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Sciences&Environnement Le TempsMardi 9 avril 201314

Sud des Alpes

Suisse centraleet orientale

Bassin lémanique,Plateau romand et Jura

Alpes vaudoiseset Valais (500 m)

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Climat: «Il est crucial d’êtretotalement transparent»

Olivier Dessibourg

Moins de six mois. C’est le tempsqu’il reste aux scientifiques duGroupe de travail 1, l’une des troissections du Groupe intergouverne-mental d’experts sur l’évolution duclimat (GIEC), pour affiner le con-tenu de leur 5e rapport. Un docu-ment qui prendra en compte toutesles recherches menées jusqu’au15 mars 2013, afin de dresser l’étatdes lieux des connaissances; il serafinalisé du 23 au 26 septembre àStockholm, puis dévoilé dans la fou-lée. Un compendium d’autant plusattendu que le précédant, en 2007,avait suscité plusieurs controverses.

La première, fin 2009, a concernéune erreur sur la fonte des glaciershimalayens. Mais la plus vive, nom-mée «climategate», avait mis enquestion l’intégrité de climatolo-gues liés au rapport. Des affaires quiont permis aux climato-sceptiques,qui nient le réchauffement ou, pourle moins, ses causes anthropiques,de se faire entendre. Une dizained’enquêtes officielles ont été ouver-tes. Mais aucune n’a confirmé lessoupçons. Des manquements orga-nisationnels au sein du GIEC onttoutefois été soulignés.

Dans quelcontexte cettepremière partiedu cinquièmerapport du GIECsera-t-elle divul-guée? Le pointavec Thomas

Stocker, climato-logue à l’Université de Berne et co-président du Groupe de travail 1.

Le Temps: Sur le plan scientifique,quelles sont les avancées par rap-port au 4e rapport du GIEC?Thomas Stocker: Elles touchenttrois champs d’activité. Première-ment, les observations: nousavons une bien meilleure visiondes phénomènes naturels qui sepassent sur la Terre. Concernantles océans, notamment; en 2007,on connaissait mal la quantité dechaleur qu’ils absorbent. Et, dansle 4e rapport, la fonte de la ban-quise et des calottes polaires étaituniquement mentionnée.Aujourd’hui, grâce aux mesuressatellitaires, on peut mieux quan-tifier celle-ci. Le Groenland, parexemple, perd chaque annéeenviron 200 milliards de tonnesd’eau – l’équivalent de la surfacede la Suisse recouverte de 4,8 m deliquide! Cette fonte et celle de lacalotte polaire antarctique sontresponsables d’un tiers de l’aug-mentation du niveau des mers.Le deuxième domaine est celui dela compréhension de ces phéno-mènes. Un exemple crucial: le rôledes nuages et des aérosols. Nousconsacrerons un chapitre central àleur impact sur les systèmes clima-tiques. Cela ne veut pas dire quetoutes les questions sont résolues,mais que nous progressons gran-dement dans la compréhension.Enfin, troisième secteur clé: lesprojections, auxquelles se consa-crent beaucoup plus de cher-cheurs. L’effort de modélisationest aujourd’hui 50 fois plus im-portant qu’en 2007. Nous utilisonsquatre nouveaux scénariosd’émission des gaz à effet de serre,et une soixantaine de modèlesclimatiques, avec une meilleurerésolution. Bien sûr, en tenantcompte des incertitudes, liéesnotamment aux décisions politi-ques potentielles. Nous allonsémettre des projections pour cesiècle, mais aussi – et c’est unepremière – pour les deux suivants.

– Quel impact espérez-vous de ce5e rapport?– On espère toujours que celachangera la donne. Notre but n’estpas de faire la une des médias, maisde fournir la base scientifique,

solide et absolument crédible pourles décisions à prendre aux niveauxnational et international.

– La crédibilité absolue du GIEC,justement, a été mise à mal cesdernières années…– Il faut insister sur le fait que l’er-reur concernant les glaciers hima-layens, qui relève la littérature«grise» [pas systématiquementrelue par les pairs scientifiques], neconcernait pas les travaux duGroupe 1, qui se base, lui, entre 97et 100%, sur des études validées parnotre communauté, mais ceux duGroupe 2, qui tente d’évaluer lesimpacts environnementaux. Ce quine veut pas dire que des erreurs nepeuvent pas apparaître, dans descommentaires, des corrections, etc.C’est aussi comme cela que se fait lascience, et c’est humain.

– D’aucuns ont toutefois critiqué lefait qu’il fut très ardu de corrigertoute erreur détectée…– Nous espérons avoir mis sur piedun meilleur système de révision. J’aiplaidé pour que les responsables dechaque chapitre consultent beau-coup plus largement les auteurs quiy ont contribué – il y a en a à chaquefois entre 50 et 100. Cela garantitun filtre beaucoup plus important.Et si, malgré tout, une erreur seglisse dans le texte, le protocolesera clair: nous publierons les erratasur notre site internet.Par ailleurs, nous avons ouvert lapossibilité à toute personne mon-trant qu’elle connaît bien les scien-ces du climat – donc vous aussi,comme journaliste! – de fairepartie de notre pool d’expertsrelecteurs externes. Jus-qu’aujourd’hui, après deux consul-tations au niveau mondial, nousavons reçu près de 53 000 com-mentaires des 1459 relecteurs.

– C’est précisément l’un deux, unblogueur nommé Alec Rawles, qui apublié, fin 2012 sur Internet, unbrouillon de votre 5e rapport.Etait-ce donc une si bonne idée?– Faire partie de ces experts necontenait qu’une clause de con-fiance: respecter la confidentialité.Cette personne n’a simplement pas

joué le jeu, qui plus est en diffusantun texte alors largement inachevé.

– Mais cela a eu pour effet de relan-cer la polémique climato-sceptique,Alec Rawles citant des passagesindiquant que la cause du réchauffe-ment serait liée aux cycles du Soleil.– Le climato-scepticisme ne dispa-raîtra pas. Je préfère donc large-ment, sur 1459 experts, avoir1458 personnes sérieuses et un«mouton noir», plutôt que res-treindre drastiquement la révisiondu rapport. Cela dit, comme l’onttrès vite souligné la majorité desclimatologues dans les médias, cetype s’est rendu ridicule en ex-trayant une ou deux phrases deleur contexte.

– Mais le grand public n’a-t-il pasl’impression que le débat perdure?Et que faire pour en changer?– La dissémination d’informationsest désormais devenue un droit etun bien public – ce fut longtempsvotre privilège à vous, journalistes,mais avec Internet ça ne l’est plus.La situation a complètementchangé, elle permet à quiconque dedire au monde ce qu’il veut; et jetiens en plus haute estime la libertéde parole. Il faut vivre avec. Or, celaprofite également à la commu-nauté scientifique, qui peut contrertout aussi rapidement.Cela dit, je doute que des pseudo-«bombes médiatiques» comme le

«climategate» fassent à nouveauleur effet. J’ai, par exemple, eud’intéressantes conversations parcourriels avec mes homologues surle Freedom of Information Act [loiaméricaine pour la liberté d’infor-mation]. Et je sais que ces échangesont aussi été piratés lors du «clima-tegate». Je m’attendais, juste avantla Conférence sur le climat, à Doha,en décembre 2012, à ce qu’ils soientdivulgués. Mais personne n’en aparlé. Même en Grande-Bretagne,où le terreau du climato-scepti-cisme est très fertile… En fait,c’étaient les mêmes polémiques, etc’eût été lassant aux yeux du public.Donc, je ne suis plus inquiet.

– Dès lors, qu’avez-vous tiré commeleçon(s) du «climategate»?– Qu’il est crucial d’être totalementtransparent. C’est pourquoi nousavons implémenté une mesureimportante. Pour notre Atlas desprojections climatiques régionales etglobales, comme nous ne pouvonspas expliquer chaque détail àchaque climato-sceptiques indivi-duellement, nous allons rendrepubliques sur CD-rom les donnéesainsi que les méthodes statistiquesqui ont servi à en constituer lesgraphiques. Bien sûr, nous n’avonspas pu contraindre les centres derecherches à livrer tous les codes deleurs modèles climatiques, dont ledéveloppement a parfois nécessitédes millions de francs d’investisse-

ments. Mais de cette manière,quiconque peut se faire son avis.Par ailleurs, nous savons que nousdevons être davantage proactifsdans notre manière de communi-quer. L’objectif des trois groupes duGIEC est de pouvoir trouver unconsensus sur les faits scientifiques.Mais il est possible qu’une tellevision univoque ne soit pas immé-diatement atteinte. Dans ce cas, ilfaut le dire. Et expliquer où l’infor-mation se trouve dans le rapportdétaillé. Ceci afin que les messagessuccincts qui composent le Résuméà l’intention des décideurs [l’uniqueet très bref document que la majo-rité des politiciens et du public lira]puissent être mis en perspective etne servent pas de base pour unecontestation. Nous souhaitons,aussi, mieux communiquer auprèsdes journalistes pour expliquercomment ces imposants rapportssont générés.

– Mais pensez-vous que cela inté-resse vraiment le grand public, queseuls les grandes lignes et messagesforts, le plus souvent, atteignent?– C’est un «paquet complet». Dansvos articles, il y aura les gros titres,et j’espère aussi les encadrés expli-catifs. Je doute cependant que celaintéresse effectivement tout lemonde; l’on ne peut pas non plusfaire des miracles pour rendretoutes ces informations simple-ment digestibles.

Glaciers himalayens. Leur fonte totale avait été annoncée pour 2035, au lieu de 2350 dans le 4e rapport du GIEC en 2007.Des procédures ont été mises sur pied pour éviter ces erreurs dans le 5e rapport, en septembre prochain. GLACIER KHUMBU

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/AFP

AnimauxChevreuils morts dans l’OuralPrès de 150 chevreuils sont mortsen une seule semaine, entre le 1eret le 5 avril, dans la région deKourgan, à l’est de l’Oural, enraison de conditions climatiquesparticulièrement rigoureuses quisévissent encore en Russie. L’hiverqui traîne en longueur et lagrande quantité de neige rendentplus difficile la recherche de nour-riture pour les animaux sauvages.Très souvent, en faisant leur che-min dans la glace et les congères,les chevreuils se blessent les patteset meurent d’épuisement. (AFP)

SidaMédicament «trois en un»L’Afrique du Sud a lancé lundi unnouveau programme de distribu-tion de médicaments antirétrovi-raux (ARV) pour simplifier letraitement, réduit de trois à unseul comprimé par jour, au prix «lemoins cher du monde» (89 randspar mois, soit 7,50 euros). Le payscompte près de 6 millions deséropositifs, soit 11% de sa popula-tion. Le nouveau mode de traite-ment sera administré d’abord auxpersonnes nouvellement diagnos-tiquées séropositives, aux femmesenceintes et aux mères allaitantes.Les autres patients déjà sous anti-rétroviraux, soit 1,9 million depersonnes, passeront à la dosejournalière unique après unevisite médicale. (AFP)

EnvironnementNouveau chef de la pêcheL’avenir du Bureau suisse deconseil pour la pêche Fiber, sou-tenu conjointement par l’Eawag,l’Office fédéral de l’environne-ment (OFEV) et la Fédérationsuisse de pêche (FSP), est assurépour trois nouvelles années. Lenouveau directeur est l’ichtyolo-gue Bänz Lundsgaard-Hansen.(ATS)

TechnologiesNanofils pour le solaireConstruire un panneau solaireplus performant que les meilleursdu marché, mais en utilisant10 000 fois moins de matière: c’estce que laisse entrevoir une décou-verte faite à l’EPFL. L’idée consiste àrecouvrir la surface de fils dedimension nanométrique, jusqu’à1000 fois plus fin qu’un cheveu(photo), en arséniure de gallium,ce qui permet d’absorber jusqu’à12 fois plus de lumière qu’unecellule conventionnelle. Ces tra-vaux ont été publiés le 7 avril dansla revue Nature Photonics. (LT)

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B Durant toute cette semaine, une situation d’ouest vigoureuse semaintiendra, faisant défiler des perturbations actives et quasi quotidiennes,dans une ambiance de plus en plus douce dès le milieu de semaine. A lafaveur d’éclaircies prolongées, l’ambiance pourrait donc tout de même êtrepar moments printanière. Une poussée anticyclonique semble se profilerpour la semaine prochaine; à confirmer…

Mercredi 80% Jeudi 70% Vendredi 70% Samedi 60% Dimanche 50%5°

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Mardi 9 avril 2013

lever: 07h00coucher: 20h15

4 minutes de soleil en plus

lever: 06h16coucher: 19h35Lune: décroissante

taux de remplissage: 1%

> EnvironnementLe 5e rapport du GIECsera publié enseptembre prochain

> L’un de ses auteursresponsables,le Bernois ThomasStocker, démine lespossibles polémiques

DR

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