Talmart à Paris le 21 mars et le 4 mai dernier, avant de réinvestir Tunis et de voyager à Beyrouth en septembre 2013. Issus de la même génération, Nidhal Chamekh, Ymène Chetouane, Fakhri El Ghezal, Maher Gnaoui, Ismaël, Atef Maatallah, Ibrahim Màtouss partagent une

vision commune de l’art comme acte de résistance et de libération face à des discours et des situations politiques, économiques et sociales violentes, oppressantes et incertaines. Cette exposition permet de prendre le pouls d’une scène artistique en pleine e"ervescence, motivée par une soif d’expression plastique et esthétique pour trouver du sens à un présent et un avenir trouble. Avec ces nouvelles éditions, le collectif en pro!te pour s’enrichir et inviter des artistes d’autres aires géographiques (France,

Sénégal, Palestine…), prenant ainsi une dimension plus universelle. Par exemple les pérégrinations du sociologue Jaune Morpion dans la vidéo de l’artiste sénégalais Iba Wane nous plonge non sans humour dans l’intimité de la vie métropolitaine parisienne. L’œil acéré de l’artiste palestinien Shadi Al Zaqzouq, sonde sans ménagement les travers et tabous qui sclérosent la société. Ces toiles font le portrait de l’altérité, de la marge, comme si !nalement c’était dans la périphérie que se trouvait la liberté. Son tondo After Washing (2012), présente

POLITIQUEMENT INCORRECT"?

Matthieu BoucheritGOOGLE.WAR : LE POIDS DES IMAGES.

Série «Peintures d’Histoire» :«#1_HOMS». Acrylique sur toile. 4 x 6 cm, 2012

Par Sonia Recasens

EXHIBITION REVIEW

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une femme, bandana sur le visage, yeux perçant, exhibant une culotte a"ublée du slogan du Printemps Arabe scandé à tous les dictateurs#: «#Dégage#!#».

"Une scène artistique en pleine e$ervescence, motivée par une soif d'expression plastique et esthétique"

Cette petite culotte en apparence innocente avec son nœud rose, interroge la place des femmes dans les mouvements de contestation et notamment les représailles sexistes et les violences sexuelles dont elles sont victimes. Il est à noter que la culotte révolutionnaire fut censurée lors de la 6ème édition d’Art Dubaï 2012, le comité de censure jugeant certainement inconvenant de nettoyer son linge sale en public. Au moyen d’un processus particulièrement judicieux et puissant de miniaturisation, l’artiste Matthieu Boucherit insu&e vie et

émotion à des images de deuil et de mort froidement vulgarisées et banalisées par nos écrans de télévision. La miniaturisation attire l’attention du spectateur, créant une intimité avec ces tranches de vie violemment basculées dans la douleur et la peine. L’artiste met en exergue les expressions des !gures qui retrouvent toute leur humanité.

Haut de gauche à droite 1- Malek GnaouiVs Sheep,Installation : céramique émaillée, sérigraphie et lumière.170*59 cm, 2012

2- Maher GnaouiID GAZ,Bouteille de gaz, techniques mixtes. 56*30cm, 2012

3- Shadi Al ZaqzouqAfter Washing, huile sur toile. 60 x 60 cm, 2011

4- Nidhal Chamekh«A5ralou !h», Encres et impression sur papier. 24 x 30 cm, 2013

Idées noires, Encres et transfert sur papier. 40 x 40 cm, 2013« Fais-moi stresser », Encre, crayon et impression sur papier. 24 x 30 cm, 2013

5- Convertissez-vous, huile sur toile. 41 x 33 cm, 2013

6- Ymène ChetouaneReality, céramique et peinture.

15 x 9 cm x 6. 2012

Par Sonia Recasens

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Filmaker Cecila Tripp takes us to New York where composer, writer, artist and DJ, Paul Miller, best known by his stage name DJ Spooky shared with her his own unique view on art, music and poli-tics.CecilIa met Paul During her residency at Brooklyn College this spring. He was himself in residency at the Metropolitan Museum of New York. They had previously worked together in 2004 on her re-enactment "lm “The Making Of Americans”, at the same time Paul D. Miller was creating his Remix of “Birth of a Nation” by D.W. Gri#th.

THAT SUBLIMINAL KID%`$)9DDMR$By Cecilia Tripp

Pictures courtesy of Paul D. Miller

CARNET DE BORD

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#CT: You are the "rst African-American artist to be invited for a residency at the MET. How do you see this in regards to the legacy of the Civil Rights Movement up to now, considering that your father has been one of the lawyers of Angela Davis? We see in this day and age, how the civil disobedience movement is out in the streets with a young generation of activists reclaiming change, asking for action towards various issues, including global warming, which is the theme of your new piece “Of Water and Ice ” ?

PDM: I always think that some of the most progressive things happen in some of the most unexpected ways. Look at the history of Civil Rights - President Lyndon Johnson was able to pass Civil Rights over the resistance from The South, and see what that did! The South of the US and Apartheid Era South Africa are not much di"erent - the prison industrial complex, the callous sense of numbness on the part of the population... This hasn't changed much. My art represents a permutation on these themes. The Metropolitan Museum is one of the most important establishment museums going.

Water and ice are re$ections of one another in every way. I love the idea of comparing the idea of music to water, nothing stays the same - all is $ow.#CT: You have been invited by the Venice Biennale this year. What is the project you will present and which pavilion will you be representing ?#PDM: The idea for my Maldives Project is to look at all aspects of the way the islands are being erased by the rising currents of the ocean. Basically I look at the process of how data can be turned into music compositions. It’s a string quartet work that I'm running through my iPad software and will have the whole thing presented at Venice as an "acoustic portrait".

CT: We also would love to hear about your Romare Bearden project, you presented this for Performa last month at GET READY FOR THE MARVELOUS: BLACK SURREALISM IN DAKAR, FORT-DE-FRANCE, HAVANA, JOHANNESBURG,!NEW YORK CITY, PARIS, PORT-AU-PRINCE,

1932-2013 ?#PDM: Melvin Van Peebles is an old friend, and he has been very supportive of my work. I wanted to show some of the continuity between some of the older artists involved with progressive African American culture and contemporary digital media - Melvin edited his !lms, acted in them, and wrote the music scores. So I did a dialog with him about total media, and how art responds to these changing contexts of what it means to be "authentic" in an era where identity is in so much $ux.

CT: There is this other conference on soundscapes and territories… I was thinking of your latest work in regards to this, because in recent years you have worked a lot with archival sound material as a sort of history mixer and now you have moved on to score di$erent landscapes and territories like in your “Ice” project…

PDM: Composers like Debussy and Varese are my big heroes for this kind of thing, but my favorite composer is probably Iannis Xenakis. When you look at how composers

THAT SUBLIMINAL KID

AI Weiwei with Paul D. MILLER and his Magazine Origin he co-edites with Yoko Ono

By Cecilia TrippPictures courtesy of Paul D. Miller

Sreen shot

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like John Cage and Steve Reich have handled landscape, there's a deep connection to "chance operations" but with Steve Reich, there's more of a deep relationship: he wrote the introduction to my last book. I think we have to look at science with more than open eyes - we need to feel the evidence of global warming. That is the tragedy of global warming and storms like Sandy - they a"ect everyone, but the poor and people of color are even more a"ected because of the way class and social justice have been distorted by our post-colonial system. Right now, there are more slaves than at the peak of the African slave trade. It’s a tragedy that global warming and human tra%cking don't get the attention they should. Art has such an important role to play in reframing the way we think about nature. The world is changing more quickly than any scientist anticipated, but artists always knew...

"The world is changing more quickly than any scientist anticipated, but artists always knew..."

#CT: You’ve said that “Music is the Mirror we hold up to society”, tell me a little more about that.

PDM: I'm a big fan Frantz Fanon, Samuel Delaney, William Gibson, Neal Stevenson, Bruce Sterling, Pat Cadigan, Octavia Butler... The mirror is always changing. Society is the static image of our poetry written in coded language. You just have to learn the cipher and make it all evolve.#CT: How do you see your work in relation to Sun Ra, whose triggering music and

soundscapes inspired Afrofuturism as a utopia to build a new era that he predicted would lead to the liberation of the mind; a borderless place beyond identities to revise the past from the future ?

PDM: My work is a direct response to what’s going on in tech, science "ction, contemporary art, philosophy, and literature. It’s all about re#ecting some of the ways we could and should have been, and the loss of so many great teachers like Sun Ra or Jimi Hendrix means that we need to sometimes just look to ourselves as the solution. I have never said I shape or mold the future or past, I simply believe that there’s a dialectical process at work with the way electronic music relates to our sense of pattern recognition. Quantum physicists like Brian Greene, "rmly believe in the existence of in"nite parallel universes. So do I. When you

Dj’s Spooky concert at the MET Museum

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look at African American science "ction writers like Samuel Delaney, Octavia Butler, or even George Schuyler (who people tend to forget became really conservative late in life) always tended to have a kind of “biological surrealism” at work - mixing race metaphors with science etc. I tend to wander through the corridors of history with an irreverent attitude and just say “fuck it, its all a mix.” People tend to get too caught up on the speci"cs of anything. !at’s boring. Life should be wild and "lled with beauty, and the unexpected destruction of received wisdom. !at’s the only way things change. And that’s what I think Afrofuturism is about.

CT:!What you think of the Afrofuturism Mouvement ?

PDM: It exists as a virtual space in a culture rapidly evolving towards full digital immersion. Africa was already there. !e rest of the world is catching up. !is is retro-future.

CT:!Do you consider yourself being a part of it ?PDM: All is abstraction.

CT:!If you send a sound piece in space which one would you send ?

PDM:Frequency of the ocean currents of the South Paci"c, mixed with the electromagnetic patterns of the Earth’s magnetosphere. Or DNA sequence of human genetic code, but made into sound.

CT:!Have you been in%uenced by Afrofuturism in your artistic production ?

PDM:Yes, from the viewpoint of in"nite potential in Black Culture, and the denial of all limits towards what it

means to be “black.” So many people accept limitations on “blackness” - I do not.

CT:!Thank you Paul that’s a beautiful way to leave this conversation to be continued.

Here are some links to Paul D. Miller’s work

http://www.djspooky.com/antarctica

His recent work «$Ghostworld$» will be presented at the Maldives Pavillonat the Venice Biennal 2013

http://www.djspooky.com/articles/venice_2007.php

Below : Paul D. Miller ‘s book cover

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“MAFARKA LE FUTURISTE, ROMAN AFRICAIN” DE FILIPPO TOMMASO MARINETTI, PUBLIÉ EN 1910 CHEZ SANSOT.

Filippo Tommaso Marinetti est un écrivain italien, né le 22 décembre 1876 à Alexandrie, Égypte, et mort le 2 décembre 1944 à Bellagio.Profasciste, et ami proche de Mussolini, il est surtout reconnu comme étant l'initiateur du mouvement littéraire du Futurisme. Ainsi, c'est en janvier 1909 qu'il publie en Italie son célèbre "Manifeste du Futurisme", véritable acte précurseur de cette culture des avant-gardes qui marquera le XXe siècle. En énumérant onze objectifs, il y proclame l'avènement d'une nouvelle esthétique de la vitesse et de la modernité industrielle.

Mafarka le futuriste, son premier roman, qui reste à ce jour le plus connu, met en scène une sorte de surhomme mécanique et ailé, qui s'envole vers le soleil. Ce roman illustre de façon romanesque les onze «#commandements#» de son «#Manifeste du Futurisme#». Parmi ces principes, nous pouvons citer#: la glori!cation de la guerre, «#seule hygiène au

monde#», accompagnée du militarisme, du patriotisme, du mépris de la femme, et de l’éloge de la vitesse. L’histoire se déroule en Afrique du Nord, et parle de Mafarka el-Bar, anti-héro par excellence, roi de Tell el-Kibir qui aime la guerre, méprise les femmes et se tourne vers le soleil lorsqu’il a besoin de conseil. A!n d’assurer sa postérité, il décide de construire un !ls#: un oiseau mécanique, gigantesque et invincible, se passant de l’intervention d’une femme. D’un baiser qui lui causera la mort, Mafarka insu&era son âme à cette créature pour qu’elle dé!e le soleil. Dans ce roman, Marinetti nous peint une vision cauchemardesque d’une planète plongée dans l’obscurité une fois que Gazourmah, l’oiseau mécanique, a remplacé le soleil.

“AFROFUTURISM: THE WORLD OF BLACK SCI1FI AND FANTASY CULTURE”, D’YTASHA L. WOMACK, PUBLIÉ

L’Afrofuturisme est un courant qui#couvre à la fois la culture pop underground et de masse.#Avec un double objectif qui est de divertir et d’éclairer les esprits, les Afrofuturistes s’e"orcent de briser toutes les barrières raciales, ethniques, et sociales qui empêcheraient les individus d’être libres.#Ce livre présente aux lecteurs les artistes qui ont pris part à l’essor de l’Afrofuturisme.Les sujets abordés vont de la littérature de science-!ction de Samuel Delany, Octavia Butler, et NK Jemisin, en passant par les univers musicaux de Sun Ra, George Clinton, et le Will.I.Am des Black Eyed Peas, et les arts visuels et multimédias de di"érents artistes inspirés par les mythes africains Dogon et des divinités égyptiennes. Cet ouvrage comprend des entretiens avec des rappeurs, des compositeurs, des musiciens, des chanteurs, des auteurs, des illustrateurs, des peintres, des comiques, des DJs, ainsi que des professeurs de l’Afrofuturisme, donnant ainsi, un aperçu de première main de ce mouvement fascinant.

Ytasha L. Womack est journaliste, auteur, réalisatrice et chorégraphe primée. Elle est l’auteur de la nouvelle afro futuriste «#2212:Book of Rayla#», première de la série révolutionnaire de Rayla 2212. Ses autres livres comprennent le livre acclamé par la critique Post Black : «#How a New Generation is Rede!ning African American Identity#».

AFRIKADAA’S LIBRARY

Page 109: Afrofuturism final

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JAZZ ET VIN DE PALME, DE EMMANUEL B. DONGALA, ÉD. LE SERPENT À PLUMES, COLL.

Emmanuel Dongala a dix-sept ans en 1958, quand le Congo devient une république indépendante. Dans huit longues nouvelles au rythme balancé et à l’humour corrosif, il fait revivre la Révolution rouge de Brazzaville, qu’il considère avec un profond pessimisme, et promène son blues dans les boîtes de jazz de New York, où il se repaît des sonorités inspirées de John Coltrane. Sous la naïveté burlesque des sujets, tels ces extraterrestres prenant possession de la planète et qui ne peuvent être détruits que par le vin de palme et la musique de Sun Ra, cet ouvrage nous livre quelques-unes des plus belles pages sur la défaite du rêve des jeunes États africains, évoquée comme en écho par la tragédie d’un saxophoniste de génie en quête de l’absolu.

AFRIKADAA’S LIBRARY

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AFRIQUE

. «!Ondes de Perturbation!» -

NESTOR DA

12 Avril au 1er Juin 2013

Galerie Cécile Fakhoury - Abidjan,

www.cecilefakhoury.com

BILI BIDJOCKA

De nombreux artistes, depuis plus

de deux mille ans, ont été inspirés

par la Cène, le denier repas du

Christ pendant lequel le fils de

Dieu livre son testament. Ils

sont treize à table, comme dans

une pièce de théâtre parfaitement

réglée. Ce que nous propose

l’artiste camerounais avec son «…Do

Not Take It, Do Not Eat It, This Is

Not My Body…» est en quelque sorte

une anti-Cène. Une proposition

profane dans laquelle Dieu, dans sa

conception judéo-chrétienne, est

absent. L’événement, il vaut mieux

employer ce terme plutôt que celui

d’»exposition» qui ne correspond

pas tout à fait au propos, se

déroule en deux volets.

«!Bili Bidjocka!»

Juin-Septembre 2013

Fondation Charles Donwahi pour

l’art contemporain

06 BP 228 Abidjan 06

Boulevard Latrille, face Eglise

Saint Jacques

Abidjan II Plateaux

Tel: +225 22 41 45 49

http://fondationdonwahi.org/

FRANCE & EUROPE

MY JOBURG

L’exposition My Joburg présentera

un panorama de la scène artistique

de Johannesburg, en mettant plus

particulièrement l’accent sur une

jeune génération d’artistes, encore

largement méconnue en France

tels que Kudzanai Chiurai, Zanele

Muholi, Mary Sibande, ou Mikhael

Subotsky, ainsi que la jeune

génération de photographes formée

par le Market Photo Workshop,

fameuse école de photographie

fondée en 1986, à laquelle une

section de l’exposition a été

confiée.

Aujourd’hui Johannesburg occupe

une place essentielle pour l’art

contemporain africain.

L’exposition rendra compte de la

diversité et de la richesse de sa

création artistique en dévoilant

les récentes créations de plus

de 40 artistes couvrant les trois

dernières générations Joburgeoises.

Ce parcours sera complété par

des propositions d’acteurs du

milieu artistique de Johannesburg.

Ont ainsi été invitées Bettina

Malcomness, commissaire

indépendante, et Dorothee

Kreuzfeldt, artiste, qui proposent

un accrochage en écho à leur

ouvrage NOT UTOPIA (à paraître

en avril 2013) – une vision très

personnelle de leur ville.

Cette manifestation s’inscrit dans

le cadre de la saison sud-africaine

en France, en partenariat avec

l’Institut Français et le National

Council for the Arts of South

Africa.

«!My Joburg!»

20 juin - 22 septembre 2013

Vernissage presse mercredi 19 juin

de 9h30 à 11h

Vernissage mercredi 19 juin de 18h

à 21h

La maison rouge

Fondation Antoine de Galbert

10 bd de la bastille – 75012 Paris

www.lamaisonrouge.org - info@

lamaisonrouge.org

t : +33 (0)1 40 01 08 81

DIGITALE AFRIQUE

A travers une exposition, une

publication, des ateliers et des

débats, Digitale Afrique croise les

regards sur les relations tissées

Page 111: Afrofuturism final

111

entre l’Afrique et le numérique.

Quel est le rapport entre une

guerre régionale au Congo, la

vieille histoire du pillage des

ressources africaines et nos

nouveaux jouets technologiques :

téléphones portables, ordinateurs,

Playstation... ?

Comment les artistes africains

s’emparent-ils des outils

numériques pour repenser l’idée

de frontière, la poésie des flux

électriques, la pensée soufie ou

le bruit de fond des villes du

Nigéria ? Digitale Afrique nous

invite à penser les relations de

l’Afrique à l’innovation et, par

un effet retour, à questionner

notre relation consumériste aux

nouvelles technologies.De Dakar à

Johannesburg, en passant par Tunis,

Lubumbashi et Lagos, l’exposition

invite à découvrir ce paysage en

pleine effervescence illustré par

les détournements électroniques,

les installations sonores ou vidéo

d’Ammar Bourras, Dineo Bopape

Jean Katambayi Mukendi, Marcus

Neustetter & Stephen Hobbs, Emeka

Ogboh et Haythem Zakaria.

Ce projet sera présenté dans

le cadre de la manifestation

Marseille-Provence 2013, Capitale

européenne de la culture.

Digitale Afrique /«Marseille-

Provence 2013»

Du 14 mai au 5 juillet

Bastide Saint-Joseph

72, Rue Paul Coxe

13014 Marseille

T!: 04 91 60 58 14

[email protected]

http://www.mp2013.fr/

LA FONDATION S’EXPOSE

Lorsque la fondation est née

en 2003, la scène contemporaine

africaine frémissait et l’on

pouvait notamment découvrir en

France à cette époque le fruit

de la politique du ministère

des affaires étrangères avec

l’exposition de la Biennale de

Dakar à Lille!

10 années plus tard, la fondation

est un acteur culturel clé en

France, en Europe. Cette initiative

est à l’honneur de son fondateur

qui a su mettre à disposition les

moyens et un outil adéquat pour la

mise en valeur des artistes et des

œuvres.

À l’occasion de ces 10 années

d’exercice, la fondation Bachère

souhaite mettre en scène les

mémoires des actions, des ateliers,

des résidences, des expositions

sous forme de deux expositions qui

retracent les 5 premières années

et les 5 suivantes.

Sur le plan de la scénographie,

chaque exposition, 20 au total,

sera évoquée sous forme de

salon invitant les spectateurs

à revivre fragmentairement les

rencontres avec les œuvres. Une

fresque composée de textes et

d›images complétera le cheminement

historique et ludique.

Cette rétrospective en deux temps

est l›occasion de revoir certaines

œuvres, de mesurer le parcours

de ce geste culturel exemplaire

qui est devenu une référence dans

le domaine culturel et un lieu

artistique incontournable du Pays

d›Apt.

«!10 ans, la fondation s’expose!!!»

15 mars – 16 juin 2013

La Fondation Bachère

384, avenue des argiles

Zone Industrielle des bourguignons

84400 Apt

France

Tél: 00 33 (0)4 32 52 06 15

Fax: 00 33 (0)4 32 52 94 88

http://www.fondation-blachere.org

SENTIMENTAL: JOËL ANDRIANOMEARISOA

Page 112: Afrofuturism final

112

«!SENTIMENTAL!» est une exploration

sensorielle, en interaction avec

chacun, une expérimentation.

Un laboratoire en constante

évolution avec des éléments en

mouvance et des rendez-vous.

Un monde, propre à l’artiste,

empreint d’une dualité où douceur

et caresse se confrontent parfois

avec froideur et fragilité.

Il est question de sentiment, de

désir et de corps même !

«!Sentimental

Joël Andrianomearisoa!»

1er mai - 31 déc 2013

Maison Revue Noire

8 rue Cels, 75014 paris

http://www.revuenoire.com/

TELLEMENT AU-DESSUS DE LA FRANCE

Alexis PESKINE expose, enfin, de

nouveau à Paris. Il prend, cette

fois, la Bastille et s’arrête à la

Galerie BE-ESPACE, du 21 mai au 21

juin 2013.

Une grande fierté pour son

directeur-fondateur, Brian Elliott

ROWE, américain d’origine, qui est

heureux de présenter une dizaine

d’œuvres de cet artiste poly-

identitaire, mondialement connu.

Peskine affirme la diversité de

ses origines et la revendication

de chacune d’entre elles à travers

son expression artistique. Et il

enfonce le clou de sa philosophie

comme les clous de son acu-

peinture. Chaque œuvre est un

manifeste, un appel à une autre

société où le noir et le blanc

seraient terres de contrastes et

faces d’une même humanité.

«!Tellement au-dessus de la

France!»

21 mai – 21 juin 2013

Galerie BE-ESPACE

57, rue Amelot

Paris 11ème

T!: 01.42.71.09.03

www.galerie-be-espace.com

[email protected]

MARY SIBANDE RESIDENCE

Dans le cadre des saisons croisées

France/Afrique du Sud, le MAC/

VAL invite Mary Sibande pour

une résidence de production

durant deux mois. Le travail de

cette jeune artiste, lauréate

du prix pour les arts visuels

de la Standard Art Bank permet

de découvrir un aspect de la

scène artistique sud-africaine

d’aujourd’hui.

Première de sa famille à avoir

fait des études alors que sa

mère et sa grand-mère étaient

employées de maison, Mary Sibande

évoque les notions d’identité et

de progrès social à travers le

personnage de Sophie, son « clone

» sculpté et habillé en employée

de maison, les yeux fermés, rêvant

à un autre possible. Elle réalise

également des photographies de

ses performances où elle revêt les

costumes de ses rêves les plus

extravagants.

«!Mary Sibande Residence!» - @

MACVAL

Mai 2013 – Octobre 2013

Musée d’Art Contemporain du Val de

Marne

Place de la Libération

94404 Vitry-sur-Seine cedex

http://www.macval.fr

AU-DELÀ DE LA PENSÉE RATIONNELLE

AGENDA

Page 113: Afrofuturism final

113

L’Agence a le plaisir de présenter

deux expositions simultanées

«!Au-delà de la pensée rationnelle»,

mettant en vedette Shahidul

Alam (Bangladesh), Andrew Esiebo

(Nigeria), Julio Etchart (Uruguay),

Karl Ohiri (Nigeria / UK), Rike

Kassinen (Finland/ Royaume-Uni)

co-organisée par Marie George et

Bea de Sousa et une installation

vidéo «!The Amateurs!» par

l’artiste américain Maria Antelman

«Au-delà de la pensée rationnelle»

réunit quatre artistes mondiaux

dont les œuvres retracent des

situations émotivement chargées

dans un contexte spirituel et

politique. Esiebo et Alam nous

présentent des rassemblements de

masse organisés dans des contextes

religieux et politiques. Esiebo

traite sur le Mouvement de l݃glise

pentecôtiste en Afrique, et Alam

décrit une militante engagée

des droits de l›homme, lors des

soulèvements au Bangladesh menant à

la démocratie et luttes politiques

qui en résulteront. Cette

exposition est complétée par les

observations de Julio Etchart sur

l’accaparement des terres par les

paysans en Équateur et la fin du

régime militaire au Brésil, et le

très contrasté portrait spirituel

unique de l’artiste Karl Ohiri

dans «Medicine Man» (avec Rike

Kassinen).

«!Au-delà de la pensée

rationnelle!»

14 May - 13 June 2013

The Agency

66 Evelyn Street

London

SE8 5DD

T!: +44208 692 0734

[email protected]

DROWING WORLD

La galerie Tiwani est heureuse

de présenter «!Drowing World!»,

une exposition du photographe

sud-africain Gideon Mendel,

organisée par l’historien de l’art,

critique et commissaire Christine

Eyene. «!Drowing World!», est

une représentation poignante du

changement climatique, à travers

des portraits et des vidéos de

victimes des inondations dans le

silence de lieux autrefois vivants.

«!Drowing World!» Gideon Mendel

07 juin – 27 juillet 2013 /

Vernissage le 06 juin 2013 (18.30 à

20.30) en présence de l’artiste et

du commissaire de l’exposition.

Tiwani Contemporary

16 Little Portland Street

London W1W 8BP

www.tiwani.co.uk

[email protected]

DAVID MZUGUNO & SONS

Une sélection de quelques-unes des

dernières peintures de l’artiste

David Mzuguno. Présentant les

œuvres de deux de ses fils: Kipara

et Rashidi Mzuguno.

Environ six semaines avant le décès

de David Mzuguno, il a dit au Daily

Monitor, le journal ougandais:

«J’ai aussi enseigné à trois de mes

enfants à peindre et je l›espère,

ils vont continuer cette activité

quand j›ai quitterai ce monde»

Lorsqu’ ils ont eu leur première

grande exposition à l›Ecole

Internationale de l›Ouganda en

2011, les réservations pour

l’exposition étaient closes au

bout de trente minutes après

l›ouverture.

«!David Mzuguno & Sons!»

15 mai – 30 juin

Galerie Lumières d’Afrique

200 Chaussée de Wavre,

1050 Bruxelles

T +32 (0) 484 95 26 94

http://www.lumieresdafrique.eu/

Page 114: Afrofuturism final

114

GORDON PARKS!: UNE HISTOIRE

AMÉRICAINE

Gordon Parks est un narrateur

unique en Amérique, capable avec sa

caméra et sa capacité à comprendre

et à creuser profondément dans les

recoins de la société, de révéler

les injustices et les abus de

pouvoir, de mettre en lumière les

histoires de ceux qui n’ont pas de

voix.

C’est l’un des photographes les

plus importants du XXe siècle,

des années 1940 jusqu’à sa mort

en 2006, Parcs a montré au monde,

notamment à travers les pages du

magazine Life, la difficulté d’être

noir dans un monde de blancs,

de la ségrégation, pauvreté, les

préjugés. Mais aussi quelques-

uns des grands protagonistes du

XXe siècle, le monde de la mode

et même les grandes figures d’un

monde qui était radicalement en

train de changer, notamment Malcolm

X, Muhammad Ali et Martin Luther

King. Très éclectique (il était

déjà dénommé « Renaissance Man

«au moment où il travaillait pour

le magazine Life), en plus d’être

photographe, Parks était aussi un

réalisateur, scénariste, musicien,

poète.

Tout au long de sa carrière,

Gordon Parks a tenté de raconter

de nombreuses histoires, en

les illustrant avec des images

exemplaires. Les histoires de

groupes qui luttent pour leur

survie, de petites communautés

isolées du monde, les marginaux

ou ceux déjà sous les feux des

projecteurs qui ont besoin,

cependant, dݐtre mieux compris.

«!Gordon Parks!: Une histoire

américaine!»

25 avril – 23 juin 2013

FORMA GALLERIA

Piazza Tito Lucrezio Caro 1

20136 Milano

Tel 02.89075420

Fax 02.89075418

www.formagalleria.com

[email protected]

WORD! WORD? WORD!

Issa Samb and the Undecipherable

Form

Le Bureau pour l’art contemporain

de Norvège présente WORD! WORD?

WORD! Issa Samb et le formulaire

indéchiffrable, la première

exposition personnelle en Europe

de l’artiste sénégalais Issa

Samb. L’exposition rassemble une

sélection d’œuvres emblématiques

réalisés par Samb au cours des 25

dernières années, y compris les

peintures, dessins, sculptures,

assemblages et installations,

ainsi que des objets, œuvres d’art

réalisées par des tiers et des

matériaux divers qu’il a amassé

dans son atelier de la rue de Dakar

Jules Ferry.

Il s’agit d’un ensemble de travaux

qui, malgré son caractère avant-

gardiste, est solidement ancrée

dans les traditions africaines

de la multiplicité artistique et

la simultanéité des formes et

des actions, où la parole et des

actions performatives sont très

appréciées.

L’exposition est organisée en

collaboration avec Raw Material

Company à Dakar, où il se rendra

à la fin de 2013. Une publication

monographique sur le travail d’Issa

Samb sera publiée en même temps

que l’ouverture à Dakar.

Ce projet d’exposition fait suite

à la participation de la Samb au

Programme international du studio

de l’OCA en 2012, et à une série

de conférences qui sont consacrés

au mouvement de la négritude et de

son influence sur l›art, la culture

et la politique en Afrique.

“WORD! WORD? WORD! - Issa Samb and

the Undecipherable Form”

AGENDA

Page 115: Afrofuturism final

115

04 mai – 23 juin 2013

Office for Contemporary Art Norway

(OCA)

Nedre Gate 7

0551 Oslo, Norway

www.oca.no

[email protected]

LA BIENNALE DE VENISE

Le gouvernement ivoirien, à

travers le ministère de la Culture,

participe à la 55 ième exposition

internationale d’Art – la Biennale

de Venise. Il s’agit d’une première

participation individuelle non

seulement pour la Côte d’Ivoire,

mais également pour les nations

africaines occidentales dont le

Nigeria. Le pavillon ivoirien à

Venise se donne à la fois pour

but de promouvoir le talent et le

génie des artistes africains, et

également de démontrer l’intérêt

grandissant de ces pays pour les

domaines de la créativité et des

valeurs culturelles.

Intitulé «!des Traces et des

signes!», le pavillon de la Côte

d’Ivoire présentera les œuvres de

quatre artistes. Frédéric Bruly

Bouabré, fondateur de sa propre

religion et écrivain a inventé

son alphabet personnel. Il est

considéré comme un chasseur de

signes : les signes de la nature

sur des êtres humains, des traces

de l’homme sur la nature. D’un

petit dessin à l’autre avec un

style direct et essentiel, il

réinterprète le monde et transcrit

par ses œuvres une vision

déconnectée de ce monde.

Tamsir Dia est également un

explorateur des signes. La tonalité

générale ocre de ses tableaux

expose l’atmosphère mêlant l’aspect

latéritique routes et paysages de

la zone subsaharienne.

Jems Koko Bi est une figure

montante dans l’art contemporain

en Côte d’Ivoire. Il est à l’aise

avec les formes figuratives,

ainsi qu’avec les constructions

abstraites et conceptuelles. Les

œuvres qu’il présente traitent à la

fois de la lutte pour le pouvoir,

et des « cerveaux ».

Franck Fanny, à travers ses

photographies, capte subtilement

la crudité et le réalisme de

différentes scènes de vie.

La Biennale de Venise – «!Des

Traces et des signes!» - Pavillon

Côte d’Ivoire

01 juin 2013 – 24 novembre 2013

Spiazzi, Arsenale,

Castello 3865

30122 Venice

http://www.labiennale.org

“WALL SPEECH”: SHUCK ONE

Après l’exposition en duo avec

Fury en décembre 2012, Shuck

One revient pour une exposition

personnelle. Une série d’oeuvres

exceptionnelles et jamais

présentées à découvrir dans le

magnifique espace du 24Beaubourg.

“WALL SPEECH”

06 juin – 13 juillet 2013

Vernissage le 06 juin

Galerie Estace

à l’Espace 24BEAUBOURG

24 rue Beaubourg

75003 Paris - France

tél/ 00 33 (0) 6 61 19 89 17

http://www.estace.fr

[email protected]

Page 116: Afrofuturism final

116

“AFROFUTURISM’S OTHERS”

Ellen Gallagher entremêle des

images empruntées des thématiques

du mythe, de la nature, de l’art

et de l’histoire sociale afin de

créer des œuvres complexes, dans

une grande variété de supports,

tels que la peinture, le dessin, le

relief, le collage, la sculpture, le

cinéma et l’animation. Son travail

déconstruit les vérités reçues et

tisse des récits propositionnels,

habitant des espaces où l’avenir

s’effondre dans le passé,

l’obsolescence dans la technologie

et de l’image en texte. Ce sont des

espaces sculptés par l’esthétique

culturelle de l’Afrofuturism.

Ainsi, l’exposition que l’on

pouvait voir à la Tate jusqu’au

1 juin, explore les thèmes

récurrents qui ont marqué sa

carrière, de ses premières toiles

séminales jusqu’aux installations

cinématographiques et autres

œuvres récentes. Ses travaux

seront repris dans le cadre du

colloque «!Afrofuturism’s Others!».

A travers l’oeuvre de Gallagher,

les orateurs vont explorer

et décortiquer l’influence de

l’Afrofuturisme sur les pratiques

des artistes contemporains, la

création d’une compréhension

complexe du genre et de ses

évolutions.

Colloque Afrofuturism’s Others

15/06/2013

Tate Modern

Bankside

London SE1 9TG

United!Kingdom

T: +44 (0)20 7887 8888

http://www.tate.org.uk/

visiting.britain&[email protected]

USA

MON PAYS N’A PAS DE NOM! -

TOYIN ODUTOLA

La galerie Jack Shainman est

heureux d’annoncer!«!Mon pays n’a

pas de nom!», une exposition de

dessins à l’encre de stylo sur

le papier, dessins de marqueurs

métalliques, encre sur tableau

noir et de nouvelles lithographies

de!Toyin Odutola.!

Cet éventail d’œuvres représente la

pratique d’Odutola qui est fondée

sur une demande obsessionnelle

fine et minutieuse de la ligne

qui est devenu le langage visuel

spécifique à travers lequel

elle explore la forme humaine

comme un paysage.!Mon pays n’a

pas de nom!est une exploration

de l’identité enracinée dans la

friction créée par nationalités

trait d’union et une étude sur ce

qui vient d’un rapprochement des

maisons de la culture apparemment

éloignés et divergents pour former

une nouvelle réalité multicouche.

«!Mon pays n’a pas de nom! - Toyin

Odutola

16 May - 29 Juin, 2013

Jack Shainman Gallery

513 West 20th Street,

New York, NY 10011

Tél. +1 212 645 1701

[email protected]

http://www.jackshainman.com/home.

html

Page 117: Afrofuturism final

117

“DIRECTIONS: JENNIE C. JONES:

HIGHER RESONANCE”

Musique, histoire de l’art et

de la culture afro-américaine

se mêlent dans l’art de Jennie

C. Jones qui vit et travaille à

Brooklyn. Elle crée audio collages,

peintures, sculptures et œuvres

sur papier qui explorent les

moments formels et conceptuels

entre abstraction moderniste

et la musique d’avant-garde

noire, en particulier le jazz.

Re-cibler ce qu’elle appelle «le

résidu physique de la musique»!:

les appareils et les emballages

que la structure d’écoute, tels

que casque, cassettes audio et

cassettes Jennie Jones a produit

des sculptures «!readymade!»

qui reflètent le passage de

l’analogique au numérique tout en

mettant en évidence un vocabulaire

abstrait qui relie ces objets

fonctionnels à l›art moderne

allant du constructivisme russe au

minimalisme.

Elle a également créé des œuvres

sonores innovants qui recomposent

des enregistrements historiques de

compositeurs noirs et les artistes

à travers des micro-prélèvements.

Higher Resonance est une

installation immersive qui reflète

l’extension de la pratique de

Jones pour inclure l’acoustique

et l’architecture. Sa série de

tableaux Acoustic Paintings, font

à la fois référence à la notation

musicale et à l’art minimaliste.

La composante sonore du projet

explorera les connotations

culturelles innombrables de la

transcendance de l›abstraction à

travers des échantillons de musique

d’avant-garde afro-américaine des

années 1970 à nos jours, y compris

le travail des compositeurs et des

interprètes tels que Olly Wilson,

Alvin Singleton, Wendell Logan, the

Art Ensemble of Chicago, Rahsaan

Roland Kirk, et Alice Coltrane.

“Directions: Jennie C. Jones:

Higher Resonance”

16 mai – 27 octobre 2013

Hirshhorn Museum and Sculpture

Garden

National Mall (at the corner of 7th

Street and Independence Avenue SW)

Washington, DC 20013-7012

http://www.hirshhorn.si.edu/

collection/home/#collection=home

“AYÉ A. ATON - SPACE-TIME

CONTINUUM”

À la fin des années 60 et au début

des années 70, Ayé A. Aton (né en

1940) peint des fresques murales

dans des maisons de Chicago et

du Kentucky, sa ville natale. Il

est disciple et collaborateur du

compositeur, poète, et pionner

de l’Afrofuturisme, Sun Ra. Aton

créé des fresques combinant

les références et l’imagerie de

l’Egypte antique, le christianisme

et l’espace.

Cette collection, organisée par

Thomas J. Lax, de plus de 200

diapositives de peintures murales,

de documents mêlant images et son,

offrent un aperçu intime de la

vie domestique d’une communauté

afro-américaine à l’aube d’une

transformation culturelle.

Page 118: Afrofuturism final

118

“Ayé A. Aton - Space-Time

Continuum”

28 mars – 30 juin 2013

The Studio Museum in Harlem

144 West 125th Street

New York, New York 10027

OCEANIE

WANGECHI MUTU

Wangechi Mutu est une artiste née au Kenya et actuellement basée à Brooklyn. Dans cette importante exposition au Musée d’art contemporain de l’Australie à Sydney, on retrouve di"érents supports et techniques : le collage, le dessin, la sculpture, et la vidéo.

Parcourir cette exposition, c’est se laisser entraîner dans des méditations sur la beauté, le consumérisme, le colonialisme, la question des races et du sexe. Elle combine parfaitement des éléments et des fragments d’image tirés à partir d’une variété de médias, y compris les magazines de mode, et les revues ethnographiques, ainsi que des représentations du corps féminin dans la pornographie.Une des œuvres phares, l’inquiétant «#Black Thrones» (2011-12) est une construction

imposante fabriquée à partir de chaises, sacs en plastique, ruban, cassette et plumes re$étant la «tonnelle du silence» - une zone entourée d’arbres où les esclaves afro-américains se réunissaient pour pleurer leurs morts.WANGECHI MUTU23/05 – 14/08/2013MCA140 George Street The RocksSydney NSW 2000http://www.mca.com.au

AGENDA

Page 119: Afrofuturism final

119

.Z+,8.%..$/5.1$.Z+(VZ!*!+,)-

This play-list shows the diversity of Afro-futurism and other Cosmology and Spirited music. It shows that this movement is still alive and it follows its own path. The genre as taken dif ferent form since. From Electro- Funk to Chicago House or Detroit tech and Hip hop, many have recognized in this concept an ar tistic expression that goes beyond music and they’re perpetuating the legacy of Sun Ra, Parliament or Bambaataa, taking it fur ther to the nex t level…

clic on the song title to listen to the track

Sun Ra - Wha t pla net is this?KRS One - The Go dess S et / Strick l y for da EmceesKo ol Keith - The return of Dr O c tagonThe Ra mmellzee - Bi Conicals O f The Ra mmellzee RZ A - B obby D gitalGlenn Underground - May D a troitja nelle Monae - Cold Wa rHashim - We ro ck ing the Pla netD oug Ca rn - Spirit of the New La ndGZ A fea t. Kil ler Priest - B.I .B.L .E (Basic instruc tion b e -fore leaving ea r th)La rr y Hea rd - 25 yea rs b efore A lphaAux 88 - Pha ntom PowerMad Mike - Hi Tech Drea ms

Chuck “Kool Koor” HargroveWork s and lives in Bruxelles.

His career star ted as early as the 70s, transiting from Subway

graf f iti to canvases, galleries and museums. He is a a pillar

of the Ikonoklast Panzerism and Gothic Futurism a concept

based on the graf f iti let tering st ylus, he helped put together

with Rammellzee ( R . I .P). With crew member A- One and Toxic,

they have greatly inf luenced the graf f iti ar t scene f ighting

for its acceptance in galleries. He as work with Jean Michel

Basquiat.

AFRIKADAA’S PLAYLIST

Page 120: Afrofuturism final

120

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