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Casablanca, 30 Octobre 2016

SECRETS DE FAMILLE

Pr. Philippe Duv’HergéService de Psychiatrie Enfant Adolescent - CHU Angers. France

SECRETS DE FAMILLE

• POURQUOI LA QUESTION DU SECRET ?

• UNE ILLUSTRATION : TINTIN ET LE SECRET D’HERGE

• AUTRES ILLUSTRATIONS

• CATEGORIES CLINIQUESL’enfant exclu du secret

L’enfant inclus dans le secret

L’enfant et ses secrets

A l’adolescence

• DEFINITIONS DU SECRET

• LES SECRETS DE FAMILLELa violence du secret

Mécanismes psychopathologiques

Secret et pathologie psychiatrique

• REVELATION DU SECRET

Pourquoi la question du secret ?

Parce qu’elle se retrouve dans notre pratique courante, à plusieurs niveaux :

• Le cadre psychothérapique / Consultation

• Les relations avec les intervenants extérieurs

• Et avec les parents…

• Avec des particularités avec les adolescent(e)s…

• Mais aussi la question des courriers, des mots dans les dossiers… Comment transmettre sans trahir ?

Quelques unes des déclinaisons de cette question

du secret dans notre pratique clinique …

• Secret médical

• Secret professionnel

• Secret des origines

• Secret de polichinelle

• Secret de famille…

Pourquoi Tintin ?

• Parce que c’est l’adolescent le plus connu dans le monde

• Parce que Tintin est un témoin du XXème siècle

• Un reflet des rêves et cauchemars d’une époque

• Un certain regard sur le Monde… Parfois discutable !

• En tout cas, une création « universelle »

• Où chaque album est une étape dans la quête d’un héros, Tintin, mais aussi dans la vie de son auteur

• Parce qu’à travers Tintin on trouve l’émanation de son auteur, de ce qu’il aurait voulu être (un héros), des conflits, conscients et inconscients qu’il a vécu (ses doutes sur ses origines, sa jeunesse triste, sa séparation, ses angoisses et ses crises…).

Pourquoi Hergé ?

• Parce qu’Hergé est le témoin d’un époque mais aussi de lui-

même : il se (re)trouve dans cette quête incessante

• Il se découvre dans tous ses personnages

• Hergé, à son insu (?), crée un personnage, une famille, tout en

interrogeant sa propre histoire

• Sa création est le moyen d’expression de son monde intérieur,

de ses crises, de ses drames, de ses désirs inconscients…

• Tout y est : Secret, Trésor enfoui, Quête…

Tintin et le secret d’Hergé

Hergé, sans famille ?…

Du secret de famille à la reconstitution d’une famille dans les Aventures de Tintin, Hergé projette son ombre à travers ses créatures, les chargeant inconsciemment de répondre aux questions qu’il se pose.

Chaque personnage de la BD aurait un rapport avec l’histoire personnelle de l’auteur.

Le secret de famille d’Hergé

Secret familial autour d’une faute commise par la grand-mère (???)

Le père d’Hergé était un enfant illégitime, issu d’une grossesse hors mariage (secret honteux).

Mais avec une identité probablement prestigieuse (?), voire royale du géniteur secret (secret glorieux) en quelque sorte officialisée par la générosité de la Comtesse de D.

Révélation impossible, filiation royale mais inavouable et probablement source de sentiments contradictoires envers ses jumeaux…

Le silence, prix à payer pour l’aide matérielle de la Comtesse et le mariage blanc qui leur donna le nom de Rémi.

Le secret de famille d’Hergé

Un secret familial qui pesa sur lui, sans qu’il ne fit rien pour cela,

simplement parce que c’était le secret douloureux de ses parents et

que les secrets douloureux pèsent toujours sur les enfants…

L’enfant paye la faute d’un autre… Comme Œdipe !

Le secret de famille d’Hergé

- Un secret distillé au fil des Aventures de Tintin, qui sont, comme tout

récit initiatique, le récit d’une lente différenciation de ses héros.

- La création apparaît comme métaphore de l’histoire d’Hergé, où se

lisent de nombreuses traces inconscientes de ses

interrogations…

- Hergé va passer son temps à courir après…

Tintin, héros infatigable et « sans famille »…

Un adolescent toujours cherchant à résoudre des énigmes…

Orphelin ? Surnom ? Sobriquet ?

Masque d’une véritable identité ?

Les Dupondt apparaissent dès le premier album des Aventures…

(Tintin au Congo)

Les Dupond et Dupont,

détectives qui cherchent

toujours sans jamais trouver la

vérité…

Sont-ils frères ?

Avec un patronyme différent ?

Un biologique ?

Et un adoptif ?

(Le Crabe aux pinces d’Or)

Entretien d’Hergé avec N. Sadoul

• Sadoul :

« Comment l’idée de ces détectives jumeaux vous est-elle venue ? »

• Hergé : « Je ne me souviens plus du tout. Il se fait que mon père avait un frère jumeau qui est mort 3 ou 4 ans auparavant. Et, jusqu’au bout, tous les deux s’habillaient de façon identique. Mon père avait-il une canne, mon oncle allait acheter la même; mon père s’offrait-il un feutre gris, mon oncle se précipitait pour acquérir un feutre gris ! Ils ont ensemble porté la moustache, le melon et ils ont été glabres en même temps…

Ce qui est curieux, c’est que je n’ai pas songé à eux une seconde en créant les Dupondt. Mais la rencontre est tout de même assez étrange… » (1971)

La première apparition de la Castafiore la désigne clairement

comme appartenant à une autre génération que celle de Tintin.

(Le Sceptre d’Ottokar)

La Castafiore… Celle qui parle pour ne rien dire ! Evitant toujours de

parler des sujets délicats…

Un seul nom, mais toujours représentée par une autre, la

« Marguerite » de Gounod… Interrogeant son miroir ?

Femme ou figure d’une mère tutélaire, matrone gardienne du secret ?

A l’image de la fameuse comtesse chez qui travaillait la grand–

mère d’Hergé… Comme femme de chambre…

(Le Sceptre d’Ottokar)

La Castafiore et sa servante Irma…

Deux figures probables de la

comtesse de Dudzeele et sa

servante Marie Dewingue…

Irma ou … Marie ?

(Les Bijoux de la Castafiore)

Un nouveau héros bien différent de Tintin : un homme

d’âge mûr, en crise et qui évoque dès son apparition

le souvenir de sa mère…

(Le crabe aux pinces d’or)

La dépression peut être le résultat d’une angoisse liée à un

secret familial…

(Le crabe aux pinces d’or)

Tout comme la délinquance ou la toxicomanie et en particulier

l’alcoolisme…

(Le crabe aux pinces d’or)

Après l’alcoolique qui désespère…

La rencontre avec un homonyme et ancêtre du nom de Chevalier

de Hadoque (fils bâtard de Louis XIV)…

Et qui lui ressemble parfaitement

(Le Secret de la Licorne)

(Le Secret de la Licorne)

La réconciliation entre le chevalier et son père Louis XIV est réalisée

dans Le Temple : Le capitaine, qui par le juron « Que le grand Cric me

croque » s’identifie au chevalier de Hadoque, jure au « fils du Soleil »

(qui représente le « Roi Soleil » – Louis XIV) de garder le secret sur ce

qu’il sait…

(Le Temple du Soleil)

Rappelons au passage que le Capitaine Haddock est le personnage

de l’œuvre qu’Hergé a désigné pour le représenter lui même…

Et Tournesol ?

Il n’est ni désincarné comme Tintin, ni désespéré comme Haddock

dans ses premières apparitions.

Il partage cependant avec le premier son goût pour les énigmes et

avec le second, son humanité. Mais surtout, Tournesol est sourd !

Et, qui plus est, un sourd qui, pendant longtemps, veut le rester

puisqu’il refuse l’appareil qui lui permettrait d’entendre !!!

(Le Trésor du Rackham Le Rouge)

Tournesol paraît puiser sa force dans sa surdité, tout comme

Haddock puise la sienne dans l’alcool.

Mais être sourd, n’est-ce pas une façon de renoncer à entendre ce

qu’on vous a un jour caché ?

(Le Trésor du Rackham Le Rouge)

Face à un secret de famille et à la faute qu’il imagine

être à son origine, un enfant a « le choix » entre

plusieurs attitudes :

• Il peut tenter de devenir parfait comme Tintin afin de racheter la

faute inconnue

• Se désespérer comme Haddock

• Se perdre en conjectures hasardeuses et finalement absurdes

comme les Dupondt

• Il peut enfin, comme Tournesol, devenir sourd à tout ce qui l’entoure

et s’orienter vers le seul domaine où la recherche de la vérité

soit non seulement un droit reconnu mais même un devoir : la

recherche scientifique.

C’est au fil du dénouement de la quête généalogique du Capitaine

Haddock que les héros hégériens vont acquérir une demeure

commune (le Château de Moulinsart) qui les constituera en vraie

famille…. Une famille de papier

(Les sept boules de cristal)

Confronté au secret d’une origine familiale qu’il pouvait imaginer royale,

Hergé a pu rêver, enfant, de retrouver, comme le capitaine Haddock, le

blason de ses origines…

(Les sept boules de cristal)

Le secret de famille d’Hergé

Les Aventures de Tintin ne sont pas seulement un équivalent romanesque et heureux d’un drame familial…

Hergé a aussi utilisé son œuvre pour exorciser les figures historiques du secret telles qui l’avait pu, enfant, les imaginer…

Ainsi, chaque lecteur de Tintin devient un témoin inconscient, mais attentif de ce drame…

Hergé dans Tintin…

Tintin dans Hergé…

La mélancolie d’Hergé

Et en général,

Pour quiconque a été soumis, dès l’enfance, à un secret familial, la

nécessité d’une reconstruction se fait toujours sentir. Celle-ci

favorise parfois la création d’une œuvre, mais le plus souvent, il

s’agit d’une histoire que l’individu ne raconte qu’à lui-même…

et qui reste un jardin secret…

Autres illustrations célèbres…

• Œdipe de Sophocle

• Louis ARAGON

• Jack NICHOLSON

• Sybille LACAN

• Et des films célèbres :

– « Rebecca », « Marnie », « Soupçons » d’HITCHCOCK

– « Jean de Florette » de BERRI

– « Chinatown » de POLANSKI

– « Un secret » de GRIMBERT

– Etc…

Et enfin dernière illustration

La famille « Dusecret »…

• Où derrière la demande de consultation, effectuée pour une

adolescente, se trouve celle – implicite – de ses parents.

• Et où il en résulte une situation où le consultant est pris dans les

rets de mouvements transférentiels paradoxaux.

Les secrets peuvent alors représenter une tentative

perverse de manipulation

Catégories cliniques

1 - L’enfant exclu du secret

2 - L’enfant pris dans le secret

3 - L’enfant et ses secrets

4 - L’adolescent

• Nous sommes alors loin du secret pathogène et maléfique

• Nous sommes plutôt du côté de l’intime.

Intime et secret ne sont pas synonymes

• Intimité : les pensées de chacun, personnelles, qui participent à notre identité, à notre intimité, à notre relation à nous-même

et

• Secret : la non divulgation d’un événement « traumatisant », partie de notre existence, de notre histoire mais que l’on cache et donc qui reste secrète.

Parfois, il arrive que se dévoile pour le psychiatre ce qui reste secret

pour le jeune. Il ne s’agit pas là d’un secret de famille mais

d’une production de l’inconscient (lapsus, dessins

« révélateurs »…)

Pour l’inconscient, il n’y a pas de secret de

famille +++

DEFINITION

• Du latin secretus Séparé

• Et du verbe secernerer Écarter

• Définition : « Ensemble de connaissances et d’informations qui

doivent être réservées à quelques uns et par la suite que le

détenteur ne doit pas révéler ».

Parenté étymologique

entre secret et excrément (Lévy)

• XVIème siècle : Terme fréquemment utilisé : « segret »

• XVIIème siècle : « Chambre segreta » = lieu d’aisance.

• XVIIIème siècle : « Tous les secrets communs, égouts, cheminées

communs seront vidés et nettoyés à frais communs ».

• Secret, à la fois un bien précieux mais pouvant aussi être

« encombrant »… Voire nauséabond…

« Mettre au parfum »

« Le secret a transpiré »

« Il faut laver son linge sale en famille »…

Autrement dit, ce qui est sale et honteux ne doit pas sortir du cercle

familial et doit donc rester secret !

Même si tout secret familial, par la honte qui l’accompagne, contient la

nécessité d’un appel à témoin (Tisseron)

Utilisation actuelle du mot secret

Sous-entend une notion de dangerosité :

• Dangerosité parce que le secret, c’est quelque chose à cacher, un savoir mystérieux, une énigme éventuellement redoutable.

• Dangerosité parce que le secret divise, exclu l’autre et peut amener une ségrégation.

• Dangerosité, enfin, du fait de l’aspect anal du secret et donc de sa propension à la rétention et tous les effets de jouissance qui s’y rattachent…

« Secret défense ! »

• Le secret instaure une limite des clivages

• Le secret s’organise autour de l’analité.

Différentes conceptions

• Lévy : le secret est « un savoir, une métaphore de l’objet anal ».

• Ausloss : les secrets sont des « entités pathogènes lourdes de

conséquences, le plus souvent dramatiques »

• Tisseron : même position, avec la possibilité cependant d’ « une

création (artistique) »

• Smirnoff : Pour qui le secret est une « cassette à double fond ».

• Diatkine : parle de « château hanté »

• Cohen : le secret est une « énigme inconsciente »

• Tribolet : insiste sur le fait que « c’est le secret qui fait l’humain »

• Malraux : décrit l’homme comme « un misérable tas de secrets »

Différentes conceptions (suite)

• Abraham et Torok : « Théorie du fantôme » où le secret est une

« crypte » d’où s’échappent des rejetons que les règles de la

linguistiques vont générer – à partir des mots du secrets.

Effets trans-générationnels des secrets de famille +++

• Personnellement : le secret semble pathogène quand il constitue

une faille dans le monde symbolique.

Quand l’enfant est coupé des sources symboliques de ses

origines et de tout ce qui s’y rajoute (ex. Œdipe).

Alors,

• Le non-dit secrète t-il la pathologie, comme les microbes

anaérobies la suppuration ?

• Le secret est-il à concevoir comme une bombe à retardement ?

• Comme un continent noir ?

• Le secret est-il toujours pathogène ?

Castoriadis-Aulagnier :

Pour elle, c’est le fait de ne pas avoir de secret qui fait problème.

Elle prône le droit au secret, condition pour pouvoir penser :

« Se préserver le droit et la possibilité de créer des pensées, et plus

simplement de penser, exige que l’on s’arroge celui de choisir les

pensées que l’on communique et celles que l’on garde secrètes :

c’est là une condition vitale pour le fonctionnement du Je ».

Serge Tisseron

« Le secret permet de protéger son identité profonde des intrusions

de l’environnement. Il est la première condition à la possibilité

de penser par soi-même. Les régimes totalitaires ont d’ailleurs

tous pour point commun de chercher à étendre leur contrôle sur

la vie privée des individus et à abolir cette barrière du secret.

Nombre de secrets contribue au développement de la

personnalité ».

Ainsi, le secret n’a aucune valeur psychologique en soi. Il n’est

intéressant à considérer que par rapport à l’économie psychique

familiale sous-jacente dont il est l’expression.

Danger de la toute transparence +++

Cela ne peut qu’engendrer de la violence.

Cela semble valable autant au niveau de l’individu que de la

société…

Si transparence totale, tout est dans tout !

Confusion Danger +++

Cela va à l’encontre de la différenciation, de l’individuation, de la

subjectivation +++

« Quand on se tape dans une porte vitrée, ça fait mal ! »

(expérience vécue…)

LES SECRETS DE FAMILLE

Principaux événements générateurs de secrets :

• Ceux autours de la mort et de la filiation :

- Infanticides

- Avortements clandestins

- Enfants nés hors mariage ou avant mariage

- Ceux nés d’inceste ou de viol

- Ceux nés d’une malformation « honteuse »

- Procréation médicalement assistée

- Enfants adoptés

• Ceux qui touchent aux situations d’adultère :

– Séparation

– Divorce…

LES SECRETS DE FAMILLE

• Ceux qui concernent la Loi

– Les fortunes frauduleuses ou dilapidées

– La prison…

• Ceux qui touchent à la folie

– Les pathologies psychiatriques

– Les internements psychiatriques

– Les suicides…

LA VIOLENCE DU SECRET

La violence se situe tant du côté du (ou des) porteur(s) de secrets

que du côté de ceux qui sont au contact avec le porteur du

secret : les enfants.

Avec 2 situations

2 situations

Enfant exclu du secret

Ex : cas d’Hergé

• Défaut de représentation

• Événement irreprésentable

• Donc impossible d’en

parler

• CLIVAGE

• « Non-dits »

Enfant co-porteur du

secret Ex : Viol subi par un enfant par un

membre de la famille

• Représentation interdite

• Événement représentable

• Mais indicible

• INCORPORATION

• « Pas de mots »

Clinique et mécanismes différents

Mais résultat similaire quant au secret :

le silence…

LA VIOLENCE DU SECRET

• De plus, quelles que soient les situations, elles traversent les

générations : ce qui est indicible pour une génération peut

devenir irreprésentable pour les suivantes…

• L’enfant fantasme autour de ce qui ne lui est pas dit et peut

même aller jusqu’à mettre en scène, dans sa vie propre, le

contenu ignoré du secret.

Secret de polichinelle

C’est un « Non secret » connu de bien d’autres sauf du sujet.

Qui corrompt le jeu épistémophilique et entraîne :

• Une « Injonction d’ignorance » (S. Pain)

• Une « Censure du désir de savoir » (G. Diatkine)

• Une « Puissance destructrice » (D. Marcelli)

• Une « Intelligence interdite » (C. Delassus)

C’est le « Triangle des Bermudes » qui entraîne, aspire et où on se perd !

MECANISMES PSYCHOLOGIQUES

• Refoulement

• Introjection

• Clivage

• Projection

• Incorporation (+++)

Secret et communication

Le secret « brûle les lèvres »

Le secret ne s’oppose pas à la vérité, mais à la communication

Et rappelons-le : « La vérité n’est pas toute » (J. Lacan)

:

- « Le symptôme de l’enfant vient comme réponse à la vérité du couple parental » (J. Lacan)

- Cette vérité circule sous formes de lapsus ou d’actes manqués freudiens… Mais aussi de rejetons que les règles linguistiques vont générer à partir des mots du secret

Effets d’un secret sur l’enfant

• Comment un enfant fait avec ça ?

• Quel sens cela peut prendre pour lui ?

• Quelle tâche, quelle mission peut-il s’imposer ?

• Quel rôle peut-il occuper ?

• Quelle question, souvent pesante, porte-t-il ?

• Est-ce le secret qui est pathogène ou la souffrance du parent porteur

du secret qui déteint sur le jeune, consciemment ou inconsciemment ?

Effets d’un secret sur l’enfant

• Désir de questionner et de comprendre, souvent condamné à être « refoulé »

• Constructions imaginaires, fictions, scénarios fantasmatiques…

• Évitement à tout prix de porter atteinte à l’image intériorisée du parent, qui, pour l’enfant, doit être tenu à l’écart de toute suspicion de mensonge

• Souffrance inexplicable du parent et sentiment de menace pour lui

Effets d’un secret sur l’enfant

• L’enfant va tenter de guérir l’image souffrante du parent, d’un mort

« Réparation inconsciente »

• Symptômes : Somatisation multiples, accidents à répétition…

• Danger de fixation de certains troubles

• Perturbations relationnelles (emprise, fusions…)

• Inhibitions +++

• Passages à l’acte

• Conflits

SECRET ET PATHOLOGIE

PSYCHIATRIQUE

Chez l’enfant d’un parent porteur d’un secret en réponse aux troubles et aux distorsions relationnelles et communicatives :

- Angoisses +++

- Symptômes névrotiques phobiques, obsessionnels

- Troubles narcissiques

- Troubles schizoïdes

- Symptômes psychotiques (délire…)

- Addictions : alcoolisme, toxicomanies ?

- Somatisations ?

- Psychopathie ?

- Délinquance ?

Transmission des effets du secret

à la génération suivante

Problématique trans-générationnelle avec ses conséquences parfois

dramatiques pour la descendance.

- L’ « indicible » devient « impensable »

- Reproduction de scénarios

- Répétition à l’insu des protagonistes

Le secret se ramifie avec les générations…

REVELATION DU SECRET

Remarques générales :

1 - Toute les familles ont leurs secrets. La question n’est donc pas celle de la présence ou de l’absence de secret mais celle, au delà du contenu même de celui-ci, du mode de rapport entretenu avec le secret et de la fonction qu’il occupe dans l’économie psychique individuelle, familiale, aussi bien dans sa valeur intrapsychique qu’intersubjective.

2 - La tendance actuelle est de mythifier la notion de vérité, décrite comme purificatrice et curative en opposition au secret, pathogène et traumatique.

REVELATION DU SECRET

3 - Pour autant, tous les secrets ne sont pas pathogènes et certains

peuvent porter leur ombre sur des activités créatrices Cf. Hergé

4 - La révélation des secrets n’est pas un objectif en soi ; le mythe de

la vérité, le préjugé qui voudrait que la transparence guérisse sont

des fantasmes.

5 - L’enfant n’est pas toujours prêt à parler de lui, de ses secrets…

La révélation d’un secret peut être traumatisante

La révélation d’un secret ne modifie parfois (souvent ?)

rien dans la vie et le comportement de l’enfant.

6 - Il est des circonstances où l’enfant est incapable de révéler quoi

que soit d’un secret familial qu’il ignore, même s’il en vit les

retombées et qu’il en souffre.

Présence et prudence !

Attention aux dangers d’être aliéné au secret de la famille, par les parents ; de ne pas se laisser prendre dans des positions perverses

Nécessité d’un cadre psychothérapique

Écouter, entendre les souffrances en nous méfiant de nos identifications projectives, de nos propres constructions imaginaires

Évaluer l’économie psychique du jeune et de la famille

Accompagner la quête de vérité sans barrer le route aux fantasmes

Présence et prudence !

Cheminer vers l’émergence et la maîtrise progressive des secrets familiaux en suivant les étapes de sa familiarisation et de la compréhension.

Permettre de trouver une issue personnelle. Il y a autant de secret que de façon d’en parler

Pas de réponse standardisée.

Prendre le temps +++

Il n’y a pas une éthique du secret, mais un choix éthique qui nous détermine du côté du respect de l’enfant, du « devoir universel de respect » (Chiland)

En guise de conclusion…

Entre la transparence et le secret, il ne faut pas

choisir. Il faut inventer un jeu secret dont les règles

transparentes permettent le partage…

BIBLIOGRAPHIE

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• BAYLE G. Le poison du secret, le poignard de la vérité. Revue Franç. Psychanalyse, PUF, Paris, 1993, 2, LVII, 349

• CASTORIADIS-AULAGNIER P. Le droit au secret: condition pour pouvoir penser. Nouvelle Revue de Psychanalyse, 1976,

14, 141-157

• DELASSUS C. Le secret ou l’intelligence interdite. Hommes et Perspectives, Marseille, 1993

• DIATKINE G. Chasseurs de fantômes. Psychiatrie de l’enfant, Paris, 1994, XXVII, 1, 223-248

• DOLTO F. Au jeu du désir. Seuil, Paris, 1981

• DOLTO F. L’image inconsciente du corps. Seuil, Paris, 1984

• FREUD S. La vie sexuelle. PUF, Paris, 1969

• GRIBINSKI M. L’interdit de penser que portent les petits mots ? Nouvelle Revue de Psychanalyse, Paris, 1982, 25, 253-265

• LACAN J. Les complexes familiaux. Navarin, Seuil, Paris, 1984

• LACAN J. Deux notes sur l’enfant (1969) Ornicar ? Paris, 1986, 37, 13-14

• LEVY A. Evaluation étymologique et sémantique du mot secret. Nouvelle Revue de Psychanalyse, 1976, 14

• MILLER A. C’est pour ton bien. Aubier, Paris, 1984

• MILLER A. La connaissance interdite. Aubier, Paris, 1988

• NERVURE. Numéro Spécial « Secret de famille », 1994, VII, 2

• PAIN S. Le savoir de l’ignorance. Psychiatrie de l’enfant, Paris, 1983, 26, 2, 411-457

• ROY A. Ben Laden, secret de famille de l’Amérique. Gallimard, Paris, 2003

• SANCHEZ-CARDENAS M. La place des parents dans la consultation pédopsychiatrie. Masson, Paris, 1994

• STOLLER R. Excitation sexuelle et secrets. Nouvelle Revue de Psychanalyse, 1976, 14, 159-182

• TISERON S. Tintin chez le psychanalyste. Aubier-Archambaud, Paris, 1985

• TISSERON S. Tintin et les secrets de famille. Aubier, Paris, 1992

• WEIL D. Le secret médical en psychiatrie infanto juvénile. Nervure, Paris, 1994, VII, 6, 65-69.

Merci de votre attention…

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